LA LOI TRAVAIL EST UN PRODUIT MADE IN UNION EUROPÉENNE
EDF-GDF “UN SERVICE PUBLIC POUR UNE CIVILISATION DE PARTAGE”
EUROPE/OTAN WASHINGTON À LA MANŒUVRE
Juin 2016 - N° 825 - 5 €
Museler la démocratie, le mécontentement, c’est faire grandir la colère
Mais d’où viennent les idées « modernes » du gouvernement
LE RÉVEIL MÉMOIRE
Le gouvernement perd son sang-froid La République en danger La manifestation nationale du 14 juin 2016 organisée par 7 organisations de salariés, de jeunes étudiants et lycéens contre le projet de loi travail a mobilisé 1 300 000 manifestants avec l’appui de millions de travailleuses et de travailleurs dans l’impossibilité de manifester eux-mêmes, isolés qu’ils sont dans des entreprises souvent sans organisations syndicales. L’ARAC appuie cette action et proteste contre l’amalgame du gouvernement et du Président de la République qui prétendent à l’existence de liens entre ce mouvement social, le terrorisme et les hooligans. En marge de cette manifestation des casseurs organisés se sont livrés à des exactions sans interventions des forces de police celle-ci les laissant intervenir comme on sait, alors qu’il incombe aux pouvoirs publics d’assurer la sécurité et le maintien de l’ordre. Pire les forces de police ont permis l’intégration des casseurs organisés dans le cortège et ces mêmes forces de police sont intervenues contre le service d’ordre des organisations syndicales. L’obstination du gouvernement à refuser de prendre en considération l’exigence d’une majorité de salariés qui réclame le retrait de la loi travail, les exactions de ces bandes organisées dont on se demande si les ordres ont bien été donnés ou non pour les mettre hors d’état de nuire et l’agression des salariés manifestants par les forces de police créent une situation déstabilisante et inquiétante qui rappelle des jours dramatiques passés où Jules Moch était ministre de l’intérieur et a utilisé les compagnies républicaines de sécurité, créées aux lendemains de la libération et l’armée contre les travailleurs en lutte. Le gouvernement français a-t-il peur de la protestation populaire ? L’ARAC exprime sa très vive inquiétude devant cette situation qui met la République en danger et appelle ses adhérents à participer à toutes les journées d’action lancées par le collectif des syndicats à l’initiative des actions menées depuis 4 mois. Il y va de l’avenir de la conception républicaine de la Nation. La liberté, l’égalité, la fraternité, la devise de 1789 est plus actuelle que jamais nous nous devons de la protéger et de la défendre.
Villejuif, le 16 juin 2016
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ÉDITO LE RÉVEIL
SOMMAIRE Actualités La loi Travail est un produit d’importation made in Union Européenne ................................................................................4 Fac-similé des dernières pages du document officiel de la Commission européenne du 18/05/2016 ...................................5 En France, les dividendes ont bondi de plus de 50 % au premier trimestre 2016 .......................................................................6 En Belgique aussi ........................................................................................6 « Ce monde dans lequel nous vivons se trouve dans une situation dangereuse » Ken Loach, à Cannes ..............................6 Le parlement européen finance une conférence néonazie ............6 Médicaments : Médecins du monde censuré ......................................7 Congrès des maires : de Juncker à Hollande, une politique qui étrangle les collectivités ...................................................................8 Complot à Brasilia .....................................................................................8 International Dernière minute : le président par intérim Michel Temer mis en cause dans le scandale de corruption Petrobras ...................9 Europe/Otan Washington à la manœuvre ...........................................10 Obama à l’offensive sur le nucléaire ....................................................10 Berlin impliqué ..........................................................................................11 Les inquiétudes de Paul Quilès… .........................................................11 Poudrière en Asie-Pacifique ..................................................................11 Vietnam /USA Drôle d’entente...............................................................12 Trois questions portant sur le contexte social aux USA en 2016 à Tony Pecinovsky ....................................................................................21 Vos droits Campagne double : Les régimes spéciaux exclus du droit à réparation ..............................................................................................23 ARAC et Mutuelle de l’ARAC : Un nouveau départ, un nouvel élan ...24 Du 28 juin au 31 août 2016 : Expo sur les Brigades Internationales Au Musée du Général Leclerc ...............................................................25 Cartes du combattant : 5 984 attribuées le 31 mai 2016 par la commission nationale ..................................................................25 Vie de l’ARAC Vie des Comités .................................................................................25 à 31
P. 13 . D O S S I E R EDF-GDF : « Un service public pour une civilisation de partage » www.le-reveil-des-combattants.fr LE RÉVEIL DES COMBATTANTS Fondé en 1931 par Henri-Barbusse Mensuel de l’Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre. Commission paritaire n° 0713-A 06545 ISSN N° 0751-6215 • Édité par les Éditions du Réveil des Combattants • SARL au capital de 45 734,41 € - Siret : 572 052 991 000 39 2, place du Méridien - 94807 Villejuif cedex Tél. 01 42 11 11 11 Fax. 01 42 11 11 10 reveil-des-combattants@wanadoo.fr
• Tirage : 60 000 exemplaires • Gérant Directeur de la publication : Raphaël Vahé • Directeur délégué - Rédacteur en chef : Patrick Staat • Comité de Rédaction : Brigitte Canévêt, Hervé Corzani, Jean-Pierre Delahaye, André Fillère, Laurence Gorain • Service photos : Jean- Claude Fèvre • Administratrice : Annick Chevalier • Conception graphique - Impression : RIVET PRESSE EDITION - 24 rue Claude-Henri-Gorceix, 87022 Limoges cedex 9
QUE CHERCHE LE GOUVERNEMENT ? Museler le mécontentement, c’est faire grandir la colère e Président de la République et son 1er ministre s’obstinent à vouloir museler le peuple. Ce qui se passe en France est anti-démocratique, après le 49-3 à l’Assemblée Nationale pour faire taire les députés, ils interdisent les manifestations. Au 17 juin, 60 % des Français, 68 % des actifs, 71 % des 15-35 ans, trouvent justifiée la mobilisation contre la loi travail. Cette loi, c’est la destruction de plus d’un siècle d’histoire du code du travail. Depuis quatre mois se multiplient manifestations, grèves, rassemblements… le rejet est bien réel. Comment expliquer le mépris de Hollande et de Valls contre les forces vives de notre pays si ce n’est la volonté de construire une Europe au service de la finance. Ainsi, les recommandations de la commission européenne, du 18 mai 2016 (page 5) exigent : de réduire les dotations des collectivités, les retraites, les dépenses de santé, de l’assurance chômage, du SMIC, de casser la sécurité sociale etc. d’ici fin 2017. Depuis des années de cadeaux en cadeaux au patronat, les salariés, les retraités ont vu leur niveau de vie baisser. Ils font des sacrifices depuis des années, ils doivent être plus flexibles, ils doivent travailler avec de moins en moins de droits. Il est légitime que la colère gronde, qu’elle gagne en puissance. Il n’est pas question d’être un peuple d’esclaves alors qu’une poignée d’héritiers et de possédants s’enrichissent dans des proportions inimaginables. On parle de violence, d’ailleurs condamnée par les organisations syndicales, mais la pire des violences c’est de faire subir sans cesse des baisses de niveau de vie à des dizaines de millions de Français, c’est casser le droit du travail, la couverture sociale, l’indemnité chômage, etc. L’Etat a la responsabilité d’assurer la sécurité et le maintien de l’ordre des événements qu’ils soient sportifs, culturels ou revendicatifs. Que cherche-t-il aujourd’hui, tente-t-il de mettre l’esprit combattif à genoux ? M. Valls se prendrait-il pour Jules Moch ? Utilisera-t-il l’armée contre les grévistes, les manifestants ? Enverra-t-il les tanks aux entrées des villes et des usines ? Jeunes, salariés, retraités ne veulent plus se taire. Ils veulent se faire respecter, se rassembler, se faire entendre. Ils veulent construire demain. « Renoncer à sa liberté, c’est renoncer à sa qualité d’homme » disait Jean-Jacques Rousseau dans le contrat social en 1762. Cette maxime est plus vraie que jamais dans la France de 2016. Patrick STAAT
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La loi Travail est un produit d’importation made in Union Européenne L’obstination du gouvernement à faire adopter, par tous les moyens possibles, la réforme du code du Travail, rencontre de plus en plus de résistance dans la société. La mobilisation se poursuit, malgré des débordements violents, condamnables. Malgré la volonté du gouvernement de durcir le ton pour faire taire la mobilisation, les Français continuent de dire leur opposition à la Loi El-Khomri dans les enquêtes d’opinion. Il faut dire que la méthode employée par le gouvernement de Manuel Valls, à l’Assemblée Nationale avec l’utilisation du 49-3 avant même la discussion sur le texte, a été largement perçu comme un coup de force, certes constitutionnel, mais hérité de coutumes politiques d’un autre temps. L’Histoire retiendra que les deux projets de loi les plus contestés du quinquennat de François Hollande auront été adoptés sans l’aval du Parlement, puisqu’en 2015, le gouvernement dégainait ce même article 49-3 pour faire adopter la loi Macron. Qui déclare d’ailleurs que la modération salariale est la clef du redressement de
l’industrie française ! Mais justement, d’où viennent ces lois, ces mesures ? Qui, en France, connaît les GOPE (Grandes Orientations de Politique Economique), ces documents éclairants pour juger de leur influence sur la conduite des politiques économiques dans les différents pays membres de l’Union Européenne ? Les GOPE, conçus par la direction générale des affaires économiques de la Commission européenne et transmis au Conseil, répondent à une nécessité pratique. Une fois l’Union Européenne dotée d’une monnaie unique, d’une banque centrale unique, il apparaissait évident qu’une relative harmonisation des politiques économiques des pays membres devenait nécessaire. Restait à fixer un cap politique à cette harmonisation, et ce fut fait rapidement, en 1998, après la signature du traité d’Amsterdam, précisément par la publication d’un document GOPE qui fixe pour plusieurs années les trois grands piliers de la doxa économique européenne… Gel des salaires, réduction de la dépense publique, libéralisation des différents secteurs de l’économie, abaissement des droits des salariés, tout y est. La Commission de Bruxelles adresse chaque année aux gouvernements un certain nombre de recommandations. En 2012, année de l’élection de François Hollande, voici quelques exemples de ce que la Commission recommandait au gouvernement :
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• « introduire de nouvelles réformes pour lutter contre la segmentation du marché du travail en revoyant certains aspects de la législation en matière de protection de l’emploi (…) notamment en ce qui concerne la procédure administrative applicable aux licenciements individuels ». Résultat ? Le gouvernement vient de faire adopter par 49-3 la Loi ElKhomri en première lecture à l’Assemblée nationale. • « continuer de veiller à ce que toute évolution du salaire minimum favorise la création d’emplois et la compétitivité ». Reçu cinq sur cinq, le gouvernement n’augmentera pas le SMIC, et le ministre de l’économie Emmanuel Macron estimait récemment que pour relancer l’industrie française « la clef, c’est la modération salariale » • « poursuivre les efforts pour supprimer les restrictions injustifiées dans les professions et secteurs réglementés ». En réponse, le gouvernement fera adopter par 49-3 la Loi Macron en 2015. Dernièrement, la Commission européenne a livré ses nouvelles « recommandations » aux états membres. Rappelons que la Commission avait en début d’année fustigé le fonctionnement du marché du travail en France, jugé « peu satisfaisant ». Comment ne pas s’interroger : que reste-t-il de la souveraineté populaire quand une loi, inspirée par la technocratie européenne, est adoptée sans le vote de la représentation nationale ? Source : Marianne – 25/05/2016
ACTUALITÉS LE RÉVEIL
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1. assurer une correction durable du déficit excessif en 2017 au plus tard en prenant les mesures structurelles requises et en consacrant toutes les recettes exceptionnelles à la réduction du déficit et de la dette; préciser les réductions de dépenses prévues pour les années à venir et accentuer les efforts pour accroître le montant des économies générées par les revues de dépenses, y compris en ce qui concerne les dépenses des collectivités locales, d'ici à la fin de l'année 2016; renforcer les évaluations indépendantes des politiques publiques afin de recenser des gains d'efficacité dans tous les sous-secteurs des administrations publiques. 2. veiller à ce que les réductions du coût du travail soient pérennisées et que les évolutions du salaire minimum soient compatibles avec la création d'emplois et la compétitivité; réformer le droit du travail pour inciter davantage les employeurs à embaucher en contrats à durée indéterminée. 3. renforcer les liens entre le secteur de l'éducation et le marché du travail, notamment par une réforme du système d'apprentissage et de la formation professionnelle qui mette l'accent sur les personnes peu qualifiées; d'ici à la fin de l'année 2016, entreprendre une réforme du système d'assurance-chômage afin d'en rétablir la viabilité budgétaire et d'encourager davantage le retour au travail. 4. éliminer les obstacles à l'activité dans le secteur des services, en particulier dans les services aux entreprises et les professions réglementées; prendre des mesures pour simplifier les programmes publics d'innovation et en améliorer l'efficacité; d'ici à la fin de l'année 2016, approfondir la réforme des critères de taille réglementaires qui freinent la croissance des entreprises et continuer à simplifier les règles administratives, fiscales et comptables en poursuivant le programme de simplification. 5. prendre des mesures visant à réduire les impôts sur la production et le taux nominal de l'impôt sur les sociétés, tout en élargissant la base dʼimposition sur la consommation, notamment en ce qui concerne la TVA; supprimer les dépenses fiscales inefficaces, notamment celles dont le rendement est nul ou faible, et adopter la réforme concernant la retenue à la source de l'impôt sur le revenu des personnes physiques d'ici à la fin de l'année 2016. Bruxelles, le 18.5.2016 (pages 7 et 8 du document)
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LE RÉVEIL ACTUALITÉS
En France,
En Belgique aussi
les dividendes ont bondi de plus de 50 % au premier trimestre 2016
Le 20 février dernier, l’homologue belge de Myriam El Khomri, Kris Peeters, a proposé une série de 10 mesures pour flexibiliser le marché du travail. La loi Peeters prévoit l’annualisation généralisée du temps de travail et l’imposition de 100 heures supplémentaires non-récupérables et sans négociations préalables. Ces mesures feraient bondir la semaine travaillée de 38 heures aujourd’hui, à 45 heures demain. Kris Peeters veut également la mise en place de contrat de travail zéro heure comme en Grande-Bretagne avec l’instauration de contrats à temps partiel sans indications d’horaires de travail, pour des salariés « à la demande », un contrat intérimaire à durée déterminée, pour une précarité à vie. Loi El khomri, Loi Peeters, ces deux lois répondent aux directives de la Commission Européenne sur la flexibilisation du marché du travail.
