Reveil des combattants avril 14

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CHÔMAGE DE MASSE ? HARO SUR LE SMIC !

ÉLECTIONS EUROPÉENNES

le réveil avril 2014 - N°802 - 5 e

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LA NATION : UNE CONSTRUCTION CONSTANTE

DES COMBATTANTS

Pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix

e c n a r F La e é n n o l l bai e,

p o r u E ' l e d sur l'autel el du profit sur l'aut Le journal des droits de tous les anciens combattants et victimes de guerre


LE RÉVEIL actualités

8 Mai 2014 Déclaration de l’ARAC Le 8 mai 1945, l’Allemagne capitulait devant les représentants des États-Unis, de la France, de la Grande-Bretagne et de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques.

L

a gigantesque entreprise nazie de régression, dont la découverte des camps de concentration et d’extermination, était stoppée. Le nazisme et ses crimes furent mis au ban de l’humanité lors du procès de Nuremberg, qui se déroula du 14 novembre 1945 au 1er octobre 1946. Ce fut la victoire de ceux qui avaient combattu au nom de la liberté des peuples et des nations à qui nous rendons hommage aujourd’hui avec un profond respect. L’écrasement des militarismes les plus agressifs, l’Allemagne, l’Italie, le Japon, et l’entrée de l’URSS dans le concert des Nations ont ouvert alors une période historique nouvelle, qui devait se concrétiser par la constitution de l’ONU. Ce fut le temps des grandes espérances d’un monde sans tyrannie et sans guerre. En France, c’était l’heure des bilans et des projets ; on évoque les absents, on cherche comment faire face aux difficultés de la vie quotidienne, car le pays est exsangue, on pense à l’avenir. Un avenir à construire qui ne sera pas un retour au passé. Des faits restent présents dans de nombreux esprits : « la trahison des trusts » d’un côté, de l’autre le monde du travail qui a su montrer dans la Résistance son sens national. On se demande quelles institutions inventer pour une République nouvelle. Comment répondre à la soif généralisée de vivre libre, de voir, de lire, d’apprendre, de créer ? Ce sont les grandes conquêtes démocratiques de 1945-1946, suscitées par les espoirs engendrés par la Résistance qui donnent réponse à ces attentes. Ce sont les grandes mesures économiques et sociales inspirées du programme du Conseil national de la Résistance : - le droit de vote aux femmes, - les droits nouveaux reconnus aux travailleurs, particulièrement la création des comités d’entreprises, - la véritable Sécurité sociale mise en place, - l’accès à l’instruction gratuite, - l’élargissement des moyens d’accès à la culture pour tous, - la prise en main par la nation de quelques secteurs vitaux de l’économie : nationalisation des usines Renault, des compagnies d’électricité et du gaz, des compagnies minières, etc. C’est cela aussi le fruit du grand combat démocratique de la Résistance. Fruit qui vient après la capitulation allemande et, joint à elle ,permet de dire que le 8 mai est le jour de la victoire de notre peuple et celui des autres peuples concernés. Résultat qu’il faut défendre depuis 70 ans contre les attaques incessantes dont il fut et reste l’objet. Villejuif le 9 avril 2014

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ÉDItO LE RÉVEIL

HoLLanDE SoURD aU CRi DU pEUpLE

sOMMaIRE actualités p. 4 le rapport Fragonard torpille les alloc. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 Économies : 17 mds d’e pour l’État, 23 pour la Sécu, et 10 pour les collectivités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 La double peine des classes populaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 Chômage de masse : Haro sur le SMIC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 L’économie n’explique pas tout . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 international p.8 Élections européennes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 Espionnage : les grandes oreilles de Hollande . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 Libye : chaos à Tripoli . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 Retour en enfer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 Vie de l’aRaC p. 21 La vie des comités. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 Vos droits p. 27 Pensions, retraites du combattant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 Carte du combattant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 Rente mutualiste anciens combattants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 Lettre à Bernard Cazeneuve . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 Magazine p. 31

P. 13 D O s s I E R

La naTion UnE ConSTRUCTion ConSTanTE

www.le-reveil-des-combattants.fr LE RÉVEIL DES COMBATTANTS Fondé en 1931 par Henri-Barbusse Mensuel de l’association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre. commission paritaire n° 0713-a 06545 Édité par les Éditions du Réveil des combattants saRL au capital de 45 734,41 - siret : 572 052 991 000 39 2, place du Méridien, 94807 Villejuif cedex téléphone : 01 42 11 11 12 télécopie : 01 42 11 11 10 reveil-des-combattants@wanadoo.fr

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Vahé • Directeur délégué - Rédacteur en chef : Patrick staat • Comité de Rédaction : Brigitte canévêt, Hervé corzani, Jean-Pierre Delahaye, andré Fillère, Laurence Gorain• Service photos : Jeanclaude Fèvre • Administratrice : annick chevalier • Secrétariat de rédaction, conception graphique : Escalier D communication • Impression : RIVEt P.E. - 24 rue claude-Henri-Gorceix,

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ous aurions pu penser que le message exprimé par les électeurs le 23 et 30 mars allait être entendu par le Président de la République. Que nenni ! Les Français réclament un profond changement politique pour plus de justice, de solidarité, d’égalité. Décennies après décennies, la politique mise en place rend la vie des travailleurs, des retraités, des jeunes, de plus en plus dure. Les Français exigent que le gouvernement cesse de dire oui à chaque décision de la commission européenne. Que François Hollande - Président de la République tourne le dos aux aspirations, à la colère, aux exigences des Français est inacceptable. En nommant Manuel Valls - 1er ministre - il a fait le choix de la poursuite de l’intégration de la France dans l’Europe fédérale. Il a fait le choix d’appauvrir l’immense majorité de notre peuple au profit du monde de la finance. Il a fait le choix de brader l’indépendance nationale, la souveraineté de notre pays, il soumet la France au diktat allemand, à la logique du profit. De tels choix ne sauraient relancer la France car ils réduisent le pouvoir d’achat et donc affaiblissent l’économie, nourrissent la pauvreté et la misère. La France est un pays riche. Des milliards sont disponibles et ne trouvent pas à s’investir. Le gouvernement a décidé de faire un cadeau supplémentaire de 50 milliards aux patrons. Pour ce faire, il bloque les retraites, les salaires minimum, s’attaque à la sécurité sociale, aux acquis sociaux construits par les lutte. Il s’attaque aux territoires, facteurs de démocratie (1789), au code du travail et au temps de travail (1936), aux droits des travailleurs, à la sécurité sociale (1944). Il ne touche pas les 1 % des plus riches mais l’immense majorité de ceux qui n’ont que leur salaire, leur retraite pour vivre. Dans la volonté servile de se mettre à disposition de la finance, le gouvernement ouvre la voie à un recul de société. Pour avancer, la France ne doit pas revenir en arrière, avant les nationalisations, avant les droits à la santé et au logement. Nous ne pouvons laisser se développer l’idée que les générations à venir doivent vivre plus mal que les générations passées. Les semaines et les mois qui viennent vont être déterminants pour faire échec à cette politique, pour se mobiliser. L’ARAC prendra toute sa place, toutes les initiatives nécessaires pour que le fruit des acquis de la société française ne soit pas bradé.

Patrick Staat LE RÉVEIL - N° 802 - aVRIL 2014

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS

Le rapport Fragonard torpille les « alloc » Comment rétablir l’équilibre de la branche famille de la Sécurité sociale ? La question, qui suscite des débats passionnés ces dernières semaines, a été posée par le gouvernement à Bertrand Fragonard, président du Haut Conseil de la famille (HCF) qui doit remettre sur le sujet un rapport très attendu, jeudi 4 avril, rapport dont Les Échos révèlent les grandes lignes lundi soir. Sur son site Internet, le quotidien économique évoque « une boîte à outils de mesures visant à économiser 2,14 milliards d’euros à l’horizon 2016 ». Tandis que jeudi, sur France 2, François Hollande évoquait la possibilité de réduire les allocations familliales des ménages les plus aisés, balayant de la main l’idée de leur fiscalisation, Bertrand Fragonard propose « plusieurs scénarios de retour à l’équilibre » dont certains « prévoient tout de même des mesures fiscales », indiquent Les Echos. Les allocations familiales sont versées aujourd’hui sans aucune condition de ressources à 4,7 millions d’allocataires. Selon Les Echos, le rapport évoque trois types de scénarios différents : • Diminution de moitié des allocations au-dessus d’un plafond de ressources : un premier scénario évoque la possibilité de diviser les allocations « par deux au-delà de 5 009 euros par mois pour un couple avec deux enfants, 5 786 euros pour trois enfants » ou même par trois (au-delà « de 5 771 euros pour une famille de deux enfants et 6 548 euros pour trois enfants »). Cette formule rapporterait 850 millions d’euros, mais provoque d’importants effets de seuil. • Diminution progressive des allocations, jusqu’à - 25 % : un second scénario prévoit qu’à partir d’un certain seuil de ressources, les allocations diminuent progressivement puisqu’à partir d’un second seuil, les familles ne perçoivent que « 25 % des allocations actuelles ». Ce système a l’avantage de limiter les effets de seuil. Selon les plafonds de ressources choisis, cette formule permettrait d’économiser entre 450 millions et 1,55 milliard d’euros. 4-

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• D iminution progressive, jusqu’à - 25 %, d’un plus grand nombre de prestations : ce scénario, qualifié de « plus ambitieux », prévoit que le scénario n° 2 s’applique, au-delà des allocations familiales, à la prestation d’accueil du jeune enfant (PAJE) et au complément familial (déjà versé sous condition de ressources). « Le pourcentage de perdants augmente avec l’économie recherchée », précise le rapport cité par Les Échos. « Il passe de 7 % pour une économie de 450 millions à 17 % pour une économie de 1 milliard et 28 % pour une économie de 1,55 milliard ».

Mais « les perdants sont très concentrés sur les ménages les plus aisés », sauf dans le scénario à 1,55 milliard qui « mord » les sixièmes et septièmes déciles, calcule le rapport. Le rapport suggère par ailleurs, sur le plan fiscal, un nouvel abaissement du plafond du quotient familial (aujourd’hui fixé à 2 000 euros) ou encore la suppression de certaines niches fiscales « au premier rang desquelles la réduction d’impôt pour frais de scolarité pour les enfants au collège et au lycée, ce qui rapporterait 235 millions » indiquent Les Échos.

Économies :

17 milliards d’euros pour l’État, 23 pour la Sécu et 10 pour les collectivités La France doit faire des économies. C’est le nouveau credo de François Hollande, depuis le fameux tournant qualifié par certains de « social-libéral » au début de l’année. En tout, 50 milliards d’euros de réduction des dépenses publiques avaient été annoncés et les spéculations allaient bon train pour savoir qui allait devoir se serrer la ceinture. Le programme semble se préciser. L’État devrait en effet prendre à sa charge 17 milliards d’euros d’économies, la Sécurité sociale 23 milliards d’euros et les collectivités territoriales 10 milliards d’euros, selon Les Échos. Dans le détail, cela devrait passer par un maintien du gel du point d’indice des fonctionnaires en 2015 et 2016, et le gouvernement pourrait en outre « raboter » de 10 000 à 15 000 postes des 60 000 recrutements dans l’Édu-

cation nationale, qui étaient prévus sur le quinquennat. La Sécurité sociale devrait, quant à elle, économiser 23 milliards. Ce qui passerait par une réduction supplémentaire d’un milliard d’euros par an de la progression des dépenses de santé, déjà sujettes à un plan d’économies. Le quotidien assure en outre que les allocations familiales de base ne seront pas touchées mais évoque de possibles économies sur certaines prestations secondaires. Enfin, les collectivités devraient contribuer au plan d’économies à hauteur d’environ 10 milliards, via une baisse de trois milliards d’euros par an en 2015, 2016 et 2017 des dotations versées par l’État.

La Tribune du 7 avril 2014


ACTUALITÉS LE RÉVEIL

La double peine des classes populaire Le tissu économique se nécrose. Depuis près de trente ans, les classes populaires subissent les effets de la mondialisation sans en ressentir les bénéfices. Lentement, inexorablement, le grand déclassement s’est fait exode. Et la géographie française porte aujourd’hui les stigmates de la fracture sociale. « Pour la première fois de l’histoire, les classes populaires ne résident plus dans les territoires où se crée la richesse, c’est-à-dire dans les grandes métropoles connectées à la mondialisation », confirme le géographe Christophe Guilluy, qui pointe cette brisure territoriale depuis déjà dix ans. Chassé du cœur de l’économie, éloigné du ruissellement des richesses créées massivement dans les métropoles, le peuple de la périphérie vit aujourd’hui au rythme du chômage, de l’emploi faiblement qualifié et le plus souvent à temps partiel. Bref, il subit les effets de la mondialisation sans en ressentir les bénéfices. Cette situation, la France n’est pas la seule à la vivre. La globalisation, qui s’est développée à la fin des années 80 et s’est accélérée avec l’entrée de la Chine dans l’Organisation mondiale du commerce, a largement remodelé la distribution des revenus, non seulement entre les nations, mais aussi au sein de celles-ci. L’ex-économiste en chef de la Banque mondiale, Branko Milanovic, a récemment publié une étude sur la question. Synthétisée en un graphique aux faux airs d’éléphant, ses recherches démontrent que vingt années de mondialisation ont eu certes pour effet d’améliorer le niveau de vie de milliards de travailleurs dans les pays émergents, mais que, dans le même temps, elles ont fait reculer de 5 % les revenus nets des classes populaires dans les pays développés. Pour l’heure, l’âpreté de la vie quotidienne des classes populaires françaises, contrairement à celle de leurs

homologues américaines, est adoucie par les transferts sociaux, fruits de l’État-providence. Selon l’INSEE, ces transferts contribuent à améliorer de 4 % le niveau de vie moyen des Français, mais surtout, et de plus en plus, des 10 % les moins riches. Contrainte budgétaire oblige, les politiques de droite comme de gauche se sont en effet mises à concerter l’effort social sur une partie de plus en plus restreinte (et plus pauvre) de la population française. Une stratégie compréhensible à court terme, mais qui risque de saper la notion même de redistribution. Dernier exemple en date : la réforme des allocations familiales prévoit que, d’ici à dix ans, 3,5 millions de citoyens verront leur chèque de la CAF amoindri. Cela représente… 40 % des ménages ayant un enfant de moins de 18 ans à charge ! Que diront-ils, ces rabotés des allocs ? Qu’on « pressure toujours les mêmes pour donner toujours aux mêmes »… « Les classes populaires, qui ont le plus besoin de l’État-providence, sont en passe d’en demander la fin », prévient Christophe Guilluy.

