Budget AC : Agir sur tous les fronts
de gaule 40 anniversaire de sa disparition E
le réveil Nov-Déc 2010 - N°766-767 - 5 e
Quand Jaurès dénonçait la guerre
des combattants
Pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix
… ts n e m ve u o m n e e ch ri e é n an e 2010 : un
! ir n e v a l’ e ir u r t s n o c : 1 201 Le journal des droits de tous les anciens combattants et victimes de guerre
LE RÉVEIL
N’oubliez pas…
o t m e d b n o a l r a G re journal Le Réveil des Comba t o n r i n e t ttants ou Pour s
Dans le n° 765, nous vous avons adressé un carnet de 10 tickets pour le tirage du 21 janvier 2011. De nombreux lots ! Pour la première fois, une voiture à gagner !
La date du tirage est bien prévue le 21 janvier 2011 même si, sur les tickets il est indiqué le 21 décembre 2010 car, pour des raisons techniques, nous n’avons pas pu vous adresser les carnets plus tôt, c’est pour cela que nous avons du retarder le tirage : merci de Si cela n’est pas encore fait, adressez votre compréhension. votre chèque au Réveil des Combat- Bonne chance ! tants, 2 place du Méridien, 94800 Villejuif.
Donnons à notre journal les moyens de son développement !
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LE RÉVEIL - N° 766-767 - novembre-décembre 2010
ÉDITO LE RÉVEIL
SOMMAIRE Actualités p. 4 Les nostalgiques de l’Algérie française. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 Budget des ACVG : agir sur tous les fronts. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 Ne touchez pas à la Sécurité sociale !. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 A propos de fascisme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 Le Normandie-Niemen au Bourget.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 International p. 9 OTAN, bras armé des puissances financières.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 Afghanistan : quel désengagement ?.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 Salah Hamouri : je ne suis pas un héros.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 Réformer l’ONU ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14 Mémoire p. 33 Le 11 novembre 1940.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 Vos droits p.34 Code des pensions militaires d’invalidité.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 Revalorisation de l’AAH. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35 Baisse des indemnités journalières.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35 Vie de l’ARAC p. 36 Vie des comités.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 Magazine p. 42
P. 17 D o ssier • 1ère Guerre mondiale - l’impérialisme révélé - Jaurès contre la guerre - les 4 fondateurs de l’ARAC
• Il y a 40 ans, de Gaulle
LE RÉVEIL DES COMBATTANTS Fondé en 1931 par Henri-Barbusse Mensuel de l’Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre. Commission paritaire n° 0713-A 06545 Édité par les Éditions du Réveil des Combattants SARL au capital de 45 734,41 - Siret : 572 052 991 000 39 2, place du Méridien, 94807 Villejuif cedex Téléphone : 01 42 11 11 12 Télécopie : 01 42 11 11 10 reveil-des-combattants@wanadoo.fr Gérant-directeur de la publication : Raphaël
VAHÉ • Directeur délégué : Patrick STAAT • Rédacteur en chef : Raphaël VAHÉ • Directeur promotion et publicité : Claude Delevacq • Secrétariat de rédaction, conception graphique : Escalier D Communication • Impression : RIVET P.E. - 24 rue Claude-Henri-Gorceix, 87022 Limoges cedex 9 Tirage : 60 000 exemplaires Ce numéro du Réveil a été tiré le mardi 21 décembre et remis le jour même à la Poste. Il devrait donc parvenir à chaque abonné le 24 décembre au plus tard. Merci de nous faire part de vos observations.
2011 I Écoutez la colère du peuple !
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010 a vu le gouvernement s’attaquer aux retraites, à la santé, au logement, à l’école, aux services publics, à la Sécurité sociale... et pour finir il annonce des hausses de tarif à la SNCF, à EDF, à GDF, à la RATP… Par contre il a développé le bouclier fiscal, bloqué le SMIC et permis que les grands patrons du CAC 40 perçoivent des rémunérations moyennes dépassant les 3 millions d’euros, soit 190 fois le SMIC. Avec l’argent public, il a renfloué les banques qui, aujourd’hui, dégagent des bénéfices colossaux au détriment de l’immense majorité des Français dont le salaire moyen tourne autour de 1500 euros. Oui, l’année 2010 a été l’année de l’accélération des privatisations, de la marchandisation de tous les pans de la société. Rien n’est laissé au hasard, surtout pas ce qui peut rapporter au profit des banques, aux grands de ce monde. Une colère monte, une volonté de révolte s’exprime. Les luttes l’ont montré depuis septembre. Nous ne laisserons pas saccager, détruire le fruit de notre histoire, notre bien commun. Les fondamentaux républicains, de la Nation sont en danger. M. Sarkozy a pour mission de solder les conquêtes sociales du Front populaire, de la Libération, de Mai 1968. Il s’attaque même à l’héritage démocratique de la Révolution française en faisant disparaître les communes et des départements. L’immense majorité de la population, hommes, femmes, retraités dont beaucoup d’ACVG, salariés, jeunes travailleurs, étudiants, nos enfants et petits-enfants souffrent… Se pose la question de se rassembler pour construire ensemble les nouvelles ripostes et une alternative politique, sociale et humaine aux projets néfastes de la droite. C’est dans la lutte et l’union que peuvent converger perspectives et espoir de voir notre vie changer. C’est possible car les attentes sont grandes. La surdité du pouvoir ne suffira pas à faire taire notre colère. Oui, en 2011, redonnons du sens à notre belle devise républicaine « Liberté, égalité et fraternité ». Notre histoire est marquée par de durs combats mais que de belles choses avons-nous pu construire ensemble… Comme nos anciens, nous pouvons être fiers de ce que nous avons conquis pour le bien et l’épanouissement de tous… Alors oui, bonne année 2011 à tous et ensemble exprimons tous nos vœux pour une société plus juste, plus humaine, démocratique, de paix, ouverte sur l’avenir. 140 ans après la Commune de Paris, portons haut les couleurs de l’espoir… Patrick Staat novembre-décembre 2010 - N°766-767 - LE RÉVEIL
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LE RÉVEIL ACTUALITÉS
Les nostalgiques de l’Algérie française… Quarante huit ans après le 19 mars 1962, les nostalgiques de l’Algérie française continuent de bafouer l’honneur de la France et le combat du peuple algérien pour son indépendance. Nous publions des extraits d’articles parus dans le Télégramme de Brest qui reprend deux déclarations : l’une de la directrice de l’école de Landéda et son équipe d’enseignants, l’autre de Guy Le Nair, protestant à la suite de l’intervention d’un dirigeant local de l’UNC le 11 novembre. Guerre d’Algérie : une autre vision Suite à la prise de parole de Marcel Caraës, président de la section UNC, lors de la cérémonie de commémoration du 11 novembre 1918, qui a fait réagir de nombreuses personnes, et à l’exposition sur la guerre d’Algérie, au sémaphore de l’Aber Wrac’h (notre édition de lundi), Guy Le Nair, de Landéda, souhaite faire part de sa vision. « Le général breton Jacques de Bollardière, détenteur des titres les plus glorieux de la Résistance et officier de l’armée française le plus décoré par les Alliés, reste le seul officier supérieur à ne pas avoir été réintégré dans ses droits, après la « loi de réhabilitation » de novembre 1982. En 1957, il s’était opposé à la pratique de la torture en Algérie. Les officiers qui se sont distingués dans la pratique de la torture en Algérie ont été décorés. Certains de ces experts ont ensuite été dépêchés comme conseillers auprès des régimes dictatoriaux, au Chili et en Argentine, pour enseigner leur art aux officiers de ces pays, afin de supprimer toute velléité de révolte dans les populations concernées. Il serait honorable, pour l’ensemble de la Nation que l’UNC, après s’être opposée à la diffusion du film Avoir vingt ans dans les Aurès, reconnaisse enfin qu’en Algérie, l’action « pacificatrice » de la France n’était (pas) d’une blancheur éblouissante. Il serait honorable pour l’ensemble de la Nation, que celui qui a sauvé l’honneur de l’armée en Algérie, comme Jean Moulin 4-
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avait sauvé l’honneur du corps préfectoral, durant la Seconde Guerre mondiale, soit enfin réhabilité. La guerre n’est qu’une humanité infantile qui cherche douloureusement sa voie. La torture, ce dialogue dans l’horreur, n’est que l’envers affreux de la communauté fraternelle. Elle dégrade celui qui l’inflige plus encore que celui qui la subit. Céder à la violence et à la torture, c’est, par impuissance à croire en l’homme, renoncer à construire un monde humain », conclut M. Le Nair en citant le général de Bollardière.
La directrice de l’école de Landéla Le 11 novembre dernier, la directrice de l’école publique de Landéda et l’équipe enseignante ont réagi en adressant une lettre ouverte au maire. « Comme à l’accoutumée, les élèves des classes de CM ont été conviés par les enseignants à participer à la cérémonie commémorative du 11 novembre dernier. Or, les propos tenus lors de son discours par le représentant de l’UNC ont extrêmement choqué les enseignants présents. En effet, choisissant de dédier son discours à la commémoration de la guerre d’Algérie (il) a entrepris une justification des actes de torture commis par les militaires français pendant ce conflit. La torture a été présentée comme une réponse nécessaire aux actes terroristes des rebelles algériens et les écrits des historiens sur le sujet ont été remis en question pour leur exagération de ces pratiques. Le peuple algérien a été pré-
senté comme rebelle et terroriste oubliant qu’il combattait pour son indépendance et sa liberté. Pendant cette guerre, des actes atroces ont été commis dans chacun des deux camps et en aucun cas ceux-ci ne peuvent servir de justification à ceux-là. Il me semble, de plus, regrettable qu’aucune des personnes présentes n’ait jugé bon de rectifier les propos tenus. D’autre part, ce monsieur a commencé son allocution en remerciant les élèves de l’école privée de leur présence en omettant sciemment les élèves de l’école publique pour finir en décorant une élève de l’école privée. Enfin, nous déplorons que cette cérémonie républicaine soit systématiquement associée à une cérémonie religieuse. Ne serait-il pas possible de séparer ces deux formes de commémoration ou tout au moins leur ordre ne pourrait-il pas être inversé afin qu’à l’issue de la cérémonie républicaine, chacun puisse faire le choix d’assister ou non à la messe selon ses propres convictions. Depuis déjà quelques années, nous ne nous sentons pas les bienvenus à cette commémoration et si de plus nous risquons d’exposer nos élèves à de tels discours, nous hésitons à continuer à participer à cette cérémonie et nous nous interrogeons sur la possibilité de sensibiliser nos élèves à ce devoir de mémoire de façon différente et sans doute à un autre moment. Cette question fera l’objet d’une discussion avec les représentants des parents d’élèves lors du prochain conseil d’école. »
Le Télégramme, 19 novembre 2010
ACTUALITÉS LE RÉVEIL
Budget des ACVG Agir sur tous les fronts ! Comme on pouvait le craindre après le coup de force du gouvernement à l’Assemblée nationale, le budget a été adopté en l’état par le Sénat, le 26 novembre d ernier, malgré les efforts et les amendements déposés par les groupes communistes et socialistes, tous rejetés. Il ne comporte donc qu’un seul point d’indice supplémentaire pour la retraite du combattant (44 au lieu de 43)… à compter du 1er juillet 2011, ainsi que les 360 points de plus pour les pensions de veuves de très grands invalides (au moins 12 000 points d’indice PMI) qui percevront environ 1 000 euros par mois. Elles ne sont que quarante en France et le coût annuel pour le budget ne s’élève qu’à 250 000 euros pour l’année. On le voit, l’État ne s’est pas mis sur la paille ! Pourtant, le 10 novembre dernier, les députés avaient adopté trois amendements significatifs portant sur la retraite du combattant, l’Allocation de solidarité pour les conjoints survivants, les réfractaires au STO. Mais, le 14 novembre, le poste de secrétaire d’État aux Anciens Combattants disparaissait du nouveau gouvernement Fillon. Et, le 17 novembre, les députés de la majorité sarkosyste, obéissant docilement aux injonctions gouvernementales, se déjugeaient et reniaient leurs engagements en annulant les avancées votées quelques jours plus tôt. Ainsi, il n’aura pas fallu plus d’une semaine au nouveau gouvernement pour recadrer les 169 députés UMP et Nouveau Centre de sa majorité, démontrer sa démarche antidémocratique balayant les institutions républicaines, réaffirmer sa volonté d’aggraver sans cesse la situation du peuple français, ne tolérant même pas l’existence des 39 amendements votés par les députés contre l’avis du gouvernement. Le Bureau national de l’ARAC considère que cette situation annonce un « durcissement de la politique gouvernemen-
tale » dans le cadre de la préparation des élections 2011 et 2012. Pourtant, sous la pression des associations et d’une partie des élus, le nouveau gouvernement à été contraint à un premier recul en annonçant la nomination prochaine d’un secrétaire d’État aux Anciens Combattants, poste qu’il venait pourtant de supprimer. Ainsi l’action résolue et unanime peut porter ses fruits. Ne l’oublions pas en 2011, en matière de budget 2012, à proximité des élections à venir. Dans ce contexte, l’ARAC a décidé de lancer diverses initiatives parmi lesquelles l’édition d’un tract national expliquant les positions et orientations de l’ARAC, sur la base des valeurs républicaines qu’elle défend, et de lancer une campagne revendicative pour le rattrapage du retard de 43 % de la valeur du point PMI. Face à l’offensive gouvernementale visant à faire disparaître de la scène publique le « fait ACVG », spécificité et originalité française (loi du 31 mars 1919 - ONAC), alors qu’il y a encore quatre millions de ressortissants de l’ONAC en France, dont 3 millions d’anciens combattants, l’ARAC, plus que jamais, s’inscrira dans le front de luttes pour les acquis sociaux et les droits à réparation. André Fillère
Le droit à réparation
en Ile-de-France
Dans le cadre de la Révision générale des politiques publiques (RGPP), la Direction des statuts et des pensions (DSPRS) a été supprimée par le gouvernement. Et les missions jusqu’alors exercées par les Directions interdépartementales ou interrégionales des ACVG sont transférées aux services repreneurs. Pour ce qui concerne la DI d’Ile-deFrance, les pensions militaires d’invalidité sont traitées, depuis le 1er juillet 2010, par DRH/MDSA2P (Direction des ressources humaines du ministère de la Défense) 5 place de Verdun, 17016 La Rochelle, cedex 1. Par contre, les demandes sont maintenant à formuler auprès du service ONAC du département de résidence, ou des Bases de défense pour les militaires en activité. Cependant, la relation entre le Centre d’expertise médicale/Commission de réforme (CEM/CR) de Paris… et le SA2P (La Rochelle) sous direction des pensions continuera d’être effectuée par la DI jusque courant 2011. Les soins médicaux gratuits sont également confiés à la DRH/MD avec, comme opérateur, la caisse nationale militaire de Sécurité sociale, 247 avenue Jacques-Cartier, 83090 Toulon cedex 09, laquelle assure les prises en charge, les paiements, ainsi que l’appareillage. Par contre, l’équipe médico-technique relève, désormais, du Service de santé des armées et est rattachée à l’HIA Percy, 101 avenue Henri-Barbusse, BP 406, Clamart 92140. La Rochelle, Toulon, Clamart, le Service départemental de l’ONAC… pourquoi faire simple (tout était regroupé à la DI de proximité), quand on peut faire compliqué ? Ainsi le rattachement à la Défense… nous aiguille vers ce « parcours du combattant ». Mais à nos âges, tout de même, est-ce bien sérieux ? novembre-décembre 2010 - N°766-767 - LE RÉVEIL
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LE RÉVEIL actualités
Ne touchez pas à la Sécurité sociale Depuis des années, le pouvoir politique met tout en œuvre pour déstabiliser, casser la Sécurité sociale. Sarkozy, la droite, son gouvernement, mais aussi tous les sociaux-libéraux, chacun y allant de sa proposition, de ses actes, évidemment sous prétexte de boucher le fameux trou de la Sécu. Cela va de l’instauration du forfait hospitalier, du déremboursement des médicaments, du paiement d’une partie des consultations médicales, etc. La liste pour nous faire payer toujours plus et plus cher les soins s’allonge en permanence et le pouvoir en place trouve tous les jours une idée pour porter des coups à notre protection sociale. Les idéologues de la droite et de la socialdémocratie travaillent d’arrache-pied depuis longtemps pour faire admettre le bien-fondé de mesures anti-Sécurité sociale sous couvert de sa défense, de son renflouement, de son prétendu trou. La réforme de la Sécu, pour eux, sous pré-
ce qu’il faut savoir
Cela pour deux raisons ; la première, jamais les gouvernements de droite, malheureusement quelquefois aussi des gouvernements socialistes, n’ont accepté que cette immense conquête issue de la Résistance, fruit du CNR (Conseil national de la Résistance ), qui contribue pour une part essentielle à unifier notre société échappe au contrôle, même partiel, du gouvernement de notre pays. La deuxième raison, avec un budget supérieur à celui de l’État, la santé, prise en compte aujourd’hui par la Sécu, représente pour le capitalisme financier un marché des plus alléchants et des plus juteux. Les perspectives de profits à réaliser dans ce secteur par quelques grands capitalistes sont gigantesques. De là, à faire en sorte de casser l’obstacle qui se trouve sur le chemin de cet objectif.
• Une partie des taxes sur le tabac destinée à la Sécu n’est pas reverreversée : 7,8 milliards. milliards.
• Retard de paiement par les entreentreprises : 1,9 milliard. milliard.
• Une partie des taxes sur l’alcool, destinée à la Sécu n’est pas reverreversée : 3,5 milliards.
En faisant une addition, on arrive au chiffre de 20 milliards d’euros. Conclusion : si les responsables de la sécu et nos gouvernants assumaient leur responsabilités et si chacune des institutions reversait ce qu’elle doit chaque année, les prétendus 11 milliards de trou seraient aujourd’hui 9 milliards d’excédent ! Cela dure depuis des années !
• Une partie des primes d’assurances automobiles destinée à la Sécu n’est pas reversée : 1,6 milliard. milliard. • La taxe sur les industries polluantes destinée à la sécu, n’est pas reverreversée : 1,2 milliard. milliard. • La part de TVA destinée à la Sécu n’est pas reversée : 2 milliards. milliards. • Retard de paiement à la Sécu pour les contrats aidés : 2,1 milliards.
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Ces chiffres ne sont pas inventés. Ils sont issus du rapport des comptes de la sécu, que vous pouvez consulter sur le site de la Sécurité sociale.
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texte de modernisme, serait tout simplement la nécessité de déstructurer cette institution et de la livrer pieds et poings liés aux assurances privées, aux grandes banques. Leur modernisme se résume en fait à la perspective de la liquidation de notre Sécurité sociale.
Un peu d’histoire Ambroise Croizat, membre du PCF, ministre du Travail, à la Libération, du gouvernement du général de Gaulle, s’appuyant sur la présence dans la société d’une CGT forte de 5 millions d’adhérents, d’un PCF puissant à la sortie de la Résistance, et d’une classe ouvrière grandie par l’héroïsme de sa résistance à l’occupant, cosigne avec François Billoux, autre ministre communiste du gouvernement de Gaulle, l’ordonnance d’octobre 1945 instituant la Sécurité sociale, permettant ainsi, pour une part, au monde du travail de se libérer des angoisses du lendemain. Cela s’est fait dans un pays ravagé par la guerre, les privatisations, trahi par la bourgeoisie, pillé par les nazis et les fascistes, mis à genoux par la collaboration avec des entreprises brisées par la guerre. C’est à partir de la volonté populaire, de sa résistance à l’envahisseur, de son combat libérateur, en s’appuyant sur la présence forte des organisations politiques, syndicales, ouvrières et du travail acharné du ministre communiste Ambroise Croizat, que va être construit ce qui va devenir le meilleur système de protection sociale au monde, envié par l’ensemble des peuples de la planète, la Sécurité sociale. Système qui va per-
actualités LE RÉVEIL
mettre, sur la base de son principe fondateur, la solidarité, non seulement de structurer et d’unifier la société avec les différentes caisses la composant (retraite, familiale, accident, maladie), mais aussi de projeter toute la société dans l’avenir et le modernisme permettant une évolution forte, progressiste et novatrice pour l’ensemble de notre peuple. C’est cela qui est insupportable au gouvernement et c’est cela que le président Sarkozy veut détruire lorsqu’il déclare présenter une droite décomplexée par rapport à 39-45 et sa volonté de remettre à plat les conquêtes liées au programme du CNR. C’est à cela que travaille la droite d’aujourd’hui, son pouvoir politique comme les économistes et philosophes, idéologues de tout poil (sociaux-démocrates, sociauxlibéraux et ouvertement de droite) qui ne supportent plus qu’existent encore dans notre pays cette immense conquête populaire et sociale. Si le trou de la Sécurité sociale n’existait pas, ils l’inventeraient et d’ailleurs ils l’ont inventé. Nous publions avec cet article quelques chiffres qui montrent le vol manifeste organisé par l’État et les patrons pour créer arbitrairement le pseudo déficit de la Sécu. Les chiffres publiés, issus du rapport des comptes de la sécu, montrent même que sans rien rajouter à ce qui devrait être naturellement versé à la Sécurité sociale, un excédent de 10 milliards d’euros pourrait être dégagé, de quoi amplement prendre par exemple en charge les coûts de l’optique, de l’appareillage contre la surdité et de contribuer fortement à la prévention contre
les maladies lourdes. Si l’on rajoute à ces revenus, une contribution juste des grands groupes pharmaceutiques, du capital financier, une réelle et forte politique de l’emploi, une revalorisation conséquente des salaires, des pensions et retraites, non seulement le fameux trou de la Sécu se transforme en une
montagne d’excédent, dont nous pourrions aisément envisager une nouvelle et déterminante contribution à la projection de l’ensemble de notre société dans un avenir réellement moderne et encore plus progressiste. Nous promettons à M. Sarkozy et à tous ceux qui veulent liquider la Sécurité sociale, en particulier les patrons, des lendemains qui déchanteront. L’expérience de l’intervention populaire sur les retraites devrait servir de leçons à tous les oiseaux noirs de la société qui ne rêvent que de profits pour les uns et de galères, de misères pour le plus grand nombre. Nous ne se laisserons pas dépouiller les Français de leur bien le plus précieux. Hervé Corzani
Droit français et Cour pénale internationale Le projet de loi visant à adapter le droit français aux exigences de la CPI (Cour pénale internationale) a été voté définitivement par le Parlement le 13 juillet 2010. Il constitue le second volet d’adaptation de la législation française à la convention signée à Rome le 18 juillet 1998. Cette loi autorise les juridictions françaises à poursuivre et juger « toute personne qui réside habituellement en France et soupçonnée de s’être rendue coupable à l’étranger de l’un des crimes relevant de la CPI (génocide, crime contre l’humanité, crime de guerre…) ». Elle exige également que les crimes soient punissables à la fois par le droit français et par la législation de l’État où ils ont été commis et précise que seul le ministère public (procureur) pourra engager des poursuites. Enfin cette loi précise que les juridictions françaises ne pourront être saisies qu’après que la CPI ait décliné sa compétence.
