Septembre 2017 - n° 76 - www.lebonbon.fr
*Nouveau : Desperados Mojito est née d’une recette créative alliant une bière aromatisée Tequila à des arômes de menthe et de citron vert. Née créative.
L’A B U S D ’A L C O O L E S T D A N G E R E U X P O U R L A S A N T É . À C O N S O M M E R A V E C M O D É R A T I O N .
EDITO
Mon meilleur souvenir de cet été ? Certainement cette soirée où j’ai dépensé cent balles au stand de tir à la carabine dans une fête foraine de province. Et tout ça pour choper une peluche immonde pour Sandrine, une jeune coiffeuse du village dans lequel j’ai décidé de m’installer pour les vacances. En tant que Parisien, nous sommes un peu les seigneurs de France :) Quand nous arrivons en ville pour le "quinzou", les gens se mettent à genoux, organisent des fêtes, invitent des groupes de reprises de Boney M., mettent des attractions dangereuses partout, nous bourrent de churros frits au Nutella bon marché et… nous proposent des activités hors de prix pour pécho des meufs. Comme par exemple des stands de tir à la carabine. L’arnaque est vite flairée : que vous éclatiez un, deux, ou trois ballons dans la petite cage, vous ne gagnez qu’un petit coupon pour retirer un lot. La peluche que voulait absolument ma greluche, une pâle imitation low cost d’un Stitch de Disney, était presque impossible à obtenir. Il fallait encore une dizaine de parties à quatre balles pour en avoir assez. Seulement ça ne se fait pas en une fois, les gamins attendent derrière, Sandrine ma dulcinée a soif et veut sa bière à dix balles, et sa pomme d’amour, et sa barbe à papa… Malgré tout, j’arrive à obtenir 15 points au bout de la soirée. Pas assez pour la peluche malheureusement. Elle est repartie avec la bouteille de mousseux et un cendrier rastafari en terre cuite que je lui ai offert. Et moi du coup avec mon zizi sous le bras et la compagnie créole en fond sonore. J’adore les vacances. Raphaël Breuil
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TEAM
CONFISEUR RÉDAC’ CHEF DA FONTS GRAPHISTES COUV SR RÉDAC’
DIGITAL CM CHEFS DE PROJETS PARTENARIATS RÉGIE LE BONBON IMPRIMÉ EN FRANCE
Jacques de la Ch�ise Raph�ël Clément Breuil �épublique Studio Or Type & Dinamo Coralie Bariot Mathilde Erard Mouloud par Prioreau Louis Haeffner Cyrielle Balerdi Camille Bonvalet Camille Hispard Rachel Thomas Tiana Rafali-Clausse Olivia Sorrel-Dejerine Antoine Viger Clément Villas Dulien Serriere Florian Yebga Fanny Lebizay Lionel Ponsin Benjamin Alazard 12, rue Lamartine 75009 Paris 01 48 78 15 64 Siret 510 580 301 00032 2
SOMMAIRE
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À LA UNE Mouloud Achour
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LITTÉRATURE Les fêtes
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INTERVIEW Cédric Bixler Zavala
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ART Kourtney Roy
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CINÉMA Septembre
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MUSIQUE Girls in Hawai
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MUSIQUE Jeremy Kapone
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MUSIQUE Camille Hardouin
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AGENDA
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L E
PA S S É _ I N S P I R E _ L E
F U T U R
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HOTSPOTS SE RAPPELER AU BON SOUVENIR Le collectif le plus foufou de Paname revient pour faire passer plus facilement la pilule de la rentrée. C’est en pleine journée qu’officiera le crew pour un open-air placé sous le signe de la nostalgie. Des gommettes et des paillettes, de la déco à gogo et du bon son. OTTO10 #10 @ Parc Georges Brassens - 15e Samedi 9 septembre FAIRE LE PLEIN DE BONNE HUMEUR Déferlante de bonnes ondes en prévision au Garage. Prosumer ramène son bac à disques pour nous faire passer la meilleure des soirées pour un extended set qui risque de faire des ravages. L’ancien résident du Panorama bar sera accompagné par celle qu’on adore, Céline de la Sundae. On parie que vous allez sourire. Prosumer, Céline @ Garage Vendredi 15 septembre UN PETIT AIR DE TROUW Qui dit rentrée dit nouvelle résidence pour le Badaboum. Et c'est le Rouennais Marst qui s'y colle. Pour sa première soirée Kontrol, le petit protégé de Laurent Garnier invite l'excellent producteur Patrice Baümel. Le Hollandais saura mettre tout le monde d'accord. Marst, lui, se chargera de nous faire voyager dans son univers « électroniquement planant ». Patrice Baumel, Marst @ Badaboum Samedi 23 septembre PROFITER D’UN SHOW UNIQUE La RBMA est une masterclass : les artistes s'y retrouvent pendant une durée déterminée, créent une œuvre et la présentent une seule et unique fois au public. Le rap ne déroge pas à la règle avec cette fois une rencontre entre Los Angeles, Bruxelles et Paris : j'ai nommé The Alchemist, Caballero & JeanJass, Lomepal, Deen Burdigo, etc... Rien que ça, oui oui ! Paris L.A. Bruxelles @ Le Trabendo Mercredi 27 septembre 5
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À LA UNE
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S. CHERMONT P F. PRIOREAU
Mouloud Achour, le cliqueur du dimanche
Même si ce titre copie son nom sur Twitter, Mouloud Achour est bien plus qu’un cliqueur du dimanche. Avec Clique.tv, ses émissions engagées comme Le Gros Journal et ses interviews sans langue de bois dans Clique Dimanche à venir dès le 10 septembre sur Canal+, Mouloud apporte au journalisme ce
que peu ont réussi à mettre en valeur avant lui : de l’humanité, de la sincérité. Rencontre dans ses bureaux du 11e arrondissement où, alors qu’il ne donne que très peu d’interviews, il n’a pas hésité à papoter nuit, Internet, séries et… Kanye West.
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À LA UNE
MOULOUD ACHOUR
C’est la rentrée, comment s’est passé ton été ? Studieux, on a travaillé pour préparer la nouvelle émission, on a aussi voyagé aux États-Unis pour mettre en boite des rencontres pour Clique.tv. Il faut savoir qu’aujourd’hui, l’audience du site est à 60% aux États-Unis, de nombreuses chaînes américaines diffusent des extraits de Clique, bref, on bosse pas mal là-bas. Si tu veux, on a développé le fait que des artistes ne s’expriment que dans Clique, comme Future, Travis Scott ou… Kanye West ! Sa seule interview filmée, c’était pour nous. On a véritablement envie de construire des ponts entre les États-Unis et ici.
Pourquoi ce nom, "Clique" ? Ça vient du morceau de Kanye West Clique, que l’on écoutait beaucoup en soirées à l’époque. Au départ, on avait pensé à "Bande organisée" mais au final on s’est dit que ça pouvait porter à confusion. Donc "Clique", c’est venu comme ça, c’est même devenu un geste que tout le monde fait, tous les jours, on clique. Notre but, c’est de partager nos passions donc si les gens cliquent sur ce que l’on clique, ils font un peu partie de notre clique ! (rires)
Cette nouvelle émission, Clique Dimanche, comment s’annonce-t-elle dans les grandes lignes ? L’émission est la suite logique de ce que l’on a construit avec Le Gros Journal. Les gens nous ont connus au début avec un programme qui n’a pas fonctionné, puis avec un site qui a marché (rires). C’est vrai que l’on nous associe souvent à un média urbain, culturel, et donc l’émission nous permet – et nous a permis – d’aller vers le monde des idées, l’actualité et le sociétal. On est allé chercher des intellectuels qui ne s’expriment plus du tout à la télévision comme Geoffroy de Lagasnerie, on donne l'occasion à des artistes de s’exprimer sur des sujets comme l’affaire Traoré. Avec cette nouvelle émission, on part sur un format plus long (entre 1h et 1h30, ndlr) avec du reportage, des invités, des plateaux, on reprend la case du Supplément donc ça sera le dimanche en clair sur Canal+ à 14h20. La promesse est simple, on a envie de montrer que notre génération peut avoir un regard sur l’actualité sans forcément s’en moquer.