Une situation explosive Tendez l’oreille, et vous verrez que la dénonciation de l’assistanat fait un tabac dans les zones périphériques, où les classes populaires et classes moyennes ont le sentiment de se saigner, cumu-

lant, parfois les jobs à temps partiel… quand ils en trouvent ! Et pas la peine de compter sur la mobilité pour adoucir ce désarroi, la mondialisation eut pour effet paradoxal de réduire les migrations territoriales en France. L’économiste Laurent Devezies, dans son récent ouvrage La crise qui vient (Seuil), le met en évidence : « On a longtemps cru au phénomène vertueux selon lequel les actifs quittent les territoires où leur avenir n’est pas garanti (Nord et Est) pour saisir des opportunités de progression sociale ailleurs (Ouest et Sud notamment). Or, pas du tout ! Ils partent juste à côté, pour aller d’un territoire qui va très mal à un territoire voisin qui va… mal ». A moins de remettre sur la table notre modèle économique, dans lequel seules les grandes métropoles profitent de la mondialisation, tandis qu’ailleurs le tissu économique se nécrose, l’issue de ce processus fait froid dans le dos. Car, à terme, ces territoires périphériques et leurs habitants se verront, sinon totalement, du moins partiellement privés des transferts issus des zones de création de richesses, sans pouvoir s’y installer. Une double punition à laquelle des dizaines de millions de personnes seraient définitivement condamnées. Intenable, et surtout explosif. Emmanuel Levy Marianne du 4 au 10 avril 2014

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS

Chômage de masse : haro sur le SMIC ! « Le chômage a augmenté à cause de la crise et non du smic. Le salaire minimum n’est pas responsable du chômage de masse. » « A ce niveau de chômage, il faut aller vers davantage de flexibilité », estime Pascal Lamy, ex-directeur général de l’OMC. Faites entrer l’accusé ! A quelques jours d’intervalle, le niveau du smic a été désigné par diverses personnalités comme l’un des responsables de la dégradation de l’emploi en France. Un débat récurrent, mais qui prend d’autant plus d’acuité que le gouvernement ne parvient pas, contrairement aux engagements du chef de l’État, à inverser la courbe du chômage. A court terme, l’Insee n’entrevoit d’ailleurs qu’une stabilisation de ce taux, à 10,2 % en juin prochain. Cette fois, c’est Pascal Lamy qui a allumé la mèche. L’ex-directeur général de l’Organisation mondiale du commerce, réputé proche de François Hollande, a plaidé, mercredi 2 avril, en faveur d’une plus grande flexibilité sur le marché du travail. Lors de l’émission Questions d’Info sur LCP, en partenariat avec Le Monde, M. Lamy a estimé qu’à ce « niveau de chômage, il faut aller vers davantage de flexibilité, et vers des boulots qui ne sont pas forcément payés au smic (… ). Un petit boulot, c’est mieux que pas de boulot ». La saillie n’est pas passée inaperçue dans un pays qui n’a pas oublié les épisodes du CIP (Contrat d’insertion professionnelle) d’Édouard Balladur en 1994 et du CPE (Contrat première embauche) de Dominique de Villepin en 2006. A peine entré dans ses nouvelles fonctions de ministre des Finances, Michel Sapin a voulu étouffer dans l’œuf la proposition de M. Lamy, en déclarant, jeudi 3 avril, ne pas être 6-

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favorable à la « généralisation » de ces mini-jobs. « L’objectif n’est pas de créer des petits boulots, mais qu’il y ait plus de boulot (…). Moi, je suis pour le plein-emploi, mais je suis aussi pour le bon emploi », a-t-il ajouté sur France Inter.

« Un salaire minimum trop élevé peut nuire » Dans leur ouvrage, Changer de modèle (Odile Jacob, 180 pages, 22,90 euros), paru le 3 avril, les économistes Philippe Aghion, Gilbert Cette et Elie Cohen estiment nécessaire de repenser le rôle et la politique du smic, car, écrivent-ils, « un salaire minimum trop élevé peut nuire à la fois à l’emploi, à la confiance et à la mobilité sociale ». Revalorisé de 10 centimes le 1er janvier, le smic se monte actuellement en France à 9,53 euros brut de l’heure, soit un salaire brut mensuel de 1 445 euros pour un salarié travaillant 35 heures par semaine. A court terme, les trois auteurs préconisent un gel partiel du salaire minimum. En contrepartie, ils proposent de limiter les allégements de charges sur les bas salaires accordés aux entreprises. Des sommes qui pourraient être utilisées pour doper la prime pour l’emploi ou le Revenu de solidarité active. A moyen terme, MM. Aghion, Cette et Cohen défendent « une réforme ambitieuse du smic » qui ne doit exclure a priori aucun aspect. De la désindexation du smic sur l’inflation à l’instauration d’un salaire minimum dont le montant varierait selon l’âge en passant

par une régionalisation du dispositif, les trois économistes n’entendent se fermer aucune porte.

« Le salaire minimum n’est pas responsable du chômage de masse » Selon eux, « les seuls critères à prendre en compte doivent être ceux de la lutte contre la pauvreté, de l’équité et des impacts économiques, en particulier sur la compétitivité et l’emploi ». Tous les économistes ne sont pas d’accord pour trouver aujourd’hui le niveau du smic trop élevé, et encore moins pour lui imputer le niveau de chômage actuel. Ainsi Eric Heyer, directeur adjoint au département analyse et prévision de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), rappelle que le smic se situe à 60 % du salaire médian et qu’il était à un niveau équivalent début 2008, quand la France affichait un taux de chômage de 6,8 %. « Le chômage a augmenté à cause de la crise et non du smic. Le salaire minimum n’est pas responsable du chômage de masse », souligne M. Heyer. Ce dernier conteste également l’opportunité de régionaliser le smic au motif que les niveaux de vie diffèrent de Paris à Limoges (Haute-Vienne) ou Annonay (Ardèche). « Le smic ne doit pas servir à réduire les inégalités régionales ou la pauvreté, mais doit permettre à chacun de vivre correctement de son travail. » Une augmentation de 1 % du salaire minimum aboutirait à un solde négatif de 4 300 emplois, selon l’OFCE. Et, même si les études d’économistes


actualités LE RÉVEIL

comme Francis Kramarz ou Pierre Cahuc montrent que les baisses du coût du travail sont efficaces pour l’emploi des moins qualifiés, voire déterminantes pour l’emploi des jeunes, M. Heyer estime également risqué de promouvoir le concept de smic jeunes. Cela reviendrait selon lui à ne plus payer les jeunes en fonction de leur productivité et à négliger les différences de qualification et d’expérience.

L’économiste est néanmoins hostile, dans la conjoncture actuelle, à une hausse du smic. L’OFCE a calculé qu’une augmentation de 1 % du salaire minimum détruirait 18 000 emplois et en créerait 13 700 sur cinq ans, soit un solde négatif de 4 300 emplois. Ce débat autour du smic intervient au moment où l’Allemagne, souvent montrée du doigt de ce côté du Rhin pour ses mini-jobs à moins de 400 euros par

mois, a décidé d’instaurer un salaire minimum d’un montant de 8,50 euro brut de l’heure. Interrogations sur l’opportunité de créer des petits boulots avec un smic différencié en France, instauration d’un salaire minimum en Allemagne… Certains pourraient y voir les prémices d’une forme de convergence de politique économique.

Le Monde du 6 avril 2014

L’économie n’explique pas tout Pour ce politologue, les élections municipales ont signé une nouvelle étape dans la déception de l’électorat de gauche, fatigué qu’on n’entende pas son désarroi social, mais aussi ses craintes culturelles… Marianne : L’effondrement de la gauche aux municipales vous semble-t-il marquer une nouvelle étape dans le sentiment de déclassement qui s’est emparé d’une part croissante de la population ? Laurent Bouvet *: La sanction lourde et incontestable que viennent d’infliger les Français au PS et au gouvernement a des causes variées. Certaines sont conjoncturelles, d’autres, notamment celle que vous indiquez, plus structurelles. Ces élections marquent une nouvelle étape dans la longue marche du socialisme français vers la déception de son électorat. Cette fois, ce sont les Français qui ont élu François Hollande en mai 2012 qui ne sont pas venus voter. Ils sont, eux aussi, touchés par ce sentiment de déclassement, notamment dans la fonction publique, cœur de l’électorat de gauche. Et ils considèrent certainement que rien ou presque n’a été fait pour lutter contre. Marianne : Victimes de la désindustrialisation, les classes populaires ont largement déserté le vote socialiste depuis des années déjà. Faut-il désormais inclure dans ce mouvement ce qu’on a longtemps appelé les « classes moyennes » ? L.B. : Les frontières entre classes populaires et classes moyennes sont floues et mouvantes. Ce qui apparaît néan-

moins de plus en plus, c’est que des comportements électoraux qui étaient plus caractéristiques des catégories populaires (ouvriers, petits employés…) sont observables désormais dans des couches plus élevées de la satisfaction sociale ; l’abstention, bien sûr, mais aussi le vote pour le FN. Marianne : « L’insécurité culturelle » dont vous avez fait depuis quelques années une des causes de la désaffection de l’électorat pour la gauche ne concerne pas seulement le vote ouvrier. Y voyezvous aujourd’hui une raison majeure de la perte d’influence croissante du PS ? L.B. : « L’insécurité culturelle » est une hypothèse que j’ai formulée afin d’essayer de mieux comprendre et de mieux expliquer pourquoi une partie de plus en plus importante de l’électorat en France, mais aussi en Europe, qu’il soit populaire ou non (notamment au regard de sa situation économique, comme on a pu le voir récemment en Suisse), se tourne vers les partis néopopulistes et donc, en France, vers le FN. La situation économique et sociale ne peut en expliquer à elle seule les comportements politiques que l’on observe. Il faut mobiliser d’autres facteurs et d’autres clivages que l’on appelle « culturels » ou « de valeurs ». En France,

depuis quelques années, les débats et les crispations autour des Roms, de la présence de l’islam ou encore du mariage pour tous, par exemple, ont révélé des comportements liés à cette forme spécifique d’insécurité, non réductible à l’insécurité économique ou l’insécurité « sécuritaire ». Ils peuvent renvoyer à des représentations faussées ou influencées par les médias ou les discours politiques, mais ils doivent néanmoins être observés et analysés comme tels. Les ignorer en les disqualifiant simplement comme racistes, islamophobes ou homophobes n’explique rien et surtout n’apporte aucune solution politique. C’est ce qui est arrivé au PS. Le résultat des municipales vient en partie de cet aveuglement, d’un déni à propos de la réalité politique du pays, bien au-delà des catégories populaires. Or, refuser de voir, c’est empêcher de comprendre et finalement, s’interdire de combattre efficacement ce qu’on rejette. Propos recueillis par Aude Lancelin Marianne du 4 au 10 avril 2014

* Professeur de science politique à l’université de Saint-Quentin-en-Yvelines. LE RÉVEIL - N° 802 - avril 2014

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LE RÉVEIL international

Élections Européennes

Avec la formation du nouveau gouvernement, nous sommes d’ores et déjà entrés de plain-pied dans la campagne pour les élections européennes. Ces dernières ne suscitent, en général, que peu d’intérêt. C’est un tort, et il serait particulièrement dommageable qu’il en soit ainsi pour cette nouvelle échéance. Cet enjeu va déterminer des choix électoraux qui seront, sans conteste, difficiles et délicats. Il convient de rappeler que ces élections concernent en réalité l’Union européenne et non l’Europe elle-même. On peut se sentir culturellement et historiquement européen et récuser l’institution qui s’est appropriée le nom d’Europe, mais qui est loin d’y correspondre.

Une Union européenne à la dérive Aujourd’hui, même les plus fervents défenseurs de l’Union européenne l’admettent et qu’elle sert, de plus en plus, de couverture aux seuls intérêts de l’Allemagne. La poursuite de 8-

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la politique d’austérité, mise en place explicitement pour « sauver l’Euro » sans imposer des coûts trop importants à l’Allemagne le souligne. Cette politique conduit aujourd’hui les pays d’Europe du Sud à la ruine et à la misère. D’une manière plus générale, l’UE souffre aussi de multiples défauts. Elle est obèse politiquement, elle est trop ouverte et sans autre ligne de politique industrielle que la fameuse « concurrence libre et non faussée », dont tout économiste un peu honnête doit reconnaître qu’il s’agit d’une contradiction dans les termes. Elle n’assure ni la sécurité économique aux peuples des pays membres, ni même la sécurité politique ; ayant été capturée par

des intérêts qui poussent désormais à un affrontement avec la Russie, comme on a pu le voir à propos de la crise ukrainienne. Rappelons aussi que cette UE fut parfaitement incapable de nous éviter la crise financière de 2007-2008, et ceci en dépit de tous les discours sur « l’Europe protège ». Cette politique veut se continuer dans la signature prochaine du Traité transatlantique, qui établit les conditions d’un libre-échange généralisé avec les États-Unis et qui, de fait, impose que nos normes sociales et sanitaires s’alignent sur celles des États-Unis. On ne voit plus, alors, ce qui pourrait justifier le maintien d’une « Union européenne » devant cette nouvelle abdication face à Washington. (... ) La responsabilité des malheurs immenses de ces politiques, qui se sont traduites par une forte augmentation de la mortalité en Grèce, et depuis quelques mois au Portugal, sont de la seule et unique responsabilité de la Commission et de la BCE. L’UE


international LE RÉVEIL

porte aussi la responsabilité d’avoir fait entrer un mouvement néo-nazi, Aube dorée au Parlement grec. C’est cela aussi qu’il faudra sanctionner dans ces élections.

