6 minute read
Cabinets de conseil: un « phénomène tentaculaire » épinglé par la commission d’enquête du Sénat �����������������������������������������
dique le pouvoir de faire taire ceux qui mentiraient pour « semer la division dans notre union » – ceux qui mentiraient au contraire pour la renforcer n’ont pas de souci à se faire. La déclaration de Von der Leyen révèle une vision totalitaire : Celle d’un pouvoir qui s’autorise non seulement à décider ce qui est vrai et ce qui est faux et à faire taire quiconque ne rentre pas dans sa définition, mais aussi de décider quels sont les mensonges permis, et quels sont les mensonges interdits.
Elle révèle le caractère fondamentalement antidémocratique de l’Union européenne. Parce que la démocratie repose précisément sur l’acceptation de la diversité et le refus de
Advertisement
l’unanimité. Seuls les régimes totalitaires prétendent à l’unité du discours, et criminalisent ceux qui « sèment la division dans l’union » pour construire une fausse unité. Le désaccord, le débat, la querelle sont inséparables du processus démocratique. La démocratie repose aussi sur l’idée qu’on peut faire confiance au peuple souverain pour voir à travers les discours, pour distinguer le vrai du faux. La logique qui veut qu’il faille protéger le peuple des « mensonges » – ce qui
revient à s’octroyer le droit de décider ce que le peuple peut ou ne peut
pas entendre – est la logique paternaliste des régimes oligarchiques. Cela
revient à confiner le peuple dans le
rôle d’un mineur sous tutelle. Et si l’on pousse ce raisonnement, si on accepte l’idée que les peuples européens ne sont pas capables de voir à travers les mensonges de Sputnik ou de RT, ne faut-il pas admettre qu’ils sont incapables de voir à travers les mensonges d’un Macron, d’une Pécresse ou d’une Le Pen ? Comment confier à un peuple incapable de voir à travers les mensonges l’élection des gouvernants ?
Les partisans de la construction européenne partagent tout à fait ce diagnostic. C’est pourquoi ils ont fait en sorte que l’Union européenne ne soit pas gouvernée par des représentants élus, mais par une oligarchie cooptée qui est la seule à la fois à savoir
où est la vérité, ce qui est bon pour les citoyens, et quels sont les discours que les citoyens doivent entendre… Madame Von der Leyen en a fourni, ce dernier week-end, la preuve.
Descartes – 28/02/22
(1) Il est difficile de regarder les prestations de Von der Leyen à propos de l’Ukraine sans avoir l’impression que cette dame voit l’affaire essentiellement sous l’angle de la propagande européenne. Avec quelquefois des télescopages amusants. Ainsi, on découvre que les armes que la Commission voudrait fournir à l’Ukraine seront payées… par le “Fonds Européen pour la Paix”. Avouez que c’est drôle.
Dans un rapport, les sénateurs estiment que le recours à ces structures privées par le gouvernement, aux dépens de l’administration publique, est devenu un « réflexe ». Leur expertise
a coûté 900 millions d’euros à l’État l’an dernier.
