Magazine reveil des combattants mai 2013

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Mali, silence dans les rangs

Jean Moulin, une lumière dans la nuit de l’occupation

le réveil Mai 2013 - N°793 - 5 e

www.le-reveil-des-combattants.fr

UE : 80 millions de travailleurs en difficulté

des combattants

Pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix

L’Europe ne peut être un recul de civilisation

Le journal des droits de tous les anciens combattants et victimes de guerre


LE RÉVEIL MÉMOIRE

Le Fort de Romainville doit rester lieu de Mémoire Une lettre de l’ARAC au ministre chargé des Anciens Combattants, Kader Arif Monsieur le Ministre, L’ARAC, l’Association des anciens combattants et victimes de guerre, leurs amis de toutes générations, ont été choqués, émus par les dispositions concernant le site Mémoriel du Fort de Romainville aux Lilas, propriété de l’armée française et patrimoine national. Nous avons été surpris de constater, lors de la cérémonie d’hommage aux 7 000 personnes, enfermées avant leur exécution ou leur déportation, le samedi 27 avril dernier, que la commémoration se soit déroulée devant des photographies des plaques commémoratives à l’intérieur du fort, loin du mur extérieur où ces plaques sont fixées. Les responsables de la manifestation nous ont précisé que ce changement de lieu avait été décidé parce qu’elle contraignait les propriétaires du parc privé se trouvant devant le fort à laisser passer les personnes venant se recueillir devant ces plaques. 2-

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Il faut observer que le mur extérieur du fort qui supporte ces plaques borde les fossés du fort et que la seule question qui se pose est de dégager un passage à partir de la rue pour aller vers le fossé. Nous tenons à rappeler aussi que ces plaques commémoratives permettent aux populations, le fort fermé, de venir honorer la mémoire de ses martyrs, tels Danièle Casanova, le colonel Fabien, Madeleine Odru et d’autres parmi les 7 000 qui sont passés dans ce lieu. Nous ne pouvons donc accepter ce changement. Notre émotion est accentuée par l’annonce de vente du site pour y réaliser un domaine privé. Or le Fort de Romainville est resté presque en l’état depuis la Seconde Guerre mondiale. Il constitue une source exceptionnelle de mémoire, de connaissance de l’histoire de ce lieu et celle des résistants qui y furent internés sous l’occupation. Il convient donc d’en assurer la pérennité. En conséquence, nous demandons : - De bien vouloir faire procéder à l’ouver-

ture d’un passage à partir de la rue pour permettre la visite des plaques commémoratives et des commémorations qui s’y rattachent. - En second lieu, de bien vouloir faire ériger un monument de mémoire à l’intérieur du Fort pour honorer les onze Résistants qui furent fusillés quelques heures avant la Libération. Enfin, nous vous demandons de bien vouloir prendre les dispositions nécessaires pour empêcher la vente du fort de Romainville afin qu’il reste un lieu de mémoire du patrimoine national, essentiel pour la diffusion de connaissance historique aux générations nouvelles. Dans l’attente de votre réponse, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de notre haute considération et de nos sentiments patriotiques et républicains. Raphaël VAHE - Président National Villejuif, le 27 mai 2013


ÉDITO LE RÉVEIL

Refusons tout recul de civilisation !

SOMMAIRE Actualités p. 4 Témoignage : la réalité des camps de concentration. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 Oui, en France, certains salaires augmentent…. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 Un site, un blog pour le Réveil des Combattants.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 Europe : 80 millions de travailleurs en difficulté.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 International p. 8 Mali : silence dans les rangs !.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 Poker menteur à Bamako. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 Le Qatar aide les rebelles syriens.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 Drones à la française. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 Coup de jeunes sur Cuba . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 1/4 des Allemands pour l’abandon de l’euro.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 Vie de l’ARAC p. 21 Hommage à Susanne Masson.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 La vie des comités. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 Souscription nationale.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 La direction nationale de l’ARAC.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 Vos droits p. 27 Pas touche à l’ERP de Soisy-sur-Seine.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 Le point PMI à 13,92.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 Droits à réparation, indissociables des droits sociaux.. . . . . . . . . . . . . 28 Magazine p. 31

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Jean Moulin,

une lumière dans la nuit de l’occupation La vie et l’action de Jean Moulin, à l’occasion du 70e anniversaire du CNR www.le-reveil-des-combattants.fr LE RÉVEIL DES COMBATTANTS Fondé en 1931 par Henri-Barbusse Mensuel de l’Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre. Commission paritaire n° 0713-A 06545 Édité par les Éditions du Réveil des Combattants SARL au capital de 45 734,41 - Siret : 572 052 991 000 39 2, place du Méridien, 94807 Villejuif cedex Téléphone : 01 42 11 11 12 Télécopie : 01 42 11 11 10 reveil-des-combattants@wanadoo.fr

Tirage : 60 000 exemplaires Gérant Directeur de la publication : Raphaël Vahé • Directeur délégué - Rédacteur en chef : Patrick Staat • Comité de Rédaction : Brigitte Canévêt, Hervé Corzani, Jean-Pierre Delahaye, André Fillère, Laurence Gorain• Service photos : JeanClaude Fèvre • Administratrice : Annick Chevalier • Secrétariat de rédaction, conception graphique : Escalier D Communication • Impression : RIVET P.E. - 24 rue Claude-Henri-Gorceix, 87022 Limoges cedex 9

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ourquoi et à quel titre devrions-nous plier aux ordres du commissaire européen chargé des Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, qui a fixé les trois cibles suivantes au président Hollande (Le Monde, 10 mai) ?

• S’attaquer à la retraite par répartition. Répartition, le mot est important parce qu’il s’agit d’un esprit de solidarité entre salariés actifs et salariés retraités. C’est un des fondements de la République française. Il est l’exact contraire d’une retraite privée où seuls ceux qui en ont les moyens auront l’espoir d’une retraite décente. C’est la république à deux vitesses. Les 20 et 21 juin, la machine se mettra en marche. • L’assouplissement du marché du travail dont le prix devrait être de se débarrasser des « charges sociales ». En clair, l’ANI ne suffit pas : après s’être attaqué au code du travail, il faut en diminuer le coût, donc remettre en cause la Sécurité sociale. Après les réformes successives de la santé, des millions de français déjà hésitent à se soigner. Demain, pour être assuré, il faudra cotiser sur ses revenus. • La privatisation des services publics et d’infrastructures. Cibles désignées par la commission européenne : l’électricité et le ferroviaire. Avec ces trois mesures, la France va perdre son âme, ses valeurs républicaines, fruits des luttes depuis deux siècles. Le combat pour la liberté, l’égalité, la fraternité reste d’actualité au pays des droits de l’homme. C’est l’année du 70e anniversaire du CNR que sont portés les coups les plus durs. Tout un symbole ! En 2007, Denis Kessler, vice-président du patronat, écrivait : « Adieu 1945, raccrochons notre pays au monde … Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945 et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance… ». Il est inacceptable que ce soit un gouvernement de gauche qui s’attelle à la tâche et donne satisfaction au patronat. Nous appelons toutes celles et tous ceux, salariés, retraités, ACVG, chômeurs, toutes générations confondues, à œuvrer pour s’opposer à la mise en concurrence des peuples d’Europe, à la casse au nom du modernisme, des systèmes de solidarité entre les Français. Il y va de notre avenir, de l’avenir de notre pays, de sa souveraineté mais aussi de l’avenir de l’ensemble des peuples et nations d’Europe. La mise en concurrence des peuples, c’est la mise en œuvre d’un véritable recul de civilisation.

Patrick Staat LE RÉVEIL - N°793 - mai 2013

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Témoignage I La réalité des camps de concentration Dans le cadre de la préparation d’un dossier mémoire sur la réalité des camps de concentration, nous allons publier une série de témoignages. Le premier est celui de Gaston Viens, ancien maire d’Orly, premier président du Conseil général du Val-de-Marne en 1965, résistant dès 16 ans, proche de Marie-Claude Vaillant-Couturier, Marcel Paul… Gaston Viens, décoré chevalier de la Légion d’honneur en février 1982

Le témoignage de Gaston Viens L’engagement dans la résistance avait pour origine le rejet de l’occupation, de la collaboration, du racisme et de l’antisémitisme. Jeune communiste, fils de militants, je me suis engagé dans les FTPF avec l’intention de rejoindre le maquis pour participer aux combats pour la libération de la France. Avec trois camarades de mon groupe nous avons été arrêtés le 13 juillet 1943 au cours d’une action pour inciter les jeunes, particulièrement ceux de la classe 42, à ne pas partir pour le service du travail obligatoire en Allemagne. Après un an de prison à Avignon puis à Aix-en-Provence nous avons été jugé par un tribunal spécial en mars 1944 et internés au camp de Saint-Sulpicela-Pointe dans le département du Tarn pour la durée de la guerre. Le 31 juillet 1944, le camp a été investi par les SS et nous avons été embarqués dans des wagons à bestiaux pour une destination inconnue qui s’est avérée être le camp de Buchenwald de sinistre mémoire. A Buchenwald nous avons rejoint la résistance organisée dans le camp. Avant mai 1944, la résistance communiste française dans le camp de Buchenwald était animée par le camarade Lucien Lagarde et le groupement gaulliste s’était constitué autour de Frédéric Henri Manhes, d’Eugène Thomas, ancien député socialiste à l’Assemblée nationale et de quelques personnalités appartenant à divers mouvements de Résistance. 4-

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L’arrivée en mai 1944 de deux convois de Français, l’un venant d’Auschwitz où se trouvait Marcel Paul et l’autre de Compiègne avec André Leroy, deux responsables de haut niveau du Parti communiste français, allait ouvrir la voie à la constitution d’un comité fait à l’image du Conseil national de la Résistance française et qui allait mettre en action l’ensemble des forces françaises regroupées dans ce qui sera le Comité des intérêts français. Le colonel Manhes était l’ancien compagnon de Jean Moulin, fondateur du Conseil national de la Résistance, délégué du Général de Gaulle en zone Nord. Cet officier de républicain savait d’expérience, après ses missions en France occupée, ce que représentaient le Parti communiste français et ses militants au sein des Forces françaises de l’intérieur. La première rencontre avec Marcel Paul se déroula au petit camp, au bloc 57. La décision fut prise ce jour-là de reconstituer dans les conditions de Buchenwald une sorte de Conseil national de la Résistance regroupant toutes les familles de la lutte clandestine représentées dans le camp. Frédéric Manhes était déjà en liaison avec le camarade Papau, un responsable du Front national (le Front national de la Résistance qui n’a rien de commun avec celui qu’a constitué Jean-Marie Le Pen après la Libération, en usurpant ce titre, malgré la protestation des associations d’anciens combattants). Moins de trois mois après la rencontre de Marcel Paul et du colonel Mahnes, le comité des intérêts français était fondé. Son bureau exécutif comprenait cinq membres. C’est le colonel Manhes, en

raison de ses responsabilités passées aux côtés de Jean Moulin ainsi que de sa volonté d’union et de lutte, qui assurait la présidence du comité. Marcel Paul était le secrétaire. Eugène Thomas, Robert Darssonville, Albert Vautier, Maurice Chaffeteaux constituaient le bureau exécutif. Ils représentaient 34 groupes de résistants français. Les responsables vont s’employer avec leurs camarades de groupes ou de parti à trois tâches primordiales : - Détecter parmi les Français du camp, y compris parmi ceux qui arrivent sans cesse, les résistants appartenant à leur organisation, contrôler les raisons de leur arrestation et maintenir le contact avec eux. - Mettre tout en œuvre pour sauver moralement et physiquement la communauté française dans le cadre de la solidarité antifasciste internationale. - Organiser le sabotage de la machine de guerre hitlérienne et préparer l’insurrection libératrice. Lorsque la brigade d’action libératrice a été créée, j’ai été affecté au bataillon Saint-Just. J’étais agent de liaison entre les groupes de combats et le commandement. Des camarades disaient : c’est bien de mettre en place une organisation militaire, mais sans armes que pourrons-nous faire ? Nous avions des armes, seuls le savaient ceux qui avaient participé à leur récupération à la “gusloff”, une usine qui travaillait à la remise en état de fusils et autres armes de guerre. Au mois d’août, les usines du camp avaient été bombardées par l’aviation américaine. Des camarades profitèrent de l’affolement général, y compris celui de nos gardiens, pour


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prendre possession d’armes et de munitions. Il y avait beaucoup de morts y compris parmi les détenus du camp. Les camarades qui travaillaient dans les usines étaient restés enfermés dans les ateliers pendant le bombardement. Les camarades chargés de retirer les corps des décombres et de les ramener sur des chariots au four crématoire du camp placèrent sous les corps les armes et munitions pour les cacher dans le camp. Cette opération fut essentiellement l’œuvre de la résistance allemande, particulièrement des membres du Parti communiste allemand dont un certain nombre avait des responsabilités dans les ateliers de l’usine qui avait été bombardée. Le 11 avril, l’armée du général Patton approchait du camp. Nous étions inquiets. Après avoir organisé les marches de la mort en envoyant sur les routes des milliers de camarades, nous pouvions craindre que les nazis veuillent effacer les traces de leurs crimes et pour cela détruisent les installations du camp. On parlait d’une opération lance-flammes où nous étions tous condamnés à mourir. En fin de matinée, l’ordre de l’insurrection était donné tandis que les SS quittaient le camp devant l’arrivée des Américains. Certains furent faits prisonniers. Les armes cachées dans les caves à charbon avaient été distribuées, le camp était libéré lorsque les soldats américains sont arrivés. C’est ce que déclarera le général Eisenhower après sa visite du camp. Dans les jours qui suivirent nous devions nous réunir sur la place d’appel pour adopter à l’unanimité un serment où nous nous engagions solennellement à lutter pour ne plus revoir ça. Gaston Viens

