Le réveil - Février 2017

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575 GRÈVES ET LUTTES PAR JOUR

LE SOUFFLE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

OTAN/RUSSIE LA POUDRIÈRE

Février 2017 - N° 831 - 5 €

L’AVENIR Histoire

Construire en s’appuyant sur notre


LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

55e anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie Le 19 mars 1962 Date historique incontournable Il y a 55 ans, les représentants du gouvernement français et ceux du gouvernement provisoire de la République algérienne signaient l’accord du cessez-le-feu qui prit effet le 19 mars 1962 à midi. C’était enfin pour les peuples de France et d’Algérie, l’ouverture menant à la paix au terme de 8 années de combats meurtriers côté algérien pour arracher l’indépendance et la souveraineté nationale, et – côté français – pour contraindre les gouvernements français successifs et les tenants du colonialisme à accepter la négociation et la paix. Le déclenchement des hostilités en novembre 1954 marque huit années de nuits et de sang pour des familles, qui – peu à peu – prirent conscience à travers les appelés du contingents que ce que les gouvernements français qualifiaient « d’opérations de police », de « maintien de l’ordre » étaient en réalité une guerre coloniale meurtrière et injuste à contre sens de l’Histoire. Avec la guerre d’Algérie, non seulement la volonté du peuple souverain allait être bannie mais la République ellemême fut mise à mal. Le coup de force militaire de 1958 qui mit fin à la 4e République et porta au pouvoir le général de Gaulle appuyé sur une nouvelle constitution qui permet qu’aujourd’hui encore soit imposé silence aux parlementaires à coup d’articles 40 et 49-3 au profit d’un régime présidentiel. Face à la prise de conscience de couches de plus en plus larges de la population réclamant unanimement la fin de cette guerre d’Algérie, les éléments fascistes de la finance et de l’armée tentaient un ultime coup de force à travers le putsch de quelques généraux factieux en avril 1961. La très forte réaction populaire immédiate et celle – en Algérie – du contingent et des officiers demeurés loyaux envers la République permit de les mettre en échec. L’ARAC – qui dès 1954 s’était prononcée contre la guerre d’Algérie et pour l’indépendance du peuple algérien – a pris toute sa place dans ces actions, pour qu’aboutissent les négociations des Accords d’Evian, pour le succès du référendum sur l’autodétermination du peuple algérien (voté à 90 %) et pour mettre en échec les criminels de l’OAS fascistes et leurs attentats dans lesquels – tel le 8 février 1962 – furent tués ou blessés des militants de notre association. Aujourd’hui, 55 ans après la fin des combats qui furent cause de tant de drames tant au sein de la population algérienne et française l’ARAC – tout en réaffirmant la justesse du combat des Algériens et condamnant la politique coloniale criminelle des gouvernements français de l’époque – affirme qu’il est temps que l’amitié, la coopération et le partage de la mémoire unissent les deux peuples sur chaque borde la Méditerranée, afin de faire de celle-ci une mer de paix. Rappeler cela aujourd’hui, c’est réaffirmer l’actualité des valeurs républicaines qui dirigeaient notre action. Car elles demeurent les données essentielles pour la paix du monde et reposent sur une évolution faite de liberté, d’égalité, de fraternité, de tolérance, de solidarité dans le respect de la souveraineté des peuples. Tous ceux qui se sont battus pour la paix en Algérie, défendaient les valeurs d’une République faites d’égalité, de liberté, de fraternité, de laïcité, de souveraineté, une République que l’ARAC défendra contre vents et marées, une République qui – face aux vents noirs que charrient les forces de l’argent et les puissances militaro-financières, il importe plus que jamais de recréer. Vive la République Vive la Paix

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ÉDITO LE RÉVEIL CONSTRUIRE L’AVENIR EN S’APPUYANT SUR NOTRE HISTOIRE

SOMMAIRE Actualités DAVOS 2017 ............................................................................................................................ 4 Oxfam dénonce la concentration : “indécente” de la richesse ..................................... 4 Qui organise le Forum de Davos ? ....................................................................................... 5 Le rapport annuel de la fondation Abbé Pierre dresse un constat accablant ............ 5 « Ecrire (...) qu’on refuse les patients les plus précaires... Cela nous inquiète » ........ 6 575 Grèves et luttes par jour ............................................................................................... 7

International Israël/Palestine : Tel-Aviv légalise la colonisation ................................................................8 Soupçons de massacre dans une prison syrienne ............................................................9 Syrie : L’odeur de l’argent… .............................................................................................. 10 Otan/Russie La poudrière ................................................................................................... 11

Histoire 55e anniversaire du cessez-le-feu officiel du 19 mars 1962 Transmettre la Mémoire et non la trahir ........................................................................... 21

Vos droits Commission nationale d’attribution de la carte du combattants… ............................. 23 Légion d’Honneur : Promotion du 1er janvier 2017 … .................................................. 23 Quelques vérités quant au nombre d’attributions de la carte du combattant, son poids en matière budgétaire et e retard des pensions militaires d’invalidité .......... 24 A propos du communiqué du Conseil des Ministres sur la « refonte » du Code des pensions militaires d’invalidité .................................................................................... 25

Vie de l’ARAC Vie des comités .................................................................................................................... 26 Tombola de Noël .................................................................................................................. 28 Nos peines ............................................................................................................................ 30 Puy de Dôme (63) : Décès d’André Charrier ................................................................. 32 Hommage à un ancien de l’ARAC de Côte d’Or Antoine Cirillo ................................ 32

P. 13 . D O S S I E R Le souffle de la révolution française www.le-reveil-des-combattants.fr LE RÉVEIL DES COMBATTANTS Fondé en 1931 par Henri-Barbusse Mensuel de l’Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre. Commission paritaire n° 0713-A 06545 ISSN N° 0751-6215 • Édité par les Éditions du Réveil des Combattants • SARL au capital de 45 734,41 € - Siret : 572 052 991 000 39 2, place du Méridien - 94807 Villejuif cedex Tél. 01 42 11 11 11 Fax. 01 42 11 11 10 reveil-des-combattants@wanadoo.fr • Tirage : 60 000 exemplaires

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L

es discours des candidats à l’élection présidentielle n’ont jamais été aussi loin de notre quotidien, salaires trop bas, fins de mois difficiles, manque de logement, chômage, pauvreté qui touche 9 millions de personnes. Se soigner, subvenir à l’essentiel devient un luxe. Une part importante des programmes des candidats annoncés est issue des préconisations de la commission européenne. La libre concurrence en Europe conduit à l’étranglement de la Grèce, à la misère en Espagne, en Italie, au Portugal… Les 25 dernières années ont été marquées par la remise en cause permanente des droits et avancées sociales. La loi travail 2016 a été l’apothéose de cette démarche sur ordre direct de Bruxelles, qui refuse la souveraineté des nations par peur de la souveraineté des peuples. On nous parle d’une Europe de paix pour mieux intégrer l’OTAN, créer une armée européenne et s’aligner sur les intérêts américains faisant courir à l’Europe un nouveau danger de guerre. La France, 5e puissance mondiale, importe 60 % des produits industriels. Il devient urgent de réindustrialiser la France pour répondre aux enjeux économiques, sociaux et rompre avec les politiques libérales et d’austérité. Ce sont les mêmes qui en France œuvrent à la déconstruction des valeurs républicaines, issues de notre histoire, issues des combats des hommes et des femmes de toutes origines qui ont bâti la nation française, ses valeurs, ses principes, ses acquis. Le modèle français, les mesures sociales mises en place avec le CNR dans un pays dévasté par la guerre ont dynamisé le pays, conduit aux 30 glorieuses. Non seulement elles ne sont pas dépassées mais elles doivent être amplifiées pour donner au pays son indépendance, son dynamisme, son rayonnement dans le monde. Le CNR a eu le mérite de construire un projet de société, démocratique et social avec son système de sécurité sociale, de retraite équitable et solidaire, de la liberté et l’indépendance syndicale et de nombreuses réformes économiques au travers des nationalisations. Le 3 novembre 1943, Charles de Gaulle a déclaré : « La France est résolue à de profondes transformations, elle veut faire en sorte que demain, la souveraineté nationale puisse s’exercer entièrement sans les pressions corruptrices d’aucune coalition d’intérêt privé. » A chaque occasion, il faut rappeler que l’Histoire ne sert pas à célébrer le passé, mais à écrire l’avenir. Aujourd’hui, comme au moment de sa création, l’ARAC a une contribution particulière à prendre, comme chacun d’entre nous, redonner donner l’espoir, porter une vie meilleure pour les Français qui souffrent. Patrick Staat LE RÉVEIL - N° 831 - FÉVRIER 2017

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS

DAVOS 2017

Davos 2017 sous surveillance.

Depuis près de 50 ans, Davos (petite ville des Alpes suisses) réunit 3 000 personnes, des dirigeants d’entreprises, des chefs de gouvernements, des hommes politiques, des artistes, toute une élite… La plupart voyagent en jets privés, lesquels sont ensuite acheminés en hélicoptère. Il y a tel-

lement de jets que le gouvernement suisse a ouvert l’aéroport militaire de Dubendorf. Chaque jet brûle en une heure plus de carburant qu’une voiture en un an, mais on parle beaucoup du réchauffement climatique au Forum Economique Mondial. Évoquant le thème de cette année, le fondateur de Davos a indiqué qu’il fallait s’intéresser aux « causes » de la colère des peuples, chercher « pourquoi les gens sont en colère et pas satisfaits ». Pour une telle démarche, il faut des leaders « avec du courage, qui prennent des décisions et qui agissent », a-t-il conclu. Pour l’occasion, l’ONG Oxfam a publié son dernier rapport sur les inégalités économiques dans le monde, intitulé « Une économie au service

Davos quand les riches parlent d’inégalités l’aéroport de Davos est embouteillé de jets privés.

des 99 %. Depuis 2015, les 1 % les plus prospères détiennent autant de richesses que le reste de la planète. En France, ces 1 % les plus aisés possèdent 25 % des richesses nationales. « Il est indécent que tant de richesses soient concentrées dans les mains d’une si infime minorité, quand on sait qu’1 personne sur 10 dans le monde vit avec moins de 2 dollars par jour, alerte Manon Aubry, porte-parole d’Oxfam France. Les inégalités relèguent des centaines de millions de personnes dans la pauvreté, fracturent nos sociétés et affaiblissent la démocratie. »

Oxfam dénonce la concentration “indécente” de la richesse Selon le rapport publié en amont du forum de Davos, huit personnes détiennent autant de richesse que la moitié la plus pauvre de la population mondiale Huit personnes sur la planète détiennent autant de richesse que la moitié la plus pauvre de la population mondiale, une situation « indécente » qui « exacerbe les inégalités », dénonce l’ONG britannique Oxfam dans un rapport publié en amont du World Economic Forum (WEF) à Davos. « Il est indécent que tant de richesses soit concentrée dans les mains d’une si infime minorité, quand on sait qu’une personne sur dix dans le monde vit avec moins de 2 dollars par jour », affirme la porte-parole d’Oxfam France Manon Aubry, citée dans le communiqué. Ce rapport, intitulé « Une économie au service des 99 % », dévoile « comment 4-

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les grandes entreprises et les individus les plus riches exacerbent les inégalités, en exploitant un système économique défaillant, en éludant l’impôt, en réduisant les salaires et en maximisant les revenus des actionnaires ». Selon l’ONG, à ce rythme, le premier « super-milliardaire » du monde « pourrait voir son patrimoine dépasser le millier de milliards de dollars dans 25 ans à peine ». Pour dépenser cette somme, il faudrait « débourser un million de dollars par jour pendant 2738 ans », souligne-t-elle. Oxfam, qui a pris l’habitue d’attirer l’attention sur les inégalités croissantes à l’occasion du WEF à Davos, dénonce « la pression qui s’exerce sur les salaires partout dans le monde », ainsi que les allégements fiscaux dont bénéficient les entreprises ou encore le recours aux paradis fiscaux. « Les entreprises optimisent leurs bé-

néfices, notamment en allégeant le plus possible leur charge fiscale, privant ainsi les Etats des ressources essentielles pour financer les politiques et les services nécessaires pour réduire les inégalités », souligne le rapport. L’ONG, qui s’appuie sur de « nouvelles données plus précises sur la répartition de la richesse dans le monde », appelle les gouvernements à réagir et à se tourner vers une économie plus centrée sur l’humain. « Quand les responsables politiques arrêteront d’être obsédés par le PIB et se focaliseront sur l’intérêt de l’ensemble de leurs citoyens, et non seulement d’une élite, un avenir meilleur sera possible pour toutes et tous », assure Manon Aubry. L’an dernier, Oxfam avait déjà dénoncé que le patrimoine cumulé des 1 % les plus riches du monde avait dépassé en 2015 celui des 99 % restants avec un an d’avance sur les prévisions.


ACTUALITÉS LE RÉVEIL

Qui organise le Forum de Davos ? C’est une fondation à but non lucratif qui est à l’origine du Forum économique mondial, dont elle porte le nom (« World Economic Forum » en anglais, WEF). Fondée en 1971 par un économiste allemand, Klaus M. Schwab – qui préside encore l’organisation –, elle est financée par le millier de grandes entreprises qui en sont membres. On trouve parmi elles : Arcelor Mittal, Google, Facebook, Total, Publicis, Sanofi, Engie, Veolia…

Combien ça coûte et qui paye ? La Fondation dispose d’un budget annuel d’environ 200 millions de francs suisses (près de 200 millions d’euros). Un peu plus de la moitié est consacrée à l’organisation des forums (celui de Davos étant le principal, mais pas le seul), tandis que l’autre moitié sert à la rémunération du personnel, selon le rapport annuel 2013-2014.

Côté revenus, chaque entreprise adhérente verse une adhésion annuelle minimum de plus de 40 000 euros ainsi que plus de 18 000 euros pour que son PDG puisse participer au Forum de Davos, soit un total de près de 60 000 euros. Les membres les plus importants (et les plus riches) peuvent devenir « Industry Associates », pour plus de 100 000 euros, « Industry Partners », pour plus de 200 000 euros, ou « Strategic Partners » au-delà de 400 000 euros. Ces statuts donnent droit à des privilèges pendant les forums (réunions et dîners privés, etc.) et la possibilité d’envoyer plusieurs représentants, expliquait en 2011 un article du New York. Tous ces coûts ne comprennent pas les frais de déplacement pour se rendre en Suisse et aller dîner ou un cocktail pour les clients. Un grand investisseur qui

a loué une villa de cinq chambres à la périphérie de Davos pour lui et son personnel devra payer 140 000$ la semaine. Une voiture avec chauffeur pour se déplacer vers le centre de réunions coûte 10 000$ par semaine pour un Mercedes Classe S. Si vous ne voulez pas de souffrir de problèmes de circulation dans ces jours de l’agitation, vous pourrez vous rendre par hélicoptère.

Le rapport annuel de la fondation Abbé Pierre dresse un constat accablant : 14,6 millions de personnes concernées directement par la crise du logement en France Concrètement, au sein de ces 14,6 millions de personnes, la fondation compte en premier lieu les mal-logés et les non-logés, qui représentent près de 4 millions d’individus. Près de 900 000 d’entre eux sont privés de logement personnel, 143 000 sont sans domicile, 25 000 résident de manière permanente et contrainte dans une chambre d’hôtel, 85 000 dans une habitation de fortune, et 643 000 sont contraints d’habiter chez des tiers.

3,96 millions de mal-logés En outre, les personnes privées de confort dans leur logement, c’est-à-dire ne disposant pas ou de w.-c. intérieur, ou de douche, ou d’eau courante, ou de moyen de chauffage etc., ou cumu-

lant ces problèmes, sont aujourd’hui au nombre de 2 millions en France… En parallèle, le nombre de personnes vivant dans un logement en situation de « surpeuplement accentué » s’élève à près d’1 million. Et pour la première fois, la fondation Abbé Pierre a comptabilisé dans son rapport les gens du voyage qui subissent des mauvaises conditions d’habitat, ce qui représente 206 000 personnes en France, ainsi que les résidents de foyers de travailleurs migrants non traités qui sont 39 000. Au total, et en ne comptant qu’une fois les ménages qui sont concernés par plusieurs des problèmes mentionnés ci-dessus, ce sont donc 3,96 millions de personnes qui subissent la crise du mal-logement.

600 000 enfants mal logés en France.

