DU CAMP DE CONCENTRATION DE THIL À LA CONSTITUTION DU GROUPE DE RÉSISTANTES “RODINA”
ETAT GÉNÉRAUX DE LA PAIX
ALGÉRIE “LA RÉVOLUTION VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL DANS L'IMPASSE”
Juillet-Août 2019 - N° 856 - 5 €
Ensemble pour les États généraux de la PAIX 2 E CT
A
Il est urgent de se rassembler et d’agir pour la PAIX et la souveraineté des peuples Maison des syndicats - Rue des Archives - 94000 CRÉTEIL
Ensemble, défendons les valeurs de la République
LE RÉVEIL ACTUALITÉS
Avec l’ARAC, on commémore le 21 juillet 2019, le 65e anniversaire de la fin de la guerre d’Indochine Cette guerre n’ayant que trop duré, ayant fait de très nombreuses victimes militaires et civiles, encore trop souvent oubliés de l’histoire, a pu se terminer en juillet 1954 par la signature des Accords de Genève à l’initiative du président du Conseil, Pierre Mendès-France. Cette flamme a été initiée par Liliane Rehby, Secrétaire nationale de l’ARAC et Michel Bassot, Président de l’ACVGI. Elle a rassemblé de nombreuses personnalités qui se sont jointes à nous pour honorer la mémoire des victimes et de l’événement. Étaient présents : l’ARAC dont plusieurs membres du Bureau National : Marianne Longuet, Jean-Luc Colin accompagnés des adhérents d’Ile-de-France et les quinze drapeaux, les représentants des ambassades dont celle du Vietnam avec Mme Nguyen Thi Van Anh, les États-
Alexandre Perret membre du Bureau national de l'ARAC avec le drapeau de la flamme
Mme Liliane Rehby et Mme Nguyen Thi Van Anh
Unis et son attaché militaire le Colonel Campell, le Conseil Régional d’Ile-de-France et la Conseillère Régionale, Mme Thi Hong Chan Van déléguée de la présidente, l’ONAC avec M. Jean-Baptiste Romain de l’ONAC 92 représentant Mme Rose-Marie Antoine, la directrice et le Grand Orient de France avec M. Michel Kuntz, Conseiller de l’Ordre. Trois gerbes ont été déposées, pour l’ARAC par Mme Liliane Rehby et
Mme Nguyen Thi Van Anh, l’ACVGI par M. Michel Bassot, et pour le Conseil Régional Mme Thi Hong Chan Van. Notre camarade Alexandre Perret (membre du Bureau National et ancien OPEX) a eu le grand honneur de porter le drapeau de la Flamme. Une cérémonie émouvante autant que conviviale dans la diversité des représentations républicaines.
Cérémonie annuelle de la Cascade du Bois de Boulogne Ce dimanche 18 août 2019 à l’initiative de la Mairie de Paris, du Comité du Souvenir des Martyrs de la Cascade (Robert Créange) et du Comité Parisien de la Libération de Paris, l’ARAC comme de coutume était présente pour participer à l’hommage des 35 jeunes martyrs de la Cascade du Bois de Boulogne. 75 ans après, il est plus que jamais indispensable de contribuer au travail de mémoire. Les orateurs n’ont 2-
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pas manqué de souligner la diversité d’origines philosophiques, culturelles, sociales, géographiques des fusillés. Ils n’avaient qu’un seul objectif, ne pas être inactifs et participer ensemble à la Libération de Paris et de ce fait se soustraire au joug de la barbarie nazie. Pour cela il fallait une recherche des armes qu’ils ne possédaient pas et ils l’ont fait au détriment de leur vie. Sur les chênes témoins de leur massacre, une épitaphe rappelle cette barbarie. Nous associons ce sacrifice à ceux des nombreux résistants qui ont payé de leur vie leur engagement. De multiples dépôts de gerbe et des lectures
de lettres d’adieu et des poèmes se sont succédé. Faut-il rappeler ici que leur sacrifice n’était pas conséquence d’une inconscience juvénile mais d’engagement militant dans des organisations très différentes contre la barbarie nazie. L’ARAC était représentée par Raphaël Vahé, Président national, Liliane Rehny, Secrétaire Nationale et JeanLuc Colin, membre du Bureau National.
ÉDITO LE RÉVEIL 21 SEPTEMBRE, ÉTATS GÉNÉRAUX, ENSEMBLE POUR LA PAIX
SOMMAIRE Actualités Le taux de pauvreté en France repart à la hausse ........................................................ 4 France : le pays où les riches sont très riches .............................................................4-5 A.P.L. : Plus d’un million d’allocataires pourraient perdre leur droit .............................. 6 La nouvelle présidente de la Commission Européenne est l’ancienne ministre allemande de la Défense .............................................................................................. 7
International Le G7 « favorise les inégalités », selon Oxfam ........................................................8 L’Arabie saoudite prête à accueillir les troupes américaines sur son sol pour préserver la sécurité dans sa région… ..................................................................8 Forte augmentation des ventes d’armes allemandes durant le premier semestre 2019 ..................................................................................................8 Le Japon décide d’acheter quarante-deux avions de combat furtifs F-35B….......9 Palestine : ..............................................................................................................9 Israël / USA : Persona non grata à Tel-Aviv ............................................................10 Algérie : La « révolution » dans l’impasse ? ......................................................10-11
Mémoire Elles sont la fierté de la résistance étrangère à Thil dans le combat pour la liberté : Témoignages de gamines ...................................................................21-23
Vos Droits Arrêté ministériel du 24 juin 2019 .......................................................................24 ONAC : y a-t-il un pilote dans l’avion ? .................................................................25 États Généraux de la Paix- 21 septembre - Créteil ..........................................26-29
Vie de l’ARAC Vie de l’ARAC ................................................................................................. 20-31
P. 13 . D O S S I E R Du camp de concentration de Thil à la constitution du groupe de résistantes “Rodina” www.le-reveil-des-combattants.fr LE RÉVEIL DES COMBATTANTS Fondé en 1931 par Henri-Barbusse Mensuel de l’Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre. Commission paritaire n° 0723-A06545 ISSN N° 0751-6215 • Édité par les Éditions du Réveil des Combattants • SARL au capital de 45 734,41 € - Siret : 572 052 991 000 39 2, place du Méridien - 94807 Villejuif cedex Tél. 01 42 11 11 11 reveil-des-combattants@wanadoo.fr • Tirage : 60 000 exemplaires • Gérant : Raphaël Vahé
• Rédacteur en chef : Patrick Staat • Rédactrice en chef adjointe : Brigitte Canévêt • Comité de Rédaction : Hervé Corzani, JeanPierre Delahaye, Laurence Gorain • Régie Publiciatire : HSP - Tél. 01 55 69 31 00 contact@hsp-publicité.fr • Administratrice : Annick Chevalier • Conception graphique - Impression : RIVET PRESSE EDITION - 24, rue Claude-Henri-Gorceix, 87022 Limoges cedex 9
L
a planète est assise sur une poudrière. Nous sommes dans un monde où le bien commun, la souveraineté des États, le respect de l’autre sont remis en cause par les représentants d’une oligarchie financière qui croit que tout lui appartient et que tout lui est permis. On le constate avec Trump qui veut acheter le Groenland. Les inégalités, l’accaparation des richesses, la volonté d’imposer sa loi au détriment de la souveraineté des peuples ont toujours été les causes de la guerre. En témoignent les montants vertigineux de dividendes (514 milliards de dollars) versés aux actionnaires dont 51 milliards en France au deuxième trimestre 2019. « C’est de l’enfer des pauvres qu’est fait le paradis des riches » écrivait V. Hugo. Ce glaçant constat est plus que jamais d’actualité. Le G7 ne représente que 10 % de la population mondiale, il n’est que le reflet de la guerre froide, ce que confirme d’ailleurs l’exclusion de la Russie, alors que l’ensemble des forces de l’OTAN sont tournées vers la Russie, comme l’est aussi la guerre économique des USA avec la Chine. La course au surarmement est relancée au moment où les États-Unis quittent les traités internationaux, où la volonté d’accaparation de richesses en gaz, en pétrole, en terre et minerais rares par certain pays s’exprime et où voit des forces militaires de certaines nations se déployer sur tous les continents. Les dépenses militaires des pays explosent aux USA, en Allemagne, etc. même la France tient le pel loton de tête sur la vente d’armes à travers le monde. Autre A sujet d’inquiétude, l’amorce imminente d’une d grave crise économique mondiale, crise qui, à chaque c fois, l’histoire le montre, a précédé le risque de d conflits mondiaux. A Alors qu’en un siècle nous avons traversé deux g guerres mondiales, qu’en 1945 a été signée la Charte d Nations Unies, il est temps de tirer les leçons du des p passé. La L paix est un engagement de l’ARAC depuis sa création en 1917. Ce ne sont pas les restrictions des libertés qui peuvent être le socle de la paix mais la satisfaction des besoins des peuples. « Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage » disait Jean Jaurès. Depuis 70 ans nous n’avons jamais été aussi près d’un risque de conflit mondial. Nous devons nous rassembler le 21 septembre et faire entendre la voix de tous ceux qui sont épris de justice, de respect des peuples, d’égalité, de paix. C’est décisif pour l’avenir de l’humanité. Patrick STAAT Secrétaire Général LE RÉVEIL - N° 856 - JUILLET-AOÛT 2019
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LE RÉVEIL ACTUALITÉS
Le taux de pauvreté en France repart à la hausse En France, entre 5 et 8,8 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté, c’est-à-dire avec moins de 1 026 euros par mois. Les jeunes, les femmes et les agriculteurs sont les plus touchés, en raison d’une activité précaire. En 2016, la moitié des Français avait un niveau de vie annuel inférieur à 20 520 euros, d’après l’INSEE. Après avoir connu un recul au début des années 2000, le taux de pauvreté en France repart à la hausse. En 2016, il s’élevait à 14 % pour le seuil à 60 % alors qu’il n’était que de 12,8 % en 2004. Le taux de pauvreté est particulièrement haut chez les jeunes, avec 20 % des moins de 30 ans, chez les femmes et chez les agriculteurs et artisans. « Les inégalités se situent à un niveau supérieur à il y a vingt ans » confirme l’Insee. Les 20 % des Français les plus riches concentrent plus d’un tiers des revenus. Là où les personnes du premier décile (les plus pauvres) ont un niveau de vie annuel de 11 040 euros,
celles du neuvième décile (les plus riches) vivent avec 37 570 euros par an, soit plus de trois fois plus. Côté emploi, la précarité n’a pas disparu. Plus d’un tiers des chômeurs sont dits « de longue durée », c’est-à-dire qu’ils cherchent un travail depuis plus d’un an. Et si 9 travailleurs sur 10 sont en CDI, les nouvelles embauches se font majoritairement en contrat à durée déterminée. En 2017, 1,2 million de salariés occupaient un emploi avec un contrat de moins de trois mois. À cela s’ajoute le temps partiel subi, qui concernait près d’un emploi sur dix en 2017, et touchait surtout les femmes. Cette forte dépendance aux aléas du marché du travail impacte tous les autres aspects de la vie des Français. Depuis 2010, l’accès à la propriété stagne et un ménage sur 12 vit dans un espace surpeuplé, une situation qui ne s’améliore pas par rapport à avant la crise économique de 2008. L’Insee relève aussi que près de 13 % des logements présentaient des fuites ou des
problèmes d’humidité et de moisissures en 2016. À l’automne 2018, le baromètre Ipsos/ Secours Populaire de la pauvreté indiquait qu’un foyer sur deux ressentait des difficultés à payer les dépenses d’énergie du logement, et 45 % avaient du mal à payer leur loyer ou leur emprunt immobilier. À ces problèmes de logement, s’ajoutent la santé, l’alimentation, l’hygiène et toutes les dépenses de vie courante, qui peuvent parfois pousser les ménages modestes dans la plus grande précarité. Au total, 39 % des personnes interrogées par Ipsos indiquaient avoir déjà connu la pauvreté à un moment de leur vie. Source : LA CROIX – extraits – Audrey Dufour - 15/08/2019
France : le pays où les riches sont très riches La France est un pays où les riches sont plus riches qu’ailleurs en Europe, même après avoir payé leurs impôts. Le 1 % des Français les plus aisés ont un niveau de vie mensuel (après impôts et prestations sociales) d’au moins 7 000 euros pour une personne seule, en moyenne sur la période 20132016. L’Hexagone arrive en deuxième position, juste après la Suisse, pays à part tant il concentre la richesse financière. Le 1 % le plus riche de nos 4-
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voisins britanniques ou allemands est moins aisé que les Français : il « suffit » de 5 800 euros par mois pour appartenir au club des ultra-riches Outre-Manche et 6 100 euros, OutreRhin. En Roumanie ou en Hongrie, on appartient au 1 % le plus riche à partir de respectivement 1 300 et 2 300 euros mensuels « seulement ». Le 1 % des Français les plus riches accapare 5,8 % du revenu national, comme
en Grèce et au Royaume-Uni. Seuls les plus aisés des Bulgares et des Danois font « mieux », avec 7 % et 6,4 %. En Norvège, les riches sont très riches (ils touchent au moins 6 600 euros), mais les pauvres le sont bien moins qu’ailleurs : par conséquent, les premiers ne récupèrent « que » 4,2 % des revenus du pays, niveau parmi les plus faibles en Europe. Attention : il faut utiliser ces chiffres comme des ordres de grandeur car
ACTUALITÉS LE RÉVEIL leur collecte n’est pas opérée avec exactement la même méthode dans chacun des pays. De plus, les données sur les très riches sont volatiles. Des variations de revenus exceptionnelles de quelques individus très aisés font varier les données d’une année sur l’autre : nous avons donc calculé une moyenne sur quatre années (2013 à 2016). En France, l’Insee ne publie pas ce type de données, les jugeant peu fiables. Enfin, certains pays de l’échantillon n’utilisent pas l’euro (Danemark, Norvège, Suisse, Royaume-Uni, etc.), ce qui rend plus difficile les comparaisons, même si celles-ci sont réalisées en « parité de pouvoir d’achat » : on tient compte du niveau des prix dans chaque pays[1]. Ces données donnent une indication globale. Elles invalident la thèse d’une fuite des super-riches sous l’effet de la pression fiscale. La France est un pays où les plus aisés gagnent beaucoup d’argent. Et encore, ces chiffres sont mesurés après impôts et prestations sociales : la redistribution a déjà opéré. Comme elle est plutôt développée en France, même en tenant compte des niches fiscales, cela signifie qu’avant impôts, la répartition des revenus en haut de l’échelle est très inégalitaire par rapport aux autres pays. Par leurs salaires, les cadres dirigeants du privé
et les hauts fonctionnaires surclassent de loin le reste de la population. Les revenus de l’immobilier ou des placements financiers renforcent encore ces inégalités. Dans notre pays le débat se focalise souvent sur ces 1 % les plus riches, non sans arrière-pensées. Cela permet aux « riches un peu moins riches » de reporter le mistigri de la solidarité sur une poignée d’individus aux revenus hors du commun. Pour autant, il est vrai que tout en haut de l’échelle la gourmandise est réelle : on vit bien mieux en France qu’ailleurs. Les me-
sures récentes d’allègement de l’impôt sur la fortune et de baisse de l’imposition des revenus financiers vont accroître les écarts dans les années à venir. Cela ne peut que faire grossir les tensions au sein des catégories populaires et moyennes pour qui, à l’inverse, les revenus baissent ou stagnent.
