Le réveil des combattants - Janvier/Février 2011

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Tunisie, Egypte, Yemen, le soutien de l’arac

Mai - Juin 68 des luttes pour nos droits

le réveil Janvier-Février 2011 - N°768-769 - 5 e

la fédération mondiale des ac pour la paix

des combattants

Pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix

L’aspiration des peuples à la démocratie et au bonheur

est légitime

Le journal des droits de tous les anciens combattants et victimes de guerre


LE RÉVEIL actualité

Rendez-vous mémoire

Calendrier de l’arac 2011 • 8 février Commémoration du massacre de Charonne le 8 févtier 1962 • 20 février Cérémonie en hommage aux victimes du « Groupe Manouchian » • 21 février Ravivage de la Flamme de l’ARAC à l’Arc de Triomphe avec « Ceux de Verdun » • 15 mars Assemblée du CNR : son programme est adopté le 15 mars 1944 • 19 mars Cérémonies commémoratives du cessez-le-feu de la guerre en Algérie du 19 mars1962 • 2 avril Ravivage annuel de la Flamme de l’ARAC à l’Arc de Triomphe • 21 avril Putsch des généraux fascistes et réaction du contingent en Algérie et du peuple de France pour sauver la République, le 21 avril 1961

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• 24 avril Journée de commémoration de la déportation • 8 Mai 1945 Commémoration de la reddition sans condition de l’armée allemande, le 8 mai 1945 • 14 mai - Rassemblement national de l’ARAC à Tergnier (Aisne) - Ravivage de la Flamme par l’UFAC à 17h45 • 27 mai 1re réunion du CNR dans Paris occupé, le 27 mai 1943 • 4 juin Cérémonie du Mont-Valérien • 18 juin 1940 - Commémoration de l’Appel du général de Gaulle durant laquelle il est nécessaire de rappeler les appels de Charles Tillon, de l’amiral Muselier, de Maurice Thorez et Jacques Duclos, d’Edmond Michelet - Hommage à Henri Barbusse à Aumont (Oise) • 14 juillet Commémoration de la Révolution française - Fête nationale

• 20 juillet Commémoration de la fin de la guerre d’Indochine, des accords de Genève • 25 août Commémoration de la Libération de Paris le 25 août 1944 • 27 août Hommage aux fusillés de la cascade du bois de Boulogne • 5 et 6 octobre Assises de l’UFAC à Paris • 17 octobre Hommage aux victimes algériennes assassinées au cours d’une manifestation • 23 octobre 70e anniversaire du massacre des martyrs de Châteaubriant • 11 novembre Cérémonie Armistice de la guerre 1914-1918


ÉDITO LE RÉVEIL

La révolte des peuples

SOMMAIRE Actualités p. 4 Logement : un droit constitutionnel.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 19 Mars : l’appel de l’ARAC.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 Santé, protection sociale : la destruction.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 Un musée de la Résistance dans le Cher. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 Rassemblement national de l’ARAC à Tergnier.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 Boycott des produits israéliens. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 Défendre la Nation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 International p. 12 États-Unis : les élections de mi-mandat.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 UE : montée de l’extrême droite à l’Est.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14 Mémoire p. 33 Marguerite de Navarre et la guerre d’Algérie.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 Vos droits p.34 ONAC : une nouvelle chargée de mission.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 A quand un secrétariat d’État aux AC.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35 La Carte du combattant .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35 Vie de l’ARAC p. 36 Vie des comités.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 Tirage de la tombola du Réveil.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40 Magazine p. 41

P. 17 D ossier Mai-juin 1968 D’hier à aujourd’hui, des luttes pour nos droits

La Fédération mondiale des anciens combattants pour la paix La 7e conférence internationale à Paris en novembre 2010 Couverture : d’après un dessin de Tardi

LE RÉVEIL DES COMBATTANTS Fondé en 1931 par Henri-Barbusse Mensuel de l’Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre. Commission paritaire n° 0713-A 06545 Édité par les Éditions du Réveil des Combattants SARL au capital de 45 734,41 - Siret : 572 052 991 000 39 2, place du Méridien, 94807 Villejuif cedex Téléphone : 01 42 11 11 12 Télécopie : 01 42 11 11 10 reveil-des-combattants@wanadoo.fr Gérant-directeur de la publication : Raphaël

VAHÉ • Directeur délégué : Patrick STAAT • Rédacteur en chef : Raphaël VAHÉ • Directeur promotion et publicité : Claude Delevacq • Secrétariat de rédaction, conception graphique : Escalier D Communication • Impression : RIVET P.E. - 24 rue Claude-Henri-Gorceix, 87022 Limoges cedex 9 Tirage : 60 000 exemplaires Ce numéro du Réveil a été tiré le mercredi 16 février et remis le jour même à la Poste. Il devrait donc parvenir à chaque abonné le 19 février au plus tard. Merci de nous faire part de vos observations.

est légitime

Q

uoi de plus normal, de plus juste que les peuples se soulèvent, crient leur colère, leur indignation devant les injustices, la misère, le manque tout simplement de perspectives pour vivre aujourd’hui et demain. Que ce soit la Tunisie, l’Égypte ou tout autre pays du Maghreb ou du Proche-Orient, rappelons-nous que ce sont tous d’anciens pays coloniaux français ou anglais qui dans les années 1950/1960 se sont levés pour gagner leur indépendance. Il est légitime que ces pays aspirent à se libérer des profiteurs qui les dirigent souvent sous une poigne de fer, au détriment de la démocratie. Pas un pays n’échappe à ce combat, à ces aspirations. C’est à ces peuples maintenant de reconstruire leurs instances, le visage qu’aura leurs sociétés de demain, de s’attaquer à la pauvreté, aux inégalités. C’est une nouvelle étape pleine de promesses, mais un dur combat les attend qui porte beaucoup d’espoir. Je ne peux m’empêcher de faire un lien avec la France, où tous les acquis de Conseil national de la Résistance sont bafoués, où la misère, les inégalités sont de plus en plus grandes. Le sentiment de ne pas être entendu, écouté, grandit. Et alors que de grandes manifestations ont marqué le dernier trimestre 2010 sur les retraites, le gouvernement est resté sourd. Pire encore, il s’attaque aujourd’hui à la santé, aux services publics. Quand la moyenne des salaires mensuels en France est de 1 500 euros, soit 18 000 euros annuels, le patron de chez Renault, lui, touche une rémunération annuelle de 9,5 millions d’euros, que les ministres et le Président souillent la République par leurs liens avec les financiers, les dictateurs, on peut penser parfois ne pas être loin des républiques bananières. Nous avons donc besoin, en France et dans le monde, de faire vivre par nos combats, nos engagements, les valeurs républicaines de l’ARAC que sont, entre autres, la défense des services publics, de la protection sociale, de tous les acquis fruits de deux siècles de luttes dans notre pays, dont la défense imprescriptible du droit à réparation des ACVG. Voilà pourquoi nous sommes solidaires de tous ceux qui se battent pour se libérer et accéder à une vraie démocratie. Patrick Staat janvier-février  2011 - N°768-769 - LE RÉVEIL

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Le droit au logement Un droit constitutionnel Le droit au logement est un droit universel reconnu par les traités internationaux et dans notre Constitution. Ainsi le droit au logement est codifié comme droit humain dans la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, où il est stipulé que : « Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les service sociaux nécessaires ; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d’invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté » (article 25). Le droit au logement est donc un droit fondamental. La mise en œuvre de ce droit rencontre nombre de difficultés d’application et ce, alors même que la grave crise économique et sociale que traverse notre pays le rend plus que jamais essentiel pour les citoyens victimes de la crise du logement. L’insuffisance de logements sociaux accessibles constitue, à ce titre, un obstacle majeur. Le 16e rapport de la Fondation Abbé Pierre (1er février 2011) dresse un état des lieux bien sombre, appelant chacun à s’interroger sur les limites des politiques du logement conduites actuellement. Selon ce rapport, plus de 10 millions de personnes sont touchées de près ou de loin par la crise du logement. Parmi les 685 000 personnes privées de domicile personnel, 133 000 sont considérées comme sans domicile, 38 000 vivent dans des chambres d’hôtel et 85 000 dans des habitations 4-

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de fortune : cabane, construction provisoire, personnes vivant à l’année dans un camping ou un mobil home. En hausse constante, le nombre de locataires en situation d’impayés représente 494 800 ménages, soit 1,2 million de personnes. On compte également plus de 500 000 propriétaires ou accédants en difficulté de paiement… Le déficit global de logements manquants se chiffre à 900 000. Il faudrait construire 500 000 logements par an pendant plusieurs années pour combler le retard. Mais le nombre de mises en chantier ne cesse de diminuer depuis 2007. Dans ces conditions, la crise s’aggrave, les services d’hébergement d’urgence sont « sous pression », les plus démunis s’enfoncent un peu plus. Avec la crise économique, des milliers de ménages jusqu’à présent épargnés sont désormais eux aussi confrontés à des difficultés pour se loger décemment.

Sur la photo : Jean-Jacques Porcheron, maireadjoint de Créteil, Dominique Adeno, Président de l’ANECR, Patrick Staat, Président OPH Villejuif, Odette Terrade, sénatrice, Stéphane Peu, élu de Plaine commune (93), en délégation chez Benoist Apparu, secrétaire d’État chargé du Logement, pour défendre le logement social.

Comme pour l’ensemble des coups portés aux acquis sociaux, aux services publics, en matière de logement le gouvernement réduit l’investissement et la dépense publique. Tout comme pour les retraites, il s’agit d’une part de drainer la richesse disponible vers les marchés financiers et, d’autre part, de pousser en avant toutes les mesures qui conduiront les familles à devenir propriétaires, c’est-à-dire dépendantes des banques. La politique d’une « France de propriétaires » défendue par Nicolas Sarkozy peut être un piège pour les ménages modestes quand l’endettement est trop


ACTUALITÉS LE RÉVEIL

49e anniversaire

du 19 Mars 1962 Appel de l’ARAC important. « Pour les ménages qui ne peuvent finalement pas bénéficier d’un apport important, l’emprunt est un impératif qui entraîne un effort long et parfois douloureux en termes de sacrifices, notamment sur d’autres postes de dépenses » note le rapport de la Fondation Abbé Pierre. Le moindre « accident de la vie » peut faire passer l’accession à la propriété de « statut qui protège » au « rêve qui piège », avec en bout de chaîne une situation de surendettement. Il est donc urgent d’imposer une autre politique du logement. Il faut dès maintenant réorienter les finances publiques en vue de la construction de logements accessibles à tous au lieu de favoriser le logement privé spéculatif. Il faut créer un grand service public du logement pour mettre en œuvre une réelle sécurité sociale du logement correspondant aux besoins des familles et à leurs moyens de contribution. Brigitte Canévêt

Nous informons les comités locaux et départementaux que les plaques funéraires sont arrivées au siège et donc disponibles à la commande au tarif de 35 euros, plus frais de port.

Il y a 49 ans, le 19 mars 1962, la guerre d’Algérie qui coûta la mort de près de 30 000 militaires et civils français et de 800 000 Algériens prenait fin, suite aux accords d’Evian signé le 18 mars 1962 entre le gouvernement français et le gouvernement provisoire de la République algérienne. Moment historique, victoire de la paix dont nous demandons avec persévérance la commémoration officielle. Rendons hommage à toutes ces victimes françaises et algériennes d’une guerre qui aurait pu être évitée si le gouvernement français ne s’était pas obstiné, malgré la leçon de la guerre d’Indochine, à refuser de prendre conscience du grand vent de libération nationale soufflant sur les pays des ex-colonies françaises et avait compris à temps que l’ère du colonialisme était terminée. Tous en notre mémoire, citoyens français et algériens, nous gardons l’empreinte de cette guerre qui nourrit notre volonté de paix et de solidarité avec tous les peuples du monde, nos luttes pour la défense et l’extension des droits des anciens combattants et victimes de guerre, notre engagement pour les valeurs de notre République et pour la démocratie. C’est avec cette même volonté qu’il faut rappeler l’échec du putsch des généraux factieux en Algérie du 21 avril 1961, tentative fascisante de renverser la République voulant faire obstacle à l’appel du général de Gaulle à engager le processus de paix que souhaitait la majorité des Français, appuyée par la grève générale des travailleurs. C’est à la suite de cet échec que les généraux félons en fuite et réfugiés en Espagne, auprès du dictateur fasciste Franco, créaient l’OAS, organisation terroriste et criminelle. Aussi, rendons hommage aux appelés du contingent, aux officiers et sous-officiers républicains qui ont refusé de suivre les généraux putschistes. Fidèles à leur mémoire, aujourd’hui, nous nous opposons de manière résolue à la réhabilitation de tous ceux qui, par la violence et le crime, ont tenté d’empêcher le retour à la paix et la fin du colonialisme, ont attenté aux jours du Président de la République et tentent encore de resurgir. Et nous condamnons l’existence des stèles et des monuments élevés en leur honneur, y compris la pause de la plaque apposée au mémorial du Quai Branly. Enfin, nous appelons les élus de la Nation et la population à exprimer, dans l’union la plus large, leur volonté de paix et de solidarité entre tous les peuples du monde, y compris le peuple algérien.

Le Conseil national de l’ARAC Créteil, le 6 février 2011 janvier-février  2011 - N°768-769 - LE RÉVEIL

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LE RÉVEIL actualités

Santé, protection sociale

Le gouvernement en organise la destruction Il faut tout faire pour réduire le déficit public et le secteur de la santé doit aussi faire un effort pour aller dans ce sens. C’est l’exigence de François Fillon à l’occasion du discours de politique général devant l’Assemblée nationale le 24 novembre 2010. Lorsque Sarkozy, par la voie de Fillon, parle de déficit public, il faut entendre évidemment tout ce qui échappe aux profits capitalistes. En particulier, tout ce qui touche aux questions de santé, de vie de nos concitoyens comme on l’a vu avec les retraites. Cela va de l’assistance publique, l’hôpital public, la Sécurité sociale et les différentes caisses qui la composent, à la dépendance des personnes âgées et à l’APAH. Tous ces secteurs fondamentaux et essentiels à la fin de vie devront se serrer la ceinture, passer à la caisse, restreindre leur activité au minimum et faire en sorte de travailler à faciliter la mainmise des assurances et des banques privées sur ces dites activités. En fait, la seule perspective que la droite, les sociaux-libéraux, voire les sociauxdémocrates, promettent à ce secteur crucial, c’est de devenir une formidable source de profits pour les banques, les assurances privés et les grands patrons de l’industrie pharmaceutique. Quelques exemples montrent la perspicacité de cette analyse.

Quelques exemples Sur les médicaments, ce sont les laboratoires qui décident de la pertinence de leur mise sur le marché. A charge aux ministres d’appliquer les décisions de ces laboratoires. Le laboratoire Cervier et le Médiator imposé aux malades par Xavier Bertrand : 2000 morts ! Le vaccin H1N1, dont Roselyne Bachelot impose l’achat à la Sécurité sociale de plus de 6-

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cent millions de doses, pour finalement en utiliser quelques centaines de milliers. Le laboratoire qui a conçu ce vaccin empochera près d’un milliard d’euros au détriment de la Sécurité sociale. A l’hôpital public, ce sont des milliers de lits qui sont supprimés. Dans le même temps, le privé par le biais de cliniques ou carrément au cœur des structures hospitalières publiques crée les conditions de transformer ce secteur en marchandise, en tire de substantiels profits et institutionnalise en même temps une médecine pour les riches et une pour les pauvres. Ce sont ainsi de juteux profits réalisés sur le dos de l’hôpital public. Il en est aussi ainsi de l’APAH et de la dépendance. C’est sûr, nous allons devoir encore payer plus sous le prétexte de solidarité ! Et encore payer plus parce que les structures publiques sont de moins en moins adéquates pour accueillir nos anciens. L’aide à la dépendance, en fait pour que nos anciens restent à leur domicile n’est pas prise en compte par l’État. Celui-ci refuse d’assurer sa mission et laisse l’essentiel de cet espace vierge de son intervention avec la volonté affirmée que ce secteur tombe entre les griffes des assurances privées.

Il en est de même de la Sécurité sociale dont nous avons largement parlé dans le numéro précédent. Il faut mettre un coup d’arrêt sérieux à cette volonté dangereuse de casse de notre protection sociale dans son ensemble. Il y a nécessité urgente que chacun prenne bien conscience du risque majeur que représentent les coups portés à cet ensemble que sont l’hôpital public, la Sécurité sociale, l’aide à la dépendance. C’est de notre vie qu’il s’agit. La santé, nous n’en avons qu’une ! Elle vaut mieux que les profits et les intérêts étroits des patrons et de tous les vautours qui n’existent, au fond, que pour nous saigner. Cette bataille de la santé et de la protection sociale, comme pour les retraites et la Sécurité sociale, nous y serons. Les militants et comités de l’ARAC prendront leurs parts pour faire échec à ces projets. Héritier du CNR et de ses mesures sociales, nous aurons à cœur de nous engager pour que ces valeurs de solidarité, d’égalité, de fraternité ne soient pas détruites. Nous serons de toutes les actions. Hervé Corzani


ACTUALITÉS LE RÉVEIL

Ouverture d’un musée de la Résistance et de la Déportation dans le Cher Depuis 1994, deux musées de la Résistance et de la Déportation préexistaient dans le Cher. Le premier, un des sites de la fédération Musée de la Résistance nationale, était implanté à Bourges. Le second, municipal, avait vu le jour à Fussy, village de 2 000 habitants. L’un et l’autre ont pu rassembler, préserver et présenter de très riches collections sur des surfaces restreintes et avec des moyens modestes, mais leur pérennité n’était désormais plus assurée. C’est ce constat qui a poussé Maurice Renaudat, secrétaire de l’Association des amis de la Résistance et de la Déportation de Bourges et du Cher à proposer au président du Conseil général et ancien maire de Fussy, le regroupement des deux structures en vue de la réalisation d’un unique musée départemental. Le choix de l’emplacement s’est porté sur le site des Archives départementales et il a été inauguré le 18 octobre 2010. Doté d’une salle d’exposition permanente de 366 m2 bénéficiant des techniques muséographiques les plus modernes, d’une salle d’exposition temporaire de 155 m2, d’une salle éducative et d’un cen-

tre de ressources sur la Seconde Guerre mondiale, ce musée a pour objectif de préserver et valoriser les collections et de participer au « travail de mémoire » pour les générations futures, dans un département marqué très tôt par la Résistance en raison de la présence de la ligne de démarcation. En effet, conséquence directe de l’armistice, le Cher s’est trouvé coupé en deux par cette véritable frontière. Alors que les autorités allemandes n’acceptaient qu’avec la plus grande parcimonie l’attribution d’Ausweis (laissez-passer), des milliers de réfugiés, de prisonniers de guerre évadés, d’aviateurs alliés

abattus et de juifs persécutés n’avaient d’autre recours que le franchissement clandestin de la ligne. Ils n’y sont le plus souvent parvenus qu’avec la complicité de gens courageux, les passeurs, qui les ont aidés au péril de leur vie. On en dénombre quelque 400 dans le département, parmi lesquels Raymond Toupet qui fera franchir le Cher à environ 2 000 clandestins et sera abattu dans sa barque par les Allemands le 6 février 1942. Coulée le jour, renflouée la nuit, elle est d’ailleurs évoquée concrètement par l’exposition d’un bateau de ce type.

Un parcours original Le parcours est original qui, le billet (gratuit) délivré, vous amène, suivant une ligne matérialisée au sol, à franchir physiquement et sonorement un poste officiel de passage symbolique, puis au passage clandestin de la ligne de démarcation et enfin à la libération. Chaque vitrine d’exposition est assortie de téléphones permettant soit le commentaire de son contenu, soit d’entenjanvier-février  2011 - N°768-769 - LE RÉVEIL

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LE RÉVEIL actualité

dre le témoignage vocal de personnages ayant vécu l’événement. Cette formule originale est fort enrichissante dans sa spécificité. C’est que le département fut riche en résistance. En raison du partage du territoire, les mouvements de Résistance de la zone occupée se sont constitués indépendamment de ceux de la zone dite libre. En zone dite libre, « Libésud » fut solidement structurée. Le mouvement « Combat » implanté à Saint-Amand participera à la première libération de la capitale du Boischaut le 6 juin 1944 avant de poursuivre la lutte dans la Creuse au sein de la compagnie Surcouf. A l’initiative du Parti communiste clandestin fut créé le Front national de lutte pour la liberté et l’indépendance de la France et des groupes OS (Organisation spéciale) mis en place dès l’automne

1941. Les Francs-Tireurs et Partisans (FTP) qui en furent issus constituèrent très tôt des maquis en forêt d’Allogny, à Thauvenay et près de Dun. Ils firent partie des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) à la mi-août 1944, ainsi que l’Organisation de la Résistance de l’Armée (ORA), sans oublier les réseaux de renseignement (Fregate-Goelette, Hunter-Lyon, AJAJ…) et les réseaux d’opérations aériennes, comme le souligne Alain Rafesthain, président du conseil général.