Tu n’es pas animateur mais journaliste et producteur, quels ont été tes débuts ? J’ai commencé en radio, sur Fréquence Paris Plurielle alors que j’avais 16 ans. Et j’ai continué en faisant des piges sur le rap français pour le journal Radikal, dont je suis devenu rédacteur en chef. J’ai ensuite écrit des documentaires pour Canal+, j’ai fait de la radio sur Nova et Générations, donc j’ai vraiment commencé à travailler très jeune. J’ai toujours voulu faire ce métier. À mes débuts, on ne m’a jamais rien demandé, j’ai toujours pris ! (sourire) Avant de faire de la télé, on t’a découvert comme DJ Mouloud… Tu continues ? … ou plutôt comme Dj tout court, je n’ai pas de nom ! (rires) J’avais un label de musique où l’on produisait un groupe qui s’appelle La Caution. Je viens vraiment de l’univers hip-hop, c’est ma culture de base. On faisait des fêtes, on appelait ça d’ailleurs le mardi gros au Social Club, et avant ces soirées, on investissait le Paris Paris. On a toujours aimé faire ça. Et je continue, de temps en temps, lorsque l’on m’appelle. Mais j’ai un souhait, faire une tournée Clique en province, dans des clubs où l’on nous réclame des fêtes… On va peut-être répondre à la demande !
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“Pour moi, une bonne table et une bonne conversation valent toutes les musiques et toutes les boissons !”
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À LA UNE
MOULOUD ACHOUR
À quoi ressemblent tes nuits parisiennes ? Tu viens de nous dire qu’elles étaient animées à l’époque, le sont-elles toujours ? Avant, je sortais beaucoup. Mais beaucoup. (rires) J’ai plein de potes avec qui j’ai grandi qui sont aujourd’hui Dj, plutôt dans l’électro, comme feu DJ Mehdi, il nous a fait découvrir la musique électronique. Depuis Clique, mon rythme de vie s’est inversé, j’ai une journée de travail à l’heure française, où j’arrive au bureau vers 7-8h, et je reprends une journée de travail vers 1h du mat’ avec les États-Unis. Mais j’arrive à dormir. (rires) Comme je ne bois que de l’eau, j’ai un mode de vie très sain, je tiens. J’ai l’impression d’avoir de la meilleure musique chez moi que dans les clubs à Paris en ce moment. Sincèrement, la fête à Paris me déprime. Je préfère me faire un bon restaurant.
celles et ceux que l’on entend moins, voire jamais. C’était qui, ta plus belle rencontre ? Honorine, la doyenne des Français, 113 ans ! C’était marquant car à la fin de cette rencontre, je me suis dit : « C’est elle qui a tout compris. On se plaint alors que l’on est une génération chanceuse, on est en paix en France ». Puis la rencontre entre Omar Sy et "mamie Danielle", après les événements du Bataclan. On a eu besoin avec Omar d’exorciser ça… Et bien évidemment Kanye West, ça devait durer 5 minutes, on est restés une heure ensemble. Pour moi, il n’y a pas de différence entre les écrans, la télévision ou Internet, et il n’y a pas de différence entre les célébrités et les anonymes. Chaque personne a un combat, une histoire.
Tu me tends une perche, quelles sont tes bonnes adresses à Paris ? Si vous aimez les merguez, je conseille Le Tagine au 13, rue de Crussol dans le 11e. C’est mon restaurant préféré, j’y suis souvent. L’Acajou de Jean Imbert rue Jean-de-La Fontaine dans le 16e, le Septime au 80, rue de Charonne dans le 11e, un délice. Clover de Jean-François Piège dans le 7e. Et puis après, j’aime vraiment les kebabs de chez Grillé, rue Saint-Augustin dans le 2e. J’ai grandi en banlieue donc je n’ai pas la culture des bars, on ne se disait jamais « Viens on va boire un verre ». On s’achetait une cannette lorsque l’on avait soif, à la rigueur… Pour moi, une bonne table et une bonne conversation valent toutes les musiques et toutes les boissons ! Tu as interviewé des personnalités impressionnantes comme Kanye West, Pharrell Williams, Justin Bieber… Mais aussi,
Ton visage ne passe plus inaperçu, qu’est-ce que l’on te dit dans la rue lorsque l’on te reconnaît ? Les gens me racontent leur vie et j’aime bien les écouter ! (rires) La dernière fois, c’était un mec qui sortait de prison, il m’a dit qu’il avait vu toutes mes émissions l’année dernière, les interviews. Il commandait de la prison des livres de sociologie. Puis il s’est intéressé aux banques. Il rêve aujourd’hui de travailler dans le crédit. J’ai eu le droit à son histoire, à un Facetime avec son fils, parfois ça peut être très long. (rires) On peut parler de Couscous, ton chien, qui est là pendant cette interview ? C’est relou non ? (rires) Je suis très touché par les animaux, plus sérieusement. Sans vouloir spoiler, dans Game of Thrones, le sort des bêtes m’a beaucoup plus ému que le sort des hommes. Un mot de fin ? Continuez de cliquer ! (sourire)
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LITTÉRATURE
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CARMEN BRAMLY P DR
Les fêtes dans la littérature
Il y a des romans qui nous donnent envie de pleurer, d’autres d’aimer, et certains qui nous poussent à nous mettre une bonne grosse race ! Cet été, le Bonbon vous fait découvrir ces textes qui nous précipitent dans un désir de déglingue ! On fait beaucoup la fête dans les livres, que ce soient des bals, des beuveries, des festins ou des réjouissances campagnardes.
On ne compte plus les personnages dont la vie est bouleversée après un bal, comme le bal de la Princesse de Clèves, où la jeune femme rencontre le magnétique Nemours, la précipitant immédiatement dans un trouble amoureux abyssal. Il y a également le personnage principal de La Parure, qui devra rembourser, quitte à s’endetter, une parure perdue au cours d’un bal, que lui avait prêtée une riche amie. Si certaines fêtes sont 13
LITTÉRATURE
LES FÊTES
frugales, comme le banquet de Gervaise dans L’Assommoir, d’autres sont plus fastueuses, comme les réceptions organisées par Gatsby, séduisant millionnaire au passé trouble, dans sa demeure de Long Island. On pourrait également citer le luxe des fêtes de des Esseintes, héro décadent imaginé par Huyssmans. La fête peut également être plus désabusée, comme dans La Grande Beuverie de René Daumal, critique des rouages de la société par un homme qui s’est libéré du joug de son égo. Bref, la liste est longue, et c’est justement pour cette raison que nous avons décidé de vous inviter à trois fêtes marquantes du canon de la littérature mondiale.
plus beau de la compagnie ? ». Eh oui, le garçon ne supporte pas de voir son ex à côté d’un bellâtre. Socrate réplique en maudissant la jalousie de son boyfriend. « Depuis l’époque où j’ai commencé à l’aimer, je ne puis plus me permettre de regarder un beau garçon ni de causer avec lui sans que, dans sa fureur jalouse, il ne vienne me faire mille scènes extravagantes, m’injuriant, et s’abstenant à peine de porter les mains sur moi. » Ils se prennent un peu le chou, et Alcibiade tranche, en proposant de faire l’éloge de Socrate, le comparant aux silènes. Pour les ignares, les silènes sont des personnages hideux, renfermant des statues de divinités. En gros, Alcibiade fait sa blondasse, louant la beauté intérieure de son plan cul, si rayonnante qu’elle lui fait oublier son faciès baroque et va jusqu’à le rendre meilleur. « J’ignore si d’autres ont vu, quand il parle sérieusement et qu’il s’ouvre enfin, les trésors sacrés de son intérieur ; mais je les ai vus moi, et je les ai trouvés si précieux, si divins, si ravissants, qu’il m’a paru impossible de résister à Socrate. » Alcibiade est catégorique, les mots de Socrate ne sont légers que pour ceux qui ne peuvent les entendre, mais renferment une extrême sagesse et ont en eux un pouvoir de séduction irrésistible. Ainsi, ce n’est pas, selon lui, Socrate qui court après les éphèbes, mais les jeunes garçons qui viennent à lui, pour qu’il les guide sur le chemin de la sagesse et du bonheur. En tant qu’amant de la sagesse, elle ne lui appartient pas véritablement, il ne fait que la désirer, et c’est ce désir qu’il transmet à ses disciples. Une belle manière de justifier ses penchants à la limite de la pédophilie. - Quand philosophie et party se mêlent, ça donne la rencontre entre érotisme et dialectique, de quoi nous donner des envies de fête costumée, avec esclaves et vins antiques à l’appui.