[1] Par exemple, si le logement est deux fois moins cher en Roumanie qu’en France, le niveau de vie des Roumains s’en trouve relevé par cette méthode de calcul. Source : L’Observatoire des Inégalités (extraits) – 27/06/2019
Avec la suppression de l’ISF, les riches investissent 70 % de moins dans les PME Le principal argument du gouvernement pour justifier la suppression partielle de l’ISF est démenti par les chiffres : le rapport annuel sur l’application des mesures fiscales, publié en juillet, montre que les riches n’ont pas investi l’argent économisé sur l’impôt dans l’économie réelle. Ça n’a pas marché comme prévu. Comme l’a relevé Les Echos le 12 août, le rapporteur général de la commission
des finances de l’Assemblée nationale, le député (LREM) Joël Giraud, a remis mi-juillet son rapport annuel sur l’application des mesures fiscales. Ce document contient les premiers retours sur l’impôt sur la fortune immobilière, version extra-light de l’ISF. Principal enseignement de ce bilan : un des arguments majeurs du gouvernement pour justifier sa réforme, selon lequel la restriction de l’ISF aux seules valeurs immobilières per-
mettrait aux riches d’investir dans les entreprises, ne tient plus. Que le gouvernement ait été naïf ou que les plus fortunés n’aient pas joué le jeu, les chiffres sont là : pour l’année 2017, l’allègement de l’ISF auquel les plus argentés avaient le droit lorsqu’ils choisissaient d’investir dans une PME s’élevait à 550 millions d’euros. Pour 2018, le montant de ce même allègement n’est plus que de 160 millions LE RÉVEIL - N° 856 - JUILLET-AOÛT 2019
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LE RÉVEIL ACTUALITÉS d’euros. Autrement dit, au lieu de stimuler l’investissement dans les PME, le passage de l’ISF à l’IFI l’a donc au contraire fait reculer de 70,9 %. (…) Il semble en tout cas que le deal initial n’a pas été respecté, ce qui pourrait placer l’exécutif en fâcheuse posture. L’article 31 de la loi de Finances 2018, qui met en place l’IFI, prévoit en effet que « le remplacement de l’impôt de solidarité sur la fortune par l’impôt sur la fortune immobilière (…) fait l’objet d’une mission de suivi et d’évaluation visant à mesurer ses impacts économiques et sociaux », ajoutant qu’une « attention particulière est portée aux effets de la mesure en termes d’investissement dans les entreprises et de répartition des richesses ».
La loi fixe un délai de deux ans avant la mise en place de cette mission d’évaluation, soit le 30 décembre 2019. En mars dernier, devant un parterre d’intellectuels réunis à l’Élysée, le président de la République, Emmanuel Macron, avait reconnu qu’il faudrait peut-être « reconditionner davantage la part de l’ISF supprimée » si « l’objectif du retour ou du maintien du capital productif » n’était pas atteint. En attendant le bon vouloir d’hypothétiques investisseurs, le manque à gagner pour l’État est significatif : « Le rendement brut de l’IFI, avant réduction d’impôt et plafonnement, est de 1.523 millions d’euros. En net, l’IFI a rapporté 1 291 millions d’euros », nous apprend le rapport de l’Assem-
blée nationale. En 2017, selon le précédent rapport de l’Assemblée nationale, le produit net de l’ISF était lui de 4,23 milliards d’euros. Rien de surprenant, dans la mesure où le nombre de redevables est passé de 358 000 pour l’année 2017 à 132 722 pour 2018, tandis que les actifs imposables sont passés de 1 028 milliards il y a deux ans à 300 milliards l’année dernière. Le plafonnement de l’impôt sur la fortune, qui coûtait aux finances publiques 1,3 milliard d’euros en 2017, ne s’élève plus qu’à 91 millions d’euros. On se console comme on peut. Source : MARIANNE 13/08/2019
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Louis
Nadau
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A.P.L. : Plus d’un million d’allocataires pourraient perdre leur droit Le nouveau calcul des APL, qui doit être mis en place en janvier 2020, risque d’affecter plus d’un million de bénéficiaires. 600 000 allocataires de l’aide personnalisée au logement vont même voir cette aide disparaître. En octobre 2017, la baisse de 5 euros des APL avait provoqué un tollé. Début 2020, les APL devraient de nouveau être concernés par un dossier explosif. En effet, le gouvernement revoit le mode de calcul de cette aide. Une réforme qui devrait adapter les APL en temps réel aux revenus des bénéficiaires, mais qui risque de faire beaucoup de perdants. Ce nouveau calcul des APL devrait pénaliser au moins 600 000 personnes. Des bénéficiaires qui voient leurs revenus augmenter et pour qui jusqu’à maintenant le calcul se faisait sur les ressources d’il y a 2 ans. 6-
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Parmi les perdants, il y aura notamment les jeunes qui entrent dans la vie active après avoir été étudiants. Du côté de Bercy, on reconnaît qu’il y aura plus de perdants que de gagnants. Mais il s’agit d’une mesure de justice, assure-t-on. Ce changement du mode de calcul permettra surtout de faire économiser près de 100 millions par mois aux comptes publics.
« Ce n’est pas une réforme budgétaire » mais plutôt de « justice sociale », a dit Gérald Darmanin Les députés socialistes dénoncent « une coupe […] de 1 000 euros par an pour ces bénéficiaires, soit 83 euros de moins par bénéficiaire et par mois » et le porte-parole du PCF, Ian Brossat, fustige un « gouvernement de Thénardier [qui] fait les poches aux familles populaires ».
ACTUALITÉS LE RÉVEIL
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La nouvelle présidente de la Commission Européenne est l’ancienne ministre allemande de la Défense La nouvelle présidente de la Commission Européenne, Ursula von der Leven, est l’une des personnalités politiques les plus ambitieuses et les plus impitoyables d’Allemagne. Elle a été membre de tous les gouvernements de Merkel depuis 2005 (ministre de la Famille, Ministre du Travail et depuis décembre 2013 ministre de la Défense). Depuis qu’elle a été nommée au ministère de la défense, les dépenses militaires allemandes sont passées de 30 à 45 milliards d’euros. Elle entretient de bons liens avec l’OTAN et a joué un rôle de premier plan dans la poussée de la marche militaire de l’Alliance vers la frontière avec la Russie. Elle est empêtrée dans une affaire de soupçons de favoritisme et de corruption en tant que ministre de la Défense. La Cour Fédérale des Comptes l’a épinglé pour l’attribution de 375 contrats, qui représentent 250 millions d’euros de dépenses pour le ministère de la Défense à des consultants externes pour un projet informatique entre 2015 et 2016. La commission défense du Bundestag – le
Parlement Allemand – a ouvert une commission d’enquête en janvier dernier. Ursula Von der Leyen a par ailleurs fait l’objet de nombreuses critiques pour avoir fermé les yeux sur les tendances très à droite dans l’armée allemande, même si les preuves d’une armée idéologiquement marquée à l’extrême droite sont visibles depuis des années. Lors de son discours à la Conférence de Munich sur la sécurité, la ministre a reconnu que la demande américaine d’une augmentation des dépenses de défense était justifiée. « Nous, les Européens, devons peser plus lourd dans la balance. L’appel américain en faveur d’une répartition plus équitable des charges est justifié », a-t-elle déclaré à Munich. Dans la même conférence, elle appelle l’Allemagne à s’assumer davantage sur la scène internationale. Nous ne pouvons qu’être inquiets quant à la volonté des Allemands de voir leur armée engagée dans la résolution des crises internationales. L’histoire appelle à toujours être prudent.
Ursula von der leyen (wikimedia).
Elle y a défendu une hausse des dépenses européennes dans la défense, tout en soulignant les efforts de l’Europe en faveur de sa propre politique de défense commune. L’Europe a enfin « fait son chemin vers une Union européenne de défense », ce qui implique également un renforcement de l’OTAN. Toute sa politique semble répondre aux souhaits des États-Unis qui veulent faire de l’Allemagne leur point d’entrée en Europe et leur partenaire privilégié. Nous avons tout à craindre de cette dame, devenue présidente de la Commission européenne, pour la souveraineté des peuples européens. LE RÉVEIL - N° 856 - JUILLET-AOÛT 2019
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LE RÉVEIL INTERNATIONAL
Le G7 « favorise les inégalités », selon Oxfam
Les drapeaux des pays membres du G7
L’ONG dénonce le modèle capitaliste et néolibéral mis en place par les superpuissances mondiales, alors que les inégalités s’accroissent toujours plus. Un sommet consacré à « la lutte contre les inégalités » par des pays favorisant ces mêmes inégalités. Une étude de l’ONG Oxfam, publiée jeudi 22 août à deux jours de l’ouverture du sommet de Biarritz, estime que les dirigeants des pays du G7 « favorisent activement ces inégalités dans leurs pays et dans le monde entier. » Augmentation des écarts de revenu et
de la pauvreté, baisse d’impôts pour les riches… « Les inégalités de revenus se sont aggravées dans tous les pays du G7 depuis les années 1980. Les 20 % les plus pauvres de la population des pays du G7 ne touchent, en moyenne, que 5 % du total des rémunérations, tandis que les 20 % les plus riches en perçoivent environ 45 % », relate un document de l’ONG. Malgré l’intitulé officiel du sommet du G7 de cette année, « la lutte contre les inégalités », et une déclaration appuyant cette nécessité déjà faite par le G7 en 2017 à Bari (Italie), Oxfam déplore que le groupement des superpuissances mondiales « ne parvient pas à prendre des mesures concluantes pour combler le fossé entre riches et pauvres ». Oxfam dénonce « une mainmise sur les politiques publiques » par les grandes fortunes et les entreprises, ainsi que « la priorité aux actionnaires » du modèle de capitalisme néolibéral, imposé par le G7 « dans le monde en-
tier ». Pour réduire effectivement les écarts entre les riches et les pauvres, l’ONG réclame « des plans concrets avec une date butoir claire », « l’introduction d’un taux effectif d’imposition minimum dans tous les pays, fixé à un niveau ambitieux » et des investissements « dans des services universels publics et gratuits ». L’association souhaite également « des mesures concrètes pour la justice climatique » avec « des réductions des émissions beaucoup plus élevées ».
L’Arabie saoudite prête à accueillir les troupes américaines sur son sol pour préserver la sécurité dans sa région… Vingt-quatre heures après l’annonce des Américains de la destruction d’un drone iranien, la République islamique annonce avoir confisqué un pétrolier battant pavillon britannique
dans le détroit d’Ormuz, une sole stratégique où transite un tiers du pétrole acheminé par voie maritime. C’est dans ce contexte que l’Arabie saoudite a décidé d’accueillir des
troupes américaines sur son sol, c’est une première depuis 2003, pour préserver la sécurité et la stabilité de la région, annonce Riyad. (Radio Vatican le 20-07-2019)
Forte augmentation des ventes d’armes allemandes durant le premier semestre 2019 On notera l’augmentation drastique des exportations d’armes allemandes. Au cours du premier semestre 2019, le gouvernement allemand a approuvé des exportations d’armes pour un montant de 5,3 milliards d’euros. Un 8-
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montant supérieur à celui de l’année précédente. Au cours des trois dernières années le volume des exportations a diminué et n’a atteint que 4,8 milliards d’euros en 2018. Dans le classement des prin-
cipaux pays destinataires des équipements militaires allemands, la Hongrie occupe la première place, loi devant l’Égypte et la Corée du Nord. (Deutsche Welle, le 11-07-2019)
INTERNATIONAL LE RÉVEIL
Le Japon décide d’acheter quarante-deux avions de combat furtifs F-35B… Le ministère japonais de la Défense a officiellement décidé d’acheter aux États-Unis des avions de combat furtifs et ultramodernes F-35B. Le processus de sélection a été lancé au mois de mars. Vendredi, le ministère a annoncé sa décision d’acquérir 42 de ces appareils fabriqués par Lockheed Martin. Chacun de ces
avions coûte 130 millions de dollars. D’après le ministère, le F-35B dispose de toutes les capacités requises, notamment dans le domaine des performances de vol. Le ministère prévoit de transformer l’Izumo, navire des Forces maritimes d’autodéfense, en porte-aéronefs pouvant accueillir le F-35B. Dans ses der-
nières directives de défense et dans son dernier programme de défense à moyen terme, le gouvernement nippon expliquait qu’il allait mettre en service des avions de combat pouvant décoller sur de courtes distances et atterrir verticalement. (Radio Japon international, le 17-08-2019)
Palestine
Buldozer Les travaux ont repris… Israël a commencé à démolir des maisons et des immeubles palestiniens jugés illégaux. Une décision contestée par la communauté internationale. Depuis lundi 22 juillet, une dizaine de maisons ont été détruites dans un quartier de Jérusalem. Alors que 350 personnes sont concernées, les autorités israéliennes justifient l’opération pour des raisons de sécurité. Les Palestiniens accusent leur voisin de vouloir gagner du terrain dans un territoire contrôlé par l’Autorité palestinienne. « À l’ombre d’un grand pin, un groupe de Palestiniens regarde la destruction de quatre bâtiments. Les Israéliens utilisent des explosifs ainsi qu’un bulldozer et le dispositif de sécurité est volumineux » raconte FranceInfo. L’ordre de destruction vient du ministère de la Défense. Il considère que les bâtiments palestiniens batis à moins de 300 mètres de la barrière de séparation, construite en 2002 après la seconde Intifada, représentent une menace. « Ce n’est pas un choix pourtant de vivre ici, » explique Jumal Darawi, responsable de la structure intercommunale du secteur. « Ces habitants se sont installés ici parce qu’ils ne peuvent pas construire dans les quartiers de Jérusalem. Le permis de construire des Israéliens coûtent trop cher, ils sont obligés de venir sur la frontière »,
dit-il en précisant « Ils possèdent cette terre, ils construisent dessus, mais les Israéliens veulent les empêcher » Le secteur concerné par les destructions est à l’intérieur du mur de sécurité, mais il est dans un périmètre contrôlé administrativement par l’autorité palestinienne. Israël est soupçonné de vouloir étendre sa zone d’influence. Récemment des diplomates européens, notamment le consul général de France, sont venus sur le site. L’Union européenne a demandé lundi 22 juillet à Israël de mettre « immédiatement » un terme aux démolitions « illégales ». L’ordre de destruction a été validé par la plus haute autorité juridique israélienne. De nombreux observateurs estiment que les Israéliens cherchent à miner l’Autorité palestinienne. « Ce que font les Israéliens, c’est qu’ils essayent de fragiliser l’Autorité palestinienne. Ils veulent montrer aux gens que l’Au-
torité palestinienne ne pourra ni empêcher la destruction, ni protéger les habitants, affirment-ils. Selon eux, ils profitent du soutien que les Américains apportent au gouvernement israélien. « Ils font ce qu’ils veulent parce que les Américains les soutiennent dans tout ce qu’ils font ». Depuis 2017, Trump a multiplié les faveurs à l’intention de Tel-Aviv, satisfaisant par là aussi son électorat évangélique aux États-Unis : le déplacement de l’ambassade américaine à Jérusalem, la reconnaissance de la souveraineté d’Israël sur le plateau du Golan, l’approbation tacite de la poursuite de la colonisation israélienne à Jérusalem-Est et en Cisjordanie… C’est la première opération de destruction lancé, depuis les accords d’Oslo en 1994, sur un secteur géré par les Palestiniens. J.-P. D LE RÉVEIL - N° 856 - JUILLET-AOÛT 2019
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LE RÉVEIL INTERNATIONAL
Israël / USA
