Mars 2016 - n째 62 - lebonbon.fr
EDITO C'est toujours après un vol stratosphérique que vient l'instant le plus redouté. L'instant où l'on est prié de rattacher sa ceinture, l'instant où l'on sait que le voyage prend fin, qu'il va falloir recomposer avec la réalité, cette réalité béton que l'on n'a eu de cesse de fuir et qui ne cesse de nous rattraper par les lois de la gravité universelle. Ouais, vraiment, tous les instruments du corps-cargo clignotent et sont formels : il est temps d'engager la redescente. On rallume le téléphone qui nous liait au monde. Merde. On a beau percer la couche nuageuse, ça se présente mal. Tout devient sordide. Les turbulences sont assez nombreuses : une vingtaine d'appels en absence, des rendez-vous soviétiquement administratifs ratés, taf en retard, patron qui gueule, carte bleue bloquée, clefs perdues... « Mais putain, qu'est-ce que j'ai encore branlé ? » La cabine se dépressurise. Métaphysique de la chute. Bien avant toi, Icare pris par l'ivresse de l'altitude s'est brûlé les ailes. Bien avant toi, l'ange porteur de lumière par péché d'orgueil s'est fracassé le nez dans la matière. Relaxe. La chute n'est en fait qu'un demi-crash. La gomme des pneus a chauffé, mais ça va, sur la piste d'atterrissage, ton pilotage automatique s'est encore une fois aidé de tes repères affectifs. « Perche Airlines espère que vous avez passé un agréable vol. » Pas pire, pas mieux que d'habitude. Le cockpit est un peu cabossé mais avec le temps, tu as finalement appris à aimer cette descente presqu'autant que la montée, faisant de ce RollerCoaster existentiel la marque indéniable de ta condition humaine. MPK
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OURS
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Jacques de la Chaise RÉDACTEUR EN CHEF MPK DIRECTEUR ARTISTIQUE Tom Gordonovitch COUVERTURE Chiara Mastroianni par Flavien Prioreau SECRÉTAIRE DE RÉDACTION Louis Haeffner RÉDACTEURS WEB Olivia Sorrel-Dejerine, Rachel Thomas, Tiana Rafali-Clausse, Agathe Giraudeau, Julie Kemtchuaing RESPONSABLE DIGITAL Antoine Viger COMMUNITY MANAGER Raphaël Breuil CHEF DE PROJETS Dulien Serriere PARTENARIATS Charlotte Perget RÉGIE PUB Carole Cerbu, Arnaud Laborey, Benjamin Alazard, Thomas Bonnet DIRECTEUR DES VENTES Hugo Delrieu CHEFS DE PUBLICITÉ PRINT Julie Guedj, Nicolas Portalier STAGIAIRE Charlotte Duriez SAS LE BONBON 12, rue Lamartine 75009 Paris Siret 510 580 301 00032 01 48 78 15 64 IMPRIMÉ EN FRANCE
SOMMAIRE
p. 7 À LA UNE Chiara Mastroianni p. 15 MUSIQUE Zombies in Miami p. 21 LITTÉRATURE Les mots de minuit p. 25 CINÉMA Les sorties du mois p. 25 MÉDIA Ravelations p. 37 INSOMNIE Radio de nuit p. 39 GONZO Chez les Scientos
TOUS LES VENDREDIS AU BUS PALLADIUM 4
POUR ÊTRE SUR LISTE RDV SUR LEBONBON.FR 6, RUE PIERRE FONTAINE PARIS 9E
HOTSPOTS
- ON AIME LES GROSSES FESSÉES Prends deux secondes et imagine-toi le froc sur les Converse, l'arrière-train bien rouge et les oreilles bourrées de basses... Ce genre de situation t'arrache un râle de plaisir ? Un seul conseil : rends-toi à la Culottée, temple de la claque musicale menée de main de maître par Nicol et ses comparses... Vendredi 11 mars. Minuit à l'aube. Petit Bain. - PRENDRE LE JUS AU CABARET Au programme : festin de filles nues, serveurs ingénus, parures d'animaux, garçons de piste en lambeaux, poètes asexués, mangeurs de verres assoiffés, trapèzes sauvages, acrobates en cage, fouets, sueurs, crachats... En plus, on peut y bouffer et y boire, bref, rien de tel pour recharger les accus en cette période court-circuitée. Jusqu'au 26 mars. Cirque électrique. - FAIRE UN TOUR AU ROSA BONHEUR On l'avoue, on a toujours été très fans du Rosa Bonheur. Alors quand en plus, l'excellente Chloé Raunet du projet C.A.R vient y faire un Dj set, on ne peut que cocher cette date avec un peu de bave au coin des lèvres. Vous pensez qu'on en fait trop ? Allez y faire un tour, vous verrez qu'en matière de teuf, on se trompe rarement. Jeudi 31 mars, de 19h à minuit. Rosa Bonheur. - CHAMANES ET DIVINITÉS DE L'ART PRÉ-COLOMBIEN Tu croyais sincèrement qu'il suffisait d'un petit carton sur la langue en lisant du Castaneda pour devenir chaman ? Un peu court, jeune homme. On te propose de vérifier tes skills en "chépèritude" en allant faire un tour dans cette très belle expo où il est essentiellement question de l' « art de rêver ». Rave on Pachamama ! Tout le mois de mars. Quai Branly 5
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À LA UNE T
JULIEN BOUISSET P FLAVIEN PRIOREAU
CHIARA MASTROIANNI — EN CLAIROBSCUR On en sait finalement beaucoup et très peu sur Chiara Mastroianni. Visage discrètement omniprésent du cinéma présent, l’actrice compte plusieurs dizaines de films à son actif dont Good Luck Algéria de Farid Bentoumi
qui sera en salles le 30 mars. L’occasion de parler avec elle de son illustre père Marcello, mais aussi de sujets où on l’attendrait moins, comme sa passion secrète pour les films d’épouvante. 7
“LES PERSONNES ME VOIENT COMME UNE IMAGE IMMOBILE, COMME UNE SORTE D’ENCLUME. ALORS QUE J’ADORERAIS FAIRE RIRE OU DÉZINGUER DES GENS AU CINÉMA.” 8
Vous êtes la fille de l'actrice française Catherine Deneuve et de l'acteur italien Marcello Mastroianni. Que vous ont apporté culturellement vos deux parents ? Les personnes pensent souvent que j’ai eu envie de devenir actrice parce que mes parents l’étaient. Ce n’est pas vrai. Mon père adorait tourner, mais n’était pas spécialement cinéphile. Contrairement à ma mère, qui adorait en engloutir chaque jour. Lorsque l’on est enfant et que d’un coup on a le droit de se coucher plus tard pour regarder des œuvres cinématographiques, parce que passe le Cinéma de minuit est qu’il faut absolument voir de vieux films, c’est génial. Elle m’a fait découvrir des choses incroyables : les films de Frank Capra, dont La vie est belle. Vous pouvez le montrer à un enfant de quatre ans, il sera tout à fait en mesure d’en capter la poésie. Je me souviens également de séances de cinéma dont la toute première devait être Bambi, où je suis sortie de la salle avant même la fin du générique car j’étais en larmes. Ma mère avait aussi absolument tenu à ce que je vois Le bal des vampires de Roman Polanski. C’était interdit aux enfants et elle avait soudoyé la vendeuse au guichet pour que je puisse assister à la séance. Le cinéma me permettait de faire des choses interdites. Et au départ, lorsque je lui ai dit que je souhaité devenir actrice, elle est apparue surprise. Elle ne se rendait visiblement pas compte que toutes ces œuvres avaient inconsciemment beaucoup compté pour moi. De l’autre côté, votre père Marcello Mastroianni vous fait découvrir très tôt l’ivresse des tournages en Italie… J’ai finalement vu beaucoup plus mon père en plateau que ma mère. Je vivais à Paris et j’avais un rythme normal. Mais comme je voyais mon père pendant les vacances, et qu’il était tout le temps en tournage, je restais avec lui. Il n’arrivait jamais à décrocher de son travail. Et c’était sûrement mieux comme ça, car le peu de fois