➊ Platon, Le Banquet - 380 av. J.-C. Des hommes, du vin et des beaux discours - En deux mots, Le Banquet, c’est une bande de huit philosophes en toge qui élaborent des discours sur l’amour, tout en s’abreuvant du nectar de Bacchus. Une teuf qui n’a d’autre but que celui de définir la nature d’Eros et s’enivrer de belles paroles. La réception a été organisée par Agathon, jeune poète lauréat du concours des grandes Dionysies, en -416 avant J.-C. - S’il fallait retenir un moment, c’est sans doute l’arrivée d’Alcibiade, le bel et jeune amant de Socrate. Ivre, Alcibiade se pointe dans la cour d’Agathon et interrompt les réjouissances. Une fois déchaussé et avachi sur un lit, le jeune homme découvre alors Socrate, alangui aux côtés du bel Agathon, sorte de parangon de l’éphèbe putasse. S’ensuit alors une crise de jalousie, du genre qu’on pourrait entendre au Bananas, célèbre lieu de perdition de la communauté gay, situé entre Châtelet et les Halles : « Comment, au lieu de t’aller mettre auprès d’Aristophane ou de quelque autre bon plaisant ou soi-disant tel, t’es-tu si bien arrangé que je te trouve placé auprès du
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“Alcibiade fait sa blondasse, louant la beauté intérieure de son plan cul,
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si rayonnante qu’elle lui fait oublier son faciès baroque et va jusqu’à le rendre meilleur.” 15
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LITTÉRATURE
➋ Giuseppe Tomasi di Lampedusa, Le Guépard – 1958 Valser avant la fin d’un monde - Un roman souvent qualifié de "réac", retraçant la vie d’un prince sicilien, Don Fabrizio Salina, qui assiste à la métamorphose de la Sicile, dans les années 1860, après l’unification de la péninsule italienne. Le roman a été adapté au cinéma par le réalisateur Luchino Visconti, avec Burt Lancaster, Alain Delon et Claudia Cardinale, le tout sublimé par une musique signée Nino Rota. Un bijou cinématographique que nous vous recommandons chaudement. - Le temps d’un bal, le prince laisse sa nostalgie et ses regrets de côté pour s’incliner face à la fougue de la jeunesse, incarnée par la figure de son neveu, Tancrède Falconeri, ainsi que celle de sa séduisante promise, Angélique Sédara. Tous deux symbolisent le renouveau de l’Italie et entrainent le vieil aristocrate valser sur les eaux du Léthé, histoire de lui faire oublier, un instant, qu’il appartient « à une génération malheureuse, à cheval entre deux mondes et mal à l'aise dans l'un et dans l'autre ». Angélica invite donc le Prince à danser, et il s’y prête, séduit par l’aspect félin, presque animal de la jeune fille. Dans la confusion des temps nouveaux, il se laisse aller et danse avec celle qui pourtant représente une menace à son blason, une jeune parvenue. Une danse comme un pont suspendu entre deux mondes, l’ancien et le nouveau, la jeunesse et la vieillesse, l’aristocratie et le peuple. Deux corps en intelligence, qui se meuvent au même rythme, pour une réconciliation éclair. Pourtant, la trêve ne dure qu’un seul instant, une parenthèse enchantée, avant que le Prince ne conclue : « Nous fûmes les guépards, les lions ; ceux qui nous remplaceront seront les chacals et les hyènes. ». J’aimerais ajouter qu’après les
LES FÊTES chacals et les hyènes, il aurait dû prévoir les cafards et les cloportes. - Une scène de bal enchantée qui nous rappelle que même un vieux réac' peut se laisser amadouer par les charmes, même « vulgaires », d’une jeune fille à la « croupe magnifique ». ➌ William S. Burroughs, Le Festin Nu – 1959 Sexe, drugs and violence - D’après la légende, Burroughs, icône phare de la Beat Generation, n’aurait pas le souvenir d’avoir un jour écrit ce livre. Dommage, c’est son meilleur, et le plus lisible d’entre tous (simple avis personnel). Une narration biscornue et hallucinée qui retrace le périple d’un drogué, William Lee, des Etats-Unis au Mexique en passant par Tanger. Une écriture fulgurante et très docte, pour appuyer un propos disloqué. - Nous voici en plein cœur de l’Interzone, sorte de monde dystopique et désaxé. Hassan, l’un des habitants de cette étrange contrée, s’est mis en tête d’organiser une petite orgie, dans un bar « rococo » aux effluves de « jungle » et de « fleuve », histoire de se divertir un peu. Certains sont contraints, d’autres non, ça baise même dans les airs, et le verbe jaillit en une explosion sémantique, saturée de stupre. C’est alors que William Lee, alias A.J, s’invite à la fête, et pour mettre un peu d’action, se prend pour un pirate et décapite les invités à tire-larigot, avant de se faire sermonner par Hassan, qui de toute sa vie n’a jamais assisté à pareille infamie. - Un texte qui surfe entre James Joyce et Sade, visiblement écrit sous influence, dont le thème principal, outre la drogue, pourrait être résumé au seul « virus humain ». Un conseil : ne tentez pas de reproduire aucune scène chez vous, contentez-vous de visionner l’adaptation cinématographique de Naked Lunch par David Cronenberg. 17
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INTERVIEW
T
RAPHAEL BREUIL P DR
Cedric Bixler-Zavala — From the drive-in to Mars
Il est rare d’obtenir des interviews des membres d’At the Drive-In, Mars Volta, Antemasque et les 10 000 autres noms sous lesquels se sont exprimés Omar
Rodriguez Lopez et Cedric BixlerZavala, ici en ma compagnie, pendant le petit quart d’heure qu’il a bien voulu m’accorder depuis Los Angeles. 19
INTERVIEW
CEDRIC BIXLER-ZAVALA
Hey ! Ça va ? Il est pas trop tôt le matin pour répondre à une interview là ? (Il est 9h30 à Los Angeles) Non ça va, j’ai dû me lever pour mes enfants alors c’est ok ! Oui écoute, ça va très bien !
moi. Même si j’aime beaucoup essayer de comprendre ce que David Lynch veut dire, je pense que ce n’est pas du tout le but. Le but c’est de te retourner le cerveau et de découvrir certaines choses chez toi.
Il y a 17 ans, vous faisiez toujours des mini scandales sur scène, en crachant sur les gens qui filmaient ou faisaient du slam dance. Aujourd’hui vous semblez avoir tous arrêté de prendre la parole sur scène. Vous avez décidé d’arrêter ou juste vous trouvez ça cool maintenant ? J’en ai plus trop rien à foutre aujourd’hui. Je pense que les gens sont suffisamment intelligents pour faire attention aux autres. Si je blâmais les mauvais comportements, c’était plus pour faire attention aux plus petits et aux plus faibles, pour que chacun puisse passer un bon moment. Et puis à l’époque il y avait de sacrées têtes de con qui venaient au concert pour foutre un peu la merde, y'avait des gens chelou qui venaient parce que le groupe était à la mode, ce qui n’est plus trop le cas maintenant. Le public qu’on a aujourd’hui est beaucoup plus conscient de ça.
Si je pose cette question sur David Lynch, c’est que vous avez un point commun, vous avez dû revenir avec une entité que tout le monde attend depuis 20 ans. Quelles étaient vos attentes quand vous avez décidé de relancer At the Drive-In ? Déjà, nous nous devions d'honorer l’image que nous avions. Mais surtout, nous devions sonner aussi agressif, aussi urgent qu’un groupe de quarantenaires pourrait jamais le faire. Mais de toute façon quand je regarde ce que les gens talentueux ont fait à cet âge, quand je vois Nick Cave ou autres, je pense que c’est 100 fois plus intéressant que ce que les groupes de "jeunes" font. Ça a toujours été ma perspective, de me trouver dans un état de jeunesse, dans l’état d’esprit en tout cas, si ce n’est pas la peau.