Persona non grata à Tel-Aviv Les autorités israéliennes ont interdit à deux élues américaines d’entrer en Israël et dans les Territoires palestiniens occupés en raison de leur soutien à la campagne de boycott des produits israéliens (BDS) et surtout à la suite d’une demande du locataire de la Maison-Blanche qui semble diriger à TelAviv ! Une première dans les relations entre les deux pays… Ilhan Omar et Rashida Tlaib, les deux premières femmes musulmanes élues au Congrès et membres de l’aile gauche du Parti démocrate américain, devaient atterrir à Tel-Aviv afin de visiter ensuite les Territoires palestiniens, où elles étaient chaleureusement attendues. Mais à la suite d’une polémique dans la presse locale et d’une demande de Trump – dont elles sont des adversaires politiques déclarées —, le ministère israélien de l’Intérieur a décidé de leur refuser l’accès en Israël. Il a justifié sa décision par l’existence d’une loi permettant depuis 2017 d’interdire l’entrée aux partisans du mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) qui appelle au boycott éco-
nomique, culturel ou scientifique d’Israël afin de protester contre l’occupation des Territoires palestiniens. Rappelons que la colonisation par Israël de la Cisjordanie occupée et de Jérusalem-Est annexée s’est poursuivie sous tous les gouvernements israéliens depuis 1967, mais elle s’est accélérée ces dernières années sous l’impulsion de Netanyahu et avec la bienveillance de son inconditionnel allié de Washington, quelques soit les administrations qui se sont succédées. Trump a donné le ton en jugeant qu’Israël ferait preuve d’une « grande faiblesse » s’il autorisait Rashida Tlaib et Ilhan Omar à effectuer leur visite. « Elles haïssent Israël et tout le peuple juif et il n’y a rien qui puisse être dit ou fait pour leur faire changer d’avis », a soutenu dans un tweet le milliardaire républicain qui les accuse d’antisémitisme. Ces propos ont aussitôt suscité une polémique. Trump a été accusé par ses détracteurs de ne pas avoir pris la défense de deux ressortissantes américaines, élues du Congrès qui plus est. La décision israélienne a aussi été dé-
noncée jusque dans les rangs des plus fervents soutiens d’Israël aux ÉtatsUnis. « Que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, sous la pression de Donald Trump, refuse l’entrée de deux représentantes de l’État américain, représente un affront », a rétorqué Ilhan Omar. Une haute responsable palestinienne, Hanane Achraoui, a dénoncé « un acte d’hostilité scandaleux contre le peuple américain et ses représentants ». Disant « désapprouver » le soutien des deux élues au mouvement BDS, même le puissant lobby américain pro-israélien Aipac, d’ordinaire proche de l’administration Trump, a aussi critiqué la décision des autorités israéliennes. « Tout membre du Congrès devrait être en mesure de se rendre chez notre allié démocratique Israël pour le découvrir en personne », a-t-il estimé. J.-P. Delahaye
Algérie
La « révolution » dans l’impasse ? « Ce n’est pas un mouvement de contestation, c’est une révolution qui a secoué l’Algérie », estime Farid Alilat, journaliste à Jeune Afrique et spécialiste de l’Algérie, dans un entretien à France 24 Bouteflika à un cinquième mandat, il n’a cessé de prendre de l’ampleur malgré le renoncement du chef de l’État. Ni le ramadan, ni les vacances, ni même les fortes chaleurs n’ont eu raison de la détermination du peuple. Il faut dire qu’après 25 semaines passées à battre le pavé dans les rues de la capitale et des grandes villes du pays, les manifestants ont été galvanisés par de belles victoires. Le mouvement populaire est lancé le 22 février, place Maurice Audin à Alger. Né de l’exaspération après la candidature du président Abdelaziz 10 - LE RÉVEIL - N° 856 - JUILLET-AOÛT 2019
Les batailles La première d’entre elle reste la démission le 2 avril du président Abdelaziz
Bouteflika, au pouvoir depuis 20 ans. À 82 ans, celui qui l’on pensait indéboulonnable plie sous la pression de la rue au terme de six semaines de contestation pacifique et ouvre la voie à une longue période d’instabilité politique. Le second trophée demeure ce que Farid Alilat nomme « le départ de la ‘Issaba’ » [la ‘Bande’ en français, NDLR]. Des figures réputées jusque-là intouchables – des hommes d’affaires, des figures de l’armée comme le général Toufik, des ministres soupçonnés d’entretenir des liens de corruption depuis des décennies – tombent et se
INTERNATIONAL LE RÉVEIL retrouvent en prison. Parmi elles, pas moins de deux ex-Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, incarcérés à El-Harrach dans l’attente de leurs procès. D’autres renoncent au pouvoir, comme le président du Conseil constitutionnel algérien, Tayeb Belaiz, ou Mouad Bouchareb, président de l’Assemblée populaire nationale. Mais au-delà des démissions et des arrestations en série, le peuple a gagné bien plus encore. « Au fil des semaines et du démantèlement du système, les Algériens se sont réappropriés l’espace public qui était depuis deux décennies entre les mains du pouvoir. À Alger et partout dans le pays, la nation a pris conscience qu’elle pouvait réclamer le changement de manière pacifique. » Conséquence directe, les Algériens ont également repris goût à l’action politique. Autre acquis indéniable, le « Hirak » (« mouvement » en français) a également permis au peuple de se réconcilier avec son drapeau. Durant six mois, les manifestants ont pavoisé dans les rues du pays aux couleurs de l’emblème vert et blanc du pays, estampillé du croissant de lune et de l’étoile. « Sur les façades des immeubles ou enroulé comme dans un manteau, les contestataires ont fièrement brandi l’étendard de la nation », symbole d’une fierté revenue, relève Farid Alilat. Enfin, les mobilisations massives ont favorisé le sentiment d’unité nationale, faisant tomber les clivages entre les générations, les sexes ou les origines. « Berbères, Kabyles, Chaouis, Terguis, etc., tous ont défilé côte à côte pour réclamer la même chose : le changement radical du pouvoir. » Et de poursuivre, « la révolution n’a pas été le fait d’un parti politique, d’un organe social mais d’une nation tout entière mêlant jeunes, vieux, hommes, femmes, travailleurs, étudiants… » Pour Louisa Dris-Aït Hamadouche, professeure de sciences politiques à l’Université d’Alger, « la prise de conscience de ce qui est désormais politiquement inacceptable, l’élévation des aspirations à un niveau inédit (...), la conscience du pouvoir de mobilisation » font également partie des grandes avancées du Hirak.
L’impasse Mais les acquis s’arrêtent là. À ce jour, il semble que les deux parties soient dans l’impasse. Pour le général Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l’armée et homme fort depuis le départ d’Abdelaziz Bouteflika, les « revendications fondamentales » du mouvement ont été « entièrement » satisfaites. Autrement dit : les manifestations ne sont plus justifiées. Le pouvoir a donc confié le soin à une instance consultative de définir les modalités d’une élection présidentielle, mais le panel désigné peine à se forger une légitimité auprès des manifestants, qui, chaque vendredi, la conspuent. « Chacun convient que la voie du dialogue est la seule et unique à permettre de surmonter la situation actuelle », a encore répété lundi 19 août dans un message diffusé par les médias publics le président par intérim Abdelkader Bensalah, rejetant implicitement toute autre solution. Exit les mesures d’apaisement préalables qu’il avait promis, la libération des détenus d’opinion… De nombreux Algériens croupissent également en prison pour avoir brandi le drapeau berbère, amazigh, lors des marches hebdomadaires. Enfin, l’exclusion du processus de dialogue des partis du pouvoir comme le FLN et le RND compliquent le processus. Toutes ces demandes ont
été catégoriquement balayées par l’armée. La rue, imperturbable, campe donc sur ses positions. Les manifestants réclament à l’unisson le démantèlement total de l’ancien système, au profit d’organes de « transition », la mise en place de nouvelles institutions et le départ du pouvoir de tous ceux ayant accompagné et soutenu l’ancien président Bouteflika.
L’avenir Le pouvoir et le peuple algériens semblent irréconciliables : « Ils avancent chacun avec des feuilles de route opposées. Dans ces conditions, bien difficile de prédire ce qu’il adviendra de la situation dans les semaines à venir », juge Farid Alilat. Certains avancent encore l’hypothèse d’une intervention brutale de l’armée, rappelant les émeutes de 1988 qui avaient abouti au multipartisme ou celles de 1992, lors de l’interruption du processus électoral pour empêcher la victoire des islamistes aux législatives. Une issue peu probable selon nombre d’observateurs. Une chose est sûre : « La contestation risque de reprendre de plus belle avec la rentrée sociale, croit savoir Farid Alilat. C’est en septembre que l’on pourra juger de l’ampleur du mouvement. » LE RÉVEIL - N° 856 - JUILLET-AOÛT 2019 - 11
70 hectares de bois protégés, demain, le parc du centre-ville transformé... LE RÉVEIL INTERNATIONAL
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LE CAHIER MÉMOIRE DU CAMP DE CONCENTRATION DE THIL À LA CONSTITUTION DU GROUPE DE RÉSISTANTES “RODINA” Édito par Mathieu Klein - Président du conseil départemental Annie Silvestri - Maire de Thil et Vice-Présidente du Conseil Départemental La Meurthe-et-Moselle a longtemps été l’un des principaux départements industriels de la France avec l’extraction minière et la sidérurgie. En 1943, après le bombardement de Peenemünde, principal centre de fabrication des fusées V1 et V2, les allemands décident d’installer une usine souterraine de fabrication de ces armes au cœur du bassin industriel lorrain. Le site de Thil est choisi en raison de la présence sur son territoire de la mine du syndicat de Tiercelet. Des milliers de personnes vont être exploitées dans ces mines : déportés, prisonniers, travailleurs étrangers. De nombreuses femmes soviétiques sont envoyées travailler dans les mines. Un camp est installé, annexe du Struthof, qui sera le seul camp de concentration en territoire non annexé. Ce camp sera reconnu comme tel au procès de Nuremberg en 1949. Récemment, nous avons découvert l’histoire de 37 femmes russes et biélorusses qui se sont échappées de la mine de Thil le 8 mai 1944. Résistantes dans leur pays, elles furent arrêtées, durement interrogées, puis transportées au camp d’Errouville pour travailler dans la mine du syndicat de Tiercelet à Thil, condamnées à des travaux forcés. Poussées par un incroyable instinct de survie, Nadiejda, Alexandra ou Galya avec 34 autres femmes s’évadent, et avec l’aide de la résistance française, fondent l’unique unité combattante exclusivement féminine : le détachement Rodina, patrie, en Russe. L’histoire du camp de Thil, tout comme l’histoire de ces femmes courageuses, loin de leur terre natale, entrées en résistance et se battant pour la liberté, est encore trop méconnue. Ce supplément du réveil des Combattants, commandé par le
Conseil Départemental de Meurthe et Moselle a pour mission de rendre un hommage nécessaire et légitime à celles et ceux qui ont participé à la sauvegarde d’un monde libre. Cela s’inscrit également dans un travail de longue date mené par le département et la ville de Thil pour, faire connaître l’histoire locale et participer au devoir de mémoire dans un territoire durement touché par la Guerre, mais aussi témoigner de notre reconnaissance à tous ceux qui ont défendu la liberté. C’est ainsi, par exemple, que le département avait pris la maîtrise d’ouvrage pour ériger un monument en hommage aux 67 fusillés de la Malpierre, et dont les noms n’avaient jamais été inscrits sur le monument aux morts. C’est aussi en ce sens que nous souhaitons faire du camp de Thil et du mémorial de la mine un lieu départemental d’interprétation de notre histoire à destination des jeunes générations. Faire connaître l’histoire locale à tous, c’est permettre d’éviter de commettre à nouveau les mêmes erreurs et transmettre, notamment aux jeunes générations, l’histoire et les valeurs de courage et de liberté prônées par la résistance. Romain Gary, à qui un journaliste demandait s’il se sentait plus français que russe ou vice versa, avait fait cette réponse : « Ma patrie, c’est la France libre ». 75 ans après la fin de la Guerre, nous devons rester la patrie de tous ceux et toutes celles qui ont défendu et continuent de défendre la liberté.
Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807 Villejuif - Tél. 01 42 11 11 11
LE RÉVEIL DOSSIER
Lorraine, terre d’histoire Dans les paysages du pays-haut lorrain, il est courant de rencontrer des rangées de cités ouvrières grises bien alignées, presque toutes identiques caractérisées par leur rigueur et leurs petits jardins. Elles sont les témoins du passé sidérurgique de la région avec ses mines de fer fermées depuis les années 60, ses usines abattues à la même époque pour laisser la place à des centres commerciaux, des PME, des petits pavillons, des logements dont il est fréquent que les habitants franchissent quotidiennement la frontière pour aller travailler au Luxembourg voisin… Pendant près d’un siècle, ces cités ont accueilli des vagues successives d’immigrés à l’appel des maîtres des forges pour extraire la minette lorraine des entrailles de la terre et la transformer en acier dont avait besoin la France pour ses infrastructures. Ce sont en majorité des italiens, puis des polonais qui sont venus ici vendre leur force de travail, rechercher un toit, une certaine protection sociale ; moins nombreux, des maghrébins s’y sont également installés. Les italiens venaient en majorité du Nord de l’Italie où les traditions des luttes ouvrières et paysannes étaient solidement ancrées. Tout naturellement, ils ont développé un grand sens d’organisation, syndicale et politique. Grâce à leurs combats revendicatifs, ils ont réussi à obtenir bon nombre d’avantages sociaux qui aujourd’hui
encore font référence au niveau national. La Lorraine est une région qui a été marquée par l’Histoire, souvent de façon dramatique. Tout au long d’une période qui a duré moins d’un siècle, elle a été occupée trois fois par son voisin allemand. La période de la deuxième guerre mondiale en a été la plus tragique. Le Pays-Haut lorrain a vu surgir des camps de prisonniers originaires de l’Est de l’Europe, en majorité déportés depuis l’URSS occupée. Souvent, ces camps étaient d’anciennes casernes françaises réaménagées en camp de concentration par les nazis. Avant-guerre, ils desservaient les fortifications de la Ligne Maginot, nombreuses dans la région. Les prisonniers de guerre soviétiques y étaient traités de manière inhumaine ; les coups, la nourriture insuffisante et de très mauvaise qualité, les maladies, les travaux forcés dans la mine et les usines décimaient leurs rangs. Thil et Errouville, deux petites villes de la région ont joué un rôle très particulier dans l’Histoire du pays. Avantguerre, Errouville avait accueilli un camp militaire dont le personnel était dédié au service des infrastructures de cette ligne Maginot. Après la défaite française de 1940, cette caserne fut transformée en camp de concentration pour les déportés de l’Est. Thil avec ses 3 mines de fer avait un intérêt très particulier pour les nazis. Non seulement le fer était une matière première
stratégique pour l’industrie de guerre allemande, mais aussi l’une d’entre elles offrait un accès direct à flanc de coteau avec une voie de chemin de fer à l’écartement standard. Aussi après l’élargissement des galeries, les chefs nazis de l’Organisation Todt décidèrent de la transformer en atelier d’assemblage de bombes volantes V1. En effet, dans la nuit du 17 au 18 août 1943, la R.A.F. avait pratiquement rasé le centre de recherche et de production des fusées V1 et V2 de la presqu’île de Peenemünde au nord de l’Allemagne. Hitler et ses généraux ont alors décidé d’enterrer la production de ces armes nouvelles qui, d’après eux, devaient changer le cours de la guerre. Les allemands avaient aussi perdu l’initiative des offensives au profit des soviétiques après l’encerclement et la destruction complète de la VIe armée de Paulus à Stalingrad, LA grande victoire et LE tournant stratégique de la deuxième guerre mondiale. Ainsi à marche forcée, la mine de sel abandonnée de Nordhausen fut aménagée par les déportés du terrible camp de concentration de Mittelbau-Dora. Ce site était dédié à la production des V2. Quant aux V1 de conception plus anciennes et déjà au point, les allemands envisageaient leur production dans des sites également souterrains, comme dans certaines mines de fer de Lorraine. C’est ainsi que fut choisie celle du Syndicat à Thil.