Oui, en France, certains salaires augmentent. La preuve ! Décidément, il faut lire chaque matin l’excellent quotidien économique Les Échos, propriété du non moins excellent Bernard Arnault, PDG du groupe LVMH. Ne serait-ce que pour rire un peu avant de partir au boulot, rire jaune, en l’occurrence. Titre de Une ce matin (2 mai) : « Les salaires des patrons du CAC 40 écornés par la crise ». On se précipite à la page 25 en se disant que les stars de l’indice phare de la Bourse de Paris ont enfin gagné en modestie, que l’idée d’une nécessaire pudeur salariale, en temps de crise, leur a enfin traversé l’esprit. Et, de fait, on apprend qu’en 2012, les 40 patrons de ces grandes entreprise ont vu leurs rémunérations baisser de 4% par rapport à 2011 : ils n’ont gagné « que » 92,7 millions d’euros. Soit, en moyenne, plus de 2,3 millions par tête de pipe. Soit, si l’on préfère, près de 200 000 euros par mois ! L’équivalent d’environ 150 SMIC mensuels. Bonjour la modération salariale… Mais quand on entre dans le détail de leurs émoluments, on manque de s’étrangler. Maurice Lévy, le président du directoire de Publicis, a vu sa rémunération progresser de 33 % à 4,8 millions d’euros. Celle de Bruno Lafont, PDG des Ciments Lafarge (2,8 millions d’euros), a décollé de 83 %, notamment grâce à une prime de bons résultats de 800 000 euros ; celle de Jean-Laurent Bonnafé, le patron de BNP Paribas

(2,8 millions d’euros), a été majorée de 33 %. Et l’on pourrait poursuivre la litanie de ces managers qui ne connaissent pas la crise : Technip (2,5 millions) : + 27 % ; Société Générale (2,5 millions) : + 26 % ; Schneider Electric (2,4 millions) : + 15 % ; Véolia (1,5 million) : + 38 %… Preuve que les salaires des grands patrons n’ont pas tous été « écornés par la crise »… Le vrai gag de ce tableau d’honneur salarial est à mettre à l’actif de Carlos Ghosn, le PDG de Renault. A l’occasion de l’accord sur la compétitivité du groupe signé avec les syndicats, il s’est engagé à reporter à 2016 le versement de 30% de sa part variable. Quel beau geste ! Des 1,4 million d’euros qu’il devait toucher cette année, il ne percevra donc « que » 1 million. Mais le total de ses salaires (fixe + variable) s’élève tout de même à 2,6 millions d’euros. Auquel il faut ajouter son salaire de PDG de Nissan : plus de 9 millions d’euros. Qui a envie de pleurer ? Certains patrons, en revanche, ont bel et bien vu leurs salaires chuter, et sacrément, tel Franck Riboud, le PDG de Danone (3,2 millions d’euros, en baisse de 26 %) ou Martin Bouygues (900 000 euros, en baisse de 60 %). Quoi qu’il en soit, nos patrons stars restent bel bien parmi les mieux payés d’Europe. Ouf ! Laurent Neumann, Marianne (2 mai 2013) LE RÉVEIL - N°793 - mai 2013

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS

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Site internet et blog « Le Réveil des combattants » C’est avec plaisir que nous vous dévoilons le site internet et le blog de notre journal Le réveil des combattants. Ce site est évolutif. De nouvelles rubriques seront prochainement mises en ligne. Pour faciliter la navigation, il vous est possible de passer du site au blog en un simple clic. Bon surf à tous, Le comité de rédaction

www.le-reveil-des-combattants.fr

Le blog : lereveildescombattantsblog.wordpress.com

A Douchy-Les-Mines, le relais de la mémoire...

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epuis de nombreuses années déjà, dans un partenariat efficace avec la section des anciens combattants, les écoles de la commune et l’école municipale de musique, la ville de Douchy-Les-

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Mines cultive le relais de la mémoire entre les générations. Des moyens sont ainsi mobilisés pour lutter contre l’oubli, mieux comprendre le passé, pour mieux appréhender l’avenir dans la paix.

Chaque célébration de l’armistice du 11 novembre 1918 par exemple (notre photo), est ainsi mise à profit pour un travail de fond sur la mémoire et la citoyenneté en direction des écoles. Ces interventions en amont auprès des scolaires aboutissent à chacune de ces commémorations à une participation massive des enfants des écoles et de leurs parents à ce temps fort de la vie de la mémoire dans la commune. Ce relais se transmet fidèlement d’année en année. Un bel exemple pour se passer le flambeau de la paix entre les générations. Cette commémoration se poursuit aussi à d’autres moments de l’année scolaire par la visite des élèves accompagnés des anciens combattants, des sites de Vimy et de Notre-Dame-de-Lorette dans le Pasde-Calais.


actualités LE RÉVEIL

Union européenne 80 millions de travailleurs en sous-emploi ou sans emploi Les derniers chiffres de l’enquête Eurostat révèlent que 43 millions de personnes travaillent à temps partiel dans l’Union européenne en 2012, ce qui s’ajoutent non seulement aux 26 millions de chômeurs mais aussi aux 11 millions de personnes disponibles mais sans emploi. Les chiffres de travailleurs à temps partiel ne cessent de progresser depuis le début de la crise : de 18,5 % de la population active européenne en 2008, ils sont passés à 21,4 % en 2012. Avec le développement de ladite « flexsécurité » au sein de l’UE, le travail à temps partiel se répand désormais de plus en plus comme une norme de travail. Il représente déjà un quart des emplois en Belgique, au Danemark (25,7 %), en Allemagne (26,5 %), en Irlande (23,9 %), en Autriche (25,5 %), au RoyaumeUni (27 %) et en Suède (26,5 %). Aux Pays-Bas, champions de cette forme de précarité, ils comptent pour un emploi sur deux (49,8 %). Les emplois à temps partiel représentent tout de même 18% des emplois en France. A l’échelle européenne, un travailleur à temps partiel sur quatre souhaiterait travailler plus. Un chiffre qui s’élève à 24,7 % en France, à 33,6 % en Irlande, 42,8 % au Portugal. Ils représentent une majorité à Chypre (50,4 %), en Espagne (54,6 %) et en Grèce (66 %). Le fait de détenir un emploi devient également de moins en moins un facteur de sortie de la pauvreté et de la précarité. Une étude de l’institut de statistiques allemand Destatis démontrait, en août dernier, que 20 % des travailleurs allemands étaient pauvres, victimes des contrats précaires (temps partiels, CDD, mini-jobs), un chiffre qui tend par ailleurs à progresser. Le Danemark ou la Suède connaissent ce même phénomène nouveau de « travailleurs pauvres », la faute à leur dérégulation

récente du marché du travail. Le taux de travailleurs pauvres est passé ainsi de 5 à 10 % en Suède entre 2005 et 2012.

37 millions de personnes sans emploi en Europe Les chiffres officiels de l’Union européenne estiment à 26 millions le nombre de chômeurs, soit 10 millions de chômeurs supplémentaires depuis 2008, avec un taux de chômage officiel fixé désormais à 11% en février 2013, contre 6,8 % en février 2008. Les taux les plus élevés sont enregistrés en Grèce évidemment (26,4 %) mais aussi en Espagne (26,3 %), suivis par le Portugal (17,5 %), l’Irlande (14,2 %) et la Slovaquie (14,6 %). Parmi les populations les plus vulnérables, les jeunes sont fortement

touchés par le chômage, un jeune sur quatre est au chômage dans l’UE (23,5 %), une majorité en Grèce (58,4 %), en Espagne (55,7 %) et une forte minorité au Portugal (38,2 %) et en Italie (37,8 %). Or, comme le révèle l’étude Eurostat, ces chiffres masquent généralement un certain nombre de personnes actives mais sans emploi. Ce sont les personnes entre 15 et 74 ans disponibles pour travailler mais qui ne recherchent pas d’emploi (8,8 millions de travailleurs) et celles recherchant un emploi mais indisponibles (2,3 millions de travailleurs). En additionnant le nombre de travailleurs en sous-emploi, ceux au chômage officiellement et ceux sans emploi mais actifs, on obtient le chiffre de 80 millions de travailleurs sous-employés ou non-employés. Ramenés aux nombre d’actifs dans l’UE, 240 millions, on peut affirmer qu’un tiers des travailleurs sont victimes d’une forme de précarité ou du chômage direct ou indirect.

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LE RÉVEIL international

MALI I Silence dans les rangs ! Le gouvernement français veut museler les opposants à l’intervention militaire au Mali : Aminata Traoré interdite de visa sur le territoire français et une partie de l’Europe. Vers un retour de la Françafrique ? L’ancienne ministre malienne de la Culture et du Tourisme, militante féministe et alter mondialiste, écrivaine, n’est plus la bienvenue en France. Elle qui avait été invitée aux universités d’été du PS en 2010 à La Rochelle s’est vue récemment, interdite de séjour en territoire français. Elle le serait même dans tout l’espace Shengen (26 états européens) à la demande de Paris. L’information n’a pas fait la une des journaux. Les télés et radios sont restées plus que discrètes. Consensus autour de l’interventionnisme français oblige ! Paierait-elle sa critique virulente de l’intervention française au Mali dans une tribune intitulée Femmes du Mali : disons non à la guerre par procuration, l’ancienne ministre en est convaincue… « C’est le 12 avril, au moment de me rendre à Berlin à l’invitation de la gauche allemande (Die Linke) et à Paris à celle du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) que j’ai appris que j’étais devenue persona non grata en Europe à la demande de la France », raconte Aminata Traoré dans un essai intitulé Le naufrage et l’offense, daté du 3 mai et relayé notamment par Mediapart. « L’ambassade d’Allemagne m’a donné un visa qui m’a permis de me rendre à Berlin en passant par Istanbul (Turquie) au lieu d’Amsterdam (Pays-Bas), comme initialement prévu. Quant à l’étape de Paris, elle a tout simplement été annulée », faitelle savoir. « L’ambassade d’Allemagne nous a informé que la France a empêché qu’on vous donne un visa pour tous les pays Schengen », lui explique alors la Fondation Rosa Luxemburg, une association allemande, chargée de l’organisation de son voyage. « L’interdiction de l’espace Schengen ne me vise pas en tant que femme, mais elle démontre que celles qui refusent d’être instrumentalisées dans la défense des intérêts dominants peuvent être combattues. J’en 8-

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fais la douloureuse expérience au niveau national depuis longtemps déjà, mais ne m’attendais à être ostracisée de la part du pays des droits de l’homme, précisément au moment où mon pays est en guerre (…) » Pour elle, il ne fait aucun doute que son opposition à l’intervention armée étrangère et à ses motivations est à l’origine de la « punition » infligée par le Quai d’Orsay sur ordre du gouvernement français.

Le FMI et la Banque mondiale en accusation Dans son analyse de la situation, Aminata Traoré estime que la France n’a que ses intérêts en vue. « Les enjeux de l’intervention militaire en cours sont : économiques (l’uranium, donc le nucléaire et l’indépendance énergétique), sécuritaire (les menaces d’attentats terroristes contre les intérêts des multinationales notamment AREVA, les prises d’otages, le grand banditisme, notamment le narcotrafic et les ventes d’armes), géopolitique (notamment la concurrence chinoise) et migratoires », constate-t-elle avant de s’interroger : « Quelle paix, quelle réconciliation et quelle reconstruction peut-on espérer lorsque ces enjeux sont soigneusement cachés au peuple ? » Évidemment, alors que la majorité de la classe politique et l’opinion publique française ont soutenu l’opération « Serval », l’opinion d’Aminata Traoré détonne dans le consensus général. L’ex-ministre de la Culture souligne que « le Mali ne souffre pas d’une crise humanitaire et sécuritaire au nord du fait de la rébellion et de l’islam radical et d’une crise politique et institutionnelle au sud en raison du coup d’État du 22 mars 2012 ». Pour elle, cette approche réductrice représente une véritable entrave à la paix et la reconstruction nationale. Les raisons sont à chercher ailleurs et Aminata Traoré cogne là où cela fait mal : « Nous

avons assisté à l’effondrement d’un capitalisme malien prétendument gagnant au coût social et humain fort élevé », expliquet-elle dans son long essai. Selon elle, les terroristes ont simplement profité de ce climat désastreux provoqué par les politiques néolibérales, notamment instaurées par les instances comme le Fonds monétaire internationale (FMI) et la Banque mondiale. « La rébellion du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), le coup d’État et le recrutement des jeunes chômeurs et affamés, au nord comme au sud du pays par AQMI, Ansar Dine et MUJAO, s’inscrivent dans un environnement national explosif. Il a été marqué, en fin 2011 et début 2012, par des marches de protestation contre la vie chère, le chômage, la précarité, le référendum constitutionnel, la question foncière, la corruption et l’impunité », affirme Aminata Traoré. Nul doute que cette analyse, propre à Aminata Traoré, dévoile des dimensions que l’on cherche à occulter. Pas de visa, pas de débat, espèrent les mêmes qui ont justifié l’intervention militaire au nom du respect des libertés, des droits de l’homme, du combat contre le terrorisme et qui aujourd’hui se comportent en censeurs, tentent de museler le débat démocratique. Le Centre de recherches et d’information pour le développement (CRID), un collectif de 53 associations françaises de solidarité internationale a réagi dans un communiqué le 6 mai dernier : « Nos organisations, alors même que leurs appréciations et positions publiques sur l’intervention de la France au Mali et ses prolongements actuels peuvent être différentes, désapprouvent unanimement qu’une personne, dont les apports dans les débats internationaux et les liens avec les mouvements de solidarité internationale sont incontestables, soit ainsi privée de parole en étant privée de visa. » Ceux qui espéraient, comme il l’avait promis, dans la présidence de François Hollande, la fin de la Françafrique ou une politique africaine de la France plus équitable, apprécierons. Jean-Pierre Delahaye


international LE RÉVEIL

Reconstruction

Poker menteur à Bamako Après la conférence de Bruxelles sur l’aide financière nécessaire à la reconstruction du Mali, des organisations humanitaires s’inquiètent. Derrière les discours, la France diminue sa contribution. Le 2 février dernier, François Hollande était accueilli triomphalement à Bamako. Après quelques semaines de combat, les troupes françaises de l’opération Serval avaient repoussé les fanatiques islamistes. Couvert des lauriers du vainqueur, le président de la République déclarait alors solennellement devant la population et les autorités maliennes : « L’autre phase qui s’engage, dès aujourd’hui au Mali, est celle de l’aide du développement ». Or, le 4 mars dernier, le Comité d’aide au développement de l’OCDE a publié les chiffres de l’aide publique au développement (APD) pour chacun de ses pays membres dont fait évidemment partie la France. Le constat est sévère, pour la seconde année consécutive elle régresse et s’éloigne un peu plus de ses objectifs. Les chiffres parlent : l’aide de la France recule à 12,78 milliards de dollars, soit 0,45 % du revenu national brut (RNB), alors qu’en 2010 elle représentait 13,74 milliards de dollars et 0,5 % du RNB. L’abandon par le gouvernement de son engagement, un de plus, de consacrer 0,7 % de son RNB à la solidarité internationale a des conséquences immédiates sur la lutte contre la pauvreté. Dans le cas du Mali, cette démission aura des conséquences catastrophiques. En clair, Paris renonce à se donner les moyens financiers de participer à la reconstruction et au développement du pays. Selon Christian Reboul, de l’association humanitaire Oxfam France, l’aide française « se retrouve en deçà même des prévisions données par le ministère de l’Économie en septembre dernier. Si la France a systématiquement réaffirmé au niveau international son engagement à consacrer 0,7 % de son revenu national brut à la solidarité, les chiffres confirment un recul significatif. Le respect de cet en-

gagement était un minimum pour la France, pays membre du G8 et cinquième puissance économique mondiale. La France ne se donne pas les moyens de ses ambitions en matière de développement dans les pays pauvres, y compris au Sahel et au Mali. » Oxfam France s’interroge sur la réalité de l’aide au développement destinée au Mali et l’annonce de 150 millions d’euros pour le pays. L’utilisation de grands volumes de prêts vient gonfler artificiellement une enveloppe de crédits déjà engagés. Sans même parler développement, Oxfam France souligne que l’appel d’urgence des Nations unies pour l’aide humanitaire au Mali n’est financé aujourd’hui qu’à hauteur d’un peu plus de 82 millions de dollars sur un montant total de 409,5 millions, soit seulement 20 %.

