Reveil des combattants novembre 13

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La pauvreté en France

Un mauvais budget 2014 des ACVG

Chili au cœur

le réveil Novembre 2013 - N°798 - 5 e www.le-reveil-des-combattants.fr

des combattants

Pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix

Les Français dans l’étau de la construction européenne

Le journal des droits de tous les anciens combattants et victimes de guerre


LE RÉVEIL mémoire

Séance du Conseil général

du Val-de-Marne – 21 octobre 2013 Pour la réhabilitation collective des « fusillés pour l’exemple » Vœux présentés par Evelyne Rabardel, au nom de la majorité départementale. Considérant le rôle déterminant du travail de mémoire quant aux enseignements que nos concitoyens peuvent tirer d’événements constitutifs de notre conscience collective, Considérant que ce travail suppose, au travers d’incessantes recherches, une approche scientifique rigoureuse ne faisant abstraction d’aucun aspect des pages les plus marquantes de notre Histoire, Considérant la nécessité qui en découle de prendre en compte dans sa dimension commémorative l’ensemble des connaissances partagées de notre passé reposant sur des faits avérés, Considérant la prochaine commémoration du centenaire de la guerre 14/18 qui donnera lieu dans notre département, comme au niveau national, à nombre d’événements tant institutionnels qu’associatifs, Considérant que, dans ce cadre, l’évocation de l’horreur des combats de cette Première Guerre mondiale, de ses millions de morts et de blessés, conduira de nouveau à prendre la mesure des sacrifices, des peurs et des souffrances d’hommes engagés sur un front devenu un immense charnier, Considérant que l’hommage qui leur sera rendu se doit de prendre en considération la totalité de ces victimes, Considérant à cet effet que parmi eux, 2-

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plus de 600 soldats, parvenus aux limites de leur endurance physique et morale face à un tel massacre ou parce que leur conscience ou leurs valeurs humanistes le leur dictaient, ont refusé de partir à l’assaut, Considérant que ces hommes, iniquement accusés de trahison et de lâcheté et désignés plus tard sous le vocable de « fusillés pour l’exemple », furent passés par les armes au terme de conseils de guerre réunis dans des conditions ouvrant la voie aux décisions les plus arbitraires, Considérant que cette tragédie continue de porter atteinte à leur dignité et qu’elle a jeté l’opprobre sur des familles entières déjà meurtries par la disparition d’un être cher, et aujourd’hui sur leurs descendants, Considérant le mouvement entrepris dès la fin de cette Première Guerre mondiale par de nombreuses associations ayant relayé et conforté les dé-

marches individuelles de leurs familles pour obtenir leur réhabilitation, mouvement auquel continuent de s’associer de plus en plus de personnalités et d’institutions de la vie civile et politique, Considérant que l’examen juridique d’une réhabilitation au cas par cas n’a plus de sens à ce jour et que seule une réhabilitation collective peut enfin rendre justice à tous ces morts et honorer leur mémoire,

Le Conseil général : Demande solennellement au Président de la République de se prononcer publiquement en faveur d’une réhabilitation générale et collective des « fusillés pour l’exemple » de la Première Guerre mondiale afin que la Nation puisse enfin honorer officiellement leur mémoire et que celle-ci puisse perdurer dans l’histoire de notre pays.


ÉDITO LE RÉVEIL

Refusons de conduire la France au désastre

SOMMAIRE Actualités p. 4 Bonnets rouges... et papier timbré.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 1 million de copropriétaires en difficulté ?.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 La BCE et le contrôle des banques européennes .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 L’état de la pauvreté en France.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 International p.8 Espionnage américain : espionner le monde. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 Nucléaire iranien ; la France irresponsable.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 Comment on justifie les guerres. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 Vie de l’ARAC p. 21 La vie des comités. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 Commémorations du 11 novembre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 Vos droits p. 26 Un projet de budget ACVG inacceptable.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 Budget ACVG 2014 : déclaration de l’ARAC.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 Carte du Combattant .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 Souscription nationale.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 Magazine p. 31

P. 13 D ossier

Chili au cœur Retour sur le Chili quarante ans après le coup d’État contre l’Unité populaire www.le-reveil-des-combattants.fr LE RÉVEIL DES COMBATTANTS Fondé en 1931 par Henri-Barbusse Mensuel de l’Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre. Commission paritaire n° 0713-A 06545 Édité par les Éditions du Réveil des Combattants SARL au capital de 45 734,41 - Siret : 572 052 991 000 39 2, place du Méridien, 94807 Villejuif cedex Téléphone : 01 42 11 11 12 Télécopie : 01 42 11 11 10 reveil-des-combattants@wanadoo.fr

nal et El Mundo • Impression : RIVET P.E. - 24 rue

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Gérant Directeur de la publication : Raphaël Vahé • Directeur délégué - Rédacteur en chef : Patrick Staat • Comité de Rédaction : Brigitte Canévêt, Hervé Corzani, Jean-Pierre Delahaye, André Fillère, Laurence Gorain• Service photos : JeanClaude Fèvre • Administratrice : Annick Chevalier • Secrétariat de rédaction, conception graphique : Escalier D Communication • Illustration de Une : © Ajubel - Paru dans Courrier Internatio-

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e budget national confirme une poli tique, des choix qui tournent le dos à l’intérêt de la France. Il porte des coups durs aux familles, aux retraités et aux salariés qui, pour certains, se voient imposés pour la première fois (1,2 million de foyers supplémentaires imposables). Le gouvernement poursuit le choix de ces prédécesseurs : frapper les plus démunis (ce sont les plus nombreux) pour épargner les plus riches. La commission européenne ne s’y est pas trompée en validant le budget de la France. Le rôle de la commission pose deux questions. La première, c’est la perte de la souveraineté des décisions de la France sur son devenir et ses choix. La deuxième, c’est que le gouvernement fait le choix de la finance, le choix du respect des traités et du pacte de stabilité. Et cela, sur le dos des Français. Plus le pouvoir cède, plus Bruxelles exige de nouveaux engagements. Ainsi pour 2014 / 2015, ordre est donné au gouvernement d’aller plus loin sur la réforme des retraites, sur la baisse du coût du travail. La pression est mise pour que nombre de services publics, liés à l’histoire et aux combats de notre pays, passent sous la coupe de la privatisation et ce, au nom de la concurrence libre et non faussée : EDF, SNCF, mutuelles, retraites, Sécurité sociale. Toutes les structures mises en place par les salariés puis par le programme du CNR pour mieux répartir la richesse nationale sont mises en cause. Casser ces outils de solidarité, les nationalisations, c’est répondre aux réformes structurelles demandées par Bruxelles. Elles conduisent à l’abandon de la souveraineté nationale, au recul de la démocratie. Elles font disparaître la nation française dans une Europe fédérale sous tutelle allemande. Une telle politique mène à la désespérance, au découragement, à une crise des valeurs dont témoignent la montée et la banalisation du Front national. La plus grave des inégalités est celle des rémunérations, bloquées voire en recul pour 24 millions de salariés et en hausse de 25 % (pour un an) pour les patrons des plus grandes entreprises d’Europe. De plus, les grands groupes sont les principaux responsables d’une évasion fiscale à hauteur de 60 à 80 milliards. La France tourne à l’envers. La question de la place de notre pays dans l’Union européenne telle qu’elle est construite, avec ses traités, sa commission, est posée. Patrick Staat

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS

Bonnets rouges… et papier timbré Quand l’Histoire se rappelle à notre bon souvenir... On sait, peut-être, que ce nom recouvre l’une des plus grandes révoltes de l’Ancien Régime, qui survint en Bretagne sous le règne de Louis XIV en 1675 et qui fut l’une des grandes révoltes populaires, annonciatrice de la Révolution de 1789. Les bonnets rouges, on les a vus ressurgir en Bretagne, et en particulier ce samedi 26 octobre lors des manifestations qui ont eu des suites tragiques (un blessé avec une grave blessure au cou, un autre avec une main arrachée). Si ces manifestations ont clairement tourné à l’émeute, c’est qu’elles ne font que témoigner du désespoir d’une partie de la population. La Bretagne, on le sait, est durement touchée par la crise actuelle. Celle-ci se traduit par la fermeture, ou par des licenciements, dans des petites et moyennes entreprises dont le rôle est critique sur des bassins d’emplois très segmentés. Une misère néo-rurale, concentrée dans des bourgs ou des gros villages, liée à la fermeture de l’employeur local, est en train de faire tache d’huile en Bretagne. À ce phénomène, qui dure depuis maintenant deux ans, est venu s’ajouter la crise spécifique de la filière agroalimentaire qui entraîne avec elle une partie de l’agriculture. Ce que l’on appelle la « crise de la filière porcine » est le résultat d’un dumping sauvage pratiqué par l’Allemagne abritée derrière l’euro. Ce dumping est en train de ravager la Bretagne. On le voit avec les problèmes des abattoirs, de sociétés comme Doux et Gad. Ces faillites et ces fermetures viennent ajouter la misère à la misère ; très souvent c’est un couple et non seulement la femme ou l’homme qui sont employés sans 4-

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ces entreprises. La fermeture d’un site, souvent l’unique employeur du canton, est une véritable condamnation à mort. Enfin, goutte d’eau ultime, nous avons l’écotaxe, un impôt fondé sur des principes justes, mais tellement mal ficelé qu’il pénalise en premier lieu les producteurs locaux au profit d’un transport autoroutier. De plus, des primeurs qui sont produits à 300 kilomètres de Paris vont être plus taxés que des salades ou autres légumes débarquant de l’autre bout du monde par avion à Roissy. C’est bien là toute l’aberration d’un impôt dont la mise en place a été livrée au jeu des lobbys européens et à l’inconséquence de hauts fonctionnaires méconnaissant les réalités locales. Telles sont les raisons de la révolte qui, après avoir couvée pendant de longs mois, est en train d’exploser en Bretagne. Face à cette révolte, les mesures annoncées par le gouvernement ne sont même pas de l’ordre du dérisoire ; elles sont une véritable insulte à ces milliers de personnes que la politique gouvernementale jette dans la rue et sur les routes, et où elles ne trouvent en face que les CRS et la répression. Pourtant des solutions sont à la portée de la main du gouvernement. La première d’entre elle est, bien entendu, la dissolution de la zone euro, suivie d’une dévaluation qui seule peut redonner sa compétitivité à l’industrie et à l’économie française. Cette dévaluation rendra inutiles les abattements d’impôts qui sont aujourd’hui nécessaires à la survie de nombreuses entreprises. Sur les 70 milliards que représentent ces diverses « niches fiscales », il devrait être ainsi possible d’en supprimer 30 milliards au moins. Ce gain fiscal important (1,5 % du PIB) permettra de réduire le montant

d’autres impôts. Une seconde solution est, bien entendu, une refonte de l’écotaxe afin d’en faire un mécanisme protecteur des productions locales face aux productions à longues distances. Il est insensé que des produits venant de plusieurs milliers de kilomètres payent moins que d’autres qui sont fait quasiment à la porte des consommateurs. Faute de comprendre l’ampleur du désespoir et la profondeur de la révolte, ce gouvernement et ce Président, dont la popularité est au plus bas et dont la légitimité est aujourd’hui clairement en cause, pourraient bien se réveiller avec une France soulevée contre eux. Jacques Sapir

Moi, Président de la République Je n’ai pas dit que je porterai atteinte aux droits des anciens combattants et victimes de guerre, mais je le fais : - en ne leur versant que 50 % du montant des pensions militaires d’invalidité et des retraites du combattant auxquelles ils devraient avoir normalement droit, et je refuse d’en débattre avec eux ! - en maintenant le gel de la valeur du point d’indice de la Fonction publique sur lequel sont indexées les pensions PMI, la retraite du combattant, les rentes mutualistes AC, et je leur interdis ainsi toute revalorisation ! - en amputant de 20 % par décret la subvention d’État versée depuis 1923 aux rentes mutualistes anciens combattants, et je porte atteinte aux droits inaliénables à réparation dus par la Nation.

Je suis bien un Président « normal » à l’image des précédents.