12 millions de personnes en situation de fragilité Mais ce n’est malheureusement pas tout. Au-delà de ces près de 4 millions de personnes en situation critique, il y a aussi 12 millions de personnes en France qui sont fragilisées dans le rapport à leur logement. Les causes ? Les copropriétés en difficulté (1,1 million de personnes), les locataires en situation d’impayés (1,2 million), les LE RÉVEIL - N° 831 - FÉVRIER 2017

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS personnes en situation de « surpeuplement modéré » (4,3 millions), les personnes modestes souffrant du froid dans leur logement pour des raisons de précarité énergétique (3,5 millions de personnes), et les personnes modestes en situation d’effort financier excessif (5,7 millions de personnes). Au total, tous ces ménages (mal-logés et en situation de fragilité) représentent 14,6 millions de personnes. La crise du logement s’enracine en France. C’est un constat accablant, conséquence des échecs des politiques publiques passées

Chiffre 2016 : constrution de logements sociaux en France.

et existantes, mais aussi de l’incapacité du secteur privé (qui représente 80 % du parc des résidences principales en France) à satisfaire les besoins en logement de la population. Le bilan en demi-teinte du quinquennat de Hollande. Sur le plan de l’immobilier, « alors que le président de la République a fixé l’objectif de 500 000 constructions neuves par an, dont 150 000 logements sociaux, on ne peut que constater, à la fin de ce quinquennat, que le compte n’y est pas » « depuis 2012, moins de 400 000 logements sont mis en chantier chaque année, malgré une remontée de la production au cours de la dernière année du quinquennat ». La fondation Abbé-Pierre regrette également que « les expulsions locatives surviennent encore avec le concours de la force publique sans relogement, contrairement aux engagements présidentiels ». Elles ont même fait un « bond spectaculaire annuel de 24 % en 2015 ».

Pour combattre efficacement le mal-logement, elle émet quinze propositions, parmi lesquelles la production de 150 000 logements sociaux par an accessibles aux plus modestes, la mobilisation du parc privé à des fins sociales, la mise en place d’une politique plus précoce de prévention des expulsions ou encore la résorption des « passoires thermiques » (logements mal isolés). La fondation suggère aussi de mettre en place une sécurité sociale du logement, grâce à laquelle l’Etat agirait « en modérant les loyers, en faisant respecter les règles de décence, en évitant les expulsions locatives et en proposant une garantie universelle des loyers ». Elle propose aussi de rendre plus transparente et plus simple l’accession au logement social. Mais elle met en garde contre les HLM que les foyers les plus pauvres ne peuvent payer, les loyers, même en HLM, ayant tendance à grimper en raison de la hausse des coûts fonciers et de ceux de construction.

« Ecrire (...) qu’on refuse les patients les plus précaires... Cela nous inquiète » Plusieurs associations de patients viennent de saisir le Défenseur des droits après le refus de douze médecins d’accorder un rendez-vous par Internet à des bénéficiaires de la CMU ou de l’AME. Le Magazine de la Santé a reçu, le 30 janvier 2017 Loïc Blanchard, responsable juridique de Médecins du Monde. • Ne pas accueillir de patients bénéficiaires de la CMU ou de l’AME est une pratique malheureusement courante dans notre pays. Mais il est rare de voir des médecins afficher clairement leur refus de soigner ces bénéficiaires. Loïc Blanchard, responsable du service juridique de Médecins du Monde : «C’est ce qui nous inquiète, et ce pourquoi on a saisi le Défenseur des droits. C’est juste6-

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ment ce sentiment d’impunité et cette normalisation que nous avons voulu dénoncer. Ecrire ostensiblement sur un site de prise de rendez-vous en ligne qu’on refuse les patients les plus précaires… Cela nous inquiète vraiment. »

pourtant d’aider les plus précaires à revenir dans le système commun du droit de santé. Et au contraire, ces personnes se voient réexpulsées alors qu’on les a aidées à obtenir cette protection. C’est un phénomène récurrent. »

• Près de 1,3 millions de personnes bénéficient aujourd’hui de la CMU. Comment font ces personnes pour se soigner ? Loïc Blanchard : « La question se pose depuis longtemps déjà. Plusieurs études ont été menées, y compris par la CNAM dans les années 2000. Le Défenseur des droits avait aussi publié en 2010 sur la question. On sait que le problème est récurrent, on le voit d’ailleurs au sein de nos associations, puisqu’il s’agit d’une saisine commune entre la Fnars, le Ciss et Médecins du Monde. Chez Médecins du Monde, par exemple, on rencontre énormément de personnes qui n’ont pas accès au droit commun dans nos centres d’accueil. Le but de notre association est

• Refuser un patient qui bénéficie de la CMU est illégal. Que risquent les médecins en cas de refus de soins ? Loïc Blanchard : « On appelle ça de la discrimination. Plusieurs articles dans le code pénal peuvent la sanctionner. Les peines peuvent aller jusqu’à cinq ans de prison ou 75 000 euros d’amende. Mais notre démarche va plus loin que ça. Nous n’avons pas saisi le Défenseur des droits pour attaquer spécifiquement les douze praticiens qui ont refusé des bénéficiaires. Notre but est de mettre le vrai problème sur la place publique. Celui de ces patients les plus précaires qui n’ont pas accès aux soins à cause de professionnels qui ne souhaitent pas les accueillir. »


ACTUALITÉS LE RÉVEIL

575 Grèves et luttes par jour en moyenne en france recensées dans la presse durant la semaine du lundi 16 janvier au vendredi 20 janvier 2017 (soit le double que l’an passé à la même période)

Si l’on prend ce chiffre pour en faire une moyenne annuelle sur environ 260 jours ouvrables (pour des semaines de 5 jours) on arrive à un total d’environ 30 000 grèves et luttes. Ce qui est déjà important. Mais dans une étude, le CNRS estimait que seulement 20 % des grèves étaient publiées par la presse. Si l’on prend cette estimation, on arrive donc à une moyenne de 575

grèves et luttes par jour la semaine du 16 au 20 janvier et un total avec le même mode de calcul de 150 000 grèves et luttes par an. Ce qui est considérable. Bien évidemment ce calcul est très approximatif mais il suffit pour donner un ordre d’idée de l’importance actuelle de la conflictualité sociale en France. On est très loin par exemple de ce que vient de publier le Figaro qui trouve seulement 800 grèves au total pour toute l’année 2016 et de tout ce que disent en général les grands médias comme les hommes politiques. Le chiffre de 150 000 n’est encore une fois qu’une approximation très imprécise. Cependant on peut très légitimement penser qu’il y a en fait beaucoup

plus de luttes si l’on prend en compte que ce recensement ne se fait pas sur la totalité de la presse quotidienne mais sur les grands quotidiens régionaux, si on prend en compte aussi que les semaines du 23 au 27 janvier et du 30 janvier au 3 février s’annoncent encore plus conflictuelles au vu de ce qui est déjà annoncé et que ce niveau pourrait bien s’élever au moins jusqu’en mars et si enfin on rajoute ce qui n’est recensé nulle part, à savoir les multiples actions invisibles de résistance quotidienne à l’exploitation personnelles et collectives des salariés ; débrayages, grèves du zèle, boycotts, délégations, réunions voire même une partie des maladies qui sont aussi un moyen de se défendre pour certains.

8 000 euros contre une démission : la prime d’Amazon qui inquiète les syndicats Pour les syndicats, cela ressemble fortement à un plan social "déguisé". Depuis 2015, le géant de la distribution en ligne Amazon propose en début d’année une prime pouvant aller "jusqu’à 8 000 euros" à ses salariés. Le but : les encourager à démissionner. Un dispositif inédit contre lequel les syndicats comptent lutter en saisissant l’inspection du travail. Cette proposition, baptisée "The Offer" (l’offre), existe "partout dans le monde" et s’étale sur une période de deux semaines en début d’année. Les salariés en CDI peuvent ainsi démissionner "en échange d'une prime pouvant aller jusqu'à 8 000 euros en fonction de leur ancienneté", a expliqué à l'AFP une porte-parole du groupe en France. "Il s'agit d'accompagner ceux qui ont des projets personnels ou envie de faire autre chose avec un soutien financier", a-t-elle ajouté. Cette proposition

a concerné "onze salariés en CDI en 2015 et douze en 2016" sur 3 000 CDI employés en 2016. "Un tiers d'entre eux avaient trouvé du travail ailleurs, un autre tiers ont fait ce choix pour des raisons personnelles", a expliqué la porte-parole à l’AFP. Pour les syndicats, il s'agit en revanche d'un "plan de départs volontaires déguisé" et d'"une manœuvre permettant d'embaucher à moindre coût des intérimaires, précaires, à la place de CDI". Selon Alain Jeault, (CGT) les organisations syndicales ont voté ce lundi une motion d'entrave, le groupe n'ayant jamais présenté ce dispositif en comité central d'entreprise (CCE), et décidé de saisir l'inspection du travail. De son côté, la CFDT a demandé "la tenue d'une réunion extraordinaire afin d'obtenir des réponses précises sur ce dispositif". "Les salariés sont âgés en moyenne de 22 ans mais beaucoup ne

tiennent pas à cause des cadences et s'en vont. Ils démissionnent et n'ont pas d'allocations chômage", a expliqué à l'AFP Arnaud Chemain de la CGT commerce. En 2016,Amazon assure avoir embauché 1 000 CDI, portant ses effectifs à 4 000 l'an dernier en France. Le PDG du géant du net Jeff Bezos avait annoncé au mois de janvier 2017 la création de 100 000 emplois sur le sol américain dans les 18 prochains mois. Pour rappel, Amazon avait déjà fait face à une polémique en janvier avec la mise en vente de tapis à l'effigie du drapeau indien. Afp - 02/02/2017 LE RÉVEIL - N° 831 - FÉVRIER 2017

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS

Vivarte dépecé par les requins de la finance Après l’annonce d’un plan social chez le géant français de l’habillement Vivarte, les salariés du groupe, menacés de perdre leurs emplois dénoncent les choix de la direction et regrettent que les pouvoirs publics n’aient pas « empêché le naufrage ». "Mon véritable adversaire, c'est le monde de la finance", tonnait François Hollande en 2012, au Bourget. Son slogan résonne cruellement aux oreilles des 15 000 salariés du groupe d'habillement et de chaussures Vivarte, essorés par des fermetures de magasins et des suppressions d'emplois. La Halle aux chaussures va fermer 147 boutiques. Les marques André, Naf Naf, Pataugas, Kookaï, Chevignon vont être cédées. Le syndicaliste Jean-Louis AlLes travailleurs de Vivarte en lutte

fred (CFDT) accuse : "Nous finissons ce quinquennat dépecés par le monde de la finance sans que le président et ses ministres aient empêché ce naufrage." Une apathie que nombre d'employés, à 80 % des femmes à temps partiel, ressentent comme un mépris. La finance folle, celle qui spécule à gogo sur les actifs des entreprises pour amasser des milliards, mine leurs emplois depuis les années 2000. André, la marque célèbre du "chausseur sachant chausser", possédait des pas-de-porte attractifs dans tous les centres-villes de France. Mais des actionnaires minoritaires (comme le Britannique Nathaniel Rothschild ou l'Américain Guy Wyser-Pratte) exigeaient de gros dividendes. En 2004, le groupe tombe dans l'escarcelle de Paribas au terme d'un premier LBO, autrement dit d'un rachat à crédit payé in fine par l'entreprise. La filiale de Paribas PAI place Georges Plassat à la tête d'André (rebaptisé Vivarte). Dès 2007, Dominique Mégret, dirigeant de PAI, revend l'ensemble au britannique Charterhouse au prix faramineux de 3,46 milliards d'euros ! Deuxième et funeste LBO qui 8-

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endette lourdement Vivarte, vide sa trésorerie, étouffe ses investissements. En 2009, Dominique Mégret quitte Paribas avec un chèque de plus de 20 millions d'euros pour quinze ans de service. Associé à Charterhouse, Georges Plassat possède 10 % de Vivarte, valorisés 100 millions, lorsqu'il rejoint Carrefour, en 2012, année d'élection de François Hollande. Jackpot pour ces dirigeants et ces financiers, calvaire pour les salariés. La crise et le remboursement des dettes embourbent Vivarte. Les stocks s'amoncellent. Charterhouse, qui a d'autres LBO à fouetter, de nouveaux milliards à lever, s'éclipse en 2014. Bercy accorde bien des aides (30 millions d'euros de remise de charges, 14 de CICE), mais la barre de Vivarte est reprise par d'implacables créanciers : le californien Oaktree, flanqué de Babson (Caroline du Nord) et GLG, un fonds spéculatif fondé par d'anciens de Goldman Sachs.

d'eux, Marc Lelandais, a le cran de faire appel à un administrateur judiciaire à l'été 2014, pour arracher une restructuration de 2 milliards de dettes. Un record en France ! A cette occasion, les fonds américains convertissent leurs créances en titres. D'aucuns accordent 500 millions de crédits supplémentaires… à des taux indécents. Résultat : l'actuel dirigeant, Patrick Puy, toujours lesté de 1,3 milliard de dettes, engage ventes et fermetures. Au grand dam des salariés

Les PDG de Vivarte valsent. L'un

Source : MARIANNE – 28/01/2017

Israël/Palestine

Tel-Aviv légalise la colonisation Dénoncée comme un crime de guerre ou un vol légalisé, la nouvelle loi israélienne en faveur des colons scandalise les Palestiniens et les défenseurs d’une solution à deux Etats. Aussitôt la loi adoptée dans la nuit du 30 au 31 janvier, par la Knesset (le Parlement israélien), les Palestiniens ont appelé la communauté internationale à sanctionner Israël. Les défen-

seurs des droits de l’Homme et de la cause palestinienne ont annoncé qu’ils saisiraient la Cour suprême israélienne pour faire annuler le texte. Adopté par 60 voix pour et 52 contre il autorise


INTERNATIONAL LE RÉVEIL l’Etat à déclarer terres israéliennes des terrains privés palestiniens sur lesquels des Israéliens ont construit sans autorisation en Cisjordanie occupée, soit parce qu’ils « ignoraient » qu’ils étaient propriétés privées, soit parce que l’Etat les aurait laissés faire. La loi protégera les colons d’évictions comme celle, de la colonie « sauvage » d’Amona, selon ses promoteurs. Elle devrait revenir à « légaliser » 53 colonies dites « sauvages » et à exproprier au minimum plus de 800 hectares de terres palestiniennes, estime l’organisation israélienne la « Paix maintenant » qui a affirmé : « Par cette loi, le Premier ministre Benjamin Netanyahu fait du vol la politique officielle d’Israël et salit les livres de loi israéliens » (…) Tout cela pour satisfaire un petit groupe de colons extrémistes et assurer sa propre survie politique ». Une grande partie de la communauté internationale voit dans les colonies un obstacle à la paix toujours insaisissable. Mais chez de nombreux défenseurs des colons est ancrée la conviction que ces terres reviennent, par la Bible, à Israël, quoi qu’en disent les juges israéliens, les Palestiniens et la communauté internationale. Pour de nombreux observateurs de la scène politique israélienne, avec cette loi un pas de plus vers l’annexion de la Cisjordanie va être franchi… Une mesure d’ailleurs ouvertement réclamée y compris par certains ministres.

Avec la bénédiction de Trump « Une telle loi signifie l’annexion définitive de la Cisjordanie », s’est alarmée la dirigeante palestinienne Hanane Achroui. « Elle prouve que le gouvernement raciste et extrémiste de Benjamin Netanyahu « détruit délibérément les chances de paix ». Pour elle, « la communauté internationale doit prendre des mesures punitives et des sanctions avant qu’il ne soit trop tard ». La Jordanie a dénoncé une « loi provocatrice » qui s’inscrit, selon la Ligue arabe, dans la continuité « des politiques israéliennes qui visent à réduire à néant toute possibilité d’une solution à deux Etats et la mise en place d’un Etat palestinien indépendant ». La loi soulève une multitude d’interrogations quant à sa conformité avec les textes fondamentaux israéliens et le droit international. « C’est la première fois qu’Israël applique sa loi civile en Cisjordanie, non seulement à des individus mais à des terres reconnues comme palestiniennes », a souligné le professeur de droit Amichai Cohen. La réaction américaine a offert un frappant contraste avec cette indignation et aussi avec les critiques (bien trop timides) émise par l’administration Obama. Rappelons que sous son ère le soutien de Washington à Tel-Aviv a été indéfectible et s’est traduit par une aide militaire jamais égalée. L’administration Trump a « besoin de

consulter toutes les parties sur la manière d’avancer (…) et Washington se gardera de commenter cette loi avant toute décision de justice », selon les mots d’un responsable du département d’Etat. Une chose est sûre, la Maison-Blanche n’a été prise au dépourvu. Netanyahou lui-même a déclaré avoir prévenu, Donald Trump, du projet et de la date du vote. « On ne prend pas ces amis par surprise, on les informe » a-t-il dit. Le député Bezalel Smotrich, membre du Foyer Juif, parti nationaliste religieux, l’un des plus ardents défenseurs de la loi, a pour sa part remercié les Américains d’avoir élu président Donald Trump, « sans lequel la loi ne serait probablement pas passée ». J.- P. Delahaye.