où nous avons passé des vacances ensemble, ce fut un cauchemar. Il ne supportait pas d’être à l’arrêt. En voyant mes parents, je sentais des gens profondément heureux dans ce qu’ils faisaient. C’est un luxe. Alors je me suis dit pourquoi pas moi. C’est mon meilleur ami de l’époque, Melvil Poupaud, qui m’a définitivement convaincu de me jeter à l’eau. Les débuts ont-ils été difficiles ? Je ne suis pas née avec une cuillère en argent dans la bouche. Quand j’ai voulu être actrice, cela ne s’est pas fait en 24 heures. J’ai fait des castings, j’en ai ratés, j’ai beaucoup pleuré et puis je me suis remise en question. Être une "fille de" n’ouvre pas toutes les portes. Je ne me suis jamais sentie privilégiée dans ce métier. Et lorsque j’étais super dépitée parce que je n’avais pas réussi à décrocher un rôle, mon père me disait toujours : « Chiara, tu dois apprendre à être patiente ». Sa façon d’être m’a beaucoup aidée pour avoir du recul avec ces choses. C’était un un homme humble, un vrai, surtout dans sa façon de travailler. Tout au long de votre carrière, le monde du cinéma vous a souvent cantonnée aux seconds rôles. Pourquoi ? Je ne saurais pas vous dire. Et c’est comme cela depuis le départ. Des premiers rôles, j’en ai fait très peu. On pourrait presque les compter sur les doigts d’une main. Après, je ne pense pas que cela soit parce que les premiers rôles sont trop policés en France. Quand je fais un rôle, qu’il soit secondaire ou pas, ce qui me plait c’est qu’il y ait un vrai personnage à découvrir. Mais mon investissement reste le même. Et avec les seconds rôles, nous n’avons souvent que quelques jours pour rentrer dans l’ambiance du film et faire exister une énergie particulière au personnage. Est-ce difficile d’être une femme dans le cinéma ? Je me souviens d’une interview donnée par 9
Maggie Gyllenhaal, à 37 ans, qui expliquait qu’elle avait été considérée trop âgée par Hollywood « pour jouer l’amante d’un homme de 55 ans ». Aux Etats-Unis, c’est un véritable problème. En France nous sommes quand même assez privilégiés de ce côté-là. Même si cela pourrait mieux se passer. Lorsqu’on lit certains scénarios, je me dis souvent que j’aurais préféré avoir le rôle masculin. Le cinéma, comme la vie en règle générale, est plus cruel pour les femmes, ne serait-ce qu’esthétiquement parlant. Vous jouez actuellement dans deux films. Le premier, une silhouette dans Saint Amour de Gustave Kervern et Benoît Delépine… J’ai seulement accepté ce mini-rôle par amour pour le cinéma de Gustave Kervern et de Benoît Delépine. J’interprète, pendant quelques secondes, une Italienne qui fait des pizzas dans un camion, sur le bord d’une route. Il ne pouvait pas en être autrement (rires). Vous avez aussi tourné dans Good Luck Algeria de Farid Bentoumi, avec un second rôle important. Vous campez le personnage de Bianca, femme de Sam (Sami Bouajila) qui décide, avec son ami d’enfance Stéphane (Franck Gastambide), de sauver leur entreprise de fabrication de skis. Sam va tenter de se qualifier aux Jeux d'hiver avec le pays d’origine de son père, l'Algérie. Pourquoi avoir accepté un tel rôle ? J’ai d’abord reçu le scénario et j’ai tout de suite accroché. Farid Bentoumi savait ce qu’il voulait et il était absolument serein. Il a réussi à éviter des écueils évidents autour des thèmes des racines, de la bi-nationalité, de la transmission… Et très égoïstement, je me suis projetée dans ce long métrage, étant moi-même divisée entre deux pays : la France et l’Italie.
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Au cinéma, les réalisateurs vous imaginent souvent comme un femme un peu sombre, sensible, sur la retenue. Et vous êtes pourtant tout le contraire… Malheureusement, les personnes me voient comme une image immobile, comme une sorte d’enclume. Alors que j’adorerais faire rire ou dézinguer des gens au cinéma. Je suis une grande adepte des films d’horreur. Je n’aime pas les œuvres dites "gores" ou sadiques, comme Saw, mais plutôt des films d’épouvante. La mère de ma sœur italienne Barbara, Flora Carabella, n’avait absolument aucune notion de ce que l’on pouvait ou non montrer aux enfants à l’époque. Comme elle était super fan du cinéma de Dario Argento (Les Frissons de l'angoisse, Suspiria, Inferno), j’avais le droit de le regarder avec elle. C’est aussi cela qui m’a mis le pied à l’étrier. J’ai également été très touchée par des films de Stanley Kubrick comme Shining, d’Alfred Hitchcock, où la tension est palpable à chaque scène. Mais je vous rassure, lorsque j’ai peur, il m’arrive souvent de cacher mes yeux avec mes mains. Plutôt Carrie ou L’Exorciste ? Carrie, sans hésiter, même si j’adore énormément L’Exorciste de William Friedkin. Mais cette image de Sissy Spacek et le rapport qu’elle entretien avec sa mère… en tant qu’actrice, j’aurais préféré avoir ce rôle. La nuit est-elle source d’inspiration ? J’adore ce moment de la journée, où le calme de la vie reprend le dessus. Je ne suis pas une personne qui sort énormément. Je peux me coucher vers 3 ou 4h du matin, sans sortir de chez moi. Et souvent, il faut que je me force pour aller me coucher. Mais j’aime rester à la maison. J’apprends souvent mes textes tard. J’aime le fait d’avoir l’illusion que tout le monde dort et que je continue mon petit bonhomme de chemin. On a l’impression que tout est possible, vous ne croyez pas ?
