Été 2017 - n° 75 - www.lebonbon.fr
*Nouveau : Desperados Mojito est née d’une recette créative alliant une bière aromatisée Tequila à des arômes de menthe et de citron vert. Née créative.
L’A B U S D ’A L C O O L E S T D A N G E R E U X P O U R L A S A N T É . À C O N S O M M E R A V E C M O D É R A T I O N .
EDITO
Ta vie amoureuse peut facilement se résumer à une soirée à essayer de pécho en boite de nuit. Au début t’es tout seul, t’es tout beau avec tes mocassins sans chaussettes et tes cheveux gominés. Plein de confiance en toi, tu ne doutes de rien. Avant 2 heures, tu as encore 20 ans, tu vises encore les plus belles filles, les mieux sapées, les mieux maquillées, tu fais le gros lourd et tu te prends des râteaux de compet’. C’est pas grave, ça te fait même un peu marrer, tu as tout le temps. Tu bois quelques shots, ton apparence se dégrade, c’est la trentaine mais qu’à cela ne tienne, demain n’entrera jamais en boite de nuit. Tu prends un peu de bouteille et de charisme, ça ne peut pas te faire de mal. Il se trouve même que tu réussis à plaire à une fille qui vient te parler. T’en peux plus, tu vas danser avec elle et tu te la pètes comme un naze. Elle en est consciente mais elle t’aime bien quand même, comme toutes les femmes, elle a une longueur d’avance. Les gens intelligents s’arrêtent là et se posent, c’est ce que les gens chiants appellent la maturité. Les couples que tu vois dans la vraie vie sont des gens qui ont su arrêter de regarder la pelouse du voisin au bon moment. Rien ne sert d’attendre la
quarantaine pour faire une crise d’ennui, toi le raté d’une génération livrée dans le placenta avec une télécommande. Tu te sens fortement attiré par une fille un peu chaude au fond de la piste qui te fait un peu de l’œil. Tu plaques tout et t’y vas. Tu as le temps, demain n’entrera pas ici. En fait elle louchait, tu te prends un vent, tu retournes voir l’ancienne, elle te jette 27 son verre à la figure et tu te retrouves tout seul à 50 balais. Il est 5 heures, Paris s’éveille, t’as 138 ans, maintenant tu es ravagé, mal fagoté, mal coiffé, et tu traines pas mal au bar de la vie. Tu vois le Bonbon Nuit. « Pas mal Poelvoorde en couv’ », que tu te dis, tandis que toi, ivre, tu y vois la poésie d’une génération en complète perte de repaires. Tu as compris la leçon, et tu ne tenteras pas, en attendant le crépuscule, de négocier un retour avec les quelques quatre piliers de bar qui tiennent à peine debout sur la piste et qui seraient capable de rentrer avec n’importe quel chauffeur-livreur de la Foir’Fouille. Tu tournes la tête, et te revoilà avec ton amour de 30 ans. Pourquoi avoir attendu si longtemps ? Mais tant pis, demain n’entrera pas ici.
Raphaël Breuil
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TEAM
CONFISEUR RÉDAC’ CHEF DA FONTS GRAPHISTES COUV SR RÉDAC’
DIGITAL CM CHEFS DE PROJETS PARTENARIATS RÉGIE LE BONBON IMPRIMÉ EN FRANCE
Jacques de la Ch�ise Raph�ël Clément Breuil �épublique Studio Or Type & Dinamo Coralie Bariot, Cécile Jaillard, Poelvoorde par Prioreau Louis Haeffner Cyrielle Balerdi, Agathe Giraudeau, Rachel Thomas, Tiana Rafali-Clausse, Olivia Sorrel-Dejerine Antoine Viger Clément Villas Dulien Serriere, Florian Yebga Margaux Décatoire, Hugo Derien Lionel Ponsin, Morgane Germain 12, rue Lamartine 75009 Paris 01 48 78 15 64 Siret 510 580 301 00032 2
SOMMAIRE
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À LA UNE Benoït Poelvoorde
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CINÉMA Jean-Pierre Bacri
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MUSIQUE Chrysta Bell
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ART S-L Mathern
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MUSIQUE Polo & Pan
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MUSIQUE Bibi Tanga & Cie
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SÉRIE The Leftovers
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FESTIVAL The Peacock Society
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LITTÉRATURE Zarca 3
HOTSPOTS FOUTRE LE SOUK À BOBIGNY Soukmachine débarque à Bobigny pour y foutre un grand zbeul. 4 scènes à la programmation démentielle, des croisières musicales, des collectifs irrésistibles, une atmosphère intense… le tout les pieds dans l’eau et gratuit. Alors, prêts pour le rituel chamanique ? SoukVoodoo, au port de loisirs de l'Été du Canal, le samedi 8 juillet LÂCHER LES CHEVAUX Après avoir mis le feu aux Buttes-Chaumont, le crew du Limonadier continue d’envahir les parcs de la capitale à grands coups de house vivifiante. Cette fois-ci, c’est le parc de Belleville qui subira les conséquences de la bonne humeur générale. Ramène ton piquenique, ta tise et ton sourire ! Quartiers d'été #7 - Open-air à Belleville, le dimanche 9 juillet ON MY WAY TO AFRICA On file à moindre frais en Afrique le temps d’une soirée. La savane de Pigalle accueillera le géant Awesome Tapes From Africa, qui a pour particularité de jouer des titres sur K7 audio glanées en Afrique ! Il sera accompagné de SSCK de Mawimbi ainsi que des Dj’s du collectif Around The World. Une soirée qui promet d’être riche en découvertes musicales ! Around The World - Good Music For Good People, à La Machine, le samedi 15 juillet PONCER LE PARQUET Concrete a décidé de te remonter le moral avec une teuf XXL en t'offrant le plus beau plateau micro-house de l'été. A l’occasion de la sortie de la compilation du label Perlon Superlongevity, on retrouvera sur la barge Zip, Cabanne, Akufen, Sammy Dee ou encore Fumiya Tanaka… Autant dire que ça va envoyer sec sur la barge. Perlon présente Superlongevity, à Concrete, le 29 juillet 5
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À LA UNE
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RAPHAEL BREUIL P FLAVIEN PRIOREAU
Benoît Poelvoorde est arrivé près de chez nous
Benoît Poelvoorde sort un nouveau film. Je vous avoue honnêtement que c’était plus un prétexte pour rencontrer la bête que pour promouvoir un métrage sur lequel nous ne nous sommes que peu entretenus. Il arrive direct de Namur en bagnole et nous assure
qu’il n’a pas touché à une goutte d’alcool. Nous sommes rassurés ! Nous avons parlé de C’est arrivé près de chez vous, de Raging Bull, et de grosses picoles à l’Elysée.
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“Y’a rien de pire que d’annoncer à l’avance qu’on va provoquer.
C’est comme les happenings artistiques où les mecs se foutent un œuf dans le cul.” 8
À LA UNE
BENOÎT POELVOORDE
Pitchez-nous le film. 7 jours pas plus, c’est le titre du film et c’est le temps que je donne à un pauvre Indien qui vient me polluer la vie. Je suis Pierre, un quincallier, seul, et j’ai le malheur de me retrouver au même endroit que cet Indien qui vient de se faire jeter d’une bagnole. Il vient m’emmerder, je ne comprends rien à ce qu’il me dit. Ce n’est pas un film sur les migrants, c’est ce que tout le monde ferait à la place du personnage : il est à moitié mort, on accepte pour 10 minutes et à un moment je dis « ok, mais 7 jours, pas plus ». C’est une comédie sans cliché. Mais la grande qualité de ce film, c’est d’avoir tourné avec une véritable star indienne, Pitobash, qui est là d’ailleurs, très bien habillé (on lui fait coucou, ndlr). Il est petit mais qu’est-ce qu’il ramasse. Il a une sexualité débordante. Il faut se méfier des petits.