La Conférence sur le Mali : le grand bluff des pays donateurs Faisant suite à la publication des chiffres de l’OCDE, une centaine de pays et d’institutions internationales se sont réunis mercredi 15 mai à Bruxelles. Plusieurs chefs d’État ont participé à cette réunion, dont François Hollande. Objectif annoncé à grand renfort de com : trouver près de deux milliards d’euros pour aider le Mali à sortir de la crise. La somme correspond à 45 % des besoins du pays pour les deux prochaines années, selon le Plan pour la relance établi par les autorités maliennes en avril. Pour mémoire, le PIB malien s’élevait à 8,4 milliards d’euros en 2011. Finalement, les pays donateurs ont « réussi » à mobiliser environ 3,25 milliards d’euros, a annoncé un François Hollande triomphant, en clôture de la réunion, un résultat « au-dessus des objectifs ». Il a souligné qu’il revenait

désormais « aux Maliens de respecter les engagements pour la réconciliation, pour la sécurité, pour l’État de droit et pour la bonne gouvernance ». « C’est un contrat que nous passons ensemble, un beau contrat », a-t-il ajouté. Pour le moment, le détail global des dons n’a pas été rendu public. De plus, plutôt que des dons, plusieurs pays seraient tentés d’accorder des prêts au Mali. Prêts ou dons, les pays et institutions donateurs n’ont, pour la plupart, pas encore précisé la nature de leurs apports respectifs. C’est une des inquiétudes de l’ONG Oxfam, selon qui l’apport français se résume à un effet d’annonce. « Aucun détail n’a été donné sur la composition de cet engagement (...), malgré nos demandes de précisions. Il est à craindre que, au-delà de cet effet d’annonce, la France se contente d’additionner diverses enveloppes d’aides au développement déjà engagées », dénonce l’ONG dans un communiqué. « Il est très probable, poursuit-elle, que la France comptabilise notamment dans ce montant une enveloppe de 150 millions d’euros de fonds déjà engagés ces dernières années et gelés suite au coup d’État de 2012, composée aux deux tiers de prêts ». Selon Christian Reboul, d’Oxfam France : « Le risque est grand de voir le gouvernement entretenir délibérément l’ambiguïté sur la nature des crédits annoncés durant la conférence afin de masquer le fait que l’État français ne mobilisera pas de crédits additionnels pour l’aide au Mali.» Il y a loin des paroles aux actes… Jean-Pierre Delahaye

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LE RÉVEIL international

Le Qatar porte à bout de bras les rebelles syriens « Le Qatar fournit des milliards de dollars aux rebelles syriens » The Financial Times Le minuscule État, riche en gaz, du Qatar a dépensé pas moins de 3 milliards de dollars durant les deux dernières années afin de soutenir la rébellion en Syrie, dépassant de loin tout autre gouvernement, mais il est actuellement devancé par l’Arabie saoudite comme premier fournisseur d’armes aux rebelles. Le coût de l’intervention du Qatar, son dernier assaut pour soutenir une « révolte » arabe, équivaut à une fraction de son portefeuille d’investissements internationaux. Mais son soutien financier à « une révolution » qui s’est transformée en une guerre civile brutale éclipse considérablement le soutien occidental à l’opposition. Dans des dizaines d’entretiens avec le Financial Times, menés au cours des dernières semaines, les chefs rebelles à l’étranger et à l’intérieur de la Syrie ainsi que les responsables régionaux et occidentaux ont détaillé le rôle du Qatar dans le conflit syrien, une source de controverse croissante. Le petit État d’un appétit gargantuesque est le plus grand donateur à l’opposition politique, en fournissant de généreux pécules aux réfugiés transfuges (on l’estime à 50 000 dollars par an pour un transfuge et sa famille) et a fourni de grandes quantités d’aide humanitaire. En septembre, de nombreux rebelles de la province d’Alep en Syrie ont reçu un salaire net mensuel de 150 dollars aux frais du Qatar. Des sources proches du gouvernement qatari disent que les dépenses totales ont atteint jusqu’à 3 milliards de dollars, tandis que des sources rebelles et diplomatiques avancent le chiffre de 1 milliard de dollars au plus. Pour le Qatar, propriétaire de réserves de gaz au troisième rang dans le monde, son intervention en Syrie fait partie d’une quête agressive pour une reconnaissance mondiale et est simplement 10 -

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le dernier chapitre de sa tentative de s’imposer comme un acteur majeur dans la région, suite à son soutien aux rebelles libyens qui ont renversé Mouammar Kadhafi en 2011. Selon le Stockholm International Peace Research Institute, qui suit les transferts d’armes, le Qatar a envoyé la plus grande part des livraisons d’armes à la Syrie, avec plus de 70 vols militaires de cargaisons vers la Turquie voisine, entre avril 2012 et mars de cette année. Mais si son approche est davantage motivée par du pragmatisme et de l’opportunisme que de l’idéologie, le Qatar s’est de plus en plus empêtré dans la politique polarisée de la région, déclenchant une vague de critiques acerbes. « Vous ne pouvez pas acheter une révolution ! », dit un homme d’affaires de l’opposition. Le soutien du Qatar aux groupes islamistes dans le monde arabe, qui le met en désaccord avec ses pairs dans les pays du Golfe, a alimenté une rivalité avec l’Arabie saoudite. L’émir régnant du Qatar, Hamad bin Khalifa al-Thani, « veut être un [Gamal] Abdelnasser islamiste du monde arabe », a déclaré un politicien arabe, se référant au défunt président de l’Égypte et leader pan-arabe. L’intervention du Qatar a suscité une attention croissante. Des rivaux régionaux soutiennent qu’il utilise sa puissance de feu financière simplement pour acheter une l’influence future et qu’il a fini par fragmenter l’opposition syrienne. C’est dans ce contexte que l’Arabie saoudite, qui a été jusqu’à présent un bailleur de fonds plus regardant envers les rebelles syriens, a intensifié sa participation. Les tensions récentes sur l’élection d’un «Premier ministre par intérim» de l’opposition qui a gagné le soutien de la Fraternité musulmane syrienne a également conduit l’Arabie saoudite à

resserrer ses liens avec l’opposition politique, un travail qu’il avait largement laissé entre les mains du Qatar. La relégation du Qatar à la deuxième place en tant que fournisseur d’armes fait suite à une inquiétude croissante en Occident et parmi les autres États arabes que les armes qu’il fournit pourraient tomber entre les mains d’un groupe affilié à al-Qaida, Jabhat al-Nusrah. Les diplomates disent aussi que les Qataris ont eu du mal à assurer un approvisionnement d’armes régulier, ce que les Saoudiens peuvent faire plus efficacement par le biais de leurs réseaux plus développés. Une nouvelle route d’approvisionnement à travers la frontière de la Jordanie au sud de la Syrie a également été ouverte ces derniers mois. Le gouvernement jordanien, qui est terrifié de l’éventualité que des djihadistes puissent prendre le dessus sur son voisin, a permis à contrecœur des livraisons saoudiennes. La réticence de l’Occident à intervenir avec plus de force en Syrie a pratiquement laissé les adversaires de Bachar alAssad dépendre d’un soutien du Qatar, de l’Arabie saoudite et de la Turquie, bien que depuis l’année dernière, les Émirats arabes unis et la Jordanie aient rejoint les partisans des rebelles en tant que partenaires mineurs. Khalid al-Attiyah, le ministre d’État des Affaires étrangères du Qatar, qui a en charge la politique syrienne, a rejeté une rivalité avec les Saoudiens et nié les allégations prétendant que le soutien du Qatar aux rebelles aurait fractionné l’opposition et affaibli les institutions naissantes de la Syrie. Lors d’une interview avec le Financial Times, il a dit que chaque initiative que le Qatar a prise, l’a été en collaboration avec les « Amis de la Syrie », les pays arabes et les Occidentaux, pas seul. « Notre problème au Qatar, c’est que nous n’avons pas d’agenda caché alors les gens commencent à vous en fixer un », dit-il. Le 16 mai 2013


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Drones à la française Le gouvernement vient d’annoncer son intention de doter l’armée française de drones. Lundi 21 mai, on pouvait lire, sous la plume de François Sergent, cet éditorial intitulé : « Droit ». Une guerre sans champ de bataille, sans affrontement direct et sans risque aucun pour les attaquants. Les drones changent non seulement l’art de la guerre, mais brouillent également le droit de la guerre. Monopole américain, seulement partagé pour le moment par Israël, les drones sont devenus l’arme de prédilection de

la «guerre contre la terreur», syntagme inventé par George W. Bush après le 11 Septembre, poursuivie et amplifiée par Obama. De la Somalie aux frontières du Pakistan, du Yémen à l’Afghanistan, des dizaines de présumés terroristes, dont de hauts responsables d’al-Qaida, ont été tués par les missiles lancés par des drones opérés dans le confort aseptisé de bases en Virginie. Ces hommes sont tués sans jugement et secrètement, à la manière d’exécutions extrajudiciaires. Aussi perfectionnés que soient devenus ces appareils sans pilote, des centaines de civils, hommes, femmes et enfants, sont tombés, victimes collatérales de cette guerre de l’ombre. Un conflit totalement asymétrique, qui

nourrit une rage antiaméricaine et sert de terreau à de nouveaux terroristes. La France vient d’acquérir deux Reaper américains, officiellement destinés au renseignement, mais faciles à transformer en drones tueurs. Sans annonce officielle, ni débat sur leurs conditions d’utilisation. Vont-ils servir à tuer les hommes d’Aqmi à travers le Sahel, à la manière américaine ? Les États ont le droit et le devoir de se défendre, mais les drones opèrent dans un vide juridique que la «guerre contre la terreur» ne peut justifier.

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Coup de jeune sur Cuba Après les récentes élections cubaines dans la Grande Ile, l’exécutif cubain vient d’être renouvelé et se traduit par plus de jeunes (moyenne d’âge 57 ans), plus de femmes (elles représentent près de 42 % dans l’exécutif), plus de Noirs et de Métis. La session de la nouvelle assemblée nationale, réunie le 24 février dernier, a élu son exécutif renouvelé pour plus de la moitié de ses membres. Si Raul Castro a été reconduit pour un deuxième mandat de Président pour 5 ans - « Ce sera le dernier » a-t-il affirmé - Miguel Diaz Canel (52 ans, originaire de Villa Clara) a été élu vice-président du Conseil d’État et apparaît donc comme un éventuel successeur de Raul Castro. Deux autres personnalités font leur apparition à cette vice-présidence : Mercedes Lopez Acca (48 ans), dirigeante du PCC à La Havane et Salvador Valdes Mesa (64 ans), secrétaire général de la Centrale syndicale des travailleurs

cubains. Ils y retrouvent Gladys Bejerano (66 ans), responsable de l’autorité de contrôle financier de l’État, et le Commandant de la Révolution, Raneiro Valder. Ainsi, avec la volonté de poursuivre les réformes entreprises pour la modernisation de l’économie et, notamment, une plus grande ouverture aux initiatives des petites entreprises et aux investissements étrangers pour aller vers une société moins égalitaire mais plus juste, semble s’affirmer. Selon Raul Castro, « un pas définitif dans la configuration de la future direction du pays, à travers un transfert en douceur et ordonné des charges du pouvoir aux nouvelles générations ».

Un processus qui devrait se poursuivre durant toute la durée du quinquennat car, a-t-il insisté, « la relève des dirigeants constitue un processus national et systématique ». Souhaitons au peuple cubain le plein succès de la feuille de route fixée par son Assemblée nationale, bien décidée à « une actualisation » du modèle économique « pour défendre, maintenir et poursuivre le perfectionnement du socialisme ». Et aidons-le en continuant d’agir pour contraindre le gouvernement des ÉtatsUnis à lever enfin le blocus honteux mis en place depuis plus de cinquante longues années pour affamer toute une nation.

