La piste aux étoiles

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La piste aux ĂŠtoiles De Guillaume Moraine

1 La piste aux ĂŠtoiles, gmoraine@gmail.com


Personnages :

Morandini, Prestidigitateur. M Loyal, propriétaire du cirque. Jules, balayeur de piste, Victor, dompteur. Martine, Mme Loyale. Mimi, jeune clown. Hubert, second clown, frère de Loyal Sybille, assistante de Morandini. Berthold, gardien du cirque. Georges Clampin, spectateur. Monique Clampin, spectatrice. Lieutenant Pickwick, policier. Inspecteur Teur, policier

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1 Ouverture Nous sommes sous le chapiteau d’un cirque récemment installé dans un village. Deux clowns et M Loyal sont sur scène. L’un des clowns, un Auguste, lit le journal, l’autre clown, un Blanc, fait un numéro en musique. M Loyal la fait répéter, encore et encore, on sent qu’il lui dit des choses désagréables, à quel point elle est nulle. Il lui dit reprendre ses mouvements, d’agrandir ses gestes, de regarder le public ! Le second Clown lève les yeux de temps en temps et sourit. Il trouve ça marrant. La clown fait de son mieux, et plus elle fait des efforts, plus Loyal est méchant. Il se lève et lui donne des coups de baguette pour qu’elle réagisse. Loyal : Nom de Dieu ! Mimi ! C’est pas croyable d’être aussi raide ! Mais t’es une handicapée de la scène ou quoi ? Comment veux-tu que les spectateurs se laissent embarquer dans ton histoire, si tu bouges comme sur une chaîne de montage ! Eux ils veulent du rêve, pas que tu leur bricoles un moteur de Citroën ! Hubert Il ricane : hin hin hin… Mimi : Pardon, patron… Loyal : Et arrête de t’excuser ! J’m’en balance de tes excuses ! Ce que je veux c’est du rêve ! De la joie ! Du bonheur ! Il faut que les gosses restent la bouche ouverte, à baver, en r’gardant ton numéro ! Il faut leur plaire, à ces sales mômes, parce que c’est leurs parents qui te payent ! Les parents ils s’en moquent, que ce soit bon ou pas, tant que leur gosse reste tranquille ! Mimi : Pardon, patron… Hubert ricane : Hin hin hin… Loyal : GGnnniiiii !!!! Arrête de t’excuser ! Mimi : Désolée… euh… pardon… Loyal : Sors de là ! Sors de là ou j’vais exploser ! Et va nettoyer la cage du dromadaire, ça te f’ra les pieds ! Hubert ricane : Hin hin hin hin… Loyal à Hubert : Et toi, ça te fait marrer? Hubert : De quoi ?

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Loyal : J’te d’mande si ça t’fait rire ! Parce que là ch’uis à deux doigts de t’faire faire un petit numéro face aux lions ! Hubert : Ben non ! Enfin si, c’est marrant, mais c’est les BD du journal que j’lisais, c’est Garfield qui m’fait rire ! Vous, J’vous écoutais pas ! Je sais qu’elle est nulle, et je sais que tu l’aimes pas, alors vot’numéro à vous, je le connais par cœur ! Loyal : J’vais vraiment finir par manger mon chapeau, p’tit frère ! Ça devient de plus en plus dur, c’métier ! Hubert : Rhoh, frangin ! On en a vu d’autres ! On a commencé tout en bas, et on a monté ! Et on a en a bouffé, d’la vache enragée ! Loyal : On a p’tet monté, mais j’ai l’impression que là, on r’descend ! Bientôt on va s’contenter de raconter des blagues de toto en f’sant pouet pouet sur ton gros pif ! Hubert : Y fait pas pouet pouet, mon pif… Loyal : Ch’uis pas d’humeur, p’tit clown ! Y nous faut une solution, ou on va encore jouer pour trois clampins endormis ce soir ! Hubert : Que veux-tu y faire, frangin ? On met de l’affiche partout, on laisse des tracts dans tous les magasins ! On va pas aller les chercher au fusil de chasse, les spectateurs ! Loyal : Ben non, bourricot. On a pas le droit… Sinon ce s’rait pratique… Hubert : Tu sais ben comment ça marche, Loyal ! C’est l’bouche à oreille qui les fait v’nir, les péqu’no ts! Y font pas confiance à nos affiches : ya rien qui ressemble plus à un cirque qu’un aut’cirque ! Par contre si la boulangère vous dit que l’spectacle il est d’enfer, alors là vous faites l’effort ! Loyal : Le truc, c’est qu’on connaît personne dans le village. Et qu’y a personne qui nous connaît… Hubert : Alors quoi ? Loyal : Ch’ais pas… On va faire de not’mieux pour trois clampins endormis… De la coulisse, on entend crier la femme de Loyal, Martine : « LOYAL ! LOYAL ! T’es où, le vieux ? Où que tu t’caches ? » Loyal a peur tout d’un coup, il se rapproche de son frère.

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2 L’amour. Entre Martine, c’est une mégère, elle parle fort et écrase son mari, Loyal. C’est un peu de sa faute s’il est aussi désagréable avec les autres. Martine : T’es là, le vieux ? Tu d’vrais pas être en train d’bosser, plutôt que d’tailler la bavette avec ton paresseux de frère ? Hubert : Salut, Belle sœur ! Martine : Ouais ouais ! À Loyal Ecoute, bonhomme, j’ai fini les comptes pour l’installation dans ce merveilleux petit village de caractère qu’on connaît mieux sous le nom de… « trou du cul du monde » ! Et c’est pas joli joli ! On perd de l’argent rien qu’à r’garder l’soleil se l’ver, ici ! Loyal tout miel : sois patiente, bibiche ! On a pas commencé les représentations, encore ! Avec la caisse, on va rentrer dans nos frais, tu vas voir ! Martine : Ah ouais ? Tu veux l’détail de la comptabilité ? Si tu veux manger de la viande demain, eh ben ce soir va falloir faire carton plein ! Et tous les aut’soirs aussi ! Rien qu’à nourrir tes fainéants d’artistes et tes animaux, on en a pour le prix d’un chapiteau tout neuf ! Loyal : Oui bibiche… Martine : Alors moi j’te préviens, j’t’ai pas épousé pour faire un régime ! J’me trouve très bien comme je suis ! Hubert ricane « hin hin », Martine s’approche de lui, menaçante, il lève les mains en signe d’apaisement. Elle se tourne de nouveau vers Loyal. Martine : Et tout ça va falloir que je l’mette en valeur, si j’veux continuer à être contente d’être ta femme ! Et tu sais combien ça coute, une robe ? Loyal : Oui, Bibiche… Martine : Tu veux un ménage heureux ? Loyal : oui bibiche, ça j’aimerais bien… Martine : Alors tu te r’trousses les manches, et tu m’fais des cadeaux ! Y m’faut une nouvelle paire de chaussures aussi ! Loyal : Tu l’auras, Bibiche… Martine : Bien ! Elle s’adresse à Hubert Et toi, le clown pas drôle ! 5 La piste aux étoiles, gmoraine@gmail.com


Hubert : Oui, ma chère belle-sœur ? Martine : File lui un coup de main, si tu veux pas finir ta carrière chez mac do’ ! Elle sort, furieuse. Hubert soupire. Loyal se redresse, il replace son gilet, pour se donner une contenance. Hubert : T’es une carpette, frangin. Loyal : Trouves-moi une solution pour faire venir du monde, et t’occupes pas d’mon couple. Il sort. Hubert le regarde partir, puis il reprend la lecture de son journal.