De « Normandie-Niemen » à « Rodina » Ayant été expatrié à Moscou pendant de longues années pour le compte de sociétés françaises en tant que responsable pour les pays de l’ex-URSS, j’occupais mes loisirs à faire des recherches historiques, notamment sur l’épopée extraordinaire du « Normandie-Niemen », régiment de chasse voulu par de Gaulle. Ce régiment a de loin le 14 - LE RÉVEIL - N° 856 - JUILLET-AOÛT 2019
plus gros palmarès de notre aviation de chasse et il est le plus titré de l’armée française. Quatre de ses pilotes ont été faits « Héros de l’Union Soviétique ». Équipée des célèbres chasseurs Yak, c’était une unité composée de pilotes français et de mécaniciens soviétiques. Sur le front de l’Est, ils combattaient la bête immonde aile contre aile avec
leurs frères soviétiques du 18-ème régiment de chasse de la Garde. J’ai eu la chance de faire la connaissance des héros de cette épopée et en particulier, nous étions très proches avec mon défunt ami Gregory Antonovitch Yesevtchik. C’est chez lui que j’ai découvert un livre en russe : « Nos Gamines près de Verdun », une nouvelle
DOSSIER LE RÉVEIL documentaire du journaliste et romancier Roman Yerokhine. Ce livre rare, édité à seulement 400 exemplaires, raconte l’histoire d’une autre épopée extraordinaire, celle des jeunes filles de « Rodina », l’unique détachement féminin de la résistance française créé après leur évasion du bagne d’Errouville-Thil. Etant moi-même originaire de Thil, fils de mineur italien ancien résistant, ma curiosité n’en a été que plus aiguisée. Enthousiasmé par ce récit, j’ai décidé de faire connaître les exploits de ces gamines aussi largement que possible ; tout d’abord en
traduisant ce livre en français, puis en participant à des conférences dans des écoles, lycées, bibliothèques, cafés d’histoire en France comme en Russie et en Biélorussie. C’est en effet, une histoire totalement méconnue chez nous comme dans les pays d’origine des gamines. C’est profondément injuste ! Nous nous devons de la faire connaître afin que la mémoire de ces magnifiques jeunes filles soit honorée. La municipalité de Thil, le département de Meurthe-et-Moselle et l’ARAC l’ont compris et œuvrent pour cela. Qu’ils en soient remerciés ici !
Monument Errouville.
La déportation des Soviétiques… Errouville, Thil C’est dans ce contexte hallucinant que furent déportés vers le camp d’Errouville quelques milliers de prisonniers de guerre soviétiques mais aussi des civils : plus de 500 jeunes filles, parfois même très jeunes filles (15-16 ans). Ces dernières avaient été arrêtées, torturées et déportées pour faits de résistance ou tout simplement raflées par les nazis dans des villages d’Ukraine, de Biélorussie ou de Russie occupées. Au début de la guerre, les résistants arrêtés étaient tous éliminés physiquement après interrogatoire. Mais au tournant de l’année 1942, Hitler et Himmler, dont les jeunes étaient mobilisés en masse sur le front de l’Est, prirent conscience du manque criant de bras pour l’industrie de guerre nazie. C’est alors que les exécutions systématiques cessèrent et que les déportations massives de main-d’œuvre gratuite prirent corps. Elles étaient organisées vers des sites industriels et agricoles, essentiellement en Allemagne et en France. A Thil même, les allemands avaient organisé la construction d’un camp dans un vallon, caché à la vue des habitants, à la sortie Nord de la ville derrière un remblai d’une ligne de chemin de fer. Ce camp était une annexe du ter-
rible Struthof situé sur les hauteurs de Natzweiler en France annexée (Alsace et Moselle). Le Kommando-Thil était la seule annexe parmi les 74 du KL-NS (Konzentrazion Lager – Natzweiler Struthof) située en France non annexée. Voici ce qu’en dit Pascal Brenneur dans son étude « LES PRISONNIERS RUSSES DANS LES MINES DE FER LORRAINES (1941-1944) » : « En Lorraine, la palme de l’horreur revient au camp de Thil, près de Villerupt. En 1944, la mine à flanc de coteau du Syndicat des Mines de Tiercelet est jugée la plus apte à devenir une usine souterraine modèle pour la mise au point des projectiles à longue distance, les V 1. L’organisation Todt chargée des travaux, embrigade alors une main-d’œuvre de prisonniers nord-africains, de prisonniers et requis russes, hommes et femmes, logés au camp d’Errouville et amenés chaque matin par voie ferrée. Rapidement, un camp fut aménagé, caché aux habitants par un remblai de la ligne Villerupt-Longwy. Interdiction fut faite de s’arrêter pour regarder, de travailler dans les champs alentour, à moins de tourner le dos aux barbelés. Cinq cents prisonniers, pour la plupart origi-
Camp de Thil - Crématoire.
naires d’Europe orientale, ont rejoint ce camp, qui reste une exception, car il n’a pas été conçu en complément d’une entreprise métallurgique. Il se transforma rapidement en véritable camp de concentration et les fumées sinistres du four crématoire commencèrent à s’en élever. ». A la différence des prisonniers d’Errouville, ceux du camp de Thil étaient en majorité des juifs d’Europe centrale. Il portait l’uniforme rayé et leur régime était des plus durs. Ils étaient destinés à un travail spécialisé pour l’aménagement de l’atelier des machines-outils dans la mine. Du fait de rations encore plus hypocalorique et d’un régime carcéral des plus sévères, leur espérance de vie était des plus courtes. LE RÉVEIL - N° 856 - JUILLET-AOÛT 2019 - 15
LE RÉVEIL DOSSIER
La mine, la tragédie
Tenue typique des gamines à la mine.
Dans le camp d’Errouville, les jeunes filles les plus conscientes et les plus combatives avaient créé un comité clandestin à l’initiative de Nadiejda Lissoviets qui venait de Minsk, capitale de la Biélorussie. Là-bas, enfermée dans le sinistre camp de la rue Chirokaya, Nadiejda avait fait connaissance avec des camarades d’infortune, arrêtées comme elle pour actes de résistance.
Puis au début de l’année 1944, elles furent emmenées vers Errouville après avoir traversé chaotiquement toute l’Europe enfermées dans des wagons à bestiaux avec, pour toute nourriture, quelques miches de mauvais pain à se partager. Dans ces conditions difficiles, la solidarité et les amitiés se sont renforcées. Dans le camp à Errouville et dans la mine à Thil, elles firent connaissance avec celles qui avaient été déportées des mois auparavant depuis différentes régions d’Ukraine, de Biélorussie, de Russie ; certaines d’entre elles avaient déjà passé quelques mois dans le sinistre camp pour femmes de Ravensbrück en Allemagne. Des mois durant, elles étaient assignées à l’élargissement et au bétonnage des galeries de la mine… il s’agissait de réaliser un atelier de production de V1. évidemment, les conditions de sécurité étaient le cadet des soucis des allemands. Fin avril 1944, sur environ 200 m le plafond d’une galerie s’effondra sur une cinquantaine de jeunes filles qui travaillaient là. Une vingtaine de cadavres fut sorti de la mine, mais nous n’avons pu retrouver le nombre exact ainsi que les noms des 20 à 25 filles écrasées sous des centaines de tonnes de roches. Ces jeunes inconnues sont là, loin de leur patrie dans ce qui est devenu leur dernière demeure pour l’éternité…
Au lieu de les briser, cet épisode dramatique renforça la détermination des gamines… s’évader et continuer à se battre ! Mais en France, quel sens pouvait avoir le mot “s’évader” ?… où aller, comment surmonter la barrière de la langue pour communiquer avec la population amie, comment et où se cacher, comment se nourrir, comment s’armer ? Beaucoup de questions et pas ou peu de réponses ? Mais c’est justement grâce à la mosaïque ethnique qui embellissait cette région que des réponses furent apportées à ces interrogations… les prisonniers soviétiques du camp d’Errouville étaient amenés à Thil chaque matin à l’aube par voie ferrée. Ils étaient remis à la direction de la mine qui les ventilait dans les équipes composées de mineurs français, italiens et polonais. Parmi ceux-ci se trouvaient beaucoup d’antifascistes qui leur exprimaient sympathie et solidarité. Ils purent communiquer au fond de la mine par l’intermédiaire de ces polonais dont la langue aux racines slaves permit de se faire comprendre de tous. Les immigrés libres de leurs mouvements comprenaient bien ce que pouvaient ressentir ces esclaves arrachés à leur patrie. L’organisation clandestine de la résistance FTPF faisait le reste, c’est-à-dire le soutien matériel, moral et la transmission de nouvelles sur l’évolution du front.
La manifestation, l’évasion C’est dans ce contexte que furent organisés les préparatifs de l’évasion des plus déterminés (une centaine d’hommes et de femmes). Une date fut arrêtée, ce sera dans la nuit du 7 au 8 mai 1944. Un événement héroïque, mais très risqué, faillit tout faire échouer : le comité clandestin des gamines décida de célébrer au grand jour la journée internationale de solidarité des travailleurs en ce 1er mai 1944… à 16 - LE RÉVEIL - N° 856 - JUILLET-AOÛT 2019
l’aube, à la sortie du camp d’Errouville pour le transfert en train vers la mine, les gamines refusèrent d’aller travailler ! Puis sous les coups de crosses et les brutalités des gardiens, les gamines sortirent affublées de bouts de tissu rouge, foulards, blouses et même d’un drapeau rouge confectionné à la va-vite, puis elles entonnèrent l’Internationale. C’est devant des allemands médusés, furieux, hurlant et lâchant
les chiens qu’elles furent conduites au train puis à la mine de Thil qu’elles traversèrent en continuant de chanter l’hymne des opprimés jusqu’à l’entrée de la mine où les allemands s’en débarrassèrent en les remettant aux porions. De retour au camp tard le soir, la répression ne s’est pas fait attendre… rassemblement sur la place centrale du camp, vocifération du com-
DOSSIER LE RÉVEIL mandant du camp, arrestation des “Kolonnführer” jetées au cachot pendant une semaine sans ration et tondues à zéro, des heures à porter en rond des troncs d’arbre, le lendemain travail sans ration alimentaire… mais pas d’exécutions pour l’exemple… sans doute que les quotas de production assignés par le régime ont dû ici jouer leur rôle ! Au fond de la mine, la solidarité des mineurs de profession se manifestait avec chaleur : partage des gamelles, du pain et des chants révolutionnaires en commun, chacun dans sa langue. C’est Georges Magnette, mécanicien à la mine et deux électriciens italiens, tous trois communistes convaincus qui assuraient le contact avec la direction des maquis FTP-MOI (Francs-Tireurs et Partisans - Main d’Œuvre Immigrée) des forêts de l’Argonne. En région parisienne, le Comité Central des Prisonniers de Guerre Soviétiques affiliés aux FTP-MOI, dirigé par le colonel Gaston Laroche (de son vrai nom Boris Matline), coordonnait l’opération avec sa direction régionale à Nancy (Vladimir Taskine) et avec le commandement
FTPF de l’Inter Région 25. C’était Catherine (Edith-Judith Haithin alias Catherine Varlin) et François (Axel Simondy) qui assuraient les détails de l’opération prévue pour la nuit du 7 au 8 mai 44. L’opération réussit au-delà des espérances, ce sont plus de 100 personnes évadées qui se sont retrouvées en pleine nuit à l’endroit convenu dans la forêt d’Errouville. Dans le noir et le silence de la forêt, les minutes interminables dans l’attente de l’arrivée des camarades FTPF semblaient durer des heures ; le stress et la peur d’une opération de provocation/représailles dissuadèrent plusieurs dizaines d’entre eux de continuer. Ceux-ci décidèrent de réintégrer le camp. Finalement, ce sont les plus décidés, soit 37 femmes et 27 hommes qui accomplirent jusqu’au bout ce qui avait été planifié… Vers minuit, Catherine et François, accompagnés de guides FTP armés, se sont présentés comme prévu. L’opération se poursuivit au pas de course dans un silence imposé, à travers bois et champs, pieds nus ! En effet, les sabots de bois que portaient les prisonniers étaient bien trop bruyants sur la chaussée, les
Prisonnières soviétiques - gardiens nazis.
cailloux et la terre battue des chemins de campagne. Malgré l’épuisement des corps et les grosses ampoules aux pieds, ce sont plus de 70 kilomètres qui ont été parcourus pendant deux nuits. Pendant le jour, ils restaient couchés dans les sous-bois afin de ne pas se faire repérer. A l’aube du 9 mai, épuisés mais heureux de cette liberté toute neuve, ils arrivèrent au camp FTP près de Saint-Mihiel dans la Meuse. Le détachement était dirigé par le commandant Jacques (alias Jules Montanari). Dans cette opération, son rôle était de les accueillir, de les nourrir, de les briefer… puis comme convenu, de les emmener vers le détachement « Stalingrad ».
Le Maquis Ce détachement commandé par le capitaine Georges (Guéorguy Ponomarev), composé dans sa grande majorité de maquisards soviétiques évadés, était très actif dans l’Est de la France, particulièrement efficace en opération et très redouté des nazis. Après la libération, le capitaine FTPMOI Georges fut décoré de la Légion d’Honneur pour services militaires éminents rendus à la nation… Mais en ce 9 mai 1944, il y eut un gros contretemps ! Lorsque les évadés étaient sur le point de rejoindre « Stalingrad », celui-ci s’est retrouvé encerclé par les troupes nazies lors d’une opération de représailles. L’objectif initial fut alors annulé. Les 27 hommes rejoignirent d’autres détachements soviétiques basés dans
la région… quant aux 37 gamines, Jacques décida de les mettre à l’abri dans des familles amies de la région… elles y attendraient la libération du territoire. Mais les gamines ne l’entendaient pas de cette oreille, elles ne s’étaient pas évadées pour “se la couler douce” chez des amis… mais bien pour participer à la lutte contre l’ennemi commun ! Jacques insista et leur laissa encore 24 heures pour réfléchir. Le lendemain, devant leur détermination intacte, il céda et leur donna son fusil, ce fut la première arme de l’unique détachement féminin de la résistance française. Elles nommèrent leur unité « Rodina » (La Patrie). Commandant Jacques leur attribua un territoire à deux kilomètres du camp des hommes, un ruisseau d’eau po-
table les séparait. Les hommes de son détachement les aidèrent à construire leurs cabanes. Enfin, ils leur passèrent les consignes pour communiquer avec le détachement des hommes ainsi que pour assurer leur propre sécurité… quant aux armes, eh bien, il faudra qu’elles se débrouillent ! La volonté de fer des leaders des gamines, Nadiejda Lissoviets et son adjointe Rosalya Fridzon (alias Ekaterina Semionova alias Tante Katya) firent le reste, organisation en trois groupes en fonction des compétences de chacune : Combat, Médical, Intendance, avec un commandant à la tête de chacun. L’âge moyen des jeunes filles était de 23-24 ans, la plus jeune, Galina Demyanova n’avait pas encore 16 ans. LE RÉVEIL - N° 856 - JUILLET-AOÛT 2019 - 17
LE RÉVEIL DOSSIER
Détachement « Rodina » Commandants : LISSOVIETS Nadejda Lieutenant FFI – FTPF FRIDZON Rozalia (SEMENOVA Ekaterina) Lieutenant FFI – FTPF Groupe “combat” DEREKH Vera Commandant AGOCHKOVA Nina DIK Elena GORDEEVA Antonina KABANOVSKAYA Elena KOLESNIKOVA Maria KOUNTSEVITCH Yadviga MITROFANOVA Zinaïda PARAMONOVA Alexandra PETRAKOVA Evdokia PETTET Klara POSKREBKO Klara SOMTCHINSKAYA Larissa TCHERNOVA Klavdiya VACHKINEL Valentina
Groupe “soins médicaux” ANDRIEVSKAYA Maria Commandant ALEXEEVA Nina BAYKOVA Sophia GROUZDEVA Alexandra DEMYANOVA Galina EGOROVA Vera ISSAKOVA Elizaveta KLEBANOVITCH-GUERMAZA Olga RYLOVA Raïssa SAFIULINA Monera VOROBIOVA Youssefa ZAVYALOVA Vera
Carte engagé Volontaire de Galina Demyanova
Groupe “ravitaillement” VLADIMIROVA Alexandra Commandant
GRYAZNOVA Elena KIRILLOVA Elizaveta KLEPAK Elena KORYAKINA Nina MIKHAÏLOVA Anna POPOVA Anna YAKOVLEVA Lilya
Rodina en opération, les succès et les pertes Convaincu par leur détermination et leur savoir-faire, Jacques commence à les emmener en opération. Tout d’abord, il leur assigne des missions de renseignement en ville dans la proximité des sites de cantonnement des troupes ennemies sous le couvert d’innocentes dames promenant leur progéniture dans des poussettes. Par exemple, une mission importante de ce type s’est terminée sur un succès total : la libération de 47 détenus, des clandestins français et soviétiques arrêtés par la gestapo et internés à la prison de Bar-le-Duc. Ils devaient être rapidement exécutés. Des gamines ont été désignées pour aller en reconnaissance afin de relever les habitudes de la garde et les mouvements d’entrées/ sorties dans le bâtiment. Grâce à ces 18 - LE RÉVEIL - N° 856 - JUILLET-AOÛT 2019
renseignements précis, les hommes du détachement ont pu neutraliser la garde et faire libérer tous les 47 détenus sans aucune perte. Puis, ce sont des missions de ravitaillement de jour dans les magasins et boulangeries en ville, et aussi de nuit dans les fermes de colons allemands (réquisitions de bétail, de blé, pommes de terre, choux, etc.) et enfin, ce sont les participations à des opérations réelles de combat… embuscades sur des convois transportant des armes, des munitions et des vivres. C’est au cours d’une de ces opérations qu’elles saisissent des mitraillettes allemandes Schmeisser ainsi que des Panzerfaust (bazooka) et font même cinq prisonniers, ce qui contraria beaucoup Jacques. En effet, dans cette
guerre de partisans, on ne faisait pas de prisonniers… c’était un fardeau inutile qui mobilisait des hommes en armes pour les surveiller et de plus, il fallait les nourrir… toutes choses impossibles dans ces conditions de guerre. Et pourtant ces filles qui, dans leur pays, avaient vu brûler leurs maisons, des proches fusillés ou pendus, qui avaient été ellesmêmes torturées et envoyées au bagne ne se sont pas résolues à les abattre. Assignés aux corvées du camp, ces prisonniers étaient néanmoins surveillés nuit et jour, elles les ont nourris jusqu’à la libération du territoire par les américains. Conformément aux consignes, les GI’s les ont rassemblés pour les emmener vers un camp de prisonniers, mais les allemands ont longuement imploré les
DOSSIER LE RÉVEIL jeunes filles… ils voulaient rester avec elles… impossible bien sûr ! Et il faut bien dire, que ce n’était pas vraiment le souhait des gamines ! Malheureusement, c’est au cours de cette dernière embuscade organisée dans la soirée du 17 août 1944 sur la route départementale 110 près de Brandeville (55), que François et un yougoslave au surnom de Tito allaient perdre la vie… François ! Lui qui avec Catherine avait organisé l’évasion des gamines du camp d’Errouville ! La Lorraine libérée, les gamines furent rassemblées dans une caserne de Verdun avec leurs autres camarades des
formations du maquis. Un défilé des détachements fut organisé dans l’artère principale de Verdun ; les gamines de « Rodina » furent particulièrement à l’honneur. A l’issue de cette parade, tous les détachements furent rassemblés dans la cour de la caserne où les représentants du Gouvernement Provisoire de la République Française ainsi que de l’ambassade d’URSS à Paris libéré félicitèrent les combattants. Chacune des gamines de « Rodina » s’est vue remettre une carte d’Engagé Volontaire des Forces Françaises de l’Intérieur tamponnée et signée par le commandant Jacques. Lors de cette cérémonie, les
grades de Lieutenant FFI/FTPF ont respectivement été remis à Nadiejda Lissoviets et Rozalya Fridzon, les deux commandantes successives du détachement. Après cet événement, curieusement, la trace de Commandant Jacques se perd définitivement. Malgré des recherches minutieuses, je ne suis pas parvenu à reconstituer son parcours d’après guerre. C’est un fait étrange et incompréhensible survenu subitement après la libération de la Lorraine. !?! Un document retrouvé aux archives des armées à Vincennes fait le même constat. Que s’est-il donc passé, quel a été son destin ? Toujours pas de réponse à ce jour...
