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« Le partage des richesses n’est pas équitable » : Le conflit social s’enlise chez Dassault ����������������������������������������������������������������������������������������������

« Le partage des richesses n’est pas équitable » :

Le conflit social s’enlise chez Dassault

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Le fabricant de l’avion Rafale et des jets Falcon croule sous les commandes. Depuis onze mois, un mouvement social réclame une hausse des salaires, sans succès.

« Nous ne lâcherons pas ! » Après onze mois de conflit social rampant, les « compagnons » des usines Dassault, comme l’avionneur aime à baptiser ses ouvriers, n’ont pas l’intention de mettre fin à leur mouvement. Une première rencontre entre la direction générale du groupe et l’intersyndicale, CGT, CFDT, FO, fin janvier, n’a pas permis de trouver un terrain d’entente. Les propositions de la direction générale restent encore, selon l’intersyndicale, trop éloignées des revendications des compagnons. Quand ces derniers réclament « 200 euros d’augmentation générale pour tous », précise Xabi Urutia, élu CGT au comité social et économique (CSE) de Dassault, la direction ne veut pas aller au-delà de 75 euros de “talon”. C’est-à-dire pour les plus bas salaires, commente-t-il. Pourtant, indique M. Urutia, à l’issue du premier round de négociations, la direction avait souhaité que l’intersyndicale fasse « une contre-proposition ». Celle-ci avait décidé de « faire un geste pour la négociation » et avait abaissé sa revendication de « 200 euros net pour tous, à 200 euros brut ». Sans résultat. Cette revendication fait écho aux années de vaches maigres pendant la pandémie de Covid-19. « En 2020, nous n’avions pas eu d’augmentation et seulement 0,5 % en 2021 », rappelle l’élu CGT. De son côté, la direction signale les diverses primes et la participation (trois mois de salaire en moyenne) versées aux salariés. « Des primes, ce n’est pas du salaire », rétorque la CGT. Pour l’heure, « aucun nouveau rendez-vous avec la direction générale n’a été fixé. » Selon la CGT, « la production est au ralenti » dans toutes les usines du groupe. A en croire le syndicat, « le mouvement ne faiblit pas ». Bien au contraire, ajoute ce dernier, « de nouvelles têtes sont arrivées », de nouveaux compagnons seraient venus gonfler les rangs des grévistes. Sur les différents sites de production de Rafale ou de Falcon, comme à Anglet (Pyrénées-Atlantiques), « le conflit se diversifie tous les jours » face « aux menaces et à la répression de la direction locale ». En pratique, depuis mars 2021, les ouvriers cessent le travail « dix minutes ou un quart d’heure chaque heure par secteur ». Ils organisent aussi des prises de parole ou des barrages filtrants devant l’usine pour empêcher les livraisons de matériels. Des actions qui ont toutes la même finalité : « Retarder la production. »

« Le carnet de commandes de Dassault se remplit » Un coup de frein qui tombe mal au moment même où « le carnet de commandes de Dassault se remplit », constate la CGT. Depuis décembre 2021, en un peu plus de deux mois, l’avionneur, qui emploie quelque 8 500 personnes en France, a engrangé 142 commandes de Rafale. Quatre-vingt pour les Emirats arabes unis, puis encore quarante-deux exemplaires supplémentaires, jeudi 11 février, pour l’Indonésie. Deux contrats évalués, prix catalogue, à un peu moins de 25 milliards d’euros. Selon le syndicat, « le partage des richesses n’est pas équitable ». Les ouvriers veulent leur part de ce nouveau pactole, et « la direction a tout intérêt à faire un geste, car [ils sont] déterminés », prévient l’élu CGT du CSE. Interrogée sur sa volonté de sortir de la crise, la direction générale a répondu : « Nous y travaillons. » Selon l’élu CGT, l’enlisement du conflit intervient après l’élection d’Eric Trappier, PDG de Dassault, à la présidence de l’Union des industries et métiers de la métallurgie, il y a un an. Pour la CGT, les autres membres du syndicat patronal, tels Airbus, Safran et consorts n’auraient qu’une crainte, que la satisfaction des revendications salariales chez Dassault « fasse tache d’huile » auprès de l’ensemble des sociétés du secteur.

Source : Le Monde – G. Dutheil – 14/0/22

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