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3 L’innocent. Jules entre, le jeune balayeur du cirque. Son boulot c’est balayer, ranger les accessoires, préparer le chapiteau pour les représentations, vendre les glaces et distribuer les programmes. C’est un peu l’homme à tout faire du cirque. Jules : Bonjour, M’sieur Hubert ! Hubert : Ouais ouais… Jules : C’est un joli p’tit coin ici, non ? C’est agréable des fois, de s’arrêter dans des endroits jolis comme ça, ça change des quartiers dans les villes ! Moi j’préfère les arbres que les stations d’épuration… Hubert : T’es heureux toi, ici, hein ? Tu t’fais pas trop d’bile, hein ? Jules : Ben non, ça va… Hubert : Un p’tit coup d’balai, et hop t’as fini ta journée ! C’est pas pour toi de t’faire des cheveux blancs avant d’monter en piste ! Jules : Rhoh, M’sieur Hubert ! C’est un beau métier, l’cirque ! Y a d’la magie à faire rêver les enfants ! Et pi c’est chouette de bosser déguisé, non ? Hubert : Tu t’fous de moi, l’Jules ? Tu crois qu’on rigole ? J’me prends des baffes tous les soirs pour faire marrer trois d’mi-portions ! Et ch’uis payé au lance-pierres ! Et puis pour draguer en ville : chausser du 53 et une perruque verte, c’est pas ce qu’y a d’plus glamour ! En plus avec les partenaires que j’me coltine, ch’uis pas prêt de faire décoller le numéro ! Jules : Mimi ? Elle est bien j’trouve… Hubert : Elle est nulle. Elle s’emmêle les pattes, elle peut pas aligner deux sourires, dès qu’elle doit me coller une tarte à la crème en pleine poire, elle a peur de m’faire mal ! Ça fait pas top comme effet ! Jules : Elle est gentille, c’est pas un drame ! Hubert mime la tarte à la crème posée sur le visage, délicatement, quand il faudrait qu’elle soit lancée violemment. Hubert : « Oh attention, M’sieur Hubert, j’vais vous lancer une tarte à la crème, et hop, voilà ! ça vous a pas fait trop mal ? Oh attention ça va salir votre joli costume ! » Ça te fait rire, toi, ça ? Moi pas ! Comment j’fais pour avoir l’air bête, après ! Ça m’fait perdre tout mes moyens !

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Jules : Mimi, c’est pas un clown pour des grosses blagues ! Elle fait dans l’rêve, dans l’onirique, dans l’éthéré ! Elle vous embarque dans son monde ! Et son monde il est beau ! Ça c’est sûr, dans son monde les clowns y s’prennent pas de coups de pieds aux fesses, mais ils sont magiques ! Hubert : Eh ben, l’Jules ! T’en pincerais pas pour la Mimi, des fois ! Jules : Mais non ! Pas du tout ! Hubert : c’est ça, à d’autres ! écoeuré Super ! C’est la meilleure ! Y a l’balayeur qui veut jouer au docteur avec le clown ! Jules : Mais ça va pas, M’sieur Hubert, faut pas dire des choses comme ça ! Hubert : Bah tiens ! Ah ça m’dégoute, tiens ! J’préfère encore… il s’arrête soudain, il a une illumination Mais oui, c’est ça ! La boulangère ! C’est ça la solution ! LOYAL ! LOYAL ! Il sort en courant, en laissant jules tout seul. Jules : C’est vraiment des brutes, ces gens ! Ben justement, c’est pour ça qu’elle m’fait rêver, la Mimi… Elle est restée toute innocente, et ça m’fait fondre. Je l’aime, la Mimi. Oh ça oui, juste parce qu’elle peut pas balancer une tarte à la crème sans faire attention à pas en mettre partout… parce qu’elle préfère s’extasier sur une fleur que lui mettre son pied au… enfin, d’toute façon elle est trop dans son monde, j’ai pas une chance… il s’assoit et s’assoupit… La musique du numéro de Mimi se lance, elle entre et vient lui poser une fleur sur les genoux, une tétine dans la bouche, et un bonnet de nuit sur la tête, puis elle ressort en faisant « chuuuut » au public.

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4 Les Clampins . Jules dort toujours. Berthold, le gardien du cirque, entre, accompagné des spectateurs, Georges et Monique Clampin. Ils sont intimidés, gênés d’être là, dans le saint des saints, sous le chapiteau avant le spectacle. Berthold regarde autour de lui, il cherche, il va voir à l’autre coulisse, revient. C’est une brute, il mâche un chewing-gum. Monique Clampin a son téléphone à la main, elle compose un numéro, attend que ça décroche. Georges se masse l’épaule en grimaçant de douleur. Monique : Allo, Brigitte ? Oui c’est moi c’est Monique ! Ecoute il m’arrive un truc incroyable ! Je suis au cirque ! Si si ! Mais non, justement, c’est avant le spectacle ! J’ai gagné un accès, comme y disent, VIP ! On va pouvoir voir tout tout tout dans le cirque ! C’est in-cro-ya-ble ! Bon attends faut que je prévienne Louise ! Elle raccroche, et se met à recomposer. Georges : Tu n’as pas l’intention d’appeler toutes tes amies, quand même ? Monique : Oh écoute Georges, c’est tellement excitant cette aventure ! Georges : C’est jamais que la visite d’un cirque, ça va ! C’est pas non plus la découverte de l’Amérique ! Monique : Tu m’gâches toujours tout ! J’fais un nouveau plat, tu dis qu’c’est que d’la bouffe ! J’gagne au bingo, tu dis qu’c’est que d’l’argent ! J’me casse le bras, tu dis qu’c’est qu’un bobo ! Alors c’coupci, tu vas pas m’dire que c’est qu’une grosse tente ! Quand j’étais p’tite j’adorais l’cirque, et là j’ai l’impression de r’trouver mes dix ans ! Très menaçante Tu m’gâches ça, Georges, et j’te garantis qu’on va t’app’ler madame pendant six mois ! Elle mime le geste de broyer quelque chose, Georges a le réflexe de se protéger, ça décroche au téléphone, elle change complètement de ton Aaaaah Louise ! Tu vas jamais m’croire, ch’uis au cirque ! Siiiii ! On était à la boulangerie avec Georges, et y a un clown qu’est arrivé ! Siiii un vrai et tout ! Alors moi j’ai eu peur, tu penses, j’me d’mandais c’qui nous voulait ! Et il a dit qu’on avait gagné ! Si ! Et qu’on avait le droit d’visiter l’cirque et tout, les caravanes, les cages, la piste, tout ! Alors tu penses ! C’était gratuit, on a dit oui ! Georges s’est éloigné d’elle le temps de sa conversation, il s’est posé à côté de Jules toujours endormi. Berthold revient de la coulisse, il les regarde, il voit Jules. Et il lui donne un coup de pied pour le réveiller. Monique : Attends, Louise ! J’te rappelle, la visite commence ! Jules : Mais quoi ? C’est quoi ? Qu’est-ce qu’y a ? Berthold : Tu t’réveilles, gamin ? Ça va pas de dormir pendant ton travail ? Il montre le bonnet et la tétine et puis c’est quoi c’t’attirail, là ? Jules : Ah bah ça ch’ais pas comment c’est arrivé là… j’dormais alors...