Près de 4,5 milliards de dollars de dividendes ont été reversés aux actionnaires de sociétés françaises entre janvier et mars 2016. Cette forte hausse sur les trois premiers mois de l’année s’explique par les 1,5 milliard de dollars de dividendes versés par le groupe Vivendi (Canal+, Universal Music Group…), présidé par Vincent Bolloré. Quand il s’agit de récompenser les actionnaires, l’heure n’est pas à la restriction. En France, toutes les sociétés du CAC 40 ont maintenu ou augmenté leurs dividendes en euros au premier trimestre 2016. L’Hexagone a ainsi connu une hausse des dividendes de 51,3 %.
« Ce monde dans lequel nous vivons se trouve dans une situation dangereuse » Ken Loach, à Cannes « Recevoir la Palme c’est quelque chose d’un peu curieux pour nous. Il faut se souvenir des personnes qui ont inspiré ce film, ceux qui ont réussi à tirer d’affaire les pauvres de la 5e nation du monde (l’Angleterre), il faut s’en souvenir. C’est formidable de faire du cinéma, et comme on le voit ce soir, c’est très important. Le cinéma apporte au monde le rêve mais nous présente le vrai monde dans lequel nous vivons. Mais ce monde dans lequel nous vivons se trouve dans une situation dangereuse. Nous sommes au bord d’un projet d’austérité, conduit par des idées que nous appelons néolibérales, qui risque de nous amener à la catastrophe. Ces pratiques néolibérales ont entraîné dans la misère des millions de personnes, de la Grèce au Portugal, avec une petite minorité qui s’enrichit de manière honteuse. Le cinéma est porteur de nombreuses traditions. L’une d’entre elles est de présenter un cinéma de protestation, 6-
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un cinéma qui présente le peuple contre les puissants. Et ce que j’espère c’est que cette tradition se maintiendra. Nous approchons de périodes de désespoir. Et le désespoir c’est l’extrême-droite qui en profite. Et certains d’entre nous, qui sommes âgés, se rappelons ce que cette extrême-droite
a pu faire. Il faut, dans cette période de désespoir, rapporter l’espoir, dire qu’un autre monde est possible et même nécessaire. » Cannes, remise de la Palme d'Or pour Moi, Daniel Blake, le 22 mai 2016.
Le parlement européen finance une conférence néonazie Tous les ans, au nom des valeurs de l’Europe et de la vie démocratique, le Parlement européen subventionne des partis politiques. Cette année, 15 coalitions de partis européens se sont partagées près de 49 millions d’euros de subventions. Pour en bénéficier, le parti doit compter des élus européens et respecter les valeurs démocratiques de l’Europe. Un groupe européen d’extrême-droite a reçu un financement européen d’un
montant de 600 000 euros, mettant en lumière la facilité avec laquelle les groupes néo-fascistes accèdent aux fonds du Parlement européen. Ainsi le Parlement européen a alloué 400 000 euros à une fondation liée au parti européen d’extrême-droite Alliance pour la Paix et la Liberté (APF) et 197 625 euros supplémentaires pour financer une réunion néonazie à Stockholm cet été.
ACTUALITÉS LE RÉVEIL
Médicaments : Médecins du monde censuré L’association Médecins du monde a lancé une campagne d’affichage et une pétition en ligne pour dénoncer les prix excessifs des médicaments en France. À l’aide d’une grande campagne d’affichage et d’une pétition en ligne, Leprixdelavie.com, Médecins du monde veut faire pression sur les pouvoirs publics quant à la régulation du prix des médicaments. Une facture qui s’élève désormais à 28Md€ par an et menace l’avenir du système de santé français. La campagne de quatre semaines, volontairement provocatrice, a été refusée par des grands afficheurs, prétextant des « risques de réaction du public ». 700 M€ par an juste pour l’hépatite C Olivier Maguet, délégué au plan stratégique chez Médecins du monde, précise que l’association intervient au-
jourd’hui après avoir assisté, en 2013, « à une rupture dans les pratiques des laboratoires qui facturent non plus sur la base du coût, mais selon la solvabilité des États ». Ainsi, alors qu’en Inde l’hépatite C est soignée par un médicament générique ayant un coût de fabrication de 89 €, « la France préfère payer près de 700 M€ par an », s’indigne Olivier Maguet. La bataille engagée par Médecins du monde concerne également le prix du Glivec, efficace contre la leucémie. Alors qu’il était facturé 26 000 € en 2001, « la cure coûte aujourd’hui 80 000 € ». Compte tenu des volumes fabriqués, l’association estime raison-
nable une baisse du prix de certains autres médicaments, comme le vaccin contre la grippe, le Crestor contre le cholestérol ou les traitements contre le diabète.
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LE RÉVEIL INTERNATIONAL
Congrès des maires : de Juncker à Hollande, une politique qui étrangle les collectivités Jean-Claude Juncker, pdt de la Commission européenne, a ouvert le Congrès des Maires de France. Celui-là même qui, depuis Bruxelles, presse le gouvernement de mettre en coupe réglée notre pays. La loi NOTRe (Nouvelle Organisation Territoriale de la République) adoptée en catimini pendant l’été 2015, décline tous les points préconisés par Bruxelles. Dès 2013, la Commission « recommandait » ainsi de « prendre des mesures destinées à améliorer les synergies et les économies entre les différents niveaux de l’administration central, régional et local ». Parce que les choses n’allaient pas assez vite, elle profitait en 2014 de l’avis rendu sur le Pacte de stabilité pour demander au gouvernement de « fixer un calendrier clair pour le processus [de réforme territoriale] en cours et prendre les mesures d’ici décembre 2014 en vue d’éliminer les doublons administratifs, de faciliter les fusions entre collectivités locales… » Aussitôt dit, aussitôt fait, le gouvernement ramenait les régions à 13, lançait des métropoles qui aspiraient les territoires alentour, et imposait un nouveau schéma de l’intercommunalité dans lequel les regroupements se substituent progressivement aux communes.
Mais la Commission poussait la France à aller plus loin : «… continuer à mettre en œuvre la réduction prévue des dotations de l’État et renforcer le contrôle des dépenses des collectivités locales moyennant un plafonnement de l’augmentation annuelle des recettes fiscales de celles-ci. » Et recommandait alors « que la France s’attache, au cours de la période 20152016 […] à prendre des mesures pour limiter l’augmentation des dépenses de fonctionnement des collectivités locales ». Hollande et Valls ont donc serré le nœud qui étrangle financièrement les collectivités et c’est Bruxelles qui fournit la corde. De 2013 à 2015, les dotations aux collectivités sont passées de 41,5 milliards d’euros à 36,6 milliards, avant une nouvelle baisse de 3,67 milliards en 2017. La Commission dans ses dernières recommandations, 18 mai 2016, recommande à nouveau de « spécifier les coupes dans les dépenses prévues pour les années à venir et d’intensifier les efforts pour augmenter le montant des économies générées par la revue des dépenses ». Les communes sont dans la ligne de mire, c’est qu’elles représentent le
cadre premier de l’exercice de la souveraineté populaire. La commune est la collectivité administrative de « base » ou de proximité. C’est la plus ancienne puisque créée en décembre 1789. L’ensemble des associations d’élus, toutes tendances confondues, réclame l’arrêt des ponctions et l’annulation de la tranche 2017. Le président Junker a exprimé son rasle-bol sur le fait que la France accuse une fois de plus Bruxelles. « le pacte budgétaire a été adopté par les 28 pays, dont la France (en 2012, par François Hollande). Le gouvernement de la République a pris des engagements à Bruxelles sur le sujet ». Comme on le voit, l’enjeu c’est la souveraineté de la France.
Complot à Brasilia Il y a bien eu un coup d’état au Brésil pour renverser la présidente Dilma Roussef. C’est le plus grand journal du pays « Folha de Sao Paulo » qui le révèle Dans son édition du 8 juin « Folha de Sao Paulo » publie des conversations secrètes enregistrées en mars, entre de hauts personnages de l’Etat, quelques semaines avant le vote de destitution 8-
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INTERNATIONAL LE RÉVEIL
de la chambre basse. Précisons qu’à ce jour, on ne sait pas qui est responsable de l’enregistrement et de la fuite de cette conversation de 75 minutes, mais « Folha » rapporte que « les fichiers sont actuellement entre les mains du procureur général ». Et il faut bien avouer que ses révélations sont pour le moins troublantes. Elles mettent en lumière un complot implicite entre le ministre de la Planification (alors sénateur), Romero Juca, et l’ancien dirigeant de la compagnie pétrolière Pétrobras, Sergio Machado. Ils sont tous deux des suspects officiels dans l’enquête de corruption dite Car Wash. Selon le journal brésilien, lors de discussions, les deux hommes « tombent d’accord » sur le fait que la destitution de Dilma est le seul moyen de mettre fin à l’enquête qui les touche. Les conversations portent également sur le rôle important joué, dans l’élimination de la présidente brésilienne, par les institutions nationales les plus puis-
santes y compris les chefs militaires brésiliens.
Soutien de l’armée Point crucial de la machination : ce que Juca qualifie de « pacte national » – impliquant l’ensemble des institutions les plus puissantes du Brésil – pour laisser Michel Temer, président par intérim, en place en tant que président (malgré les multiples scandales de corruption qui le touche lui aussi) et étouffer les enquêtes, une fois Dilma Roussef destituée. Selon le journal « Folha de Sao Paulo », Juca, le ministre de la planification également chef du parti PMDB de Temer, explique clairement que la mise en accusation va « mettre fin à la pression des médias et d’autres secteurs pour poursuivre l’enquête Car Wash ». Les transcriptions contiennent d’autres révélations qui font froid dans le dos… Juca aurait précisé que l’armée brésilienne a soutenu une telle décision : « J’ai parlé aux généraux, aux com-
mandants militaires. Ils sont d’accord avec nous, ils ont dit qu’ils allaient le soutenir (…) l’armée surveille le Mouvement des Travailleurs sans Terre (Movimento dos Trabalhadores Rurais Sem Terra, ou MST), le mouvement social des travailleurs ruraux qui soutient les efforts du Parti des Travailleurs sur la réforme agraire et la réduction des inégalités… » Il aurait également déclaré, a son interlocuteur, avoir contacté et obtenu le soutien de nombreux juges de la Cour suprême du Brésil… Etonnement, les médias occidentaux si prompts à dénoncer les scandales de corruption au sein du gouvernement de Dilma Roussef, (qui n’est pas exempt de très fâcheuses erreurs) sont restés très silencieux sur ces faits. S’ils étaient avérés ils prouveraient que derrières les bonnes intentions d’honnêteté affichées, c’est tout un complot qui s’est mis en place pour renverser un gouvernement légitime. JP Delahaye
Dernière minute : le
président par intérim Michel Temer mis en cause dans le scandale de corruption Petrobras
Selon le site Francetvinfo, mercredi 15 juin, le président brésilien a été éclaboussé par un scandale de corruption. L'ex-dirigeant de Transpetro, une filiale de Petrobras, affirme que Michel Temer a participé au réseau de corruption qui a détourné plus de deux milliards de dollars (1,7 million d'euros) des coffres du géant du pétrole en dix ans. Sergio Machado, qui a passé un accord avec la justice pour réduire sa peine dans le cadre de cette affaire, a déclaré que le chef d'Etat par intérim lui avait personnellement demandé « des ressources illicites » provenant de la corruption à Petrobras pour financer la campagne d'un député fédéral à la mairie de Sao Paulo, Gabriel Chalita, en 2012. Au total, Michel Temer aurait réclamé un montant de 1,5 million de
reais (383 000 euros). Sergio Machado affirme en outre avoir versé des potsde-vin au président brésilien ainsi qu'à une dizaine d'hommes politiques, dont l'actuel président du Sénat et le ministre du Tourisme. Ces deux hommes sont membres du parti de centre-droit de Michel Temer, le PMDB. Michel Temer, qui dirige le pays depuis l’éviction forcée de Dilma Rousseff le 12 mai, a nié tout lien avec le réseau de corruption Petrobras. Il a affirmé n'avoir « jamais » reçu de fonds électoraux illégaux, « ni pour lui, ni pour son parti et encore moins pour d'autres candidats ». La justice a également découvert des messages téléphoniques selon lesquels le président par intérim aurait reçu cinq millions de reais (1,3 million d'euros) d'une entreprise impliquée dans les
fraudes. Michel Temer assure toutefois qu'il s'agissait d'un don « légal » pour sa campagne électorale. Les révélations de Sergio Machado pourraient donc fragiliser un peu plus le gouvernement mis en place par Michel Temer. En seulement vingt jours, le chef d'Etat par intérim a déjà perdu deux ministres, accusés d'entrave à l'enquête sur le scandale Petrobras.