… Mais non c’est hyper trash, regarde sur le net. On me pose souvent la question de savoir si on pourrait refaire C’est arrivé près de chez vous aujourd’hui et je réponds non. A l’époque on n’avait pas l’impression de faire du trash. Nous on voulait se moquer des documentaires-réalité belges de l’époque. Et on adorait les films avec des flingues. Et comme on n'avait pas d’argent on a fait un faux documentaire. On était fans d’un tueur à gage de BD qui s’appelait Torpedo. C’est un personnage con comme une brêle, mais qui dézingue à tout-va. On s’est dit qu’on allait adapter ce film avec Nicolas Cage. Déjà l’adapter, ça demande des sous, et on n’avait pas le numéro de Nicolas Cage. Alors on a pris un Belge (moi). Mais pour en revenir à la question, on a adapté un truc des années 70 donc c’était déjà bien trash à l’époque. Aujourd’hui l’époque est à la fois pudibonde et à la fois plus trash. J’ai vu des choses bien plus violentes sous couvert d’humour. Nous c’était potache, on avait envie de montrer qu’on voulait faire du cinéma. Y'a rien de pire que d’annoncer à l’avance qu’on va provoquer. C’est comme les happenings artistiques où les mecs se foutent un œuf dans le cul. Tout le monde s’en fout ! La scène la plus trash de C’est arrivé, c’est quand je danse tout nu dans le sable. C’est une des scènes qui me fait le plus rire au monde. Il faisait -2°, dans les dunes, le sable était comme du béton, avec ma 'quette qui vole dans l’air. Je devais faire des grands signes sur un poême débile improvisé. Je suis champion pour improviser des poêmes de merde. Je pense donc qu’on ne referait pas C’est arrivé aujourd’hui, parce que ce ne serait pas assez trash pour l’époque.
Quelle est la genèse du film ? J’étais en plein tournage quand Héctor (Cabello Reyes, le réalisateur, ndlr) m’a montré son scénario, que je prends le temps de lire, ce qui est assez rare. J’étais intéressé à condition qu’on tourne avec un véritable Indien, et j’adorais Héctor. En 30 minutes, j’ai tout de suite su qu’il était spécial. Et j’ai surtout accepté parce que j’étais sûr que le film ne se ferait pas. C’était pas une grosse comédie, ça ne rentrait pas dans les rangs. J’ai appris par ma maquilleuse que ça se faisait. Quand on prend un peu de recul par rapport à votre carrière, on se rend compte que vous êtes passé de tueur sanguinaire et Monsieur Manatane à des rôles beaucoup plus sympas et normaux. Est-ce que c’est l’époque qui a changé ? On me propose plus de trash, faudrait que je le fasse moi-même. Tu trouves que l’époque a changé toi ? Est-ce que l’époque a changé ?
Quel film avez-vous vu 10 000 fois ? Raging Bull ! Peut-être pas 10 000… Mais bon… Pour moi tout est dedans. Le cinéma c’est un ensemble de métiers si tu veux, 9
À LA UNE
BENOÎT POELVOORDE
t’as le son, t’as la musique, t’as l’image, les acteurs, l’éclairage… Chacun travail pour son petit boulot. Et dans ce film t’as l’impression que tout se conjugue. Si je pouvais donner un cour sur le cinéma je montrerais Raging Bull. Je vais te donner un exemple : pour les scènes de combat, Scorsese a demandé à l’ingé-son de faire des vrais bruits de combat. Y'a tout un mélange de sons extraordinaire. La plupart du temps, l’ingé-son réutilise des anciennes banques de données, mais là, il a détruit toutes les bandes pour ne jamais les entendre ailleurs. On méprise le son dans le cinéma. Et c’est comme ça pour tout dans ce film, je pourrais t’en parler des heures. Tout le cinéma est là, dans un seul film. Le seul moment où il est heureux, c’est quand il est naze et qu’il fait des sketchs à la fin, je trouve ça magnifique !
pour un fou comme d’habitude. Chaque fois je ne doute pas que je puisse réussir quelque chose. Et je n’y arrive pas. Sinon je n’ai pas de rêve particulier.
Sur qui fantasmiez-vous ado ? Sur Sophie Marceau ! Mais pas qu’un simple fantasme sexuel, j’avais l’intention de l’épouser, elle avait un an de moins que moi, je trouvais que ça marcherait super bien, je voulais lui présenter mes parents et tout. Je lui ai écrit une lettre quand j’avais 16 ans. Je lui proposais d’une manière simple et carrée de partager ma vie. Je n’ai jamais eu de réponse. Et puis un jour je l’ai rencontrée. Ça s’était su dans une interview donc j’ai rougi comme jamais. Le rêve le plus fou que vous ayez jamais fait ? (il ne comprend pas très bien la question mais par politesse je laisse couler) Chaque fois que j’entreprends un truc de bricolage, c’est une catastrophe. La dernière fois, j’ai voulu réparer un lecteur d’iPod Böze (il veut dire des enceintes, ndlr). Je me dis que c’est tout con cette merde, je démonte le truc, je vois plein de circuits. Quand je commençais à ne plus comprendre, j’ai tout foutu le truc contre le mur et tout le monde m’a pris
Votre insulte préférée ? (Il réfléchit) J’aime bien gros con. Abruti, imbécile aussi. Quand tu le penses vraiment c’est quand même bien lourd, tu dois être bien bas de plafond pour mériter ça. Le plus mauvais truc que vous ayez mangé à Paris ? En général, je mange mal dans les trucs compliqués. Ça me gonfle quand y'a un mec derrière avec une pince à pain. Moi je suis un paysan, j’en ai rien à foutre de la bouffe. A ce moment-là je me rue sur le pinard et ça tourne mal. Une fois je suis allé manger à l’Elysée. Je me suis fait inviter par le président Sarkozy pour la projection d’Astérix au Noël de l’Elysée. Et autour de cette table y'avait Langman, le producteur, les acteurs, Adriana Karembeu. Personne à la table ne buvait de vin. A côté de moi y'avait la responsable de com’ qui m’explique que M. Sarkozy ne boit pas d’alcool mais qu’on a à l’Elysée une des meilleures caves de France. J’ai dit « bah moi je veux bien ». Je me souviens pas du tout ce que j’ai mangé, mais le pinard qu’est-ce que j’en ai descendu. Et avec les enfants après j’étais tout bourré. Le sommelier était ravi de me présenter les vins comme il n’y avait que moi qui buvais. Après on est allé fumer une cigarette avec Nicolas, il était super drôle. Tous les présidents que j’ai rencontrés étaient sympathiques. Je ne suis pas français donc je ne m’exprime pas sur la politique, mais ils étaient tous sympas vos présidents. Le dernier, là, je suis sûr qu’il ne cracherait pas sur une petite bière avec Benoît ! 7 jours pas plus de Héctor Cabello Reyes Sortie le 30 août 10
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CINÉMA
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RAPHAEL BREUIL P FLAVIEN PRIOREAU
Je�n-Pierre Bacri : “C’ét�it mieux mainten�nt”
Quel grand homme ! Ce fut un réel plaisir de rencontrer le grincheux du cinéma français à l’occasion de la sortie de son dernier film, un ovni cinématographique, un mélange de
6 feet under et de Fargo teinté d’humour belge. Nous avons parlé du film bien sûr, du temps qui passe, et de la nostalgie que Jean-Pierre fuit comme la peste. 13
CINÉMA
JEAN-PIERRE BACRI
Grand Froid ça parle de quoi ? C’est l’histoire d’une entreprise de pompes funèbres dirigée par Olivier Gourmet. Etant donné que les gens meurent de moins en moins dans ce désert, l’entreprise se barre un peu en couilles. L’idée que cette entreprise périclite embête Georges, le personnage que je joue, donc nous attendons les morts avec impatience. Un jour quelqu’un meurt. Et je pars avec un jeune employé livrer le corps au cimetière. Cimetière que nous aurons du mal à rejoindre, c’est le moins qu’on puisse dire.
regarder 10 000 fois. Barry Lyndon est un de mes films cultes aussi, pour ne pas dire le préféré.
