Le réveil des combattants Juillet / Août 2015

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QUAND MACRON SE RÊVE EN « RÉVOLUTIONNAIRE »"

CGT ET ARAC, PORTEUSE DE MÉMOIRE

OTAN/RUSSIE ETAT D’ALERTE

Juillet-Août 2015 - N° 815-816 - 5 € www.le-reveil-des-combattants.fr

En toute souveraineté la Nation grecque dit NON

NON à l'austérité, NON à la misère, NON aux inégalités Que chacun prenne ses responsabilités face aux exigences du peuple grec


La « 3e guerre mondiale en morceaux » S’unir pour la conjurer ! La création de l’ARAC en 1917, en plein déroulement de la guerre de 1914-1918, répondait à la volonté de ses combattants et des populations qui en furent victimes : « Plus jamais ça, guerre à la guerre, dénoncer les causes pour l’éradiquer. » D’où l’immense action persévérante de deux de ses combattants de surcroît écrivains : Henri Barbusse et Romain Rolland qui fondèrent le grand mouvement pour la paix et contre le fascisme : Amsterdam-Pleyel qui rassembla 30 000 associations de tous les pays du monde. Malgré cette action d’envergure, d’autres conflits prirent naissance et les désastres de la deuxième guerre mondiale s’ajoutèrent à ceux de la première. De ces deux guerres et des autres, l’ARAC fut le témoin et parmi les acteurs les plus remarqués du combat pour la paix et contre le fascisme. De ce fait, l’ARAC a conscience de tous les désastres produits par les guerres, destructions et massacres des enfants, des femmes, des personnes âgées. Sans oublier les combattants et les combattantes dont Henri Barbusse disait : « deux armées aux prises c’est une grande armée qui se suicide ». Voyant aujourd’hui en revenir les causes qu’elle a dénoncées et qu’elle combat, l’ARAC exprime sa plus vive inquiétude devant le « climat de guerre » entretenu aujourd’hui et la « sorte de troisième guerre mondiale livrée par morceaux » comme l’a si bien qualifié le pape François à Sarajevo le 6 juin dernier. Elle trouve pertinentes les prises de position de personnalités à ce sujet comme celle très récente du Pape François qui dénonce « ceux qui attisent délibérément [le climat de guerre] en particulier ceux qui cherchent l’affrontement entre différentes cultures et civilisations, et aussi ceux qui spéculent sur les guerres pour vendre des armes » ou encore comme celles d’Hubert Vedrine et de Dominique de Villepin. Et nous ajoutons ceux qui suscitent les guerres pour conquérir des marchés en utilisant l’idéologie fasciste remise au goût du jour pour entraîner des individus à servir leurs causes. L’ARAC exprime aussi sa très vive inquiétude face aux mises en cause de l’ONU, véritable barrage contre la guerre construit par l’Assemblée Générale des représentants des peuples du monde au lendemain de la guerre 1939-1945, sur la base de sa Charte réglant leurs rapports essentiels : « Nous les peuples du monde décidons… » Dans cet esprit, l’ARAC qui s’est créée pour s’opposer aux causes des guerres, se bat aujourd’hui pour une Europe de paix contre ceux qui attisent les oppositions d’intérêts entre certains pays de notre continent. C’est pour cela qu’elle agit pour obtenir que chaque Nation d’Europe recouvre réellement sa souveraineté car alors chaque peuple pourra décider de son destin et coopérer librement avec les autres pour construire une Europe des nations libre et démocratique, rempart de la paix dans le monde.

Villejuif, le 8 juillet 2015

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LE RÉVEIL - N° 815-816 - JUILLET-AOÛT 2015


ÉDITO LE RÉVEIL

METTRE FIN À CETTE EUROPE, À CET EURO QUI ÉCRASENT LES PEUPLES

SOMMAIRE Actualités Déclaration ARAC .............................................................................. 2 Quand Macron se rêve en « révolutionnaire » ................................... 4 Comment les grands opérateurs de télécommunications se moquent de leurs salariés et des usagers ? ......................................................... 5 Le Président Juncker exige un TAFTA qui détruise les PME européennes ......................................................................................... 6 Drones .................................................................................................. 7 International Otan/Russie : Etat d’alerte................................................................... 8 Loi sur le renseignement : Surveillance de masse .............................. 9 En Italie une école de drones militaires Predator ............................23 Vos droits Le Handicap : Une grande cause nationale… HAMPUTE ! ...........25 Vie de l’ARAC Nouvelle adresse de l’ONAC ............................................................24 Aumont 2015 – Maison Barbusse .....................................................26 L’Hommage à André Maillard ..........................................................27 Vie des comités ..................................................................................28 Voyage au Vietnam ............................................................................30

Livres P30 à P. 32

P. 11 . D O S S I E R

CGT et ARAC, porteuses de Mémoire

www.le-reveil-des-combattants.fr LE RÉVEIL DES COMBATTANTS Fondé en 1931 par Henri-Barbusse Mensuel de l’Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre. Commission paritaire n° 0713-A 06545 ISSN N° 0751-6215 • Édité par les Éditions du Réveil des Combattants • SARL au capital de 45 734,41 € - Siret : 572 052 991 000 39 2, place du Méridien - 94807 Villejuif cedex Tél. 01 42 11 11 11 Fax. 01 42 11 11 10 reveil-des-combattants@wanadoo.fr

• Tirage : 60 000 exemplaires • Gérant Directeur de la publication : Raphaël Vahé • Directeur délégué - Rédacteur en chef : Patrick Staat • Comité de Rédaction : Brigitte Canévêt, Hervé Corzani, Jean-Pierre Delahaye, André Fillère, Laurence Gorain • Service photos : Jean- Claude Fèvre • Administratrice : Annick Chevalier • Conception graphique - Impression : RIVET PRESSE EDITION - 24 rue Claude-Henri-Gorceix, 87022 Limoges cedex 9

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a démocratie et la volonté du peuple grec ont été exécutées « pour l’exemple ». Le « non » grec exprimé par 61 % de ceux et celles qui savent ce qu’est la misère. Cinq années d’austérité qui ont engendré souffrance, drame social, humanitaire, une économie détruite : le chômage à 30 %, 60 % pour les jeunes, 45 % de la population en dessous du seuil de pauvreté, sans compter l’augmentation des inégalités à venir. La Grèce reste dans l'euro mais à quel prix ? L’étranglement inexorable de la Grèce va se poursuivre. Les investisseurs étrangers vont prendre le contrôle de l’économie grecque… et les banques internationales continueront à percevoir leurs rentes. Cet accord « est une certaine conception de la solidarité européenne » dit M. Fabius. C'est celle des traités, celle qui étouffe la souveraineté des nations, construit les inégalités et la misère, Politique si chère à notre président, à son 1er ministre, à leurs amis : Donald Tusk, illustre inconnu, président du Conseil européen dont personne ne connaît les compétences. JeanClaude Juncker, grand architecte de l’optimisation fiscale du Luxembourg alors 1er ministre du Grand-duché aujourd'hui président de la Commission européenne. Mario Draghi, patron de la BCE, ancien de Goldman Sachs (la banque qui a falsifié les comptes grecs), Martin Schulz, fantomatique président du Parlement européen. Jeroen Dijsselbloem, dirigeant de l’Eurogroupe, cette instance informelle bien plus puissante qque la majorité des institutions officielles de l’UE. Des ggens sont désignés qui ne rendent compte à personne. S Sans oublier C. Lagarde patronne du FMI et A. Merkkel. L La solution n'est pas plus d'intégration car cela tuera la ddémocratie et la souveraineté des peuples ““Aucun pouvoir établi n'a le droit de priver les poppulations du plein exercice de leur souveraineté. A chaque fois qu'ils le font, nous voyons la montée d'une nouvelle forme de capitalisme qui porte un sérieux préjudice à la paix et à la justice”. “Le nouveau colonialisme a plusieurs visages. Parfois, il a l'influence anonyme des veaux d'or que sont les entreprises, les organismes de crédit, certains traités de libre échange et l'imposition de mesures d'austérité qui obligent toujours les travailleurs et les pauvres à se serrer la ceinture.” (Pape François, 9/07/2015, Santa Cruz) L'espoir réside dans notre volonté à nous rassembler sur des contenus forts sans compromis prenant en compte toujours l'intérêt du plus grand nombre. Patrick STAAT LE RÉVEIL - N° 815-816 - JUILET-AOÛT 2015

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS

Quand Macron se rêve en « révolutionnaire »" En petit comité, devant une vingtaine de grands patrons internationaux, le ministre de l'Economie a trouvé ses slogans : « France is back » and « we will deliver ». Sa prochaine cible : le Code du travail. pui, comment le gouvernement auquel il appartient réduit à la fois les dépenses publiques et le coût du travail, au point de rendre désormais la France plus compétitive que l’Allemagne. Dixit Macron, qui s’exprimait dans un anglais parfait, un des piliers de la mutation en cours est la réforme du marché du travail, qui va introduire à la fois de la « flexibilité » et de la « sécurité ». Affichant sa volonté d’être « disruptif et révolutionnaire », le ministre – devant un auditoire qui n’a sans doute jamais entendu parler des subtilités de l’usage de l’article 49-3 ou de la Motion A du congrès socialiste de Poitiers – a poussé les feux du social libéralisme : « Il faut utiliser le momentum économique plutôt favorable pour accélérer les réformes et délivrer. » « Vous vous rendez compte, dans mon pays, il était interdit de se déplacer en car d’une ville à l’autre, c’est fou non ? » En prélude du troisième sommet de l’attractivité, qui se tenait à l’Elysée autour de François Hollande, Emmanuel Macron recevait à dîner, le 15 juin, une vingtaine de très grands patrons internationaux, dont ceux de Samsung, Siemens, Intel ou Barilla. Flanqué de quelques start-upper, symboles des succès de la French Tech, il a bien sûr vanté les mérites de sa loi qui va « déverrouiller une économie surréglementée » et leur ouvrir de nouveaux marchés.

Un ministre qui se veut disruptif et révolutionnaire Plus généralement, le ministre de l’Economie a détaillé, chiffres à l’ap4-

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Délivrer, délivrer, délivrer : le mot – un barbarisme – revient sans cesse dans la bouche de l’ex-banquier d’affaires pour qui il convient d’être « les meilleurs d’une façon durable » afin de mériter la confiance de ses visiteurs. Promis, une fois votée sa loi, Emmanuel Macron mettra son énergie pour continuer de faire bouger le pays d’ici à 2017. A discuter avec un de ses proches, off the record cette fois, on apprend que le ministre ne craint pas de brûler ses vaisseaux, prenant date pour l’avenir.

Macron prêt à se lancer dans la bataille du Code du travail En attendant poursuit notre source, « il a la confiance pleine et entière de François Hollande ». Et à la rentrée, le ministre a l’intention de préempter deux

dossiers : l’intégration européenne et la réforme du Code du travail. Sur le premier sujet, Macron a cosigné une tribune dans Le Figaro il y a quelques jours avec son homologue allemand Sigmar Gabriel. Sur le second, ce sont Robert Badinter et Antoine Lyon-Caen qui s’en sont chargés, dans un texte publié par Le Monde, en provoquant, sans surprise, des réactions autrement plus nombreuses. Le terrain est balisé, et l’ambitieux ministre de l’Economie compte bien s’y engouffrer. Dans une ambiance de business lunch comme on les pratique à Davos – dont tous les convives sont des habitués –, le ministre s’est enflammé : « We are on the track, France is back and we will deliver ». Ce qui peut se traduire par : « La France est sur la bonne voie, elle est de retour et nous allons tenir nos objectifs ». Les dirigeants des multinationales n’ont pas été invités à s’exprimer à la suite de la tirade pro-business du wonder boy de l’équipe gouvernementale. Il était prévu qu’ils le fassent à l’Élysée après avoir écouté le président de la République. À huis clos. CHALLENGES – 16 juin 2015


ACTUALITÉS LE RÉVEIL

Comment les grands opérateurs de télécommunications se moquent de leurs salariés et des usagers ? Le secteur des télécommunications est le deuxième secteur le plus riche en Europe (derrière le secteur pétrolier).. Voici ce que touchent « nos malheureux » opérateurs : 20 milliards d’euros de l’Etat au titre du « Plan fibre et très haut débit » : acquis grâce à vos impôts sur le revenu ! 312 millions d’euros, total années 2013, 14 et 15, rien que pour Orange au titre du CICE (Crédit d’Impôt Compétitivité Emploi) dont la vocation serait de développer l’investissement, l’innovation et le recrutement : acquis grâce à vos impôts sur le revenu ! 750 millions alloués aux seuls opérateurs SFR et Orange, par la région Nord-Pas-de-Calais afin de construire le réseau fibre en zone rurale… supposés créer environ 1 000 emplois ! Acquis grâce à vos impôts fonciers et taxes d’habitation ! Que font-ils de cet argent, de notre argent ? Y a-t-il vraiment des embauches ? Est-ce que vos abonnements sont en baisse ? Avons-nous vraiment un réseau de qualité, un service de qualité ? Pour l’emploi voici la casse En 10 ans chez Orange, c’est 17 433 emplois supprimés ! Sur les deux dernières années, 6 800 équivalents temps plein. Bouygues, SFR, Orange attaquent les services techniques, les réseaux de distribution (boutiques ou centres d’appels) !! On licencie (chez Phone House et Tel and Com suite aux ruptures de contrat de Bouygues et Orange), on sous-traite, on franchise, on filialise et on ramasse l’argent !! Orange a renégocié tous ses contrats de sous-traitance technique, on passe de plus de 600 entreprises à 15 que

l’on appelle « MAJORS ». Le « donneur d’ordres », c'est-à-dire Orange, a légalement la responsabilité de s’assurer que grâce au prix du marché, aux effectifs de ces entreprises… celles-ci soient en capacité en conformité avec le Code du travail… IL N’EN EST RIEN !!