 Good Luck Algeria de Farid Bentoumi en salles le 30 mars 11
Imi Knoebel, Schwarze Acrylglaszeichnung Nr.10, 1991_Laque et acrylique, 206 x 149 cm Š Imi Knoebel
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Annette Barcelo, Es kommt nâhler, 2015_Technique mixte sur papier, 67 x 51 cm encadré © courtesy Galerie Anne de Villepoix, Paris
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MUSIQUE T
ARNAUD ROLLET P RAM SANCHEZ
ZOMBIES IN MIAMI — TUEURS NÉS Quand on aime la techno hippie façon Pachanga Boys, le krautrock, la new wave, la langue de Cervantès et l’inattendu, il est difficile de rester stoïque à l’écoute des tracks régulièrement lâchés par Zombies in Miami. Derrière ce nom à coucher dehors se cache le duo formé par Canibal et Jenice, deux Mexicains très doués pour fournir des narcotiques sonores, faire tendrement l’amour au
dancefloor et réveiller les morts. Pas encore redescendus de la montée provoquée par leur monstrueux EP Snake Language sorti en ce début d’année sur le chouette label Love On The Rocks, il était grand temps d’en savoir plus sur ce couple à la vie comme derrière les machines, par qui on se laisserait volontiers dévorer chaque week-end, que ce soit en Floride ou ailleurs. 15
J’ai cru comprendre que vous étiez tous les deux originaires d’Aguascalientes. Il ressemble à quoi ce bled ? C’est un patelin à moitié désertique et l’une des plus petites villes du Mexique. On y trouve surtout des bagnoles et des tacos. Comment est la vie sur place ? Elle est agréable ! On aime Aguascalientes parce que c’est une ville relaxante et l’un des endroits les plus sûrs du pays. Pour ne rien gâcher, la météo n’y est pas dégueu non plus. Ce n’est pas pour rien si l’on y vit encore. A quand remonte votre rencontre ? C’était il y a environ neuf ans, dans une fête complétement folle à Aguascalientes. Et votre première rencontre avec les musiques électroniques ? Cani : Quand j’étais jeune, il y a probablement vingt ans. J’étais allé à un concert de Chac Mool (du rock progressif mexicain pour les plus curieux, ndlr), le groupe de Jorge Reyes. Le show était incroyable. Après ce concert, je me suis mis en quête de découvrir encore plus de musique, des trucs comme Jean-Michel Jarre par exemple. Jenice : Pour moi, ça s’est fait quand j’ai commencé à sortir et à chercher par moi-même de nouveaux sons. Il y a un disque qui vous a particulièrement donné envie de vous lancer dans la production ? Jenice : Le Magic Fly de Space. Un disque des années 70 qui semble venir tout droit d’une autre galaxie, avec un son si mystérieux… C’est lui qui m’a donné envie de faire mes propres beats. Cani : Sans hésiter, le Return To The Planet Of Bass de Maggotron. Pourquoi lui ? Parce que j’imaginais que ça serait énorme de pouvoir faire quelque chose dans le style de Bass Master Khan ! 16
Hormis vous deux, qui compose la scène électronique d’Aguascalientes ? Il y en existe une au moins ? Oui, il y en a une et on l’aime bien ! On y trouve de très bons producteurs qui, du reste, ne se font pas prier pour faire parler d’eux dans le monde entier. On a par exemple Sakro, présent sur le label Housewax (et récemment de belle manière sur La Vie en Rose, ndlr), ou Bronx, passé chez Nurvous. Quant au public, que dire si ce n’est qu’il est génial ! Pour nous comme pour pas mal de Dj’s, c’est sûrement le meilleur du pays. Ici, les gens dansent nonstop jusqu’à la fin du dernier morceau. Depuis combien de temps votre association musicale existe ? Depuis 2011, ce qui fait déjà un paquet d’années et de bons moments ! Au départ, on avait deux identités distinctes : Bonde do Zombinhos, un projet plus orienté Miami Bass / EBM, et Waya Waya, plus connoté kuduro / Latin Bass. On a aussi bossé ensemble pour d’autres artistes, comme Isa GT ou Toy Select, avec des sorties sur les labels Mad Decent et Akwaaba. Chacun d’entre nous continue également de bosser sur un ou plusieurs side-projects parmi lesquels Jenouise, Cani et Glisser. Pourquoi ce nom de Zombies in Miami ? On ne le sait pas nous-mêmes ! Notre première intention était simplement de "rafraîchir" notre vieux projet Bonde do Zombinhos. On s’est dit que changer le nom pouvait déjà être un bon départ et, finalement, Zombies in Miami est le premier truc qui nous est passé par la tête. Avec le recul, c’est plutôt difficile à expliquer. Après, comme Bonde do Zombinhos était porté sur la Miami Bass, on peut voir le "Miami" comme un clin d’œil aux origines du projet. Vous avez un boulot "in real life" ? Plus maintenant. Notre vie tourne exclusivement autour de la musique désormais. On
“NOUS VIVONS À AGUASCALIENTES. C’EST UN PATELIN À MOITIÉ DÉSERTIQUE ET L’UNE DES PLUS PETITES VILLES DU MEXIQUE. ON Y TROUVE SURTOUT DES BAGNOLES ET DES TACOS.”
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Snake Language EP (Love On The Rocks) www.facebook.com/zombiesinmiami 18
passe tout notre temps en studio et avec notre chat Frodo. La famille, c’est important pour nous. La famille et le golf. On retrouve pas mal de "folie" dans vos morceaux, comme dans ceux d’autres artistes latino-américains, notamment les membres du label Cómeme de Matias Aguayo chez qui vous avez d’ailleurs publié certains morceaux. Ce côté espiègle / sans prise de tête, ce ne serait pas la composante principale d’une sorte de "Latin touch" commune aux artistes d’Amérique du sud et d’Amérique centrale ? Bien sûr que notre musique possède la "Latin touch", mais pas nécessairement dans le sens où tu l’entends. Cela n’a rien à voir avec le fait de ne pas se prendre au sérieux : nous aimons juste improviser en studio et jouer live. C’est ce qui fait que tu ne peux jamais prévoir quoi que ce soit. C’est une approche qu’on retrouve souvent chez les artistes latino-américains. Pendant longtemps, vos prestations ne se déroulaient qu’au Mexique. Pourtant, à partir de 2012, on a commencé à vous voir jouer en Europe. Comment s’est organisée cette soudaine traversée ? Cette première tournée de 2012 était une pure expédition car nous n’avions strictement aucune idée de ce qui allait nous attendre sur place. Tout a vraiment démarré avec les Pachanga Boys, qui nous ont poussé à venir et nous ont invité à jouer à Cologne, lors du c/o pop Festival. Par la suite, de plus en plus d’amis nous ont donné un coup de pouce dans cette aventure : Cyann, Munk, Capablanca… C’est aussi grâce à eux que tout a commencé. A l’époque, nous voulions vraiment découvrir la scène électronique européenne de l’intérieur, même si nous ne savions pas comment allaient réagir les gens vis-à-vis de notre musique. Aujourd’hui encore, nous continuons à la découvrir, à l’explorer. En tout cas, nous ado-
rons l’Europe pour sa plus grande ouverture d’esprit. Même si aujourd’hui vous tournez beaucoup, continuez-vous à garder un œil sur la scène mexicaine ? Carrément ! Il n’y a aucune raison pour qu’on s’arrête. Le Mexique a toujours eu d’excellents producteurs. Par exemple, nous aimons vraiment la musique que sont capables de faire Rebolledo, Iñigo ou Thomass Jackson. Vos lives ont la réputation d’être très longs. Jouer juste une heure ne vous intéresse pas ? Ça dépend. Bien entendu, on préfère quand ça dure plus longtemps, genre entre 1 h 30 et 3 h. Mais quand le promoteur te dit de jouer seulement une heure, tu t’adaptes. Dans tous les cas, on kiffe toujours. Quelle est votre meilleure expérience live jusqu’à présent ? Nous avons quelques souvenirs mémorables, mais le meilleur live fut probablement celui du Burning Man il y a deux ans, quand nous étions sur le char Mayan Warrior. Pour nous, c’est le meilleur festival de toute la galaxie. Des lumières flashy, des gens fous en plein désert… que demander de plus ? Impossible non plus de ne pas mentionner notre passage au Fusion Festival 2015 en Allemagne, où nous étions en face de l’un des meilleurs publics que nous avons pu croiser. C’était dans une forêt, le temps était top et l’ambiance magnifique. Inoubliable. Votre Snake Language nous a bien défoncés. C’est quoi la suite ? Deux collaborations qui apparaîtront sur des compilations, quelques remix et deux prochains EP’s. Il y a aussi un album en préparation : nous sommes en train de peaufiner les derniers détails et attendons une date de sortie définitive. 19
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LITTÉRATURE T
TARA LENNART
ENCRE NOIRE POUR NUIT BLANCHE
Blanche comme une page, la nuit s’inscrit aux abonnés absents. Pas de marchand de sable à l’horizon ni de pilules magiques pour baver
dans les bras de Morphée. Ne cherchez plus, lisez. Et dans votre lit, c’est encore mieux !