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Berthold : ça j’ai vu ! Tu vas te prendre un sacré savon quand l’patron s’ra au courant ! Alors il est où l’patron ? Jules : Mais j’en sais rien moi ! J’dormais que j’te dis ! Berthold : y a les deux là, ils disent qu’ils veulent visiter l’cirque ! Et qu’ils ont l’droit ! Et on m’dit rien à moi ! Ch’uis l’gardien ici, si on m’dit pas qui rentre et qui rentre pas, alors pour moi ya personne qui rentre ! Et j’peux faire du mal sans faire exprès, c’est ballot ! Georges : Vous en faîtes pas, je sens presque plus rien ! Il se masse l’épaule. Berthold : Ah bah tant mieux ! passque sinon l’patron y va m’sonner les cloches ! Jules : Qu’est-ce tu dis ? C’est ouvert au public ? Mais c’est qu’j’ai pas fini d’balayer, moi… Berthold : Mais non, juste eux, là ! C’est un truc spécial ! Comme un jeu ! Mais l’patron y doit savoir, lui ! Y disent qu’y peuvent tout r’garder, mais j’laisse pas faire, moi ! Y a des bêtes et des trucs ! Si y en a un qui s’fait bouffer, c’est encore moi qui va prendre ! Pas d’accord Berthold ! Loyal entre, accompagné de sa femme. Martine : Bonjour, m’sieur dame ! Alors bienvenue au cirque Madrino ! Vous allez avoir le plaisir de voir les coulisses du spectacle ! L’envers du décor ! Aujourd’hui, le cirque n’aura pas de secret pour vous ! Georges : Eh ben merci beaucoup m’dame ! C’est vrai que c’est une sacrée surprise ! On gagne alors qu’on a même pas joué, c’est d’la surprise ! Berthold : Ah bah ouais, ch’uis pas l’seul à pas être au courant ! Monique : Je suis vraiment très heureuse, madame ! C’est un rêve de gamine qui s’réalise ! C’est tout dire : depuis tout à l’heure, j’appelle toutes mes amies pour leur raconter ! Loyal : Mais continuez, madame, appelez appelez ! Et n’hésitez pas à leur dire de venir voir le spectacle ! Monique : Mais évidemment m’sieur ! Elle commence à composer sur son téléphone. Martine : Et pour conclure la visite, tout à l’heure, vous aurez droit en exclusivité au numéro de notre magicien ! Un prestidigitateur de renommée mondiale ! Berthold : Morandini ? J’le croyais d’Poitiers ! Loyal : La ferme Berthold… Monique raccroche aussitôt. Monique : Un magicien ! Mais c’est in-cro-ya-ble ! Tu entends, Georges ?

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Georges : J’entends, Monique, j’entends… Et votre Morandini, là, il peut faire disparaître toutes sortes de trucs ? Monique recompose. Monique : Faut que j’prévienne Violette ! Georges montrant sa femme : Parce que j’aurais p’tet une idée à lui soumettre… Loyal : Eh bien le voilà justement, nous allons vous l’présenter ! Le magicien, Morandini, entre et s’effondre aussitôt, son assistante qui le suit de près l’aide à se relever, en gardant le sourire. Loyal : Moooorandiniiiii ! Morandini en se relevant : bonjour m’ssieur dame, je suis le ggrrrrrrand Morandini, le plus grrrrand prestgggdittateur du monde entier ! Et voici mon assistante super chouette, c’est Sybille ! Tintintin ! Sybille elle salue comme au spectacle : Bonjour messieurs dame, bonjour, ou plutôt bonsoir ! Hihihi ! Georges et Monique inquiets : bonjour… Morandini : alors bon, tout à l’heure, quand on s’ra prêt avec Sylibe, avec… Avec Sybille ! Alors vous verrez un super numéro ! Un truc de fou ! Ouais ! Loyal : Vous allez voir, c’est incroyable ! Georges cynique : Il va faire disparaître toutes les bouteilles du village ? Loyal : mais non, allons, là il est… il répète ! Voilà ! Berthold moqueur : Ouais, et il est gros bosseur, il répète tout l’temps, not’magicien ! Hein moran’ ? Morandini : Aha ! C’est sûr ! Tout le secret d’un bon tour est dans la concentration ! Et dans l’adresse ! Il manque s’effondrer encore whoooow… Qui c’est qui fait tourner la piste là ? Sybille : Personne mon bichounet ! C’est juste que t’as un peu trop fêté ça, c’est tout ! Morandini : J’ai fêté quoi, moi ? Sybille : Ah ça je sais pas, mais t’as toujours un truc à fêter ! Tout le temps de bonne humeur, mon bichounet ! Morandini : C’est la saint quoi, aujourd’hui ? Georges : C’est la saint Bernard ! Morandini : Alors vivent les Bernard ! Viens ma Sybille ! On va fêter les Bernard, c’est des chouettes gars les Bernard ! Y méritent bien qu’on trinque à leur santé ! Tu tiendras la bouteille, poupée ! Avec moi elles tombent tout le temps… 11 La piste aux étoiles, gmoraine@gmail.com


Sybille : Mais bien sûr mon bichounet ! Jules il n’en peut plus : Assez ! C’est une honte de s’tenir comme ça ! C’est un cirque, bon sang ! Pas un cabaret ! C’est quoi l’image du cirque que vous donnez ! Des ivrognes et des brutes ! Et d’vant des spectateurs en plus ! Vous avez pensé aux enfants, un peu ? Y a qu’Mimi qui vaut l’coup ici ! Vous aut’ vous êtes des brutes ! Voilà ! Des brutes ! Loyal : Berthold, tu veux bien emmener not’cher Jules balayer un peu plus loin ? Berthold : Tout d’suite patron ! Berthold empoigne Jules et l’emmène en coulisse. Jules : Lâches-moi, ‘spèce de grosse brute ! Martine : alors m’sieurs dames, j’espère que ça vous a pas trop inquiété ! C’est l’fils de ma sœur… on lui donne un emploi, voyez, passqu’il a pas toute sa raison, alors… il est un peu débile, quoi… Mais faut pas faire attention ! C’est vrai qu’on est un peu… entiers, mais on a un bon fond ! Hein Morandini ? Morandini mimant le geste de vider un verre et de regarder dedans : Cul sec, ya toujours un bon fond ! J’vous dis à tout à l’heure, m’sieur ! Il serre la main de Georges à tout à l’heure m’dame il se penche sur Monique, son haleine lui donne la nausée. Ce fut un plaisir. Tu m’emmènes, Sybille ? Sybille : Bien sûr, mon bichounet, donnes-moi l’bras, on va s’préparer pour le numéro ! Morandini : Faut qu’on fête les Bernard, aussi ! Sybille : On va fêter, mon loulou, on va fêter ! Ils sortent. Berthold revient en se frottant les mains. Loyal à Berthold : Alors, et Jules ? Berthold : y brosse le gorille. Loyal : très bien ! M’sieur dame, Berthold va vous faire continuer la visite des lieux ! Berthold pas au courant : Ah ouais ? Loyal : Eh ouais ! Et nous nous verrons tout à l’heure, pour le numéro de Morandini ! À tout à l’heure ! Georges et Monique : à tout à l’heure ! Monique compose sur son portable, Berthold les précède. Berthold : On y va ! Et gaffe aux fauves !

