Le Bonbon Nuit 20

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Nuit

Avril 2012 - n째 20



édito Bonne Nuit Un samedi soir normal sur la Terre. Paris, minuit. Accompagnée de ma sœur (jolie fille en manteau léopard) et du rédacteur en chef adjoint du Bonbon Nuit (beau mec en casquette), nous décidons d’aller boire une bière. Jusqu’ici tout va bien. Je suis dans mon quartier, Pigalle. On décide d’abord d’aller dans un endroit où je vais souvent et où je passe des disques. Et là, le videur nous arrête. « Ah non, ça va pas être possible ! » Après nous avoir toisés des pieds à la tête, tous les trois. On est un peu énervés, mais on a toujours soif. Direction un autre bar, tout nouveau, dans lequel je dois mixer à la fin du mois. J’avais envie de voir à quoi il ressemblait. Là, le physio nous dit : « Il faut faire la queue. Et allez fumer sur le trottoir d’en face. » Là on commence vraiment à se sentir persona non grata. Mais l’appel de la binouze nous fait tenter une dernière expérience. Un club dont je suis résidente, et où j’ai l’habitude de passer quelques disques pour presque rien (en euros) alors que les gérants s’en mettent plein les fouilles. Et là, attention : « Non, ce soir il y a beaucoup de monde. » Ok donc là je suis vénère, c’est officiel. Je viens de me faire virer de trois lieux dans lesquels je bosse. C’est comme si je faisais n’importe quel vrai boulot, et qu’au moment d’aller pointer, on me refusait l’entrée. Attention, comprenez-moi bien : je n’ai rien contre la profession de videur (on en a même mis un en couverture du Bonbon Nuit), mais là c’est pas possible. Jusqu’à ce que je comprenne le pot aux roses : on est samedi soir, ok et on est pendant LA FASHION WEEK. Donc en gros, les mecs de l’entrée ont dû avoir des consignes : ne laisser rentrer que les bonnasses. On parle souvent du délit de faciès, et en tant que moitié Algérienne, et humaine totalement, je suis horrifiée. Mais n’oublions pas la facho week : ce concept qui consiste à ne laisser rentrer dans un pauvre bar de quartier que des sosies de Zahia version branchée (avec frange et slim). Aux trois bars ci-dessus, la prochaine fois que vous m’enverrez vos dossiers de presse en me demandant de parler du lieu dans nos pages, ou de mixer contre trois bières : laissez tomber, je ne suis pas Zahia. Violaine Schütz Rédactrice en chef

Rédactrice en chef — Violaine Schütz michael@lebonbon.fr

violaine@lebonbon.fr

| Rédacteur en chef adjoint — Michaël Pécot-Kleiner

| Directeur artistique — Tom Gordonovitch

tom@lebonbon.fr

| Président — Jacques de la Chaise

Photo couverture — Izia par Nicola Delorme | Secrétaire de rédaction — Anne-Charlotte Anris Régie publicitaire — regiepub@lebonbon.fr Lionel 06 33 54 65 95 | Contactez-nous — nuit@lebonbon.fr Siret — 510 580 301 00016 | Siège social — 31 bis, rue Victor-Massé, 75009 Paris 1—

Nuit



sommaire Le Bonbon Nuit

p. 05

le bon timing

Izia

p. 07

Helmut Newton

p. 11

le bon musicien

Krazy Baldhead

p. 17

la bonne animatrice

Sidonie Bonnec

p. 21

Félicie

p. 24

Bertrand Burgalat

p. 27

La Concrete

p. 30

la bonne ombre

Paul-Jérôme Renevier

p. 33

la bonne actrice

Reese Witherspoon

p. 37

le bon coup

De Carême à Scylla

p. 40

le bon club

Le Berghain

p. 42

Maxence Cyrin

p.44

la bonne voix

le bon art

paris la nuit

le bon patron

le bon after

la bonne playlist

p.45

trousse de secours

le bon agenda

Paris La Nuit

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p.48

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le Bon Timing Les événements à ne pas manquer Réouverture du Trabendo Après des mois de travaux, la salle de concert-club réouvre avec une nouvelle équipe de choc à la prog : la société Electric Dreams, soit l’union du producteur de spectacles Super! et du groupe de presse Detroit Media (Tsugi). On y verra entre autres Atlas Sound, Miss Kittin, Austra et Sonic Boom. À partir du mois d’avril. 211, avenue Jean-Jaurès, 19 e www.letrabendo.fr

Un peu de gentillesse On était tombés amoureux d’Adam Bainbridge, alias Kindness, avec ses deux singles, Cyan et Gee Up. Son premier album produit par Philippe Zdar, World, You Need A Change Of Mind, confirme l’engouement. Une voix superbe, des sax’ eighties, du funk, du lo-fi, du groove, c’est le disque indie pop parfait de ce printemps. Kindness - World, You Need A Change Of Mind Le 9 avril dans les bacs

Retropolis Pour son 13e anniversaire, le festival Shamrock débarque à Belleville et investit La Java pour un voyage

musico-temporel. Cette

année, quatre

groupes se partagent l’affiche : les Mancuniens Futurecop, Louie Cut, les deux acolytes de Catz’N Dogz et enfin Jupiter qui concocteront un set électro-funk dont ils ont le secret. Vendredi 13 avril à 23h - La Java

Me.003 Mercredi Production transforme le Cabaret Sauvage en club berlinois pour une soirée à la programmation exceptionnelle. Une occasion unique de passer DR / DR / DR / DR

la frontière le temps d’une nuit avec un line-up qui promet : Pantha du Prince, Dixon, Efdemin, Âme. Ça va clairement envoyer du lourd… Samedi 21 avril à 23h - Cabaret Sauvage

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la bonne voix ® Manon Troppo Ω Paul Schmidt

izia l’impétueuse

Sa gouaille, ses textes, sa voix, ses prestations scéniques, et son désormais célèbre "Putain" aux Victoires de la musique nous avaient déjà largement convaincus de l’énergie, de la passion et du bouillonnement débordant d’Izia, l’enfant sauvage. Ce portrait en est la confirmation. La voix pétée par cinq heures de répét’, elle me raconte avec peps et

fait fondre. » Sur sa mère, elle ne tarit pas d’éloges non plus, la comparant à une héroïne sans qui « la maison serait un naufrage » et qui l’inspire comme personne. D’elle, elle a hérité une énergie et une positivité qu’elle attribue à son origine méditerranéenne. « Je suis 50 % Tunisienne, c’est mon côté soleil et huile d’olive », dit-elle en riant.

douceur comment tout la construit sans vraiment la changer.

Depuis toujours ou presque, Izia baigne dans la musique. De par sa famille d’abord, bien sûr. Un papa Higelin, une maman danseuse, un frère Arthur H. Et elle n’éprouve aucune gêne à en parler, au contraire, c’est pour elle une fierté, un sujet qu’elle aborde avec amour et qu’elle n’imagine pas pouvoir taire. « Je n’ai pas du tout le complexe de "la fille de", j’en parle avec facilité parce que c’est de là que je viens, et là d’où on vient, c’est trop important pour le censurer, papa connu ou non. » En tant qu’artiste comme en tant qu’homme, elle l’adore et estime qu’il a insufflé une énergie au rock français comme personne à l’époque. « C’était pas un rockeur du dimanche, il arrivait sur scène en combinaison zèbre et à cheval, quoi ! » L’album BBH75 est, d’après elle, « d’une rockitude insensée » et il ne lui faut même pas un centième de seconde pour décider de sa chanson préférée : Parc Montsouris. « J’aime quand il se pose et qu’il a une voix hyper grave ; ça me 7—

Mais tout ne vient pas de là ; ce serait trop simple. Si sa tribu lui a appris la liberté, la joie et le respect des autres, c’est toute seule qu’elle est devenue une artiste. On sent chez Izia un besoin vital de faire de la musique, famille ou pas, et vers ses 10 ans, elle s’amusait déjà à chanter des « bêtises » qu’elle définit comme un doux mélange de France Gall et d’Amel Bent. Heureusement pour nous, elle s’est vite affirmée en écoutant en boucle Nirvana, Marilyn Manson, les Beatles et en apprenant à jouer de la guitare. « Je fumais des Camel Light, je buvais de la 8/6, je portais des baggys, j’étais complètement déglingo, tu vois », ironise-t-elle. Elle peut se moquer d’elle-même tant qu’elle voudra, tout le monde n’a pas fait son premier concert à 15 ans et terminé son premier album à 19. Deux albums plus tard, l’envie et l’enthousiasme sont toujours là, mais d’une manière un peu plus affinée, adulte peut-être. Sa voix, c’est un thème qui revient souvent quand on aborde So Much Nuit


