Le Bonbon Nuit 24

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Nuit

Septembre 2012 - n째 24



ÉDITO Bonne Nuit Quand on était au collège et au lycée, la rentrée scolaire nous excitait follement. Allions-nous aimer les nouveaux profs ? Allions-nous nous faire des copains parmi les nouveaux camarades ? Allions-nous supporter les horaires de cours ? Quelles chaussures allions-nous mettre le jour du retour ? Est-ce qu’Elsa (ou Pierre) allait enfin nous regarder ? Les années passant, rien n’a changé ou presque. La rentrée est toujours synonyme d’une certaine appréhension ainsi que de la fin (cruelle) des apéros éternels en terrasse et des amours de vacances torrides (ou pas). Heureusement pour le clubber, la rentrée s’annonce plutôt bien. Et puis on commençait à saturer du Pastis avec les grands-parents au PMU après la pétanque (en chemisette et espadrilles). Chaque bonne chose a une fin. Le programme des réjouissances 2012-2013 ? On apprendra à faire la fête dans de nouvelles salles obscures : le Louis 25, le Rosie, le Glass et bien d’autres encore. On aura les meilleurs profs du monde, ceux qui enseignent la vie plutôt qu’une pensée normée. Cat Power pour les sentiments, Digitalism pour la danse, Francis Métivier pour la philo et Peter Hook pour l’histoire, entre autres. Sans oublier Nathalie Marx, experte ès sanitaires qui enseignera l’art d’uriner au bon endroit. Mais n’oublions pas la trousse des fournitures. Aspegic, Guronsan, Alka-Seltzer, de belles chaussures neuves, un grand sourire et de l’énergie à revendre. La fin du monde est prévue par certains calendriers en décembre 2012. Alors d’ici là, il va falloir tout donner. Violaine Schütz Rédactrice en chef

Rédactrice en chef — Violaine Schütz michael@lebonbon.fr

violaine@lebonbon.fr

| Rédacteur en chef adjoint — Michaël Pécot-Kleiner

| Directeur artistique — Tom Gordonovitch

tom@lebonbon.fr

| Président — Jacques de la Chaise

Photo couverture — Cat Power par Nicola Delorme | Secrétaire de rédaction — Anne-Charlotte Anris Régie publicitaire — regiepub@lebonbon.fr Lionel 06 33 54 65 95 | Contactez-nous — nuit@lebonbon.fr Siret — 510 580 301 00016 | Siège social — 12, rue Lamartine, 75009 Paris 1—

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01

DJ SIR TANGO + MR. RON

S UR PA R I NVI T Y@ T A T L E B ION ON B : ON . FR

À PARTIR DE MINUIT


SOMMAIRE Le Bonbon Nuit

p. 05

le bon timing

Cat Power

p. 06

Chilly Gonzales

p. 09

les bons spots

Où sortir à Paris ?

p. 12

le bon chanteur

Aquarius Heaven

p. 15

L’art du gatecrash

p. 18

les nuits de

Exotica

p. 21

le bon guide

Pisser à Paris

p. 26

Mercredi Production

p. 29

Metronomy

p. 32

Efdenim

p. 35

Je jouis donc je suis

p. 38

Digitalism

p. 41

Un soir à l’Hacienda

p. 44

Stéphane « Alf » Briat

p. 47

la bonne étoile

le bon musicien

la bonne combine

les bons orgas

le bon groupe

le bon prod’

le bon livre

le bon groupe

les bonnes feuilles

la bonne playlist

p. 48

le bon agenda

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M83 • Animal Collective • Grizzly Bear Robyn • Sébastien Tellier Simian Mobile Disco (live) Fuck Buttons • The Walkmen • Chromatics The Tallest Man On Earth • Chairlift • Liars • Rustie Death Grips • Totally Enormous Extinct Dinosaurs (live) John Talabot (live) • Twin Shadow Wild Nothing • Julio Bashmore • Factory Floor Japandroids • Cloud Nothings Disclosure (live) • DIIV V • Purity Ring Jessie Ware • AlunaGeorge Outfit • How to Dress Well

1-2-3 Grande halle de la Villette 2 scènes – plus de 40 artistes Many more acts & attractions to be announced