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5 Dresser l’animal Mimi entre sur la musique, elle commence un numéro à elle, découvre une fleur… le dompteur entre, un ancien criminel, Victor. Il la regarde. Puis il fini par se mettre devant elle. Victor : Dis-moi, ma beauté ! C’est pas mal du tout, ton numéro ! C’est super romantique et tout ! Mimi : Merci… Victor : J’vais t’dire, de là où j’viens, le romantisme : c’était surtout payer une bière et offrir un cassoulet ! Mimi : C’est dommage… Victor : Et pi quand t’as passé quelques années en cabane, comme moi, ben tu fais vite ton deuil du romantisme… les taulards, y sont pas super romantiques… ils ont plutôt tendance à se la jouer vrais mecs, et tout… c’est à celui qui crachera le plus loin, ou à celui qui tapera le plus fort, si tu vois c’que j’veux dire ! Mimi : Là, je vois pas trop, en fait… Victor : Ben en fait, comme qui dirait j’manque d’affection, tu vois… et ton numéro, ça m’rappelle quand j’étais p’tit, et qu’ma maman elle me baladait en campagne… Mimi : Alors ça plaira aux enfants ? Victor : ben p’tet, ch’ais pas. Mais moi ça m’a plu… Mimi : Alors ça plaira aux enfants… Victor : T’es rigolote. Mais ça fait un moment que j’veux t’parler… tu vois, j’t’aime bien et… enfin, ben c’est la première fois que j’pense à ma mère depuis super longtemps, c’est un signe, quand même ! Mimi : Je te rappelle ta mère ? Victor : Moi ch’uis dompteur, tu vois, ch’uis en danger tous les soirs, je joue avec des bestioles qui rêveraient de s’faire un barbecue avec mes restes ! Mimi : Je te rappelle vraiment ta mère ? Victor : T’écoutes quand j’te parle ? Mimi : Je me dis que c’est peut-être pas une chose à dire à une fille, ça… Victor : Bah laisse tomber ma mère ! Alors ! Mettons que tu m’rappelles, ch’ais pas… Tiens ! Le chien qu’j’avais quand j’étais p’tit ! Mimi : C’est à peine mieux… 13 La piste aux étoiles, gmoraine@gmail.com


Victor : Mais tu m’embrouilles, alors ! J’te dis que j’peux m’faire boulotter tous les soirs, et tu restes sur ma mère ! Mimi : Ben, tu veux me séduire, là… Alors je te file un coup de main… Mais c’est vrai que tu peux finir dans l’estomac des fauves… En plus t’es pas très bon, comme dompteur, c’est super dangereux pour toi… Victor : Quand tu m’parles, Mimi, ch’ais jamais si c’est du lard ou du cochon… Mimi : Je ne mange pas de porc… Victor : Enfin, tu m’plais vachement, quand même… Mimi : Et je sors pas non plus avec… Victor interdit : Attends… euh… tu m’traites de cochon, là ? Mimi : Tu m’as bien comparé avec ton chien… Victor : Oh ! Tu m’parles pas comme ça ! Hein ! J’vais t’dire, en prison on causait pas autant ! Si t’avais un souci, tu v’nais régler ça en face et direct ! J’vais t’apprendre, le clown ! On m’traite pas comme ça ! Victor s’approche méchamment de Mimi, il s’apprête à l’attraper, mais elle lui prend une oreille et la tord. Victor hurle et se retrouve au sol, elle le tient. Mimi : Je ne veux plus jamais que tu me compares avec ta mère, c’est d’accord ? C’est susceptible, une fille ! Victor : D’accord ! D’accord ! Promis ! Je recommencerais plus mais lâches-moi, ça fait mal ! Mimi : Et puis tu t’approches plus de moi. Dis-toi que moi, les tigres, je leur fais peur ! C’est clair ? Victor : C’est très clair ! C’est très clair ! Mimi lâche Victor, il s’écarte en reculant, et en se tenant l’oreille. Elle sort en sautillant, petit clown.

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6 Le capitan Victor est au sol, il a mal, il se masse l’oreille. Entrent les deux Clampin. Georges : Bonsoir, monsieur ! Vous êtes le dompteur ? Monique : on voulait vous rencontrer ! On nous a dit que vous étiez un artiste exceptionnel ! Victor : Ah bah oui ! Alors ! Je suis le plus grand dompteur que la terre aie jamais porté ! Vous avez devant vous une légende ! Georges regarde le programme : Victor le dompteur ? Je n’ais jamais entendu parler de vous, moi, pourtant… Monique : Ne sois pas désagréable, Georges… Victor : non, non ! Il a raison, m’dame ! je suis très discret ! Maladroit car j’ai choisi d’approfondir l’expérience de mon art loin de la renommée ! Mais vrai de vrai : i am the best ! Ch’uis cap de mettre ma tête dans la gueule d’un lion, en chatouillant le tigre d’une main, en tirant sur la queue de la lionne de l’autre min, et j’chante la marseillaise avec tout ça ! Il chante « allons enfants de la patriiiiieeeuuuuu ! » Monique : Merveilleux ! Merveilleux ! ça promet un sacré spectacle ! Georges : Et même quand vous chantez, ils vous bouffent pas ? C’est fort ! Victor : Ouaip, même ! Ya rien qui me fait peur ! Moi m’sieur, rien de rien ! Mimi entre soudain, petit clown, elle s’approche de Victor en midinette. Il hurle et s’enfuit. Mimi ressort de son côté. Monique : Ah bah… peur de rien… il fait pas l’fier devant les clowns, le légendaire ! Georges : Faut être ouvert d’esprit ! J’ai appris que l’président avait encore peur du noir… alors… ya des trucs contre lesquels on peut rien…

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7 Jonglerie Entre le gardien, Berthold. Berthold : Ah bah vous êtes là, les Clampin ! J’vous cherchais pour la suite de la visite ! Vous croyez qu’j’ai qu’ça à faire qu’à vous courir après. Georges : Désolé monsieur… Monique : On le refera plus… Berthold : Hop ! On passe la s’conde et on avance ! Et vous avez intérêt à vous amuser ! Les Clampin : Oui, monsieur ! Berthold : Vous croyez qu’y en a cinquante qu’ont vot’chance, d’visiter l’cirque ? Les Clampin : Non monsieur… Berthold : Au boulot ! On va j’ter un œil à la réserve de fumier, ça vaut l’coup ! Les Clampin : Bien monsieur… Entre la mégère, Martine. Martine : Berthold ! Berthold : Oui, patronne ? Martine : T’as pas vu la Sybille ? Berthold : Non, patronne… Martine : Dès que tu la vois, tu m‘l’envoies ! Elle doit être en train de t’nir la bouteille pour Morandini ! Berthold : Bien, Patronne… Martine : Et j’vous souhaite une bonne visite, m’sieur dame ! Les Clampins : Merci madame… Berthold il les pousse en avant : Hop ! Hop ! Hop ! Martine, seule : j’aurais du écouter ma mère ! C’est pas une vie ! Quand j’pense que l’pharmacien m’a fait du gringue à ma majorité ! À c’t’heure j’pourrais être une grande dame, invitée chez le maire ! Ben non, il a fallu que j’m’entiche d’un looser avec plein de rêves dans la tête ! Mais pas la jugeote pour les réaliser ! Et v’là t’y pas que j’cours après une caravane, d’un patelin pourri à un autre ! Et que j’me coltine un incapable qui sait pas compter, et des employés qui se prennent pour des grandes stars ! 16 La piste aux étoiles, gmoraine@gmail.com