Ce film a été super long à monter. Il y a trois ans quand il m’a proposé, j’avais beaucoup aimé, j’ai accepté directement. De tout ce que vous avez écrit, quelle est l’œuvre dont vous êtes le plus fier aujourd’hui ? C’est dur… Un père de cinq enfants, vous lui posez la question du préféré, il va faire la gueule… Mais bon c’est vrai qu’on a toujours un préféré même si je les aime tous nos films. J’aime beaucoup Un air de famille, je l’ai revue au théâtre récemment, c’était super. A cette occasion, je vais être obligé de me vanter, je me suis rendu compte que contrairement à Cuisine et Dépendance, il n’y a plus de bavardage, nous étions devenus des fondamentalistes de la chose, il n’y a plus de gras, la vie, la famille l’enfant mal-aimé, c’était une métaphore de la société, j’en suis très fier. C’était le plus abouti. Et Le goût des autres, sur les chapelles, les sectes, etc… Ce sont mes préférés. Votre référence ultime. Un jour sans fin. J’adooore ce film ! Il est futé, malin, intelligent, sur le mec qui apprend de ses expériences. Ce mec est un gros con qui devient meilleur. Bill Murray est incroyable, Andie MacDowell est une merveille sur Terre à l’époque. J’adore ce film, je pourrais le
Sur qui fantasmiez-vous ado ? Voilà des bonnes questions, fraîches, qui sortent de l’ordinaire… Excellent ! merci ! Bon par contre je ne sais pas… C’est trop loin tout ça. Pendant que tu as 16 ans tu te fais trop chier, tu te dis vivement que j’ai 17, vivement que j’ai 18 et puis après ça ralentit. Mais tous les âges sont trop bien. A un moment tu dis « stop le train »… Mais bon, tout est génial. Quand j’étais ado j’aimais bien… Bref je ne sais plus… Mais j’ai fantasmé… Ah… Est-ce que vous vous googlez ? Jamais de la vie. Je lis pas les critiques, je lis pas les promos. Tu m’imagines aller moimême me suicider en allant taper Jean-Pierre Bacri ? J’en ai rien à foutre de l’opinion des gens sur moi. J’ai pas envie de regarder et de savoir. En bien ou en mal. Une bonne critique ne me porte pas, je trouve toujours un mot qui m’énerve, un truc mal foutu qui me plaît pas. Je n’autorise pas ces gens à me parler. Je trouve ça très bien Facebook, Twitter, etc. Mais vous autorisez les gens à vous dire n’importe quoi. Le goût c’est comme le trou du cul, tout le monde en a un, mais je m’en tape un peu. Je peux lire une critique de temps en temps, quand je veux aller au cinéma et que je sais vraiment pas quoi, j’hésite entre deux ou trois daubes, là je vais voir une critique. Et si une dit qu’on passe un bon moment j’y vais. Mais sinon non. La dernière daube que vous ayez vue ? Le Procès du siècle est une bonne daube, bien foutue, plaisante, biopic machin ! En pas daube par contre j’ai vu Get Out qui était vraiment bien ! Qui raconte vraiment un truc bien sur le racisme.
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Le rêve le plus étrange. Je fais toujours ce rêve qui est vraiment chiant. Je vais quelque part dans mon rêve, peu importe, dans la nature ou ailleurs, je prends une route, et quand je veux revenir, je m’aperçois que tout le décor a changé, et je ne reconnais plus rien. Comme dans la chanson d’Aznavour. (Il chante) Je ne sais pas ce que ça veut dire… Que je ne retrouve plus mon chemin, que je me perds. … que le monde a changé ? Je ne pense pas. Je n’ai pas un côté Finkielkraut, le monde à l’envers. J’adore le monde tel qu’il est maintenant. Les gens qui pensent le contraire, tu sais ce que ça veut dire ? Ça veut dire que c’était mieux « quand j’étais jeune » ! Mais il faut t’y faire mon vieux, va pas nous emmerder avec ça. C’était mieux avant, à l’époque où ces gens-là aimaient la vie, aujourd’hui ils ne sont plus que rancœur envers celle-ci. Les gens aigris, ils en veulent à la vie de passer trop vite.
Quelle est votre technique pour vous endormir Jean-Pierre Bacri ? Je n’ai pas spécialement de technique mais souvent je me dis « t’es trop tendu mon gars, tu t’endormiras pas comme ça ». Alors je me détends les pieds, les mains, je me desserre tout, et je prends une tête d’imbécile. Je me mets dans la mollesse de quelqu’un qui veut dormir et généralement je me réveille le lendemain en me disant qu’apparemment ça a bien marché. Votre insulte préférée ? Sa mère la pute. C’est Jamel qui m’a mis cette insulte y'a 10 ans dans la tête et c’est ce qui me vient à chaque fois qu’un mec m’énerve. Sa mère la pute dans un camion au bois de Boulogne.
Grand Froid, de Gérard Pautonnier En salles actuellement 15
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MUSIQUE
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RAPHAEL BREUIL P DR
Chryst� Bell Feu, marche avec moi Je ne savais pas qu’en devenant journaliste dans les années 2010 je tomberais un jour nez à nez avec une diva des années 50. Jamais je n’ai rencontré un tel personnage. Lynchienne jusqu’au bout des ongles, on ne peut que le constater, nous rencontrons
la belle Chrysta la veille de la sortie de son nouvel album produit par John Parish, après avoir longtemps collaboré avec David Lynch, qu’elle retrouve derrière l’écran en interprétant le rôle de l’agent Tamy Preston dans l’incroyable saison 3 de Twin Peaks. 17
MUSIQUE
CHRYSTA BELL
Parlez-nous de cette collaboration avec John Parish (Eels, PJ Harvey). Le but était de trouver la prochaine étape de la recherche de mon identité musicale, après ma longue collaboration avec David Lynch qui a bien entendu grandement influencé ma vie et ma carrière. Ça fait maintenant 16 ou 17 ans, donc j’avais besoin de passer à l’étape suivante, d’arriver au monde suivant. Cette transition a été très délicate, tu essaies de faire les meilleurs choix, tu dois réfléchir très intelligemment aux qualités que tu recherches chez ton prochain producteur. Celui qui va parfaitement créer la chanson que tu veux, sans ajouter trop de couches. Ces qualités pour trouver le son pur, David les avait, mais j’avais besoin de conquérir un nouveau territoire musical. C’était important pour moi, et John avait pour moi toutes ces qualités. Encore fallait-il qu’il ait le temps. Et il l’a pris. Il a écouté quelques nouvelles chansons que j’avais écrites avec mon collaborateur et il les a adorées. Et quelques temps après, nous avions plein de nouvelles chansons, nous avons passé du temps à faire de nouvelles démos, à explorer de nouvelles zones et mettre beaucoup d’amour et d’attention dans ce disque. Chaque fois qu’on entrait dans le studio, je le regardais faire sa magie. Et ça fonctionne plutôt bien, je suis très très fière de cet album.