70 ans après, à la recherche des survivantes Après de longues recherches, ce n’est qu’en novembre 2012 que nous avons réussi à retrouver à Novotcherkassk, près de Rostov-sur-le-Don, l’unique survivante du détachement « Rodina » -Alexandra Serguéévna Paramonova. Elle n’avait “que” 98 ans, une « gamine » encore pétillante et pleine d’amour pour les Français. Notre rencontre était empreinte d’une intense émotion. Le fait qu’elle ait fait partie du groupe de combat rajoutait de l’épaisseur à notre rencontre… je l’ai interviewée et filmée pendant plus d’une heure quarante. Nous venions d’échanger pendant près d’une heure, lorsque tout à coup, sa voix s’est subitement étranglée… de grosses larmes ont coulé sur ses joues à l’évocation, 68 ans plus tard, de l’épisode tragique de la disparition de François et de Pierre -un autre camarade organisateur de l’évasion, tué lui aussi quelques jours après François… Ses yeux embrumés fixaient un horizon imaginaire… dans un silence que tous les présents respectaient, Alexandra ne les essuya pas immédiatement… Le temps s’était suspendu et tous comprenaient qu’elle leur dédiait les perles de ses yeux… un
moment très fort et privilégié ! Alexandra a été faite citoyenne d’honneur de la ville de Thil par Annie Silvestri, maire de la ville. Le diplôme et des cadeaux lui ont été remis à son domicile en juin 2014 lors d’un voyage de Mme la maire en Russie. Une rencontre très émouvante entre deux femmes qui se comprenaient par-delà les frontières, les langues et les cultures. Le 9 décembre 2014, à trois semaines de ses 100 ans, Alexandra est partie rejoindre ses camarades de combat… Les gamines ont combattu dans les forêts de l’Argonne jusqu’à la libération par les troupes américaines de la Lorraine en septembre 44. Ils avaient débarqué 3 mois plus tôt en Normandie. Les « Rodina » ont toutes été rapatriées en URSS à des dates et avec des moyens différents. Certaines sont rentrées au cours du deuxième semestre 1945, d’autres au cours de l’année 1946. Cinquante ans plus tard, dans les années 1990, après le changement de régime à Moscou, l’Association des Vétérans Soviétiques de la Résistance Française effectua des démarches auprès du nouveau pouvoir pour qu’il
Carte et Médaille du Combattant de Nina Agochkova
reconnaisse enfin les mérites de ces combattants au même titre que ceux des militaires victorieux du nazisme. L’Association fit de même auprès des autorités françaises. Mais beaucoup d’anciens avaient déjà disparu. Néanmoins, les survivantes de « Rodina » furent enfin reconnues, décorées par les deux pays et une pension leur fut attribuée par la France ! Ce leur fut beaucoup plus qu’une récompense, c’était une réelle renaissance. Avec des mots simples et forts, c’est Mikhaïl Nikolaievitch Makrouchnikov, maquisard du maquis de Cluny, qui l’a le mieux exprimé et de belle façon : « Ce n’est pas pour la médaille que je suis heureux, je suis heureux que la grosse pierre qui pesait sur mon âme soit enfin LE RÉVEIL - N° 856 - JUILLET-AOÛT 2019 - 19
LE RÉVEIL DOSSIER terre étrangère, et si toi, Valenya, tu étais vivant et si tu vivras, je voudrais, mon tout-petit, que tu saches, Valenya, que toute ma vie c’est toi ! Que sans toi, la vie n’a pas de sens et que je me sens très très coupable visà-vis de toi… »
1960
Alexandra Paramonova avec son arrière-petit-fils.
tombée - j’ai commencé à me sentir de nouveau membre à part entière de la société »…
1945 Suite à des problèmes de santé et après quelques mois en opération, Nadiejda Lissoviets, première commandante du groupe a passé la main à Rozalya Fridzon. Elle est revenue au pays natal à Minsk en 1945, elle brûlait de connaître le destin de son petit Valéri laissé là-bas. Ci-dessous la traduction des premières phrases de l’année 1945 de son journal intime… c’était une combattante patriote inflexible et déterminée mais aussi une femme et une mère sensible, aimante… ces mots bouleversants se suffisent à euxmêmes. « 5 janvier 1945 Voilà bientôt un an, une année entière que je suis loin de la maison, que l’on m’a arrachée à mon fils, à toute ma famille, Valenya, mon gentil petit, es-tu vivant ? O ! si au moins, je savais que tu étais vivant, je serais maintenant, loin-si loin de toi, heureuse la plus heureuse, j’attendrais, je saurais qu’un jour on se rencontrera et qu’avec mes soins, mon attention, mon amour je te prierais et te demanderais pardon pour toute cette année. Avec mes larmes, Valenya, je laverais cette terrible année 1944. Mais peutêtre aussi que je ne rentrerai jamais à la maison, peut-être qu’il me sera donné de mourir quelque part en 20 - LE RÉVEIL - N° 856 - JUILLET-AOÛT 2019
Lorsque Khroutchev est arrivé au pouvoir en URSS, une période d’ouverture et de détente intérieure s’en est suivie. Les anciens déportés résistants qui avaient combattu dans les rangs de la résistance française commençaient à être interviewés dans la presse écrite, à la radio et à la télévision. On avait demandé à Nadiejda de s’exprimer à la télévision biélorusse au moment de la visite officielle de Nikita Khroutchev en France en avril 1960. Voici ci-dessous la copie du texte de son intervention dont je ne traduirais que peu de phrases. Elles illustrent bien les sentiments de ces jeunes filles envers la France et ses habitants : « ...C’est dans ce combat que fut tué notre ami François. Nous le gardons en mémoire, non seulement parce qu’il nous avait amenées chez les partisans mais surtout pour sa simplicité et sa sensibilité qui resteront à jamais gravées dans nos cœurs. En ces jours où Nikita Serguéévitch Khroutchev accomplit sa visite en France et mène
des discussions avec le président de Gaulle, au nom de nos amies, anciennes participantes du mouvement de la Résistance Française ainsi qu’en mon nom propre, je tiens à remercier tous les gens simples de France pour leur hospitalité et leur solidarité de combat avec le peuple russe pendant la deuxième guerre mondiale… » 2 décembre 1944, Charles de Gaulle à Moscou au Kremlin, dialogue avec Staline en préparation du traité franco-soviétique signé quelques jours plus tard. « ...Les français savent ce qu’à fait pour eux la Russie Soviétique et ils savent que c’est elle qui a joué le rôle principal dans leur libération. » 6 juin 2014, François Hollande à Ouistreham, cérémonies du 70e anniversaire du débarquement en Normandie. « ...Et une fois encore, mais cela ne sera jamais trop, je tiens à souligner la contribution décisive des peuples de ce que l’on appelait l’Union soviétique, ces peuples-là nous sommes aussi dans le devoir de reconnaître ce qu’ils ont fait pour notre propre liberté, pour la victoire contre le nazisme… » René Barchi Historien du groupe Rodina Natif de Thil
Vidéo & bibliographie : Video « Rodina ou les secrets de la mine abandonnée » Vladimir Bokun – TV “ONT” - « Obratniy Otchtchet » 2014 url : Sites sur le camp de Thil
Les prisonniers russes dans les mines de fer lorraines (19411944) Les travaux du IIIe Reich entre Alzette et Fensch L’été des partisans Les camps soviétiques en France La Revue Russe n° 27 – 2005 Les combattants soviétiques engagés dans la Résistance française Devtchonki nachy za Verdenom Bielorussy v evropeyskom soprotivlenii K POBEDE tcherez plen i podvig, pamyat o pavchikh Utchastye rossiyskoï emigratsii i sovietskykh voennoplennykh vo frantsuzskom dvijenii soprotiuvleniya v gody vtoroï mirovoï voïny (1939-1945 gg.) Stranitsy istorii rodnogo kraya
http://youtu.be/8BBdstoS9QU http://www.jean-maridor.org/francais/thil.htm http://paparazzistjust.blogspot.fr/2009_07_01_arc hive.html http://www.encyclopedie.bseditions.fr/article.php?pArticleId=52&pChapitreId=34607&pSousChapitreId=34610&pArticleLib=Le+Kommando+Thil+%5BStruthof%2C+cam p+de+concentration+nazi-%3EKommandos%5D Pascal Brenneur - Société d’histoire et d’archéologie de la Lorraine Eugène Gaspard – Gérard Klopp Claude Collin - Presse universitaire de Nancy Georges Coudry - Albin Michel Rita Ouritskaya - Association Française des Russisants - Institut des Etudes Slaves “in NEMAN” - R.A. Yerokhine - yejemecyatchniy litteraturno-khudojestvenniy i obtchesvenno-polititcheskiy jurnal - Organ Soyouza Pisateley BSSR V.P. Pavlov - Minsk « Belaruskaya navuka » Oleg Nikolayevitch Ozerov - Izdatyelstvo Patriot R.V. Lebedenko i V.V. Zyouzin - FGBOU VPO « PGLU » You.I. Chevtsova, V.I. Khrisanov - Utchebnoe posobie, Tolmatchevskaya srednaya chkola
MÉMOIRE LE RÉVEIL
Elles sont la fierté de la résistance étrangère à Thil dans le combat pour la liberté Témoignages de gamines Le nouveau documentaire de Roman Yerokhine publiée en 2007 est une reprise romancée des interviews des jeunes filles de « Rodina ». Ces interviews avaient été publiées dans la revue littéraire biélorusse « Niéman » n° 8 - août 1979. En voici quelques extraits choisis :
Chez nous à Dzerjinsk, ils ont brûlé le bâtiment de l’administration. Les Allemands se sont littéralement comportés comme des sauvages — rafles, arrestations, perquisitions... Peut-être, le malheur aurait-il pu passer à côté de notre maison, mais lors de la perquisition chez nous, ils ont trouvé un paquet de cartouches, un récepteur dans la cave et un drapeau rouge... Eh bien, ils nous ont emmenés tous les trois — mon mari, moi, ma mère. Par la suite, ils ont libéré l’aînée. Et avec mon mari nous ne nous sommes pas revus de sitôt — Déjà, c’était en France, après la libération … Larissa SOMTCHINSKAYA
Maria ANDRIEVSKAYA
Nina AGOCHKOVA
Il y a bien une telle ville sur les terres de Chinchtchik : Tcherven. Traduit du biélorusse, ça signifie juin. C’est aussi exactement en juin que la guerre a commencé là. J’étais infirmière dans l’orphelinat. C’est cent soixante-dix enfants que nous devions sauver des fascistes, des maladies, de la famine... Par la suite, il a fallu se sauver soi-même : les Allemands emmenèrent les jeunes en Allemagne. Je me suis donc retrouvé à Minsk. À l’automne quarante-deux, je suis devenue agent de liaison de la brigade « Les Parents ». J’étais en contact avec Olga Klebanovitch. Et elle-même avec tante Katya. C’est après mon arrestation en décembre 43 que je me suis retrouvée face à face avec tante Katya dans le camp de la rue Chirokaya. Avant cela, je ne l’avais jamais rencontrée. Seulement à travers Olga... Pour quelle raison ai-je obtenu la médaille « pour le courage » ? je ne sais pas. On me la donnée à l’occasion du trentième anniversaire de la Victoire...
Avec Anya nous étions enfermés dans les sous-sols du bâtiment du gouvernement d’où le SD (Service de la Sécurité) emmenait leurs Dante en enfer. Au-dessus, l’orchestre rugissait, les Gestapistes s’étaient rassemblés pour le Nouvel An, et nous en bas, on nous cassait la gueule... On y a également aperçu Genka Griniévitch, un complice de Nadia Lissoviets. On a eu pitié du gars, ils l’ont pendu... Nous avions décidé de le racheter, nous n’en avions pas eu le temps. J’avais des marks d’occupation. Les Allemands ont trouvé les coupures cousues dans les manteaux, mais pas ceux dans les bottes... Pourquoi m’ont-ils emmenée ? Anya et moi étions d’Orel, nous avions été parachutées près de Moguilev. De là, selon le scénario, nous devions aller rendre visite à « notre tante » à Minsk. Là-bas, nous sommes tombés sur des salopards de l’école du renseignement de Petchi, ils ont essayé d’obtenir des listes, eh oui... nous étions jeunes ! Le jour du parachutage, je venais d’avoir seize ans. Certes, lorsque notre ville d’Orel fut libérée, de ma propre initiative, je m’étais rajouté une paire d’années à mon âge…
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LE RÉVEIL MÉMOIRE
Rozalia FRIDZON
Nina KORYAKINA
Evdokia PETRAKOVA
Klavdiya TCHERNOVA
La guerre m’a trouvée à Dzerjinsk, où j’administrais le service de la santé publique du district. En évacuant les blessés, je me suis retrouvée sous un bombardement. Un mois plus tard, j’étais réfugiée à Minsk dans l’appartement du médecin-chef de l’hôpital Dzerjinsky Barbara Nilolayevna Filippovitch, dont j’avais sauvé la fille de quatorze ans sous ce même bombardement. Des amis m’ont obtenu un passeport au nom de Ekaterina Dmitrievna Semionova. Au début de 1942, je me suis installée infirmière à l’hôpital des maladies infectieuses, j’ai pris contact avec la clandestinité. J’y ai contracté le typhus, après quoi je fus envoyée dans un détachement de partisans. Là, j’y ai prêté serment, j’ai fait partie d’un groupe spécial. Je suis revenue à Minsk. Pendant plus d’une année, sur ordre du commandement du détachement, je recueillais des informations sur l’emplacement des unités militaires de l’ennemi. J’ai été arrêtée en décembre 1943.