Un musée des temps présents Pour Maurice Renaudat : « Ce Musée est, certes, un lieu de mémoire rappelant l’opposition qui, dès 1940, s’est manifestée dans le Cher contre l’occupant et le régime de Vichy, et tout au long des quatre années, avec les sacrifices que cela a entraînés. Mais il est également un lieu d’Histoire,

rappelant que la Résistance c’était aussi la défense des valeurs républicaines. La liberté, la démocratie, la justice, la fraternité constituent le fil conducteur du programme du Conseil national de la Résistance et les principes rappelés ci-dessus sont toujours valables. Les idéologies fasciste et nazie qui ont mis l’Europe à feu et à sang ont encore des adeptes sur notre vieux continent ; et il est nécessaire que les générations actuelles et à venir sachent de quoi est capable le fascisme quand il a le pouvoir. Il est nécessaire de savoir à quoi ont abouti l’acceptation des atteintes aux libertés, car (…) un peuple qui oublie son passé est condamné à le revivre. »

Entrée gratuite du lundi au vendredi : 8h30 / 12h30 - 13h30 / 17h30

Rassemblement national de l’ARAC Samedi 14 mai 2011- Tergnier (Aisne) Des jeunes, indignés, entrés en Résistance… Parmi les évocations que permettra le Rassemblement national de Tergnier, il faut d’abord noter l’acte de résistance particulièrement courageux des élèves, professeurs, proviseurs-adjoints et proviseur du lycée Gay-Lussac à Chauny, ville voisine du grand Tergnier située à 6 km de cette localité. Lorsque les forces d’occupation et le gouvernement de Pétain décidèrent d’exiger que toutes les personnes (hommes, femmes, enfants) d’origine juive portent des étoiles jaunes, les grands élèves, les professeurs et les membres de la direction prirent la décision de faire porter à chaque élève une étoile de couleur différente selon le niveau de sa classe : 6e, 5e, 4e, 3e, seconde, première, terminale. Cette initiative n’a pas été du goût des officiers nazis et du gouvernement de la collaboration. Et les officiers nazis 8-

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ont alors rendu une visite impromptue au lycée qui ne présageait rien de bon. L’officier supérieur a demandé que les élèves d’origine juive sortent des rangs. Le proviseur s’y opposa. L’officier alors exigea les livres d’inscription et choisit plusieurs élèves à partir des noms qui laissaient penser à des origines juives. Il les arrêta. Ils furent rapidement déportés à Auschwitz et ils n’en sont pas revenus. D’autres actions ont marqué la Résistance populaire dans cette région du sud de l’Aisne, notamment celle des cheminots. Nous aurons l’occasion de les évoquer lors de la prochaine édition du Réveil. Ces informations sont de nature à éveiller la curiosité dans l’opinion et il ne faut pas manquer de les diffuser pour s’assurer une bonne participation au Rassemblement. Sans oublier de

retenir à temps car et restaurant pour le transport et les repas. L’office de tourisme départemental de l’Aisne est à même de fournir toutes les informations nécessaires sur la restauration de qualité et les visites des sites historiques divers et nombreux dans la région. Nota : Le Rassemblement national de l’ARAC a lieu cette année plus tôt, le même jour que le ravivage de la Flamme sur la tombe du soldat inconnu à l’Étoile, par l’UFAC. Bien évidemment, l’ARAC a pris les dispositions d’organisation pour assurer les deux cérémonies et la présence du maximum de ses drapeaux. Pour toute question, n’hésitez pas à vous adresser au Secrétariat national de l’ARAC : Tél. 01 42 11 11 11


vos droits LE RÉVEIL

Centres d’expertises médicales et Commissions de réforme (CEM/CR) La Révision générale des politiques publiques (RGPP) a entraîné la disparition de la Direction des statuts des pensions et de la réinsertion sociale (DSPRS) et de ses services déconcentrés. Les missions de cette direction ont été transférées, au plan des pensions militaires d’invalidité (PMI), à la Direction des ressources humaines du ministère de la Défense (Sous-Direction des pensions), laquelle SDP a décidé de la mise en place d’organismes extérieurs : Centres d’expertises médicales et Commissions de réforme (CEM/CR). • Ces centres ont deux missions : - organiser le ou les expertises médicales requises pour l’instruction de la demande de pension PMI, les médecins des CEM/CR émettant leur avis sur le diagnostic et le taux d’invalidité, - organiser la Commission de réforme, quand le demandeur le souhaite. • Comment sont organisés ces CEM/CR ? Ils sont composés d’un médecin, de 3 à 5 agents, et couvrent de 2 à 16 départements. • Où sont-ils localisés ? A Lille, Lyon, Marseille, Ajaccio, Toulouse, Bordeaux, Tours, Rennes, Metz et Paris, pour la métropole, et à La Rochelle pour les DOM, les COM et les ressortissants à l’étranger. C’est le lieu de résidence du demandeur qui détermine le CEM/CR territorialement compétent. Nos lecteurs trouveront ci-après les coordonnées de ces centres : • Tours Départements : 18-23-28-36-37-41-4549-72-79-85-86-87 - 53, rue Lavoisier BP 83313 - 37033 Tours Cedex Tel. 02 47 20 07 93 - Fax. 02 47 20 90 56 cemer.tours@orange.fr

• Toulouse Départements : 9-11-12-15-30-31-32-3448-46-65-66-81-82 - 10 rue Roquemaurel - BP 63117 31000 Toulouse Tel. 05 62 21 44 57 - Fax. 05 62 21 04 36

• Paris Départements : 27-75-89-77-78-91-9293-94-95 - 295/303 rue Saint-Jacques - 75005 Paris Tel. 01 44 41 38 76 - Fax. 01 44 41 38 17

• Rennes Départements : 14-22-29-35-44-50-5356-61 - Cité administrative Bd de la Liberté - CS 14 404 35044 Rennes cedex (adresse temporaire) Tel. 02 99 78 49.90 - Fax. 02 99 78 49 85

• Metz Départements : 25-52-54-55-57-67-6870-88-90 - Rue du Chanoine-Collin - BP 51055 57036 Metz -cedex (adresse temporaire) Tel. 03 87 34 77 76 - Fax. 03 87 34 79 24

• Bordeaux Départements : 16-17-19-24-33-40-4764 - Cité administrative - Rue Jules-Ferry BP 80 - 33090 Bordeaux cedex (adresse temporaire) Tel. 05 56 24 83 54 - Fax. 05 56 24 85 73

• Lyon Départements : 01-03-05-07-21-26-3839-42-43-58-63-69-71-73-74

- 53/55 rue de Crequi - BP 6057 69412 Lyon cedex 06 (adresse temporaire) Tel. 04 78 93 93 54, poste 319 Fax. 04 78 89 32 48

• Lille Départements : 02-08-10-51-59-60-6276-80 - Cité administrative - Rue de Tournai 59045 Lille cedex (adresse temporaire) Tel. 03 20 62 12.43 - Fax. 03 20 62 12 30

• Ajaccio (à partir du 1er novembre 2011) Départements : 2A-2B - 18 avenue du Colonel-Colonna-d’Ornano - 21181 Ajaccio cedex 1 Tel. 04 95 21 42 81 - Fax. 04 95 51 06 67 D’ici novembre 2011, les ressortissants continueront de s’adresser à leur Direction interdépartementale des ACVG habituelle.

• Marseille (à partir du 1er novembre 2011) Départements : 04-06-13-83-84 - 12/16 avenue Jules-Cantini 13006 Marseille Tel. 04 91 37 19 54. Fax. 04 91 37 20 18 D’ici novembre 2011, les ressortissants continueront de s’adresser à leur Direction Interdépartementale des ACVG habituelle.

• La Rochelle DOM-COM-Étranger - 5 place de Verdun 17016 La Rochelle cedex 1 Tel. 05 46 50 22 92 - Fax. 05 46 68 08 91

Soins médicaux gratuits et appareillage des pensionnés L’arrêté du 2 novembre 2010 a décidé du transfert des compétences des services déconcentrés de l’ex-DSPRS vers le ministère de la Défense. Cet arrêté stipule que les activités des directions des services interdépartementaux des ACVG en matière de soins médicaux gratuits et d’appareillage des pensionnés sont transférées à la direction des ressources humaines du ministère de la Défense et qu’elles seront traitées par la Caisse nationale militaire de

Sécurité sociale. Il en est de même du service chargé des ressortissants résidant à l’étranger, qui passe à la DRH/ Défense/Caisse nationale militaire de Sécurité sociale (CBMSS/DSMG). Ces dispositions sont entrées en vigueur le 31 décembre 2010 et la CNMSS est à contacter au : 247 avenue Jacques-Cartier 83050 Toulon cedex 9 Tel. 04 94 16 96 20 www.cmmss.fr AOÛT-SEPTEMBRE  2010 - N°764 - LE RÉVEIL

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LE RÉVEIL actualité

Carte du combattant Boycott des produits israéliens Suppression de l’obligation de nationalité française pour l’attribution de la Carte du combattant aux supplétifs de la guerre d’Algérie. Le Conseil constitutionnel, saisi le 7 juin de cette question, a statué, par décision n° 2010-18 QPC du 23 juillet 2010, et déclaré par son article 1, que « Dans le 3e alinéa de l’article L253 bis du code des pensions militaires d’invalidité et des victimes de la guerre, les mots « possédant la nationalité française à la date de la présentation de leur demande ou domiciliés en France à la même date » sont déclarés contraire à la Constitution. » Il ressort de cette décision que les supplétifs officiellement reconnus avoir servi durant la guerre d’Algérie et les combats en Tunisie et au Maroc (19521962) ont désormais droit à la Carte du combattant, selon les critères en vigueur, même s’ils ne sont pas de nationalité française, ni domicilié en France. Par conséquent, pour les dossiers en cours de traitement, l’attribution de la Carte du combattant se fera à partir de cette nouvelle décision. Par contre, les intéressés dont la demande a déjà été rejetée ou qui formulent une première demande devront faire personnellement et individuellement une demande dite « reconventionnelle ». Autre problème, à quelle date interviendra cette attribution qui compte pour le service de la retraite du combattant ? Celle de la décision du Conseil constitutionnel (23 juillet 2010) ou celle de la date de la demande de carte du combattant, laquelle peut-être antérieure ? Voilà qui ne va pas simplifier le fonctionnement des services de l’ONAC et arrive comme cadeau de Noël dans la hotte d’Anita Roth, toute nouvelle chargée de mission sur ces questions… Bon courage à vous, Madame !

Des militants poursuivis

Des militants du Collectif pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens qui organisent une campagne appelant au boycott des produits exportés par Israël sont convoqués le 10 février 2011. On leur reproche d’avoir distribué un tract à l’hypermarché carrefour d’Illzach. Ils sont accusés de provocation « à la discrimination, à la haine ou à la violence » alors que leurs actions s’inscrivent dans le cadre de la campagne internationale BDS (Boycott, désinvestissement, sanctions). Cette campagne vise à faire appliquer le droit international. La question est de faire respecter les droits fondamentaux des Palestiniens et de sanctionner l’État d’Israël pour ses outrances, ses crimes de guerre et politique discriminatoires à l’égard du peuple palestinien. Ces militants s’appuient dans leurs actions sur la charte du Collectif national pour une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens.

Rappelons les termes de la charte : Six mots d’ordre, approuvés à l’unanimité du collectif en 2002, constituent

LE RÉVEIL - N° 768-769 - janvier-février 2011

L’ARAC est signataire de cet appel et de la charte avec 50 autres organisations.

La lettre de soutien de Raphaël Vahé Villejuif, le 26 novembre 2010 Je tiens en ma qualité de président de l’ARAC, association qui lutte, depuis sa création pendant le premier conflit mondial, pour la justice, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, pour le respect de la Charte de l’ONU, pour la recherche constante d’une paix juste et durable, à exiger le retrait des directives du ministre de la Justice adressée aux Parquets et à demander la relaxe des douze militants citoyens, solidaires du peuple palestinien, poursuivis en justice à Mulhouse. L’action de ces militants relève effectivement de l’état de nécessité, face à la politique actuelle du gouvernement d’Israël dans son intolérable blocus de Gaza et dans son non-respect des résolutions des Nations unies. Résistons ensemble pour ne pas faire taire l’engagement citoyen. Raphaël Vahé - Président national

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la référence de chacune de ses interventions publiques : - pour le retrait immédiat des troupes israéliennes des territoires occupés, - pour l’envoi immédiat d’une force internationale de protection du peuple palestinien, - pour la suspension de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël, - pour les droits nationaux du peuple palestinien et l’application des résolutions des Nations unies, - pour une paix juste et durable entre Israël et Palestiniens, dans des États aux frontières sûres et reconnues, - contre toutes les violences racistes en France, notamment celles qui visent des Juifs et des Arabes.


actualité LE RÉVEIL

Déclaration du Conseil national Défendre la Nation Le Conseil national, réuni les 4 et 5 février 2011 à Créteil, a fait le point de la situation sociale des Français, dont les anciens combattants et victimes de guerre et leurs droits à réparation. Au seuil de l’année 2011, à un an de la fin du quinquennat de la Présidence de la République, le Conseil national a constaté l’aggravation extrême de la politique sarkozyste, cassant systématiquement les acquis sociaux issus de l’application du programme du Conseil national de la Résistance : emploi, santé, Sécurité sociale, Éducation nationale, logement, retraite, formation professionnelle, etc., casse de la fonction publique et renforcement officiel des groupes financiers nationaux et internationaux (banques, compagnies d’assurance, sociétés du CAC 40, etc.),

Hommages… à Pierre Pellissier…

Le 31 janvier 2011, un hommage a été rendu au cimetière de Lambesc à notre camarade Pierre Pellissier. Pour commémorer le dixième anniversaire de son décès, le président Jacques Delaubier a salué ce militant infatigable de l’ARAC des Bouches-du-Rhône, ce résistant de la première heure contre le fascisme et le pétainisme, engagé dans l’armée de Lattre qui reçu et diffusa le

lesquels réalisent des profits de plus en plus faramineux, tandis que la pauvreté, la gène, la misère et l’exclusion s’accumulent tragiquement au sein de notre population, y compris parmi les anciens combattants et victimes de guerre. C’est la volonté du patronat du MEDEF d’en finir avec le CNR, son programme et de ses acquis, qui est mise en œuvre par Sarkozy et son gouvernement. C’est aussi l’indépendance nationale et la souveraineté de la France qui sont bradées avec le pillage financier de notre pays, sa mise en coupe réglée et sa vassalisation aux ordres de l’OTAN et des intérêts des USA. C’est pourquoi l’ARAC, fidèle aux valeurs républicaines du CNR et de son programme, s’engage toute entière dans les luttes sociales, car elle trahirait l’esprit et les acquis du CNR si elle laissait faire sans réagir les fossoyeurs de notre pays. Dans ce même contexte, le Conseil na-

message de la reddition sans conditions de la Wehrmacht et des armées nazies à toutes les unités des armées nazies à toutes les unités des armées françaises de libération. De nombreux camarades d’Aix, Marseille, Lambesc, la Fare-lesOliviers, Saint-Cannat, Rognac, Berre, Velaux, avec leurs drapeaux, vinrent témoigner de leur respect, de leur souvenir, de leur fraternité.

… et à Georges Vecco

Ce 31 janvier, un hommage fut également rendu au cimetière de Lambesc à notre camarade Georges Vecco, ancien d’Algérie qui assuma les responsabilités de secrétaire général départemental de l’ARAC des Bouches-du-Rhône de nombreuses années et membre du Bu-

tional dénonce le non-respect des engagements écrits du candidat Sarkozy des 2 et 3 avril 2007. Manifestement, les anciens combattants, les victimes de guerre dont les OPEX et les mutualistes ont été roulés dans la farine, à un point tel que le secrétariat d’État aux Anciens Combattants a été totalement cassé, qu’il n’existe plus de secrétaire d’État aux AC dans le gouvernement Fillon 3, tandis que l’essentiel des légitimes revendications des ACVG sont jetées aux oubliettes. Par conséquent, le Conseil national réaffirme avec force son exigence de la nomination d’un secrétaire d’État aux Anciens Combattants, la concrétisation des engagements du candidat Sarkozy dans le projet de budget 2012 et le respect des engagements du CNR, de ses acquis et des valeurs républicaines qui fondent la Nation française. Créteil, le 5 février 2011

reau national de l’ARAC, où il impulsa en particulier l’organisation du colloque de 2006 à Marseille sur les psychotraumatismes de guerre, les séquelles des essais nucléaires subies par les soldats du contingent en Algérie à Reggane et Inn-Eckert, les séquelles des armements à l’uranium appauvri pendant la guerre du Golfe. Georges Vecco, toujours aidé et soutenu par son épouse Brigitte, se dévoua sans compter malgré des problèmes de santé jusqu’à ses derniers jours. janvier-février  2011 - N°768-769 - LE RÉVEIL

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LE RÉVEIL international

Élection de mi-mandat

Les Américains adressent un carton rouge au président des États-Unis Après une campagne hystérique de l’ultra droite « tea party » menée tambour battant par son égérie Sarah Pailin, le Parti républicain vient de remporter sans grande surprise les élections de mi-mandat (mid term) qui portaient sur le renouvellement d’une partie du Congrès. Dans la Chambre des représentants, le parti de l’Éléphant gagne 60 sièges, remportant la majorité qu’il avait perdue en 2008. Au Sénat, il ne remporte que six sièges, mais se rapproche de la majorité. Mais si la campagne a été virulente au point de comparer Barack Obama à Hitler, à prétendre que le président des États-Unis était un musulman, un dangereux socialiste, voire un communiste, le verdict des urnes est d’abord et avant tout l’expression de la déception de ceux qui avaient mis tous leurs espoirs dans les changements promis par le candidat démocrate, il y a deux ans. La défaite était prévisible tant la frustration est grande ! Les réalisations de l’administration, comme le vote de la loi Dodd-Frank, présentée comme la réforme financière la plus ambitieuse depuis la crise de 1929, ou encore la réforme du système de santé, vidée de l’essentiel de son contenu à force de concessions au Parti républicain, sont aujourd’hui effacées par l’inquiétude d’une majorité d’Américains sur la question de l’emploi. Le chômage n’est pas retombé, malgré l’adoption d’un plan de relance de 787 milliards de dollars en 2009 : il était de 6,7 % au moment de l’élection de Barack Obama en novembre 2008. Il est aujourd’hui de 9,6 %. « Il ne faut pas chercher bien loin pour expliquer les ennuis des démocrates », constate Ruy Teixeira, spécialiste de l’opinion publique au Center For American Progress, un centre de recherche progressiste sur la vie publique. « Il 12 -

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suffit de regarder ces deux chiffres : 6,7 et 9,6 % ». L’inquiétude vient de la faiblesse du nombre d’emplois réalisés alors que plus de 8 millions de postes ont disparu depuis le début de la crise. Il faut remonter à 1948 pour trouver un chiffre aussi catastrophique.

L’emploi, première préoccupation des Américains. La déception des Américains est proportionnelle aux objectifs annoncés par Obama. La Maison-Blanche avait suggérer, en janvier 2009, que le passage de son plan de relance empêcherait le chômage de dépasser 8 %. 73 % des Américains désapprouvent la manière dont le Président gère l’économie des États-Unis et 54 % ne sont pas satisfaits de « la grande réforme de la finance » adoptée par le Congrès en juillet dernier. Le retour ultra rapide des profits bancaires surprend et interroge. Les classes moyennes, si chères au président américain, attendent désespérément du concret. Pour eux, le retour sur investissement n’est pas là, car c’est avec leur argent que Washington a financé le redressement spectaculaire des groupes financiers, d’où un scepticisme grandissant sur les choix de la Maison-Blanche. D’autant que les promesses non tenues sont légions et les Républicains font

« gorges chaudes » des médiocres résultats. Un exemple : 275 milliards du plan de relance devaient couvrir des dépenses d’infrastructure. 45 % des crédits alloués à de tels projets n’ont toujours pas été effectivement dépensés. Un bon prétexte pour les républicains de crier à « l’envolée de l’endettement public » et d’exiger dans la foulée le « blocage de toutes ces dépenses ».