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Incident sur la 10e avenue Mark Safranko Des nouvelles d’un écrivain américain culte et trop peu visible en France ! Ces 10 textes mettent en scène des gens, presque comme vous et moi, qui se retrouvent souvent dans des situations étranges, banales et anxiogènes à la fois. Avec un style ciselé et une grande maîtrise de la narration, Mark Safranko nous plonge dans le quotidien des middle class américaines. Fort et subtil ! — Editions La Dragonne L’Alpine François Moreau Martinez Fran Martinez, l’écrivain, doit se rendre à un Book Club dans les Yvelines. Il y va au volant de son Alpine, avec des bières et des alcools de plantes dans la glacière. Ce qu’il va trouver là-bas n’a pourtant rien à voir avec un Book Club… Ce premier roman voit loin, très loin, avec sa science-fiction anachronique parfaitement dosée et son narrateur un peu roublard qui enchaîne clope sur clope, mais au grand cœur. — Editions Denise Labouche Snuff Movies Naissance d’une légende urbaine Antonio Dominguez Leiva & Simon Laperrière Oubliez Hostel, Serbian Films et les daubes que vous avez pu voir sur les internets et plongez dans l’histoire du snuff movie, ce genre de cinéma qui voit ses participants subir les pires sévices réels devant la caméra. Décortiqué par un professeur d’université à Montréal et un programmateur du Festival Fantasia (Montréal), le genre quitte son aura de souffre pour être décortiqué et expliqué au fil des légendes et des années. Un super précis de culture pop qui montre que l’essai n’est pas forcément un genre littéraire soporifique, et le snuff, une belle affaire marketing. — Editions Le Murmure 22
Comment rester immobile quand on est en feu Claro Depuis combien de temps n’avions-nous pas lu ce genre d’écrit ? Depuis les poèmes de Sappho, peut-être, ou ce qu’il reste des odes de la poétesse grecque. Claro joue avec la langue, la syntaxe, avec les mots, avec le sens qui déploie, fait onduler et disparaître, revenir et sauter au visage. La ponctuation apparaît et disparait, le verbe, nu et pur, lui, reste. Qui a dit que la poésie était morte ? — Editions de l’Ogre Metroland Marc Villard Balade trashy dans le métro parisien et des usagers un peu étranges, avec leurs bagages parfois bien lourds. Autour d’un personnage qu’on retrouve au fil des textes courts qui dessinent ce récit émaillé de belles photos en noir et blanc, gravitent différentes histoires, différents trajets croisés. La ville se déploie sous terre autant que dessus. La ville vit, autour de nous et à travers nous, sans vraiment que nous le réalisions, comme si deux mondes se télescopaient parfois. — Editions In8 Un jeune homme superflu Romain Monnery Si on vous dit : coloc', stages, chômage, console, plans drague pourris, ça vous parle ? Pur produit de la génération Y abonnée à la galère et qui s’y vautre avec une certaine délectation, ce jeune homme superflu nage dans l’époque, sans vraiment s’y retrouver. Sans vraiment se construire. Drôle et pertinent, cynique et piquant, le troisième roman de Romain Monnery caricature l’époque et la génération avec une tendresse non feinte. — Au Diable Vauvert
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CINÉMA T
PIERIG LERAY
LES SORTIES CINÉ Midnight Special de Jeff Nichols
Saint Amour de Delépine & Kervern Foutre 4 alcoolos ensemble, deux derrière la caméra (Delépine & Kervern), deux devant (Depardieu & Poolvoerde), un en devenir si l’on checke ses notes au Montana (Lacoste), le tout en mitaines et doudounes sans manches sur la route des vins, ça ne pouvait que marcher. L’humilité profonde d’un petit ballon de blanc en campagne alsacienne, base d’un road trip naïf et poignant où l’éternelle question de l’Amour est bien plus précieuse racontée par des pommettes rosées que des culs serrés. Sortie le 2 mars 24
Mon protégé, plus bel espoir du cinéma américain, Jeff Nichols est imprégné de l’esthétisme malickien depuis ses brillants débuts (Take Shalter, Mud). Il lâche prise avec Midnight Special, affirme sans rougir ses délires paranoïaques et narcissiques à travers les yeux d’un enfant contrôlant l’espace. On frôle le ridicule et le syndrome Richard Kelly (avec Southland Tales), mais Jeff Nichols assume enfin la grandeur de son cinéma à travers ce qu’il est vraiment, un doux rêveur mégalomaniaque. Sortie le 16 mars
Five de Igor Gotesman Résumé de la daube franchouillarde que nous impose Canal+ et son auto-promo à faire bander Drucker entre Le Grand Journal et Hanouna. Une comédie baveuse avec le grand Pierre Niney-viré de la Comédie Française, manitou et tête d'affiche dans une sorte d'Auberge espagnole "à la française". Un blancbec qui vend de la weed en scred' en 2016 (vous avez dit anachronique ?) et une morale aux petits oignons, les amis c’est bien quand même, parce que si ça va pas, et bah tu peux toujours compter sur eux. Affligeant, comme l’immondice télévisuelle infiltre et nécrose le cinéma français de l’intérieur. La machine à billets tourne à plein régime dans ce grand barnum incestueux : alors, pourquoi s’en plaindre ? Sortie le 30 mars
Batman vs Superman : L’aube de la justice de Z. Snyder Ah le dégueuli esthétique de Zack Snyder, l’Instagram spirit et la photographie criarde et déjà ringarde. Voilà ce que l’on doit subir. Si tu rajoutes à ça un abatage explosif inaudible (flamme-hurlement-baston), tu ressors avec une putain de migraine ophtalmique à te faire saigner du nez. Deux homos qui n’assument pas et qui se tabassent la tronche en collants moulants, ça a de quoi faire gicler le pustuleux à lunettes... moi ça me met mal à l’aise. Sortie le 23 mars
Mais aussi : Zoolander 2 de B. Stiller sortie le 2 mars, le retour de la Déglingue, le regard de Ben Stiller est dévoré par le génie de Will Ferrel (4/5), Marseille de K. Merad sortie le 16 mars, Patrick Bosso ? Il est pas mort ? Ah non, ouf, il joue toujours même à 50 balais le Marseillais de service (0/5), Remember de A. Egoyan sortie le 23 mars, car ne jamais oublier la grandeur absolue de Christopher Plummer (4/5), Soleil de Plomb de D. Matanic sortie le 30 mars, subtilité d’amours au pluriel capable de dépasser la haine et d’imposer sa force sans frontière (4/5). 25
Dans sa série Roller Derby Kisses, la Finlandaise Riikka Hyvönen peint les bleus des joueuses de Roller Derby. Ça sent la violence, la féminité et la sueur et on aime ça. Retrouvez l'intégralité de son travail sur riikkahyvonen.com 26
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HEUREUX
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P E R C H E S
VIVRE
VIVONS
POUR
MÉDIA T
MPK
RAVELATIONS — FLOODEURS DE BORDEL Sans doute vous est-il arrivé de voir remonter sur votre fil d'actu Facebook des articles aux doux titres évocateurs tel « Trop feignant pour travailler, il devient DJ » ou encore « Mitsubishi met fin à sa collaboration avec l'ecstasy » et sans doute avez-vous lâché à leur lecture un petit rire franc et sec. Mais
sans doute vous êtes-vous aussi dit : « Qui est assez con pour poster des papiers aussi génialement cons ? » Respire. Calme-toi. On a fait le taf, on est là pour répondre à tes questions. Du coup oui, on est partis à la rencontre de Stéphane et John, les deux cervelles à l'origine de ce Gorafi version techno. 29
Allez, franchement, vous pouvez balancer : c'est qui le plus gros connard de la techno ? John : J'en ai rencontré un bon paquet quand même. T'as bien une idée Steph ? Steph : Heu... J : Je dirais Laurent Garnier. Laurent Garnier ? S : Oui, Laurent Garnier. En plus on l'a interviewé pour de vrai sur le site, mais personne ne l'a cru. C'est là qu'on voit que notre ligne édito est vraiment identifiée... Attendez, vous pouvez revenir sur Laurent Garnier ? S : Disons que j'ai bossé chez F-COM pendant 5 ans. J : Et tu as été traité comme de la merde, c'est bien ça ? S : Ouais, je bossais plus de 10 heures par jour, je devais porter des poids de 1 kilo à chaque pied, j'étais obligé de travailler sur une machine à écrire. Il m'appelait aussi des fois à 2 heures du matin pour mettre à jour son site... Bref, il me traitait comme de la merde. J : En plus F-COM a fait faillite par la suite, donc Stéphane s'est fait virer. Bon après, moi je ne le connais pas perso Laurent Garnier. Je te dis juste ça parce que tout le monde l'aime. J'ai dû le voir jouer peut-être 2 fois en tout et pour tout.