L’inanité du discours « changeons l’Europe » Dans ce contexte, il est clair que personne ne défendra l’UE « telle qu’elle est » et que les discours sur la nécessité de « changer l’Europe » vont se multiplier. Mais quelle peut être leur réalité ? L’Union européenne fonctionne avec trop de membres pour que des projets intéressants puissent voir le jour... Par ailleurs, la nature libérale de l’Union européenne n’est pas seulement inscrite dans le projet européen dès le départ, mais correspond à la pente logique des négociations. Quand vous cherchez un compromis, il est toujours plus facile de le trouver sur une position de non-intervention, que ce soit dans le domaine économique ou social. Tout acte positif donne naissance à d’infinis marchandages qui, en retour, donnent lieu à de nouveaux contentieux. Outre le poids de l’idéologie libérale, le poids des intérêts particuliers des grandes firmes qui sont bien représentées à Bruxelles, il faut savoir que dans la logique d’une négociation le « point focal » de cette dernière est très souvent trouvé dans la mesure la plus « libérale ». L’Union européenne se meut dans un univers ou, par intérêt personnel comme par idéologie, les fonctionnaires qui la composent et qui, dans une large mesure, décident des ordres du jour des réunions, sont acquis à l’idéologie la plus libérale. On rappellera que ces personnes vivent avec des salaires des plus confortables (qu’il ne leur est pas venu dans l’idée de baisser en solidarité avec les peuples qu’ils opprimaient). Prétendre changer l’Union européenne revient à prétendre vouloir établir un autre contexte et implique la volonté coordonnée d’une majorité de pays… ceci est à l’heure actuelle complètement impossible.

On dira alors qu’il faut aller vers une Europe fédérale. Mais ce raisonnement repose sur des bases erronées. Tout d’abord, il n’y a pas de peuple européen, que ce soit du fait de représentations politiques trop divergentes ou du poids des histoires trop enracinées. Seule la solution de l’inter gouvernementabilité est possible si l’on veut préserver un minimum de démocratie. Par ailleurs, la solution fédérale exigerait aujourd’hui que l’on prélève massivement sur le revenu des plus riches (des Allemands pour faire simple) pour alimenter ce « budget fédéral » que d’aucuns appellent de leurs vœux. La fédéralisation de l’Europe est un non-sens tant politique qu’économique.

Deux points critiques

Le premier point est le fameux Traité de libre-échange transatlantique. Ce traité est néfaste sur plusieurs points, que ce soit parce qu’il retire aux États la compétence pour traiter de points essentiels comme la souveraineté alimentaire où la traçabilité en matière de médicaments, ou parce qu’il organise un abandon à peine déguisé de toutes les normes françaises ou européennes. Ce traité, Michel Sapin l’a affirmé dans une déclaration le 2 avril 2014, ne sera pas soumis à référendum. Il faut donc l’arrêter dans l’œuf et ceci ne peut se faire qu’aux élections européennes. Le deuxième point est, bien entendu, l’euro et la politique d’euro-austérité Enfin, regardons qui prétend « changer qu’il entraîne. On a largement dével’Europe ». Ce discours va être tenu tant loppé depuis de nombreux mois tous par l’UMP que par le PS. Or, aucun de les problèmes que pose l’euro. Depuis ces partis n’a montré depuis plus de 2012, nombreux sont les économistes vingt ans une quelconque volonté en comme les politiques qui se sont renla matière. La seule manière de réel- dus à ces conclusions. Le débat est lement « changer l’Europe » serait de aujourd’hui général et se développe de provoquer une crise grave, en bloquant l’Italie au Portugal, en passant par l’Allele processus décisionnel, que ce soit magne. Il faut le redire, la seule manière la France seule ou avec d’autres pays, de sortir du cercle vicieux de l’austérité jusqu’à ce que nous ayons obtenu satis- et de la dette, c’est en dissolvant l’euro. faction, du moins en partie. C’est ce que Compte tenu de la nature du scrutin, il fit le général de Gaulle dans les années conviendra de soutenir et de voter, selon 1960 avec la « politique de la chaise vide ». ses préférences politiques personnelles, Or, ni l’UMP ni le PS ne prônent une pour toutes les listes qui se prononcetelle politique, ce qui établit un doute ront sans ambiguïté contre ces deux radical sur leur volonté réelle de « chan- points. Seule une défaite claire et nette ger l’Europe ». On peut faire la même des listes européistes (UMP, UDI, PS, remarque avec le parti centriste UDI, Nouvelle Donne et EELV) peut perles dissidents socialistes de Nouvelle mettre la clarification politique dont donne ou avec les écologistes de EELV. nous avons besoin, que ce soit en France Il faudrait être fou pour croire qu’une ou en Europe. Il faut refuser d’envoyer possibilité de changement puisse en au Parlement Européen des personnes qui ne feront que prolonger une poliémerger. En réalité, le discours sur « changer tique qui n’a que trop duré. l’Europe » se révèle être, que ce soit par Extrait d’un texte de Jacques Sapir dessein ou la conséquence des moyens (7 avril 2014) proposés, un discours mystificateur. En fait ce n’est pas « changer l’Europe » qu’il faut, mais bien changer d’Europe. Et pour cela, il faut commencer par détruire ce qui dans l’UE empêche tout mouvement.

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LE RÉVEIL international

Espionnage

Les grandes oreilles de Hollande Selon Le Monde et un rapport des services secrets canadien, la France serait, elle aussi, très active dans le domaine de l’espionnage et ciblerait, à l’exemple du locataire de la Maison-Blanche, amis et ennemis sans distinction.

Sous le titre « La France suspectée de cyberattaque » le journal du soir fait référence à un rapport des services secrets canadiens qui auraient détecté une opération visant l’Iran, l’Europe et l’Afrique et aussi le territoire national. « La posture de victime affichée par la France depuis les révélations sur les activités de la NSA à son encontre risque d’être de moins en moins crédible. Les autorités françaises, qui aiment alerter l’opinion sur les dangers qui menacent sans cesse nos secrets d’État ou ceux de nos secteurs stratégiques, ont été prises la main dans le sac d’un espionnage tous azimuts visant des pays aussi bien amis que jugés dangereux », écrit le quotidien dans son édition du 22 mars 2014. Les services secrets canadiens suspectent en effet leurs homologues français d’être derrière une vaste opération de piratage informatique, qui aurait débuté en 2009 et se poursuivrait tou10 -

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jours, grâce à un implant espion. Pour le journal, qui se réfère aux dernières révélations de Snowden* : « Ces documents prouvent que les Français ne sont nullement à la traîne par rapport à leurs homologues occidentaux en terme des opérations de hacking et d’espionnage électronique ou encore de cyberguerre. La France aurait même réalisé des progrès en cette matière entre les années 2006 et 2010 ». Le Monde évoque le cas de l’Iran qui aurait fait l’objet des opérations d’espionnage décidées par Paris. Sur la foi du rapport des services secrets canadiens, le quotidien révèle « le principal objectif de la France aura été celui de collecter des infos sur les activités nucléaires iraniennes. Les Français ont ainsi espionné non seulement le ministère iranien des Affaires étrangères mais aussi quatre pôles de recherche iraniens : l’université de la science et de la technologie, l’organisation de l’énergie atomique, l’université de l’Imam Hossein, l’université de Malek Ashtare, les deux dernières appartenant au secteur de recherche des forces armées iraniennes ». En France également…

Et Le Monde d’ajouter : « Ce n’est pas seulement la France qui aime à s’informer de ce qui se passe dans ces centres. Il y a aussi des Israéliens et des Américains qui espionnent ces institutions iraniennes et ce depuis bien longtemps ». Ces cyberattaques concerneraient également, selon la note interne que Le Monde a pu consulter, des cibles n’ayant aucun lien direct avec la lutte contre la prolifération nucléaire. Les services secrets canadiens relèvent la présence de cet

implant au Canada, en Espagne, en Grèce, en Norvège ainsi qu’en Côted’Ivoire et en Algérie. Plus surprenant, cet espionnage informatique d’État a été, selon les canadiens, utilisé contre des objectifs en France, ce qui constituerait une sérieuse entorse aux règles qui prévalent sur le territoire de compétence des services secrets français. Le seul service disposant de l’expertise technique capable de conduire une telle opération, la Direction générale de sécurité extérieure (DGSE) n’agit, officiellement, qu’à l’extérieur de nos frontières. Souvent soupçonnée, notamment par certains membres de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), d’étendre ses actions en France, la DGSE a toujours démenti. Interrogée par Le Monde, elle s’est refusée à tout commentaire « sur des activités réelles ou supposées ». Le CSEC, en revanche, a confirmé au Monde que ce document émanait bien de ses services, sans pour autant rentrer dans le détail de cette chasse au logiciel espion. Il reste que ces révélations sont plus qu’inquiétantes à la fois au plan des relations internationales mais également liberticides. Au nom de la défense nationale, de la lutte contre le terrorisme et d’autres prétextes encore s’achemine-t-on vers un espionnage massif de la population, comme le fait Obama aux États-Unis ? J.-P. D.

* Le document révélant cette affaire émane du Centre de la sécurité des télécommunications du Canada (CSEC), les services secrets techniques du pays. Il a été extrait des archives de l’Agence nationale de sécurité américaine (NSA), par son ex-consultant Edward Snowden


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Libye

Chaos à Tripoli Trois ans après l’intervention militaire dirigée par Sarkozy, poisson pilote d’Obama, qui a conduit à la chute du tyran Kadhafi, la Libye est plongée dans le chaos, avec une interminable période de transition, une insécurité atteignant des sommets, des institutions paralysées et une extension de la misère... Rappelons que l’opération, à forte odeur de pétrole, autorisée par les Nations unies en vertu de la résolution 1974, devait à l’origine protéger les populations de la répression organisée par Kadhafi. Elle s’est en fait transformée et terminée par le renversement puis l’assassinat du maître de Tripoli et la mise en place d’un gouvernement hétéroclite et improbable. Les différentes factions se ménageant chacune des parcelles de pouvoir et gardant leurs armes. Un chaos inévitable s’en est suivi… Aujourd’hui, entre criminalité, règlements de comptes politiques ou idéologiques et affrontements tribaux, les autorités de transition, totalement impuissantes, ne savent plus où donner de la tête. Depuis plusieurs mois, le pays sombre dans l’anarchie et l’incertitude, avec une crise politique et économique sans précédent qui paralyse le pouvoir exécutif et divise le législatif. « Les différentes factions politiques qui se disputent le pouvoir à Tripoli sont incapables de parvenir à un consensus sur le sort du gouvernement d’Ali Zeidan ou sur une nouvelle feuille de route de la période de transition qui devait s’achever initialement le 7 février, après l’adoption d’une Constitution. » Faute d’avancée dans le processus constitutionnel, le Congrès général national (CGN, Parlement) a annoncé, début février, la prolongation de son mandat jusqu’en décembre 2014, une décision qui divise la classe

politique, la population, les milices armées. Des milliers de Libyens sont descendus dans la rue pour dénoncer ce « coup de force » estimant que le mandat du Congrès a expiré et appelant à des élections générales anticipées. Selon les observateurs il y a danger « d’escalade de la violence, surtout que les principaux protagonistes impliqués dans la crise actuelle sont appuyés par des groupes armés qui n’hésitent pas à menacer de faire parler les armes, pour imposer une décision politique ou exclure des rivaux ». Les milices armées font la loi Ces milices, aux différentes motivations et obédiences, sont formées d’exrebelles, les « thowar », « héros » de la révolution libyenne qui ont combattu contre Kadhafi jusqu’à son assassinat, non élucidé à ce jour et qui pourrait mettre en cause les services français, le 20 octobre 2011. Depuis elles sont considérées comme responsables de l’insécurité ambiante et une entrave au processus de reconstruction de l’État. Par exemple, dans l’est du pays des membres des services de sécurité ou des juges sont assassinés quasiment quotidiennement… La région orientale, fief des islamistes radicaux, est aussi le théâtre de dizaines d’attaques contre des intérêts occidentaux. La situation est d’autant plus compliquée, que le pouvoir exécutif

est quasi paralysé par des députés islamistes qui ont engagé un bras de fer avec le Premier Ministre, Ali Zeidan, dont ils réclament la démission. Pour accentuer leur pression, les islamistes ont retiré leurs ministres du gouvernement et bloquent depuis l’adoption par le Congrès d’un remaniement pour remplacer les démissionnaires. En proie à une hausse de la criminalité, la capitale libyenne n’est pas épargnée par les violences visant notamment des diplomates et intérêts étrangers, ainsi que des journalistes. Sur le plan économique, ce riche pays pétrolier risque de connaître sa plus grave crise financière, après l’échec des autorités à lever le blocage des terminaux pétroliers dans l’Est qui dure depuis plusieurs mois, privant la Libye de son unique source de revenus. Interrogé par le site « africalog » le professeur de sciences politiques, Ahmed Mahmoud, relaye le pessimisme partagé par une grande partie des Libyens durant la période post-révolution, estimant que la population n’a « pas constaté une amélioration du niveau de vie ou une volonté sincère pour mettre fin à l’anarchie qui mine le pays ». « Ces trois dernières années s’ajoutent aux 42 ans de dictature de Mouammar Kadhafi », dit-il, estimant que la « nouvelle Libye est comme un incubateur qui a produit d’autres nouveaux Kadhafi », en allusion aux chefs de guerre qui font la loi dans le pays. L’ONU a tiré la sonnette d’alarme - il est bien temps ! - appelant les protagonistes de la crise à tout mettre en œuvre « pour ne pas attiser les conflits qui pourraient faire sombrer le pays dans l’anarchie et le chaos ». Mais au fait, qu’en pense Bernard-Henry Lévy ? Jean-Pierre Delahaye