Les oubliés d’Obama Où sont les trains à grande vitesse, les centrales nucléaires promis par Barack Obama ? Où sont les millions d’emplois que les aides de l’État à « l’économie verte » étaient censées créer ? Au même titre que la fin de la guerre en Afghanistan et la fermeture de la prison de Guantanamo, voilà trois promesses non réalisées qui ont déçu les électeurs de Barack Obama. La déception est forte dans de nombreuses couches de la population. Les minorités attendent toujours des réformes qui changent vraiment leur vie. Les écologistes, qui rêvaient d’une loi taxant les émissions de carbone, n’en reviennent pas. Républicains minoritaires et démocrates représentants des États charbonniers ont bloqué ce projet. Beaucoup de Verts américains ont en travers de la gorge les promesses non tenues sur les forages pétroliers et la gestion de la


international LE RÉVEIL

marée noire dans le golfe du NouveauMexique. De même, la reconstruction de la Nouvelle-Orléans n’avance pas. Depuis le passage de l’ouragan Katrina, il y a 5 ans, il n’y a plus d’hôpital public. « Avec 500 euros par mois, une simple visite chez le dentiste, c’est risquer le découvert ! » confiait récemment un habitant à des journalistes français. Les blocages sont partout. Blocage aussi pour la réforme de l’immigration, censée établir les conditions de la régularisation du statut de 10 à 20 millions de sans-papiers.

Argentine

Des syndicats déçus

Trente-quatre ans après sa disparition en Argentine pendant la dictature militaire, le cadavre du jeune Français Yves Domergue a été identifié par son frère, Eric, qui vit à Buenos Aires. Yves Domergue était enterré dans le cimetière de Melincue, dans la province de Santa Fe (centre), aux côtés de sa compagne, Cristina Cialceta, une Argentine née au Mexique.

Les syndicats sont particulièrement déçus que le président n’ait pas pu tenir sa promesse d’assouplir les conditions dans lesquelles les employés d’une entreprise peuvent voter pour se faire représenter par un syndicat. Les démocrates centristes et les républicains ont également bloqué le projet de la Maison-Blanche de surtaxe sur les plus grandes banques du pays. Aux oubliettes également la promesse de créer un régime public d’assurance maladie pour rivaliser directement avec les assureurs privés. Même la réglementation des prix des médicaments n’a finalement pas été retenue dans la réforme de la santé.

Obama sort affaibli Pour le président américain, les défis à relever sont immenses et ces élections sont un véritable avertissement. Il en sort affaibli, l’Amérique reste sur sa faim. La communication ne peut remplacer la politique et les véritables réformes. Certes, l’affaiblissement des démocrates et d’Obama ne signifie nullement que l’opposition puisse tout se permettre. Sous Clinton, un jeu trop jusqu’au-boutiste avait finalement favorisé le sortant, lui ouvrant la porte d’un nouveau mandat. Mais pour cela, Obama devra moins composer et plus agir. En a-t-il la volonté ? Jean-Pierre Delahaye

Le cadavre d’un français disparu identifié

Le père d’Yves, Jean Domergue, âgé de 80 ans, a vécu et travaillé en Argentine de 1959 à 1974, avec sa femme et ses neuf enfants. Quand la famille retourne en France, Yves qui était l’aîné décide de rester à Buenos Aires pour continuer ses études d’ingénieur. Eric revient en Argentine en 1976, peu avant le coup d’État. Mais après l’enlèvement d’Yves, il repart pour Paris par crainte de subir le même sort que son frère. En 1983, au retour de la démocratie, Eric Domergue choisit de revenir à Buenos Aires où il n’a cessé de se battre pour rechercher la vérité. Yves avait 22 ans et sa compagne 20 ans, quand ils furent enlevés le 26 septembre 1976 à Rosario (province Santa Fe). Depuis, on n’avait plus eu de nouvelles d’eux, malgré les nombreuses démarches entreprises par la famille Domergue auprès des gouvernements français et argentin. Les deux cadavres portent de nombreux impacts de balles et des marques de torture. Divers témoignages de l’époque ont permis de reconstruire l’histoire. Yves et Cristina ont été interceptés par une patrouille de l’armée de terre et conduits dans une caserne militaire. Quelques jours après

leur enlèvement, leurs cadavres, jetés au bord de la route, furent découverts par un paysan et enterrés anonymement à Melincue. Yves Domergue était l’un des 18 citoyens français disparus en Argentine pendant les années de plomb. Jusqu’à présent, seule la dépouille de la religieuse Léonie Duquet avait été identifiée. Les cendres d’Yves et de Cristina ont été inhumées à Rosario, dans le Bois de la Mémoire, un espace dédié aux victimes de la dictature. Une enquête judiciaire, ignorée pendant le régime militaire, a été rouverte en 2008. Les droits de l’homme sont une priorité depuis l’arrivée au pouvoir, en 2003, de l’ex-président Nestor Kirchner et, depuis 2006, de son épouse Cristina Kirchner. De nombreux procès sont en cours pour juger les anciens tortionnaires.

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LE RÉVEIL international

Union européenne Montée de l’extrême droite à l’Est

IIe partie

Le fléau ultra-nationaliste, dans des versions volontiers fascisantes, revient aussi en force désormais à l’intérieur des frontières de l’Union européenne elle-même, particulièrement dans les pays autrefois alliés aux puissances de l’Axe, où le communisme n’a été imposé que de façon artificielle par l’occupation de l’Armée rouge. Le cas le plus étonnant qui a inquiété dans les années 2000 est celui de la Lettonie où des rassemblements de nostalgiques des divisions SS se tenaient annuellement sans émouvoir outre mesure les gouvernements en place à Riga, ni non plus susciter de réactions hostiles de la part des gouvernements d’Europe occidentale. Ces rassemblements néonazis ont fini par susciter une certaine agitation à Londres, en mars dernier, lorsque les partisans de Tony Blair ont reproché au parti conservateur anglais de former un groupe commun au Parlement européen avec le parti « Pour la patrie et la liberté/LNKK » (un parti membre de la coalition gouvernementale à Riga, ouvertement associé à ces réjouissances fascisantes, qui avait recueilli près de 30 % des suffrages aux premières élections des députés lettons au Parlement européen, et qui a divisé par 4 son score en 2007). La secrétaire d’État Hilary Clinton avait déjà convoqué David Cameron à ce sujet en octobre 2009. Dans l’ensemble cependant la polémique est restée circonscrite à la campagne électorale britannique. Les grands journaux des autres pays n’en ont guère parlé, pas plus qu’ils ne se sont émus de la marche des nationalistes à Vilnius aux cris de « La Lituanie aux Lituaniens », le 11 mars dernier, ni des exercices paramilitaires très douteux organisés chaque année en Estonie avec la bénédiction des autorités de Tallin, en l’honneur du groupe Erna qui, en 1941, livrait des 14 -

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informations aux nazis sur les mouvements de l’Armée rouge. Comme l’ont noté des observateurs perspicaces, on attend toujours que les autorités des pays baltes déploient le même zèle à arrêter les retraites de Waffen SS qu’elles ne l’ont fait à mettre sous les verrous des agents de l’ancien régime communiste. Aucun ancien criminel d’extrême droite n’a été arrêté dans cette région depuis la chute de l’Union soviétique. La Lituanie reste aujourd’hui un mélange particulièrement détonnant pour l’Union européenne. Pays où vit la plus forte minorité russe (25 % de la population, et une minorité unie derrière le mouvement de gauche « Centre de l’harmonie » qui a recueilli près de 20 % aux élections européennes), il est aussi celui qui connaît un traitement de choc à la mode argentine : obligé par les financiers internationaux de s’accrocher à l’euro fort tout en réduisant drastiquement ses coûts de production pour maintenir sa compétitivité extérieure, il a subi une récession plus violente que celle des États-Unis en 1929. Le PNB a chuté de 24 % en deux ans (2008-2009), et le chômage (très faiblement indemnisé) a bondi à plus 20 %. La bonne recette pour cultiver le nihilisme politique. La Hongrie, autre allié historique du Reich, est aussi à l’avant-garde de la renaissance du fascisme. Le parti Jobbik, un mouvement xénophobe né dans des cercles estudiantins en 2003, qui insiste

sur la préservation des identités historiques (le souvenir de l'amiral Horthy), le christianisme, la culture hongroise, la famille ou encore l'autorité, a recueilli 12 % aux dernières élections législatives d’avril 2010, soit presque autant que le Parti socialiste au pouvoir jusqu’alors (et des piques à près de 30 % dans les zones à fortes densités de Rom). L’exemple magyar est un cas intéressant où des formes fascisantes naissent sur le terreau d’un patriotisme conservateur populaire. Jobbik a grandi à l’ombre du Fidesz (Union civique hongroise) qui, alors que le Parti socialiste hongrois (excommuniste) s’est rallié corps et âme aux politiques néo-libérales, se présente comme un rempart à la mondialisation. Ce parti depuis quelques années promet de donner des passeports hongrois à tous les ressortissants des minorités hors de son territoire (en Roumanie, en Serbie, en Slovaquie), et contribue à banaliser la diffusion de la carte de la Grande Hongrie de 1914. Le Fidesz, au pouvoir depuis avril dernier avec le soutien d’une majorité écrasante, aurait pu renverser par la force le socialiste (social-libéral) Ferenc Gyurcsány dès octobre 2006. Celui-ci avait provoqué une insurrection populaire contre lui en avouant avoir menti aux Hongrois pour se faire réélire et leur avoir présenté des promesses qu’il ne tiendrait pas. Le Fidesz ayant hésité à renverser le gouvernement à ce moment-là, le Jobbik a pu se présenter comme le parti de la surenchère légitime (« le plus à droite et le plus juste » comme l’indique son nom en magyar). Comme en Lettonie, la crise financière est pour beaucoup dans ce repli nationaliste en Hongrie : diminution de salaires de la fonction publique et des retraites, hausse des impôts, baisse du produit national brut de 7 % en 2009. Les deux récents entrants dans l’Union


international LE RÉVEIL

européenne, la Bulgarie et la Roumanie, deux pays sous tutelle du FMI, ont aussi voté massivement pour des partis ultranationalistes, aux discours assez similaires. Au premier tour de l'élection présidentielle bulgare de 2006, le candidat du parti ultranationaliste et xénophobe Ataka (attaque), Volen Siderov, était arrivé second, avec 21,5% des voix, derrière le président socialiste sortant Georgi Parvanov. En 2005, le parti Ataka avait réalisé des affiches montrant une carte de la Bulgarie recouverte de drapeaux turcs et israéliens, pour bien montrer qu'il considère le pays comme « occupé ». Ses militants ont aussi beaucoup exploité la phrase prêtée au président israélien Shimon Peres, le l0 octobre 2007 : « De la part d’un petit pays comme le nôtre, c’est presque stupéfiant. Je vois que nous achetons Manhattan, la Hongrie, la Roumanie et la Pologne ». En Roumanie, le Parti de la Grande Roumanie (Romania Mare) est plutôt sur le déclin (il est passé sous la barre des 5 % en 2009) mais la cure d’austérité dans laquelle le pays est plongé pourrait lui profiter. Certes, certains pays, notamment ceux qui ont été jadis les plus opprimés par le nazisme comme la République tchèque ou la Pologne, échappent aux résurgences du fascisme (ce qui n’exclut cependant pas le développement en leur sein de mouvements nationaux-conservateurs). En outre la volatilité de l’électorat en Europe de l’Est peut toujours faire espérer un déclin rapide de certains partis d’extrême droite aujourd’hui portés par les conséquences de la crise financière (le cas s’est déjà vérifié dans les années 1990). Mais ces phénomènes récents, en tout état de cause, traduisent un malaise qui imprègne profondément aujourd’hui l’Europe centrale et orientale, un malaise qui signe l’incapacité des puissances occidentales et de la technostructure bruxelloise à proposer au continent européen des options démocratiques et pacifiques auxquelles les populations seraient en mesure d’adhérer sur le long terme. Frédéric Delorca

Soutien aux peuples de Tunisie, d’Égypte et du Yémen

Le Conseil national de l’ARAC, réuni les 4, 5 et 6 février 2011, après avoir analysé la situation internationale et particulièrement les événements tragiques qui se déroulent actuellement en Tunisie, en Égypte et au Yémen, salue les peuples de ces nations qui se soulèvent contre la dictature qui les a maintenus dans le sous-développement, qui les plonge dans la misère et les prive de la liberté à laquelle tous les peuples du monde ont droit. Il se déclare solidaire de leur lutte pour la dignité et la démocratie. Le Conseil national de l’ARAC exige du gouvernement français, de tous

les États et de tous les organismes internationaux de ne pas se rendre complices des manœuvres des puissances économiques et politiques qui tentent de maintenir des régimes politiques favorisant l’exploitation et la servitude de ces peuples. Que cessent les massacres et la répression aveugle. Que ces peuples puissent enfin construire en toute responsabilité et en toute indépendance, dans la démocratie, le présent et l’avenir pour lesquels ils se sont levés.

Les voyages des comités départementaux Mémoire, souvenir, vacances et détente… Aisne

Bouches-du-Rhône

Séjour touristique, du 26 mai au 3 juin, à Menton (9 jours) à la résidence « El Paradiso » (San Remo, Vintimille, Nice, Eze, Menton, Sospel, Saint-Paul –deVence…) Prix adhérents et épouse : 716 e Prix non adhérents : 792 e

Séjour Mémoire du lundi 5 au vendredi 9 septembre 2011 (5 jours et 4 nuits en pension complète) Visite du camp de concentration de Mauthausen et découverte de l’Autriche. 885 e par personne

Renseignement et programme 03 23 68 39 93 ou 06 79 54 81 77

Renseignement et programme Jean-Claude Carlo : 04 42 87 99 29 ou 06 22 17 21 88 Comité départemental ARAC 13 : 04 91 33 83 18 janvier-février  2011 - N°768-769 - LE RÉVEIL

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ADHERENTS de l’ARAC

FAITES VALOIR VOS DROITS SPECIFIQUES AUGMENTEZ VOS REVENUS - DIMINUEZ VOS IMPOTS ASSUREZ VOTRE AVENIR et le mieux-vivre de vos proches

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ALLOCATION FRAIS D’OBSEQUES

u une rente financée en partie par l’État (de 12,5 % à 60 %),

1 068 euros pour une cotisation annuelle de 53,36 euros

es cotisations déductibles en totalité du ud revenu imposable,

u Avoir moins de 65 ans à la souscription u Être membre de l’ARAC

u une constitution rapide (4 ans minimum), u une rente non imposable versée à vie non soumise aux prélèvements sociaux,

LES MUTUELLES SANTE

u s elon l’option choisie, le capital (frais de gestion déduits) est restitué au(x) bénéficiaire(s) désigné(es) sans droits de succession.

!

u La Mutuelle familiale concerne tous les salariés ou retraités dépendant du régime général de la Sécurité sociale. u La Mutuelle Avenir concerne les commerçants, artisans, agriculteurs, professions médicales et libérale.

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m Carte du Combattant Date de délivrance : m Titre de Reconnaissance de la Nation Date de délivrance : m 39/45 m Indochine m ATM (1952-1964) m Conflits modernes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

m V euve, Orphelin, Ascendant de « Mort pour la France » à titre militaire


LE CAHIER MÉMOIRE

le réveil

N° 768-769 Janvier - Février 2011

des combattants

Pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix

Mai-juin 1968

D’hier à aujourd’hui, des luttes pour nos droits

ÉDITO - Par Paul Markidès Il peut paraître surprenant d’évoquer aujourd’hui les luttes de mai et juin 1968. Pourtant, pas plus qu’il n’a pas été surprenant d’évoquer le Front Populaire dans notre édition d’octobre 2010, il n’est pas surprenant d’évoquer mai-juin 1968. Aujourd’hui, en effet, bien que certains s’efforcent de faire croire le contraire, nous sommes en pleine période de luttes, mais celles-ci ne s’exercent pas toujours

de même manière, et maintenant nous sommes entrés dans une nouvelle phase. Pour les salariés, ce sont les négociations annuelles obligatoires qui débutent tandis que les principales mesures de la loi sur les retraites appellent des réactions avant leur application : ayons en tête que 70% de la population la refusent. Il en est de même du mouvement combattant dont les revendications sont des com-

Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807  Villejuif - Tél. 01 42 11 11 12

posantes du Mouvement social. Et l’ensemble des couches populaires a en tête la nécessité de défendre les services publics et les règles républicaines du fonctionnement du pays aujourd’hui mis à mal. D’où l’utilité de connaître les conditions dans lesquelles nos prédécesseurs ont mené leur combat pour alimenter notre réflexion face aux luttes présentes et exiger la satisfaction de nos propres droits.


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Mai-Juin 19 Une situation marquée par de profondes contradictions

Les événements de mai-juin 1968 représentent l’émergence de besoins des couches populaires et de leurs luttes, tout autant que la mise en cause du pouvoir gaulliste. C’est l’expression d’une crise plus globale résultant des évolutions de la société française qui font apparaître des profondes contradictions. Les effets de la révolution scientifique et technique, l’économie bouleversée par l’automatisation, l’informatique… le développement des entreprises privées de grande dimension récupèrent par le canal de l’État et des sociétés nationales des ressources considérables. Les vingt précédentes années, marquées par une très forte poussée urbaine, le développement des couches moyennes, la « salarisation » de plus en plus poussée de la population active, les valeurs traditionnelles, les modes de vie bouleversés par ces transformations posent des problèmes politiques à la classe au pouvoir. Les classes moyennes sont plongées dans l’inquiétude par suite d’un avenir qu’elles ne distinguent pas. L’exode rural s’accélère. Le pouvoir et le patronat résistent aux revendications des salariés. La population active voit baisser la qualité des services publics en même temps qu’augmente sa contribution aux besoins de l’État. Le pouvoir cherche à enrayer les mouvements de décolonisation. 18 -

A l’occasion de l’élection présidentielle de 1967, de Gaulle est mis en ballottage. Aux élections législatives, le PCF et la FGDS améliorent sensiblement leurs positions. Au plan syndical, l’accord CGT-CFDT signé en janvier 1966 porte ses effets. C’est sur le terrain de ces multiples contradictions qu’éclatent les événements de mai 1968 à Nanterre et au Quartier Latin.

L’explosion Début mai 1968, la montée des mécontentements, des luttes, crée une situation tendue. Les nombreuses initiatives syndicales prévues durant le mois conduisent le gouvernement à rechercher des accommodements ; c’est ainsi qu’il autorise la manifestation du 1er Mai pour la première fois depuis 4 ans. Bien que la CGT défile seule, c’est un succès qui relance l’action. Ce succès conduit le gouvernement à un nouveau recul. L’Assemblée nationale vote le 2 mai à l’unanimité la 4eme semaine de congés payés. Mais le pouvoir n’abandonne pas pour autant l’hypothèse de l’affrontement avec le mouvement populaire et choisit le terrain de l’université. Dans le monde étudiant, les sujets de mécontentement ne manquent pas : les effectifs ont plus que triplé en 10 ans, insuffisances matérielles, sélection accentuée, absence de débouchés, démocratisation barrée, exclusion de la gestion des universités, L’inquiétude est intense dans les facultés

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968 Cet article est inspiré par L’Histoire de la France contemporaine réalisée sous la direction de Jean Ellenstein

surchargées… C’est à Nanterre que naît le Mouvement du 22 mars. Ce mouvement renverra dos-à-dos toutes les organisations structurées en s’affirmant hostile à toute activité menée par le PCF et la CGT. Ce qui permet au pouvoir d’amorcer une diversion. L’agitation gagne la province, tandis qu’un meeting est organisé par l’UNEF, le 3 mai, dans la cour de la Sorbonne, avec tous les groupes politiques étudiants, mais excluant l’UEC. C’est au cours de cette réunion que le recteur Roche décide la fermeture de la Sorbonne. Cette opération déchaîne une riposte « spontanée ». Le mouvement s’est étendu à la province. A Toulouse, Lille, Lyon, Marseille, Bordeaux, Nantes, Montpellier, les étudiants défilent contre la répression, l’ambiance générale est à l’émoi. Le PCF s’élève par la voix de ses élus « contre la répression policière » et se prononce « pour une solution démocratique des problèmes de l’enseignement supérieur ». Le 8 mai, plus de 30 000 personnes manifestent à l’appel de l’UNEF, du SNES-Sup, des syndicats CGT de l’enseignement et de l’ensemble des groupes politiques étudiants. La CGT et la CFDT, à l’appel de l’UNEF, décident une manifestation de masse pour le 14 mai. Entre-temps, une nouvelle initiative des étudiants et enseignants est organisée le 10 mai à partir du boulevard SaintMichel où des dizaines de milliers d’étudiants attendent la fin des négociations sur la réouverture des Facultés entre l’UNEF, le SNES-Sup, le recteur et le préfet de police. Des barricades commencent à s’ériger, sans que la police n’intervienne. Mais, vers 3 heures du matin, la police charge et les détruit une à une. En pleine nuit, le secrétaire général de la CGT convoque une réunion de toutes les centrales

syndicales. A 6 heures 30 du matin, le PCF lance une déclaration : « Halte à la répression ! » La CGT suggère une grève générale accompagnée de manifestations le 13 mai (dix ans après le putsch d’Alger). La CFDT demande à réfléchir. L’UNEF et le SNES-Sup ne peuvent répondre puisque les étudiants et les enseignants sont déjà en grève. De retour d’un voyage à l’étranger, le Premier Ministre, Georges Pompidou, joue la carte de l’apaisement : réouverture de la Sorbonne, libération des emprisonnés. Mais il est trop tard, la désapprobation populaire s’est déclenchée et amplifiée. Le 11, dans l’après-midi, l’accord entre les centrales syndicales intervient sur les propositions de la CGT. La prudence est de rigueur dans le reste de la gauche qui ne fait que suivre le mouvement. La grève et les manifestations du 13 mai à Paris, comme en province, sont un succès sans précédent depuis la Libération. La signification de cette journée est claire : c’est l’irruption de la classe ouvrière.