Izia

“Je n’ai pas du tout le complexe de « la fille de », j’en parle avec facilité parce que c’est de là que je viens.” Trouble ; elle a voulu lui trouver un écrin, un lyrisme, avec des vraies envolées et des mélodies plus approfondies. « Le premier album était plus centré sur l’énergie du live ; sur celui-là, je voulais davantage explorer mes capacités de musicienne. » Elle a aussi eu d’autres influences, plus pop, plus new wave, « plus barrées », comme Pulp ou Blondie. Ce qui ne change pas en revanche, c’est sa manière de cracher les textes, en écriture quasi automatique. « Je m’isole avec un casque et j’écoute mes boucles de musique ; j’entre dans un état étrange, pas loin de la transe, je danse bizarrement et je chante, je chante, je chante jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de boucles. Ensuite 8—

on écoute, on s’arrête sur ce qu’on aime, et y’a des mots qui ressortent, comme si des images m’arrivaient. Après, c’est une sorte de texte à trous que je dois compléter et qui, une fois fini, est généralement complètement en phase avec ce que j’ai ressenti au moment où je le chantais. » L’instantanéité est un moteur et un but à la fois, c’est comme ça qu’elle fonctionne. Quant à la langue française, elle se dit « pas allergique » mais ne se sent pas encore capable de l’écrire, ou de la chanter. L’anglais est bien plus spontané, « sauf saoule à 3 heures du matin où je me lance sur Un coup de soleil de Cocciante. » Pourtant, le « trouble » du titre de l’album est à entendre en français, dans le sens de confus, en rapport avec les deux années précédentes où elle n’avait pas grand-chose à faire après sa tournée et où elle s’est sentie envahie d’une sorte de baby-blues. Mais ce « trouble » est bien le seul mot non anglo-saxon de l’album. Ça ne veut pas dire que la scène française ne l’intéresse pas, au contraire. Quand on lui demande de quels artistes hexagonaux elle se sent proche, on peut difficilement l’arrêter. « La nouvelle vague me passionne et je suis fan des Gush, des Stuck in The Sound ; José (le chanteur des Stuck) est un très bon pote, on a composé quelque chose ensemble d’ailleurs, j’aimerais beaucoup que ça sorte, sa voix féminine et ma voix masculine se marient hyper bien. Y’a aussi les Naive New Beaters, que j’adore, les Brigitte, Adanowsky, les I Am un Chien… » Bref, en amitié non plus, Izia n’est pas avare, elle aime de nombreuses personnes et en grand. Dans cet esprit, elle part dix jours en tournée en Amérique du Sud avec les Gush et Adanowsky où ils se produiront chaque soir, tous les trois, les uns après les autres. Elle peine à cacher son impatience. « Ça va être un grand n’importe quoi ! On va être tellement heureux d’être tous ensemble ! » C’est sûrement aussi ce sens de la fraternité qui l’a amenée à travailler depuis toujours avec la même Nuit


Izia personne, Sebastien Hoog en l’occurrence. Ils se sont rencontrés par un ami commun et ne se sont plus quittés depuis. « C’était ma première collaboration et on a jamais arrêté de bosser ensemble ; six ans de binôme, dans la musique, c’est presque une vie ! » Un coup de foudre musical, donc, qui aboutit à une productivité prolifique et une grande complicité. « On se comprend spontanément, j’ai qu’à lui faire mes yeux et il sait ce que je pense, c’est mon alter ego et on a une très belle relation. » Si jeune, avec autant d’amis et autant de dynamisme, on l’imagine fêtarde ne s’arrêtant de danser qu’au petit matin. C’est à la fois vrai et faux. Dans son XVIIIe arrondissement, elle a du mal à sortir de chez elle sans tomber sur des dizaines de connaissances et quand elle part acheter une baguette à midi, elle rentre à 20 h 30, ayant passé la journée à jongler entre les imprévus et les rencontres surprises. « Le XVIIIe, c’est une colocation géante » où elle a ses habitudes, son petit café pourri, et ses QG, pas loin. Le Bus Palladium, d’abord, tenu par son ami Cyril Bodin, où elle traîne avec les Gush et les Stuck ; Le Lautrec aussi, parce qu’elle aime aller y écouter Black Minou certains jeudis ; et pour les nuits plus longues « le Baron et le Montana, comme beaucoup de gens. » Mais ayant récemment eu une prise de conscience l’amenant à considérer son corps comme un temple, elle n’est plus aussi excessive qu’avant, ne mange plus de Mac Do « et toutes ces conneries », ne boit plus d’alcools forts, s’en tient au champagne et au vin rouge, dont l’ivresse « fluide et créative » l’enchante. Certains soirs, aussi étonnant que cela puisse paraître, elle réussit même à rester chez elle et à buller devant des films avec son amoureux (musicien également, dans l’électro, mais on n’en saura pas plus…). Ses véritables exutoires sont ses potes (encore eux !), elle a d’ailleurs écrit Your Love Is A Gift pour sa meilleure amie, mais également la boxe 9—

et la gym en salle. Et quand elle part courir, c’est pour tout donner et revenir en feu, vidée. « Parfois, je cours et je pleure en même temps. » Ces agendas pour le moins chargés ne l’ont pas pour autant empêchée de revêtir dernièrement un autre costume et de se consacrer à un nouvel art, le cinéma, qui l’a accueillie pour son premier rôle dans l’adaptation du livre de Justine Lévy, Mauvaise Fille. Avec Carole Bouquet comme partenaire, mesdames et messieurs. L’expérience l’a d’autant plus convaincue qu’elle a trouvé ce travail très complémentaire de celui de musicienne et à la fois radicalement différent. Elle le dit franchement, elle aimerait pouvoir continuer à passer de la musique au cinéma toute sa vie, pour les émotions que cela lui procure. Des émotions, elle devrait en ressentir prochainement de très fortes à nouveau puisque les Victoires de la musique approchent (nous nous rencontrons peu de temps avant). Elle ne boude pas son plaisir quant aux deux dernières reçues, plaisante en disant qu’une troisième, « ça serait joli dans la bibliothèque », et finit par ajouter : « Non, je me la pète, je plaisante, la vérité c’est que ça me rendrait trop heureuse, j’adorerais. » Quelques jours plus tard, elle remportait le Globe de cristal de la meilleure interprète féminine de l’année, la Victoire de l’album rock de l’année et So Much Trouble était certifié disque d’or. Pari gagné, poupée.

Izia — So Much Trouble ≥ www.iziamusic.com

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le bon art ® Marie-Eve Lacasse

helmut newton à nu

Eh non ! Le porno chic n’a pas été inventé par Carine Roitfeld et Olivier Zahm pour Purple.

Fin mars, a commencé au Grand Palais la première rétrospective française d’Helmut Newton. Aux caisses se pressent des grands-mères et des voisins de palier venus admirer des amazones harnachées de quelques ficelles, l’une laissant tomber le smoking ou la bretelle, parfois la cendre d’une cigarette sur le tapis d’un hôtel quatre étoiles. Plus de deux cents images (quasi exclusivement des tirages originaux ou vintage réalisés sous le contrôle d’Helmut Newton : polaroïds, tirages de travail de divers formats dont quelques œuvres monumentales) montrent ainsi les plus belles femmes du monde se déshabillant dans des décors somptueux, entre le cuir d’une cravache et le crêpe d’une robe Courrèges. Souvent, le scandale se dissipe à la hauteur de la renommée, comme lorsqu’on entend Love On The Beat dans la salle d’attente du dentiste. Parfois, il reste intact et traverse les décennies avec la même brûlure. Si l’imaginaire érotique de Newton trouve encore des amateurs, on ne peut que reconnaître l’évidence de sa contribution à l’histoire de la photographie qui va bien au-delà du milieu de 11 —

la mode. Rien n’est laissé au hasard dans le travail de Newton qui a d’abord été embauché chez Vogue avant d’en être viré pour une embrouille d’exclusivité (il en tirera une série, Fired) et de travailler dès 1964 pour Elle, Marie Claire, Nova et Queen. Sa première exposition en 1975 à la galerie Nikon à Paris le consacre alors photographe tout court. La douceur en cage

« Une bonne photographie de mode doit ressembler à tout sauf à une photographie de mode. À un portrait, à une photo souvenir, à un cliché de paparazzi », dira Newton au cours d’une conférence de presse en 1984. S’il tend à créer une impression de hasard photographique, Newton ne fait pas dans l’accident ou le spontané, le hasard heureux. Ses photographies sont composées comme l’est souvent la peinture classique ; le moindre détail vient équilibrer l’ensemble dans une harmonie d’ombre et de soleil. Il aime les corps superbement athlétiques, les seins perchés juste ce qu’il faut, les ventres durs et les yeux de biche. Sur ses mises en scène, Newton dira qu’il « (…) travaille avec des mannequins professionnels, ce qui exclut toute justification psychologique ou morale. Mes instructions étant d’une grande simplicité, elles réclament une réponse mécanique. Le plus important Nuit


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Helmut Newton

“La photographie de Newton tient un discours sur les femmes.” étant le choix du modèle. (…) Par ailleurs, on dispose devant moi les plus belles femmes du monde dans la perfection du travail des meilleurs coiffeurs, maquilleurs etc., qui leur donne qualité d’œuvre d’art. (…). Je rejette la spontanéité. » Une rigueur martiale comme pour contenir et enfermer ce qu’il y a de plus joli, de plus gracieux. On oublie qu’Helmut Newton, après avoir fui l’Allemagne en 1938 parce que juif, s’est engagé dans l’armée australienne jusqu’en 1946.

déterminées à dévorer leurs virils invités comme des petits fours apéritifs. Non, le porno chic n’a pas été inventé par Carine Roitfeld et Olivier Zahm pour Purple. Le 23 janvier 2004, victime d’une attaque cardiaque, Helmut Newton perd le contrôle de sa Cadillac à la sortie du garage du Château Marmont à Hollywood et meurt à l’âge de 83 ans. Élégance et cynisme ultimes ? La fondation Helmut Newton est inaugurée officiellement à Berlin en juin de la même année. C’est sa femme, June Newton, alias Alice Springs, qui a organisé la grande rétrospective Newton qui a débuté fin mars au Grand Palais. Comme l’écrit Jérôme Neutres dans le catalogue de l’exposition, « Avant d’épouser June et de vivre près de soixante ans avec elle, Helmut l’avait prévenue : « La photographie sera toujours ma priorité. Tu ne viendras qu’en seconde position.» Et voilà donc June qui continue à accomplir son devoir dans l’ombre bien au-delà de la mort de son mari. Il a pris les photos ; elle s’est occupée du reste. Car s’il y a les femmes fantasmées, il y a aussi, et surtout, toutes les autres.