LE BON TIMING Les événements à ne pas manquer L’Étrange Festival « La perception de l’inatteignable n’est qu’un leurre de la réalité » et c’est précisément pour cette raison que fut créé L’Étrange Festival : être aux aguets et entretenir la flamme d’un cinéma différent. Déjà 18 années de découvertes ou de confirmations, et de cette nouvelle édition, émergeront certains talents du cinéma de demain. Ouverture avec Wrong Cops de Dupieux. Du 6 au 16 septembre au Forum des Images

Breakbot By Your Side : un album mélodique, plein de funk à l’ancienne et de technologie futuriste, un album qui ressemble à son auteur, Thibaut aka Breakbot, qui compte bien le faire vivre sur scène. Pour l’instant, on a surtout envie de l’entendre, et de savourer les quatorze compositions d’un des albums les plus attendus de la rentrée. By Your Side (Ed Banger) : sortie le 17 septembre

R Stevie Moore est un génie I am a genius (and there is nothing I can do about it), docu d’Arnaud Maguet et d’Hifiklub sur l’Américain R Stevie Moore, pape du lo-fi, sortira mi-septembre en DVD. On l’a vu en avant-première au festival Midi cet été à Hyères et on vous le recommande vivement. Un petit objet tendre et drôle sur celui qui a influencé Ariel Pink et la scène pop indé actuelle de L.A. Sortie septembre 2012

Dan Deacon Ensemble À l’occasion de la sortie de son nouvel album America, Dan Deacon sera en tournée et s’arrêtera à Paris. America, c’est le fruit de plusieurs années passées DR / DR / DR / DR

sur scène à travers le monde, entre exercices individuels et coordination de groupe… Un perpétuel questionnement sur la notion d’identité culturelle. Pour l’occasion, Dan sera accompagné de deux batteurs. Le 25 septembre au Trabendo - 19,8 € en prévente 5—

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LA BONNE ÉTOILE ® Violaine Schütz Ω Jenni Li

CAT POWER

CHATTE SUR UN TOIT BRÛLANT

Ce mois-ci, l’Américaine Chan Marshall sort à 40 ans son premier album original depuis six ans, Sun. La belle a mis du soleil (des synthés et des beats) dans son folk mélancolique et arbore une nouvelle coupe courte qui lui va à ravir. Finie la neurasthénie ? Rencontre à l’hôtel Costes devant une bouteille de

premiers morceaux, j’ai trouvé que ça sonnait trop triste, trop comme mes anciens disques. Il y a plus de synthés sur cet album et on peut même danser. J’ai essayé de ne plus être la Chan Marshall dépressive qu’on connaît, mais si on lit attentivement les textes, ils ne sont pas gais. On ne se refait pas !

Chasse-Spleen et plusieurs Camparis. Tu as écrit et produit toute seule ce disque et joué de Pourquoi as-tu mis autant de temps à sortir ce nou-

tous les instruments, pourquoi ?

veau disque ?

Ces dernières années, j’étais en tournée avec mon groupe, le Dirty Delta Blues, et je ne touchais plus à la guitare, ni au piano. J’ai dû jouer deux ou trois fois de la batterie, mais c’est tout. Ça me manquait. Et je voulais me prouver que je pouvais le faire. Je voulais aussi me lancer des défis. Sinon je ne suis pas entièrement seule sur le disque : Philippe Zdar a mixé l’album à Paris et Iggy Pop fait les chœurs sur un morceau. On se connaît depuis plus de dix ans avec Iggy. En fait, je voulais Bowie, mais il était malade.

En 2009, j’ai déménagé de New York à Los Angeles pour habiter avec mon copain (l’acteur Giovanni Ribisi, dont elle est depuis séparée, ndr) et sa fille de 14 ans à Silver Lake. J’ai essayé de me concentrer sur autre chose que la musique et les voyages pour la première fois de ma vie. J’avais installé mon studio dans une petite maison à Malibu. Un vrai studio, pas comme avant quand j’enregistrais dans ma chambre sur un 4-pistes. C’est là que j’ai découvert tout un tas de synthés qui m’ont attirée. Ça m’a pris du temps de savoir comment on se servait de tous les boutons.