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LE RÉVEIL INTERNATIONAL international

Retour en enfer Une fois les combats achevés, de terribles traumatismes peuvent conduire certains soldats au pire… d’autres et leur famille vivent de véritables calvaires. Le 2 avril dernier, Ivan Lopez, Us-marines cantonné dans la base militaire américaine de Fort Hood, au Texas après plusieurs missions en Irak, a ouvert le feu sur ses camarades, tuant trois personnes avant de se suicider. Selon les autorités militaires il « suivait une évaluation pour déterminer s’il était atteint de troubles de stress post-traumatique ». Pour expliquer sa présumée instabilité sur le plan psychiatrique, les quatre mois passés par le jeune GI, en Irak en 2011, et leurs possibles séquelles, ont été mis en avant par les médias américains. Il faut dire qu’aux États-Unis, les « posttraumatic stress disorders » sont plus que jamais un problème de santé publique. En septembre 2013, une autre fusillade avait fait treize morts dans une base de la Navy à Washington. Aaron Alexis, le tireur, souffrait d’ESPT après avoir aidé les secours lors des attentats du 11 Septembre. Le taux de suicide chez les vétérans américains est de 3 sur 10 000, contre 1,9 pour l’ensemble de la population. Depuis le début de l’année 2014, 22 vétérans en moyenne se sont donnés la mort chaque jour, rappelait récemment le New York Times. Selon les spécialistes militaires, c’est plus que le nombre de soldats américains tués en Afghanistan sur la même période. « Risquer une blessure ou la mort. Voir d’autres personnes être blessées ou tuées. Devoir blesser ou tuer. Etre constamment en alerte », voilà comment le Centre national sur les états de stress post traumatique (ESPT), une émanation du département des Anciens combattants des États-Unis, décrit le quotidien des troupes en Irak ou en Afghanistan. Autant de situations qui favorisent le déve12 -

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loppement d’ESPT et d’autres troubles psychiatriques. Ils naissent, de manière générale, de la confrontation à un événement traumatisant, « durant lequel vous pensez que votre vie ou celle de quelqu’un d’autre est en danger (...), durant lequel vous avez peur ou le sentiment de n’avoir aucun contrôle sur ce qui se passe autour de vous », explique le site du Centre. Ils touchent aussi bien des victimes d’abus sexuels que des rescapés d’accidents de la route et, bien sûr, des soldats.

Un millier de militaires français touchés France TV Info a récemment interrogé Antony, un Français de 30 ans, dont huit dans l’armée. Il raconte comment tout a basculé pour lui un jour de 2011 en Afghanistan : « Sur le terrain, on se crée une carapace : après un combat, on fume une cigarette, on boit un café, on parle d’autre chose et on va se coucher. On a l’impression d’être invincible. Quand j’ai été touché [par un tir de mortier], je me suis rendu compte que je n’étais pas si invincible ». Quarante soldats français ont été victimes d’un « effondrement psychique » après avoir échappé, en août 2008, à une embuscade en Afghanistan qui avait fait dix morts dans leurs rangs, rapporte Le Figaro. Pour Antony, c’est au retour en France que les ESPT commencent à se manifester. « Je faisais des cauchemars. Dans ma tête, je n’étais pas rentré ». Revivre constamment les évènements à l’origine de leur traumatisme, c’est le lot des victimes de stress post-traumatique. « Un bruit de chaudière » ou « le sifflement d’une cocotte-minute » suffisent à les faire « penser à des choses », raconte Anto-

ny, qui se sent perpétuellement à l’affût d’un danger qui n’est plus là. « L’autre jour, un avion est passé en rasemotte audessus de mon jardin. Je me suis jeté à terre. Mes parents n’ont pas compris, ils ne m’avaient jamais vu comme ça (…) J’ai la chance d’avoir une femme forte qui a su me soutenir », raconte le jeune homme, qui est en contact avec de nombreux soldats souffrant des mêmes troubles que lui. Il y a beaucoup de conjoints qui s’en vont. « On n’est plus la même personne ». Quant à ses jeunes enfants, ils ne comprennent pas toujours pourquoi leur père peut « ne pas sortir pendant trois-quatre jours et reste dans le canapé ». Aujourd’hui, eux aussi sont suivis par un pédopsychiatre. La question des ESPT est beaucoup moins connue en France qu’aux États-Unis. Selon Europe 1, le service de santé des armées évalue à un millier le nombre de soldats français victimes de ces troubles. Pourtant, des mesures ont été mises en place pour ménager la santé psychologique des militaires revenant d’Afghanistan. Un séjour de quelques jours à Chypre a été instauré comme « sas de décompression » avant leur retour. Une chaîne de soutien psychologique est détaillée sur le site de l’armée de terre. Des référents de section sont chargés de repérer les signes de troubles, des officiers préparent leur retour, une cellule d’intervention et de soutien psychologique intervient ponctuellement après les évènements traumatisants. Mais c’est bien loin d’être suffisant… Selon Antony interrogé par France TV Info, « on ne retrouve pas ces personnels formés dans tous les régiments ». Contacté, le service de communication de l’armée de terre n’a pas donné suite. Après la guerre, des soldats meurent toujours... J.-P. D.


LE CaHiER MÉMoiRE

le réveil

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DES COMBATTANTS

Pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix

ÉDITO

La nation

Une construction constante

De 1789 à nos jours, notre nation a grandi et s’est affirmée lorsque notre peuple était concerné par la prise en considération de toutes ses composantes des événements auxquels elle faisait face. Ainsi durant les années révolutionnaires (1789-1795), chaque fois que la bourgeoisie s’est trouvée contrainte de faire appel aux « sans culottes », la nation a été consolidée. De même lorsque les « sans culottes » ont contraint les élus de la bourgeoisie à prendre des décisions qui aboutirent à des résultats positifs. Ainsi, s’est exprimée la souveraineté nationale. Il en fut de même en 1848, durant la commune de Paris en 1871, le Front populaire en 1936, la Résistance et son Conseil national, la libération en 1944-1945, en 1968. Aujourd’hui,c’est à partir de l’absence de prise en considération de l’avis du peuple dans les décisions gouvernementales de la France et d’autres pays d’Europe, notamment le refus des dé-

Par Paul Markidès

La nation, construction constante de la vie d’un peuple ou de plusieurs réunis par un passé et des combats communs, reste l’objet permanent des luttes d’aujourd’hui.

sapprobations du traité constitutionnel européen, que l’on constate la mise en cause des souverainetés nationales. L’Europe ne peut se faire sans la volonté populaire, la refuser, la négliger, c’est d’avance miner sa construction. Le combat pour assurer à chaque peuple le droit de disposer lui-même de ses

Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807 Villejuif - Tél. 01 42 11 11 12

propres affaires, autrement dit exercer sa souveraineté nationale reste une nécessité constante aujourd’hui, c’est pourquoi nous nous efforçons d’y contribuer dans le cadre de la défense de cette valeur républicaine, comme des autres, aux mieux de nos possibilités.

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LE RÉVEIL dossier

La Révolution française et le problème national Albert Soboul

La Révolution française a mis tout son souffle dans certains mots. Nation est l’un d’entre eux. La Révolution française a mis tout son souffle dans certains mots. Nation est l’un d’entre eux. Dès 1789, le mot s’était chargé d’une valeur neuve, précisée dans les élans passionnés du cœur, dans des mouvements collectifs spontanés qu’animaient des sentiments de foi et d’espérance. La nation, c’est le corps entier, la masse des citoyens fondus en un seul bloc ; il n’y a plus d’ordres, plus de classes, tout ce qui est français compose la nation. Le motclé retentit dans le tréfonds de l’âme collective, libère des forces latentes, élève les hommes audessus d’eux-mêmes, les conduit ou les égare. Mais sous la paille des mots, quelle fut la réalité des choses ? « Nation » ne serait-il pas l’un de ces « mots-illusions » dont parle l’auteur de l’Histoire de la langue française (1) ? La question nationale ne constitue en 1789 que l’un des aspects du problème général de la transformation révolutionnaire de l’Ancien Régime social et politique. On ne saurait en particulier la dissocier des mouvements et des conflits sociaux : elle évolue au même rythme, elle en porte la marque. La bourgeoisie mène le jeu. Mais quel contenu donnera-telle à la nation qu’elle libère et organise ? L’unité se fera-t-elle, selon l’exemple anglais, par un compromis avec l’aristocratie ? De même que la réaction aristocratique avait 14 -

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(1) Ferdinand Brunot, Histoire de la langue française

rendu impossible toute réforme est, le conflit des classes transpade la monarchie d’Ancien Ré- raît sous l’opposition des ordres. gime, de même le refus opiniâ- Si l’aristocratie admet, non sans tre de toute concession en 1789 réticence, l’égalité fiscale, elle se et après rendit impossible toute refuse à l’unité sociale en demansolution de compromis, pourtant dant expressément le maintien recherchée par certains secteurs des ordres, des privilèges honoride la bourgeoisie. L’aristocratie fiques et des droits seigneuriaux, décidément s’exclut de la nation. en s’en tenant au vote par ordres, La nation, telle qu’elle se définit garant de ses prérogatives. En à travers l’œuvre de l’Assemblée revendiquant l’égalité des droits, constituante, sera la nation bour- le Tiers État s’affirme au contraire geoise. en faveur de l’unité de la nation. Les multiples contradictions, qui Pour les classes populaires, la sapèrent très vite le nouvel édi- rédaction des cahiers de dofice, s’étaient affirmées léances et la réunion des dès avant la réunion des États généraux furent « Tout ce qui États généraux ; elles l’occasion d’un éveil de a été fait de paraissent au grand la conscience nationale. grand dans ce jour des cahiers de doGeorges Lefebvre a soumonde, n’a été léances. L’aristocratie et ligné les traits essentiels fait qu’à partir la bourgeoisie sont bien de la mentalité collective d’espérances d’accord pour substituer populaire en cette année exagérées. » à l’absolutisme royal le 1789. La convocation des règne de la loi discutée Jules Verne États a profondément et votée par les repréému le peuple par l’espoir sentants de la nation. Mais ce d’une amélioration de sa condisentiment de l’unité nationale tion et d’une régénération de la est dans une certaine mesure nation. Ce furent, selon Georges contrebalancé par la critique de Lefebvre, la « bonne nouvelle » et la centralisation unitaire et la re- la « grandes espérance ». Dans la vendication de l’autonomie com- mesure où la bourgeoisie a parmunale et provinciale. Qui plus tagé cet espoir, l’unité du Tiers et


dossier LE RÉVEIL

donc de la nation en a été renforcée. Et de même encore dans la mesure où l’ensemble du Tiers, bourgeoisie, artisans et paysans, a cru au « complot aristocratique ». Le conflit des ordres, l’obstination de l’aristocratie à défendre ses privilèges, la collusion avec l’étranger admise dès les débuts et la crainte de l’invasion redoutée dès juillet 1789, la disette enfin qualifiée de « factice » par suite de l’incapacité d’analyser la conjoncture économique - tous ces faits donnèrent forme et vie à l’idée du « complot aristocratique » dans la mentalité collective. La solidarité du Tiers s’en trouva fortifiée et la conscience de l’unité nationale éveillée parmi le peuple. Ce qui suivit démontra à l’évidence le contenu de classe antiaristocratique de cette prise de conscience. La croyance au complot aristocratique engendra une réaction défensive. Dès avant les événements qui suivirent le renvoi de Necker, connu à Paris le 12 juillet 1789, les électeurs parisiens avaient proposé à l’Assemblée la constitution d’une milice bourgeoise qualifiée de nationale ; tout au long de ces jours troublés, le mot de passe du guet fut : « Êtesvous de la nation ? » La réaction défensive se transforme en volonté punitive : il s’agit non seulement de réduire à l’impuissance le complot aristocratique, mais encore de châtier les ennemis de la nation, coupables du crime de lèse nation (le mot apparaît alors, Ferdinand Brunot, Histoire de la langue française, t. IX, La Révolution et l’Empire, p. 637). On ne saurait cependant celer que dès 1789 l’unité nationale, telle qu’elle s’affirmait dans les luttes du Tiers État contre l’aristocratie, masquait mal les oppositions sociales au sein même du Tiers. Bourgeoisie et classes populaires ne pouvaient donner le même

contenu social à la « grande espérance ». La dualité contradictoire des structures économiques d’Ancien Régime opposait à la boutique et à l’artisanat traditionnel l’entreprise industrielle de type nouveau. Si la bourgeoisie capitaliste revendiquait la liberté économique, les classes populaires demeuraient attachées à la réglementation et à la taxation et manifestaient une mentalité anticapitaliste. La crise économique qui s’affirma avec la désastreuse récolte de 1788, couronnant la phase de « déclin » qui avait débuté dix ans auparavant, constitua un élément de dissociation du Tiers État, défavorable à la formation d’une conscience nationale unitaire. La liberté du commerce et de l’exportation des grains, décrétée en 1787 par Brienne, et que Necker devait supprimer, si elle commandait le progrès de la production, paraissait profiter essentiellement aux possédants, à la bourgeoisie : le peuple en faisait les frais. Il dénonçait déjà le seigneur et le décimateur, accusés d’accaparement ; il s’en prend maintenant aux blatiers, aux meuniers, bientôt aux boulangers. La solidarité du Tiers est menacée. La question des subsistances avec ses résonances profondes (liberté ou contrôle de l’économie ? liberté du profit ou droit à l’existence ?) ne fut pas sans influence sur l’idée que les diverses catégories sociales se firent de la nation, tout au cours de la Révolution. En l’an II, la sans-culotterie parisienne réclama le droit à l’existence dont la reconnaissance et l’application lui permettraient de s’intégrer à part égale dans la nation. Hébert cependant, lors de la poussée populaire qui aboutit aux journées des 4 et 5 septembre 1793, écrivait dans son Père Duchesne : « La patrie, f.., les négociants n’en ont point ».