Les lois du mouvement

Helmut Newton

La photographie de Newton montre le vêtement mais elle tient surtout un discours sur les femmes, sur les femmes par un homme qui n’en a pas peur – c’est rare. Debout, elles sont prêtes à se jeter sur un bout de viande, tout crocs et ongles manucurés dehors. La richesse les habille et les déshabille au gré de leur ennui. On passe de chambres d’hôtel kitschement ornées aux plages de Saint-Tropez. Le nu sort dans la nuit. Paris devient un bal masqué pour aristos abonnés aux parties fines ; Los Angeles est un théâtre de femmes en power suit

≥ Du 24 mars au 17 juin 2012 au Grand Palais

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Galerie sud-est, entrée avenue Winston-Churchill — Légendes p. 10 : Autoportrait avec June et modèles, Paris, 1981. © Helmut Newton Estate p. 12-13 : Bergstrom, au-dessus de Paris, Paris, 1976. © Helmut Newton Estate p. 15 : Catherine Deneuve, Esquire, Paris, 1976. © Helmut Newton Estate

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Le bon musicien ® Marie Prieux Ω DR

krazy baldhead divin chauve

Considéré comme un ovni au sein de la célèbre

Finalement, dans quelle branche musicale te recon-

écurie Ed Banger, Krazy Baldhead revient avec un

naitrais-tu ?

second opus. Bien loin des turbines et de la folie des

Électro, pop dans le format, et jazz, sans l’aspect improvisé. Mais le public et les journalistes me voient toujours sous un jour différent (rires). Je ne me colle pas d’étiquette. Le format de mon ancien album était si spécial, qu’il n’y avait aucun intérêt à le reproduire. J’en suis satisfait, mais avais cette fois envie de quelque chose de plus classique. Le but était d’avoir des titres lisibles, qui durent trois ou quatre minutes, et qui tiennent la route. Je voulais me prouver que je pouvais le faire. Et ainsi me faire connaître pour autre chose que des bizarreries symphoniques (rires).

dancefloors, la petite perle seventies et un brin déstructurée qu’est The Noise in the Sky se démarque, une fois de plus, du reste de la sphère électro. Rencontre avec l’homme chauve. Pourquoi avoir fait le choix des ambiances seventies pour The Noise in the Sky ?

J’écoute essentiellement du jazz, de la soul, et du funk de l’époque. Des productions plus musicales que celles en club, en quelque sorte. Il ne s’agissait pas de faire un revival, mais l’idée était de transposer ces champs, afin de composer un disque qui sonne “actuel” et profondément touché par ces sonorités. Le mélange de matériels y a joué un rôle important ?

Oui, dans l’utilisation de synthés qui existaient déjà ces années-là. Je n’ai rien samplé. À l’écoute d’un morceau de Miles Davis, par exemple, je capte une harmonie, une mélodie, et la réinvente. Avec Marvin Gaye, il s’agira de comprendre comment la batterie se situe dans le morceau. Je capture les instants, les atmosphères, et les transforme comme bon me semble. 17 —

Est-ce pour cela que tu as, cette fois, donné un nom à tes tracks ?

Oui, je regrette un peu de ne pas l’avoir fait avant. The B-suite était construit en quatre mouvements, mais il a fallu que je les divise en petites parties, pour les intégrer à iTunes. Et je ne pouvais pas donner de nom à la partie d’un morceau qui n’en avait pas ! Cela a donné des appellations très sexy comme 1er mouvement partie 4 (rires). Ce n’est pas génial… Imagine la discussion : « J’aime beaucoup le 3e mouvement partie 2 ! À moins que ce soit le 2e mouvement partie 3 ? Je ne sais plus… » (rires) Nuit


Krazy Baldhead

“La scène club à Paris n’est pas la plus excitante au monde, certes, mais nous avons de beaux lieux.”

On te décrit souvent comme inclassable, notamment par rapport au côté déstructuré de tes productions. Nombre d’artistes exploitent pourtant cette technique.

Je n’ai pas inventé ce procédé. Il occupe d’ailleurs une place prédominante dans l’œuvre de Flying Lotus, que j’aime énormément. Mais je trouve que cela va trop loin dans l’expérimentation, au détriment de la musicalité. J’essaie de ne pas m’enfermer dans ces codes. Si je le faisais, cela me rendrait certainement plus “classable”, mais je reste fidèle à mes envies. Je ne cherche pas à prendre parti. Mon style, c’est tous les styles. (il sourit) Tu es signé chez Ed Banger. L’image “kids” du label ne te dérange-t-elle pas ?

Elle ne me colle pas à la peau ! Ce rapprochement n’est pas voulu, pas subi non plus, mais quand tu vois la largeur du spectre d’Ed Banger, il n’y a pas de raisons pour que l’on fasse cet amalgame. Quelques artistes de la maison ont ce public, mais je ne m’adresse pas à eux en particulier. Je pense représenter une certaine maturité. Êtes-vous vraiment une “famille”, comme les médias le décrivent souvent ?

Complètement ! À Lille, pour le 9e anniversaire du label, nous étions tous ravis de nous retrouver. Ce qui est devenu rare, puisque chacun est sollicité de son côté. Heureusement, nous nous voyons aussi en dehors de nos dates. Oui, nous sommes une famille. Quel serait le lien entre tes productions et le côté souvent dancefloor du label ?

L’amour de la musique. Nous avons chacun nos propres influences, mais nous nous retrouvons sur pas mal de points. L’ouverture d’esprit nous lie. J’ai parfois le sentiment que Pedro nous a recrutés sur ce critère. Instinctivement, cela l’attire. D’ailleurs, la BO pour Gavras qu’a composée SebastiAn est une œuvre presque classique, très intéressante. Et 18 —

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Krazy Baldhead le dernier album de Justice est loin des sentiers battus. Personne n’est enfermé dans un carcan musical. Tu n’en as pas marre des questions sur Ed Banger ?

Quand on ne me parle que de ça, ça me gonfle ! (rires) Mais il y a une aura autour du label dont je profite. Je n’ai aucune raison de tourner le dos à cela. J’en suis fier.

titre bien plus floues. Quand tu joues à deux heures du mat’, l’approche est complètement différente. Des visuels sont également intégrés au show par Flashbacker. Il joue avec les ambiances, grâce à des synthés vidéo. Mais mettre des mots sur les images est compliqué… Je n’arrive déjà pas à en mettre sur ma musique ! (rires) En tout cas, il ne faut pas s’attendre à des murs d’amplis, comme avec Justice.

Tu as fait dix ans de conservatoire, quels ont été tes plus grands coups de cœur ?

As-tu d’autres projets à venir ?

Shéhérazade de Korsakov pour sa structure, qui m’a beaucoup inspiré. Elle est emplie de montées, descentes, tout en rythmes. J’écoute également du Chopin, du Ravel…

Je bosse sur le second album de Donso, qui est un mélange de musique électronique et de musique malienne. C’est un disque original, inclassable également. Le groupe est composé d’un chanteur malien, d’un guitariste, d’instruments étranges, et je suis aux machines. La sortie est prévue à la fin de l’année.

Ton titre Alexander Plazt est un hommage à Berlin ?

C’est une évocation. Je ne suis pas très bon pour trouver des noms à mes morceaux. Ceux de Oizo montrent qu’il est un peu dans le même cas de figure (rires). Dans Alexander Platz, il y a une certaine nostalgie. Je vais souvent dans ce coin de la ville, très laid, qui n’a finalement rien de spécial, mais qui m’attire indéniablement. (il sourit) La scène parisienne t’attire-t-elle autant ?

Tes journées doivent être courtes ! As-tu planifié quelques remixes également ?

Très courtes ! Je termine des edits et me lance dans une ébauche de site web collaboratif d’applis. C’est assez expérimental. Mais nous sommes encore dans les prémices, je ne peux en dévoiler plus pour le moment.

Oui, elle se porte bien ! Beaucoup de productions intéressantes y émergent. Il y a cinq ou six ans, la frénésie était plus palpable, notamment avec les cartons d’Ed Banger. Mais tout le monde mûrit bien, de nouvelles choses se passent. La scène club n’est pas la plus excitante au monde, certes, mais nous avons de beaux lieux. Lesquels, en particulier ?

Krazy Baldhead — The Noise in the Sky Ed Banger

Le Social Club évidemment (rires) ! Le Nouveau Casino, Le Bataclan et La Machine ont aussi une bonne programmation. Et j’attends que L’Élysée Montmartre soit de nouveau sur pied.

≥ www.facebook.com/krazybaldheadofficiel ≥ www.myspace.com/krazybaldhead — Le 12 avril il sera en live au Nouveau Casino pour la release party de son album.

À quoi faut-il s’attendre en assistant à ton live ?

Et le 21 avril à La Gaîté lyrique.

Tout y est retravaillé et les frontières entre chaque 19 —

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la bonne animatrice ® Nicolas George Ω Nicola Delorme & Pierre Olivier W9

Sidonie Bonnec Mes nuits sont plus belles que vos jours

À travers trois documentaires diffusés sur W9, Sido-

L’idée était de mettre en avant les métiers de la nuit ?

nie Bonnec nous plonge au cœur de la nuit pari-

sur les hommes et les femmes qui vivent de l’autre

Non, on a voulu se concentrer avant tout sur les gens eux-mêmes, sur leur philosophie, plus que sur leur métier… La nuit, les gens sont un peu des héros !

côté du cadran.