Tu as coupé tes cheveux très courts, comme à tes débuts, ça signifie quelque chose de fort pour toi ?

Le titre du disque, Sun, laisse présager un tournant plus optimiste dans ta carrière. Qu’en est-il réellement ?

Le soleil est tout mais c’est aussi un danger, donc c’est un titre à double tranchant. En écoutant les 6—

Seulement que j’en avais marre de l’ancienne Cat Power à frange avec les cheveux longs. Non en fait, je me suis coupé les cheveux trois jours après ma rupture amoureuse. Je devais aller de l’avant et tirer un trait. Donc oui, ça devait faire sens. Nuit


Tu as joué dans un film de Wong Kar Wai, pourrais-tu

Au niveau des paroles, on a l’impression que ton

recommencer l’expérience ?

disque, comme les précédents, est très personnel et

Oui j’adorerais être actrice et réalisatrice. Pour le film de Wong, My Blueberry Nights, j’avais une scène avec Jude Law. Je devais improviser. J’ai décidé d’embrasser Jude. Il y a pire.

lié à ce que tu ressens intensément dans la vie de

Une des chansons de Sun s’intitule Manhattan. Tu n’y as pas vécu depuis longtemps, mais NY t’inspire toujours ?

Oui, je pense toujours à la ville. Cette chanson est inspirée par un poème de Langston Hughes sur la statue de la Liberté. J’avais cette chanson dans ma tête depuis longtemps, une chanson sur ce que la liberté signifie. Les gens ont besoin qu’on leur rappelle parfois ce que signifie la liberté, l’idée que vous pouvez faire tout ce vous voulez. En fait, la plupart du temps, les gens pensent qu’ils sont libres d’agir, mais ne font en réalité que passer leur vie à chasser l’argent ou la gloire, pas la liberté. 7—

tous les jours, c’est le cas ou tu imagines certaines choses ?

Oui, j’ai vraiment passé de longues années à souffrir et à être mal, à traverser de longues périodes de dépression, les chansons viennent de là. La créativité, c’est toujours personnel, je ne suis pas un robot qui fait de la musique. Même si parfois, j’aimerais bien. Je n’aborde que des thèmes qui me tiennent à cœur, et souvent ça donne des morceaux mélancoliques, ou simplement lucides. Mais je suis très heureuse d’avoir survécu jusquelà et d’être en vie. Je vais beaucoup mieux...

Cat Power — Sun (Matador/Beggars) www.catpowermusic.com

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LE BON MUSICIEN ® Manon Troppo Ω Alexandre Isard

CHILLY GONZALES BIEN DANS SON ÉPOQUE

À 40 ans, Chilly Gonzales continue de jouer avec les codes et nos attentes en nous offrant, huit ans après Solo Piano, Solo Piano II. On pourrait croire qu’une

j’ai tout de suite pensé faire un deuxième album, dans le même état d’esprit, en une seule prise et avec la simplicité de deux mains sur un piano. »

boucle est bouclée et que le Canadien loufoque a trouvé son style définitif avec le piano et la composition, laissant de côté le chant et l’électro. Mais Gonzo est un artiste protéiforme qui aime être là où on ne l’imagine pas. C’est forcément en partant un peu dans tous les sens donc, mais avec un seul but : être un homme de son temps malgré son « style à l’ancienne ». Piano man

Quand le Canadien Gonzales est à Paris, c’est dans un appartement/studio de la rue des Martyrs qu’il crèche, travaille, fume des drôles de cigarettes et, aujourd’hui, me reçoit. Avant même qu’on aborde le sujet, il prend les devants en expliquant que, contrairement à ce qu’on pourrait croire, il ne faut pas considérer ce nouvel album comme une suite mais bien comme une continuité. C’est effectivement tout de suite après la sortie de Solo Piano, qu’il s’est mis à plancher sur un deuxième opus. La réaction du public a été une découverte pour lui et l’a encouragé à travailler tout de suite sur de nouveaux morceaux. « J’étais touché par le fait que les gens puissent comprendre ma personnalité musicale dans un état aussi sobre, simple et pur. Donc, 9—