Il m’était impossible de ne rien faire quand les Allemands sont entrés dans Minsk. Mon mari était commandant dans l’Armée Rouge. À des vertes sur le front, il a disparu au combat. Je suis devenue agent de liaison chez les maquisards du détachement « Biélorussie »… On m’a arrêtée dans le bourg « Komintern », là, où maintenant se trouve l’avenue Partisans. J’ai fermement tenu ma langue derrière les dents, oui. Eh bien ils les ont fait tomber, les dents. Avec un de ces bourreaux on a eu l’occasion de se revoir par la suite. C’était Kolka-le Sifflet comme on l’appelait, un larbin fasciste. À Ehysk, en cinquante-huit, ils l’ont arrêté sous le nom de Philippe Gordian… Et ma main là, regardez, elle est invalide. Merci à Kloumov — il me l’a soignée à la Chirokaya. Ce vieillard aidait les maquisards, il leur a équipé deux hôpitaux. Nous avons appris cela vingt ans après la guerre, quant à lui, il fut décoré du titre de héros de l’Union Soviétique à titre posthume. Oui, c’était un vieillard chaleureux …
Voici vraiment trente ans et quelques que je cours, cours, et que je m’évade – je n’y arrive aucunement… En effet, ce n’est pas seulement la nuit, en rêve, que je cours. Parfois dans la réalité, une telle chose m’arrive, comme si là maintenant, c’était l’évasion… À la SD, j’étais dans la prison de la rue Ostrovsky. Et de là, on nous emmenait souvent à l’interrogatoire dans une maison qui faisait face au bâtiment du gouvernement. Au coin des rues Volodarsky et Soviétique, où de nos jours se trouve l’avenue Lénine, toujours très animée. Voilà, c’est ici que j’ai bondi pour échapper aux hommes d’escorte afin de me fondre dans la foule. Et, vous savez, je me serais sauvée, s’il n’y avait pas eu cette bonne-femme avec des yeux tout écarquillés qui exigeait qu’on lui laisse le chemin libre. Les Allemands m’ont saisie sur la Kirov, à côté de l’hôtel « Belarus ». Ils m’ont tant battue… avec leurs crosses, toutes leurs crosses. Eh bien, il a fallu passer à travers tout l’enfer — on m’a emmené de Minsk à Nancy, ensuite à Errouville, dans les mines. Je ne m’imaginais pas que je m’évaderais alors... C’est pourquoi je continue à courir depuis trente ans et quelques …
Les Allemands ont immédiatement occupé la péninsule de Hanko, : elle leur fermait le chemin du golfe de Finlande. C’est pourquoi j’ai vu la guerre à ses tout débuts. À Hanko, je travaillais comme comptable. Nos marins et nos soldats se sont battus longtemps pour cette péninsule, mais les forces étaient inégales. Quand la défense a cédé, je me suis retrouvée à Tikhvine. Mais de toute façon, je ne suis pas allée loin. Les Allemands se ruaient sur Léningrad - et ils ont envahi Tikhvine. De là, ils nous ont envoyés travailler à Pskov. Eh bien, un an plus tard - de nouveau sur la route, cette fois sous escorte : les camps de concentration et les prisons de Moglino, Riga, Rovensbrück, Errouville... Pourquoi ai-je été arrêtée ? J’avais craché sur le portrait de Hitler. Voilà, c’est pour « blasphème » que j’ai atterri au bagne …
22 - LE RÉVEIL - N° 856 - JUILLET-AOÛT 2019
MÉMOIRE LE RÉVEIL
Vera ZAVYALOVA
Galina DEMYANOVA
Nadya DEREKH
Vera EGOROVA
- Pendant de nombreuses années, le courage, la loyauté et l’honnêteté de mes amis et camarades ont vécu dans ma mémoire, mais je voulais oublier les événements. Nous avions du mal… En raconter plus que Nadezhda Lissoviets, presque personne ne le pourrait. Elle était l’organisatrice et l’âme du détachement. Son courage, sa force et sa gentillesse se combinaient étonnamment. On croyait en elle et on l’admirait... Et aussi à Errouville, j’ai eu de la chance. J’ai rencontré Nina Alekseeva, avec qui j’avais étudié dans la même école - à Porkhov, dans la région de Pskov. Lorsque la guerre a commencé, j’étais en neuvième année. Grâce à Nina, j’ai pris connaissance du plan d’évasion du camp pour aller chez les maquisards, chez les Français. Et après la guerre, nous étions restées ensemble - nous avons étudié à l’école technique des mines. Ensuite, j’ai obtenu mon diplôme de l’Institut des mines de Moscou.
— Ce n’est pas tout le monde qui peut croire maintenant en l’authenticité de ce document : « Agent de liaison de la 11-ème brigade de partisans Volkhov… ». Et tout ça, parce que j’avais seulement treize ans quand la guerre est venue à nous. Je n’avais que le statut de pionnier ! Dans cette brigade, mon frère menait la guerre de partisans. Et donc, avec ma mère, nous allions dans la forêt — comme quoi à la recherche de champignons ou bien de branches mortes. En fonction de l’époque de l’année. En hiver — c’était des branches mortes, En été — c’était des baies, des champignons… Est-ce que c’était terrible ? Certes ! Particulièrement quand tu es seule, sans ta mère. Les Allemands ne s’aventuraient pas dans la forêt, mais vers la fin déjà, ils redoublaient d’audace… Ils m’ont arrêtée à Jeltsy peu de temps avant la libération, en janvier quarante-quatre. Encore un petit peu encore et… En France, je me sentais déjà komsomol, bien que là personne ne m’ait acceptée. À vrai dire, le Premier mai à Errouville, j’ai mis le foulard rouge de pionnier — confectionné à partir de la blouse rouge de quelqu’un. Vous savez, nous avions organisé une manifestation là-bas!
On m’a arrêtée à Minsk, sur la Komarovka. J’étais agent de liaison chez les partisans du détachement « Victoire » de la brigade portant le nom du journal « Pravda ». Le village de Motorovo de la région Poukhovitchsky, vous connaissez ? Donc voilà, j’étais agent de liaison… j’en ai bavé… avant la route pour le bagne, dans ces mines de fer, les bourreaux m’ont fait tomber huit dents, m’ont brisé les jambes. Mais cela leur a semblé peu, ainsi, ces méchants m’ont encore gravé une étoile à cinq branches sur le nez. Maintenant, sans doute, elle n’est pas trop visible ? Et si le nez se met à bronzer au soleil, alors l’étoile va s’allumer. Quand la vie arrive vraiment à son terme, tu ne te regardes pas souvent dans le, miroir. Mais c’est qu’à cette époque-là j’étais jeune. Et vous, les moujiks, et de même vos blessures, pourquoi les cachez-vous aux yeux des humains, les cicatrices reçues sur le front. Et moi, comment je peux faire ? Ni sous la chemise, ni sous le fichu tu ne peux la cacher …
Les fascistes m’ont attrapé et ont crié : « Vous aidez les partisans ! ». Et je me suis dit : « Eh vous aussi, payens sans nom, comment ne voudriez-vous pas que j’aide mes frères qui sont allés chez les partisans ? » C’est un imbécile, le fasciste... tu viens voler dans notre maison et tu penses que nous allons te régaler ? Et quand il nous a emmenées à des milliers de kilomètres de chez nous, aussi loin que dans les mines françaises, c’était encore un imbécile - il espérait nous faire extraire du fer du sol, pour fabriquer des tanks et des fusils pour tirer sur mes frères avec ces armes. Bien sûr, vous le savez, dans l’Est de la France, il y avait environ trois dizaines de détachements de partisans soviétiques. C’est vrai – mais nous, à l’étranger, nous sommes restés des êtres humains. C’est pourquoi je dis : fasciste, tu es un imbécile, qu’espérais-tu donc?
LE RÉVEIL - N° 856 - JUILLET-AOÛT 2019 - 23
LE RÉVEIL VOS DROITS
Arrêté ministériel du 24 juin 2019 relatif aux règles de fonctionnement de la commission de recours de l’invalidité et aux modalités d’examen des recours administratifs préalables obligatoires (RAPO) Certes, cet arrêté « disserte » bien sur la ou les missions du rapporteur général ou adjoint précisant que ceux-ci examinent les recours dans un esprit d’indépendance, de neutralité et d’impartialité. Mais, cet arrêté omet de préciser comment et quand les deux représentants des associations pourront aller consulter les dossiers, et surtout vérifier que l’intégralité des dossiers est bien adressée à la commission. Cet arrêté omet également de préciser comment et quand le dossier est mis à la disposition de l’intéressé et où il peut aller le consulter. Ces deux problèmes régulièrement soulevés par la représentante de l’ARAC… mais aucune réponse positive n’a été donnée. Si ces deux problèmes ne sont pas résolus favorablement pour les demandeurs de pension, alors le fonctionnement du RAPO ne sera qu’un leurre et les droits du postulant totalement violés. L’article 3 de ce même arrêté concernant le choix de l’expert en cas de nouvelle expertise médicale provoque également une contestation. Serait choisi soit un médecin mentionné à l’article R151-9 du code des PMI, donc faisant partie des médecins militaires ou par un médecin mandaté par le ministre chargé des 24 - LE RÉVEIL - N° 856 - JUILLET-AOÛT 2019
anciens combattants et victimes de guerre… Ce premier choix ne peut être accepté car il y a risque de non indépendance soit un médecin inscrit sur les tableaux établis par chaque président de cour administrative d’appel et mentionnés par l’article R 221-9 du code de justice administrative. Seul ce second choix doit être retenu pour garantir toute indépendance. L’article 7 de ce même arrêté ministériel précise le cas où le demandeur peut être présent à l’audience, ainsi que le cas où il souhaite être assisté par une personne qui l’accompagne et qui pourra éventuellement prendre la parole. Mais rien ne précise les « qualités » de cet accompagnateur : représentant d’une association d’ACVG, avocat, médecin, etc… Il est évident également que si cet accompagnateur n’a pas pu prendre connaissance de l’intégralité du dossier de l’intéressé dans des délais acceptables les droits de la défense seront bafoués. L’article 8 de ce même décret autorise le Président de la Commission à recourir le cas échéant à une audition par visio-conférence. Dans ce cas les frais de transport de l’accompagnateur du demandeur sont pris en charge dans les mêmes
conditions que celui du demandeur à savoir : Soit le demandeur pensionné dispose de la carte d’invalidité prévue au premier alinéa de l’article D251-3 du code des PMI. Soit le demandeur pensionné bénéficie de la majoration tierce personne prévue à l’article L133-1 du code des PMI. L’article 9 de ce même arrêté prévoit que la délibération des membres de la commission a lieu hors la présence du demandeur et le cas échéant de l’accompagnateur ce qui est aussi tout à fait normal. Par contre des réserves importantes doivent être faites quant à la présence du rapporteur général ou du rapporteur concerné lors des délibérations. En effet ce rapporteur a déjà son opinion faite selon les cas en faveurs ou en défaveur du demandeur et il peut influencer les membres de cette commission. Cet arrêté rentrera en vigueur le 1er novembre 2019. Il est évident que cet arrêté ministériel soulève des points importants de contestation et d’incertitude quant à la garantie des droits du demandeur. Problèmes que les représentants d’associations devront surveiller de près. Le combat continue !!! JTA
VOS DROITS LE RÉVEIL
ONAC : y a-t-il un pilote dans l’avion ? Le 27 juin dernier, le Conseil d’Administration de l’ONAC a approuvé à l’unanimité – moins une voix contre – un ensemble de mesures lourdes de conséquences pour l’avenir tant de l’ONAC que de ses services départementaux, alors que – pour 2023 – les prévisions font encore état de 1,8 million de ressortissants.
Une préparation chaotique ➢ Reçu le 12 juin, alors que le Conseil d’Administration est prévu pour le 27 juin, un deuxième envoi annulait les documents initialement reçus et annonçait : ❍ La réduction de 40 à 30 du nombre des administrateurs, ❍ Et de 24 à 14 les représentants Anciens Combattants et Victimes de Guerre (2e collège) soit 10 administrateurs en moins exclusivement pris sur le collège Anciens Combattants !!! ❍ La répartition ne s’effectuerait plus en fonction de la génération du feu, mais selon l’appartenance à l’une de 18 catégories de ressortissants de l’ONAC (dont bon nombre sont “éteintes”). ❍ La présence du Chef d’État-Major des Armées au sein du C.A. de l’ONAC (1er collège). ➢ Le 13 juin, la Commission des Affaires Générales et des Finances fut donc des plus houleuses face à ces mesures. À tel point que le personnel de l’ONAC se retira pour laisser les Administrateurs ACVG débattre entre eux. La fronde était sévère, mais – au nom du sempiternel argument ressorti à chaque affrontement - “Voter contre les propositions de l’ONAC, c’est voter contre l’ONAC, c’est voter sa disparition” - les Administrateurs baissèrent le ton et décidèrent de s’abstenir pour marquer leur courroux. (Dans les faits, c’était donner le “feu vert” aux textes de l’ONAC). ➢ 22 juin à 15 h 40, nouvelle série de textes envoyés par M. Charlet, directeur adjoint de l’ONAC, annulant les précédents et avançait : ❍ Un nouvel ordre du jour “actualisé” du Conseil d’Administration du 27 juin. ❍ La modification du nombre d’Administrateurs de l’ONAC :
• La réduction de 40 à 31 du nombre des Administrateurs • Le Chef d’État-Major des Armées dans le 1er collège • La réduction de 24 à 15 du nombre des représentants ACVG au sein du 2e collège, l’appartenance n’étant plus en fonction de la “génération du feu” mais à l’une des 18 catégories de ressortissants de l’ONAC
le cadre de la préparation du budget pour l’année 2020, il est demandé de contribuer à l’effort général… Ces orientations s’accompagnent d’une diminution d’effectifs en 2020, corollaire indissociable de la baisse de subventions pour charges imposées à l’ONAC par l’État… Je suis consciente – ajoute-t-elle – que nous entrons dans une période difficile pour les personnels”
➢ Les deux Commissions (affaires générales et financières – Mémoire et solidarité) seraient supprimées (seuls lieux pourtant où les Administrateurs pouvaient débattre, voter et influer sur les textes).
Condoléances…, ➢ Message bien reçu pour tous puisque, au bout du compte, les représentants syndicaux (FO, CFDT) et tous les administrateurs (sauf un contre) oubliant leur grande colère du 13 juin, ont voté à l’unanimité l’ensemble des mesures proposées comme un seul “Homme” et sans état d’âme…
➢ La Commission Permanente (véritable direction du Conseil d’Administration de l’ONAC, jusqu’ici composée des deux Anciens Combattants Vice-Présidents de l’ONAC, des Présidents d’Anciens Combattants des deux commissions et de la direction de l’ONAC) serait revue et comprendrait 9 membres (désormais seuls à décider). ➢ Le collège du Bleuet passerait de 16 à 14 membres ➢ Ces modifications seraient applicables au Conseils Départementaux de l’ONAC
Le Conseil du 27 juin 2019 Faute de l’accord du Ministère des Finances quant au montant du déficit prévisible pour 2020, le contrat d’objectif et de performance (la feuille de route) transformait en “Document d’orientation stratégique” devant guider le futur ou la future direction générale de l’ONAC… Toujours pas nommé(e) fin août, le gouvernement étant en vacances. De plus, une mission conjointe a été chargée d’audit pour analyser les missions et actualiser l’organisation des moyens de l’ONAC. Proposition à l’automne 2019 (on peut tout craindre d’une formulation aussi vague). ➢ Côté suppression d’emplois, déjà 42 ont eu lieu depuis le 1er janvier 2019 et le nombre de 89 est évoqué d’ici 2023. Mme Rose-Marie Antoine (Directrice générale de l’ONAC, sur point de retraite, le 15 juillet) dans un message du 2 juillet, justifiait tout cela “dans le cadre de l’effort de maîtrise des dépenses publiques engagées par le gouvernement… d’autant que dans
➢ Pas de recrutement externe, mais tout va bien puisque cet effort “également porté par les Services Départementaux… fera que… à ce stade, aucun service ne se retrouvera en dessous de deux agents”. (maladie, accident, grossesse, etc. prière de s’abstenir).