Un quart des Allemands serait prêt à abandonner l’euro Un quart des Allemands serait prêt à voter, lors des législatives du mois de septembre, pour un parti prônant un abandon de l’euro, indique un sondage qui montre le malaise croissant de l’Allemagne face au coût de la crise que connaît la monnaie unique. L’enquête menée par l’institut TNSEmnid pour le magazine Focus montre que 26 % des personnes interrogées seraient prêtes à envisager la possibilité de soutenir une formation politique qui proposerait la sortie de la zone euro. Cette proportion atteint quatre Allemands sur 10 dans la tranche d’âge 40-49 ans. « Cela suggère qu’il existe potentiellement une place pour un nouveau parti contestataire », estime Klaus Peter Schöppner, directeur d’Emnid. L’enquête a été réalisée les 6 et 7 mars auprès d’un échantillon représentatif de 1 007 personnes. 12 -

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Un nouveau mouvement eurosceptique baptisé Alternative pour l’Allemagne, principalement constitué d’universitaires et d’hommes d’affaires, doit tenir sa première réunion dans un quartier de banlieue nord de Francfort. L’un de ses fondateurs, le professeur d’économie Bernd Lucke, a affirmé à Focus qu’il n’avait aucun doute sur la possibilité de recueillir les 2 000 signatures nécessaires dans chaque région du pays pour participer aux législatives de septembre. Le slogan de l’association est « Mettons fin à cet euro ». « La République fédérale d’Allemagne

connaît la plus grave crise de son histoire. L’instauration de l’euro a été une erreur fatale qui menace notre prospérité », estime le site de l’association. « Les vieux partis ne savent que se plaindre et sont usés. Ils s’entêtent à refuser d’admettre leurs erreurs et à les corriger », poursuit le site. Les formations eurosceptiques peinent à s’implanter en Allemagne. L’une d’elles, Les électeurs libres, a remporté des sièges à l’assemblée régionale de Bavière mais ne possède pas pour l’instant d’audience nationale. Gareth Jones ; Pierre Sérisier pour le service français. Source : Reuters


LE CAHIER MÉMOIRE

le réveil

N° 793 mai 2013

des combattants

Pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix

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Par Paul Markidès

Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807  Villejuif - Tél. 01 42 11 11 12

ÉDITO

Jean Moulin, une lumière dans la nuit de l’occupation

Le personnage de Jean Moulin est désormais connu des générations actives aujourd’hui par des livres, un film de télévision et des évocations diverses le concernant sur le territoire. Nous y avons d’ailleurs contribué avec notre Cahier de la Mémoire et nos propres initiatives. Mais il apparaît seulement le plus souvent comme l’organisateur de l’union des mouvements de Résistance, le représentant du général de Gaulle auprès de ceux-ci dans la France occupée et le fondateur du Conseil national de la Résistance. La réunion constitutive du CNR du 27 mai 1943, rue du Four à Paris, dans la France occupée, étant le plus souvent évoquée. En fait, cette réunion, qui comprenait les représentants de tous les mouvements de Résistance, des membres résistants des partis politiques, les représentants des deux syndicats existant à l’époque, la CGT et la CFTC, en décidant la construction d’un programme sous l’autorité de Jean Moulin, lui a aussi fixé une orientation : définir les dispositions à prendre pour libérer définitivement le pays et mettre en œuvre une série de mesures sociales, économiques et politiques pour établir une véritable démocratie sociale. C’est de ce dernier texte et de son orientation dont on parle le moins. Nous avons donc voulu le mettre plus particulièrement en valeur dans ce Cahier.

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LE RÉVEIL dossier

Jean Moulin Le chemin d’une vie d’éducation, de combat et d’espérance

Jean Moulin est né à Béziers, dans l’Hérault, le 20 juin 1899. Ses parents, Antonin Moulin et son épouse Blanche, née Pegue, avaient déjà donné naissance à deux enfants, Joseph (12 ans) et Laure (7 ans). Le père, professeur de collège, était membre de la toute nouvelle Ligue des droits de l’homme et du citoyen, promoteur avec d’autres de la Société d’éducation populaire de Béziers, dont il avait été précédemment conseiller municipal. Une éducation démocratique et républicaine Jean a huit ans lorsque son père écrit dans le journal L’éducation républicaine : « (…) ni dans le passé ni dans l’avenir, il n’y a eu et il n’y aura aucune injure, aucun procédé d’intimidation qui me ferme la bouche ou me brise la plume quand j’ai eu ou j’aurai à dire ou à écrire des choses qui ne relèvent que de ma conscience. » A propos de la politique, ce même homme affirme : « (…) un peuple qui cesse d’en faire et s’endort dans les plaisirs est mûr pour le despotisme et la servitude. » Et Jean Moulin n’était pas seulement imprégné par l’éducation républicaine que lui avait prodiguée son père, son grand-père Alphonse Moulin eut sur lui un impact incontestable. Ainsi, il aimait à se dire « petit-fils d’un homme qui avait connu les prisons du Seconde Empire pour avoir à proclamer son attachement à la République. » Mais on sait, qu’à soit seul, le courage physique et moral est insuffisant s’il n’est accompagné d’une certaine perspicacité politique. Antonin Moulin en a fait lui-même l’expérience lors de l’affaire Dreyfus : « Je n’entends aucunement m’attribuer, écrit-il, des dons divinatoires, mais je m’honore 14 -

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d’avoir été dès ce moment, dès 1894, l’un de ceux qui, instinctivement, sans preuve aucune, sans révélation ni confidence, uniquement en raison de cette joie débordante des menaces anti-juifs, eurent des doutes sur la légitimité d’une condamnation que presque tous les Français, il faut le dire, s’accordaient à trouver trop indulgente. » Profondément laïc et républicain, le père de Jean Moulin n’hésitait pas à demander à ses élèves : « Soyez donc les serviteurs passionnés du vrai. »

L’entrée dans la vie active Passionné de dessin, Jean Moulin avait d’abord envisagé une carrière. Mais un débutant dans ce domaine ne pouvait pas espérer obtenir des ressources suffisantes pour vivre. C’est pourquoi il fit le choix de profiter des relations que son père avait su se forger et qui avait fait de lui un conseiller général de l’Hérault. Après avoir obtenu son baccalauréat et s’être inscrit à la faculté de droit de Montpellier, Jean Moulin à 18 ans, le 1er septembre 1917, obtint un poste d’attaché au cabinet du préfet de l’Hérault. Il poursuivra alors sa vie professionnelle dans cette voie et en 1925, nous le retrouvons chef de cabinet du pré-

Jean Moulin avec ses parents, en Savoie.

fet de Savoie. Il y fait la connaissance du député du département, Pierre Cot, qui deviendra plus tard ministre de l’Air du Front populaire et qui l’appellera à ses côtés comme chef de cabinet. Ce patron, pour Jean Moulin, devient aussi son ami et il n’est pas possible de comprendre sa trajectoire politique de martyr de la Résistance si l’on ne prend pas en considération ces liens profonds qui l’attachaient à Pierre Cot. Devenu préfet de l’Aveyron, le 12 octobre 1938, Jean Moulin adressait une lettre au directeur du journal L’Union catholique : « (…) Je tiens à vous prévenir qu’il y a deux choses auxquelles je ne permettrai à quiconque de porter atteinte : c’est au patriotisme et au courage de mon ancien chef (…) M. Pierre COT s’est engagé à 18 ans pour la durée de la guerre qu’il a fait entièrement. Il a participé aux combats de la Marne, de Champagne, du Chemin des Dames, de Verdun. Il a été gazé et blessé. Il a eu cinq citations (…). »

Le 6 février 1934 Le 6 février 1934, prenant prétexte des scandales financiers qui


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éclaboussaient certains membres du gouvernement, les ligues d’extrême droite descendent dans la rue pour tenter de renverser le pouvoir par la force. S’opposant à ces menées fascistes, l’Association républicaine des anciens combattants et des victimes de guerre, l’ARAC et des milliers d’anciens combattants manifestent de leurs côtés. Chef de cabinet du ministre de l’Air, Pierre Cot, Jean Moulin est présent aux abords de la Chambre des députés quand les heurts entre les émeutiers et les gardiens de l’ordre se produisent sur le pont de la Concorde. Jean Moulin, témoin oculaire, dans une lettre à ses parents rapporte ainsi les faits : « Nous avons vécu ces derniers jours, à Paris, des heures de fièvre et hélas ! aussi des heures d’écœurement : impuissance parlementaire, émeutes organisées par ceux qui se disent partisans de l’ordre, spectacle lamentable du faux énergique qu’est Daladier, veulerie et affolement du Président de la République. Au milieu de tout cela, Pierre Cot a été l’un des rares à garder son sang froid, prenant toutes les mesures en ce qui concerne la sécurité aérienne qui, à aucun moment, n’a été troublée. Cette sécurité, il l’a assurée avec des moyens pacifiques, faisant enlever toutes les cartouches aux aviateurs chargés de la maintenir. Il n’en a pas moins été traqué et désigné aux émeutiers comme devant être exécuté séance tenante. Chez lui, toutes les dix minutes, on l’appelait au téléphone pour lui lancer des menaces de mort… » Ce 12 février 1934, alors que Jean Moulin rédigeait cette lettre, les anciens combattants avec l’ARAC, communistes et socialistes en deux cortèges qui fusionnèrent, manifestaient à Vincennes, exprimant leurs oppositions résolues aux fascistes.

Le serment du 14 juillet 1935 Les évènements du 6 février 1934 entraîneront progressivement le rassemblement des forces antifascistes. Celui-ci deviendra un phénomène visible pour tous lors d’une gigantesque manifestation organisée à Paris le 14 juillet 1935. A cette occasion, les trois premiers dirigeants des trois grandes formations politiques qui constitueront le Front populaire prendront un engagement public qui servira plus tard de ligne de conduite à Jean Moulin devenu l’unificateur de la Résistance. Aux côtés d’Édouard Daladier (Parti radical), Léon Blum (Parti socialiste SFIO) et de Maurice Thorez (Parti communiste), il y avait Pierre Cot. « Nous faisons le serment de rester unis pour défendre la démocratie, pour désarmer et dissoudre les ligues factieuses, pour mettre nos libertés hors de l’atteinte du fascisme. Nous jurons en cette journée qui fait revivre la première victoire de la République, de défendre les libertés démocratiques conquises par le peuple de France, de donner du pain aux travailleurs, du travail à la jeunesse, et, au monde, la grande paix humaine. »

population civile qui s’y rattache. Mais en même temps, il permet au ministère de l’Air d’agir secrètement, Jean Moulin devenant ainsi le principal intermédiaire dans la circulation clandestine des armes.

Contre le fascisme, quelle démocratie ?

Repas amical : Jean-Moulin avec les Chatain et les Cot. Charles De gaulle à Londres.

Avant même l’époque du Front populaire, Pierre Cot avait mesuré les limites de l’action gouvernementale : « J’ai vu l’État démocratique de plus en plus paralysé par le jeu des forces économiques, ou plutôt par l’usage que faisaient du pouvoir économique ceux qui l’avaient accaparé. » Au moment où l’Allemagne nazie et le gouvernement de Vichy faisaient couler le sang

Le Front populaire et la guerre d’Espagne En juin 1936, le Front populaire reconduit Pierre Cot dans ses fonctions de ministre de l’Air ; Jean Moulin redevient son chef de cabinet. Quelques semaines plus tard, en Espagne, un groupe de généraux factieux, parmi lesquels le général Franco, prend les armes pour renverser la jeune République. Sous l’influence de divers protagonistes de la politique internationale et d’autres hommes politiques français, Léon Blum, chef du gouvernement du Front populaire, refuse tout transfert d’armement en direction du Fronte Popular et de la

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des résistantes et des résistants français et étrangers, l’ami de Jean Moulin écrivait : « En bref, l’expérience du Front populaire a libéré les masses françaises des illusions de réformisme. Elle a montré que la démocratie politique ne peut fonctionner si la démocratie économique n’est pas d’abord établie. Cet établissement suppose une lutte implacable. L’expérience du Front populaire a montré que les classes possédantes, en effet, sont prêtes à sacrifier la forme démocratique de l’État, dès qu’elles sentent leurs privilèges menacés par le fonctionnement de la démocratie politique. »

Le préfet Jean Moulin, en action Armé des principes démocratiques et républicains que lui avait prodigués son père et du contenu des profonds échanges qu’il eut avec son patron et ami Pierre Cot que nous venons d’évoquer plus avant, après ces deux passages au cabinet du ministre de l’Air Pierre Cot, Jean Moulin reprend le chemin de sa carrière professionnelle. 16 -

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Si le 26 octobre 1925 il était devenu le plus jeune sous-préfet de France, le 26 janvier 1937 Jean Moulin devient le plus jeune préfet. Nommé à Rodez dans l’Aveyron, il inaugura cette nouvelle fonction par son discours prononcé le 19 avril 1937, devant le Conseil général. Ce discours le démarqua de la conception napoléonienne du rôle du préfet alors partagée par le corps préfectoral à l’époque : « J’ai toujours pensé que l’administration d’un département ne devait point consister en une série de décisions prises dans une tour d’ivoire, mais qu’elle devait avant tout être vivante et humaine, plus attachée à l’esprit qu’à la lettre et que, pour ce faire, elle exigeait un contact étroit avec les populations et leurs représentants (…). Le rôle du préfet, ainsi mêlé plus intimement à la vie sociale, perdra peut-être en prestige, mais gagnera certainement, croyez-moi, en humanité, et, j’ose le croire, en efficacité. » Ce n’était pas que des mots et il en donna la preuve notamment par la suite lors de l’arrivée des troupes nazies en Eure-et-Loir, à

12 février 1934 à Vincennes : manifestation antifasciste.