Mais ça n’a pas fonctionné comme prévu. Avec le recul et l’autocritique qui le caractérisent, Gonzales s’est trouvé lui-même emprisonné dans son idée et n’a pas été satisfait de la tournure que prenaient les choses. « J’ai senti que ça devenait un peu prétentieux. Une musique presque sérieuse. Alors que justement, dans le premier, ce qui marchait c’est que c’était simple et léger. » Le succès lui aurait-il fait attraper le melon ? « Un truc psychologique s’était passé, j’étais pas prêt, c’était un peu forcé. C’était soit trop tard, soit trop tôt, mais j’étais dans un état d’hyper conscience, ça allait pas, j’ai laissé tomber. J’ai attendu d’être aussi sincère que pour le premier. » On s’imagine avec horreur tous ces morceaux partis à la poubelle et on se dit que ce qu’il considère lui comme moyen peut toujours nous ravir, nous. Heureusement, certaines mélodies ont été gardées, mais la plupart ont été jugées par le maestro « trop virtuoses ». Il n’a pas choisi la facilité d’exploiter le bon filon, préférant mettre tout ça de côté pour y revenir les idées claires, la tête vide. Et c’est un grand ménage de printemps qu’il a effectivement entrepris. Nuit


Chilly Gonzales

“JE NE SUIS PAS UN PIANISTE SAGE.” Jamais là où on l’attend

Comme en 2004, où Solo Piano venait brouiller les pistes dévoilées par Presidential Suite, en 2008, Soft Power vient brouiller celles de Solo Piano et en 2011, The Unspeakable Chilli Gonzales celles de Soft Power. Vous suivez ? Sans compter le record du monde de piano, entre temps, qui a rappelé le génie du compositeur, a confirmé le talent de l’entertaineur mais a dévoilé aussi son aspect compétiteur. Gonzo souffre-t-il d’un dédoublement de la personnalité ou s’amuset-il des codes, prenant plaisir à s’égarer, à élargir son public, à le perdre aussi parfois, et à revenir, plus sûr de lui ? « J’ai toujours aimé les contradictions chez les artistes, donc c’est ce que j’essaie de faire. Être compétiteur et poétique à la fois, je crois que c’est une de ces contradictions. » Passer de la sobriété des solos au rap presque parodique en battant le record du monde du piano et en s’autoproclamant « amuseur exubérant », si ça n’est pas précisément une contradiction, c’est en tout cas un bel exercice de mutation assumée. « Souvent, les artistes suppriment leur côté compétiteur pour paraître un peu plus humbles et ont du mal à montrer ce côté ambitieux. C’est un peu tabou dans l’art, l’ambition. Si on est poétique, on est pas ambitieux, c’est ce cliché-là dont je me joue. Sauf dans le monde du rap, évidemment, où l’ambition est même mise en avant. J’ai toujours pensé que cette contradiction était intéressante et c’est pour ça que j’ai toujours été passionné par les rappeurs. » 10 —

Record du monde

S’il est clair que Gonzales assume les deux facettes de sa personnalité et en fait même le fil conducteur de son œuvre, on se demande si cette drôle d’assurance ne risque pas, à terme, de prendre le dessus sur le plaisir. « Le plaisir existe mais il se mérite. Ce record, c’est parce que j’avais quelque chose à prouver après l’échec de Soft Power. Un échec mérité hein, je chantais trop, on avait perdu la mélancolie, je prétendais être quelqu’un d’autre. Mais quand je l’ai battu, ce record, c’était une mission accomplie, ok, mais dans la joie et le bonheur. Le plaisir est arrivé, donc. » Et puis, ça lui a permis de se réconcilier avec son public tout en l’élargissant et en se faisant connaître auprès d’oreilles plus classiques. « Oui, c’était aussi du marketing, mais du marketing sportif. J’ai donné de ma personne. C’était donc plutôt du branding romanesque. Je ne suis pas expert dans l’art de faire des albums, alors j’ai voulu faire un événement en temps réel que personne d’autre ne pouvait faire. L’ambition artistique et l’envie d’être connu, ça doit pouvoir coexister et c’est ce que j’ai voulu prouver avec ce record. » Challenge, compétitivité, plaisir et art cohabitent donc dans ce cerveau aux mille visages. Et Gonzo n’a jamais l’air fatigué de rebrousser chemin ou foncer dans un cul-de-sac. Cette fois encore, en 2011, celui qui se définit lui-même comme « the worst MC » transgresse les règles de bienséance et endosse à nouveau le costume du rappeur avec The Unspeakable Chilli Gonzales. Mais au final, tout se tient, le puzzle se fait et, on se prend à penser que cet album lui a permis de revenir aux sources. Celles qu’il croyait perdre après la sortie du premier Solo Piano. « Après l’album rap, orchestré, symphonique et complexe, c’était le moment de se concentrer à nouveau et de revenir vers le noyau pur. » Et Solo Piano II de débarquer après un enregistrement hivernal. Gonzales ne se défait pas de ses deux amours, Nuit