Voici la réalité : Licenciements, chômage technique, sous-traitance en cascade, conditions de travail catastrophiques, augmentation de la productivité (+ 50 % parfois !), journée de 14 h pour certains salariés, heures supplémentaires et délais de route non rémunérés, et la liste est longue… ! Ces donneurs d’ordres n’assument pas leurs responsabilités et participent à la casse sociale en se jouant des lois… Patrons voyous ! Et vous, « chers » clients, voici comment Orange se préoccupe de vous et de votre installation téléphonique : Connaissez-vous « le service universel » ? En résumé, c’est l’assurance pour chacun d’accéder : à un raccordement d’une ligne fixe ; à la fourniture d’un service téléphonique de qualité ; à Internet avec un débit suffisant ; à un tarif abordable. Orange s’est engagé à en être le garant ! Sachez qu’à ce titre, tous les opérateurs européens lui versent la coquette somme de 14 169 397 € « Le gouvernement n’ignore pas la situation… Il serait d’ailleurs difficile de faire autrement, tant je reçois de courriers des élus locaux concernant le

mauvais état du réseau dans nos territoires. » L’ARCEP (Autorité de Régulation des Communications Electroniques et Poste) : « Constatant que certains indicateurs de qualité de service présentés par la société Orange, prestataire du service universel pour la composante de raccordement et de service téléphonique, n’étaient pas conformes aux objectifs qui s’imposent à elle, l’Autorité a décidé l’ouverture d’une enquête administrative aux fins de recueillir auprès d’Orange l’ensemble des informations et documents relatifs au respect de ces prescriptions. » Et pourtant Orange, en parallèle, met en place un système de facturation automatique appelé «Magnum», ce système consiste à émettre une facturation de 69 € TTC dès lors que l’usager signale un dysfonctionnement sur sa ligne et qu’il y a nécessité d’un rendez-vous avec un technicien. Avant, l’usager n’était facturé que lorsque la panne était située à l’intérieur de son domicile ! Cette astuce aurait permis à Orange de se mettre trois fois plus d’argent dans la poche ! LE RÉVEIL - N° 815-816 - JUILLET-AOÛT 2015

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS

Le Président Juncker exige un TAFTA qui détruise les PME européennes

J.-C. Juncker et A. Merkel.

Marc Voinchet, présentateur sur France Culture, est en émoi ce 13 juin 2015 : « Nous sommes avec le président de la commission européenne, excusez du peu ». Effectivement, cela va être du lourd ! De l’entretien, juste un petit conseil sera donné aux pauvres tentés par l’extrémisme : « Il ne faut pas suivre les populistes ». Mais à quoi bon une démocratie puisque pour Juncker « nos arrière-petits-enfants ne sauront même pas de quoi on parle, quand on parlera de guerre en Europe ». Notre fin journaliste n’a pas posé de question sur le mot creux qu’est devenu dans la bouche du président de la Commission européenne la démocratie. N’a-t-il pas déclaré le 4 mars 2015, après l’élection de Tsipras, que « les élections ne changent pas les traités ». Mettre en concurrence les pauvres est l’obsession de ce Président ; baisser le salaire minimum est l’objectif caché sous les bonnes paroles. Les premiers moments de l’interview, l’ancien ministre des Finances du Luxembourg qui a contribué a orchestré une Europe où les entreprises ne paient presque plus d’impôt, semble réellement touché par ce qui est la conséquence même 6-

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de l’évasion fiscale généralisée : « Les Grecs sont au bord de la pauvreté, ils ne veulent plus voir la politique d’austérité… Je me sens très proche des Grecs qui souffrent. » Puis plus tard, dans l’interview : « il faudra bien que la France accepte d’accueillir un nombre plus grand de migrants ». On retient une larme. Mais Marc Voinchet n’ose probablement pas demander si à Luxembourg-ville il y aura des squats de migrants ? Les Etats eux-mêmes ne doivent pas traiter les questions stratégiques : « On ne peut laisser aux états-nation la gestion des migrants ». L’Europe va s’occuper du problème migratoire avec un a priori : il manque des dizaines de millions d’immigrés pour l’Europe de 2060 qui vieillit. « L’Europe a besoin d’immigration quoi qu’on en dise… il faudra organiser l’immigration et nous allons le faire. » Cette concurrence de migrants sans papiers et sans travail est un atout supplémentaire pour mettre la pression sur les salaires. La troïka exige dans tous les pays la baisse drastique du salaire minimum. M. Juncker va jusqu’à demander les réformes les plus honteuses pour tester le niveau d’ac-

ceptation des peuples : « Certains des éléments que nous avions fait parvenir à la partie grecque ont été rejetés, ce qui parfois est compréhensible, parce que les trois institutions voulaient par exemple augmenter le coût de l’électricité, le coût des médicaments… que les gouvernants grecs aient rejeté ces propositions ne m’a guère surpris… Nous leur avons dit qu’il faudrait qu’ils remplacent les mesures qu’ils ne voudraient pas par des mesures équivalentes en termes de revenu fiscal. » Enfin, après la mise en concurrence des pauvres entre eux, celle des petites entreprises avec les multinationales est à l’ordre du jour de l’Europe de Juncker. Ces PME n’ont aucun intérêt pour celui qui roule pour les multinationales, voire ouvre l’Europe aux investissements chinois. TAFTA mérite donc d’être durci pour pénaliser les PME. Il nous rassure comme des enfants : « A propos de TAFTA, il ne faut pas nourrir des craintes ». Puis assène le coup mortel aux PME. Non seulement Juncker ne veut pas de Small Business Act version européenne, mais il veut que TAFTA le grave dans le marbre : « Il ne faut pas toujours avoir ce réflexe protecteur et nombriliste. L’Europe est en train de négocier avec le gouvernement américain la fin de ce système… Nous sommes en train d’expliquer aux autorités américaines que leur manière de protéger leur marché a vocation à disparaître si les EtatsUnis et les Européens veulent se mettre d’accord sur un traité de commerce. » Juncker est un oligarque, de ceux qui ont confisqué toute démocratie. Nous en serions presque à lui préférer un dictateur éclairé. Seule peut nous libérer la révolte des gueux. Denis Dupré Enseigne la finance et l’éthique à l’Université de Grenoble-Alpes, chercheur au CERAG et à l’INRIA (équipe STEEP).


ACTUALITÉS LE RÉVEIL

Drones En 2012, en occultant les effets dévastateurs des drones aériens sur la mort de civils innocents à travers le monde, était présenté un drone sous-marin qui vante les mérites des nouveaux véhicules sous-marins sans équipage de la Marine des Etats-Unis.

de déterminer les avantages que le développement de cette capacité navale pourrait apporter, sur les plans militaires, financiers, technologiques et des compétences », a expliqué le secrétaire d’Etat britannique, Philip Dunne.

La Marine U.S. espère que ces drones feront leurs premiers pas dans un futur proche. Ces drones pourraient « changer la donne » a affirmé Christopher Egan, gestionnaire du programme au Centre naval de guerre sous-marine. Chaque aspect rendant les drones aériens si efficaces peut tout aussi bien s’appliquer aux sous-marins. »

Initié en 2012, le contrat annoncé en mars 2015 porte sur la définition, la réalisation et la qualification de deux prototypes d’un système de drones navals, de surface et sous-marins. C’est inquiétant quand on voit les ravages des drones aériens, qui « déshumanisent » la guerre, qui frappent en Irak ou en Syrie assis dans des fauteuils confortables situés en Allemagne ou aux Etats-Unis. Sans risque pour les donneurs d’ordres, mais catastrophiques pour les populations civiles, le mot c’est « effets collatéraux ». Derrière ce vocable, ce sont des femmes, des enfants, des populations civiles assassinées.

Le véhicule sous-marin de gros cylindre sans équipage (LDUUV) sera grand, très autonome et effectuera des missions de longues distances durant des mois. Il pourrait éventuellement être armé. L’impact le plus significatif du LDUULV pourrait être sur les plans offensif et défensif. Cette technologie a fait ses preuves, elle peut être utilisée dans une guerre sous-marine.

Où en sommes-nous aujourd’hui ? Le programme franco-britannique MMCM permet le développement d’une nouvelle capacité industrielle. Thales et BAE Systems vont développer un prototype de drone destiné à la détection et à la neutralisation des mines marines et dispositifs explosifs improvisés sous-marins. La France et la Grande-Bretagne ont lancé en mars, dans le cadre du traité de Lancaster House, un programme innovant de guerre contre les mines navales.

Vers qui vont se tourner ces drones sous-marins ? Vers les navires militaires irakiens, iraniens, palestiniens, syriens ? Vers les bateaux qui ne doivent pas quitter les côtes libyennes comme ces bateaux d’immigrés qui arrivent en Italie. Qui va décider des frappes ? Ceux qui sont responsables de guerres et qui contraignent des mil-

liers d’hommes, de femmes, d’enfants à chercher refuge ailleurs. Ce sont eux, les présidents des EtatsUnis, de la France, le 1er ministre anglais, la chancelière allemande, qui portent la responsabilité essentielle de ce désastre humain. En décidant, seuls de déclarer la guerre en dehors du droit international en dehors d’une décision de l’ONU. Eux qui laissent financer Daesch par la Turquie, les Emirats Arabes entre autres. Eux qui possèdent la technologie qui sème la terreur dans des régions entières. Nous courons à la catastrophe. Même le pape, en juin 2015 à Sarajevo, s’en inquiète. Tout indique les risques de 3e guerre mondiale tellement est grande leur volonté à tout prix de contrôler le monde, contrôler les richesses, contrôler la pensée ; contrôler les hommes et les femmes, faire taire la démocratie, faire de la planète un immense marché. Derrière l’idée de guerre moderne, derrière l’idée de guerre humanitaire se dégage la volonté d’un nouveau découpage du monde.

« Le développement de systèmes de drones navals est un domaine nouveau et passionnant au RoyaumeUni comme en France. En travaillant ensemble sur la base d’une vision commune des systèmes de drones sous-marins, nous serons en mesure LE RÉVEIL - N° 815-816 - JUILLET-AOÛT 2015

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LE RÉVEIL INTERNATIONAL

Otan/Russie

Etat d’alerte Déclarations belliqueuses et démonstrations de force se multiplient. La sécurité en Europe de plus en plus menacée ? cules blindés Bradley, et vingt canons automoteurs. Pour la première fois de tels engins seront opérationnels dans ces pays, qui appartenaient à la sphère d’influence de l’Union soviétique jusqu’à la chute de celle-ci, en 1991.

« L’escalade verbale, et maintenant militaire, qui oppose depuis plusieurs mois Moscou et Washington, rappelle certaines heures sombres du XXe siècle, lorsque la guerre froide tenait le monde en haleine. Et le déploiement temporaire de nouveaux armements lourds sur le flanc Est de l’Otan, annoncé, début juin, par les Etats-Unis, n’a fait qu’amplifier la colère de la Russie ». C’est ce qu’on pouvait lire, fin juin, dans les colonnes du quotidien gratuit « Direct Matin », sous le titre « des armes lourdes américaines en Europe de l’Est : un parfum de guerre froide » Dans notre dernier numéro, daté juin 2015, « le Réveil » alertait sur la volonté de l’Otan de militariser une partie de l’Europe, le long de la frontière russe, au risque d’une escalade… Aujourd’hui, la presse se fait de plus en plus l’écho d’un renforcement du dispositif militaire de l’Otan en Europe sous la houlette du Pentagone et de la Maison-Blanche et du danger d’une nouvelle course aux armements. A Sarajevo, le pape François a dénoncé lors de son dernier voyage « un climat de guerre (…) une 8-

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espèce de 3e guerre mondiale livrée par morceau ».

Pour autant, l’Alliance Atlantique aux ordres de Washington se défend de toute « course aux armements (…) mais nous devons garder nos pays en sécurité », a déclaré son secrétaire général, Jens Stoltenberg, avant une réunion des ministres de la Défense de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord à Bruxelles. « Il n’y a aucun doute que la Russie est responsable d’actes agressifs en Europe », a asséné Stoltenberg. Mais qui provoque qui ?