Un collectif d’organisations composé de représentants de la coalition française pour la CPI et de la commission nationale consultative des droits de l’homme avaient regretté début juillet que ces « verrous » juridiques n’encadrent trop étroitement les possibilités de poursuites des criminels présumés. De leur côté, les sénateurs avaient considéré que « la loi reste bien en deçà des exigences du statut de la Cour et qu’elle ne permettra pas à la France de lutter efficacement contre l’impunité de criminels contre l’humanité ». Cent onze débats avaient ratifié au 30 mars le statut de Rome, fondement juridique de la cour. Entrée en fonction le 1er juillet 2002 à La Haye, la CPI est présidée actuellement par le juge sud-coréen Sang-Huyn Song et son procureur est l’argentin Luis Moreno-Ocampo. Laissons-les travailler dans la sérénité. Jacqueline Thabeault-Alcandre
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LE RÉVEIL actualités
À propos de fascisme … L’excellent dossier que le Réveil des combattants a publié dans son numéro de janvier dernier invite à revenir à la définition que Georges Dimitrov, dirigeant de l’Internationale communiste, donna du fascisme (1). Selon lui, il s’agit de la « dictature ouverte des éléments les plus réactionnaires, les plus chauvins, les plus impérialistes du capital financier […] L’arrivée du fascisme au pouvoir, [… c’est] le remplacement d’une forme étatique de la domination de classe de la bourgeoisie - la démocratie bourgeoise - par une autre forme de cette domination, la dictature terroriste ouverte. » Cette définition permet de rendre compte de ce qui a été dans les années vingt, trente et quarante. En dépit de leurs différences, les régimes italien, portugais, allemand, espagnol, hongrois, roumain, etc. sont fascistes, sans oublier l’empire japonais. Leur alliance coule de source. Ce que dit Dimitrov permet de comprendre qu’un régime autoritaire n’est pas forcément fasciste. Passe encore que les réactionnaires de tous poils aient assimilé et assimilent encore au fascisme le stalinisme et ses séquelles. Cette confusion fut et demeure à la mesure de leurs enjeux. Elle est aveuglement chez les victimes des politiques menées par les bourgeoisies dominantes et rend difficile voire impossible leur prise de conscience. Cela dit, il ne suffisait pas de refuser cette assimilation pour être un révolutionnaire lucide. Au nom du socialisme dont ils furent les fossoyeurs, le stalinisme et ses séquelles devaient être dénoncés plus tôt et plus fort. Une semblable confusion a coûté cher aux progressistes français. En 1958, lorsque la guerre menée en Algérie et la décomposition de la IVe République 8-
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permit à de Gaulle de réussir son coup d’État, on cria très fort au fascisme, François Mitterrand n’étant pas le dernier à donner de la voix. L’homme du 18 juin n’était certes pas un saint et, parmi ses soutiens, il ne manquait pas de nostalgiques de Vichy et de la LVF. Pour autant, il est difficile de voir en lui un partisan de la « dictature ouverte des éléments les plus réactionnaires, les plus chauvins, les plus impérialistes du capital financier ». Le croire ou le faire croire a favorisé les illusions sur « le rassemblement le plus large possible ». Partout où s’est exercée la « dictature ouverte », partout où elle s’exerce encore, on peut parler de fascisme. Ce fut le cas dans le Chili de Pinochet et, à la même époque, dans divers pays d’Amérique latine, en Indonésie, dans
le Congo de Mobutu. « Le ventre reste fécond qui a engendré la bête immonde ». L’avertissement du poète demeure. Mais la définition de Dimitrov doit être mise à l’heure de la mondialisation du capitalisme, du multimédia et des propagandes sophistiquées. Dans le pays qui vit naître le fascisme, Silvio Berlusconi n’est pas un émule de Mussolini, mais les « éléments les plus réactionnaires du capital financier » peuvent estimer que tout en étant plus soft il est beaucoup plus efficace. Jean George
Rassemblement national 2011 Samedi 14 mai à Tergnier (Aisne) La ville de Tergnier est au centre d’une région marquée par les effets et les conséquences des guerres de 1914-1918. Des traces toujours sensibles de l’offensive du Chemin des Dames durant la guerre 14-18 aux élèves Gay-Lussac de la ville voisine de Chauny et aux cheminots de la cité de Quessy-Cité, devenue partie prenante de Tergnier, les marques de ces guerres sur la vie locale restent très prégnantes. Des élèves des établissements scolaires et des associations locales aux témoins toujours vivants ou aux témoins de témoins, le Rassemblement national permettra de faire apparaître la Mémoire des effets et des conséquences de ces guerres de 14-18 et 39-45. Dès maintenant cette importante initiative de mémoire appelle la mise en œuvre de sa préparation à tous les niveaux. Chaque édition du Réveil livrera des informations sur les initiatives qui marqueront, au fur et à mesure, la préparation de ce rassemblement.
international LE RÉVEIL
Sommet de Lisbonne
L’OTAN, bras armé des puissances financières sous domination américaine Prolifération nucléaire, Afghanistan, Iran, terrorisme… Les 28 pays membres de l’Alliance atlantique (OTAN) se sont réunis à la mi-novembre à Lisbonne, sous la haute autorité de leur chef suprême, le président des États-Unis, Barack Obama, pour mettre en place leur nouvelle stratégie internationale. Quelques jours avant, le secrétaire général de l’Alliance, le Danois Anders Fogh Rasmussen, avait assuré : « Ce sommet sera l’un des plus importants de l’histoire de l’OTAN. » De fait, vingt ans après la fin de la guerre froide et dans un monde dont l’axe se trouve désormais en Asie, les chefs de l’organisation souhaitaient redéfinir les priorités. Le sommet politico-militaire de Lisbonne avait donc avant tout pour objectif d’affirmer un nouveau concept stratégique plus offensif, le précédent datant de 1999. Dès l’ouverture de la réunion, le patron de l’OTAN a annoncé la couleur on ne peut plus clairement, en précisant le nouveau rôle de l’Organisation du traité de l’Atlantique-Nord. « Le moment est venu de passer à une Alliance capable de défendre les 900 millions de citoyens des pays de l’OTAN contre les menaces auxquelles ils sont confrontés aujourd’hui et auxquelles ils seront confrontés durant la prochaine décennie » a-t-il affirmé, désignant expressément la menace terroriste, la piraterie et la prolifération nucléaire, les risques de cyber attaques et les atteintes à la sécurité des voies d’approvisionnement. L’analyse qui préside à l’élaboration de ce nouveau concept stratégique s’appuie sur les conclusions d’une commission d’experts, dirigée, de triste mémoire, par l’ancienne secrétaire d’État américaine, Madeleine Albright, sous la présidence du démocrate Bill Clinton, et qui fût déterminante dans la déci-
sion de bombarder la Serbie durant le conflit yougoslave. Une interventionniste acharnée.
Un interventionnisme tous azimuts Presque quinze ans après, rien n’a changé chez cette dame de fer made in USA. Dans son rapport, elle réaffirme les velléités guerrières et la volonté de régir la marche du monde des puissances occidentales. Elle souligne l’importance pour l’OTAN de développer ses « capacités expéditionnaires pour des opérations militaires au-delà de la zone du traité ». En clair, la volonté et les moyens pour l’Alliance d’intervenir partout dans le monde où les intérêts « des sociétés modernes » seront « en danger ». Une sorte de bras armé d’une communauté de puissances, sous tutelle des États-Unis, qui auraient comme dénominateur commun « les mêmes valeurs fondamentales, les mêmes intérêts… » bref, le système de domination ultra-libéral. Le secrétaire général de l’OTAN, Rasmussen, s’est même fait plus précis. Pour lui, les liens commerciaux unissant l’Union européenne et les ÉtatsUnis (plus de la moitié du PIB mondial) représentent l’axe fondamental de cette stratégie. « Il est essentiel de préserver le rôle de l’alliance en tant qu’unique pont transatlantique reliant ces deux régions du monde. L’OTAN a tout intérêt à protéger les axes vitaux qui alimentent les sociétés modernes » a-t-il affirmé. La stratégie de l’Alliance atlantique
redéfinie à Lisbonne est donc bien de protéger et de redéployer à tout prix sa sphère d’influence, soit moins de 15 % de la population mondiale. De plus, l’article 5 renforce la cohésion et la solidarité des pays membres. Il considère en effet qu’une attaque contre un des pays de l’Alliance équivaut à attaquer tous les autres.
Le marché juteux de l’armement Dans le contexte de ce sommet, la question du désarmement semble avoir été sacrifiée sur l’hôtel du “réalisme politique” et surtout des intérêts partisans. A Lisbonne, l’OTAN a clairement affirmé sa volonté de demeurer une points de repères
L’OTAN L’Organisation du traité de l’Atlantique-Nord a été créée par le traité de Washington en 1949 et signé par douze États nordaméricains et européens. Après la Seconde Guerre mondiale, ses objectifs étaient notamment d’assurer la sécurité en Europe et de lutter contre la propagation du communisme. Il a surtout été, pendant la «guerre froide » le fer de lance de la lutte contre le bloc socialiste. Depuis 1966 son siège est à Bruxelles.
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puissance dotée de la force de frappe nucléaire « aussi longtemps qu’il y aura des armes nucléaires », tout en prétendant agir pour un monde sans armes atomiques. Il faut dire que le marché de l’armement est une véritable manne pour de nombreux États et, en premier lieu, pour les USA. A l’heure où des millions d’hommes souffrent dans le monde, les dépenses militaires de la planète ont atteint en 2009 le niveau record de 1 530 milliards de dollars. Alors que le président américain peine à sortir le pays de la crise économique, ce qui lui a coûté cher aux dernières élections de la mi-mandat (les midterm), la machine industrielle américaine pourrait bénéficier de la “relance” par les commandes militaires. Une opération rentable en direct, mais aussi pour ses retombées. La vente de matériel américain de produits dérivés, dans le cadre de “l’harmonisation” des armements dans l’OTAN sera tout bénéfice pour Washington. Les Européens sont appelés à mettre la main à la poche, dans une fourchette de 80 à 150 millions d’euros, pour le financement des systèmes de contrôle et de commandement. 12 % de cette somme sera à la charge de la France qui est déjà l’un des principaux contributeurs de l’OTAN, quatrième au classement général des nations membres de l’OTAN, avec un budget de près de 230 millions d’euros et quelque 4 000 hommes engagés sur le terrain. Le prix de l’alignement derrière la bannière étoilée au sein de l’OTAN et du retour dans le commandement intégré. Jean-Pierre Delahaye
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Afghanistan
Vous avez dit désengagement ? Le 5 décembre dernier, le commandant suprême des forces américaines, Barack Obama, a effectué une visite surprise en Afghanistan. Il y a rencontré quelques 2 000 “boys” stationnés à la base militaire de Bagram, à 50 km de Kaboul. Il a déclaré à cette occasion que la coalition internationale présente en Afghanistan « est solide et s’agrandit » et également assuré, « plus jamais l’Amérique ne laissera al-qaida utiliser l’Afghanistan comme base pour attaquer le sol américain ». De l’Afghanistan il en a été largement question au sommet de l’OTAN à Lisbonne. L’Alliance y est engagée depuis 2003, dans la plus grande mission de son histoire et nombreux sont ceux à penser qu’elle y joue sa crédibilité. Durant ce sommet militaro-politique du Portugal, les dirigeants de l’OTAN devaient se prononcer sur une stratégie progressive de désengagement d’ici à 2014 et un transfert progressif des opérations aux forces de sécurité afghanes. Un engagement pris devant les Américains par le président Obama. Bref, on allait voir ce qu’allait voir !
A bien y regarder, les choses ne sont plus aussi sûres, en tous les cas dans les délais et les conditions annoncées ces derniers mois à grand renfort de déclarations et de conférence de presse. En réalité Washington procède seule, sans consultation des alliés, à une réévaluation de sa stratégie et du calendrier du désengagement. « Nous ne disons pas que nous n’allons pas mettre fin à notre mission de combat d’ici à 2014. Ce que nous disons, c’est que nous prendrons une décision à l’approche de cette date. Cette décision sera fondée sur les conditions sur le terrain » a indiqué à la presse un haut dignitaire américain. Et comme pour lui faire écho, pour la première fois depuis le début du conflit, une compagnie de chars Abrams MIAI, appuyés par 115 marines, est arrivée sur zone début décembre, dans la province méridionale du Helmand. Chacun sa conception du désengagement. Jean-Pierre Delahaye
Névroses de guerre aux USA Du nouveau sur Vet Centers Une récente émission télévisée de CNN a révélé le grand nombre de traumatisés psychiques de retour des guerres conduites par le gouvernement des États-Unis en Orient. De “nouveaux programmes” auraient été mis au point, mais il serait difficile d’en bénéficier… Une amie de l’ARAC, Kerry Cheek, qui fut psychothérapeute dans des Vet Centers, a tenté de se renseigner sur leur situation présente. Mais elle s’est heurtée à une réticence vive ou même au si-
lence. Certes, il y aurait encore 336 centres avec plus de 100 000 consultants chaque année. Mais leur financement a déçu et le personnel ferait défaut. Beaucoup de “bla bla” et peu de soutien officiel ; plus de découragement que d’idées neuves ! Voici qui ressemble à ce que nous connaissons, majoré, ici aussi, de belles paroles masquant le vide ou l’inertie. Affaire à suivre… Bernard Sigg
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Je ne suis pas un héros Le 5 octobre 2010, Jean-Claude Lefort a rendu visite à Salah Hamouri dans la prison de Gilboa. Son récit de cette rencontre. Gilboa, 5 octobre. 11 heures. C’est la quatrième fois que je rends visite à Salah Hamouri, dont trois ans dans sa lugubre prison de Gilboa, située au nord d’Israël. On longe un long mur gris. Une première prison où se trouvent 600 prisonniers puis la « sienne », attenante, avec 800 autres détenus, des Palestiniens mais aussi huit Syriens du plateau du Golan annexé. Au bout de ce long mur, l’entrée. Toujours le même rituel. Après avoir passé une lourde porte métallique verte, on décline son identité. Dépose de ses papiers d’identité auprès du gardien qui se tient à droite, derrière une grille. Des échanges entre le personnel pénitencier par talkies-walkies. On ne déchiffre qu’un seul mot « sarfati », c'est-à-dire « Français » en hébreu. Conciliabules. Le feu vert est donné. On passe alors sous le détecteur électronique. Mon paquet de cigarettes intrigue. On le regarde avec minutie. Dehors, dedans. C’est bon. Rien à signaler d’anormal. Une seconde porte verte, tout aussi lourde, s’ouvre. Un autre gardien attend. On est dans le patio réservé au personnel, des hommes et des femmes. M’accompagne pour cette visite un des premiers conseillers de l’ambassadeur de France à Tel-Aviv. On nous conduit à gauche vers un haut grillage. Il y a une porte au milieu. Il l’ouvre. Cliquetis de la serrure. On passe un couloir d’un mètre de large sur une bonne trentaine de mètres de long. La porte se referme sur nous. On nous installe dans une pièce étroite dans laquelle il y a quelques chaises avec des rabats en bois pour écrire. On s’assied et on attend Salah. Un gardien assis face à nous. Salah arrive du fond de ce couloir dans lequel nous sommes entrés. Il est 11h15. Nous nous embrassons chaleureuse-
ment. Plusieurs fois. Je pense à ses parents qui ne peuvent pas le faire. Tapes vigoureuses dans le dos. Sourires. Je le trouve amaigri. Il s’assied et sort un petit calepin du fond d’une poche de sa tenue marron foncé. Il me dit qu’il a écrit ce qu’il va me dire mais après avoir écouté les autres prisonniers qui connaissent l’existence de cette rencontre. Ces prisonniers, nous dit Salah, sont de toutes les tendances politiques. Ils se retrouvent ensemble chaque jour. Deux fois. Une fois le matin avant midi. L’autre fois avant 17 heures. Environ quatre heures par jour. Et on verra, à lire ce qui suit, à quel point, d’une part, les prisonniers sont très informés, et combien, d’autre part, leurs analyses convergent indépendamment de leur appartenance politique. Salah, qui parle donc au nom de ses camarades d’infortune, tient à évoquer devant nous plusieurs points dûment notés sur son petit calepin. Tout d’abord il veut évoquer l’attitude américaine. Il considère, je veux dire « ils considèrent », que les Américains ne bougent sur le sujet du Proche-Orient que dans deux cas. Ou bien quand une guerre se prépare comme au moment de l’Iraq. Ou bien quand ils estiment que leurs intérêts sont menacés au point de créer des problèmes sérieux pour eux, en interne. Dans le cas présent c’est la seconde hypothèse qui est retenue. L’aventure en Afghanistan, en particulier, pose de sérieux problèmes politiques intérieurs. D’où leur volonté de voir les factions afghanes discuter entre elles en incluant les talibans. Ou encore leurs initiatives concernant le ProcheOrient dès lors que celui-ci constitue à leurs yeux un nœud ou un enjeu majeur d’où découlent des difficultés qu’ils rencontrent par ailleurs. Si les Américains
font certaines pressions s’agissant du conflit israélo-palestinien, c’est en raison de cela. Il en vient ensuite à la situation palestinienne. Et à l’attitude de l’Autorité. D’une phrase il caractérise la situation : « Abou Mazen gère la crise mais pas la solution… Les Israéliens ont déjà dessiné les frontières de leur État : la colonisation de Jérusalem-Est, l’occupation de la vallée du Jourdain, aucun retrait, au contraire, n’est en vue, les colonies avancent sans cesse. Israël est ainsi devenu la seule fenêtre pour notre économie. Tout ce qui se produit légitimise finalement les colonies et l’occupation. Aucun signe contraire ne vient contrarier ce mouvement, pas même évidemment la lettre « éventée » d’Obama où est acceptée la colonisation de la vallée du Jourdain. Dans ces conditions Abou Mazen « est trop faible » pour négocier de manière utile. Il « gère » la donne actuelle, il ne dégage pas l’avenir… » Un autre exemple qui le confirme constitue son attitude (à Abou Mazen), son comportement vis-à-vis de la question des prisonniers. « Il y a 8 000 prisonniers palestiniens qui sont suspendus en l’air sans connaître leur destin. On ne parle pas d’eux. Jamais. Or, on n’a jamais vu une négociation me-
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née en vue de la libération nationale qui n’évoque pas la question des prisonniers de manière récurrente. Or, ici, c’est le cas : on n’existe pas. Ah certes ! on dit, à Ramallah, qu’on va doubler notre « solde ». On essaie d’acheter notre destin, réduit au silence. De nous calmer. Cela n’a aucun sens pour nous. On ne veut pas d’argent mais notre libération qui n’est visiblement pas une priorité du tout. On est ignoré… Alors quoi : quelles négociations ? » Salah aborde un quatrième point. Il a tout écrit minutieusement. De temps en temps le gardien va se dégourdir les jambes, d’autant plus qu’il ne comprend pas un mot de « sarfati ». Salah parle de l’insensée exigence des Israéliens de vouloir imposer aux Palestiniens l’acceptation d’un « État juif ». Avec ses amis, il pense que, de la sorte, les Israéliens veulent purement et simplement se débarrasser des 1 500 000 Palestiniens qui vivent en Israël en les transférant et qu’ils veulent, par là même, tuer le principe du « droit au retour ». Il parle de l’eau, confisquée par Israël et que les Palestiniens doivent acheter alors qu’elle leur appartient. Il parle de Jérusalem et de la colonisation accélérée de la ville pourtant considérée comme la « capitale des deux États », ceci dans l’indifférence - autre que verbale - de la communauté internationale. Après ce « tableau » de la situation, il convient, dit-il, de trouver une solution. Il dit que le pire serait de vivre dans l’illusion que quelqu’un apportera la paix en Palestine. On parle de construire un État viable mais c’est quoi aujourd’hui ? « C’est comme si nous étions dans une salle d’urgence avec plein de tuyaux dans les bras et dans tout le corps avec comme seule possibilité : celle de respirer ». Les gens en ont marre, dit-il avec force. Cela peut exploser, on ne sait comment. Il nous faut donc remplir un certain nombre de conditions. Nous devons réaliser impérativement l’unité inter palestinienne, insiste-t-il avec force. C’est possible, assure-t-il. Les Accords du Caire de 2005 en offrent la possibilité acceptable pour tous les partis politiques. « Il nous faut aussi un programme et 12 -
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une stratégie populaire et établir des étapes. Trancher une bonne fois la question de la lutte armée ou de la lutte pacifique. Bref, nous doter d’une stratégie à nous. » Il me parle après des conditions de vie en prison. « On en a déjà parlé l’autre fois » se souvient-il parfaitement. Il en a parlé aussi avec Monique Cerisier BenGuigua quand notre amie sénatrice est venue le voir en prison. Il ne reçoit toujours pas de livres. Aucun prisonnier n’en reçoit. Je lui ai amené trois livres de la part de sa famille. Un gardien les a pris pour les consulter. Je ne sais s’ils passeront. Quant au courrier, il lui arrive bien. Je lui dis que j’ai remarqué que, quand des amis lui écrivent et qu’ils mettent leurs adresses au dos, ces lettres reviennent systématiquement en France. Il me redit avec insistance à la fois ses remerciements à tous pour ces lettres envoyées auxquelles il ne peut pas répondre malheureusement et combien ce sont pour lui des « rayons de soleil » qui percent les murs de sa prison. Je lui dis que le soir même de ce 5 octobre il sera fait citoyen d’honneur de la commune de Beaumont. Il sourit et remercie encore et encore tous les solidaires, autant de signes qu’il transmet à ses camarades de prison. Étant allé dans le plateau du Golan, je lui dis de transmettre les salutations d’un ami syrien rencontré sur place. Il y a huit Syriens, du plateau, dans la prison. Nous parlons de l’avenir. De sa sortie pour laquelle nous luttons sans cesse. Il