j’ai vraiment besoin de leurs conseils et de leur expérience. Parfois je n’ai pas confiance en cette lyrics, je doute vraiment, et ils me poussent à continuer. « La passion dans ta voix, c’est ce que je recherche. »
De David Lynch ou de John Parish, qui te laissait le plus de liberté ? (Elle rit) Dans les deux cas, il s’agit d’une très bonne balance entre la liberté d’être complètement expressive en tant que chanteuse et musicienne et même en tant que femme, et le fait que j’ai choisi de collaborer avec ces gens parce qu’ils sont de très bon conseil. Ils sont forts et ont confiance en eux, je respecte et admire leurs visions. J’ai besoin de travailler avec des gens sages et pleins d’expérience. Donc
A l’heure où nous faisons cette interview, nous n’avons pu voir que 4 épisodes de la saison 3 de Twin Peaks. Votre personnage a une drôle de façon de marcher en roulant du popotin, et la caméra pousse le spectateur à regarder puis à en rire. Qui a eu l’idée de cette étrange démarche ? Il n’y a pas d’idée, c’est comme ça que je marche (rires). Il a voulu que l’agent Preston marche comme moi je marche. Il savait très bien ce qu’il voulait. Mes instructions étaient assez simples. Il voulait juste que je marche. C’est pour ça que j’ai eu le job je pense (rires). Vous pouvez nous raconter votre première rencontre avec David Lynch ? La première fois que je l’ai vu, c'était un moment que je n’oublierai jamais. J’ai été invitée dans son studio à Hollywood. Qui est pour la petite histoire la même maison, sa maison, où a été tourné le début du film Lost Highway. Quand je montais les marches je me demandais si ce que je vivais était vraiment réel ou si je l’imaginais de toutes pièces. Et quand tu montes des escaliers pour rencontrer David Lynch au bout, tu es bien nerveuse, tu peux à peine respirer. Et là il ouvre la porte, avec une cigarette à la bouche, des fringues pleines de peinture, ses cheveux gris en l’air, et il dit « Hello Chrysta Bell » en me prenant dans ses bras. C’est un moment inimaginable, honnête et sincère. C’était un mec compréhensif, qui voulait m’emmener exactement là où je voulais aller. Le jour même nous avons composé une très belle chanson. C’était comme si c’était le destin.
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Et là il ouvre la porte, avec une cigarette à la bouche, des fringues pleines de peinture, ses cheveux gris en l’air, et il dit :
“Hello Chryst� Bell”
en me prenant dans ses bras.
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MUSIQUE
CHRYSTA BELL
Dans quelles conditions me conseillezvous d’écouter votre nouvel album ? Hum… La nuit, avec du vin rouge !
Vous avez un objet fétiche ? Oui, j’ai un talisman angélique que je garde toujours sur moi. Il représente les sept archanges sur un disque d’argent. Il me fait me sentir bien.
Votre film fétiche Chantons sous la pluie. Le premier CD que vous avez acheté avec votre argent ? Thriller de Michael Jackson. Votre générique de dessin animé préféré. Les Simpson (elle chante). Votre fantasme d’adolescente ? John Travolta dans Grease. L’endroit où vous ne retournerez jamais. Je ne pense pas retourner de sitôt à Pékin. Il y a trop de monde là-bas, et je n’ai pas vraiment accroché avec la ville. J’adore Hong Kong, mais Pékin et moi, nous ne sommes pas devenues amies. Si tu étais un bonbon, ce serait quoi ? Du chocolat noir. Je ne sais pas si c’est ce que je serais, mais c’est ce que j’aimerais être. Parce que j’adore ça. La chose la plus chelou que vous ayez vue récemment sur Internet ? Des vidéos de gens qui essaient d’expliquer Twin Peaks. Bonne chance à tous !
La critique qu’on vous fait souvent que vous préférez ! C’est dur d’en choisir une… Ok j’ai trouvé : « Qu’est-ce que David Lynch voit en elle ? » C’est vrai je me le demande aussi. Je ne sais pas non plus. Le rêve le plus fou que vous ayez fait. Je fais souvent ce rêve, que tous les animaux du monde me passent dessus alors que je suis allongée sur mon lit. Je vois leurs fourrures, leur pattes, leurs gueules, alors qu’ils me marchent dessus, c’est très National Geographic. C’est assez déconcertant, mais je suis assez rassurée bizarrement. Votre technique pour vous endormir ? Y'a quelques trucs que je fais… Je m’imagine dériver dans l’Univers et si ça ne fonctionne pas, j’ai cette superbe technique de méditation appelée Yoga Nidra pour dormir. Et si ça ne fonctionne pas… je prends de la mélatonine. We Desolve Produit par John Parish
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StĂŠphanieLucie Mathern 22
Inhumaine et postmoderne, elle peint des hommes cagoulés, des vierges folles et des Christ tropicaux. Une peinture du malaise sociétal transcrit de la façon la plus fruste, d'un seul geste - une forme de retour aux sources où le titre racontera une histoire : vieille civilisation cherche viol, il y avait un sanglier du côté de Biource. Au-delà de la peinture, la poésie. Mais cruelle et viscérale. On donnera de son corps en pliant le genou pour accomoder les dernières traces de sacré : Dieu semble mort mais on peut en rire. Il reste Francis Heaulme à qui elle a emprunté une phrase de démiurge pop : « mon style,
c'est l'Opinel ». De l'importance d'être tranchant et made in France pour une artiste en 2017. Son exposition est à voir jusqu'au 1er juillet à la galerie Bertrand Gillig à Strasbourg - ou, plus loin, celle du mois d'août, un chemin de croix dans un bus désaffecté près de Berlin dans le château des ébats de George Sand et Frédéric Chopin. Le sexe et la religion vont bien ensemble, il faut manier le sacré comme une arme, montrer l'indifférence ; accumuler de l'ancienne culture pour l'accoupler à la moderne : d'Ezéchiel à APC, de Bouguereau à Peter Doig.
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mon style c’est
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l’Opinel 25
CINÉMA
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PIERIG LERAY
Juillet Song to Song de Terrence Malick Sortie le 12 juillet
Car comme pour chacune des nouvelles mises en scène de Malick (le dernier Knight of Cups décomposant le star system avec une élégance inouïe), il faut se réjouir d’être contemporain d’un tel génie qui, par son montage et la pureté d’une photographie insolente de vérité, nous emporte à coup sûr. Cette fois, c’est par les traces poudreuses du rock’n’roll avec les Black Lips et Iggy Pop que Malick impose sa vision dogmatique de la Vie, sa distension spirituelle par son humanisme cruel. Le casting bling-bling (Portman, Gosling, Fassbender, Mara) a peu d’intérêt et n’est qu’un outil marketing pour diffuser au plus grand nombre la beauté inouïe d’un cinéma hors-champ.
Dunkerque de Christopher Nolan Sortie le 19 juillet
Après Malick, Coppola, Kubrick, Spielberg, Christopher Nolan veut en faire partie, et nous sort son film de guerre censé le propulser parmi les grands. Comme toujours - dans le façonnement de ses précédents films et en tête de proue Inception -, il attaque par le versant sensitif. La balle qui siffle à l’oreille, l’immersion dans une mer glacée et rougie par le sang que l’on sentirait presque à notre bouche, la violence meurtrière comme excuse à l’expérimentation sensorielle d’une animalité viscérale, de l’abaissement de la conscience à l’état de bête sanguinaire. Rares sont les réalisateurs capables d’imposer une telle intensité presque suffocante.