Vous êtes un gros fan de Twin Peaks, qu’est-ce que vous pensez de la dernière saison ? C’est comme un musée, où plein d’images géniales arrivent. Tu peux passer ton temps à les disséquer pour y trouver un sens, ou juste t’asseoir et regarder son œuvre. C’est complètement différent de tout ce que l’industrie du spectacle nous offre en matière de séries télé. Le dernier épisode (l’épisode 8 au moment où nous faisons cet entretien) contient une heure de ce dont je vous parlais. Une heure de délires visuels et psychédéliques à une heure de grande écoute. J’adore vraiment tout cela, c’est tellement une source d’inspiration pour
Comment est-ce que vous avez travaillé avec les autres membres du groupe ? On arrive tous avec des idées, des bouts de ci et de ça. Et puis on les jette contre le mur (certainement une expression américaine, ndlr) et on voit ce qu’on peut en tirer. C’est une sorte de psychothérapie de groupe, on construit une idée avec toutes nos émotions. Peut-on imaginer que la même chose se produise avec le groupe originel The Mars Volta ? On espère. Nous sommes juste éparpillés dans d’autres projets. Jon Theodore est avec les Queens of the Stone Age, Omar et moi nous sommes aussi dans plein de projets. Nous verrons ça quand nos emplois du temps le permettront. Mais dans l’absolu, nous 20
serons tous très heureux de nous retrouver pour jouer d’anciennes chansons. Ou peutêtre même des nouvelles. Quel film as-tu vu 10 000 fois ? The Ninth Configuration de William Peter Blatty (auteur de L’Exorciste). C’est un super film qui m’a beaucoup inspiré, regardez-le ! La chanson que tu as honte d’aimer, mais que tu aimes quand même. Peut-être que c’est Happy de Pharrell parce que mes enfants adorent. En vrai j’ai pas tellement honte, c’est sucré, je pense que le monde a besoin d’un gros smile en ce moment. Le truc le plus chelou que tu aies vu sur ton groupe sur Internet. Y'en a pas un qui me vient tellement ça m’arrive tous les jours. Mais je vais résumer en disant que c’est souvent marrant les gens qui pensent qu’on improvise et que tout ce
qu’on fait sur scène est décidé sur le coup, comme si l’excuse du rock and roll suffisait à nous faire faire des choses. Il y a toute une légende à la Magicien d’Oz derrière le groupe. Ton rêve le plus chelou ? Quand j’ai appris que ma femme était enceinte, j’ai eu une longue série de mauvais rêves où j’imaginais qu’il arrivait quelque chose à mes enfants. Je me reveillais tout le temps en checkant si elle respirait bien et tout. Avoir des enfants c’est un véritable cauchemar. (rires) C’est du boulot de se soucier de quelqu’un d’autre. Mais c’est vachement mieux qu’avant. Pourquoi est-ce que Jim a quitté le groupe ? Des choses qui se sont passées dans sa vie ont fait qu’il n’a pas pu continuer avec nous. Donc quelqu’un l'a remplacé, et depuis c’est super fun. C’est comme ça !
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Kourtney
Roy
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Kourtney Roy s'expose à Paris. Cette nouvelle série révèle un univers parallèle où l’imaginaire se déploie comme un filet sur les contours du monde. Dans la continuité de son travail, Kourtney utilise sa propre image pour en faire un personnage dans un monde débordant d’associations et de scénarios étranges et mystérieux. Dans Sorry, No Vacancy, l’artiste a convoqué l’ineffable dans les espaces immenses et isolés du sud-ouest du Texas. Les décors de cette série sont des lieux en marge et transitoires ; des autoroutes lointaines, des magasins de souvenirs abandonnés et des villes esseulées qui semblent flotter sur le paysage telles des images fantômes d’un passé révolu. Ces lieux deviennent le terrain de jeu de Roy qui se livre à ses rituels cryptiques de travestissement. Ses images nous renvoient à celles du grand écran et à une iconographie collective qui englobe le cinéma, la mythologie et le folklore
américains. Leurs références sont ellesmêmes des représentations, créant ainsi une spirale de signes auto-référentiels où les images en appellent d'autres ad infinitum ; une mise en abyme sous tension où la réalité et ses référents sont difficiles à distinguer. L’ensemble allie le réel au symbolique et au fictionnel, où le possible se reflète dans un état éphémère créé et enregistré méticuleusement par Roy. Et l’on pense à André Bazin quand il écrivait à propos de la création d’images aujourd’hui, « il ne s’agit plus de la survie de l’homme, mais plus généralement de la création d’un univers idéal à l’image du réel et doué d’un destin temporel autonome ». Du 28 septembre au 28 octobre Du mardi au samedi : 11h - 13h et 14h30 - 19h Galerie Catherine et André Hug 40, rue de Seine - 2, rue de l'Échaudé - 6e
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CINÉMA DE MINUIT
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CARMEN BRAMLY
L’important c’est d’aimer, à voir absolument « Organique, sublime, culte, envoûtant, charnel, déroutant, chaotique, magistral… » Autant d’adjectifs "Télérama-friendly" qu’il y a de facettes à ce film. Addicts aux comédies romantiques, passez votre chemin. En revanche, si vous êtes du genre à écrire "sapiosexuel" dans votre bio Tinder, L’important c’est d’aimer a été réalisé pour vous. C’est exactement le genre de film qui convient à un premier rencard avec une khâgneuse emo à piercings, de dix ans votre cadette, à mater de préférence sous un plaid un peu rêche. Un film qui vous permettra de
l’étreindre maladroitement en lui susurrant à l’oreille : « Promets-moi de ne jamais t’attacher ». Le premier film français du réalisateur polonais, qui devait dans un premier temps s’appeler "L’Orage", a été inspiré par une sous-intrigue du roman de Christopher Franck, La Nuit américaine, prix Renaudot 1972. Quelques pages à propos de la relation branlante entre une actrice ratée, son mari paumé et un jeune homme séduisant qui s’insère dans les failles de leur couple, que Zulawski a souhaité étoffer et mettre en 27
CINÉMA DE MINUIT
L'IMPORTANT C'EST D'AIMER
image. De quoi révéler tout le potentiel dramatique d’un casting aussi inattendu que réussi (Romy Schneider, Fabio Testi, Jacques Dutronc, Klaus Kinski, Claude Dauphin).
pas d’amours heureux ». Quant à Jacques, clown triste devant l’éternel, l’aphorisme à fleur de bouche, il est le mari aimant et trompé. Comment pourrait-il venir en aide à sa femme, à lui-même ? Il l’aime sans doute trop pour cela. Alors oui, on le comprend, l’important c’est d’aimer, mais ici, aimer est intransitif, car pour peu que cet amour ait un objet précis, il en devient irrévocablement stérile et morbide. Ici, l’enfant de bohème qui n’a jamais connu de loi semble un oiseau en cage, cherchant en vain son reflet.