Soupçons de massacre dans une prison syrienne Amnesty International accuse Damas d’avoir pendu des milliers de prisonniers lors d’exécutions de masse et d’avoir systématiquement torturé les détenus dans une prison militaire près de la capitale. Dans un rapport publié, le 7 février dernier, l’ONG indique que ces exécutions collectives, constitutives de crimes contre l’humanité, se seraient déroulées entre 2011 et 2015 et se poursuivraient probablement aujourd’hui. « Les victimes étaient dans leur immense majorité des civils soupçonnés de s’opposer au gouvernement », avance l’ONG. « De nombreux autres détenus de la prison de Sednaya sont morts après avoir été torturés de manière répétée et systématiquement privés de nourriture, d’eau, de médicaments et de soins médicaux » prétend le rapport d’Amnesty

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LE RÉVEIL INTERNATIONAL

Syrie

L’odeur de l’argent… Que faisait Lafarge en Syrie jusqu’en 2014 ? Le géant français du ciment fait l’objet d’une enquête sur ses activités, alors que le pays était en pleine guerre et qu’une série d’interdictions avaient été édictées par l’Union européenne. Il est visé par une plainte de Bercy. Le dépôt de cette plainte a été confirmé jeudi 19 janvier par le ministère de l’Economie. La polémique a éclaté le 21 juin 2016, au moment de la publication d'une enquête du Monde. Puis, le 17 novembre, l'équipe de « L'Œil du 20 heures » de France 2 a dévoilé des documents sur le même sujet. Lafarge est soupçonné d'avoir conclu des arrangements avec le groupe Etat islamique (EI) pour faire fonctionner la cimenterie de Jalabiya en Syrie. Situé dans le nord du pays, cette cimenterie est un investissement phare du groupe dans la région. Lafarge l'a rachetée en 2007 et l'a mise en route en 2011, avec une capacité de production de 2,6 millions de tonnes de ciment par an. Elle a fonctionné ainsi pendant trois ans, puisque le groupe français n'a quitté la Syrie qu'en septembre 2014, soit trois ans après le début de la guerre civile et l'émergence dans le pays du groupe EI. Le Monde s'appuie sur les témoignages d'anciens employés et des courriels internes pour révéler de « troubles arrangements », quand l'EI gagnait du terrain et devenait incontournable dans la zone. Selon le quotidien, le groupe

français a payé des taxes aux jihadistes pour obtenir le passage de matériaux nécessaires au fonctionnement de l’usine. Le journal évoque aussi un laissez-passer estampillé du tampon de l'EI, permettant aux camions de circuler pour approvisionner le site et laissant supposer le paiement de taxes. Pour appuyer ses dires, Le Monde diffuse un extrait de courriel entre un intermédiaire et le PDG de la filiale syrienne de Lafarge, puis un autre message, adressé au directeur sûreté du groupe à Paris.

Une ONG accuse Cinq mois plus tard, l'équipe de « L'Œil du 20 heures » de France 2 révèle des documents qui attestent que l'entreprise a mis en danger des employés et indirectement financé le groupe jihadiste, en maintenant son usine sur place. Lafarge aurait aussi fait appel à des fournisseurs locaux, eux-mêmes en affaires avec les jihadistes, pour obtenir le pétrole nécessaire pour faire tourner la cimenterie. Dans un email obtenu par

France 2, un intermédiaire en lien avec les fournisseurs demande à être payé. Il n'y a pas qu'une seule plainte dans cette affaire. De son côté, l'ONG Sherpa, qui défend les victimes de « crimes économiques », a elle aussi saisie la justice et s’est constituée partie civile en novembre dernier. L'ONG s'appuie sur des témoignages d'anciens employés de l'usine. Cette plainte pour obtenir l'ouverture d'une enquête menée par un juge d'instruction visait plus largement des faits de financement du terrorisme, complicité de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité, mise en danger délibéré d'autrui, exploitation du travail d'autrui et négligence. « Il est temps que Lafarge réponde judiciairement des faits scandaleux qui lui sont reprochés », a affirmé, l'avocate de Sherpa. « Nous attendons la désignation d'un juge d'instruction pour que des investigations liées à son comportement en Syrie et ses liens avec l'EI puissent être diligentées dans les meilleurs délais » J.-P. D.

Terminator règle son compte à Trump La vidéo a fait le tour du monde en quelques heures. Farouche opposant de Donald Trump malgré qu'il appartienne lui aussi au camp républicain, Arnold Schwarzenegger s'est « payé » le locataire de la Maison-Blanche, sur les réseaux sociaux. Dans une vidéo publiée sur son compte Instagram, Terminator a en effet fait une proposition rapidement soutenue par bon nombre d'Américains : « Tu prends la télé puisque tu es si bon avec les au10 - LE RÉVEIL - N° 831 - FÉVRIER 2017

diences et je reprends ton job. Comme ça les gens pourront de nouveau dormir sur leurs deux oreilles » a lancé l'acteur austro-américain. Rien pourtant ne prédestinait les deux hommes à en arriver là. Donald Trump avait en effet vu en Arnold Schwarzenegger son successeur idéal lorsqu'il a décidé de se retirer de son émission de télé-réalité The Apprentice. Sauf qu'à son arrivée, Terminator a tout changé. Et que ses opinions politiques, notamment sur

l'environnement, l'ont rapidement éloigné milliardaire raciste. A tel point que pendant la campagne présidentielle, Arnold Schwarzenegger a assuré qu'il ne voterait pas pour le candidat républicain. Et depuis sa prise de fonction ça n'a pas changé. Immigré autrichien, Terminator a vivement critiqué le décret anti-immigration signé par Donald Trump il y a quelques jours. Avant de lui proposer cet échange de jobs. J.-P. D.


INTERNATIONAL LE RÉVEIL

USA

Rébellion dans la Silicon Valley 97 entreprises ont déposé un mémoire rejetant le décret anti-immigration du nouveau président des EtatsUnis. Les principaux patrons de la Silicon Valley ont engagé un bras de fer avec Donald Trump Après une pluie de critiques au moment de la très médiatique signature du décret, la Silicon Valley a franchi une nouvelle étape dans son combat contre Donald Trump. C’est ce que nous apprend le quotidien économique « Les Echos » dans son édition du 7 février 2017. Apple, Google, Facebook, Microsoft, Intel, Snap, Twitter, Airbnb Uber… Au total, 97 entreprises de la côte Ouest ont déposé une requête contre le décret du nouveau locataire de la Maison-Blanche visant à interdire « temporairement » aux USA de ressortissants de sept pays à majorité musulmane et à geler l'accueil de tous les réfugiés. Selon « Les Echos », ces entreprises ont adressé un mémoire de 53 pages à la Cour d'appel fédérale de San Francisco, pour l'inviter à rejeter l'appel

que le gouvernement a formulé contre la décision de justice du tribunal de Seattle ordonnant la suspension de l'application du décret au niveau national, une décision qui a interrompu les détentions et les transferts dans les aéroports.

Le commerce US en danger ? « Ce décret s'éloigne considérablement des principes d'équité et de prédictibilité qui ont régi le système d'immigration aux Etats-Unis depuis plus de cinquante ans - le résultat est qu'il inflige des dommages importants au commerce américain, à l'innovation et à la croissance », écrivent ces entreprises, qui accusent le texte de violer la Constitution. Il « rend plus difficile et onéreux pour les entreprises américaines de recru-

ter, d'embaucher et de retenir certains des meilleurs employés dans le monde » et « perturbe des opérations actuellement en cours », souligne les chefs d’entreprises. Si les entreprises du secteur high-tech ont tenté un rapprochement avec la nouvelle administration mi-décembre lors d'une rencontre à la Trump Tower, elles ont rapidement changé d'attitude après sa première semaine au pouvoir. Car en s'attaquant à l'immigration, Donald Trump ébranle l'un des fondements de la Silicon Valley. Plus de la moitié des 20 plus grandes entreprises tech ont été fondées ou sont dirigées par des personnes immigrées. Et ces sociétés reposent largement sur l'embauche de salariés qualifiés étrangers. J.-P. D.

Otan/Russie

La poudrière Alors que les exercices militaires de l’OTAN ont repris aux frontières de la Russie, l’Allemagne a annoncé un déploiement de chars en Lituanie. Début février des manœuvres militaires conjointes américano-polonaises impliquant 3 500 soldats Américains ont démarré en Pologne. « Les troupes américaines étant stationnées aux frontières de la Russie, une seule erreur pourrait suffire pour qu'un conflit réel éclate », a estimé, Elsa Rassbach (voir encadré ci-dessous) membre de Code Pink, organisation anti-guerre internationale, dans une interview, que nous publions ci-dessous, accordée à « RT.com » une chaîne de télévision en continue qui propose un point de vue alternatif sur l’actualité internationale.

Unis y envoient des soldats en si grand nombre. Pour quelle raison leur faut-il une présence aussi forte aux frontières de la Russie ?

Elsa Rassbach : C'est aussi la première fois que des troupes américaines seront stationnées aux frontières de la Russie. C'est très préoccupant. La raison don-

RT : Quelque 3 500 soldats américains ont été déployés en Pologne. C’est la première fois que les Etats-

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS

née par l'OTAN et de nombreux politiciens occidentaux est que la Russie aurait des intentions agressives. Ils citent le conflit en Ukraine, ils citent la Crimée, et ils disent que les Etats comme la Pologne et les pays baltes sont préoccupés par une agression russe. Ils veulent montrer que la Russie ne serait pas en mesure de réussir si elle voulait passer par une d’agression. Je n'ai personnellement vu aucune preuve du fait que la Russie ait effectivement tenté ou au moins envisagé d'envahir l'un de ces Etats. A mes yeux c’est plutôt une étape de la progression de l'empire et la tentative de devenir la seule force au monde à pouvoir dire à tous les autres pays ce qu'il faut faire. Voilà comment je vois la situation. RT : L'OTAN affirme que cette campagne vise à dissuader une agression russe en Europe de l'Est. De quelle agression parlent-ils en déployant des troupes en Lituanie ou en Pologne ? E. R. : Comme je l'ai dit, je ne crois pas qu'il y ait eu de preuve d'agression contre ces pays. Ils citent l'Ukraine – c'est une situation complexe, l'UE y avait proposé un accord commercial. Cela correspondait peut-être à ce que certains Ukrainiens - mais pas tous considéraient comme allant dans leurs intérêts. Beaucoup de gens, en Ukraine, commerçaient avec la Russie. Cela a abouti, finalement, à ce que beaucoup de gens appellent au coup d'Etat contre le gouvernement ukrainien. Depuis lors, l'Ukraine est dans un conflit interne entre une grande par12 - LE RÉVEIL - N° 831 - FÉVRIER 2017

tie de la population de langue russe, à l'est, et les autres. En Crimée, il y a vraiment eu un vote, et la majorité de la population a voulu être rattachée à la Russie, dont ils ont fait partie pendant très longtemps avant les dernières décennies. Je ne pense pas que ces conflits puissent être résolus en brandissant des sabres, comme l'a fait l'année dernière Frank-Walter Steinmeier, alors ministre allemand des Affaires étrangères. Maintenant, ils passent à un autre niveau d’exercices militaires. C'est un énorme exercice, sans précédent depuis la fin de la Guerre froide. RT : Le 31 janvier, Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’Otan, a déclaré qu’il fallait parler avec la Russie en ayant une position de force. Est-ce productif ? E. R. : Malheureusement, je crois que cela peut être aussi la ligne suivie par le président Donald Trump. Malgré ses déclarations pendant sa campagne électorale, assurant qu’il établirait un dialogue, il a signé le 27 janvier un ordre exécutif sur l’énorme accroissement de la puissance militaire américaine. Cet ordre commence avec une phrase : « La politique des Etats Unis est d’instaurer la paix par la force. » En outre, le secrétaire à la Défense que Trump a choisi, James Mattis, et son secrétaire d’État, Rex Tillerson, ont tous deux soutenu l’OTAN lors de leurs audiences d’approbation au Sénat des Etats-Unis. Je voudrais voir le président Trump prendre l’initiative ici, s’il veut vraiment poursuivre les négociations avec la Russie et réduire ce type d’activité militaire – cela ne sert à rien. RT : Stoltenberg a aussi annoncé : « nous ne cherchons pas un affrontement avec la Russie ; nous ne voulons pas de nouvelle Guerre froide. » Est-ce l’impression que vous avez en regardant les vidéos de promotion de l’OTAN ? E. R. : Non, je n’ai pas une telle impression. Je suis assez vieille pour me rappeler de la crise des missiles de Cuba, quand le gouvernement des Etats-Unis

3500 soldats et une centaine de chars de l'OTAN se deploient en Pologne sur la frontière Russe

a été horrifié par les missiles stationnés à Cuba. Je ne peux imaginer ce que la plupart des Américains auraient pensé, si, disons, la Russie et de la Chine effectuaient des exercices militaires d’une telle ampleur à la frontière entre le Mexique et le Texas. Bien sûr, cela semble agressif pour les Russes, et cela n’est pas un chemin qui mène à la paix. Ce qui mène à la paix, ce sont les pourparlers, et l’inclusion de la Russie dans les plans de sécurité de l’Europe – ce qu’il faut faire avec la Russie, et non pas contre elle. RT : Quel impact ces jeux de guerre et déploiements ont-ils sur la situation sécuritaire en Europe ? E. R. : J’estime que c’est un impact très négatif, en particulier pour les pays voisins de la Russie. Toute erreur pourrait faire dégénérer ces exercices en conflit réel. La sécurité de l’ensemble de l’Europe est menacée, et c’est une raison pour laquelle de nombreuses personnes en Allemagne espèrent qu’il y aura la paix avec la Russie. Ils ont peur qu’une guerre ne puisse se développer à partir de tels exercices. Mais ces exercices révèlent aussi, malheureusement, la volonté des Etats-Unis et de l’OTAN de s’engager dans la guerre. Elsa Sasbach est citoyenne américaine, cinéaste et journaliste. Elle vit et travaille souvent à Berlin. Elle dirige le groupe de travail «Gis & US Bases» au DFG-VK (l’affilié allemand de Ward Resisters International, WRI) et est active dans Code Pink, No to NATO et la campagne anti-drone en Allemagne. Son court métrage « We Were Soldiers in the War on Terror » vient d’être diffusé aux États-Unis et « The Killing Floor », son film primé au Chicago Stockyards, sera lancé l’année prochaine.


LE CAHIER MÉMOIRE N° 831 FÉVRIER 2017

Le souffle de la révolution française Par Patrick Appel-Muller, directeur de la rédaction de l’Humanité Brusquement, le temps s’est accéléré. En une poignée d’années, la modernité a secoué le vieil ordre féodal et avec lui s’est délitée la vieille fatalité d’un état du monde immuable. La Révolution française a prouvé qu’un peuple peut faire l’histoire. Les conservateurs de tout poil ne le lui ont jamais pardonné. Dans les fourgons de la Restauration, ils tentaient d’effacer la mémoire de ces géants qui avaient été capables de sortir des idées reçues de leur siècle pour inventer. Cette « idée neuve » du bonheur pour tous que proclamait Saint-Just est restée le ferment de cette exception française que déplorent les tenants de la pensée unique. Quand les comportements de cour discréditent le sommet de l’Etat, quand la laïcité est écornée par le Président de la République, quand l’architecture institutionnelle est brisée pour éloigner le citoyen des lieux de décision, le souffle de 1789 reste une menace. Au crépuscule du XXe siècle, un penseur américain avait annoncé la fin de l’histoire sur les ruines du mur de Berlin : l’humanité serait désormais vouée pour l’éternité au mode de production capitaliste, dont la supériorité, voire la perfection, aurait été définitivement établie. La Révolution française, quand bien même elle aurait assuré l’avènement de la bourgeoisie,

est trop fille des Lumières, trop subversive encore pour n’être plus qu’un astre mort. Quelques historiens médiatisés ont voulu en faire la matrice de tous les totalitarismes et l’origine d’un retard français qui fait toujours douter de la légitimité des puissants et qui reste sensible à la justice sociale. Le philosophe Emmanuel Kant leur répondait : « La Révolution est morale dans son essence même. D’abord parce que chaque peuple a le droit de se donner la constitution qui lui plaît sans intervention d’une puissance étrangère (…) Un tel phénomène ne s’oubliera jamais car il a découvert, au fond de la nature humaine, une possibilité de progrès moral qu’aucun homme politique n’avait jusqu’à présent soupçonné. » Bien française, cette révolution ? Certes, mais européenne aussi dans cet appétit des Lumières qui parcourait les intellectuels du temps, universelle aussi dans ses ambitions et par la lumière qu’elle projette encore sur notre pays. La démocratie, la loi par tous respectée et revendiquée, les droits de chacun, le besoin de liberté, la capacité des peuples à magnifier leur avenir, l’avènement d’une individualité irréductible dans le groupe, la désacralisation des pouvoirs et des autorités… 1789 est une immense aventure de la pensée. N’est-elle pas placée par les

Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807 Villejuif - Tél. 01 42 11 11 11

historiens à l’aube du monde contemporain ? En choisissant durant tout l’été 2009 de tracer le portrait des acteurs de la Révolution française, l’Humanité n’était pas dans le vent… Elle a pourtant rencontré l’intérêt de ses lecteurs et celui d’auteurs – romanciers, historiens, journalistes – que nous remercions vivement. Quelle passion chez ces hommes, tonitruante chez Danton, froide chez Robespierre, aiguë pour Marat ! Ils pensent à toute vitesse ce nouveau monde qu’ils inventent, dans des convulsions qui finissent par les emporter. « La Révolution dévore ses enfants ». Tragédie d’un temps où la modernité est assiégée par le vieux monde. Les héros de ce séisme historique y ont laissé la vie. Mais combien d’enfants 1789 a-t-elle enfantés, qui ont embrassé la liberté, l’égalité et la fraternité ? Tous les textes sont des extraits d’un hors-série de l’Humanité de septembre 2009


LE RÉVEIL DOSSIER

Louis-Antoine Saint-Just, la conscience de la Révolution 1767-1794. Son désir d’un ordre social juste, son talent d’orateur, son acuité de pensée font mentir les nostalgiques de la monarchie qui ont brossé de Louis-Antoine Saint-Just le portrait d’un « archange de la mort ». Souvent, Saint-Just est représenté sous les traits d’un exalté, dans le meilleur des cas, d’un puriste à la limite de la folie et de la neurasthénie. Pourtant, hormis sa jeunesse, rien dans le parcours éclair de Louis-Antoine Saint-Just ne justifie cette iconographie. Fougueux, le jeune homme l’était sans doute : à tout juste vingt-cinq ans, en 1792, il est le plus jeune député de la Convention. Il en est aussi l’un de ses orateurs les plus brillants. Une sorte de rêveur, pour qui la Révolution est un moyen de concrétiser une utopie : une société plus équitable. En le tuant, la Convention s’est privée de celui qui aura incarné l’avenir. On possède peu d’éléments sur sa vie avant la Révolution. On sait qu’il est né le 25 août 1767 à Decize, dans la Nièvre. Son père était un ancien militaire,

Tiers Etat

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qui avait obtenu le grade de capitaine et la distinction de chevalier de l’ordre de Saint-Louis en récompense de ses services. Lorsqu’il quitte l’armée en 1777, il prend possession, avec sa famille (deux filles et Louis Antoine), d’une demeure dont il vient d’hériter, à Blérancourt, dans l’Aisne. Mais il meurt alors que son fils n’est encore qu’un enfant de douze ans. La mère de l’adolescent l’envoie en pension chez les Oratoriens de Soissons, avant qu’il ne fasse son droit à Reims, à la même époque que Brissot et Danton. Jusque-là, son parcours était plutôt linéaire. Mais lorsqu’il revient à Blérancourt, tout bascule : en 1787, tout juste âgé de vingt ans, et désoccupé, le jeune homme fait une fugue à Paris en « empruntant » l’argenterie familiale. Ce qui n’est guère du goût de sa mère : elle obtient une lettre de cachet qui le fait interner durant quelques mois dans la maison de correction de Picpus. C’est peut-être là, selon les historiens, qu’est née chez lui la haine de l’arbitraire et de la toute-puissance. En prison, en 1789, il écrit son premier ouvrage Organ, une sorte de poème érotico-blasphématoire qui condamne, déjà, la monarchie. Ce qui n’est pas anodin dans un système où le roi a un pouvoir absolu. Même si les huit mille vers d’Organ restent anecdotiques, ils dénotent déjà un tempérament prompt à la rébellion. Quand éclate la Révolution, Saint-Just a à peine vingt-deux ans, il est aux premières loges à Paris. Lorsqu’il regagne Blérancourt, il s’engage à fond : dès

juillet 1789, il est lieutenant-colonel de la Garde nationale. Et il fera partie de l’escorte qui raccompagne le roi de Varennes à Paris. Mais les frontières de sa province ne lui suffisent pas. En 1790, il écrit à Robespierre une lettre de supplique où il l’informe de problèmes d’impôts à Blérancourt. Mais une lettre aussi qui transpire l’admiration et qui ne laisse pas Maximilien de Robespierre indifférent. Qui commence par « Vous que je ne connais comme Dieu que par des merveilles, je m’adresse à vous. » L’engagement de SaintJust est tel qu’il est élu, en septembre 1791 à l’Assemblée législative. Mais il est trop jeune et doit reprendre le chemin de sa province. C’est l’année suivante simplement, en 1792, qu’il est élu député de l’Aisne à la Convention nationale. Il rallie aussitôt les Montagnards, dont il devient très vite un des plus brillants orateurs. C’est le procès du roi en novembre 1792, qui rend SaintJust célèbre. Alors que le débat fait rage, Saint-Just, avec ses formules lapidaires, le ramène à l’essentiel : « Pour moi, je ne vois point de milieu : cet homme doit régner ou mourir » dit-il. « On ne peut régner innocemment : la folie en est trop évidente. Tout roi est un rebelle et un usurpateur », continue-t-il. « Lorsqu’un peuple est assez lâche pour se laisser mener par des tyrans, la domination est le droit du premier venu, et n’est pas plus sacrée ni plus légitime


DOSSIER LE RÉVEIL sur la tête de l’un que sur celle de l’autre », assène-t-il devant un auditoire médusé et vite conquis. Sa conclusion est presque visionnaire sur la façon dont on nous fait pleurer depuis deux cents ans sur Louis XVI et Marie-Antoinette : « Louis a combattu le peuple : il est vaincu. C’est un barbare, c’est un étranger prisonnier de guerre. Vous avez vu des desseins perfides : vous avez vu son armée : le traître n’était pas le roi des Français, c’était le roi de quelques conjurés (…) Il doit être jugé promptement : c’est une espèce d’otage que conservent les fripons. On cherche à remuer la pitié. On achètera bientôt des larmes : on fera tout pour nous intéresser, pour nous corrompre même. Peuple, si le roi est jamais absolu, souviens-toi que nous ne serons plus dignes de ta confiance et tu pourras nous accuser de perfidie. » Il joue ensuite un rôle important dans la rédaction de la Constitution de 1793. Membre du Comité de salut public, avant Robespierre, il travaille à un projet montagnard de Constitution. En s’opposant frontalement à Condorcet et Hérault de Seychelles. « Tous les tyrans avaient les yeux sur nous, lorsque nous jugeâmes un de leurs pareils : aujourd’hui que, par un destin plus doux, vous méditez la liberté du monde, les peuples, qui sont les véritables grands de la Terre, vous contemplent à leur tour », dit-il à la Convention en avril 1793. « Si vous vous voulez la République, attachez-vous au peuple et ne faites rien que pour lui. La forme de son bonheur est simple et le bonheur n’est pas plus loin des peuples qu’il n’est loin de l’homme privé. Un gouvernement simple est celui où le peuple est indépendant sous des lois justes et garanties, et où le peuple n’a pas besoin de résister à l’oppression, parce qu’on

ne peut point l’opprimer », préconise-t-il. La Constitution de l’an I, finalement, ne sera jamais appliquée. Mais d’emblée Saint-Just essaie de lui donner une inflexion sociale et égalitaire très forte. Avec Robespierre et Couthon, il forme au sein du Comité de salut public une sorte de triumvirat. C’est d’ailleurs le même Comité de salut public qui l’envoie sur le front comme représentant aux armées du Rhin et du Nord. L’année 1793 a été épouvantable pour les Français : la Vendée s’est soulevée, les Anglais ont pris Toulon… et la France est en très mauvaise posture. A Strasbourg, il montre à la fois son courage physique et ses aptitudes militaires. La situation est périlleuse. Le Comité de salut public a une devise : vaincre ou mourir. SaintJust va se montrer inflexible : il fait fusiller les déserteurs, il congédie les officiers responsables de défaites. Il galvanise les troupes, aussi. A Strasbourg il applique la terreur mais fait aussi arrêter l’accusateur public. Les victoires militaires de Landau, puis de Fleuris (26 juin 1794) lui doivent beaucoup. Dans le même temps, Saint-Just se retrouve dans tous les procès des factions de l’époque, des Girondins aux Hébertistes et aux Indulgents. C’est cet acharnement qui lui vaut le nom d’ange exterminateur. C’est oublier un peu rapidement que le même homme préconisait de redistribuer les fortunes des riches aux plus indigents, comme il propose dans ses deux ouvrages, l’Esprit de la révolution et les Fragments sur les institutions républicaines. Michel Vovelle estime à son sujet qu’il « est l’un de ceux qui poussent le plus loin la réflexion sociale de la Montagne ». Il présente d’ailleurs le 8 ventôse

an II des lois à redistribuer les biens des suspects aux indigents : « Les malheureux sont les puissances de la Terre, ils ont le droit de parler en maîtres aux gouvernements qui les négligent. » C’est Robespierre qui rappelle Saint-Just à Paris, pendant ses campagnes militaires. Le jeune homme trouve son ami très isolé au sein du Comité. Il tente des réunions de conciliation, en vain. Il prend alors le parti de Robespierre. Le 9 Thermidor, il tente de lire à l’Assemblée un texte beaucoup moins sévère que celui prononcé la veille par Robespierre. Il est interrompu au bout de deux paragraphes et n’essaie même pas de reprendre la parole. Il reste d’ailleurs d’un calme olympien et d’un mutisme total jusqu’à l’échafaud le lendemain. Il avait laissé, dans le préambule de ses fragments, une sorte de défi : « Je méprise la poussière ! Mais je défie que l’on m’arrache cette vie indépendante que je me suis donnée dans les siècles et les cieux. » Ni ange de la mort ni forcené, Saint-Juste était juste un homme qui a mis sa vie au service de la Révolution. Un utopiste idéaliste ? Pour qui « la Révolution doit s’arrêter à la perfection du bonheur ». Caroline Constant

Abolition des privilèges.

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LE RÉVEIL DOSSIER

Danton, le verbe chevillé au peuple 1759-1794. Orateur brillant, Georges Danton est autant le symbole des « indulgents » que le partisan résolu du tribunal révolutionnaire. Un complot imaginaire « vendu » à Robespierre et SaintJust scellera sa chute, et le mènera tout droit à l’échafaud. Jusqu’au pied de l’échafaud, le grand orateur de la Révolution française aura gardé le sens de la formule, à moins que la postérité ne l’ait affublé à tort de cette pirouette bravache : « Allons bourreau, fais ton métier, et ne manque pas de montrer ma tête au peuple, elle en vaut la peine ! » Quelques instants plus tôt, l’homme au visage grêlé depuis l’enfance par la vérole tentait de consoler Camille Desmoulins, et lançait à l’aide qui tentait de les séparer : « Tu n’empêcheras pas nos têtes de s’embrasser dans le panier ! » En ce début du mois d’avril 1794, depuis trois jours, Georges Danton et le célèbre journaliste du Vieux Cordelier doivent répondre de « conspiration » et de « friponnerie » devant le tribunal révolutionnaire, sans pouvoir réellement ni se défendre ni s’exprimer. Barère de Vieuzac et Vadier ont habilement convaincu Saint-Just de la véracité d’un rapport fabriqué accusant Danton d’appartenir à un vaste complot de l’étranger orchestré par Londres et Vienne. Coupable de « modération contre-révolutionnaire », de vouloir arrêter la guerre avec les Etats disposés à reconnaître la République française, d’enrichissement, aussi, dans le cadre de ses missions en Belgique, Danton est en réalité perdu avant même 16 - LE RÉVEIL - N° 831 - FÉVRIER 2017

d’avoir été jugé. Minoritaire au sein des comités de salut public que Danton menace d’accuser à la Convention de malversation et de tyrannie, Robespierre a bien tenté de s’opposer à l’arrestation de son ex-camarade et à celle de son « ami » Desmoulins. Il n’obtiendra rien, et un décret voté en urgence empêchera Danton de produire ses témoins et, surtout de faire de son procès une ultime tribune… La même qu’il utilisa pour déclarer, prémonitoire, à la Convention : « Oui, nous devons réunir nos efforts pour faire cesser l’agitation de quelques ressentiments et de quelques préventions personnelles, plutôt que de nous effrayer pour de vains et chimériques complots dont on serait bien embarrassé d’avoir à prouver l’existence. Je provoque donc une explication franche sur les défiances qui nous divisent (…). Je le déclare nettement, parce qu’il est temps de le dire : tous ceux qui parlent de la faction Robespierre sont à mes yeux ou des hommes prévenus ou de mauvais citoyens. » L’avocat entré au panthéon révolutionnaire grâce à son verbe aurait donc pu y poursuivre sa critique d’une Terreur dont il avait, dans d’autres circonstances, approuvé la vertu. Bien qu’ayant participé aux réunions du district des Cordeliers, avec Camille Desmoulins et Marat, son rôle dans la Révolution n’a certes pas été prépondérant. Elu président dans ce même district en octobre 1789, sa renommée va en revanche grandir au rythme de ses discours remarquables et remarqués. La popularité de ce bon vivant apologue inspiré du pavé leur doit beaucoup : le peuple, la patrie, Danton les célèbre en plaçant le civisme, l’honnêteté et le courage

Georges Jacques Danton.

au-dessus de tout. Il affiche volontiers un mépris de la rhétorique, assumant une réputation de jouisseur, que ses ennemis ont parfois travesti en matérialisme, voire en grossièreté : « Je porte dans mon caractère une bonne portion de gaieté française », répondait ce magistrat étranger au jargon des juristes. Fils de petits-bourgeois, s’est-il enrichi ? Loin de récuser sa bonne fortune, il s’en lavait les mains à sa manière, comme lors de ce discours à la Convention, le 10 mars 1993 : « Messieurs, quand l’édifice est en feu, je ne m’attache pas aux fripons qui enlèvent les meubles, mais j’éteins l’incendie ! (…) Le peuple n’a que du sang et il le prodigue. Alors, misérables, prodiguez vos richesses ! (…) Vos discussions sont misérables. Je ne connais que l’ennemi, battons l’ennemi. Vous qui me fatiguez de vos contestations particulières au lieu de vous occuper du salut de la République, je vous répudie comme traîtres à la patrie, je vous mets tous sur la même ligne. Que m’importe ma réputation, que la France soit libre et que mon nom soit flétri ! Que m’importe d’être appelé buveur de sang, oui, buvons s’il le faut le sang des ennemis de la liberté, mais combattons et conquérons la liberté ! » Modéré Danton ? Aurait-il rejeté toute responsabilité dans les massacres de septembre 1792, lorsque, comme l’écrit Jean Jau-


DOSSIER LE RÉVEIL rès, « la Révolution sent pour ainsi dire au visage l’haleine des chevaux prussiens » ? A la commune, relève l’adversaire résolu de la guerre de 1914, « l’exaltation patriotique est admirable, et je crois bien que c’est sans calcul et avec l’élan d’une foi sublime qu’elle se dresse la première pour organiser la défense ». La parole de Danton, déclare encore Jaurès avec admiration, « fut humaine aussi et sans mélange de passions troubles », avant de célébrer cet éloge du sacrifice populaire, face à l’avancée des armées contre-révolutionnaires : « Les commissaires de Commune vont proclamer d’une manière solennelle l’invitation aux citoyens de s’armer et de marcher pour la défense de la patrie (…). Nous demandons que quiconque refusera de servir de sa personne, ou de remettre ses armes soit puni de mort. (…) Le tocsin qu’on va sonner n’est point un signal d’alarme, c’est la charge sur les ennemis de la patrie. Pour les vaincre, Messieurs, il nous faut de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace et la France est sauvée. » Jean Jaurès voit dans l’image du tocsin une mise en garde, une « merveilleuse image » d’un homme qui cherche « à épurer la sonnerie terrible et triste qui va

Liberté Égalité Fraternité ou la mort.

sonner sur Paris de ce qu’elle pouvait avoir d’inquiétant et d’énervant, pour ne lui laisser que son accent héroïque. Tout le parcours de Danton est peut être condensé dans cette oscillation permanente entre les nécessaires violences révolutionnaires, qu’il approuve, et son aversion de la Terreur dans son expression la plus brutale. Entré le 6 avril 1793 au Comité de salut public, ses positions modérées, son refus de la guerre totale vont provoquer la rupture, définitive, avec Barère de Vieuzac. Danton qui avait voté la mort de Louis XVI, s’oppose au renvoi de Marie-Antoinette devant le tribunal révolutionnaire, qui allait mettre fin aux négociations de paix, notamment avec la Prusse et l’Espagne. Pour lui, la Terreur prônée par Bassère ne sert qu’à rendre la République « hideuse », d’empêcher sa reconnaissance et de maintenir son isolement. Il le fait savoir à voix haute, et son éloquence relayée talentueusement par Camille Desmoulins va les mettre tous deux dans la ligne de mire des « Exagérés »… Tous deux Montagnards unis contre les Girondins durant les premiers mois de la Convention, Danton et Robespierre ont souvent été abusivement opposés, l’un figé en caricature du « bourgeois modéré », l’autre dans celle de l’incorruptible froid, sanguinaire et impopulaire. Idéalistes et pragmatiques, ils l’étaient, au fond, chacun à leur manière. Contrairement au premier, propriétaire aisé peu sensible aux idées socialistes défendues par un Hébert, Robespierre ne s’est certes pas enrichi. Mais sa popularité auprès des sans-culottes parisiens n’avait rien à envier à celle de Danton. Robespierre affirmait l’immortalité de l’âme comme une vérité définitive, éternellement nécessaire aux hommes, quand le « Dieu de l’univers »