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2 MOIS
4 FILMS
4 AVIS
— �oût La planète des singes, suprématie de Matt Reeves Sortie le 2 août 2017
Dans cette idée que l’animal le plus con est l’homme face aux singes, je dois dire qu’un tel anthropomorphisme bêta et manichéen à souhait tourne cette conclusion de trilogie en ridicule. Le bon vieux militaire grand méchant loup face au gentil singe humaniste (sic), cette opposition ne rime à rien et c’est dans un festival explosif que le tout se morfond dans une démagogie infantilisante. Et la saveur même de La Planète des singes de Schaffner venant humilier l’homme par son ignorance (l’incapacité à s’exprimer) est ici oubliée et remplacée par son envie profonde d’autodestruction. Sans aucune imagination donc.
120 battements par minute de Robin Campillo Sortie le 23 août
Attaqué d’un angle quasiment documentaire sur l’association Act up ! (défendant les droits des malades atteints du SIDA dans les années 90) dans sa première partie, Robin Campillo touché par la grâce d’une mise en scène intimiste bouleversante façonne par la suite un grand film lorsqu’il nous immisce dans la vie quotidienne d’un couple homo, dont l’un est séropositif. Le sexe est filmé avec une telle douceur, et pourtant, c’est la mort qui finira par l’emporter, avec le dessin d’une fin de vie du non moins fabuleux Nahuel Perez Biscayart. Mais c’est bel et bien l’espoir final d’une lutte qui gagne du terrain et qui l’emporte dans nos cœurs encore meurtris par un tel acte de cinéma. Indispensable.
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MUSIQUE
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CLÉMENT VILLAS P BARRÈRE & SIMON
Interview Nostalgie — Polo & Pan
Impossible d’être passé à côté d’un de leurs tracks qui fera pour sûr partie de votre BO de l’été 2017. Nous avons rencontré le duo parisien juste avant leur passage tant attendu au FNAC LIVE le 6 juillet. 29
MUSIQUE
POLO & PAN
Quelles sont les conditions idéales pour écouter votre album ? Plusieurs scénarios correspondraient : -les pieds dans l'eau avec vue sur une forêt luxuriante - emmitouflé dans sa couette, blotti juste sous un velux, bercé par le doux bruit de la pluie - sur une autoroute allemande où les limitations de vitesse sont abolies à bord d’un véhicule hybride - à dos de licorne au galop dans la savane kenyane
spéciale pâte à modeler que possédait ma sœur Pan : Les Polly Pocket
Si vous deviez le dédier à quelqu’un, ce serait à qui ? Nous dédions ces morceaux à tous ceux qui nous ont inspiré, petits et grands, vivants ou plus de ce monde, particulièrement à notre entourage qui nous suit depuis belle lurette et qui nous a précieusement conseillé. Vous écoutiez quoi plus jeunes ? Polo : Mc Solaar, Doc Gyneco, Daft Punk, Air Pan : Laurent Voulzy, La Clinique, RJD2, King Crimson Votre dessin animé préféré ? Polo : Dragon Ball Pan : Dragon Ball Votre générique de dessin animé préféré ? Polo : Rémi sans famille Pan : Renart chenaPan Le jouet à la mode à la con que vous adoriez ? Polo : Le diabolo Pan : Ma Game Gear Le jouet de fille que vous auriez tant voulu avoir en scred’ ? Polo : J’étais un peu jaloux d’une dinette
Votre fantasme d’ado ? Polo : Vanessa Demouy Pan : Claudia Cardinale dans Il était une fois dans l’Ouest Le film que vous avez vu 10 000 fois ? Polo : Dazed and Confused Pan : Willow Votre premier émoi musical ? Polo : Scorpion - Run DMC Pan : Emilie Jolie par Philippe Chatel Le premier disque acheté avec votre propre argent ? Polo : Smash - The Offspring Pan : Le single d'X-files La musique que vous écoutiez pendant votre crise d’adolescence ? Plutôt rap ou métal ? Polo : Seul le Crime paie - Lunatic, plutôt rap donc Pan : Le code de l’honneur de Rohff, plutôt rap donc La chanson qui vous rappelle votre premier amour ? Polo : Zombie - The Cranberries Pan : R Kelly - I Believe I Can Fly La chanson sur laquelle vous avez eu votre premier rapport sexuel ? Polo : A capella :) Pan : Je suis toujours vierge La premier site internet que vous êtes allé voir quand vous avez eu Internet ? Polo : caramail Pan : wanadoo.fr 30
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PLAYLIST
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JULES MAILLARD
Bibi Tanga & the Selenites Chaque mois, un groupe nous raconte sa vie en chansons. Nous recevons cet été Bibi Tanga & the Selenites pour la sortie de leur dernier opus Uprise.
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PLAYLIST
BIBI TANGA & THE SELENITES
I've Been Watchin' You - Parliament Un morceaux que nous aimons beaucoup. C'est le premier titre dont nous avons fait une reprise sur scène.
Gimme Shelter - Rolling Stones Rico : J'ai découvert les Stones en même temps que la guitare, j'adore le son des Stones des années 60/70.
Catch A Fire - Bob Marley and the Wailers Bibi : Toute mon enfance. J'ai l'impression de voir une basse déambuler dans la rue lorsque j'écoute Aston Family Man Barett jouer de cet instrument…
Vitamin C - CAN Le Professeur Inlassable : une chanson sur le manque qui vous envoie dans l'addiction. Celle par exemple d'écouter en boucle la batterie de Jaki Liebezeit, l'incroyable batteur de ce groupe allemand visionnaire. Ce titre est un véritable hymne au psychédélisme.
America Is Waiting - David Byrne & Brian Eno Le Professeur Inlassable : une alchimie rythmique envoûtante. Je me souviens du choc de l'oreille surprise d'écouter un tel son. Whole Lotta Love - Led Zeppelin Un titre que nous avons beaucoup écouté en tournée. Nous l'avons repris sur scène bon nombre de fois également. The Sinking Of The Titanic - Gavin Bryars Le Professeur Inlassable : la même mélodie répétée inlassablement sur tout le disque… On commence avec la voix d'un clochard dans la rue, on finit par la voix du maître Tom Waits… Ebale ya Zaire - Luambo Makiadi Franco avec Simaro. Rico : Mon premier coup de cœur africain et un de mes guitaristes préférés. Great Expectations - Miles Davis Arthur : Une transe climatique et un thème qui se répète. Un morceau que j'ai énormément écouté alors que nous enregistrions notre 2e album. Move On Up - Curtis Mayfield Bibi : A mon avis un des plus grands artistes soul funk qui ait jamais existé… Au passage il a influencé Marley et Hendrix.