Romy Schneider est Nadine, actrice ratée sur le déclin (en gros, elle a dépassé la trentaine), forcée de jouer dans des films pornographiques pour survivre. Après sa rencontre avec Servais, parangon du photographe beau gosse et inquiétant, incarné par Fabio Testi, elle tente de l’aimer, sans véritablement y parvenir. Trop attachée à son mari, Jacques, ou trop détachée de la perspective d’un quelconque salut, elle s’abandonne à sa propre tragédie. Servais a beau lui obtenir le rôle principal dans une pièce qu’il a lui-même commandité, les illusions des personnages donnent fatalement sur un enchevêtrement d’échecs, puis la mort. Il s’endette pour la faire engager, elle n’est pas plus heureuse et Jacques, délaissé par sa femme, ne voit d’autre issue que le suicide. Derrière ce titre ironique, L’important c’est d’aimer, se cache une vision noire de l’amour. Les ailes de Thanatos ombragent un Eros complexe et souvent inaccessible. Le film s’ouvre sur Nadine, incapable de dire « je t’aime » à l’acteur allongé sous elle, maculé de faux sang. « Il est presque mort. Tu vas le prendre, tu vas lui dire je t’aime. Tu vas le baiser, tu vas le prendre. » Des indications scéniques au-dessus des forces de l’actrice. Quand le film se termine, Nadine a enfin réussi à prononcer la formule magique, mais c’est trop tard. Servais l’entend, mais ne peut rien en faire. Il se meurt. Comme quoi, ce n’est pas Zulawski qui contredira ce bon vieux Aragon : « Rien n’est jamais acquis à l’homme, ni sa force, ni sa faiblesse, ni son cœur, et quand il croit ouvrir ses bras, son ombre est celle d’une croix. Il n’y a
Mais voici un film qui nous parle également de cinéma et de théâtre. Il dit la mise en abîme du chaos intérieur et la sublimation des passions par le jeu et la création. « Les acteurs sont des gens malheureux et malhabiles dans leur vie privée », a confié le réalisateur dans une interview, et c’est sans doute ce qu’il a voulu mettre en scène. Romy Schneider sombrait alors dans une profonde dépression, et Zulawski lui-même traversait une crise artistique. Son précédent film, Le Diable, avait été censuré en Pologne et il n’avait pour l’instant rencontré aucun véritable succès. Ainsi, pas étonnant qu’il engage une réflexion sur les parias des arts visuels et leur manière de créer, comme une ode au pathétique de leur situation. Avant de conclure, une mise en garde s’impose tout de même. Si le cinéaste se la joue rejeton maudit de Shakespeare et Dostoïevski, il offre avant tout un cinéma qui trépigne, hurle et se lamente à outrance (le fameux baroque de l’Est), ce qui n’est pas pour plaire à tout le monde. De ce film, on retient d’abord Romy Schneider. « Je dois ce film à Romy (…) Je lui ai proposé de ne pas être maquillée (…). Tu paraîtras aussi vraie que tu l’es dans la vie (…). Quand une actrice dépasse 28
trente ans, elle ne peut plus faire la petite Autrichienne délicieuse et charmante pendant deux heures », avait d’ailleurs souligné Zulawski. Tout son talent éclate dès la scène d’ouverture, où s’exprime la détresse humide de Romy Schneider, les quelques mots qu’elle prononce, et ce regard caméra, inoubliable. Une scène d’une force presque insoutenable, qu’on regrette d’avoir vue parodiée par Guillaume Canet dans son baroque et grotesque Rock and Roll (sachez que l’auteure de cet article a dû se retenir d’envoyer une lettre d’insulte à la production). Le rôle a d’ailleurs été salué par un César de la meilleure actrice, et on regretterait presque que Dutronc n’ait pas lui aussi remporté une récompense, pour son jeu tout en clair-obscur. Autre regret, une scène a été coupée au montage, et, à en croire le
réalisateur, cette censure aurait écorché son film, faisant défiler le générique après une fin trop abrupte. Après le suicide de son mari, Romy rend visite aux parents du défunt, dans une banlieue modeste. Une manière de s’excuser pour son décès, dont elle se sent responsable. Ils refusent ses excuses, ne les comprennent pas, et le frère de Jacques finit par lui lancer une pierre dans le cou. « Elle se touche le cou et, les mains rouges, s’éloigne sans rien dire vers le train. C’est une scène qu’elle joua de manière si touchante que même aujourd’hui j’en suis bouleversé », expliquait Zulawski. Sur ce, la rédaction vous invite à vous procurer le DVD du film (à le télécharger illégalement) sans plus tarder. Sortez vos mouchoirs, pour une fois que ce n’est pas pour un bon gros boulard !
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CINÉMA
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PIERIG LERAY
Septembre Le Redoutable de M. Hazanavicius Sortie le 13 septembre
Le problème n’est pas tant le film, vaste et joyeuse blague si l’on sait la lire avec un second degré tout trouvé, du postiche de Louis Garrel à son zozotement grotesque. Mais bien la volonté d’Hazanavicius qui nous vend une analyse singulière du génie Godard ; encore une fois, sa prétention dépasse sa compétence très limitée de metteur en scène, lui qui est bien plus à sa place en amuseur public. Il en ressort alors un humour efficace et gamin, superficialité totale qui balaye toute question référence sur ce qu’est Godard. Cela offre une succession de sketchs plus ou moins réussis. Donc finalement, pas si raté.
Good Time des frères Safdie Sortie le 13 septembre
D’une haletante course-poursuite dans les bas-fonds crasseux et acidifiés newyorkais, les Safdie signent une mise en scène suffocante, sur-exposée à l’image et portée par un Pattinson à son meilleur , les cheveux gras et la gueule cassée. D’un braquage planté, un frère tente de sauver l’autre, et c’est entre le fantasque After Hours et le récent trip berlinois Victoria que s’infiltrent les Safdie dans un genre bien connu, mais d’une maîtrise elle désormais reconnue. Virevoltant d’adresse, la conclusion de Good Time est à la hauteur d’un vrai moment de cinéma, et de cette tendre impression d’un renouveau générationnel.
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1 MOIS
4 FILMS
4 AVIS
2017 Gauguin, voyage de Tahiti de E. Deluc Sortie le 20 septembre
Après le pathétique Rodin, entre l’inaudible Lindon et la parvenue Izia Higelin, voilà que Cassel se lance dans Gauguin. Putain les mecs reculent devant rien, et ca se pavane dans un biopic d’une telle lourdeur, anachronique et signant violemment un retour en arrière du cinéma français. Le pire, c’est qu’Edouard Deluc tente piteusement d’en tirer un "Nouveau monde" malickien, en jouant l’humaniste de comptoir sur les berges vierges de Tahiti. Ça trempe les pieds dans de l’eau turquoise et ça joue avec des gamins sur du ukulélé… Clichetons à la pelle, et ennui à la truelle.
Ça de A. Muschietti Sortie le 20 septembre
Quel trentenaire n’a pas en tête le fameux téléfilm M6, et cette peur viscérale à dominer Shining du clown et de sa voix française stridente. Il est clair qu’en le revoyant une dizaine d’années plus tard, l’effet n’est plus le même, et la peur quelque peu récalcitrante à cette VF lourdingue et la fameuse mygale géante en papier mâché de fin. Quoi qu’il en soit, c’est avec une excitation autorisée que l’on découvre la nouvelle vision du croquemitaine de Stephen King par Muschietti. Et malheureusement, c’est un film idiot, tirant sur des ficelles épaisses et appuyant sur des ressorts bien connus pour quelques sursauts pas désagréables, mais où est la peur psychologique tord-boyaux que l’on aime tant ? Disparue dans les méandres hollywoodiens. Rendez-nous le téléfilm M6 mal doublé !
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MUSIQUE
La
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RAPH BREUIL P OLIVIER DONNET
Playlife Girls in Hawaii
C’est après leur belle performance à Rock en Seine que nous buvons une grosse pinte avec Lionel, deuxième guitare / chant de nos copains belges de Girls in
de
Hawaii, en pleine promo de leur nouvel album à venir à la fin du mois. Il s’appelle Nocture, on est dans le Bonbon Nuit, alors bon, je me suis dit on y va ! 33
MUSIQUE
GIRLS IN HAWAII
Les chansons du nouvel album sont assez électro-disco, comme un retour à la pop de vos premiers albums, le reste du disque suit-il cette tendance ? Effectivement, il y a un tournant un peu plus électro-pop dans la structure et dans l'écriture mais on reste dans un disque hybride. Pour Side, le premier morceau qu'on a sorti, on est restés assez traditionnels, à l'ancienne.
que j’avais passée à marcher à Venise. Il y avait un mec qui jouait du piano. C’était super beau. A quel moment tu peux vivre ça à part la nuit ? La nuit, ça m’évoque aussi la solitude mais d’un bon point de vue. Quand je suis comme ça seul dans la nuit, je pense à tous les autres gens qui veillent aussi comme une sorte de connexion qui se fait entre tous les veilleurs.