Révolution Française.

invoqué par Danton ne serait qu’une étape contre l’antique foi et la liberté nouvelle. Le peuple, pense-t-il, doit voir ses habitudes religieuses ménagées… Tenant d’un modérantisme utopique, à l’heure où Robespierre tente de maintenir l’équilibre politique de son gouvernement, déchiré par les complots et dominé par les radicaux, « l’indulgent », devenu hostile à la Terreur, se sait-il condamné ? Retiré le 12 octobre 1793 dans la maison de sa mère, sa mise ne cause dans l’affaire de la liquidation de la Compagnie des Indes le fait revenir précipitamment à Paris. Avant d’être définitivement privé de parole et de voir sa langue coupée sur le billot, il livrera cette ultime harangue, dans un mélange de résignation et de panache : « Ma voix, qui tant de fois s’est fait entendre pour la cause du peuple, pour appuyer et défendre ses intérêts, n’aura pas de peine à repousser la calomnie. Les lâches qui me calomnient oseraient-ils m’attaquer en face ? Qu’ils se montrent et bientôt je les couvrirai eux-mêmes de l’ignominie, de l’opprobre qui les caractérisent (…) Ma demeure sera bientôt le néant, quant à mon nom, vous le trouverez bientôt dans le panthéon de l’histoire. Ma tête est là, elle répond de tout. La vie m’est à charge, il me tarde d’en être délivré ! » Marc de Miramon LE RÉVEIL - N° 831 - FÉVRIER 2017 - 17


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Marie-Jean Hérault de Séchelles, ou l’oubli 1759-1794. Homme à la trajectoire exceptionnelle et à la beauté remarquable, Marie-Jean Hérault de Séchelles est l’un des acteurs méconnus de la Révolution. Très peu de rues à son nom, une poignée de bioMarie-Jean Hérault graphies, quelques pages de Séchelles. dans les histoires de la Révolution. Pourtant, président de la Convention, rédacteur et rapporteur de la Constitution de 1793, héros de la fête de l’unité et de l’indivisibilité de la République, Marie-Jean Hérault de Séchelles fut au premier plan. L’homme est, de plus, romanesque : il franchit les échelons de la carrière parlementaire au mépris des règles de l’âge (avocat du roi à dix-huit ans et avocat général à vingt-cinq), grâce notamment à la protection de Marie-Antoinette. Son chemin croise ceux de Buffon ou de Laclos. Mais, et là est sans doute l’une des premières explications de son oubli, il est inclassable : des historiens en firent un dantoniste (il monta d’ailleurs à l’échafaud en compagnie de Danton, de Fabre d’Eglantine et de Desmoulins). Plus encore, par ses origines sociales, il est plus improbable des membres du Comité de salut public : né en octobre 1759, il est issu d’une lignée paternelle qui remonte au XIVe siècle, apparenté par sa mère à la riche famille malouine des Magon, et cousin de la duchesse de Polignac, favorite de Marie-Antoinette. Il n’est qu’un point sur lequel contemporain (amis ou ennemis unanimement) et historiens s’accordent : sa beauté remarquable, jugement qui invite à considérer la ressource politique que constitue cet attribut mais aussi la manière dont elle a pu devenir un piège. Sa trajectoire exceptionnelle – celle, comparable, de son ami Michel Le Pelletier de Saint-Fargeau, ancien président du Parlement de Paris, président de la Constituante, rapporteur du projet de code pénal, régicide, a été interrompue par son assassinat – repose tout d’abord 18 - LE RÉVEIL - N° 831 - FÉVRIER 2017

sur des ressources acquises sous l’Ancien Régime. Hérault appartient alors à l’élite culturelle qui, selon Daniel Roche, a « le privilège de donner le ton à Paris et en province ». Sa bibliothèque (l’inventaire après décès recense plus de 4 000 volumes). Formé chez les oratoriens, il s’essaie rapidement à l’écriture, sans doute pour aider une carrière ministérielle, à laquelle ses rapides succès (on se presse à ses réquisitoires) auraient pu le mener. En 1778, il écrit un Éloge de Suger, opportunité à l’occasion du portrait de ce conseiller de deux rois, de critiquer les excès de la féodalité et de faire l’apologie d’un art de gouverner proche de la physiocratie, ce qui fait de lui alors un partisan de la monarchie éclairée. En 1785, parait (anonymement) son Voyage à Montbard, récit à charge de sa visite au grand savant de l’époque, Buffon. En 1788, il écrit à la fois Théorie de l’ambition et Réflexions sur la déclamation – ouvrages publiés au tout début du XIXe siècle, les exemplaires du premier ayant été détruits sur ordre de sa famille. Dans un jeu de masques complexe pour le premier, et avec une singulière crudité pour le second, ils permettent de comprendre comment « faire avancer à son gré les marionnettes », selon la formule d’Hérault. C’est le corps modelé par les cours de théâtre et d’éloquence et par le contrôle et la dissimulation des émotions où elles affleurent qui, à ses yeux, constitue l’instrument principal de la domination politique. Or, ce corps n’est pas socialement neutre : il a travaillé, en jouant sur la tenue et posture, à l’ennoblir la « noblesse ». Ce corps, on en connaît les mensurations et les traits : grand, voire très grand pour l’époque (1,85 m environ contre 1,60 m pour Marat), yeux et cheveux bruns, traits réguliers, nez moyen, bouche petite, pas une trace de vérole. On imagine les ressources qu’il lui procure dans les immenses assemblées révolutionnaires où les mauvais orateurs ne se risquent pas deux fois. S’y ajoutent les compétences

juridiques : elles lui permettent de reprendre rapidement l’ascension sociale des années 1780, interrompue lors des débuts de la Révolution. Après avoir participé à la révolte des Parlements, et peut-être activement à la prise de la Bastille. Hérault de Séchelles, battu aux élections aux Etats généraux, prend le chemin de la Suisse fin 1789. De retour, un an plus tard, il devient juge auprès des tribunaux de Paris, commissaire du roi en Alsace puis au tribunal de cassation, avant d’être élu député à la Législative. Dans un univers politique profondément mouvant, où les positions sont à inventer et où les orientations politiques sont labiles, Hérault siège successivement aux Jacobins, aux Feuillants, sur les bancs de la Gironde, avant de retrouver les Jacobins puis de devenir un proche de Danton dès juillet 1792. Président de la Convention, grâce au soutien de la Montagne, il quitte – opportunément ? – Paris au moment du procès de Louis XVI pour mettre sur pied les structures administratives de la Savoie. A son retour, il entre au Comité de salut public pour participer à la rédaction de la Constitution de 1793 (qui emprunte beaucoup au projet de Condorcet), puis bientôt d’une nouvelle Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, avant d’être chargé de la diplomatie. Isolé socialement et politiquement (Danton ne siège pas au Comité de salut public, Hérault est athée, à l’inverse de Robespierre), pris dans l’élimination des factions, il est finalement arrêté le 15 mars. C’est ici sans doute que, au-delà des accusations politiques, le corps aristocratique façonné pour le jeu de cour, dont la duplicité est dénoncée dans le rapport de Saint-Just qui entraîne sa condamnation, devient un véritable piège et la beauté le plus sûr chemin vers la guillotine. Frédérique Matonti Universitaire (CRPS/CNRSUniversité Paris-I Panthéon-Sorbonne) Auteure de Hérault de Séchelles ou les infortunes de la beauté Editions La Dispute, 1998


DOSSIER LE RÉVEIL

Pourquoi suis-je robespierriste ?

Robespierre.

1758-1794. Il était la figure de proue de la Révolution, on lui a fait porter la responsabilité de la Terreur. Plus de deux siècles ont passé et justice ne lui a pas encore été rendue. Je n’ai pas écrit le Robespierre dont on m’avait passé commande. Est-ce une excuse que de rappeler qu’Albert Mathiez avait lui aussi bronché devant l’obstacle ? Cela dit, nous ne manquons pas de biographies qui se comptent par milliers. Mais l’un des personnages les plus éminents de la Révolution, comme de notre histoire, vient encore de se voir refuser l’attribution d’un nom de rue à Paris, la municipalité estimant que « sa personnalité n’est pas incontestable ». Dans les sondages, La Fayette caracole en tête ; plus bas, Danton et Robespierre dépassent 30 % de jugements favorables mais autant d’avis hostiles pour Robespierre… C’est le produit d’une longue histoire bi-séculaire, quand les

Thermidoriens, après sa chute, l’ont anathématisé, associant son image à celle de terreur et de dictature. Depuis lors, dans l’historiographie comme dans l’opinion, Robespierre a été dénoncé par les ennemis de la Révolution, mais aussi bien par Michelet, défendu par l’aile gauche républicaine. Jaurès, pour sa part, avait tranché, écrivant qu’aux Jacobins, il serait allé s’asseoir au côté de Robespierre. Le combat n’a pas désarmé depuis lors. En 1988, j’étais encore sur la brèche délivrant à Arras mon discours « Pourquoi nous sommes encore robespierristes ». Je ne le reprendrai pas ici, même si je persiste et signe, en évoquant la carrière de mon héros. Maximilien Robespierre est né à Arras en 1758 d’une famille de bourgeoisie modeste, délaissée par le père après la mort de la mère. Ce fils aîné studieux, après de brillantes études au collège d’Harcourt, a été à Arras un avocat connu, plaidant des causes philanthropiques. Cela lui a valu d’être élu député du tiers état d’Arras aux états généraux. A la Constituante, où certains affectent de se moquer de son sérieux, il s’impose par sa conviction. « Il ira loin, il croit tout ce qu’il dit » (Mirabeau). Engagé dans tous les combats démocratiques, il réclame le suffrage universel, prône l’abolition de l’esclavage, et soutient un projet d’abolition de la peine de mort. Sa rectitude et son ombrageuse honnêteté l’imposent comme « l’Incorruptible ». S’il a obtenu que les Constituants ne puissent pas être réélus, il ne s’efface pas sous la Législative. A la tribune des Jacobins, il bataille contre Brissot, de l’hiver au printemps 1792, dénonçant les périls d’une

entrée en guerre. Il n’est pas homme des journées révolutionnaires, mais au lendemain du 10 août 1792, il se retrouve en tête de la députation de Paris à la Convention nationale. Un des leaders du parti montagnard, il est l’objet de violentes accusations à aspirer à la dictature, dont il se lave avec hauteur. Lors du procès du roi, il tranche : « Louis n’est pas un accusé, vous n’êtes pas des juges… vous avez un acte de providence nationale à exercer. » La mise en place du gouvernement révolutionnaire après la chute de la Gironde le voit entrer au Comité de salut public le 27 juillet 1793, après Couthon et Saint-Just, constituant avec eux une sorte de triumvirat au sein de la direction collégiale de douze membres. Acceptant la Terreur comme recours nécessaire, Robespierre ne la sépare pas de la vertu, clef de voûte de la cité, qu’il fait cautionner par la proclamation de la croyance à l’Etre suprême lors de la fête du 20 prairial an II, apothéose personnelle mais aussi annonce de sa chute. Après l’élimination des factions du printemps 1794, à droite Danton et les indulgents, à gauche, Hébert et les « exagérés » comme avec la mise au pas du mouvement populaire, Robespierre est confronté, dans une France reconquise et victorieuse sur ses frontières, au départ de la Terreur dont on lui fait porter la responsabilité comme aux intrigues et aux tensions grandissantes à la Convention, aux comités mêmes. Il se replie dans l’isolement, ne revenant à l’Assemblée qu’en thermidor, pour dénoncer en termes trop vagues les ennemis de la Révolution : le complot LE RÉVEIL - N° 831 - FÉVRIER 2017 - 19


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Collection Révolution.

ourdi contre lui le voit décrété d’arrestation, lui et ses amis, le 8 thermidor. Il n’a pas voulu s’appuyer sur la mobilisation des sections fidèles. Blessé d’un coup de pistolet, Robespierre, son frère et ses amis, Couthon, Saint-Just, Lebas sont guillotinés le 9 thermidor, dans l’indifférence parfois hostile de la foule. Ce bout de chemin fait ensemble nous permet-il de comprendre à la fois le rayonnement de cette figure de proue et sa disgrâce ? S’impose la grandeur de l’homme d’Etat, à nous comme à ses contemporains, même les plus hostiles. La clairvoyance de celui qui a indiqué la ligne juste face au péril de guerre en 1792, la conduite de la politique d’alliance avec le mouvement populaire, la gestion du gouvernement révolutionnaire en l’an II, entre périls et lutte des factions… Une pensée se reflète dans sa continuité, l’affirmation de l’amour du peuple. Dès 1789, le défenseur du peuple osera affir20 - LE RÉVEIL - N° 831 - FÉVRIER 2017

mer : « Nous sommes sans-culottes et la canaille. » D’entrée, aux côtés de tous les déshérités, les exclus, les juifs, les comédiens, les esclaves, les soldats et leurs familles, il a avec intransigeance énoncé les principes d’une démocratie en réclamant le suffrage universel puis en se faisant le défenseur de la République. Le pacifiste universaliste de 1792 s’est retrouvé sans contradiction à la pointe du patriotisme intransigeant. L’Incorruptible s’est imposé ainsi à la Convention, comme aux masses populaires mobilisées. Pas plus que mes prédécesseurs en robespierrisme, de Georges Lefebvre à Albert Soboul, je n’ai l’intention de justifier ou d’excuser. On a dit les limites de la vision sociale de Robespierre, qui sont celles de son projet de déclaration des droits en 1793. Un droit de propriété confirmé mais borné par le respect de la propriété d’autrui et par le droit à l’existence de tous : « Il faut que l’homme vive indépendant. » On a pu dénoncer son « système » justifiant dans les grands rapports de l’an II la Terreur comme indissociable de la vertu, valeur clef de la cité qu’il aspire à reconstruire. Assumant sa responsabilité, il a certes envoyé à la mort des représentants de l’Ancien Régime comme aussi ses adversaires et anciens amis, Danton, Desmoulins. Mais l’emballement de la Grande Terreur de l’été 1794, en prairial, n’est point de son fait. Pour sortir de la Terreur, son rêve s’est exprimé à travers ses grands rapports dans la proclamation célèbre qui conduit à la fête du 20 prairial an II : « Le peuple français reconnaît l’existence de l’Etre suprême et de l’immortalité de l’âme. » Ce projet reflète la conviction profonde de Maximilien, croyance en un dieu dont le temps est la

nature, comme chez Jean-Jacques Rousseau. Pour moi, à la base, s’inscrit l’angoisse de Robespierre telle qu’elle monte en lui dans la solitude des derniers temps : « Les bons et les méchants disparaissent de ce monde… », mais ce ne peut être nécessaire – et l’Etre suprême aussi. « Fuite en avant dans la métaphysique » ? Après Georges Lefebvre et Albert Soboul, qui l’ont esquissée, cette formule laconique de Claude Mazauric peut être admise comme l’argumentaire auquel elle s’associe face à ses contradictions. Robespierre, incapable en son temps, en ces lieux et dans le cadre qui lui est imposé par l’histoire, d’une révolution bourgeoise, voit son rêve s’effondrer quand la révolution populaire se glace et quand ses ennemis triomphent. Il ne lui reste plus qu’à s’en remettre, le 8 thermidor, à ses fidèles comme à nous : « Je vous laisse ma mémoire, elle vous sera chère et vous la défendrez. » Voilà pourquoi nous sommes encore quelques robespierristes. Michel Vovelle Professeur honoraire à la Sorbonne Historien spécialiste de la Révolution française

Rouget de Lisle chantant la Marseillaise pour la première fois.


HISTOIRE LE RÉVEIL

55e anniversaire du cessez-le-feu officiel du 19 mars 1962 Transmettre la Mémoire et non la trahir A quelques mois du 55e anniversaire du cessez-le-feu officiel qui permit la fin de la guerre en Algérie, des voix – profitant du contexte électoral de l’année – s’élèvent à nouveau pour réclamer la disparition des cérémonies officielles consacrées à cette date historique.