La crise généralisée Toujours le 13 mai, le comité confédéral de la CGT adopte l’Appel aux travailleurs et travailleuses de France : « Dans bien d’autres domaines (que le domaine universitaire) des transformations s’imposent, les comptes en retard se sont accumulés et doivent être réglés... » Au lendemain du 13 mai, le pays est dans une situation nouvelle. Toutes les forces politiques en ont conscience. Au-delà de la solidarité avec les étudiants réprimés, le mot d’ordre de la grève et des manifestations est net et sans appel : « 10 ans, ça suffit ! ». La vague de mécontentement s’exprime alors, jour après jour, par des initiatives concrètes. Visiblement la CGT et le PCF, sans présager de la dimension que

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pourrait prendre le mouvement, agissent complémentairement contribuant à orienter les luttes dans une attaque frontale contre le pouvoir gaulliste. Pour leur part, les autres composantes de la gauche cherchent à rééquilibrer les forces à l’intérieur du mouvement populaire en s’appuyant davantage sur le mouvement étudiant que sur la classe ouvrière.

La grève ouvrière • A partir du 17 mai, la grève s’étend et prend jour après jour de l’ampleur : SNECMA, NordAviation, Sud-Aviation, Hispano-Suiza, Rateau-Babcok, Berliet... • Le 20 mai, les enseignants du second degré entrent aussi en grève, suivis de tous les personnels de l’Éducation nationale. Puis la SNCF, la RATP, l’EDF-GDF et l’ORTF. Il devient bientôt impossible de chiffrer le nombre de grévistes. Le pays est à peu près totalement paralysé. Fin mai, le chiffre de 8 à 10 millions de grévistes est annoncé. • Le 22 mai, la CGT fournit le récapitulatif de gréviste suivant :

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- métallurgie : 2 millions, - bâtiment : 1 million, - SNCF : 350 000, - textile : 300 000, - PTT : 250 000, - RATP : 135 000, - EDF-GDF : 110 000, - habillement : 100 000 Le développement des luttes atteint même des secteurs de faible syndicalisation comme : les grands magasins, les banques, les ministères, les centrales nucléaires... C’est le mouvement le plus large dans lequel la classe ouvrière se soit jamais engagée. Mais la détermination n’est pas la même chez tous. La CGT, comme les autres centrales syndicales, le reconnaît. C’est pourquoi aucun mot d’ordre de grève n’est lancé, c’est aux travailleurs eux-mêmes de déterminer la forme, la durée et les objectifs de leur lutte. C’est la condition qui permet au mouvement d’atteindre une ampleur maximale et d’en préserver l’unité. La CGT, dans son appel du 15 mai, avançait les termes d’un cadre revendicatif général susceptible de servir de base à une négociation nationale : - pas de salaire à moins de 600 francs, - abrogation des ordonnances sur la Sécurité sociale, - plein emploi, - respect et extension des libertés syndicales, - discussion à tous les niveaux dans les entreprises et les branches d’activité. En se développant tous azimuts, les luttes empruntent des formes multiples. L’ambiance dans les lieux de travail occupés est remarquable : grande fraternité, entretien des locaux et des machines, maintien des services minimaux indispensables à la population, organisation de crèches et de garderies... C’est aussi l’organisation du sport sur les lieux de travail, de

loisirs... C’est la renaissance d’une culture populaire : expositions, théâtres, musiciens, chanteurs se succèdent auprès des grévistes…

Le mouvement étudiant Du fait des grèves qui se déclenchent dans tout le pays, le mouvement étudiant, après la manifestation du 13 mai, prend un développement et une portée sans équivalent en Europe. La révolte étudiante, influencée par le gauchisme, s’étend largement en pratiquant toujours les mêmes méthodes : heurts continus entre policiers et manifestants, barricades, arrestations, scènes d’émeutes. Cela n’empêche pas la prise en compte des revendications étudiantes et enseignantes très réelles. La révolte estudiantine, dans les conditions gauchisantes où elle s’exprime, est d’une utilité certaine pour le pouvoir, elle permet d’éviter la convergence avec le mouvement syndical, d’où la place que lui offrent les médias qui, ordinairement, ne s’empressent pas de relayer les luttes. Toutefois, l’organisation de la Sorbonne occupée qui a conduit à la mise en place de structures se trouve placée devant des problèmes pratiques et des contradictions qui font surgir des conflits en son sein. Les partisans de l’action tournée vers l’extérieur s’opposent aux partisans du travail de réforme de l’université. Finalement, c’est le problème le plus urgent qui prend le pas sur les autres, celui des examens qui doivent débuter le 25 mai. La commission centrale des examens s’affirme contre la sélection et le bachotage, pour la suppression des examens sous leur forme traditionnelle pour un contrôle permanent des connaissances et enfin, concernant l’année en cours, une session en automne. La contestation, qui s’est étendue


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à l’ensemble de l’institution universitaire, conduit finalement les étudiants progressistes à publier le projet de programme d’une université au service du peuple qui comprend notamment l’ouverture des universités aux travailleurs qui désirent poursuivre des études. Dans les locaux de la Sorbonne se multiplient les débats : le matin, études et réformes envisagées, l’après-midi, politique et action militante, débats explosifs dans l’amphithéâtre le soir. Les occupants de la Sorbonne conçoivent celle-ci comme une base rouge à partir de laquelle « répandre l’exemple révolutionnaire dans le peuple et particulièrement la classe ouvrière rendue amorphe par la société de consommation ». L’assemblée générale du 23 mai affirme son « refus du régime gaulliste et de tout autre gouvernement bourgeois ». Le dernier aspect du mouvement étudiant est la remise en cause des valeurs traditionnelles, y compris au-delà de la Sorbonne.

Les forces politiques dans la crise Malgré le dépôt en commun, le 14 mai, d’une motion de censure, malgré l’appel de Georges Séguy au nom de la CGT, le 16, pour une rencontre syndicats et partis de gauche, malgré la réunion de confrontation sur les analyses respectives des deux formations PCF et FGDS, sur la situation économique et sociale, malgré le communiqué du Bureau politique du PCF du 16 mai réclamant des discussions dans la perspective de la formation éventuelle d’un gouvernement démocratique, les divergences entre les 2 partis font obstacle à un accord. Ni l’intense activité des militants communistes sur le terrain, ni les accords passés précédemment entre les deux formations, ni les milliers de comités d’action pour

un gouvernement démocratique et populaire, ni les dizaines de milliers de pétitions exigeant un Programme commun de gouvernement ne parviennent à modifier les positions des principaux dirigeants de la FGDS qui jouent l’effondrement du pouvoir et cherche à affaiblir le PCF à un rôle de force d’appoint. De Gaulle a saisi très vite le caractère exceptionnel de la crise qui touche toutes les composantes de la vie sociale et décide de tenir, de jouer sur la lassitude des grévistes et d’intervenir lorsque s’amorcera la retombée.

La recherche d’une issue Le 24 mai, la journée est marquée par une allocution télévisée et radiodiffusée du général de Gaulle, par des manifestations à l’initiative de la CGT d’une part et de l’UNEF d’autre part, tandis que se déroule une importante journée d’action paysanne. La déclaration du Président de la République annoncée depuis 10 jours déçoit. Ses analyses et les mesures annoncées apparaissent dérisoires en regard de la gravité de la situation. L’annonce du référendum est sans effet. Voici ce qu’en dit Georges Séguy sur le moment : « Les travailleurs ne revendiquent pas un référendum mais de meilleures conditions de vie et de travail. Ils se souviennent que le 21 août 1967, à Colombey-lesDeux-Églises, de Gaulle signait les ordonnances antisociales. Le chef de l’État aurait été bien inspiré d’en prononcer l’abrogation aujourd’hui même. Son allocution eut été moins creuse… » Dans leur ensemble, les propos du général sont réfutés. A gauche, totalement, à droite c’est le désenchantement. La CGT organise à Paris et en banlieue, ce 24 mai, une série de manifestations ayant pour but de promouvoir ses thèmes revendicatifs et d’imposer l’ouver-

ture de négociations. 400 000 personnes y participent. Parallèlement, les 150 convois d’action animés par des gauchistes, le SNEP-Sup, associés au Mouvement du 22 mars, manifestent sur la rive droite pour protester contre l’interdiction de séjour frappant Cohn-Bendit. Comme à toutes les manifestations lancées à l’initiative de ces organisations, c’est un déchaînement de scènes de violence : bilan : 500 blessés, 800 arrestations, 1 mort.

Grenelle L’ouverture des négociations a lieu le 25 mai à 15 heures. Les leaders du mouvement étudiant en profitent pour redoubler de critiques envers la CGT : « négociation = trahison de la révolution ! » La FGDS avait indiqué, lors de la rencontre du 20 mai, qu’elle y était hostile au prétexte que c’était redonner force à un pouvoir gaulliste qu’elle estime moribond. Tous les syndicats sont présents (CGT, CFDT, FO, CFTC, CGC, FEN), le patronat aussi (CNPF, PME), la délégation gouvernementale est conduite par Georges Pompidou et comprend Jeanneney, ministre des Affaires sociales, et Chirac, sous-secrétaire d’État à l’Emploi. Bien qu’il y ait 8 millions de grévistes, les syndicats sont divisés, ce qui va servir le patronat et le gouvernement. La CGT avance un certain nombre de revendications : - augmentation générale des salaires et des pensions avec son corollaire, l’échelle mobile, - réduction du temps de travail, - garantie de l’emploi, - extension et garantie des droits syndicaux. Elle souhaite enfin que tous les syndicats se prononcent sur l’indemnisation totale des journées de grève. La CFDT, de son côté, pose deux préalables :

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- l’adoption d’une loi sur les libertés syndicales et le pouvoir syndical dans les entreprises, - l’abrogation des ordonnances anti-Sécurité sociale. Durant la négociation, la nouvelle parvient de l’organisation par l’UNEF d’un meeting au stade Charléty soutenu par les dirigeants de la CFDT. Le thème central en était : « négociation, trahison - CGT, trahison ! » Le gouvernement en profite pour faire piétiner les discussions. Le gouvernement ne veut pas d’un protocole d’accord signé par les parties (syndicats) en présence. Le SMIC est augmenté de 35 %, les abattements de zone sont supprimés, les salaires agricoles qui sont les plus bas sont augmentés d’environ 56 %, une augmentation des salaires réels de 10 % est prévue pour l’ensemble de 1968. Cela sera jugé insuffisant et fera rebondir la lutte. Rendez-vous est pris pour mars 1969 entre gouvernement et organisations professionnelles et syndicales, qui ne donnera d’ailleurs aucun résultat. La réduction du temps de travail à 40 heures fait l’objet d’engagements précis du CNPF dès 1968. Sont aussi obtenus : - l ’extension des droits syndicaux, - la possibilité de création de sections d’entreprises, - la protection des délégués syndicaux avec des heures de fonction, - des locaux syndicaux dans les entreprises, - l’autorisation de la diffusion de la presse, de l’affichage, de la collecte des cotisations dans les entreprises. Tout cela sera officialisé par la loi du 27 décembre 1968. De plus, le texte de Grenelle prévoit également des négociations entre les syndicats et le CNPF sur la sécurité de l’emploi avant le 1er octobre. Des pas sont aussi faits 22 -

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pour l’intégration des primes dans les salaires, l’extension de la mensualisation, la suppression d’abattements d’âge. Par contre, les ordonnances sur la Sécurité sociale restent en vigueur avec un ticket modérateur et les journées de grève ne seront indemnisables qu’à 50 % et de plus seront récupérables. Tandis que la CFTC annonce d’emblée son intention d’appeler à la reprise du travail, CGT et CFDT décident de rendre compte du résultat de la négociation aux travailleurs en lutte et de les laisser maîtres de leur décision. C’est ce qu’exprime clairement Georges Séguy devant les micros et les caméras à la sortie de Grenelle : « Nous ne saurions donner de réponse sans consulter les travailleurs. Il n’est pas question pour nous de donner un ordre de reprise

du travail, puisque nous n’avons jamais donné celui de grève générale. » Déclaration publique sans équivoque, enregistrée, datée du 27 mai à 7 heures du matin. Les dirigeants de la CGT, Benoît Frachon et Georges Séguy, et de la CFDT, André Jeanson, se rendent chez Renault-Billancourt (meeting enregistré et filmé par la section CGT). Les réactions des travailleurs soulignent l’insuffisance des résultats. Comme dans la majorité des entreprises, la réaction est la même : « Ça ne fait pas le compte ! On continue ! »

Le fossé s’élargit à gauche Des initiatives prises par la FGDS à Château-Chinon, à Paris par l’UNEF, le PSU et la CFDT tendent à rechercher les moyens de mettre en place un dispositif préparant un gouvernement de tran-


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sition qui tiendrait pour dépassées les revendications des travailleurs dont les représentants seraient tenus à l’écart de la direction du pays. L’initiative du stade Charléty fait partie de cette démarche. Le 28 mai, François Mitterrand tient une conférence de presse. Selon lui, le pouvoir est vacant ; lors de son référendum, de Gaulle sera défait et il annonce sa candidature à l’élection présidentielle ainsi que sa volonté de mettre en place un gouvernement de réconciliation nationale jusqu’à cette élection. Les centristes de l’époque, Jean Lecanuet, Pierre Abelin, appuient cette démarche. Ces initiatives constituent un obstacle supplémentaire à un accord avec la FGDS. Le 29 mai, la CGT, appuyée par le PCF, organise une manifestation à Paris et en province. L’objectif premier est de réaffirmer la détermination des travailleurs de voir aboutir leurs revendications essentielles. L’objectif second est de réaliser entre les partis de gauche l’accord politique tant de fois réclamé pour aboutir à une alternative au gaullisme favorable aux travailleurs. Il n’est pas question pour ces organisations de « vacance du pouvoir ». C’est un succès : Paris, 800 000 personnes, 70 000 à Marseille, 40 000 à Nancy, etc. S’appuyant sur ce succès, la CGT appelle à un « accord démocratique ».

La reprise en main Après l’échec du discours du 24 mai et la poursuite de la grève après Grenelle, le pouvoir essaie de reprendre l’initiative. Si les salariés les plus modestes ont obtenu une importante amélioration, les travailleurs qualifiés, notamment ceux des grandes entreprises, ne trouvent pas leur compte. La fin de la crise n’est pas encore atteinte. Pour regagner du terrain sur la

sympathie ressentie envers les étudiants et la volonté de changement manifestée par le mouvement de grève, le pouvoir utilise la peur en vue de rassembler sous l’aile protectrice de l’État : dramatisation des violences par les médias, accusation des communistes qui « préparent un coup d’État », menaces de guerre civile, situation économique qui « serait difficile »… D’autre part, la gauche ne s’accorde pas. Après Charléty, la FGDS prône la mise en place d’une 3e force et le PCF refuse de se prêter à cette opération. Enfin, l’armée est du côté du pouvoir et le gouverneur militaire de Paris dispose des parachutistes qui sont cantonnés dans plusieurs camps de la grande périphérie tandis que le Premier Ministre regroupe des blindés aux portes de Paris. Cependant, les contradictions dans la majorité atteignent un haut niveau. Le Premier Ministre s’oppose au chef de l’État. De Gaulle, silencieux, veut faire bouger sa majorité silencieuse, il disparaît sans informer de ses projets. Pour faire croire à l’effondrement de l’État et reconquérir ensuite le pouvoir en sauveur. Le lendemain de son voyage éclair en Allemagne, de Gaulle prononce un discours radiotélévisé avant que ne se déroule à 17 heures une manifestation de ses soutiens sur les Champs-Élysées. Il annonce qu’il ne se retire pas, qu’il ne change pas de Premier Ministre, qu’il sursoit au référendum, qu’il dissout la Chambre et annonce l’organisation d’élections législatives. La fin de son allocution est consacrée à une violente attaque contre le PCF et à la formation de groupes paramilitaires (« organiser l’action civique »). Selon la police, la manifestation groupe 300 000 personnes. Des cars de province ont été frétés. La majorité est rassérénée.

Les négociations et la reprise du travail Depuis Grenelle, la grève n’a rien perdu de sa pugnacité, les reprises sont rares. La grève s’est même étendue aux transports routiers. Des revendications générales restent posées, en particulier l’abrogation des ordonnances sur la Sécurité sociale, question décisive pour la CGT, la CFDT et la FEN. Mais le rapport de force se révèle insuffisant pour faire fléchir le gouvernement. Alors les grévistes empruntent la voie des négociations par branches et par entreprises. Dès ce 27 mai, des négociations se sont engagées dans les charbonnages, la fonction publique, l’EDF, la SNCF et la RATP. Si un accord est obtenu à EDF le 1er juin, les discussions n’aboutissent pas à la SNCF. Si bien que la fédération CGT de l’éclairage annonce qu’elle cesse la consultation chez les travailleurs de l’EDF en signe de solidarité avec les cheminots. Du coup, le 4 juin, l’accord est obtenu à la SNCF. Simultanément, des provocations conduisent à des affrontements meurtriers à Paris et à Sochaux. Du fait de la résistance patronale, la reprise du travail est échelonnée : sidérurgie, mines du Nord-Pas-de-Calais, banques le 5 juin, SNCF et RATP le 6 juin, dockers le 11 juin, le 17 c’est Renault-Billancourt, le 18 Peugeot et Citroën le 21 juin. La nouvelle conjoncture politique à partir de la fin mai contraint les syndicats à la prudence. La CGT appelle les travailleurs à reprendre le travail « quand leurs revendications essentielles seront satisfaites ». Les acquis de la grève sont dans l’ensemble considérables.

Les élections législatives des 23 et 30 juin 1968 Les forces politiques préparent les élections. Pompidou reste en place, mais son gouvernement janvier-février  2011 - N°768-769 - LE RÉVEIL

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est remanié. De Gaulle s’en tient à l’orientation de son discours du 27 mai : il entretient le climat d’inquiétude et se présente comme le garant de la paix civile, tout en formulant de violentes attaques contre le PCF, l’accusant de subversion. A gauche, le 1er juin, un accord est conclu entre le PCF et la FGDS pour « préciser et compléter l’accord élargi du 24 février 1968 dans sa partie économique et sociale ». La gauche mène une campagne difficile. La FGDS est à peu près privée de perspectives et le PCF est violemment attaqué à droite comme à gauche. Au 1er tour, le PCF et la FGDS perdent près de 600 000 voix par rapport aux précédentes législatives de 1967, le PSU gagne 400 000 voix… Le résultat est un véritable raz-de-marée gaulliste à l’Assemblée nationale (voir tableau des résultats ci-contre).

Bilan après la crise Les accords ont permis, dans la grande majorité des cas, de dépasser sensiblement ce qui a été acquis à Grenelle. Sur 303 entreprises ou établissements testés, soit 500 000 travailleurs et travailleuses : - pour 166 entreprises : 10 à 15 % d’augmentation des salaires, - pour 79 entreprises : 15 à 20 %, - pour 58 entreprises : plus de 20 %, 24 -

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- fonction publique : de 11,7 à 24,7 pour les salaires les plus élevés. • Pour l’ensemble des salariés : - reclassements personnels, - e xtension et augmentation des primes d’ancienneté aux ouvriers horaires, - dans nombre de cas, indemnisation des journées de grève jusqu’à paiement intégral. • Pour les jeunes : - cinquième semaine de congés payés, - droit à la formation personnelle en cours d’emploi, - diminution ou suppression des abattements de salaires. • Pour les femmes : - indemnisation des congés maternité par l’employeur, - horaires réadaptés, - allocation de chômage et de certaines retraites complémentaires revalorisées avec extension à l’industrie hôtelière, aux gens de maison, à l’agriculture, • Droits syndicaux : - sections syndicales d’entreprises reconnues, - attributions de locaux dans l’entreprise, - protection des délégués syndi-

caux contre les licenciements abusifs, - heure mensuelle rémunérée pour l’information syndicale. Pour le PCF, il s’agit du : « Premier grand affrontement de masse entre les travailleurs et le pouvoir des monopoles aux prises avec des contradictions qu’il est incapable de maîtriser ». Pour lui, le rassemblement de toutes les couches non capitalistes est à l’ordre du jour et la nécessité d’un programme commun aux forces de gauche dont l’absence a permis la victoire électorale de la droite. Quant à la majorité gaulliste, son succès aux élections résulte pour une large part de la peur du chaos et des violences gauchistes. A l’évidence, rien n’est réglé. Le consensus autour du pouvoir gaulliste est fragile. Les forces de conservation sociales et le mouvement populaire sont face à face. Pour les premières, il s’agit de redéfinir les formes de leur domination politique et idéologique, pour le second de trouver les moyens de son union pour offrir la perspective d’une nouvelle société répondant aux aspirations populaires.