Qu’est-ce qu’une Nation? Ernest Renan

Une nation, c’est pour nous une âme, un esprit, une famille spirituelle, résultant dans le passé, de souvenirs, de sacrifices, de gloires, souvent de deuils et de regrets communs ; dans le présent, du désir de continuer à vivre ensemble. Extrait des Éditions « Le mot et le reste », 35 traverse de Carthage, 13008 Marseille/2007

Une nation, c’est pour nous une âme, un esprit, une famille spirituelle, résultant dans le passé, de souvenirs, de sacrifices, de gloires, souvent de deuils et de regrets communs ; dans le présent, du désir de continuer à vivre ensemble. Ce qui constitue une nation, ce n’est pas de parler la même langue ou d’appartenir au même groupe ethnographique, c’est d’avoir fait ensemble de grandes choses dans le passé et de vouloir en faire encore dans l’avenir. Le droit des populations à décider de leur sort est la seule solution aux difficultés de l’heure présente que peuvent rêver les sages ; c’est dire qu’elle n’a aucune chance d’être adoptée. Les grands hommes qui, en ce moment, gouvernent les affaires des peuples (avec quel succès ? l’avenir le dira) n’ont pour de telles naïvetés que le dédain. Mais il y a une raison, je l’avoue, qui m’a rendu insensible au dédain des politiques sûrs d’eux-mêmes. Depuis que j’ai pu observer les choses humaines, j’ai vu huit ou dix écoles d’hommes d’État qui se sont crues en possession de la sagesse et ont traité ceux qui doutaient d’elles avec la dernière ironie. Une ironie supérieure, celle du sort, a donné successivement de cruels démentis à ces infaillibles d’un jour. Et cela n’a pas rendu les autres modestes ! LE RÉVEIL - N°802 - avril 2014

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LE RÉVEIL dossier

La nation à la une En 1993 Antoine Casanova et Gérard Streiff signait un livre, Les nations à la une - Pour de nouvelles coopérations. Voici la présentation qu’ils en firent (1) dans le magazine Révolution n° 720 du 16 décembre 1993. La nation à la une. Aux quatre coins du monde. On nous avait pourtant assez dit que l’ère des nations était terminée. Définitivement. Or l’heure est à la réaffirmation du fait national. Bien souvent de manière spectaculaire. Parfois dans la confusion. Pourquoi ? S’agit-il d’un repliement nostalgique ? D’un recul de civilisation ? D’un brusque accès de fièvre ? D’un coup de folie ? A contenir par une thérapie de choc, voire en passant aux peuples concernés une camisole de force ? Ne s’agit-il pas plutôt, au-delà des manipulations et des outrances, d’une aspiration incontournable à vivre ensemble ? D’un inexorable mouvement émancipateur ? Estce contradictoire avec le processus de « mondialisation » ? Mais celuici doit-il fatalement conduire à l’effacement des nations ? Et puis la mondialisation en question est-elle neutre ? Pour certains, elle rime avec domination, pour d’autre, elle appelle la coopéra-

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(1) Antoine Casanova, Gérard Streiff, Les nations à la une – Pour de nouvelles coopérations, Éditions sociales

tion. Ne pourrait-elle donc pas conduire à une conception plus riche de la souveraineté nationale ? Le directeur du Nouvel Observateur titrait récemment son éditorial ainsi : « Bruxelles ou Sarajevo ». Lui et d’autres voudraient nous convaincre que l’alternative serait entre Maastricht ou la Yougoslavie, l’alignement ou le déchirement, l’empire ou les tribus. Pourtant, l’avenir ne serait-il pas à des nations d’un type nouveau, autonomes mais ouvertes au monde, revivifiées par une nouvelle pratique de la démocratie ? Si l’autoritarisme est le propre de tous les nationalismes, la nation n’offre-t-elle pas au contraire un cadre privilégié de la vie démocratique ? Nous allons tenter de fournir quelques éléments de réponse à ces questions, complexes entre toutes, de renouveler certaines interrogations, d’émettre quelques hypothèses. Nous voyagerons. A partir d’une évocation de quelques points névralgiques, étant surtout attentifs à leurs développements ces dernières années, sans nous interdire quelques brefs rappels historiques, nous arriverons à ce constat qu’à l’Ouest, à l’Est, au Sud, ni le libre-échangisme, ni l’autoritarisme, ni la répression n’ont pu venir à bout du fait national. La nation ne serait-elle pas une exigence universelle, au même titre que la paix ou la liberté ? Nous nous efforcerons ensuite de replacer la nation dans le mouvement de l’histoire de l’humanité,

en polémiquant avec quelques approximations en vogue (sur nation et ethnies par exemple) et nous essayerons de répondre à la question : comment nation et coopération se conjuguent-elles ? Nous proposerons un développement sur ce que l’on peut appeler l’identité française, les menaces dont elle est l’objet et les résistances que suscite cette mise en cause. On a parlé d’une exceptionnalité française. Est ce une divagation chauvine ou une évidente singularité ? Et dans ce cas, quelles en sont les caractéristiques ? Or, cette singularité est mise à mal. Si la nation est aujourd’hui en péril, n’est-ce pas avant tout dû au fait, comme l’explique Jean Gandois dans son rapport pour le 11e plan, que désormais l’intérêt des « entreprises » ne coïncide plus avec celui de la nation ? Cette manière de déstructuration de ce qui fut la France se heurte à de fortes résistances. Quelles sont donc aujourd’hui les forces porteuses de « l’intérêt national ? » Nous examinerons enfin quelle approche les communistes ont de la nation. Il arrive qu’on leur reproche indistinctement une manière de myopie devant le fait national ou, tout au contraire, de flirter avec on ne sait quel néonationalisme. Or l’histoire du communisme français n’est-elle pas celle d’une réconciliation avec la nation ? Et la conception de la nation que le PCF élabore aujourd’hui n’est-elle pas résolument moderne et ouverte ? Et nous verrons, comme l’écrit le philosophe Michel Serres, « qu’il y a deux sortes d’université : celui qui correspond à la domination d’une seule loi, d’un seul modèle, et puis l’autre, celui qui permet à chaque homme, dans sa singularité, d’être en contact avec les autres singularités. C’est l’échange lui-même qui postule la singularité préservée ».


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Dans quel monde sommes-nous ?1 Jacques Dimet Prenons une carte du monde, et, pour une fois, ne plaçons pas en son milieu l’Europe, mais le Sud Est asiatique. Ce simple geste permet d’avoir une autre vision de notre planète et de rendre visible le rôle que peuvent jouer aujourd’hui les États du Pacifique. Ce simple geste pour montrer que le rapport des forces politiques, diplomatiques, économiques et militaires ne peut être européocentriste ou même uniquement nordiste… Aujourd’hui, on ne peut rien comprendre au monde qui bouge et à ses lignes de forces si l’on s’en tient au Nord et si on oublie le Sud. Le Sud c’est-à-dire les questions du développement et leur corollaire, la dette. C’est-à-dire

aussi l’émergence (ou la réémergence) de nouvelles puissances comme l’Inde, le Japon, la Chine, l’Afrique du Sud, le Brésil mais aussi l’existence de nouveaux grands ensembles géopolitiques. Quels sont-ils ? Une grande masse nord américaine sous l’influence (et la direction) directe des États-Unis qui entraîne derrière elle l’Amérique latine. Mais une Amérique latine travaillée aussi par l’Espagne. L’Europe, ou plutôt l’Union européenne qui tente de satelliser ou d’intégrer l’Europe centrale et orientale. Une Europe, concurrente mais aussi liée aux États-Unis par un jeu

(1) Extraits de La dialectique des Nations - Les Enjeux, Révolution n° 777 du 19 janvier 1995

d’alliances. La Russie et les pays slaves, la Turquie qui tente de réveiller le panturquisme, voir le pantouranisme, tout en étant liée, organiquement, au système de défense occidentale (l’OTAN). Le rôle nouveau joué par le monde perse qui étend son influence à la fois dans le monde arabe et dans le monde islamique non arabe. Un monde arabe lui-même à la recherche d’une identité sur laquelle veulent aussi s’appuyer désormais les Américains. L’AsiePacifique où l’on retrouve également, outre la Chine et le Japon, la Russie et les Etats-Unis, l’Asie du Sud.

dans les périodes précédentes. Ceci est vécu par les citoyens comme l’équivalent symbolique d’une invasion et, comme c’est un équivalent symbolique, il faut leur trouver quelque chose de moins symbolique et de plus réel, et on prend le basané du coin comme victime. Mais il faut comprendre que cette montée de l’extrême droite avec son côté xénophobe que l’on connaît, n’est d’une certaine manière que la transcription d’un malaise qui, lui, est justifié, qui est le sentiment qu’ont les gens d’être dépossédés de la maîtrise de leur propre destin. Le problème, c’est évidemment qu’ils se trompent de cible. Lénine avait de la même manière violemment at-

taqué les antisémites russes qui utilisaient le langage classique : « Ce sont les juifs qui ont l’argent… donc… le capitalisme juif… », en leur disant : « A ce compte-là, votre antisémitisme n’est que le socialisme des imbéciles ». Et je dois dire que le discours xénophobe, c’est le discours nationaliste des imbéciles. Mais ce qui lui donne aujourd’hui sa crédibilité dans l’opinion, c’est le fait que les gens ont le sentiment réel et justifié d’être dépossédés de la maîtrise de leur propre destin. C’est pour cette raison qu’il faut reconstruire les instruments de cette maîtrise si l’on veut réellement faire barrage au nationalisme et à la xénophobie…

Nation, nationalisme… Par Jacques Sapir (1) … La Nation n’a jamais impliqué le nationalisme, au sens où cela voudrait dire : « je suis supérieur aux autres » (…) Mais il y a un point auquel il faut faire extrêmement attention, et je crois que malheureusement c’est son oubli qui a ouvert un espace politique à des forces d’extrême droite en France et en général en Europe : on ne peut pas imposer des décisions à des citoyens sans qu’ils aient les moyens de les contrôler. Or, les politiques qui sont mises en place depuis une vingtaine d’année, les décisions économiques qui sont prises, s’imposent sans contrôle et défont, détricotent jour après jour, les institutions sociales construites

Jacques Sapir a publié Le nouveau XXIe siècle. Du siècle « américain » au retour des nations, Seuil. Il est directeur d’études à l’EHESS.

(1) Extraits de l’interview du Jacques Sapir du 1er octobre 2006 à Radio Algérie FM 93,1, dans l’émission Des sous et des hommes de Pascale Fourier.

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Droit international et souveraineté nationale Roland Weyl

Je vais simplement dire mon sentiment sur la question et d’abord une frustration. Il y a deux grands absents dans ce débat. Le premier sans doute parce que je suis juriste, mais aussi parce que je suis de ceux qui se battent pour dire que le droit est un combat citoyen : l’Europe fait partie du monde, qui est régi par des règles de droit international. Il n’a pas été dit un mot sur le droit international ni de la question de savoir si l’Europe est conforme au droit international ou y est contraire et, si elle y est contraire, si c’est le droit international ou l’Europe qui a tort. Cela pose quand même question. Et la réponse va être donnée par la 2e absente, bien qu’elle ait été discrètement évoquée dans certaines interventions : c’est la question de la souveraineté nationale, qui n’est pas l’exploitation de l’idéologie nationale contre la nation d’à côté, mais qui est la souveraineté populaire sur la base de la nation. La souveraineté populaire est aujourd’hui la question centrale des institutions car elle se situe dans le gigantesque tournant de l’histoire de l’humanité qui a commencé à la fin du 18e siècle qui se terminera peut être au 23e ou 24e siècle. C’est la question de savoir si l’être humain est un objet de pouvoir ou un acteur titulaire collectif du pouvoir sur la société et sur la nature. C’est le passage du pouvoir d’en haut vers le bas au pouvoir d’en bas vers le haut. La question de la souveraineté populaire est au cœur de la première grande bataille du 19e siècle, en France, pour le contenu de la démocratie 18 -

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quand la bourgeoisie a confisqué au peuple la révolution de 1789 et qu’il faut le lui rendre, ce qui d’ailleurs a abouti à la Commune de Paris. Et c’est parce que la 4e République a été, même avec des insuffisances qui ont causé sa mort, la période la plus avancée des institutions en matière de souveraineté populaire, qu’elle a été tuée par le coup d’État qui est à l’origine de la 5e. Et il ne faut pas oublier que c’est par la mise en œuvre historique de la souveraineté populaire que l’action organisée de notre peuple par ses pétitions ou ses délégations au Parlement en juillet 1954 a fait basculer la majorité de l’Assemblée nationale pour finir par un rejet de communauté européenne de défense et que c’est parce qu’il y avait eu ça qu’il fallait en finir avec la 4e. Voilà au niveau de la France, mais la notion de souveraineté populaire a été promue en valeur universelle par le droit international avec la place fondamentale donnée à celle de souveraineté nationale. Je voudrais dire rapidement en quoi c’est le droit international qui a raison et ce qui ne lui est pas conforme qui a tort. Jusqu’en 1945, les relations internationales étaient régies par les rapports d’alliance, de coalition, de guerre, de traité de paix par lesquels les pouvoirs d’en haut se partageaient les peuples, les territoires, les richesses. Cela avait donné deux guerres mondiales, il fallait que ça s’arrête et que ça ne recommence pas. La conscience universelle appuyée sur les peuples a créé la Charte des Nations unies qui est la base fondatrice d’un droit international qui pour la première

fois est universel et égalitaire. La Charte dit « égalité des Nations grandes et petites » et fonde un concert international qui est aujourd’hui de 193 pays ayant une égalité de droit et de pouvoir commun. La Charte des Nations unies inverse le pouvoir sur les peuples en pouvoir des peuples. Son préambule magnifique commence par : « Nous peuples des Nations unies », « Nous » à la première personne du pluriel, maintenant c’est NOUS les souverains, « Nous peuples », au pluriel, parce qu’il y a une population mondiale mais il y a des peuples différents. « Nous peuples des Nations Unies avons décidé d’unir nos efforts ». On remplace une logique verticale de pouvoir sur les peuples en logique horizontale de concert des peuples souverains, libres, égaux. Et en même temps, le préambule de la Charte affirme : « … avons décidé d’unir nos efforts. En conséquence nos gouvernements ont signé la présente Charte ». C’està-dire qu’elle affirme que les États sont les instruments d’exercice de cette souveraineté. Quand on me dit, les États sont souverains à l’ONU, je mets zéro, car un État ne peut pas être souverain, c’est un instrument de souveraineté. C’est comme si, dans un accident de voiture, on disait « ma voiture a voulu », alors que c’est moi qui la conduis. Si les États sont les instruments par lesquels, à l’ONU, les peuples unissent leurs efforts. Et la Charte admet certes les organisations régionales et les prévoit mais dans le respect des principes de la Charte. C’est-à-dire des organisations régionales qui ne confisquent pas la participation de chaque peuple à toute la société mondiale.