Quels autres personnages de la nuit aurais-tu aimé

sienne ! Elle nous emmène à la rencontre de personnages attachants et de lieux captivants. Un coup de projecteur haletant, réalisé avec brio et réalisme,

suivre ? Comment est née l’idée de s’intéresser au monde de la nuit ?

Avec le réalisateur Jérôme Korkikian, après le documentaire Dans un monde à part , on a voulu repartir sur la route ensemble. Et comme on aime aller là où les gens ne vont pas, la nuit et ses mystères se sont alors imposés à nous !

Les toiturophiles. Ce sont ceux qui grimpent sur les toits la nuit. J’aime leur côté transgressif. Ta plus belle rencontre durant ces reportages ?

Un lieutenant de la BAC. Avant, il était architecte paysagiste et a tout plaqué pour devenir policier la nuit. Sans jamais le regretter.

Combien de nuits sur le terrain ?

Les gens de la nuit sont-ils si différents de ceux du

Quarante nuits. De 18 heures à 9 heures du matin. Un véritable travail d’immersion ! On a voulu rencontrer plusieurs professions, plusieurs milieux. Lors du premier épisode, on me verra auprès de la BAC en patrouille. J’ai également été à la rencontre du SAMU, de la police du périphérique, des urgentistes vétérinaires, du RAID mais aussi d’une strip-teaseuse ou de Georges Lang, l’animateur radio.

jour ?

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Oui. Ils sont plus humains, plus soudés. Dans ces documentaires, ils se sont vraiment livrés à moi… La nuit est une vraie communauté. Tout y est plus intense. Et le jour peut soudain te sembler bien vite déprimant… On devient vite accroc à la nuit selon toi ?

Oui, vraiment. Il y a parfois un danger : la nuit fait monter l’adrénaline… Enfin, c’est plus une Nuit


Sidonie Bonnec

“Le décalage de la nuit ne fait pas tenir les couples sur du long terme. La nuit reste un milieu particulier et difficile pour la vie de famille…”

pression qu’un réel danger, à vrai dire… La nuit casse aussi les barrières sociales. J’ai parfois vu des grands patrons mêlés à des bandes de copains dans certains lieux. Il y a un melting pot que tu ne vois pas le jour… Qu’est-ce qui a été le plus difficile sur le tournage ?

Gérer mon sommeil. Parfois, je me couchais et je me réveillais quand il faisait nuit. Ne pas voir la lumière a été une rude épreuve. Travailler la nuit et la vie de couple sont-ils compatibles ?

Le décalage ne fait pas tenir les couples sur du long terme. La nuit reste un milieu particulier et difficile pour la vie de famille… La nuit, la musique a toute son importance. Qu’estce qu’il y a dans ton iPod ?

Ben Folds, Pony Pony Run Run, Antony and The Johnsons, Beirut, Ella Fitzgerald, Eric Legnini… Mais aussi Phoenix, Nicole Willis and The Soul Investigators, Peter Gabriel… Ton coup de cœur musical du moment ?

Ben Folds et Nick Hornby : Lonely Avenue ! Et côté lecture ?

Stephen King : Duma Key. Il fait partie de mes maîtres littéraires ! J’aime aussi Raymond Carver, Romain Gary, Richard Matheson. Qu’est-ce que tu regardes à la télé ?

Je regarde les séries comme Breaking Bad, Dexter… et les magazines d’enquêtes (tous !). Et Faites entrer l’accusé ?

Avec feu Secrets d’actualité sur M6, une émission culte en matière de récit de faits divers. Et l’émission que tu rêverais de présenter ?

Un talk-show d’actus… qui n’existe pas encore ! 22 —

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Bio express

Ses adresses à Paris

naissance en Bretagne. 2005 : débuts à la télé au lancement de la TNT, dans Choc l’émission, aux côtés d’Alexandre Devoise sur NT1. Puis sur Canal + pour une chronique sportive dans l’émission Jour de sport et sur France 4 (l’émission Les Agités du bocal). 2007 : présente le JT musical Musicronik sur la chaîne W9. Chroniqueuse régulière dans Pif Paf sur Paris Première depuis octobre 2007. 2008 : rejoint l’équipe de Ça balance à Paris sur la chaîne Paris Première. À partir d’octobre 2008, présente sur W9, Enquêtes criminelles : le magazine des faits divers, en compagnie de Paul Lefèvre, chroniqueur judiciaire. 2010 : anime Destins extraordinaires, sur W9. Devient chroniqueuse sur RTL.

Le Septime : 80, rue de Charonne - 11e

1977 :

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Les Enfants du Sud : 164, avenue Ledru-Rollin - 11e Rockstar : 37, rue de Grenelle - 7e Kanabeach : 78, rue Jean-Jacques-Rousseau - 1er La Maison européenne de la photographie : 5/7, rue de Fourcy - 4e Violette and Co : 102, rue de Charonne - 11e. Une librairie féminine et féministe !

La Vie, la nuit sur W9 ≥ Trois épisodes d’une série documentaire sur la vie de gens qui travaillent entre 18 h et 8 h du matin.

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Paris la Nuit  FĂŠlicie cargocollective.com/felicie



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le bon patron ® Irina Aupetit-Ionesco Ω Stéphane Leblon

Bertrand Burgalat Toutes les routes mènent à la pop

Boss élégant du label Tricatel (April March, Helena Noguerra, Michel Houellebecq), ce producteur acharné est responsable de la B.O. des Nuits fauves, de succès pour Christophe Willem, Alain Chamfort, Philippe Katerine et se révèle aussi être un musicien

composition, l’enregistrement, les rythmiques, les instruments, les voix et les remixes. J’ai un peu tout séparé, alors que d’habitude j’ai envie de tout faire en même temps et c’est vrai qu’après, cela devient frustrant car très disparate.

hors pair. On suit sans hésiter ce dandy de la pop frenchy qui n’a jamais perdu de sa verve à l’occasion

Les évolutions technologiques t’ont-elles influencé ?

de son nouveau disque, Toutes directions.

Pendant longtemps j’ai travaillé dans le désordre, dans des home studios qui n’étaient pas vraiment des studios et je m’en sortais. Mais sur cet album, j’ai été plus soigneux notamment sur le mixage. Je trouve qu’on a tort de vouloir appliquer les anciennes méthodes au numérique et de vouloir enregistrer très fort par exemple comme beaucoup le font aujourd’hui. Le numérique a des inconvénients et des intérêts. Ce que tu entends, c’est ce que tu vas avoir. En analogique, tu mixes et ce qui en sort n’est pas forcément ce qui est rentré. Donc oui, je me suis fait aux évolutions technologiques.

Quelles ont été tes influences pour ce nouvel album ?

Je ne dirais jamais que tel ou tel style m’a inspiré. Je pense que toutes les choses que je peux aimer en musique, que ce soit ce que j’écoute aujourd’hui ou ce que j’ai écouté à une certaine période, m’ont influencé. Je ne veux pas me renier. J’essaie juste de progresser et de dire des choses. Sur cet album-là, j’ai essayé d’être plus clair, plus concis, peut-être plus nerveux aussi. J’ai souvent tendance à aller vers des choses mélancoliques et lentes ; là j’ai essayé de mettre plus d’énergie. Peut-être que j’ai plus d’énergie aujourd’hui que je n’en avais avant.

Ta musique, comme le titre l’indique, part-elle dans toutes les directions ?

Peux-tu nous raconter comment s’est construit ce disque ?

J’ai vraiment séparé chaque phase. J’ai écrit les morceaux puis composé la musique. J’ai eu parfois tendance à enregistrer directement lorsque je composais mais là, j’ai pris du temps pour la 27 —

Peut-être pas dans toutes… mais en tout cas, je trouve que parfois on se met soi–même des formes de limitation, donc là c’est plus une façon de dire qu’on va rebattre les cartes avec le format poprock. C’est plus une façon de dire qu’on fait la musique qu’on a envie d’écouter, un état d’esprit. Nuit


Bertrand Burgalat

“il y a deux trucs qui foutent en l’air les gens de talent : la drogue et les mondanités.”

Quelles sont les actualités de Tricatel ?

On vient de sortir un double album et un dvd de Christophe Chassol. Pour moi, chez Tricatel, chaque artiste doit aller dans une direction différente des autres. C’est une des difficultés qu’on a. À chaque disque on a changé de catégorie… Nous avons voulu faire découvrir un jeune compositeur d’aujourd’hui et nous sommes très fiers d’avoir signé Christophe Chassol. Nous venons aussi de sortir un album de Jef Barbara qui, lui, fait une techno pop idéalisée d’aujourd’hui. Chez Jef Barbara, l’aller-retour vers les années 1980 est extrêmement intéressant. Le personnage est attachant. C’est un peu comme si Lady Gaga avait mis moins de temps à choisir ses vêtements et un peu plus à faire de bons morceaux. Tout d’un coup, on voit des gens jouer le rôle de l’entertainment, mais bien. Le label a fêté ses 15 ans en 2011, comment fait-on pour garder une maison de disques à flot dans la configuration économique actuelle ?

Où en es-tu de ta casquette de producteur ?

J’ai à la fois perdu le goût et la confiance pour faire ça. Je pense que ce qu’on attend d’un producteur, c’est une recette pour que ça marche. Je suis content de tous les disques que j’ai faits, car je les ai fait de façon sincère, mais je n’ai jamais détenu la recette magique. Je n’ai pas les clefs du succès. Pour moi, l’un des meilleurs producteurs c’est Brian Eno car il travaillait aussi bien pour l’underground que pour le mainstream. De nos jours, tous les deux ans, il y a une équipe qui fait un truc qui marche et tout le monde leur demande de faire la même chose. Tous les gens qui sont venus me demander de travailler pour eux me demandaient de faire des choses qui ne me ressemblent pas forcément. On perd du temps à convaincre les autres… c’est dommage. Je pense que si David Bowie me demandait, je répondrais oui, mais pas en-dessous de Bowie, non (rires).