Que vous ont inspiré les diatribes de Nicolas Sarkozy contre l’héritage de mai 68 ? Georges SEGUY : Il est assez rare qu’un événement vieux de quarante ans suscite tant d’intérêt. Nicolas Sarkozy y a contribué en disant, dans sa campagne électorale, qu’il fallait en finir avec l’héritage de Mai 68. Il a ainsi incité, à son corps défendant, à rouvrir le débat. Un débat qui doit être dénué d’acrimonie et de sectarisme, qui dégage le sens principal de Mai 68 : un immense espoir partagé par des travailleurs, les étudiants, beaucoup d’intellectuels de voir la société changer, un bourgeonnement extraordinaire d’idées

nouvelles qui n’a pas pu éclore complètement mais qui a laissé des rêves, des utopies qui peuvent refleurir et transformer la réalité. Pendant la bataille du CPE, j’ai entendu un lycéen lancer : « Si cela continue, nous ferons notre mai 68 ». Je pense qu’il exprimait l’avertissement de la jeunesse à cette société qu’incarne Sarkozy. Si la jeunesse prend conscience qu’elle peut jouer un rôle important pour transformer la société, dans le sens de la justice et du progrès social, cela peut créer une situation fort intéressante.


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La Fédération mondiale des anciens combattants : « L’humanité court à la catastrophe si les hommes de guerre, politiques et militaires, continuent l’escalade. » Unis pour défendre les anciens combattants, les victimes civiles et la paix La 7e Conférence internationale sur la législation des anciens combattants et victimes de Guerre s’est tenue, à Paris au palais de l’Unesco, les 24,25 et 26 novembre dernier. 300 participants représentaient 68 nations, 92 associations nationales et 30 organismes gouvernementaux. Les travaux s’organisaient en trois ateliers se déroulant en séances plénières traitant successivement de la « législation générale », « des victimes civiles de guerre » et des « psychotraumatismes et des dommages des guerres contemporaines ». Membre du comité préparatoire et rapporteur du 3e atelier, je voudrais faire part aux lecteurs de mes réflexions personnelles sur la dimension internationale de cet événement, même si la presse française est restée muette sur son déroulement et ses conclusions. Tout d’abord, le sort réservé aux anciens combattants et victimes civiles de guerre est loin d’être identique d’un pays à un autre. Cela

n’est pas nouveau. Par contre, ce qui est nouveau c’est que la France n’est plus aujourd’hui parmi les pays les plus soucieux du présent et de l’avenir de ses ressortissants, aussi bien pour le montant de la retraite du combattant que pour le niveau des soins, des pensions et même des retraites. Ainsi, certains citoyens d’Afrique ont une retraite six fois supérieure à celle des anciens combattants français. Et il vaut mieux être victime de psychotraumatisme de guerre en Norvège plutôt qu’en France. L’atelier consacré aux psychotraumatismes et dommages des guerres contemporaines a été le plus riche en interventions et en prises de conscience que l’humanité court à la catastrophe si les hommes de guerre, politiques et militaires, continuent l’escalade des massacres organisés avec les armes modernes. Jamais le credo de la FMAC et l’appel de Vienne de 1986 n’ont paru autant dramatiquement d’actualité qu’aujourd’hui. Et je

suis particulièrement heureux qu’en cette année du 60e anniversaire de la FMAC, le document final clôturant cette 7e conférence internationale ait été voté, à l’unanimité, par acclamations.

Bravo la FMAC ! Mais encore doit-il être connu, respecté, appliqué. Que ceux qui, au prétexte qu’il ne faut pas faire de politique dans les associations AC, opposent notre devoir de lutte pour le respect des droits des AC et VG à notre devoir de lutte pour la paix, pour les idéaux républicains de liberté, égalité et fraternité, soient un peu logiques avec eux-mêmes. « C’est seulement dans la paix que le droit à réparation, pour les AC et VG, peut être réel et de mieux en mieux respecté dans les États du monde » déclare le document final. Il n’y aura jamais de paix dans le monde sans justice, sans dignité, sans liberté pour tous les hommes ! Si cela c’est faire de la politique, alors de toutes nos forces, faisons tous cette politique-là ! Georges Doussin

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Les conséquences des guerres contemporaines Alain Richard

L’ingéniosité des hommes a toujours été prodigieuse dans la fabrication d’armes de destruction ; on connaît, par exemple, au Moyen Âge le feu grégeois, mélange de salpêtre, de bitume et de soufre qui permettait de mettre le feu à des bateaux en bois. Mais ces armes restaient toujours à un stade artisanal ; ce n’est qu’à partir de la fin du XIXe siècle que le développement continu des industries a permis une fabrication de masse.

Ces industries créaient des laboratoires de recherche dotés de moyens de plus en plus sophistiqués et s’associaient des physiciens, des biologistes formés dans les plus grandes universités. Le napalm a été conçu, par exemple, dans une université pour trouver le moyen de projeter de l’essence suivant des procédés plus efficaces que le lance-flammes. D’autres chercheurs mettaient au point des gaz de combat, des armes biologiques. Les États ont accordé des moyens financiers de plus en plus importants pour l’élaboration des nouvelles armes : en 2011, le budget militaire des États-Unis atteint 700 milliards de dollars, soit 4,3 % du produit intérieur brut du pays, le budget militaire de l’OTAN atteint 250 milliards de dollars, regroupant 80 % du budget militaire de ses membres, le budget chinois approche les 100 milliards de dollars, ceux du Royaume-Uni et de la France atteignent 68 milliards. La recherche vit en partie grâce aux subventions des pro26 -

grammes militaires. La croissance de ces budgets a été continue pendant la guerre froide, mais la fin de celle-ci n’a nullement entraîné une diminution des budgets. Les attentats du 11 septembre 2001, les guerres d’Afghanistan et d’Irak ont donné d’autres directions aux politiques de défense mais n’ont pas réduit les budgets ; depuis 2000, les budgets militaires ont augmenté de 49 %.

Les caractéristiques des nouvelles armes Une des caractéristiques de ces armes nouvelles est leur effet terrifiant et nouveau qui doit surprendre l’adversaire ; elles sont souvent mises en œuvre sans aucun essai préalable sur leur dangerosité pour les utilisateurs eux-mêmes. Les obus à gaz lacrymogènes et suffocants furent utilisés dès 1915 puis en quantité sans cesse croissante après 1917. En 1918, 25 % des obus étaient chimiques. Il y eut au moins 90 000 morts. Des masques à gaz efficaces furent inventés seu-

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Alain Richard est ancien inspecteur général au secrétariat d’État aux Anciens Combattants et membre dirigeant du Comité français pour le village Van Canh.

lement après l’utilisation en vraie grandeur des différents gaz. Une autre caractéristique, que l’on retrouvera à propos de toutes les armes nouvelles, c’est la prise de conscience tardive de l’opinion publique devant le caractère inhumain de ces armes et, par suite, l’intervention timide des conventions internationales relatives à ces armes ; ce n’est qu’en 1925 que le protocole de Genève (17 juin) prohibe l’utilisation des gaz asphyxiants et toxiques, mais il n’interdit ni la fabrication, ni le développement, ni le stockage de ces gaz. Il a fallu attendre 1993 pour publier la Convention sur les Armes chimiques qui n’entra en vigueur qu’en 1997 ; entre-temps 5 000 personnes étaient mortes en 1988, dans le Kurdistan, atteintes par des gaz de combat. Actuellement la mise au point, la fabrication, l’emploi et le stockage des armes chimiques sont interdits. Dans les faits, l’application de la convention est très lente ; il existe de nombreux stocks de gaz dans de nombreux pays et l’on sait que des recherches continuent à se poursuivre en invoquant les risques d’utilisation de telles armes par le terrorisme.

Les essais nucléaires On pourrait faire les mêmes observations sur les essais nucléaires ; la France a procédé entre le 13 février 1960 et 1996 à 210 essais nucléaires. Les premiers es-


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sais furent faits dans l’ignorance complète des effets sur le personnel ; des militaires assistaient debout aux explosions sans aucune protection ; les premiers furent culbutés par l’onde de choc ; en 1961 des manœuvres d’hommes à pied et en blindés lors d’une explosion nucléaire. En 1968, il y eut une première loi très timide sur l’indemnisation des victimes d’accidents nucléaires. Le 24 septembre 1996 fut signé le traité international interdisant les essais nucléaires mais ce n’est que le 5 janvier 2010 en France, soit un demi-siècle après les premières explosions, que parut la loi sur l’indemnisation par l’État des victimes des essais nucléaires.

Les armes à uranium appauvri et BASM Il en est de même des armes dites « à uranium appauvri » qui furent utilisées pendant la guerre du Golfe en 1990-1991, puis dans les Balkans entre 1992 et 2000. Il s’agit de l’utilisation d’un sous produit des réacteurs nucléaires, un métal lourd et dense à fort pouvoir de pénétration dans les blindages et le béton qui, en ex-

plosant, pulvérise des millions de particules radioactives qui ont un effet persistant à long terme sur l’organisme humain et l’environnement. D’autres inventions meurtrières sont constituées par les mines anti-personnel et les bombes à sous munitions (BASM). La convention d’Ottawa, entrée en vigueur le 1er mars 1999, interdit l’emploi des mines anti-personnel, mais les principaux États fabricants et utilisateurs de mines anti-personnel n’ont pas signé cette convention, ce qui limite sa portée. Handicap International continue son travail de détection de ces mines, particulièrement dans les Balkans et au Cambodge. Selon Handicap International, 440 millions de BASM ont été largués depuis 1965 et il y a des stocks de plusieurs milliards répartis à travers le monde. 107 pays se sont réunis à Dublin pour condamner l’emploi des BASM par un traité qui a été rendu applicable le 1er août 2010. Les ÉtatsUnis ont promis d’arrêter en 2018 la production des types de BASM présentant un taux de ratage supérieur à 1 %, car un des problèmes des BASM est que beaucoup n’explosent pas en arrivant au sol constituant ainsi un danger latent. On ignore les programmes actuels de recherche des laboratoires liés par contrat avec les services de la Défense nationale dans de nombreux pays ; de véritables villes accueillant plusieurs milliers de chercheurs ont fonctionné pendant des dizaines d’années, rigoureusement inconnues et ne figurant sur aucune carte. L’ingéniosité de ces chercheurs est sans limite, on cite le cas de cette bombe baptisée CBU 55 B qui détruit l’oxygène dans un rayon de 500 m ou la bombe sismique qui détruit tout dans un rayon de 100 m.

La guerre bactériologique La guerre biologique ou bactériologique a été, et reste sans doute, un secteur où les recherches se poursuivent activement. On connaît les procédés jadis utilisés : l’empoisonnement des puits, les flèches empoisonnées avec le bacille de la peste, les objets contaminés par le bacille de la petite vérole. Il y a eu des expérimentations sur l’homme entre 1937 et 1945 ; des expériences ont été réalisées avec la maladie du charbon ou anthrax ; ce sont des armes de faible visibilité, accessibles, puissantes. On a craint l’utilisation de telles armes par des groupes terroristes. En 1972, une convention a interdit le développement, la production et le stockage des armes biologiques, s’ajoutant à un protocole signé à Genève en 1925. On sait que des laboratoires travaillent sur des produits détruisant le caoutchouc, le cuivre, le silicium et mettant hors circuit les liaisons téléphoniques, informatiques, les circuits de sécurité. Il existe toute une gamme de produits pouvant paralyser, neutraliser psychiquement ou physiquement, provoquant la mort par asphyxie, suffocation, destruction des centres nerveux. Une convention engageait les pays signataires à détruire leurs stocks avant 2007 : là encore les principaux pays producteurs ne sont pas signataires. Avec les épandages de défoliants contenant de la dioxine sur le Vietnam, le Cambodge et le Laos entre 1961 et 1971, on arrive à la notion d’écocide ; 80 millions de litres de produits chimiques contenant près de 400 kilos de dioxine ont frappé une partie du Sud-Vietnam, portant atteinte à la santé des personnes, à l’environnement, aux récoltes avec des effets se prolongeant sur plusieurs dizaines d’années. Cette opération a frappé essentielle-

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ment la population civile car une des caractéristiques des effets de ces nouvelles armes est qu’elles ne font plus de distinction entre civils et militaires, femmes et enfants sont également frappés. On avait déjà assisté à un phénomène de cette ampleur lors des bombardements de Hiroshima et de Nagasaki les 6 et 9 août 1945 ; les deux bombes atomiques lancées sur ces villes provoquèrent la mort immédiate de 110 000 habitants et sans doute le double dans les jours qui suivirent. En conclusion, on peut constater d’abord qu’en à peine plus d’un siècle on est passé de conflits limités, circonscrits à des champs de bataille précis, à des guerres frappant tout un territoire, mettant en jeu des effectifs se montant parfois à plusieurs millions d’hommes et employant des moyens de destruction sans cesse plus importants quantitativement et multipliant leur nocivité. La croissance des armements mis en jeu ne connaît pas de pause ; les bombardements de la deuxième guerre mondiale ont utilisé un peu plus de 2 millions de tonnes de bombes ; près de 8 millions de tonnes de bombes ont été utilisées pendant la guerre au Vietnam. Les nouvelles armes déclenchent des cataclysmes sans cesse plus importants : à Seveso, en 1976, une explosion dans une usine de produits chimiques a dégagé moins de 500 grammes de dioxine ; toute l’Europe a été alertée et a pris tout un arsenal de mesures administratives d’urgence. Au Vietnam ce sont près de 400 kilos de dioxine qui ont été répandus sur le Vietnam du sud entre 1961 et 1971. On l’a vu, la distinction entre civils et militaires dans les conflits est depuis longtemps dépassée, et le nombre des victimes civiles est sans cesse croissant ; ainsi on 28 -

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estime que 98 % des victimes des bombes à sous munitions sont des civils ; il en est de même pour les bombes anti-personnel. Des objectifs nouveaux apparaissent comme les récoltes, les cultures, les forêts, la pisciculture, générant de véritables écocides. Devant la diversification et la nouveauté des armes apparaissant dans les conflits, les conventions internationales interviennent tardivement ; de plus, des groupes de pression actifs empêchent souvent les États de signer les conventions ayant des objets trop précis. Les législateurs ont des difficultés considérables à identifier les atteintes aux personnes et à

l’environnement ; l’imputabilité est malaisée à établir, les milieux médicaux sont souvent désarmés devant des accidents de santé imprévus ; les tribunaux allèguent leur incompétence. Seules des campagnes alertant l’opinion publique pourront réussir à stopper cette escalade : c’est l’affaire de tous de partir en campagne sans arrêt pour l’interdiction de tous les armements et pour obtenir une juste réparation de tous les dommages qui ont été jusqu’à présent causés. Enfin il faut poursuivre les fauteurs de guerre qui se rendent coupables de véritables crimes contre l’humanité.


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Conférence internationale sur la législation concernant les vétérans et les victimes de la guerre Intervention du général de division Tran Hanh (Extraits) Mesdames et Messieurs, La guerre du Vietnam s’est terminée il y a 35 ans, mais ses conséquences persistent encore : environ 300 000 martyrs, morts pour la réunification du Vietnam, dont les corps restent introuvables laissant les douleurs psychologiques et tenaces pour les familles de leurs proches. Des dizaines de milliers de tonnes de bombes et mines laissées par la guerre restent irrécupérables et continuent à tuer des civils innocents ; les pollutions environnementales demeurent toujours graves et persistantes, les maladies et traumatismes psychophysiologiques ont été transférés à la deuxième et même à la troisième génération des Vietnamiens vivant dans les

régions contaminées. Dans le cadre de cette conférence, j’ai l’honneur de vous présenter les effets sur l’homme de l’Agent orange/dioxine semés par l’armée américaine pendant la guerre du Vietnam.

Premièrement A l’issue de la proclamation de l’opération militaire « Ranch Hand », entre 1961 et 1971, l’armée américaine a pulvérisé environ 12 millions de galons (soit environ 83 millions de litres) d’agent orange/dioxine sur les régions centrales et septentrionales du centre et du sud du Vietnam. Les conséquences de ces pulvérisations persistent et persisteront encore. Jusqu’à présent, au Vietnam, le nombre des

Le général Tran Hanh est président de l’Association des anciens combattants du Vietnam.

victimes directement exposées à l’agent orange/dioxine s’élève à environ 4 millions de personnes, sans compter 400 000 morts et handicapés dus à ce toxique dévastateur. En plus, il y a environ 500 000 enfants congénitalement malformés. Quarante ans après la cessation de la pulvérisation de l’agent/dioxine et trente-cinq ans après la fin de la guerre du Vietnam, les effets dévastateurs de l’agent orange/dioxine persistent et on peut voir ses ravages même sur les troisièmes générations des victimes. De nos jours, bien des preuves vivantes et convaincantes ont prouvé que le fabricant chimique Dow Chemical et de nombreux autres fabricants de l’agent orange/ dioxine dont Monsanto, Uniroyal, Diamond, Thomson, Hercules…, ainsi que l’Armée de l’air des États-Unis et les administrations américaines, ont conscience de la nocivité de la dioxine tant sur l’homme que sur la flore.

Deuxièmement Les études scientifiques ont montré que depuis 1991, l’augmentation des maladies relatives à l’agent orange/dioxine, dont les dermatoses, le lymphome non-hodgkinien, le cancer du poumon, la paralysie, l’augmentation de la masse grasse corporelle et le diabète type 2 chez des anciens combattants qui ont été directement exposés. En 2009, janvier-février  2011 - N°768-769 - LE RÉVEIL

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Falconer a recensé un groupe de 28 maladies et symptômes relatifs à la dioxine.

Troisièmement Les anomalies congénitales qui ont été découvertes chez les descendants des victimes exposées à l’agent orange/dioxine sont très diverses…

Quatrièmement L’agent orange/dioxine, qui provoque de nombreuses maladies dévastatrices tant au niveau physique qu’au niveau mental, laisse également à ses victimes des conséquences psychologiques terrifiantes. Fondée le 10 janvier 2004, l’Association vietnamienne des victimes de l’agent (VAVA) a pour but de soutenir et de protéger les droits des victimes exposés à la dioxine et les représente devant les organismes nationaux et internationaux. Le 31 janvier 2004, VAVA a porté plainte contre 37 fabricants de la dioxine à laquelle les victimes vietnamiennes ont été exposées à la Cour suprême de Brooklyn à New-York pour réclamer justice. Mais la Cour suprême des États-Unis l’a rejetée. Pourtant, VAVA l’a déposée encore une fois à la Cour d’appel le 30 septembre 2005. 30 -

Le gouvernement et le peuple du Vietnam continuent et continueront de faire tout leur possible pour surmonter les conséquences de l’agent orange/dioxine et réduire à minimum la douleur physique et mentale des victimes exposées à la dioxine épandue par les armées américaines sur le territoire du Vietnam pendant la guerre. Nous continuons de demander au gouvernement des États-Unis et aux fabricants, ainsi qu’aux fournisseurs des produits chimiques que l’armée américaine a utilisés pendant la guerre du Vietnam, d’indemniser le peuple du Vietnam en général et les victimes de l’agent orange/dioxine en particulier. Nous remercions sincèrement les organisations internationales, les amis du Vietnam d’avoir exprimé leurs soutiens et de nous avoir aidé à surmonter les conséquences de la guerre ces dernières années. En particulier, au nom de l’Association des vétérans du Vietnam, je présente toute ma reconnaissance et tous mes remerciements à la Fédération mondiale des anciens combattants d’avoir octroyé le prix de Réhabilitation au Village de l’amitié ; et je remercie l’ARAC d’avoir participé avec succès à la Cour internationale d’opinion, à

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Paris en mai 2009, pour montrer son soutien au Vietnam dans le combat de justice pour les victimes vietnamiennes de l’agent orange/ dioxine. Enfin, nous souhaitons que les organisations internationales, l’opinion internationale continuent d’élever leur voix pour soutenir les victimes vietnamiennes de l’agent orange/dioxine et, si possible, de promulguer une résolution ayant pour objectif de soutenir, d’aider le Vietnam à surmonter les conséquences de la guerre, surtout des effets nocifs de l’agent orange/ dioxine au Vietnam. Je vous remercie toutes et tous de votre attention.