Chilly Gonzales les symphonies pures et le rap : en ce moment, il écoute beaucoup le compositeur Gluck et « la bande de Rick Ross ». Et il ne prévoit rien vraiment à l’avance. L’art de créer la surprise

Son avenir appartient plus au hasard qu’au calcul. « Je ne planifie pas trop, je travaille plutôt en réaction au dernier projet, selon l’accueil et la perception du public. Le live me donne des idées. Je cherche ce qui pourrait faire une bonne surprise. » Difficile donc d’imaginer la teneur de son prochain projet. Mais pas impossible de deviner pourquoi il tient tant à ne pas se fixer et à jouer sur plusieurs tableaux. « Malgré mes talents démodés, je veux être un homme de mon temps, c’est pour ça que je rappe, c’est pour ça que je déconne, c’est pour ça que je ne suis pas un pianiste sage. Si j’avais pas eu confiance, je serais devenu professeur, mais j’ai pensé que je pouvais mélanger mes valeurs et ma maîtrise de la musique au showbusiness et à l’entertainment. Jouer une symphonie dans une salle d’université avec trois profs et quarante étudiants, si personne d’autre ne l’entend, qu’est-ce que ça vaut ? Voir mes morceaux sur un iPad, ou Ivory Tower sur iTunes, même si on sait pas toujours que c’est moi, ça veut dire que ma musique a réussi à être dans l’air du temps, dans la modernité. » Du piano sur le prochain Daft Punk

D’ailleurs, ses collaborations le prouvent, il veut - et peut - être partout. De Feist à Arielle Dombasle en passant par Boys Noize et Housse de Racket, il arrange ici, produit là-bas et n’est jamais contre un petit featuring. « Je joue du piano sur le prochain album de Daft Punk, donc je me retrouve dans la musique contemporaine. Si j’ai un rôle à tenir dans leur univers, même à 2%, je rentre dans l’histoire musicale d’aujourd’hui. Et c’est capital. » Mais parfois le public français a du mal à suivre le touche-à-tout qui refuse de tomber dans les 11 —

clichés. « Les musiciens jugent le public trop vite : parfois, ça n’a rien à voir avec la façon dont on a joué, c’est pas la faute d’une audience trop snob, c’est juste une histoire de conditions et de contextes. Quand j’ai joué au Silencio, j’étais face à des abonnés qui ne venaient pas pour moi, donc, oui, l’accueil était moins positif que quand je jouais aux Folies Bergère devant un public conquis d’avance. Mais, ce qui est sûr, c’est que les Français sont bons joueurs et ils ont énormément de respect pour les artistes. C’est hyper touchant. Entre musiciens, on parle souvent des publics, et c’est vrai qu’on se dit des Français : they’re always ready to get along. » Paris reste pourtant un des rares endroits où il ne sort pas. « Au niveau de la nightlife, je sais pas si c’est des codes culturels que j’ai pas compris, mais j’ai l’impression qu’il y a beaucoup de rituels, que c’est moins spontané, que ça reste dans quelque chose d’assez contrôlé et que ça fait peut-être passer à côté d’expériences, d’opportunités, d’imprévus. » L’explication ? « Tout a une explication culturelle, propre au pays ou à la ville. Les défauts des Français ou des Parisiens, ils existent pour une raison, et cette raison explique aussi pourquoi les Français ou les Parisiens peuvent être formidables. Si les Français parlent peu anglais, par exemple, c’est aussi parce qu’ils sont fiers de leur langue et c’est pour ça qu’ils existent autant culturellement. La beauté du cinéma français, de sa littérature, viennent aussi de cette fierté. Chaque défaut a sa qualité. Je peux pas dire : j’aimerais que les chauffeurs de taxi soient plus sympas. S’ils sont pas sympas, c’est qu’il y a une raison, ok ? Take it or leave it. » Ainsi soit-il.