Pourquoi avoir intitulé votre album Nocturne ? Au départ, pour cet album, nous n’avions pas de titre ni de thème. On l’a façonné au fil du temps, un peu comme des peintres, sans trop savoir ce que cela donnerait. Les Nocturnes, c'est aussi des pièces pour piano composées par Chopin. On a continué à façonner la mélancolie parce qu’elle nous évoque la vie et la solitude pendant la nuit. Il y a aussi beaucoup de titres qui parlent de ce que l’on a autour de nous. Pas mal de violence, un côté assez sombre parce que la lumière peut aussi jaillir de la nuit, de moments difficiles. Nocturne a été composé la nuit ? Au début, en préparant cet album, on travaillait beaucoup la nuit. A ce moment-là, il y a une qualité du silence qui est juste géniale. Mais en fait, ça devient vite difficile, fatiguant et tu fais aussi beaucoup de conneries. Donc avec le temps et la maturité, on a en fait surtout travaillé la journée. C’est hyper paradoxal du coup parce que cet album Nocturne a surtout été conçu la journée ! Quel est votre rapport à la nuit ? Je suis un peu insomniaque et ça m’arrive d’aller marcher pendant la nuit. C’est un moment particulier pendant lequel tous les gens sont un peu travestis. Ils sont clairs, il y a un voile qui est moins précis. Une sorte de travestissement. Je me souviens d’une nuit
Est-ce que les origines punk garage du nouveau batteur ont influencé la composition de l'album ? Quand Bryan est arrivé dans le groupe, on avait déjà fini les enregistrements. Il est donc venu dans un premier temps exécuter ce qu'on avait fait en studio et ce qu'avait fait Boris, notre précédent batteur. Quel est ton rêve le plus étrange ? Attention, accrochez-vous. J’étais dans une barque. Ça coulait de plus en plus. C’était un peu la panique. Je tombais d'un trou puis dans une cascade. Je regarde et en fait c’était les jambes de ma mère ! Raconte-moi ta vie en chansons… Ta petite enfance Diane Dufresne, J’ai rencontré l’homme de ma vie. Et ABBA, Waterloo. Je suis né à Waterloo et ABBA tournait en boucle dans la voiture à l’époque. Ton premier émoi musical Jeanette, Porque te vas. C’est la BO d'un film espagnol au titre super cool. Dans cette chanson, il y a un côté un peu creamy espagnol, j’adore. Un tube radio dont tu étais fou The Wind Of Change de Scorpions. A chaque fois que je l'écoute, j'ai mon cœur qui se brise. C’était l’époque du mur de Berlin, la grosse actualité du moment. 34
Le premier disque que tu as acheté Nevermind de Nirvana. J’avais 14 ans. C’est le plus bel achat que j’ai fait de ma vie. Et le jour où je me suis dit « Ok, je veux faire de la musique ». Le son qui résume ton adolescence Cat Power, Say. J’ai eu une adolescence très mélancolique. Je suis tombé sur Cat Power qui a été l'accompagnatrice de tous ces moments. C’est une âme perdue. Cette chanson est revenue après dans certains moments de ma vie. La chanson qui te fait penser à ton premier amour Noir Désir, Comme elle vient. J'étais en
vacances en Bretagne. Je suis un super fan de Noir Désir. C’était aussi mon premier concert à Bruxelles. C’était une claque musicale. J’avais halluciné sur l'énergie du groupe. La première chanson que tu as sorti Girls In Hawaïï. Une chanson très légère, très hawaïenne pour le coup, vraiment premier degré. Ça parlait de partir de chez soi pour aller en vacances avec toute la naïveté que je pouvais avoir à ce moment-là. La chanson qui te fait chialer Barbara, La solitude. Nouvel album Nocturne Sortie le 29 septembre 35
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MUSIQUE
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CARMEN BRAMLY P ANTONIN N'KRUMA
Jérémy
Kapone Les bébés rockeurs sontils devenus trash ?
A l’occasion de la sortie de son deuxième EP, nous avons rencontré Jérémy Kapone, acteur principal du film LOL aux côté de Christa Théret et de Sophie Marceau. Revenu de
ses années BB rocker, il nous livre un rock introspectif, sombre et profond. LOL no more ?
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“Je ne peux pas travailler avec la weed.” 38
MUSIQUE
JEREMY KAPONE
C’est quoi les conditions optimales pour écouter ton EP ?
chose que j'ai pu expérimenter. Au début, c'est parti d'un jeu de mots, la plongée « sous-narine »… c'est un des gros problèmes de notre génération. La coke bon marché a fait pas mal de ravages. Avant, c'était l'héro, aujourd'hui, on est en plein dedans avec la C. Pour cinquante euros, tu as de la C qui est tout sauf de la C, qui te crée une addiction et te fume les neurones. J'ai vu plein de gens que j'aimais, qui étaient doués, partir en fumée.
Les EP que j’ai faits sont assez différents de l’album, qui verra bientôt le jour. Un album, c’est un exercice assez particulier. Tu as vraiment le temps de développer quelque chose, de raconter une histoire. Du coup, je ne peux pas trop répondre pour cet EP, mais pour l’album, je pense que l’idéal serait de marcher la nuit en se laissant porter par la musique. Tu sors de chez toi, sans raison, à deux heures du matin, il n’y a personne dans les rues, tu es seul au monde et tu marches, guidé par quelque chose qui te dépasse. Quand tu parles d'une « latte d'inspiration », dans l’une de tes chansons, est-ce que, comme Baudelaire, tu te sers de la weed pour invoquer le démiurge artistique ? Je ne peux pas travailler avec la weed. Il faut que je sois totalement clean. En plus, l'inspiration est une drogue en elle-même, et je dirais même qu’elle est plus addictive que toutes les autres drogues. On peut ressentir un manque physique. Quand je n'ai pas d'inspiration, au bout de quelques semaines, je deviens fou. La weed et la drogue, ça me sert à me détendre, pas à travailler. Donc, ton titre Aquarium, n'est pas une référence aux "aquas" ? Si, quand même. En fait, la chanson Aquarium parle de l'addiction. Et quand tu parles de « virer dark », dans cette même chanson, c'est autobiographique ou c'est un hommage au spleen adolescent ? Disons que j'ai vu des gens faire trop de plongée sous-marine. C'est aussi quelque
C'est un peu ce que disait déjà Allen Ginsberg, quand il écrivait, en ouverture de son poème Howl : « I saw the best minds of my generation destroyed by madness », non ? C'est pour ça que, selon toi, certains sont devenus des « maniaco des récifs » ? Exactement ! En même temps, je n'ai pas de réponse, et je ne porte aucun jugement moral. C'est pour cette raison que j'ai écrit ce titre d'une manière totalement codée, presque algébrique. D’ailleurs, il y a des gens qui pensaient que je parlais vraiment de poissons… je préfère les laisser interpréter la chose à leur guise. Ceux qui comprendront, c'est très bien, et ceux qui ne comprendront pas pourront toujours apprécier la chanson. Pendant ta période BB rocker, tu zonais pas mal au Gibus, non ? Les soirées psytranse au Gibus, ça fait saigner ton petit cœur ? Le Gibus, c'est fini. Je n'ai rien à dire. RIP. D’ailleurs, les BB rockers, c’est mort. A part les BB Brunes, ils n'ont pas vraiment marqué la scène musicale. C'était assez petit, l'impact que ça a eu, même si c’était un beau mouvement, avec un petit côté underground. En somme, c’était un peu un coup de gueule, qui a raisonné dans un certain microcosme.
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MUSIQUE
JEREMY KAPONE
Pour te retrouver, après ton passage à vide post-LOL, tu as beaucoup voyagé… quels pays t'ont le plus marqué et qu'en as-tu retiré, aussi bien sur le plan artistique qu'humain ?
autour du morceau, assez rock, qui rappelle l'incantation shamanique. J'ai fait appel à un batteur, qui s'appelle Mark Kerr, un gars qui vient du rock anglais et qui a bossé avec les Rita Mitsuko, à l’époque. Aujourd'hui il fait plus de l'électro, mais sa base, c'est le rock anglais, musique imprégnée, d’ailleurs, par la musique orientale.
