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TotalEnergies : les mégaprofits relancent le débat sur la répartition des richesses �����������������������������������������������������������������������������������������������������

Par ailleurs, 70 % des personnes interrogées annoncent leur intention de voter au premier tour. Un chiffre plus bas qu’à la même période en 2017 (74 %). Bien que l’élection présidentielle soit celle qui mobilise le plus les électeurs, l’abstention avait atteint 28,4 % au premier tour de l’élection présidentielle de 2002. En 2017, 77,7 % des Français en âge de voter avaient pris part au vote. La campagne est pourtant bel et bien lancée, car la collecte des parrainages pour les candidats a débuté le 27 janvier et durera jusqu’au 4 mars. Jusqu’à cette échéance, il est d’ailleurs encore possible de s’inscrire sur les listes électorales afin de pouvoir voter.

Comment redistribuer les richesses ? Bien au-delà de la Bourse de Paris, le débat est reparti de plus belle avec la publication, le 10 février, du résultat net 2021 du groupe TotalEnergies (ex-Total). Sur un chiffre d’affaires de 205 milliards de dollars (179,4 milliards d’euros), la multinationale pétrolière

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et gazière a réalisé un bénéfice de

16 milliards de dollars en 2021. Une somme record, après la perte de 7 milliards de dollars en 2020, année marquée par la récession due au Covid-19 et par des dépréciations d’actifs. Le 9 février, comme s’il s’agissait de parer à toute polémique sur ses mégaprofits en pleine flambée des prix à la pompe, TotalEnergies annonçait deux petits gestes commerciaux à destination des ménages français. Il s’agira d’une ristourne dans ses stations rurales et d’un « chèque gaz » de 100 euros pour ses clients en précarité énergétique. Coût de la « solidarité », selon le groupe : environ 50 millions d’euros. A deux mois de l’élection présidentielle, le candidat écologiste Yannick Jadot a ironisé, mercredi 9 février, sur LCI, sur « la charité de Total vis-à-vis de ses consommateurs ». « Comme au Moyen Age, ces nouveaux seigneurs du quartier de la Défense balancent leurs miettes depuis leur gratte-ciel », a raillé le communiste Fabien Roussel, dans un communiqué, à propos des dirigeants de l’entreprise. Avant de proposer surtout autre chose, afin de faire « baisser le prix du litre d’essence pour tous les Français » : ne pas verser de dividendes cette année. Au titre de l’exercice 2021, au moins la moitié (8 milliards de dollars) des profits de TotalEnergies iront rémunérer ses actionnaires en dividendes. En complément, le groupe compte dépenser 2 milliards de dollars en rachats d’actions au seul premier semestre 2022. Une pratique censée soutenir le cours du titre en Bourse. Déjà, en 2020, même au plus fort de la crise sanitaire, et malgré un baril de brent au plus bas, l’entreprise avait tenu à les choyer. A l’inverse, Shell avait réduit les dividendes pour la première fois depuis la seconde guerre mondiale. Taxe sur les superprofits, hausse de la fiscalité sur les dividendes… différentes propositions émergent pour mieux répartir les richesses. « Il faudrait limiter les bénéfices pouvant être distribués en dividendes aux actionnaires, ce qui permettrait à l’entreprise d’en garder assez pour investir », estime, par exemple, Caroline Avan, chargée de plaidoyer transparence et gouvernance des entreprises pour Oxfam. Chez les syndicats du groupe, les critiques sont vives. « Nous assistons à une sorte de capitalisme inversé, le dividende devient une donnée ne pouvant jamais baisser, alors qu’il devrait s’agir d’une variable d’ajustement pour laquelle les actionnaires prennent un risque », déclare Bruno Henri, délégué général du Sictame-UNSA. Le coordinateur CGT, Eric Sellini, dénonce de l’« argent gaspillé, au lieu d’aller à des embauches ou à de la formation ». Sur ses quelque 105 000 collaborateurs dans le monde, la multinationale sise à la Défense (Hauts-de-Seine) en compte plus de 35 000 en France. Une moitié de ces derniers appartiennent à des métiers réputés parmi les plus rémunérateurs : exploration-production, marketing ou raffinage-pétrochimie… L’autre moitié des travailleurs dépendent de filiales. A commencer par les salariés de l’entreprise Hutchinson (au moins 8 000 personnes en France, et 40 000 dans le monde), « les parents pauvres du groupe TotalEnergies », avec « des salaires très proches du smic » (1 603 euros brut par mois) pour certains, affirme Didier Godde, coordinateur CGT de cette filiale spécialisée dans le caoutchouc. A l’hiver 2021, ces mêmes salariés n’ont pas touché la prime de 500 dollars promise aux autres collaborateurs du groupe par Patrick Pouyanné – patron dont la rémunération annuelle, en 2020, malgré une baisse de plus d’un tiers, s’élevait encore à 3,9 millions d’euros. A l’heure des négociations salariales chez Hutchinson, M. Godde revendique désormais « les mêmes niveaux d’augmentation que ceux au siège » de TotalEnergies, soit au moins 3,5 % (avec « un minimum de 80 euros » sur les plus bas salaires), pour compenser « la perte du pouvoir d’achat due à l’inflation ». Un mouvement de grève a commencé mercredi parmi la vingtaine d’usines de la filiale, à la veille de la publication des comptes de la multinationale.

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