Ce sont les mêmes voix qui veulent enfouir dans les oubliettes de l’histoire la tuerie officiellement organisée contre les Algériens à Paris le 17 mars 1961 et toutes les victimes des plastiquages de l’OAS, celles des pelotons motocycles et des forces policières lors des manifestations pour la paix en Algérie – dont Charonne et ses victimes – celles du Congrès du Mouvement de la Paix plastiqué à Issy-les-Moulineaux, et encore Delphine Renard, fillette défigurée par les fascistes de l’OAS et tant d’autres encore… Ces voix servent « LEUR MEMOIRE », celle qui n’a pas changé depuis la guerre d’Algérie et repose sur un racisme qu’elles voudraient bien voir être partagé par une jeunesse dont l’âge peut ignorer l’histoire et ses réalités. Comment pourrait-il en être différemment si on leur dit que la commémoration officielle de la fin de la guerre d’Algérie, c’est le 5 décembre 2002 ? ■

Zoom arrière

• 1962… 2002… Que s’est-il passé réellement au plan de la mémoire ? ➣ 19 mars 1962, cessez-le-feu de la guerre d’Algérie proclamé officiellement sur le terrain par les Etats-ma-

jors de l’Armée française et de l’Armée de Libération nationale algérienne. 2 juillet 1962, fin officielle de la guerre d’Algérie, celle-ci devenant indépendante. Certes, il y eut encore des morts dans les mois qui suivirent, nul ne songe à le nier. C’est d’ailleurs pour cela que nous prenons acte de la demande d’attribution de la carte du combattant pour ceux qui resteront sur le terrain jusqu’en 1964. ➣ 30 et 31 mars 1963, le Congrès national de la FNACA prend la décision de commémorer chaque année la date du 19 mars et d’agir pour sa reconnaissance en tant que date officielle nationale de la commémoration. Certaines associations, telle l’ARAC, soutiennent et s’associent à cette démarche qui – à l’époque – ne suscite pas de levées de boucliers ; et il se dit même que François Porteu de la Morandière – dirigeant de l’UNC-AFN – serait allé un 19 mars déposer des fleurs sur la tombe d’un de ses camarades. Et puis le temps passe et la rancune aidant, le ton monte au fur et à mesure que certaines associations organisent les ATM en sections de combattants en Afrique du Nord (UNC-AFN, ACPGCATM, etc.). Parmi les Anciens des conflits précédents, cet affrontement fait plaie et certains, avec le souci de trouver un terrain d’entente (Je pense à mon excellent ami Robert Paumier et à son camarade Pyatzook, tous deux

ACPG) proposent que soit inhumé un « Soldat Inconnu d’AFN » au cimetière de Notre-Dame-de-Lorette. Exhumé du cimetière du « Petit Lac » à Oran où il reposait, ce soldat inconnu sera inhumé le 16 octobre 1977 en la Tour de la Lanterne (où reposaient déjà les corps de 31 soldats inconnus, 14/18, Indochine, 39/45, PG Inconnu, etc.) en présence des autorités dont le Président de la République, M. Giscard d’Estaing. ➣ Une situation de statu quo Alors, pendant plus de 20 années, une sorte de statu quo s’installa, la FNACA, l’ARAC, l’ANCAC, etc. commémorant le 19 mars, et leurs comités départementaux du Nord-Pas-deCalais participant avec leurs drapeaux à la cérémonie du 16 octobre organisée par les PG-CATM… qui se virent peu à peu dépossédés de cette initiative par l’UNC, qui voyait là un moyen de combattre le 19 mars. ➣ Le Front Uni et le Mémorial La création du Front Uni des Associations nationales représentatives des Anciens Combattants en Afrique du Nord (ARAC-FNACAFNCPG-CATM-UF et UNCAFN) en juillet 1987 marquait alors la volonté unanime d’obtenir une avancée fondamentale des droits à réparation ATM, que les gouvernements continuaient de refuser. Une première manifestation rassemblait 50 000 ATM à Paris le 3 octobre 1987. Avec beaucoup de sagesse, les dirigeants nationaux des 5 associations LE RÉVEIL - N° 831 - FÉVRIER 2017 - 21


LE RÉVEIL VOS DROITS au 5 décembre 2002, avec le succès que l’on sait.

1960 - 1er mai d’unité de tous les travailleurs CGT paix en algérie.

nationales décidaient d’écarter la question de la date officielle de commémoration, reprenant ainsi à leur compte la devise de Barbusse « Ecarter tout ce qui divise, retenir ce qui unit ». Ce fut une période faste, tant pour l’avancée des revendications que pour la connaissance commune, la cordialité et l’ambiance des réunions nationales aux réunions départementales. ➣ Vers un Mémorial national De façon totalement distincte de la date nationale de commémoration officielle, le Front Uni mit cependant l’accent sur la nécessité qu’existe à Paris un Mémorial national consacré aux Anciens Combattants en Afrique du Nord, ce que reprennent d’ailleurs aujourd’hui à leur compte les combattants des OPEX. Le 3 mars 1998, un arrêté de JeanPierre Masseret (Secrétaire d’Etat aux AC) portait constitution d’un groupe de réflexion pour la création du Mémorial de la guerre d’Algérie. L’appel public aux candidatures était lancé le 13 avril 2001 et le 25 septembre 2001, le lauréat était officiellement désigné : M. Gérard Collin-Thiebaut. Les travaux terminés, l’inauguration était fixé au 28 novembre 2002… Mais, le Président de la République – M. Jacques Chirac – ayant la grippe… l’inauguration fut reportée 22 - LE RÉVEIL - N° 831 - FÉVRIER 2017

➣ Dénaturation et récupération Le Front Uni s’étant délité, le champ était alors ouvert à toutes les manœuvres et – immédiatement – le gouvernement, saisissant l’occasion, mettait en place, sous la présidence d’un « historien » Jean Favier, une Commission chargée de chercher une date de commémoration officielle de la fin de la guerre d’Algérie. Le 22 janvier 2003 – soit à peine deux mois après l’inauguration ! - celui-ci proposait sans surprise au Ministre des AC, M. Mekachera et au Président Chirac de retenir la date du… 5 décembre. Décision prise par la Commission par 10 voix contre 2 (dont la FNACA), le Président Favier « oubliant » de donner lecture de la lettre de Georges Doussin (malade) qui – au nom de l’ARAC – se prononçait pour le 19 mars. Ainsi le tour était joué et le 5 décembre, date d’inauguration, était appelé à entrer dans l’Histoire ? ➣ En Histoire, la vérité

de la mémoire est tenace Sous la pression conjuguée de la FNACA, l’ARAC, l’ANCAC et d’autres Associations, le 19 mars refaisait surface et une loi officialisant sa commémoration était adoptée par l’Assemblée Nationale en 2002. Hélas, le Premier Ministre socialiste Lionel Jospin ne la transmettait pas au vote du Sénat ! L’alternance politique portant au pouvoir les adversaires du 19 mars, ceux-ci décidèrent d’enfoncer le clou et la loi n° 2005-158 du 23 février 2005 (portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des rapatriés) allait s’en charger. Sous prétexte de corriger des injustices envers les rapatriés, cette loi soulevait un tollé quasi unanime en prétendant imposer à l’enseignement scolaire « la reconnaissance du rôle positif » du colonialisme en Afrique du Nord, et – du même coup – officialisait la

date du 5 décembre, date de désunion s’il en est. ➣ Et il faudra attendre 2012 pour que le Sénat, reprennent la loi de 2002 de l’Assemblée nationale, officialisant à son tour le 19 mars… sans abroger pour autant la date du 5 décembre ! ménageant avec ambiguïté « la chèvre et le chou » et bafouant du même coup la vérité de l’Histoire. ➣ Plus que jamais le 19 mars A un moment où tant d’initiatives sont prises pour que la mémoire soit transmise en cette période de centenaire de la guerre de 14/18, l’ARAC – forte de ses cent ans d’existence et d’histoire traversés en tant qu’actrice et partie prenante – ne saurait accepter que les tenants et fauteurs de colonialisme – se voyant déjà revenir au pouvoir avec leurs allié(e)s – mènent une offensive dévastatrice contre la mémoire et transforme l’indispensable transmission en TRAHISON, en enterrement de la vérité historique. Va-t-on demain, quand nos petits-enfants nous interrogeront leur répondre que la guerre d’Algérie s’est terminée le 5 décembre 2002 ? Ou leur dire que cette date n’existe que parce que le Président Chirac avait la grippe ? ➣ Plus que jamais, en 2017, commémorons partout avec force et ampleur ce 55e anniversaire du 19 mars 1962, date du cessez-le-feu officiel ayant permis la paix en Algérie. Et continuons de réclamer l’abrogation de la date officielle du 5 décembre dans la loi du 23 février 2005. Par respect pour l’Histoire et tous ceux qui ont lutté pour la fin de cette guerre et sa reconnaissance officielle.


VOS DROITS LE RÉVEIL

Commission nationale d’attribution de la carte du combattant La Commission a tenu sa dernière réunion de l’année le 6 décembre 2016, salle des Glycines à l’ONAC aux Invalides. André Fillère y a participé. Elle a examiné 5 129 dossiers de demandes de carte et en a attribué 4 693 dont 8 guerres 39-45 et 4 Indochine. 678 ATM (617 Algérie, 42 Maroc et 19 Tunisie). 4 003 OPEX (dont 773 ex-Yougoslavie – 538 opérations Barkhane – 503 Afghanistan. 238 opérations Chammal296 Côte d’Ivoire – 163 Liban – 196 Mali (Opération Serval) – 316 République Centrafricaine – 100 régions du Golfe pacifique et d’Oman – 215 République du Liban et Israël – 432 Tchad – 50 Somalie Atlanta, etc.). • La Commission a émis un avis défavorable et rejeté 430 dossiers dont 17 pour 39-45, ATM 267, OPEX 59 et 87 hors périodes.

■ BILAN pour 2016

➣ 35 095 dossiers examinés dont 30 660 cartes attribuées (47 pour 39-45, Indo 51, ATM 4220, OPEX 26 432). 4 417 dossiers ont été rejetés avec avis défavorable dont 117 pour 39-45, Indochine 22, ATM 1636, OPEX 840, Hors période 1 802. ➣ Parmi les cartes du combattant ATM, celles attribuées « à cheval » sur le 2 juillet 1962 sont au nombre de 11 619 cartes attribuées (248 rejets). Rappelons que les statistiques officielles tablaient sur seulement 8 000 cartes attribuées. ➣ Pour les OPEX, la mesure d’attribution de la Carte du Combattant sur

Légion d’Honneur er

Promotion du 1 janvier 2017 Hélène Luc, Odette Nilès, Guy Krivopisko, Rose-Marie Antoine, le Préfet Rémy Enfrun, etc.

Le Journal Officiel du 1er janvier a publié, sur 29 pages, les noms des nouveaux promus dans l’Ordre National de la Légion d’Honneur à l’occasion de la nouvelle année. Beaucoup de policiers, d’élus (anciens députés, anciens ministres, présidents et conseillers généraux), etc. Peu d’Anciens Combattants et d’anciens déportés ; et, parmi eux, ne cherchez pas de membres de l’ARAC ; sauf erreur de ma part, je n’en ai pas rencontré… ➣ A la dignité de Grand’Croix Notons cependant Mme Françoise Barré-Sinoussi (Prix Nobel de Médecine, membre de l’Académie des Sciences) dont le nom est déjà attribué à un secteur important de médecine générale de l’Hôpital du Kremlin-Bicêtre (94). ➣ Et à celle de Grand Officier : M. Jean-Pierre Kahane (mathématicien, professeur émérite des Universités, membre également de l’Académie des Sciences). ■ Hélène Luc, Odette Nilès, Guy Krivopissko Les deux premières sont promues officiers,

Hélène en tant que Sénatrice Honoraire, et Odette (ancienne Résistante internée – entre autres – au camp de Châteaubriant avec son ami Guy Moquet) au titre de Président de l’Amicale Châteaubriant-Voves-Rouillé. Elle est la veuve de notre camarade Maurice Nilès, maire de Drancy (93) de 1959 à 1997 et député de Seine St Denis de 1958 à 1986. Quant Guy Krivopisko, nommé Chevalier, il l’est au titre de conservateur du Musée de la Résistance Nationale de Champigny (94). A tous trois vont nos très vives et chaleureuses félicitations. ■ NOTONS ENCORE…

Nommés officiers au titre du Ministère de la Défense, Mmes Rose-Marie Antoine (Directrice de l’ONACVG) et Marie-Claire Nossovitch ex-directrice adjointe de ce même ONAC, ainsi que (au titre du Ministère de l’intérieur), M. Rémy Enfrun (préfet honoraire) qui fut lui aussi un Directeur général de l’ONAC fort apprécié. ➣ A toutes et tous, l’ARAC renouvelle ses sincères félicitations.

la base de 4 mois de présence a permis 32 701 attributions. Rappelons que les statistiques officielles tablaient sur 120 000 à 200 000 ! ➣ Cartes du combattant et retraite du Combattant En 2016, sur les 30 660 cartes attribuées, 9 542 l’ont été à des AC de plus de 65 ans (31,12 %). Soit 7 552 AC 39-45, Indo, ATM et 1 970 OPEX, toutes donnant droit à la retraite du combattant. Mais – dans le même temps – combien de bénéficiaires de la retraite du combattant nous ont quittés ? ➣ Prochaines commissions les 7 mars et 30 mai 2017.

La retraite du Combattant portée à l’indice 50 Dès le 1er janvier 2017 Le décret n° 2016-1904 du 28 décembre 2016 a modifié l’article D.321-1 du Code PMI et porté la retraite du combattant à l’indice 50. De ce fait, et compte-tenu de la valeur actuelle du point PMI à 14,04, le montant annuel de la retraite du combattant porté à 702 euros. Par ailleurs, ce même décret officialise la revalorisation de la retraite à hauteur de 52 points à partir du 1er septembre 2017, ce qui portera alors son montant annuel à 730,08 euros, sauf revalorisation de la valeur du point PMI d’ici septembre 2017. Il s’agit là, en fait, de la mise en application de la Loi de finances 2017 qui prévoyait déjà ces deux mesures.

LE RÉVEIL - N° 831 - FÉVRIER 2017 - 23


LE RÉVEIL VOS DROITS

Quelques vérités quant au nombre d’attributions de la carte du combattant, son poids en matière budgétaire et le retard des pensions militaires d’invalidité ➣ De 2006 à 2016 La commission d’attribution de la carte du combattant a attribué – toutes générations confondues – 261 564 cartes. ➣ Dans le même temps, le nombre réel de survivants bénéficiaires a baissé de 32,8 % • passant de 1 499 211 en 2006 à 1 008 206 en 2016, soit moins 491 005. • Les titulaires de la retraite du combattant meurent donc en plus grand nombre que les nouvelles cartes attribuées, soit 261 564. En clair, de 2006 à 2016, ce sont 752 569 titulaires de la retraite du combattant qui nous ont quittés. ➣ Pourtant, toujours durant cette même période, les crédits alloués à la retraite du Combattant ont augmenté de 17,1 % Belle excuse pour les gouvernements prétendant que les AC coûtent trop cher au budget… en oubliant une chose fondamentale : qu’il s’agit d’un droit à réparation, d’une dette de reconnaissance de la Nation envers celles et ceux qui l’ont servie sous les armes. ➣ Ceci étant, examinons la réalité des chiffres. De 2006 à 2016, les crédits budgétaires

consacrés à la retraite du combattant sont passés de 630,1 millions à 748,5 millions, soit plus 118,4 millions. • Pour quelles raisons et dans quelle période ? 1/- Application de la décristallisation des pensions qui pénalisait celles-ci (et la retraite du combattant) de nos frères d’arme d’outre-mer depuis 1960. Cette mesure n’était que justice et son coût de 2004 à 2007, a fait gonfler l’enveloppe. Depuis 2007, elle est inexistante. 2/- Le relèvement de l’indice de la retraite du combattant de 35 à 48 points. Mesures favorables, certes, mais non exemptes de visées politiques et électoralistes. ➣ Ceci étant, la tendance à la hausse s’est inversée depuis 2014. En 4 ans – 2013-2016 – les crédits affectés à la retraire du combattant ont baissé de 103,7 millions. « Economie » qui sera à peine « écornée » en 2017, puisque les 2 fois 2 points de rallonge prévus ne coûteront que… 27,4 millions ! Il y a donc encore de la marge… qui pourrait, par exemple, être utilisée pour accorder la carte du combattant aux militaires du contingent ayant séjourné en

Algérie après le 2 juillet 1962 jusqu’en 1964 (coût estimé à 16 millions annuels par la proposition de loi n° 4199 du député Gilles Lurton). ➣ Quant aux pensionnés, le retard de la valeur du point de pension continue de les spolier, quoiqu’en prétendent les gouvernements. Ce n’est pas moi qui le dit !!! C’est le Sénateur Albéric de Montgolfier, rapporteur général traitant du budget des ACVG au Sénat qui déclare : « Les revalorisations prévues cette année (…) n’effacent pas les pertes de pouvoir d’achat observées ces dernières années du fait des pratiques d’indexation suivie ». En clair, le blocage des traitements de la Fonction publique, sur lesquels pension PMI, retraite du combattant et plafond majorable des rentes mutualistes sont indexées… a été catastrophique pour le droit à réparation. 40 % de retard selon nous. • Qu’en pensent les candidats à la présidence de la République, et ceux aux élections législatives. Vont-ils enfin décider de s’asseoir à une table de négociation pour en débattre avec nous ?