Concrètement, les USA s’apprête à déployer en Bulgarie, en Roumanie, en Pologne et dans les trois pays baltes, 250 pièces d’armements, dont quatrevingts chars lourds Abrams, 140 véhi-

Au cours des derniers mois l’Otan a ainsi multiplié les exercices sur son flanc est, envoyé davantage de navires dans la Baltique et en mer Noire, et augmenté le nombre des avions de


INTERNATIONAL LE RÉVEIL

chasse effectuant des missions de « police de l’air » au-dessus des pays baltes. Réunis dans la capitale belge les 24 et 25 juin, la rencontre des ministres de la Défense de l’Otan a, entre autres, donner le feu vert au renforcement de la force de réaction de l’Alliance (NRF), qui passe de 13 000 à plus de 30 000 hommes, et fait le point sur les efforts entrepris, depuis septembre, pour rendre ses troupes plus agiles et plus réactives. Les ministres ont également lancé les préparatifs pour que la force « fer de lance » de l’Otan, une brigade de 5 000 hommes dont certaines unités seront déployables en 48 heures en cas de crise, soit appuyée par des moyens maritimes et aériens, mais aussi des unités de forces spéciales. Selon l’AFP, « les Etats-Unis vont y contribuer avec des avions de transport et des aéronefs de ravitaillement en vol, ainsi que des forces spéciales ». Le secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter, a estimé que la propo-

sition américaine de pré-positionner des armements lourds dans l'Est de l'Europe était un pas « important » pour contrer la menace russe. « C'est quelque chose que nous envisageons, dont nous allons parler avec nos collègues », a-t-il souligné à propos des projets américains. « L'idée est d'avoir des équipements qui seront déjà là, dont des équipements lourds, avant tout pour les entraînements », a expliqué Ashton Carter. « Il existe aussi la possibilité de déployer plus d'équipements pour des événements imprévus ». La diplomatie russe a vivement protesté, contre cette nouvelle démonstration de force et la réaction du maître du Kremlin ne s’est pas fait attendre. Il a annoncé le renforcement de l’arsenal nucléaire de la Russie, avec le déploiement de plus de 40 nouveaux missiles intercontinentaux d’ici à la fin de l’année. Pour Steven Pifer, directeur de l’initiative pour la non-prolifération

du groupe de réflexion américain Brookings cité par le « Monde » du 25 juin cette annonce faite par Moscou « ne représente rien de nouveau ». En 2012, le Kremlin avait approuvé un plan de modernisation de l’arsenal russe avec la fabrication de 400 missiles intercontinentaux d’ici à 2020, et une précédente annonce évoquait même 50 pour 2015. « La Russie reste dans les limites du traité New Start de réduction des armes stratégiques de 2010 », estime Steven Pifer, « elle est même en deçà de la limite des 700 missiles déployés ». Jean Pierre Delahaye

Loi sur le renseignement

Surveillance de masse En pleine affaire d'espionnage américain, le projet de loi sur le renseignement, plusieurs fois amendé, a été présenté le 24 juin, au vote définitif de l'Assemblée nationale et adopté à la majorité. Il laisse les mains libres au gouvernement et au Premier ministre. Le projet de loi prévoit d'installer, chez les fournisseurs d’accès à internet et les hébergeurs de données, des « boîtes noires » contenant des algorithmes destinés à filtrer les communications, pour surveiller l’ensemble du web français. L'objectif est de détecter et de signaler aux services de renseignement des « comportements suspects » en analysant les recherches des citoyens sur la toile. C'est l'une des dispositions les plus contestées. Les opposants dénoncent

le caractère systématique et indistinct de la surveillance à travers l'installation de ces logiciels espions. Ils estiment que ce dispositif introduit dans la loi française la surveillance de masse, qu'ils jugent dangereuse pour les libertés individuelles. Les services de renseignement seront désormais autorisés, sans l'accord préalable d'un juge, à poser des micros chez des particuliers, des mouchards sur des objets, tels que les ordinateurs, ou encore à installer des balises GPS LE RÉVEIL - N° 815-816 - JUILLET-AOÛT 2015

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LE RÉVEIL INTERNATIONAL

sur des véhicules. Le texte légalise aussi l'utilisation des très controversés « Imsi-catchers », qui interceptent dans un périmètre donné toutes les communications, sans distinctions, en imitant le fonctionnement d'un relais de téléphonie mobile. Sur la question de la durée de conservation des renseignements collectés, un compromis a été trouvé entre députés et sénateurs : 30 jours pour les correspondances interceptées, 120 jours pour la captation d'images ou de données informatiques et quatre ans pour les données de connexion. Pensé comme un garde-fou, le contrôle de la surveillance des citoyens sera confié à une nouvelle « autorité administrative indépendante » : la Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement (CNCTR). Selon « Le Monde » l'instance de contrôle, qui remplacera l'actuelle Commission de contrôle des interceptions de sécurité (CNCIS), sera composée de magistrats, de députés de la majorité et de l'opposition, et d'un expert technique.

Arbitraire ministériel Concrètement, toute demande de renseignement devra être adressée au Premier ministre par les services puis relayée auprès de la Commission, qui donnera un avis à priori. Les opposants dénoncent le caractère purement consultatif de l'instance de contrôle, que le Premier ministre peut tout sim10 - LE RÉVEIL - N° 815-816 - JUILLET-AOÛT 2015

plement décider d'ignorer. Autre point de crispation : en cas d'urgence décrétée par le gouvernement, aucun avis n’est requis, et aucun contrôle n’est possible pendant les 48 premières heures de la surveillance. Un fichier des auteurs d'infractions terroristes (Fijait) devrait être créé. Dès sa mise en examen, et avant même sa condamnation, un individu pourra y figurer. Les personnes inscrites dans ce fichier seront contraintes de pointer tous les trois mois au commissariat et auront l'obligation de déclarer tout déplacement à l’étranger sous peine d’amende et de prison. Les informations collectées pourront être conservées pendant vingt ans, dix ans pour les mineurs. En cas de nonlieu, relaxe et acquittement, les informations devraient être effacées du fichier. Pour rassurer ceux qui s’inquiétaient des abus des services de renseignement, un statut de lanceur d'alerte a été créé. Il s'agit d'apporter une protection juridique à tout agent qui souhaiterait révéler des illégalités commises, y compris celles protégées par le secret défense. Pour se faire, il devra contacter la Commission de contrôle. Une disposition insuffisante, selon les

opposants, qui souhaitent que ce statut soit étendu à tous ceux qui révéleront des illégalités, à la manière d'Edward Snowden sur la NSA. Face à la fronde, le gouvernement a introduit un amendement qui protège certaines professions. Les techniques de renseignement à l'égard des magistrats, des avocats, des journalistes et des parlementaires devraient être soumises à des conditions plus strictes. En théorie, ils ne pourront pas faire l’objet d’une procédure d’urgence ni de surveillance de leur domicile et il faudra une autorisation spécifique du Premier ministre, après avis de la Commission, pour les mettre sous surveillance. JP Delahaye


LE CAHIER MÉMOIRE N° 815-816 JUILLET-AOÛT 2015

Par Paul Markidès

ÉDITO

CGT et ARAC, porteuses de Mémoire

Ce cahier de la Mémoire est entièrement consacré à l’histoire de la CGT, la confédération générale du travail, exposé par l’un de ses militants. La CGT fête cette année ses 120 ans. 120 ans de luttes avec les travailleurs pour la reconnaissance de leurs droits, au total pour leur émancipation, 120 ans faits de victoires et quelquefois d’échecs. Au long de ces années de combat, la CGT s’est souvent retrouvée à partir

de 1917 aux côtés de notre Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre (constitution 2 novembre 1917), dont les buts étaient et sont toujours restés, de combattre les guerres, d’agir pour la paix et contre le fascisme, de défendre les valeurs de la République, de lutter pour la liberté, les conquêtes sociales et la solidarité. Et de transmettre la Mémoire de l’Histoire du siècle afin de faire comprendre aux générations nouvelles cette histoire

Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807 Villejuif - Tél. 01 42 11 11 11

et leur permettre de se forger la leur. Et c’est parce que l’ARAC s’oppose aux causes des guerres qu’elle a toujours exigé la reconnaissance des préjudices des guerres sur les travailleurs combattants, ou travailleurs victimes des guerres et donc pour eux le droit à réparation. « Un peuple sans Mémoire est un peuple sans défense » a écrit Goethe, la CGT et l’ARAC au service des travailleurs et travailleuses de France en sont porteuses.


LE RÉVEIL DOSSIER

Hommage à la plus vieille dame de France La CGT : 120 années de luttes et de combats pour l’émancipation de la classe ouvrière au service des exploités Dans son dernier livre Résister, de Mauthausen à mai 68, Georges Séguy ajoute aux propos déjà mentionnés de Benoît Frachon : « Les enseignements du passé concernent aussi bien les expériences positives méritoires que les défauts, les erreurs ou les fautes. » L'essentiel, c’est Jean Jaurès qui le résumait le mieux : « Un peuple sans mémoire : un peuple d’esclave. » Les droits du travail arrivent dès la révolution française en 1789. Les droits des travailleurs, c’est la reconnaissance, dans la loi, des avancées imposées par la lutte.

D’où sort la CGT ? Mutuelles, Bourse du travail, Organisation : Défense des travailleurs + Solidarité

De nombreuses photos proviennent du Hors Série de l'Humanité Roger Viollet.

Karl Marx qui fait remarquer que les êtres humains n’ont pu survivre sur cette planète que grâce à l’effort collectif et à la coopération, indispensables pour se procurer leurs moyens d’existence. Les grandes luttes au cours desquelles s’est joué l’avenir de l’humanité furent toujours en partie des luttes de classe. La séquence de ces grands conflits fournit l’architecture de base que le reste de l’histoire prolonge. 1884 - La grande loi du 21 mars accorde la reconnaissance des syndicats professionnels, patronaux et salariés ; à partir de là se structure le mouvement syndical. Ils sont un lieu de rencontre où la solidarité peut s’exprimer : les syndicats d’une localité se groupent alors en Bourses du travail, ces dernières sont toujours très clairement le reflet de l’industrie régionale et locale. Cela reste vrai aujourd’hui encore.

5-10 octobre 1908 - 10e congrès CGT Marseille.

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Les liens se nouent aussi progressivement par affinités professionnelles. Les fédérations se constituent dans le cadre d’une branche d’industrie ou d’activité économique. La solidarité est alors plus large. Les services des Bourses du travail comportant des bibliothèques ont apporté des réponses concrètes sur des questions essen-


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tielles comme celles du chômage, de la législation du travail, de l’enseignement, de la formation professionnelle, de la santé, mais aussi dans le domaine de l’éducation et de la culture, à une époque où il n’existait ni système étatique de placement, ni formation professionnelle réglementée, ni système d’assurance sociale. Ce lieu, en regroupant sur une base locale des travailleurs de différentes corporations, devait être un lieu d’élaboration des revendications ouvrières. A la suite de la répression de la Commune, en 1871, le mouvement ouvrier est défait, des milliers de communards sont tués ou déportés. Le congrès de Limoges en 1895 regroupe les fédérations d’orientation plutôt réformiste et les Bourses du travail dont l’orientation était plutôt celle des syndicalistes révolutionnaires ; c’est la naissance de la C.G.T. L’organisation confédérale représente désormais les intérêts de l’ensemble des travailleurs et la solidarité accomplie au plan national. C’est une pression importante sur l’Etat et le patronat. 436 000 syndiqués et 2 314 organisations, il faut fédérer cette force grandissante. Les luttes du début du XXe siècle Au lendemain de la grande catastrophe de Courrières dévastant les corons qui fit plus de 1 000 morts, l’attitude des employeurs provoqua une grève massive et attesta la volonté du public ou d’une classe de ne pas supporter plus longtemps que des hommes soient les victimes négligeables des techniciens ou de l’âpreté aux dividendes des actionnaires. Au cours de l’année 1907, la troupe réprime dans le sang les manifestations viticoles du midi et tue deux ouvriers chaussonniers à Raon-l’Etape, dans les Vosges. La répression s’abat sur les fonction-

1936 les deux syndicats CGT-CGTU se réunissent au Monument du Front Populaire.

naires coupables de revendiquer le droit syndical. En riposte à un projet de loi provocateur interdisant la grève et le droit syndical aux fonctionnaires, une « lettre ouverte » à Clemenceau est largement diffusée, notamment par voie d’affiches. Le gouvernement réplique par des révocations. Clemenceau a décidé d’attaquer la CGT à la tête. La veille du 1er mai 1907, il fait arrêter Charles Marck et Georges Yvetot pour délit de parole. Albert Lévy, Auguste Delalé et Amédée Bousquet les rejoignent bientôt en prison sous le même motif. Après les fusillades de Narbonne et la publication de la fameuse affiche « Gouvernement d’assassins », douze dirigeants de la CGT sont inculpés et traduits devant la cour d’assises de la Seine en février 1908. Mais l’affaire fait long feu : après trois jours de débats, un acquittement général est prononcé. Le 20 janvier 1908, la police réprime vigoureusement la manifestation parisienne pour le droit au repos hebdomadaire, mais c’est surtout en juillet-août que l’action provocatrice du gouvernement se déploie lors des événements sanglants de Draveil et Vigneux. Le 30 juillet 1908, la répression touche VilleneuveSaint-Georges. Un peloton de

dragons fait feu sur la foule de manifestants qui se dirige vers le cimetière. Bilan : trois morts. L’épisode permit à Clemenceau de se tailler la réputation de « briseur de grève ». « A partir de là, les ouvriers du bâtiment sont brisés et ce sont les cheminots qui marqueront la vie associative et syndicale de la ville ». Au cours de l’année 1909, la CGT traverse une grave crise, qui affecte le groupe dirigeant et repose sur un débat d’orientation syndicale. Pourquoi la crise ? Les causes en sont externes et internes. La dynamique d’action impulsée par les syndicalistes dénonçant la société capitaliste qu’ils trouvent injuste. La CGT se proclame complètement indépendante des partis politiques, sous l’impulsion de Victor Griffuelhes, par le biais de la charte d’Amiens (1906). Cette dynamique s’est notamment manifestée dans la mobilisation prolongée de l’année 1906 autour des huit heures, mais n’a guère débouché. Cela provoque un scepticisme grandissant. Pour autant, la CGT se renforce et apparaît toujours au pouvoir politique comme un ennemi sérieux. 1917. Création de l’ARAC pour l’amour d’un monde pacifique, LE RÉVEIL - N° 815-816 - JUILLET-AOÛT 2015 - 13


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de la liberté, de la solidarité, de l’égalité, de la fraternité.

diter la victoire d’Hitler survenue un an plus tôt.