Gestion de la crise sanitaire, réforme des APL, organisation de colloques : la commission d’enquête du Sénat sur le recours par l’État aux cabinets de conseil dénonce dans son rapport un « phénomène tentaculaire », au coût croissant pour les finances publiques. « Le recours aux consultants constitue aujourd’hui un réflexe », dénonce-telle. Un « phénomène tentaculaire », au coût croissant pour les finances publiques, jugent les sénateurs après quelque quatre mois de travaux. Ils ont notamment auditionné les ministres de la Santé, Olivier Véran, et de la Transformation publique, Amélie de Montchalin. « C’est une volonté politique, un choix du gouvernement de faire appel à des cabinets de conseil en lieu et place de l’administration », a ensuite déploré lors d’une conférence de presse la rapporteure de la commission, Eliane
Assassi, sénatrice communiste, présidente du groupe. « Il s’agit d’une intrusion en profondeur du secteur privé dans la sphère publique », a-t-elle encore affirmé. En plus de s’appuyer sur les cabinets privés pour compenser un manque de ressources internes ou réaliser des « missions complexes », l’État leur confie aussi « des tâches de gestion ». Une expertise souvent onéreuse, puisque « d’après les éléments transmis par les ministères, le coût
moyen d’une journée de [travail d’un] consultant s’élève à 1 528 euros
TTC pour la période 2018-2020 ». De telle sorte qu’en 2021, les dépenses de conseil des ministères ont atteint 893,9 millions d’euros. Un montant en nette augmentation au cours du quinquennat d’Emmanuel Macron : en 2018, il se limitait à 379,1 millions d’euros. (…) Autre nuance, le recours aux cabinets privés « n’a pas commencé sous ce quinquennat ». « Chacun garde en mémoire l’appel assumé aux consultants pendant la révision générale des politiques publiques » initiée sous la présidence de Nicolas Sarkozy, note la commission. Reste que « les cabinets de conseil sont intervenus sur la plupart des grandes réformes du quinquennat, renforçant ainsi leur place dans la décision publique », déplore le rapport. C’est notamment le cas de McKinsey. Le gouvernement a sollicité le cabinet aussi bien sur la réforme du mode de calcul des aides personnalisées au logement (pour un montant total de 3,88 millions d’euros) que dans le cadre de la campagne vaccinale contre le covid-19 (12,33 millions. « Les documents consultés par la commission d’enquête démontrent une intervention massive de McKinsey sur la campagne vaccinale, pendant près d’un an », constate la commission. D’autres cabinets ont accompagné l’État sur des sujets importants, comme Capgemini qui a contribué à développer le Baromètre des résultats de l’action publique (3,12 millions d’euros) ou Sémaphores, chargé d’aider les préfectures à sécuriser la distribution de la propagande électorale (environ 290 000 euros). Le marché du conseil au secteur public est concentré : « Vingt cabinets
représentent, à eux seuls, 55 % du
conseil aux ministères » Pendant la crise sanitaire, trois acteurs (McKinsey, Citwell et Accenture) ont absorbé les trois quarts des dépenses de conseil de l’État, précise le rapport. Et si les représentants des cabinets se sont défendus lors des auditions de tout rôle politique ou décisionnel, les sénateurs restent sceptiques. Les cabinets de conseil ont en effet « pour habitude de « prioriser » les scénarios proposés » à l’administration qui les sollicite, « ce qui renforce leurs poids dans la décision publique ». La commission s’inquiète en outre d’une « dépendance » des pouvoirs publics envers certains acteurs et plaide pour que « le transfert de compétences des cabinets de conseil vers l’administration » soit rendu « plus effectif. » Parmi leurs 19 propositions finales, les parlementaires suggèrent de publier la liste des prestations de l’État et de ses opérateurs en données ouvertes. Ils se prononcent également pour un examen systématique des prestations de
Eliane Assassi, sénatrice conseil supérieures à 150 000 euros et l’interdiction des prestations gratuites pour les pouvoirs publics. Autre piste : la destruction systématique, à l’issue de leur mission, des données confiées aux cabinets. Les sénateurs comptent enfin sur la Haute autorité pour la transparence de la vie publique, dont ils souhaitent renforcer les moyens pour qu’elle contrôle le respect par les cabinets de leurs obligations déontologiques. « La crise sanitaire a mis en lumière l’intervention des consultants dans la conduite des politiques publiques. Ce n’était que la face émergée de l’iceberg », tranche la commission d’enquête. Par ailleurs, la commission d’enquête du Sénat accuse les entités françaises du cabinet McKinsey d’optimisation fiscale. La structure privée est « bien assujettie à l’impôt sur les sociétés en France mais ses versements s’établissent à zéro euro depuis au moins dix ans », dénonce les sénateurs. Cela alors « que son chiffre d’affaires sur le territoire national atteint 329 millions d’euros en 2020, dont environ 5 % dans le secteur public, et qu’il emploie environ 600 salariés » en France, insistent les sénateurs. Ces informations sont publiées deux mois après l’audition par la commission du responsable du pôle secteur public de McKinsey, Karim Tajeddine. « Je le dis très nettement : nous payons l’impôt sur les sociétés en France », avait-il alors assuré. Source : Libération et AFP – 17/03/22