ACTUALITÉS LE RÉVEIL

Immobilier

Vers 1 million de copropriétaires en difficulté ? 15 % des 6,2 millions de résidences principales en copropriété sont fragiles. Le projet de loi ALUR ne suffira pas à sécuriser cette « France de propriétaires ». L’examen au Parlement du projet de loi sur le logement et l’urbanisme (ALUR) est un moment propice pour faire passer des messages. Cela tombe bien, Dominique Braye, qui préside l’Agence nationale de l’habitat (Anah), voudrait que la « France de propriétaires » redescende sur terre : la propriété de son logement, par les charges qu’elle entraîne, devient de plus en plus risquée. « Les copropriétés sont une bombe à retardement », prévient-il. Selon les estimations de l’Anah, sur les 6,2 millions de résidences principales en copropriété existant en France, 15 %, soit 1 million de copropriétaires, présentent des signes de fragilité et pourraient basculer dans les difficultés financières. Avec, à la clef, des impayés de charges pour une part significative des 560 000 copropriétés de l’Hexagone. En l’absence de statistiques nationales sur le sujet, l’Anah évalue les risques des copropriétés via une batterie d’indicateurs comme le mode d’occupation du logement (sur-occupation ou présence de squats), l’âge et l’état du bâti, la solvabilité des copropriétaires ou encore la présence ou non de locatif dans l’immeuble. « Un fort taux de locatif est mauvais pour une copropriété, car les bailleurs refusent généralement de faire des travaux », souligne l’agence. Certes, la fragilité ne conduit pas toujours à la banqueroute. Mais le risque grandit avec le temps. Car une vague de travaux se profile. Pour maintenir en état décent le parc bâti entre 1950 et 1990, il faudra en effet réaliser entre 40 et 70 milliards d’euros de travaux (selon qu’on y inclut ou pas la rénovation énergétique) d’ici à dix ans, estime l’Anah. Difficile de savoir comment affronter ce « mur de travaux » vu les difficultés financières croissantes d’une

partie des foyers, et pas seulement les plus modestes. Dominique Braye a réalisé début 2012 un rapport sur les copropriétés qui fait référence, mais n’a pas été totalement traduit dans la loi. Si l’auteur observe avec satisfaction que le projet de loi ALUR, qui a repris 80 % de ses préconisations (dont toutes ne sont pas législatives), «va dans la bonne direction », le texte a ignoré les mesures les plus fondamentales, qui auraient été... les plus impopulaires. Côté bons points, pour lutter contre l’opposition des copropriétaires-bailleurs à réaliser des travaux, ALUR assouplit les règles de majorité requises pour les voter. Quant au cas des marchands de sommeil, dont l’Anah a constaté qu’ils constituent la majorité des bailleurs ne payant pas leurs charges et ce afin de mettre la copropriété en faillite pour racheter les logements une bouchée de pain, ALUR le traite en interdisant pendant cinq ans à ceux condamnés en justice d’acheter un logement locatif. Toutefois, estime Dominique Braye, « si on veut prévenir les difficultés des copro-

priétés, il y a un triptyque d’obligations à leur imposer » : à savoir, effectuer un diagnostic de l’état du bâti et les travaux à effectuer, élaborer un plan pluriannuel de travaux, enfin instaurer pour chaque copropriété un fonds de prévoyance des travaux futurs avec une cotisation annuelle obligatoire de tous les copropriétaires. Mais si le projet de loi reprend bien ce triptyque, en l’état actuel il l’a par trop atténué, estime le président de l’Anah. Ainsi, le diagnostic technique de l’immeuble afin d’identifier les travaux nécessaires dans les dix ans n’est pas obligatoire. Pas plus que la cotisation annuelle à un fonds de prévoyance qui ne s’impose qu’aux copropriétés de plus de 50 lots, excluant de fait 95 % des copropriétés. Quant au montant de la cotisation minimale, Dominique Braye la juge trop faible. Bref, selon lui, «ALUR a surtout une portée pédagogique». Il s’agit de préparer les esprits à aller, un jour, plus loin. Les Echos - 10 octobre 2013

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS

La BCE contrôlera l’ensemble

des banques européennes Le contrôle des grandes banques françaises sera assuré à partir de l’année prochaine par la BCE. Le journal Le Monde informait par ailleurs ses lecteurs que l’état des lieux que fera la BCE au moment de sa prise de contrôle, l’audit des banques dont elle devra à l’avenir assumer le contrôle, sera effectué par un cabinet américain, dont les performances récentes ne sont pas avérées. Dans un article de La Tribune, il est bien résumé que ce

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n’est pas tout de contrôler les banques, il faut savoir qui paie lorsqu’une faillite arrive. Or, il n’y a pas de régulateur infaillible. On a beau dire et faire travailler tous les cabinets américains que l’on veut, à un moment donné, surtout si la stagnation européenne se poursuit, des banques peuvent faire faillite parce que la conjoncture a dégradé trop fortement leur portefeuille de crédits. Si une faillite importante intervient, mettons en Espagne, il faudra expliquer au contribuable espagnol que bien que théoriquement contrôlée par la BCE, en l’absence de mécanisme de résolution des crises, c’est l’État espagnol qui devra payer. Pire, la BCE étant consciente de ce risque d’impasse, elle risque d’être encore plus sévère dans ses recommandations aux banques, et de contribuer ainsi à la crise. L’Allemagne se réjouirait d’une telle situation où seul le contrôle bancaire serait un peu européanisé, la responsabilité financière, la plus importante, restant nationale (on peut noter au passage que les banques allemandes échappent en grande partie au contrôle de la BCE, les landesbanken, régionales, étant trop petites pour relever du contrôle de Francfort). Seulement, en cas de crise bancaire, et dans l’urgence, la tentation serait probablement irrésistible de faire renflouer une banque théoriquement contrôlée par la BCE par le MES (Mécanisme européen de stabilité). Et là le contribuable allemand ne sera peut-être pas ravi d’apprendre qu’il est tout de même indirectement convié à remettre au pot. Tout ceci pour constater quoi ? D’abord que la construction européenne prend un tour monstrueux. Nul doute qu’avec des débats aussi complexes, le sujet de l’Union bancaire n’intéresse personne. Ensuite que cette obscurité ne profite qu’à une construction européenne intéressée par la seule acquisition de pouvoirs nouveaux, quelles qu’en soient les modalités. Au final les banques européennes ne seront probablement pas mieux contrôlées et, en cas de crise, les enchevêtrements de responsabilités (d’irresponsabilité plutôt) sont tels que les dégâts en seront probablement aggravés.


actualités LE RÉVEIL

Observatoire des inégalités L’état de la pauvreté en France L’Observatoire des inégalités publie une note de synthèse sur la pauvreté. A l’heure où une partie de la population s’offusque de payer trop d’impôts, la situation est de plus en plus critique pour les plus défavorisés, dont le nombre grandit. La capacité est aussi grande dans notre pays à forcer le trait, à exagérer les chiffres pour mobiliser l’attention. On n’assiste pas à une explosion de la pauvreté et de la misère. Partant de bons sentiments, le catastrophisme finit par décrédibiliser l’information et alimente la critique du modèle social français, alors que notre pays est parmi ceux qui s’en sortent le mieux au monde sur ce plan. Pourquoi dépenser autant si l’on compte tant de pauvres ? Il n’empêche : en considérant la définition la plus restrictive, le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté a progressé de 660 000 entre 2008 et 2011. Soit probablement autour de plus de 800 000 personnes si l’on ajoute 2012 et le début 2013. Au cours de la même période, le taux de pauvreté est passé de 7 à 8 % et doit approcher les 9 % aujourd’hui. Un retournement historique qui touche les plus vulnérables. Contrairement à un discours commun selon lequel la crise serait généralisée à tous les milieux, la pauvreté ne frappe pas au hasard. Une large partie de la population est à l’abri, même s’il est commode à chacun de se l’approprier. En 2010, le taux de pauvreté des employés était 6,3 fois plus élevé que celui des cadres supérieurs. Le taux des sans diplôme trois fois supérieur à celui des diplômés d’un bac +2. Face à ce constat largement étayé, il ne reste souvent plus que la compassion et l’aumône. Les caisses de l’État sont vides. Faute de revenu minimum pour tous, le gouvernement expérimente une « garantie jeune » à 10 000 moins de 25 ans dans quelques territoires : mais combien sont

ces jeunes qui, faute de soutien, vivent sous le seuil de pauvreté ? 10, 20 ou 30 fois plus ? Combien d’entre eux doivent se contenter de revenir au domicile, dormir chez des amis quand ce n’est pas à la rue ? A l’évidence, les politiques publiques ne sont pas à la hauteur des enjeux. Si le revenu minimum manque pour certains,

l’essentiel n’est d’ailleurs sans doute pas seulement financier. Il s’agit de véritables politiques de l’emploi, de construction de logements, d’accès la santé et, en particulier, d’une vraie réforme de l’éducation. Les Notes de l’Observatoire, N° 1, octobre 2013

Il faut gagner 4 569 euros nets par mois pour devenir propriétaire en France Qu’il est loin le rêve d’une France de propriétaires exprimé par Nicolas Sarkozy, lors de sa campagne présidentielle en 2007. En 2013, acquérir un bien immobilier coûte en moyenne 220 387 euros en France. Un chiffre en hausse de 10 000 euros sur une seule année. Depuis 2004, le prix moyen d’un bien immobilier a augmenté d’environ 60 000 euros. « Avec la disparition des aides à l’acquisition comme le prêt à taux zéro, les jeunes ont de moins en moins accès à la propriété. Ce qui a créé une fracture générationnelle. La fin des droits de mutation ou encore la taxation des plus-values de cession a instauré un climat de pessimisme sur le marché. En 2013, 20 % des Français répondaient aux conditions bancaires pour acquérir un bien immobilier, mais par crainte de l’avenir, ils n’ont pas acheté », affirme Maël Bernier, directrice de la communication d’Empruntis.com. Conséquence de l’envolée de ce prix moyen, les Français empruntent des montants de plus en plus élevés pour

devenir propriétaire. Cette année, les banques ont prêté en moyenne 168 409 euros contre 159 768, l’année dernière. Du jamais vu, pour Maël Bernier : « Normalement quand les taux sont bas, les prix doivent baisser », explique-t-elle au Parisien. « Or, ils stagnent. Ce qui veut dire que les gens qui ont les moyens en profitent pour emprunter plus pour acheter plus grand, d’où l’envolée ». Autre fait marquant de l’étude : le revenu net moyen du candidat à la propriété s’établit en 2013 à 4 500 euros, soit 800 euros de plus qu’il y a neuf ans. Or, selon les derniers chiffres de l’Insee, moins de 20 % des ménages français perçoivent plus de 4 467 euros par mois, tous revenus confondus. De plus, en neuf ans, l’âge moyen des acquéreurs a augmenté de trois ans, pour se fixer à 37 ans. « Cette tendance montre que l’acquéreur moyen en France n’est plus Monsieur et Madame Tout-le-monde. Si vous n’êtes pas déjà propriétaire ou si vous n’avez pas hérité, c’est compliqué », explique Maël Bernier. LE RÉVEIL - N°798 - NOVEMBRE 2013

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LE RÉVEIL international

Espionnage américain Contrôler le monde

Le Washington Post accuse. Même le Pape est sur écoute. Un budget faramineux est consacré aux activités d’espionnage. Plus de 107 000 personnes y sont employées. Les données de centaines de millions d’utilisateurs de Google et Yahoo! ontelles été interceptées par l’Agence de sécurité nationale américaine (NSA) ? C’est ce que révélait le Washington Post, le 30 octobre dernier. Le quotidien américain avait déjà affirmé, début juin, que neuf entreprises, dont Apple, Google, Facebook et Yahoo! avaient fourni aux services secrets américains un «accès direct» à leurs serveurs. Cette fois, le « Post » évoque un programme baptisé Muscular, opéré conjointement avec l’homologue britannique de la NSA. Il permettrait aux deux agences de ren-

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seignements de récupérer des données depuis les fibres optiques utilisées par les géants du net. Le quotidien de la capitale américaine affirme avoir consulté des documents obtenus auprès de l’ex-consultant-espion de la NSA, Edward Snowden, devenu aujourd’hui ennemi public et qualifié de traître par la Maison-Blanche. Toujours selon cette source, la NSA agirait en dehors des États-Unis pour «plus de latitude». En effet, cette surveillance, hors territoire américain, s’effectuerait grâce à un fournisseur d’accès télécom dont le nom n’a pas été révélé. « Ce qui permettrait à la NSA d’avoir plus de « possibilités » que dans son pays, où la justice doit être saisie pour entreprendre de telles actions » a affirmé le Washington Post.