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LE RÉVEIL INTERNATIONAL
Europe/Otan
Washington à la manœuvre À l’approche du sommet de l’OTAN à Varsovie début juillet, l’alliance militaire occidentale renforce sa puissance militaire en Europe de l’Est, ce qui accroît les risques de conflits sur le Vieux Continent Lundi 7 juin, la Pologne et l’OTAN ont donné le coup d’envoi à des exercices militaires, jamais égalés depuis la fin de la guerre froide, sur le territoire européen. « Le but de la manœuvre est de vérifier la capacité des pays de l'Alliance de défendre son flanc oriental », a déclaré le ministre polonais de la Défense Antoni Macierewicz lors de la cérémonie de lancement à Varsovie. Au total, 31 000 soldats de 24 pays ont participé à cette opération qui n’avait d’autres objectifs qu’une nouvelle démonstration de force aux frontières de la Russie. Parmi les participants, outre 19 pays de l'Otan, étaient présents des pays qui y sont associés au travers du « Partenariat pour la Paix », dont l'Ukraine. La Pologne a déployé plus d'un tiers des effectifs, soit 12 000 soldats, les USA 14 000 et les Britanniques un millier. Trois mille véhicules, 105 avions, ainsi que 12 navires ont participé a exercice qui a commencé par le largage de nuit de deux mille parachutistes près de Torun, dans le nord-ouest du pays. Egalement, pour la première fois des unités paramilitaires polonaises que le ministre Macierewicz veut transformer l'an prochain en unités de défense territoriale, destinées à s'opposer à d'éventuelles opérations « hy-
brides » russes comme celles menées en Crimée et dans l'est de l'Ukraine, étaient présentes sur le terrain d’opération. La défense territoriale comptera 35 000 civils ayant suivi une formation militaire et sera intégrée à l'armée polonaise de métier qui doit passer ainsi l'an prochain de 100 000 à 150 000 hommes.
Une présence permanente Le général Mark Milley, chef d'état-major de l'armée des États-Unis, a souligné que pour les forces américaines le but de cet exercice était de démontrer qu'elles se tenaient « coude à coude avec la Pologne, avec le peuple et l'armée polonaise, ainsi qu'avec l'Otan afin que chaque pays soit libre et indépendant ». Il a également rappelé que l'armée américaine allait augmenter sa présence militaire en Europe centrale et orientale. L'exercice s’est tenu un mois avant le sommet de l'Otan les 8 et 9 juillet à Varsovie, en présence de Barack Obama, Commandant en chef de l’armée américaine et accessoirement Prix Nobel de la paix. Sommet qui devrait marquer la plus grande refonte de l'organisation depuis la guerre froide. En effet, selon les observateurs militaires, l'Alliance pourrait, officiellement, an-
noncer un déploiement par rotation permanente, tous les neuf mois, d'une brigade blindée en Europe orientale, dans les Pays baltes, en Pologne, en Roumanie et en Bulgarie. Ce que l'Otan appelle sa stratégie de « dissuasion et dialogue », et provoque la colère de Moscou. La Russie s'oppose fermement à l'installation de bases permanentes de l'Otan dans les pays ayant appartenu au Pacte de Varsovie. Moscou s'appuie, à juste titre, sur une promesse faite officiellement par l'Otan en 1997, lorsque la détente consécutive à la chute du mur était à son comble. Pour Washington et les partisans d'un déploiement permanent, cet engagement occidental a perdu sa raison d'être au prétexte l'annexion de la Crimée par la Russie. « Nous ne dissimulons pas notre appréciation négative du déplacement vers nos frontières des infrastructures militaires de l'Otan et de l'implication de nouveaux États dans les activités militaires du bloc », a déclaré à Moscou le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. Il a invoqué le « droit souverain » de la Russie « à assurer sa sécurité par des mesures adaptées aux risques actuels ». JP Delahaye.
Obama à l’offensive sur le nucléaire Selon l’Express du 15 juin 2016, les États-Unis procéderait à « une révision silencieuse de leur stratégie de défense nucléaire – ce qui vise au premier chef la Russie. La doctrine jusqu’ici en vigueur – MAD (destruction mutuelle assurée) – évolue vers un autre concept – augmenter la supériorité nucléaire –, beaucoup plus offensif ». Washington se place ainsi en situation d’une at-
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taque préventive. On comprend mieux ainsi la mise en place, en Europe de l’Est, à proximité des frontières russes, d’un système de défense antimissile terrestre (Aegis) qui place l’armée US en position de déclencher une attaque nucléaire surprise et d’anéantir en retour les capacités de représailles de la Russie. Pour l’Express « en clair, cela contraint les Russes à être les premiers
à frapper, puis à être assurément rayés de la carte. Barack Obama, qui refuse d’aborder ce sujet avec Poutine, a cadenassé son adversaire ». JPD
INTERNATIONAL LE RÉVEIL
Berlin impliqué La Bundeswehr joue de plus en plus un rôle de premier plan dans les déploiements massifs de l’OTAN contre la Russie.
Fin avril, après une rencontre avec le Premier ministre letton Maris Kucinskis, la chancelière allemande Angela Merkel a confirmé les plans du gouvernement pour envoyer les troupes allemandes en Lituanie. « Quelques renforts sont possibles ici… là nous allons également y réfléchir… », a déclaré Mme Merkel. Plus précisément, la Bundeswehr pourrait
prendre un rôle dirigeant dans la constitution d’un bataillon de l’OTAN en Lituanie. De plus le gouvernement allemand fournira à la Lituanie douze obusiers blindés automoteurs de la Bundeswehr. Cela a été annoncé par le ministre de la Défense Ursula von der Leyen le 15 avril dans le cadre de sa visite dans la capitale lituanienne Vilnius. La Lituanie devrait également recevoir des systèmes de contrôle de tir d’armes et les moyens d’observation pour l’artillerie. L’armée lituanienne a également exprimé un intérêt pour le véhicule de transport blindé Boxer. Von der Leyen aurait promis son soutien dans cette affaire. JPD
Les inquiétudes de Paul Quilès Dans une Tribune publiée par le quotidien l’Humanité, Paul Quilès, ancien ministre de la défense, président d’initiatives pour le désarmement nucléaire s’inquiète du réarmement en Europe. Extraits… « Il est à craindre que, lors du prochain sommet de l’Otan à Varsovie, toutes ces tendances soient confirmées et amplifiées : accroissement des capacités de la force de réaction rapide, consolidation des huit nouveaux états-majors à l’Est, déploiement de trois unités multinationales aux frontières polonaises, installation d’un site de défense antimissiles en Pologne, adhésion du Monténégro pour montrer que « la porte reste ou-
verte » à d’autres… Ce n’est certainement pas de cette façon que l’Otan facilitera le dialogue avec la Russie, qu’elle déclare pourtant souhaiter. Il ne suffit pas d’annoncer, comme le fait le secrétaire général de l’Otan, une reprise des travaux du conseil Otan-Russie. Encore faudrait-il donner une substance à ces travaux, par exemple dans le domaine de la défense antimissiles et du désarmement nucléaire.
Au-delà des décisions de l’Otan, le dialogue entre Ukrainiens, Russes et Occidentaux, dans le cadre de l’OSCE, est par ailleurs essentiel : c’est la seule voie qui permettra d’avancer vers une solution politique durable ».
Poudrière en Asie-Pacifique Le marché mondial de l'armement a connu une hausse de 11,3 % l'an dernier pour atteindre 65 milliards de dollars (58 milliards d'euros), dopé par la demande dans la région Asie-Pacifique.
Telles sont les conclusions d’un rapport du cabinet britannique spécialisé IHS Jane's publié à la mi-juin. Dans l'ensemble de la région Asie-Pacifique, les importations d'armes ont bondi de 71 % entre 2009 et 2016, précise le document. À l'échelle mondiale, le marché des armes a augmenté
de 6,6 milliards de dollars entre 2014 et 2015. « Le marché mondial de la défense n'a jamais connu une progression aussi importante que celle que nous constatons entre 2014 et 2015 », a déclaré Ben Moores, un analyste de l'IHS Jane's. « 2015 a été une année record », a-t-il ajouté. Selon lui, trois LE RÉVEIL - N° 825 - JUIN 2016
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LE RÉVEIL INTERNATIONAL
des dix pays aux perspectives les plus importantes en termes d'achats se trouvent dans la région Asie-Pacifique : le Vietnam, les Philippines et le Bangladesh. Cette évolution s'inscrit dans « un contexte d'inquiétude des pays de la région face aux ambitions territoriales de la Chine, qui revendique des droits de souveraineté sur la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale ». La Corée du Sud est passée du 7e au 5e rang des plus gros importateurs mondiaux entre 2014 et 2015, avec quelque 2,2 milliards d'euros d'achats. Selon le rapport, le pays atteindra la 4e place en 2016. L'Australie est, elle, passée de la 6e à la 3e place avec 2,3 milliards de dollars d'importations. Elle se situe derrière l'Arabie saoudite, qui reste le premier importateur d'armes au monde, et l'Inde
en deuxième position, les deux pays occupant le même classement que l'année précédente. IHS Jane's estime que le marché continuera de croître en 2016 jusqu'à atteindre 69 milliards de dollars. L'Inde, notamment, n'a pas la capacité de fabriquer des équipements de qualité pour remplacer ses stocks vieillissants. « De nombreux avions de chasse et sous-marins indiens doivent être remplacés, et étant donné la croissance élevée du pays, il devrait être en mesure d'en acquérir de nouveaux dans les décennies à venir », estiment les observateurs. Du côté des exportateurs, l'institut indique que l'Allemagne est passée du 5e au 3e rang en 2015, avec des ventes atteignant 4,8 milliards de dollars, la France de la 3e à la 4e place (4,8 milliards de dollars) et le Royaume-Uni de la 4e à la 5e
6%
4%
8% 2% 3% 4%
56 %
6% 11 % Etat-Unis Trans-Européen Russie Royaume-Uni Nouveaux pays producteurs
Italie France Allemagne Autres
(3,9 milliards de dollars). Les premiers exportateurs au monde sont toujours les États-Unis et la Russie.
Vietnam /USA
Drôle d’entente
Fin de mandat active pour le locataire de la Maison Blanche en matière de politique étrangère. Mi-mai Obama s’est rendu au Vietnam et pour une première visite a annoncé, une levée totale de l'embargo sur les armes létales. Une mesure qualifiée par les médias internationaux de « symbole du réchauffement des relations entre les deux anciens pays ennemis ». A chacun ses valeurs ! L'embargo avait été partiellement assoupli en 2014. Sa levée est susceptible d'irriter Pékin, qui voit d'un mauvais œil les efforts américains pour renforcer ses alliances militaires à l'heure où les tensions montent dans la zone disputée de mer de Chine du Sud. 12 - LE RÉVEIL - N° 825 - JUIN 2016
Dernier incident en date, les autorités chinoises ont demandé à Washington de cesser les vols de reconnaissance près de la Chine, après l'interception par deux chasseurs chinois d'un appareil américain au-dessus de la mer de Chine méridionale. « La décision de lever l'embargo n'a pas été prise en fonction de la Chine ou d'autres considérations, mais sur notre désir de mener à son terme ce qui a été un long processus vers la normalisation avec le Vietnam », a pourtant, souligné Obama.
Contrer la Chine À Pékin, le ministère des Affaires étrangères a espéré que le développement des relations bilatérales entre les États-Unis et le Vietnam irait dans le sens de la paix et de la stabilité de la région. L'agence officielle de presse Chine nouvelle a prévenu que les États-Unis ne devaient pas se servir de leur rapprochement avec Hanoï comme d'un instrument « pour me-
nacer sinon nuire aux intérêts stratégiques d'un pays tiers ». Il est clair que cette visite, a eu pour objectif de sceller une alliance avec Hanoï et qu’elle s'est inscrit dans la stratégie du « pivot », chère à Obama qui consiste en un « rééquilibrage » de la diplomatie américaine vers la région Asie-Pacifique pour faire contrepoids à Pékin « Personne ne se fait d'illusions », a dit Evan Medeiros, ex-conseiller d'Obama spécialiste de l'Asie. « Ce voyage envoie des signaux importants à la Chine quant à l'activisme des ÉtatsUnis dans la région, et son inquiétude grandissante quant au comportement chinois ». Il n’a d’ailleurs pas été question que d’armement au cours de ce voyage. Le TPP, partenariat transpacifique, un accord de libre-échange conclu avec 10 pays de la Région pour « contrer l’influence chinoise » et que le Vietnam vient de signer, était à l’ordre du jour des conversations. JP Delahaye
LE CAHIER MÉMOIRE N° 825 JUIN 2016
EDF-GDF : « Un service public pour une civilisation de partage » ÉDITO
Construction du barrage en 1946.
Soixante-dix ans après la loi du 8 avril 1946 portant sur la nationalisation des industries électrique et gazière, un retour sur l’histoire est utile. Pas par nostalgie du passé ou une volonté d’entretenir le mémoriel. L’histoire est science du changement car l’ignorance du passé ne se borne pas à nuire à la connaissance du présent. Elle compromet, dans le présent, l’action même. Au lendemain du 8 avril 1946, Marcel Paul, militant CGT et ministre communiste de la Production industrielle, s’adressant au premier responsable de l’entreprise publique, déclarait : « Quelle belle France nous allons faire ! » Il y a quelques jours, répondant
à une parlementaire, Emmanuel Macron indiquait : « Très longtemps, le compromis social sur EDF a été fait aux dépens de tout le monde, dans l’intérêt des seuls salariés – je vous le dis en toute franchise. Ce n’est plus durable. » L’actuel ministre de l’Industrie ferait bien de relire Alexis de Tocqueville dans « De la démocratie en Amérique », quand celui-ci écrit : « Quand le passé n’éclaire pas l’avenir, l’esprit marche dans les ténèbres. » L’ultralibéralisme du ministre le rend aveugle et amnésique.
Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807 Villejuif - Tél. 01 42 11 11 11
Par F. Duteil – Humanité du 8 avril 2016
LE RÉVEIL DOSSIER
70e anniversaire (dossier réalisé par G. Del Maschio EDF) La nationalisation des industries électriques et gazières et du charbon Réponses neuves et émancipatrices ! En effet, ces nationalisations étant attaquées de toutes parts, y compris dans la loi de transition énergétique, il est nécessaire de revenir sur sa genèse, démontrer qu’elle ne se fit pas sur un terrain de pétales de roses. Dès le 2 mars 1945, dans son discours à l’Assemblée constituante, le général de Gaulle fait écho au programme du Conseil national de la Résistance lorsqu’il souligne : « Si nous n’imaginons pas l’économie française de demain sans un « secteur libre » aussi étendu que possible, nous déclarons que l’Etat doit tenir les leviers de commande. Oui, nous affirmons que c’est le rôle de l’Etat d’assurer lui-même la mise en valeur des grandes sources d’énergie : charbon, électricité, pétrole, ainsi que les principaux moyens de transport. » En 1935, on peut affirmer qu’un statut existe dans toutes les sociétés du gaz et de l’électricité. Toutes ces sociétés sont privées et dépendent de grands groupes capitalistes : Mercier, Empain, Suez… L’idée du statut est donc bien antérieure à celle de nationalisation. La direction de la CGTU développe l’argumentation suivante : dans la région parisienne, l’interconnexion est maintenant réalisée, l’industrie électrique est dans les mains d’un consortium unique, il doit y avoir un statut unique du personnel. Ernest Mercier, patron de l’Union d’Electricité, qui exploite la centrale de Gennevilliers et Arrighi à Vitry, ne se trompe pas sur l’enjeu stratégique de cette bataille, 14 - LE RÉVEIL - N° 825 - JUIN 2016
lorsqu’il déclare : « Vous ne les connaissez pas. Quand ils auront le statut unique pour la région parisienne, ils vous demanderont le statut unique national. » (Cité par Emile Pasquier au 16e congrès fédéral). Mais les militants CGTU ne lâchent pas, et après des années de lutte, la victoire définitive est acquise le 4 juillet 1936. C’est le congrès fédéral de 1937 qui a formalisé la revendication du statut national. Les acquis de 1930 ont permis de faire mûrir celle-ci. Nous sommes passés par l’idée de statut commun, puis de statut unique appelé statut national après la nationalisation. En 1946, celui-ci reprendra ce qu’il y avait de meilleur dans les statuts de chacune des entreprises antérieures. Le 27 avril 1944, pour 1 800 détenus environ, dont beaucoup de personnalités, c’était le départ, le « transport » pour Auschwitz. Là, on tatoua sur le bras de Marcel Paul le n° 186187. Le 14 mai, le « transport » du 27 avril quitta Auschwitz pour Buchenwald. Il fut l’un des principaux artisans du « comité des intérêts français », organisation créée dans le camp à l’image du CNR et présidée par le colonel Manhès. Marcel Paul figurait parmi les cinq membres du bureau, comme représentant du Parti communiste. C’est lui qui représentait la France au sein du comité international clandestin. Il y mena une lutte opiniâtre pour faire reconnaître et respecter les intérêts des détenus français (le camp comptait plus de trente nationalités) : arrêt des brutalités
« Je vous demande de ne jamais oublier que vous avez en charge un instrument fondamental de la vie du pays. Que votre dignité comme l’intérêt national vous font un devoir impérieux de défendre, sans défaillir le service public propriété de la Nation… » Marcel Paul, Ministre de la production industrielle. 1945-1946
des chefs de blocs et des kapos, accès aux responsabilités, part sur les colis de la Croix-Rouge. Au mois de juillet 1945, Marcel Paul a tenu à témoigner au procès de Pétain. En août 1945, les déportés revenaient ; on découvrait la tragédie des camps de concentration ; le pays était ruiné économiquement par quatre ans d’occupation, décapité du plus grand nombre de ses cadres syndicaux ou politiques arrêtés, fusillés. Le livre de Marcel Dassault, Le Talisman, témoigne de la lutte admirable de Marcel Paul à l’intérieur du camp de Buchenwald pour sauver la vie des autres, pour s’organiser. C’est ainsi que des milliers de vies françaises furent sauvées par l’organisation résistante, en particulier la vie de Marcel Dassault, qui ne cessa de témoigner sa reconnaissance à Marcel Paul (en 1946). Des adversaires tentèrent à la Libération d’attaquer Marcel Paul sur son comportement dans le camp, mais à chaque fois, des déportés de toutes tendances témoignèrent en sa faveur (Le livre blanc sur Buchenwald). Il fut l’un des dirigeants principaux de l’insurrection qui libéra le camp.
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Un vent d’espoir Après la Libération en 1944, après la capitulation, le 8 mai 1945, de l’Allemagne nazie devant les Alliés, Août, Hiroshima, Nagasaki. La guerre a fait des dizaines de millions de victimes dont l’Union soviétique qui a été, avec 27 millions de morts (plus de la moitié des pertes de la Seconde Guerre mondiale), celle qui a supporté le plus le poids de la guerre et la haine du fascisme et du nazisme. L’humanité a inventé les camps de concentration. Parmi des milliers d’autres, des électriciens et des gaziers sont tombés pour libérer la France du fascisme, pour obtenir la nationalisation des entreprises EDF-GDF ainsi que le Statut national des industries électrique et gazière sur le programme du CNR. La France est confrontée à la reconstruction, il n’y avait pas de charbon, les mines avaient été détruites. Pas de pétrole. Pas de gaz. Les barrages étaient pratiquement hors-service. Si l’on veut reconstruire le pays, il faut toute l’industrie… La première des choses était l’énergie. La nationalisation repose donc sur l’application du programme du CNR. C’était une forme de dette d’honneur que d’être conformes à l’héritage de ce combat. Ce sentiment a beaucoup pesé dans la mobilisation du gaz et de l’électricité : le statut était fait avec du sang. Le rôle de la classe ouvrière dans la lutte armée a été essentiel pour la libération de la France à qui nous devons notamment le Programme du Conseil national de la Résistance. Ces années terribles de la guerre et de l’occupation allemande, au terme desquelles le grand écrivain catholique François Mauriac devait souligner : « Seule la classe ouvrière dans sa masse aura été fidèle au dra-
peau de la patrie profanée » (Le Cahier noir, Editions de Minuit, 1943). Le 4 octobre 1945, la Sécurité sociale est créée à l’initiative d’Ambroise Croizat, ministre communiste. Une ordonnance est prise dont l’article 1 est le suivant : « Il est institué une organisation de la Sécurité Sociale destinée à garantir les travailleurs et leurs familles contre les risques de toute nature susceptibles de réduire ou de supprimer leur capacité de gain, à couvrir les charges de maternité et les charges de famille qu’ils supportent. » Juste une petite vérité à rétablir : Pierre Laroque n’est que le commis d’écriture (directeur de la Sécurité sociale) qui mit en forme
l’ordonnance portant création de la Sécu du 4 octobre 1945. Cette ordonnance est une émanation directe du CNR et de la réflexion et conception collective menées sous la maîtrise d’œuvre de Croizat dès sa nomination comme président de la Commission du Travail à l’Assemblée consultative (juin 1943) du Gouvernement provisoire à Alger. Et ceci en lien très actif avec les services du ministère de la Santé dirigé par François Billoux, autre ministre communiste (de septembre 1944 à novembre 1945), jamais évoqué lorsque l’on parle de la Sécurité sociale. Pierre Laroque ne prendra d’ailleurs ses fonctions qu’en septembre 1944, comme fonctionnaire de François Billoux.
Travailler pour l’avenir de la Nation Le 19 novembre 1945, le gouvernement avait été formé par le général de Gaulle. Marcel Paul devint ministre de la Production industrielle. Il remplaça Ro-
bert Lacoste, qui fut également son successeur jusqu’en 1950. Marcel Paul prit Émile Pasquier comme directeur de cabinet, Frédéric Manhès et l’ingénieur
Marcel Paul et Ambroise Croizat à la sortie du conseil des ministres le 2 juillet 1946.
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Roger Lescuyer comme directeurs adjoints, et Suzanne Barès comme secrétaire. Le nom de Marcel Paul reste attaché à la nationalisation de l’électricité et du gaz (loi du 8 avril 1946) et au statut du personnel d’EDF-GDF : « Je me suis accroché à cette nationalisation comme un chien qui n’a pas mangé depuis huit jours s’accroche à un os. » C’est plus d’un siècle de mémoire et de conquis sociaux obtenus par de justes colères pour beaucoup de dignité. Il est important de démontrer ce qui est le plus précieux à la nation, aux électriciens et gaziers : le Statut national ! Après la Libération en 1944, la France est confrontée à la reconstruction. Il n’y avait pas de charbon, les mines avaient été détruites. Pas de pétrole. Pas de gaz. Les barrages étaient pratiquement hors-service. Si l’on veut reconstruire le pays, il faut toute l’industrie… La première des choses était l’énergie. Cette bataille qui a commencé dès octobre 1944, pour venir finalement déboucher sur la loi du 8 avril 1946. La nationalisation repose donc sur l’application du programme du CNR. C’était une forme de dette d’honneur que d’être conformes à l’héritage de ce combat. Ce sentiment a beaucoup pesé dans la mobilisation du gaz et de l’électricité : le Statut était fait avec du sang. La vic-
Manifestation Cgt-Mines-Energie.
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toire a été acquise grâce à l’unité du personnel que la Fédération a réussi à créer et grâce à la volonté de fer du ministre Marcel Paul. En 1946, le programme du Conseil national de la Résistance ne s’est pas mis en place comme sur des roulettes. Marcel Paul, qui a fondé EDF-GDF, s’adressait aux juristes de son ministère « On ne vous paie pas pour que vous m’indiquiez les articles du code m’interdisant de réformer, mais pour y trouver ceux qui vont me le permettre. » C’est que ces « nationalisations » se heurtaient à bien des intérêts : sans l’industrie, avec le patronat des compagnies de gaz et d’électricité ; mais aussi dans le gouvernement, avec des MRP, la « droite » d’alors, qui devant l’opinion approuvaient les mesures mais traînaient des pieds par derrière. Et jusque dans son cabinet. La Constitution de 1946 traite des droits sociaux (droit syndical, droit de grève, droit à la Sécurité sociale) dans son préambule, pour la première fois à côté des libertés politiques. De 1946 aux années 70-75, les générations qui nous ont précédés ont connu un temps de construction d’EDF-GDF pendant lequel les directions comme le personnel étaient en accord sur les finalités à atteindre : nous construisions un service public.
Les anciens collègues ont, en trois générations, conquis, bâti, défendu, préservé ou, hélas quelques fois, concédé aux fondements de la nationalisation. Ce n’est que le résultat du rapport des forces imprimé par l’action syndicale, c’est-à-dire les finalités mêmes de la nationalisation. Le Statut est fait pour tout le monde ; c’est le contrat de travail de tout le personnel ! « Il n’était pas question d’embaucher quelqu’un au SMIC, il n’était pas question de précarité ; il était désormais possible de se soigner pratiquement pour toutes les maladies, quelle que soit leur durée. » Sans oublier que cela a donc aussi permis aux travailleurs de notre pays de récolter les fruits des graines que la génération d’avant avait semées, et grâce à eux est inscrit dans le Préambule de la Constitution le droit au travail. Les fonctionnaires ont un statut égal (ce qui veut dire égalité de traitement entre les hommes et les femmes) pour tous octroyé par Maurice Thorez ; mais en pleine période de blocage des salaires et grâce à ce statut des fonctionnaires est institué le minimum vital pour vivre. Pour ce dernier, il y a une garantie quasi obligatoire de par la progression des salaires des fonctionnaires avec l’augmentation du minimum vital pour vivre, y compris pour les vieux travailleurs qui n’avaient pas de pension ni de retraite avant les mesures prises par Ambroise Croizat. Le peuple français, un peuple qui s’est battu, souvent meurtri, jamais abattu et qui sait à quel prix peut se payer toute avancée sociale : Ambroise Croizat, ministre communiste à la Libération (de novembre 1945 à mai 1947) déclarait : « Jamais nous ne tolérerons qu’un seul des avantages de la Sécurité sociale soit mis en péril. Nous défendrons à en perdre la
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vie et avec la plus grande énergie cette loi humaine et de progrès. ». Nous bénéficions les uns et les autres de l’apport, des retraites par répartition, le droit de défendre ses intérêts avec la création des délégués du personnel. Les représentants du personnel acquièrent une place dans la gestion des entreprises nationalisées. « La Sécurité sociale, outre le fait qu’elle ouvre le droit à la santé pour tous, a pour objectif de relever la France de ses ruines. Elle offre au salarié une tranquillité sociale qui lui permettra de reconstruire le pays à l’aune de ses besoins. » Ainsi s’exprime Ambroise Croizat inaugurant le nouveau système de Sécurité sociale en 1945. « Nous bâtirons un plan de Sécurité sociale visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence au cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail avec gestion des intéressés et de l’Etat. » Ambroise Croizat reprend l’article 21 de la Déclaration des droits de l’homme de 1793 qui établissait le droit au travail et à la santé. Juin 1946. En moins de 7 mois, dans un pays ruiné, naissaient 138 caisses de Sécurité sociale sous l’égide d’Ambroise Croizat, ministre du Travail et de la Sécurité sociale (jusqu’au 5 mai 1947) ; 138 caisses bâties par le peuple de France et la CGT, souvent sur le temps de congé ou après le travail. Des caisses gérées par les salariés eux-mêmes (3/4 des sièges aux travailleurs). Pour la première fois au monde, la Sécurité sociale devenait un droit fondamental, universel, solidaire, obligatoire, couvrant l’ensemble des salariés et remplaçait ainsi un simple mécanisme d’assurance couvrant un risque qui n’assurait qu’un Français sur six. Les autres devaient s’en remettre à la charité ou aux quêtes de solidarité des copains...