Première scission de la CGT

En février 1934, les groupes réactionnaires décident que le moment est venu d’expérimenter un coup de force. L’ARAC, qui proteste contre les scandales financiers mais également contre le refus du gouvernement d’augmenter les pensions des anciens combattants, défile de manière autonome avec trois mille membres dans la rue. Ces derniers se battent contre les Croix-de-Feu du colonel de La Rocque soutenus par des militants de l’UNC.

1921- Après l’échec de la grande grève de mai 1920, puis le ralliement des Comités syndicalistes révolutionnaires (CSR) à l’Internationale syndicale rouge (ISR) créée en juillet 1921, l’opposition au sein de la CGT entre majoritaires et minoritaires se durcit. C’est la première scission de la CGT. Exclusion des minoritaires. Après le congrès de Lille (juillet 1921), on s’achemine inéluctablement vers une scission, entérinée à la fin de l’année 1921. Les partisans de la lutte des classes vont gagner progressivement en influence au point de faire pratiquement jeu égal avec les réformistes au Congrès de Lille de la CGT. Toutefois, bien que faisant tout pour préserver l’unité, les minoritaires seront exclus et constitueront la CGT unitaire (CGTU) au congrès de St-Etienne en 1922. La lutte contre le fascisme Hitler accède au pouvoir le 30 janvier 1933, et n’oublions pas que c’est en période de crise, avec le soutien du grand capital, qu’Hitler a accédé au pouvoir. Le coup de force du 6 février 1934. Au début de l’année 1934, l’extrême droite avait l’espoir de réé-

Le coup de force est déclenché le 6 février au soir, place de la Concorde à Paris, avec une brutalité inouïe et vise en premier lieu la Chambre des députés que les factieux tentent de prendre d’assaut. Le bilan entre les manifestants et les forces de l’ordre qui, en faible nombre, entendaient barrer aux factieux le pont de la Concorde : 17 morts, plus de 2 300 blessés. Les "Camelots du roi", l’Action française tournée vers le fascisme forment les troupes de choc du mouvement. Le 6 février 1934 ne fut pas provoqué, comme le prétend la légende, par l’indignation sincère d’honnêtes Français contre un régime parlementaire pourri. Cette tentative de putsch guidée par le Comité des Forges s’inscrivait dans une stratégie définie dès

1922 : le grand patronat voulait étendre à la France le modèle fasciste qui, en Italie, permettait de maximiser les profits en privant les salariés de tout moyen de défense, syndical et politique. Le 6 février 1934 constitue une sorte d’événement fondateur pour la formation du Front populaire. C’est en effet au lendemain de cette émeute que les forces de gauche, considérant le 6 février 1934 comme une tentative de coup d’Etat fasciste, appellent à la grève générale pour le 12 février, décident de s’unir en vue des élections législatives de 1936. Le 8 février, le Bureau central de l’ARAC appelle au front unique contre les « décrets-lois », « contre le fascisme qui monte dans notre pays » : « Peut-on accepter plus longtemps de vivre aujourd’hui pour périr demain (…) ? Voulons-nous tolérer davantage les mannequins de la politique démocratique qui nous livrent pieds et poings liés au fascisme ? Les anciens combattants que nous sommes, toujours à l’avant-garde depuis 1918, vous appellent de toute la force de leurs poumons à forger votre front unique. Il sera invincible si nous savons en prendre l’initiative en accomplissant tout notre devoir. Il s’organisera avec une force indestructible si nous groupons tous les antifascistes de France. Il balaiera les hordes fascistes et le régime de boue, de sang, de misère et d’exploitation. » 1936. Avancées sociales Mai-juin 1936. Le 1er mai, aux usines Bréguet du Havre, des salariés font grève. Pour l’exemple, la direction licencie deux travailleurs, Adrien Friboulet et Vachon. Le 11 mai, 600 ouvriers débrayèrent et demeurèrent dans l’usine, les bras croisés. Le patron

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havrais faisant la sourde oreille, le soir venu les ouvriers, au lieu de rentrer chez eux, restèrent sur place devant les machines stoppées. Tout devenait plus facile. Le Havre fut le premier chaînon des grèves avec occupation. Cinq cents grévistes décidèrent de rester dans l’usine en attendant que satisfaction leur soit accordée L’expérience amenait les ouvriers à occuper leur lieu du travail, à s’y enfermer, à y délibérer, à réfléchir et à lutter pour imposer cette nouvelle conquête qu’ils étaient en train d’obtenir. Le droit de s’organiser dans l’usine, dans l’entreprise était devenu une exigence de la vie, à laquelle les patrons devront finalement céder. 7 juin 1936, les accords dits « Matignon » font figure de premières négociations entre syndicats et patronat. Désormais la grève ne rompt plus le contrat de travail. Comme l’a soutenu Eugène Varlin, « les libertés ne se donnent pas, elles se prennent ». Des lois importantes furent votées dans un temps record ; le Législateur favorise la conclusion et l’extension des conventions collectives créées en 1919. "Traité de paix" entre forces sociales et "loi de la profession", les conventions collectives (11 juin) deviennent alors un facteur essentiel de progrès social ; les congés payés (11 juin) : étaient accordés à tout ouvrier, employé ou apprenti, après un an de service continu dans l’établissement, un congé annuel payé d’une durée minimum de quinze jours. Dès le décret d’application, le 1er août 1936, elle devint effective dans le cadre des conventions collectives : les quarante heures (12 juin) ; le 12 juin 1936, le reflux s’amorce sous l’effet conjugué du vote des lois sociales, de ces interventions

Encore en 1920, c'est à coups de sabre que sont dispersés les manifestants.

et de l’accord obtenu dans la métallurgie. La prolongation de la scolarité obligatoire (11 août), qui va aboutir par une réforme beaucoup plus large comportant la généralisation du certificat d’études primaires, l’expérimentation d’une classe d’orientation en vue d’unifier les différentes filières, l’allégement des effectifs par classe, le délai-congé ; l’organisation de l’apprentissage (11 août) ; l’Office national du blé (15 août) ; les grands travaux (18 août) ; la répression des hausses injustifiées des prix (19 août) ; l’aide temporaire aux entreprises commerciales et industrielles (19 août) ; les délais accordés aux agriculteurs pour le paiement des dettes d’exploitation (19 août) ; les délais accordés aux industriels et commerçants au même effet (22 août) ; la collaboration entre les coopératives agricoles et les coopératives de consommation (26 août) ; les modifications au décret du 28 octobre 1935 concernant les assurances sociales (26 août). Les patrons concèdent aux libertés syndicales, ils s’engagent à n’appliquer aucune sanction pour fait de grève (art 6). C’est le mouvement social qui permet de vaincre les résistances du Sénat, d’imposer d’importants progrès du droit du travail dont certains

anticipent sur le droit politique, les délégués du personnel sont institués dans les entreprises (le vote dès 18 ans de toutes les ouvrières et ouvriers, pour l’élection des délégués ouvriers dans les entreprises). Les Comités des Forges et des Houillères de riches, et grandes familles, dont la plus puissante est celle de de Wendel, dirigés par deux grands commis de haute valeur, Lambert-Ribot pour le Comité des Forges et de Peyerimhoff pour les Houillères. Deux grandes banques d’affaires, la Banque de Paris et des Pays-Bas, présidée par Moreau (ancien gouverneur de la Banque de France) et l’Union parisienne (où régnait Schneider du Creusot). Toutes les banques catholiques, juives, protestantes sont associées aux comités des Forges et des Houillères. Organisent la revanche patronale à 1936. C’est l’annonce des textes des nouveaux décrets-lois, promulgués au Journal Officiel du 13 novembre 1938. Paul Reynaud, dans un discours fameux, en a présenté l’essentiel : « La semaine des deux dimanches a fini d’exister. » La formule choc du ministre des Finances reste dans les mémoires. En fait, on réduit les majorations des heures supplémentaires de 15 à 10 % seulement à partir de LE RÉVEIL - N° 815-816 - JUILLET-AOÛT 2015 - 15


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la 49e heure. Et ces heures supplémentaires deviennent obligatoires, sous peine d’amendes voire d’emprisonnement. Les conventions collectives perdent leur caractère contraignant pour les employeurs. Et pour faire bonne mesure, les étrangers ne peuvent plus devenir délégués du personnel, ni responsables de syndicats. La xénophobie va toujours de pair avec la répression ouvrière. De plus, les décrets-lois prévoient des coupes sombres dans le budget. La politique de régression sociale conduit la C.G.T. à s’interroger sur la riposte d’envergure qu’elle entend organiser. La grève générale est préconisée, la date du 30 novembre est retenue seulement le 25… Des grèves avec occupation se développent déjà dans les jours qui précédent. Daladier ordonne l’évacuation de ces entreprises. Le 30 novembre 1938, lors de la manifestation pour défendre les acquis de 1936, 860 000 personnes sont licenciées, mais aussi le lock-out de centaines de milliers de salariés et les interdits de travail, diverses sanctions et réprimandes. La grève ayant échoué, les salariés sont vaincus. C’est aussi cette application du plan d’austérité de l’époque qui va déboucher sur la guerre, les décrets-lois Daladier-Reynaud du 12 novembre vont déclencher une répression féroce. Cette dernière n’était pour la classe ouvrière que le signe avant-coureur de la « revanche » patronale après les événements de 1936. En 1938, il y a un peu plus de deux millions d’étrangers en France fortement politisés et organisés dans les rangs de la CGTU venus combler le déficit de maind’œuvre créé par les morts de la Première Guerre mondiale (es16 - LE RÉVEIL - N° 815-816 - JUILLET-AOÛT 2015

sentiellement des jeunes ouvriers et paysans). Une guerre impitoyable est menée contre les immigrés indociles. Il faut renvoyer les antifascistes italiens et les républicains espagnols dans leurs pays et c’est à ce moment que commence la chasse aux juifs. Il faut remettre ces fainéants de Français au travail. Tout y passe…, les impôts sont augmentés, les dépenses sociales réduites, le nombre de cheminots diminué, c’est la fin de la semaine des deux dimanches, des 40 heures, de la majoration des heures supplémentaires ; on passe à 48 h pour tout le monde et voire 60 dans les usines d’armement, etc. Le ministre de la Justice du gouvernement Daladier, le radical Marchandeau, déclare à la Chambre, lors d’un débat sur l’amnistie de grévistes condamnés, arrêtés, emprisonnés en février 39 : « C’est l’ordre républicain qui est remis en cause aujourd’hui par la proposition d’amnistie… On a essayé d’exciter notre pitié à l’égard des condamnés, mais on ne nous a pas dit pourquoi ils ont été punis… Sur dix millions et demi de travailleurs, 773 000 ont pris part à la grève du 30 novembre… Mais pour en finir avec le régime de terreur qu’on a voulu faire peser sur les ouvriers, il est nécessaire que les auteurs de ces actes ne reprennent pas demain force et courage du fait de notre propre faiblesse. » Le comité des forges et des Houillères ont leur revanche sociale. Il leur reste à imposer leur revanche politique. Deuxième scission : 1939 Deuxième scission de la CGT après le Pacte de non-agression germano-soviétique en date du

23 août 1939. Vichy n’a pas eu besoin de pousser le Comité des forges à la collaboration. Si les organisations syndicales ont pour tâche la défense directe des revendications économiques, il est nécessaire de souligner que rien ne sépare les intérêts économiques des intérêts politiques des travailleurs. La grande bourgeoisie « française » s’exclamait : « Plutôt Hitler que le Front populaire ! » et, comme l’a montré l’historienne A. Lacroix-Riz, l’« élite » patronale « française » fit sciemment le « choix de la défaite » (puis de la « Kollaboration ») avec Hitler. Alors que des ouvriers, les paysans et les intellectuels tombèrent par dizaines de milliers dans la lutte armée contre l’occupant. Le gouvernement Daladier puis celui de Pétain ne feront pas la guerre à Hitler, mais à la classe ouvrière. Georges Bonnet, « ministre étranger des Affaires françaises », c’est ainsi que l’interpella Gabriel Péri après les accords de Munich, approuvait publiquement son collègue Pierre-Etienne Flandin, hitlérien notoire, qui sommait le gouvernement Daladier de « hisser le drapeau blanc » et de stopper toutes mesures à l’encontre d’Hitler. Neuf mois plus tard, le 1er juillet 1939 et deux mois avant le pacte germano-soviétique de non-intervention et un an avant le terme de