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Écoute, je pense que ce qui nous protège, c’est l’absence de succès. Pour un petit label, ce qui est très délicat c’est de perdurer. Le public branché est ingrat et plus infidèle que le grand public car pas instinctif. Dans le public dit branché, il y a une notion sociale ; par exemple le grand public n’achète pas Francis Cabrel car cela fait bien. C’est ce qui fait qu’un public branché n’achète jamais deux albums du même artiste. Comme notre encéphalogramme a toujours été assez plat chez Tricatel, nous avons été obligés d’anticiper la crise du disque et de passer à côté. Dans quel domaine te sens-tu le plus à l’aise : musicien, compositeur, producteur, patron de label ?

Patron de label non, car être un patron de label sans succès, c’est difficile quand même. Je pense que si un jour nous avions un succès, nous serions vraiment contents. Surtout qu’un jour, en tant que patron, on finit par te reprocher de ne pas avoir de Nuit


Bertrand Burgalat succès. Moi j’aime faire de la musique, jouer sur les morceaux des autres. Mon truc, c’est de jouer sur des morceaux sans les avoir écoutés. Parfois je vois des groupes et j’écoute le début du morceau, et je rêve de remplacer le bassiste, qui aurait une crampe par exemple, au pied levé mais avec un truc construit. Lorsque tu entends la musique du groupe Can, tu te rends compte qu’il savait improviser mais que ça restait concis, pas de la démonstration technique pure. J’adore jouer, et en studio, si c’est sur le disque de quelqu’un d’autre, dès la première prise je demande à l’ingénieur d’enregistrer et de ne surtout pas écouter le morceau avant. Je vais me planter évidemment mais cet instant-là est magique : la découverte. Tu as travaillé avec beaucoup de monde (Christophe Willem, Samy Birnbach, Valérie Lemercier, Nick Cave). Avec qui rêverais-tu de travailler ?

Bowie, comme je te le disais (rires). Ce qui est intéressant dans la musique et ailleurs aussi, ce sont les vieux et les jeunes. L’industrie de la musique favorise les trentenaires, elle est très "pro-moyen". Il y a plein de vieux musiciens extraordinaires qui vont crever sans qu’on se soit occupés d’eux, et puis je vois des gens de 20 ans vraiment intéressants dont la place est prise par des mecs de 35 ans et qui n’ont aucun interlocuteur. C’est con car, dans les deux cas, on apprend en fréquentant ces personnes. Donc, si je devais encore collaborer avec des gens, ça serait avec des vieux briscards ou avec des petits jeunes. Quel regard portes-tu sur la scène française ?

Je trouve que, d’une certaine façon, tout ce qu’on a essayé de faire maladroitement ces dix dernières années a été fait. Le systématisme me gêne. Lorsque tu vois qu’en 1998 on faisait des soirées dans un bowling où nous passions de tout, de Jump de Kriss Kross à My Sharona de The Knack et, qu’aujourd’hui, toutes les soirées sont faites sur le même principe, ça donne envie de passer 29 —

du Laurent Garnier en boucle. En même temps, lorsqu’on a voulu monter un groupe maison du label, et que nous avons cherché des musiciens qui avaient à la fois du goût et de la technique, ça a été dur. C’est pour ça que lorsque nous avons mis la main sur les gens qui ont constitué A.S. Dragon, nous nous sommes dits que c’était un miracle. Si demain mon disque cartonne, il y aura plein de crétins avec de grosses lunettes… Ce qui est terrible c’est ça : ce systématisme. Je crois que c’est le moment d’arrêter la fausse nouveauté sur la scène française et de passer à autre chose. Il faudrait une démarche plus claire et moins modeuse. Es-tu un oiseau de nuit ?

Je l’ai été mais plus en espérant qu’il se passe quelque chose. Je sortais lorsque je buvais. Mais finalement, tu passes pas mal de temps dans des soirées où il ne se passe rien. Aujourd’hui, j’ai envie de garder de l’énergie pour faire des choses. La musique, ça doit rester un plaisir et ça demande de l’énergie. Yves Adrien (critique rock, auteur de Novövision, ndlr) me disait qu’il y a deux trucs qui foutent en l’air les gens de talent : la drogue et les mondanités. Je pense que ça pourrait être mon cas… Parfois je suis tenté d’aller en club mais bon je pense que le milieu de la nuit est trop trusté par le monde du luxe, donc ça ne m’attire plus. Du coup, si ce ne sont pas les clubs, quels sont tes lieux de prédilection à Paris ?

Je vais dans des restos très normaux où il y a le moins possible d’assiettes carrées, de la lumière et je ne vais pas dans des clubs sauf pour des raisons précises. Paris est une ville qui a été saccagée ces quinze dernières années par du mauvais design. Il y a ce problème du poids du passé. Il faut passer à autre chose. Bertrand Burgalat — Toutes directions Tricatel Sortie le 16 avril

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le bon after ® Yan Chenowith Ω Lara Kiosses

LA CONCRETE Personne n’en redescend

Il semblerait que la culture after s’installe enfin durablement dans la capitale. Pour preuve, les Concretes sont devenues ces derniers mois des matinées incontournables. Brice, l’un des capitaines de ce love boat pour déglingos, nous explique la genèse de cette aventure électronique. Cap sur le parcours d’une bande de tordus à la française.

Ça faisait un bout de temps qu’on attendait un after digne de ce nom à Paris. Glauques, souvent trop décadents, les afters auxquels on a été accoutumés nous ont fait peu à peu oublier qu’ils pouvaient être aussi synonymes de fêtes et de découvertes musicales. Brice m’éclaire d’emblée sur les motivations de son crew : « À force de sillonner les clubs aux quatre coins de l’Europe, on a espéré importer ce concept que l’on retrouve très peu en France. On a voulu se rapprocher de l’ambiance qu’on pouvait côtoyer au bar 25 à Berlin, avec une atmosphère festive et une vraie prog’. » Pour rappel, le bar 25 était le repère incontesté des derniers survivants des clubs berlinois. Le site, au bord de la Spree, était jonché de balançoires bancales, on pouvait y croiser des diseuses de bonne aventure sous des kilos de confettis en écoutant des skeuds de Villalobos. Autant vous dire qu’à Paris, on a encore du chemin à faire en termes d’imagination. 30 —

En termes de cadre cependant, les Concretes n’ont rien à envier à leurs cousines germaniques, puisqu’elles se déroulent sur un bon gros raffiot en bord de Seine, et offrent la promesse d’épiques levées de soleil sous lunettes noires. Et sur ce bateau aux dimensions titanesques qu’il faut faire tanguer, le choix des DJ est primordial : « On a d’abord fait le choix délibéré de n’inviter aucun DJ parisien, hormis notre résident Grego G. C’était une façon pour nous de nous distinguer des éternelles résidences des soirées parisiennes. » Donc pas surprenant si l’on voit se succéder derrière les platines des pointures comme DJ Qu, Levon Vincent ou dernièrement Joy Orbison, petit génie de la dubstep made in London. « Nombreux sont les Parisiens qui écoutent des DJ sets via Soundcloud. Nous, notre kiffe, c’est de les faire venir jouer ici pour les écouter en live. De plus, grâce à l’étendue de notre lieu et du temps que l’on dispose, on peut se payer le luxe de faire jouer les artistes pendant 3-4 heures, ce qui est rare en France. Ça leur permet d’avoir plus de liberté et de construire des sets de meilleure qualité. » Nous en venons finalement à mettre les pieds dans le plat, et posons sur la table le sujet épineux de la drogue, à première vue indissociable du mouvement after. « On ne peut pas nier la présence de la Nuit


drogue dans le milieu du clubbing, c’est indéniable », me confie-t-il « Surtout quand il s’agit d’une fête dont le principe même est de faire dans la durée. Ne me faites pas croire que la Red bull possède des vertus que j’ignore encore. » Mais Brice avoue travailler sur ce qui pourrait devenir un problème, et a commencé à instaurer le « toute sortie est définitive » pour dissuader les mecs de consommer sur les quais. « Nous avons aussi renforcé les contrôles à l’entrée. Cependant, gérer plus de 1 000 personnes relève de l’impossible. »

choisit de sacrifier leur samedi soir pour venir profiter de la journée. » L’enjeu est aussi là, à savoir placer stratégiquement les bons pions au bon moment pour couvrir une bande-son de 7 h à 14 h, tout en contentant l’ensemble du public. Aux dernières nouvelles, leurs traversées n’ont connu aucun naufrage. On ne peut que continuer à leur souhaiter bon vent…

Get Perlonized at Concrete ≥ Samedi 15 avril à partir de 7 h du matin avec Zip,

Enfin, et cela est mal connu, l’organisation d’afters peut parfois être un vrai casse-tête : « On sait que les fêtards qui débarquent à 7 h du mat’ préfèrent une ambiance un peu plus reposante que ceux qui ont 31 —

Sammy Dee, James Dean Brown et Cabanne 15 € en prévente, 20 € sur place 69, port de la Rapée - 75012

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la bonne ombre ® Irina Aupetit-Ionesco Ω DR

PaulJérôme Renevier Allô Maman Porno

Paul-Jérôme Renevier est l’auteur du livre Bienvenue à Pornoland et sûrement un des seuls vrais journalistes qui a fait carrière dans le milieu du porno. Il nous a donné son avis sur ce qu’était le milieu aujourd’hui. Car la nuit c’est aussi ça. Paul-Jérôme qui es-tu ?