Des millions d’abonnés sur écoute L’ampleur de ce que nous qualifierons de complot contre la démocratie à l’échelle planétaire est assez terrifiante. Qu’on en

juge : en une seule journée de 2012, la NSA aurait ainsi pu intercepter 444 743 listes de contacts courriels de comptes Yahoo!, 82 857 de comptes Facebook, 3 697 de comptes Gmail et 22 881 d’autres fournisseurs Internet, explique une présentation interne publiée par le journal américain. Toujours selon le « Post », « les listes contiennent davantage d’informations que des adresses e-mails car, dans ces fiches contacts, il y a aussi des numéros de téléphone, des adresses physiques, des informations économiques ou familiales, et parfois les premières lignes d’un message... » Yahoo! et Google assurent toutefois au journal n’avoir jamais autorisé un tel accès à leurs données utilisateurs. « En juin, il y avait déjà eu cette allégation selon laquelle la NSA s’introduisait dans les serveurs de Yahoo! et Google, mais c’est faux », a démenti le chef de la NSA, le général Keith Alexander, interrogé lors d’une conférence à Washington. En dépit de toutes dénégations, il apparaît


international LE RÉVEIL

aujourd’hui que rien n’échappe « aux grandes oreilles américaines ».

Le Vatican sur écoute On sait désormais que plus de 35 chefs d’État, y compris alliés, ont fait l’objet de surveillance. L’Union européenne, de grandes entreprises et des millions de particuliers, de par le monde, sont écoutés, leurs conversations parfois analysées au nom de l’antiterrorisme… Et, cerise sur le gâteau, selon l’hebdomadaire italien Panorama, les 46 millions d’appels téléphoniques interceptés par les renseignements américains en Italie incluent ceux du Saint Siège. Si « les voies du Seigneur sont impénétrables », pas les conversations du pape. Panorama a en effet révélé, fin octobre, que les écoutes téléphoniques américaines auraient même visé le Vatican. Sur les 46 millions d’appels interceptés en Italie par l’Agence nationale de la sécurité des États-Unis, « il y aurait également le Vatican », écrit le journal. « On craint que la NSA n’ait continué à capter les conversations des prélats jusqu’au début du conclave » (le 12 mars), qui a abouti à l’élection du pape François. « Y compris les appels de et vers la résidence romaine où habitaient le nouveau pape et d’autres prélats », poursuit

N’OUBLIEZ PAS !

l’hebdomadaire. Le souverain pontife « était déjà, depuis 2005, l’objet de l’attention des services secrets américains, selon les rapports de WikiLeaks », rappelle Panorama. « Nous n’avons aucune information à ce sujet et de toute façon nous n’avons aucune inquiétude », a réagi le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi. Les États-Unis ont catégoriquement rejeté les accusations d’espionnage des communications téléphoniques en Europe, affirmant que ces données leur avaient été fournies par des agences de renseignements européennes.

Un empire financier Quel budget pour financer de telles opérations ? Le 29 août 2013, toujours dans le Washington Post, on pouvait trouver, publié pour la première fois, le détail du budget des 16 agences de renseignements américaines, surnommé « le budget noir » des États-Unis. Des informations obtenues grâce à un document fourni par l’ex-consultant de la NSA, Snowden. Le journal indique que la CIA, la puissante agence, a demandé un budget de 14,7 milliards de dollars (11 milliards d’euros) en 2013, et ses effectifs dépassent les 21 000 personnes. Habituel-

lement, seul le montant global est publié chaque année par le gouvernement sans préciser la façon dont les sommes sont allouées. Le document illustre le doublement du budget total du renseignement depuis les attentats du 11 septembre 2001, avec une facture estimée à plus de 500 milliards de dollars (377 milliards d’euros) depuis cette date. Ainsi, nous apprenons qu’en 2012, le budget du renseignement américain était de 55 milliards de dollars (41 milliards d’euros). Pour l’année budgétaire 2013, le gouvernement réclamait 52,6 milliards au Congrès et, pour 2014, il a demandé 48,2 milliards. A cela s’ajoutent encore les programmes de renseignement militaire du Pentagone (23 milliards de dollars en 2013). La NSA, 10,8 milliards de dollars et le National Reconnaissance Office (NRO), 1,3 milliard de dollars sont les agences les mieux dotées. Le NRO gère les satellites d’espionnage. Au total, 107 035 personnes sont employées. Parmi elle, près de 35 000 sont réservées à la cryptographie, qui inclut l’Agence de sécurité nationale (NSA) chargée des écoutes mondiales et de la surveillance électronique. Jean-Pierre Delahaye

Des carnets de bons de soutien sont disponibles au siège national de l’ARAC

Grande tombola de Noël de soutien au Réveil des Combattants

Cette année encore, UNE VOITURE à gagner ! Participez afin de soutenir notre journal, indispensable outil d’information, de réflexion, de mémoire et de défense des droits des anciens combattants et victimes de guerre. Vous pouvez acheter le carnet entier ou des bons à l’unité (2 e). Vous devrez alors renvoyer au siège national de l’ARAC (2 place du Méridien, 94800 Villejuif), la ou les souches remplies, accompagnées de votre règlement en utiisant la lette T et garder vos tickets.

Retour des souches arrêté au 31 décembre 2013, pour un tirage en janvier 2014… Pour tout renseignement : Tél. 01 42 11 11 11 - reveil-des-combattants @wanadoo.fr

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LE RÉVEIL international

Nucléaire iranien

La France irresponsable Les inspecteurs de l’ONU vont avoir accès à l’usine iranienne d’Arak. Les conservateurs américains se félicitent de l’attitude de la France pendant les négociations de Genève. Le général français, Étienne Copel, vice-président du haut comité pour la défense civile, estime que « l’Iran a le droit d’exploiter l’uranium dans ses centrales ». L’Iran et l’Agence nucléaire de l’ONU se sont accordés, lundi 11 novembre, sur les vérifications que pourront conduire les inspecteurs de l’AIEA, lors de la visite à Téhéran du chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique, Yukiya Amano. Cette feuille de route prévoit une inspection de l’usine de production d’eau lourde d’Arak, à laquelle l’agence onusienne tente d’accéder depuis 2011. Yukiya Amano a affirmé qu’une visite de la base militaire iranienne de Parchin, soupçonnée d’avoir abrité des essais nucléaires, serait discutée après la finalisation de cet accord préliminaire. Téhéran refusait depuis 2012 à l’AIEA l’accès à des « bâtiments suspects » de cette base, en raison de sa nature militaire et parce que l’agence y a déjà conduit des inspections en 2005, qui n’avaient rien donné. C’est un premier pas dans le processus de détente engagée depuis plusieurs semaines après

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la visite du nouveau président iranien, Rohani, à l’Assemblée générale des Nations unies à New York et son entretien téléphonique avec Barack Obama. En revanche aucun autre accord n’a pu être conclu, ce même week-end à Genève, et c’est le chef de la diplomatie française, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui en est tenu responsable, exigeant de l’Iran toujours plus de garanties, alors même que le groupe des 5 + 1 (États-Unis, France, Grande Bretagne, Russie, Chine + Allemagne) « s’estimait sur une bonne voix pour obtenir un accord ». Cette intransigeance a été relevée par de nombreux observateurs et journalistes et saluée, applaudie même par les élus américains les plus conservateurs.

Convergences avec les néo conservateurs US «Vive la France !» a tweeté le sénateur

républicain John McCain, ex-candidat à la Maison-Blanche, pour souligner son approbation de l’attitude de Paris sur le dossier du nucléaire iranien. Pour lui, « les Français ont eu le courage d’empêcher un mauvais accord avec l’Iran». De son côté, Lindsay Graham, élu de Caroline du Sud, a été tout aussi élogieux sur la volonté de Laurent Fabius de ne pas accepter «un accord de dupes» avec Téhéran. «Dieu merci pour la France…», a-t-il lancé sur CNN, expliquant qu’il ne voulait pas « d’une Corée du Nord au Proche-Orient ! ». Le Figaro estime que « cette francophilie en dit long sur les profondes réticences que suscite au Congrès la négociation engagée par l’Administration Obama avec Téhéran (…) Une intéressante alliance des «faucons» se dessine de facto entre Paris, Jérusalem, le Congrès et les monarchies du Golfe, anxieuses d’un accord avec la Perse (Iran) qui se ferait sur leur dos ». Pour l’Humanité, la position française est dictée d’abord par cette propension chez Hollande et Fabius à considérer que pour être une puissance d’influence, il convient de durcir le ton (…), voire de menacer de la force. « François Hollande avait approuvé l’intervention en Libye, il a fait donner la troupe au Mali, il se verrait bien bombarder Damas », écrit Pierre Barbancey. Et de rappeler que la France « veut aussi complaire à deux de ses alliés : Israël et l’Arabie Saoudite ». On le voit le débat sur le nucléaire iranien ne laisse pas indifférent, tant il est important pour l’équilibre de la région et peutêtre la stabilité du monde.


INTERNATIONAL LE RÉVEIL

Respect du TNP pour tout le monde Parmi les voix qui s’élèvent, il est intéressant d’entendre celle du général Copel*, vice-président du Haut comité français pour la défense civile, qui a estimé mi-novembre dans une tribune publiée par le quotidien du soir, Le Monde : l’Iran a le droit d’exploiter l’uranium dans ses centrales. Après avoir rappelé que l’Iran a signé le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) et relevé des dérives inacceptables de différents gouvernements iraniens y compris aujourd’hui dans le conflit syrien, l’ex-sous-chef d’état-major de l’armée française, souligne que depuis la fin du régime du Chah, les gouvernants tiennent un même discours : le traité, tout le traité, mais rien que le traité. « Nous avons signé le traité de non-prolifération nucléaire (TNP). Il marque notre volonté d’accéder pleinement aux bénéfices du nucléaire civil et nous interdit de fabriquer des armes nucléaires. Ce traité nous le respectons, mais vous n’avez pas le droit de nous imposer des restrictions qui ne sont pas prévues par le traité.»

Le général Copel rappelle ensuite les termes de l’article IV du TNP prévoyant que les signataires non dotés de l’arme nucléaire ont « un droit inaliénable à développer la recherche, la production et l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, sans discrimination ». Dans ces conditions, estime-t-il, tous les responsables iraniens, modérés ou non, affirment d’une seule voix leur droit à développer un cycle complet du combustible pour pouvoir exploiter leurs centrales nucléaires sans dépendre d’un quelconque approvisionnement extérieur. L’officier supérieur en déduit alors : « Les procès faits aux Iraniens concernant leurs installations nucléaires manquent donc clairement de base légale. Ce sont des procès d’intention : on soupçonne l’État iranien de ne développer ses installations nucléaires que pour se doter d’armes atomiques, mais on ne le prouve pas. » Il souligne également que les Iraniens n’ont pas respecté toutes les différentes résolutions, votées depuis le TNP par l’ONU et en particulier la fameuse résolution 1737 exigeant l’arrêt immédiat des opérations d’enrichissement.