J : Non mais ça manque cruellement d'humour ce milieu. S : Je ne veux pas faire mon vieux con, mais c'était plus détendu dans les année 90, on ne se prenait pas trop au sérieux. C'est vrai qu'avec l'industrialisation et la professionnalisation de l'électronique, l'état d'esprit s'est rigidifié. J : Lorsque tu vois certains Dj's/producteurs s'imaginer qu'ils ont révolutionné la musique parce qu'ils ont 5000 clampins qui les suivent sur Facebook, ça nous fait doucement rigoler. S : Oui, rigoler mais sans être rageux. Comment avez-vous été reçus par le "milieu" ? J : Disons qu'on avait pas mal œuvré avant. Steph gravite depuis un bon paquet d'années dans la techno. Moi, précédemment, j'avais monté un truc qui s'appelait la fédération française de clubbing et qui a eu sa petite heure de gloire. S : En fait, au début, on n'a pas dit que c'était nous. Mais bon, au final, ça a été plutôt perçu comme un petit courant d'air frais.
C'est pas votre « papa » ? S : Si, je suis son fils illégitime, il est temps qu'il me reconnaisse.
Quel est l'article qui a été vraiment fondateur ? Celui qui a donné le ton du mag, celui dont vous vous rappelez avec les yeux humides d'une émotion nonfeinte ? Steph : C'est clairement l'article sur les maisons de retraite pour les anciens ravers. John : Oui, c'est celui qui a eu le plus d'écho, ça c'est certain. Vu que pas mal de gens sont complètement tombés dans le panneau, on s'est dit qu'on était sur la bonne voie.
Le monde de la musique électronique est finalement un petit microcosme très centré sur lui-même et qui s'est pas mal fait discriminé par les médias "grand public". Du coup, ce milieu est-il détendu du slip, a-t-il de l'humour ? S : Y'a de l'humour maintenant qu'on est là, ouais...
Dans votre ligne éditoriale, le rapport entre le fake et la réalité est très ambigu. Vous touchez tout en les traitant avec de la déconne des vérités concrètes. Comment effectuez-vous ce dosage ? J : C'est inné, c'est ce qu'on appelle le talent pur. S : On est complètement à l'avant-garde, tu
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“C'EST UN PEU COMME CLAUDE BERRI AU CINEMA OU MICHEL DRUCKER A LA TELEVISION, SI TU VEUX Y ARRIVER DANS LA TECHNO, REMERCIE LAURENT GARNIER.”
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L'AVENIR APPARTIENT QUI SE
CEUX
METTENT TÔT ! 32
À
LA
vois. Plus sérieusement, on travaille surtout sur l'exagération : tu prends une personne, une situation, et tu l'étires jusqu'à ce que ça devienne absurde. La multiplication des Gorafi-like ne participe-t-elle pas à un pourrissement de l'info sur la toile ? J : Si les gens étaient moins cons, il y en aurait peut-être moins. Et puis ça fonctionne oui et non, ça fonctionne parce qu'il y a un titre accrocheur. Il y a beaucoup de gens qui se souviennent de nos titres, ça, c'est une évidence. Quand on voit que nos publications sur Facebook touchent 300 à 350 000 personnes alors que nous n'avons "que" 26 000 followers, ça veut bien dire qu'il y a tout un tas de gens qui ne s'arrêtent qu'au titre. Tout ça ça joue en la faveur des Gorafi-like, c'est certain. Vous êtes en plein dans une logique de clickbait quoi. S : Pour "dénoncer" un peu cette pratique, on a fait un article vide un jour... Question : estce qu'il faut mieux faire du clickbait avec du Gorafi-like ou avec de l'info "sérieuse" BFMisée ? Quoi qu'il arrive, nous sommes rentrés dans une aire de clickbait, Internet, ce n'est que ça. Trax, Tsugi, Konbini, tout le monde s'y est mis. Nous, on joue là-dessus, mais c'est assumé. En plus, on fait du contenu de qualité dans nos articles, donc t'imagines... Vieillir avec la techno, ça fait quoi ? J : Je me sens évidemment déconnecté des jeunes de 20 ans, je pourrais être leur père. Après, on entend ci et là « Ouais, les jeunes de maintenant ils sont trop défoncés, etc. », heu, je suis désolé, tu prends les images des raves de notre époque, tu vas voir la gueule des mecs, tu vas voir s'ils étaient pas défoncés aussi (rires). Comment vous situez-vous par rapport à la "génération Concrete" ? J : Franchement, on peut dire merci à la
Concrete, grâce à eux on fait des piques d'audiences. Donc merci Concrete, merci le Weather, je ne sais pas comment ils s'appellent tous, mais merci les gars. S : Moi en fait je suis arrivé à Paris en 2000. Et de 2000 à 2005, c'était l'effervescence qu'on a aujourd'hui. À l'époque, il se passait quand même plus de trucs dans les clubs, le Rex, c'était notre deuxième maison. C'est là aussi que j'ai commencé à organiser des soirées techno. Et c'est vrai que de 2008 à l'arrivée de Concrete, ça a été le désert. Pour te dire la vérité, Je n'ai jamais été au Weather et à la Concrete. J : Par contre, on ne veut vraiment pas être dans le « c 'était mieux avant », on espère vraiment que ce sera mieux demain. S : Ouais, le phénomène "vieux con" est aussi con que le phénomène "petit con". D'ailleurs, on a un peu critiqué le truc avec un papier titré « C'était mieux avant : les derniers mots d'un ancien raver mort de cynisme et de frustration ». On peut dire que vous êtes des vétérans. Toutes ces années à ramper dans la boue des teufs, à être en première ligne, à être envoyé au casse-pipe, bref, de tout ça, vous en retenez quoi ? J : Quoi qu'il arrive, quoi que tu fasses, il faut toujours remercier Laurent Garnier. C'est un peu comme Claude Berri au cinéma, Michel Drucker à la télévision, si tu veux y arriver, remercie Laurent Garnier. Votre petit remède spécial contre les gueules de bois ? J : Je bouffe comme un porc, je bois du Coca. Et si j'ai de la chance, il me reste 2 lignes et ça me fait la journée. S : Oui, bouffer de la merde, c'est vraiment bien. — www.ravelations.fr
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Nemanja Nikolic, Panic Book, 2015_Encre et fusain sur papier, 24 x 31 cm © Galerie Dix9 Hélène Lacharmoise
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INSOMNIE T
CALVIN DIONNET
RADIOS DE NUIT
Bienvenue à nouveau sur le radeau de l’insomnie. La dernière fois nous avons découvert des sites étranges et envoûtants mais si nous revenions aux bases ? Après tout rien n’est plus réconfortant qu’une voix dans l’obscurité, une présence presque fantoma36
tique qui vous parle de faits et de mondes lointains. Un ami anonyme, le gardien du phare. Voici donc une sélection d’émissions radiophoniques et de podcasts en français issus des quatre coins du web.