Chartres, dont il était alors devenu le Préfet. Un être social, profondément démocrate et républicain, patriote jusqu’au bout des ongles, voilà le résistant responsable dont nous évoquons le parcours dans un autre article de ce cahier.


dossier LE RÉVEIL

Jean Moulin, une lumière dans la nuit de l’occupation Le nom de Jean Moulin est à tout jamais lié au Conseil national de la Résistance dont la constitution fut son œuvre au travers des mille embûches de la vie clandestine, des oppositions de groupes ou de personnes dans le mouvement résistant. Collaborateur du ministre du Front populaire Pierre Cot, puis préfet de l’Aveyron, Jean Moulin est préfet de l’Eure-et-Loir en juin 1940, lorsque déferlent les troupes nazies dans notre pays. Républicain, démocrate, patriote convaincu et profondément respectueux et solidaire de ses semblables, ce jeune préfet de 41 ans, né à Béziers le 20 juin 1899, entend tenir son poste de haut fonctionnaire de la République et particulièrement défendre et faire respecter la population du département dont il est en charge. A ce poste, il fait preuve d’un courage à toute épreuve et affronte l’occupant. C’est ainsi qu’il intervient systématiquement dès l’arrivée des soldats d’occupation auprès de leurs supérieurs car leurs présences s’accompagnent d’exactions, de réquisitions, d’expulsions, de vols d’animaux, d’automobiles, de postes de radio, de frigidaires... ainsi que de pillages, de sévices, de viols et de meurtres. Dès qu’il est informé de ces abus de pouvoir ou de ces atrocités, il adresse des protestations éner-

giques par écrit au Commandant de la gendarmerie allemande (Feld-Kommandant). Mais son acte le plus courageux, le plus héroïque avant son arrestation de 1943, il le commet dans les premières semaines de l’occupation de Chartres, lorsqu’il est arrêté et torturé parce qu’il refuse de signer un protocole attribuant à des tirailleurs d’Afrique noire de l’armée française un massacre d’hommes, de femmes et d’enfants. « Non, dit-il aux officiers nazis qui exigent sa signature. Je ne signerai pas. Vous savez bien que je ne peux pas apposer ma signature au bas d’un texte qui déshonore l’armée française. » Et, pour tenter de le fléchir, tout en le torturant à diverses reprises, les officiers nazis lui présentent les corps des martyrs dont il décrit ainsi la vision qu’il en a eu, dans un texte qu’il a remis à sa sœur : « Neuf pauvres cadavres, tuméfiés, défigurés, informes, dont les vêtements déchirés et maculés permettent à peine de distinguer les sexes. Chez deux ou trois des victimes, la convulsion des membres indique une agonie douloureuse. » « Dans ce silence de mort, ajoute-til, c’est une bien triste vision. Mais, j’en ai tant vu, hélas ! Depuis des mois… des paysans tués à côté de leurs chevaux, réfugiés carbonisés dans leur voiture, des femmes massacrées avec leurs enfants dans les bras… J’en ai tant vu que je n’ai pas grand-peine à maîtriser mon émotion. » Et il maintient alors son refus, et les violences continuent de lui

Le préfet Jean Moulin

être infligées. Il est alors enfermé dans une pièce obscure au milieu de débris de verres, son bourreau lui ayant déclaré : « Je vais vous donner une derrière chance, demain, nous vous ferons signer. » Évidemment, ses forces physiques le quittent un peu plus à la suite de chaque agression et il sent qu’il risque de ne plus être capable de tenir face à l’ennemi. Dans le récit qu’il a remis à sa sœur, il écrit : « Et pourtant, je ne peux pas signer. Je ne peux pas être complice de cette monstrueuse machination qui n’a pu être conçue que par des sadiques en délire. Je ne peux pas sanctionner cet outrage à l’armée française et me déshonorer moi-même. Tout plutôt que cela, tout, même la mort. La mort ? Dès le début de la guerre, comme des milliers de Français, je l’ai acceptée. Depuis, je l’ai vue de

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LE RÉVEIL dossier

près bien des fois… Elle ne me fait pas peur. Il y a quelques jours encore, en me prenant, elle eût fait un vide ici, dans le camp de la résistance. Maintenant, j’ai rempli ma mission, ou plutôt, je l’aurai remplie jusqu’au bout quand j’aurai empêché nos ennemis de nous déshonorer. Mon devoir est tout tracé. Les Boches verront qu’un Français aussi est capable de se saborder… Je sais que le seul être humain qui pourrait encore me demander des comptes, ma mère, qui m’a donné la vie, me pardonnera lorsqu’elle saura que j’ai fait cela pour que des soldats français ne puissent pas être traités de criminels et pour qu’elle n’ait pas, elle, à rougir de son fils. J’ai déjà compris le parti que je pourrai tirer de ces débris de verre qui jonchent le sol. Je pense qu’ils peuvent trancher une gorge à défaut d’un couteau. Quand la résolution est prise, il est simple d’exécuter les gestes nécessaires à l’accomplissement de ce que l’on croit être son devoir. » Et c’est cet homme qui grâce à la blessure qu’il s’inflige, a pu sortir à temps de son cachot contre la volonté de ses bourreaux et se retrouve à l’hôpital puis rétabli,

retrouve aussi son poste qu’il est obligé de quitter sur décision du ministre de l’Intérieur du gouvernement de Vichy. Entré dans une semi-clandestinité, il choisit de se joindre au général Charles de Gaulle et, avant de le rejoindre à Londres, il contacte un par un les mouvements de Résistance pour être à même de connaître l’état de la Résistance en France et ses besoins, notamment financiers et son armement. C’est en septembre 1941 qu’il peut rejoindre la capitale britannique où il est reçu par le général à qui il communique toutes les informations qu’il a recueilli sur l’état de la Résistance. Après plusieurs entretiens avec lui, il est envoyé à Lyon pour le représenter en zone sud et unifier les mouvements de la Résistance. En 1943, après l’invasion de la zone sud par l’armée nazie, le général le nomme son représentant pour l’ensemble du territoire métropolitain. Une fois l’ensemble des mouvements du pays unifiés, il convoque ceux-ci avec les éléments des partis politiques reOctobre 1940 : Pétain et Hitler, la poignée de mains de Montoire

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constitués et les deux syndicats existants à l’époque pour fonder le Conseil national de la Résistance (CNR) le 27 mai 1943, rue du Four dans Paris occupé, ce CNR dont il doit assumer la responsabilité première. C’est lors de cette réunion que la décision est prise de mettre en chantier son programme qui sera adopté en mars 1944. Jean Moulin sera malheureusement arrêté le 21 juin 1943 à Caluire, près de Lyon, et conduit au siège de la Gestapo. Il sera maîtrisé par l’officier supérieur SS Eichman, mais ne parlera pas et sera enfermé dans la prison de Montluc à Lyon dans un état physique particulièrement éprouvé par les tortures qu’il a subies. Il ne donnera aucune information sur ses camarades de la Résistance, refusera jusqu’au bout de reconnaître qu’il est Max qui est son surnom de résistant. Il meurt à bout de forces dans le train qui l’emmène en Allemagne le 8 juillet 1943. Il est l’un des grands héros de la Résistance. Ces restes ont été recueillis à Paris au Panthéon. Lui rendant hommage en tant que chef de la France libre, le général de Gaulle a pu écrire sur lui ces lignes, le 1er juin 1946 : « Max, pur et bon compagnon de ceux qui n’avaient foi qu’en la France, a su mourir héroïquement pour elle. Le rôle capital qu’il a joué dans notre combat ne sera jamais raconté par lui-même, mais ce n’est pas sans émotion qu’on lira le Journal que Jean Moulin écrivit à propos des événements qui l’amenèrent, dès 1940, à dire non à l’ennemi. La force de caractère, la clairvoyance et l’énergie qu’il montra en cette occasion ne se démentirent jamais. Que son nom demeure vivant comme son œuvre demeure vivante ! »


dossier LE RÉVEIL

Conseil national de la Résistance Construire des jours heureux Le 4 octobre 2007, Denis Kessler, ancien vice-président du MEDEF, déclarait : « Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945 et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance… Le gouvernement s’y emploie. » Ce gouvernement était celui de François Fillon qui mettait en œuvre la politique impulsée par le Président de la République de l’époque, Nicolas Sarkozy, qui poursuivait en les amplifiant les actions destructrices des gouvernements précédents en s’attaquant au statut de la fonction publique, aux régimes spéciaux de retraite, à la Sécurité sociale, au paritarisme, etc. C’était la casse des grandes réalisations de 1945-1946 issues du programme du CNR. Quel était ce programme, magnifiquement intitulé Les jours heureux, sur la base duquel se changea radicalement le visage de la France après la Libération. Ce fut la création de la Sécurité sociale qui permet à chacun de cotiser selon ses moyens et d’être soigné selon ses nécessités. C’est l’attribution d’une retraite décente aux personnes âgées qui, après une vie de labeur, peuvent toucher une retraite suffisante. C’est la démocratisation de la vie des entreprises en faisant des syndicats des partenaires sociaux à part entière. C’est l’installation de vrais services publics avec de véritables fonctions qui servent la population. C’est la construction d’une presse libre afin que le peuple ne subisse plus, comme sous le régime collaborationniste de Pétain, des torrents de propagande. C’est la mise à l’écart de la direction de l’économie des grandes féodalités économiques et financières.

Ce sont tous ces acquis que le gouvernement Sarkozy-Fillon commença réellement à détruire. Ce sont tous ces acquis que notre peuple n’a pas voulu perdre définitivement en refusant de renouveler sa confiance à Nicolas Sarkozy, sans oublier d’autres motifs que nous n’évoquerons pas ici. C’est pour en retrouver l’usage complet et plus même pour les améliorer que cette confiance fut accordée à François Hollande dont nous attendons toujours la mise en œuvre. C’est pourquoi, pour en prendre toute la mesure en ce mois de mai 2013, nous tenons à souligner qu’il y a 70 ans, le 27 mai 1943 à Paris dans la France occupée, le Conseil national de la Résistance décidait la construction de son programme rénovateur, à la fois pour terminer la libération du territoire et pour construire une société nouvelle, démocratique et sociale. Nous livrons dans ce cahier la partie concernant son « programme de mesures à appliquer dès la libération du territoire. » C’est son exécution qui inspira, comme nous l’avions déjà dit, les mesures sociales, économiques et politiques du gouvernement de la République entre 1944 et 1946. « Unis quant au but à atteindre, unis quant aux moyens à mettre en œuvre pour atteindre ce but qui est la libération rapide du territoire, les représentants des mouvements,

groupements, partis ou tendances politiques groupés au sein du CNR proclament qu’ils sont décidés à rester unis après la Libération. 1/ Afin d’établir le gouvernement provisoire de la République formé par le général de Gaulle pour défendre l’indépendance politique et économique de la Nation, rétablir la France dans sa puissance, dans sa grandeur et sans sa mission universelle. 2/ Afin de veiller au châtiment des traîtres et à l’éviction dans le domaine de l’administration et de la vie professionnelle de tous ceux qui auront pactisé avec l’ennemi ou qui se seront associés activement à la politique des gouvernements de collaboration. 3/ Afin d’exiger la confiscation des biens des traîtres et des trafiquants de marché noir, l’établissement d’un impôt progressif sur les bénéfices de guerre et plus généralement sur les gains réalisés au détriment du peuple et de la Nation pendant la période d’occupation, ainsi que la confiscation de tous les biens ennemis, y compris les participations acquises depuis l’armistice par les gouvernements de l’Axe et par leurs ressortissants dans les entreprises françaises et coloniales de tout ordre, avec constitution de ces participations en patrimoine national inaliénable. 4/ Afin d’assurer : - l’établissement de la démocratie la plus large en rendant la parole au peuple français par le rétablissement du suffrage universel ; - l a pleine liberté de pensée, de conscience et d’expression ; - la liberté de la presse, son honneur et son indépendance à l’égard de l’État, des puissances d’argent et des influences étrangères ; - la liberté d’association, de réunion et de manifestation ; - l’inviolabilité du domicile et le secret de la correspondance ; - le respect de la personne humaine ; - l’égalité absolue de tous les citoyens devant la loi.

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LE RÉVEIL dossier

5/ Afin de promouvoir les réformes indispensables : a) Sur le plan économique : - l’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie ; - une organisation rationnelle de l’économie assurant la subordination des intérêts particuliers à l’intérêt général et affranchie de la dictature professionnelle instaurée à l’image des États fascistes ; - l’intensification de la production nationale selon les lignes d’un plan arrêté par l’État après consultation des représentants de tous les éléments de cette production ; - le retour à la Nation des grands moyens de production monopolisés, fruit commun, des sources d’énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d’assurances et des grandes banques ; - le développement et le soutien des coopératives de production, d’achats et de ventes agricoles et artisanales ; - le droit d’accès, dans le cadre de l’entreprise, aux fonctions de direction et d’administration pour les ouvriers possédant les qualifications nécessaires, et la participation des travailleurs à la direction de l’économie . b) Sur le plan social : - le droit au travail et le droit au repos, notamment par le rétablissement et l’amélioration du régime contractuel du travail ; - un rajustement important des salaires et la garantie d’un niveau de salaire et de traitement qui assure à chaque travailleur et à sa famille la sécurité, la dignité et la possibilité d’une vie pleinement humaine ; - la garantie du pouvoir d’achat national par une politique tendant à la stabilité de la monnaie ; - la reconstitution, dans ses libertés traditionnelles, d’un syndicalisme indépendant, doté de larges pouvoirs dans l’organisation de la vie économique et sociale ; 20 -

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Jean Moulin en soldat de la guerre de 14-18

- un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’État ; - la sécurité de l’emploi, la réglementation des conditions d’embauchage et de licenciement, le rétablissement des délégués d’atelier ; - l’élévation et la sécurité du niveau de vie des travailleurs de la terre par une politique de prix agricoles rémunérateurs, améliorant et généralisant l’expérience de l’Office du blé, par une législation sociale accordant aux salariés agricoles les mêmes droits qu’aux salariés de l’industrie, par un système d’assurance contre les calamités agricoles, par l’établissement d’un juste statut de fermage et du métayage, par des facilités d’accession à la propriété pour les jeunes familles paysannes et par la réalisation d’un plan d’équipement rural ; - une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours ; - le dédommagement des sinistrés et des allocations et pensions pour les victimes de la terreur fasciste.

c) Une extension des droits politiques, sociaux et économiques des populations indigènes et coloniales. d) La possibilité effective pour tous les enfants français de bénéficier de l’instruction et d’accéder à la culture la plus développée, quelle que soit la situation de fortune de leurs parents, afin que les fonctions les plus hautes soient réellement accessibles à tous ceux qui auront les capacités requises pour les exercer et que soit ainsi promue une élite véritable, non de naissance mais de mérite, et constamment renouvelée par les apports populaires. Ainsi sera fondée une République nouvelle qui balaiera le régime de basse réaction instauré par Vichy et qui rendra aux institutions démocratiques et populaires l’efficacité que leur avaient fait perdre les entreprises de corruption et de trahison qui ont précédé la capitulation. Ainsi sera rendue possible une démocratie qui unisse au contrôle effectif exercé par les élus du peuple la continuité de l’action gouvernementale. L’union des représentants de la Résistance pour l’action dans le présent et dans l’avenir, dans l’intérêt supérieur de la patrie, doit être pour tous les Français un gage de confiance et un stimulant. Elle doit les inciter à éliminer tout esprit de particularisme, tout ferment de division qui pourrait freiner leur action et ne servir que l’ennemi. En avant donc, dans l’union de tous les Français, rassemblés autour du CFLN et de son président, le général de Gaulle ! En avant pour le combat, en avant pour la victoire, afin que Vive la France ! »