« Mais ces résolutions, poussées en général par les Américains et leurs alliés israéliens, manquent elles-mêmes de base légale puisque les inspecteurs de l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA) n’ont jamais apporté la preuve que l’Iran ne respecte pas le TNP » écrit-il. Concernant plus directement les négociations entre Téhéran et le groupe des 5+1 il note la défiance et le scepticisme de certaines des parties face à une attitude plutôt coopérative des nouveaux responsables politiques iraniens. Pour lui « le ministre des Affaires étrangères français (Laurent Fabius NDLR) comme le Premier Ministre israélien ne croient manifestement pas en cette bonne foi. C’est leur droit. Mais ce droit ne devrait pas leur donner la possibilité de bloquer directement ou indirectement une négociation raisonnable. Le succès de celle-ci permettrait en particulier d’éviter que les Iraniens ne se retirent du TNP en rappelant que les Pakistanais, les Indiens et les Israéliens, qui n’ont pas signé le traité, ne subissent, eux, aucune sanction malgré leur armement nucléaire bien réel. » Jean-Pierre Delahaye

Comment on justifie les guerres Quelques exemples de faux prétextes et de montages qui ont justifié des guerres et des interventions militaires… Janissaires et faux charnier Chute du régime roumain, 1989. A la veille de Noël, alors que tombe la dictature de Nicolae Ceausescu, les téléspectateurs découvrent les images d’un charnier à Timisoara où, disait-on, gisaient quatre mille corps affreusement mutilés. Un mythe domine : celui de la conspiration. Celle des « hommes de la Securitate », décrits comme innombrables, invisibles, insaisissables ; surgissant la nuit, à l’improviste, de souterrains labyrinthiques et ténébreux

ou de toits inaccessibles ; des hommes surpuissants, surarmés, principalement étrangers (Arabes, surtout, Palestiniens, Syriens, Libyens) ou nouveaux janissaires, orphelins élevés et éduqués pour servir aveuglément leur maître ; capables de la plus totale cruauté, d’entrer dans les hôpitaux, par exemple, et de tirer sur tous les malades, d’achever les mourants, d’éventrer les femmes enceintes, d’empoisonner l’eau des villes... Tous ces aspects horribles que la télévision confirmait sont, on le sait aujourd’hui, faux. Ni souterrains, ni Arabes, ni empoisonnement, ni enfants enlevés à leurs mères, ni charnier de Timisoara... En revanche, chacun des termes de ces récits - « D’un bunker

mystérieux », racontait une journaliste, « Ceausescu et sa femme commandaient la contre-révolution, ces bataillons noirs, chevaliers de la mort, courant, invisibles, dans les souterrains... » - correspond exactement au fantasme de la conspiration, un mythe politique classique ayant servi à accuser, en d’autres temps, les jésuites, les juifs et les francs-maçons. Ignacio Ramonet, Télévision nécrophile, mars 1990

Couveuses débranchées Guerre du Golfe (1990-1991). L’invasion américaine fut aussi une vaste entreprise de manipulation. A l’ère proclamée de la libre circulation de l’information, les images et les mots LE RÉVEIL - N°798 - NOVEMBRE 2013

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LE RÉVEIL INTERNATIONAL international

furent contrôlés par les états-majors alliés et les spécialistes en communication. L’émirat du Koweït loua les services d’une grande agence qui « mit en scène » le document « amateur » présentant l’entrée des chars irakiens à Koweït Ville, le 2 août 1990. Elle organisa le témoignage, massivement relayé, d’une infirmière jurant que les soldats irakiens avaient débranché des enfants dans des couveuses : il fut décisif pour rallier l’opinion américaine à la mobilisation contre l’Irak. Quelques mois plus tard, on apprit que le « témoin » en question était la fille de l’ambassadeur du Koweït à Washington... Le Pentagone ne fut pas en reste. Il présenta à l’Arabie saoudite des photos truquées pour faire croire que l’Irak était sur le point de l’envahir et arracher ainsi l’acquiescement de Riyad au déploiement de ses troupes dans le royaume. Il distilla l’idée que les alliés devaient affronter la « quatrième armée du monde ». Il enrôla les journalistes au service de sa seule vérité. Dévoilés petit à petit, ces mensonges créèrent dans les opinions occidentales un solide scepticisme. Les médias promirent qu’on ne les y reprendrait plus. Innombrables furent les colloques sur ce thème. Désormais on enquêterait sérieusement... Alain Gresh, Une guerre si propre, février 2001

« Et nous, nous sommes si Bons » Guerre du Kosovo (1999). Aux frontières [du pays], des journalistes débarquèrent. Ils découvrirent d’immenses tragédies humaines ; ils ne purent que s’offusquer. Ils clamèrent l’urgence d’une « ingérence humanitaire », associèrent leurs journaux à des collectes, affichèrent des numéros verts, se sentirent confortés par des sondages, image instantanée d’une opinion instantanément confectionnée par des images. Armés de notre générosité et de nos dons, ils poussèrent l’avantage, envisagèrent la guerre terrestre qui seule

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libérerait ces foules errantes, « cette femme, cet homme, cet enfant à la peau blanche », « la petite fille de 5 à 6 ans qui écrasait son visage en pleurs sur la vitre arrière d’un car ». En vérité, ce n’était ni la couleur de la peau ni les larmes de l’enfance qui comptaient. Mais les déportés erraient devant nos caméras. Et nous, nous sommes si bons (...) La bonne propagande de guerre, ce n’est plus la vieille censure, c’est de savoir attirer les caméras devant des images irrésistibles et manichéennes, devant des scènes qui charrient une émotion mille fois plus docile que l’intelligence, cette machine lente et redoutable qui trie, digère, relativise, compare, intégrant à la fois le souvenir de très vieilles histoires sans image et l’imagination de conséquences forcément infilmables. Serge Halimi, Quand le doigt montre la Lune, mai 1999

Du plomb dans les têtes Offensive d’Israël à Gaza (décembre 2008). En 2006, l’offensive de Tsahal contre le Hezbollah au Liban avait été vécue comme un demi-échec, dans l’esprit de ses généraux, notamment parce que l’information n’avait pas été bien maîtrisée, et que l’opinion internatio-

nale avait vite été gagnée au sort des populations bombardées. Fin 2008, lors de l’offensive « Plomb durci » contre le Hamas, à Gaza, la solution trouvée par le gouvernement israélien consiste donc à étendre aux journalistes le blocus de Gaza pendant le conflit qui se prépare. Loin des caméras et du regard des reporters, les dramatiques conditions de vie des Palestiniens et les souffrances endurées par la population sont donc escamotées, autant que possible, aux yeux des témoins directs venus de la presse internationale. En dépit d’un arrêt de la Cour suprême israélienne, les reporters seront ainsi cantonnés en dehors de Gaza dans la zone israélienne exposée aux roquettes du Hamas, sorte de « journalistland » où les confrères tuent le temps en montrant des images d’une sorte de musée des roquettes Qassam ou en filmant à distance très respectable les lueurs des explosions qui parviennent du territoire palestinien. D’où un biais désastreux dans la couverture du conflit... Marie Bénilde, Gaza, du plomb durci dans les têtes, Information 2.0, Les blogs du Diplo, février 2009


LE CAHIER MÉMOIRE

le réveil

N° 798 NOVEMBRE 2013

des combattants

Pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix

ÉDITO

En septembre 1970, la victoire de l’Unité populaire, autrement dit de la coalition des partis de gauche chiliens, souleva l’enthousiasme du peuple chilien qui voyait enfin s’annoncer la possibilité de vivre dignement. Vivre dignement pour les hommes et les femmes de ce peuple c’était d’abord pouvoir prendre en main l’exploitation de ces richesses minières aux mains de multinationales nord-américaines et disposer enfin des terres accaparées par des grands propriétaires fonciers. Et ce gouvernement populaire, présidé par Salvador Allende, ne ménage pas ses efforts dès son installation pour prendre des mesures concrètes de progrès :

nationalisations, réformes agraires et réformes sociales. Cela ne fut pas du goût des compagnies nationalisées et des gros propriétaires de terres, sans oublier les États-Unis qui n’ont pas admis que s’installe au Chili un régime de justice et de démocratie réelles. Et ces réactions étaient aussi partagées par des privilégiés de l’ancien régime dont les chefs militaires. Et le pays connut le coup d’état militaire du 11 septembre 1973 dans lequel périrent non seulement le Président Allende mais aussi des milliers d’hommes et de femmes qui soutenaient et agissaient dans le cadre des actions du gouvernement de l’Unité populaire. Nous

Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807  Villejuif - Tél. 01 42 11 11 12

Par Paul Markidès

Chili au cœur nous inclinons devant ces martyrs et nous leur rendons hommage. Leur mémoire nous est précieuse à plusieurs titres : leur courage est un exemple qui inspire l’action des forces progressistes chiliennes qui agissent aujourd’hui pour le retour à la justice sociale et la démocratie, autant qu’il l’est pour nous dans nos propres luttes ; nous avons le Chili au cœur. Nous prenons en considération ce qu’ils ont vécu et particulièrement les agissements ignobles des forces réactionnaires pour alimenter notre vigilance dans notre propre action. Ce qui s’est passé au Chili doit nous faire réfléchir pour construire aujourd’hui et demain.

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LE RÉVEIL dossier

Le Chili tourné vers l’avenir ? Cathy CEÏBE

Ce n’est pas un traditionnel duel gauche / droite que départageront les Chiliens le 17 novembre, lors des élections générales. La présidentielle et les législatives ont lieu dans un contexte particulier. Tout d’abord parce que les scrutins de ce pays du cône sud de l’Amérique latine surviennent quelques semaines après les commémorations du quarantième anniversaire du coup d’État du 11 septembre 1973 qui a mis fin à l’expérience du gouvernement socialiste de Salvador Allende. Ils se déroulent également dans le cadre d’un paysage national marqué par des luttes appelant à des changements structurels, à commencer par la constitution mise en place par le dictateur Augusto Pinochet et toujours en vigueur. Une hérésie que la jeune génération, en premier lieu les étudiants, dénonce depuis plus de trois ans, en contestant, notamment, la marchandisation de l’enseignement public. A gauche donc, la socialiste Michelle Bachelet, fille d’un général assassiné parce que loyal au gouvernement de gauche de l’Unité populaire (UP), et qui fut présidente de 2006 à 2010. A droite, Evelyn Matthei, fille d’un dignitaire de la dictature, qui s’est imposée au terme de primaires disputées. L’une a été elle aussi une « disparue », torturée dans un des centres clandestins de détentions, tortures et disparitions forcées qui ont vu le jour au lendemain du « golpe » ; l’autre n’a jamais été inquiétée durant les années de plomb et de terreur du régime « pinochetiste ». Ce face-à-face était palpable durant les cérémonies du 11 septembre 14 -

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qui ont rendu hommage aux victimes de la dictature. A Santiago, comme ailleurs, des dizaines de milliers de Chiliens se sont souvenus des 40 000 victimes de l’interminable dictature d’Augusto Pinochet, dont 38 000 torturés, 3 000 exécutés et « disparus »... Un indispensable travail de mémoire dans un pays qui peine encore à rendre justice et réparation. Quarante ans après, d’infatigables militants des droits de l’homme et de partis politiques de gauche, notamment du Parti communiste du Chili (PCCh) ou encore de l’extrême gauche du MIR (Mouvement de gauche révolutionnaire), entre autres, continuent de répéter que l’oubli est impossible. Qui peut, en effet, gommer les effroyables

images de stades transformés en camps de concentration ? Ou encore les tortures et autres sévices physiques et psychologiques endurés par les démocrates et les progressistes, la douleur de l’exil, le long chemin du retour à la démocratie après 1988 ? Impossible non plus d’effacer les causes qui ont prévalu au passage de la junte militaire. Le 11 septembre 1973, les généraux félons ont voulu briser l’élan du gouvernement (UP) du socialiste Salvador Allende. Ils ont bénéficié de l’appui des ÉtatsUnis, traqué de manière massive puis sélective les opposants, grâce au terrorisme d’État et à l’internationale du crime qu’a constitué le Plan Condor, mise en place par les dictatures dans la région pour


dossier LE RÉVEIL

tuer toute résistance. Pour la droite chilienne et Washington, il fallait à tout prix mettre à bas les trois années de réformes structurelles, de peur que les transformations sociales et politiques n’inspirent d’autres nations sur le continent et ailleurs. Car l’expérience chilienne de « front populaire latino » a réveillé partout dans le monde un élan d’espoir de changement et de ruptures possibles par l’expression des urnes. C’est sans doute ce qui explique la solidarité qui s’est exprimée dès les premières heures du coup d’État. Entre 1970 et 1973, en effet, «la voie chilienne au socialisme» a suscité une incroyable illusion. D’abord auprès du peuple chilien, condamné jusqu’ici à n’être qu’un peuple de va-nu-pieds, victimes d’un pays défiguré par les inégalités sociales et l’insupportable concentration des richesses, notamment terriennes. Il fut le principal artisan de la stratégie de rassemblement de l’UP, une large coalition allant de l’extrême gauche au centre gauche, qui triomphera d’une courte tête, le 4 septembre 1970 (voir article suivant). « La victoire n’a pas été facile. Mais il sera encore plus difficile de consolider notre triomphe », prévient alors, visionnaire, Salvador Allende. Trois années durant, son gouvernement va s’employer à corriger les déséquilibres sociaux et économiques. Près de 700 000 hectares sont expropriés au profit de 100 000 familles sans terre. Des conseils paysans vont voir le jour pour soutenir l’application des réformes agraires gouvernementales. C’est en juillet 1971 que commence l’immense et symbolique chantier de la nationalisation des gisements miniers de charbon et de salpêtre. Alors que le Chili est le principal producteur mondial de cuivre, deux compagnies américaines, l’Anaconda Copper

Company et la Kennecott Copper, s’en partagent le contrôle. La nationalisation de l’or rouge déchaîne les foudres. Lorsqu’Allende décide de ne pas indemniser les propriétaires, les États-Unis répliquent en supprimant les crédits financiers et tentent d’imposer un embargo mondial sur le cuivre. La MaisonBlanche ne peut laisser faire sans compromettre là ses intérêts et ceux des multinationales qui ont trusté le Chili, selon la doctrine impériale de l’ex-président américain Monroe qui veut faire de l’Amérique latine son arrière-cour. Le gouvernement états-unien va activement soutenir toutes les grèves et les actions de blocage orchestrées par l’oligarchie, avec la complicité des grands médias, en vue d’étrangler l’économie. En sous-main, le Pentagone et la CIA suivent de très près les tentatives de déstabilisation du pays. Henry Kissinger, secrétaire d’État de l’administration Nixon, avait d’ailleurs expliqué sans sourciller : « Je ne vois pas pourquoi nous croisons les bras sans agir en regardant un pays devenir communiste à cause de l’irresponsabilité de son peuple. » Et ces agissements se vérifient encore aujourd’hui dans un certain nombre de pays où des gouvernements de gauche ou de centre gauche ont été élus cette dernière décennie, comme au Venezuela où des pénuries alimentaires sont sciemment organisées par le patronat hostile à l’exécutif bolivarien.