Campagne double - Ah les radins !!! Un de nos camarades, au charbon dès le premier jour pour les droits à réparation, vient de recevoir ENFIN une lettre de la CNIEG l’informant que – compte-tenu du vote du budget 2017 – il allait avoir droit à la campagne double en tant que retraité électricien-gazier. Formidable ! Champagne… et déception. Outre l’avertissement qu’il lui faudra attendre sans impatience « en raison du nombre de demandes à instruire »… les deux lignes suivantes lui collent aussitôt la douche froide. Je cite : « Nous vous précisons également que cette révision n’aura une incidence sur le montant de votre pension que si le

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nombre de jours relevant de la campagne double permet de valider un trimestre supplémentaire. » On saisit pourquoi le gouvernement se refuse à appliquer aux ATM l’égalité du droit avec les générations précédentes. Quelques jours par-ci, quelques actions de feu par-là, il en faudra beaucoup pour faire un trimestre. Alors que la prise en compte de la durée du temps de service sur place, ça se serait efficace et juste ! Raison de plus pour continuer à faire le siège du gouvernement en réclamant l’égalité du droit… à la durée. RADINS, VA !!!


VOS DROITS LE RÉVEIL

A propos du communiqué du Conseil des Ministres sur la « refonte » du Code des pensions militaires d’invalidité En fin d’année 2016, le Conseil des Ministres a éprouvé le besoin de « justifier » la « refonte » du Code PMI par un communiqué déclarant que tout allait être pour le mieux dans le meilleur des mondes. Voilà ce qu’en pense une avocate qui a consacré sa carrière à défendre les droits à réparation des Anciens Combattants et des Victimes de Guerre. A vous de juger…

La « fausse refonte » du code des pensions Soutenir que la refonte du code des pensions se fait à droit constant est une contrevérité flagrante. Transformer une grande partie du code des pensions qui découlait de textes législatifs, en partie réglementaire, est un tour de passe-passe administratif incontestable ! Soutenir, pour le transformer et non le refondre, que l’ancien code était « complexe, fragile et incohérent » est un motif fallacieux. Combien de générations du feu ont utilisé ce code sans problème avant la réforme actuelle ? Les associations d’Anciens Combattants avaient et ont en leurs seins des juristes qui pouvaient et peuvent les aider et les conseiller. Ces associations avaient et ont également en leurs seins d’anciens combattants pensionnés ou pas, qui se spécialisaient et se spécialisent dans le droit des pensions en utilisant le code sans problème. L’ancien code s’appliquait déjà et ce depuis la charte de 1919, tant aux militaires de carrières qu’aux simples appelés du contingent. L’ancien code s’appliquait déjà aux victimes civiles de guerre et aux victimes d’actes de terrorisme. L’ancien code s’appliquait déjà aux victimes hors guerre (accidents ou maladies

imputables au service en temps de paix). L’ancien code s’appliquait déjà aux ayants cause. Enfin l’ancien code prévoyait également le problème des soins médicaux gratuits… qui ne le sont plus totalement après ladite refonte, le problème des appareillages, des emplois réservés de la carte et de la retraite du combattant ainsi que le devoir de mémoire et de reconnaissance de la nation. Il aurait suffi de reclassifier les différents droits et de les regrouper selon les catégories de ressortissants, sans pour autant supprimer toute une série de textes législatifs pour les transformer en règlements ! Quel besoin de tout transformer et non de refondre à ce droit constant, si ce n’est pour de nouveau réduire les droits que la charte de 1919 avait accordé à

ceux qui ont donné leur sang et leur vie pour la patrie. Le simple et modeste citoyen n’est pas dupe d’une telle supercherie et saura faire entendre sa voix lorsqu’il le faudra. N’oublions pas que sont encore vivants et bien vivants, plus de trois millions de ressortissants de l’office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG). Le combat doit donc continuer, voire s’intensifier. N’abandonnons pas ce que nos pères, nos grands-pères, ont mis des décennies à obtenir !!! Pensons, comme nos anciens l’ont fait, aux générations futures qui vont mourir ou être blessées pour leur patrie. Préservons leurs droits si nous n’avons pu préserver leurs vies ! Jacqueline Thabeault-Alcandre

Le combat de Georges Doussin pour les victimes de l’agent orange se poursuit Attachés à l’engagement de Georges DOUSSIN pour le développement du Village de l’Amitié à Van Canh, sa famille, ses amis ont décidé que l’argent recueilli au moment de ses obsèques serait versé au Village pour la reconstruction du terrain de jeux détruit par les inondations. Nous pouvons vous annoncer que 4 170 euros ont pu être envoyés directement au Village. La famille, le Comité Van Canh et l’ARAC remercient les donateurs qui ont répondu à cet appel pour le Village de l’Amitié auquel Georges a consacré toute sa vie.

LE RÉVEIL - N° 831 - FÉVRIER 2017 - 25


LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

Aisne (02)

Loiret (45)

Ambiance chaleureuse avec l’ARAC

Cette année, l’Assemblée générale fut placée sous le sceau de la préparation du congrès du centenaire. Jacques Verrier du Secrétariat National a présenté les moments forts et les objectifs que celui-ci revêtira. La présence d’Alban Liechti adhérent de l’ARAC, soldat du refus de la guerre d’Algérie, auteur du livre « le refus » a permis un échange instructif sur son vécu durant ce conflit.

La bonne ambiance était de rigueur chez les adhérents de l’ARAC pour leur repas annuel. Les adhérents de l’association Une cinquantaine on pu s’adonner à la pétanque d’adhérents ont réainsi qu’à la belote. pondu à l’invitation du président Jean-Noël Grébert, dirigeant de l’ARAC (association républicaine des anciens combattants du Sois-

Nantes (44) La remise de cartes de la section de Nantes a été un moment de rappel des valeurs fondatrices de l’ARAC. Cent ans de luttes de notre association pour mener le combat pour la paix, l’émancipation humaine, pour un monde pacifique, solidaire et fraternel.

sonais) pour leur repas annuel qui s’est déroulé au terrain de cross de Belleu. Malgré le soleil omniprésent, la bonne humeur était de mise. Et grâce à la bonne volonté des membres du bureau pour la préparation du repas de fête, les adhérents ont pu se délecter des bons petits plats préparés. Pour conclure cette journée les adhérents se sont adonnés à leur passe-temps favori : la pétanque ainsi que la belote. Nous avons trinqué à l’avenir de cette jeune centenaire. Trois adhésions ont été réalisées, trois adhérent-e--s qui chaque mois disposeront du Réveil cet outil qui leur servira à animer les luttes. Nous avons partagé un grand moment de solidarité, d’amitié, une pensée fraternelle pour les camarades absents ayant des soucis de santé.

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VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Charente (16)

Paris (75)

La section de Ruelle l’Isle d’Espagnac a tenu son assemblée générale le 26 janvier 2017 à la mairie, le président a souhaité la bienvenue aux participants et au nouvel adhérent Guy Morllet et a demandé d’observer un moment de recueillement. Rapport moral et d’activité, rappel du faible budget 2016 avec l’augmentation des pensions, préparation des 100 ans de notre ARAC en 2017, son congrès en novembre. Les comptes du trésorier ont été approuvés. Election du bureau, rapport

Hommage à Jacques Cieutat

moral et d’activité sont adoptés à l’unanimité. Nous avons procédé à la remise des cartes 2017 avec le verre de l’amitié et la galette des rois en présence du maire-adjoint responsable des anciens combattants.

Rhône (69) Guy Fischer, membre d’honneur du comité national de l’ARAC décédé en 2014 honoré par la ville de Vénissieux en même temps que Flora Tristan militante de la cause féminine ouvrière, elle est une figure forte du socialisme utopique. Belle idée de réunir dans un même hommage des deux combattants de la cause humaine, défenseurs des valeurs de la République. En présence notamment d’André Gerin, maire honoraire. En dévoilant la plaque de la rue qui porte désormais le nom de Guy Fischer, Michèle Picard, maire de Vénissieux, a salué le parcours exceptionnel de cette figure vénissiane, décédée en 2014. Instituteur aux Minguettes, avant de s’engager « 37 ans de mandats électifs, rappelait Michèle Picard : premier adjoint au maire de Vénissieux, conseiller général, conseiller régional, élu sénateur du Rhône de 1995 à 2014 en vice-président de la haute assemblée de 2001 à 2011. L’école de

Il y avait foule le 29 novembre autour du maire, pour cette double inauguration.

la République était sa seconde maison. Cette rue que nous venons d’inaugurer est dans l’esprit idéalement située car c’est en jeune instituteur que Guy a commencé son premier mandat élu en mars 1977 à Vénissieux. Une rue donc, à la mémoire d’un homme doublé d’un humaniste, généreux dans tous ses combats, qui s’est toujours battu pour la reconnaissance de Vénissieux et des Vénissians. » Guy Fischer et Flora Tristan, deux noms qui se parlent à travers le temps. De Roland Castro, l’architecte qui a conçu ce magnifique établissement ouvert depuis la rentrée : « Je suis ému ? Quand on a travaillé sur les plans, nous avons pensé à la grande école que j’avais connue ! Nous voulions que les enfants soient heureux d’étudier ici car l’école de la République est faite pour apprendre. » Le groupe scolaire Flora-Tristan a été choisi comme projet d’intérêt général et pour l’octroi d’une dotation de l’Etat d’un peu plus d’un million d’euros. « A travers cette reconnaissance et cette valorisation, c’est tout le travail de notre équipe municipale de nos directions et de nos services qui est récompensé », soulignait le maire. « Plus que jamais l’école doit être aujourd’hui le creuset de la République, le lieu où s’apprennent les valeurs, où se développe l’esprit critique » tenait à préciser le préfet Delpuech.

dirigeant départemental de Paris Janine Reichstadt - Extraits L’ouvrier et la prof de philo Jacques a le sens, l’intelligence de la matière, il la connaît. Il sait comment la prendre et agir sur elle, c’est un ouvrier, un ouvrier comme on disait autrefois, quelqu’un qui œuvre. Et œuvrer pour un ouvrier c’est tendre la main au sens propre, à notre humanité profonde qui puise son origine dans les toutes premières fabrications d’outils. Prévoir, voir avant, penser quelque chose qui n’existe pas encore grâce à la possession d’un sens réel de la matière, c’est notre humanité fondamentale qui se trouve dans cette dimension. Une dimension qui continue d’habiter le travail ouvrier, qui en fait le lieu de cette intelligence ouvrière capable de prendre en charge la production car elle, cette intelligence, elle sait quoi faire avec la matière, l’outil, la machine. Pas l’actionnaire du CAC 40. La classe ouvrière est loin d’avoir disparu et elle est loin aussi d’avoir abdiqué devant le capital. Beaucoup de luttes dans les entreprises le montrent, ainsi qu’un de ses derniers combats, le combat contre la loi El Khomri. A ce jour ce combat n’est pas gagnant, mais la conscience populaire de ses enjeux considérables n’a pas disparu et on peut raisonnablement penser que ce n’est que partie remise. Comment, sous quelle forme ? Nous ne pouvons pas encore le savoir.

Jacques Cieutat (au fond à droite) lors d’une réunion de dirigeants de la R-P en fin d’année 2017.

LE RÉVEIL - N° 831 - FÉVRIER 2017 - 27


LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

Val-de-Marne (94) Vente signature de « MA TERRE EMPOISONNEE » à Villejuif

Le 5 novembre 2016, une vente dédicace du livre « Ma terre empoisonnée », s’est tenue à la maison de la presse à Villejuif en présence de l’auteure. Cette initiative, organisée par le comité de Villejuif pour le village de l’amitié et l’Association de l’Amitié Franco vietnamienne, a connu un vrai succès. 27 livres ont été vendus en moins de 2 heures et des villejuifois sont venus faire dédicacer leur livre acheté ultérieurement.

Dans ce livre, Madame Tran to Nghia, victime de l’agent orange, retrace son parcours pour la libération de son pays. Actuellement, elle intente un procès contre les firmes (dont Monsanto) qui ont fabriqué les défoliants utilisés pendant la guerre américaine au Vietnam. Avec ce procès, son espoir et le nôtre, est d’obtenir la reconnaissance de la responsabilité du gouvernement américain et ainsi obtenir le versement d’indemnités pour toutes les victimes de la dioxine au Vietnam. A travers elle, c’est la dernière chance pour ces 3 millions de victimes atteintes. Ce fut un moment chaleureux de solidarité et d’échange avec les Villejuifois.

Oise (60) Une reconaissance des engagements du comite national pour le village ? L’association Histoire et, Mémoire des ouvriers agricoles de l’Oise a décidé de verser une contribution solidaire de 3 560 euros au Comité de l’Oise du Village de l’Amitié qu’André Coffin et Jean Claude Kusiak nous ont immédiatement remis pour la reconstruction du terrain de jeux du village.

Saône-et-Loire (71) Soirée d’hommage à l’écrivain combattant Henri Barbusse le Centenaire du « Feu » Prix Goncourt 1916 à l’initiative de la section locale de l’ARAC de Gueugnon Dans le cadre le Centenaire « du Feu » et autour l’exposition de l’ARAC présentant la vie et l’œuvre d’Henri Barbusse, écrivain combattant pour la Paix et poilu visionnaire, un Apéritif Lecture a été proposé le vendredi 7 octobre à 19 heures dans le cadre de la Saison Culturelle 2016 2017 de la Ville de Gueugnon. Précédé par un vin d’honneur offert par la municipalité, la soirée

28 - LE RÉVEIL - N° 831 - FÉVRIER 2017

s’est poursuivie avec des lectures et intermèdes chantés par deux comédiens parisiens Roza Poivert et Gérard Muller : « Sing on The Bitume ». Le public a répondu présent car la salle était entièrement réservée vue la configuration assise autour de petites tables. Il a été enthousiasmé par la découverte ou la redécouverte des extraits de poèmes, « le Feu », « Clarté », « Lettres à sa femme »... Cela s’est terminé par la chanson de « Craonne », avant de laisser la place à la présidente d’une association partenaire locale (P.M.G.) Patrimoine et Mémoire Gueugnonais évoquant un écrivain et un poilu liés à l’histoire locale de Gueugnon. Cette soirée a été un grand succès avec la présence de plus de cinquante personnes. Liliane Rehby Présidente de la section de Gueugnon

Massy (91) L’Assemblée générale de l’ARAC de Massy (Essonne) s’est tenue le 28 janvier en présence de près de 70 participants, dont les représentants de l’UNC, de la FNACA, du Comité pour le souvenir du général de Gaulle et du Comité d’entente. Une exposition rappelait le centenaire de l’ARAC et les activités de la section, notamment au plan de la mémoire. Une table de littérature était également présentée et M. Le Cygne, maire adjoint aux associations salua l’assemblée suite à l’intervention de André Fillère représentant l’ARAC départementale. La traditionnelle choucroute clôturera les travaux, à laquelle – malheureusement – notre camarade Christian Drouillat n’a pu participer – Victime d’un malaise cardiaque, il a dû être évacué par les pompiers vers l’hôpital, dont il sortit en fin de journée. Tous nos vœux de prompt rétablissement Christian !


VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Nord (59)

Tombola de Noël

Une initiative innovante autour du centenaire « du Feu »

Gagnants bon d’achat - 50 euros

Le 10 novembre 2016, la Ville de SaintAmand-les-Eaux a célébré le centenaire du Prix Goncourt du livre Le Feu d’Henri Barbusse. L’exposition réalisée par les historiens Isabelle Vahé et Jean Relinger « Henri Barbusse, Soldat de paix » pour l’ARAC et les Amis d’Henri Barbusse a été inaugurée à la Médiathèque des Encres en présence de Raphaël Vahé Président National de l’ARAC, Alain Bocquet, Député Maire de Saint-Amand-les-Eaux, de Fabien Roussel, conseiller délégué à la culture, de Michel Méresse, conseiller à la mémoire amandinoise, de Patrick Dufour conseiller, de Régis Van Gulk conseiller, de Mmes Amélie Dhesse-Carpentier, directrice adjointe de la Médiathèque et Manon Pontais. Les élèves ont travaillé sur la bataille de Verdun, sur les cartes postales que les soldats envoyaient à leur famille en y introduisant des messages de paix, les affiches de propagande, Louise de Bettignies mais aussi le rapprochement franco-allemand.

02 ROGER Guy Michel 02 POLONIO Gérard 03 BOUQUILLON Albert 06 ABDALLAH Jacques 06 POULIQUEN Alain 07 SABATON Jean 13 DUMONT André 13 YAGUE Yves 13 GRANON Christian 34 AZEMARD Raymond 38 BUTTIN Odette 42 REMY René 44 ALLARD Robert 44 LE LIEVRE S. 47 VIGO Pierre 47 CAPOT Louis 58 BLONDEAU Georges 58 DURIEU Michel 58 ROBERT Jacques 59 FRINGANS Cécile 63 CHAMBRIAS Alain 63 BUCHARLES Paul 69 DUCARRE Marcelle 71 HUMBERT Raymond 71 MARCELIN Pierre 72 VINCELOT Gérard 73 MANON René 73 JUPIN Gérard 76 LAJUS Philippe 77 MANAUT Roger 77 TRUCHON Robert 83 MORAND Henri 84 COLOMB René 84 AZZOUZ Mohamed 91 JEAN Philippe 91 PARDO Josette 91 JARDON Jean 93 LEROY Suzanne 93 VEMCLEFS Georges 93 COTTEVERTE Gérard 94 DUVAL Thierry 94 BENETTI Decius

Saône et Loire (71) Henri Beaujon : portedrapeau de la section locale de Gueugnon Lors de la commémoration du 11 novembre 2016 à Gueugnon, Henri Beaujon, porte-drapeau ARAC à la section de Gueugnon, a été récompensé. Après la lecture du message du 11 novembre de l’ARAC par la Présidente Liliane Rehby, Henri Beaujon a reçu le diplôme de l’ONAC, ainsi que son insigne des mains de Liliane Rehby, pour 40 ans de service à représenter l’ARAC lors des commémorations. Il était en présence de son épouse et tous deux ont été heureux de cette reconnaissance.