Sybille entre, l’air toujours aussi idiote. Sybille : Vous m’avez demandée, patronne ? Martine : Oui, j’veux t’voir, la bimbo ! Ya un petit souci de compta’ ! Et t’y es pas pour rien, alors va falloir que ça change ! Sybille : Oui… Mais j’ai rien compris… Martine : Tu dépenses trop pour tes tenues, starlette ! Y a la moitié de la caisse qui passe dans tes frous-frous ! C’est pas raisonnable ! Sybille : Mais c’est pour le numéro, patronne ! Faut que ce soit beau à r’garder, quand même ! On fait du cirque ! Moi j’fais ce qu’on m’dit ! Martine : On te dit pas d’être belle ! On te dit d’avoir l’air belle ! C’est pas pareil ! Le cirque ça brille, mais c’est du toc ! On vend du rêve ! Alors tu te débrouilles pour dépenser moins ! Sybille : Et j’fais ça comment ? Je fais mon numéro en jogging ? Martine : Tu prends un vieux tee-shirt et tu colles des paillettes ! Et pour le maquillage, il nous reste deux trois pots d’acrylique ! Un bon coup de white spirit comme démaquillant, et paf ! T’as une allure de star à prix discount ! Faut être rentable, ma grande ! Sybille : Mais c’est pas bon pour la peau, ça ! Martine : Ça le vaut ! Tu t’occuperas de ta dermato quand tu feras rentrer des sous ! Elle la regarde de bas en haut et c’est quoi ces tenues plus courtes les unes que les autres ! Ça sert à rien, d’montrer tes jambes, c’est du spectacle pour les familles ! Sybille : Ça c’est M’sieur Loyal qui a eu l’idée… il dit que c’est pour donner envie aux messieurs de venir, comme ça ils emmènent toute la famille… Martine : Loyal te déguise en aguicheuse, et tu dis rien ? Sybille : Ben non, il m’arrête pas de m’dire que j’suis la plus jolie… moi j’trouve ça agréable… Martine : Ah il dit ça ? Eh ben il va m’entendre, le vieux goujat… toi tu vas te préparer pour nos invités. Les pots de peinture sont dans la réserve, derrière l’enclos des zèbres ! Sybille : Bien madame… Martine sort. Sybille après avoir réfléchit : Qu’est-ce qu’il faut que j’fasse déjà ? Hubert entre, très pressé, angoissé. Hubert : Il est où Morandini ? C’est très important, nous avons un gros problème ! 17 La piste aux étoiles, gmoraine@gmail.com


Sybille : Il doit être en train d’préparer son numéro. Il veut pas qu’on l’dérange. Hubert : Il est en train d’picoler, quoi… Sybille : Même, il veut pas être dérangé, alors moi j’le dérange pas. Autrement il sera de mauvaise humeur. Et j’préfère qu’il soit pas d’mauvaise humeur quand il me coupe en deux sur scène… Hubert se contient : C’est important, Sybille, et très pressé… on va tous disparaître si je ne le vois pas très vite ! Alors tu m’dis où il est ? Sybille soupire : D’accord, mais s’il est de mauvaise humeur, c’est toi qui va dans la boîte quand il la coupe en deux ! D’accord ? Hubert, paternel : Promis, Sybille… Sybille : Il est dans la cage au lion… Hubert : Il est fou, il va s’faire bouffer ! Sybille : Non, non… une fois y a une bête qui l’a mordu, mais il avait tellement d’alcool dans le sang qu’elle l’a r’lâché aussitôt ! Il est immangeable, lui…

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8 L’homme et l’animal. Loyal est là. En musique, le dompteur, Victor, fait un numéro de dressage tout pourri, avec des peluches. Il se prend très au sérieux. Loyal a la tête dans les mains, il se désespère tout le long du numéro… À la fin de son numéro, Victor salue. Victor : Alors, M’sieur Loyal ? Ça vous a plu ? Ça va dépoter, comme numéro, ça non ? Ah ça ils vont faire dans leur pantalons, les spectateurs, non ? Loyal : Mon p’tit Victor, à la fin du spectacle, ce soir, t’es viré. Tu me f’ras l’plaisir de faire tes valises, et demain j’veux plus t’voir ici ! Victor stupéfait : Oh non, je suis en conditionnel ! J’ai besoin d’rester ici ! Il faut que j’reste dans le cirque, sinon… sinon je retourne direct en prison ! Gardez-moi ! Gardez-moi par pitié ! Loyal : Je veux plus te voir sur scène ! T’es une calamité ! Tu nous ridiculises ! Victor : Je f’rais ce que vous voulez ! J’peux balayer la piste si vous voulez ! Loyal : On a déjà un balayeur. Désolé. Victor : Renvoyez-le, lui, et moi j’le remplace ! Il raconte des bobards En plus j’l’ai vu qui draguait l’assistante du magicien, c’est pas très professionnel, ça ! Elle voulait pas, mais il insistait drôlement ! Hein c’est pas bien ? Loyal : Quoi ? Il a osé ? Mais c’est une honte, ah ! Le p’tit c… Je veux dire… il ne faut pas la déconcentrer, la pauvre petite ! Il faut pas qu’elle soit perturbée quand elle est sur scène ! On va s’occuper de lui, ah il croit qu’il peut faire ce qu’il veut avec ma chérie… je veux dire ma chère artiste ! Il appelle Hubert ! Hubert ! Entre le frère Hubert : quoi ? Loyal : Vas voir le balayeur, dis-lui qu’il est viré sur le champ ! Il fait ses valises, et demain il quitte sa caravane ! Hubert : Avec plaisir ! Ça fait longtemps qu’j’attends ça ! Ce p’tit prétentieux ! Loyal à Victor : Toi tu ranges tes fouets, et tu choppes un balai ! Victor : Oui patron… une fois seul Ouf, j’ai eu chaud pour le coup… il sort.

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9 Prestidigitations Loyal est sur scène, il attend en se tordant les mains. Georges et Monique entrent, poussés par Berthold. Monique : Mais oui, Lucette ! On va voir le numéro du magicien, là, c’est in-cro-ya-ble ! Loyal : Bienvenue, m’sieur dame ! Monique : Venez ce soir ! Vraiment venez, c’est extra ici ! Ils sont tous tellement plein de… caractère ! Georges : Veux-tu lâcher ton portable, Monique ! On éteint l’téléphone pendant le spectacle ! Loyal : Mais non, monsieur, laissez-là ! Appelez, madame ! Appelez ! Prévenez tous vos amis ! Georges : Oui, mais moi ça m’agace profondément ! Berthold menaçant : On laisse la dame bigophoner, m’sieur ! Georges : ok ! J’adore me sentir le bienvenu. En sécurité… Loyal : ça fait plaisir qu’elle soit heureuse comme ça ! C’est notre métier, de donner du rêve aux gens, même par téléphone ! Georges : Vous êtes bizarre, quand même… Une musique se lance, Morandini entre, suivi de son assistante. Morandini complètement ivre: Bonsoir, cher speecta-ta-ta-teurs… pour vous, exceptionnellement ! Voici le grand l’immense, le subliminal Morandini ! J’arrive tout droit d’une grande lignée de prestidigitateurs tsiganes ! Mes grands-parents parlaient avec les esprits ! Ma Môman lisait dans les boules de cristal ! Et pour vous ce soir, je vais exécuter les plus grands tours de magie que mes ancêtres m’ont légués ! Alors regardez bien, le numéro va commencer ! Musique du numéro de magie. Morandini rate tout, fait tomber les choses, écrase son chapeau, en sort un oiseau mort, il boit en cours de numéro, etc… Morandini : Et maintenant, pour terminer cet incroyable numéro, voici le tour de la grande disparition ! Je vais demander à ma charmante assistante de bien vouloir s’approcher et se cacher derrière ce banal tissu ! Soyez tous très attentifs ! Je vais envoyer Sybille dans les lointains territoires des limbes inconnues ! Sybille : oulala ! Ça a l’air très loin, ça ! Musique plus sombre, Sybille s’installe et tient le tissu, Morandini fait des moulinets avec sa baguette. Le tissu tombe, Sybille a disparu, Hubert a pis sa place. 20 La piste aux étoiles, gmoraine@gmail.com


Tous épatés : OOOOOOOHHHHHH !!!! Puis Hubert s’effondre, un couteau planté dans le dos. Tous paniqués : AAAAAAHHHHHH !!!!!! Monique : Oh mon dieu ! Elle s’évanouit Georges : Au meurtre ! Au meurtre ! Berthold le maintient Morandini en saluant : et voilà ! Loyal il se jette sur le corps de son frère : Mon frère ! Noooon ! Georges : AU MEURTRE ! Noir.