Vie de l’arac LE RÉVEIL

Centre Suzanne-Masson Pierre Bussone et Jacques Verrier, secrétaires nationaux de l’ARAC, étaient présents le 8 mai à l’hommage au Centre Suzanne-Masson. Extraits de l’intervention d’Alain Pilloux, directeur du centre. « En ce jour anniversaire de la commémoration de la victoire sur l’Allemagne nazie, nous voulons, 68 ans après, rendre hommage aux combattants héroïques, aux victimes de ces terribles années de guerre, à toutes celles et tous ceux qui ont sacrifié leur vie pour notre liberté, (…) honorer celles et ceux qui, comme Suzanne Masson, ont fait acte de courage dans une des périodes les plus noires de l’humanité (…) Ne pas oublier l’horreur qu’a provoqué l’idéologie nazie : une guerre mondiale, l’asservissement des peuples, un système d’extermination physique (…) Il nous faut nous souvenir, ne pas oublier pour le respect de ceux qui y ont laissés leur vie et ont dit « plus jamais cela » et se sont mobilisés pour construire une Europe de paix et pour laquelle le progrès social reste un objectif à atteindre, plus encore aujourd’hui en 2013 (...) La Résistance a mis en lumière la volonté citoyenne des femmes. Les femmes seront déterminantes dans la constitution et le fonctionnement de ces réseaux. L’une d’entre elles, Suzanne Masson, organise les premiers comités populaires clandestins dans les usines (...) Femme, dessinatrice industrielle chez Rateau à la Courneuve, elle s’impose professionnellement dans un monde d’hommes qu’était la métallurgie des années 30. Militante syndicale à la CGT et politique au PCF, elle était là aussi quasiment la seule femme dans les instances dirigeantes de ces organisations, (…) pion-

nière dans la formation professionnelle des adultes en 1937-38 (...) De l’audace, Suzanne Masson n’en manquait pas pour organiser dans la clandestinité les premiers actes de résistance qui conduiront à ce qu’elle soit arrêtée chez elle, le 5 février 1942, par la police française (...) Interrogée, elle ne parlera pas, aucun

de ses compagnons de combat ne sera pris suite à son arrestation (...) Suzanne Masson sera transférée à la prison de femmes de Lubeck pour y être jugée. Devant ses juges elle déclara « n’avoir fait que son devoir de Française vis-à-vis de sa patrie, et de

communiste, vis-à-vis de l’humanité. » Elle précisa avoir agi sans aucune haine pour le peuple allemand qu’elle estimait à sa juste valeur (...) Suzanne Masson refusa le recours en grâce qui lui était proposé. Transférée à la prison de Hambourg le 29 octobre 1943, elle sera décapitée à la hache, le 1er novembre. Une vie courte mais intense, une vie de luttes et d’espoir pour l’égalité entre les femmes et les hommes. Une vie pour la liberté, la justice sociale et la paix. Vous comprendrez pourquoi cet établissement peut s’enorgueillir de porter, depuis plus de 60 ans, le nom de Suzanne Masson (...) Nous sommes quant à nous fiers d’avancer et de continuer à creuser les sillons de la reconversion professionnelle tracés par cette grande dame dès 1937 (...) En pleine tourmente, aux heures les plus noires de notre, de son histoire, Suzanne Masson lançait un message d’espoir pour une Europe des peuples, une Europe de liberté, de paix et de progrès social. Cette Europe, soixante-dix ans après, reste à construire. Certes, les bombes ne tombent plus, mais l’ultra libéralisme fait des ravages sous le vocable de l’austérité ou, dit de façon plus light, de la réduction des déficits. Dans plusieurs pays européens, dont la France, cela fait le lit d’une extrême droite toujours aussi raciste, antisémite et xénophobe qu’elle l’était dans les années 30. 70 ans après nous disons humblement merci à Suzanne Masson et à tous ses compagnons d’armes, ne les oublions pas et faisons en sorte de transmettre ce qu’ils nous ont transmis. »

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LE RÉVEIL Vie de l’arac

Essonne I Une belle initiative Le vendredi 4 mai, avec l’association cinéphile Robert Flaherty, la FNDIRP et l’ARAC de l’Essonne, avec son président André Fillère, ont organisé une soirée mémoire sur la déportation à Fleury-Mérogis. La projection du film d’Alain Resnais Nuit et Brouillard fut suivi d’un débat d’un très haut niveau. André Fillère, au nom de l’ARAC, y apporta une contribu-

tion pertinente sur l’origine de la prise du pouvoir des nazis en Allemagne, le rôle de l’État français sous Pétain dans la déportation et la collaboration avec les occupants nazis, dans la lutte aussi et la répression contre la Résistance. 50 à 60 personnes assistèrent à ce moment fort mémoriel, mais pas seulement. André Fillère et le représentant de la FNDIRP en appelèrent à la jeu-

nesse pour que, dès aujourd’hui et pour demain, « plus jamais cela » ne soit possible et que se construise une perspective qui prenne réellement en compte l’avenir en particulier de la jeunesse. Une vraie belle soirée en somme, au cours de laquelle une jeune femme donna son adhésion à l’ARAC. A renouveler.

Avis de recherche

Pour la mémoire partagée de la guerre d’Algérie

ARAC Brest (29)

Au marché des Halles-Saint-Martin à Brest, très bon accueil pour la carte pétition contre l’austérité qui enchaîne les peuples.

22 -

LE RÉVEIL - N°793 - mai 2013

Sur notre photo, Jacqueline Héré, maire-adjoint de Brest-Bellevue, membre de l’ARAC, Romaric Leduc, adhérent de l’ARAC, combattant pour la paix, Pierre Robin, président de la section Brest Métropole Océane (BMO).

Dans le cadre d’un travail de mémoire partagée sur la guerre d’Algérie, le Réveil recherche des témoignages d’anciens combattants en Algérie de 1956 à 1962 concernant les opérations militaires menées au cours de cette période dans l’ancienne Willaya IV (périmètre Orléansville - Molière - Boghari Berrouaghia - Champlan - Tablat - Dra el Mizan - Palestro - Alger - Cherchell - Novi - Tenes) et, plus particulièrement, les combats du 5 mai 1953 à Ouled Bou Achra, à l’ouest de Médéa. Le rapprochement des témoignages de ceux qui ont eu à s’affronter est essentiel pour contribuer à écrire avec authenticité une histoire qui continue de soulever des passions de part et d’autre de la Méditerranée.


VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Rencontre entre l’ARAC et la FNACA Le 26 février dernier, une délégation du secrétariat national de la FNACA, conduite par le président Guy Darnanin, Michel Sabourdy, vice-président national, André Cognard, secrétaire général, entourés de Serge Drouot, de Simon et de Lemant trésorier national, a reçu en son siège à Paris, une délégation de l’ARAC composée de Raphaël Vahé, président national, André Fillère et Paul Markidès,vice-présidents, Patrick Staat et Pierre Bussone, secrétaires nationaux et Jacques Goutorbe, membre du Bureau national. Au cours de cette rencontre qui s’est déroulée dans un climat chaleureux,

les deux délégations se sont vivement félicitées de la loi faisant enfin de la date du cessez-le-feu du 19 mars 1962, une journée nationale du Souvenir. Elles ont examiné les conditions de préparation de cette cérémonie, tant à Paris au plan national que dans les départements. Et l’ARAC a affirmé sa volonté d’agir pour que cette commémoration devienne le bien du peuple de France, tout en réclamant la suppression du décret instituant la cérémonie du 5 décembre n’ayant rien à voir avec l’histoire. Les deux délégations ont également fait le point de la situation en matière de droit à réparation, notamment l’attri-

bution de la carte du combattant pour les anciens d’Algérie dont les 120 jours se situent « à cheval » sur la date du 2 juillet 1962. Le travail de Mémoire a fait l’objet d’un important échange d’expériences, tout en stigmatisant l’offensive idéologique visant à déformer l’histoire dans bien des livres scolaires, tandis que paraissent des « études » mensongères servant de support aux nostalgiques de l’OAS dans leurs campagnes haineuses. Les deux délégations, qui partagent le même souci de vérité historique et de passage de mémoire, sont convenues de demeurer en contact et d’être vigilantes quant à l’ensemble des problèmes évoqués.

SOUSCRIPTION NATIONALE Le 55e Congrès national a décidé de poursuivre la bataille de la soucription pour l’avenir et la pérennité de l’ARAC

n Objectif n Reçu au 30 avril

Ain

676

760

Haute-Garonne

3107

1730

Saône-et-Loire

2613

1255

Aisne

2860

100

Gers

143

250

Sarthe

2236

1650

Allier

3094

1050

Gironde

1677

781

Savoie

3068

1594

Alpes-Hte-Provence

559

300

Hérault

2418

1740

Haute-Savoie

1534

410

Alpes-Maritimes

4641

1575

Ille-et-Vilaine

1573

1630

Paris

2184

1965

Ardèche

2704

2455

Indre

780

2500

Seine-Maritime

1963

600

Ardennes

845

395

Isère

1742

1250

Seine-et-Marne

2223

1075

Ariège

100

0

Landes

247

180

Yvelines

1690

170

Aube

169

338

Loire

3003

1375

Deux-Sèvres

624

50

Aude

546

450

Loire-Atlantique

2522

1335

Somme

1612

130

Aveyron

169

20

Loiret

624

200

Tarn

910

504

Bouches-du-Rhône

11947

2585

Lot-et-Garonne

4160

1050

Tarn-et-Garonne

208

210

Charente

1599

375

Manche

676

340

Var

1872

1167

Charente-Maritime

494

500

Marne

546

746

Vaucluse

3068

1000

Cher

1079

320

Morbihan

52

100

Vendée

455

50

Corrèze

1729

520

Moselle

1820

1040

Vienne

1157

380

Côte-d'Or

1196

945

Nièvre

7891

1200

Vosges

325

445

Côtes-d'Armor

2080

1072

Nord

3978

316

Yonne

169

350

Creuse

299

85

Oise

2561

165

Essonne

8606

8393

Dordogne

3367

730

Pas-de-Calais

312

450

Hauts-de-Seine

1781

1220

Drôme

1131

430

Puy-de-Dôme

5876

1040

Seine-Saint-Denis

9399

3350

Eure

143

263

Hautes-Pyrénées

793

830

Val-de-Marne

5486

3720

Eure-et-Loir

533

240

Pyrénées-Orientales

1430

750

Val-d'Oise

2977

2705

Finistère

1742

2197

Haut-Rhin

663

910

Isolés

Gard

2197

995

Rhône

2483

1425

TOTAL

4058 153 136

78 484

LE RÉVEIL - N°793 - mai 2013

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LE RÉVEIL Vie de l’arac

Aisne (02)

Visite du ministre Kader Arif, le 16 avril 2013 Après un dépôt au monument aux morts de Laon, les associations étaient conviées à participer à une réunion à la préfecture avec Monsieur Kader Arif, ministre délégué. A l’ordre du jour : la préparation du centenaire de la grande guerre 14/18, en rappelant que la région Picardie et plus particulièrement le département de l’Aisne avait payé un lourd tribu : l’exemple de l’offensive Nivelle, ce sont 30 000 morts et 100 000 blessés en 10 jours, du 16 au 25 avril 1917. La mémoire de cette guerre et de toutes les guerres, sans oublier « les fusillés pour l’exemple » ont également été abordés. Antoine Crestani pour l’ARAC a rappelé que notre association avait déjà fait des propositions lors de précédentes réunions concernant le centenaire et qu’elle tiendrait toute sa place avec son exposition sur la guerre 14/18 rappelant les causes et les conséquences de la guerre, son journal et les cahiers mémoire du Réveil des Combattants. L’objectif est de présenter cette exposition dans les établissements scolaires, collèges et lycées ainsi que dans plusieurs villes du département. L’ARAC a proposé au Conseil général de l’Aisne que soit inscrite la pièce de théâtre Le Feu d’Henri Barbusse, interprétée par la troupe de Lorraine Balazs Gera. Autre sujet de débat, les fusillés pour l’exemple où le ministre s’engage à aborder le cas des 120 fusillés ! Ce ne sont que des propositions de notre association qui avec d’autres associations recensent au moins 600 cas. Nous demandons que tous soient graciés et que leurs noms figurent sur les monuments aux morts pour la France. Après avoir débattu, et tout en se félicitant de la reconnaissance du 19 mars et de la reconnaissance de la journée nationale du 27 mai, date de la recon24 -

LE RÉVEIL - N°793 - mai 2013

naissance du Conseil national de la Résistance votée à l’Assemblée nationale, nous avons dénoncé le 5 décembre et la loi du 23 février. Nous avons également rappelé nos revendications concernant les droits. Le ministre a tenu à rappeler son engagement financier pour la maison Henri Barbusse à Aumont-enHalatte.

Antoine Crestani a également demandé que le seul camp de concentration situé en France se trouvant à Thil, commune de Meurthe-et-Moselle, soit reconnu comme camp d’extermination comme l’ont déjà reconnu six pays dont la Pologne, l’ex URSS, le Luxembourg, l’Italie, l’ex Yougoslavie et l’Allemagne.

ARAC Finistère (29) Suite au Congrès national des 4, 5 et 6 avril, l’Association républicaine des anciens combattants du Finistère met à la signature une carte postale pétition « contre l’austérité qui enchaîne les peuples ». Sur cette carte, à adresser au président de la République, l’ARAC, outre son opposition à l’austérité, réaffirme son refus de la modification du Code du travail, de la mise en cause des droits à la santé, à la retraite, anciens combattants, etc. « Nous serons présents, mercredi, pour faire signer cette pétition, au patronage laïque municipal du PilierRouge, où nous participerons à la fête du 1er Mai…», précise Jean Salaud, le président départemental de l’ARAC. La carte pétition peut aussi être signée tous les mercredis, lors des permanences de l’ARAC, de 14h à 16h30, au 31 rue Bor-

gnis-Desbordes. Par ailleurs, l’ARAC a participé, le lundi 27 mai, à la journée marquant les 70 ans du Conseil national de la Résistance puis, le jeudi 13 juin, elle sera présente à l’inauguration du rond-point Ambroise-Croizat (près du CHU de la Cavale-Blanche).


LE RÉVEIL Vie de l’arac

ARAC Pessac (33)

Journée de la déportation

Cérémonie de la Journée de la déportation à Pessac : recueillement de Mme G. Bonnafon (FNDIRP) et de M. C. Elie (président de la section ARAC).

Carte pétition

Le président de la section de Pessac, Christian Elie, en discussion avec un Pessacais pour le convaîncre de signer la carte pétition.

ARAC Villerupt (57)

La cérémonie du 19 Mars.

Le square de Sétif à Rennes. Les drapeaux algériens côtoient les drapeaux tricolores de l’ARAC et de la FOPAC pour rappeler que cette mémoire nous concerne tous.