le sait et nous remercie. Avec un sourire il dit que « déjà je n’étais pas dans l’agenda de Nicolas Sarkozy, alors, avec tout ce qui se passe en France, je dois l’être encore moins. Il a beaucoup à faire aujourd’hui, non ? » « Si je sors en novembre 2011, sans aucune remise de peine, je passerai un mois à Jérusalem pour revoir mes amis et rester avec ma famille. Je viendrai vite en France après ». Et les études ? « Je ne peux plus les poursuivre. Sept ans de prison et ensuite quatre ou cinq ans en plus à faire supporter à mes parents, non… J’ai un frère et une sœur dont mes parents doivent s’occuper. Je ne veux pas leur faire supporter plus. Alors je chercherai un travail, sans aucun doute ». On parle de sa vie, à lui, en prison. Il ne parle jamais de lui. Jamais. Il est en confiance et me dit : « A Ramallah, on nous présente comme des héros mais je ne suis pas un héros. J’ai mes peines, des moments difficiles, oui, je ne le cache pas. J’ai des joies également. Je suis un être humain. Tout simplement. Un être humain. » On doit se quitter. Il est 12h30. Nous avons pu discuter une heure et quart. On sort dans ce couloir où nos chemins se sépareront une nouvelle fois. Je lui offre une cigarette. Nous fumons ensemble. Un gardien s’approche. Il faut qu’il retourne dans sa prison. On s’embrasse encore et encore. Il part. Nous passons la petite porte. Un regard encore vers lui. Il se retourne justement. Nos yeux se croisent. On se sourit. Je lève la main en sa direction… Je lui lance : « A bientôt. Mais dehors, Salah ! »
international LE RÉVEIL
Nous ne sommes pas des terroristes ! L'autorité israélienne essaie avec succès de dire au monde que les milliers de prisonniers politiques palestiniens sont tous des terroristes... Petite mise au point depuis les cellules de ses prisons d'occupation. Depuis le 11 septembre, il y a un amalgame entre le terrorisme et la lutte des peuples vivant sous occupation. Ceci a pour effet la condamnation par le monde occidental, en particulier, de toute action de résistance politique. Le pouvoir
israélien a profité de cet état de choses pour isoler plus encore la résistance palestinienne tout en se rapprochant, sous couvert de lutte contre le terrorisme, de ses alliés : les États-Unis et l’Europe. Le phénomène Ben Laden a aussi accé-
Mme Hamouri s’adresse à Michèle Alliot-Marie Madame Michèle Alliot-Marie, Tout d’abord je me permets de vous envoyer ce message pour vous présenter mes félicitations après votre nomination au ministère des Affaires étrangères. Ensuite, je souhaiterais vous rappeler la situation de mon fils, Salah Hamouri, Franco-Palestinien, détenu en Israël depuis mars 2005 et condamné à 7 ans de prison par un tribunal militaire d’occupation en avril 2008. Je suis persuadée que vous connaissez l’existence de ce dossier douloureux, car j’ai fait appel à votre ministère et donc à votre prédécesseur de nombreuses fois. Je l’avais d’ailleurs rencontré à Jérusalem en février 2008. Salah, qui est âgé de 25 ans, a passé plus de 5 ans dans les geôles israéliennes alors qu’il n’a commis aucun acte délictueux : il est en prison pour des raisons politiques et uniquement politiques, liées à la situation qui existe au Proche-Orient. Je ne doute pas un seul instant que vous allez reprendre en main ce dossier « mis de côté ». Je reste à votre entière disposition pour toutes informations complémentaires concernant la situation de mon fils, Salah. Dans l’attente de votre réponse, Je vous prie d’agréer, Madame la ministre, l’expression de mes sentiments les meilleurs. Madame A-D Hamouri
léré ce processus et cet amalgame. Les attaques contre les civils innocents en Europe, aux États-Unis mais aussi dans les pays arabes comme dernièrement l'attaque contre des chrétiens dans une église à Bagdad, nuisent non seulement à la résistance palestinienne mais aussi aux musulmans et aux arabes. Ces actes ont défini les positions et l'agenda du monde occidental par rapport au monde arabe et islamique. Les partis politiques palestiniens devraient avoir une position claire et condamner cette tendance du « Djihad islamique mondial fondamentaliste » pour que le monde y voit clair entre la lutte et la résistance, qui ont pour objectif de libérer notre patrie de l'occupation et cette nouvelle idéologie totalitaire. La lutte du peuple palestinien est depuis longtemps un symbole du refus de l'occupation et du combat contre l'injustice malgré les erreurs parfois commises. Actuellement, le monde occidental a tendance à assimiler cette lutte contre l'occupation au terrorisme à cause de la propagande habile de l'ennemi israélien. Les résistants français n'étaient pas des terroristes quand ils résistaient à l'occupation allemande ; et si la résistance à une occupation étrangère est considérée comme une forme de terrorisme, alors beaucoup de peuples dans le monde sont des « terroristes ». Cette nouvelle logique du « terrorisme islamique mondial » fait le jeu des occupants. Le peuple palestinien est, au XXIe siècle, un des derniers peuples vivant sous occupation et nous risquons de payer le prix de cet état de fait alors que notre priorité doit rester la lutte contre l'occupation israélienne afin que notre peuple vive libre et que nos droits soient enfin reconnus. Salah Hamouri Le 20 novembre 2010 Prison de Gilboa - section 4
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Reformer l’ONU, appliquer la charte ? La nécessité d’une réforme de l’ONU est communément avancée, portée par le fait que, si le bilan de l’Organisation est généralement positif pour ses activités périphériques, sa soumission à la domination des grandes puissances fait qu’il est assez négatif pour son rôle principal qui est l’établissement des relations pacifiques entre peuples égaux et libres. Vient alors l’inculpation du privilège des cinq membres permanents, d’ailleurs contraire au principe d’égalité des nations grandes et petites édicté par la Charte. Mais les articles 108 et 109 de la Char- Quand une commune rurale achète un te soumettent toute réforme au vote autobus pour desservir la gare la plus conforme des Cinq. Alors, fonder proche, l’école et le dispensaire, si un autre chose ? La question étant celle du gros propriétaire ou un industriel voisin rapport de forces international, le pro- soudoie ou intimide le chauffeur pour blème restera le même, et l’ONU n’est satisfaire à ses propres besoins, faut-il peut-être pas la plus mauvaise formule changer la mécanique de l’autobus ? quand on voit comment, malgré le pri- L’autorité de l’ONU ne se résume donc vilège dont elles y disposent, les gran- pas à celle de ses fonctionnaires (son des puissances font tout pour l’évincer secrétaire général n’est d’ailleurs pas le et la remplacer, par exemple par le G « patron de l’ONU », mais seulement 20. L’action quotidienne sur l’orga- le directeur général des services). On nisation telle qu’elle est, exige moins oppose alors l’ONU, lieu de souveraide puissance que pour parvenir à une neté des États, et les forums mondiaux, réforme, mais risque d’être lieu de souveraineté des affaiblie par l’idée qu’elle est Cela nous renvoie peuples. Mais l’image de vaine tant qu’il n’y a pas eu de à l’alternative l’autobus vaut aussi pour réforme. les États. Un État ne peut fondamentale et Encore faut-il mieux donner universelle posée pas être souverain, car il à voir les impacts possibles par notre époque, n’est lui-même, par ses de l’action des peuples, ce entre le pouvoir institutions représentatiqui renvoie à une réflexion sur les peuples ves et ses administrateurs, sur ce que doit être l’ONU et et le pouvoir qu’un instrument de pouce qu’on doit en attendre. La des peuples voir, et la question est celle quête de réforme de l’ONU de savoir qui a le pouvoir tient à ce qu’on la considère comme une sur les gouvernements dans leur activité autorité suprême : quand on demande à l’ONU. Cela nous renvoie à l’alterna« que fait donc l’ONU ? », on oublie que tive fondamentale et universelle posée ce n’est qu’une organisation, et donc par notre époque, entre le pouvoir sur non pas titulaire de pouvoir mais un les peuples et le pouvoir des peuples. instrument de pouvoir, dont l’action Pour y répondre, certains voudraient dépend de qui exerce ce pouvoir. l’affubler d’une sorte de Parlement 14 -
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mondial. Or un Parlement mondial ne ferait que renforcer la structuration logique verticale d’une sorte d’État mondial, accréditant un exécutif de gouvernance mondiale, et sur lequel, alors que l’on sait que les Parlements ne valent pas, par la seule vertu de leurs membres à qui le pouvoir serait délégué, mais par l’action sur lui de ceux qu’ils représentent, son éloignement de la base rendrait la pression démocratique parfaitement illusoire. Une telle structuration reposerait au surplus sur une citoyenneté mondiale directe (sans intercession de citoyennetés nationales qui supposerait l’existence d’un peuple mondial unique absorbant la pluralité des identités différentes des peuples du monde.
La solution idéale… La solution idéale serait celle qui : - substituerait à la vieille logique de relations internationales fondées sur le partage des territoires et de leurs peuples par les détenteurs de la force une logique de pouvoir des peuples, - tiendrait compte de ce que s’il y a une population mondiale, elle est composée de peuples différents répartis sur la surface du globe et que leur souveraineté sur leurs territoires respectifs doit s’exercer dans leur respect mutuel
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et leur coopération dans leur intérêt leur droit de veto sont en contradiction commun. avec ce bel édifice. Mais aussitôt s’imOr, c’est précisément la logique de la pose une nouvelle mise au point : la loCharte, dans son préambule : « Nous gique de substitution de la loi de l’ONU (première personne, souveraineté) peu- à celle de la Charte a inspiré aux médias ples (pluralité) des nations (identité) unies ces derniers temps d’aller jusqu’à parler (universalité), … avons décidé d’unir nos de « Club des Cinq ». De fait, pour éviter efforts (organisation)… En conséquence de se heurter à un veto de l’un d’eux, les nos gouvernements (les autobus) », et Cinq en sont venus à se concerter pour dans l’énoncé de ses règles : interdiction trouver des compromis, mais jamais du recours à la force dans les relations le « Club des Cinq » n’a figuré dans la internationales et obligation de solution Charte, ni aucun autre pouvoir ou privinégociée des différends, droit des peu- lège des Cinq que ce droit de veto. ples à leur libre détermination, assortie Mieux, on cherchera vainement dans la de l’interdiction d’ingérence extérieure Charte le terme veto. A l’origine, parce dans leurs affaires, comportant leur que le monde était divisé en deux blocs maîtrise exclusive sur leur instrument opposés et que chacun craignait que étatique de pouvoir. Et l’organisation l’autre obtienne à l’Assemblée généraest constituée pour l’application de ces le une majorité pour lui faire la guerre, principes : c’est dans une logique ho- c’était l’exigence de leur unanimité rizontale, le lieu où « par leur gouverne- pour recourir à la force. C’est un avis ment » les peuples « unissent de la Cour internationale leurs efforts ». de justice qui, pour pallier Le problème est qu’il ne suffit Tout ramène l’absence de l’URSS au pas que la loi soit sur le papier donc, non pas à vote pour l’intervention pour qu’elle soit appliquée. inventer du droit, en Corée, a, en jouant sur L’ONU, comme les autres mais à faire resles virgules, transformé, institutions, peut violer la pecter celui qui par voie d’interprétation, loi qu’elle est chargée d’ap- a été conquis et le principe d’unanimité pliquer. Alors ? Comment que ceux, dont en droite de veto. faire respecter le droit ? Des cela contrarie la Ceci étant, la faculté de veto tribunaux ? La Cour inter- domination, font est moins paralysante que nationale de justice ? Une tout pour évincer. l’exigence d’unanimité, et autre juridiction à inventer ? il n’est pas évident qu’il L’expérience enseigne que les juges faille le supprimer : lors de la guerre aussi peuvent violer la loi. Le droit est du Golfe, il eut été utile si la coalition un combat pour sa proclamation et pour avait réussi à obtenir une majorité. Le son application. La seule alternative est problème est qu’il ne soit pas détourné le combat des peuples pour que l’ONU de son objet. La Charte limitant le rôle applique la Charte, et pour cela leur du Conseil de sécurité au maintien ou action commune sur leurs gouverne- au rétablissement de la paix, il peut emments respectifs. pêcher qu’il use de pouvoirs de police Encore faut-il que soit combattue la dé- au-delà de ses compétences. Mais lorssinformation qui ne parle jamais que de que l’un des Cinq l’utilise pour violer la l’ONU et jamais de la Charte, que les Charte ou le permettre à un de ses protépeuples sachent que celle-ci les investit gés, ce veto-là est illégal et il doit pouvoir d’un pouvoir qui, du même coup, les y être passé outre. Et il n’y a pas besoin rend responsables de ce qui est commis pour cela de modifier la Charte, puisque ou non fait en leur nom ; en un mot que ce n’est que sa stricte application. la citoyenneté nationale comporte le do- Tout ramène donc, non pas à invenmaine des relations internationales et ter du droit, mais à faire respecter ceque la démocratie internationale passe lui qui a été conquis et que ceux, dont par la démocratie nationale. cela contrarie la domination, font tout Certes, il reste que le pouvoir des Cinq et pour évincer. Dans tous les domaines
du droit, et du droit international comme de tous les autres, le plus grave des maux est la délégation de pouvoir, qui attend tout de l’illusion de saintes gens qui disent le bien et accordent à tous la protection de leur bras séculier (en l’espèce, la police étant la guerre). Il n’y a pas d’autre recette que l’action citoyenne et ce n’est pas une utopie. Lors de la guerre du Golfe, alors que Chirac avait dit « on fera ce que dira l’ONU », on lui a rappelé, qu’avec le droit de veto, cela dépendait de lui et il a alors annoncé que, s’il le fallait, il utiliserait le veto, et les 10 millions de manifestants dans le monde ont fait que leurs gouvernements ont résisté aux pressions de la coalition. Si l’on pouvait réformer l’ONU, il n’en faudrait pas moins toujours l’action populaire pour que la réforme porte ses fruits. Avec l’ONU telle qu’elle est tout est possible, si les peuples imposent à leurs gouvernements d’y respecter la Charte. Au demeurant une autre réforme s’impose : celle des institutions financières internationales, par lesquelles les grandes puissances exercent leur domination, y compris à l’ONU, et qui ont été constituées lors de la Charte sur la base de la règle « un dollar = une voix », et qu’il s’agit donc de mettre en conformité avec le « un pays = une voix » de la Charte, et pour celle-là, il n’y a pas l’obstacle des articles 108 et 109. Roland Weyl - Avocat Référence : « Sortir le droit international du placard » de Monique et Roland Weyl, Éditions du CETIM/Genève/Les Éditeurs Indépendants.
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LE RÉVEIL Actualité international
Le Normandie-Niemen déménage au Bourget Le Bourget va accueillir le dernier vol du Normandie-Niemen au musée de l’Air. En effet, faute de visiteurs et d’argent, le mémorial NormandieNiemen, situé aux Andelys (Eure) fermera à la fin de l’année pour rejoindre en 2011 le musée de l’Air et de l’Espace au Bourget près de Paris. Le mémorial était installé depuis une vingtaine d’années dans cette petite ville de l’Eure, mais l’arrêt en 2008 des subventions du ministère de la Défense et de la municipalité a provoqué la mort locale de celui-ci. Ce mémorial, qui rappelle l’existence de cette prestigieuse escadrille Normandie-Niemen qui combattit sur le front de l’Est au sein de l’Armée rouge durant la Seconde Guerre mondiale, ne pourra que bénéficier de cette installation au Bourget permettant à beaucoup plus de gens de découvrir le Normandie-Niemen. Le musée
des Andelys n’accueillait chaque année que 2 000 visiteurs, alors que le musée de l’Air au Bourget en a reçu 280 000. Pourtant, la visite du musée des Andelys est passionnante : logé dans une maison bourgeoise en briques rouges, encadrée de platanes centenaires, il est précédé d’une maquette d’un chasseur soviétique Yak et d’un chasseur Mirage F1 des années 70. De nombreux objets racontent l’épopée du « Normandie », créée en septembre 1942 par le général de Gaulle avec l’accord de Staline : photos de pilotes de la
La bataille du rail… Le 19 novembre, Jacques Prost a consacré la page Région de l’Alsace aux problèmes du fret ferroviaire de la SNCF. Ce qui a retenu mon attention, tant dans l’interview du sénateur alsacien Francis Grignon (UMP) que dans les deux autres articles c’est, qu’à trois reprises, il est fait mention du statut du cheminot qui constituerait une des raisons des difficultés que rencontre l’entreprise à développer les activités de fret. Rien de tel pour m’inciter à consulter illico le rapport du groupe de travail présidé par le dit sénateur. Et là, sans surprise, je lis en effet que ce groupe « considère que la réforme du statut des cheminots constitue un problème de fond, car il existe un écart de coût entre la SNCF et les autres entreprises de transport ferroviaires, lié aux différences en matière de réglementation du travail, écart qui a un impact décisif sur la compétitivité de l’activité fret de la SNCF. » Les personnels apprécieront. On retrouve là, comme pour les retraites, la santé ou les services publics, les mêmes pressions des politiques mises 16 -
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en œuvre dans le cadre de la « concurrence libre et non faussée et du dumpigng européen ». Par contre, ce que ce rapport omet de signaler c’est que depuis 1997, pas moins de six plans de restructuration se sont succédé à la SNCF. Le dernier, baptisé « Destination 2012 », vise un peu plus à casser la culture cheminote, faite d’un vrai service public et de luttes collectives, « pour se préparer à la concurrence par l’accroissement de la productivité », à laquelle même le transport de voyageurs est ouvert depuis janvier 2010. Les partisans de la libéralisation prétendent que cela redynamisera le secteur du fret et permettra une baisse des prix. Pour l’instant, les entreprises privées (Veolia, Euro cargo rail, Colas rail, etc.) ont surtout piqué des parts de marché à la SNCF et voudraient s’affranchir de toutes les contraintes existant en matière de maintenance et de sécurité. Auguste Bechler
France libre devant leurs Yak, uniformes, médailles, caricatures de la vie quotidienne évoquées par un sous-officier de l’escadrille, télégrammes « secrets ». Le Normandie-Niemen se posera définitivement dans le hall du musée de l’Air consacré à la Seconde Guerre mondiale et où est déjà exposé un Yak, soit près de la piste où atterrirent les pilotes le 20 juin 1945. Puis fin 2011, l’installation définitive se fera dans un espace d’environ 250 mètres carrés. Espérons que ce nouveau lieu d’exposition permettra aux visiteurs de ne pas oublier les faits glorieux de cette prestigieuse escadrille pendant la Seconde Guerre mondiale. Jacqueline Thabeault-Alcandre
LE CAHIER MÉMOIRE
le réveil
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des combattants
Pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix
ÉDITO - Par Paul Markidès
Notre Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre naquit de l’initiative de quatre anciens combattants de la guerre 1914-1918 : Henri Barbusse, Paul Vaillant-Couturier, Raymond Lefebvre et Georges Bruyère. Admirateurs de l’action pacifiste de Jean Jaurès dans la période qui précéda cette guerre et ayant vécu ensuite l’expérience de ce conflit qui fut particulièrement dramatique et meurtrier, ils ont découvert douloureusement les identités des responsables de « cette guerre pour rien » : « les galonnés d’or et les brasseurs d’affaires » dénoncés dans le livre Le Feu d’Henri Barbusse qui reçoit le prix Goncourt en 1916. De là viendra leur décision de créer l’ARAC en 1917…
Les articles de Bruno Drweski sur la guerre 1914-1918, de Charles Sylvestre sur Jaurès, les biographies des quatre fondateurs et le témoignage de Raymond Lefebvre, à partir d’un extrait de son livre L’éponge de vinaigre, nous permettent de nous remémorer ou de faire découvrir leur parcours singulier. Au-delà de ce rappel propre à la fondation de notre ARAC, nous trouvons indispensable d’honorer la mémoire d’un autre ancien combattant de la guerre 14-18, le général de Gaulle mort, il y a 40 ans, le 9 novembre 1970. Celui qui fut le chef de la Résistance, celui qui dirigea de 1944 à 1946 le gouvernement provisoire de la République française, mettant en application le programme de progrès humain élaboré par le Conseil national de la Résis-
Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807 Villejuif - Tél. 01 42 11 11 12
tance auquel l’ARAC est profondément attaché. Certes notre association n’a pas toujours été en harmonie avec le fondateur de la Ve République, avec certaines de ses positions ou décisions, notamment, face au colonialisme, face aux représailles sanglantes en Afrique du Nord, hautement condamnables. Nous ne pouvons pas, non plus, ne pas nous souvenir des événements de 1968 qui exprimaient le ras-le-bol d’une jeunesse exigeant plus de libertés et du monde du travail, réclamant plus de droits. Nous n’oublions pas non plus l’homme d’envergure mondiale (comme lors de son discours du 1er septembre 1965 à Phnom-Penh) contre la guerre du Vietnam.