J'ai été en Europe, aux Etats-Unis, et beaucoup en Amérique du Sud. Etant citadin, pour moi, il n'y a rien de plus fascinant que la nature. Là-bas, elle est totalement mystique, et c'est une source d'inspiration infinie. J'ai également eu la chance de passer du temps avec des tribus indiennes. T'as pu tester l'Ayahuasca ? Oui, j'ai tout pris là-bas. Mais ce ne sont pas des drogues pour eux, plus des médicaments, des choses qui t'aident dans la vie. Ce n'est pas pour la défonce, rien à voir avec les drogues synthétiques. Tu es dans la nature, avec des gens qui te racontent une histoire autour de la substance que tu vas prendre. Ce que tu vas expérimenter, ce que ça va déclencher dans ton imagination, ce n'est pas comparable à ce que tu ressens en tapant un rail aux toilettes. Et ça t'a inspiré un morceau ? Je ne composais pas à ce moment-là. J'écrivais seulement de la poésie et je dessinais. En revanche, j'ai écrit une chanson après tous mes voyages, qui s'appelle J'appelle. J'ai fait une rythmique tribale
Bon, on a parlé de la drogue, et sinon, tu bois ? C’était quoi ta pire cuite ? C’était le soir de mon anniversaire, pour mes 19 ans, après un concert que j’avais fait au Café de la Danse. J’avais enchaîné que des soirées où je n’aurais jamais dû me retrouver, à faire que des choses que je n’aurais jamais dû faire. Et tu sors où en ce moment ? C’est quoi ton spot fétiche à Paris ? En ce moment je vais dans un bar que des potes ont ouvert, L’Angora, à Bastille, boulevard Richard-Lenoir. Il y a une salle de concert aussi. Ils font des super cocktails et le lieu est magnifique. Ta nuit idéale, elle ressemble à quoi ? Pas trop de monde et de la très bonne musique. L’alcool est bon, les drogues aussi, mais à petites doses. Il y a des poufs, une lumière très tamisée (c’est essentiel), et des gens avec qui j’ai envie de partager cette nuit.
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MUSIQUE
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RAPHAEL BREUIL P MAYA MINHIDOU
L’Interview Tinder de Camille Hardouin Jeudi soir, 19h, j'ai rendez-vous avec Camille dans un bar d'afterwork atroce. Qu'elle était belle et bleue (ses cheveux) ! Je me suis senti comme une merde pour notre premier rendez-vous. On a parlé de sa musique, d’adolescence, de céréales et beaucoup d’amour. Je sais pas pourquoi, mais je sens que je vais conclure… ASV (age sexe ville, pour ceux qui n’ont pas connu les années Caramail) 31 ans - escargot - Paris Qu’est-ce que tu bois ? (Nous sommes dans un bar, il faut commander) Une bière belge à la pression. Tu fais quoi dans la vie ? Je suis chanteuse et musicienne, je viens de
sortir un album qui s'appelle Mille Bouches ! Je suis aussi dessinatrice, je prépare une petite BD. Alors ça marche ta musique ? C’est quoi ton actu ? Oui, c'est super, l'album rencontre plein d'oreilles ! J'aime partager des choses très intimes, très fragiles, très joyeuses aussi… J'aime bien montrer la beauté de ces choses-là, les choses qu'on pensait interdites, ou ridicules, ou étranges. C'est aussi pour ça que je suis si heureuse quand quelqu'un me dit qu'il/elle a été touché(e) par mes chansons ! Côté actu je viens donc de sortir un album, il y a des chansons avec tellement de couleurs, des chansons d'amour, des chansons sur la peur ou le désir. C'est un album intime, avec beaucoup de lumière, 43
MUSIQUE
CAMILLE HARDOUIN
avec des textes écrits très sincèrement et des musiques qu'on a posées autour avec le plus de douceur et d'inventivité possible. J'espère qu'il te plaira.
à écrire une chanson je crois. Il y a aussi Les Pirates, où on rentre par effraction dans un manège, la nuit, et où on s'invente des aventures merveilleuses avec deux personnes ivres et un peu amoureuses, réveillées au milieu d'un manège endormi... Ah zut, je crois que j'ai envie de te parler de toutes les chansons de l'album ! J'ai aussi écrit beaucoup de chansons depuis l'album ! Donc pour l'instant, la dernière chanson que j'ai écrite dans ma vie, c'est une chanson jouée à la harpe, et elle parle d'amour, de fumée, des phares qui font clignoter la nuit, de théâtres hantés, de gares abandonnées, et de prendre feu.
Oui, je l’ai adoré. Et c’est toi qui compose tout ? J'écris et je compose toutes les chansons, mais ce sont les musiciens qui font les arrangements, même si je mets mon nez un peu partout. Ils viennent chacun avec leurs instruments, leurs idées. Sans eux les chansons ne seraient pas du tout les mêmes ! J'aime bien que ça mélange des influences très variées, des instruments organiques, comme la contrebasse ou la clarinette, et des instruments électroniques comme le Moog, ou les sons tordus des auto-samples. Sur l'album, il y a aussi des bruits plus surprenants comme de l'eau, une braguette, des rires, des clefs.. La dernière chanson dont tu es fière elle parle de quoi ? Sur l'album, la dernière chanson que j'ai écrite, chronologiquement, c'est Mille Bouches, qui commence l'album avec simplement ma voix, qui dit « J'ai besoin que tu sois mille hommes, sois mille hommes et je n'aimerais que toi... », la voix seule qui résonne avant d'être rejointe peu à peu par les autres instruments. Tu peux d'ailleurs trouver sur Internet une super session acoustique avec le Bonbon où j'ai joué cette chanson, dans une autre version ! Je pourrais parler aussi de Ma Retenue, qui est une chanson sur le désir d'infidélité, quand on ne fait pas ça par méchanceté, par revanche, quand simplement on est déjà amoureux mais qu'on rencontre une autre personne. J'aime bien cette chanson parce qu'avant de la trouver, je ne connaissais pas de mots pour dire ça, c'est souvent la raison qui me pousse
Tes parents ils ont pas peur que tu mènes une vie de patachon ? Ahhhahah, tu dis "PATACHON" toi ? Mes parents ont eu très peur je crois - beaucoup de mes amis aussi. Quand je me suis mise à faire de la musique, je ne savais pas expliquer pourquoi, j'avais beaucoup de choses à comprendre. Je savais simplement dire que j'allais arrêter tout le reste. C'est une réponse bizarre, hein, socialement : « j'arrête » quand on te demande ce que tu fais. En fait maintenant, je sais que mon instinct fonctionne comme une petite radio, donc c'est normal que j'ai été attentive à enlever tout ce qui pouvait brouiller le signal. Mais à ce moment-là, c'était beaucoup plus flou que ça. Maintenant avec ma famille c'est plus facile, je sais mieux parler de ce que je fais ! Ils ont aimé l'album et ils me soutiennent vraiment, ils viennent souvent aux concerts. C’est quoi la genèse du personnage que tu t’es créé ? Eh bien de plus en plus, il n'y a pas de personnage. J'ai d'ailleurs tombé le masque du pseudonyme que j'ai longtemps porté : "La Demoiselle inconnue". J'essaye plutôt de
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MUSIQUE
CAMILLE HARDOUIN
devenir aussi à l'aise dans la vie que sur scène et vice-versa. J'aime qu'il y ait une forme de transparence, d'intimité, une intimité qui peut être très grande parfois pendant les concerts. Finalement, il y a vraiment une continuité entre la scène et la vie, comme dans l'histoire du Funambule de Genet ! Ça demande de poursuivre cette exploration dans la vie, la curiosité de tellement de choses, la manière de se connaître soi-même, la manière d'être vivant, et puis d'accepter d'être vu... C'est très mélangé, la musique, et la vie, pour moi.
du tout. J'étais un peu perdue, je cherchais quelque chose qui me paraîtrait logique. Je trouvais le monde très absurde je crois. Je n'en connaissais pas grand-chose, encore moins que maintenant. J'avais besoin de grandir tellement avant d'apprendre un début de début de quelque chose ! J'ai commencé à entendre de la musique indé au lycée, ça a dû commencer avec dEUS et Zita Swoon. Avant ça c'est un peu le désert... comme j'écrivais déjà, du coup, j'écrivais des poèmes. Des poèmes très tristes, évidemment. J'en ai retrouvé un il n'y a pas longtemps, ça m'a fait beaucoup rire ! Il y avait quand même un peu de musique qui trainait chez mes parents, mes grandsparents, mais ils en écoutaient extrêmement rarement. Donc j' ai entendu très peu de choses en grandissant, mais je me souviens quand même pêle-mêle de Brassens, de Boby Lapointe, de Trenet, de Johnny Hallyday, des Fabulettes d'Anne Sylvestre, de Petite Fleur de Sidney Bechett, quelques chansons de Barbara, et je ne sais pas pourquoi, mes parents avaient aussi un CD de la Mano Negra. Je n'ai jamais entendu mes parents l'écouter ! Mais c'était là. Donc je ne connaissais rien, j'écrivais des poèmes tristes, de temps en temps je hurlais « Gabrielle » ou « Ménilmontant-mais-oui-Madame », ou « Paris va crever d'ennui », mais j'avais pas encore vraiment eu de déclic, de vie musicale par moi-même.