Le Chili a été le laboratoire du modèle néolibéral des Chicago boys. « La mise en œuvre de cette politique a correspondu à deux faits principaux : le virage de l’économie mondiale en crise au début des années 1980 et la mise en place de politiques néolibérales, ce qu’on a appelé en 1990 le consensus de Washington. Le but était que le Chili soit un champ d’expérimentation. Et, de fait, l’ultralibéralisme a été appliqué dans trois pays : les États-Unis de Reagan, la Grande-Bretagne de Thatcher et le Chili de Pinochet », rappelle l’économiste chilien, Hugo Fazio. « Tous les problèmes, c’était au marché de les résoudre et non pas à l’État. Il fallait ouvrir en grand l’économie, le commerce et les finances. Ce que le Chili a fait. Les capitaux ont pu y être transférés sans aucune restriction, le secteur financier primant sur l’économie réelle ». L’État s’efface au profit de la décentralisation et des privatisations des secteurs stratégiques dont les conséquences sont un désastre social et économique. L’éducation et la santé sont désormais un luxe pour la majorité des Chiliens, contraints de s’endetter à vie. Sur ce plan, le bilan de la dictature est « terrible », selon Hugo Fazio. « La

Dans le Chili de 1973, Pinochet va se charger de mettre à bas l’expérience socialiste au prix d’une féroce répression. Il mourra de sa « belle » mort, en 2006, sans jamais avoir à répondre de ses crimes. Après le référendum de 1988, où les Chiliens le poussent dehors (voir article plus loin), il laisse derrière lui un pays ficelé. Sur le plan économique d’abord. LE RÉVEIL - N°797 - octobre 2013

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LE RÉVEIL dossier

pauvreté a touché la moitié de la population, le chômage a augmenté », rappelle-t-il. « Les revenus ont été durement touchés. Sauf pour les 20 % des plus riches, qui détiennent l’essentiel de la richesse nationale. Ces inégalités ne sont toujours pas résolues. L’État s’est retiré des services publics, ce qui a ouvert le chemin à une dérégulation totale et aux privatisations. Dans l’éducation, dès 1981, les universités d’État ont été durement frappées ainsi que la recherche. La situation est comparable dans la santé, où toutefois le contrôle de l’État n’a pas disparu et a abouti à un système mixte ». Cependant, un déclencheur est en train de bousculer la donne. « La révolution des pingouins » de 2006, en référence à l’uniforme des lycéens, mais surtout, en 2011, le mouvement des étudiants dénonçant la libéralisation de l’enseignement public ont réveillé la société chilienne après des années de peur et de léthargie. La jeune génération ne conteste pas seulement le caractère marchand dicté par la constitution, et le corsetage du système politique. Elle remet en cause l’héritage de Pinochet, c’est-à-dire les normes qui régissent encore le pays. De ce fait, elle dénonce aussi la trop longue transition que les gouvernements de la concertation (coalition de centre gauche avec les socialistes), qui se sont succédé au pouvoir depuis le retour de la démocratie, ont savamment ménagé le statu quo autour du modèle politico-économique. Ce temps-là semble fini. Et Michelle Bachelet, qui est donnée ultra favorite dans les sondages, n’aura pas d’autres choix que de répondre favorablement à la volonté populaire de changement de la constitution. Ce qu’elle a d’ailleurs promis. Il s’agit pour le Chili de tourner enfin la page des avatars des années noires de la dictature.

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Les 1000 jours de l’Unité populaire, une expérience inédite brisée Bernard Duraud

Trois années ont rythmé «la voie chilienne au socialisme». Durant cette période bouillonnante de mobilisations, il y avait un immense besoin de justice sociale. Les Chiliens avaient « hérité de deux grandes tares de la société coloniale », écrit Eduardo Galeano (1), « les richesses minières aux mains de l’étranger et l’injustice flagrante de la distribution des terres (600 familles détiennent 60  % du sol) ». L’histoire du pays est une montée de l’exaspération des mineurs et des paysans contre les multinationales nord-américaines et les grands propriétaires. Depuis un siècle pourtant, les mineurs des gisements de salpêtre, de charbon et de cuivre commencent à s’organiser. Une prise de conscience aiguë se forme au sein de la classe ouvrière. En 1922, le Parti communiste du Chili est créé, onze ans plus tard, après une éphémère « république socialiste » de douze jours, le Parti socialiste

chilien est formé, se réclamant du marxisme. Lorsque Salvador Allende arrive au pouvoir, en septembre 1970, ce n’est pas la première fois que la gauche entre au gouvernement, comme en 1938, lorsqu’un Front populaire, que préside le radical Aguirre Cerda, prend la tête du pays. Mais c’est la première fois qu’il y a une Unité populaire, composée essentiellement de partis de gauche, avec un président qui définira, dans un discours du 21 mai 1971, le socialisme chilien


dossier LE RÉVEIL

comme « libertaire, démocratique et pluripartite». L’Unité populaire (UP), formée en 1969, est une large coalition qui comprend le Parti socialiste, le Parti communiste, le Mapu, né d’une scission de la démocratie chrétienne, le Parti radical, le Parti social-démocrate, ainsi qu’une petite formation, l’API (Alliance populaire indépendante). À l’extrême gauche, le MIR (Mouvement de la gauche révolutionnaire), apparu sous l’influence de la révolution cubaine dans les années 1960, a souvent apporté son «soutien critique» à l’UP, et prône la guérilla urbaine et rurale. Allende veut une « révolution dans la loi ». Il défend un programme ambitieux de nationalisations, mais aussi de réformes agraires, et surtout sociales  : « quarante mesures » concrètes tournées vers l’avenir. Il bénéficie de la dynamique de soutien des ouvriers, des paysans, des pobladores, des femmes issues des quartiers populaires et des classes moyennes, des syndicats, notamment la CUT (Centrale unique des travailleurs), d’intellectuels de renom comme Pablo Neruda, Victor Jara, Inti Illimani, Isabel y Angel Parra, ou encore les Quilapayun. Pour les États-Unis, c’est un crime de lèse

émancipation. La victoire d’Allende est pourtant fragile, et ce n’est que d’une courte tête qu’il dépasse ses adversaires. De fait, l’Unité populaire gouverne, mais elle ne détient pas réellement le pouvoir : les Chambres, l’appareil judiciaire, une bonne partie de l’administration et les médias lui échappent. S’appuyant sur les sociaux-démocrates et les communistes face à son propre parti divisé, Allende entreprend néanmoins la réforme agraire. Il s’agit d’expropriations avec indemnités de l’État aux propriétaires. En même temps, la création de conseils paysans ouvre la voie à une très large participation dans l’élaboration et l’application de politiques agraires. À partir de juillet 1971, commence la nationalisation des grands gisements miniers de charbon et de salpêtre. Reste le principal : le cuivre, contrôlé par deux américains, l’Anaconda Copper Company et la Kennecott Copper Company. Après de longs mois d’âpres discussions, la réforme constitutionnelle, indispensable à la nationalisation, est votée à l’unanimité. Quand Allende décide que les propriétaires nord-américains ne seront pas indemnisés, les États-Unis suppriment brutalement tous les crédits, sauf ceux accordés

aux militaires. Le gouvernement veut mettre fin aux grands monopoles. Il prend le contrôle de l’industrie textile, des cimenteries, de la Compagnie des téléphones, propriété du trust américain ITT, des banques les plus importantes du pays. La première année du gouvernement Allende apparaît, dans ces conditions, extraordinaire. En dehors de la distribution gratuite d’un demi-litre de lait quotidien à chaque enfant, l’une des mesures les plus populaires, les salaires augmentent, le niveau de vie s’élève. Des mesures sont prises pour diminuer le chômage (3,8 % fin 1971), améliorer le logement et geler les prix. La demande intérieure est dopée permettant aux usines de tourner à plein régime. Dès mars 1971, les résultats des élections municipales sont un premier succès puisque l’UP y recueille 50,9 % des voix. Deux mois plus tard, à la suite de l’assassinat d’un ancien ministre de l’Intérieur sous le gouvernement d’Eduardo Frei, le président chilien décrète pour la première fois l’état d’urgence, s’en remettant à l’armée. Dès lors, la droite et le patronat préparent la confrontation. Ils font descendre leurs troupes dans la rue lors d’une manifestation dite des « casseroles vides » (décembre 1971). Il s’agit de précipiter la déroute économique de cette gauche au pouvoir : blocages parlementaires et judiciaires, sabotages économiques et fuite des capitaux, avec la collaboration des grands médias. En fer de lance : le Pentagone, le département d’État, la CIA… Une réunion est organisée aux États-Unis entre les dirigeants américains et la CIA. En 1971, le président Nixon donne des instructions directes à la CIA pour faire hurler l’économie chilienne, selon sa formule. Non seulement la CIA va déverser des millions LE RÉVEIL - N°798 - NOVEMBRE 2013

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de dollars aux partis d’opposition (démocrates-chrétiens et conservateurs), mais plusieurs multinationales américaines apportent également leur concours à cette stratégie. Une partie des fonds collectés servira à financer la grève des camionneurs. Peu à peu le pays commence à sentir les effets de l’étranglement : refus de crédits, pressions sur les organismes internationaux, difficultés de ravitaillement et d’approvisionnement en pièces de rechange, marché noir, hausse des prix, puis grève des commerçants et des camionneurs… L’agression économique, la chute brutale des cours mondiaux du cuivre, la stratégie délétère de la démocratie chrétienne consistant à utiliser toutes les astuces de la Constitution et de l’appareil d’État pour saper la présidence d’Allende, alors que se profilent les législatives de mars 1973, aggravent les tensions sociales. Entre 1971 et 1973, grèves et manifestations se succèdent sur la droite du gouvernement, occupations de terres et d’usines se multiplient sur sa gauche. En octobre 1972, lors d’une manifestation de 300 000 personnes, les dirigeants de la droite lancent un appel à « lutter par tous les moyens » contre le gouvernement, accusé d’illégalité. Le lendemain, la corporation des transports routiers décrète une grève illimitée puis les commerçants et les professions libérales leur emboîtent le pas avec en renfort l’extrême droite fascisante de Patrie et Liberté. En réponse à ce sabotage patronal et ces attaques, le pouvoir populaire s’organise. Des comités de ravitaillement et des structures de contrôle ouvrier comme les « Cordons industriels » voient le jour, formés de représentants

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de toutes les entreprises, des quartiers, des conseils paysans avec lesquels ils organisent directement la livraison de produits agricoles. Dans les communes, des commandos sont mis en place, élus et révocables par les habitants. Dans l’action, tous se mettent d’accord, militants, sympathisants des différents partis, hors des consignes de la direction de la CUT. La centrale syndicale s’affirme comme la courroie de l’exécutif en prenant en charge le « système de participation des travailleurs » au sein des entreprises nationalisées. Mais, pour l’UP, engagée dans une politique de conciliation avec la démocratie chrétienne, qui ne cesse de durcir son oppositionsédition, il n’est question que de contenir ce mouvement à la base. Allende n’a que peu de marge pour trouver une solution à la crise. Pour préserver l’unité du pays, il opère un remaniement ministériel et confie le ministère de l’Intérieur au légaliste Carlos Prats, le chef des armées. Malgré les tensions et la valse des prix qui dévorent le niveau de vie, les résultats des élections de mars