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Je veux bien moi appartenir à une organisation européenne à condition que ce ne soit pas une mutilation de mon appartenance pleine et entière à une société mondiale. C’est le contraire du nationalisme, ce n’est pas du repli, c’est l’application de Jaurès « un peu d’internationalisme éloigne de la partie, beaucoup d’internationalisme y ramène ». Le problème, c’est qu’aujourd’hui ça ne marche pas nécessairement, je rappelle qu’une des règles de la Charte est son article 2-4 : « Interdiction de recours à la force et à la menace de la force dans les relations internationales et interdiction de porter atteinte à l’autorité d’un État ». Même l’ONU ne doit pas intervenir dans la compétence intérieure des États, parce qu’en principe, l’État est un instrument du peuple.

Le principe fondamental, qui est le 2e pilier de la Charte, est que tous les peuples ont un droit exclusif à la maîtrise de leurs affaires, ce que l’on appelle leur droit de libre disposition, maîtrise de leurs affaires sans aucune intervention étrangère avec l’obligation de respect mutuel de ce droit. Et l’Europe devrait être simplement un additif pour gérer les questions spécifiquement régionales, mais en respectant nos droits : 1 - d’avoir nos propres relations avec l’ALBA en Amérique du Sud 2 - d’avoir nos promotions de droit social, de service public sans avoir à demander la permission aux Lituaniens ou autres. Ça, c’est l’exercice du principe de souveraineté nationale en droit international et il n’est pas réactionnaire. Pourquoi ça ne marche pas ? Y compris à l’ONU, car l’ONU ne l’applique pas et le viole. Parce que la Charte n’a donné au peuple que le pouvoir politique et pas économique. Pendant qu’elle était instituée, étaient signés en dehors de la Charte les accords de Bretton Woods qui réservaient la gestion économique du monde aux institutions financières internationales le FMI, l’OMC, la Banque mondiale, qui ne font pas partie de l’ONU et qui, à la différence des critères de l’ONU qui sont universalité, égalité, ne sont ni universelles ni égalitaires et le résultat c’est que les États au niveau national et l’ONU par le rôle qu’ils y jouent sont un peu comme un autobus qu’aurait acheté une commune. La commune achète l’autobus pour assurer la liaison avec la gare la plus proche, avec l’hôpital, l’école, embauche un chauffeur, mais il y a dans le coin un gros industriel qui dit « mais il m’arrangerait bien cet autobus », il corrompt le chauffeur et l’autobus va servir à l’industriel.

Eh bien, le problème des États, qu’il soit au niveau mondial ou européen, est le même que quand on nous fait l’austérité pour payer au marché. On ne sait pas quelle dette, à quel marché ni pourquoi. C’est-à-dire que l’organisation économique du monde corrompt et empêche le droit international et fait que la Charte des Nations unies, qui est un progrès historique d’une modernité extraordinaire, est encore en couveuse et ils veulent en faire un enfant mortné. La situation est là aujourd’hui. Lors de la première guerre du Golfe, l’Égypte avait voté « pour », on lui a supprimé une dette, le Yémen avait voté « contre » on lui a supprimé un prêt. Et c’est pourquoi nous avons fait récemment, avec notre Association internationale des juristes démocratiques, une conférence internationale à Paris en mai dernier sur « L’exigence économique d’un nouvel ordre économique international ». Nous avions lancé cela en 1984 en pensant uniquement aux pays du Sud, et à ce que l’on appelait la « dette odieuse » due à l’état dans lequel ces pays étaient après le colonialisme. Aujourd’hui la dette odieuse c’est celle de la Grèce, c’est celle du Portugal, c’est la nôtre, c’est même celle des États-Unis. N’oublions pas que, quand Obama est amené à réduire le programme de santé pour payer la dette qui autrement réduirait l’État américain à la faillite, ça veut dire que, à des degrés différents, tous les peuples sont colonisés aujourd’hui, et que le problème, c’est qu’il faut arriver, pour les peuples, à passer du pouvoir politique au pouvoir économique. C’est une grande lutte, mais il en est de leur pouvoir, comme pour les droits civils et politiques, puis une deuxième génération deux siècles plus tard, avec le préambule de la Constitution française LE RÉVEIL - N°802 - avril 2014

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de 1946, puis en droit international avec le pacte des Nations unies en 1966, sur les droits économiques sociaux et culturels sans lesquels on ne pourrait pas exercer les droits civils et politiques. Aujourd’hui se pose l’exigence de passer des pouvoirs politiques des peuples à leurs pouvoirs économiques souverains par de grandes coopératives mondiales (de l’eau, etc.), c’est une utopie mais pas plus que l’abolition de l’esclavage et c’est une condition pour l’avenir et pour éviter les pires catastrophes mondiales. Voila quel est le problème et celui de l’Europe c’est le même, pourquoi ? Parce qu’aujourd’hui, toute cette pression économique réussit à récupérer l’ONU qui doit être l’endroit horizontal où les peuples se concertent, en outil vertical de pouvoir sur les peuples pour les plus grands profits des fameux marchés. Et une Europe verticale, quelle que soit la forme de cette verticalité, est forcément un outil semblable, participant de la même confiscation libre et souveraine des peuples unis pour leur développement. Cette construction européenne, cette Europe centralisée, intégrée, quelque soit le minimum auquel serait réduite une intégration, aura toujours le même vice parce que c’est exactement le même débat que pour la réforme territoriale qui, aujourd’hui en France, met en cause le pouvoir des communes et des citoyens. C’est pourquoi l’alternative ne peut pas être dans la suprématie d’un Parlement qui, unique et commun, resterait une instance supranationale. Il ne s’agit pas pour autant d’oublier l’Europe, mais à condition qu’elle soit un plus et pas un moins, que nous soyons à part entière dans l’organisation mondiale du concert des Nations. Un individu ne doit pas être perdu 20 -

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au milieu de la population mondiale, chaque individu a un droit de l’homme fondamental, c’est son droit aux droits de son peuple, avec les différences entre les peuples. C’est dans cette société internationale des peuples qu’est l’avenir et pour l’Europe, l’alternative est l’abolition totale de toute forme d’intégration, ce qui n’implique pas un repli sur soi : pourquoi ne pas faire une organisation des nations d’Europe qui n’aurait aucune structure supra nationale mais qui coopérerait dans le même esprit que coopère l’ONU, et où les peuples seraient représentés par les délégués de leurs instances nationales, gouvernement et/ou Parlement national. Et, à la place de ce qui est le Parlement européen, on pourrait prévoir une sorte de Conseil écono-

mique et social comme celui qu’il y a au niveau international près de l’ONU, avec un rôle consultatif, et où pourraient intervenir toutes les organisations syndicales, sociales, environnementales auprès de leurs gouvernements respectifs. L’essentiel est qu’y demeure plein et entier l’exercice de notre citoyenneté par notre État, l’Assemblée générale des nations d’Europe composée des représentants des institutions nationales de chaque peuple, pourrait seule être l’instrument de l’exercice de leur souveraineté pour une coopération régionale dans le respect de leur liberté, de leur libre disposition, de leur droit personnel au progrès, sans attendre que tous se soient mis d’accord. Car, s’ils font des progrès tout seul, c’est exemplaire pour les autres, que l’on fasse enfin une société d’avenir qui soit vraiment la société des peuples.


Vie de l’arac LE RÉVEIL

Gueugnon (71) Centenaire 1914-1918 A l’aube du centenaire : conférence débat suite à la projection du film A l’Ouest rien de nouveau au cinéma le Danton à Gueugnon en Saône-et-Loire. La commémoration du centenaire 1914 1918 dans le cadre de la labellisation nationale de la ville de Gueugnon pour 2014 a commencé par cette soirée en partenariat avec l’ARAC 71, la section locale, l’association Écran et la ville de Gueugnon. Devant un public très attentif, un débat animé par l’historien Bruno Drweski en compagnie de Paul Markidès, viceprésident à la Mémoire de l’ARAC et Liliane Rehby, présidente de l’ARAC 71, a permis d’identifier les causes complexes de ce conflit. Bruno Drweski estime que cette guerre « entrait dans la logique des choses », ensuite elle ne pouvait que prendre cette tournure implacable donnée par ceux qui l’ont déclarée et commencée avec un caractère particulièrement inhumain. Seules les valeurs de liberté, égalité, fraternité, tolérance en travaillant à la cause « du vrai » préconisée par Henri Barbusse permettront d’aboutir au principe de « Guerre à la guerre » seul salut pour la paix. A permis de souder des liens entre les différentes sections

Journée de Formation Une journée d’étude pour les adhérents de l’ARAC 71, des personnes intéressées par le travail de mémoire, dont un professeur d’histoire de lycée, a été organisée salle Lucie-Aubrac. Le thème « Les passeurs de mémoire : témoins des témoins » désignés ainsi par Lucie Aubrac, a été riche d’enseignement pour les 24 participants. Paul Markidès a approfondi le débat sur les origines de la guerre 1914 1918, et le dossier de ses fusillés pour l’exemple, puis a souligné que le fait de répondre à une question par des récits de faits réels permet de développer le débat par la suite, provoquant ainsi la réaction.

L’après midi a été plus pédagogique avec un DVD consacré aux fusillés pour l’exemple. Beaucoup de personnes ne connaissaient pas en détail ce document et se sont vite appropriés ce sujet pour pouvoir organiser des débats dans leur section par exemple. Paul avait atteint son objectif, enseigner la mémoire avec toujours le même but : « guerre à la guerre » tant crié par Henri Barbusse. Cette journée a tissé des liens très forts entre les différents membres, qui se sont complètement appropriés notre exposition, prochainement présentée aux quatre coins du département.

A la famille et aux proches

de Jean-Luc Einaudi

Le décès de Jean-Luc Einaudi nous a particulièrement marqués. A Rennes, ville jumelée avec Sétif, notre ARAC locale participe régulièrement avec les associations culturelles algériennes, pacifistes, humanistes aux actions pour la mémoire et l’amitié entre les peuples.

Le travail acharné, que ce chercheur réalisa notamment sur le 17 octobre 1961, a souvent été abordé ici dans des rencontres publiques. Il demeure un point de référence pour celles et ceux qui cherchent à comprendre les drames de

ces années de guerres coloniales pour mieux regarder le présent et essayer d’envisager l’avenir. Le Bureau national de l’ARAC Georges Ploteau, membre du Bureau national

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Cérémonies du 19 mars 2014 Saint-Martin-du-Var

Devant le monument aux morts : A gauche, Maurice Bailet, président de la section locale de l’ARAC et José Grilli, porte drapeau. A droite, Hervé Paul, maire de Saint-Martin-du-Var.

Les camarades de l’ARAC de Saint-Martin-du-Var, commune située à 25 kilomètres de Nice (en bordure du fleuve éponyme), ont multiplié initiatives et pétitions pour que le 19 mars soit reconnu journée officielle de commémoration de la fin des combats d’Algérie. C’est donc nombreux, et avec beaucoup d’émotion qu’ils se sont retrouvés devant le monument aux morts pour participer à la commémoration organisée par la municipalité, conscients cependant qu’il faille abroger le décret fixant au 5 décembre une commémoration sans rapport historique avec le cessez-le-feu, décret qui crée la confusion dans l’opinion et la division au sein du mouvement combattant.

Paris (75) Les cérémonies officielles du 19 mars 2014 marquant la célébration de la fin des combats d’Algérie, Tunisie et Maroc le 19 mars 1962 ont été caractérisées par une nombreuse participation d’anciens combattants de la guerre d’Algérie appartenant aux associations FNACA, ARAC et ANACR en particulier.

Le conseil national de l’ARAC y était représenté par Paul Markidès, vice-président national de l’ARAC et de l’UFAC et Alexandre Perret, OPEX et membre du Bureau national de l’ARAC.

Parigny - Saint-Aubinles-Forges (58)

Lodeve (34)

Le Havre (76)

M. G. Sinier, président de l’ARAC et M. Château, président de la FNACA au monument aux morts. L’ARAC du Havre à la cérémonie du 19 mars 22 -

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L’ARAC à la cérémonie du 19 mars.


VIE DE L’aRac LE RÉVEIL

Pessac (33)

Manifestation du 18 mars La section de Pessac s’est mobilisée pour participer à la manifestation du 18 mars à l’appel des organisations syndicales Nous avons déployé notre banderole et les drapeaux de l’ARAC. Nous avons fait une distribution de notre « Appel au peuple de France ». Nous avons eu la visite de notre président départemental, Hugues Dominguez, et d’Alain Lagardère, président de l’ANCAC Gironde.