PARANO : Rendez-vous avec X Une émission (maintenant défunte) qui vous fait voyager à travers les coulisses de l’Histoire du point de vue des services secrets. Hebdomadaire, elle a duré de 1997 à 2015 et est de très bonne facture. Le journaliste Patrick Pesnot utilisait le filtre du récit d’un mystérieux "Mr X" (un agent secret fictif, pas un acteur de films à caractère pornographique) pour vous plonger dans les coulisses d’un monde plein de secrets. franceinter.fr/emission-rendez-vous-avec-x FESSES : Le porncast En parlant de pornographie, il est possible qu’en cette heure avancée vous cherchiez un peu d’érotisme. Et si Brigitte Lahaie reste la voix sensuelle de tous les avides de récits et témoignages coquins, le porncast propose un angle intéressant et ludique sur le X. Allant des majors au futur du format sans oublier de parler de bandes-son, le porncast vous émoustille dans la nuit. radiokawa.com/episode/le-porncast-1 CINÉ-VANNES : 2 heures de perdues Oui bien entendu à cette heure vos amis sont probablement endormis (ou dans un état second.) Mais une alternative existe, 2 heures de perdues, une bande de potes qui démontent des films à grands coups de vannes. Une émission jouissive remplie de vannes foireuses du niveau de certains commentaires Allociné… avec lesquels ils s’amusent à chaque fin d’émission. www.2hdp.fr SF : AudioDramax Avec près de 200 épisodes de créations radiophoniques, le collectif nantais vous emmène dans des mondes parallèles et dans des futurs possibles. De la SF de haut niveau, sur les traces de K Dick et d’Asimov. Des histoires alambiquées, toujours bien jouées et habillées avec soin. Montez dans la navette mais attention à la marche. www.audiodramax.com
BLABLA : L’avis des moutons Cette émission vous propose de revenir à l’époque bénie de la libre antenne. Pendant 8 minutes ou plus, un internaute parle de tout et de n’importe quoi en toute liberté. Pas toujours passionnant, mais c’est tout de même mieux que Chatroulette et ses pénis en vrac. Un peu comme une bouteille à la mer radiophonique. lavis-des-moutons.podcloud.fr POINTU : La ligue des albums incompris Cette émission de radio campus tenue par Dr Bro vous propose de découvrir des musiques méconnues ou sous-estimées. Des pépites récoltées patiemment, du psychédélique au vaporwave (l’auteur de cet article à découvert que ce genre existait grâce à l’émission). Un peu comme si Indiana Jones était devenu Dj, les boulets géants en moins. radiocampusparis.org/la-ligue-des-albumsincompris UTOPIE : La planète bleue Les Suisses ne font pas que du chocolat et des banques, ils sont aussi à l’origine d’une des émissions les plus podcastées dans le monde. Une petite merveille d’utopie remplie de musiques expérimentales et d’informations alternatives. Une heure par semaine, sans publicité, disponible en podcast. Un must porté par le toujours fringuant Yves Blanc. laplanetebleue.com NON-SENS : Autoroute Info Et si vous étiez tout bêtement content d’être chez vous ? Entendre parler de qualité de freinage, de bouchons et d’accidents est un excellent moyen de savourer sa couette à sa juste valeur. Alternant chansons françaises et flashs infos aux voix toujours uniformes, cette radio vous fera penser à vos dernières vacances en famille ou à votre calvaire à venir. www.autorouteinfo.fr/accueil
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GONZO T
CLÉMENT VILLAS
AFTER CHEZ LES SCIENTOLOGUES Ils sont mystérieux, ils sont riches, ils sont puissants, ils dirigent le monde, ils ont des stars hollywoodiennes avec eux. Ils arnaqueraient des gens, briseraient des couples, certains parlent de secte, d’autres de religion, apparemment ça parlerait aussi d’extraterrestres… Qui sont-ils ? Quels sont leurs réseaux ? Tom Cruise a-t-il un tout petit zizi ? Cet article ne répondra pas à toutes ces questions, l’auteur a juste décidé de passer
un après-midi de gueule de bois à se faire racoler par une secte qui emploie des blaireaux à peine plus efficaces qu’un vendeur de chez Darty juste pour se foutre de leur gueule et leur faire perdre du temps. Nous voulons bien sûr parler des scientologues, aka la bande à Tom Cruise, reçu à ce sujet par Sarkozy encore ministre de l’Economie et des Finances. C’est qu’ils ne doivent pas être bien méchants… 39
I — Secte intentions Quick de la place de Clichy. 13h C’est en me promenant dans Paris qu’un "street agent" de l’église de scientologie m’avait interpellé quelques jours avant cette histoire pour me filer le flyer dont je me sers aujourd’hui de toncar pour rouler un pétard. C’était une invitation à visionner un film sur le développement personnel dans leur centre rue Legendre. On m’a promis de me montrer « ce qui est à l’origine des pensées négatives, des comportements indésirables et du manque de confiance en soi. » Le genre de questions qu’on se pose après une soirée inutile à la Java, cherchant l’amour mais n’y trouvant que névroses et mauvais alcools. Je décide d’aller voir le film pour rire avant tout, également pour savoir comment tant de gens pouvaient se faire niquer. Aussi pour étudier la technique d’approche des recruteurs, certes. Mais si je titube dans ce hall de connards, c’est surtout pour répondre à une question qui m’a toujours taraudé : est-ce que ces gens qui recrutent des adeptes sont vraiment brainwashés au point de croire à ce qu’ils avancent ? ou est-ce qu’ils te niquent, consciemment ? J’assiste à la projo de 14h, sans trop savoir ce qui allait m’arriver. Si j’avais su que ça durerait aussi longtemps, j’aurais pris un deuxième Giant. Avant de pénétrer le temple, je glane sur mon smartphone quelques infos à propos du mouvement sectaire basé sur la dianétique, la théorie qui sert de base à cette "croyance" que tous les scientologues payent une fortune pour avaler. C’est vrai qu’à part Tom Cruise, Beck, et quelques affaires d’arnaques douteuses, je ne connaissais rien de cette soi-disant religion. Si on se fie à Time Magazine, après avoir passé toutes les étapes de développement personnel, les haut-gradés seraient informés dans le secret le plus total, que l’origine de tous les problèmes de la Terre aurait été enfermée 40