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la législature, Bonnet remettait au comte von Welczeck, ambassadeur d’Hitler à Paris, une note lui promettant que les élections seraient suspendues, les réunions publiques interdites et les communistes, les syndicalistes de la CGT et l’ARAC « mis à la raison ». Création du CNR et le rôle actif des membres de la CGT Des embryons d’unité avaient été suscités par Jean Moulin, envoyé par de Gaulle en zone sud (octobre 1942). Des fusions et coordinations de mouvements se font jour (les MUR qui regroupent Combat, Libération et Franc-Tireur sont créés le 26 janvier 1943 en zone non occupée). Cet accord du 27 mai 1943 de la création du Conseil national de la Résistance (CNR) et de son programme (15 mars 1944) portait sur deux dimensions, celle de l’action immédiate et celle des orientations économiques et sociales à mettre en œuvre une fois la libération du territoire réalisée. Le fait que les questions de l’action immédiate soient placées en première partie de la Charte signale tout à la fois le caractère crucial immédiat de la définition de l’action des résistances et la nécessité d’en définir les contours. Le programme du CNR est pensé en continuité avec l’action immédiate et la lutte armée préconisée depuis 1940 : portée par le peuple et la classe ouvrière, l’insurrection nationale est inséparable de la grève générale qui pousse au triomphe de cette orientation et repose en grande partie sur le fait que les FTP alignent à la fin de l’année 1943 25 000 combattants. Le rôle de la classe ouvrière dans la lutte armée a été essentiel pour la libération de la France à qui nous devons notamment le Programme du Conseil national de la Résistance. Ces années terribles

de la guerre et de l’occupation allemande, au terme desquelles le grand écrivain catholique François Mauriac devait souligner que « seule la classe ouvrière, dans sa masse, aura été fidèle au drapeau de la patrie profanée ». Louis Saillant contribue en 19421943 à la réunification de la CGT, il est l’un des quatre signataires des Accords du Perreux (17 avril 1943). Il représente la CGT le 27 mai 1943 au CNR et en devient le président le 11 septembre 1944. A la Libération, il siège à l’Assemblée nationale constituante. Outre Jean Moulin et ses deux collaborateurs, Pierre Meunier et Robert Chambeiron, ont participé à la réunion du 27 mai 1943 : - Les représentants des huit grands mouvements de résistance : Pierre Villon du Front national de la Résistance créé par le Parti communiste français ; Roger Coquoin pour Ceux de la Libération ; Jacques Lecompte-Boinet pour Ceux de la Résistance ; Charles Laurent pour Libération-Nord ; Pascal Copeau pour Libération-Sud ; JacquesHenri Simon pour Organisation civile et militaire ; Claude Bourdet pour Combat ; Eugène Claudius-Petit pour Franc-Tireur.

- Les représentants des deux grands syndicats d’avant-guerre : Louis Saillant pour la CGT, Gaston Tessier pour la CFTC. - Et les représentants des six principaux partis politiques de la Troisième République : André Mercier pour le PCF, André Le Troquer pour la SFIO, Fernand Leriche pour le PCF, Marc Rucart pour les radicaux, Georges Bidault pour les démocrates-chrétiens, Joseph Laniel pour l’Alliance démocratique (droite modérée et laïque), Jacques Debû-Bridel pour la Fédération républicaine (droite conservatrice et catholique). Cette réunion aura une importance politique considérable, comme l’expose Robert Chambeiron. En effet, avec cette composition progressiste du CNR, nous pouvons apercevoir l’orientation économique de son programme, la patte de la classe ouvrière et notamment celle de la CGT réunifiée à la vue des mesures à appliquer dès la libération du territoire. Afin de promouvoir les réformes indispensables. Sur le plan économique :

Cheminot un dur labeur.

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Gaulle quitte le pouvoir le 20 janvier 1946, laissant la place à Félix Gouin. 21 février1946 :Rétablissement de la loi des quarante heures. 28 mars 1946 : Vote sur la nationalisation de l’électricité et du gaz. Mise en application 8 avril 1946. 24 avril 1946 : Nationalisation des grandes compagnies d’assurances. Devant la préfecture à Evreux pour la défense de la fonction publique en 1984.

- L’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie ; une organisation rationnelle de l’économie assurant la subordination des intérêts particuliers à l’intérêt général et affranchie de la dictature professionnelle instaurée à l’image des Etats fascistes ; - L’intensification de la production nationale selon les lignes d’un plan arrêté par l’Etat après consultation des représentants de tous les éléments de cette production ; - Le retour à la nation des grands moyens de production monopolisée, fruits du travail commun, des sources d’énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d’assurances et des grandes banques.

18 décembre 1944 : Contrôle de l’Etat sur la marine marchande. 16 janvier 1945 : Nationalisation des usines Renault et confiscation des biens de Louis Renault. 22 février 1945 : Institution des Comités d’entreprise. 29 mai 1945 : Nationalisation de la société Gnome et Rhône, devenue la SNECMA. 26 juin 1945 : Nationalisation des compagnies Air Bleu et Air France. 4 octobre 1945 : Ordonnance de base de la Sécurité sociale. Les Français sont passés d’« assurances sociales » des années 1930 à « Sécurité sociale ». Nous n’avons pas mesuré ce que substituer le terme assurance par Sécurité sociale pouvait entraîner comme changement. (Et en 1967, les ordonnances éclatent l’entité en trois caisses et instaurent le paritarisme).

Acquis du programme du Conseil national de la Résistance 1944 à 1947

17 octobre 1945 : Statut du métayage.

Après la libération de Paris, les acquis du CNR se poursuivent :

2 décembre 1945 : Nationalisation de la Banque de France et de quatre banques de dépôt.

13 décembre 1944 : Institution des Houillères du Nord-Pas-deCalais suivie de la nationalisation de l’ensemble des houillères en 1946.

18 janvier 1946 : Dépôt à l’Assemblée de projets de loi sur la nationalisation de l’électricité et du gaz. Sur le prétexte du refus du vote des crédits militaires, de

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25 avril 1946 : Extension du nombre et attributions des comités d’entreprise. 26 avril 1946 : Généralisation de la Sécurité (garantie) sociale (pour tous), incluant la retraite des vieux. Quant à la Sécurité sociale qui restera longtemps la Grande idée du CNR, c’est la mise en place d’un système de solidarité qui établit au niveau des retraites ce que l’on appelle la répartition (les actifs cotisent pour les pensions des retraités). Au niveau de la maladie, l’obligation de cotiser suivant ses moyens, et se soigner suivant ses besoins avec, pour chaque salarié et chaque employeur, l’obligation de cotiser. L’orientation est d’aller vers un régime unique pour tous les citoyens. Mais le corporatisme va modifier cette tendance. Les agriculteurs, les artisans, les commerçants, les fonctionnaires vont s’opposer et refuser ce régime unique. Tandis que la Mutualité va livrer contre le régime général pour tous un combat très fort, pensant qu’elle risquait de perdre un pouvoir certain. 22 juin 1946 : Statut national des mineurs. 22 juin 1946 : Statut national des électriciens et gaziers. 19 octobre 1946 : Loi sur le statut de la Fonction publique.


DOSSIER LE RÉVEIL

Après l’éclipse de la guerre, la Libération s’accompagne d’un nouvel essor du droit social et en particulier du droit du travail. On envisage pour la première fois de réformer les structures de l’entreprise. En fait le législateur se borne à instituer des comités d’entreprise. Les représentants du personnel acquièrent une place dans la gestion des entreprises nationalisées. Avec la création, en 1945 d’un service public de la Sécurité sociale, la garantie contre les risques sociaux sort de l’orbite du droit du travail. Un droit de la Sécurité sociale voisine ainsi désormais avec le droit du travail au sein du droit social. La Constitution de 1946 traite des droits sociaux (droit syndical, droit de grève, droit à la sécurité sociale) dans son préambule, pour la première fois à côté des libertés politiques. Le peuple français, s’est battu, souvent meurtri, jamais abattu. Il sait à quel prix peut se payer toute avancée sociale : « La Sécurité sociale, outre le fait qu’elle ouvre le droit à la santé pour tous, a pour objectif de relever la France de ses ruines. Elle offre au salarié une tranquillité sociale qui lui permettra de reconstruire le pays à l’aune de ses besoins. » Ainsi s’exprime Ambroise Croizat inaugurant le nouveau système de Sé-

Le première page du journal Le peuple, 10 juin 1936.

curité sociale en 1945. « Nous bâtirons un plan de Sécurité sociale visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence au cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail avec gestion des intéressés et de l’Etat ». Ambroise Croizat reprend l’article 21 de la Déclaration des droits de l’homme de 1793 qui établissait le droit au travail et à la santé.

nais, Société Générale), des Assurances (AGF), d’Air France est adoptée le 29 mars 1946, à 3 h 40 à l’Assemblée Nationale par 491 voix pour et 59 contre la nationalisation du gaz et de l’électricité. La loi paraîtra au Journal Officiel le 8 avril 1946 ; concrétisant ainsi le programme du Conseil national de la Résistance, les industries furent remises à la Nation.

Ambroise Croizat, Secrétaire général de la Fédération de la Métallurgie CGT et Ministre communiste du Travail à la Libération déclarait : « Jamais nous ne tolérerons qu’un seul des avantages de la Sécurité sociale soit mis en péril. Nous défendrons à en perdre la vie et avec la plus grande énergie cette loi humaine et de progrès. » Nous bénéficions les uns et les autres de l’apport, des retraites par répartition, le droit de défendre ses intérêts avec la création des délégués du personnel. Les représentants du personnel acquièrent une place dans la gestion des entreprises nationalisées.

Le 11 mai 1946, l’Assemblée constituante vota une loi sur la presse, créant la Société nationale des entreprises de presse (SNEP) pour gérer les biens séquestrés aux collaborateurs, soit dix entreprises de presse à Paris et quelque deux cents immeubles et imprimeries en province et créer les conditions d’une presse indépendante des grands groupes financiers, NMPP.

On envisage pour la première fois de réformer les structures de l’entreprise. En fait, Ambroise Croizat institue les comités d’entreprise et son décret du 2 novembre 1945 avec les cantines, les crèches, les dispensaires, les solutions aux problèmes du relogement, le rôle des assistantes sociales, de l’Inspection du Travail, du Médecin du Travail. Nationalisation de Renault le 16 janvier 1945. (En 1935, Louis Renault serre la main d’Hitler au salon automobile de Berlin. En 1941, ses usines tournent à plein régime pour satisfaire l’économie des nazis.) La nationalisation des mines de fer et de charbon, des banques (Banque de France, Crédit Lyon-

La nationalisation de l’électricité et du gaz à la Libération ne relève pas de la même logique que celles, par exemple, de Renault ou Berliet qui furent des sanctions. Il s’agit du « retour à la Nation » de grands « monopoles » considérés comme essentiels à la vie du pays (cette notion est présente dans la Charte du Conseil national de la Résistance qui inspire un certain nombre de réformes de l’immédiat après-guerre). La nationalisation est aussi une demande ancienne (on disait alors « socialisation ») dont le syndicalisme a la paternité, Pour Marcel Paul, Secrétaire général de la Fédération des Forces et de l’Energie CGT et Ministre communiste de la Production industrielle, le changement de statut de l’entreprise et le nouveau statut du personnel vont de pair. Il s’agit de donner des garanties avancées au personnel, non seulement basées sur les points majeurs des anciens statuts mais LE RÉVEIL - N° 815-816 - JUILLET-AOÛT 2015 - 19


LE RÉVEIL DOSSIER

aussi capables d’être un élément d’entraînement, un modèle pour les entreprises nationales et non nationalisées. L’enjeu est en effet d’importance à une époque où il s’agit de relever un pays affaibli par les destructions dues aux opérations militaires et par le pillage méthodique auquel s’est livré, quatre années durant, l’occupant. Les électriciens et gaziers, sans attendre, dès 1944, avec leurs comités de libération, avaient réquisitionné, mis sous séquestre les entreprises dont les dirigeants avaient ouvertement collaboré avec les nazis. « Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage », Jean Jaurès. Ainsi Warren Buffett (3e fortune du monde) reconnaissait le 25 mai 2005 devant les caméras de la CNN que la lutte des classes existe : « Il y a une guerre des classes, c’est un fait, mais c’est ma classe, la classe des riches, qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la gagner. » Ces propos, repris par le New York Times du 26 novembre 2006, éclairent et expliquent les politiques menées par la finance mondialisée. Hier comme aujourd’hui, il utilise la guerre pour sortir des cris qu’il engendre. Grève des mineurs 1947-1948 et 1952 loi d’amnistie. Lorsque les mineurs, révoqués en 1948, se voient réhabilités dans leurs droits en 2015 : 68 ans de combat pour que justice soit rendue à l’égard de 3 000 mineurs. Combien de drames, de malheurs a entraîné cette décision inique, et pourtant ces derniers n’ont jamais baissé les bras, eux, les survivants ou leurs descendants. Norbert Gilmez, Roger Danot, les rares survivants aujourd’hui 20 - LE RÉVEIL - N° 815-816 - JUILLET-AOÛT 2015