Assemblée générale La section de Pessac a tenu son assemblée générale le jeudi 6 mars à la Bourse du travail à Bordeaux. Une vingtaine d’adhérents étaient présents. Jacques Goutorbe représentait le National, Hugues Dominguez, président du comité départemental de la Gironde et Alain Lagardère président de l’ANCAC Gironde étaient nos invités. Alain Ardiley Secrétaire de la section

couëron (44)

Gonfaron (83)

Henri Morand décoré de la médaille militaire Henri Morand est né le 19 septembre 1921 à Neuvy-le-Roi (Indre-et-Loire). Après un bref séjour dans la Sarthe, il s’engage pour la durée de la Seconde Guerre et est affecté à la poche de SaintNazaire. Le 2 août 1944, il détruit un véhicule allemand venant de Tours et fait prisonnier les deux soldats qui étaient à bord. Blessé deux fois, il est titulaire de la Croix de Lorraine et Chevalier de l’Ordre national du mérite. Il est diplômé d’honneur au titre d’ancien combattant de l’armée française 1939-1945. Marié à Marcelle, père de deux enfants

et heureux grand-père, il consacrera sa carrière professionnelle au service du Trésor dont il est inspecteur central honoraire. La Médaille militaire lui a été remise par le colonel De Villeneuve, commandant l’UIISC7 de Brignoles. En présence de sa famille, de ses amis ainsi que de Thierry Bongiorno, représentant le premier magistrat, Bernard Barbieux, président départemental de l’ARAC, Jean Guenin, président des Médaillés militaires du Var, et des portedrapeaux.

Michel-Joseph Lucas, président de la section de l’ARAC de Couëron, est intervenu auprès de la classe de 3e PFP 2 du lycée Audubon.

Cette venue faisait suite à l’installation de l’exposition sur la citoyenneté dans l’établissement et à la participation de la classe à la commémoration du 11 novembre dernier, au cours de laquelle la professeure d’histoire-géographie, Noëlla Louessard, a été médaillée.

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Parigny-les-Vaux (58) L’assemblée générale de l’ARAC de Parigny-les-Vaux/ Saint-Aubin-les-Forges s’est tenue au bar du village. C’est Corinne Chenus, secrétaire départementale, qui animait la réunion. La section a enregistré quelques nouvelles adhésions dont trois mutations, ce qui porte à trente-cinq le nombre de ses membres. Corinne Chenus en a profité pour rappeler les devoirs que sous-entend une adhésion à l’ARAC. Elle a ensuite fait un compte-rendu succinct de l’assemblée générale départementale. Elle a rappelé qu’au niveau national, l’ARAC avait obtenu, avec d’autres associations, la reconnaissance officielle du 19 mars

comme fin de la guerre d’Algérie, mais a déploré que le 5 décembre n’ait pas été aboli. L’ARAC continuera de demander la revalorisation du point d’indice, afin de garantir des retraites plus décentes. Un adhérent a rappelé le devoir de

mémoire de l’ARAC auprès des plus jeunes. Il a souhaité mettre en place une action au niveau des écoles pour commémorer le centenaire de la guerre de 14-18.

Serge Andréoni a proposé au président Delaubier, de se faire le porte-parole de l’association dans le cadre de son mandat de sénateur, en ce qui concerne « les justes revendications portées par le monde combattant » et dont il venait de parler un moment plus tôt, notamment la retraite de réversion des veuves.

Le président Videau a été reconduit à son poste comme toute son équipe, avec toutefois l’arrivée d’un nouveau membre, Sylvie Subilla comme secrétaire adjointe. Odile Videau est trésorière, Gisèle Hanneau, secrétaire adjointe et Gaël Raspail porte drapeau.

Berre-l’Étang (13) Le comité local de l’Association républicaine des associations d’anciens combattants (ARAC), la plus ancienne des associations d’anciens combattants de France, s’est récemment réuni en assemblée générale. Les trois intervenants, le maire Serge Andréoni, Jacques Delaubier, le président départemental et Gérard Videau, le président berrois, ont souligné la très grande satisfaction générale concernant la mise en place du nouveau buste de l’écrivain Henri Barbusse, premier président de l’ARAC. C’est certainement grâce à sa détermination à ne jamais baisser les bras que l’ARAC à Berre peut revendiquer un nombre d’adhérents non négligeable, en très légère augmentation d’une année sur l’autre (+3). 24 -

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Assemblée générale Finistère (29) Le comité départemental du Finistère de l’Association des anciens combattants et victimes de guerre (ARAC) a tenu son assemblée générale en présence de Georges Ploteau, membre du Bureau national, remplaçant le président national empêché et de Jean Claude Cariou représentant l’ANACR. Une minute de silence fut observée par l’assemblée en mémoire des camarades et amis(es) disparus(es), dont Jean Salaud, président départemental. Les participants(es)ont débattu sur l’activité et l’organisation de l’ARAC, après un rapport sur la trésorerie et le renouvellement de la direction départe-

Les membres de l’ARAC Nevers étaient en assemblée générale. Une nouvelle occasion de vérifier la fidélité au souvenir et aux valeurs fondatrices. La fidélité reste vivace et les membres de l’ARAC ont une nouvelle fois jugé de l’importance qu’il y avait à se retrouver sous la présidence de Lionel Foulatière. Les membres de l’ARAC ont assisté avec émotion à une remise de distinction. La médaille d’argent de l’Office républicain du mérite civique remise par Lionel Foulatière à Daniel Berthelot, secrétaire de l’ARAC. Daniel Berthelot a rappelé les points défendus par l’ARAC : la révision du rapport constant sur les retraites, le bénéfice de la retraite à 60 ans et sa réversion à 50 % aux veuves, une politique constructive à l’égard des victimes de psychotraumatismes de guerre et des irradiations nucléaires, les droits des OPEX (militaires français engagés dans des opérations extérieures) ; la pérennité de l’ONAC, l’égalité d’indemnisation pour les orphelins de toutes les victimes du nazisme… L’ARAC reste présente et mobilisée sur de nombreux « fronts ».

mentale. C’est par un vote à l’unanimité que Romaric Le Duc a été élu président départemental de l’ARAC.

Le Havre (76)

Manifestation du 18 mars

Sur la photo de gauche à droite :Romaric Le Duc, président, Georges Ploteau, membre du Bureau national, Pierre Robin et Joseph Coroller, viceprésidents, Yves Kervarec, membre du bureau.

Nièvre (58)

19 Mars Dans la Nièvre, le 52e anniversaire du cessez-le-feu de la guerre d’Algérie a été célébré, entre autre, au mémorial de Chatillon-en-Bazois. 80 porte-drapeaux étaient présents. Se souvenir pour transmettre aux jeunes. Œuvrer pour la paix. Faire savoir aux jeunes générations que les tortures pratiquées par certaines armées, ne sont pas reconnues. Il importe de rappeler à ceux qui savent, d’apprendre à ceux qui ignorent. Les jeunes ont le droit de savoir progresser à l’école de la paix. C’était le message des représentants des associations d’anciens combattants.

L’ARAC du Havre à la manifestation du 18 mars avec la distribution de l’Appel au peuple de France.

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LE RÉVEIL Vie de l’arac

La 66e assemblée générale du comité départemental de l’ARAC de la Charente s’est déroulée à Angoulême. Le président Jean-Pierre Colas a retracé le rapport moral et d’activité

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Charente (16)

Assemblée générale Le préfet de la Charente ne nous a pas donné le feu vert pour commémorer le 27 mai 2014, pourtant la loi est sortie. Nous ne pouvions pas passer sur le

budget 2014, trop maigre et inacceptable, seulement avec deux nouvelles mesures : la carte du combattant à cheval sur le 2 juillet 1962 et l’allocation de solidarité pour les conjoints survivants relevée à 932 euros. Rien pour la campagne double, rien pour la valeur du point, rien pour les indemnisations des orphelins, rien pour les OPEX... Jean-Pierre Colas nous a présenté son rapport mémoire, reconnaissance, défense de nos droits, qui a donné auprès des participants un grand débat et des discussions. Nous avons déposé une gerbe à la stèle Gontran Labregère, en présence du maire d’Angoulême, Philippe Lavaud, Frédéric Sardin du Conseil général, de deux adjoints au maire et du directeur et de la présidente du centre social Rives de Charente, lecture de la lettre de Gontran à sa mère le 12 octobre 1941 avant d’être fusillé. Notre porte drapeau Michel Angers a reçu des mains de Monsieur le Maire l’insigne de 20 ans de présence.


VOS DROITS LE RÉVEIL

Pensions, retraites du combattant Nous ne toucherons que la moitié de notre dû. Agissons pour obtenir justice ! Le 5 mars dernier, l’UFAC et la coordination des UDAC décidaient de mener l’action prioritaire sur le rattrapage du retard de la valeur du point de pension militaire d’invalidité (PMI). Bref rappel : - Le montant des pensions militaires d’invalidité (comme celui de la retraite du combattant) est calculé en multipliant la valeur du point PMI par le nombre de points d’indice qui leur est affecté. Exemple : la retraite du combattant. Indice 48 x 13,94 valeur actuelle du point PMI = 669,12 euros par an. - La valeur du point PMI est définie en « rapport constant » avec l’évolution des traitements de la fonction publique. Ceux-ci sont calculés en fonction du nombre de leurs points d’indice fonction publique multipliés par la valeur de celui-ci. Or, gelée sous Sarkozy, la valeur de ce point d’indice FP est toujours gelée sous Hollande et son gouvernement. Résultat : depuis plus de 4 ans, aucun relèvement substantiel ni dans la fonction publique, ni pour les pensions PMI et la retraite du combattant !

954,77, voire même 1 030,56 par an ! En clair, le retard se chiffre entre 42,68 % et 54 % selon la référence retenue.

Le gouvernement refuse le débat ! Tout comme leurs prédécesseurs, Hollande et son gouvernement refusent systématiquement que s’ouvre la concertation, que se réunissent les experts du Mouvement AC, ceux du gouvernement et ceux du Parlement pour mettre le sys-

tème à plat, juger du retard (ou non) et revoir son ancrage. L’ARAC relève donc le défi et, comme elle l’a fait pour aboutir à la Commission de 1978, elle engage l’action et appelle tous ses adhérent(e)s à intervenir auprès des élus, toutes ses sections et ses comités départementaux à développer l’action unie du Mouvement ACVG, pour obliger les pouvoirs publics à rétablir Justice. André Fillere

Aujourd’hui, un retard de 42,68 % à 54 % ! Bref rappel : - Rattrapage de 14,26 % de la valeur du point PMI de 1981 à 1984. - 1985, Chirac empêche le « rapport constant » de fonctionner. - 1989, Fabius confirme l’atteinte portée par Chirac et, de manière autoritaire (article 49-3 permettant au gouvernement d’ignorer le Parlement), il décroche le « rapport constant » de son système de référence à l’huissier de Ministère en fin de carrière. - De réformes en réformes, de gouvernements Juppé, Jospin, Fillon, Ayrault, de Présidents Chirac, Sarkozy, Hollande… au bout du compte, les ACVG ne perçoivent que la moitié de ce qui leur est dû. L’exemple de la retraite du combattant : actuellement, elle est de 669,12 e par an. Si le « rapport constant » était respecté, et selon l’ancrage retenu, elle devrait être à Campagne d’appel au don du Bleuet de France, du 2 au 11 mai 2014 LE RÉVEIL - N° 802 - avril 2014

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LE RÉVEIL Vos droits

Carte du combattant 4 900 cartes attribuées « à cheval » pour l’AFN ! Le groupe spécial de travail s’est réuni le 1er avril à l’ONAC à Paris, afin d’examiner les 8 432 dossiers de demandes de carte du combattant traités par le service de Caen. André Fillère y participait. Très gros effort de travail réalisé par les services départementaux de l’ONAC et celui de Caen qui, en 2 mois, ont traité 8 492 dossiers ainsi répartis : 20 pour

Rente mutualiste anciens combattants Le ministre du Budget fuit de façon indigne la responsabilité de ses propos ! Le 13 décembre dernier, le ministre du Budget, Bernard Cazeneuve, déclarait devant l’Assemblée nationale que « le système de la mutuelle des anciens combattants était l’un des plus injustes et que le combattre était faire œuvre de justice ». Scandalisés, notre Mutuelle et de nombreux ACVG lui ont écrit leur colère et leur volonté de s’opposer à toute atteinte aux droits à réparation. Scandalisés, ils le sont d’autant plus après avoir reçu la réponse d’une chef du bureau des cabinets, laquelle les informe que « la question… relève du ministère chargé des Anciens Combattants à qui il transmet » les lettres reçues ! M. Cazeneuve fuit la responsabilité de ses propres propos et refile la « patate chaude » à M. Kader Arif. Scandaleux ! La Mutuelle de l’ARAC l’a fait savoir au ministre à qui elle a adressé la lettre cidessous… que vous pouvez toujours reprendre à votre compte.

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39/45, Indochine : 15, AFN : 4 114 (dont 3 260 « à cheval » sur le 2 juillet 1962), 4 353 OPEX. Deux remarques : le nombre considérables de dossiers ATM « à cheval » (4 900 cartes attribuées depuis janvier 2014), l’effort maintenu malgré tout pour les OPEX : 4 343. Parmi cette catégorie, notons l’Afghanistan (2 309), l’ex-

Yougoslavie (1 136), le Tchad (298), la Côte-d’Ivoire (158). Au total, depuis le 1er janvier 2014, ce sont 13 376 cartes du combattant qui ont été ainsi attribuées, soit 39/45 : 36, Indochine : 32, ATM : 6 607 et OPEX : 6 601. Prochaine réunion de la commission le 3 juin prochain.