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Fédération mondiale des anciens combattants 7e Conférence internationale sur la législation concernant les anciens combattants et victimes de guerre Paris-Palais de l’UNESCO - 24-26 novembre 2010

Document final Dans le cadre de la célébration du 60e anniversaire de la création de la Fédération mondiale des anciens combattants, 92 associations nationales et 30 organismes gouvernementaux, représentant 68 nations de tous les continents, se sont réunis

pour analyser les évolutions concernant les législations appliquées pour les anciens combattants et victimes civiles des guerres et concernant notamment la prise en compte des psycho-traumatismes et dommages subis dans les guerres contemporaines.

La 7e Conférence réaffirme les principes de base, définis en 1994, à la 21e Assemblée générale de la FMAC, qui devraient être adoptés par chaque gouvernement et constituer une obligation prioritaire pour réparer les dommages subis par les anciens combattants et victimes civiles des guerres. Les anciens combattants et victimes de guerre sont : • Tous ceux qui, ayant servi sous le drapeau d’une nation impliquée dans un conflit armé, ont ou non subi une invalidité.

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• Tous ceux qui, en application des ordres du gouvernement ou d’un mouvement dûment reconnu de résistance à l’occupation étrangère durant les hostilités ou d’autres mesures destinées à préserver ou à recouvrer l’indépendance nationale, subissent de ce fait une invalidité. • Tous ceux qui, en tant que civils, subissent une invalidité résultant d’actes de guerre et qui sont reconnus comme victimes de guerre imputable au service. • Les victimes civiles de toute guerre, de tout conflit ou de tout attentat qui, sans en avoir été les participants de façon directe ou indirecte, ont subi des atteintes à leur santé physique et mentale du fait des combats, de leurs circonstances ou de leurs conséquences. La 7e Conférence internationale déclare avec force que les États doivent poursuivre, avec détermination, leurs efforts pour élaborer et accepter une définition universelle des principes pour l’octroi du statut d’ancien combattant et de victime de guerre devant être appliqué dans tous les États, en collaboration avec les associations d’anciens combattants et victimes de guerre. La 7e Conférence internationale recommande à tous les États, non seulement de considérer que chaque ancien combattant ou victime civile a droit à réparation, mais aussi de prendre en compte l’évolution des préjudices causés par les armes et les formes nouvelles des guerres contemporaines et de la proportion grandissante du nombre de victimes civiles dans ces guerres. La 7e Conférence internationale constate de grandes inégalités entre les différents États dans la reconnaissance du droit à réparation, dans l’organisation des soins qui en découlent et dans l’attri32 -

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bution des pensions d’invalidité pour les anciens combattants et victimes civiles de guerre. Elle souhaite vivement que les organismes officiels internationaux contribuent au respect des droits des anciens combattants et victimes civiles de guerre par tous les États et que des dispositions soient prises pour aider les États économiquement faibles à rendre effective l’application de ces droits. La 7e Conférence internationale attire l’attention des États et des organisations internationales sur la nécessité de prendre toutes les décisions et mesures condamnant l’utilisation des armes chimiques, nucléaires et bactériologiques. Ces armes, non seulement augmentent directement le nombre des victimes civiles des guerres, mais participent dramatiquement à la pollution de notre planète mettant en danger toute l’humanité. La 7e Conférence rappelle aux États et aux organismes officiels internationaux la déclaration adoptée à l’unanimité à la 2e Rencontre mondiale des anciens combattants et victimes de guerre, à Vienne en 1986, qui affirmait en particulier : « Nous sommes

réunis, conscients de nos différences d’opinions, mais ayant appris à les surmonter pour récuser ensemble la fatalité de la guerre et construire la paix. La paix fondée sur la solidarité et l’interdépendance des intérêts des nations et des peuples et sur des rapports de confiance entre les États… Que dans toutes les nations, les hommes et les femmes, conscients de la nécessité d’agir, unissent leurs efforts aux nôtres et qu’ensemble nous pressions tous les gouvernements d’entreprendre réellement la construction d’un nouvel ordre de sécurité, de paix, de liberté et de solidarité. » En ce soixantième anniversaire de la Fédération mondiale des anciens combattants, la 7e Conférence internationale sur la législation des anciens combattants et victimes de guerre, fidèle aux objectifs de la création de la FMAC, renouvelle solennellement l’Appel de Vienne de 1986. C’est seulement dans la paix que le droit à réparation, pour les anciens combattants et victimes civiles des guerres, peut être réel et de mieux en mieux respecté dans les États du monde. Paris, le 26 novembre 2010


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Marguerite de Navarre et la guerre d’Algérie Marguerite de Navarre, c’est le nom du lycée de Bourges (Cher) qui a accueilli en décembre l’exposition de l’ARAC sur la guerre d’Algérie. Cette initiative est la septième organisée par nos camarades de l’ARAC du Cher, qui ont aussi traité, tour à tour, des guerres 1914/1918, 1939/1945, d’Algérie, et du combat antifasciste de notre association. Ainsi nos expositions, assorties de conférences-débats ont-elles été présentées au lycée professionnel Jean de Berry, à l’UIFM (formation des maîtres), à la salle du Duc Jean (Conseil général) et enfin au lycée Marguerite de Navarre, les 7 et 14 décembre dernier. Après une rapide visite au nouveau musée de la Résistance à Bourges (je vous la recommande vivement), Guy Mousset et Paul Fontaine, accompagnés d’André Fillère, ont rencontré 120 lycéens de terminal, dont une majorité de jeunes filles très réactives au débat. En présence du proviseur et des professeurs d’histoire, et tandis qu’était projeté en boucle un diaporama de photos d’Algérie de Paul Fontaine, les deux régionaux de l’initiative résumèrent leur guerre d’Algérie : l’un, engagé volontaire dans la marine pour ne pas faire la guerre d’Algérie, s’est retrouvé fusilier marin au Sahara. L’autre, servant de batteries d’armes spéciales, a témoigné de l’emploi de celles-ci (gaz, etc.) durant cette guerre. Dans cette vaste salle dont les murs affichaient l’exposition de l’ARAC, les professeurs avaient demandé à André Fillère d’animer un débat très particulier : « L’évolution de l’opinion publique française durant la guerre d’Algérie », à partir de leur programme scolaire sur la décolonisation. Ce fut une expérience riche et saisissante, animée par le questionnement des lycéens, en particulier les jeunes filles, à la satisfaction du proviseur, des

profs, des étudiants et des intervenants, bien sûr.

Mais comment clore de tels échanges ?

Une expérience là aussi enrichissante fut tentée avec succès en proposant aux étudiants d’adresser à nos camarades du Cher les questions qu’ils n’avaient pas eu le temps de poser (par lettre ou par Internet) et auxquelles il leur serait répondu par les mêmes voies. Ainsi furent évoqués la torture, l’OAS et la fusillade de la rue d’Isly, la correspondance des appelés avec leur famille et la censure, les événements jugés les plus marquants ou les plus choquants par nous, l’incendie d’un camion citerne par l’OAS sur les hauteurs d’Alger. Comment avons-nous ressenti, durant notre séjour en Algérie, les sentiments de la population française ? Quelle était l’attitude de la presse ? Quels journaux, quelles radios avions-nous ? Comment s’est passé notre retour en France et notre réinsertion dans la vie familiale, la vie sociale, la vie professionnelle ? Avons-nous rencontré en Algérie des personnes qui nous ont marquées et pour quelles raisons ? Que pensez-vous de la reconnaissance tardive de la guerre d’Algérie ? Quelles sont les plaies qui

font que, parfois, il semble encore trop tôt pour parler de la guerre d’Algérie ? Pensez-vous qu’après avoir vécu un tel drame, il est possible de se reconstruire totalement psychiquement ? Que pensez-vous et comment voyez-vous la réconciliation entre Français et Algériens ? Etc. Une riche moisson soulignant le vif intérêt de ces étudiants dont l’abord de l’Histoire et de la mémoire part avant tout de leur quotidien au présent et pour l’avenir, et non d’un passéisme dont la rancœur et la haine seraient les moteurs principaux. Une moisson qui nous enrichit par sa fraîcheur et l’angle original de ses réflexions et prouvent que sans être bien nombreux ni historiens, il est possible d’être les passeurs de mémoire de l’ARAC sur le terrain.

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ONAC et Fondation ONAC Audit et pourparlers Anita Roth, chargée de mission La Fondation prévue par l’ONAC et devant rassembler les écoles de rééducation professionnelles et les maisons de retraites de l’ONAC pose déjà des problèmes avant même sa naissance. En effet, le projet de loi l’introduisant, qui devait être soumis au Parlement dès le printemps 2011, devra sans doute être retardé : les réunions interministérielles travaillant sur ce projet de loi ont été interpellées par la situation financière des établissements en question, notamment des ERP. C’est ainsi que des pourparlers ont été entrepris avec le ministère des Solidarités et de la Cohésion sociale quant aux budgets de ces ERP… qui apparaissent insuffisamment dotés par les ARS (Agences régionales de santé) comparativement aux budgets moyens dans le secteur de la rééducation professionnelle. Il serait donc nécessaire de procéder à un « rebasage » des budgets des ERP par les ARS. Parallèlement, le Secrétariat général pour l’administration du ministère de la Défense (SGA) a décidé d’une étude sur les modalités de la stabilisation financière des établissements concernés (ERP et maisons de retraite) qui sera confiée à la cellule d’audit interne du SGA avec le concours de l’ONAC. Les propositions devant être présentées à la mi-mars 2011, il paraît probable que le projet de loi verra le jour au début de l’automne. Rappelons que, pour sa part, l’ARAC est hostile à ce projet de Fondation qui sortirait de l’ONAC les ERP et les maisons de retraite qui font partie de son patrimoine historique depuis 1915 ! D’autant que le prétexte annoncé, le déficit des ERP, pourrait être remis en question si leurs budgets sont « rebasés » correctement par les ARS.

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LE RÉVEIL - N°768-769 - janvier-février  2011

La direction nationale de l’ONAC, par courrier du 2 décembre 2010, a procédé à un premier bilan en matière de demandes et d’attributions de la Carte du combattant. Elle a ainsi noté que, au cours de la seule année 2009, plus de 16 000 cartes du combattant ont été attribuées. Certes, l’année 2010, empêtrée dans la mise au point du système Kapta défectueux, sera beaucoup plus faible tant se sont accumulées les demandes déposées en 2008, 2009 et 2010, dont le nombre encore important ne cesse de croître. Contrairement aux affirmations gouvernementales « le droit à réparation, c’est fini », le besoin de reconnaissance est encore très fort. A tel point que le Secrétaire général pour l’administration du ministère de la Défense, Christian Piotre, a été amené à confier à Anita Roth (administratrice civile hors classe) une mission portant sur l’évolution du traitement des demandes de cartes et de retraites du combattant émanant en particulier des ressortissants algériens. Elle sera en charge de dresser le bilan des procédures en cours et de proposer les moyens de rétablir des délais de traitement des dossiers acceptables, en

liaison étroite avec les services concernés de l’ONAC, du BCAM, du SND, etc. Mme Roth a d’ailleurs assisté à la réunion du groupe de travail de la Commission nationale de la Carte du combattant, qui s’est réuni le 14 décembre dernier à l’ONAC. Elle y a évoqué les axes de travail qu’elle se fixait quant à la retraite du combattant, non seulement au plan des ressortissants algériens, mais également de la guerre d’Algérie et des OPEX. Au terme de « l’état des lieux » qu’elle se propose de mener à bien, elle présentera des « recommandations » pour améliorer les circuits en place… puisque retard il y a. Mme Roth a affirmé son souhait de s’entretenir avec les experts associatifs en la matière et l’ARAC lui a « ouvert ses portes » pour toute rencontre qu’elle pourrait souhaiter.

ONAC - Le logiciel Kapta officialisé Une décision du 15 novembre 2010 porte officiellement création, à l’ONAC, d’un traitement automatisé de données à caractère personnel relatif à la délivrance de la Carte du combattant et au Titre de reconnaissance de la Nation. Cette décision compte six articles parmi les quatre essentiels suivants : - la création du logiciel KAPTA, - les catégories d’informations enregistrées relatives à l’identité du bénéficiaire, à sa situation familiale, militaire et aux conditions d’attribution de la Carte du combattant et du TRN, - les informations enregistrées sont conservées jusqu’à l’expiration des droits définitifs de l’intéressé,

- les personnes pouvant avoir accès à ces données, à savoir les agents habilités de la Direction générale de l’ONAC, des services départementaux de l’ONAC, du service des AC à l’ambassade de France en Algérie, du bureau central des Archives militaires, du service historique de la Défense, et les membres de la Commission nationale de la Carte du combattant (dans laquelle siège André Fillère, vice-président national honoraire de l’ARAC).


VIE vos DE droits L’ARAC LE RÉVEIL

Un petit tour et…

M. Pineaud remplace M. Paecht au ministère… des Anciens Combattants M. Arthur Paecht, 81 ans et ancien député, avait été désigné, suite au gouvernement Fillon 3, chargé de mission pour les ACVG auprès du ministre d’État à la Défense et aux Anciens Combattants, Alain Juppé. A ce titre, il avait reçu les présidents AC du groupe des 12 (le G12, comme ils disent !) le lundi 29 novembre ; lesquels, avec tout le respect dû à M. Paecht, avaient néanmoins réaffirmé leur volonté que soit à nouveau nommé un secrétaire d’État spécifique aux ACVG. Le message semblait être passé puisque, quelques jours plus tard, des radios annonçaient la prochaine nomination du secrétaire d’État en question. A l’heure où sont écrites ces lignes, le « silence radio »… est retombé et nous attendons toujours cette désignation. Quant au malheureux M. Paecht… à peine nommé, sitôt démis. Par lettre reçue le 14 décembre 2010, il nous disait combien il était « fier de s’être vu confier les affaires

des Anciens Combattants (…) », mais que « en ce qui me concerne, mon rôle va sans doute s’arrêter là car, pour des raisons politiciennes locales, je viens d’être déchargé de mes fonctions. Je le regrette vivement (…) ». Un petit tour… et puis s’en va. On semble faire peu de cas, là-haut, de la dignité des hommes. De simples pions sur un échiquier politique, qu’on avance ou qu’on écarte selon des « raisons politiciennes ». « Est-ce ainsi que les hommes vivent ? » s’interrogeait Louis Aragon dans ce qu’il disait être « un temps déraisonnable ». Ne serait-il pas temps de remettre les pendules à l’heure ? C’est ce que nous avons demandé au ministère de la Défense et des AC. Au bout d’une longue errance téléphonique, personne ne semblant connaître M. Paecht ni savoir qui s’occupe des ACVG auprès de M. Juppé, nous avons fini par apprendre que c’était un M. Pineaud, chargé du patrimoine culturel et

de la mémoire, qui était conseiller pour les AC. Quant à la nomination d’un secrétaire d’État aux AC : « Ça c’est une bonne question ! » nous a-t-on dit… sans pour autant nous en donner la réponse. Alors, la lutte continue…

Orphelins de guerre La Fédération des pupilles de la Nation, créée à partir des mesures d’indemnisations récentes, a publié un « Manifeste » assorti d’une lettre et d’un questionnaire adressés aux Parlementaires dans lesquels elle réclame « la création immédiate d’un Fonds d’indemnisation des victimes de toutes les guerres » entièrement finançable par une taxe spéciale, à créer, sur les ventes et les achats d’armements. Cette association, dont le siège se situe dans le Bas-Rhin, est affiliée à la Fédération Maginot. On peut toutefois s’interroger si, sur une telle question, il ne serait pas souhaitable d’aboutir à un texte de loi dont le financement devrait dépendre du budget général des ACVG.

La Carte du combattant

Le groupe de travail de la Commission nationale d’attribution de la Carte du combattant, où siège André Fillère, président national (H) de l’ARAC, s’est réuni le 14 décembre 2010 à l’Office national des ACVG (ONAC) aux Invalides

à Paris. Au cours de cette séance de travail, il a attribué 1 149 cartes du combattant se répartissant ainsi : 1 029 aux combattants d’Algérie, Tunisie et Maroc, 20 aux combattants de la 2nde guerre

mondiale, 47 pour l’Indochine et 53 pour les OPEX au titre des missions en République Centrafricaine (1), Méditerranée Orientale (1), Somalie (3), Golfe persique et d’Oman (7), Ex-Yougoslavie (26), Liban (4), République du Liban et Israël (1), Tchad (6), Côte d’Ivoire (3) et Afghanistan (4). Par ailleurs, en matière de Titre de reconnaissance de la Nation, les 2 073 TRN en souffrance depuis mars 2010 (1 328 pour la métropole et 745 résidents à l’étranger) ont dû être délivrés entre le 14 et le 24 décembre 2010. Les prochaines réunions du groupe de travail ont été fixées au 15 février et 3 mai 2011, la commission Nationale plénière se réunissant pour sa part le 4 mai prochain.

janvier-février  2011 - N°768-769 - LE RÉVEIL

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LE RÉVEIL Vie de l’arac

Alpes-Maritimes Créer un lien humain dans l’engagement associatif

Corrèze Victor Bordas : le plus âgé des adhérents de l’ARAC… 103 ans ! En octobre dernier s’est tenue à Chanteix l’assemblée générale du comité départemental qui a été rehaussée par la participation de Victor Bordas, fierté de la commune - et de l’ARAC - qui a eu 103 ans le 23 décembre dernier. Notre camarade Victor Bordas a reçu avec beaucoup d’émotion la médaille d’or de l’ORMC (CM) de Jacques Plas, président honoraire départemental de l’Association. Jean Mouzet, maire de Chanteix, Marie-Jo Cappoen, présidente de l’ARAC Corrèze, et de nombreux représentants de sections locales entouraient Victor, ainsi que les porte-drapeaux eux aussi récompensés. Une minute de silence avait été observée en début de séance pour la mémoire de Thibault Miloche, sous-officier du 126e RI victime de la guerre en Afghanistan.

Cérémonie du 11 juin 2010 à Saint-Julien du Verdon (04)

En novembre dernier, le comité départemental a procédé à la remise des cartes d’adhérents 2011 et a exprimé un mécontentement de « nombreux adhérents » notamment sur le Réveil qui « fait trop de politique », « pas assez de photos émanant des comités et sections de province », trop de « parisianisme »…

Villejuif (94) - Section locale de l’ARAC L’ARAC de Villejuif a répondu en organisant un loto solidaire : beau succès populaire, une façon conviviale de faire

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LE RÉVEIL - N° 768-769 - janvier-février 2011

une critique « manque de communication » entre les différentes instances de l’Association… Ces observations seront mises à la disposition de la prochaine session du Conseil national des 4,5,6 février prochains, et débattues…

connaître l’ARAC, ses actions et de la renforcer !


Vie de l’arac LE RÉVEIL

Côtes-d’Armor Section de Saint-Vran

Agir localement et se rassembler

Permettre de répondre au besoin de se rassembler dans un cadre convivial et gastronomique, dans la diversité et avec l’objectif premier de défendre les valeurs républicaines, le droit à réparation, le travail de mémoire, la solidarité, la paix… l’objectif a été atteint par Monique Delevacq et son équipe d’animatrices. Madame le Maire de Saint-Vran s’est félicitée de cette belle initiative.

Pyrénées-Orientales - Section locale du Canet

Une reconnaissance méritée Marcel Legoallec a reçu, à l’occasion de l’assemblée générale du Canet, la médaille de l’ARAC des mains de Claude Delevacq, secrétaire général de l’ARAC,

pour son action inlassable à l’ARAC, pour la diffusion du Réveil et pour la promotion efficace de la Mutuelle. Félicitations !