1973 au Congrès, 44  % pour l’UP, démontrent que le soutien populaire à Allende a augmenté depuis 1970. Des militaires, du régiment des tanks de Santiago, tentent un premier coup d’État le 29 juin 1973. C’est le fameux « tankazo », maté par le général Prats lui-même, qui démissionnera deux mois plus tard. Il est remplacé par Augusto Pinochet qui jure loyauté au gouvernement constitutionnel, tandis que se multiplient les protestations des secteurs les plus radicalisés qui s’en prennent au légalisme timoré des leaders « réformistes » de l’Unité populaire. Acculé, Allende cherche désespérément une solution politique. Il prévoit un discours le 11 septembre pour proposer un plébiscite sur la réforme de la Constitution et organiser de nouvelles élections. Il n’en aura pas le temps. Pour les militaires, la bourgeoisie chilienne et Washington, l’heure du coup d’État a sonné. Il faut en finir avec l’UP et ses conquêtes sociales. (1) Les Veines ouvertes de l’Amérique latine, Terre humaine, Plon, 1981


dossier LE RÉVEIL

Le Président en uniforme Bernard Duraud Pinochet a fait le vide autour de lui. Qui d’ailleurs pourrait contester le président en uniforme ? Le 11 septembre 1980, alors que tous les partis politiques sont interdits, un référendum (après la farce du plébiscite de 1978), imposé sous régime d’état de siège, approuve avec 67 % de « oui », une nouvelle Constitution. Le texte fixe à huit ans la durée du mandat présidentiel. Il prévoit, au terme d’une période additionnelle de huit autres années, qu’un candidat unique, choisi par la junte, devra être ratifié par un plébiscite. En cas de rejet, des élections générales seront organisées dans un délai d’un an. Le Tribunal constitutionnel et le Conseil de sécurité national sont établis et confèrent désormais au président et à la junte des pouvoirs exorbitants. Les syndicats et les grèves sont interdits, la Sécurité sociale est démantelée, la législation du travail est mise en pièces. L’économie est systématiquement dénationalisée. Seules les mines nationalisées en 1971 sont en partie épargnées. Neuf ans après le coup d’État, le peso a perdu la moitié de sa valeur, 30 % de la population active est au chômage, les exportations ont chuté, l’industrie est au point mort. Le pays est exsangue. L’échec du modèle ultralibéral est consommé le 15 décembre 1982 avec une grande manifestation dans les rues de Santiago au cri de : « Pain, travail, justice et liberté ! » La faillite des Chicago Boys entraîne la généralisation des « protestas », puis des appels à la grève générale. Pinochet ne peut empêcher la reconstitution du tissu social et politique. Syndicats et partis se reforment dans la clandestinité. Les milieux

culturels, intellectuels, associatifs sont mobilisés, les universités bouillonnent, la rue gronde. Pinochet cède du terrain. Ses relations avec l’Église, dont le rôle est essentiel à travers les communautés chrétiennes de base, se dégradent. Fin 1986 : Luis Maira, pour la gauche chrétienne, Almeyda, pour sa faction du PS, et Luis Corvalan, depuis Moscou, pour le PCCh, se définissent pour une solution politique à la crise du pays. Blâmé à une écrasante majorité à l’ONU, isolé en Amérique latine (fin des dictatures au Brésil, en Uruguay et en Argentine), le Chili voit s’évanouir peu à peu ses derniers soutiens. Même pour les États-Unis de Ronald Reagan, la brutalité de Pinochet est devenue un obstacle, tant leurs intérêts dans la région sont importants. Pour la première fois, en mars 1986, Washington vote une résolution de l’ONU condamnant la violation des droits de l’homme au Chili. Fort d’un rebond de l’économie, Pinochet cherche à légitimer sa position. Il se fait désigner candidat à la présidence pour l’élection de 1989. Un référendum, le 5 octobre 1988, doit confirmer ce choix. En août 1988, l’état d’urgence est levé; dans la foulée, les partis sont légalisés et les exilés autorisés à rentrer. Une intense campagne se cristallise autour de deux coalitions, le Cartel del no, les partis d’opposition (des socialistes marxistes à la droite libérale), d’un côté, et, de l’autre, l’Alliance nationale. À 56 % des votes, le dictateur est rejeté. Dès lors, le paysage politique devient bipolaire et la junte doit composer politiquement avec les principaux vainqueurs, les dé-

mocrates-chrétiens, les socialistes et les radicaux - la future Concertation - ce qui augure une transition longue et «négociée». Pinochet accepte difficilement le résultat, mais sa retraite est assurée. Il conserve ses fonctions de commandant en chef de l’armée de terre jusqu’en mars 1998, puis devient sénateur à vie. Le 14décembre 1989, le Chili exulte enfin. Patricio Aylwin, candidat unique de l’opposition regroupée au sein de la Concertation des partis pour la démocratie, soutenue par le Parti communiste, remporte la présidentielle avec 55,2 % des suffrages contre le candidat de la junte, Hernan Büchi (29,4 %). Son gouvernement de « transition vers la démocratie » qui entre en fonction en mars 1990 suivra les rails des militaires avec plus de social, plus de libertés et « beaucoup moins de répression ». En 1994, son successeur, le démocrate-chrétien Eduardo Frei, ne changera pas de ligne. Lancé sur cette voie de la transition, le Chili, depuis, n’en finit plus de se normaliser.

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L’éducation, les lycéens et étudiants

Leurs luttes au cœur des enjeux démocratiques Cathy Ceïbe

Depuis une décennie, les mobilisations lycéennes et étudiantes contestent le modèle néolibéral qui prévaut dans l’enseignement. Cette fuite en avant hypothèque l’avenir de la jeune génération. Délaissant leur uniforme noir et blanc à l’origine de leur surnom de « pingouins », les lycéens ont repris,au mois de juin 2013, le chemin de la grève. « Nous sommes face à un problème politique. La Moneda (le palais présidentiel) et le ministère de l’Éducation considèrent que l’éducation n’est pas un droit mais un bien de consommation », résume Moises Paredes, porte-parole de la Coordination nationale des étudiants du secondaire (Cones). « Nous voulons la démunicipalisation de l’éducation et sa démocratisation, pour qu’elle soit gratuite, publique et de qualité », revendique le lycéen. Des doléances portées et entendues depuis plus d’une décennie au Chili. En 2001 déjà, les lycéens et les étudiants ont été à l’origine du mouvement le « mochilazo » (sac à dos), contre les tarifs des transports scolaires et les frais de scolarité. En 2006, la « révolution des pingouins » est revenue à la charge en faveur de la gratuité des transports et de l’examen d’entrée à l’université (PSU), équivalent du bac, mais payant. Puis, ils sont partis bille 20 -

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en tête contre la loi organique constitutionnelle de l’enseignement (Loce), héritage du dictateur Pinochet qui a instauré le désengagement de l’État, privatisant le système éducatif que l’Unité populaire souhaitait ouvrir en grand à tous les Chiliens. Depuis, l’éducation est devenue un bien marchand. Car, le satrape, fidèle à l’esprit néolibéral de l’école des Chicago Boys, a théorisé l’entrée des capitaux privés dans les centres d’éducation et à tous les niveaux, au nom de la « liberté d’enseigner ». «  La Concertation des gouvernements de centre gauche a poursuivi et approfondi ce modèle », rappelle Moises Paredes. En 2008, un ersatz de la Loce, la loi générale d’éducation (LGE), avait valu à l’exécutif socialiste de Michelle Bachelet une grève illimitée. Mais la rupture date de 2011. Cette année-là, des centaines de milliers d’étudiants vont contester le legs pinochétiste. « L’éducation est en crise », souligne Andres Fielbaum, président de la Fédération des étudiants de l’université du Chili (Fech). « Les familles ont cru à une ascension sociale de leurs enfants à travers l’éducation. Mais dans les faits, elles ont été contraintes de s’endetter à vie pour financer les études des leurs. C’est ce qui a motivé le mouvement des étudiants de 2011 qui contestait le système inégalitaire de bourses, l’endettement, en revendiquant la gratuité pour tous. » Les chiffres parlent d’euxmêmes. Les mensualités des

frais d’inscription s’élèvent en moyenne à 550 dollars. Résultat : 70 % des étudiants sont endettés et presque autant sont contraints d’abandonner leurs études en cours de route. Depuis deux ans, les étudiants sont sur le devant de la scène, en dépit du mépris affiché par le gouvernement de droite du président multimilliardaire, Sebastian Piñera, et du recours à la force, comme il est trop de coutume dans le pays. Le mouvement a gagné la sympathie de la société : plus de 80 % des Chiliens soutiennent sa colère. Il a essaimé, et favorisé l’émergence d’une dynamique sociale multisectorielle et unitaire à même de secouer la léthargie ambiante avec des luttes dans le secteur de la santé, par exemple. « Notre mouvement constitue un enjeu générationnel », insiste Andres Fielbaum. « Nous n’avons pas peur des dissensions héritées de la dictature de Pinochet et que celles-ci s’affrontent politiquement, à la différence des années 1990 où le Chili était gouverné sur la base de consensus entre la droite et la Concertation. Aujourd’hui, l’éducation joue un rôle dans la contestation du modèle économique. » Au caractère subsidiaire de l’État, le monde éducatif oppose le souhait d’un État garant des droits universels et d’une démocratie renouvelée. Ce n’est pas un hasard si la jeune génération se fait le porte-voix d’une constituante à même de se libérer du texte fondamental dicté par le dictateur.


Vie de l’arac LE RÉVEIL

ARAC Isère (38)

Assemblée générale Le comité départemental ARAC Isère s’est réuni en assemblée générale, le 12 octobre 2013 à Seyssinet-Pariset, en présence de Liliane Rehby secrétaire nationale de l’ARAC, de Renaud Pras, directeur départemental de l’ONAC, de Mme Battistel, députée de l’Isère, de M. Lissy conseiller régional et de MM. les maires de Seyssinet-Pariset et Seyssins. Après les rapports, moral, d’activité

et financier, acceptés à l’unanimité, la quarantaine d’adhérents présents ont pu discuter dans un climat serein de la situation des anciens combattants. Monsieur Cermeno nous a donné des informations de la dernière réunion de l’UFAC, complétées par Madame Rehby, Monsieur le directeur de l’ONAC a donné des précisions sur toutes les questions posées et a conclu en précisant qu’il était à la disposition des asso-

ciations pour régler au mieux tous les problèmes des anciens combattants. Des gerbes ont été déposées aux monuments aux morts de Seyssinet-Pariset et Seyssins. Le président départemental, Robert Maeder, a été reconduit dans ses fonctions pour deux années. Michel Hamon

Trébeurden (22)

Légion d’honneur Édouard Quemper, membre d’honneur du Conseil national de l’ARAC, remet les insignes de Chevalier de la Légion d’honneur à notre camarade Daniel Hecquet du comité départemental des Côtes-d’Armor « ancien résistant particulièrement valeureux ».

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LE RÉVEIL Vie de l’arac

Commémorations du 11 Novembre Romainville (93)

St-Jal (19)

Près de 200 personnes ont participé aux cérémonies du 11 novembre à Romainville (Seine-Saint-Denis) parmi lesquelles de nombreux élèves costumés de 3e du collège Gustave Courbet, accompagnés du principal de l’établissement Olivier Catayée et de la principale adjointe Baya Bali et de professeurs. Notre camarade Paul Markidès, président local de l’ARAC, avec le concours de quatre élèves, devait y prendre la parole (notre photo) dans une salle où a été présentée l’exposition 14-18 de l’ARAC et des travaux des élèves.

Vaucluse (84)

Le 5e rassemblement vauclusien organisé par l’Association républicaine des anciens combattants, la Ligue des Droits de l’homme et la Libre Pensée pour la réhabilitation des fusillés pour l’exemple s’est tenu le 9 novembre 2013. Une cinquantaine de citoyens se sont retrouvés rue Alexandre-Blanc (Avignon), un lieu choisi en hommage au député internationaliste du Vaucluse qui fut une des figures emblématiques du combat contre les crédits de guerre et pour la paix immédiate pendant la 1re Guerre mondiale. 22 -

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Ce lundi 11 novembre, des Saint-Jalois s’étaient joints aux nombreux pacifistes corréziens qui convergeaient vers Gentioux (23) pour dire « Non à la guerre ! Non à toutes les guerres ! » et exiger la réhabilitation complète et immédiate des 650 fusillés pour l’exemple, dont l’un d’eux est le plus jeune mort de notre commune. Au nom de la section de Saint-Jal de l’Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre, Michel Agnoux (notre photo) y intervenait pour évoquer les fraternisations occultées par l’histoire officielle et délibérément minorées alors que, si elles s’étaient généralisées, le conflit eut été rapidement terminé.…

Nous publierons, dans le prochain numéro du Réveil (décembre-janvier), la suite des différentes commémorations que nous avons reçue. N’hésitez pas à nous contacter. La rédaction


VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Chenove (21)

Soutien aux victimes de l’agent orange Les 25 et 26 octobre derniers, avec Jean Ianelli, président de la section de l’ARAC et Daniel Mas, président du Comité départemental du Village de l’Amitié en Côte-d’Or, en présence des pionniers de Chenove, deux journées avec exposition, projection de films et débats ont rassemblé près de 50 personnes accueillies par M. Esmonin, maire de Chenove. Chacun a pu apprécier cette manifestation pleine de réalisme et d’émotion devant les images des films présentés. Raphaël Vahé, président du Comité national de l’ARAC et du Comité national du Village de l’Amitié, a fait un exposé sur les effets de l’agent orange et a lu le message de soutien de M. Duong Chi Dung, ambassadeur du Vietnam en France, remerciant les organisateurs pour leurs engagements solidaires et le soutien aux victimes de l’agent orange. Georges Doussin, empêché, a tenu à s’associer à ces journées en rappelant son attachement aux pionniers chenevois.