Je suis responsable éditorial de la chaîne XXL, je m’occupe au sens large de toute la plateforme VOD de la chaîne AB, et je suis consultant sur tous les projets qui ont trait au porno pour le groupe AB. Comment en vient-on à travailler dans le porno ?

Par hasard, je ne me destinais pas du tout à ça. J’avais fait une maîtrise de droit et j’étais journaliste sportif. Après cinq au Parisien, je me suis retrouvé au chômage, puis j’ai vu une annonce dans Hot Vidéo. Ces derniers cherchaient des journalistes. Je suis donc allé voir et on m’a dit qu’on pouvait gagner de l’argent assez facilement en voyageant tout le temps. Même si je n’ai jamais été un fan de porno comme plein de mecs, j’en ai regardés et je connaissais deux ou trois actrices. Je me suis dit que ça ne serait pas plus con qu’un autre boulot. 33 —

Rapidement, mes choix se sont avérés payants. Ça c’est plutôt très bien passé pour moi comme j’étais le premier journaliste chez Hot Vidéo à avoir une carte de presse, j’avais des réflexes journalistiques que n’avaient pas les autres personnes qui eux étaient plutôt des fans qui voulaient aller sur des tournages. Cette aventure a duré huit ans et m’a permis de bien gagner ma vie. Comment a réagi ton entourage lorsque tu leur as annoncé que tu travaillais dans le porno ?

Très mitigé. Tous les gens de ma famille sont des gens intelligents, donc personne ne s’est braqué. Ils m’ont fait confiance mais il y avait quand même quelques inquiétudes. Ils ont vu que je m’épanouissais car finalement je n’avais jamais vraiment voyagé et là je partais toutes les semaines. J’ai eu très vite beaucoup de responsabilités. J’étais un peu le rédacteur en chef adjoint, je faisais de la télé et puis j’ai sorti un bouquin ; donc mis bout à bout mes proches ont trouvé que j’avais fait quelque chose de bien de ce job. Mes plus grosses inquiétudes venaient surtout de ma gardienne, ma voisine, mais j’ai toujours pris le parti de ne jamais me cacher. Nuit


Paul-Jérôme Renevier

“les gens n’ont pas le nez dans cocaïne tout le temps. Il y en a mais pas plus que dans la mode ou chez les DJ. On est très loin des idées préconçues.” 34 —

Et avec les femmes ?

Mon ex-copine n’était pas très fan mais elle l’a accepté car c’était mieux qu’être au chômage. Et puis je suis un garçon sérieux. Un mec qui ne va pas batifoler avec les actrices. J’ai toujours été attaché à la vie de couple alors, coucher avec une actrice et foutre en l’air sa vie pour ça, ça serait idiot. Ma femme et moi, nous nous sommes rencontrés car elle travaillait dans l’immeuble de Hot Vidéo. Elle savait donc à quoi s’en tenir. Je lui ai prouvé qu’elle pouvait avoir confiance en moi, et puis elle ne m’a jamais mis la pression, ce qui est très intelligent de sa part. Quel est ton regard sur le milieu du porno aujourd’hui ?

Il faut que je prenne du recul… J’aurais tendance à te répondre à un niveau économique mais ça, ce n’est pas ce que tu attends. Ce qui est certain, c’est que ça n’est pas du tout ce qu’on imagine : les gens n’ont pas plein de tunes et le nez dans cocaïne tout le temps. Il y en a mais pas plus que dans la mode ou chez les DJ. On est très loin des idées préconçues. Concernant les actrices, on dit que ce sont « des pauvres filles » : ça n’est pas vrai dans le sens où ça leur apporte de faire du porno, elles se sentent valorisées, on les regarde. Mais le cliché un peu vrai, c’est celui de la petite nana de province qui n’a rien dans sa vie et qui fait du porno pour exister. À 95 %, elles sont lucides sur leur situation même si elles se mentent sur leurs idées de reconversion et sur le fait que le porno va les suivre toute leur vie. Sur le porno en lui-même, j’en suis devenu un vrai défenseur. Pas tellement parce que je le connais, mais parce que j’ai vu et entendu beaucoup trop de réactions stéréotypées qui sont vraiment d’un autre âge. Dans mon bouquin, j’ai consacré un gros chapitre au fait que lorsque tu vas sur Internet, il y a des centaines, voire des milliers de nanas qui se foutent à poil sans qu’on ait besoin de leur filer du fric mais qui veulent juste être photographiées en train de baiser. En 1985, Nuit


Paul-Jérôme Renevier une nana qui se foutait à poil était une grosse salope, aujourd’hui c’est juste une photo sur Facebook. Du coup, le porno c’est un des fantasmes ou une carrière qu’une fille aura envie de faire deux ou trois ans dans sa vie. La chatte de plomb, c’était dans les années 1970…

Tu penses que des réalisateurs comme Larry Clark font de la pornographie ?

Pour moi oui. À partir du moment où tu montres un rapport sexuel, c’est une forme de pornographie. S’il y a des plans « gynécologiques ». Quelle est la liaison entre l’univers de la nuit et le

Le porno semble à la mode quand on voit qu’une

milieu du porno ?

série (Q.I. avec Alysson Paradis) lui est consacrée

C’est de l’ordre de l’individu. Les gens qui ont envie de s’amuser sont assez loin du profil des acteurs porno. Une actrice, après avoir couché avec plusieurs mecs, n’a pas forcément envie d’aller faire la fête.

sur Canal + notamment, qu’en penses-tu ?

Depuis que les magazines féminins en parlent, ça a commencé à être à la mode, à peu près depuis une dizaine d’années. Les filles en parlent, en consomment. Donc oui, je crois qu’on peut dire que le porno est la mode. Helena Noguerra et Mélanie Laurent ont fait des courts métrages un peu porno. Mais nous n’avons pas franchi l’étape qui est d’accepter que les mecs se branlent devant des pornos. Les séries de Canal + prouvent qu’on peut en parler, mais en même temps tu ne verras pas ça sur TF1.

Tu as des adresses un peu coquines intéressantes ?

Tu en as sûrement plus que moi (rires). Il y a les soirées travesties au Folie’s qui sont complètement dingues.

C’est quoi le futur du porno ?

Ça n’est pas très brillant, ni excitant et c’est triste. C’est un peu ce qu’est devenu le journalisme : il n’y a plus que des gens qui cherchent à exister à travers le buzz. Ça devient rarissime d’exister en ne faisant que de l’information. Le porno c’est pareil. C’est de la surenchère. Il y a de plus en plus de parodies de séries américaines, des films comme La Vérité si je bande, Ma sorcière bien-baisée… ça n’est malheureusement plus le porno de nos pères. À l’époque, il y avait de vrais réalisateurs. Aujourd’hui tout le monde peut faire du porno, mais du mauvais. Mais c’est quoi finalement le porno ? Comment le définit-on ?

À partir du moment où il y a un rapport explicite, tu sais que c’est du porno.

Paul-Jérôme Renevier ≥ Bienvenue à Pornoland Res Publica éditions

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la bonne actrice ® Nicolas George Ω DR

Reese Witherspoon Irreesestible

Après Comment savoir et De l’eau pour les éléphants,

Target a été un film d’action au sens large du terme ?

Reese Witherspoon revient en cible de charme pour

Vous avez été plus discrète au cinéma récemment.

Oui, j’ai pu apprendre à me servir d’un lanceflammes, ce qui était cool ! J’ai été accrochée sur le côté d’une voiture, je suis montée sur une plateforme, j’ai fait des courses-poursuites… Je ne suis pas habituée à ce genre de choses, mais, wow, c’était vraiment amusant.

C’était un choix délibéré ?

Connaissiez-vous le travail de McG avant ?

Je suis juste très exigeante et vraiment pointilleuse sur ce que je veux. Et puis, j’ai vraiment envie de passer beaucoup de temps avec mes deux enfants. Si je vois quelque chose que je veux faire ou quelque chose qui est un défi totalement différent pour moi, alors là je dis « OK, on y va ! ».

Oui, et je l’avais déjà rencontré une fois auparavant. J’avais vraiment apprécié son film Charlie’s Angels. Je me souviens quand je l’ai vu, je me suis dit que c’était vraiment cool ce qu’il avait fait… J’aimais l’idée d’un film où les femmes sont représentées comme des super-héros. Combien de films sont comme ça ? Je me souviens d’avoir écrit à Drew Barrymore en lui disant que je trouvais ça vraiment passionnant de voir des femmes dans une telle position de force et de puissance !

deux prétendants dans Target, film d’action romantique de McG, dans la lignée de Mr. & Mrs. Smith. Deux amis espions tentent de la séduire… On les comprend.

Alors pourquoi avoir accepté de faire ce film, Target ?

Je venais de finir De l’eau pour les éléphants, puis la Fox m’a proposé de faire ce film. Je pensais que c’était certainement un nouveau départ, et aussi une occasion d’être dans un film d’action, avec des éléments de comédie. Donc c’était parfait. Ce sont les films comme ça que j’aime : Mr. & Mrs. Smith, Bad Boys, Beverly Hills Cop… Les films qui vous font rire mais aussi réfléchir.

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Votre personnage, Lauren, est une femme active dans son travail et qui prend sa carrière en main. Comment en arrive-t-elle, sur le plan personnel, à être divisée entre deux hommes ?