Lettre à Bernard Cazeneuve, ministre du Budget Monsieur le Ministre,

Villejuif, le 11 avril 2014

Nombre d’anciens combattants et de mutualistes anciens combattants ont été scandalisés par vos propos du 13 décembre dernier devant l’Assemblée nationale à qui vous affirmiez : « Le système de rente mutualiste des anciens combattants était l’un des systèmes les plus injustes et que lutter contre c’était lutter pour la justice ». Ils nous en ont fait part en vous adressant copie du courrier qu’ils vous adressaient. Aujourd’hui, toujours scandalisés par vos propos, ils le sont encore plus par l’ineptie de la réponse signée par Madame Véronique Levêque-Le Goff pour le chef du bureau du Cabinet. Avec tout le respect qui vous est dû en tant que ministre de la République, permettez-moi de vous dire que soit votre Cabinet est incapable, soit vous fuyez vos responsabilités. Car, ce qui est en question ce sont vos propos devant l’Assemblée nationale et, en aucun cas, ils ne « relèvent » du ministre chargé des Anciens Combattants à qui vos services transmettent ces lettres. Comment Monsieur Kader Arif pourrait-il répondre d’un jugement qui vous est personnel et qu’il vous appartient d’assumer ? Je dois vous dire, Monsieur le Ministre, mon étonnement - pour ne pas dire plus - face à une telle méthode pour le moins « cavalière », que les mutualistes qui se sont adressés à vous, comme nous mêmes, ne sauraient accepter tant ils la jugent indigne des principes de la République. Nous vous demandons par conséquent de répondre en tout esprit de responsabilité à la question posée par nos mutualistes et non de l’esquiver en faisant répondre vos services de façon ubuesque. Dans cette attente, recevez, Monsieur le Ministre, l’assurance de nos sentiments républicains. André Fillere Chevalier de la Légion d’honneur, officier de l’Ordre national du mérite Président national de la Mutuelle de l’ARAC


SOUSCRIPTION NATIONALE DU CENTENAIRE DE 1914 - 1918

LE RÉVEIL actuaLItÉs

Liste des souscripteurs avril 2014 prélèvements

Les souscripteurs par département

Dordogne (24) : Chouet René - 50 €,

Morbihan (56) : Caudan Marguerite - 150 €,

rigaud Jean-Pierre (9910) : 5 euros par mois

Aisne (02) : Vanseveren Josette - 50 €,

Drôme (26) : Faure Maurice - 20 €, Gleize Louis - 30 €,

nièvre (58) : Durieu Michel - 75 €,

Arac section de Gauchy (02) : 160 € Arac section Fos-sur-Mer (13) : 100 € Arac section Venarey-Laumes (21) : 200 € Arac section Fouesnant (29) : 200 € Arac section Lévignac (31) : 50 € Arac section Toulouse centre (31) : 100 € Arac section de Velleron (84) : 50 €

abonnés Réveil Bony Jean - 50 €, Gaultier René - 50 €, Hasler Roland - 50 €, Hue Henri - 50 €, Legueux Georgette - 50 €, Perammant Francis - 100 €, Pion Jean-Claude - 100 €, Robert Raymond - 50 €,

Conseil national (99) : Boitelet Christian - 100 €, Bougy Guy - 100 €, Chamaillard Marcel - 100 €,

Allier (03) : Berroyer Camille - 50 €, Tibier Marie-Claude - 20 €,

Eure (27) : Rautureau Claude - 50 €,

Alpes-Maritimes (06) : Grilli Louis - 30 €, Gozzi Alfred - 50 €,

Finistère (29) : Mercier Jean - 50 €, Vayva Pierre - 20 €,

Ardennes (08) : Dufresne Hubert - 50 €, Visse René - 100 €,

Gard (30) : Bertrand Bruno - 50 €, Fabrègue Jean - 100 €, Lauriol André - 30 €, Michel André - 50 €,

Bouches-du-rhône (13) : Chaigne Jean - 50 €, Charles Nicolas - 20 €, Ciabattini Charles - 50 €, Dauphin Max - 50 €, Goumakis Alexandre - 50 €, Leblanc Pierre - 30 €, Roussey Jacques - 100 €, Wilmain Roger - 30 €,

Saône-et-Loire (71) : Marquis André - 50 €, Sarthe (72) : Petit Guy - 100 €, Savoie (73) : Mollard Emilien - 50 €, Haute-Savoie (74) : Gaud Albert - 40 €,

isère (38) : Bonvallet Paul - 50 €, Lavabre Jean-Claude - 50 €,

corrèze (19) : Gouffault Roger - 100 €,

Paris (75) : George Jean - 100 €, Thabeault-Alcandre Jacqueline - 50 €,

Loire-Atlantique (44) : Picard Joël - 50 €,

côte-d’or (21) : Béringuer Huguette - 25 €, Selb-Bogé Odile : 100 €,

yvelines (78) : Balzer René - 50 €, Var (83) : Amendola Pierre - 10 €, Vienne (86) : Chauffour René - 20 €, Essonne (91) : Brunet Gérard - 50 €, Fillère André - 50 €, Jean Philippe - 20 €, Le Douche Jean-Claude - 50 €, Patard Monique - 50 €, Troalen Monique - 50 €, Vizet Robert - 50 €, Seine-Saint-Denis (93) : Boyer d’Eguilles René - 50 €, Deriat Daniel - 100 €, Desnoyers Henriette - 50 €, Jouenne Edgar - 100 €, Mohand Issad - 50 €, Val-de-Marne (94) : Martinez Aurelio - 50 €, Moyse Paulette - 50 €, Villeret Jean - 100 €, Val-d’oise (95) : Batton Claude - 50 €, Biéron Roger - 50 €, Guilly Lucien - 25 €, Landré Jacques - 50 €.

Seine-Maritime (76) : Lajus Philippe - 20 €,

Lot-et-Garonne (47) : Chantre Jacques - 50 €, Jimenez Jacques - 50 €

Je souhaite faire un don à l’aRaC et je coche le montant souhaité :

50 e

100 e

nom et prénom :

• Dès réception de votre règlement, nous vous adresserons une attestation de contribution et un reçu fiscal.

rhône (69) : Bonnaz Serge - 100 €, Pillon Robert - 500 €, Sévénier André - 20 €, Matheron Anna - 10 €,

ille-et-Vilaine (35) : Leblanc Jacques - 50 €, Ploteau Georges - 50 €,

cher (18) : Renaudat Maurice - 100 €,

• par prélèvement bancaire, avec le montant de votre prélèvement (mensuel ou trimestriel) : dans ce cas merci de joindre un RIB.

Pyrénées-orientales (66) : Jacquelin Michel - 50 €, Serra Jean - 50 €,

Hérault (34) : Beille Germaine - 50 €, Donon André - 100 €, Gillard Daniel - 50 €, Rispoli Angèle - 50 €,

charente-Maritime (17) : Daniel Jean-Claude - 50 €,

• par chèque à l’ordre de l’ARAC, en un ou plusieurs règlements, avec les dates d’encaissement souhaitées.

Puy-de-Dôme (63) : Bonnet Simone - 200 €, Gauthier René - 20 €, Sciberras Michel - 50 €,

Haute-Garonne (31) : Abellan Alexandre - 50 €, Grisey Michel - 50 €,

charente (16) : Genge Ernest - 50 €,

MERCi DE pRÉCiSER LE MoDE DE RèGLEMEnT :

nord (59) : Caty Marie-Danièle - 40 €,

Seine-et-Marne (77) : Henry Georges - 100 €, Milhas Jacques - 300 €,

adresse :

200 e

autre montant :

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Code postal : Tél. :

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Ville :

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E-mail :

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a retourner à : aRaC - 2 place du Méridien - 94800 Villejuif

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Exposition

Dans le cadre du centenaire de la Première Guerre mondiale Barbusse, combattant de la paix et du progrès social, auteur du Feu, Prix Goncourt en 1916 et fondateur de l’ARAC en 1917 avec Paul Vaillant-Couturier, Georges Bruyère et Raymond Lefebvre.

• 9 panneaux, format 85 X 160 cm • A commander au siège de l’ARAC - Tél. 01 42 11 11 12 • Achat : 700 e • Location : 150 e la semaine • Frais de port : 10 e L’exposition est consultable sur le site : www.le-reveil-des-combattants.fr

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magazine LE RÉVEIL

Les femmes dans la guerre 1939-1945 Claude Quétel, Collection l’œil des archives, Éditions Larousse, 22 euros La couverture est consacrée aux femmes tireuses d’élite dans l’Armée rouge. Et le livre souligne combien le rôle des femmes fut primordial dans la Seconde Guerre mondiale, notamment aux USA, en Angleterre et en URSS, alors que les pays vaincus en 1945 (Italie, Allemagne, Japon) sont ceux qui, par idéologie, ont le moins mobilisé de femmes. S’appuyant sur des photos très riches, nombreuses et souvent inédites, évoquant des portraits de femmes inconnues ou célèbres, retraçant leur action depuis le foyer domestique jusqu’au front en passant par l’usine, Claude Quetel leur rend hommage et justice tout en analysant leurs situations et leurs parcours. Pour Hitler, Mussolini, Pétain, les bonnes allemandes, italiennes et françaises sont mères avant tout. De femmes (souvent sans homme) obsédées par les absences de ravitaillement, victimes de bombardements, elles peuvent être aussi martyres (étoile jaune, prison, viols, massacres, déportations) dans ces sociétés où il faut produire en usine comme aux champs, dans les bureaux, les dépôts et jusqu’à la prostitution à la demandes des armées ! Tous les « soutiens » sont bons, au côté de la chanson Lily Marlène, de la propagande (Magda Goebbels), du cinéma de guerre (Zara Léander, Lili Palmer, Judy Garland, Lale Andersen, Anna Marly, Véra Lynn) jusqu’au front : les auxiliaires aux armées, les FFL féminines, Joséphine Baker, les infirmières, les combattantes sous l’uniforme de l’Armée rouge, celles sans uniforme (partisanes, maquisardes, insurgées, résistantes), et puis… c’est fini. C’est la victoire, la libération, les deuils, les femmes tondues… Quel statut pour ces femmes, quelle reconnaissance ? Le plus souvent, le « retour à la case départ » !

Traits résistants La Résistance dans la bande dessinée de 1944 à nos jours Travaillant en commun, le Centre d’histoire de la Résistance et de la Déportation (CHRD) de Lyon et le Musée de la Résistance nationale (MRN) de Champigny-sur-Marne ont mis au point une exposition intitulée Traits résistants et publié un livre qui l’accompagne et interroge l’image du Résistant dans la bande dessinée. D’une extrême richesse, cet ouvrage, sous présentation cartonnée, joue d’emblée, pour nous les jeunes de 1940-1944, le grand coup de cœur. C’est avec la plus belle des émotions, « l’émotion enfantine » que nous retrouvons Vaillant (issu du Jeune Patriote, journal clandestin du Front patriotique de la jeunesse) et son héros jeune maquisard le Grêlé 7.13, et aussi Coq Hardi et Les 3 mousquetaires du maquis, les petits formats de Jeunesse héroïque consacrés à Fabien, Rol-Tanguy, Danièle Casanova, etc. On y découvre la BD résistante clandestine, mais aussi la BD collabo… dont certains dessinateurs seront « récupérés » à la Libération et feront les beaux jours des illustrés à venir, tel Hergé par exemple (pauvre Milou). Mais l’étude pose aussi des questions de fond : la Résistance, une histoire dont on peut rendre compte ? Elle nous interpelle également quant au thème de la violence dans les BD sur la Résistance… et les autres de la même époque (« Fantax », Big Bill le casseur) et nous éclaire sur les lois prises à la libération, dont le but – s’opposer à l’envahissement des BD américaines – n’était pas forcément aussi « honnête » à une époque où le papier, denrée rarissime,

faisait ou coulait les maisons d’édition. Nous redécouvrons ce trésor qu’est la trilogie de Dancette et Calvo, La bête, Quand la bête est déchaînée, La bête est morte, qui transporte la guerre mondiale chez les animaux afin de mieux faire comprendre aux enfants de l’époque le déroulement et les enjeux de la terrible guerre qui se termine. Dans ce monde, les Allemands sont des loups, les Italiens des hyènes, les Japonais des singes, les Anglais des bouledogues, les Américains des bisons, les Russes des ours blancs, et les Français… un mélange de lapins, d’écureuils, de grenouilles et de chamois. Les Résistants sont des cigognes, et de Gaulle « la grande cigogne nationale » ! Une mention particulière pour l’album La Résistance du Sanglier de Stéphane Levallois qui présente son grand-père avec, à la place du visage, une tête de sanglier. Un livre basé sur la mémoire de sa mère et de sa tante, alors que le grand-père entre dans le réseau de résistance du Loir-et-Cher en 1942. Dessiné en noir et blanc, excluant toute scène de violence, le gris virant au noir qui engloutit la vie, le procédé distancie le fait et lui donne une force étrange. BD, dépôt légal, dessins animés, de Lyon à la Belgique, l’étude s’appuie sur de solides références et nous amène, avec Wrill à écouter la BBC, une pratique dangereuse quant à l’animation de l’ombre peut répondre l’ombre sur l’animation, la trahison avec les conséquences que l’on sait. La science-fiction n’est pas absente des BD de l’époque, que ce soit Tarzan luttant contre Hitler dans la jungle africaine, ou encore le Professeur Radar en lutte contre des sélénites (lunatiques ?), voire La guerre des mondes où le maquis doit combattre des envahisseurs extraterrestres. En annexes, et ce n’est pas rien, la liste des sources sur la Résistance sur le sol métropolitain dans les albums, périodiques et récits complets petits formats parus de la Libération à nos jours. Un guide imposant de l’exposition, mais ne boudez pas votre plaisir, revisitez la BD en résistance en retrouvant vos yeux d’enfants. Un privilège rare .

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