Les enfants étaient accompagnés de leurs enseignants et de M. Echevin, de M. Danjou, de Mme Pouillard, directeurs d’école. En fin d’après-midi, a été inaugurée rue Barbusse une installation artistique éphémère initiée par Mme Mourier, habitante de la rue, retraitée de l’Education Nationale à partir d’extraits choisis par les habitants de la rue et de la résidence Henri Barbusse. Imaginées et créées par les professeurs et les élèves de l’Ecole d’art de Saint-Amand-les-Eaux et l’atelier de Calligraphie de la Médiathèque, les œuvres étaient affichées dans la rue. Le temple protestant de la rue Barbusse en hommage à Barbusse accueillait un portrait de l’écrivain. Le pasteur Frederic Verspeeten a prononcé un discours mettant en valeur la dimension protestante de Barbusse. Mme Annick Dubois, présidente du Souvenir Français, M. Benoît Odelot, délégué départemental de l’ONAC, M. Eric Renaud étaient également présents. Cette après-midi mémorielle s’est terminée par une lecture musicale d’extraits du Feu choisis par les habitants, lus par le comédien Eric Paul, accompagné à l’accordéon par Mathilde Braure.

Manche (50) L’ordre national du mérite pour Michel Leroux Michel Leroux a combattu en Afrique du Nord. Il est ensuite entré à l’ARAC en 1972 et en sera le Président en 1975. Dix ans plus tard, il prend la tête de la section départementale. « Cet infatigable bénévole a donné des années de sa vie aux autres. Il ne s’est pas arrêté aux missions des anciens combattants mais s’investit également au comité des fêtes et au sein des jardins familiaux. Il est toujours partant pour donner un coup de main » souligne le Maire Bernard Cauvin.

219 275 47 353 204 866 79 088 147 632 197 941 164 657 166 533 178 632 171 535 196 014 185 388 72 999 72 936 138 540 103 782 144 824 130 595 141 477 50 045 136 447 125 953 2 973 141 012 124 191 32 674 199 265 202 038 41 492 74 005 33 251 100 644 3 222 182 110 37 669 37 525 113 407 150 963 156 797 92 454 34 805 134 549

LE RÉVEIL - N° 831 - FÉVRIER 2017 - 29


LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

Nos peines ■ ALLIER (03)

St-Germain-des-Fossés : André SEREZAT, combattant pour la Paix ■ ALPES MARITIMES (06)

Cagnes-sur-Mer : François BOUCHEX. Villefranche-sur-Mer : Marcel RIPOLL, AC ATM ■ ARDENNES (08)

Rimogne : Michel DAMPERON, AC ATM ■ BOUCHES-DU-RHONE (13)

Marseille Centre : Lucien CESARI, AC 39-45 Rousset : Marius COMTI, combattant pour la Paix Septèmes-les-Vallons : Michel DUVAL, AC ATM. St-Chamas : Marcel FABRE, AC 39-45 St-Marcel : Mme Caty CHATELET, combattante pour la Paix. Mme Louise COSTA, combattante pour la Paix. Velaux : Henri VARGAS, 76 ans, AC ATM.

■ CHER (18) Argent-sur-Sauldre : Guy CHEVILLARD, AC ATM ■ CORREZE (19) Favars : Claude MESTRE, AC ATM. Maurice PERRIER, AC ATM. René VERNAT. ■ DORDOGNE (24) St-Priest : Louis BOURDOU, AC 39-45 ■ DROME (26) Donzère : Jean ROUSSIER, AC Indochine et Algérie, Chevalier de l’ONM, Président de la section. ■ FINISTERE (29) Brest : Pierre MARTIN, 102 ans, AC 3945. ■ GARD (30) Alès : Ambroise ORAY, AC 39-45, président d’honneur de la section. HAUTE-GARONNE (31) Launaguet : Georges DENAT, 92 ans, Résistant FFI, AC 39-45. GIRONDE (33) Cauderan : Hubert JOUIN

Pessac : Christian ELIE, AC ATM. Manuel FONSECA. ■ LOIRE (42) St-Etienne : Roger DEFOURS, 77 ans, AC ATM, trésorier départemental. ■ LOIRET (45) Fleury-Saran : Jean-Pierre ESQUILLAN, 76 ans. ■ LOT-ET-GARONNE (47) Fourques-sur-Garonne : Mme Renée BLANC-TAILLEUR, veuve. Dominique MAZZARIOL ■ HAUTES-PYRENEES (65) Soues : Mme Paulette LARROUY Tarbes : Mme Magdeleine MOULINÉ Isolés : Jean PAULMIER ■ SAVOIE (73) Chambéry : Alphonse GONNET, AC 39-45 ■ HAUTS-DE-SEINE (92) Asnières : Guy LEDUC, AC ATM ■ CONSEIL NATIONAL Marseillan : Antoine TOMAS

Asnières (92) Un grand merci à Madame Monique Stieffatre qui a sauvé cette plaque d’un destin assez compromis. Il y a 23 ans, la maison d’Henri Barbusse fut dans une opération de réhabilitation démolie et la plaque se retrouva parmi les gravats. Le projet de Barbusse qu’il évoquera plus tard : « C’est par le livre et non par l’épée que l’humanité vaincra le mensonge, l’injustice et conquerra la Paix et la fraternité entre les peuples ». Après avoir combattu sur le front, il sera réformé. Il y a juste 100 ans Barbusse s’engagea dans un militantisme de Paix qui le conduira plus tard à parcourir le monde. « Ils lèvent leur face d’homme où germe enfin une volonté. Il faut tuer

30 - LE RÉVEIL - N° 831 - FÉVRIER 2017

la guerre. On est fait pour vivre mais pas pour crever comme ça. C’est nous la matière de la guerre. C’est nous qui formons les plaines de morts et les fleuves de sang ! Or les peuples, c’est rien et ça devrait être tout ! Tous les hommes devraient être égaux. » Désormais la voie d’Henri Barbusse était tracée. Tout le reste de sa vie devait être consacrée à la défense de la paix. Il se dirige ouvertement et chaque jour avec plus de netteté vers le peuple. Avec Paul Vaillant-Couturier, Henri Lefebvre, Georges Bruyère, Jean Duclos, il va regrouper les soldats, ses frères d’armes. Il fonde avec eux l’Association Républicaine des Anciens Combattants à la fin de 1917. Le nom et la notoriété de Barbusse sont déjà devenus universels. Il est appelé à défendre la cause de tous les révoltés et de toutes les victimes de l’oppression dans le monde. Il défend Sacco et Vanzetti. Il visite les noirs de Harlem. Il défend Dimitrov. Il donne son concours au Congrès des Femmes contre la guerre. Il s’élève contre la guerre du Maroc, etc. Ce que veut dire Barbusse, c’est que

la guerre est un suicide, non seulement des hommes mais aussi des nations et son appel est un défi lancé à la barbarie opportunément déclenchée par ceux, capitalistes et stratèges, qui méprisent l’humanité.

Une visite surprenante au Village Van Canh Visite de l’Ambassadeur américain au Vietnam à l’occasion de la fête des enfants. Ted Osius, 1er ambassadeur américain à visiter le village et à répondre à une invitation adressée entre autres par les amis du comité américain à l’ambassade à Hanoï. Jusqu’à présent, l’évocation de l’agent orange avait empêché une visite officielle.

L’ambassadeur Américain au village van canh.


VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Hérault (34)

Inscrite le 20 juin 2015 au Journal Officiel de la République, la Section A.R.A.C. de VIAS, une commune située entre BEZIERS et SETE, s’est réunie le 12 janvier à l’occasion de la fête des Rois. La période grippale a obligé certains de ses adhérents et sympathisants à ne pas être présents à cette assemblée qui regroupait, non seulement la grande majorité des habitués mais aussi de nouveaux adhérents et visiteurs venant d’autres sections. Le président Jean GAILLARD déplora que, pour des raisons de santé, le Président Départemental Maurice MORENO, invité, n’ait pu le rejoindre. Par contre, dans un registre plus agréable, la présence de diverses personnalités de l’A.R.A.C. venant d’autres communes du Département de l’Hérault fut considérablement appréciée et fortement saluée. En retour, Lucien, un camarade de la Section de COUNONTERRAL, invité, prit la parole pour applaudir à l’initiative méritoire de la toute nouvelle Section A.R.A.C. de VIAS qui

fêtera bientôt ses deux années d’existence alors que, cent années plus tôt, Henri BARBUSSE, s’adressant aux anciens Combattants, leur recommandait : « Soldats, continuez à être les soldats de la pensée et à veiller sur la République dont les principes sont, de tous côtés ou trop attaqués ou trop mal défendus ». La Mémoire. La « Mémoire », dont la page de couverture de la publication « Le Réveil du combattant » fait état et se réclame, glorifie, au même titre « l’amitié, la solidarité, l’antifascisme et la paix » ! La Mémoire est le fondement de l’Être disait Jean Paul SARTRE ! « Sans la mémoire, la conscience ne peut garder sa vitalité et s’enrichir. Sans la mémoire, le nouveau venu dans le monde s’ampute du moyen de développer sa capacité existentielle. Si le néophyte en est réduit à épeler le monde, il ne saura jamais l’interpréter. Non contente de connaître et d’analyser les faits historiques, la MEMOIRE autorise l’exploration de la condition humaine ». Une fin d’après-midi riche et profondément empreinte d’amitié, tous ont souhaité pouvoir se réunir, souvent, laissant entendre à l’instar de Louis PASTEUR que : « Nous ne saurions former des Esprits jeunes et avertis sans le recours aux livres anciens »

Mérignac (33)

10 novembre 2016 C’est l’appel de l’ARAC, de la L.D.H., de la Libre Pensée, de l’Union Pacifiste notamment et avec le concours de la Maison de Femmes de Bordeaux que la conférence-débat pour la réhabilitation des fusillés pour l’exemple a eu lieu devant un public nombreux. L’expo de l’ARAC sur 14/18 et l’expo des Femmes durant cette période, ont suscité un vif intérêt ainsi que Pierre ROY le conférencier. La pertinence des textes délivrés par la

Hommage à Georges Doussin (24-08-19395-11-2016) dans le journal du comité allemand du village (extraits) Georges Doussin fut un homme de la première heure pour le village de l’amitié au Vietnam. Il fut l’un des premiers interlocuteurs avec George Mizo et Rosemarie HöhnMizo quand il était question de soutenir l’idée du village de l’amitié. il prit en tant que président de l’ARAC également la présidence du comité français de soutien au village de l’amitié. En 2001, il reçut en même temps que le directeur du village le prix des droits de l’homme de la république française. Cette haute distinction lui fut remise par le premier ministre de l’époque, Lionel Jospin. Georges Doussin fut pendant de longues années vice-président et en 2004, il reçut lors du congrès de l’organisation internationale d’anciens combattants (World Veterans Federation) à Johannesburg le « prix réhabilitation » qui distinguait le village de l’amitié. Georges Doussin resta jusqu’au bout très lié au village de l’amitié et à ses habitants. Les habitants du village de l’amitié au Vietnam, tous les groupes qui le soutiennent de par le monde et nous-mêmes dans l’association allemande conserverons et honorerons à jamais sa mémoire. Rosemarie Mizo - novembre 2016

Maison des Femmes, d’une actualité frappante furent aussi un grand moment pour la Paix. La réalité des causes de la Guerre et de leurs conséquences apparurent ainsi, plus clairement, et dans toute leur cruauté. Et, le débat a permis de faire les parallèles nécessaires, en situation d’aujourd’hui, de l’évolution de monde, des guerres actuelles et des volontés de domination des puissances de l’argent. LE RÉVEIL - N° 831 - FÉVRIER 2017 - 31


Puy de Dôme (63)

Décès d’André Charrier membre du Bureau National président de l’arac Puy-de-Dôme, Président de la section d’Aubière

Plus de 250 personnes étaient présentes aux obsèques d’André CHARRIER – Médaille militaire, médaille du mérite, ancien combattant d’A.F.N., Président Départemental de l’ARAC, membre du Bureau National, Président de la section ARAC d’Aubière. Parmi les nombreuses personnalités : Monsieur Alain Nery (Sénateur du Puy-de-Dôme), Monsieur Patrick Staat (Secrétaire Général de l’ARAC), le président de l’UDAC. Monsieur André Chassaigne (député du Puy-de-Dôme) était excusé. Hommage rendu par Patrick STAAT – Secrétaire Général de l’ARAC – lors des obsèques d’André CHARRIER (extraits)… André est né en 1936 au moment du Front Populaire. C’est à son retour de la guerre d’Algérie qu’il rejoint l’ARAC en 1962… André, président départemental et dirigeant na-

tional, a consacré sa vie de militant à la défense des idéaux de l’ARAC, à la défense des droits des anciens combattants, des valeurs de la République… …Issu d’une famille engagée, ayant payé un lourd tribut au combat pour la liberté, la souveraineté de la France …. André n’a jamais oublié ses origines, ses racines politiques dans l’action qu’il a mené sa vie durant à l’ARAC. Combat syndical comme secrétaire général de la métallurgie du Puy-deDôme jusqu’en 1975. Combat politique sur les valeurs qui ont été les siennes dans ses engagements de jeunesse. ….L’ARAC de 2017 fait comme en 1917 du « guerre à la guerre », selon le cri de Barbusse, son combat contre les causes des guerres, sa principale raison d’être. … Au nom de notre organisation, de notre Président Raphaël Vahé, de notre direction nationale, au nom de notre mutuelle et de son président André Fillère, nous continuerons à construire le rassemblement nécessaire pour une société où la liberté, l’égalité, la fraternité sortiront du fronton des mairies pour rentrer réellement dans notre vie. … Merci André pour ton travail

acharné, merci à Nicole ton épouse, à la famille de t’avoir accompagné dans ce labeur quotidien. André CHASSAIGNE – député du Puy-de-Dôme – nous a transmis un message (extraits) « J’aurais voulu rappeler ce qu’a représenté l’ARAC dans ma formation politique. Mon père – ancien résistant – en était l’animateur à Aubière au côté d’André CHARRIER. Nous habitions le même quartier. Ils étaient tous deux de fortes personnalités et j’ai le souvenir d’échanges vifs. Plus que jamais nous aurons besoin de l’ARAC pour rassembler les anciens combattants de toutes les guerres et des opérations militaires qui se banalisent aujourd’hui. L’implication des descendants est aussi indispensable et nécessaire. Cette priorité est de notre responsabilité respective… »

C. Soullier, président Arac Issoire, A Charrier Président Departemental, L. Jouvion secretaire, C. Salaville trésorière.

Hommage à un ancien de l’ARAC de Côte d’Or

Antoine Cirillo qui nous a quittés à l’âge de 101 ans Raphaël Vahé président National de l’ARAC accompagné de Liliane Rehby Secrétaire nationale lui avait remis l’ORMCM le 8 janvier 2015, entouré par la population de son village et de nombreux élus, pour son brillant parcours dévoué aux autres la Légion d’Honneur qu’il espérait tant tardant à venir. Antoine, né le 10 novembre 1915 près de Naples a fui avec sa famille le fascisme de Mussolini à l’âge de 12 ans

pour arriver à Dijon en 1927. Il est français à l’âge de 16 ans, démobilisé en juin 1940, il devient résistant actif et en novembre 1942 refuse le STO et passe dans la clandestinité. Début 1943 il est arrêté chez ses parents et après avoir été jugé il prend la direction de l’Allemagne. Après une tentative d’évasion ratée il rentre en France en octobre 1943, contacte la résistance. Premier janvier 1944, il fait partie des FFI de Côte d’Or.

En Juin des FTPF. Avec Pierrot il crée le maquis Koening (150 hommes). Il participe à la libération de Dijon, participe au premier Conseil municipal de Dijon libéré, reconduit régulièrement. Il épouse Marinette Parizot aura deux enfants. En 1973 il se retire à Savigny le Sec où il exercera deux mandats municipaux consécutifs. Titulaire d’une douzaine de décorations Syndicaliste et Communiste convaincus toute sa vie a été consacrée ce en quoi il a cru : lutte pour la Paix et le Progrès social.


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