L’autre 8 mai 1945 commémoré à Rennes « Si nous nous taisons, les murs pleureront » A l’appel de Rennes-Sétif et des organisations culturelles, pacifistes, humanistes dont l’ARAC, plus d’une cinquantaine de Rennais étaient rassemblés le 8 mai dernier. Chaque année à Rennes, ville jumelée avec Sétif, nous commémorons les massacres de la population algérienne qui suivirent les manifestations à Sétif et à Guelma, le 8 mai 1945. Pour l’ARAC d’Ille-et-Vilaine, notre présence le matin aux rassemblements et cérémonies marquant la capitulation du nazisme, puis l’après-midi lors de cette commémoration annuelle au square de Sétif, procède du même esprit. Le rôle de la 1re Armée Rhin et Danube fut à juste titre rappelé officiellement au cours de la prise d’armes en matinée. On oublie trop souvent de rappeler que cette armée, qui contribua à libérer des forces fascistes et nazies l’Italie puis une grande partie de la France et de l’Allemagne, fut constituée par les hommes de l’Armée d’Afrique, composée en grande partie des « indigènes » venus principalement de l’Afrique du Nord.

Après les espoirs soulevés, ce fut à nouveau la non reconnaissance des droits, alors qu’un désir des peuples colonisés à la liberté persistait et se développait. Au printemps 1945, la famine et la misère s’y ajoutant, un mouvement de protestation des Algériens se mit à monter, notamment dans toute une partie du Constantinois. La répression colonialiste souvent aveugle qui s’ensuivit demeure une page noire et douloureuse de l’histoire de nos pays. Elle ne peut être passée sous silence ! Alors que les peuples fêtaient avec raison la paix et la liberté retrouvée, cette date marqua le début d’un nouveau cycle de guerres et d’expéditions coloniales. Beaucoup s’accordent à dire que ce 8 mai 1945 fut le véritable point de départ de cette dramatique guerre d’Algérie. Loin d’attiser les haines, ce rassemblement commun pour la mémoire rappelle la nécessité de l’amitié dans nos cités et entre nos peuples. Georges Ploteau LE RÉVEIL - N°793 - mai 2013

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LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

NOS PEINES mai 2013 Le Réveil des Combattants adresse aux familles et aux amis de nos camarades décédés ses sincères condoléances. AISNE (02) Gauchy : Michel DODRE, 79 ans, AC ATM. Hubert LEVENT, 79 ans, AC ATM. Christian NOEL, 76 ans, AC ATM. Désiré TRIPET, 84 ans, AC Indochine. ALLIER (03) Montluçon : Mme Madeleine SZCZECINOWICZ. ALPES-MARITIMES (06) Nice centre : Mme Suzanne TOMASINI. Victor VACHIÉ, 86 ans, AC ATM. BOUCHES-DU-RHÔNE (13) La Ciotat : Jean RIVOUAL, 91 ans, président de la section. Lambesc : Henri BLANC, Résistant. Marseille centre : Joseph HARO, 89 ans, AC 39-45. Jean LASPINA, AC 39-45. Vellutini-Saint-Just : Lucien DAGNINO, AC ATM.

CHARENTE-MARITIME (17) Marennes-d’Oléron : Marcel FONTENEAU, 92 ans, AC 39-45.

LOIRE-ATLANTIQUE (44) Doulon : Bernard MORVANT, 72 ans, AC ATM, président de la section.

CÔTE-D’OR (21) Vonges : Marcel BAUDRY, 99 ans, AC 39-45.

NIEVRE (58) Fourchambault : Mokrane BOULILA, AC 39-45. Mme Régine FUSSE, veuve. Serge JOSSE, AC ATM. Michel MORAND, AC ATM. Mme Paulette PALAIS, veuve. Mme Simone VALET, veuve. Garchizy : Mme Janine COLODIEGE. Nevers : Raymond BERNARD, AC 39-45. Raymond DRUGEON, 83 ans. Varennes-Vauzelles : Guy DELANCE, AC 39-45. Henri HERBERRIER, hors guerre. Jean LAUMAIN, AC ATM. Mme Denise LEGALL, veuve. Mme Anne-Marie LENFANT, veuve. Mme Marguerite LOCHET, combattante pour la paix. Pierre MARINGUE, pupille de

DRÔME (26) Valence : Henri GRANJON, AC ATM. FINISTERE (29) Brest : Mme Lucienne INIZAN, veuve. Fouesnant : André LE DOUCE. HAUTE-GARONNE (31) Lévignac : Pierre GARRAVET, AC 39-45, carte Croix du Combattant Volontaire, Croix de la Libération. HERAULT (34) Balaruc-les-Bains : Henri HOULES, 90 ans, Combattant Volontaire, FTPF. Paul VERRIER, 89 ans. Bédarieux : Antoine TRULLEN, AC ATM, porte-drapeau de la section.

la Nation, président de la section. MEURTHE-ET-MOSELLE (54) Ottange : Marcel FAGEOT, AC ATM. Charles FIGL, AC ATM. René NADAU, AC 3945. Aldo TIRONZELLI, AC ATM NORD (59) Fenain : Gilbert BOURIEZ, 79 ans, AC ATM. OISE (60) Thourotte : Christian BRIERE, 74 ans, AC ATM. PYRENEES-ORIENTALES (66) Millas : Charles GROSJEAN, 90 ans, Résistant, AC Indochine. HAUTE-SAVOIE (74) Orcier : Jean-Pierre DUFRENE. SEINE-MARITIME (76) Le Havre : Julien CAHARD, AC ATM.

VAR (83) Vinon : Roland GALMICHE, AC 39-45. VAUCLUSE (84) Valréas : Mme Raymonde LAGUETTE. YONNE (89) Migennes : Pierre IDRAME, AC 39-45 ESSONNE (91) Vauhallan : Martial DENUS, AC ATM SEINE-SAINT-DENIS (93) Bagnolet : Mme Madeleine GARAGNANI Drancy : Paul GLUCKLICH, 88 ans, AC 39-45, Résistant. Neuilly-sur-Marne : Mme Jacqueline CHOLLET. François FALCO, AC 3945. Jacques LALLEMAND. Edmond ROUJA, AC 3945. Roger THOURAULT, AC ATM.

55e Congrès de l’ARAC I La direction nationale Le Conseil national

• ARDIL Yves • ARDILEY Alain • BALESTRIERIE Pierre • BASSOT Michel • BECHLER Auguste • BEN AZOUZ Kamel • BENOIST Eugène • BEQUIGNAT Geneviève • BESSIERE Jacques • BILLE Roger • BLONDET Serge • BRAHIC Robert • BRULEFERT Marcel • BULCOURT Michel • BUSSONE Pierre • CAPELA Isabelle • CAPPOEN Marie-Josée 26 -

LE RÉVEIL - N°793 - mai 2013

• CARLO Jean-Claude • CHABAN Huguette • CHAMPAGNE Jean-Claude • CHARRIER André • CHENUS Corinne • CHEVALIER Annick • COFFIN André • COLAS Jean-Pierre • COLIN Jean-Luc • CONTANT Brigitte • CORZANI Hervé • CRESTANI Antoine • DANDEVILLE Roger • DELEVACQ Monique • DESRUES Michel • DOUILLAT Christian • DUBREIL Jean

• DUFOUR Didier • EVRARD Henri • FERRAND Pierre • FONTAINE Paul • FOULATIERE Lionel • GELIN Fernand • GIRAUDOU Jean-Louis • GOUTORBE Jacques • GROULT Evelyne • GUICHE Gabriel • HORNYAK Michel • KERVAREC Yves • LACHAUX Jean-Paul • LAGRANGE Lucien • LARGUIER Lucien • LEGOUE Yves • LE PORT Katherine • LEGRAND

Jean-Roland • LONGUET Marianne • MARKIDES Paul • MASSA Jean-Claude • MERIAUX Monique • MERLINC Ingrid • MICHEL Guy • MILLET Bernard • MOUSSET Guy • PAQUIS Philippe • PERRET Alexandre • PIPART Chantal • PLOTEAU Georges • PORTA Jean • POUILLOT Henri • REHBY Liliane • RENARD-FEVRE France • ROCHE Daniel

• ROUSSEAU Michel • ROYER Gérard • SAINTENOY Patrick • SALAUD Jean • SALOMON Jean-Claude • SAMUEL Jérôme • SAPHORES Régis • SARNA Dominique • STAAT Patrick • TABORCIA Serge • TABOUROT Michel • THOMAS Roland • TONELLI Colette • TRAN VAN Michel • TRONYO Albert • VAHE Raphaël • VALLEE Gérard • VERRIER Jacques • DOUSSIN Georges • FILLERE André


Vos droits LE RÉVEIL

La commission de contrôle financier

• REVERSAT Guy • CAILLAT-ORINEL M. • CIEUTAT Arlette • FORTE Madeleine • GILBERT Pierre • MOMBELET Françoise • ROYER Anne Le bureau national

• BASSOT Michel • BECHLER Auguste • BEQUIGNAT Geneviève • BRULEFERT Marcel • BUSSONE Pierre • CHARRIER André • CHEVALIER Annick • COFFIN André • CONTANT Brigitte • DUFOUR Didier • EVRARD Henri • GOUTORBE Jacques • HORNYAK Michel • MARKIDES Paul • PERRET Alexandre • PIPART Chantal • PLOTEAU Georges • REHBY Liliane • SALAUD Jean • SALOMON Jean-Claude • STAAT Patrick • VAHE Raphaël • VALLEE Gérard • VERRIER Jacques Les invités au bureau

• DOUSSIN Georges • FILLERE André • REVERSAT Guy Le secrétariat national

• Vahé Raphaël, président national • Staat Patrick • Markidès Paul • Chevalier Annick • Bussone Pierre • Verrier Jacques • Rehby Liliane • Président d’honneur Georges Doussin • Vice-président d’honneur André Fillère

Pas touche à l’ERP de l’ONAC de Soisy-sur-Seine Le Conseil départemental de l’ONAC Essonne, réuni sous la présidence de M. Michel Fuzeau, préfet de l’Essonne, informé des initiatives précipitées de l’Agence foncière et technique de la région parisienne (AFTRP) portant sur le site abritant l’école de réinsertion professionnelle de l’ONAC Malleterre de Soisy-sur-Seine, s’étonne des méthodes de fait accompli et de l’absence de concertation ayant présidé à ces démarches jusqu’au 26 mars dernier. Loin de minimiser la nécessité cruciale de constructions de logements sociaux ni de s’opposer à leur construction, le Conseil départemental rappelle : - que le domaine de l’école de Soisy appartient à l’ONACVG en pleine propriété, ayant été acquis sur ses ressources propres en 1975, et que, de ce fait, aucune opération de construction

ou cession ne saurait avoir lieu sans avoir été approuvée par un vote favorable du conseil d’administration de l’ONACVG, - que n’étant pas demandeur d’une vente de terrain de l’école, une telle démarche, si elle devait exister après acquiescement du conseil d’administration de l’ONAC, ne devrait se réaliser que dans le cadre d’un accord total respectant les intérêts des parties en présence, - et que selon nous, Conseil départemental de l’ONAC, elle ne devrait en aucun cas porter atteinte à l’espace privilégié de l’école ni aux possibilités d’extension pour ses besoins pédagogiques et de formation à moyen ou à long terme. Vœu présenté par André Fillère et adopté par le Conseil départemental de l’ONAC Essonne, le 17 avril 2013

Le point PMI à 13,92 e depuis le 1er avril 2012 La valeur du point servant au calcul du montant des pensions militaires d’invalidité, des pensions de victimes de guerre ou hors guerre, des victimes civiles de guerre ou civiles hors guerre, de la retraite du combattant et du plafond majorable des rentes mutualistes anciens combattants a augmenté de… un centime ! Un arrêté du 13 février 2013 a en effet relevé la valeur du point PMI à 13,92 e (au lieu de 13,91) à compter du 1er avril 2012. Un centime de rattrapage sur un an… c’est bien loin de compenser l’inflation en matière de droit à réparation. Mais pour le cabinet du ministre délégué aux Anciens Combattants, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes et en date du 25 février 2013, il « se refuse à tout changement de système du calcul des pensions » bien que celles-ci accusent près de 45 % de retard ! Pour sa part, le ministre délégué s’engage seulement « à veiller à la publication rapide (…) des arrêtés fixant la nouvelle valeur du point d’indice PMI ».

1er avril 2012 – 13 février 2013, presque un an tout de même ! Et ce n’est pas un poisson d’avril … Quoiqu’il en soit, la retraite du combattant va bénéficier de 1 centime de rattrapage sur 11 mois et s’établira désormais à 668,16 e annuels, soit 334,08 e par semestre. Champagne pour tout le monde !

Georges Piriou nous a quittés Georges Piriou, camarade actif des Côtes-d’Armor, résolu, engagé dans la défense des ACVG et des valeurs républicaines, vient de disparaître. Fils du fondateur de la section de Lantic de l’ARAC, il en prendra la présidence. Avec dynamisme, il prendra une part active, décisive à la réussite de SaintBrieuc en 1985. Nous voulons adresser toutes nos condoléances, toute notre affection à Éliane sa femme et à ses enfants. LE RÉVEIL - N°793 - mai 2013

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LE RÉVEIL Vos droits

Les droits à réparation, indissociables de l’amélioration des droits sociaux La défense, l’exercice et l’amélioration du droit à réparation des ACVG sont indissociables de la défense, de l’exercice et de l’amélioration des droits sociaux, des actifs et des retraités, jeunes et anciens, hommes et femmes de notre pays. Avec l’ARAC, les anciens combattants et victimes de guerre de toutes générations se sont toujours sentis concernés par la nature et la politique menée par les gouvernements qu’ils ont connus. Les périodes sombres de notre histoire le furent pour tous, ACVG compris. Lois scélérates avec la montée du fascisme de 1933-1934, mises hors-la-loi des associations (dont l’ARAC), syndicats et partis républicains en 1939, répression de 1940 à 1944, remises en cause des droits et du pouvoir d’achat durant les guerres de Corée, d’Indochine, d’Algérie, suppression de la retraite du combattant en 1960 par le général de Gaulle, droits sacrifiés sur l’autel de l’austérité au nom de chaque “crise”. Car si les gouvernements trouvent toujours des crédits pour la guerre (Irak, Afghanistan, Lybie, Syrie, Mali, etc.), ils n’en ont jamais pour le peuple dont les ACVG. A l’inverse, 1936, le programme du CNR et la Libération, 1968 et 1982 furent autant d’étapes favorables au droit à réparation dans le même temps où actifs et retraités voyaient leur situation s’améliorer. Citons, pour mémoire, la création du rapport constant en 1948 et le rattrapage de son retard de 1982 à 1985, l’augmentation des retraites et pensions en 1968, avec la revalorisation des traitements de la fonction publique, etc.