Lola Rastaquouère - Gainsbourg Arthur : Entendu lorsque que j'était très jeune à la radio, j'ai été tout de suite fasciné par la basse/batterie. J'ai découvert plus tard que c'était Sly & Robbie. Funky Drummer - James Brown Biscay : C'est dans le studio du Professeur Inlassable que j'écoutais pour la première fois Funky Drummer en version acoustique. Bibi arrivait à chanter, à danser avec ses claquettes et à s'accompagner à la guitare simultanément. En découvrant la version originale, Clyde Stubblefield m'a mis une grosse claque ! Teacher Don't Teach Me Nonsense - Fela Kuti Biscay : J'adore le jeu de Tony Allen sur ce morceau. On retrouve beaucoup d'éléments provenant de l'afrobeat dans les groove des Selenites. Honeysuckle Rose - Rose Murphy Humour, virtuosité, swing, honneur à celle qui inspira l'interprétation de Marilyn Monroe dans Certains l'aiment chaud. Bibi Tanga & the Selenites Uprise 33
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SÉRIE
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PIERIG LERAY
The Leftovers L’apogée de la plus grande des odyssées
Qu'écrire lorsque une œuvre à part entière vient toucher les cimes d'une beauté absolue, presque irréelle, qui se conclut dans un final transcendantal, d'une simplicité telle qu'il finit par tout dire en une phrase éloquente, « I’m here ». The Leftovers restera à jamais hors du temps, unique
et un coup de génie éphémère (3 petites saisons) qui aura tenté de répondre à la seule question qui compte : comment survivre dans un monde sans futur ni espoir, où le deuil est omnipotent, arraché dans notre chair, meurtrie au plus profond, comment vivre sans se laisser mourir ? 35
SÉRIE
THE LEFTOVERS
Toujours seule, d'une route tracée de par le monde, The Leftovers est si complexe qu'il faudrait une analyse bien plus détaillée pour en tirer sa quintessence. Mais finalement, à quoi bon ? Quand une création arrive par la multiplicité de ses questions à synthétiser la seule qui vaille, il faut juste savoir s'incliner, se bouleverser d'un tel acte de foi en l'autre, et contempler sans se questionner.
l'amour venant alors triompher sur la souffrance. Cette souffrance lourde et pesante qui porte les pas de chacun des protagonistes tout le long de la série vient s’envoler aussi brutalement que la disparition 7 ans auparavant par la blancheur sacrée d’une colombe, le regard humide d’une histoire d’amour qui porte à elle seule l’espoir du Monde. L’espoir d’un jour nouveau, où la mort n’est plus une fin en soi, mais une étape décisive vers l’accomplissement de l’être.
Pour les oubliés, The Leftovers raconte sur trois saisons le cheminement métaphysique d'une famille décomposée après le grand départ, 2% de la population mondiale s'étant volatilisés sans explication rationnelle. L'énigme d'une telle disparition est bien entendu sans intérêt, et Lindelof ne s'y attarde que très peu. Par un tel cataclysme, il met alors en scène l'Humanité dans sa plus profonde sincérité, à nu, sans défense, recroquevillée, paumée. Une secte d’Hommes en blanc font don de leur parole (mutisme complet) et de leurs poumons (clope sur clope) pour ne jamais oublier. L’Humanité est perdue dans un deuil infini et sans l’ombre muette d’une explication, une Humanité qui cherche une réponse, même la plus illusoire. Elle cherche sa place dans une religion omniprésente et théâtre de l'avènement d'un nouveau testament, dans la quête du miracle et du salut d’un déluge qui gronde, dans l'inconscience d'une mort qui serait la nouvelle naissance. Au fil des épisodes, The Leftovers oriente subtilement sa réflexion sur l’immatériel, le pont doré entre la vie et la mort, le passage qui mène à l’au-delà, cette mort qui marque la seconde saison d'un épisode somptueux où le policier chef de file et messie désigné se tue pour n’avoir finalement jamais été aussi vivant. Cette quête mortelle qui ne le quittera plus jusqu'à l'apaisement, et
The Leftovers ne joue pas l’apologiste de comptoir de la mort. Elle vient accomplir le cheminement métaphysique le plus complexe de l’être humain, le deuil d’une foi perdue, de l’espoir oublié, d’un futur sans avenir. Elle traverse alors les frontières de la mort, de la psyché, elle danse entre l’obscurantisme et le progressisme, elle se permet de se noyer, de suffoquer pour survivre, et de redonner la foi en l’autre. The Leftovers est l’aboutissement presque irréel du cheminement d’une vie. Et elle se conclut par la seule réponse encore plausible et valable dans une société consumériste qui se meurt et annihile notre sens de la réflexion. L’amour du prochain. Indéfectible et féroce sentiment qui ne trompe pas et nous fera toujours croire que tout ira bien. Alors que tout est déjà fini. Comment écrire une ligne de plus sur une telle création hors du commun lorsque la seule sensation qui m’habite est une tristesse presque enfantine de voir partir violemment Mapleton et ses habitants. C’est la fin d’un voyage qui a tant donné que l’on en sort presque épuisé. Mais apaisé par la grandeur d’un final qui restera à jamais l’une des plus belles conclusions d’une des plus belles odyssées, vitale.
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The Leftovers est l’aboutissement presque irréel du cheminement d’une vie.
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FESTIVAL
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FLO & HUGO
The Peacock Society VENDREDI Après une édition d’hiver qui avait tenu toutes ses promesses, aucune hésitation à rechausser les skanking shoes pour filer au Parc Floral. On rejoint donc nos potes sur les pelouses face au magnifique château de Vincennes pour l’apéro. 21h déjà, il est temps d'entrer sur le site. 21h30 – Hugo LX La queue à l’entrée est clairsemée (il est encore tôt), on arrive donc easy à l’intérieur. On prend une pinte et on file directement sur la Squarehouse où joue Hugo LX. Avec des sorties sur Mona Music, My love is Underground ou Balance, ce jeune prodige de la house fait bouger les corps des premiers festivaliers. On ne pouvait pas espérer meilleure entrée en matière ! Track : Hugo LX - Breakfast At Ronnys 23h – Carl Craig Le site est désormais bien rempli et la vague
soulfoul d’Hugo LX a tout emporté sur son passage. Les fans de hip-hop restent sur la Squarehouse pour assister au show de Kekra. Pour notre part, on préfère se diriger vers la Warehouse qui accueille la nouvelle prestation du maître de Détroit, Carl Craig. Entouré de quatre musiciens aux synthés et d’un pianiste, Carl Craig se mue en chef d’orchestre et nous livre un show techno symphonique en reprenant tous ses classiques. Dantesque ! Track : Carl Craig & Francesco Tristano - The Melody 00h30 – Petite pause avec un passage par le Ciné Club pour visionner un docu sur la musique suivi d’un débat avec les acteurs du milieu. On donne vite fait notre point de vue, mais l’heure tourne, direction le Pavillon. 1h15 – BLNDR (Live) BLNDR est aux commandes de ce mini club à taille humaine. BLNDR, c’est ce petit français qui, peu à peu, se fait un nom sur 38
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THE PEACOCK SOCIETY
la scène techno hexagonale. Il joue une musique profonde, puissante qui hypnotise le club avec ses nappes acides mêlées à des kicks précis. La musique fait son effet sur les festivaliers qui peu à peu se laissent entraîner dans cette spirale infinie. 45 min plus tard, c’est déjà la fin de son live. C’était court, mais tellement tripant ! Track : BLNDR - Drone Capacity
4h30 – Epuisés par le set des Martinez Brothers, on file au coin chill pour reprendre quelques forces. Sur place, on s’affale sur les transats et autres hamacs mis à dispo. Un dilemme survient : Jackmaster ou Nina Kraviz ? Ça débat, ça argumente au clair de lune.