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10 Numéro bonus. Les deux inspecteurs sont sur scène, ils regardent autour d’eux, inspectent les lieux sans bouger. Ils ont une position de super-flics en pleine réflexion. On peut imaginer le vent qui fait voler leurs manteaux. Entre Mimi, dans un autre numéro, elle les imite, joue d’eux, de l’attitude d’un policier. Puis Mimi s’endort à leurs pieds. Ils discutent en chuchotant, comme pour ne pas la réveiller. Teur : Voyez-vous, lieutenant, je n’ai jamais aimé le cirque. Pickwick : Vous me surprenez, inspecteur. Tout le monde aime le cirque, non ? Moi-même je me sens particulièrement excité d’être sous ce chapiteau. Teur : Eh bien sans doute. Mais tout le monde n’a pas, un jour de son enfance, été oublié par ses parents au milieu d’un enclos d’autruches particulièrement mal lunées. Elles m’ont fait passer un sale quart d’heure, ces sales bestioles… Pickwick : les traumatismes d’enfance peuvent gâcher les plus simples plaisirs… moi-même… je ne supporte plus le chocolat… à cause d’une fosse sceptique qui a débordé. Je vous épargne les détails… Teur : Je veux bien, merci… où en est-on, avec cette affaire ? Pickwick : C’est une étrange histoire, le clown a été poignardé dans le dos, les suspects l’ont vu lors d’un numéro de magie particulièrement réussi. Ils ont placé le corps dans le frigo du cirque, avec la viande pour les fauves, en attendant que les pompes funèbres viennent l’enlever. Teur : c’est une situation intéressante… Pickwick : Le coupable est obligatoirement parmi eux. Le village est petit, tous les habitants ont un alibi. Seuls les membres de la troupe étaient là. Donc… Teur : Donc le coupable est un artiste… Teur ôte son manteau et recouvre Mimi endormie, pour la tenir au chaud. Teur : Ces assassinats en petits groupes sont toujours très amusants. Ce devrait être rapide. Pickwick : Pourquoi cela ? Teur : parce qu’il y a deux solutions : ou bien ils sont tous coupables et ils vont s’emmêler les pinceaux, ou bien il n’y a qu’un seul responsable et ils vont nous le servir sur un plateau. Il y a toujours un paquet de petites rancœurs, et un crime, c’est le meilleur moyen de se défouler ! Pickwick : Vous êtes vraiment incroyable, inspecteur. 22 La piste aux étoiles, gmoraine@gmail.com


Teur : Je sais, Lieutenant, je sais… Pickwick : Mais pourquoi êtes-vous toujours cantonné dans ce village paumé, plutôt que de travailler à la capitale ? Teur : J’ai refusé de coucher avec madame la sous-préfète, lieutenant… l’erreur de ma vie ! Pickwick : Je comprends… Teur : Que voulez-vous, je n’aime que les brunes… Pickwick : Si M le commissaire me demande de coucher, il faut donc que j’accepte ? Teur : je ne peux que vous le conseiller, lieutenant… ils sont susceptibles, à cet âge-là ! Ils ont un silence entendu, puis après un moment. Teur : Faites-les entrer, lieutenant. Pickwick va en coulisse et revient, suivi de la troupe, et des spectateurs.

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11 Lynchage. Tous entrent sur scène, tête baissée, ce sont des enfants pris en faute. Teur : Allons, mes petits, venez par ici, tenez vous en rang, je vous prie… Il me semble qu’il s’est passé une chose terrible ! Pickwick : Je ne serais pas fier, à votre place… quand on fait une bêtise, il vaut mieux se tenir à carreaux ! Teur : Voyez-vous, ce n’est pas bien, de tuer les gens ! Pas bien du tout ! D’abord ça fait du chagrin, et en plus ça donne beaucoup de travail aux policiers ! Pickwick : et ça c’est mal ! Teur : J’ai un repas ce soir, je ne peux pas me permettre de le manquer, et par votre faute je risque de ne pas avoir le temps de me raser ! Tous, tête baissée : Désolés… Pickwick : Enfin, tout le monde peut faire des erreurs ! Il suffit de le reconnaître ! Teur : Moi aussi, il m’est arrivé de tuer des gens quand j’étais plus jeune, je sais à quel point c’est amusant ! Malheureusement, ce n’est pas autorisé aux civils ! Pickwick : Juste aux forces de l’ordre ! Teur : Alors, dites-moi, mes petits, qui a fait ça ? Mmm ? Tout le monde se tait. Pickwick : Oooouh ! Ce silence n’est pas bon pour vous ! Teur : Je veux que le coupable se désigne maintenant, sinon je vais punir toute la classe ! …Je veux dire, tout le cirque ! Pickwick : Alors ? Tout le monde garde le silence. Teur : très bien, alors jusqu’à ce que le coupable se dénonce, je suspends toutes les activités de cette classe ! Plus de spectacle jusqu’à la fin de l’enquête ! Loyal : oh non ! Vous ne pouvez pas faire ça ! Nous n’avons jamais eu autant de réservations ! Martine : cette histoire nous fait le plus grand bien, les gens sont curieux de voir un spectacle dans le lieu d’un crime !

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Monique : J’ai prévenue toutes mes amies, et tout le monde va venir ! Même le maire! Et pourtant, il a un tournoi de belote, ce soir, avec les anciens ! Georges : Et vous savez bien comme c’est sacré, les tournois de belote ! Teur : Je comprends, je comprends… Pickwick : Malheureusement, la police doit faire son travail, on ne peut pas vous laisser faire les clowns au milieu d’une flaque de sang ! Ce ne serait pas sérieux ! Teur : On se ferait taper sur les doigts ! Mettez-vous à notre place… Le commissaire pourrait m’en vouloir, et je ne veux pas qu’il m’en veuille. C’est mon beau-père. Ça mettrait une sale ambiance dans les repas de famille. Pickwick : il nous faut le coupable ! Victor : Il vous faut un coupable ? Le voici ! Il jette le balayeur, Jules, au milieu de la scène. Teur : C’est lui ? Tous : Oui, oui ! C’est lui ! Victor : c’est un redoutable assassin ! Juré ! Jules : Mais non ! N’importe quoi, c’est pas moi ! Victor : Vous voyez, il nie. Il est coupable ! Pickwick : C’est vrai que ce n’est pas à votre avantage ! Jules : Il faudrait que j’avoue, peut-être ? Teur : Il vaut mieux assumer ses actes, mon petit ! Jules : Mais si je suis innocent ? Teur : L’injustice fait partie de ce monde… Il nous faut un mobile pour être sûr, une arme du crime, et une occasion pour faire de vous un coupable. A-t-on tout cela ? Loyal : je viens de le renvoyer ! Martine : Hubert venait de le lui annoncer ! Morandini : Il a fait du gringue à Sybille ! Sybille : Ah bon ? Morandini : exactement ! Et tu lui as dit non ! Pickwick : un amant malheureux… redoutable motivation ! 25 La piste aux étoiles, gmoraine@gmail.com