Dans son travail, c’est une femme qui prend beaucoup de décisions, c’est vrai. Mais dans sa vie amoureuse, c’est juste une catastrophe ! Elle Nuit


Reese Witherspoon est quittée par l’homme qu’elle aime, son cœur est brisé et elle s’en retrouve affaiblie. Elle ne sort même plus ! Elle n’a plus qu’un seul véritable ami, car elle travaille beaucoup. Alors elle va commencer à rentrer peu à peu dans le jeu du « dating » avec les hommes…

Et vous étiez d’accord au final avec eux, sur ce qui

Jusqu’à sortir avec deux hommes qui sont en fait…

votre personnage ?

meilleurs amis dans la vie !

Oui, je pense que c’est une histoire où n’importe quelle femme peut s’identifier. Mon personnage a eu le cœur complètement détruit par quelqu’un qui lui a promis quelque chose et qui lui a au final totalement menti. Je ne connais pas une femme qui n’a pas connu ce genre de chagrin. Mon personnage est détruit émotionnellement.

Oui, elle rencontre Tuck sur un site de rencontres : ils ont un rendez-vous maladroit la première fois qui finalement se termine bien. Puis elle sort avec Chris. Les deux amis sont tellement excités par leur nouvelle relation que c’est la stupéfaction quand ils se montrent la photo de leur amoureuse et qu’ils se rendent compte que c’est la même ! C’est une grande scène entre deux hommes, avec cette interrogation : « Qu’est-ce que vous faites si vous êtes les meilleurs amis et que vous aimez la même fille ? » Cela soulève beaucoup de questions sur la « domination » masculine ! Et vous, qui auriez-vous choisi entre Chris et Tom dans le film ?

Sur le plateau, on avait un rituel tous les jours avec les autres femmes… On se demandait « alors aujourd’hui, lequel vous choisiriez ? » Et on était toutes divisées sur la question… Et dans le film, on n’a aucune idée de ce qui va se passer jusqu’à la fin ! À un moment donné dans le film, vous dansez en sous-vêtements, ce qui vous rend encore plus

était sexy ?

Je n’ai pas eu à me poser la question. Le réalisateur a toujours su rendre les femmes belles dans ses différents films ! Vous pensez que les femmes pourront s’identifier à

Votre expérience concernant les rencontres sur Internet ?

Si je pouvais y être totalement anonyme, j’aimerais bien essayer ! Je serais curieuse de voir ce que disent les gens et comment ils sont ensuite vraiment. Après, il faut dire qu’avec nos vies tellement pleines, déconnectées, je ne vois pas comment l’on peut aujourd’hui rencontrer des gens sans aller sur Internet. Et au fait, avez-vous déjà eu deux garçons qui se sont battus pour vous ?

Peut-être que mon mari et mon fils se battent pour moi ! Reese ! Maman ! Reese ! Maman ! Reese ! Maman ! Sinon, je ne sors pas avec plusieurs personnes à la fois : il y a trop de mensonges. Et je ne suis pas une menteuse !

sexy… Étiez-vous à l’aise avec cela ?

Ce n’était pas calculé mais c’est toujours mieux de créer du glamour dans les films ! Avec des longs cheveux, du maquillage… ou autre chose ! On a beaucoup discuté avec l’équipe sur ce qui pourrait rendre mon personnage sexy dans le film et ce qui pourrait plaire à mes deux prétendants.

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Target de McG avec avec Tom Hardy, Chris Pine et Reese Witherspoon ≥ Actuellement dans les salles

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le bon coup ® Manon Troppo

de Carême en Scylla Ce soir-là, je voulais faire l’amour. Pendant 72 heures de suite, si possible. Comme tout le monde au mois de mars, à vrai dire. Les premiers signes du printemps faisaient bourgeonner, chez tout être humain normalement constitué, des idées cochonnes et des envies pressantes. En quête du Graal, je misais sur le Colette Carnaval à la tombée de la nuit. Je ne m’attardais pas dans le jardin des Tuileries où des amoureux exaspérants posaient pour attraper la lumière de fin de journée et entourer leurs mamours d’une aura toute cinématographique. Je pressais même le pas, faisant voler la poussière du sol sur leurs bonheurs insolents. Bien décidée à atteindre rapidement mon but, c’est vers le terrain de basket que je me rendais illico. Le dernier match se terminait mais il me restait encore quelques minutes pour me rincer l’œil et choisir le gibier. Les corps suintants avaient attiré d’autres attentions que la mienne et, il fallait se rendre à l’évidence, certaines d’entre elles émanaient d’enveloppes pourvues d’atouts plus convaincants que les miens. J’aurais tout de même pu prévoir ce coup-là ; évidemment, je n’avais pas été la seule à penser venir à la pêche aux muscles ici et ce soir, évidemment. Quelle double sotte j’étais. Sotte pour ne pas l’avoir deviné et re-sotte pour m’être jetée dans une arène aux gradins déjà beaucoup trop remplis. Avant que tout le monde ne s’y mette, je partais à la recherche d’une bière, qui allait peut-être me réconforter, en plus de me désaltérer. Ce que la bière fait généralement 40 —

bien, le coup de la désaltération. Déjà, une petite foule s’était agglutinée autour d’un bar ambulant et je commençais à être lasse d’avoir les mêmes idées que tout le monde mais cinq minutes trop tard. De toute façon, je ne trouvais qu’une énième boisson énergisante ; comme si nous ne débordions pas assez de tension sexuelle, tous autant qu’on était. Et puis des canettes de Schweppes au packaging un peu tribal, enfin bref, une esthétique limite réglo. Allez savoir pourquoi, après m’avoir tapoté sur l’épaule, une main m’a tendu un de ces Schweppes. Au bout de la main, un corps. En haut du corps, une tête. Pendant les dix secondes nécessaires à la découverte d’un inconnu, j’ai su que je ne serais jamais capable de décider ce que je préférais chez ce nouveau venu. Ses mains, son corps, sa tête. Et puis quand il a ouvert sa veste, découvrant sa tenue de sport encore moite et une flasque de gin, j’ai compris que ce que je préférerais, chez cet ange tombé du ciel, c’est tout simplement qu’il ait décidé de m’offrir tout ça à moi, ses mains, son corps, sa tête, son gin. Évidemment, le Schweppes revêtait subitement un intérêt indéniable. C’est ce que je lui ai dit, en guise de présentation: - Évidemment, là, le Schweppes devient un chouia plus intéressant. - Enchanté. - Pardon, oui : Manon. - Combien de personnes t’ont déjà complimentée sur ton prénom ? Nuit


De Carême en Scylla - D’après ma mère, pas assez. - Je trouverai autre chose pour faire ton éloge. - Tout de suite les grands mots ! c’est un peu présomptueux quand même. À peine avais-je prononcé cette phrase que j’avais l’impression que le mot “pute” en néon clignotant et en forme de flèche s’allumait au-dessus de ma tête. Mais il riait. Et j’aimais bien ses dents. Quand on apprécie quelqu’un au point d’aimer ses dents, faut pas le laisser filer. Je riais aussi. Ça fait ça, souvent, le rire. « Communicateur » qu’on dit même. Et avec le son de sa voix, que j’aimais aussi vachement, il a fait : - J’aime bien tes dents, t’as les dents du bonheur, j’aime beaucoup ça. Ok, soit Vidéo Gag avait encore frappé, soit il fallait boire ce gin rapido et nous trouver un endroit plus calme pour dieu sait quoi. Dieu sait tout, parait-il, il voit tout, blablabla, même les pratiques qu’il réprouve et qui sont pourtant sur le point d’être appliquées par deux athées éméchés. Une flasque et un festival de compliments plus tard, nous étions pris d’une envie irrépressible de faire pipi au même moment. Et, alors que la vessie vide, j’avais férocement envie de lui remplir la bouche avec ma langue, mon vœu a été exaucé à la vitesse de la lumière. J’allais pour sortir quand lui est entré. À deux, et avec un grand gaillard comme ça, l’espace se faisait rare, mais heureusement, c’était propre. Alors qu’il soulevait ma jupe à la hâte, je trouvais appui un peu dangereusement avec mon pied droit et, enfin, je l’embrassais. Il s’en défaisait pour m’avouer : « J’ai jamais fait ça ! » J’espérais qu’il parlait bien de « ça dans les toilettes » et pas de « ça » tout court, mais je n’ai pas eu le temps de le découvrir. Alors que ma jupe était au niveau de mes épaules et mon tee-shirt au niveau des siennes, l’homme râla. - Oh putain. Oh merde. - Quoi ? Tu as ? Nooon, tu n’as pas ?! - Oh putain désolé. - Mais non. Non. Non non non. - C’est le match ! Le sport, ça m’a crevé. J’ai les jambes 41 —

en coton, je calcule plus mon corps, j’ai pas senti le truc venir. Oh putain, je suis tellement désolé. Tellement. Il insistait sur l’adverbe comme si, plus les syllabes étaient appuyées, plus ça allait me convaincre de ne pas être extrêmement furieuse. Et là, il trouvait le moyen d’enfouir sa tête inutilement transpirante dans mon cou raidi. Je suis partie aussi vite que si la pièce prenait feu. Sans quoi je l’aurais tué. J’abandonnais le champion à son jean mouillé puis, les cheveux hirsutes et la jupe coincée dans la culotte, me rappelais cette légende selon laquelle il était déconseillé de faire l’amour juste avant un match. De toute évidence, il n’est pas non plus très indiqué de s’y mettre juste après. Mon désarroi et moi on se ruait dans le premier taxi qui passait. Un taxi bavard, c’était bien ma veine. - Il se passe quoi ici ? C’est la fête ? - On peut dire ça. Enfin ça dépend pour qui. - C’est une boîte de nuit ? - … Non, c’est les 15 ans de Colette. - De qui ? - D’une marque, enfin d’un concept-store. - Un quoi ? - C’était un carnaval, voilà, un car-na-val. - Ah, formidable ! Vous savez d’où vient le mot carnaval ? - On peut pas dire que ce soit ma préoccupation première dans l’immédiat, là. - Ça vient de carne, la chair, et de levare, comme ôter, enlever. Donc ça veut dire faire le carême quoi. - Faire le carême, c’est faire le jeûne, non ? - Oui, c’est ça. - Tout s’explique… Comme s’il avait saisi la nature de mon dépit, il s’est tu tout le reste du trajet, réservant ses cours d’étymologie à d’autres élèves moins préoccupés que moi. À la radio, la météo annonçait la fin des beaux jours et les giboulées. Parfait. Mais le problème du bon coup à Paris, la nuit, c’est qu’il est souvent mauvais. Nuit