âgés de plus de 93 ans, rappellent à juste titre que ces mineurs, « les mineurs de 1948-1952 étaient des héros. Les mineurs se sont sacrifiés pour reconstruire le pays après la guerre, pour le relever. » Si l’on excepte la participation des mineurs à la grève survenue en 1906 après la catastrophe de Courrières et la lutte engagée en mai-juin 1941 face à l’occupant allemand, des mouvements d’ampleur arrêtant l’extraction du charbon se sont produits en 1947, 1948, 1952 et 1963. Aujourd’hui, toutes les braises des grèves de 1948-1952 ne sont pas encore éteintes. L’engagement et le courage des Gueules noires face à l’occupant allemand et au régime de collaboration, le souvenir de la grève patriotique de mai-juin 1941 ont accru encore leur prestige. De 1941 à 1947, les mineurs avaient lutté pour défendre leurs intérêts de classe, leurs conditions de vie et de travail. Ils avaient articulé cette lutte sur un combat national porteur d’émancipation. Durant cette période, et surtout de 1941 à 1944, ils avaient tout fait pour ne pas faciliter la répression de l’occupant et de Vichy. Les grèves de l’automne 1948 sont la poursuite de celles d’octobre et novembre 1947. Comme en 1947, les mineurs sont fortement mobilisés. Les raisons de l’engagement des mineurs dans un tel mouvement sont multiples : les salaires n’ont pas été réévalués malgré l’augmentation des prix, la pénurie demeure alors que le marché noir perdure. Les mineurs, mis à l’honneur de 1945 à 1947, ont vécu les mois qui précèdent la grève de 1948 comme une période d’humiliation, de vexation. Les décrets Lacoste de septembre 1948 vont mettre

le feu aux poudres. La circulaire du 13 septembre 1948, relative à la garantie du salaire, prévoit une baisse des rémunérations. Du jamais vu ! Même les compagnies minières d’avant la nationalisation n’avaient pas osé ! Le décret du 18 septembre mentionnait que la direction des Houillères reprendrait la gestion du risque accidents du travail et maladies professionnelles que le décret de 1946 instituant la Sécurité sociale minière avait placé entre les mains des sociétés de secours minières. Ainsi, les conseils d’administration des Houillères sont-ils en grande partie vidés de leur contenu démocratique. Enfin, Lacoste souhaite une baisse de 10 % des effectifs du jour. Alors que tanks et chenillettes, militaires et gardes mobiles quadrillent les pays miniers, arrestations, jugements ultrarapides et emprisonnements se multiplient. La violence est inouïe. Trois mineurs trouveront la mort, deux autres décéderont plus tard. 2 950 mineurs, souvent délégués ou responsables syndicaux, sont emprisonnés ou sous le coup de poursuites. Beaucoup seront révoqués. 1968 Des nombreuses grèves éclatent partout dans le pays. 10 millions de grévistes : la plus grande grève du siècle ! Le constat de Grenelle (la C.G.T. n’a pas signé les accords) : Devant l’ampleur des grèves et des occupations d’entreprises, le gouvernement de Georges Pompidou

Le patron de Renault faisant visiter ces usines à Adolf Hitler.


DOSSIER LE RÉVEIL

ouvre des négociations avec les syndicats. Celles-ci se terminent le 27 mai 1968, non pas par un accord, comme il est souvent dit, mais par un constat, des concessions d’ordre général accordées par le pouvoir, et entraîne de remarquables résultats, notamment pour la masse des salariés, une substantielle augmentation de salaires : 35 à 37 % d’augmentation pour le salaire minimum et atteignant 15 à 20 % pour la moyenne des salaires et de 56 % pour les salariés agricoles. La réduction du temps de travail qui oscillait encore entre 45 et 48 heures par semaine. Proposition d’aller par étapes aux 40 heures et engagement d’une réduction de deux heures de la durée hebdomadaire pour les horaires hebdomadaires supérieurs à 48 heures. Les principaux acquis constat de Grenelle :

du

Reconnaissance légale de la section syndicale d’entreprise et de l’exercice du droit syndical dans l’entreprise. Révision des conventions collectives sur la base du constat, réduction et intégration des primes dans le salaire. Acquis spécifiques dans les branches professionnelles. Sécurité sociale (branche maladie) : réduction du ticket modérateur applicable aux visites et consultations (de 30 % à 25 % du constat de Grenelle). Avance de 50 % du salaire perdu pendant la grève, théoriquement récupérable jusqu’au 31 décembre 1968. Les négociations par branches et entreprises vont amplifier, parfois de manière considérable, les acquis du constat de Grenelle. Quelques exemples : La reconnaissance du droit syndical dans l’entreprise s’accompagne dans nombre de secteurs de mesures

Pas question de faire des ouvriers de la chair à canons, dit Jaurès au meeting du PréSaint-Gervais organisé en 1913 par SFIO et la CGT.

protectrices et/ou d’heures de délégation. Ainsi : à Citroën, crédit mensuel de 120 heures pour les délégués syndicaux ; bénéfice du plein traitement pour les congés d’éducation syndicale à la SNCF, dans la Fonction publique ou les industries du Verre ; mise en place pour les Mineurs de comités de bassin inspirés des comités d’entreprise. En matière de salaires, des augmentations substantielles de salaires s’ajoutent aux acquis du constat de Grenelle ainsi que la suppression des abattements de zone. Par exemple, augmentation du salaire garanti de + 18 % dans l’habillement, de +12 % à +46 % dans le Bâtiment selon les départements, de +28 % dans la Chimie. En matière de durée du travail, nombreux sont les secteurs d’activité qui obtiennent des réductions et des congés supplémentaires : passage de 48 à 45 heures dans l’agriculture, de 48 à 42 heures dans le papier-carton, de 46 à 44 h 30 chez les cheminots, de 45 à 42 h dans la santé publique, de 48 à 40 h, selon un calendrier précis, dans le Verre. Le droit du travail va s’enrichir par la loi du 27 décembre 1968 de la reconnaissance du droit

syndical à l’entreprise. Une loi reconnaissant la section syndicale d’entreprise à l’intérieur des entreprises est promulguée. Révision des conventions collectives sur la base du constat, réduction et intégration des primes dans le salaire. Extension de la 4e semaine de congés payés. Suivra la création du S.M.I.C. Puis en 1969, toujours à la suite du constat de Grenelle, accords de mensualisation, accord national interprofessionnel de 1969 sur la sécurité d’emploi, puis sur la formation professionnelle, accords et lois sur l’amélioration des conditions de travail complètent ces avancées sociales et ensuite, en 1970, ce sera la création du S.M.I.G. 1981 39 heures sans perte de salaire, retraite à 60 ans, 5e semaine de congés annuels. Et le gouvernement Mauroy en profitait pour effectuer une modification importante du droit du travail, en remettant en cause le principe du calcul du temps de travail sur la semaine. Pour la première fois, ces ordonnances instituaient la possibilité de mettre en place la flexibilité des horaires, mettant ainsi les travailleurs à la dispoLE RÉVEIL - N° 815-816 - JUILLET-AOÛT 2015 - 21


LE RÉVEIL DOSSIER

sition de leur patron tout au long de l’année, sans que celui-ci n’ait même pas d’heures supplémentaires à payer. En 1997, Lionel Jospin et Martine Aubry instaureront la flexibilité généralisée au service des employeurs à l’occasion des 35 heures. Ce sont les travailleurs qui allaient priver le patronat du bénéfice de ce gros cadeau du gouvernement de gauche. En effet, en réaction aux appétits des patrons lors des négociations qui s’ouvraient en février 1982 pour la mise en place de ces mesures, des grèves, parfois très dures, éclatèrent dans le pays. De la métallurgie à l’automobile jusqu’aux employés de supermarchés, bien des secteurs connurent des réactions de protestation souvent spontanées, qui mettaient parfois des milliers de travailleurs en mouvement. Cela inquiéta le patronat et le gouvernement. François Mitterrand annonça que le passage aux 39 heures serait partout indemnisé à cent pour cent et payé 40 heures. Lois Auroux, création des CHS. CT (Comités d’hygiène et sécurité et des conditions de travail). Obligation pour le patronat de négocier annuellement. Abolition de la peine de mort. 1982 Dans les premiers mois, le gouvernement compléta la nationa-

lisation des banques et du crédit, qu’avait opérée de Gaulle après la Seconde Guerre mondiale, soit vingt-neuf banques et deux sociétés financières, Paribas et Suez. Il n’y eut jamais la volonté d’unifier en un tout cohérent l’ensemble du système financier en créant une seule banque centralisant les capitaux disponibles pour agir efficacement. Le gouvernement n’a pas voulu se donner ce levier puissant d’intervention économique et sociale. À cela s’ajouta la nationalisation de cinq grands groupes industriels : Saint-Gobain, Péchiney-Ugine-Kuhlmann, Thomson, CGE et Rhône-Poulenc. La nationalisation des banques, quant à elle, n’avait pas comme objectif de rationaliser et de rendre utile pour la bonne marche de l’économie la circulation de l’argent. La nationalisation des grands groupes industriels rendit un autre service à la bourgeoisie financière : elle transféra à l’État la charge sociale, économique et financière de la restructuration de ces géants de l’industrie. 1983 : Remboursement de la carte orange à 50 %. Le gouvernement introduit le forfait hospitalier - loi n° 83-25 du 19 janvier 1983 - portant diverses mesures relatives à la Sécurité sociale. Loi dite loi Bérégovoy, c’est-à-dire un prélèvement de 20 francs par jour d’hospitalisa-

tion, et cette mesure rendait l’hospitalisation plus difficile pour les milieux modestes. 1984 : Gouvernement Fabius. C’est le début de la précarité avec les TUC, développement de l’Intérim. 1989 : C’est les lois néfastes de Michel Rocard : CSG, RDS. Le 21 novembre 1989 Rocard, premier ministre, annonce la fermeture définitive de Renault à l’île Seguin pour mars 1992. Pourtant celle-ci a été considérablement modernisée. En 1994 la nationalisation de Renault a vécu ; la régie connaît l’ouverture du capital aux actionnaires privés, dominé par les fonds de pension. L’Etat ne détient plus que 15 % du capital. 1995 : Les cheminots et les services publics font plier Juppé sur les régimes de retraites. CGT : Lutte de classe. Avenir de la lutte « Rien ne fait plus de mal aux travailleurs que la collaboration de classes. Elle les désarme dans la défense de leurs intérêts et provoque la division. La lutte de classes, au contraire, est la base de l’unité, son motif le plus puissant. C’est pour la mener avec succès en rassemblant l’ensemble des travailleurs que fut fondée la CGT. Or la lutte de classes n’est pas une invention, c’est un fait. Il ne suffit pas de la nier pour qu’elle cesse : renoncer à la mener équivaut pour la classe ouvrière à se livrer pieds et poings liés à l’exploitation et à l’écrasement. La régression sociale ne se négocie pas, elle se combat ». (Henri Krasucki, ancien secrétaire général de la CGT). Victoire à ceux qui luttent ! Finalement, la lutte paie toujours !!!

En 1913, ces terrassiers en ont ras la casquette de creuser plus de 10 heures durant les galeries du métropolitain parisien.

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Gérard DEL MASCHIO Agent EDF/RTE


INTERNATIONAL LE RÉVEIL

En Italie une école de drones militaires Predator de gens à un mariage avec un dangereux groupe armé et lance le « Feu de l’enfer » à tête thermobarique ou à fragmentation ; ou bien il le lance parce qu’il est stressé par les horaires épuisants à la console.

Il y a une semaine, au Salon aérospatial du Bourget à Paris, la Direction des armements aéronautiques du ministère italien de la Défense a signé un contrat avec la canadienne Cae pour la réalisation à Amendola (Foggia, Pouilles) de la première école de vol européen de drones militaires Predator (Prédateurs) de l’états-unienne General Atomics. Un précédent contrat prévoyait la fourniture d’un simulateur de vol seulement pour le modèle MQ-1 Predator, alors que le nouveau permet d’entraîner aussi les télépilotes pour le Predator B/ MQ-9 Reaper, les deux étant en dotation à l’aéronautique italienne. Ainsi se réalise le rêve de Roberta Pinotti (ministre italienne de la Défense) qui avait annoncé le projet au « Colloque sur l’avenir de la domination aérospatiale nationale et européenne » (Florence, 24 octobre 2014). Projet soutenu par le Pentagone, dans les écoles duquel se sont entraînés jusqu’à présent les télépilotes européens des Prédateurs : comme il doit aujourd’hui former plus de télépilotes de drones que de pilotes de chasseurs-bombardiers, le Pentagone a besoin d’autres centres d’entraînement dans l’environnement Otan. L’aéronautique italienne et celles des autres pays de l’UE appartenant à l’Otan disposeront ainsi, d’ici à 2016,

de l’école d’Amendola. Ici, les télépilotes européens seront entraînés à des missions soit de reconnaissance et identification d’objectifs, type celles effectuées jusqu’à présent par les Prédateurs utilisés par l’aéronautique italienne, soit d’attaque avec les MQ-9 Reaper, type celles effectuées en Afghanistan, Pakistan, Irak, Yémen, Somalie et autres pays. Le Reaper (Broyeur, de vies humaines évidemment), long de plus de 10 mètres et avec une envergure d’ailes de 20 mètres, peut être armé de 14 missiles AGM-114 Hellfire (Feu de l’enfer), en plus de deux bombes à guidage laser GBU-12 Paveway II ou GBU-38 JDAM à guidage satellitaire. Les télépilotes, assis devant les écrans de leur console à des milliers de kilomètres, une fois repéré la « cible » par l’intermédiaire de senseurs électro-optiques et autres drones, commandent avec leur joystick le lancement des missiles et des bombes. C’est la nouvelle façon de faire la guerre, présentée comme « chirurgicale ». Les « dommages collatéraux » sont cependant fréquents : pour toucher un présumé terroriste, les drones killer détruisent souvent toute une maison en tuant des femmes et des enfants, ou bien le télépilote confond-il un groupe

C’est à tout cela que contribuera l’école européenne de drones militaires, dont la localisation en Italie n’est pas fortuite. L’Italie a été la première dans l’UE à acquérir les Predator états-uniens et à les utiliser dans les « missions » internationales (Afghanistan, Irak, Libye, Corne d’Afrique), la première qui a permis aux drones militaires d’opérer dans l’espace aérien national en mettant en danger les vols civils. De Sigonella (base états-unienne à Catane, Sicile) opèrent depuis des années les drones Global Hawk (Faucons mondiaux), ainsi que des Prédateurs armés, de la US Navy. Dans cette même base entrera en fonction à partir de 2016 le système Ags de l’Otan qui, avec Global Hawk, surveillera une vaste zone, de l’Afrique au Moyen-Orient, en soutien des opérations de l’Otan. L’utilisation des drones militaires s’intensifiera avec la mission UE « contre les trafiquants d’êtres humains en Méditerranée », passe-partout d’une opération sous direction Otan pour une intervention militaire en Libye. Et la ministre Pinotti, en visitant Amendola, pourra féliciter les télépilotes des Prédateurs, comme le fit dans cette même base le Premier ministre D’Alema (Parti démocrate de gauche) quand, le 10 juin 1999, il félicita les pilotes italiens qui avaient bombardé la Yougoslavie, en soulignant qu’ils avaient fait « une grande expérience humaine et professionnelle ». Manlio Dinucci Edition de mardi 23 juin 2015 de il manifesto. Manlio Dinucci est géographe et journaliste. Il a une chronique hebdomadaire “L’art de la guerre” au quotidien italien il manifesto. LE RÉVEIL - N° 815-816 - JUILLET-AOÛT 2015 - 23


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VOS DROITS LE RÉVEIL

Le Handicap

Une grande cause nationale… HAMPUTE ! Il n’a pas manqué depuis 2005, date de loi sur le handicap, de ministres et d’hommes politiques – voire même de chefs d’entreprises – pour se gargariser avec « le handicap grande cause nationale ».

le 16 octobre dernier, par l’intersyndicale des personnes du FIPHFP (Fonds d’insertion des personnels handicapés dans la Fonction publique) équivalent de l’AGEFIPH qui craignent eux-aussi une telle ponction.