Finistère

Agir localement ensemble pour la culture de paix

ARAC Le Mans A l’occasion de l’assemblée générale du 22 janvier, Patrick Staat, secrétaire national de l’ARAC et directeur du Réveil des Combattants, a décoré de la médaille de l’ARAC Guy Reversat et Marcel Gentilhomme. Quand les sections locales bretonnes de l’ARAC et du Mouvement de la paix

unissent leurs efforts pour faire connaître la culture de paix… janvier-février  2011 - N°768-769 - LE RÉVEIL

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LE RÉVEIL Vie de l’arac

Armand et Maria Vergnolle nous ont quittés Le père de notre amie Claudine Vergnolle-Charansonnet, gérante du cabinet comptable d’expertise juridique qui exerce le contrôle officiel des comptes de notre Mutuelle et ceux du Réveil des Combattants, est décédé le 26 décembre 2010. Il avait 90 ans et, ancien résistant FTPF, ancien combattant, ancien conseiller municipal communiste à Montmorency (95), il est demeuré fidèle à ses engagements syndicaux,

politiques et ACVG en tant que portedrapeau. Ses obsèques ont eu lieu le 3 janvier dernier au crématorium de Saint-Ouen-l’Aumône. André Fillère, vice-président national de l’ARAC et président de notre Mutuelle, accompagné de notre drapeau, y a représenté notre association, sa Mutuelle et le Réveil des Combattants. Quelques jours plus tard, le 8 janvier 2011, son épouse Maria, fille de républicain espagnol, décé-

dait à son tour, à 85 ans. Raphaël Vahé, président national de l’ARAC et Daniel Tanneveau, pour la Mutuelle de notre association, ont assisté à ses obsèques le 17 janvier dernier. Nos condoléances et notre amical soutien vont à Claudine Vergnolle et aux siens.

NOS PEINES janvier/février 2011 Le Réveil des Combattants adresse aux familles et aux amis de nos camarades décédés ses sincères condoléances. ALPES-MARITIMES (06) La Trinité : Philippe MARTI, 86 ans, Résistant. Nice : Joseph MAZZI, 88 ans, AC 39-45. Vence : Marcel EYFFRET, 94 ans, AC 39-45. BOUCHES-DU-RHONE (13) Arles : Jean BADES, AC 39-45. Henri MORAND, 88 ans, AC 39-45. Aix-en-Provence : Jacques AMAR, 73 ans, AC 39-45. Lambesc : François PALOMARES, 84 ans, AC 39-45. CHARENTE (16) Ruelle : Joseph TESTAGROSSA, 88 ans, AC 39-45. CHARENTE-MARITIME (17) La Rochelle : Francis BRIEUX, 85 ans, AC 39-45. CHER (18) Bourges : Dr Pierre DESSERIN, 86 ans, Résistant, Croix du Combattant Volontaire de la Résistance. COTE-D’OR (21) Chenôve : Adrien BONNAVENTURE, AC 39-45. Prudent GARCIA, AC 39-45 Dijon : Mme Marcelle DUPONT, AC 39-45. Mme Christiane FOURCAULT, 74 ans.

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DORDOGNE (24) Excideuil : Eloi MASSIAS, 86 ans, AC 39-45. DRÔME (26) Grignan : Henri CHAUSSINAN, AC ATM. Taulignan : Claude FARNIER, 74 ans, AC ATM. FINISTERE (29) Brest : Claude HERVÉ, 80 ans, AC 39-45. GIRONDE (33) Bordeaux 1er : Pierre MARVIE, 93 ans, AC 39-45. HERAULT (34) Balaruc-les-Bains : René GREGONA, 85 ans, Résistant. Lucien HERMAN, 71 ans, AC 39-45. Montpellier : Charles BARCELO, AC 39-45. Jean HOCQ, 85 ans, AC 39-45. LOIRE (42) Saint-Étienne : Claude CHANAL, 70 ans, AC ATM. LOT-ET-GARONNE (47) Layrac : Yvan PUJOL, 100 ans, AC 39-45. NIEVRE (58) Fourchambault : Raymond BENHAÏM, AC ATM. Gérard DAVID, AC ATM. Christian GUILMARD, AC ATM. Jean-Louis GUYON, AC

LE RÉVEIL - N° 764 - AOÛT-SEPTEMBRE 2010

Indochine. Michel LYON, AC ATM. PUY-DE-DÔME (63) Cebazat : Mme Arlette LACOMBE, veuve. Issoire : Louis BERNET, 77 ans, AC ATM. Jean-Claude LOUBINOUX, 69 ans, AC ATM. Antoine MARQUET, 93 ans, AC 39-45, Croix de guerre. PYRENÉES-ORIENTALES (66) Perpignan : Albert ESCALADA, 78 ans, AC ATM. Rivesaltes : André AUCEIL, 85 ans, AC 39-45. RHÔNE (69) Bron : Roger PESTOURIE, 90 ans, Résistant. Villie-Morgon : Paul GARNIER, 71 ans, AC ATM. Armand VIVIANT, 97 ans, AC 39-45. SAVOIE (73) Sainte-Marie-de-Cuines : Fernand DARVE, 92 ans, AC 39-45. HAUTE-SAVOIE (74) Thonon-les-Bains : Robert GAY, 91 ans, AC 39-45. Mme Renée PLANCHAMP, 88 ans, veuve. PARIS (75) 3e : Jacques LAURIER, AC ATM. SEINE-ET-MARNE (77) Montereau : Lucien HURTAULT, 88 ans.

YVELINES (78) Mantes : René MARTIN, 92 ans, AC 39-45, anciens Président du Comité de Libération, Médaille de la Résistance, Officier de la Légion d’Honneur. SOMME (80) Cayeux-sur-Mer : Roger PRUVOT, 78 ans, AC ATM. VAUCLUSE (84) Montfavet : Denis LACROIX, 77 ans, AC ATM. VIENNE (86) Châtellerault : Edgard VALIDIRE, 94 ans, déporté à Buchenwald. ESSONNE (91) Palaiseau : Angel Fernand BIGE, AC 39-45. Daniel BIRCK, 70 ans, AC ATM. Sainte-Geneviève-des-Bois : Michel RICHETTA, AC 39-45. HAUTS-DE-SEINE (92) Antony : Claude BADER, AC 39-45. SEINE-SAINT-DENIS (93) La Courneuve : Jean-Claude LE BACHELIER, 69 ans, AC ATM. ABONNÉS Montgeron : Jean Albert QUIGNON La Tronche : Antoine CANILLOS


VIE de vie DE l’arac L’ARAC LE RÉVEIL

Daniel Rouillot nous a quittés Daniel nous a quittés le 31 décembre dernier. Il avait 88 ans et, jusqu’à la fin de sa vie, il aura été un militant actif et responsable. Responsable dans l’ARAC où, membre du Comité d’honneur, il était toujours présent dans les activités de l’ARAC en Val-de-Marne et comme président de la section de Villejuif. Responsable à l’UDAC du Valde-Marne, où il était un président d’honneur, toujours sur la brèche pour la mémoire à transmettre aux jeunes générations. Personne à Villejuif ou dans le Val-de-Marne n’oubliera son dynamisme et sa chaleur humaine. Aussi bien à l’ARAC, dans les associations membres de l’UDAC, chacun se souviendra de sa passion pour l’unité du mouvement des anciens combattants, cette passion traduite par un dialogue fraternel permanent qui poussaient les plus réticents à accepter ses propositions d’action. C’est cet esprit unitaire qui a permis le bilan pérenne de l’initiative dépar-

tementale de l’UDAC, organisée avec l’aide efficace du Conseil général du Val-de-Marne, « Combattants d’hier Jeunes d’aujourd’hui - Pour la mémoire et pour la Paix » : des milliers de jeunes du Val-de-Marne ont ainsi pu visiter Verdun, Péronne, Oradour-sur-Glane, le Struthof, le Vercors, le Mont Valérien, les camps de déportation allemands et bien d’autres lieux de mémoire. Il a été un combattant contre les armées hitlériennes en participant comme spahis marocain à toute l’épopée de la 1re Armée française, de l’Afrique du Nord à l’Autriche, en faisant toutes les campagnes de Corse, de Monte Cassino (où il reçut la Croix de guerre), d’Alsace, de la Forêt Noire. Mais dès la victoire de 1945, il consacre toute sa vie à l’éducation des enfants et des jeunes, à la défense de la Paix, aux combats pour la mémoire et pour l’unité nécessaire à tous les

combats républicains. Et, frère de tous les anciens combattants et victimes de guerre, il était en même temps frère de tous les humains. Quel meilleur hommage à lui rendre que de continuer tous ses combats, avec la même détermination, le même optimisme et la même espérance.

Le réveil des Combattants - Bulletin d’abonnement A retourner au Réveil des Combattants - 2, place du Méridien - 94807 Villejuif cedex Tél. 01 42 11 11 12 - reveil-des-combattants@wanadoo.fr Individuel

Collectivités (lycées, collèges, centres de documentation, bibliothèques…)

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Ci-joint un chèque de 28 e libellé à l’ordre du Réveil des Combattants

Ci-joint un chèque de 100 e libellé à l’ordre du Réveil des Combattants AOÛT-SEPTEMBRE  2010 - N°764 - LE RÉVEIL

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LE RÉVEIL Vie de l’arac

Tirage de la tombola du Réveil Vendredi 21 janvier a été tirée, sous le contrôle de Maître André, huissier de justice à l’Haÿ-les-Roses, la tombola de Noël 2010 du Réveil. 32 lots dont 2 écrans plats ont été attribués ainsi que la voiture Renault Twingo. Cette tombola est une première pour notre journal le Réveil du combattant, elle va nous permettre de faire face cette année aux frais qu’impliquent une publication comme notre mensuel. Que les lecteurs ayant participé à cette tombola soient remerciés : ils nous ont permis de collecter plus de 34 000 euros pour le Réveil. Ils lui permettent ainsi de terminer correctement l’année 2010. A l’occasion du Conseil national de l’ARAC à Créteil les 4/5/6 janvier, l’heureux gagnant de la voiture, M. Fougère, lecteur du journal dans l’Essonne et membre du comité ARAC de Corbeil, a pris possession de la voiture.

Résultats de la tombola • La Renault-Twingo : 57990 • Télévision écran plat 81 cm : 86099, 130010 • Lecteur DVD : 125420, 168465, 173777, 188987, 198520 • Cuit-vapeur : 87093, 122597, 122911, 172774 • Grille-pain : 81816 • Service à fromage : 69281 • Radio-réveil : 59266, 60131, 71671, 166322, 178581 • Pendule : 55691, 66399, 75920, 87536, 113982, 117329 • Sac : 51680, 52377, 66396, 108389, 127991, 129752, 131641, 174483

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LE RÉVEIL - N° 768-769 - janvier-février 2011

En présence de Georges Doussin, président d’honneur de l’ARAC, Raphaël Vahé, président de l’ARAC, Patrick Staat a remis les clefs de la voiture aux heureux gagnants M. et Mme Fougère, membres du comité de Corbeil (Essonne). Étaient présents également André Fillère, président départemental de l’Essonne, et Annick Chevalier, administratrice de l’ARAC.


VIE Magazine DE L’ARAC LE LERÉVEIL RÉVEIL

Bonnes feuilles… Pour une République qui porte l’intérêt de la Nation Nevers Médaille de l’ARAC Patrick Staat, secrétaire national de l’ARAC et directeur du Réveil, et Martine Carrillon-Couvreur, députée de la Nièvre, ont décoré de la médaille de l’ARAC, le dimanche 16 janvier 2011 à l’occasion de l’assemblée générale de l’ARAC de la section de Nevers, Mmes Danielle Berthelot, Delphine Gaucher, Yvonne Thomas, Liliane Chauveau et Christiane Foulatière.

Section de Noisy-le-Grand Un second souffle ! Défense du droit à réparation dont la rente mutualiste ACVG, travail de terrain, coopération locale avec l’ANACR sur la préparation au Concours national de la Résistance, DVD en main prêté par Jean-Pierre David, diffusion du matériel de l’ARAC (nouvelles affiches, tee-shirts), du Réveil, notamment en direction des jeunes… Huguette Chaban, présidente déléguée récemment élue, Gabriel Guiche, membre du Conseil national, Henri Moitrier, de la direction nationale de la Mutuelle, ont, tour à tour, apporté leur contribution donnant un second souffle à cette section locale de Seine-St-Denis, à l’occasion de son assemblée générale.

Auteur et témoin de la vie politique française de la Ve République, Anicet Le Pors, dans son dernier ouvrage Les racines et les rêves 1 (Éditions Le Télégramme) répond avec franchise aux questions du journaliste Jean-François Bège, éditorialiste et directeur de rédaction à Sud-Ouest, à Paris de 1988 à 2003. Il se penche, entre autres, sur le futur des institutions, des territoires, dans le contexte de la mondialisation… Une belle invitation à la réflexion pour les lecteurs du Réveil. On assiste actuellement à une dérive dans l’exercice du pouvoir présidentiel actuel… Une conception de plus en plus personnelle du pouvoir s’affiche en développant une hyperactivité relayée quotidiennement par une entreprise de communication sans précédent... Le fruit spéculatif de l’instant présent ne risque-t-il pas de faire courir à la France la « tentation autoritaire » ? Jean-François Bège : On a vu dans votre cas - votre refus de la Constitution de 1958 - que vous n’avez pas eu de « tendresse secrète » pour de Gaulle. Mais beaucoup de communistes n’ont-ils pas cultivé au fil du temps une admiration ambiguë pour « l’homme du 18 juin » ? Anicet Le Pors : Beaucoup, en 1958, comme je l’ai dit, assimilaient gaullisme et fascisme. Ce n’est pas du tout un hasard si de Gaulle a lancé sa fameuse phrase en conférence de presse : « Croyez-vous vraiment qu’à soixante-sept ans je vais commencer une carrière de dictateur ? » La question était ouvertement posée dans la presse communiste et même au-delà. Pour ma part, je redoutais moins le fascisme qu’une démocratie dénaturée par le pouvoir personnel. Une marche arrière de l’histoire que je n’admettais pas.

JFB : L’évolution de notre « autocratie plébiscitaire », selon l’expression de Marcel Gauchet, ne doit pas vous rassurer… ALP : Ce à quoi je m’opposais, il y a cinquante ans, j’ai encore plus de raisons de le contester aujourd’hui. Le « présidentialisme » imprègne toute la société. Recentrer toute la vie politique sur l’élection présidentielle a constitué une totale perversion, transformant les partis, chargés par la Constitution de concourir à l’expression du suffrage universel, en simples écuries présidentielles. J’ai entendu, en juin 2009, un jeune membre du Parti socialiste annoncer tout seul sa candidature pour 2012. Une démocratie qui offre de tels spectacles marche sur la tête. JFB : De Gaulle a-t-il voulu cela ? ALP : Avec humour, on pourrait dire que de Gaulle n’a pas plus inventé Nicolas Sarkozy que Manuel Valls. Je ne suis pas sûr qu’il se soit beaucoup préoccupé de ce qui se passerait après lui, ni qu’il ait voulu que la Constitution soit faite pour un autre usage que celui qui lui convenait. C’est pourquoi toutes les dérives ont été possibles, mais je ne qualifierais pas le régime actuel d’émanation gaulliste. Disons que si le ver n’était pas dans le fruit, le fruit n’a pas empêché le ver. Mais je pense que janvier-février  2011 - N°768-769 - LE RÉVEIL

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Anicet Le Pors à la tribune du 54e Congrès de l’ARAC

le ver du présidentialisme était quand même dans le fruit. JFB : N’êtes-vous pas frappé, justement, par la différence entre la fantastique évolution des sciences et des techniques, en matière médicale ou informatique, et la stagnation, voire la régression, de la pensée politique ? ALP : Ceux qui se mêlent de politique devraient plus que d’autres se préoccuper de l’état du monde, de tous les progrès susceptibles d’apporter des avancées démocratiques et rationalisantes dans la société. A la fin des années 1980, j’avais proposé à Georges Marchais de constituer une sorte de conseil de réflexion, on dirait un think tank aujourd’hui, chargé de réfléchir à la façon dont nous devions situer notre pensée dans les changements du monde, de manière à s’émanciper des visions conservatrice et dogmatique, sorte de Futuribles. La proposition n’a pas abouti en raison des conflits internes qui mobilisaient nos énergies. Je ne sais pas ce que cela aurait donné, mais je crois que le fait de développer une réflexion sans a priori aurait attiré à nous des gens qui auraient pu mettre au service de la politique des pensées philosophique, mathématique, logique et écologique auxquelles nous n’étions pas naturellement familiarisés. JFB : Cinquante ans après l’adoption de la Constitution de 1958, que vous 42 -

LE RÉVEIL - N° 768-769 - janvier-février 2011

refusiez, au point de vous faire adhérer au parti communiste, le chef de l’État a obtenu du Parlement qu’elle soit modifiée dans la lettre sinon l’esprit. Que vous inspire le nouveau texte, que le professeur Bastien François a appelé la « Constitution Sarkozy » ? ALP : J’ai parlé pour ma part de « constitutionnalisation du sarkozysme ». Cette constitution a été caractérisée par Michel Debré à l’origine de la Ve République comme un « parlementarisme rationalisé ». Les cohabitations ont conduit le professeur Jean-Marie Denquin à parler de « monarchie aléatoire » puisque, avant des élections législatives et présidentielle, on ne pouvait savoir qui, du Président de la République et du Premier Ministre, détiendrait le pouvoir exécutif selon les majorités issues de ces élections seraient concordantes ou non. Le quinquennat et la décision de faire précéder les législatives par la présidentielle ont accentué le caractère présidentiel du régime ; ce fut une lourde erreur et, à mes yeux, une faute politique grave de Lionel Jospin. Avec l’arrivée de Nicolas Sarkozy il s’agit d’une nouvelle étape. La « dérive bonapartiste » que la Constitution portait en elle dès ses origines est cette fois-ci actée. JFB : Vous parlez de « dérive bonapartiste », Robert Badinter de « monocratie », tandis qu’Alain Duhamel a écrit La Marche consulaire, mais comparaison n’est

pas raison, quels sont les arguments qui conduisent à ce rapprochement ? ALP : Je connais Nicolas Sarkozy depuis la fin des années 1980, puisque nous avons siégé ensemble à cette époque au conseil général des Hauts-de-Seine. Il faisait alors partie d’une bande de « jeunes loups » promus par Charles Pasqua. C’était sans doute le plus agité et il m’est arrivé de l’inviter à se calmer en lui assurant qu’il avait encore beaucoup de choses à apprendre. Je dois reconnaître qu’il a vite appris, à sa manière. Je pense que c’est un président tout à fait atypique, qui se soucie peu d’histoire et de culture et vit essentiellement dans l’instant. Il connaît mal la France, mais cela ne l’émeut guère. Dès les premiers mois d’exercice de son mandat, j’ai qualifié son comportement dans un article de l’Humanité de « dérive bonapartiste » par référence aux deux expériences historiques que nous avons connues : celles des Bonaparte conduisant au premier et second Empire. On peut, à mon avis, sur ces bases définir le bonapartisme par trois caractères : l’autocratisme, le populisme et l’aventurisme. Ces trois caractères identifient aussi le sarkozysme. L’autocratisme marque sa pratique des institutions. J’en veux pour preuve le rôle exorbitant qu’il fait jouer à ses conseillers, véritables ministres prenant le pas sur ceux du gouvernement, tandis que le Premier Ministre est ravalé luimême au rang de collaborateur. Ce n’est plus le gouvernement qui, aux termes de l’article 20 de la Constitution, « détermine et conduit la politique de la nation », mais l’hyper président. Sans vergogne, il a placé ces hommes aux principaux postes clés de l’appareil d’État, au Parlement, dans les médias. La réforme constitutionnelle de juillet 2008, en autorisant le président de la République à s’exprimer devant le Parlement réuni en congrès, véritable restauration du « discours du trône » monarchique, a consacré une évolution présidentialiste du régime qui pourrait trouver son achèvement par la suppression de la responsabilité du gouvernement devant l’Assemblée. Mais ce n’est pas