Hauts de Seine (92)

Soutien au Village de l’Amitié L’initiative organisée par le Comité local de Malakoff le samedi 12 octobre 2013 a eu un triple objectif : - informer la cinquantaine de participants à la soirée de l’évolution du village de l’Amitié au Vietnam avec le support d’une exposition sur le Village et les activités proposées aux enfants victimes de l’agent orange, - rappeler les effets catastrophiques de l’agent orange contenant de la dioxine, tant sur la population vietnamienne que sur l’environnement, provoquant un véritable « écocide », récolter des

ARAC Dijon (21) Lors des obsèques de Jean-Paul Méritet en juillet dernier, la famille a collecté 700 € au bénéfice du Village de l’Amitié.

fonds destinés au village, grâce à une vente d’artisanat vietnamien et à une tombola. A l’issue du repas, préparé par un ami vietnamien, nous avons eu l’heureuse surprise d’apprendre que le gros lot de la tombola est un billet d’avion Paris-Hanoï offert par Vietnam Airlines. Le gagnant participera à notre voyage au Vietnam prévu en avril 2014. L’initiative a reçu le soutien de Catherine Margaté, maire de Malakoff, et de nombreuses personnalités locales et départementales, ce qui récompense nos efforts et confirme notre souhait de poursuivre cette grande œuvre de solidarité, de fraternité et de paix. Notre engagement et le renouvellement de ces manifestations nous permettant d’améliorer la vie au Village de l’Amitié.

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LE RÉVEIL Vie de l’arac

Arac 33 69e cérémonie d’hommage aux fusillés de Souge A l’invitation des familles, du comité des fusillés de Souge, en présence des autorités civiles, militaires et religieuses, une trentaine de porte-drapeaux ont défilé devant les stèles, suivis par près de 300 personnes. Moment très émouvant quand trois jeunes ont nommé, un par un, les 256 fusillés identifiés en précisant leur nom et prénom, leur âge suivi de la mention « Mort pour la France ». De nombreuses gerbes des élus et associations présents ont été déposées. La Marseillaise, puis le Chant des Partisans ont clos cette cérémonie. Hugues Dominguez

ARAC Nantes (44)

Quelle belle soirée pour notre ARAC que ce 17 octobre 2013 à Vertou, une commune de l’agglomération nantaise ! La section, qui était en sommeil depuis plusieurs années, s’est réunie pour fêter sa renaissance : elle est passée de 3 à 16 membres, un nouveau bureau a été mis en place et les adhérents ont choisi Claude Le Cloarec pour président. Après les interventions de Claude Le Cloarec et du président départemental qui était invité, un échange a eu lieu avec les adhérents, femmes et hommes, autour des valeurs de notre ARAC, de 24 -

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ARAC 72 L’ARAC de la Sarthe au 72e anniversaire de la fusillade des 27 résistants de Châteaubriant

son engagement dans le mouvement social, la lutte pour la paix, le droit international, l’ONU et la Charte. En effet sept d’entre eux, compte tenu de leur âge, sont des non combattants, la plus jeune a 32 ans, c’est sur ces bases qu’ils ont adhéré. Une soirée dynamique et porteuse d’avenir qui s’est clôturée par le pot de l’amitié. Jean-Claude Salomon Président ARAC Loire-Atlantique

Face à près d’un millier de personnes et sous une pluie battante, chacun reste recueilli face aux poteaux alignés, en écoutant les noms de ceux qui ont péri sous le feu des SS. L’ARAC aidée par deux enfants prit part au traditionnel dépôt de gerbe, faisant nôtre, la dimension du mot Résistance.


LE RÉVEIL Vie de l’arac

ARAC Nièvre (58)

Hommage au premier fusillé de la Nièvre, Louis Fouchère, avec la présence de notre porte-drapeau Gilbert Lucazeau.

ARAC Pessac (33) Dimanche 20 octobre 2013 à 11 h, la section ARAC de Pessac a invité la population à venir commémorer le souvenir de ces patriotes résistants en présence de Jean-Jacques Benoît, maire de Pessac, conseiller général et vice-président de la CUB, Odette Eyssautier, adjointe au maire, Édith Moncocut, adjointe et conseillère générale, Dominique Dumont, adjointe à la vie associative, Maria Fuentes, conseillère municipale, Isabel Vincent-Pereira, conseillère municipale, Didier Sarrat, conseiller municipal, Hugues Caillaud, président du Comité d’entente des anciens combattants de Pessac, André Sourbé, représentant le Comité des

fusillés de Souge, Georges Gili, responsable de l’Association pour la mémoire des martyrs de l’aéronautique. Christian Élie, président de la section ARAC de Pessac, a lu une déclaration. Après le Chant des Partisans, a eu lieu les

dépôts de gerbes : municipalité, député, ARAC et PCF. Ensuite, sonnerie aux morts, suivie d’une minute de silence et de recueillement. A la fin de la cérémonie, un vin d’honneur a été servi à tous les participants.

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LE RÉVEIL VOS DROITS

L’ARAC dénonce un projet de budget inacceptable Le projet de budget 2014 pour les ACVG est venu en débat devant l’Assemblée nationale le 4 novembre dernier, en présence de 55 députés dont, au départ, une minorité d’élus de la majorité PSVert. Lamentable et tragique pour la démocratie et l’image du parlementarisme… Au cours d’une rapide prise de parole, le ministre délégué aux Anciens Combattants, M. Kader Arif, a rappelé les avancées magnifiques de son projet : - attribution de la carte du combattant aux ATM ayant servi au moins 120 jours « à cheval » sur la date du 2 juillet 1962. Coût prévu 5,5 millions d’euros pour 8 400 personnes… - plafond de ressources de l’ADCS porté à 932 euros au lieu de 900. Coût : 800 000 euros, - crédits pour l’aide sociale par l’ONAC abondé de 500 000 euros, - crédits pour un appareillage de dernière génération destiné aux soldats amputés en OPEX. Coût 1 million d’euros, - centenaire de 14-18 et 70 ans de la Seconde Guerre mondiale, crédits de 6 millions d’euros. Tout cela devant « tenir » dans les 13 millions « arrachés » au budget nous dit-il… Sauf que le décret « rabotant » la subvention d’État aux rentes mutualistes rapporte déjà 10 millions en 2013, plus 30 millions en 2014 et autant en 2015 ! Il y a donc de la « marge » pour faire mieux et accorder la campagne double, le relèvement des pensions des veuves de guerre et de veuves de grands invalides et, surtout, le rattrapage du retard de la valeur du point PMI (- 44,41 %) bloqué depuis plus de 3 ans (1 centime de + en 2013 et « autant » en 2014) par le gel du point de la Fonction publique 26 -

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sur lequel il est indexé.

43 amendements C’est le total des propositions d’améliorations présentées par les députés, en majorité PCF, UMP et UDI. deux amendements furent adoptés de façon rocambolesque et le 3e de manière autoritaire par le gouvernement contre sa propre majorité ! Le premier, déposé par l’UMP, vise à accorder 2 points de plus à la retraite du combattant. Voté contre l’avis du gouvernement et de sa majorité par 27 voix contre 25 ! Le second, déposé par l’UDI, vise à porter le plafond de la rente majorable à 126 points (au lieu de 125). Lui aussi est adopté contre l’avis du gouvernement. Le troisième est présenté par le gouvernement, le ministre du Budget luimême ! Il vise à accorder un supplément de pension de 360 points aux 50 veuves de grands invalides dont le mari avait un taux de pensions de 10 000 points (coût 250 000 euros). En fait, il fut imposé contre l’amendement défendu par la rapporteure socialiste de la Commission de la défense dont le texte concernait plus de 450 veuves de grands invalides et coutait 1 million d’euros. Mesquinerie gouvernementale qui, pour une question de gros sous !, écarte plus de 400 veuves de grands

invalides d’une réparation juste exigée par l’ensemble du Mouvement ancien combattant au premier rang duquel l’ARAC. Mais en même temps, signe de faiblesse d’un gouvernement en difficulté, contraint de faire monter au créneau le ministre du Budget lui-même pour faire taire et contrer tous les députés… emmenés par la rapporteure de sa propre majorité! Mais aussi, premier résultat - trop minime hélas ! - au service de veuves des grands invalides, contraignant le gouvernement, par l’action du mouvement ACVG, de lâcher du lest face à une pression grandissante et à accorder quelques crédits.

En tirer les leçons pour amplifier nos actions revendicatives, nos initiatives publiques spécifiques et les liens avec celles de toutes les victimes d’une inacceptable politique d’austérité, tournant le dos aux valeurs de gauche sur lesquelles furent élus le Président de la République et sa majorité parlementaire. Plus que jamais, exigeons que soient mis en œuvre une politique s’inspirant des valeurs de la République et de l’exemple modernisé du programme du Conseil national de la Résistance au service des intérêts des peuples et de la souveraineté nationale de la France.


VOS DROITS LE RÉVEIL

Communiqué de l’ARAC

Budget ACVG 2014 L’ARAC refuse la parodie de débat à l’Assemblée nationale et appelle le Sénat à amender le projet de budget 2014 des Anciens Combattants et Victimes de Guerre, ou à le rejeter. L’Association Républicaine des Anciens Combattants et Victimes de Guerre, des Combattants pour l’Amitié, la Solidarité, la Mémoire, l’Antifascisme et la Paix (ARAC) dénonce avec force l’adoption, le 4 novembre dernier à l’Assemblée nationale, d’un projet de budget 2014 des ACVG en baisse de 80 millions d’euros sur l’an passé et dont le contenu, malgré quelques maigres avancées, est dans l’incapacité de répondre aux attentes légitimes des anciens combattants et des victimes de guerre. L’ARAC déplore le caractère lamentable d’un débat manifestement mal préparé par le gouvernement et sa majorité dont les députés ont été (un temps) minoritaires en nombre dans un hémicycle où ne siégeaient pourtant que 55 élus, donnant ainsi une image désolante du rôle parlementaire. L’ARAC dénonce les pratiques antidémocratiques de la Constitution de 1958, laquelle donne tout pouvoir à l’exécutif au détriment du législatif. Ce qui a amené à ce spectacle incroyable d’un ministre du Budget (M. Bernard Cazeneuve) opposant un amendement du gouvernement à celui présenté par la rapporteure socialiste de la Commission de la défense et des forces armées (Mme Paola Zanetti) et imposant de fait un texte « coûtant moins cher » (250 000 euros pour cinquante bénéficiaires) que l’amendement de la Commission (1 million d’euros pour 450 bénéficiaires). Ainsi sans aucun état d’âme, le gouvernement a fait l’impasse

sur le sort de 400 veuves de grands invalides pour lesquelles l’ensemble du Mouvement ACVG (au premier rang duquel l’ARAC) réclame enfin justice et réparation. Par ailleurs, l’ARAC condamne avec force l’atteinte au droit imprescriptible à réparation qu’est le décret n° 2013-253 du 24 septembre 2013, « rabotant » de 20 % le montant de la subvention d’État accordée pour la constitution d’une rente mutualistes AC. Cette atteinte à la loi du 4 août 1923, mise en œuvre sans information et encore moins concertation du mouvement ACVG ni des Sociétés de rentes mutualiste (sauf la CARAC et l’UMR « choisies » comme « garanties » par le gouvernement), est inacceptable et repose non sur le droit, mais sur la course aux rentrées financières pour le budget (10 millions en 2013, 30 en 2014 et 30 en 2015), alors qu’aucune mesure réelle n’est mise en œuvre contre les évasions fiscales ni contre les rentes exorbitantes servies aux actionnaires de la grande finance et du CAC 40. Prendre dans la poche des plus défavorisés à qui est imposée une politique d’austérité au service des casseurs de l’économie et de l’emploi est inacceptable ! L’ARAC exige donc avec force l’abrogation de ce décret scélérat. Aussi l’ARAC demande-t-elle aux sénatrices et sénateurs qui vont devoir débattre du projet de budget en question, le 4 décembre prochain, de l’amender de façon significative et concrète ou, si le gouvernement s’y oppose, de le rejeter pour obliger à une révision en hausse des crédits. L’ARAC se déclare prête à rencontrer toutes celles et tous ceux qui souhaitent l’amélioration de la justice et le maintien du droit inaliénable à réparation des anciens combattants et victimes de guerre de toutes les générations. Le Secrétariat national Villejuif, le 13 novembre 2013

Le rassemblement du 30 octobre dernier, devant l’Assemblée nationale, avec M. Candelier, député communiste du nord, Patrick Staat et Paul Markidès.