OUI MAIS…

Quant aux normes…

Dans le cadre de l’austérité renforcée, le gouvernement vient de prélever 29 millions d’euros sur les réserves de l’AGEFIPH (Association de gestion de fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées) pour alimenter les recettes du projet de finances 2015. Et, pour faire bonne mesure, ces prélèvements seraient renouvelés en 2016 et 2017. D’où également l’inquiétude exprimée

L’Etat est loin d’être exemplaire quant au respect des 6 % de bénéficiaires de l’obligation d’emploi (BOE) en matière de recrutement de travailleurs handicapés.

Pire même… Si l’ensemble des administrations, ministères et établissements publics – comme les entreprises du secteur privé (à partir de 20 salariés) – sont

dans l’obligation de verser une contribution si elles n’atteignent pas les 6 % de BOE dans leurs effectifs, PAR CONTRE, l’Elysée, l’Assemblée nationale, le Sénat, la Cour des comptes – tous hors norme – en sont dispensés ! Beau programme dit de stabilité gouvernementale. Les faibles trinquent et pas de pitié pour les handicapés. « Le pacte de responsabilité et de solidarité », c’est pas autre chose que l’austérité pour les salariés, les retraités, les privés d’emplois, les handicapés… et les ACVG bien sûr, tandis que le gouvernement multiplie les cadeaux au patronat. Ensemble, pour ne plus subir, unissons nos forces dans l’action pour un autre avenir que celui du MEDEF.

L’ARAC aujourd’hui, c’est :

SOUSCRIVEZ Pour l’ARAC de demain Juillet-Août 2015 Arac Départementale du Val de Marne (94) : 2 000 euros Arac section de Chenove (21) : 200 € Abonnés Réveil : Serge Grégory – Augustin Gurrera – 50 €, 50 €, Georgette Legueux – 50 € Côte d’Or (21) : Jean Ianelli – 50 € Ille et Vilaine (35) : Marie-Annick Charaudeau – 20 € - Serge Huber – 40 € Lot et Garonne (47) : Jacques Chantre – 50 € Hautes-Pyrénées (65) : Laurent Lamon – 50 €

Sarthe (72) : Guy Petit – 50 € Haute-Savoie (74) : Simon Sublet – 100 € Seine-Maritime (76) : Charles Cramoisan – 50 € Tarn (81) : Bruno Fiamazzo – 50 € Vaucluse (84) : Marie-Hélène Calvetti – 50 € Essonne (91) : Emile Truhe – 50 € Seine St Denis (93) : Henriette Desnoyers – 50 € Conseil National (99) : André Ballot – 50 €, Marcel Chamaillard – 50 €, Guy Moubèche – 30 €

par chèque à l’ordre de l’ARAC, en un ou plusieurs règlements, avec les dates d’encaissement souhaitées. ● par prélèvement bancaire, avec le montant de votre prélèvement (mensuel ou trimestriel) : merci de joindre un RIB. ● dès réception de votre règlement, nous vous adresserons une attestation de contribution et un reçu fiscal. Nous vous rappelons que vos dons ouvrent droit à une déduction fiscale de 66 %

L’ARAC est une organisation vivante, moderne, portant les valeurs de notre histoire, celles de la Nation, celles écrites aux frontons de nos mairies : Liberté, Egalité, Fraternité. Dans le monde d’aujourd’hui, préserver et développer l’ARAC, c’est défendre et garantir la souveraineté nationale, la démocratie, l’avenir de la France.

Je souhaite faire un don à l’ARAC

MERCI DE PRÉCISER LE MODE DE RÈGLEMENT : ●

● l’action pour préserver et garantir les valeurs de la République, les acquis du CNR mis à mal aujourd’hui, ● la défense des droits, anciens combattants, des OPEX, et victimes de guerre, ● combattre les causes de la guerre, œuvrer pour la paix, l’amitié, la solidarité entre les peuples, ● s’engager contre le fascisme et toutes les tentatives d’extrême droite ● travailler pour la transmission de la mémoire, car qui comprend son passé peut construire sereinement son avenir. ● donner à chacun les moyens de se construire une opinion et ainsi d’agir en connaissance de cause.

et je coche le montant souhaité : ❑ 50 €

❑ 100 €

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❑ Autre montant...............................................................

Nom et prénom : ........................................................................................................................................ Adresse : ..................................................................................................................................................... ..................................................................................................................................................................... Code postal : ........................................ Ville : ........................................................................................... Tél.......................................................... E-mail : ........................................................................................ LE RÉVEIL - N° 815-816 - JUILLET-AOÛT 2015 - 25


LE RÉVEIL MÉMOIRE

Aumont 2015 – Maison Barbusse guerre sera vaincu !...Si l'esprit de guerre n'est pas tué t'auras des mêlées tout au long des époques… » Pour Romain Rolland ce livre est le « Miroir implacable de la guerre… Œuvre riche de substance »…

Barbusse dans les tranchées.

Comme le dit Paul Markidès « Beaucoup de jeunes aujourd'hui, des adultes aussi, éprouvent de grandes difficultés à mener leur vie parce qu'ils n'ont pu s'appuyer au départ conscient de leur existence sur une éducation suffisante. « Plus que les connaissances, ce qui leur manque c'est l'inspiration d'idées-forces dans lesquelles ils auraient la possibilité de faire des choix pour donner un sens à leur vie, c'est la disposition d'éléments de réflexion et de repères puisés dans le comportement, l'action, les écrits d'hommes et de femmes de générations passées », rappelle Liliane Rehby… 1914, la voix de la paix assassinée en la personne de Jaurès. Cette guerre va durer quatre ans et concernera 65 millions d'hommes en Europe et dans le monde, fera 10 millions de morts… En 1915 Barbusse fait partie de la 18e compagnie du 23e régiment… « Le Feu », récit horrifiant des carnages de la guerre, un portrait émouvant des soldats qui ont partagé la souffrance. C’est un véritable réquisitoire et dans « l'aube », le dernier chapitre du Feu, les propos peuvent avoir un côté révolutionnaire : « c'est vrai que les hommes sont fous ...Faut tuer la guerre… Il n'y aura plus d' guerre… quand il n'y aura plus d'Allemagne… Un autre crie,... y aura plus de guerre quand l'esprit de 26 - LE RÉVEIL - N° 815-816 - JUILLET-AOÛT 2015

Au printemps 1917 trois poilus ont la conviction qu'Henri Barbusse venant de recevoir le prix Goncourt, pourrait être la synthèse de leurs volontés d'action. Deux intellectuels Paul Vaillant Couturier et Raymond Lefebvre sont persuadés que « le parti s'est déshonoré ». L'ouvrier Georges Bruyère parle de quelque chose qui puisse agir, fonder une société de membres et d'Anciens combattants pour combattre la guerre capitaliste. Ils s'adressent à Henri Barbusse qui adhère au projet, après avoir eu un accord de principe d'Anatole France et Romain Rolland. Ils créent l’ARAC… Appel de juillet 1917 d’Henri Barbusse « les principes républicains sont de tous côtés ou trop attaqués, ou trop mal défendus. Il faut veiller sur la République. C'est à vous entre tous et avant tout qu'incombe ce devoir, survivants de la guerre des hommes contre les oppresseurs ! »… Nos fondateurs se sont adressés aux gens qui étaient comme eux, pour sortir de la guerre, engager l'action pour la défense des principes républicains, les intérêts des travailleurs, ceux des Anciens Combattants et le

combat contre la guerre et pour la paix. Jusqu'à sa mort en 1935, il ne cessera de pousser ce cri : « guerre à la guerre »… Il reste persuadé que l'unité de la classe ouvrière permettrait de mieux lutter contre la guerre : il faut mettre par terre le système impérialiste de guerre… Je terminerai mes propos en évoquant le livre de Jean Relinger : « Que sait-on de Barbusse aujourd'hui ? Quelques éléments demeurent dans les mémoires. Le poilu de la grande guerre, l'auteur du Feu, le pacifiste fondateur de L'ARAC, du mouvement Amsterdam - Pleyel… Il est entré vivant dans la notoriété, pour le meilleur et pour le pire, et l'idéologie s'en est mêlé : on l'a admiré et on l'a haï. On l'a de moins en moins connu, mais il reste une figure mythique, dans la fidélité comme dans l'occultation et le dédain… L'ARAC doit s’approprier de son immense héritage et concentrer toutes ses forces vives pour aborder dignement le centenaire de l'association en 2017. Auparavant nous espérons qu'en novembre 2016 le centenaire du Goncourt « le Feu », ainsi que la réhabilitation de la Maison Sylvie seront organisés avec la solennité due à ces deux événements… « Que dire encore d'Henri Barbusse ? Simplement que son œuvre est aujourd'hui plus actuelle que jamais ».


VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

L’Hommage à André Maillard du secrétariat national de l’ARAC La grande richesse de notre Association Républicaine, c’est le brassage des générations construites par des femmes et des hommes depuis 1917. Année après année, s’est tissé, avec beaucoup de camarades ici présents, un engagement sur les valeurs fondatrices de l’ARAC. Pour combattre les causes des guerres, œuvrer à la paix, s’opposer au fascisme aux racismes, à la xénophobie mais surtout défendre la conception de la nation, sa souveraineté et les valeurs républicaines qu’elle porte, valeurs menacées aujourd’hui. André depuis plus de 60 ans, a été un homme combatif, déterminé. Un homme libre et entier dans ses engagements, ses convictions. Membre du Comité national puis du

Comité national d’honneur de l’ARAC pendant plusieurs décennies, il a été secrétaire général puis vice-président de l’ARAC 93. Il avait aussi été élu au secrétariat national de notre association en 1981, au Congrès de Malakoff. Je sais qu’ici André a partagé ses combats avec beaucoup de ceux qui lui rendent hommage aujourd’hui. André avait l’estime et l’autorité de celui qui ne fait pas que discourir mais qui paie de sa personne. L’autorité de celui qui, par son engagement quotidien sans faille, force le respect, l’amitié de tous ceux qui le connaissent, même de ceux qui ne partagent pas ses idéaux. Il était de ceux qui ont la conviction que le malheur qui s’abat sur ceux qui

n’ont que leurs bras et leur savoir d’ouvrier n’est pas fatal. C’est cette conviction qui a fait d’André un militant de l’ARAC. André militait aussi dans la solidarité internationale. Il participait au travail du Comité Français pour le village de l’Amitié au Vietnam « Van, Canh », créé par l’ARAC avec des anciens combattants vietnamiens, américains, japonais, canadiens et une équipe de pacifistes allemands. André avait trouvé dans l’ARAC ce qui pouvait être l’engagement conséquent d’un citoyen marqué par la Guerre 39/45 mais aussi par cette guerre coloniale, celle d’Algérie.

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LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

Cérémonies du Mont Valérien du 30 05 2015 Michel Bassot, Michel Kachkachian, Liliane Rehby. « Cérémonie du souvenir et de la fidélité » aux fusillés du Mont Valérien précédé d’un spectacle plein d’émotions de Sophie de le Rochefoucaudet Viviane Théophilidès ainsi que des lycéens. Pour l’ARAC Nationale, Liliane Rehby et Michel Kachkachian ont déposé la gerbe. Les spectateurs ont été moins nombreux que d’habitude. Il en est de même pour les drapeaux, mais L’ARAC était bien représentée.