Mais aujourd’hui, l’Europe... Toute l’Europe est confrontée à une dégradation quasi continue de la situation économique et sociale. Pour l’année 2013, les prévisions les plus optimistes tablent sur une croissance de 0,2 % (FMI) voire encore une année de décroissance - 0,4 % (OCDE). Tous les pays sont concernés par cette baisse de la croissance, y compris en Allemagne, pays présenté comme un modèle de réussite économique, (+ 3,1 % de croissance en 2011, mais seulement 1 % en 2012 et des prévisions qui tournent autour de 0,6 % pour 2013). Les politiques d’austérité qui ont suivi la 28 -

LE RÉVEIL - N°793 - mai 2013

crise dite des « dettes souveraines » produisent leurs effets destructeurs : baisse des dépenses publiques, baisse des investissements, baisse de la consommation, augmentation du chômage, baisse de la croissance... La situation de l’emploi continue de se détériorer en zone euro, avec une moyenne de 11,8 % de taux chômage et de grandes disparités dans les chiffres entre les pays : 26,6 % de chômeurs en Espagne (dont 1 jeune sur 2 est sans emploi) et 5,4 % en Allemagne, mais avec une précarité ultra présente au travers des « mini jobs » rémunérés à 400 e/ mois et dont sont frappés des salariés sans couverture conventionnelle. La dette publique européenne, loin de se résorber par ces politiques d’austérité, continue à se creuser : 92 % du PIB en 2012, elle atteindra 95 % fin 2013.

Et la France aussi En France, les indicateurs économiques sont identiques. Les prévisions de croissance se situent autour de 0,2 % pour 2013 (prévision gouvernementale de 0,8 %). Malgré un léger mieux de ses exportations dues notamment à la baisse de l’euro, la production industrielle française continue de décliner. L’industrie ne pèse désormais même plus 10 % de la valeur ajoutée totale. Il est à noter et à rappeler que l’on distribue plus d’argent public aux entreprises que ce que crée en richesse le secteur industriel français. Sur le front de l’emploi, nous avons assisté au 19e mois de hausse consécutive du chômage. Ce sont près de 5 millions de salariés qui sont privés totalement ou presque totalement d’emploi. Et Renault annonce 7 500 suppressions de postes. Et l’accord national interprofessionnel du 11 janvier 2013, baptisé

accord « pour un nouveau modèle économique et social au service de la compétitivité des entreprises et de la sécurisation de l’emploi et des parcours professionnels des salariés », signé par le patronat et des organisations syndicales minoritaires, n’est pas de nature à inverser la courbe du chômage et à protéger les salariés comme le déclarent les signataires de ce texte. Au contraire, il marque une grave régression des droits sociaux pour tous les salariés du secteur privé. Ce texte instrumentalise la flexibilité et facilite le licenciement pour l’employeur qui pourra fixer lui-même les critères et les profils des salariés à licencier. La précarité est généralisée au travers du CDI Intérimaire et du CDI Intermittent. En mars, les députés devront transposer dans la loi cet accord. Et il serait inconcevable que la majorité, issue des élections de 2012, entérine dans la loi des reculs sociaux dictés par le MEDEF. • Les retraites Le gouvernement a prévu de convoquer les organisations syndicales et patronales sur ce dossier dans les semaines à venir. La publication du 12e rapport du Conseil d’orientation des retraités (COR) de ces jours-ci est une nouvelle occasion pour le MEDEF de relancer une vision catastrophique quand à l’avenir de notre système de retraite et de son système par répartition, bâti sur la solidarité des générations successives. Après 20 ans de réformes et de mesures régressives appliquées à notre système de retraite, les préconisations contenues dans le rapport du COR visent à réduire les droits des futurs retraités et propose une nouvelle cure d’amaigrissement du montant des pensions. Ce que vivent déjà les retraités grecs, portugais, espagnols, anglais ou roumains. Cela va dans le sens de ce qu’exige le


VOS DROITS LE RÉVEIL

patronat dans la négociation sur les retraites complémentaires ARRCO et AGIRC. En effet, la séance de négociation du 15 janvier a vu le MEDEF tenter un coup de force avec des propositions très régressives visant à baisser le niveau des pensions et à repousser l’âge d’ouverture des droits aux pensions, notamment sur les reversions, alors qu’il faudrait, au contraire, équilibrer les finances des deux régimes et obtenir un haut niveau de pension pour tous. • Mort aux anciens ? Au Japon, pour relever le défi de la longévité, l’actuel ministre japonais des Finances propose une solution radicale dans un pays en pleine crise qui table, lui aussi, sur des mesures d’austérité drastiques, « c’est d’inciter les personnes âgées à se dépêcher de mourir ». En France, comme dans toute l’Europe, on ne préconise pas encore le même remède, mais on parle des retraités comme d’un « embouteillage de déficits ». Le trou de la Sécu, c’est eux ! Les services publics qui vont mal, c’est à cause d’eux ! Pensez au manque à gagner pour la SNCF avec la carte senior ou les retraités qui ne pensent qu’à voyager ! Regardez ces vieillards qui encombrent les hôpitaux ! Le bon sens et les contraintes budgétaires interdisent de démultiplier à l’infini des moyens pour une population dont l’utilité sociale diminue de jour en jour. Ni procréateur, ni créateur de richesses, moins le sujet âgé est utile à la société, plus il coûte. On n’en finirait pas de citer, écrits, propos, campagnes médiatiques qui caricaturent, déforment, agressent des générations de retraités et sont indignes d’une société évoluée. Les économistes de la pensée unique, le FMI, les divers rapports comme celui de la cour des comptes ou les préconisations du COR, les divers livrets européens publiés ces dernières années, le patronat en tête, les libéraux de tous poils et le gouvernement proposent de faire les poches des retraités et de diminuer le montant des pensions. La vérité sur la question du pouvoir d’achat des retraités, c’est que, ni nantis ni privilégiés, ils veulent tout simple-

ment vivre dignement leur retraite. Et les ACVG en sont partie prenante.

D’autres solutions existent Cette situation n’est pas fatale et d’autres solutions existent pour sortir de la crise et répondre aux besoins des retraités comme aux revendications des ACVG. Mais, pour réussir, l’ARAC ne doit pas rester sur la touche. Et, au-delà de l’engagement de ses camarades les plus dévoués, il lui faut compter sur celui du plus grand nombre de ses membres et leur alliance avec toutes celles et tous ceux qui veulent agir pour que ça change. Pour cela, nous avons à trouver les arguments qui permettent de convaincre, de mobiliser et d’agir. Car ceux qui cassent la France et son peuple ont tout intérêt à nous plonger dans le doute, dans l’attentisme. Et l’ARAC, comme toujours dans son histoire déjà longue de 95 années d’expériences, a le devoir d’éclairer, d’unir, de réagir. Plus une politique est antisociale, plus elle a besoin de se dissimuler et de créer le doute dans les forces qui la combattent. La pédagogie du renoncement désarme l’esprit de résistance en mettant l’esprit critique au service du consensus. L’heure n’est donc pas au repli sur soi. La situation nécessite beaucoup d’efforts de chacun d’entrenous pour mettre en échec la résignation et l’individualisme. La situation internationale et nationale est, certes, complexe ; pour autant, tous les éléments sont réunis pour transformer le mécontentement et la colère en luttes revendicatives auxquelles les ACVG doivent participer et mêler les leurs s’ils veulent les voire aboutir dans leur intérêt.

Convaincre pour agir, agir pour convaincre Une grande lucidité existe au sein du mouvement ACVG quant à la situation présente, mais elle reste trop souvent au stade des constats. C’est vrai pour l’UFAC, mais c’est vrai aussi pour l’ARAC. Il ne suffit pas d’avoir raison. Encore faut-il en convaincre tous nos adhérents et même au-delà, lever les

doutes et les résignations, pour entraîner dans l’action. La situation vécue par les Français, dont les ACVG, fait effectivement très mal ; et la tendance pourrait être de baisser la tête et les bras. Mais ce que l’ARAC a appris tout au long de son existence militante, c’est qu’entre le peuple et les forces de l’argent-roi, les intérêts sont opposés, inconciliables. La ligne de partage, c’est le rapport de force. Le moindre relâchement et il n’y a plus d’humanité qui compte : le roi-fric pousse le plus loin possible la rentabilité au détriment du plus grand nombre. L’austérité est le fruit de l’opposition d’intérêts entre classes, n’en déplaise à M. Cahuzac, ex-ministre du Budget. Les grandes fortunes, les profits fabuleux se nourrissent de l’abaissement des salaires et des retraites, de l’aggravation du chômage et du recul de la protection sociale. Or les moyens existent en France pour satisfaire les revendications. Ils existent dans les poches des capitalistes et non dans les poches des salariés ou des retraités ou des ACVG. « Le changement maintenant » est intimement lié à la mobilisation sociale et politique. Seul le rapport des forces peut entraîner des améliorations pour les salariés, les retraités et les ACVG. Les grandes conquêtes sociales du 20e siècle ont été obtenues grâce aux mobilisations. Jamais, ni le patronat, ni aucun gouvernement n’ont accordé des droits sociaux sans qu’ils n’y aient été contraints. Le droit à réparation et la satisfaction des ACVG n’échappent pas à cette règle. Il n’y a pas de « monde ancien combattant », mais un monde, une société avec des ACVG. S’ils demeurent passifs, isolés du grand mouvement social, ils seront rejetés sur le bord du chemin. L’ARAC, comme tous les corps vivants, évolue. Elle mute pour s’inscrire dans le mouvement du XXIe siècle. Pas pour elle : pour l’intérêt et les droits de tous les ACVG et ceux de tout ce peuple dont elle a contribué à écrire l’histoire depuis 1917 et entend bien continuer de s’associer. (Sources, Inter-liaison n° 90 / Union confédérale des retraités)

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dossier LE RÉVEIL magazine

Les neufs dragons Michael Connelly, Ed. Policiers, Seuil, 21,50 euros

Quand les loups rôdent Johan Bourret, Ed. De Borée, 26 euros

Lucie Aubrac a préfacé ce roman. Laissons-lui la parole : « Voici le roman d’un jeune écrivain. Avec les souvenirs et les confidences glanées autour de lui, avec son imagination, ses lectures et sa sensibilité, il a écrit une œuvre de fiction. Je l’ai lue d’une traite. J’ai retrouvé dans son texte, comme en accéléré, la vie quotidienne, les problèmes, les drames, les courages, mais aussi les moments de bonheur pendant ces quatre années que j’ai vécu sous l’occupation nazie et la collaboration de Vichy, de 1940 à 1944 (…) A travers des exemples émouvants, il évoque le racisme, le fascisme, la brutalité, la délation, tous les courages et tous les sacrifices. Ses personnages sont des hommes et des femmes sortis de la banalité d’une société ordinaire : paysans, enseignants, artistes, ouvriers (…) des héros, alors que d’autres, d’origines toutes aussi diverses sont (…) lâches et traîtres (…) C’est une tentative réussie pour faire comprendre ce qui caractérise la Résistance : - l’engagement volontaire de personnes de milieux socioprofessionnels différents, unies pour se battre contre l’oppression et retrouver les valeurs d’une vie libre ; - la désobéissance aux ordres déshonorants de l’occupant et de la collaboration, - la solidarité entre les membres de cette société clandestine où chacun est comptable de la vie et de la liberté de l’autre (…), - la certitude dans la légitimité d’un combat qui mènera à la victoire ». Si le cœur vous en dit, accompagnez Jacques, treize ans, assistant impuissant à l’exécution de sa mère par un officier SS, puis au massacre des résistants dont son père par le même nazi.

D’abord journaliste, notamment au Los Angeles Times, Michael Connelly est devenu écrivain, auteur de romans policiers mondialement connus, traduits en trente-quatre langues, dont certains titres, tel Créance de sang, ont été portés à l’écran par Clint Eastwood lui-même. Pour certains critiques littéraires, « Michael Connelly pourrait bien être le plus grand auteur nord-américain d’aujourd’hui ». Avec Les neuf dragons, l’enquêteur Harry Bosch, enquêtant sur un crime à Los Angeles, va être amené à travailler en clandestin à Hong Kong, sur les Triades, ces gangs chinois séculaires. Sa fille, 13 ans, y vit avec sa mère (exagent du FNI), joueuse professionnelle appointée luxueusement par le plus grand hôtel casino de Hong Kong. Et là est la faiblesse de Bosh, une faiblesse qui tourne au drame et à la farce macabre dont il n’est pas certain que père et fille puissent se remettre.

Le poids du papillon Erri De Luca, Ed. Roman Gallimard, 9,50 e

Certains prétendent qu’un battement d’aile de papillon aux USA peut entraîner, en écho, une catastrophe en Chine… Pour Erri De Luca, c’est le poids, symbolique, d’un papillon qui met son point final à l’affrontement. Quelque part dans les Alpes italiennes,

le roi des chamois, maître incontesté de sa harde depuis des années, affronte l’autre « roi des chamois » - soixante ans passés, plus de trois cents pièces tuées, alpiniste sans pareil, au terme de leur vie respective. L’un sait que son sabot n’est plus sûr, l’autre sait que sa santé vient à bout de course. Un duel insolite entre le braconnier et l’animal, entre deux « rois », une vision de l’homme et de la nature, de la montagne, de la solitude, en phrases courtes, tranchantes, imagées, poétiques. Un auteur né, Erri De Luca, qui manie la force des mots pour les opposer jusqu’à la délicatesse tragique d’une paire d’ailes, « plume ajoutée au poids des ans », en panachant les bois de l’un à un symbole tragique pour les deux.

Le passé volé Christine Loubet-Sartrou, Ed. La Mouette, 21 euros

L’administration territoriale peut mener à tout. Et Christine LoubetSartrou, qui y travaille, y découvre Mèze lors d’une visite à sa famille qui réside là. Petit port sur l’étang de Thau, face à Sète et au mont Saint-Clair, voisine de Bouzigue, cette petite ville languedocienne a pour ressources la pêche, les huîtres, la vigne… et le tourisme. Le vieux village avec sa chapelle des Pénitents, son mail ombragé, ses coutumes (joutes languedociennes, « le bœuf » et « le tambourin ») offre la douceur de vivre à l’ombre de ses ruelles étroites. C’est là que l’auteur situe l’intrigue, ayant pour point de départ de vieux documents retrouvés, faisant état de dénonciation de juifs aux nazis durant la Seconde Guerre mondiale. Alors, la douceur de vivre y alterne avec meurtre, agressions, arnaques, tant certains ne sont pas toujours ce qu’ils veulent paraître. La « tchatche » et l’immobilier pour des vacances de soleil… LE RÉVEIL - N°793 - mai 2013

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