par des extra-terrestres dans des volcans et nous aurait contaminés via des engrammes. J’ai peut-être pas bien compris l’histoire, allez voir ça sur Wikipedia. Ce qui importe, (attention phrase longue) c’est que si ces mecs ont dépensé une fortune en bouquins, et en cours de développement personnel où des connards leur expliquent qu’ils pourraient choper une meuf en achetant des bouquins plutôt qu’en leur disant calmement et bien en face que si ils n’arrivent pas à chopper c’est parce qu’ils puent de la gueule, eh bien c’est uniquement à cause d’un fils de pute qui solutionne tout ça via une mythologie bancale encore moins bien scénarisée qu’un épisode de Star Trek. Et devinez quoi, avant de devenir gourou, Ron Hubbard, le grand créateur, écrivait des livres de science-fiction. II — Orange Mécanique Eglise de scientologie. 14h Les bureaux sont classes. L’entrée est blanche, très blanche, on se croirait au paradis. Ou plus concrètement dans un labo pour checker les MST. Une vilaine femme au visage acnéique me somme d’attendre Grégory (faux nom, mais peut-être le vrai, je sème le doute car on s’en branle c’est juste un prénom, je n’ai jamais compris pourquoi utiliser un faux prénom quand le prénom est classique). Le temps d’observer les quelques dizaines de slogans placardés dans tout l’espace. Des phrases un peu fastoches, des gros clichés du développement personnel genre « On peut tromper une fois mille personnes mais on ne peut pas tromper 1000 fois 1000 personnes. » « Gregory : Bonjour. Clément (faux nom pour moi par contre c’est mieux, il paraît qu’ils peuvent faire chier ces fils de pute) : Enchanté. » Il me fait traverser plusieurs couloirs, et m’invite à descendre au sous-sol. Le jeune premier
habillé en costard-cravate, à la mormone, me fait la conversation le temps du trajet. Il me pose quelques questions sur moi et sur le lieu où l’on m’a distribué le tract, histoire de voir si les équipes de rue font bien leur boulot. Aujourd’hui je suis Clément, ancien journaliste du Nouvel Obs reconverti à l’écriture de livres éducatifs pour enfants. Je savais que ce profil allait les intéresser. Le journaleux repenti, lassé de désinformer, qui se tourne vers l’éducation et la bonne morale, ça passait bien. Il m’installe dans une mini salle de cinéma avec une dizaine de fauteuils vides. Le menu du DVD tourne en boucle. L’ambiance est proche d’un film hollywoodien, pile-poil entre la comédie satyrique et le film d’horreur. Pendant 30 minutes, j’observe tout seul des acteurs de seconde zone confrontés à des problèmes de merde du quotidien qu’on pourrait facilement résoudre à coup de tartes dans la gueule et de Xanax. Mais non, pour eux, toutes ces aberrations, (mot utilisé dans le film comme s’il s’agissait d’un terme scientifique) seraient à l’origine de nos vices. A peine la vidéo terminée, Gregory, qui guettait à la sortie, revient me chercher et m’emmène là-haut pour me payer un thé et s’entretenir avec moi. III — Son expérience de merde Bureau de Gregory. 14h30 Si je suis venu voir la vidéo, c’est pour un problème de confiance en moi. Et ce n’est pas trop prendre de risque que de penser que cela serait dû à une peine de cœur. Si j’avais été une vieille bique de 60 balais, je pense que j’aurais été reçu par Simone qui est devenue scientologue suite au départ de son mari, parti chercher des clopes que jamais il ne trouva juste après des problèmes dus à la ménopause et à ses fuites urinaires.
Gregory lui, avait des problèmes de confiance en soi. Le recruteur a une trentaine d’années, son profil semble correspondre au mien, je pense que cela n’est pas le fruit du hasard. Il me raconte sa vie, et pourquoi il est devenu scientologue. C’est pas thétique, mais presque : il me raconte très sérieusement qu’il n’arrivait pas à parler aux femmes avant de découvrir la dialectique. Fin psychologue, je lui pose quelques questions amicales pour essayer de déterminer le fond du problème. Selon lui, ce serait parce qu’à une soirée, alors qu’il avait 12 ans, la fille qui l’intéressait se serait fait « pécho » par un autre. Passons sur le fait qu’il ait réellement employé le terme "pécho" pour montrer le modernisme d’une scientologie définitivement dans le game. Le mec essaye de me faire croire que c’était CE MOMENT précis l’origine du drame. Emettons qu’il ait un réel problème de timidité maladive (ce qui ne semblait même pas être le cas), la source du mal aurait été antérieure et bien plus profonde : parents divorcés, grands frères charismatiques, oncle violent ou je ne sais quelle merde. Mais non ! Pour lui les engrammes venaient de cet événement. Ce que ces blaireaux appellent engrammes, ce sont tout simplement des névroses, ou des douleurs mentales. Des choses qui nous marquent et nous empêchent d’avancer, ou nous font agir dans le mauvais sens. « Mais comment se débarrasse-t-on des engrammes ? » je lui demande en jouant au con. « Ça, c’est écrit dans le livre ». Pour rappel, les engrammes, c’est comme la Quezac, ce sont aussi ces petites boules censées sortir des volcans selon la légende racontée par ces menteurs de Time Magazine. On retrouve d’ailleurs des volcans sur tous les bouquins qu’il essaie de me vendre. Coïncidence ? Je ne crois pas… En gros, dans ces tartines de merde imprimées 41
sur papier (une vingtaine de tomes à 20 balles, une collection pire que la saga Harry Potter), la scientologie recompose les grandes thèses de la psychanalyse, de la psychiatrie et de la psychologie, en changeant les noms et en réfutant ces mêmes thèses. Bah oui c’est pratique. Vous voulez devenir riche, vous trouvez la solution d’un problème connu, vous changez le nom, vous vous l’appropriez et vous chiez sur la vraie personne qui a trouvé la solution. L’affaire est dans le sac. Un psy ne sert à rien, il suffit de décharger la charge émotionnelle d’un engramme pour que le mal s’en aille. Du coup, ça fonctionne ! Bah ouais connard ! Gregory me félicite d’avoir quitté le journalisme et d’avoir fait fi de tout ce que j’avais pu entendre sur le mouvement sectaire. Une des règles de la scientologie étant de « voir par soi-même ». Tu m’étonnes. Vous n’avez qu’à taper "scientologie" pour que ces enculés de journalistes menteurs vous vendent ça comme une secte sanguinaire, cupide et méchante. Alors qu’elle fait énormément de bien dans le monde. Il la compare même à Médecins du monde. Je suis conquis. Pour étouffer toute rumeur, le petit commercial de province élevé au rang de prêtre dans une organisation qui est à la religion ce que je suis au monde de la littérature, me vend une association à but non lucratif dans laquelle il travaille bénévolement. C’est ça qui m’inquiète… Tout ce qui est perçu, c'est pour faire fonctionner la "religion" : frais, téléphone, loyer… Sans doute n'a-t-il pas entendu parler de l’histoire d’Aude-Claire Malton qui a perdu tout son argent et sa force physique en devenant adepte. Certainement pour payer les factures de téléphone de l’association à but non lucratif.