Une rentrée difficile… Bien qu’une nouvelle directrice générale de l’ONAC ait été nommée par le Conseil des Ministres du 21 août (Véronique Peaucelle-Delelis - énarque de la même promo que Florence Parly, ministre des armées - haut fonctionnaire ayant fait carrière à la défense puis aux armées) il n’en manque pas moins 13 directeurs (trices) des services départementaux (la Meuse, l’(Hérault, les Bouches du Rhône, la Dordogne, le Cher, le Cantal, la Saône et Loire, la Creuse, la Vendée, la Morbihan, la Manche, l’Essonne, les Yvelines, le Val de Marne) et la rentrée s’accompagne d’une absence totale d’éléments concernant le projet de budget 2020. Faudra-t-il attendre le 25 novembre, date avancée pour le prochain Conseil d’Administration de l’ONAC, afin d’en savoir plus ? Au mouvement Anciens Combattants et Victimes de Guerre de refuser fermement cette dérive inacceptable et d’imposer que soit redressée la barre sans plus attendre. André FILLERE Membre du CA ONAC LE RÉVEIL - N° 856 - JUILLET-AOÛT 2019 - 25
Faisons la paix ensemble ! Aux qua quatre coins de la planète les conflits ouverts ou larvés se multiplient. Dans certaines régions, la guerre fait rage entraînant : violations des droits de l’homme et catastrophes humanitaires poussant des peuples entiers à fuir leur pays. p sou La souveraineté des peuples et des nations, leur droit à l’autodétermination sont constamment remis een cause. La course aux armements est relancée. Il n’y a aucune fatalité dans la multiplication des conflits, elle est la résultante d’une conception de la ssociété fondée sur la mise en concurrence, la domination, les inégalités, les servitudes des uns pour assurer aux plus riches le pouvoir. Des nations s’arrogent le droit d’imposer leur loi. p Nous ne pouvons l’accepter. Nous Nou devons faire vivre la résolution du 25 septembre 2015 de l’ONU sur le développement durable. dura Œuvrer Œuv pour la paix, c’est redonner tout son rôle à la Charte des Nations Unies (1945). Ses principes sont vitaux pour la préservation de la paix. prin Monsieur le Président, nous exigeons : Mo ➢ Le respect du droit international et de la Charte des Nations Unies, ➢ La signature et la ratification du Traité du 7 juillet 2017 visant à interdire l’utilisation et la prolifération des armes nucléaires, ➢ Que la France se retire de l’OTAN – structure illégale au regard du droit international et qu’elle agisse pour sa dissolution, ➢ Que la France, conformément à ses valeurs républicaines, joue un rôle indépendant et efficace par le respect de la souveraineté des peuples et la construction de la paix. Paris, mai 2018
Etats Généraux 21 septembre 2019 Acte 2 A ce jour, une multitude d’élus, de femmes et d’hommes engagés dans le combat pour la paix ont déjà répondu à l’initiative de l’acte II des Etats Généraux. Nous les remercions de leurs soutiens.
Extraits : Christian FAVIER, président du conseil départemental 94 : L’état du monde en 2019 doit alarmer celles et ceux qui sont attachés à la paix et à l’amitié entre les peuples. Alors que les conflits, la misère et la crise climatique bousculent notre planète, alors que des drames se déroulent en méditerranée ou dans le Rio Grande, le déni de tant de dirigeants met en péril des vies et la paix. Plus que jamais, il faut se souvenir et transmettre ce qui a conduit aux pires agissements de l’Humanité. Ces morts, ces cris, ces disparus sous le joug des pires obscurantismes ne peuvent pas être oubliés et précipités le monde dans des impasses mortifères. Si certains dirigeants restent sourds ou détournent leur regard sur l’Histoire, c’est alors aux citoyens, aux associations, aux élus locaux de transmettre cette Histoire si présente et des valeurs humanistes. « Plus jamais ça » prend tout son sens dans une société qui a conscience du danger. Le Conseil départemental du Val-de-Marne soutient les actions de l’ARAC en y apportant une forte contribution et tout son soutien. Ensemble, nous avons des combats communs et nous devons poursuivre nos efforts pour maintenir et prolonger les conquêtes concourant à plus de liberté, d’égalité, de démocratie et de fraternité.
2019 : Face à la menace de guerre sur la planète, il est urgent de se rassembler et d’agir ensemble pour la paix, l’amitié, la souveraineté des peuples, la démocratie. 26 - LE RÉVEIL - N° 856 - JUILLET-AOÛT 2019
Alexandre Basquin, maire de Vesnes-les-Aubert (59) :
Olivier Guirou,
Je tenais par la présente à soutenir cette si juste et formidable initiative de l’Acte II des Etats Généraux pour la Paix. Plus que jamais, face aux multiples conflits guerriers qui gangrènent malheureusement notre planète, nous devons nous mobiliser sans relâche pour porter haut notre volonté collective et farouche de vivre dans un monde de paix. C’est ce que notre commune entend faire, chaque année avec la journée internationale pour la paix, en lançant auprès de ses habitants un concours de poésie autour de ce thème universel qui est la paix. Beaucoup reste à faire, mais c’est bien par notre travail collectif, là où nous sommes et en fonction de nos moyens, que nous ferons avancer notre cause commune. « L’affirmation de la paix est le plus grand des combats » comme a pu le dire si justement Jean Jaurès.
maire de La Fare les Oliviers (13) : Je veux vous remercier pour votre magnifique engagement. Il est important d’agir ensemble pour la Paix et de poursuivre nos efforts pour l’avenir des générations futures. Je serai de tout cœur avec vous pour cette importante journée.
Pierre Garzon,
Benoit Martin,
Vice-Président du Conseil Départemental 94 :
secrétaire général de l’UD CGT Paris :
Je salue l’initiation de l’ARAC qui nous rappelle combien la paix est aujourd’hui menacée. Trump, Bolsonaro, Poutine, Salvini, Orban et tant d’autres précipitent le monde vers la catastrophe. En France, alors que la République doit protéger et garantir des droits égaux à toutes et tous, les inégalités se creusent attisant les injustices, la misère et la colère. Dans ce paysage, il est vital de rappeler le bien précieux et fragile qu’est la paix. Et les conditions à réunir pour la préserver. Les Etats généraux concourent à faire résonner le signal d’alarme et à réaffirmer, face aux pires menaces, l’enjeu de l’éducation et de la transmission des valeurs humanistes et fraternelles.
Nathalie Delattre, sénatrice 33 : La question de la paix dans le monde reste une préoccupation majeure des femmes et des hommes soucieux de l’avenir de l’Humanité. Alors que le monde dans lequel nous vivons est fragilisé par des crises qui déstabilisent nos sociétés, l’Association Républicaine des Anciens Combattants (ARAC) organise pour la deuxième année les Etats généraux de la Paix. Une initiative que je salue particulièrement tant elle est nécessaire. Pour reprendre les mots de Nelson Mandela « aucun de nous, en agissant seul, ne peut atteindre le succès ». Alors, engageons-nous ensemble pour la paix pour réaffirmer les valeurs du préambule de la Charte des Nations Unies : « Nous, Peuples des Nations Unies, résolus à préserver les générations futures du fléau de la guerre, qui, par deux fois en l’espace d’une vie humaine a infligé à l’humanité tant de souffrances ».
L’UD CGT Paris est très intéressée de poursuivre la coopération initiée l’année dernière à l’occasion des premiers états généraux pour la paix qui se sont tenus à Paris. Nous sommes donc disposés à participer à une préparation commune en vue des seconds états généraux qui se tiendront le 21 septembre prochain à Créteil. Par ailleurs, l’URIF CGT s’est dite également intéressée par cet événement. Dans l’attente de vous voir.
Brahim Hammouche, député 57 : Sensible à votre combat, ô combien nécessaire en ces temps incertains pour la Paix dans le monde. Je ne manque pas une occasion pour souligner la nécessité du vivre ENSEMBLE. Votre combat pour l’humanité et la paix, est la raison de mon engagement citoyen. J’ai le plaisir de vous informer de ma participation et de ma présence. Je souhaite partager ce moment avec des bénévoles d’associations de ma circonscription qui sauront apprécier et contribuer à ces Etats Généraux. Nelson Mandela disait :« cela semble toujours impossible, jusqu’à ce qu’on le fasse ». La Paix, n’est pas une utopie mais une réalité. Je réitère donc, tout mon enthousiasme et mon soutien plein et entier à votre démarche pour la Paix, en France et dans le Monde et vous souhaite pleine réussite.
Alain Claeys, maire de Poitiers (86) : Je tiens à exprimer une nouvelle fois mon attachement profond aux valeurs que défend l’Association Républicaine des anciens combattants. Votre initiative d’organiser l’acte II des Etats Généraux de la Paix est louable en tous points. Un siècle après la fin de la Première guerre mondiale qui a infligé à l’humanité de lourdes pertes, le constat est malheureusement là : l’Homme apprend peu, tout du moins pas assez du passé, imposer la paix est un combat quotidien qui suppose de s’attaquer aux inégalités, à la misère et aux injustices. Tous ces fléaux sont les ferments des guerres. Mais je veux aussi exprimer et affirmer mon attachement à l’Europe. J’ose croire que ses valeurs de tolérance, de respect et d’amitié entre les peuples permettront d’ajouter un peu plus de mesure et d’humanité dans les grandes décisions qui décident de l’avenir du monde.
LE RÉVEIL - N° 856 - JUILLET-AOÛT 2019 - 27
Marie-Claude Jarrot, maire de Montceau-les-Mines (71) :
Antoine Homé, maire de Wittenheim
Notre entier soutien à l’initiative de l’Association Républicaine des Anciens Combattants. Monceau les Mines est une ville de combat, une ville médaillée de la Résistance, une ville qui sait l’honneur de ses soldats, de ses mineurs, de ses femmes et de ses hommes à défendre des valeurs de paix et de mémoire. La mémoire de celles et ceux qui ont payé si cher, souvent de leur vie, la liberté. Notre liberté. Un message qui nous oblige à rappeler l’importance dans les mots que nous prononçons à l’endroit des plus jeunes, à entretenir le flambeau de ce désir collectif de vivre dans un pays libre. Un message à la mémoire de ceux qui ont eu le courage de prendre en mains notre destin au lendemain de ces épisodes si douloureux au cœur d’un XXe siècle qui fut celui d’un prodigieux progrès, comme jamais l’humanité n’en avait connus, mais également celui d’un conflit si terrible qu’il allait marquer à jamais une césure dans l’histoire de l’Europe et du monde. Un message pour rappeler que cette paix est fragile et que cette liberté ne pourra tenir qu’à la force de notre ambition et de notre sagesse.
(68) et conseiller régional : je me réjouis d’apprendre la tenue d’une seconde édition des Etats généraux de la Paix, en septembre prochain. Il convient de se rappeler que la paix n’est qu’un fragile équilibre, qui dépend du soutien actif de tous les acteurs de bonne volonté, publics ou privés. Cette remise en cause des fondamentaux de la démocratie et du bienvivre ensemble, est le ferment des conflits. Toute initiative en faveur de la paix étant la bienvenue, je vous réitère volontiers mon total soutien pour les deuxièmes Etats Généraux de la Paix dont je souhaite qu’ils puissent non seulement éveiller les consciences, mais également déboucher sur des actions concrètes. Tous mes vœux de réussite.
Jean-Luc Lagleize, député 31 :
Suzanne Glaner,
Nathalie Schmitt, conseillère
Sensible à vos actions et à votre engagement pour la paix, je tenais à vous informer que l’Assemblée nationale a adopté, le vendredi 7 juin 2019, une proposition de résolution exprimant la gratitude et la reconnaissance de l’Assemblée nationale pour les actes d’héroïsme et les actions militaires des membres des forces armées alliées ayant pris part au débarquement en Normandie, en France, le 6 juin 1944. Il importait que l’Assemblée nationale réaffirme sa reconnaissance et sa gratitude envers les membres des forces armées alliées venus combattre sur le sol français, et parfois y mourir, afin de libérer notre pays du joug de la barbarie nazie.
union pacifiste :
départementale Savoie (73) :
Merci pour l’envoi des documents relatifs à la préparation de marche pour la paix du 21 septembre. J’ai bien noté la date et compte être à vous côtés dans la Marche. « L’esprit militaire est une insulté à l’esprit », prôner la culture de la guerre, c’est faire la guerre à la culture.
Sensible à la cause que vous défendez ainsi qu’à toute action mise en œuvre au service de la Paix. Toute occasion qui est donnée de rappeler notre attachement à une paix durable et à l’évitement des guerres doit être saisie. C’est pourquoi je ne peux que saluer vos démarches et vous assurer de mon engagement au quotidien au service de ce qui fait un socle commun de valeurs partagées au service de la Paix.
Yefri Benzerga, conseiller municipal de La Rochelle
David Lisnard,
(17) :
maire de Cannes (06) :
Les actions prévues par l’ARAC pour la journée internationale de la Paix, le 21 septembre prochain, nous vous en félicitons par avance. La ville de La Rochelle a souhaité renouveler son adhésion à l’AFCDRP (Association Française des Communes, Départements et Régions pour la Paix).
Je vous remercie vivement. J’aurais eu beaucoup de plaisir à me joindre à vus, hélas, je serai retenu au même moment. Je le regrette sincèrement et vous prie de bien vouloir m’excuser.
Sabine Bernasconi, maire des 1&7 arrondissements de Marseille (13) : L’initiative est honorable et les conflits que nous vivons à travers le monde démontre plus que jamais que nous devons être vigilants pour préserver ce bien inestimable qu’est la Paix. Je souhaite que cette journée pour la Paix se déroule sous les meilleurs auspices.
28 - LE RÉVEIL - N° 856 - JUILLET-AOÛT 2019
Jean-Louis Fousseret, maire de Besançon (25) : Je vous remercie sincèrement de votre invitation.
Michel Dantin,
Gabriella Melchior, députée 29 :
maire de Chambéry (73) :
Je vous prie de bien vouloir m’excuser pour cette absence. L’histoire ne doit pas être un éternel recommencement. L’avenir ne pourra être serein que si les peuples s’entendent, si les frontières s’ouvrent, si nous sommes toutes et tous plus solidaires. Le souvenir est le meilleur passeport pour la paix et l’amitié entre les peuples nous le prouve chaque jour.
Il ne me sera pas possible d’y participer ou d’y être représenté. En vous remerciant pour votre action en faveur de la paix dans le monde, et en souhaitant un plein succès à cet événement.
Francis Hillmeyer, maire de Pfastatt (68) :
Ville de Courpière (63) :
Poursuivre les efforts en faveur de la paix est une mission essentielle. Malheureusement, sur notre planète, de nombreuses populations sont encore en guerre. Si nous n’y prenons garde, la guerre peut se développer sous différentes formes et nous n’échapperons pas à ses ravages, le cas échéant. Aussi, je soutiens une action destinée à promouvoir la paix dans le monde, ambition légitime pour chaque personne respectueuse de l’autre. C’est un combat qui doit réunir toutes les sensibilités politiques, sans en faire un enjeu politicien.