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La Première Guerre ou l’impérialisme révélé Si, pour beaucoup, la guerre qui commença à l’été 1914 fut comme un coup de tonnerre dans un ciel serein, tel ne fut pas le cas pour les observateurs attentifs. Car le « long XIXe siècle » (1789 – 1914) avait vu s’accumuler les contradictions à l’échelle mondiale. D’un côté, l’humanité avait découvert des possibilités, inespérées auparavant, de progrès scientifique, technique, économique, social. D’un autre côté, c’est à un rythme industriel que s’accrurent l’exploitation, la misère, les inégalités. La Première Guerre mondiale fut l’aboutissement d’un processus d’accélération de l’histoire. Comment le mécanisme guerrier se mit-il en marche ? Comment se déroulat-il ? Quels changements entraîna-t-il ?
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Bruno Drweski est historien, maître de conférences à l’Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO)
Le monde en 1914 • Un seul monde : l’expansion de la civilisation moderne Les « grandes découvertes » européennes ont inauguré le processus de mondialisation, en reliant toutes les régions du monde. Mais les puissances capitalistes ne sont parvenues à dominer toute la planète qu’avec la seconde phase de la mondialisation, au XIXe siècle. En 1914, elles s’étaient partagées les ressources naturelles et les marchés. Ce colonialisme devint alors un « système-monde ». Les classes sociales dominantes de quelques pays avaient imposé, pour le meilleur et pour le pire, leur système social et économique, censé assurer le progrès de l’industrie, de la science et de la raison. Des territoires auparavant désolés voyaient affluer des investissements permettant aux productions agricoles, minières, industrielles d’augmenter à des rythmes inimaginables auparavant. Bienfaits de la colonisation ? Presque toute l’Europe y croyait et beaucoup de colonisés étaient fascinés par ces fleuves domestiqués, ces déserts qui reculaient, ces usines, ces trains, cette organisation, cette science qui dépassait la magie. Mais derrière ces progrès, combien de tragédies ! Dans les colonies et au cœur des empires. À la violence coloniale répondait la violence de classe. Les bataillons exploités de « l’armée industrielle ». Les damnés
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e mondiale Bruno Drweski de la terre se pressaient vers les colonies ou vers les Amériques. L’Europe, c’était alors un tiers de la population mondiale. Les contradictions étaient en place pour mener au premier conflit de la mondialisation, à la guerre inter impérialiste pour les ressources naturelles et les marchés. Cette Europe croyait apporter au monde « la civilisation ». Ses États faisaient avant 1914 des guerres courtes, les victimes étant surtout militaires. Les lois de la guerre y veillaient, aucun État ne serait entré en conflit sans avoir d’abord engagé de minutieuses tentatives de règlement, d’ultimatum et finalement de déclaration de guerre à heure annoncée d’avance. La Russie, encore autocratique, avait obtenu la création du tribunal international de La Haye pour tenter de régler les différends entre États …civilisés. Les pogroms antisémites du tournant du siècle qui soulevaient l’horreur n’étaient rien en comparaison des hécatombes qu’on allait connaître après 1914 ! L’Europe, c’était aussi les enfants travaillant dans les mines, les discours martiaux, chauvins, exterminateurs. L’Europe du Kaiser massacrait 80 % du peuple Herrero, le roi des Belges fit régner la terreur sur le Congo, la France extermina des villages entiers en Algérie, les Britanniques réprimaient aux Indes, avec la cruauté de gentlemen croyant dépecer une hyène. L’Europe des banquiers, des industriels, des aristocrates
décatis et des petits-bourgeois comptables avait exporté aux quatre coins du monde les violences séculaires qu’elle pensait avoir maîtrisé chez elle. L’autre Europe, celle de la sueur et de la misère, aspirait à la paix, comme la plupart des jeunes « coloniaux » qui se pressaient dans les rares écoles ouvertes pour eux. • Déséquilibres et développements inégaux D’un côté, « le fardeau de l’homme blanc » porteur de civilisation, de progrès scientifique, technique, moral, de rationalité, de respect pour l’égalité. De l’autre, une barbarie décuplée par rapport aux vieilles féodalités. Les optimistes voulaient croire que l’impérialisme apporterait en bout de course un monde pacifié. Mais la masse des travailleurs ne pouvait y croire, aussi les bourgeois rationalistes faisaient tantôt appel à l’espérance dans un progrès « en soi », déconnecté des contradictions sociales, utilisaient tantôt le vieux reflex d’une religiosité de pacotille. Aux côtés des armées, de la police et des instituteurs mobilisés pour la « civilisation », on soutenait les missionnaires d’un christianisme vidé de son souffle prophétique. La contradiction entre rationalité revendiquée et « religiosité à papa » démontrait que la route vers les Lumières s’était arrêtée en rase campagne. Voilà une des causes de la guerre. Contradictions aussi entre poids du passé et implications du pré-
sent : restes de féodalisme contre poussées capitalistes ; survivances monarchiques contre exigences démocratiques ; principes aristocratiques contre réalisme bourgeois ; mode de vie rural contre rythmes urbains ; Occident développé contre Orient « archaïque » ; centre(s) contre périphérie(s). Contradictions entre les présents : entre impérialistes, entre nationalismes. C’est entre les libéraux perdant leurs illusions sur le progrès graduel pour tous et les socialistes incapables d’entraîner la majorité des sociétés en mutation que se forgea l’idéologie nationaliste. Il fallait « donner » aux prolétaires une patrie pour qu’ils renoncent à la révolution et dirigent leur ressentiment contre leurs semblables de l’autre côté des frontières. Dernière venue au club des grandes puissances, l’Allemagne reprit les conceptions racistes développées en France et en Grande-Bretagne pour les systématiser et légitimer sa course à la prééminence. Les très bonnes universités allemandes formèrent à ces conceptions ethnicistes les élites de l’Europe du centre-est. Au pangermanisme, par mimétisme, allaient répondre, le panslavisme, le pantouranisme, le nationalisme hongrois « hun », le national-catholicisme polonais, le sionisme, etc. En 1914, les contradictions étaient trop diverses pour être perçues et résolues d’un seul coup. Comment prôner l’égalité des êtres humains et justifier les comportements « civilisés » des armées en Europe, barbares dans les colonies ? Comment prôner la démocratie en séparant les habitants d’un même « empire » en citoyens et en sujets ? Pourquoi l’alliance de la troisième République avec le tsar autocrate ? Pourquoi celle de l’Allemagne fière de sa sécurité sociale avec l’empire ottoman aux structures archaïques ? novembre-décembre 2010 - N°766-767 - LE RÉVEIL
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• Des perceptions différentes de la réalité selon les pays Sept puissances rivalisaient alors : Grande-Bretagne, France, Allemagne, Italie, Russie, États-Unis, Japon. La Grande-Bretagne, la France et des pays comme la Belgique avaient, en gros, terminé leur mutation vers la démocratie bourgeoise, alors que l’Allemagne restait marquée par des raideurs monarchistes. Plus à l’Est, les pouvoirs s’adaptaient mal aux règles du capitalisme. Les pays balkaniques voulaient imiter les grandes puissances, en se faisant le jouet de leurs intérêts. La Russie était une « prison des peuples », l’Autriche et l’empire ottoman recherchaient une légitimité de rechange face à la déliquescence des principes féodaux portés par les Habsbourg ou ceux d’un islam en crise portés par les sultans ottomans. De plus en plus de peuples se sentaient opprimés : Irlandais, Polonais, Arméniens en particulier. La déliquescence des vieilles puissances amenait d’autres groupes ethniques à se considérer comme des peuples à part entière : Tchèques, Slovaques, Ukrainiens, Juifs, Lituaniens, Arabes, etc. Si pour l’opinion progressiste, la guerre semblait une catastrophe évitable, pour certains « petits » peuples, elle semblait une porte vers la liberté. Les Serbes, menacés par la poussée germano-autrichienne, eurent de fortes raisons de croire que la guerre de 1914 avait commencé pour la défense de leur liberté. Hormis quelques pays européens neutres, l’Amérique latine devenue « l’arrière-cour » des États-Unis et quelques États semi-coloniaux (Abyssinie, Perse, Afghanistan, Siam, Chine), le reste du monde faisait partie d’empires. Aux appelés des pays belligérants allaient s’ajouter les troupes coloniales. La Chine, sans moyens, apporta ses bataillons de 20 -
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main-d’œuvre pour remplacer dans la misère les ouvriers partis au front. On connaît les conditions horribles qui régnaient au front. On doit aussi rappeler la misère, la surexploitation, parfois la famine qui touchait les ouvriers, les travailleurs coloniaux, les femmes. • Les moteurs de la guerre On connaît le mécanisme de déclenchement de la guerre qui commença par l’ultimatum de Vienne à Belgrade, et qui s’étendit, par le jeu des alliances, à l’ensemble des grandes puissances européennes, suivies par le Japon, l’Italie, les États-Unis et plus fictivement, par plusieurs États d’Amérique latine. Les fauteurs de guerre sont connus : les « marchands de canons », les intérêts impérialistes jouant, à l’occasion, sur les frustrations de « petits peuples ». Le jour venu, peu osèrent se rebeller contre les ordres de mobilisation ou fraterniser avec les troupes adverses. La propagande voulut démontrer l’existence d’un consensus guerrier. Les partisans de la paix furent isolés par les bureaucraties de partis, « l’aristocratie ouvrière », « le crétinisme parlementaire ». La discipline, qui fut une arme de la classe ouvrière dans ses luttes, fut retournée en son contraire. « Les démocraties ne
se font pas la guerre ». Rien ne fut plus faux que cette affirmation au moment où les Parlements, élus selon les règles de la démocratie bourgeoise, votèrent les crédits militaires. Comme l’avait pressenti Karl Marx, la « rétribution » eut lieu en Europe, une barbarie rodée dans les colonies, décuplée par les techniques modernes. La Première Guerre mondiale « remit à niveau » les contradictions du capitalisme. Les dynasties, qui tentèrent de survivre par la fuite en avant dans la guerre, tombèrent : Romanov, Habsbourg, Ottomans, Hohenzollern. Les puissances plus modernes s’engagèrent sur la pente de l’affaiblissement. Seuls les États-Unis, et dans une moindre mesure le Japon, tirèrent profit du conflit. La Russie allait tenter seule, dans le feu de sa grandiose révolution, une voie alternative vers la modernité, créant le premier contrepoids anti-impérialiste de l’histoire. La rivalité entre Londres, qui voulait conserver sa prééminence contre Berlin, fut le moteur du conflit. La France se joignit à Londres pour préserver son rang. Ces calculs étaient chimériques. En 1913, Grande-Bretagne, Allemagne et France ne représentaient plus, ensemble, qu’un tiers de la production industrielle mondiale, contre un autre tiers pour
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les seuls États-Unis. Le « concert européen » faiblissant sombrait dans la cacophonie. Les élites européennes perdaient le contrôle de ce qui avait justifié leur domination.
La Guerre Ce fut une guerre de masse, industrielle, longue. Le contraire des prévisions. Des masses d’hommes furent broyées sous des « orages d’acier ». Dix millions allaient périr. Une guerre sans but précis. Certains purent croire qu’ils défendaient leur nation. Comme les Serbes. Quand l’ennemi se rapprocha du cœur de la mère patrie, Allemand aux portes de Paris, Anglais aux portes de l’Anatolie, le soldat pouvait croire à la défense de sa patrie en danger. Mais dans l’ensemble, ce ne fut
pas une épopée. Les soldats bel- lait traverser toute l’Europe, face ges flamingants mouraient car ils aux anciens combattants pacifisne comprenaient pas les ordres de tes. leurs officiers francophones, les Cette guerre fut horrible pour soldats austro-hongrois, russes, les civils, surtout ceux qui subiallemands découvraient dans la rent l’occupation. Belges accusés boue des tranchées les solidarités d’être des francs-tireurs par l’ar« tribales » avec ceux qui parlaient mée allemande, Ruthènes soupçonnés de sympathie comme eux. La Premièpour la Russie par les re Guerre mondiale en- Ce fut une racina les idéaux de paix guerre de masse, détachements honet de justice sociale chez industrielle, lon- grois, Juifs accusés beaucoup d’ouvriers gue. Le contraire de fuir le service militaire, Arabes hésitant ou parfois de paysans, des prévisions. à soutenir un empire elle incrusta l’égoïsme Des masses ethnique chez ceux qui, d’hommes furent de moins en moins musulman et de plus arrachés à leur terroir, broyées sous en plus turc, et surtout découvrirent à la fois des « orages Arméniens qui par le vaste monde et ses d’acier » horreurs. D’autant plus qu’ils ne plusieurs centaines de milliers furent pas « recasés » dans une au moins payèrent de leur vie le société déstructurée par la guerre. soupçon de sympathiser avec la Ce fut surtout le cas dans les pays Russie. Ce fut surtout une guerre vaincus, mais le phénomène des de position, après les premières anciens combattants de droite al- semaines, quand les Allemands novembre-décembre 2010 - N°766-767 - LE RÉVEIL
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furent stoppés aux portes de Paris et que les Russes furent arrêtés à l’intérieur de la Prusse orientale. La retraite serbe, Verdun et Przemysl furent les symboles des combats les plus durs. D’autres noms firent la une des journaux : la Somme, Gallipoli, Caporetto, etc. Les pertes au front furent massives : 20 % des hommes en France, 13 % en Allemagne. Le conflit systématisa l’interventionnisme d’État au profit des capitalistes… La Russie révolutionnaire allait prendre cet exemple au profit des ouvriers. Il y eut des cascades d’innovations : aviation, sous-marins, gaz, blindés. La généralisation du travail féminin démontra irréversiblement la capacité des femmes à faire des travaux jusque-là jugés irréalisables par elles.
Une guerre « pour rien » 1914 stoppa l’essor du commerce international, délégitima les prétentions des élites possédantes à représenter « la civilisation » et le progrès en soi. Les Européens s’entretuèrent plus brutalement que des « sauvages ». Les plus conservateurs se raccrochèrent aux mythes réactionnaires, surtout au racisme, pour expliquer ce drame. Les mutineries, fraternisations, grèves qui s’étaient multipliées après les révolutions russes de 1917 éveillaient chez le bourgeois la peur du « bolchevik avec son couteau entre les dents ». Plus on allait vers l’Est, plus les tentatives de créer des « États bourgeois » étaient marquées par un radicalisme, de façade au moins. Les États naissants adoptèrent au départ des constitutions démocratiques entérinant l’ingérence de l’État en faveur de lois sociales et le droit de vote pour les femmes (en France, il ne sera accordé qu’en 1945). Cette guerre n’assura aucune victoire durable, ce que la Seconde Guerre mondia22 -
le puis la décolonisation allaient démontrer. Les causes profondes du conflit persistaient : inégalités entre États, nations, classes sociales. Même si la nouvelle Russie allait tenir un discours imposant les principes de paix, de désarmement et de sécurité collective. Un peu partout, il y eut des mouvements qui s’en inspirèrent. Allemagne, Hongrie, Pologne, Cuba, Espagne, Chine, etc. eurent leurs soviets, les révolutions mexicaine et chinoise se radicalisèrent, le mouvement musulman indonésien se bolchévisa, etc. L’ordre versaillais se forma aussi contre le camp politique qui avait prôné « la guerre à la guerre ». Partout les révolutionnaires qui On doit réfléchir pour n’avaient aucune savoir pourquoi la fin de responsabilité la vieille Russie déboucha, dans la tuerie de dans la douleur, sur la 1914 furent com- création d’une nouvelle battus, pourchas- entité politique multinasés, assassinés. tionale, alors que l’efLes puissances fondrement des empires s’accordèrent austro-hongrois, ottoman pour créer un et allemand entraîna la « cordon sani- naissance d’États nations taire » autour de séparés. la Russie, dès que leurs interventions échouèrent à assurer le retour au pouvoir des contre-révolutionnaires. L’idée en principe généreuse de Société des nations proposée par les ÉtatsUnis était viciée dès le départ. On doit réfléchir pour savoir pourquoi la fin de la vieille Russie déboucha, dans la douleur, sur la création d’une nouvelle entité politique multinationale, alors que l’effondrement des empires austro-hongrois, ottoman et allemand entraîna la naissance d’États nations séparés. Les États décadents avaient laissé se développer des nationalismes ethniques concurrents pour prolonger leur agonie. Les frontières dessinées à Versailles furent le résultat de rapports de force entre les
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grandes puissances au profit de leurs « États clients » respectifs. C’est ainsi que naquit « la petite Entente » qui « régla ses comptes » à la Hongrie vaincue mais surtout tentant une Révolution. La Pologne dut se contenter de compromis défavorables à l’Ouest (la « ville libre » de Dantzig), car elle était vue de Londres comme une protégée de Paris au moment où, fidèle à son traditionnel jeu de bascule, l’impérialisme britannique voulait que la puissance allemande soit maintenue comme contrepoids face à la France. Cette même Pologne bénéficia en revanche des appuis occidentaux à l’Est où elle refoula le bolchevisme. Les Arabes ne furent pas libérés, mais partagés entre les deux puissances « mandataires » du Moyen-Orient, tandis que, dans la foulée du nationalisme colonial européen, Londres promettait aux sionistes d’ouvrir la Palestine à la colonisation de Juifs venus d’Europe où ils constituaient une masse pauvre et potentiellement rebelle. L’ordre versaillais visait à retourner certains peuples anciennement opprimés en agents des grandes puissances contre
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d’autres peuples « dangereux ». On imposa aux nouveaux États (mais pas à l’Allemagne pourtant vaincue, et moins encore aux puissances victorieuses) un traité des minorités qui tuait dans l’œuf les tentatives de créer des nations politiques non ethniques, mais qui permettait de justifier les ingérences dans leurs affaires intérieures. L’Allemagne fut humiliée autrement. Jugée seule responsable de la guerre, elle dut payer des réparations et les industries rhénanes furent soumises aux vainqueurs. Alors qu’on tolérait les corps francs allemands, auteurs de meurtres massifs contre les populations rebelles et creuset des futurs militants nazis, on imposa la démilitarisation unilatérale du Reich. Les guerres civiles ou ethniques se prolongèrent à l’Est après 1918. Dans la foulée eurent
lieu les premiers déplacements de populations qui touchèrent environ 5 millions de personnes. Seuls les États-Unis virent leur position renforcée par la ruine de leurs concurrents endettés. Le capitalisme peina à se relever. En 1948 seulement, les échanges internationaux rattrapèrent leur niveau de 1913, encore qu’il faille tenir compte de l’augmentation de la population mondiale et de la multiplication des frontières qui rendaient « internationaux » des échanges qui n’auraient pas été comptabilisés comme tels en 1913. On peut donc estimer que la mondialisation s’est arrêtée en 1914, pour ne reprendre qu’à la fin du XXe siècle.