T'es une artiste qui se regarde le nombril ou tu traites de sujets universels ? L'amour c'est un sujet ultra-universel ! Je crois que c'est pour ça que j'aime en parler autant, parler depuis un ventre jusqu'à tous les ventres ! En dehors des mystères de l'amour, c'est ce côté à la fois très intime et universel qui m'intéresse tellement, que tout le monde puisse ressentir ça mais avec des milliards de nuances et d'histoires différentes. C'est pour ça aussi que j'aime bien utiliser des choses comme la voix, la guitare, le dessin, parce que c'est des outils très simples, qu'on utilise souvent instinctivement, que beaucoup de gens ont pratiqués, au moins pendant l'enfance. J'aime bien l'idée que ce que je fais, n'importe qui aurait pu le faire, j'aime bien dire les choses avec des mots simples, des outils simples. Même si avec le temps ça se peaufine bien-sûr… mais en image comme en littérature, j'aime largement autant la poésie brute que les choses sophistiquées. Donc je crois que j'aime bien parler de sujets universels en utilisant des moyens universels, mais le nombril c'est quand même une bonne porte d'entrée pour aller voir ce qui se passe dans le ventre ! Tu écoutais quoi quand tu étais au collège ? Oh mon Dieu au collège je n'écoutais rien
T’étais plutôt caillera ou skateuse ? Au collège j'avais zéro sens du style, ou plutôt déjà un sens du tout permis, puisque je me rappelle notamment assez clairement d'un pantalon fuseau à fleurs jaunes ou d'un débardeur "bisoubisou". Je te laisse imaginer les répercussions sociales mais je crois que je vivais vraiment dans mon monde, j'avais déjà plein d'histoires dans la tête et le monde réel ben pour être honnête, j'en avais plutôt rien à 45
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MUSIQUE
CAMILLE HARDOUIN
foutre. Ensuite au lycée les castes musicales étaient divisées et imperméables, et avant de découvrir la musique indé, et de me mettre à écouter tout ça obsessionnellement, j'étais ni une caillera ni une skateuse, j'étais dans la caste métal. Donc les copains avaient écrit SOULFLY ou DEFTONES au marqueur sur leur sac. A ce moment-là c'était débile, on ne parlait pas à quelqu'un qui écoutait du RnB, alors qu'on n'y connaissait rien du tout. Mais en dehors, j'espère, d'avoir grandi niveau jugement, encore aujourd'hui un bon petit Deftones de temps en temps ça me fait plaisir.
dessiner, tu peux retrouver ça sur mon blog. Tu peux par exemple lire le rêve où j'avais des jambes déboitables, ou celui où je combats des monstres avec des yaourts périmés.
Tu jouais dans un groupe ? Oui ! J'avais envahi un groupe qui n'avait pas encore de chanteur ou de nom et qui faisait des reprises de rock et de métal. Ils m'ont vraiment fait découvrir plein de choses, musicalement. Très vite je me suis mise à écrire des chansons pour le groupe mais aussi à jouer mes propres trucs, prendre la scène un moment toute seule. C'était flippant mais j'aimais bien ça. Et puis j'avais envie de proposer des spectacles, des expériences, pas juste des concerts avec seulement de la musique. On a monté un truc avec des copines danseuses, intégré de la vidéo... Je rêvais d'un concert où tout le public serait habillé en blanc et où on balancerait de la peinture sur eux pendant les chansons. Je sais pas pourquoi ce truc-là ça s'est pas fait ! Je m'amusais bien mais les musiciens un peu moins je crois ! Au bout d'un moment ça a splité et je me suis mise à assumer mes chansons toute seule. C’est quoi le rêve le plus chelou que tu aies jamais fait ? Je fais des rêves ultra-chelou tout le temps ! des vrais films avec plein de péripéties. A un moment donné je m'étais même mise à les
Tu as des problèmes d’addiction ? Les céréales. Si tu veux conquérir mon cœur ça se fait assez facilement à l'aide de Lucky Charms, des céréales auxquelles j'étais accroc petite et qu'on ne trouve plus que dans les boutiques de trucs anglais ou US. Bon bah on s’entend bien ! On va chez toi ou chez moi ? On regarde quoi comme film ? Comme tu veux, mais chez moi j'ai un chat très mignon ET de quoi faire des crêpes aux bananes. Pour les films, un truc qui fait pas peur ! Je suis vraiment une trouillarde des films. Si tu veux on regarde un film d'animation, un vieux Miyazaki ou des épisodes de Steven Universe ? J'aime aussi beaucoup les vieux films en noir et blanc, qui ont souvent une poésie tellement intense et étrange. Mais je n'en ai pas vus beaucoup, pour moi c'est comme tout un continent à découvrir. Je viendrai te voir à ton prochain concert, c’est quand ? Youpi, le prochain à Paris, c'est début novembre, chez Madame Arthur ! Tu peux bien-sûr suivre les infos sur la page Facebook (il y a souvent des nouvelles dates qui se rajoutent). Avant ça je joue à Toulouse le 21, 22, 23 septembre, à Nancy et Lyon début octobre. Mais comme on va chez moi, si tu veux je te joue une chanson tout de suite, j'ai un nouveau ukulélé qui est fantastique. Tu viens ? Camille Hardouin - Milles Bouches
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AGENDA
JEUDI 7 SEPTEMBRE
JEUDI 21 SEPTEMBRE
00h La Java - 5€
00h Rex Club 8€
El Hey - Amour Année Zéro with P2z
Ellen Allien, Molly
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VENDREDI 8 SEPTEMBRE
VENDREDI 22 SEPTEMBRE
00h30 Bus Palladium
00h30 Bus Palladium
Bonbon Party, invitations sur lebonbon.fr
Bonbon Party, invitations sur lebonbon.fr 00h La Machine 20€
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Maceo Plex
SAMEDI 9 SEPTEMBRE 00h Rex Club 12€
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Bass Culture 20th Birthday Part 5: Lil'louis, D'Julz
SAMEDI 23 SEPTEMBRE
14h Parc Georges Brassens 15€
23h30 Badaboum 13€ - Patrice Baumel, Marst
OTTO10 #10 — —
MERCREDI 27 SEPTEMBRE
DIMANCHE 10 SEPTEMBRE
19h30 Le Trabendo 22€
12h 6B 12€
The Alchemist, Caballero & JeanJass,
La Kermesse de Rentrée - Dengue Dengue Dengue,
Cool Connexion, Deen Burbigo
Voiron, Dee Nasty... — —
JEUDI 28 SEPTEMBRE
JEUDI 14 SEPTEMBRE
22h Le Balajo 13€
00h Rex Club - 5€
Horse Meat Disco (Boogie Funk Set),
Optimo (Espacio), Ivan Smagghe
Micky Milan...
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VENDREDI 15 SEPTEMBRE
VENDREDI 29 SEPTEMBRE
00h30 Bus Palladium
00h30 Bus Palladium
Bonbon Party, invitations sur lebonbon.fr
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18h Garage 5€ Prosumer, Céline
— SAMEDI 30 SEPTEMBRE
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23h Folies Pigalle 10€
SAMEDI 16 SEPTEMBRE
D.KO with Gabriel, brAque Live, Mud Deep
15h Glazart 15€ Alternative Projects Présente: Back to the Basics W/ Peggy Gou, Hito & More
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Le meilleur de la nuit en bas de chez toi + de 5 000 adresses géolocalisées
Une création originale qui révèle toute la fraîcheur naturelle du citron vert.
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