29 mars 1946 On envisage pour la première fois de réformer les structures de l'entreprise. En fait, Ambroise Croizat institue les comités d'entreprise et son décret du 2 novembre 1945 avec les cantines, les crèches, les dispensaires, les solutions aux problèmes du relogement, le rôle des assistantes sociales, des anciens CMP, des CHS, des IRP, de l’Inspection du Travail (forme nouvelle), du Médecin du Travail, et cette merveilleuse Sécurité sociale qu’Obama essaie en vain de créer chez lui. Nationalisation de Berliet ou Renault qui furent des sanctions. (En 1935, Louis Renault serre la main d’Hitler au salon Automobile de Berlin. En 1941, ses usines tournent à plein régime pour satisfaire l’économie des nazis.) Nationalisation des mines de fer et de charbon, des banques (Banque de France, Crédit Lyonnais, Société Générale), des Assurances (AGF), d’Air France. La nationalisation est aussi une demande ancienne (on disait alors « socialisation ») dont le syndicalisme a la paternité. Le 29 mars 1946, à 3 h 40, à l’Assemblée nationale, est adoptée par 491 voix pour et 59 contre la nationalisation du gaz et de l’électricité. La loi paraîtra au Journal Officiel le 8 avril 1946, concrétisant ainsi le programme du
Conseil national de la Résistance. Les industries furent arrachées des mains de leurs riches exploiteurs et saboteurs et remises à la Nation, nationalisant des multiples entreprises électriques et gazières qui couvraient le territoire et dont bon nombre appartenaient à des collabos notoires. Seules y échappèrent quelques concessions telles la CNR (Compagnie Nationale du Rhône). Le 11 mai 1946, l’Assemblée constituante vota une loi sur la presse, créant la Société nationale des entreprises de presse (SNEP) pour gérer les biens séquestrés aux collabos, soit dix entreprises de presse à Paris et quelque deux cents immeubles et imprimeries en Province et créer les conditions d’une presse indépendante des grands groupes financiers, NMPP, etc. C’est aussi la redistribution des richesses, l’égalité, la sécurité économique et les facilités d’éducation.
Le combat de Marcel Paul En effet, pour Marcel Paul, changement de statut de l’entreprise et nouveau statut du personnel vont de pair. Il s’agit de donner
des garanties avancées au personnel, non seulement basées sur les points majeurs des anciens statuts mais aussi capables d’être un éléLE RÉVEIL - N° 825 - JUIN 2016
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ment d’entraînement, un modèle pour les entreprises nationales et non nationalisées. Le travail effectué par Marcel Paul et son équipe prit l’allure d’une course de vitesse. En effet, le ministre de la Production industrielle savait que le tripartisme (PCF-SFIO-MRP) ne résisterait guère au temps. Confirmé en 1945 par le général de Gaulle, Marcel Paul fit aboutir le vote de la nationalisation des industries électriques et gazières en mars 1946 (loi du 8 avril) et dans la foulée promulgua un statut du personnel, le 22 juin 1946 (avec application au 1er juin), sous la signature du Président du Conseil Félix Gouin et des seuls ministres Marcel Paul (Production industrielle) et Ambroise Croizat (Travail et Sécurité sociale). La dernière génération a reçu le Statut national comme elle a reçu la vie. Marcel Paul a déposé plusieurs projets aux conseils interministériels. Chaque fois il fallait recommencer, rédiger à nouveau, retenir ce qui pouvait être accepté, voir ce que l’on pouvait retirer sans toucher au fond. Il faut remarquer que Marcel Dassault, reconnaissant que Marcel Paul lui avait sauvé la vie au camp de Buchenwald, vota à chaque fois les textes de la nationalisation d’EDF-GDF mais aussi le Statut national des IEG, tandis que Ramadier et Louvel
Marcel Paul et Ambroize Croizat.
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étaient les loyaux gérants du capitalisme, ces derniers avaient déposé un projet d’étatisation présenté en juillet 1945. Leur but, ils voulaient gérer l’existant, ne pas nationaliser la distribution ni les barrages en ne touchant pas le capital. Les anciens voulaient une transformation complète. La grande innovation du statut des électriciens et des gaziers est que la gestion des œuvres sociales incombe totalement au personnel (solution unique au monde). Dirigées uniquement par le personnel, elles organisent également l’ensemble des activités sociales, alors que les comités d’entreprise sont cogérés par les représentants du personnel et de la direction. Les Œuvres sociales gérées par le personnel étaient financées par 1 % minimum des revenus de l’entreprise. Quand il s’est agi d’indemniser les anciennes sociétés, Marcel Paul a pensé aux petits porteurs et s’est dit : « Ils vont se faire avoir ! » Il a donc décidé 1 % pour l’indemnisation des petits porteurs, mais donnant donnant : 1 % pour le personnel ; et nous avons eu le 1 % minimum. On nous l’a souvent reproché ! Il s’agissait de 1 % de la totalité des ventes, reçu par le personnel pour la gestion de ses œuvres sociales ; cela n’augmentait pas les tarifs de 1 % ! Un service public peut investir mais il ne peut pas faire de bénéfices. Marcel Paul a dit : « Puisque c’est comme ça, il y en aura autant pour les travailleurs. » La nationalisation, le Statut restent valables aujourd’hui. Le profit reste une réalité, la lutte contre le profit et pour la répartition des richesses entre les hommes aussi. La solidarité, la lutte pour la justice sociale, pour le droit à la santé, à l’éducation, toutes ces idées donnent de la force. Ce sont des idées d’avenir. Le Statut national des industries électriques et gazières permet à tous les agents
(femmes ou hommes) à qualification égale d’avoir une égalité de traitement, mais aussi d’avoir une certaine tranquillité d’esprit et une évolution de carrière quel que soit l’endroit où ils travaillent. Avoir la garantie de l’emploi, c’est exister en tant qu’individu. Le Statut national avait de nombreux aspects précurseurs, notamment cette conception du salaire d’inactivité. Le Statut permet de s’exprimer. Dire les choses, c’est aussi pouvoir intervenir sur l’organisation du travail. Si pouvoir vivre décemment c’est être privilégié, on marche en arrière. La grande force de personnalités comme Marcel Paul est qu’ils avaient une confiance en les hommes. Mais précisément, sa volonté était de former les nouvelles générations pour que tout repose non plus sur un, mais sur chacun d’entre nous. A EDF-GDF, le Conseil central des œuvres sociales permettait de toucher le complément non remboursé par la Sécurité sociale. C’était une révolution sociale dans toute une partie du pays. Le Statut donnait la possibilité de suivre des cours pour devenir ingénieur. Des avantages ne sont jamais définitivement acquis. Il faut que les jeunes apprennent à se motiver, à avoir confiance en eux-mêmes. Quelque chose d’unique au monde a été placée entre les mains des agents. A eux de décider de ce qu’ils en font. C’est que ce Statut national soit toujours d’actualité. Il est aujourd’hui prouvé, bien que l’on nous parle depuis plus de quarante ans de la crise, qu’une femme, qu’un homme peut vivre avec un Statut, construire à la fois sa famille et une société dans une entreprise nationale performante. Entrant dans notre entreprise, vivant avec ce Statut, peut-être les agents perçoivent-ils leurs conditions de travail et de vie comme des cadeaux de la direction, mais les organisations syndicales ne sont pas là pour ne rien dire. Elles
DOSSIER LE RÉVEIL
agissent, elles informent, cela entraîne des réactions. C’est paradoxal : l’actualité, c’est préserver les acquis du passé ! Nos anciens sont arrivés quand il y avait tout à faire. Pour le Statut national, Marcel Paul l’a dit luimême, il fallait essayer d’aligner par le haut tout ce qui existait de positif dans le dispositif des statuts des anciennes sociétés. Cette nationalisation d’EDF-GDF, plus exactement celle d’un « retour à la nation des sources d’énergie », menée non sans réaction du camp patronal par le ministre communiste Marcel Paul, était inscrite dans le programme du Conseil national de la Résistance. Comme une première marche d’un escalier menant l’ensemble des salariés à un statut respectable et respecté. Marcel Paul soulignait : « A développement économique à la hauteur des ambitions de la Nation, il faut un statut social à la hauteur des besoins des hommes. » L’action revendicative, l’action syndicale et le progrès social sont les remèdes pour les libertés et contre la répression. La nationalisation de l’électricité et du gaz à la Libération est le « retour à la Nation » de grands « monopoles » considérés comme essentiels à la vie du pays (cette notion est présente dans la Charte du Conseil national de la Résistance qui inspire un certain nombre de réformes de l’immédiat après-guerre). Je voudrais rappeler simplement les paroles de Marcel Paul lors du 35e anniversaire de la nationalisation d’EDF-GDF : « Un statut du personnel, une convention collective de travail, c’est le résultat du rapport de forces sociales entre patrons et travailleurs (la CGT représentait 6 millions de voix et le Parti communiste était le premier parti de France). L’obtenir, l’imposer, le défendre, le sauvegarder comme pour l’améliorer, c’est encore, c’est toujours une question
de rapport de forces, c’est-à-dire un problème de classes. » « J’ai conscience d’avoir tout simplement fait mon devoir. Comme résistant de la première heure, appartenant au Parti communiste français, qui était membre important du Conseil national de la Résistance. Lié par le programme du CNR, je ne risquais pas d’oublier ses stipulations ni de me laisser intimider lors de leur application ; comme ministre ouvrier et membre du Parlement, élu sur le programme du CNR. Je suis fier d’avoir tenu, d’avoir participé à la création des deux magnifiques outils nationaux que sont EDF–GDF qui ont fait d’un héritage de misère, tant de gaz qu’en électricité, les deux meilleurs mécanismes d’électricité et de gaz existant en Europe. Je suis fier d’avoir farouchement combattu pour un Statut du personnel faisant des ouvriers, des employés, des cadres, des ingénieurs des deux industries, un personnel de haute conscience, de grande qualification, d’un patriotisme, d’un dévouement infini, à qui l’on doit, spécialement pour celui d’hier, une véritable révolution technique et économique, et
pour celui d’aujourd’hui (fils et filles de ceux d’hier) une compétence remarquable et un dévouement sans limite dans la mise en place des moyens nouveaux et la défense passionnée du mécanisme énergétique de la nation. » « Ma deuxième observation est pour vous demander à vous, collègues et camarades, de ne jamais oublier que vous avez en charge un instrument fondamental de la vie du pays. Que votre dignité comme l’intérêt national vous font un devoir impérieux de continuer à défendre, sans jamais défaillir, le service public, propriété de la nation, contre les représentants du grand capital industriel et bancaire, dont le seul objectif est d’asservir encore plus le pays à leurs insatiables besoins de domination et de profits. De continuer avec le même courage à défendre votre légitime Statut national, vos retraites, vos œuvres sociales qui font désormais corps avec les deux établissements publics issus du programme national de la Résistance, expression du combat de ceux qui ont été jusqu’au sacrifice de leur vie pour sauver le pays et, avec lui, ses riches traditions d’humanisme et de liberté. »
Et aujourd’hui ? Pour info, en 2014 EDF a eu un résultat net de 3,7 milliards d’euros (+ 5,2 %), avec une augmentation de 0,3 % des salaires ; les dirigeants décidaient d’octroyer 1,9 milliard aux actionnaires, soit 52 % du résultat net. En 2015, la vente d’électricité a progressé de 2 %. Les 6 administrateurs dirigeants se sont fait verser 174 444 euros de jetons de présence pour l’année 2014 pour avoir simplement siégé dans les Conseils d’administration. En 2014, le résultat net de GDF/ SUEZ a été de 2,44 milliards d’euros. Les 19 membres du Co-
mité de Direction se sont partagés 14 millions 129 489 euros, soit 743 657 euros par tête. Gérard Mestrallet, le PDG, s’est octroyé une rémunération de 3 millions 456 863 euros pour 2014. Mais la timbale d’or revient à Albert LE RÉVEIL - N° 825 - JUIN 2016
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LE RÉVEIL DOSSIER
Frère, premier actionnaire du groupe après l’Etat, qui s’est délesté de quelques actions en 2014 pour un montant de 11 millions 258 646 euros. La crise, quelle crise ? Bernard Arnault, l’homme qui gagne 10 000 euros à la minute ! Cet homme le plus riche de France a vu sa fortune augmenter de 9,27 milliards d’euros en 2015, soit 10 000 euros à la minute ! Tandis que le patrimoine des 62 premières fortunes mondiales qui correspond à celui de la moitié la plus pauvre de la population mondiale a augmenté de plus de 500 milliards de dollars pour atteindre un total de 1 760 milliards. Alors
que le Service public nationalisé peut permettre d’aller vers une nouvelle civilisation de partages qui soit celle de toute l’humanité. Ce sont les hommes et les femmes qui composent la société qui en font l'histoire. Il n'y a pas de réflexe inné ; rien n'est simple. Nous avons un outil formidable entre les mains. Il a marqué plusieurs générations. Nous savons que nous risquons d'assister à sa disparition. Ne laissons pas qui que ce soit décider à notre place. Alors prenons notre destin en main. Gérard Del Maschio, agent RTE/EDF
Extraits L’heure de la reconquête et de la conquête a sonné La nationalisation d’EDF et GDF a été portée par les forces les plus vives et patriotiques de notre pays : les syndicats, les forces rassemblées dans le Conseil national de la Résistance (CNR). Emmanuel Macron rejoint ainsi Denis Kessler, alors vice-président du Medef, qui déclarait, le 4 octobre 2007 : « Il s’agit de sortir de 1945 et de défaire méthodiquement le programme du CNR ». L’incurie des barons du gaz et de l’électricité, avaient négligé les investissements. Il était progressivement devenu évident que la maîtrise publique de l’énergie s’avérait nécessaire économiquement. Les luttes sociales, le débat au sein du CNR, le rapport de forces politique à la Libération ont conduit à la forme de la nationalisation. Le bilan de la nationalisation n’est plus à démontrer, sauf à être de mauvaise foi. Les nationalisations de 1946 20 - LE RÉVEIL - N° 825 - JUIN 2016
ont joué un rôle déterminant dans ce qu’on appelle les Trente Glorieuses. Avancées technologiques, aménagement du territoire, niveau tarifaire, péréquation, tout cela est une réalité. Ainsi s’est progressivement confirmé que l’énergie est un bien commun, que ce n’est pas une marchandise. Les « Jours heureux », comme s’intitulait le programme du CNR, vont s’assombrir avec la posture idéologique du libéralisme des années Giscard, dans le sillage de Carter, Reagan et Thatcher. Les entreprises publiques nationales doivent devenir des « vaches à lait » financières. Les contrats de plan se muent en contrats d’objectif. Les unités d’exploitation se transforment en centres de résultat, futurs centres de profit. L’embellie promise par la victoire de la gauche, en 1981, sera de courte durée ». « Le service public sera menacé
Francois Duteil et Alain Guino.