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Jaurès, le 31 juillet 1914 : « Je vous dénoncerai ministres à la tête légère »
Le 31 juillet 1914, dans l’après-midi, Jaurès, à la tête d’une délégation, est au ministère des Affaires étrangères pour presser le gouvernement français de tout faire encore pour éviter la guerre. Il est reçu par Abel Ferry, le neveu de Jules Ferry, qui occupe le poste de secrétaire d’État. Abel Ferry qui, on le saura plus tard, tiendra un journal tout au long de la guerre. Charles Silvestre Dans un livre présenté par l’historien Nicolas Offenstadt, intitulé Carnets secrets 1914-1918 (page 52) on lit cette observation d’Abel Ferry à la date de ce 31 juillet 1914 : « Ce même vendredi à 9 heures du soir, on fit passer un papier à Poincaré disant que Jaurès venait d’être assassiné. » Et l’auteur de la note poursuit : « Il était venu me voir trois heures auparavant, et voici les notes que j’ai prises pendant qu’il parlait : vous êtes victimes d’Iswolsky (1) et d’une intrigue russe. Nous allons vous dénoncer ministres à la tête légère, dussions-nous être fusillés. » Ce témoignage concorde avec d’autres, que l’historienne Madeleine Rébérioux avait recoupés. Jaurès, envisageant ce même et fatidique jour son éditorial du lendemain 1er août, l’article qui ne paraîtra jamais, et pour cause, se promettait, selon ses proches, de « mettre le parti hors de cause ». Cet hors de cause signifiant que le Parti socialiste dénoncerait la guerre au moment même où elle allait éclater, la déclaration intervenant le 2 août. Personne ne peut jurer que Jaurès, une fois la guerre engagée, aurait refusé de « défendre son pays », mais il était clair qu’il n’aurait pas légitimé cette guerre dont il avait parfaitement anticipé la monstruosité et les tragiques conséquences. La fameuse « Union sacrée » au nom de laquelle il fallait, tous et avec 24 -
enthousiasme, partir au massacre contre le « boche », n’était pas « au programme » pour Jaurès, et surtout pas avec les boutefeux qu’il ne cessa de dénoncer et qui le lui firent cher payer en armant de leur vindicte le bras de son assassin nommé Raoul Villain. A cet égard, il n’est pas abusif d’affirmer que Jaurès est un père du mouvement de dénonciation de la guerre dans lequel Henri Barbusse, l’auteur du Feu, écrit et publié dès 1916, lauréat du prix Goncourt, Paul Vaillant-Couturier, Raymond Lefebvre, Georges Bruyère se sont illustrés jusqu’à fonder en 1918 l’Association républicaine des anciens combattants dont la marque de fabrique est de joindre à la défense des victimes la mise en accusation de la guerre et de ses responsables. D’ailleurs, on retrouve dans l’histoire de l’Humanité de Jaurès, Barbusse et plus tard Paul Vaillant-Couturier à sa rédaction en chef. Mais pourquoi Jaurès s’est-il dressé aussi puissamment, aussi durablement et si tôt contre la guerre ? Pour des raisons qui touchent au philosophe, à l’historien, au défenseur du peuple, au citoyen bienveillant, au gourmand de beauté, au lutteur républicain et socialiste qu’il a été, Jaurès a tout compris de la guerre. Il l’a vue venir de loin d’abord, à son approche ensuite, et dans ses conséquences
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enfin. Il y a chez lui quelque chose d’un voyant, pas un devin, mais un « voyant raisonneur », fondant son extra lucidité sur l’analyse des faits et rien que des faits. C’est pour cela que le journaliste chez lui est si important. Dans l’Humanité qu’il a fondé le 18 avril
1904, il écrit dès le 15 octobre de cette même année un article intitulé « La guerre russo-japonaise ». A sa mise en garde, il a littéralement collé un télégramme envoyé de Petersburg dans lequel « les soldats marchaient à la baïonnette, et chaque pouce de terrain était arrosé de sang ». On se croirait au Chemin des Dames. Il saisit déjà que cet acharnement, à l’échelle européenne, sera épouvantable. Il voit la mécanique infernale se mettre en place, même quand elle paraît éloignée du futur théâtre des opérations. Le 2 avril 1908, dans son Barbarie stérile, lui qui, au départ, simple républicain, n’était pas anticolonialiste, stigmatise l’engrenage de la guerre coloniale, ses « crimes » au Maroc. Ce qui lui fera dire un jour, dans son discours de Vaise, le 25 juillet 1914, à six jours de sa mort : « Alors notre ministre des Affaires étrangères Delcassé dit à l’Autriche : nous vous passons la Bosnie-Herzégovine, à condition que vous nous passiez le Maroc ». On sait à quel point la boucherie de 14-18 a été une guerre de convoitise, suivie dans le Traité de Versailles du partage des dépouilles entre les empires… « Quelle horreur que la vie ! » : cette conclusion de l’article du 3 décembre 1912 dans l’Humanité de la part de Jaurès fait sursauter. Mais elle vient au terme de « La guerre des Balkans », monument du journalisme de pertinence où l’auteur décèle « la rivalité haineuse au centre de l’Europe » et ajoute cet avertissement : « Tous les gouvernements répètent : cette guerre serait une folie et un crime. Et les mêmes gouvernements diront peut-être dans quelques semaines à des millions d’hommes : c’est votre devoir d’entrer dans ce crime et cette folie »… L’année suivante, le 12 juin 1913, dans « Sinistres leçons », il écrit ces mots que l’on devrait faire appren-
dre par cœur dans les établissements scolaires : « Si chauvins de France et d’Allemagne réussissaient à jeter les deux nations l’une contre l’autre…la guerre remuerait tous les bas-fonds de l’âme humaine et une vase sanglante monterait dans les cœurs et dans les yeux.» Cette vase sanglante ne sera pas pour rien dans l’ascension du fascisme et l’apparition d’un homme de boue, Adolf Hitler. Jaurès, bien sur, va plus loin dans l’analyse des causes profondes de la guerre. Le 7 mars 1895, dans un discours à la chambre des députés, il attribue les conflits à cet état de fait : « Tant que, dans chaque nation, une classe restreinte d’hommes possédera les grandes moyens de production et d’échange, tant qu’elle possédera ainsi et gouvernera les autres hommes, tant que cette classe pourra imposer aux sociétés qu’elle domine sa propre loi, qui est la concurrence illimitée, la lutte incessante pour la vie, le combat quotidien pour la fortune et le pouvoir… », il y aura des germes de guerre. Idée qu’on retrouvera dans une formule célèbre : « Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée dormante porte l’orage. » Le fondateur de l’Humanité voit encore plus loin. Le 10 juillet 1913, encore prémonitoire, il écrit : « La guerre porte un coup sévère à la classe qui revendique, qui essaie de monter vers plus de justice sociale, parce qu’elle détourne vers d’autres objets les passions et les soucis de tous. » A bien le lire, Jaurès avait une idée en tête : le socialisme tel qu’il l’imaginait, un socialisme de construction sociale, démocratique, de liberté, de « conscience », comptait alors ses forces essentielles en France et en Allemagne. La guerre tue les hommes, mais aussi, les idées. Pour un temps… (1) Ambassadeur de Russie à Paris.
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Les Balkans en feu I L’Humanité, le 3 décembre 1912 Hélas ! La rivalité haineuse des peuples balkaniques a depuis une génération fait un mal infini. Si les Grecs, les Serbes, les Bulgares, au lieu de se jalouser et de s’égorger pendant trente ans, s’étaient unis pour exiger des réformes comme ils se sont unis pour assaillir la Turquie, l’évolution de l’Orient aurait pu s’accomplir sans les violences et les souffrances de la guerre. Maintenant Bulgares et Grecs, à demi brouillés par Salonique, la pomme d’or et de discorde, ne s’entendent pas sur
l’armistice. Les Bulgares, épuisés par leurs victoires mêmes, le désirent. Les Serbes et les Grecs auxquels l’effort bulgare a épargné bien des pertes, aimeraient mieux continuer les hostilités pour accroître leur part de butin. Si le désaccord persiste, si l’armistice échoue, si la guerre recommence, bien des complications et des intrigues sont à redouter. Ne sortirons-nous jamais de ce cercle maudit ? Ô hiver, ô sombre et bienfaisant hiver, hâte-toi, accumule sur la tête des hommes insensés tes nuées lourdes de neige, et oppose bientôt à leurs agitations, à leurs velléités belliqueuses, tes blanches épaisseurs ! Dresse sur les frontières austro-russes tes murailles de glace !
Ô hiver, redoutable et bon, ton heure est venue. La diplomatie a échoué, le choléra a échoué. C’est à toi de sévir maintenant pour donner aux hommes délirants le temps de se reprendre un peu ! […] Mais quelle chose extraordinaire ! Tous les gouvernements de l’Europe répètent : cette guerre serait un crime et une folie. Et les mêmes gouvernements diront peutêtre dans quelques semaines à des millions d’hommes : c’est votre devoir d’entrer dans ce crime et dans cette folie. Et si ces hommes protestent, s’ils essaient d’un bout à l’autre de l’Europe de briser cette chaîne horrible, on les appellera des scélérats et des traîtres et on aiguisera contre eux tous les châtiments. Quelle horreur que la vie !
Quand La mort du tsarisme I L’Humanité, le 23 janvier 1905 Les dépêches arrivées hier signalent un redoublement de menaces et de violence contre les Arméniens. Quand donc finira le martyre de ce peuple ? Et faut-il que même l’avènement de la liberté en Turquie ne suffise point à la protéger contre un fanatisme meurtrier. Nous ne ferons pas aux jeunes turcs l’injure de supposer qu’ils peuvent rester une minute indifférents à ces tueries. Nous sommes sûrs, au contraire, qu’à travers toutes les difficultés qui les assaillent, ils auront comme premier souci d’empêcher le retour des abominables massacres qui ont déshonoré l’ancien régime. 26 -
Nous faisons des vœux ardents pour que leur action soit efficace et prompte. Ce serait vraiment une triste chose si le plus horrible lambeau du régime
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ancien se prolongeait dans le régime nouveau pour le souiller et pour le corrompre.
Massacres arméniens L’Humanité, le 7 mai 1909
Entre le tsar et « son peuple » il y a désormais un fleuve de sang. Et, du coup qu’il a porté aux ouvriers russes, le tsarisme s’est frappé lui-même mortellement. Même si le peuple de Saint-Pétersbourg ne réussit pas cette fois à vaincre la fidélité routinière et aveugle des soldats, même s’il ne parvient pas à s’emparer du
palais d’Hiver et à y proclamer révolutionnairement la liberté de la nation, même si le tsar, tapi à vingt kilomètres de sa capitale en son château de Tsarskéo-Sélo et protégé par les neiges, se dérobe pour quelques jours aux sommations du peuple soulevé, même alors le tsarisme est condamné (Extrait).
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Sinistres leçons I L’Humanité, le 12 juin 1913 L’Europe comprendra-t-elle enfin l’avertissement qui lui vient des Balkans ? Partout, du Maroc à la Bosnie-Herzégovine, de Tripolitaine à Constantinople, de Macédoine à l’Asie Mineure, elle a pratiqué une politique de convoitise aveugle, d’égoïsme et d’imprévoyance. La Turquie n’a été réformée à temps ni par les Turcs ni par les puissances, qui ont pris ombrage d’un effort de régénération. Les Grecs, les Serbes, les Bulgares ont, pendant des générations, usé toutes leurs forces à se jalouser, à se meurtrir les uns et les autres. Quand enfin ils se sont unis, c’est pour une politique équivoque, où à de hautes pensées de libération se mêlaient les plus basses convoitises et le plus misérable orgueil. Maintenant, entre la Turquie et les alliés, la paix n’est qu’ébauchée et bien des échar-
des peuvent provoquer encore une inflammation. Dans la pauvre Turquie vaincue se succèdent les meurtres politiques les plus stériles. Les alliés balkaniques sont sur le point d’en venir aux mains pour le partage des dépouilles. On apprend le même jour que le grand vizir a été assassiné à Constantinople et que Serbes et Bulgares sont si près de se battre que le tsar de Russie a dû leur adresser un suprême télégramme. Ou ils se déchireront, ou ils ne feront la paix que sous la menace du « grand frère » du Nord. Armé du knout. Partout, dans une atmosphère trouble, la barbarie se déchaîne, la violence ne peut porter aujourd’hui des fruits de civilisation. Dans l’Occident européen, les mêmes forces cruelles et basses se développent. En France même, le mouvement de la loi de trois ans
suscite dans les âmes nationalistes des haines ignobles. Quiconque n’accepte pas sans discussion la loi funeste est dénoncé comme traître vendu à l’ennemi. Au nom de la patrie, on répand la calomnie et l’ordure. Si le conflit naissait de ces manœuvres, si chauvins de France et chauvins d’Allemagne réussissaient à jeter les deux nations l’une contre l’autre, la guerre s’accompagnerait partout de violences sauvages, qui souilleraient pour des générations le regard et la mémoire des hommes. Elle remuerait tous les bas-fonds de l’âme humaine et une vase sanglante monterait dans les cœurs et dans les yeux.
… e r r e u g la it a ç n o n é d Jaurès La guerre russo-japonaise Cloche d’alarme
L’Humanité, le 26 février 1909 (…) Voilà où en est l’Europe, voilà où l’a conduite la politique de défiance et de convoitise pratiquée depuis des années et dont notre politique marocaine a été un élément détestable. Je ne veux pas discuter en ce moment ces hypothèses monstrueuses. J’y reviendrai demain. Je me borne aujourd’hui à les dénoncer. Plus que jamais nous crions aux prolétaires de France : Prenez garde ! Plus que jamais, le socialisme international doit avertir tous les prolétaires d’Europe. Laisserons-nous les bandits de la diplomatie poursuivre le jeu insensé d’où la guerre peut sortir ? Les prolétaires accepteront-ils, suivant le mot de Shakespeare, d’être la paille que les puissants jettent au feu de leur gloire pour le faire jaillir plus haut ? (Extrait)
L’Humanité, le 15 octobre 1904
(…) Combien de temps encore d’inconscients boutefeux contribueront-ils à pousser la Russie dans une voie de folie et de désastre et à prolonger une guerre atroce qui ferait crier de douleur et d’horreur toute l’humanité civilisée, si celle-ci n’était encore à moitié sauvage ? Acharnement réciproque. On télégraphie de Pétersbourg, le 14, que les dernières dépêches des correspondants ne rapportent rien sur la marche générale des combats des 12 et 13 octobre relatés par le général Kouropatkine. Ils se bornent à en constater le terrible acharnement. Ils signalent entre autres qu’une position a été quatre fois perdue et reprise par les Russes dans la même journée, et que les attaques et contreattaques russes et japonaises alternent avec une véritable furie. La lutte a été beaucoup plus meurtrière encore que pendant la bataille de Liao-Yang, avec un déploiement de bravoure extraor-
dinaire de part et d’autre, chaque pouce de terrain cédé ayant été arrosé de sang. Les officiers n’avaient pas besoin d’entraîner les soldats, qui couraient à l’ennemi avec une ardeur irrésistible, sous une grêle de balles et de boulets. Les soldats marchaient à la baïonnette et lançaient également des grenades à la main. Les médecins militaires ont également agi avec héroïsme. Le nombre des blessés est considérable. Des rangs entiers de soldats ont été comme fauchés par l’artillerie. Une compagnie russe ayant presque exterminé une partie d’un bataillon japonais a été ensuite fortement décimée par le feu de l’ennemi. Deux bataillons russes, attaqués de flan et par derrière par plusieurs escadrons japonais, les ont anéantis à coup de fusil (Extrait).
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Lyon, le 6 septembre 1919 : les délégués du premier congrès de l’ARAC avec ses quatre fondateurs (assis au premier rang, au centre).
Les quatre fondateurs de l’ARAC Paul Vaillant-Couturier (1892-1937) Après de brillantes études secondaires à Paris, il devint avocat et obtint une licence d’histoire. A peine avait-il reçu ces titres qu’éclate la guerre 1914-1918. Il devient rapidement un officier de valeur. Plusieurs fois blessé, gazé, titulaire de nombreuses citations. Il est difficile de séparer le souvenir de Paul de celui de Raymond Lefebvre, car leur enfance, comme leur jeunesse, avaient été
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Marie-Claude et Paul VaillantCouturier dans les Pyrénées, dans les années 1930.
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communes et l’un disait de l’autre qu’il était « l’autre moitié de luimême ». Ils s’étaient liés d’amitié profonde au lycée Janson-deSailly où ils firent leurs premières études. Pour son action en faveur de la paix, Paul fut cinq fois condamné et trois fois emprisonné. Élu une première fois député en 1919, il agira inlassablement avec l’ARAC pour la défense des droits des ACVG, tout en menant le combat contre la guerre. Il avait tous les dons : poète, orateur, écrivain, journaliste. C’était un artiste-né, d’une sensibilité, d’une finesse de littérateur accompli. Il était aussi peintre et musicien. A sa mort soudaine à Paris, le 10 octobre 1937, près d’un million de Parisiens l’accompagnèrent au cimetière du Père-Lachaise où il repose depuis, devant le mur des Fédérés. Défenseur ardent de l’Espagne républicaine, dénonçant sans relâche les menaces du fascisme et de la guerre, il écrivait : « La paix ne se conçoit pas sans liberté… Elle porte en soi l’attrait et le prestige du plus haut idéal de l’homme… » Ses livres les plus connus : Nous
ferons se lever le jour et Vers des lendemains qui chantent, phrase reprise par Gabriel Péri avant de mourir devant le peloton d’exécution nazi.
Henri Barbusse (1873-1935) Grand homme de lettres, né à Asnières, Henri Barbusse avait, dès avant 1914, publié plusieurs livres qui lui ouvrirent les portes de la célébrité, dont Pleureuses, Les Suppliants et surtout L’Enfer. Il était aussi journaliste et critique littéraire. Quand éclate la Première Guerre mondiale, malgré ses 41 ans, il s’engage comme deuxième classe le 4 août 1914, au 231e Régiment de ligne. Il reste vingt-deux mois dans la boue des tranchées avant d’être réformé. Deux fois cité pour son courage, la dure expérience du soldat combattant lui fera écrire : « Quand on commence à ouvrir les yeux, on ne s’arrête plus de voir ce qu’on ne voyait pas jadis… » Il écrit alors Le Feu, journal d’une escouade, qui parait en feuilleton dans le journal L’Œuvre. Lors de la publication du Feu, le 15 décembre 1916, Barbusse reçoit le prix Goncourt. Si Le Feu est critiqué
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dès sa parution par la droite et une certaine partie de l’arrière, les combattants de tous les fronts, les vrais, y reconnaîtront l’authentique visage de leurs misères et souffrances, celui de la mort qui frappe. Ce sera ensuite la rencontre de Barbusse avec Bruyère, Lefebvre et Vaillant-Couturier en 1917. Ce dernier écrivit à ce sujet : « Revêtus de nos capotes raidies de boue et de sang… Barbusse venait d’écrire Le Feu… il délivrait nos consciences de combattants. L’esprit des tranchées s’exprimait en lui. De notre rencontre, dans un entracte du meurtre, est née l’ARAC. » Par la suite, Barbusse, soldat du feu, va engager toutes ses forces, son talent et son prestige au service des idées de paix et de progrès humain en France et dans le monde : premier congrès de l’Internationale des anciens combattants à Genève (1920), Mouvement Amsterdam-Pleyel contre le fascisme et la guerre (1933), Congrès international de la jeunesse, etc. Il meurt à Moscou le 30 août 1935. Après des funérailles grandioses, son corps reposera au cimetière du Père-Lachaise.
Raymond Lefebvre (1891-1920) Né à Vire, dans le Calvados, Raymond Lefebvre était lui aussi poète et écrivain. Réformé en 1914, il est volontaire pour le front et demande à être affecté à un corps de brancardiers pour pouvoir se consacrer à sauver des vies humaines. Blessé, il est évacué deux fois puis, en 1916, au cours d’un bombardement, il est enseveli dans la boue, contusionné, paralysé. Après de longs mois d’hôpital, il en sort rongé par la tuberculose. A Paris, il retrouve Paul VaillantCouturier avec lequel il n’a cessé de correspondre et d’échanger idées et réflexions. Ensemble, ils font la connaissance de Georges Bruyère. Leur point de rencontre
est dans la rue Olivier-de-Serres (Paris XVe), la rue de Bruyère. « Nous remontions la rue par un soir de début d’été », relate Paul Vaillant-Couturier. « L’odeur des feuilles de jardin et cette fraîche saveur vivante de l’air à Paris passaient sur nous. Les enfants de l’école voisine noyaient la rue de cris et de remous clairs. Mais en nous claquait l’écho des fusillades et des canonnades… Raymond et moi avions été tout de suite conquis par le regard droit de Bruyère. Ouvrier de Paris, il avait donné à notre haine de la guerre sa base prolétarienne précise… » Et ce fut, avec Henri Barbusse, la création de l’ARAC. Ensemble, Raymond et Paul écriront La Guerre des soldats qui, comme Le Feu paraîtra en feuilleton dans L’Œuvre avant d’être édité en librairie en 1919. Raymond Lefebvre publiera encore L’Éponge de vinaigre puis Le Sacrifice d’Abraham (où s’expriment avec force les aspirations des rescapés des tranchées), et surtout de nombreux articles sur l’ARAC. Dans l’un deux se trouve cette phrase prophétique : « Dans la prochaine guerre, il y aura des croix de guerre pour les berceaux. » En 1920, au retour d’une mission en Russie, Raymond Lefebvre périt dans un naufrage, en océan Arctique.