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indispensable, car cela est déjà pratiquement réalisé puisque le gouvernement comme le Parlement voient leurs rôles diminuer fortement face à l’exécutif présidentiel. Quant à la suppression du droit de dissolution, bien qu’il n’existe pas en régime présidentiel, comme aux États-Unis, pourquoi s’en priverait-il ? C’est donc bien d’autocratie qu’il faut parler. Le populisme réside dans la place faite au compassionnel dans son expression publique, son intervention sur la plupart des faits de société sensibles dans l’opinion : la pédophilie, les malades mentaux, les chiens dangereux, etc. Il a conduit sa campagne présidentielle en en appelant directement au peuple par-dessus les corps intermédiaires. Jamais, dans l’exercice du pouvoir, une telle importance n’a été donnée à la communication qui condense l’essentiel du fait politique. La place prise par les sondages dans la conduite de la politique est aussi l’indice de la superficialité conjoncturelle de sa démarche qui, sans références historiques, sinon de circonstance et démagogiques, Guy Môquet, Jaurès, Camus, ne porte aucun véritable projet de société, sinon de mettre la France aux normes du libéralisme. Sa pratique consistant à évoquer un problème par jour ne permet à aucun débat démocratique et sérieux de s’installer. Ajoutons-y la confusion qu’il entretient entre les affaires de l’État et sa vie privée largement « peopolisée ». L’aventurisme, par la méconnaissance des valeurs forgées par l’histoire de notre pays, qu’il s’agisse de notre conception de l’intérêt général, de la théorisation réalisée par l’école française du service public, de la diversité des collectivités territoriales, du droit du sol, de la tradition de la France terre d’asile, de la laïcité, etc. Nicolas Sarkozy regarde la France comme une somme d’anomalies qu’il faut réduire. Illustrant ce que j’ai qualifié de dérive bonapartiste, je m’étais alors efforcé de caractériser d’un mot la personnalité de ses prédécesseurs pour bien marquer la singularité de ce nouveau président, si contraire à notre histoire. Cela m’avait amené à

considérer que de Gaulle avait une stature, Pompidou une solidité, Giscard d’Estaing une intelligence, Mitterrand une culture, Chirac un enracinement et Sarkozy… du talent, mais seulement du talent. Or, quoi de plus volatile, de plus évanescent, dans une société de communication, que le talent ? Quoi de plus dangereux aussi dans la conduite d’un pays comme la France que de n’avoir aucune conscience des lignes à ne pas dépasser sans risque ? Je ne tire pas de ces considérations une prévision de ce à quoi pourrait conduire une telle démarche aventureuse, mais j’ai quand même en mémoire Waterloo et Sedan. L’aventurisme finit mal. JFB : N’assiste-t-on pas pourtant à une certaine prise de conscience avec la proposition montante d’une VIe République ? ALP : Non, ce n’est pas sérieux. Et ce pour trois raisons. La première est que l’on parle de VIe République d’Olivier Besancenot à Jean-Marie Le Pen, en passant par Marie-George Buffet et Dominique Voynet. On ose espérer que ce n’est pas la même, mais un label qui recouvre des marchandises aussi disparates est disqualifié. Ensuite, parce que lorsque l’on entre dans les projets présentés, on s’aperçoit qu’il s’agit le plus souvent de bricolages opportunistes sans intérêt ni valeur. Enfin et surtout, parce qu’il ne faut pas jouer avec les numéros des républiques : aucune des cinq républiques qui ont marqué notre histoire récente n’est née d’une gestation spéculative. La Convention déclare le 21 septembre 1792 : « La royauté est abolie en France » et un décret du 25 septembre proclame : « La République est une et indivisible » ; ainsi est née la première République, parachevant la Révolution française. La deuxième est issue des émeutes de février 1848 aboutissant à l’abdication de Louis-Philippe et à la constitution républicaine du 4 novembre 1848 ; elle sera, on le sait et l’on doit s’en souvenir, balayée par le coup d’État du 2 décembre 1851 et le référendum-plébiscite de

Louis-Napoléon Bonaparte des 21 et 22 décembre. La troisième émerge à une voix de majorité de la confrontation des monarchistes et des républicains, quatre ans après l’écrasement de la Commune de Paris. La quatrième est issue de la Seconde Guerre mondiale, de la défaite du nazisme et de la Résistance, après un premier référendum négatif le 5 mai 1946, elle est promulguée le 27 octobre 1946. La cinquième voit le jour par le référendum du 28 septembre 1958, portée par le putsch d’Alger dans un contexte de guerre coloniale. S’il y a bien crise sociale aujourd’hui, qui oserait soutenir qu’elle s’exprime au niveau de gravité des événements qui viennent d’être évoqués ? Jamais en France on a changé de république sans événement dramatique. Dans une société en décomposition sociale profonde, il manque encore l’événement. (1)Nous reviendrons sur les autres sujets développés : futur de la citoyenneté, de la fonction publique, des territoires, les insuffisances du débat politique actuel dans un prochain numéro du Réveil.

janvier-février  2011 - N°768-769 - LE RÉVEIL

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LE RÉVEIL Vie de l’arac

PENSION D’INVALIDITE er

Valeur du point 13,81 e à partir du 1 juillet 2010 Pourcentage

Indices

Montant mensuel

INVALIDITE de 10 à 80 % 10 %

48

55,24

15 %

72

82,86

20 %

96

110,48

25 %

120

138,10

30 %

144

165,72

35 %

168

193,34

40 %

192

220,96

45 %

216

248,58

50 %

240

276,20

55 %

264

303,82

60 %

288

331,44

65 %

312

359,06

70 %

336

386,68

75 %

360

414,30

80 %

384

441,92

INVALIDITE de 85 à 100 % avec all GI 1,2,3 et 4 selon taux 489

562,76

625

719,27

90 % ss all GM av all GM

522

600,74

745

857,37

95 % ss all GM av all GM

574

660,58

872

1 003,53

100 % ss all GM av all GM

628

722,72

1000

1 150,83

85 % ss all GM av all GM

INVALIDITE à 100 % avec degrés de surpension (art l.16) et avec all. GI N°5 Invalidité 100 % 1° sans all GM avec all GM 2° sans all GM avec all GM

928

1 067,97

1139

1 310,80

947

1 089,84

1180

1 357,98

966

1 111,71

1221

1 405,17

985

1 133,57

1262

1 452,35

5° sans all GM avec all GM

1004

1 155,44

1303

1 499,54

6° sans all GM avec all GM

1023

1 177,30

1344

1 546,72

3° sans all GM avec all GM 4° sans all GM avec all GM

7° sans all GM avec all GM

1042

1 199,17

1385

1 593,90

8° sans all GM avec all GM

1061

1 221,03

1426

1 641,09

9° sans all GM avec all GM

1080

1 242,90

1467

1 688,27

10° sans all GM avec all GM

1099

1 264,77

1508

1 735,46

Par degré en plus de 10 sans all GM avec all GM

19

21,87

41

47,18

LES PENSIONS D’ASCENDANTS Ascendants âgés de moins de 65 ans

INDEMNITE DE SOINS AUX TUBERCULEUX de soins

916

1 054,16

de ménagement

458

527,08

de reclassement et de ménagement au taux plein au taux réduit 44 -

687 275

790,62 316,48

LE RÉVEIL - N° 768-769 - janvier-février 2011

Taux plein Demi-taux

213 106,5

245,13 122,56

Ascendants de plus de 65 ans Taux plein

243

279,65

Demi taux

121,5

139,83

Majoration pour chaque enfant décédé en sus du premier

45

51,79

Catégories

Indices

Montant mensuel

(1) invalidité à 100 % avec article l 18 + all gi 5 bis (a) + all gi n°6 100 % + art L.18 + all GI n°5 bis (a) sans all GM avec all GM

1 838

2 115,23

2 189

2 519,17

100 % + art l16 et l18 + all gi n°5bis (a) et gi 6

1° sans all G.M. avec all G.M. 2° sans all G.M. avec all G.M. 3° sans all G.M. avec all G.M.

1908

2 195,79

2289

2 634,26

1978

2 276,35

2369

2 726,32

2048

2 356,91

2449

2 818,39

2118

2 437,47

2529

2 910,46

2188

2 518,02

2609

3 002,52

6° sans all G.M. avec all G.M.

2258

2 598,58

2689

3 094,59

7° sans all G.M. avec all G.M.

2328

2 679,14

2769

3 186,66

8° sans all G.M. avec all G.M.

2398

2 759,70

2849

3 278,72

9° sans all G.M. avec all G.M.

2468

2 840,26

2929

3 370,79

10° sans all G.M. avec all G.M.

2538

2 920,82

3009

3 462,86

4° sans all G.M. avec all G.M. 5° sans all G.M. avec all G.M.

Par degré en plus de 10 sans all G.M. avec all G.M.

70

80,56

80

92,07

(1) A ces totaux s’ajoute éventuellement l’une des all. G.I. N° 8 (de 368 à 800 points selon le taux ou la nature de l’infirmité). L’all.G.M servie est soit l’all. prévue selon le taux, soit certaines all. spécifiques (ex: 982 points pour aveugles) si cette all. est plus avantageuse.

RETRAITE DU COMBATTANT Annuelle Semestrielle

43

593,83 296,92


VIE de vie DE l’arac L’ARAC LE RÉVEIL

Catégories

Indices

Montant mensuel

INVALIDITE à 100 % (1) Aveugles, bi-amputés, paraplégiques 100 % + L18 + all. GI n°5 bis (b) sans all G.M. avec all G.M.

1929

2 219,96

2280

2 542,20

100 % + art L18 + art L16 + all G.I. n°5 bis (b) + all G.I. n°6

PENSIONS DE CONJOINTS SURVIVANTS AU TAUX DE SOLDAT A tous ces indices s’ajoutent depuis le 1er janvier 2004 (art.121 de la loi de finances 2004) 15 points uniformes pour tous.

Indices

Montant mensuel

Conjoints survivants de victimes militaires (de guerre ou hors guerre) et de victimes civiles de guerre, quel que soit leur âge, dont le droit à pension découle de l’imputabilité ou dont le conjoint était pensionné à 85 % avec all. G.M.

500

575,42

Conjoints survivants de victimes militaires (guerre ou hors guerre) et de victimes civiles de guerre, quel que soit leur âge, dont le conjoint était pensionné à 85 % sans allocation G.M.

489

562,76

333

371,30

Catégories AU TAUX normal

1999

2 300,52

2380

2 738,98

2° sans all G.M. avec all G.M.

2069

2 381,07

2460

2 831,05

3° sans all G.M. avec all G.M.

2139

2 461,63

AU TAUX DE REVERSION

2540

2 923,12

4° sans all G.M. avec all G.M.

2209

2 542,19

Conjoints survivants de victimes militaires (guerre ou hors guerre) de moins de 40 ans bénéficiant du taux de reversion

2620

3 015,18

5° sans all G.M. avec all G.M.

2279

2 622,75

2700

3 107,25

6° sans all G.M. avec all G.M.

2349

2 703,31

2780

3 199,32

7° sans all G.M. avec all G.M.

2419

2 783,87

2860

3 291,38

8° sans all G.M. avec all G.M.

2489

2 864,42

2940

3 383,45

9° sans all G.M. avec all G.M.

2559

2 944,98

3020

3 475,52

10° sans all G.M. avec all G.M.

2629

3 025,54

3100

3 567,58

1° sans all G.M. avec all G.M.

Par degré en plus de 10 sans all G.M. avec all G.M.

70

80,56

80

92,07

Conjoints survivants de victimes militaires (guerre ou hors guerre) de plus de 40 ans,bénéficiant du taux de reversion, dont le conjoint était pensionné au taux de 70% …

… au taux de 70 %

336

374,64

… au taux de 75 %

360

401,4

… au taux de 80 %

384

428,16

Conjoints survivants de victimes militaires (guerre ou hors guerre) quel que soit leur âge,bénéficiant du taux de reversion, dont le conjoint était pensionné…

… au taux de 60 %

288

359,06

… au taux de 65 %

312

331,44

Veuves de déportés morts en déportation, et de prisonniers du Viet-Minh morts en captivité, sans condition d’âge et de ressources

667

767,61

Conjoints survivants âgés d’au moins 50 ans ou infirmes remplissant la condition de ressources

667

743,71

avec supplément exceptionnel

MAJORATION POUR LES TITULAIRES DE L’ARTICLE L18 (tierce personne) Conjoints survivants pensionnés justifiant de 15 ans de mariage et de soins, dont le conjoint était bénéficiaire de l’article L18 (tierce personne) avec l’allocation n° 5 bis (b) et était donc : aveugle, ou amputé de deux membres, ou paraplégique

350

402,79

Conjoints survivants (autres que ceux ci-dessus) pensionnés justifiant de 15 ans de mariage et de soins, dont le conjoint était bénéficiaire de l’article L 18 (tierce personne) avec l’all. n° 5 bis (a)

260

299,22

(1) A ces totaux s’ajoute éventuellement l’une des all. G.I. N° 8 (de 368 à 800 points selon le taux ou la nature de l’infirmité). L’all.G.M servie est soit l’all. prévue selon le taux, soit certaines all. spécifiques (ex: 982 points pour aveugles) si cette all. est plus avantageuse.

LES IMPLAçABLES L’Allocation aux grands invalides n°9, dite allocation aux implaçables, n’est pas d’un montant fixe. En effet, elle représente pour le bénéficiaire la différence entre ses revenus (pension et autres) et le montant produit par la multiplication de la valeur du point et de l’indice 1500 s’il est âgé de 65 ans ou de l’indice 1200 s’il a plus de 65 ans. Ainsi par exemple, un pensionné à 90 % sans allocation G.M. bénéficie d’une pension d’inva-

lidité calculée sur l’indice 522. S’il n’a pas d’autres ressources que sa pension, et s’il est âgé de moins de 65 ans, le montant mensuel de son allocation n°9 sera calculée comme suit : • 522 x 13,81 e / 12 = 600,74 e • Les ressources globales autorisées sont fixées sur la base de l’indice 1500 multipliées par la valeur du point de pension en vigueur : Indice 1500 = 20 715,00 e par an, soit 1 726,25 e par mois.

• En retranchant de cette somme le montant mensuel de cette pension : 1 726,25 e - 600,74 e on obtient la valeur mensuelle de l’allocation n°9 : 1 125,52 e • montant mensuel des ressources autorisées Indice 1500 = 1 726,25 e Indice 1200 = 1 381,00 e

janvier-février  2011 - N°768-769 - LE RÉVEIL

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LE RÉVEIL magazine

Jaurès un combat d’actualité Jaurès, la passion du journaliste de Charles Silvestre1, vu par la presse

Jaurès, la passion du journaliste de Charles Silvestre Préface Edmonde Charles-Roux Dessins Ernest Pignon-Ernest 180 pages. 12 euros Éd. Le Temps des Cerises 47 avenue Mathurin-Moreau 75 020 Paris. Tel. 01 42 01 45 99 contact@letempsdescerises.net

« Jaurès journaliste, on croyait tout connaître de cette histoire. Eh bien, Charles Silvestre la renouvelle et lui redonne fraîcheur et sens, car il sait poser avec pertinence des questions simples, mais essentielles ». Gilles Candar, historien. L’Humanité. « Fondateur de l’Humanité, Jaurès fut aussi un chroniqueur inlassable de l’actualité. Ce livre fait revivre cet aspect du personnage ». Politis.

« Ce bouquin est accompagné de dessins magnifiques d’Ernest Pignon-Ernest. En ces temps où, à juste titre, le métier de journaliste est critiqué, ça fait du bien de lire ou de relire un livre, hommage à Jaurès, qui prend le journalisme comme un moyen de lucidité, une matière à penser, un métier qui peut fournir du grain à moudre ». Daniel Mermet. France-Inter, entretien pour Là-bas si j’y suis, 10/11/2010.

« Jaurès était un ogre, un monstre. De la pensée, de la politique, de l’éloquence. Du journalisme aussi. Et le journaliste Charles Silvestre nous le rappelle preuves à l’appui, dans un livre passionnant ». Franz-Olivier Giesbert. Le Point, 30/09/2010.

« Ami lecteur, la fougue, la passion qui habitait Jaurès est exemplaire. Laissez-vous emporter… Charles Silvestre nous invite à une surprenante et précieuse leçon de journalisme. Écoutez-la et prenez-en soin ». Edmonde Charles Roux. La Provence, 21/11/2010.

« Jaurès, la passion du journaliste, c’est le titre d’un magnifique texte de Charles Silvestre que je reçois ce soir sur Europe 1. La préface est d’Edmonde Charles-Roux et les dessins d’Ernest Pignon-Ernest, ce qui n’est pas rien ». Pierre-Louis Basse. Entretien pour Europe 1, 21/10/2010.

(1) Charles Sylvestre est collaborateur du Réveil, il a, entre autres, publié un article sur Jaurès dans notre dernier cahier mémoire de 14/18, sur le Jaurès combattant de la paix tentant d’éviter la grande guerre. Charles est à notre disposition, si vous le souhaitez dans vos comité locaux et départementaux, pour organiser des conférences sur ce combat de Jean Jaurès, sur les causes et les conséquences de la guerre. Vous pouvez le joindre pour les présentations et conférences de l’auteur :

charles.silvestre@wanadoo.fr Tél : 06 82 31 95 88

Appel à la souscription ! Pour la réussite du nouveau Réveil mensuel : de nouveaux moyens financiers… Ensemble, faisons vivre les valeurs de l’ARAC Le comité départemental : ......................................................................................................................................................... La section :................................................................................................................................................................................... M. ou Mme :................................................................................................................................................................................ Fait un don de :........................................................................................................................................................................ e • Joindre un chèque au nom du Réveil des Combattants • Envoyer votre souscription au Réveil des Combattants - 2 place du Méridien - 94807 Villejuif cedex

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LE RÉVEIL - N° 768-769 - janvier-février 2011


VIEmagazine DE L’ARAC LE RÉVEIL

pour l’exemple… Un capitaine avocat d’office au « tourniquet ». Mais la cause est déjà entendue dans cet univers réduit où la peur, la sape de mine sous la tranchée, la boue, la pluie et les rats, les balles et les obus, l’enfer sous la tente du chirurgien qui opère à la chaîne, tout au long des jours, des corps en bouillie sanglante, des marraines de guerre qui n’en sont pas de vraies, des médecins qui ignorent les traumatismes et renvoient tous les consultants en première ligne - « tous tire-au-flan » - des colonels, des généraux : « Allez, Jonas, au tourniquet ! Et vite ! Le désordre doit être jugulé. L’armée abrite suffisamment de mauvais esprit (…) Dreyfus, le traître, vient d’être promu commandant (…) Et l’académie Goncourt en tête. Voilà Le Feu, la saleté commise par ce Barbusse, couronné… »

Tranchecaille Une enquête dans les tranchées Patrick Pécherot, Série Noire, Gallimard Trophée 813 du meilleur roman noir francophone 2009

Patrick Pécherot, l’auteur, est de la lignée des Didier Daeninckx et Jean Amila, un raconteur engagé d’histoires et d’hommes. Tranchecaille, un « poilu » un peu simplet, un peu candide ou très rusé ? La malchance : un pantalon et une veste militaire trop grands, trop longs, qu’il veut avec force qu’on lui change : le pantalon tombe sur ses genoux et, lui, tombe parfois dans les trous d’obus lors de l’assaut. Aux mauvais moments, aux mauvais endroits, à l’assaut comme à la garde, à l’arrière comme en perm’. Altercation avec un jeune lieutenant qui veut lui faire enfiler le pantalon d’un mort. Le lieutenant est assassiné durant un assaut. Ce ne peut être que Jonas (c’est son nom), ce ne peut être que Tranchecaille. Tribunal militaire,

Une écriture, précise, ciselée en chapitres courts : un par épisode de l’enquête au front, à l’arrière, à Paris… Jonas coupable ou non ? Peu importe : fusillé dès les premières pages du livre. Ensuite, l’autopsie du meurtre officiel : témoins des faits tous tombés au front et muets… Témoins du procès, demain : « Ils mourront comme meurent les bêtes (…) et leurs noms jauniront sur un papier… Les vagues d’assaut auront gagné cent mètres. Un communiqué annoncera une percée foudroyante ». C’était le 1er juillet 1917… Qu’est-ce qu’un fusillé de plus, mutin ou non, dans cette immense boucherie ? Un livre remarquable, un éclairage sur la guerre 14-18 qu’il ne faut pas manquer d’aborder.

Jaurès à Normal’Sup, le 4 mars Le journalisme et la révolution sociale A l’heure où la presse écrite est à la croisée des chemins, refaire le parcours de Jaurès, journaliste, directeur de l’Humanité, intellectuel et parlementaire, inséparable du socialiste de premier plan qu’il a été et qui a donné à la république sociale une dimension révolutionnaire, représente plus qu’un intérêt historique. La Société des amis de l’Humanité présidée par Edmonde CharlesRoux et Ernest Pignon-Ernest, avec les Amis de l’Humanité de Paris, l’Humanité et la Société d’études jaurésiennes, invite à une rencontre exceptionnelle le vendredi 4 mars, à 19 heures, dans un lieu chargé de symbole : l’École normale supérieure. Jaurès, entré premier en 1878, y a fait ses premières armes dans la philosophie, l’histoire, avant de s’engager dans la politique en 1885, puis dans le journalisme, à La Dépêche de Toulouse, en 1887, et à l’Humanité qu’il fonde en 1904.

Interviendront Charles Silvestre, secrétaire national des Amis de l’Humanité, auteur de Jaurès, la passion du journaliste (Le Temps des Cerises), Jean-Numa Ducange, historien, spécialiste des rapports entre Jaurès et le mouvement socialiste européen, notamment allemand, et Patrick Le Hyaric, directeur de l’Humanité, député au Parlement européen, sur le sens de la démarche qui a été celle de Jaurès en fondant le journal. Le comédien Charles Gonzales lira des extraits d’articles.

Jaurès, le journalisme et la révolution sociale Vendredi 4 mars, 19 heures. École normale supérieure, Paris, 45 rue d’Ulm, salle Dussane. Entrée libre.

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