dans sa finalité. Avec l’effondrement de l’URSS, la mondialisation marchande avance. La Commission européenne se donne pour objectif l’ouverture à la concurrence du secteur de l’énergie. Malheureusement, avec le gouvernement de la gauche plurielle, l’ouverture du capital n’est plus un sujet tabou ». « Le début de privatisation devient réalité à partir de la transposition des directives européennes, en 2001 ». « Il faut tout mettre en concurrence ». « Depuis 2005, nous assistons à un déferlement législatif sans précédent ». « EDF et GDF ont été soumis à une désintégration au cours des dix années passées. Les choix de plus en plus autoritaires des directions générales – ce qui génère un sérieux malaise dans l’encadrement supérieur – sont tournés vers un cash-flow positif dans les délais les plus rapides. Il faut mettre un coup d’arrêt à cette fuite en avant suicidaire ». Ce n’est surtout pas la fin de l’histoire. Le secteur de l’énergie est aujourd’hui déréglementé et éclaté. Revenir sur les nationalisations de l’énergie de 1946 doit nous aider à avoir une réflexion féconde et stimulante. Je pense qu’en prenant appui sur les concepts et valeurs de la nationalisation de 1946, en intégrant les exigences nouvelles de démocratie – intervention des personnels et des citoyens –, il est possible d’entrevoir de nouvelles perspectives pour le service public national dans une Europe de coopération. Le service public nationalisé peut permettre d’aller vers une nouvelle civilisation de partage qui soit celle de toute l’humanité. Ouvrons le débat. François Duteil, président de l’institut CGT d’Histoire sociale mines-énergie
INTERNATIONAL LE RÉVEIL
Trois questions portant sur le contexte social aux USA en 2016 à Tony Pecinovsky, journaliste à People’s World et Membre du bureau exécutif du Parti communiste des Etats-Unis Depuis plusieurs décennies, nous subissons en France une offensive néolibérale de grande ampleur, jusqu’à ce jour, avec la loi El-Kohmri portée par le gouvernement Valls. Qu’en est-il aux Etats-Unis ? Aux Etats-Unis, les travailleurs subissent constamment des offensives néolibérales depuis plus de trente ans. Cette offensive a été initiée par l’administration de Ronald Reagan qui a cassé la grande grève des contrôleurs aériens en 1981. Elle avait été lancée par le syndicat de la profession, le PATCO (Professional Air Traffic Controllers), et avait mobilisé entre 13 000 et 15 000 travailleurs. 11 000 salariés grévistes avaient été licenciés et immédiatement remplacés par des travailleurs plus dociles. Ce moment est considéré comme un tournant dans l’histoire sociale. Il a inauguré ce que maintenant nous considérons comme l’ascension de l’extrême droite dans la politique américain. La droite s’est enhardie et a gagné plus de pouvoir que jamais. Voilà pour ce qui est de notre contexte politique ! Une période d’ascension de la droite,
d’affaiblissement des syndicats et de régression des droits des travailleurs en général. Les principales luttes aujourd’hui se centrent autour du secteur de la restauration rapide, des autres secteurs en grève pour un salaire minimum à travers la campagne « $15 and a Union » [« 15 $ et un Syndicat ! »], et les luttes des « Black Lives Matter » [« Les vies noires comptent »]. En outre, 40 000 travailleurs des télécommunications de l’entreprise Verizon ont récemment gagné une victoire importante après sept semaines de grève, de protestations et d’autres actions de solidarité. Elle est la plus importante victoire des travailleurs dans l’histoire récente des Etats-Unis ! Les travailleurs américains vivent sous les assauts permanents des libéraux ! Bien qu’il y ait eu des résultats positifs suite à des batailles offensives qui ont remué la vie politique – menées par les syndicats, les travailleurs de la restauration rapide, la communauté afro-américaine, les immigrants latinos et la communauté LGBT – la plupart des luttes campent plutôt sur des positions défensives et de protection des droits.
Quel est le rapport du Parti communiste des Etats-Unis avec Bernie Sanders et la vague progressiste qu’il a porté ? Pendant le cycle électoral de 2016, sur le plan national, les communistes américains font de la construction de large rassemblement contre la droite une priorité. Beaucoup d’adhérents ont soutenu la campagne de Bernie Sanders. Beaucoup d’autres ont aussi milité pour Hilary Clinton. Souvent les membres du parti tendent à aider les candidats soutenus par leur syndicat, ou ceux avec qui ils ont construit, localement, des formes de rassemblement. Le parti communiste a vu la candidature de Bernie Sanders comme un développement positif dans la campagne présidentielle en apportant de nouvelles forces dans le combat pour la justice sociale. Il a aidé à générer une discussion salutaire dans le débat public américain sur l’idée de socialisme – une discussion que nous n’avions pas vu depuis la candidature présidentielle de V. Debs au début du XXe siècle. De plus, la campagne de Sanders a pesé dans le rapport de force avec LE RÉVEIL - N° 825 - JUIN 2016
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LE RÉVEIL INTERNATIONAL
Clinton, la poussant sur sa gauche. Le but stratégique du Parti communiste américain, pour le moment, dans une longue période d’hégémonie de la droite et les perceptives maintenant très réelles d’une victoire de Donald Trump, est d’aider à poser la base et les racines d’un rassemblement en capacité de faire perdre le parti Républicain et sa politique militariste, chauviniste, raciste, sexiste, et essentiellement dirigée contre les travailleurs. Notre problème n’est pas de savoir si tel ou tel candidat sera choisi ! Tous deux, Hilary Clinton et Bernie Sanders ont leurs forces et leurs faiblesses.
Quelle est la situation du Parti communiste des Etats-Unis ? Il est en pleine transition. Notre nombre d’adhérents a augmenté modestement, grâce aux adhésions en ligne, mais de façon constante
au cours de la récente période. Là où nous avons une implantation locale, notamment dans les principales industries et principaux centres urbains (New York, Cleveland, Detroit, Chicago, St. Louis, Los Angeles, etc.), l’activité est la plus forte. Nous avons de bons contacts avec les syndicats et nos relations avec les élus vont en s’améliorant. Par ailleurs, l’audience de notre publication, le People’s World [http:// www.peoplesworld.org/] s’élargit. Il est perçu par une partie de la population comme étant la presse des travailleurs. Nos articles sont souvent repris dans les journaux, magazines et sites des syndicats amplifiant ainsi notre message à des dizaines de milliers de personnes au-delà de nos adhérents. De nombreux responsables syndicaux travaillent ouvertement avec nous et aide dans des collectes de fonds pour notre journal, plaident
en faveur de notre participation dans les forces vives de masses. Toutefois, des obstacles, principalement dus à la culture politique américaine, se dressent contre nous. Aux Etats-Unis, la plupart des gens ne rejoignent pas les partis et s’ils le font, ils ne payent pas de cotisation. Dans les deux partis majoritaires (les Démocrates et les Républicains), seule une poignée de personnes payent leur écot, participent aux activités régulières des partis etc. Ici, les syndicats sont la colonne vertébrale de la structure du parti Démocrate. Ils fournissent les militants, les ressources financières et les contacts des électeurs, ce qui explique pourquoi les candidats Républicains – comme Donald Trump – dépensent leur énergie à casser les syndicats. Propos recueillis et traduits par Quentin Corzani
Le Bouscat (33) Vendredi 27 mai à l’occasion de la journée nationale de la résistance, en présence du conseiller départemental, Dominique Vincent, le président départemental de l’Association républicaine des anciens combattants (ARAC), Régis Saphores, les élus communistes d’Eysines et du Bouscat, Nicolas Org et Patrick Alvarez, Pierre Bouyssière, ont rendu un hommage aux combattants de l’ombre. Après le dépôt d’une gerbe au mo-
nument aux morts en mémoire des six Bouscatais fusillés au camp militaire de Souge, Patrick Alvarez a rappelé l’action déterminée de Joseph Epstein, juif polonais tombé en 1943. Sous la bannière des francs-tireurs partisans (FTP), cet homme audacieux, organisateur et stratège hors pair, a mené tous ses combats en dissimulant jusqu’au bout son identité sous le nom de Joseph Estain né au… Bouscat
Venizel (02) Yves Sarrasin décoré
Yves Sarrasin le deuxième à gauche a été honoré d'une distinction.
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Dans le cadre de la journée du souvenir et du recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et Maroc, Jean-Noël Grebert, président départemental de l’ARAC a décerné deux distinctions. « J’ai plaisir à remettre l’étoile de
bronze de la reconnaissance des mérites civiques, civils et militaires à Yves Sarrasin », précisait-il face au monument aux morts. Cette décoration était aussi remise à Michel Hubert, peu après à NeuillySaint-Front.
VOS DROITS LE RÉVEIL
Campagne double Les régimes spéciaux exclus du droit à réparation Nous avons déjà informé nos lecteurs de la « roublardise » d’un gouvernement qui, semblant accorder le bénéfice de la campagne double aux Anciens Combattants fonctionnaires, « filoute » le droit à réparation en appliquant des règles tellement restrictives que le résultat est quasiment inexistant pour les intéressés. D’où la revendication d’une application aux ATM (et demain aux OPEX) des mêmes critères qu’à leurs anciens, à savoir campagne double pour la durée de présence sur le territoire concerné, et non sur les actions de feu ou de combat qui relevaient de la carte du
combattant, laquelle n’est pas exigible pour avoir droit à la campagne double.
Cheminots – RATP – Industries Electriques et Gazières… exclus ! Tel est le nouveau scandale résultant de la démarche d’exclusion/austérité menée par le gouvernement. En effet, l’article 132 intègre dans la loi de finances 2016 – s’il lève bien le verrou de la date de liquidation de la pension de retraite imposé par le décret du 19 juillet 2010 – fixe le cadre d’application aux « fonction-
naires et assimilés » et, de ce fait, exclue les pensionnés de trois régimes spéciaux : cheminots, RATP, Industries électriques et gazières. Ainsi, les caisses de retraites de ces régimes spéciaux rejettent les demandes de « campagne double » au prétexte que leurs pensionnaires ne relèvent pas du statut de fonctionnaires ou assimilés !
Inconcevable Il est inconcevable qu’une telle injustice flagrante soit imposée à nos camarades Anciens Combattants cheminots, RATP, électriciens et
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LE RÉVEIL VOS DROITS
gaziers dont – rappelons-le – des sections spécialisées (telle l’ANEGRAC, Association nationale des électriciens et gaziers AC) ont été longtemps affiliées à l’ARAC et leurs dirigeants membres de son conseil national et de son bureau national.
Aussi, dans un esprit de justice et de solidarité quant à l’application correcte du droit à réparation, l’ARAC et le Réveil approuvent la démarche entreprise par les syndicats de retraités CGT Cheminots, RAPT et Mines-Energie, demandant à
M. Todeschini (Secrétaire d’Etat aux AC) une rencontre « dans les délais les plus courts… afin de trouver une issue satisfaisante… car une telle situation discriminante ne peut perdurer… et il faut trouver une conclusion dans les délais les plus brefs ».
ARAC et Mutuelle de l’ARAC Un nouveau départ, un nouvel élan Le Conseil d’administration de la Mutuelle de l’ARAC s’est réuni le 27 mai 2016, suivi par l’Assemblée Générale le 28 mai. Au terme de ces deux journées : un accord unanime, une relance appuyée sur la Mutuelle Familiale, l’assurance de la pérennité de la Maison commune de l’ARAC. Les assises mutualistes ont été amenées à constater que la politique d’austérité renforcée mise en place par le gouvernement Sarkozy avait encore été amplifiée par l’ère Hollande-Valls. Leur obéissance sous la férule de la Commission européenne de Bruxelles, fait que tout le monde est frappé : crédits supprimés aux collectivités territoriales, démolition du code du travail, de la santé, de l’éducation, du logement, des retraités, etc., attaques réglées contre le tissu associatif dont – bien sûr – l’ARAC et sa Mutuelle, les ACVG en général à travers la « refonte » du Code des pensions militaires d’invalidité (PMI), le blocage des pensions, retraites du combattant et rentes mutualistes AC depuis 2010, etc. Face à cette offensive de casse généralisée, il était urgent de réagir à la fois pour préserver les droits à réparation des Anciens Combattants, des Victimes de Guerre et des Mutualistes, et pour obliger les gouvernements à respecter la dette contractée par la Nation envers nous. L’accord réalisé entre la Mutuelle de l’ARAC et la Mutuelle Familiale 24 - LE RÉVEIL - N° 825 - JUIN 2016
– déjà notre partenaire au plan de la Mutuelle santé – va permettre d’agir pour ces objectifs tout en servant de tremplin à la relance de l’action pour le droit à réparation.
Au plan de la Mutuelle Conservant son titre de « Mutuelle de l’ARAC, section de la Mutuelle Familiale », les emplois et les salaires de nos deux personnels sont préservés, les intérêts de nos mutualistes (rentiers et différés, mais aussi ceux à venir) la garantie CNP est conservée, l’Espoir Mutualiste également, etc. La Mutuelle sort renforcée de cette « dissolution-reprise », en bénéficiant des moyens considérables de la Mutuelle Familiale.