Georges Bruyère (1893-1923) Son père était ajusteur, à Paris, dans le XV e arrondissement. Obligé de renoncer aux études, Georges Bruyère exerça le même métier. Très jeune, il lutte pour la défense du droit à la vie et contre la guerre. 1914, la guerre éclate. Lui qui la haïssait tant sera pourtant un soldat courageux. Blessé à la tête lors d’un bombardement dans la tranchée des Arabes, à AblainSaint-Nazaire en Artois, il est soigné puis réformé. Reprenant son métier, il n’a plus qu’une volonté,
Henri Barbusse, blessé après 22 mois de tranchées.
rassembler, unir les rescapés de cette tuerie qu’il a connue et, avec eux, lutter pour ne jamais revoir ça. Il rencontre alors Raymond Lefebvre et Paul Vaillant-Couturier. Écoutons ce dernier : « En 1917, nous avions fondé l’ARAC. C’est Bruyère qui le premier en eut l’idée : il faut faire quelque chose… absolument… disait Lefebvre. Tous les partis se sont déshonorés… Oui, quelque chose de neuf, dit Bruyère, et qui puisse agir. Fondons une société de mutilés et d’anciens combattants pour combattre la guerre. Nous avons rédigé une lettre à Barbusse et un projet de manifeste au milieu des exclamations enthousiastes de Raymond…» (1) Georges Bruyère se dépensera sans compter pour créer l’ARAC dans le XVe, son arrondissement, puis dans Paris. « Il savait agir et tous ses actes étaient un enseignement », disait Henri Barbusse. Quant à Paul Vaillant-Couturier, il le considérait comme « sa conscience prolétarienne ». (1) - Hommage écrit de Paul VaillantCouturier à Georges Bruyère, alors que son ami venait de mourir des suites de ses blessures le 3 janvier 1923, à l’âge de 30 ans.
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Il y a 40 ans, de Gaulle En hommage à la mémoire de de Gaulle, disparu il y a quarante ans, l’analyse de l’historien Alain Ruscio sur « De gaulle et la décolonisation ». Nous publierons, dans le numéro de janvier du Réveil une interview d’Anicet Le Pors sur « Gaullisme et Sarkozysme ». 30 -
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De Gaulle colonialiste ? De Gaulle décolonisateur ? Alain Ruscio, dans son livre écrit en 1987, La décolonisation tragique apportait une réponse à deux questions toujours bien actuelles que la recherche historique continue de travailler. Il n’est jamais facile d’analyser la pensée politique du général de Gaulle. Le premier président de la cinquième République est
l’un des « monuments » de l’histoire de la France au XXe siècle. Beaucoup de passions s’attachent encore à sa personne, à son œuvre. De surcroît, les rapports de de Gaulle avec le colonialisme ne sont pas faciles à analyser. Le général a-t-il été ce visionnaire, clairement conscient de la nécessité de la décolonisation, que nous décrit une certaine hagiographie ? Ou bien est-il resté, comme presque tous les hommes politiques français, attaché au colonialisme,
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au-delà du raisonnable ? Si l’on s’en tient aux déclarations publiques de l’homme, force est de constater que la légende gaulliste n’est pas fondée. Il n’est pas, avant 1959, une seule déclaration publique qui ait évoqué, de près ou de loin, une nécessaire décolonisation de l’Algérie. Au contraire. Dans le discours gaulliste, l’Algérie française paraît être entrée dans l’ère de l’éternité. On a déjà cité ici cette formule définitive de de Gaulle : « La France, quoi qu’il arrive, n’abandonnera pas l’Algérie. » On peut aussi bien se référer à un discours totalement dénué d’ambiguïté, prononcé le 12 octobre 1947 : « Toute politique qui, sous le prétexte fallacieux d’une évolution à rebours, aurait pour effet de réduire ici les droits et les devoirs de la France, ou bien de décourager les habitants d’origine métropolitaine, qui furent et demeurent le ferment de l’Algérie, ou bien, enfin, de donner à croire aux Français musulmans qu’il pourrait leur être loisible de séparer leur sort de celui de la France, ne ferait, en vérité, qu’ouvrir la porte à la décadence […]. Les bons Français entendent que la France continue son œuvre dans l’intérêt de tous les Algériens. » Enfin, il ne faut pas oublier que de Gaulle a été porté au pouvoir par un mouvement unanimement « Algérie française ». Il a même explicitement prononcé lui-même les mots magiques, la formule apothéose de ce mouvement : « Vive l’Algérie française ! » Certes, il ne l’a dit qu’une seule fois (le 7 juin 1958, à Mostaganem). Mais il l’a dit. Président du Conseil, prononçant de tels mots, il engageait la responsabilité de son gouvernement, il définissait sa politique. De telles déclarations reflétaient-elles la pensée profonde du Général ? En privé, de Gaulle a multiplié les déclarations, les confidences, les analyses prospectives. Le drame est qu’elles ont été
parfaitement, savamment, seraiton tenté d’écrire, contradictoires. « L’Algérie est perdue, l’Algérie sera indépendante », dit-il dès février 1955 à Edmond Michelet ; « La seule solution s’appelle l’indépendance », renchérit-il auprès du socialiste Christian Pineau. A l’inverse, lorsqu’il s’entretient avec l’ancien gouverneur Soustelle, il dit qu’il « désire le maintien de l’Algérie française et reproche au régime de glisser vers l’abandon ». Il laisse son fidèle Michel Debré, lors des contacts préparatoires au 13 mai, interpréter ainsi sa pensée : « Comment pouvez-vous douter une seconde de la volonté du général de Gaulle de maintenir l’Algérie française ? » Cette ambiguïté cultivée permet d’ailleurs, dans une large mesure, d’expliquer le mouvement très profond qui a porté de Gaulle au pouvoir, avec un capital de confiance immense dans la population. A l’été 1958, près de 70 % des Français font confiance au gouvernement pour régler le problème algérien. Oui, mais dans quel sens ? René Andrieu écrit alors, dans un édi-
torial de l’Humanité : « On serait tenté de comparer les discours de M. de Gaulle à certains textes sacrés. Chacun y trouve ce qu’il désire et peut en donner les interprétations les plus divergentes. M. Defferre est satisfait, qui s’affirme pour la négociation. M. Soustelle aussi, qui est pour la guerre à outrance. L’erreur serait de croire que cette obscure clarté qui caractérise les déclarations gaullistes est le fait du hasard. A vrai dire, le président du Conseil l’a érigée en système de gouvernement. En toute connaissance de cause et non, il faut bien le dire, sans habileté. » Habileté, oui. Les premiers actes de de Gaulle président du Conseil dénotent un sens aigu de la manœuvre, de la ruse, cette ruse érigée en principe par le même homme, un quart de siècle plus tôt, dans le Fil de l’épée. Guy Mollet, Louis Jacquinot et, surtout, Pierre Pflimlin figurent dans le gouvernement constitué en juin 1958, ce qui laisse planer un doute, dans l’esprit des ultras, sur l’attachement véritable de de Gaulle à l’Algérie française. Par contre, l’ardent Michel Debré, l’un des principaux acteurs du 13
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mai, le défenseur intransigeant de l’œuvre de la France en Algérie, le rédacteur du Courrier de la colère, est également ministre. Le premier acte de de Gaulle est de se rendre en Algérie. Investi le 1er juin, il est à Alger le 4. Là, il soigne son effet, annonçant à la foule émue : « Je vous ai compris ! » A Oran, il ajoute : « L’Algérie est organiquement une terre française, aujourd’hui, et pour toujours » (6 juin). Cependant, en même temps, il prend ses distances avec les plus compromis des acteurs du 13 mai. Delbecque n’est pas ministre, comme il l’avait espéré. Les autres membres du Comité de salut public sont tenus en suspicion. Les militaires, tel Massu, sont clairement invités à revenir à leur tâche unique, le métier des armes. D’autre part, pour qui sait lire entre les lignes, il y a, dans les formules employées par de Gaulle lors de ce voyage, une certaine dose, au moins, d’incertitude quant à ses desseins futurs. Le 4 juin, à Alger, il a évoqué une Algérie composée d’ « une seule catégorie d’habitants : des Français à part entière, avec les mêmes droits et les mêmes devoirs ». Phrase qui peut être entendue comme un coup de chapeau à l’intégration, mais qui
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peut également être comprise a posteriori comme un signe avantcoureur de la politique d’autodétermination annoncée l’année suivante. Une certitude, en tout cas. L’avènement de de Gaulle a signifié, sur le terrain, une accentuation de l’effort militaire français. En clair, une aggravation de la guerre d’Algérie. Les ordres du gouvernement français ont été, de ce point de vue au moins, d’une totale clarté. La guerre d’Algérie durait, lorsque de Gaulle parvint au pouvoir, depuis 3 ans et 7 mois. Sous son règne, elle durera encore 3 ans et 10 mois. C’est cela qu’en tout premier lieu, le peuple algérien a ressenti dans sa chair.
De Gaulle néo-colonialiste ? De Gaulle colonialiste ? De Gaulle décolonisateur ? En réalité, cette façon de poser les problèmes est fondamentalement viciée. Dans l’esprit du Général, les choses n’étaient pas si tranchées que cela. On peut, à notre avis, distinguer trois périodes : de sa venue au pouvoir à la fin de l’année 1959, de Gaulle envisage vaguement une indépendance à long terme de l’Algérie (dans vingt-cinq ans),
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Extraits de La décolonisation tragique d’Alain Ruscio. P. 149 et suivantes. Mai 1987
dit-il à Paul Delouvrier, tout nouvellement nommé délégué du gouvernement français en Algérie) ; de fin 1959 à début 1962, il conserve les mêmes conceptions, mais comprend que l’échéance arrivera plus vite, beaucoup plus vite qu’il n’avait prévu ; enfin, ce n’est qu’au cours des tout derniers temps de la guerre qu’il s’aperçoit que les « solutions » néo-coloniales laborieusement échafaudées vont s’écrouler et qu’il se résigne à l’indépendance réelle de l’Algérie. D’après les divers témoignages publiés, on peut décrire le schéma gaulliste, typiquement colonial, des années 1958-1961/1962, de la façon suivante : - l e premier impératif reste la destruction de la force militaire adverse ; l’armée, donc, devra avoir tous les moyens nécessaires à l’accomplissement de cette tâche ; - ce résultat acquis, recherche d’interlocuteurs non « extrémistes », dans la population musulmane, c’est-à-dire acceptant, d’autre part, de faire des concessions de souveraineté (Sahara, Mers-elKébir…) ; c’est ce que certains ont appelé la recherche d’une « troisième force algérienne » ; - simultanément, mise en place d’un réseau dense de liaisons économiques entre les deux rives de la Méditerranée (c’est tout le sens du « plan de Constantine »).
mémoire LE RÉVEIL
Il y a 70 ans
Le 11 novembre 1940 Témoignage de François Lescure (1) Dès juillet 1940, à l’Université de Paris, les premiers tracts contre l’occupant nazi et le régime de Pétain sont glissés dans les livres des bibliothèques ou déposés dans les couloirs et les salles de travail. Malgré la difficulté des reprises de contact après l’exode, l’Union des étudiants et lycéens communistes de France, organisation clandestine depuis la mise dans l’illégalité du Parti communiste français et de ses organisations, a pu assez vite reprendre son activité. Le 18 juin c’est, de Londres, l’Appel du général de Gaulle. Le 10 juillet, c’est celui de Maurice Thorez et de Jacques Duclos, lancé du sol même de notre patrie, et qui exhorte les Français à la résistance, à l’union et à la lutte pour l’indépendance du pays. L’ambiance est lourde à la reprise des cours et des conférences à l’Université ; les étudiants discutent beaucoup. Mais l’occupant est vite persuadé que c’est l’esprit de résistance qui risque bientôt de dominer dans les facultés. Loin d’en imaginer les conséquences, il frappe alors un « grand coup ». Le 30 octobre, le professeur Paul Langevin, savant connu du monde entier et ennemi de toujours du fascisme et de l’obscurantisme nazi, est arrêté et jeté en prison par la Gestapo. Aussitôt, nous nous retrouvons à quelques-uns, 5 place Saint-Michel, au siège de l’Union nationale des étudiants de France (dont j’étais le délégué général pour la zone occupée, sans que l’on sache que j’étais communiste) et du Centre d’entre aide des étudiants mobilisés et prisonniers, étudiants de toutes opinions, décidés à manifester contre l’arrestation de Paul Langevin. Dans un tract, nous appelons étudiants
et lycéens à être présents au Collège de France, à l’heure et dans l’amphi où le savant devait tenir son prochain cours, le vendredi 8 novembre. Ce jour-là, le quartier latin est en état de siège. Mais une trentaine d’entre nous manifestent rapidement de la rue Soufflot à la place de la Sorbonne aux cris de « Libérez Langevin », « A bas Pétain et Hitler » et entonnent La Marseillaise, sous le nez de nombreux policiers SS, complètement abasourdis par notre audace. Cette journée devait profondément marquer étudiants, lycéens et professeurs, et permettre l’ampleur de la commémoration de l’Armistice de la guerre 14-18, le 11 novembre, sur les Champs-Élysées. Dès la nuit du 8 au 9, des tracts sont ronéotypés, 5 place Saint-Michel, par les étudiants communistes et diffusés dès le lendemain, ainsi que d’autres textes, signés par les étudiants patriotes et d’autres rédigés par des professeurs. Tous appellent à rendre un hommage patriotique au Soldat inconnu de la place de l’Étoile, ce lundi 11 à 17h30. Ce mot d’ordre se répand en quelques heures dans tous les établissements d’enseignement de la région parisienne. Dans les lycées et dans les facultés, on le retrouve sur les tableaux noirs des salles de travail. Le bouche-à-oreille fonctionne partout. Le 11, à l’heure dite, ce sont des centaines d’étudiants et de lycéens qui arpentent la grande célèbre avenue et se regroupent en remontant vers l’Arc de Triomphe. La Marseillaise éclate, et puis des cris repris par tous : « A bas Pétain, A bas Hitler », « Libérez Langevin », « La France aux Français » !
Mais bientôt des jeeps et des voitures blindées des SS et des camions foncent sur le cortège des jeunes manifestants qui courent. Les nazis en arrêtent plusieurs dizaines, des coups de feu éclatent alors que les cris patriotiques s’élèvent toujours. C’est la première manifestation de rue sous l’occupation nazie. L’Université de Paris est fermée, le recteur Roussy limogé et, pendant un mois, les étudiants devront se faire pointer dans les commissariats de leur quartier ! Dès la réouverture des facultés, la Résistance s’élargit et s’amplifie peu à peu, groupant communistes (longtemps la seule organisation clandestine structurée), gaullistes, socialistes, chrétiens et athées, jeunes patriotes de tous horizons. La « Marche à l’Etoile » du 11 novembre des étudiants et lycéens de Paris engendrera des activités de Résistance de plus en plus ouvertes, la lutte armée aussi, jusqu’aux barricades du quartier Latin qui participèrent à la Libération de Paris, en août 1944. Honneur à tous ceux et celles qui tombèrent sous les coups de nos ennemis au cours de ces années, leur souvenir restera toujours en nous. (1) François Lescure était un des responsables nationaux clandestin de l’Union des étudiants et lycéens communistes de France, en 1940-1941, délégué général de l’UNEF pour la zone occupée. Il nous a quittés le 12 avril 1992.
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LE RÉVEIL vOS DROITS
Code des pensions militaires d’invalidité Levée de la restriction maladie/blessure Un revirement de jurisprudence du Conseil d’État, enfin favorable aux bénéficiaires du code des pensions militaires d’invalidité. Depuis la promulgation de la charte du 31 mars 1919, à l’origine des droits des victimes militaires et civiles de guerre, le Conseil d’État s’enfermait dans une jurisprudence restrictive concernant la définition de blessure et de maladie. Pour cette jurisprudence constante, une blessure ne pouvait être considérée comme un accident de service, et non comme une maladie, que si cette infirmité avait pour cause une lésion ou un traumatisme occasionné par une action extérieure au cours d’événements de guerre ou lors d’un accident survenu en service. Toute blessure qui ne correspondait pas à ces critères était considérée comme maladie. Les demandeurs de pension étaient donc lésés, puisqu’une blessure peut être pensionnée dès qu’elle occasionne un taux d’invalidité de 10 %, alors que, pour une maladie, il faut un taux d’au moins 30 %. Malgré les tentatives de résistance des juridictions dites inférieures (tribunaux des pensions et cours régionales des
pensions) le Conseil d’État conservait son interprétation restrictive de la loi. Une telle interprétation choquait également le corps médical qui considérait qu’une telle définition aboutissait à des inepties. En 1995, le Conseil d’État abandonnait cette interprétation restrictive pour les accidents de service des fonctionnaires, comme l’avait fait, dès les années 1960, la cour de cassation pour les salariés. Malgré ces exemples, le Conseil d’État refusait toute évolution en matière de pension militaire d’invalidité et continuait à rejeter de nombreuses demandes. C’est alors que, grâce à un arrêt du 12 octobre 2009 n° 315008 confirmé par un arrêt du 2 décembre 2009 n° 309064, la section du contentieux du
Conseil d’État mit fin à cette interprétation restrictive en abandonnant enfin la condition d’extériorité à laquelle était encore subordonnée la qualification de blessure. Désormais une infirmité doit être regardée comme résultant d’une blessure lorsqu’elle trouve son origine dans une lésion soudaine consécutive à un fait précis de service. C’est ainsi, par exemple, qu’une personne victime, après l’arrêt de 2009, d’une entorse de cheville causée par une mauvaise réception au sol lors d’un franchissement d’un obstacle au cours du parcours du combattant, pourra être reconnue comme accidentée en service et non plus victime d’une maladie en service. Les demandeurs de pension peuvent faire état de cette nouvelle jurisprudence tant devant les juridictions des pensions que devant les commissions de réforme. Il ne faut donc jamais se désespérer et, quoique souvent lente, l’évolution d’une jurisprudence injuste et contestable est toujours possible. Tel est bien le cas en l’espèce !
Tout va très bien… qu’ils disent ! A l’heure où le poste de secrétaire d’État est supprimé dans le nouveau gouvernement Fillon, alors que nous parvient un arrêté du 2 novembre 2010 décrétant le transfert des activités des directions interdépartementales des ACVG à la Défense, « tout va très bien », nous claironnent les autorités, « à peine un léger retard qui va se résorber bien vite ». 34 -
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Tout va très bien sauf que, le 3 novembre, un lecteur de Châtellerault nous écrit : « Je veux vous signaler qu’il est interdit au service départemental de l’ONAC de la Vienne, d’envoyer des dossiers jusqu’à nouvel ordre »… Le logiciel qui devait révolutionner la casse des structures a du mal à se mettre en place. « Depuis mars 2010, plus rien n’a abouti et nous sommes plusieurs à avoir demandé le TRN. C’est lamentable… Par ailleurs, j’ai eu à joindre le centre de Toulon qui traite des dossiers pour toute la France, en plus de l’Article 115 (maladie ou traumatisme). La personne que j’ai eu au bout du fil m’a fait
part de son désarroi car, non seulement ils traitent tout au plan national, mais ils ont une personne en moins et ne peuvent faire face à l’afflux des dossiers qui s’accumulent. De plus, ils doivent reconstituer les dossiers, car ils n’ont pas le temps de contacter les anciens centres, pour moi, en l’occurrence, celui de Limoges. » Tout va très bien… qu’ils disent, nos officiels.
vOS DROITS LE RÉVEIL
Revalorisation de l’AAH Depuis le 1 septembre 2010, le montant mensuel de l’Allocation adulte handicapé (AAH) est de 711,95 euros (décret n° 2010-307 du 22 mars 2010). Le plan de revalorisation, initialement prévu sur 5 ans, se déroulera en fait sur 6 ans, soit 2013 pour atteindre 777 euros par mois. Par ailleurs, à partir du 1er janvier 2011, l’AAH sera cumulable avec les revenus d’une activité professionnelle. Ce cumul sera intégral durant les 6 premiers mois, puis à hauteur de 1,3 fois le SMIC (au lieu de 1,1 aujourd’hui). Une déclaration de ressources trimestrielles sera alors demandée.