2h30 – The Martinez Brothers On fait un refill bière dans l’un des nombreux bars. Tandis que la techno autoroutière de Marcel Dettman résonne au loin dans la Warehouse, on prend l’option un peu plus groovy de la Squarehouse avec les Martinez Brothers. Les petits protégés de Seth Troxler ont désormais bien évolué. 3 ans déjà après leur passage au Parc Floral, les deux frères réitèrent une performance dont eux seuls ont le secret. Complices, ils enchaînent les disques house, acid, soulfoul ainsi que les dernières sorties de leur label Tsukegee. Le hangar a pris 3 degrés en deux heures, on a chaud mais qu’est-ce qu’on est heureux ! Track : The Martinez Brothers - H 2 Da Izzo
Carl Craig
4h45 – Finalement, c’est l’Ecossais qui remporte les suffrages. Direction donc la Squarehouse où Jackmaster s’affaire à travailler les danseurs depuis 15 min déjà. Cet ancien pilier des raves britanniques a plus d’un disque dans son sac et ça se voit. Il joue (quasi) à chaque fois le bon disque au bon moment, et c’est ça qui fait d’un Dj qu’il est vraiment bon ! On oscille entre techno des 90's, nouvelles productions et classiques acid house de l’époque. La Squarehouse chavire, nous avec. Il est 6h35, Jackmaster termine son dernier son. Ovation générale ponctuée de grands sourires sur les visages illuminés par le jour qui vient de se lever. Direction la sortie car demain, on remet ça ! Track : Jack Master - Bang The Box
Hugo LX
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SAMEDI On ne change pas une équipe qui gagne. Même potes, même spot. Ça débriefe de la veille et programme la soirée qui s’annonce. C’est reparti, on est bouillants.
23h – Raheem Experience A peine le temps de reprendre notre souffle que le trio Raheem Experience commence son live à six mains. Détachés de leur projet solo, les trois Dj’s déjà bien connus, Mad Rey, Neue Grafik et LB aka Labat nous font danser entre jazz, beats hip-hop et house. La house made in France se porte bien. Quel kif ! Raheem Experience @ Hors Série #1
22h – Tommy Genesis Flow nonchalant, lyrics crus, prods planantes… la rappeuse canadienne balance un rap sombre, envoûtant et terriblement efficace. Rien de mieux pour remettre nos corps endoloris de la veille dans le move. Track : Tommy Genesis – Angelina 22h45 – AZF On file rapidement sur la Squarehouse, histoire de prendre le dernier quart d’heure d’AZF en pleine face. La jeune Parisienne envoie une techno puissante, obscure et sans concession. Aoutch ça décoiffe.
Tommy Genesis
00h30 – Romare Le temps de prendre l’air et une douce boisson houblonnée, on reprend la direction du Warehouse. Le Britannique Romare, accompagné de ses deux musiciens, livre un full live band house/disco aux ambiances africaines, le tout agrémenté par des voix haut perchées. Nos corps se laissent aller. On sait à ce moment-là que la soirée va être belle. On lâche prise. Track : Romare – Je t’aime
Romare
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Black Madonna
Dixon
1h30 – Moodymann / Midland Les soucis commencent. Midland vs Moodymann. Entendre résonner le titre Final Credits du premier nous fait frémir. On reste finalement devant le rare et mystérieux producteur de Détroit. Juste le temps de se désaltérer, sa house mentale teintée de soul black US et de funk retentit. 2h30 de poésie. Et puis qui sait, on aura peut-être la chance de le voir nous payer de la vodka. Track : Moodymann - Ya Blessin' Me
4h30 Sueur frontale et extase globale, comme la veille, on décide de passer au point ravitaillement et de se poser à l’air frais du coin chill. Recharge d’énergie pour attaquer la dernière ligne droite et pas des moindres. Dixon.
3h – The Black Madonna On s’extirpe doucement pour rejoindre la Squarehouse et surtout l’OVNI de Chicago. Véritable icône de la house music, The Black Madonna nous fait comme à son habitude naviguer dans une multitude de registres. Entre house brute et habitée, disco endiablée et techno punchy, le hangar surchauffe et danse sans compter. Track : He Is The Voice I Hear
5h15 – Dixon Considéré comme le meilleur Dj au monde depuis quelques années par RA. Le boss du label Innervisions nous enveloppe et nous emmène loin. Son set lent, aérien, puissamment mélancolique ferme nos paupières et nous laisse divaguer… libres. Track : Acid Pauli – Nana 7h – FIN Pfiouu… On atterrit tranquillement et c’est apaisés que tout le monde regagne la sortie sous un soleil déjà bien levé.
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LITTÉRATURE
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WYATT TUSERIAN
Auteur du blog Le mec de l'underground, instigateur du mouvement littérature vandale et auteur à succès, Johann Zarca est de ceux qui vivent les choses à fond. Sexe, drogue, alcool, littérature et folie meurtrière, portrait d'un parigot de l'époque. C'est sur fond de métro aérien, entre crackheads et sirènes de keuf que nous avons rencontré Zarca dans le quartier de La Chapelle. Le temps d'une pression
pour évoquer son parcours atypique, l'avenir de sa maison d'édition Les Editions Goutte d'Or, qui ne cessent de faire parler d'elles, en bien… Et surtout, pour tenter de saisir les nuances entre Zarca, l'auteur, et la troublante humanité de ses personnages. A la rencontre d'une succès story littéraire qui prend vie dans les bas-fonds de Paname et d'ailleurs.
Zarca littéra tueur 43
LITTÉRATURE
ZARCACA D'OIE
Johann Zarca, AKA Le mec de l’underground, AKA Le Boss de Boulogne… A qui avons-nous vraiment affaire ? Johann Zarca, auteur et, depuis peu, éditeur ! Ça fait quatre ans que je suis dans le business de la littérature, c'est ce qui conditionne la plupart de mes activités.
recherchent l'ambiance, l'immersion dans un microcosme. Par exemple dans Le Boss de Boulogne, je montre le bois comme personne ne l'avait fait. Une vraie plongée ! Dans Phi Prob, on découvre Bangkok underground, alors que dans P'tit Monstre, je suis dans la tête d'un enfant tueur… Il y a un lectorat pour tout ça. Après, j'ai aussi des lecteurs qui sont là pour l'argot. Des mecs de 60 berges nourris à Audiard ou San-Antonio.
Et le business de la littérature t'associe souvent à l'expression "littérature vandale". Oui, c'est moi qui ai inventé le terme ! Je me suis basé sur le parallèle avec le graff, et sa démarche vandale. C'est-à-dire partir de l'art pour en faire quelque chose d'illégal… Enfin illégal, c'est surtout que j'ai un peu cassé les codes littéraires par l'usage du verlan et de certains argots, les codes de la morale en allant loin dans ce que je racontais et les codes de la distribution. Au début, je ne passais même pas par l'auto-édition, je donnais rendez-vous directement à mes lecteurs sur un quai de métro ou dans la street pour leur refourguer mes bouquins de main à main. Comme avec les fanzines. L'idée, c'était de faire de la littérature un truc interdit tout en gardant le côté urbain. Un peu comme du street art mais en littérature ! Ton écriture sonne très hip-hop… Mais tu m'as aussi l'air assez punk. J'ai 40 000 influences et j'ai du mal à les définir ! Street mais pas que, bobo qui ne l'est pas vraiment, underground mais mainstream… Les affiliations hip-hop et punk ne me dérangent pas du tout, du moment qu'elles sont noyées dans un pot commun. En parlant de bobos, tes bouquins ont été très bien reçus par les critiques littéraires et les médias. Ce sont souvent des gens qui aiment le roman noir. Le Boss de Boulogne, Phi Prob et P'tit Monstre, ça reste dans une veine très noire. C'est intéressant pour les gens qui
L'argot justement, tu empruntes beaucoup au gitan, au rebeu, aux argots français… C'est un peu ta marque de fabrique. Finalement, c'est surtout mon premier bouquin, Le Boss de Boulogne, qui est vraiment marqué par les argots contemporains : rebeu, caillera, gitan. Dans P'tit Monstre, je suis sur un vocabulaire super enfantin. Tu peux pas faire plus enfantin, sinon tu tombes dans Babar et Petit ours brun ! Mais c'est vrai que mon écriture est marquée par les argots, il suffit d'aller faire un tour sur mon blog Le mec de l'underground pour s'en rendre compte. Tu peux nous parler de ta démarche d'écriture ? Même si j'aime me mettre des défis dans l'écriture, je pense que j'écrirai toute ma vie à la première personne. C'est ça mon rapport au texte. J'aime recréer des ambiances, des sensations que j'ai vécues… Et je prends aussi du plaisir dans le jeu de rôle, quand je me mets dans la tête des personnages. Ça peut être un lascard, un tueur en série, un enfant, un trou de balle ou un publicitaire… Je me mets dans la tête des personnages et j'imagine des scènes, en retranscrivant leurs pensées, leurs manières de parler. Je bosse vraiment sur l'oralité.