Peymeinade (06)

Saône et Loire (71)

Les amis de notre cher Henri IPPONICH récemment disparu ont décidé de ne pas laisser disparaître la section de Peymeinade dont Henri était le président depuis de nombreuses années, malgré de sérieux ennuis de santé pour luimême et son épouse… Il a tenu jusqu’au bout ! Une assemblée extraordinaire de la section s’est donc déroulée ce samedi 27 juin sous la présidence, dans un premier temps, de la présidente départementale des Alpes Maritimes Chantal PIPART et a abouti à l’élection d’un nouveau bureau présidé par Chantal FELENQ… Bravo à l’ARAC de PEYMEINADE qui a démontré par son engagement et sa fidélité, son attachement à notre association et ses valeurs. Henri, tu es toujours vivant !

Assemblée Générale de l’ARAC départementale de Saône et Loire le 16 mai 2015 à Gueugnon L’assemblée générale de de l’ARAC de Saône et Loire s’est déroulée salle Lucie Aubrac à Gueugnon en présence de plusieurs élus dont Madame la députée, Monsieur le Maire et Conseiller départemental et Madame l’Adjointe à la Culture. Raphaël Vahé président national est venu de Paris, partager les travaux. La députée Edith Gueugneau membre de la commission défense, devant nous quitter souligne dans ses propos l’intérêt qu’elle porte à notre association, pour son militantisme pour la défense des droits des anciens combattants, mais aussi celle des valeurs de la République et du combat pour la Paix. Son soutien sera aussi financier pour la réhabilitation de la Maison Barbusse et du centenaire de l’association sur sa réserve parlementaire. A son départ l’assemblée a continué son cours et c’est le président qui a conclu en laissant la parole aux adhérents.

Val de Marne (94) Fin juin une délégation du comité de l’arac a visité l’exposition “sur les traces de la grande guerre” aux archives départementales à Créteil. Accompagné et guidé par une médiatrice de cette structure nous avons pu découvrir toute la richesse des documents et objets présentés.

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VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Débat à Villejuif

Un débat a eu lieu à Villejuif sur les enjeux et conséquences de la réforme territoriale. Cette réforme outre de mettre en cause la conception française de la démocratie héritée de la révolution française va mettre en concurrence entre elles les régions françaises mais également en concurrence les régions françaises avec les länder allemands. Cette nouvelle architecture institutionnelle répond et s’inscrit dans la logique d’austérité imposée par Bruxelles par la compression des dépenses publiques qui affectent toutes les administrations. Avec cette nouvelle étape, tous les services publics sont menacés

de voler en éclat au nom de la concurrence entre les régions et de la compétitivité. Le gouvernement a engagé cette réforme au pas de charge sans consultation des citoyens. Loin de permettre un progrès démocratique et social, ce projet de réorganisation territoriale vise à la fois à mettre en cause l’Etat Nation, sa puissance publique et la souveraineté du peuple en concentrant et éloignant les lieux de décisions des citoyens dans l’unique but d’imposer les injonctions des grands groupes industriels et financiers qui dirigent l’Europe, principaux responsables de l’austérité générale et de la régression sociale. Cette réforme aura pour effet de concentrer les pouvoirs entre les mains de quelques-uns, d’instaurer des tutelles et une technocratie puissante pour mettre les territoires au service de la concurrence libérale.

Brest (29)

Loire-Atlantique (44)

18 juin 2015 aux Monuments aux Morts à Brest, Jean Moal (premier porte drapeau à gauche).

Le 30 juin à 19h00 à Nantes, place Royale 500 personnes ont participé à la manifestation de soutien au peuple grec, l'ARAC avait rejoint le « Collectif unitaire de soutien au peuple grec » et appelé ses adhérents à manifester sur les bases de nos valeurs : Amitié, Solidarité, l'Antifascisme et la Paix, et le respect de la souveraineté du Peuple.

Depuis des années, les gouvernements successifs veulent s’attaquer aux communes, aux départements, à la démocratie de proximité. Avec la loi Macron, la loi «sur le renseignement », la réforme territoriale, c’est l’étouffement de l’expression populaire, de la démocratie qui se met en place. C’est un état autoritaire correspondant aux souhaits de Monsieur Juncker qui propose une armée européenne pour, entre autre, maintenir l’ordre dans les pays de l’Union Européenne. Quelle belle phrase pour éviter de dire « silence, vous les victimes des plans d’austérité ». Ce riche débat présidé par Patrick Staat a permis à Pascal Joly, secrétaire général de l’Union Régionale d’Ile de France de la CGT et membre du Bureau Confédéral de la CGT d’argumenter et de répondre aux nombreuses questions du public.

Lecture 27 mai 2015: dévoilement d'une plaque commémorative saluant la présence des Républicains espagnols au fort Montbarey entre 1941 et 1944. (Jean Moal et Roger Berthelot, porte-drapeaux).

LE COLLIER ROUGE de Jean-Christophe RUFIN En 1919, ancien combattant décoré de la grande guerre, il se retrouve en prison parce qu’il a mis en application ses idées de guerre à la guerre. Il ébranlera toutefois le JUGE dans ses explications. Le chien pièce maitresse du roman semble régner sur les hommes par sa souffrance d’isolement L’auteur nous fait vivre en 160 pages l’engagement d’un homme convaincu, lucide et déterminé. COLLECTION FOLIO Gérard Vallée

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LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

ARAGON, un homme d’aujourd’hui à découvrir En 2012, à l’occasion du trentième anniversaire de la mort d’Aragon au festival d’Avignon, un hommage a été rendu à la maison Jean Vilar par le parti communiste Français.

A cet hommage ont participé entre autre Jacques Ralite ancien ministre, sénateur et maire honoraire d’Aubervilliers et Olivier Barbarant poète et historien reconnu de l’œuvre et de la vie d’Aragon. Une brochure agrémentée de photos liées à l’engagement et à la vie d’Aragon regroupant deux interventions de juillet 2012. C’est un document à lire, à garder, à partager. Vous pouvez vous le procurer auprès du PCF d’Aubervilliers – 35 rue Heurtault – 93300 Aubervilliers – 01.48.34.65.30.

Elsa et Aragon.

Voyage au Vietnam Du 21 mars au 5 avril 2016 Possibilité d’extension au Laos Du 3 avril au 8 avril 2016

Vietnam (groupe de 10 à 15) Prix de base par personne : Supplément chambre individuelle : Assurance multirisque :

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Vietnam+Laos (groupe de 10 à 15) Prix de base par personne : Supplément chambre individuelle : Assurance multirisque :

Renseignements complémentaires Permanence le jeudi 01 42 11 11 14 ou 06 82 12 29 68 30 - LE RÉVEIL - N° 815-816 - JUILLET-AOÛT 2015

2 790 € 540 € 35 €


LIVRES LE RÉVEIL

Défier le récit des puissants Ken Loach avec la collaboration de Frank Barat Nous voici au cœur de la résistance et de la création tout à la fois. Défier le récit des puissants, c’est défier ces films « parfaits » formatés par Hollywood, faisant de nous des citoyens passifs, dociles, sans esprit critique. Car il y a bel et bien une esthétique de la soumission. En revanche, y a-t-il une esthétique de la résistance ? Ken Loach répond « oui ». Mais soyons clairs. S’il est un des rares aujourd’hui à assurer que la lutte des classes est toujours aussi vivante, il ne cède jamais pour autant à la propagande. Il dit : « Je ne filme jamais un visage en gros plan ; car c’est une image hostile, elle réduit l’acteur, le personnage à un objet. »

Or on peut faire ce qu’on veut d’un objet, l’exclure, l’expulser… Mais si la caméra est comme un œil humain, alors elle capte toutes les présences, les émotions, les lumières, les fragilités. Et nous devenons tous des « film makers ». Sylvie Crossman et Jean-Pierre Barou L’auteur : Ken Loach, Palme d’or à Cannes en 2006 pour Le vent se lève, est sans conteste l’un des plus grands cinéastes engagés de notre temps. Il partage sa vie entre ses films, sa maison de production Sixteen Films à Londres, et son jardin de Bath où il vit avec sa famille. Jimmy’s Hall est son dernier film (mai 2014).

Une voix de femme dans la mêlée ticles polémistes où la femme est le refuge de la paix. Introduction de l’édition de 1936 : « Ce livre a vingt ans. Il parut en avril 1916. La moitié de ses pages étaient blanches. On y lisait, à la place du texte interdit, ces quatre mots : « Coupé par la censure ». C’était la guerre et la guerre tue la liberté de penser, d’écrire, de juger et même de pleurer, afin de pouvoir tuer les hommes […] Quand le sang coule, la sagesse est proscrite, la compassion interdite et la justice reniée […] Marcelle CAPY Extraits Auteur : Marcel Capy (1891-1962) Préface Françoise Thébaud L’auteur : Marcelle Capy, fille de militaire, a 23 ans lorsqu’éclate la guerre en 1914. Journaliste, elle ne sacrifie pas ses convictions au profit du patriotisme de « l’Union Sacrée ». Suivant le chemin tracé par Romain Rolland (« Au-dessus de la mêlée »), elle développe sa pensée dans des ar-

« Prenez les grands journaux, ceux où collaborent les légumes trop mûrs de l’Académie, et ceux où s’alignent les interminables tartines de reporters payés à la ligne. Vous n’y verrez que litanies enthousiastes – enthousiasme rance : depuis douze mois, cela se conçoit… Vous y entendrez célébrer la guerre sur tous les tons. On vous démontrera que la Mêlée est le plus utile, le plus beau, le plus moral, le plus doux

événement qui pouvait se produire. « Mais, écoutez donc, il y a mieux. Certains qui parlent de la vie avec grandiloquence, qui ordonnent – ils commandent toujours à l’arrière-garde – aux femmes de créer des enfants pour continuer la race, - notre race si belle, si noble, si pure… mettez tous les adjectifs que vous voudrez et consultez le dictionnaire si vous êtes embarrassés – veulent à présent nous démontrer que l’existence ne vaut pas grand-chose. » « Parlons si vous le voulez bien, du genre « poilu » au spectacle. La pensée a donné le la, et tous les caf’conc, théâtres, cinémas ont repris en chœur. Empoisonnement général par l’écrit, le geste et la voix. Ensemble, parfait. Union sacrée dans le sabotage des meilleures traditions françaises… Allez au spectacle, n’importe où. Si vous n’en sortez pas avec la migraine et des nausées, c’est que vous avez une rude santé ». Editions Entre-temps - 176 rue du Château - 38730 VIRIEU - 12 euros. LE RÉVEIL - N° 815-816 - JUILLET-AOÛT 2015 - 31


LE RÉVEIL LIVRES

DANIELLE BLEITRACH ET MARIANNE DUNLOP

URSS vingt ans après. Retour de l’Ukraine en guerre Editions Delga. 2015. Qu’est-il advenu de l’Union soviétique, vingt ans après ? Loin de tout discours officiel, de la gloriole des « élites », c’est la parole des petites gens que nous avons recueillie dans toute une série de reportages en Crimée, au moment de son rattachement à la Russie en mai et juin 2014. Puis l’aventure s’est poursuivie à Odessa en octobre et novembre, peu de temps après le massacre dans la Maison des syndicats, puis en Moldavie, en Transnistrie et en Gagaouzie. Nous voulions connaître l’opinion de ceux dont les seules victoires, provisoirement acquises, se nomment « pain » et « abri pour dormir », étant entendu que tout est remis en cause le matin de chaque jour qui naît, quand la guerre est là, la pire des guerres la guerre civile. Ils ont dit ce que représentait l’Union soviétique pour eux, comment ils avaient vécu le Maïdan, la rébellion dans le Donbass et la catastrophe actuelle. En partageant avec eux le pain et le sel, nous avons commencé à entrevoir une autre réalité que celle rapportée par nos médias.

Au revoir là-haut (Prix Goncourt 2013, Pierre Lemaitre – Editions Albin-Michel – 22,50 €) Auteur à succès de « polars », Pierre Lemaitre frappe un grand coup et annonce la couleur d’emblée : « Pour le commerce, la guerre présente beaucoup d’avantages, même après. ». Et le titre de son livre, il l’emprunte aux derniers mots écrits par un « poilu » - Jules Blanchard – fusillés pour traîtrise le 4 décembre 1914 et réhabilité le 29 janvier 1921 : « Je te donne rendez-vous au ciel où j’espère que Dieu nous réunira. Au revoir là-haut, ma chère épouse » Un roman choc commençant en novembre 1918 dans les tranchées et se terminant en 1920, dont les protagonistes principaux sont deux poilus rescapés passablement abîmés (dont un « gueule cassée ») et l’autre (échappé par miracle aux « fusillés pour l’exemple ») qui vont prendre leur revanche sur la société et leur boucher d’officier, en réalisant une escroquerie aussi spectaculaire que amorale l’arnaque aux monuments aux morts (tirée du scandale des exhumations militaires », arnaque réelle éclatée en 1922). Des « sentiers de la gloire » à la subversion de la « Patrie victorieuse », ils vont découvrir que la France ne plaisante pas avec ses morts. Cette fresque cruelle dénonce l’illusion de l’armistice, de l’Etat qui glorifie ses disparus et se débarrasse des survivants trop encombrants, l’abomination érigée en vertu. Lemaitre très inspiré par Henri Barbusse, Genevoix, Jules Romain, Gabriel Chevalier, évoque avec force la grande tragédie de cette génération perdue, dans l’atmosphère crépusculaire des lendemains qui déchantent. Un roman brutal et pourtant débordant d’émotion et de respect envers les morts de toute nationalité, de la guerre 14-18.

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