ADHERENTS de l’ARAC
FAITES VALOIR VOS DROITS SPECIFIQUES
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Baisse des indemnités journalières ?
Dans le cadre des réformes nocives du gouvernement, signalons que le calcul des indemnités journalières devrait changer, les prestations en espèces étant alors calculées sur 365 jours et non plus 360. Ce qui entraînera alors une baisse (encore !) des prestations de la Sécurité sociale pour la maladie, la maternité et l’adoption, l’accident du travail et la maladie professionnelle. Travailler plus, plus longtemps pour gagner moins… même sur des plans fondamentaux aussi humains que les naissances, la famille et la réparation des dégâts occasionnés par les patrons profiteurs. Quel scandale ! Dites… On y va à la manif ?
AUGMENTEZ VOS REVENUS DIMINUEZ VOS IMPOTS ASSUREZ VOTRE AVENIR Et le mieux-vivre de vos proches
GARANTIR - PREVOIR - PROTEGER Entourez-vous de mesures mutualistes : LA RENTE MUTUALISTE u une rente financée en partie par l’État (de 12,5 % à 60 %), u des cotisations déductibles en totalité du revenu imposable, u une constitution rapide (4 ans minimum), u une rente non imposable versée à vie non soumise aux prélèvements sociaux, u s elon l’option choisie, le capital (frais de gestion déduits) est restitué au(x) bénéficiaire(s) désigné(es) sans droits de succession.
ALLOCATION FRAIS D’OBSEQUES 1 068 euros pour une cotisation annuelle de 53,36 euros u Avoir moins de 65 ans à la souscription u Être membre de l’ARAC
LES MUTUELLES SANTE u L a Mutuelle familiale concerne tous les salariés ou retraités dépendant du régime général de la Sécurité sociale.
u La Mutuelle Avenir concerne les commerçants, artisans, agriculteurs, professions médicales et libérale.
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m Carte du Combattant Date de délivrance : m Titre de Reconnaissance de la Nation Date de délivrance : m 39/45 m Indochine m ATM (1952-1964) m Conflits modernes m Veuve, Orphelin, Ascendant de « Mort pour la France » à titre militaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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LE RÉVEIL vie de l’arac
11 Novembre
Fréjus (Var) Dépôt de gerbe par Marcel Brulefert, Jeannine Bresson de l’ANACR et Lau-
Essonne
A la mémoire des Tziganes déportés
rent Stéfanini de l’UNPRG, le 11 novembre à Fréjus. Bernard Barbieux est le porte-drapeau de l’ARAC.
Le 27 novembre 1940, 200 personnes, Tsiganes et gens du voyage, arrêtées par la gendarmerie dans la banlieue de Rouen, furent internés dans un camp à Linas-Montlhéry pendant 2 ans, sous l’autorité de l’État français. Ensuite elles furent déplacées dans des camps à Mulsanne, puis Montreuil-Bellay et, pour beaucoup, jusqu’en 1946.
Chevilly-Larue (Val-de-Marne) Le 11 novembre à Chevilly-Larue a été l’occasion de la première sortie du drapeau tout récemment acheté. Les membres et amis de l’ARAC au repas de la municipalité qui a suivi la cérémonie. 36 -
LE RÉVEIL - N° 766-767 - novembre-décembre 2010
Plusieurs associations dont l’Association nationale des gens du voyage ont décidé de faire de cette année 2010, l’année de la mémoire, en commémorant le 71e anniversaire de ces événements. Le dimanche 28 novembre a eu lieu devant la préfecture une cérémonie en présence du préfet, du président du conseil général, un détachement de l’armée, de l’ARAC Essonne et de nombreux gens du voyage, de nombreuses familles victimes de cette déportation, avec des témoignages forts de ceux qui ont vécu cet internement.
vie de l’arac LE RÉVEIL
Evry
Hommage à Manouchian
Le dimanche 28 novembre 2010 à Evry, s’est déroulée une cérémonie à la mémoire de Manouchian et du groupe FTP-MOI, fusillés le 21 février 1944 au Mont-Valérien et dont le martyre a été rendu célèbre par l’Affiche rouge. C’est sur le lieu de son arrestation qu’une cérémonie a rassemblé, à l’initiative de la municipalité d’Evry, des associations de résistants, les anciens combattants et des personnalités. Là où la police française a tendu un piège et a arrêté Manouchian alors qu’il devait rencontrer Epstein. Un hommage fut rendu par M. Longuet, maire adjoint d’Evry, dans lequel il retraça la lutte contre l’occupant du groupe des FTP Organisation internationale qui regroupait dans ses rangs des immigrés de plusieurs pays qui se battaient pour la France. L’ARAC était présente et a déposé une gerbe. Sur le lieu de son arrestation, près de la gare (Evry Petit-Bourg), une exposition permanente a été réalisée par la ville d’Evry.
Aniane (34 )
Pour la réhabilitation des fusillés pour l’exemple Aniane est une localité viticole du nord de Montpellier, connue il y a quelques années pour sa résistance à des vautours américains voulant s’approprier les vignobles du coin. M. Diaz, maire et conseiller général communiste, avait fermement et victorieusement mené le combat avec la population. C’est donc naturellement que depuis des années il se trouve aux côtés des organisations qui œuvrent pour la réhabilitation complète des fusillés pour l’exemple.
Aniane a aussi cette particularité d’avoir un monument aux morts pacifique, une simple tête de poilu casquée exprimant sa souffrance et son horreur de la guerre et deux plaques de marbre, l’une en hommage aux soldats coloniaux, l’autre portant une inscription en occitan exaltant la « guerra à la guerra ». Cette année, plus de 250 personnes avaient répondu à l’appel de la Libre Pensée, de la Ligue des droits de l’homme, de la Fédération laïque, de l’ARAC, du Mouvement de la paix, groupés autour du nouveau maire et de M. Diaz. Devant le monument, la banderole de la Libre Pensée et le drapeau de la section ARAC de Balaruc-les-Bains. Les orateurs qui se sont succédé ont exalté les actes des mutins de 1917, leur volonté de paix, ont fustigé les condamnations iniques de soldats innocents et surtout ont condamné les gouvernants français,
qui, encore aujourd’hui, refusent la réhabilitation de tous les fusillés, ce qu’ont réalisé des pays comme l’Angleterre, le Canada ou la Nouvelle Zélande. Maurice Moréno, président départemental de l’ARAC, avait retenu le thème des soldats coloniaux, évoquant notamment les tirailleurs sénégalais qui, au Chemin des Dames, furent envoyés au massacre (8 000 tués le premier jour) par le général Mangin, qui avait fait ses preuves au Tonkin. Il magnifia à son tour les poilus qui refusaient de monter au front, bravant les ordres de chefs incompétents. « Par leurs gestes, déclarat-il, ils ont rappelé à leurs concitoyens les valeurs transmises par l’école républicaine et laïque : dignité humaine, justice, paix et, de ce fait, nous pouvons les considérer comme les résistants de l’an 1917. »
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LE RÉVEIL Vie de l’ARAC
Ils nous ont quittés Victor Oden Notre camarade Victor Oden, déportérésistant, membre de l’ARAC à Paris, puis dans les Landes et enfin dans les Pyrénées-Orientales, est décédé à 91 ans. Né en 1919 dans l’Aisne, il était entré en Résistance contre l’occupant nazi dès le 30 juin 1940. Arrêté le 2 décembre 1942, torturé pendant quatre jours, il connaîtra les prisons de Poissy, Melun, Châlonssur-Marne et le camp de Royallieu d’où il sera déporté le 12 mars 1944 à Buchenwald. Tentatives d’évasion, sabotages, il est transféré au tunnel de Langestein. Lors de l’évacuation du camp,
Nord I Victor Divrechy Victor Divrechy, ancien ATM, longtemps trésorier départemental de l’ARAC 59, fut aussi membre du Conseil national de l’ARAC. Ancien responsable syndicaliste des métaux
décidée par les nazis le 9 avril 1945, il fait partie de la marche de la mort des 4 000 déportés sur plus de 400 km. Il sera l’un des 180 survivants et de retour à Paris, ne pesait plus que 34 kg. Vice-président de l’Amicale des rescapés de Buchenwald, membre du Bataillon SaintJust à l’intérieur du camp, il se dévoua depuis sans compter pour la solidarité, le droit des survivants, la mémoire, la Flamme sous l’Arc de Triomphe à Paris, et dans les écoles. L’ARAC lui rend hommage et assure son épouse et les siens de son soutien affectueux.
Finistère François Inizan Ancien ATM, militant inlassable de l’ARAC et de sa Mutuelle dans sa section de Brest, il fut dirigeant départemental du Finistère et membre du Conseil national pendant de nombreuses années. François avait toutes les qualités d’un bon officier marinier : exigeant sur la qualité du service rendu. Ayant le souci permanent de rassembler autour des valeurs républicaines de l’ARAC, ce n’est pas un hasard si on lui doit l’idée inédite en France du drapeau de l’ARAC 29, avec un recto-verso, où figurent les deux réalités intergénérationnelles des adhérents de notre association : « Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre » au recto et « les combattants pour l’Amitié entre les peuples, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix », au verso !
du Valenciennois, conseiller municipal de Fenain pendant trente ans, il était un militant de l’ARAC, dévoué et apprécié par la population ouvrière de la ville minière résistante de Fenain dans le Nord.
NOS PEINES novembre/décembre 2010 Le Réveil des Combattants adresse aux familles et aux amis de nos camarades décédés ses sincères condoléances. ALPES-MARITIMES (06) Cagnes-sur-Mer : Mario RIPA, 94 ans, AC 39-45, Résistant, Déporté à Auschwitz, Médaille de la Résitance et des Déportés, Médaille des Evadés, Croix Combattant Volontaire de la Résistance, Chevalier de la Légion d’Honneur. BOUCHES-DU-RHONE (13) Vellutini-Saint-Just : Mme Gabrielle DESESCAUT, amie.
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CHARENTE (16) Ruelle : Bernard LERIN, trésorier de la section. CORREZE (19) Brive-la-Gaillarde : Mme Andrée LARUE, amie, ex-tresorière de la section. FINISTERE (29) Brest : Guy LIZIAR, AC ATM. HERAULT (34) Montpellier : Alfred BERENGUER, AC 39-45. Paul LARRIEU, AC 3945, Résistant.
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ISERE (38) Bourgoin-Jallieu : Roger GRY, 86 ans, AC 39-45, Résistant. Echirolles : Jean ARACIL, 86 ans, AC 39-45. Maurice JULLIEN, 85 ans, AC 39-45. LOT-ET-GARONNE (47) Fourques-sur-Garonne : Edward DUMAS, AC 39-45, président d’honneur de la section. PYRENEES-ORIENTALES (66) Rivesaltes : André GAZE, 84 ans, AC 39-45, FTPF.
RHONE (69) Oullins : Raoul DU CARRE, 82 ans, AC 39-45. SEINE-SAINT-DENIS (93) Pantin : Jean-Louis ESSER, ami. Sevran : Mme Ginette KOKOSKA, amie, trésorière de la section. VAL-DE-MARNE (94) Villejuif : André GUYONNET, 76 ans, AC ATM.
Vie de l’arac LE RÉVEIL
Roger Belbéoch nous a quittés Notre camarade Roger Belbéoch, interné-résistant, Juste parmi les Nations, nous a quittés. Il avait 89 ans et, lors de ses obsèques au cimetière de Joinville-le-Pont (94), un hommage public lui fut rendu par André Fillère (vice-président national de l’ARAC) en présence de plusieurs centaines de personnes et de nombreux drapeaux. Entré dans la police sur ordre de la Résistance, Roger fut l’un des fondateurs du «Front national de la police et sauvera de nombreux juifs des griffes de la gestapo. Il prendra une part active à l’organisation de la grève insurrectionnelle d’août 1944, ainsi qu’aux combats de la libération, au cours desquels son père, sous-lieutenant FFI, tomba sous les balles allemandes le 25 août 1944. Fidèle à ses idéaux et aux valeurs républicaines de la Résistance, Roger fut un dirigeant national de l’ARAC, un militant apprécié et respecté de l’ANACR, la FNDIRP (il fut arrêté et torturé par l’occupant) et de l’UFAC.
Combattant pour la paix, antifasciste et antiraciste, solidaire des hommes et des peuples tant au plan national qu’international, Roger comprit rapidement l’importance qu’allait revêtir la transmission de la mémoire aux jeunes comme au moins jeunes, dans cet affrontement idéologique qui voit aujourd’hui fouler aux pieds les acquis sociaux de la Libération et les valeurs morales héritées du Conseil national de la résistance et de son programme intitulé Les jours heureux. Il s’engage alors avec ardeur dans la rédaction d’un livre, Je n’ai fait que mon devoir. Un juste dans les rangs de la police qui, dès sa publication, l’entraîna dans un tour de France assez exceptionnel lui permettant de dialoguer sur ce thème du refus d’obéissance et de la nécessaire résistance, aussi bien avec des lycéens et des collégiens qu’avec les élèves des écoles de police où les instances israélites et de la Shoa. Couleurs et contrastes que cet homme qui chérissait la paix et avait pourtant dû prendre les armes… combattant d’hier et aujourd’hui compagnon à l’élégance permanente et discrète, à la voie posée, aimant la table, rayonnant de tendresse et de solidarité pour Michèle, sa fem-
me, pour les siens, pour les hommes et les choses, passionné par les fleurs et la poésie, fidèle à ses idéaux et à son parti. Chevalier de la Légion d’Honneur, décernée pour ses faits de Résistance, pensionné-invalide de guerre, ses plus beaux titres, Roger les portaient dans son cœur à travers son amour de la France et ses engagements pour qu’advienne un avenir plus radieux pour les déshérités. L’ARAC, le Réveil et la Mutuelle saluent sa mémoire et assurent son épouse et les siens de leur très chaleureux soutien.
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Ci-joint un chèque de 28 e libellé à l’ordre du Réveil des Combattants
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novembre-décembre 2010 - N°766-767 - LE RÉVEIL
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LE RÉVEIL Vie de l’arac
Vie des comités Fenain (Nord)
Remise de Médaille au titre de reconnaissance de la Nation à Emile Behal et Charles Helle. Médaille de l’ARAC et diplôme à Nelly Nadolny, Jean-Marie Morin, Bernard Bruniau, Roger Lannoy et René Pennequin.
Cérémonie du 11 Novembre avec les associations d’anciens combattants dont l’ARAC. A cette occasion des œillets rouges sont remis aux enfants et professeurs des écoles présents.
Villiers-sur-Orge I Un OPEX décoré
Chilly-Mazarin Assemblée générale de l’ARAC
A l’occasion de la commémoration du 11 novembre à Villierssur-Orge (91), notre camarade Alain Tassain, ancien combattant OPEX membre de l’ARAC, a reçu la Croix du combattant des mains d’André Fillère, président départemental et vice-président national d’honneur de l’ARAC. La cérémonie s’est déroulée au cimetière, devant le monument aux morts (malgré la pluie) où André Fillère rappela le parcours combattant d’Alain Tassin (Tchad et Djibouti) en présence du député, de la conseillère générale, de Mme le Maire, des élus municipaux, des drapeaux et associations d’ACVG. Un apéritif d’honneur et un banquet familial et musical clôturèrent cet hommage mêlant le souvenir des Poilus aux droits à réparation des plus jeunes. 40 -
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Ambiance de travail dans un climat fraternel pour l’ARAC de notre ville. Une volonté réaffirmée d’agir pour le droit à réparation et autres revendications du monde combattant. Action indispensable car les moyens baissent chaque année, ce qui constitue une forme de mépris des anciens combattants. La lutte pour le désarmement, la paix et la solidarité internationale comme le travail de mémoire ont également marqué les débats. Deux adhésions ont été réalisées, qui en appellent d’autres, anciens combattants ou non, qui se reconnaissent dans les valeurs républicaines de cette grande association démocratique. Lucien Duverger-Chatellet
vie de l’arac LE RÉVEIL
Paris Le comité de Paris s’est réuni à la Maison des associations du 3e arrondissement. Arlette Cieutat, secrétaire générale du comité de Paris, Claude Prévost, viceprésident et Claude Delevacq ont déposé une gerbe à la mémoire des victimes de toutes les guerres. La journée était présidée par Raphaël Vahé, qui a été élu co-président du Comité de Paris. L’assemblée a analysé la situation envers le monde combattant après la baisse de près de 4 % du budget des Anciens Combattants et la disparition du secrétariat d’État aux Anciens Combattants. Dans l’après-midi, André Fillère a remis la Légion d’Honneur à notre camarade Marcel Voisin au cours d’une réception qui regroupait les anciens combattants, ses camarades du milieu associatif et sa famille à l’honneur en ce bel hommage au combattant de la paix. Le maire du 3e arrondissement ainsi que l’adjoint aux Anciens Combattants ont participé à cette belle journée.
Essonne I Initiative pour le Village de l’amitié Le 10 octobre 2010, notre ami Than organise au foyer Vietnam un repas à l’occasion du 1000e anniversaire de Hanoï, au profit du Village de l’amitié de Van Canh. A ce repas s’ajoutait une tombola avec un billet aller/retour Hanoï, offert par Vietnam Airlines. Nous étions nombreux, près de 50 personnes, mets succulents, ambiance amicale, musique de qualité. En bref, un après-midi agréable qui se termina par une surprise de taille. Than, respon-
sable de cette initiative, nous a remis la totalité de la recette pour le Village de l’amitié. L’heureux gagnant du vol Paris/Hanoï aller-retour, notre camarade Gérard Henry, secrétaire du comité de l’Essonne du Village de l’amitié, est encore tout étonné de ce merveilleux cadeau. Le comité du Village remercie chaleureusement notre ami Than et son équipe, ainsi que le pianiste virtuose et le chanteur de jazz qui nous ont accom-
pagnés au cours de cet après-midi. Le directeur du Village de l’amitié de Van Canh, informé de ce don, nous a remerciés de cette généreuse initiative et nous a assurés en faire bon usage pour les réparations des pavillons détruits par les récentes inondations. Michel Bassot
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soignée, incisive, révèle pour la première fois l’ampleur, la noirceur et les implications menaçantes des armées secrètes créées par l’OTAN. » Et c’est dans cette galerie meurtrière et terrifiante de l’OTAN que M. Sarkozy a fait revenir la France !
Les Armées secrètes de l’OTAN Réseaux Stay Behind et terrorisme en Europe de l’Ouest Danièle Gauser, Éd. Demi-Lune, Collection Résistances - 22 euros Après la seconde guerre mondiale, la CIA américaine et le MI 6 anglais mirent en place des armées secrètes anticommunistes dans tous les pays d’Europe de l’Ouest, jusqu’à s’allier avec des groupes terroristes d’extrême droite et des conséquences particulièrement tragiques. Si l’existence de « Gladio », l’armée secrète en Italie, est connue depuis 1990, d’autres existent en France, en Belgique, au Luxembourg, en Suède, en Finlande, en Autriche, en Grèce, en Turquie, en Suisse, en Espagne, au Portugal, en Allemagne, aux Pays-Bas, au Danemark, en Norvège, etc. Toutes leurs actions sont coordonnées par le Pentagone et l’OTAN, que ce soient les attentats de la gare de Bologne, de la Piazza Fontana, les attaques des tueurs fous du Brabant, l’enlèvement et l’assassinat de Aldo Moro, autant d’actes terroristes sous de fausses bannières. Écoutons plutôt ce qu’en dit Noam Chomsky : « Cette étude méticuleuse et 42 -
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Léopard masqué pour contrefaçon, plagiat, adaptation littéraire (c’est beaucoup dire !) et parasitisme (usurpation de la notoriété). L’affaire est en appel. Et une histoire belge de plus !