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LE RÉVEIL Vos droits

Carte du combattant Afghanistan Un arrêté du 20 septembre 2013 paru au Bulletin officiel des armées du 18 octobre a fixé, pour l’armée de terre et la gendarmerie, la liste des unités et le relevé des actions de feu et de combat à prendre en considération pour l’attribution de la carte du combattant au titre des opérations menées en Afghanistan et pays limitrophes du 3 octobre 2001 au 31 décembre 2012. Il s’agit, en clair, des formations toutes armes (TTA), engagées dans les opérations « Enduring Freedom », « Héraclès », « Pamir », « Epidote » et « Arès ». Ce qui comprend les éléments de la force de sécurité internationale stationnée sur le territoire de l’Afghanistan, ainsi que les « Opérationnel mentoring and liaison teams » (OMLT), « Advisor teams » (AT) et Police opérational mentor and liason teams » (POMLT) au sein des corps, bataillons ou compagnies de l’armée afghane. • Quatre périodes sont retenues, à savoir : - du 24 janvier 2002 au 28 mai 2002, (70 actions feu ou de combats - AFC - et 15 jours de bonification auxquels s’ajoutent 1 AFC et 30 jours le 6 juillet), - du 12 janvier 2003 au 16 juin 2005, (1 241 AFC et 285 jours de bonification), - du 1er juillet 2005 au 12 décembre 2006, (554 AFC et 270 jours de bonification), - du 15 avril 2007 au 31 décembre 2012, (7 993 AFC et 1 065 jours de bonifications). Ces chiffres témoignent du nombre des engagements et de l’intensité des

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combats. S’agissant des AFC, 9 878 sont dénombrées de 2002 à 2012, passant de 90 au départ, pour culminer à 2 273 en 2009, puis à 1 388 à 2010 et enfin 1 591 la dernière année 2012. S’agissant des jours de bonifications qui situent l’intensité des combats, 1 815 jours ont été attribués, soulignant l’âpreté des engagements en 2009 (2 273 AFC et 375 jours de bonifications). Pour connaître le détail par mois et par année, contactez le service juridique de l’ARAC.

Rwanda, Zaïre Un arrêté du 22 juillet 2013 paru au Bulletin officiel des armées du

18 octobre a fixé, pour l’armée de terre et la gendarmerie, la liste des unités et le relevé des actions de feu et de combat à prendre en considération pour l’attribution de la carte du combattant au titre des opérations menées au Rwanda et pays limitrophes du 15 juin 1994 au 14 juin 1997. Il s’agit, en clair, des formations toutes armes (TTA) de l’opération « Turquoise » et les dispositions prises concernent l’ensemble des personnels de l’opération au Rwanda, mais aussi des éléments français au Zaïre, y compris les détachements et les personnels isolés. Et le relevé des actions de feu et de combat les décompte ainsi pour 1994 : juin 7, juillet 69, août 59, septembre 31.

Commission nationale de la carte du combattant Le groupe spécial de travail s’est réuni le 23 octobre 2013 aux Invalides, à Paris. André Fillère y participait. Le groupe a examiné 3 998 demandes auxquelles il a accordé la carte du combattant selon la répartition suivante : 18 AC 39-45, Indochine, 22 ; AFN, 1 280 (dont 1 192 au titre de l’Algérie, 42 pour le Maroc et 49 pour la Tunisie) ; OPEX, 2 678 (dont 1 080 pour l’ex-Yougoslavie, 754 pour l’Afghanistan, 306 pour le Tchad, 160 pour la Côte-d’Ivoire, etc). Depuis le début 2013, la Commission a examiné 26 146 dossiers, attribué 21 862 cartes et rejeté 4 249 demandes.

Par ailleurs, deux arrêtés parus au Bulletin officiel des armées (l’un au 20 septembre 2013) ont publié : - la liste des unités et le relevé des actions de feu et de combat de l’armée de terre et de la gendarmerie pour l’attribution de la carte du combattant au titre des opérations menées en Afghanistan du 3 octobre 2001 au 31 décembre 2012, - l’autre du 22 juillet 2013, pour les sections armées engagées dans les opérations menées au Rwanda du 15 juin 1994 au 14 juin 1997. Les prochaines réunions auront lieu les 3 et 4 décembre, puis le 5 février 2014.


VOS DROITS LE RÉVEIL

Le gouvernement a le sens des anniversaires !

Et le député va manger son chapeau

Pour le 100e anniversaire de la création des écoles de rééducations professionnelles de l’ONAC (Lyon 1914), le gou- Le 4 novembre, lors du débat sur le vernement entend les « expulser » de projet de budget 2014 des ACVG à celui-ci. Elles sont neuf, couvrent 25 % l’Assemblée nationale, le député PS, de la formation professionnelle en Régis Juanico, a rappelé avec fougue France, ont des résultats exceptionnels que, en 2011, un amendement favoet sont les seules à délivrer des diplômes rable aux ACVG avait été voté à l’unade l’Éducation nationale. Chapeau ! nimité, mais que « le gouvernement Pour le 90e anniversaire de la loi créant, de l’époque a demandé une deuxième en 1923, le droit à se constituer une délibération » pour annuler cet amenrente mutualiste par capitalisation dement pourtant adopté. « Ne venez pour les anciens combattants, le gou- donc pas nous donner de leçon… » ajouvernement « rabote » de 20 % les sub- tait-il. C’est vrai que c’était scandaleux ventions de l’État, ramenant celles-ci de et nous l’avons dénoncé à l’époque. 10 % à 48 % au lieu de 12,5 % à 60 %. Or, ce 4 novembre 2013, deux amenMerci du cadeau ! dements de l’opposition ont été De grâce ! Messieurs de là-haut… Arrê- adoptés par une majorité de députés, tez de nous faire notre « fête » ! contre l’avis du gouvernement. Et, en Ah ! Ça ira, ça ira, ça ira… Ah ! Ça ira, fin15:31 de séance, RC Annonce 210x135 3D 2 coul_Mise en page 1 08/11/13 Page1 Kader Arif, ministre ça ira, ça ira…

délégué aux Anciens Combattants, a déclaré : « Le gouvernement demande une deuxième délibération sur les amendements » en question. Et le « pauvre » député n’a plus qu’à avaler la couleuvre et manger son chapeau ! Que n’a-t-il tenu sa langue ! C’est son propre gouvernement qui lui donne la leçon… Et ce sont les ACVG qui sont perdants, tout comme l’image du Parlement et celle de la majorité PS-Verts qui calque ses pas dans ceux du gouvernement précédent. Lamentable, vraiment… Et révoltant !

Vous êtes Ancien Combattant titulaire de la Carte du Combattant et/ou du Titre de Reconnaissance de la Nation (TRN), veuve, orphelin, ascendant de “Mort pour la France”.

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NOS PEINES NOVEMBRE 2013 Le Réveil des Combattants adresse aux familles et aux amis de nos camarades décédés ses sincères condoléances. ALLIER (03) Saint-Pourçain-sur-Sioule : Jean-Pierre LARONDE, combattant pour la paix. ALPES-MARITIMES (06) Nice : Robert PELI, AC ATM. BOUCHES-DU-RHÔNE (13) Marseille Centre : Roger HADJADJ. Saint-Barnabé : Katchik HATCHIKIAN. Jean NAÏDA, AC ATM. CHARENTE-MARITIME (17) La Rochelle : Roger BOUFFENIE. CORREZE (19) Lagraulière : Louis CHAUFFOUR, AC 39-45. René RIVASSOU, AC ATM.

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CÔTE-D’OR (21) Chenove : Marcel BAUDRY, AC 39-45. Dijon : René JUSTRABO, Militant anticolonialiste, Chevalier dans l’Ordre National du Mérite, Officier des Palmes Académiques, ancien Président départemental. Jean-Paul MERITET, AC ATM.

PUY-DE-DÔME (63) Pionsat : Michel CHANUDET. Henri DELOUCHE, AC ATM.

EURE-ET-LOIR (28) Chartres : Roger PINOT, 98 ans, AC 39-45.

PYRÉNÉES-ORIENTALES (66) Perpignan : Maurice DEBRUYNE, 76 ans, AC ATM.

HÉRAULT (34) Lodève : Emile BRINGUIER .

SAÔNE-ET-LOIRE (71) Sanvignes-les-Mines : Mme Odette BOUTELOUP, veuve.

MOSELLE (57) Yutz : Gérard JANIEC, 78 ans, AC ATM. NORD (59) Fenain : Jules BOSSEMAN, AC ATM. Mme Therese PARIS, veuve.

HAUTES-PYRÉNÉES (65) Soues : Jacques POCOUS, 77 ans, AC ATM, ancien président de la section.

SEINE-MARITIME (76) Le Havre : Jean-Louis TAHON, AC ATM. VAR (83) Sollies-Toucas : Charles MOREL.


dossier LE RÉVEIL magazine

L’enfant aux sabots Pierre Louty, Ed. de la Veytizou, 23,95 euros

Mon combat pour la liberté * Jean Rolland, Éditions Le Baobab, 18 euros

Un récit passionnant de Jean Rolland, préfacé par son épouse Christine. C’est l’histoire de Julien Desforges, enfant de la métairie de Notre-Dame, qui fréquente l’école de son village de SaintPierre. Veuf de son amour de bergère, prisonnier de guerre en 1940, interné dans un camp de travail en Poméranie, il sera maire de son village en retour. Une chronique sympathique pour un Clochemerle en Limousin.

Nous avons reçu Récits de guerre de Djoudi Attoumi

J’ai lu d’une seule traite le récit passionnant de notre camarade et ami Jean Rolland : Mon combat pour la liberté . Quelle Mémoire ! Bravo cher Jean et merci à Christine, ton épouse, de t’avoir encouragé vigoureusement à rédiger ces mémoires, les mémoires de ta vie. On se demande souvent comment des hommes ou des femmes ont pu rester fidèles aux engagements de leur jeunesse, certains même jusqu’à subir les pires tortures après avoir vécu les pires souffrance,s sans jamais lâcher une parole d’abandon. Ton récit nous en donne les raisons puisque, jusqu’à ta libération et au-delà, tu as montré par tes actes que tu ne lâcherais rien de tes convictions et de ton « combat pour la liberté ». En effet, ton ouvrage nous éclaire, car comme on dit couramment « les chiens ne donnent pas naissance à des chats » et ton père, ta mère, ta famille avait préparé l’homme debout que tu fus, l’homme toujours debout que tu es. Merci à eux pour leur courage, merci à toi pour le tien. Ton livre fait de toi un témoin historique précieux qui éclaire, pour nous comme pour les générations nouvelles, les années de la vie du peuple de notre pays depuis la décennie 1930 jusqu’à aujourd’hui, en passant par

les combats ouvriers qui précédèrent le Front populaire en 1936, la trahison de Munich, la Résistance sous tous ses aspects y compris les plus modestes, les arrestations, les massacres de résistants, les déportations avec leurs lots de souffrances incommensurables, la Libération et la reprise de la vie courante avec ses combats pour la justice et la liberté. Sans oublier la part importante que tu as consacrée dans ce combat au mouvement des anciens combattants et victimes de guerre et particulièrement l’Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre qui mène toujours le combat d’Henri Barbusse et de ses compagnons pour la justice sociale, les valeurs républicaines et la démocratie. Pour nous, militants de la mémoire et de la citoyenneté, ton ouvrage est un témoignage d’une grande force qui servira dans notre travail de passeurs de mémoire auprès des jeunes scolaires, des étudiants et d’une manière générale des générations nouvelles. Encore merci Jean, encore merci à ton épouse pour ses encouragements efficaces. Paul Markidès

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