05/04 21H WILLO 06/04 21H MIZANTROP + BOXON 00H Soirée Bonbon 07/04 21H ULMANN KARAROCKÉ 13/04 21H GUTTERCATS + DANCERS IN RED + MODERN FOLKS 00H Soirée Bonbon 14/04 21H STICKY BOYS

20/04

APPALACHIAN KARMA + FAKE ODDITY + PAPOOZ 00H Soirée Bonbon 21/04 21H SECRETIVE + MEGASUSHI + LIZZIE AND THE YES MEN 21H 27/04 Midnight Special Records 28/04 21H ASHES WARRIORS + THE 5 RIVERS OF HADES + DIRTY DIRT 21H


le bon club ® Marine Goutal Ω Camille Laporte

Le Berghain les mystères de l’est

Le mythe Berghain tient à la devise qui orne les lieux : « Photographieren ist nicht gestattet ! Taking photos is not allowed ! » Coup de projecteur sur cet emblème de la créativité berlinoise en matière de musique électronique.

aux looks inquiétants (tatouages et cuir) alors que la gigantesque centrale électrique se distingue par ses dimensions hors normes, le Berghain pouvant accueillir jusqu’à 2 400 personnes. Il n’est pas rare que la file d’attente atteigne le millier de personnes.

L’Ostgut, premier Berghain ou les Berliner queer anti-paillettes

À l’Est, le renouveau de la techno

La vie culturelle alternative de Berlin-Est a longtemps connu une répression politique féroce qui a étouffé la créativité de la ville. Moins de 10 ans après la chute du Mur, en 1998, débute la longue histoire du Berghain, avec la création de l’Ostgut par Michael Teufele. D’emblée, le club se place sous le signe de la fierté déviante comme de l’expression de soi. Entre revendication d’une identité est-allemande (est se dit « ost » en allemand) mais surtout gay (avec ce « gut », dont la définition anglaise est transparente), alors que la ville connaît le tourisme de masse engendré par la Technoparade, Teufele, et c’est encore le cas aujourd’hui, n’accorde pas d’interviews et refuse que le club soit photographié. S’instruisant en faux contre la culture de la célébrité, dans une éthique de la rupture qui en appelle à la tradition avant-gardiste allemande, le club façonne sa propre légende noire. Le Berghain est également connu pour sa stricte sélection à l’entrée, assez imprévisible voire déroutante. Aucune règle (de dress-code, de genre, de sexe, d’âge ou de notoriété) ne garantit l’entrée dans le club, mais accueille volontiers les freaks en tout genre. Pas à un paradoxe près, le Berghain fait monter les enchères par des physios

En 2003, l’Ostgut ferme ses portes à cause des excès liés à la drogue et au sexe (les couples gays s’accouplent sur la piste de danse) et le bâtiment colossal se mue en galerie d’art. Mais quelques mois plus tard, entre en scène le Berghain, réincarnation de l’Ostgut au profil mixte, cosmopolite et international. Berlin se hisse alors au rang de capitale mondiale de la techno pointue au même titre que le Tresor, le Kitkatclub ou l’E-werk. Au cœur d’un quartier devenu bobo, le club se divise en quatre étages. Le bas étant réservé à l’accueil, caisses et vestiaires, jouxtant un salon conçu pour les danseurs exsangues. Le premier étage constitue le Berghain proprement dit qui diffuse essentiellement de la techno, alors que le Panorama Bar, au dernier niveau, s’oriente plus vers la tech-house, l’électro, la minimal et la house. Cette cathédrale où le spectre de Marx plane avec son style architectural rigide des 50’s soviétiques comme tout bar allemand qui se respecte, dispose en même temps d’un folklorique Biergarten (terrasse), et c’est peut-être dans cette réunion des histoires et des styles, en écho à la réunification historique des deux Allemagne, que réside l’essence du sulfureux Berghain.

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Nuit


la bonne playlist Ω Elaine Ng

Maxence Cyrin

Ashra Tempel / Manuel Göttsching — Sunrain

Moins connu que le classique E2E4, ce magnifique morceau donne envie d’embrasser les arbres. Laibach — Jezero

Tiré d’un opéra-concept au nom imprononçable Krst pod Triglavom Baptism. Sleep Chamber — The vision & the voice

Sur l’album Sex Magic Ritual. Une initiation mystique au plaisir en musique ! Elvis Presley — Almost in love

Ce pianiste s’est fait connaître

C’est l’instant détente chanté par le King qui se la roucoule douce. Une très belle chanson croonée sur un rythme bossa, assez rare chez Elvis…

par un disque de reprises de classiques techno sur son

Michel Legrand — Vivre sa vie

instrument fétiche. Il revient avec

Si vous ne pleurez pas, c’est que vous êtes insensible…

un album mélangeant cordes, synthétiseurs et pop,

Alexandre Chatelard — Les Yeux verts

The Fantasist (Ekler’o’shock).

Il est vraiment talentueux ce garçon. Techno-pop sophistiquée, sensible, la classe.

— soundcloud.com/maxencecyrin

Léo Ferré — On s’aimera

Est-il encore possible d’aimer en 2012 ? Francis Lai — Bilitis

Se marie très bien avec du poulet au gingembre. Die Form — Poupée mécanique

Ce fut l’unique tentative variét’ française de ce groupe techno-indus à l’imagerie SM originaire de Bourg-en-Bresse. Du Mylène Farmer en mieux. Burt Bacharach — What the world needs now is love

On va faire l’amour ? The Left Banke — Pretty Ballerina

Un petit bijou de sophistication pop dans la Swinging London avec solo de hautbois à la clé. Je reprendrais bien un Pimms !

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Nuit


trousse de secours Ouvert toute la nuit ! Pharmacies de garde

Épicerie Shell

Chez Tina

84, av. des Champs-Élysées 8e

6, boulevard Raspail 7e

1, rue Lepic 18e

≥ 01 45 62 02 41

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d≥j jusqu'à 4h30 / v≥s jusqu'à 7h

6, place de Clichy 9 e

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Boulangerie Salem

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20, boulevard de Clichy 18e ≥ 7/7 — 24/24

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≥ 7/7 — jusqu'à 7h

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Chez Violette, au Pot de fer fleuri

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77, boulevard Barbès 18e

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≥ Mardi au dimanche jusqu'à 5h

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Se déplace sur région parisienne

L’Endroit, 67, place du Docteur-

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Paris Autolavage 7/7 — 24/24

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52, av. des Champs-Élysées 8e

≥ 7/7 — jusqu'à 6h

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Tabac Saint-Paul

Librairie Boulinier

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127, rue Saint-Antoine 4e

20, boulevard Saint-Michel 6 e

Nemo 01 47 03 33 84

≥ 7/7 — jusqu'à minuit

v≥l jusqu'à 00h, m≥j jusqu'à 23h

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Faim de Nuit 01 43 44 04 88

22, boulevard de Clichy 18e

Kiosques à journaux 24/24

≥ 7/7 — jusqu'à 7h

≥ Vendredi et samedi jusqu'à 5h

38, av. des Champs-Élysées 8e

Allô Hector 01 43 07 70 70

16, boulevard de la Madeleine 8e

≥ 7/7 — jusqu'à 6h

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Apéritissimo 01 48 74 34 66

52, rue du Louvre 1er M° Louvre-

Place de Clichy 18e

≥ 7/7 — jusqu'à 4h

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Allô Glaçons

Boulangeries

53, rue de la Harpe 5e

01 46 75 05 05 ≥ 7/7 — 24/24

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≥ 01 44 07 38 89

97, boulevard Saint-Germain 6 e

20, rue du Fg-Saint-Antoine 12e

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≥ 7/7 — 24/24

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Nuit



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≥ Jesse Rose & Oliver $ : Sample Pleasures

Vendredi 06/04 20h30 Le Trianon 25 €

Samedi 21/04 19h30 Le Trianon 28 €

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≥ Chinese Man Feat. Tumi

23h

Le Social Club 30 €

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La Machine du Moulin Rouge 20 €

Sound Pellegrino Festival 2012 avec Dop Live, Soul

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23h

00h

La Bellevilloise 12 €

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Le Rex 15 €

Hip Hop & Soul »

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23h

Le Cabaret Sauvage 25 €

Dimanche 08/04 23h Le Social Club 30 €

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Vendredi 27/04 23h30 Le Showcase 15 €

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Vendredi 13/03 20h La Gaîté lyrique Gratuit

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Le Glazart 15 €

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Samedi 28/04 20h La Flèche d’Or 14 €

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Le Rex 15 €

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Le Showcase 15 €

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Nuit


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L ’ ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ. À CONSOMMER AVEC MODÉRATION.


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