L’Équipe de choc de la CIA L’affaire tourne au sale
Hernando Calvo Ospina, Éd. Le Temps des Cerises - 14 euros
Gordon Zola, Éditions du Léopard masqué - 10 euros
L’auteur, Colombien, réside en France. Il est écrivain, journaliste et collaborateur du Monde diplomatique. Ses révélations sont si sérieuses, ses sources tellement fiables que, le 18 avril 2009, les autorités des États-Unis ont fait détourner un avion d’Air France qui devait survoler les USA… pour la seule raison que Ospina était à bord ! Une plume « terroriste » quoi… Son livre dénonce en effet l’équipe de choc de la CIA, aux antécédents sans précédent. Il s’agit, en l’occurrence, du groupe d’agents aux actions clandestines – et terroristes ! – les plus efficaces, les plus « loyaux » et les plus dévoués, sans états d’âme, de l’Agence centrale de renseignements. Ils sont intervenus aux quatre coins de la planète et leur action destructrice a même touché les USA. Ce n’est pas du passé révolu, car certains sont toujours aujourd’hui à des postes clés. D’hier à aujourd’hui, leur peste sanglante tra-
Parodisiaque ? Vous l’avez deviné, il s’agit d’une parodie de L’affaire Tournesol, un pastiche de Tintin et Milou devenus « Saint-Tin et son ami Lou », lequel troque sa peau de chien pour le plumage multicolore de perroquet sacré du Guacamole, et tout à l’avenant : le capitaine Aigrefin, le savant Margarine, Alba Flore, etc. Pour lire cette « aventure » signée Gordon Zola (sic !), il ne faut pas avoir le cerveau lent et aimer les jeux de mots laids, car l’auteur nous la sort bonne et on l’avale de grâce… Bref, faut l’faire et c’est un brin fatigant à la longue. L’intérêt est peut-être ailleurs, puisque les éditions Moulinsart (pastichées en Moulin Tsar) qui gère les intérêts des héritiers de Hergé (créateur de « Tintin et Milou » il y a 81 ans) ont attaqué Gordon Zola et les éditions du
VIEmagazine DE L’ARAC LE RÉVEIL
verse le Guatemala, Cuba, le Congo, l’Indochine, le Chili, l’Angola, le Nicaragua, etc. Ils cheminent avec la mafia et la Cosa Nostra, ont participé au « plan Condor » installant les féroces dictateurs en Amérique latine (Chili, Uruguay, Argentine, Colombie, etc.) ; ils ont trempé dans les assassinats de Kennedy, Allende, Lumumba, du Che Guevara ; ils ont assassiné à Washington même… et les présidents Bush leur ont tout pardonné : tous blanchis et absous. Barack Obama saura-t-il (ou pourra-t-il) faire le ménage dans les anti-chambres mortifères de la Maison-Blanche ?
Docteur à tuer Josh Basell, Éd J.C. Lattes - 20 euros Pseudo : Griffe d’Ours, profession : tueur à conscience pour la mafia, côté pile. Côté face, Peter Brown, docteur à conscience, voire chirurgien à l’occasion, dans le pire hôpital de Manhattan… Une vie, puis une autre grâce au service des « témoins protégés », les « balances » avec qui le FBI a conclu un marché. Selon Albert Camus « Si Nietzsche avait raison de dire qu’humilier un homme c’est le tuer, toute tentative sincère d’autobiographie serait un acte suicidaire ». Que dire alors du docteur Brown qui nous
fait vivre un chapitre au présent de l’hôpital et le suivant en son passé de tueur ? Quand les deux consciences se recoupent, les tueurs ne sont pas loin avec, en prime, « la faucheuse » plantée en seringue pleine d’une infection inconnue. Qui peut dire, alors, s’il faut écrire « docteur a tiré » ou « docteur à tuer » ? Écrit par un docteur qui connaît son hosto comme sa poche, ce roman hilarant, qui passa aussi par des flashbacks sur la déportation et Auschwitz, est craquant comme tout. Je vous recommande ces notes en bas de pages… du roman ! Lui n’a que 24 heures pour survivre aux tireurs et vous, vous ne mettrez pas trois heures à dévorer ce bouquin.
qu’ils ne sont là que pour qu’existe le foisonnement de tout le reste, du Paris sur Seine… Bien sûr, l’énigme est bien menée, l’enquête piétine, l’amourette y apparaît même. Mais surtout, la passion pour Paris, pour la Seine, la vie des SDF sous les ponts, l’amitié des vrais anciens clodos et… la pêche à ligne dans la Seine, mais oui ! Avec son garde-pêche et son marchand d’articles de pêche, le seul qui vende encore des permis de pêche… C’est passion et amour, à la fois lumineux et glauques, entre printemps et noyades.
Quai des enfers
La Révolution de Naples : les dix jours de Masamiello
Ingrid Astier, Série Noire, Gallimard 17,50 euros
Alessandro Giraffi, Éd. Anacharsis - 21 euros
Un polar de plus, oui mais un polar avec un plus : la Seine et Paris, la Seine à Paris. L’auteur, Ingrid Astier, vit à Paris, face à la Seine ; elle aime le chocolat, le vin et connaît ses sujets sur le bout des doigts. Grâce à elle, on découvre notamment la brigade fluviale des flics sur Seine, qui nous apprennent la Seine par en dessous et le Paris de la Seine. L’intrigue, les meurtres sont bien mystérieux, bien saignants, très horribles et, compte tenu de ce qu’on découvre à travers ce livre : langage brut, cru et/ou technique des flics du 36 quai des Orfèvres (la PJ) et de ceux de la fluviale (sous les quais : l’enfer), le « nez » des créateurs de parfum, les rues de Paris dont on suit les tracés aux repères « vrais » et aux bistrots dont chacun de nous aurait pu pousser la porte - les cadavres, brefs - on serait presque tenté d’écrire qu’ils ne sont que prétextes,
Naples, juillet 1647. Le petit peuple est écrasé par les impôts que lui impose la Couronne d’Espagne. Lorsque le Vice-Roi décrète une nouvelle taxe sur les fruits et la farine, seules nourritures populaires, c’est l’explosion ! Un jeune poissonnier miséreux, Tommuso Amiello dit Masamiello, se retrouve à la tête du peuple en armes, lors d’une révolution populaire violente et radicale qui va réduire à merci le gouvernement de la deuxième ville d’Europe. Il laissera sa peau dans cette flambée (qui s’inscrira dans le long et lent démembrement de l’empire espagnol en Europe) que nous raconte, le 17 octobre 1647, Alessandro Griaffi, témoin contemporain de l’épopée italienne.
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Opini o n Frédéric Delorca, docteur en sociologie, a publié plusieurs ouvrages sur les relations internationales dont récemment Transnistrie, voyage au pays des derniers soviets aux éditions du Cygne. Nous publions la première partie d’une étude qu’il a entrepris et la seconde dans le numéro de janvier.
La montée de l’extrême droite en Europe de l’Est Les échauffourées qui ont accompagné le match Italie-Serbie à Gênes, le 12 octobre au soir, deux jours seulement après les émeutes provoquées par les ultranationalistes en marge de la Gay Pride du 10 octobre à Belgrade (émeutes qui ont fait plus d’une centaine de blessés, essentiellement des policiers serbes), sont venues rappeler combien le mélange détonnant d’hooliganisme, de machisme homophobe et de nationalisme exacerbé se porte aujourd’hui bien en Europe de l’Est, sous le discours lénifiant pro-européiste de la plupart des gouvernements. Plus généralement, c’est dans l’ensemble de l’ex-Europe de l’Est que ressurgissent aujourd’hui les passions nationalistes, la xénophobie et les vieilles nostalgies des années 3040, un phénomène qui n’est pas complètement nouveau (on l’avait constaté déjà avec l’effondrement des régimes soviétiques dans les années 1990), et qui a trouvé un regain de vigueur sous la férule des dogmes néo-libéraux.
Les Balkans occidentaux Le cas serbe est évidemment spectaculaire. Ce n’est sans doute pas dans tous les pays que l’extrême droite peut mobiliser 6 000 casseurs pour affronter 5 000 policiers et les conduire à saccager le siège de deux grands partis politiques, le Parti démocrate et le Parti 44 -
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socialiste (l’ancien parti de Milosevic devenu pro-européiste)… Sans doute la Serbie est-elle aujourd’hui le pays des Balkans où l’extrême droite est la plus puissante. Le parti radical d’extrême droite n’a jamais recueilli moins d’un tiers des voix depuis la chute de Slobodan Milosevic. Aux élections présidentielles de février 2008, son candidat, Tomislav Nikolic, a même recueilli plus de 47 % des voix au second tour (dans un scrutin disputé où la participation a dépassé les 60 %). Et rien n’indique que la récente scission au sein de sa direction doive le vouer au déclin. La Serbie paie ici les conséquences de sa diabolisation auprès des pays occidentaux. Sur le plan économique, le pays a privatisé les fleurons de son économie, et l’ancien quartier populaire, fief de la gauche dans la capitale, « Nouveau Belgrade » est le paradis des grandes banques occidentales. Mais la Serbie n’est pas le seul pays à l’Ouest des Balkans où l’ultranationalisme et la xénophobie prospèrent. En Bosnie-Herzégovine, les élections parlementaires et législatives du 3 octobre dernier ont confirmé chez les Serbes comme chez les Croates de ce pays, de fait administré par l’Occident, dans chacune des entités ethniques issues des accord de Dayton, la victoire des partis nationalistes et un refus de
cohabiter dans une nation multiculturelle. En février 2010 est né en Bosnie un Mouvement de la fierté nationale bosniaque, d’inspiration néo-nazie. Il se réclame du souvenir de la division SS Handschar et proclame que « les Juifs, les Roms, les Tchetniks, les séparatistes croates, Josip Broz Tito, les communistes, les homosexuels et les Noirs » sont ses principaux ennemis. La nostalgie nazie (oustachi) est aussi répandue en Croatie. Au Kosovo, les violences et harcèlements contre la minorité serbe se poursuivent, le Conseil de l’Europe dénonce régulièrement le racisme antirom en Albanie et, en 2006, le ministre des Affaires étrangères albanais, Besnik Mustafaj, agitait encore la perspective de créer une grande Albanie. Si les causes de ces résurgences sont multiples, nul doute que l’incapacité de l’Union européenne et des États-Unis à offrir une voie de développement et de cohabitation aux peuples des Balkans après avoir joué les pompiers pyromanes dans l’éclatement de l’ex-Yougoslavie.
Plus à l’Est aussi Aux marches orientales de l’Union européenne aussi, le nationalisme et la xénophobie se portent bien. Le 27 juillet 2008, la ville de Lviv, ancienne Lemberg, capitale de la Galicie, organisait en partenariat avec la télévision locale une grande manifestation en l'honneur de l'Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA), le courant nationaliste ukrainien qui avait collaboré avec les nazis (avant de les combattre) et de la SS Galicia, une unité supplétive de la SS, constituée de nazis ukrainiens ayant commis des massacres de civils, notamment en ex-Yougoslavie. « Aussi surprenant que cela puisse paraître, quand la Crimée vit tout entière dans la nostalgie
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Les Cadets de Saumur en BD Éditions du Triomphe, collection le vent de l’Histoire
de l'URSS, la Galicie, naguère polonaise et intégrée aujourd'hui à l'Ukraine, très nationaliste, est quant à elle nostalgique de son allégeance à l'occupant nazi », écrivait en des termes un peu schématiques l’essayiste et romancier Michaël Prazan, le 15 septembre 2008, dans un blog lié au journal Le Monde. Le chef de l’Organisation des nationalistes ukrainiens (OUM), Stepan Bandera, a des rues à son nom, des monuments et des musées à sa gloire dans plusieurs villes d’Ukraine occidentale. Ce néo-nazisme galicien s’oppose à des formes d’ultra-nationalisme russe qui présentent des traits similaires en ce qui concerne le racisme, l’antisémitisme et l’homophobie notamment, et sont disséminées dans plusieurs dizaines de mouvements allant du Parti national bolchévique au mouvement Pamyat. Ces tendances, marginalisées au cours des dernières années sur l’échiquier politique par la prédominance du parti de Poutine, Russie unie, continuent à entretenir des tensions dans la société à travers divers incidents relatés dans la presse. L’orientation idéologique du Conseil de l’Europe, qui depuis des années place le nazisme sur un pied d’égalité avec le communisme, n’est pas pour rien dans la banalisation de l’ultra-nationalisme de ces pays. De même, la politique offensive de George W. Bush, à peine atténuée depuis peu par Barack Obama, qui, à travers des révolutions de couleur en Ukraine et en Géorgie, recherchait systématiquement l’encerclement de la Russie, a aussi joué un rôle considérable dans le renouveau des thématiques nationales. Frédéric Delorca
Le livre de Patrick de Gmeline a été édité sous forme de BD, illustrée par Guillaume Berthelot. Fort bien documentée et intéressante tant au plan chronologique qu’en matière d’esprit de résistance, cette BD n’évite pourtant pas certains écueils réactionnaires qui font surface actuellement, en ces temps où le négationnisme est devenu l’affaire d’un État s’emparant de l’Histoire pour la réécrire selon ses orientations politico-colonialistes. Ainsi, la mise en parallèle des Cadets de Tolède avec ceux de Saumur. La note de lecture exalte les premiers « qui se sont défendus contre les assauts des Républicains rouges et ont fini par l’emporter ». Nuance de taille, ces Cadets de Tolède étaient franquistes et combattaient la République espagnole aux côtés des troupes italiennes de Mussolini et allemandes d’Hitler… les mêmes qui envahissaient la France et qu’allaient combattre les Cadets de Saumur. Quant à Hitler, « c’est un honnête homme » nous est-il dit par un médecin allemand soignant un officier français « avec humanité ». Ces Allemands si chevaleresques saluant, rendant les honneurs et libérant leurs prisonniers. Réel, sans doute ; mais pourquoi ne pas rappeler les massacres commis par ces mêmes troupes depuis leur invasion dans le nord de la France ? Population massacrée, troupes anglaises fusillées, soldats sénégalais assassinés en masse, etc. ? La constante anticommuniste Ce maquillage de l’Histoire tend à se faire de plus en plus fréquent dans cer-
taines catégories de livres se prétendant historiques. Ils tendent à « humaniser » l’occupant nazi - le général de Gaulle a dit : « De même que notre devoir était d’être ennemis, notre droit est d’être amis », images finales de la BD des Cadets de Saumur. Ce que l’on retrouve dans Les Comtesses de la Gestapo (Cyril Eder, Ed. Grasset, 18,90 euros). L’auteur, américain, y énumère les différentes formes de collaboration - assassins, tortionnaires, voleurs, escrocs, etc. - tout en laissant entendre que l’occupant menait une lutte féroce contre le marché noir… dont vivaient justement tous ces Françaises et Français qui participaient à la traque des Résistants et des juifs. Par contre, l’auteur n’a pas de mots assez durs pour justifier « l’épuration » lors de la libération de Paris : des mandats d’emmener sans valeur légale, des « fifis » armés jusqu’aux dents traînant les suspects devant des Fouquier Tinville improvisés… une justice expéditive avec pillage systématique, humiliations, coups, tontes, tortures, assassinats, extorsions d’argent, viols collectifs dans des zones de non droit contrôlées par des FTP sanguinaires, où les meurtres furent fréquents pendant plusieurs semaines, les responsables laissant libre cours à leurs plus bas instincts. On croit rêver, mais on cauchemarde. Pour Cyril Eder, ancien professeur de lettres en Californie - que n’y est-il resté ! - les collabos servant les nazis ont l’aura d’aventuriers dont une poignée se fit prendre et beaucoup réussirent à s’enfuir et à se mettre à l’abri… des sévices révolutionnaires assoiffés de sang ! Quelle vision de l’histoire veut-on donner et pour quels objectifs ? Car ce n’est pas sans raison que, du Président de la République à certaines éditions, on s’emploie ainsi à banaliser l’histoire… et à faire oublier les valeurs de la Résistance au profit de celles de l’argent et de la Bourse. novembre-décembre 2010 - N°766-767 - LE RÉVEIL
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Apocalypse Viêt Nam Agent orange André Bouny, fondateur du Comité international de soutien aux victimes vietnamiennes de l’Agent orange, est l’auteur de cet ouvrage, le plus important sur ce crime contre l’humanité perpétré par les États-Unis dans la guerre menée contre le peuple vietnamien.
Apocalypse Viêt Nam Agent Orange d’André Bouny - 23 euros En vente au Comité français du Village de l’amitié, au siège de l’ARAC 46 -
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A
vec ce livre le lecteur sait absolument tout ce qu’il faut savoir sur les questions vitales pour l’avenir de l’humanité. Après avoir fait l’historique de l’usage du poison dans la chasse depuis la préhistoire et décrit le contexte de la guerre au Viêt Nam, l’auteur fait le bilan de la quantité épandue au Laos, au Cambodge, à la frontière des deux Corée, avec leurs effets sur les mangroves, les cultures, les sols, les rivières et le littoral. Il décrit ensuite le désastre humain, en établissant la liste impressionnante des maladies générées mais il aborde clairement la dévastation civilisationnelle nationale et internationale générée par ce « concentré de dioxine » La deuxième partie du livre dénonce toute les manœuvres judiciaires américaines pour écarter toutes les justices nationales et internationales qui devraient établir les culpabilités et les responsabilités des entreprises et des administrations US. Les dernières pages sont consacrées au Tribunal international d’opinions en soutien aux victimes vietnamiennes de l’Agent orange, constitué à Paris par l’Association internationale des juristes démocrates (AIJD), animé en France par notre ami maître Roland Weyl. Ses travaux se sont déroulés les 15 et 16 mai 2009. Le président de l’ARAC et les dirigeants nationaux du Comité français pour le Village de l’amitié, solidaires de l’initiative, étaient présents et j’avais l’honneur et la responsabilité d’être cité parmi les témoins des conséquences horribles de cette tactique politique et militaire criminelle. Certes, hier, le crime a fait du Viêt Nam la victime la plus touchée. Aujourd’hui, se sont les
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enfants de la troisième génération, handicapés à vie, qui souffrent dans leur corps. Hier ! Mais depuis les années 1970 ? Les agents chimiques ont été utilisés en Irak, les herbicides sont employés en Colombie dans la guerre contre la drogue. Mis à part au Québec, en Suisse et en Suède, les herbicides et les pesticides sont employés dans tous les pays du monde. Rendons hommage à André Bouny qui n’a pas limité ses analyses au seul Viêt Nam, mais conclut par cette analyse : « L’Italien Americo Mosca, lauréat du prix de chimie décerné à l’occasion de l’Exposition universelle de Bruxelles en 1958, révéla dans son livre Atoms in Agriculture, (1974) que l’utilisation annuelle aux USA de 450 000 tonnes de produits chimiques, mutagènes et cancérigènes, au début de la décennie 1970, représentait pour les générations actuelles et futures des dommages équivalents à 72 000 bombes atomiques d’Hiroshima. Ces révélations furent aussitôt classées secrètes pour 50 ans. Dans l’agriculture intensive, non seulement l’utilisation de produits chimiques perdure, mais elle se développe, envahissant la planète. De 1994 à 2003, en Argentine, la quantité d’herbicides est passée d’un modeste million de litres par an à…150 millions ! Il en va de même au Brésil (pour le soja) et en Inde (pour le coton). Les industriels chimistes prétendent que les herbicides, et plus largement les pesticides, accroissent la production vivrière et permettent de nourrir une population en croissance exponentielle sans avoir à abattre de nouvelles surfaces forestières. Toutefois, l’importance de l’enjeu alimentaire vient de démontrer l’urgente nécessité d’une législation globale et planétaire qui prohiberait les pesticides et la confiscation des sols par les biocarburants, de façon à préserver l’accès à l’eau et à la nourriture pour tout individu au nom du plus élémentaire des droits : celui de l’alimentation, et à la possibilité de se nourrir sans être empoisonné, ni empoisonner sa descendance. En effet, les micro-gouttelet-
tes de pesticides pulvérisées dérivent en suspension dans l’atmosphère et le vent déplace les poussières du sol contaminé à des distances considérables. L’évaporation depuis le sol et les plantes transfèrent la pollution en milieu rural et urbain, les particules étant inhalées ou se déposant sur la peau qui les absorbe. Enfin, les pesticides contaminent aussi les aliments, les nappes phréatiques et l’ensemble de l’environnement. Si la terre est empoisonnée, les aliments et notre organisme le deviennent. Les interactions entre la terre, l’air et l’eau, les interrelations entre flore et faune, diffusent une écotoxicité exposant chacun à des degrés divers. A ces usages intensifs doivent être ajoutés ceux des grandes entreprises, comme par exemple les chemins de fer, les collectivités territoriales ou les communes, grandes consommatrices d’herbicides pour « entretenir et préserver » la voirie. Mais n’oublions pas que l’usage privé de multiples pestici-
des est loin d’être négligeable. Tous ces composés chimiques atteignent inévitablement l’environnement. En fonction de leur durée, et que ce soit sous une forme percutanée, inhalée ou ingérée, ils finissent inéluctablement dans les organismes vivants. » André Bouny rejoint en cela les conclusions du colloque auquel l’ARAC a participé à Dijon, organisé par des professeurs et des chercheurs de l’Université, alertant sur les écocides qui mettent toute l’humanité en péril. Enfin, que chacun sache que ce livre, acheté à notre Comité pour le Village de l’amitié de Van Cahn, contribue à financer trois journées pour un enfant soigné à Van Cahn, André Bouny laissant ses droits d’auteur pour ce Village de l’amitié. Mieux connaître le scandale et les dangers mortels de la dioxine et être solidaire de ses victimes, deux raisons d’acheter ce livre. Georges Doussin
Village de l’amitié Van Canh
Concert de solidarité
Le 18 novembre s’est tenu, aux Invalides, le concert de solidarité avec le Village de l’amitié Van Canh au Vietnam,
avec la participation de la Garde républicaine et d’une chorale vietnamienne (notre photo). novembre-décembre 2010 - N°766-767 - LE RÉVEIL
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A votre disposition Affiches, tee shirts, cartes pétition
Affiches : 4 modèles au choix - 1 euro
Tee-shirt : Trois tailles (M, XL,XXL) - Coloris taupe ou gris - 4 euros A votre disposition également, des cartes pétition au prix de 15 centimes la planche de 4.