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Selon lui, la scientologie aurait fait beaucoup de bien à Haïti pendant le drame, et fait « de belles choses » pour les toxicomanes aux USA. Les drogues sont les ennemis de la secte. Seulement une petite différence de traduction française du terme "drugs" nous empêche de voir que eux luttent contre toutes les "drugs", ce qui inclut les médicaments. Gregory m’explique que Ron Hubbard, le fondateur, est un fervent ennemi de toute la branche psychiatrique de la médecine, qui pour lui empêche les humains de se soigner, en les droguant. Après m’avoir enchaîné avec de fausses informations qui auraient rendu fou un psychiatre, celui-ci me dit avec toute l’assurance du monde qu’il faudrait soigner les schizophrènes dans des grands jardins où ils peuvent évoluer où bon leur semble en étant bien nourris. Voilà comment les scientologues soignent une des maladies mentales les plus complexes, en proposant une thérapie qui rendrait à peine un clébard heureux. Voilà qui ne me fait plus rire. Je lui dis exactement ce que j’en pense, soit ce que j’essaie de vous expliquer depuis le début, un cours de psychologie niveau Biba : que les livres qu’il essaie de me vendre ne sont qu’une vague réinterprétation des théories de Freud et Jung sur fond de mythologie extra-terrestre du niveau d’une série de SF de seconde zone. Il semble gêné, et à la fois croyant. A cela il me répond la phrase magique : « Nous n’allons pas discuter pendant des heures, l’essentiel ce n’est pas de savoir ce qui est vrai, ou ce qui est faux… Ce qui est important ici, c’est que ça marche ! ». A ce moment-là, plus de doute pour moi. Ce con n’essaie pas de me niquer, il y croit. Discuter avec lui est peine perdue… C’est un vilain défaut de penser qu’on peut prouver à un con qu’il est con. C’est mon engramme à moi.
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Cecil Saint-Jean est fasciné par la pudeur. Ses frontières floues, poreuses, d'un corps à l'autre, d'une société à l'autre. Dans sa série Lectrices, il photographie des femmes dans leur espace intime, seulement habillées du livre de leur choix et des textures, couleurs, matières qui leur sont familières. Il cherche à saisir des corps qui s'offrent moins au regard d'un tiers qu'ils ne se ré-informent dans et par la lecture. L’idée : sortir du champ habituel de la pudeur, et laisser place à une autre pudeur, celle d'un voile en dessous, plus secrète, cette pudeur inconsciente dont les corps se recouvrent encore devant le livre. Cecil Saint-Jean a commencé cette série en prenant en photo des amies, des rencontres, avec toujours ce même et unique principe : qu'elles lui désignent le modèle suivant. — cecilsaint-jean.tumblr.com
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Arcane 17. Modèle : Circé Deslandes
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Ce flyer en résumé ? Cette illustration, c'est le flat design qui rencontre le fauvisme, le tout au service d'une nostalgie 80's tout en douceur, agrémenté d'une typographie en filigrane faisant office de cassure géométrique : une réussite de composition harmonieuse réalisée par Alice Hubert. Le flat design ? Des grands aplats de couleur ("color blocks") lissant les détails pour mettre en avant formes et silhouettes, très à la mode dans tout ce qui est esthétique informatique actuelle, mais ici au service d'un trait propre à l'illustration, fait main (qui rappelle un peu le graphisme du designer Parra et ses célèbres femmes-oiseaux / hommes-instruments). Le fauvisme ? La libération de la couleur, aka le réel en fausses couleurs. Définition : « le fauvisme est caractérisé par l'audace et la nouveauté de ses recherches chromatiques. Les peintres ont recours à de larges aplats de couleurs violentes, pures et vives, et revendiquent un art fondé sur l'instinct. » Une nuance toutefois : dans le courant fauve du début du siècle, les peintres « séparent la couleur de sa référence à l'objet, afin d'accentuer l'expression, et réagissent de manière provocatrice contre les sensations visuelles et la douceur de l'impressionisme ». Ici, tout au contraire, la douceur est bel et bien présente, par un aspect lissé et des couleurs pastel, tout sauf agressives. La réalisation ? L'ensemble donne un mélange multichronique : hyper eighties pour 46
la figure féminine de droite, et totalement 1900 pour le personnage moustachu central : la gymnaste permanentée de 1984 en body s'oppose au boxeur - ou plutôt au pugiliste, vu son équipement - anglais de 1905, au poil gominé et au caleçon que l'on devine aussi large que les maillots de bains rayés de la Belle Époque. En ce sens, cette image illustre parfaitement le programme de la soirée : « serez-vous sportswear chic, 80's athletic ou olympiades antiques ? », nous demandent les organisateurs. On a l'embarras du choix : tout y est représenté ! Le détail qui tue ? Les guêtres de gymnastique au froissé laineux caractéristique, évidemment ! Une esthétique qui revient à la mode dans les flyers, comme on la retrouve par exemple dans la dernière mouture de la soirée Le Bal Con. La typo ? Une véritable caution arty est amenée par la typographie du nom de la soirée. Le "MoNa" rappelle les essais typographiques structuralistes et post-dada des années 30 à 60, plus ou moins en rondeurs selon la décennie. Rappelle également le MoMa de New York, et évoque à la fois le Bauhaus et le modernisme américain pré-pop art. Bravo ! In fine ? Une composition équilibrée aux personnages androgynes. Il est indiqué que la soirée hébergera une dance class de voguing : ce flyer est donc parfait pour une esthétique qu'on imagine totalement discohouse-LGBT !
AGENDA
VENDREDI 4 MARS — 23h Djoon 8/10€ Briefly Established Meets Patrice Scott & Charles Webster 00h Virgo 15/20€ Ellen Allien & Friends w/ Ellen Allien, Heidi, Kiki & Guests SAMEDI 5 MARS — 23h Secret Place 7€ Long Time No See by Urban Family w/ Clouclou, Vince, Bojack & More 00h La Machine du Moulin Rouge 12/16€ Space In Faders w/ Mondkopf, Arnaud Rebotini, Crackboy, Fritz & Lang, Modulhater JEUDI 10 MARS — 23h30 Badaboum 10€ Katapult Party 00h La Java 5€ Jeudi Minuit : Bastion & Friends VENDREDI 11 MARS — 23h30 La Gaîté lyrique 15€ Dancing Heroes: Sonotown + F.A.M.E 00h Rex Club 12€ Btrax Night: Gregor Tresher, Karotte, Meda, Ben Men SAMEDI 12 MARS — 00h Batofar 12/15€ Open Minded Présente Keith Carnal, Ayarcana, Exal & Herrmann 00h La Machine du Moulin Rouge 12€ Lost & Beyond w/ Christian Smith, Run X, Madlex & Parfait
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JEUDI 17 MARS — 19h Le Trianon 34/40€ Flume 00h Le Rex Club D.KO Night: Julius Steinhoff, Aybee, Sandro, Gabriel, MUD Deep VENDREDI 18 MARS — 22h Bus Palladium Gratuit Bonbon Party 00h Club Zero 10€ Possession w/ Cleric, Parfait, Reeko, UVB, Vril (live) 00h Glazart 10€ Happy face w/ Deiva aka Dyna, Konik, Adam Polo, Chris Teker VENDREDI 25 MARS — 21h Concrete 15€ Karenn Live, Zenker Brothers, Anetha 22h Bus Palladium Gratuit Bonbon Party 23h Concorde Atlantique 10€ Aflm 2nd Birthday SAMEDI 26 MARS — 20h Zenith Paris 32/36€ Gramatik 00h Virgo Tale Of Us, Oskar Offermann, Tijana T, Konkørd LUNDI 28 MARS — 19h Olympia Moderat