Victor : J’allais prendre sa place de balayeur ! Monique : Il nous déteste tous ! Georges : Qu’est-ce qu’y t’prends, Monique ? Monique : C’est rigolo, j’trouve ! Teur : Vous êtes mal parti, jeune homme… Jules : à c’compte-là, on peut tous être coupable ! Moi aussi j’peux leur inventer des raisons… Martine : Regardez ! Regardez ! J’ai une facture pour l’achat d’un gros couteau ! Et à son nom ! L’arme du crime est à lui ! Jules : J’ai jamais signé ça ! Teur : Eh bien, voilà, jeune homme ! Vous aviez l’arme du crime, donc vous êtes le coupable, veuillez nous suivre, je vous prie ! Il le prend par une épaule, Pickwick s’occupe de la seconde. Pickwick : Allons-y, jeune homme. Loyal : Qu’allez-vous faire du corps de mon frère ? Teur : Si vous pouviez le garder un peu dans votre frigo, le temps qu’on vienne le prendre… Berthold : Faut juste que l’dompteur le donne pas à bouffer aux lions… Victor : Je f’rais gaffe, patron, promis ! Tout le monde sort à la suit des policiers. Mimi se réveille, elle voit le manteau, s’étonne, l’enfile. Mimi : J’ai fait un drôle de rêve… des pingouins se battaient sur un morceau de banquise. Ils voulaient tous la meilleure place du glaçon pour regarder le soleil se lever… mais plus ils se battaient, plus ils réchauffaient la glace, et plus la glace fondait… Alors les pingouins étaient de plus en plus serrés et la plupart tombaient dans l’eau… à la fin il n’en restait qu’un seul… il avait le soleil pour lui tout seul, mais il s’ennuyait comme un rat mort… Alors il plongeait pour rejoindre les autres… Noir.

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12 Suspense. Les policiers sont de nouveau là, dans la même position que précédemment. Musique. Morandini entre, complètement ivre, il navigue, s’accroche à eux. Sybille entre aussitôt pour venir le chercher, elle l’aide, en s’excusant de son attitude auprès des policiers. De l’autre côté, Martine et loyal entrent en se disputant silencieusement, c’est très virulent. Lorsqu’ils voient les policiers, ils se taisent et baissent la tête. Ils sortent de l’autre côté en les saluant discrètement. Le dompteur entre à son tour, il fouille dans un sac. Georges et Monique arrivent de l’autre ôté, accompagnés par le gardien, celui-ci appelle le dompteur, pour qu’il accompagne les spectateurs. Celui-ci soupire et accepte, il sort avec les Clampin qui veulent voir les bêtes. Le gardien s’approche des policiers, il leur donne une banane chacun, puis ressort. Pickwick tient la banane du bout des doigts. Teur la mange, il mettra la peau dans une poche de son manteau. Entre Mimi, qui s’approche d’eux. Elle regarde Pickwick Il est gêné, et fini par lui donner la banane. Mimi mange la banane tout en continuant à le regarder. Elle fini la banane, rend la peau au lieutenant, et sort en sautillant. Pickwick après un moment : Désolé, inspecteur, mais qu’est-ce qu’on fait encore là ? Teur : Nous attendons, Lieutenant. Pickwick : Oh. Temps Et qu’est-ce qu’on attend ? Teur : Que le coupable se montre, lieutenant. Pickwick : Mais nous l’avons, le coupable, inspecteur ! Teur : Non, nous avons un bouc émissaire. Vous avez vu comme le reste de la troupe s’est acharné à le démolir ? Alors on prend leur coupable, Puis on attend qu’ils se détendent, et qu’ils fassent une erreur. Pickwick : Qu’est-ce qui vous fait croire qu’ils vont faire une erreur, inspecteur ? Si on reste là, ils ne vont pas se griller comme ça ! Teur : On a pris leur coupable, nous sommes sans doute les flics les plus stupides qu’ils n’ont jamais rencontré. Pickwick : Donc ils peuvent tout nous faite avaler !

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Teur : Ils sont persuadés aujourd’hui que s’ils se promenaient devant nous, avec un corps enroulé dans un tapis, nous ne le verrions pas. Pickwick : C’est si simple ! Teur : De plus, ça sent très fort la viande avariée, depuis quelques minutes, vous ne trouvez pas ? Pickwick : Là, je ne vous suis plus, inspecteur… Teur : C’est l’expérience, ça, mon petit, l’expérience ! Pickwick : Oouuaaaahhhh… Teur : Et d’ailleurs, cela ne devrait pas tarder… je dirais que dans 10 9 8… 3 2 1, top !

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13 Coup de théâtre On entend des coups de feu. Le dompteur entre alors, en titubant, il agonise et meurt à leurs pieds. Teur : Et voilà, ils se sont détendus. Pickwick : Vous aviez raison ! Teur : Allez me les chercher de nouveau, puis vous attendrez quelques minutes et vous irez fouiller sa caravane. Quand ils seront tous avec moi. Pickwick s’apprête à sortir Ah oui, et également, si vous vouliez bien monter le frigo au maximum, j’aimerais faire des glaçons… Pickwick : Ah tiens ? Teur : Oui, je bois mon whisky on the rock. Pickwick : Bien inspecteur ! Il sort. Teur : Ce que j’aime être le plus intelligent ! C’est aussi excitant qu’un slow avec Brigitte Bardot ! Brigitte Bardot jeune, bien entendu… La troupe et les spectateurs entrent de nouveau, moins Jules. Ils voient le cadavre de Victor. Et ne savent pas comment se tenir, ça commence à faire un peu beaucoup… Monique : ça fait beaucoup d’excitation d’un coup, là quand même… Georges : Moi ça me fait plus rien, ça y est, c’est fou comme on s’habitue… Loyal : Bon, là, pour le coup, on a plus de balayeur du tout… Morandini : Ah bah là, c’est pas moi, cette fois ! Ou alors je fais de la magie sans m’en rendre compte ! Pickwick : Comment ça, pas vous « cette fois » ? Berthold: Tais-toi, abruti ! Teur : Racontez-nous ça, cher génie ? Morandini : mais oui, ch’uis un génie ! Martine : C’est pas vrai… Morandini : Je savais déjà créer l’illusion de la mort, chers spectateurs ! Jusqu’à berner les autorités ! Teur : Vous m’en direz tant… Loyal : Il est ivre ! Ne l’écoutez pas ! 29 La piste aux étoiles, gmoraine@gmail.com


Teur : Allons ! C’est amusant ! Morandini : Mais je ne me savais pas capable de r’commencer, sans même m’en rendre compte ! Car notre ami dompteur n’est pas mort ! Il fait semblant, regardez ! … il le manipule ah bah tiens si il est mort… pour de vrai lui… Pickwick : Pour de vrai, lui ? À Teur Mais qui ne l’est pas dans ce cas ? On entend éternuer de la coulisse. ATCHOOOOUUUUMMM !