Délibération du Conseil Municipal en date du 8 juillet 2019 à l’initiative du maire, Christiane Samson. « Dans le contexte européen et mondial inquiétant de l’été 2019, le Conseil Municipal de Courpière pense que la préservation de la paix reste une préoccupation majeure par les temps qui courent. Il convient de veiller à sa préservation et de redonner toute sa place à l’Organisations des Nations Unies pour y parvenir. Le Conseil Municipal salue l’acte II des Etats Généraux de la Paix qui se tiendra à Créteil le 21 septembre 2019 ». Vote : Pour à l’unanimité.
Commune de Bruille-Lez-Marchiennes (59) : Délibération du Conseil Municipal de la séance du 30 juillet 2019. « Il n’y a aucune facilité dans la multiplication des conflits, elle est la résultante d’une conception de la société fondée sur la mise en concurrence, la domination, les inégalités, les servitudes des uns pour assurer aux plus riches le pouvoir. Des nations s’arrogent le droit d’imposer leur loi. Nous ne pouvons plus l’accepter. Œuvrer pour la paix, c’est redonner tout son rôle à la Charte des Nations Unies (1945). Ses principes sont vitaux pour la préservation de la paix. Monsieur le Président, nous exigeons : – le respect du droit international et de la Charte des Nations Unies – la signature et la ratification du Traité du 7 juillet 2017 visant à interdire l’utilisation et la prolifération des armes nucléaires. – Que la France se retire de l’OTAN – structure illégale au regard du droit international – Que la France, conformément à ses valeurs républicaines, joue un rôle indépendant et efficace par le respect de la souveraineté des peuples et la contribution de la paix Les élus de la commune de Bruille-lez-Marchiennes, par cette motion soutiennent cette initiative. Votée à l’unanimité des présents et représentés.
Des élus soutiennent l’acte 2 des Etats Généraux pour la Paix, y participent, s’excusent, manifestent leurs intérêts, prennent des initiatives… Jean DEGUERRY, président conseil départemental (01) ; Patricia GRANET-BRUNELLO, maire de Digne-les-Bains (04) ; Roger DIDIER, maire de Gap (05) ; Pascale BOYER, députée Hautes-Alpes (05) ; Gisèle JOURDA, sénatrice de l’Aude (11) ; Danièle HÉRIN, députée de l’Aude (11) ; Jean-Claude GAUDIN, maire de Marseille (13) ; André MALTRAIT, adjoint au maire de Marseille (13002) ; Lucien LIMOUSIN, maire de Tarascon (13) ; Jérôme LAMBERT, député Charente (16) ; Michel CASTELLANI, député Haute-Corse (2B) ; Thierry FALCONNET, maire de Chenove (21) ; François SAUVADET, président conseil départemental (21) ; Alice THOUROT, députée Drôme (26) ; Laurent LANFRAY, Vice-Président conseil départemental (26) ; Gilbert BOUCHET, sénateur (26) ; Claude AURIAS, maire de Loriol sur Drôme (26) ; François OUZILLEAU, maire de Vernon (27) ; Jean-Paul FOURNIER, maire de Nîmes (30) ; Philippe PLANTADE, maire de Bruguières (31) ; Line MALRIC, conseillère départementale de Blagnac (31) ; Marie PIQUÉ, Vice-Présidente région Occitanie ; Emilie MUNOZ-DENNIG, maire de Fleurance (32) ; Nathalie APPÉRÉ, maire de Rennes (35) ; Cendra MOTIN, députée de l’Isère (38) ; Charles DAYOT, maire de Mont-de-Marsan (40) ; Gaël PENDRIAU, maire de St-Etienne (42) ; Michel CHAPUIS, maire du Puy-en-Velay (43) ; Aude
AMADOU, députée (44) ; Jean-Guy ALIX, maire de Ste-Luce-sur-Loire (44) ; Sarah EL HAIRY, députée (44) ; Audrey DUFEU SCHUBERT, députée (44) ; Karine ENGEL, maire d’Angers (49) ; Christophe DILÉ, maire de Chemillé-en-Anjou (49) ; Lise MAGNIER, députée (51) ; Françoise FÉRAT, sénateur (51) ; Elisabeth ROBERT-DEHAULT, maire de St-Dizier (52), Lucien MENAHES, maire de la Trinité Surzur (56) ; Antoine MERCIER, maire d’Arradon (56) ; Patrick WEITEN, Président Conseil Départemental (57) ; Jean-Luc BOHL, maire de Montigny-lès-Metz (57) et Vice-Président région Grand Est ; Christophe AREND, député Moselle (57) ; Xavier BERTRAND, Président Région Hauts de France ; Manoëlle MARTIN, conseillère régionale Hauts de France ; Gilles SELLIER, maire de Nanteuil le Haudouin (60) ; Philippe VAN-HOORNE, maire de L’Aigle (61) ; Natacha BOUCHART, maire de Calais (62) ; Michel CROMBET, adjoint au maire de Wimereux (62) ; Cathy APOURCEAU-POLY, sénatrice (62) ; Olivier BIANCHI, maire de Clermont-Ferrand (63) ; Frédéric BIERRY, président conseil départemental (67) ; Marcello ROTOLO, mairie de Soultz (68) ; Eric STRAUMANN, député (68) ; Nathalie PERRIN-GILBERT, maire de Lyon 1er (69) ; Nathalie FRIER, maire de St-FONS (69) ; Christophe QUINIOU, maire de Meyzieu (69) ; Gérard
REVELLINI, adjoint au maire de Meyzieu (69) ; André ACCARY, Président du Conseil Départemental (71) ; Rémy REBEYROTTE, député (71) ; Pascale FONTENEL-PERSONNE, députée (72) ; Martine BERTHET, sénatrice (73) ; Françoise GREBERT, députée (74) ; Antoine VIELLARD, maire de St-Julien-en-Genevois (74) ; François VAUGLIN, maire de Paris (11e) ; Jean-Paul LECOQ, député (76) ; Pascal MARTIN, président du Conseil départemental (76) ; Alain CANAC, adjoint au maire d’Yvetot (76) ; Jean-Baptiste GASTINNE, maire du Havre (76) ; Sébastien JUMEL, député (76) ; Bernard RODIER, maire de St-Pierre-lès-Nemours (77) ; Véronique COTE-MILLARD, maire des Clayes-sous-Bois (78) et conseillère régionale ; Bruno MILLIENNE, député (78) ; Raphaël COGNET, maire de Mantes-la-Jolie (78) ; Gilbert FAVREAU, président conseil départemental (79) ; Alain ESPIE, maire de Carmaux (81) ; Sylvain JORDANOFF, conseiller départemental Avignon (84) ; Yves AUVINET, Président conseil départemental (85) ; Maxence de RUGY, maire de Talmont St-hilaire (85) ; Thierry KOVACS, maire de Vienne (86) ; André SANTINI, maire d’Issy-les-Moulineaux (92) ; Marie-Georges BUFFET, députée (93) ; Albane GAILLOT, députée (94) ; Mairie Fontenay-sous-Bois (94). Patricia TORJMAN, maire de Gentilly (94). LE RÉVEIL - N° 856 - JUILLET-AOÛT 2019 - 29
LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC
Pyrénées-Orientales (66)
Samedi 6 juillet la commémoration au monument du Maquis Henri Barbusse a revêtu un caractère particulier, tout d’abord en regrettant l’absence du Président de l’association Etienne Mas excusé pour raison de santé, gerbes et bouquets furent déposés au pied du Monument. Valérie Maurin, Vice-Présidente fit un long exposé sur l’action du Maquis qui peut être considéré comme un résumé tellement les actions de feu du Maquis ont été nombreuses les années 19431944.
Daniel Baillette Président Départemental de l’ARAC tout en honorant la Résistance a attiré l’attention sur les politiques menées aujourd’hui par les affamés du capital qui développent l’armement, les foyers de guerre, les pollutions alors que des peuples meurent de faim, Faire ressortir ce passé des résistants qui se sont battu pour un autre avenir est un appel à défendre nos convictions de Paix et de Fraternité. Augustin Ferrer Secrétaire de l’Amicale des Guérilleros Espagnols a rappelé l’organisation des Républicains après la “Rétirada” combattant par des actions de feu conjointement avec « les frères de combat » le Maquis Henri Barbusse contre l’occupant nazi. Ces interventions devant l’attention de cinquante amis et militants pour ensuite se retrouver autour d’un repas fraternel. Participation apprécié du Président de l’ARAC de l’Aude Serge Pages son épouse et le porte-drapeau.
Hôtel Matignon
Nice (06)
Edouard Phillippe s'adresse aux associations à l'Hôtel Matignon
Le 12 juillet 2019 à l’Hôtel Matignon, le 1er Ministre a reçu les associations d’anciens combattants. Étaient présents pour l’ARAC : Patrick Staat secrétaire général, Liliane Rehby et Brigitte Contant, secrétaires nationales. 30 - LE RÉVEIL - N° 856 - JUILLET-AOÛT 2019
Le maire de Nice a remis à Chantal Pipart le 28 juin 2019, la médaille de la ville de Nice du centenaire de l’Armistice du 11 novembre 1918. Sur la photo, la présidente de l’ARAC 06 accompagnée du maire de Nice et du Préfet des Alpes-Maritimes.
Jean DREHER Notre ami Jean DREHER, né en 1925. Il aurait eu 94 ans cette année, notre doyen de l’arac du Var est décédé. Il avait adhéré en 1945 à notre association, soit à l’âge de 21 ans. Alsacien, à 18 ans en 1942, il est enrôlé dans l’armée allemande malgré lui. Dès janvier 1944, de l’Allemagne où il était affecté il est envoyé en Italie, au mont Cassino. Anti-nazi, il s’évade vers les Militaires Américains qui l’enverront après explications à Marseille. De là il rejoindra l’Armée Française de LECLERC, en Alsace, sa région natale il sera gravement blessé et perdra un œil, il adhéra donc naturellement à l’ARAC pour militer pour la PAIX et les droits des Anciens Combattants, il méritait bien notre respect, nous présentons nos sincères condoléances à sa fille Gérard Vallée
Dordogne (24)
L’ARAC présente avec un stand à la fête populaire du parc de la gare du 15 août à Lamothe-Montravel, avec le Réveil, notre expo sur les 100 ans de l’ARAC, la pétition pour la paix, etc… À cette occasion, 2 adhésions ont été réalisées. De nombreux participants ont ainsi pu découvrir l’activité et les combats de l’ARAC.
MAGAZINE LE RÉVEIL
Sous le soleil, les armes Philippe Laïk, qui fut l’une des figures de la télévision française, pour laquelle il réalisa de nombreux films (en particulier à la grande époque de l’ORTF) vient de publier son premier roman, aux éditions Le Temps des Cerises : Sous le soleil les armes. À travers cette fiction, il transpose ce qui lui est arrivé pendant la guerre d’Algérie. Appelé sous les drapeaux, il y resta 26 mois et 7 jours. Un livre de plus sur la Guerre d’Algérie, dira-t-on ? En fait, ces livres ne sont pas si nombreux et la plupart d’entre eux sont utiles en ce qu’ils relatent une expérience vécue, restée longtemps tue. Il a souvent fallu du temps aux anciens appelés pour parler de ce qu’ils avaient vu et fait en Algérie. Ce silence a d’ailleurs un peu laissé les générations suivantes dans l’ignorance de cette Histoire. La Guerre d’Algérie, a trop longtemps été occultée… Aujourd’hui, les choses ont commencé à changer. La reconnaissance du crime d’État, commis sur la personne du jeune mathématicien communiste Maurice Audin, en est le signe le plus récent et le plus marquant. Il faut dire que, pour l’essentiel, le personnel politique directement impliqué dans cette guerre, et qui ne tenait probablement pas à ce que l’on revienne dessus, est sorti de scène. Les livres que d’anciens appelés ont pu publier, comme les travaux des historiens, ont certainement contribué à en finir avec ce tabou, mais beaucoup de méconnaissance demeure. De ce point de vue, le livre de Philippe Laïk vient à son heure, à un moment où, notamment parmi des jeunes, peut se manifester un intérêt nouveau pour cette période dont les effets continuent de se faire sentir dans la société française. Et aussi dans la société algérienne, en plein bouleversement. Les jeunes, qu’ils soient ou non issus de l’immigration, pourront en effet trouver grand intérêt au récit de Philippe Laïk. La qualité particulière de son livre tient à ce qu’il n’est pas simple témoignage mais vrai roman, un roman
de qualité. Un livre qui se lit avec un intérêt jamais démenti, car le « jeune romancier » Philippe Laïk a gardé du cinéaste chevronné qu’il est aussi l’art de camper des personnages, de monter une scène, de mettre des situations en image et de nous entraîner dans son récit. Le temps ayant passé et le détour de l’écriture fictionnelle aidant, le roman se révèle un outil extrêmement précieux pour restituer la vérité de la vie. C’est par lui que nous pouvons comprendre les pensées et ressentir les émotions de ce jeune homme brutalement plongé dans un univers qui lui paraît angoissant et absurde. Le livre expose, avec sensibilité et humour, l’horreur de la guerre, mais aussi sa « connerie », comme aurait dit Prévert ; l’absurdité de la vie militaire en temps de guerre, son caractère tragique et parfois cocasse. L’histoire personnelle que relate le roman est singulière. À l’instar de l’auteur du livre, le personnage central du roman est un jeune homme de vingt ans. Il aime, fréquente des filles et des copains, écoute du jazz et les chansons de l’époque (dont les refrains rythment le livre). C’est aussi et surtout un passionné de cinéma, qui passe son temps à hanter les salles obscures du Quartier latin, ne jure que par Orson Welles et rêve de devenir cinéaste. Mais quand il passe devant le sergent recruteur et qu’il explique qu’il est cinéphile, celui-ci décide de l’affecter à un régiment cynophile, pour « maîtreschiens ». Est-ce simple bêtise de sousoff ? Ou mesure de rétorsion envers un jeune qui a participé aux manifestations contre les pouvoirs spéciaux ? On ne le saura pas. Ce qui est sûr, c’est que l’affectation qu’il espérait au Service du cinéma aux armées (et que les relations de son père lui avaient fait miroiter) ne viendra pas… Lui qui n’a jamais approché un chien apprendra donc à en dresser un, nouera une forme d’amitié avec la bête et devra accompagner les paras en expédition contre les combattants du FLN. Jusqu’à la mort de son compagnon. Les nuances d’opinion entre appe-
lés, les conflits même (entre les officiers républicains et les apprentis putschistes) sont montrés avec finesse et justesse. Avec, régulièrement, des incursions dans le point de vue des civils. L’essentiel de l’action se déroulant au sein de la caserne mais avec des coupures par des lettres échangées avec la famille et les copains. Les Algériens eux-mêmes ne sont pas absents du tableau que peint Philippe Laïk. Ils apparaissent, d’abord furtivement, puis au travers de plusieurs figures attachantes : une jeune prostituée (qui exerce au bordel du régiment, dont le héros assure un temps la garde), un ouvrier victime de la répression lors de la manifestation d’octobre 1961 et le poète Jean Sénac, que l’auteur a effectivement connu pendant cette période. Pied-noir d’origine catalane, peut-être gitane, Jean Sénac a été de ces « Européens » qui ont pris le parti de l’indépendance de l’Algérie et qui, après 1962 est retourné vivre et travailler à Alger, avec la nationalité algérienne. Homme de gauche, poète de grand talent et homosexuel, il connaît un sort tragique, qui évoque celui de Pasolini, et est assassiné à l’arme blanche en 1973. Le titre du roman de Philipe Laïk s’inspire de son recueil : Le Soleil sous les armes, ce qui est une forme d’hommage. La couverture reproduit une peinture du grand peintre algérien Mohammed Khadda. Et la présentation du livre est due à Gérard Mordillat qui le résume en disant : « sa vie, ce n’était pas du cinéma, et pourtant, ça l’était déjà ». Francis Combes Philippe Laïk, Sous le soleil les armes, roman, éditions Le Temps des Cerises, 77 bd Chanzy 93100 Montreuil. – 20 € LE RÉVEIL - N° 856 - JUILLET-AOÛT 2019 - 31
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