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L'idée, c'était de faire de la littérature un truc interdit tout
en gardant le côté urbain.
Un peu comme du street art mais en littérature ! 45
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LITTÉRATURE
ZARCACA D'OIE
Tes personnages suivent souvent le même schéma : une descente aux enfers dans une sorte de folie destructrice, voire meurtrière… Tout va bien mec ? Le problème, c'est que là, on rentre vite dans la psychologie. Et comme je suis pas psychologue… Souvent, on dit que c'est des fantasmes inavoués. Mais personnellement, j'ai plus l'impression que c'est de l'ordre de la fascination, il y a autant d'attirance que de répulsion. C'est vrai que la violence fait partie de mon univers. Comme tout ce qui est un peu extrême d'ailleurs : les drogues, le sexe, la nuit… Des fascinations un peu morbides mais tellement humaines !
la galère financière. Le premier bouquin, tu prends goût au succès mais finalement tu te désenflammes assez vite… Tout se désacralise vite. Mais attention, personne ne va se plaindre de son statut d'auteur, ça reste un kif.
Entre le bois de Boulogne et les basfonds de Bangkok… t'es branché trav ? Travelo non, j'aime l'esthétique féminine. Et certains transsexuels sont sublimes. Tu as fondé Les Editions Goutte d'Or. Tu nous en parles ? On a fondé Les Editions Goutte d'Or avec Clara Tellier, la big boss et éditrice chez Courrier International et Geoffrey Le Guilcher qui est journaliste. Nous ce qu'on fait, c'est de la littérature d'immersion. D'un côté, le journaliste gonzo à l'anglo-saxonne, ce qu'on appelle narrative non-fiction, c'est-à-dire qu'on assume la subjectivité et qu'on utilise les procédés romanesques pour raconter une enquête d'immersion. Moi je m'occupe de la partie fiction… Et c'est vrai que parfois l'histoire est presque un prétexte pour raconter un univers. La vie d'auteur en 2017, ça marche mieux que la bicrave dans le bois de Boulogne ? Ouais bah oauis ! Après, je reste dans un mode de vie artistique, c'est toujours un peu
Ton prochain bouquin à paraître le 19 octobre aux Editions Goutte d'Or, se passe ici, à Paname. Tu peux nous en dire plus ? En fait, depuis deux ans, j'écris un guide de l'underground parisien : le milieu afghan du jardin Villemin, les fafs de la Rive Gauche, des toxicos de Paris Nord, le milieu des barebackers… Et c'est parti en couilles lors de l'écriture de ce guide. Donc mon prochain bouquin, qui s'appelle Paname Underground, c'est une auto-fiction qui raconte les coulisses de ce guide et de ce partage en couilles. Un immersion qui commence dans le Love Hotel de la rue Saint-Denis et qui se termine à la fameuse colline des toxicos de Porte de la Chapelle en passant par Le Gouffre, la backroom qui a inspiré Gaspard Noé dans Irréversible. On attend ça avec impatience… En attendant, un petit conseil pour sortir underground sur Paname ? Les grosses soirées chez JP ! C'est à la fois snob et populaire. Un énorme délire de gens qui n'ont rien à foutre les uns avec les autres… C'est complètement à l'arrache. A l'arrache mais dans le luxe ! Un endroit hyper bizarre… A découvrir dans Paname Underground.
Zarca Paname Underground Editions Goutte d’or à paraître le 19 octobre www.lemecdelunderground.com
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AGENDA VENDREDI 7 JUILLET
VENDREDI 21 JUILLET
22h Bonbon Boumette
00h Bus Palladium
Terrasse de lOpéra Garnier
Bonbon party, invitations sur lebonbon.fr
La Teuf Champêtre du Camion Bazar
22h Bonbon Boumette
19h à la Folie Paris 15€
Terrasse de lOpéra Garnier
Disco Club XXL Prosumer, Octo Octa & More
18h Wanderlust 10€
00h Bus Palladium
Smallville Paris 10 Years Pt. 2 w/ Mr Fingers
Bonbon party, invitations sur lebonbon.fr
22h Concrete 15€
20h Parc Floral De Paris 45€
Leon Vynehall & François X, Dan Shake
The Peacock Society 2017 SAMEDI 22 JUILLET SAMEDI 8 JUILLET
18h Les Pavillons des Etangs 22€
14h Generator Hostel Gratuit
In Rituel: Polo & Pan, Raz Ohara, Kerala Dust
Beat à l'air 5 Years
22h La Plage du Glazart 10€
23H30 Secret Place 15€
Initial Meets Unusual Suspects
Cracki Party
00h Rex Club 12€
23h30 Port de loisirs de l'Été du Canal 0€
Bass Culture 20th Birthday Part 4: D'Julz
SoukVoodoo w/ Camion Bazar, Microclimat VENDREDI 28 JUILLET DIMANCHE 9 JUILLET
19h La Plage du Glazart 15€
23h Amphithéâtre de Belleville 10h
Open Minded Party: Margaret Dygas
Quartiers d'été #7 - Open air à Belleville
22h Bonbon Boumette Terrasse de lOpéra Garnier
JEUDI 13 JUILLET
00h Batofar 10€
00h La Plage du Glazart 12€
Beat à L'air presents Delta Funktionen
La Plage: Glenn Underground, Rick Wade
00h Bus Palladium Bonbon party, invitations sur lebonbon.fr
VENDREDI 14 JUILLET 00h Bus Palladium
VENDREDI 4 AOÛT
Bonbon party, invitations sur lebonbon.fr
22h Bonbon Boumette
22h Bonbon Boumette
Terrasse de lOpéra Garnier
Terrasse de lOpéra Garnier 23h La Station – Gare à mines 10€
VENDREDI 11 AOÛT
La Culottée
22h Bonbon Boumette Terrasse de lOpéra Garnier
SAMEDI 15 JUILLET 12h Pavillon Baltard 25€ Warehouse Alternative - Madness
VENDREDI 18 AOÛT 22h Bonbon Boumette Terrasse de lOpéra Garnier
JEUDI 20 JUILLET 15h Port de Solférino 20€
VENDREDI 25 AOÛT
Les Croisières Electro RADIOMARAIS w/ Manu le
22h Bonbon Boumette
Malin, AZF
Terrasse de lOpéra Garnier
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