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14 Dénouement. Hubert entre, en éternuant. Hubert : qui est l’imbécile qui a monté le frigo !? J’y tiens plus, ch’uis complètement gelé ! Loyal faussement étonné : Oh ! Mon frère ! Mais tu es vivant, comment s’fait-il ? Hubert : ça va pas de m’frigorifier comme ça ? ‘Vouliez m’tuer, ou quoi ? Martine : Mais quel coup d’théâtre ! Il a ressuscité ! Alléluia ! Georges : ça d’vient vraiment n’importe quoi c’t’histoire… Monique : je m’croirais dans une série télé ! Mais quel cirque génial ! Teur : Oui, madame. C’est la viande avariée qui m’a mis la puce à l’oreille… le frigo éteint, messieurs dames, le frigo éteint ! Loyal : Ecoutez inspecteur, mon frère n’est pas mort ! Teur : Je vois ça ! Martine : Mais c’tait juste pour impressionner nos invités… Les Clampin : tout ça pour nous ?? Berthold : Ben oui, c’tait pour faire d’l’événement, du spectacle quoi, pour donner envie ! Qu’y ait du monde dans les gradins ! Loyal : et c’est gagné, toutes nos soirées sont pleines, mais… Teur : Mais quoi, cher monsieur, ce n’est pas un crime, de jouer la comédie… tout au plus une petite amende pour nous avoir monté un bateau… Hubert : Bah tout est bien, alors ? Teur : Oui, enfin, il reste quand même ce cadavre là… Tous : Ah oui, c’est vrai… Mimi : Pauv’ Victor… Quand j’pense qu’y a quelques heures, je lui arrachais l’oreille… Teur : Très bien, alors qui peut me dire pourquoi ce jeune homme mange les pissenlits par la racine ? Georges : C’était un accident, inspecteur… Monique : Georges ??? Tous : Georges ??? 31 La piste aux étoiles, gmoraine@gmail.com


Georges théâtral : Oui, on visitait les cages des fauves… il est parti bricoler quelque chose dans sa caravane… et mon chapeau est tombé d’vant l’museau d’un lion… alors, ben, ch’uis allé lui d’mander comment j’pouvais le récupérer, il était au téléphone avec quelqu'un, ils parlaient de rendez-vous, de livraison… il avait un sachet de farine à la main… Quand il m’a vu, il s’est mis en colère, il m’a insulté, il s’est j’té sur moi avec un pistolet… nous nous sommes battus, mais j’ai fini par avoir le dessus… J’ai vaincu, au prix de la vie d’un homme, hélas… Monique se jette au cou de son mari : Georges… Mon héros… Teur : Légitime défense, donc… Dites-moi, comment était la caravane quand vous êtes entré dedans ? Georges : Comment ça ? Teur : En désordre ? bien rangée ? Georges : Rangée, oui… Rien ne trainait par terre… C’est une dôle de question… Teur : Et la farine ? Georges : A sa place, sur sa table, j’en ais à la maison. Et puis j’pensais à autre chose qu’à faire des crêpes… Pickwick réapparaît. Pickwick : C’est fait inspecteur… eh bien vous savez, je n’ai jamais vu un tel foutoir ! La caravane du dompteur ! C’est un boxon ! Tout est par terre, les chaises renversées ! Les tiroirs retournés… Je me demande comment il faisait pour trouver une paire de chaussettes ! Teur : Intéressant… Y avez-vous trouvé un sachet de farine ? Pickwick : Ah non, j’aurais du ? Teur : Ç’aurait été logique, lieutenant. Georges : Mais j’ai pas menti, inspecteur ! Teur : Je sais, Georges, je sais. Cela prouve simplement que notre cher dompteur avait un complice, dans son trafic… Berthold : Un trafic de farine ? C’est plutôt bizarre… Teur : J’ai bien peur qu’il ne s’agisse pas de farine, monsieur… Pour ceux qui n’auraient pas encore compris, ce n’est pas de la farine ! Les autres : On avait d’viné, inspecteur… Berthold : j’étais l’seul à pas avoir compris ?

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Teur : votre cirque abrite un trafic de drogue. Le dompteur et son complice en étaient les responsables ! Martine : Mais nous n’en savions rien ! Teur : Je le sais, vous n’auriez pas monté un bateau pareil pour remplir vos caisses, si vous faisiez de l’argent avec la drogue ; surtout en faisant venir la police chez vous. Ce ne serait pas très malin… Loyal : Mais qui est son complice ? Teur : Quelqu’un qu’on ne soupçonnerait pas, car cette personne fait tout pour ressembler à un incapable. Quelqu’un qui, au vu de la situation exceptionnelle, a été contraint de changer ses habitudes ! Pickwick vers Mimi et Sybille : Vous me semblez bien couverte, mademoiselle… Mimi : moi ? Pickwick : Non vous ! Sybille : Mais c’est que ça s’rafraîchit, vous voyez… Pickwick : Je ne trouve pas… ceci dit, difficile de cacher quoi que ce soit dans votre tenue habituelle ! Vous aviez déjà du mal à y entrer vous-même ! Sybille : Oh bah m’sieur, si j’ai froid, ben je m’couvre… je serais bien bête d’attraper un rhume, j’aurais l’air malin, sur la piste, avec la goutte au nez. Pickwick : Ne vous faites pas plus bête que vous êtes, mademoiselle… Vous êtes un cerveau, et vous le savez ! Permettez-moi de vous débarrasser de ce manteau d’homme ! Sybille : Me touche pas, sale flic ! Le lieutenant Pickwick attrape l’assistante, le paquet de cocaïne tombe par terre, par dessous le manteau. Teur : Félicitations, mademoiselle, vous venez de mettre au monde un joli paquet de cocaïne ! Sybille se glisse hors du manteau et s’éloigne quand tout le monde s’approche de la cocaïne. Sybille : Vous ne m’aurez jamais ! Je ne me laisserais jamais prendre ! Sybille court, Jules apparaît et l’assomme d’un coup de poing. Jules : Je peux revenir, maintenant inspecteur ? Teur : Oui, jeune homme, vous pouvez revenir ! Tout est fini, maintenant. Vous allez pouvoir préparer votre spectacle ! Mimi rejoint Jules en passant par-dessus Sybille. 33 La piste aux étoiles, gmoraine@gmail.com


Mimi : Non, c’est fini, le cirque, pour nous… on s’en va. Désolée, Loyal ! Et bon courage ! Loyal : Eh bien le spectacle est compromis… il va falloir annuler et rembourser les réservations… c’est la ruine… Teur : Mais non, il y a une solution ! Vous avez là toute une histoire pour un bon spectacle ! Je vois ça d’ici ! Ça commencerait sur une musique, un numéro de clown en répétition, vous et votre frère en train de vous moquer de lui, et ce clown aurait une histoire d’amour avec votre balayeur ! Et vous n’auriez pas assez de spectateurs ! Qu’en dites-vous ? Loyal : Racontez-moi ça ? Teur : Je me verrais bien dans le rôle du balayeur, le héros qui gagne à la fin ! On ferait un plan pour faire parler du cirque, et il y aurait un trafic de drogue, et des policiers ! On a tout ce qu’il faut, M Loyal, On a tout ce qu’il faut ! Loyal : Il faut juste parler du contrat ! Teur : Je ne suis pas très gourmand… Alors ce qu’il faudrait, c’est… Ils continuent à discuter en sortant, la musique monte, les autres sortent tranquillement, chacun de son côté, seul Morandini reste par terre, endormi, à cuver. Pickwick a embarqué Sybille. Le cadavre reste sur place.

Noir. Rideau.

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Formateur en théâtre, auteur et metteur en scène, Guillaume Moraine écrit les pièces dont il a besoin pour les groupes qu’il dirige. Adaptées au nombre d’acteurs, à la durée de la représentation, et à l’âge des participants, elles lui permettent d’atteindre l’objectif d’un spectacle d’atelier théâtre : que chacun des acteurs débutant soit valorisé au cœur d’une histoire qu’il aura plaisir à porter. Ses pièces sont donc tout à fait adaptées à ce type de projet.

20,00 € TTC ISBN 979-10-91531-23-8

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