Au plan ARAC La Maison Commune est préservée puisque la Mutuelle Familiale (nouveau propriétaire du siège) s’engage à mettre en œuvre la meilleure solution garantissant la présence de l’ARAC dans les locaux. C’est dire si, loin de se replier sur nous-même, l’heure est à la relance vigoureuse et conjointe de l’ac-
tion de l’ARAC et de la Mutuelle, pour la défense des acquis et l’amélioration du droit à réparation pour les Anciens comme pour les OPEX. Plus que jamais, la rente mutualiste AC demeure à l’ordre du jour au plan du droit et des adhésions par l’ARAC, plus que jamais le rattrapage du retard des pensions PMI, de la retraite du combattant et des rentes mutualistes AC est à l’ordre du jour. Une page est tournée, une autre s’ouvre, avec la même ardeur et sur la base des mêmes valeurs républicaines qui unissent l’ARAC, la Mutuelle ARAC et la Mutuelle Familiale dont les parcours – depuis 1937, dans la clandestinité de la Résistance antinazie et depuis la libération – sont parallèles, toutes trois marquées par la fidélité au Conseil National de la Résistance et à son Programme. Merci à toutes et tous, anciens et nouveaux, merci à la mutuelle familiale. Ensemble, la lutte continue, pour la paix, la démocratie, le bonheur et progrès.
André Fillère
VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL
Du 28 juin au 31 août 2016 Expo sur les Brigades Internationales Au Musée du Général Leclerc Du 28 juin au 31 août 2016, une exposition organisée par l’ACER (Association des Amis des Combattants, en Espagne Républicaine) et l’ONACVG, intitulée « Levés avant le jour, les Brigades Internationales, de l’Espagne à la Résistance » sera présentée à Paris au Musée du général Leclerc, de la Libération de Paris – Musée Jean Moulin – 23 avenue de la 2e Division Blindée, Jardin Atlantique (Gare Montparnasse) Paris 15e. Cette exposition très attractive et d’une présentation simple et agréable comprend 20 panneaux abordant les points essentiels des Brigades, de leur raison d’être, de leurs luttes. Elle a d’abord le grand mérite de mettre en lumière cet épisode glorieux de la lutte contre le franquisme et ses alliés Hitler et Mussolini, une épopée rejetée dans l’ombre jusqu’à aujourd’hui. Y sont notamment exposés les symboles républicains, la 2e République espagnole et le Front populaire, l’Europe et le coup d’Etat franquiste, les premiers volontaires étrangers, la formation des Brigades Internationales (dont près de 9 000 Français), leur base à Albacete (dont la direction est confiée à André Marty), les forces armées en présence, les batailles des
Brigades, le service sanitaire des Brigade (à sa base le docteur Pierre Rouquès), la France, carrefour international de l’aide, la solidarité internationale, la non-intervention de la France, et de l’Angleterre notamment, l’engagement intellectuel en Espagne, la guerre d’Espagne et les médias, la rencontre avec le peuple espagnol, la défaite de la République et l’exil, les Brigadiste dans la Résistance (Fabien, Rol-Tanguy, etc., la « nueve », 9e section de la 2e DB composée d’anciens d’Espagne) entre silence et oubli, portraits et paroles de brigadistes.
et de « Paul Vaillant-Couturier », mais aussi les batailles politiques et pour la solidarité menée par l’ARAC au côté du « Secours Rouge » (futur Secours populaire Français) à travers les campagnes et collectes populaires.
Rappelons le rôle important joué par nombre de membres de l’ARAC dans les Brigades dont certaines ont porté le nom de « Henri Barbusse »
Une expo à ne pas manquer, alors que les forces obscures d’hier s’évertuent à prolonger leurs méfaits à la faveur de silence organisé.
Rappelons également que dès leur retour d’Espagne, les brigadistes créèrent l’AVER (Association des volontaires en Espagne Républicaine) immédiatement affiliée à l’ARAC et dont les dirigeants (Michaut, Louis Blésy, Rol-Tanguy) siégera à la direction nationale de l’ARAC.
Cartes du combattant : 5 984 attribuées le 31 mai 2016 par la commission nationale La commission nationale d’attribution de la carte du combattant a siégé en formation restreinte aux Invalides à Paris, le 31 mai dernier. André Fillère y a participé.
Détail des cartes attribuées :
5494 (dont 3885 au titre des 120 jours de présence). - Citons, notamment : 582 pour l’Afghanistan, 519 pour l’opération Barkhane (Afrique Centrale), Côte d’Ivoire 481, Ex-Yougoslavie 1120, Liban 244, Mali 422, République Centrafricaine : 328, République du Liban et Israël 370, Tchad : 688.
1 Indochine – 18 pour 39-45 – ATM 806 – OPEX
Prochaine réunion : 22 septembre 2016
La commission a examiné 7 365 dossiers préparés par le service ONACVG de Caen. Sur cet ensemble, 1 378 rejets ont été prononcés (60 pour 39-45, Indochine 1, Hors Périodes combattantes 571, ATM, 404 et 2 retraits, OPEX : 1378 et 1 retrait).
LE RÉVEIL - N° 825 - JUIN 2016
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LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC
Aisne (02) Inauguration d’une stèle en mémoire de fusillés à Roucy (Aisne) Le 22 mai 1916 quatre soldats ont été fusillés à Roucy dans l’Aisne. Cent ans après ils ne sont toujours pas réhabilités. Cérémonie à la mémoire de 6 fusillés. Une très belle stèle a été dévoilée à l’endroit où Emile Lhermenier et ses camarades ont été fusillés. Emile Lhermenier a retrouvé sa place sur le monument aux morts de sa commune mais le gouvernement refuse toujours de réhabiliter tous ces hommes que l’armée française a exécutés. Stèle à la mémoire des six fusillés de Roucy.
Bagnolet (93) Cérémonie du Mont Valérien
La section de l’ARAC de Bagnolet était composée d’une délégation de 53 personnes, dont 35 lycéens qui ont parti-
cipés au concours national de la Résistance et de la Déportation. Le matin la délégation a visité le musée de la résistance de Champigny et a été reçu par Monsieur Krivopissko. Nous avons ensuite assisté à la cérémonie au Mont Valérien. Nous avons terminé la journée par le défilé sur les Champs Elysées et le ravivage de la flamme. Michel Chaput
Saint-Etienne (42) Le 12 mars dernier la section de Saint Etienne a tenu son assemblée générale à la maison du combattant. Après les présentations et les remerciements des associations présentes, le président Lucien Montagon a proposé de nommer « membre d’honneur » les plus anciens de la section. Après présentation du rapport d’activité de la section le président a abordé les questions d’actualité : • Les conséquences des attentats en France • La souveraineté nationale bafouée par la commission européenne 26 - LE RÉVEIL - N° 825 - JUIN 2016
• Le jeu dangereux de l’OTAN mettant en danger la sécurité en Europe • L’augmentation du budget militaire de l’Allemagne • La République et la laïcité, trahie et dévalorisée • La montée de l’extrême droite.
Somme (80) Hommage à notre camarade Achille Forestier
Les amis et les camarades de l’A.R.A.C. de la section de Saint Blimont et du département ont déposé un coussin à l’emplacement où notre camarade Achille Forestier repose. Il était président d’honneur de la section, du département et membre d’honneur du national. Entouré des drapeaux, une minute de silence a été observée. Ensuite, nous nous sommes dirigés à la mairie pour dévoiler une plaque commémorative en son nom organisé par la municipalité. A la salle Francis Dupont, les élus et le vice-président de l’A.R.A.C. ont prononcé des allocutions émouvantes. Plus de 300 personnes y assistaient.
VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL
Gironde (33) Inauguration de la stèle de Pichey Mérignac (33) Gauchy (02) Cérémonie 8 mai : Journée de la déportation le 24 avril 2016 le maire Jean-Marc La cérémonie commémorative de la journée de la déportation a débuté à la stèle de Pichey, qui marque l’entrée de ce que fut le camp d’internement de Beaudésert de 1940 à 1944, avec l’inauguration de la nouvelle plaque par le maire, Alain Anziani, et le président du comité d’entente, en présence de nombreux élus, personnalités civiles et militaires, de représentants tziganes, espagnols et de collégiens et de l’ARAC-33. Aujourd’hui est dévoilée une nouvelle plaque car maintenant que nous savons qu’il n’y a pas eu 1 200 personnes internées dans ce camp mais plus de 8 700. Cette plaque mentionne tous ceux qui y ont séjourné tziganes, réfugiés espagnols, politiques et les juifs. Le camp de Beaudésert fut l’un des plus impor-
tants de France avec sept baraquements et deux quartiers (juifs et non juifs) la ségrégation dans la ségrégation, antichambres des camps de la mort et otages fusillés à Souge, commune voisine. (256 patriotes fusillés de fin 1940 à Août 1944). Tous et le maire également, ont souligné l’importance du devoir de mémoire.
Weber, pour la première fois, était accompagné par Steffen Ramsauer, maire de Berga, commune jumelée de Gauchy. Ce dernier a déposé une gerbe au mémorial de la ville. David Czekamnski a ensuite lu le discours officiel et Antoine Crestani, président de l’ARAC de Gauchy, a décoré Jean-Claude Seury et Lucien Villain de la médaille de la reconnaissance de la nation. Ceux-ci ont également reçu la médaille dans l’ordre du combattant, ainsi que Grégory Legrand.
Vaucluse (84) Une vue de la stèle et le porte-drapeau de l’ARAC de Bassens (33), et membre du bureau départemental..
Remise de la médaille de l’ARAC à Gustave Rabasse, centenaire de la section de Carpentras par Daniel Large, membre du secrétariat départemental.
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LE RÉVEIL - N° 825 - JUIN 2016
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LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC
Drancy (93) Le 21 mai 2016, à l’initiative de la section ARAC de Drancy en partenariat avec le Comité local de l’ANACR, de l’AFMD, et l’Amicale Châteaubriant ; 80 personnes ont participé à la projection de 44 portraits de jeunes résistants et résistantes, internés, déportés, fusillés ou décédés dans les camps de la mort et des libérateurs notamment les cheminots de notre ville qui ont joué un rôle décisif dans la libération de Drancy-Blanc-Mesnil dira le Commandant ROUVILLOIS de la 2e DB. Dès juillet 1940 quelques jours après l’entrée des allemands à Drancy, la jeunesse était à l’initiative bravant la répression, les discours d’appel à la résignation, dénonçant les mensonges. Les accusations de terroristes contre le groupe Manouchian et des combattants de l’ombre, des résistants. Ils étaient réprimés parce qu’ils résistaient. Ils étaient l’honneur de la France. Comme aujourd’hui ils étaient porteurs des valeurs républicaines de souveraineté nationale et de paix. Ces mêmes hommes et femmes qui ont également inventé le
Romainville (93) 570 élèves des collèges Courbet et Houel rencontrent les militants de l’ARAC programme du Conseil National de la Résistance et les réformes nécessaires pour relancer l’économie du pays à l’issue de la guerre. Le débat qui s’est organisé a permis de montrer les similitudes des discours par les dirigeants d’hier et d’aujourd’hui, des actes pour opposer les Français, les générations, les ethnies. Deux expositions étaient visibles. Une de l’ONAC sur la vie, l’action de Jean Moulin, et la seconde réalisée par le Musée National de la Résistance concernait la jeunesse, Guy MOQUET. Le Chœur populaire de Seine Saint-Denis a mis en chansons les textes de combat de l’époque.
Ste-Geneviève-des-Bois (91) Cérémonie de labellisation « Bleuet de France » maison de retraite « Maison Russe »
Le 7 avril 2016 s’est déroulée, à la maison de retraite « MAISON RUSSE » à Sainte Geneviève des Bois (Essonne), une cérémonie de remise du label « Bleuet de France ». 28 - LE RÉVEIL - N° 825 - JUIN 2016
Ce partenariat a pour but de renforcer l’offre de places disponibles au profit des anciens combattants et s’accompagne d’actions mémorielles (présentation d’expositions, débats, cérémonies). L’établissement compte 80 places (dont 8 places en unité Alzheimer). En présence de : M. Olivier LEONHARDT, maire de Ste-Geneviève-desBois, Mme Emmanuelle DOUBLE, représentant Mme Rose-Marie ANTOINE, M. Jean de BOISHUE, M. François DUROVRAY. La Maison Russe est le deuxième établissement labellisé « Bleuet de France » en Essonne, après la maison de retraite « La Citadine » à Massy, labellisée en 2001.
A l’occasion de la commémoration de la fin de la guerre d’Algérie pour 2016, la direction du collège Courbet et l’ARAC de Romainville ont convié les élèves de 3e de ce collège, 7 classes à la présentation de l’exposition historique sur la guerre d’Algérie déjà présentée le 19 mars en mairie. Classe par classe le matin débats devant l’exposition suivis l’après-midi de la projection de « La trahison » de Philippe Faucon avec débat d’1 h 30. Des moments qui passionnèrent les élèves qu’il a fallu prier instamment de sortie car leur intérêt leur suggérait toujours des questions dont les réponses provoquaient chez eux des applaudissements. Même initiative au collège Houel pour trois classes de 3e. La journée nationale de la Résistance se déroula sur deux jours uniquement pour les 4e du collège Courbet cette fois. 6 classes reçurent en deux fois, un enfant caché de la guerre 19391945 notre camarade Henri Kochmann avec projection d’un film pour ouvrir le débat, une séance avec le film de Claude Berri, « le Vieillard et l’enfant » et le film rétrospectif du camp de déportés des enfants à Bergen-Belsen. L’accueil des 4e fut aussi chaleureux.
VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL
Drancy (93) Le 27 mai au matin 17 collégiens d’Anatole France ont participé au 2e concours de la résistance et ont débattu avec les témoins et relais que nous sommes, de l’engagement décisif de la jeunesse pour conquérir l’émancipation humaine.
Décès Jean Maison Notre ami Jean Maison, ancien élu et Maire de Clergoux pendant 50 ans, ancien Résistant FTP vient de décéder à Égletons où il se trouvait en maison de retraite à sa demande depuis quelques jours. Militant communiste et membre de l’ARAC depuis sa jeunesse il a poursuivi son action militante jusqu’au bout de ses forces dans les établissements scolaires de son département où il présentait aux jeunes l’action du Conseil National de la Résistance et les conquis sociaux et démocratiques qu’ont permis sa mise en œuvre dès la Libération. Il fut de tous les combats avec ses camarades de l’ARAC pour l’émancipation humaine, la défense des libertés, les valeurs de la République. Au nom du Conseil National de l’ARAC, son Secrétariat tient à exprimer à sa fille et à sa famille ses sincères condoléances et ses sentiments de fraternité et sa solidarité.
Seine-St-Denis (93) DEU-DEU de SEVRAN a décidé de nous quitter le 24 avril 2016. Denise ALBERT, a été accompagnée d’une grande foule d’amis de « copains et copines » disait-elle. Elle va c’est sûr, cette grande Dame de la résistance, retrouver ses fréquentations de jeunesse ; Danièle CASANOVA, Marie-Claude VAILLANT COUTURIER, Nina ASENSI les Jeunes Filles de France, Maurice NILES, Marcel PAUL, plus tard Louis BLÉSY GRANVILLE, et puis Roger LE MANER et André CRÉTIER avec elle membres du triangle de Sevran, premier échelon de base de la Résistance. Elle n’a pas failli à la tradition familiale, déjà son Arrière-grand-père, un mégissier, métier du travail des peaux, membre de la 1re internationale de MARX, Communard fusillé par les Versaillais en 1871 s’était battu comme elle. Tous étaient là, ceux qui l’aimaient, le
travail de mémoire et de solidarité auquel elle s’employait sous son anorak rouge avec cœur et courage. Présidente de l’A.N.A.C.R. depuis 2004 (Sevran Tremblay Villepinte). Etaient présents avec sa famille, ses amis et les associations d’Anciens Combattants, François Asensi Député Maire de Tremblay en France, Stéphane Gatignon, Clémentine Autain, Nelly Roland, Raphaël Vahé Président national de l’A.R.A.C., Michel Rondeau. C’est Claude Niles, le fils de Maurice Niles, Président de la section de l’A.R.A.C. de Sevran qui a présidé cette cérémonie, pour lui rendre hommage et accompagner DEU-DEU près d’André son accordéoniste de Mari. Jean PORTA
Le Réveil des Combattants adresse aux familles et aux amis de nos camarades décédés ses sincères condoléances.
Nos peines ■ AISNE (02) Montescourt-Lizerolles : Yanick BERTOUT, 75 ans, AC ATM. Bernard SEVESTE, 76 ans, AC ATM. Soissons : Jean BOUTIGNY, 81 ans, AC ATM. ■ ALPES MARITIMES (06) Cagnes sur Mer : Adrien ANQUETIL, AC 39-45 ■ ARDECHE (07) Vallon Pont d’Arc : Gabriel ROGER ■ BOUCHES DU RHONE (13) La Ciotat : Maurice MARINI, AC ATM St Chamas : Joseph FERNANDEZ, AC 39-45 ■ DORDOGNE (24) Bergerac : Claude BIBONNE, 79 ans. ■ HERAULT (34) Lodève : Roger ROUDOT, AC 39-45. ■ ISERE (38) Bourgoin-Jallieu : Jean-Pierre COMMANDEUR, 97 ans, ACPG 39-45. André ROLLAND, 82 ans, AC ATM ■ LOIRE ATLANTIQUE (44) Ste Anne : Alexandre LEAUTE, 97 ans.
■ NORD (59) Fenain : Félix SAINT-JEAN, 81 ans, AC ATM Solre le Chateau : Paul PIERQUIN, 82 ans, AC ATM. ■ PYRENEES-ORIENTALES (66) Prades : Jean MIR Rivesaltes : Jean SALA ■ HAUT-RHIN (68) Mulhouse : Ernest RISACHER, 81 ans, AC ATM, Trésorier départemental. ■ HAUTE-SAVOIE (74) Seyssel : Bernard CATTIN, 75 ans, AC ATM Thonon-les-Bains : Mme Bernadette CARRIER, 94 ans, veuve. ■ PARIS (75) 3e : Mme Amélia MARECHAU 13e : Christian SEYRIG ■ SEINE MARITIME (76) Le Havre : Jacques MARILLY, 82 ans, AC ATM. ■ SEINE ET MARNE (77) Esbly : Roger PICARD, AC ATM ■ SEINE ST DENIS (93) Aubervilliers : Alphonse ROCHETTE, 80 ans.
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LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC
Henri Barbusse le 19 Mai 2016 au Lycée J. Brel à Bordeaux (33)
Paul MARKIDES, Mme la Proviseure et M. le Proviseur-adjoint.
Paul Markidès, président des Amis d’Henri Barbusse a développé, devant une nombreuse assistance, combien l’œuvre et le combat d’H. Barbusse pour la Paix ont été importants, et toujours d’actualité, un siècle après son premier livre « le Feu » (prix Goncourt 1916). Ce fut, une découverte de l’Homme et de sa vie, fondateur de l’ARAC, pour les élèves du Lycée J. BREL, préparant aux métiers de nos forces armées, (environ 40 garçons et filles), accompagnés par leurs professeurs et
la Proviseure et le Proviseur Adjoint du Lycée. Le débat sans tabou, sur la politique, le sociétal, le colonialisme, la culture, l’Europe, le Monde et la Paix, a nourri la réflexion collective sur l’apparente contradiction entre la Paix, la Défense Nationale et la Nation et les métiers préparés par ces lycéens. A noter également, la participation d’un lieutenant-colonel (en retraite) l’Armée de l’Air, élu communiste, qui a apporté sa contribution sur le concept du soldat-citoyen.
Nièvre (58) 7 camarades à l’honneur dans la Nièvre L’ARAC et Jean Deschamps, ont accueilli, salle des Glénons, une cinquantaine de personnes, à l’occasion d’une remise de médailles. Nos camarades Raymond Humbert, Alix Sandou, Bernard Nourry, Noël Fumat, Jean Deschamps, de la section de La Machine et Jean Vigneron ont reçu cette distinction en raison de leur attachement à la défense de la paix dans le monde, au développement de la mémoire, de leur comportement républicain. Une minute de silence a été observée pour un autre récipiendaire, Marcel Gondet, de la section de Decize/SaintLéger-des-Vignes, décédé le 21 avril dernier. La cérémonie s’est déroulée en présence de Daniel Barbier, maire de La Machine, Geneviève Béquignat.
Ille et Vilaine (35) Rennes commémore la tragédie du 8 mai 1945 à Sétif M. Fernand NEDJA Président de l’Association Rennes-Sétif, apportait le sens de cette commémoration : « Cette manifestation qui se voulait pacifiste a pris une tournure dramatique notamment à Sétif où un jeune scout Saal Bouzid arborant le drapeau algérien fut abattu. Il s’ensuivit un déferlement de violences dans l’Est algérien qui entraîna le mort de 110 européens et plusieurs milliers d’Algériens (entre 15 000 et 45 000 selon les sources). » Il rappelait ensuite la nécessité de la mémoire pour construite l’avenir : « Nous ne pouvons pas occulter ni déchirer cette page, mais la lire ensemble afin de pouvoir la tourner et envisager, avec sérénité et respect mutuel, un avenir commun… à notre modeste échelle contribuer à faire de notre espace euro-méditerranéen, auquel nous appartenons, un espace de paix. ». 30 - LE RÉVEIL - N° 825 - JUIN 2016
Éric Berroche, au nom du Conseil municipal faisait part « de son émotion de participer à cette commémoration ». Il rappelait d’abord que : « Ce 8 mai 1945, tandis que la victoire sur le nazisme ouvrait une formidable espérance, la France commettait des massacres de l’autre côté de la Méditerranée… Le socle des valeurs qui inspiraient chaque décision prise à la Libération continue de nous habiter et il inspire encore nos idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité. ». Il ajoutait par la suite : « Jean Jaurès affirmait que : Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire… Longtemps, trop longtemps, les massacres de Sétif, de Guelma, de Kherrata ont été délibérément enfouis. ». « La tentation du repli sur soi, du pessimisme et de la résignation, la haine transformée en programme politique menacent nos rêves
de fraternité. Nous sommes réunis pour refuser le désespoir et cultiver l’optimisme qui rassemble. ». * Associations organisatrices : Association de Jumelage Rennes-Sétif, AMAZIGH BREIZH (ex ACBB), ARAC35, 4ACG, ANACR35, ADIRP, FOPAC, ANCAC, MRAP35, Mouvement de la paix, LDH35, Maison Internationale de Rennes.
VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL
Pessac (33) Journée nationale de la Résistance : 27 mai
Solre-le-Château (59)
2016 au Monument aux Morts de la Ville de Pessac (33). En présence de notre Camarade Germaine BONNAFON, résistante, déportée à Ravensbrück, Grand Officier de la Légion d'Honneur, Régis SAPHORES, Alain ARDILEY…
C’est avec plaisir que nous avons remis à Franck Berger le lundi 13 juin la voiture qu’il a gagnée lors de la tombola du Réveil de Noël 2015. Originaire du Puy-de-Dôme, jeune OPEX, Franck est reparti vers montagnes au volant d’une Dacia Sandero avec 14 km au compteur. Nous partageons sa joie, son plaisir et son sourire. Prochain rendez-vous à tous les lecteurs pour la voiture du Réveil de Noël 2016.
Nous avons décoré le 8 mai des adhérents de l'Arac de la croix du combattant Opex à M. Bruno Godefroid et de la croix du combattant à M. Lefebvre Michel. Jacky Liénard, Secrétaire
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En digne héritier, 70 ans après Jules Moch, M. Valls récidive Léo Figuères, dirigeant de notre ARAC, constatait en 2007(1) que, tant, dans les périodes d’essor du mouvement populaire que dans ses périodes de déprime, le combat incessant et multiforme du monde du travail a au moins empêché des reculs de civilisations et souvent imposé des améliorations de la condition des travailleurs. Par ces temps incertains et lourds de dangers où les dominants veulent imposer leurs diktats, l’expérience doit nous conduire à faire confiance à l’avenir du mouvement social. La politique du gouvernement et de sa police contre la CGT et FO etc., montre que les conflits de classe sont estimés comme plus dangereux pour le système, d’autant qu’ils peuvent être les prémisses d’un mouvement populaire de beaucoup plus grande ampleur. Aussi, tous les moyens sont utilisés pour diviser, discréditer, réprimer les « dominés »… Le Parti Socialiste a déjà pratiqué ainsi en France à la fin du Front Populaire et entre 1947 et 1948 avec le Ministre de l’Intérieur Jules Moch… Serait-il la référence du gouvernement ? Nous avons pensé utile, de livrer pour l’intelligence collective, ces bonnes feuilles du livre de Léo Figuères. Raphaël Vahé (1) Une longue marche – Le temps des Cerises 2007
Extraits : Page 155 Page 154
« Fin de l’année 1947 commence des manifestations de Marseille contre la forte augmentation des tarifs des transports publics… Les grèves viennent en appui des manifestants qui affrontent les forces de police, dont certains contingents issus de la résistance, se solidarisent avec les travailleurs. Dans la même période, à l’autre bout de la France, les mineurs du Nord-Pas-de-Calais cessent le travail pour réclamer des augmentations de salaires et le respect du statut qui leur a été concédé en 1945 pour la grande part qu’ils ont pris au relèvement de la production charbonnière ». La vie des travailleurs reste si difficile à cette époque qu’il n’est pas besoin d’un « chef d’orchestre clandestin » pour déclencher des grèves. Partis de Marseille et des bassins miniers du Nord, elles gagnent d’autres régions au point d’entraîner Page 158 plus de deux millions de travailleurs dans la lutte. Tous les moyens, y com« C’est que les difficultés de vie restent fortes, les augmenpris la mise en branle des forces de tations de salaires obtenues étant toujours absorbées par la police et de l’armée, sont utilisés par hausse du coût de la vie. le gouvernement de Robert Schumann Des grèves (1948) éclatent dans la métallurgie, le bâtiment, et son ministre de l’Intérieur socialiste les mineurs du Nord-Pas-de-Calais. D’autres se développent Jules Moch, pour briser le mouvement aux usines Schneider au Creusot, aux usines Renault. Robert et quatre travailleurs trouvent la mort Schumann et son ministre Jules Moch, réagissent de nouveau dans les affrontements. » violemment et font occuper les puits de mine par la police et « La CGT donne la consigne de rel’armée ce qui conduit à des affrontements dans lesquels trois prendre le travail le 10 décembre mineurs seront tués. Obligés de reprendre le travail en n’ayant 1947. Toutes les revendications ne obtenu qu’une partie de leurs revendications, les mineurs n’en sont pas satisfaites mais le pouvoir et feront pas moins confiance à la CGT en lui accordant l’année le patronat doivent cependant consensuivante 75 % des voix aux élections des délégués mineurs. tir des augmentations de salaires allant L’ensemble des actions menées durant l’année 1948 concerde 21 % pour les manœuvres à 25 % nèrent plus de six millions de travailleurs. » pour les ouvriers professionnels. »
« Le parti socialiste devient l’allié « du MRP », qui rassemble un moment toutes les forces de centre droit et qui compte François Mitterrand parmi ses dirigeants, forment à partir de 1948 ce qu’on appela la « troisième force », censée s’opposer à un double danger, celui des communistes et celui représenté par le RPF formé par de Gaulle. »
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