Chilly Gonzales — Solo Piano II Gentle Threat ≥ chillygonzales.com

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LES BONS SPOTS ® Mirah Houdon & Denis Dong

OÙ SORTIR À PARIS Marre de toujours aller dans

Le dernier bar avant la fin du monde

les mêmes endroits ? De nou-

Ouvert fin juillet, ce bar s’adresse aux geeks, fans d’heroic fantasy, de comics et de jeux vidéo. Le lieu s’appelle d’ailleurs Le Dernier Bar avant la fin du monde, en référence au roman Le Dernier Restaurant avant la fin du monde, deuxième tome du Guide du voyageur galactique, la saga de Douglas Adams. Côté déco, on découvre trois univers différents : celui du steampunk autour du bar au rez-de-chaussée, puis les mondes oubliés près de la bibliothèque, et au niveau moins un, la science-fiction avec une esthétique futuriste. Sur la carte, les plats portent des noms de films de Miyazaki et les cocktails s’inspirent de George Lucas. À la rentrée, une prog de concerts, expositions et dédicaces est prévue. On s’y rend avant le 21 décembre, fin du monde présumée.

velles galeries, restaus, bars, clubs ouvrent en septembre (ou viennent d’ouvrir). On vous les conseille vivement.

≥ 19, avenue Victoria, 75001 Paris Louis 25

À la rentrée, le collectif From Paris et l’agence Betta Splendens reprennent la D.A. du Louis 25 sur les Champs. On y trouvera plusieurs concepts : la marquise, tous les vendredis, samedis et dimanches, avec Guillaume Sanchez (ancien pâtissier du Horror Picture Tea) cuisinant pour son salon de thé, mixant entre pâtisserie, cinématographie et lifestyle, des showcases deux mardis par mois et la sparring party, représentation de boxe sur ring un jeudi par mois avec faux paris et faux billets. ≥ 25, avenue des Champs-Élysées, 75008 Paris Le Glass

La Candelaria, taqueria/bar clandestin de la rue Saintonge, devrait ouvrir une annexe rue Frochot (à Pigalle) à la rentrée, en face de l’ancienne boutique Andrea Crews et à deux pas du Fox Club. On a hâte. ≥ 7, rue Frochot, 75018 Paris

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Où sortir à Paris Le Rosie

Ce petit bar dont l’entrée ne paye pas de mine renferme 58 m2 dédiés à la fête entre amis, à la musique et au cinéma… Derrière le comptoir, Julien Labrousse du Trianon, voisin, Adrien, ex-créateur d’Elegangz et Nicolas Ullmann, comédien et entertainer. La cuisine est simple et fraîche, les cocktails bien servis et la déco, chinée et accueillante. Que demandez de plus ? Ah si, peut-être plus de chaises/canapés. Le bar est vite bondé. ≥ 3, rue Muller, 75018 Paris Café B

Les patrons du Café A au couvent des Récollets devraient ouvrir ce mois-ci le Café B, son annexe, rue Beaurepaire. Au moment où nous bouclons ces pages, les détails ne nous ont pas été dévoilés, mais l’équation sympathique « ambiance entre copains + bonne bouffe + DJ cool » devrait être au rendez-vous. Ma Cocotte

S’il y a un restau qui fera le buzz à la rentrée, c’est bien Ma Cocotte. Situé dans un loft de deux étages aux Puces de Saint-Ouen, l’endroit alliera une carte signée Yannick Papin à un design imaginé par Philippe Starck. Ma Cocotte fait déjà beaucoup parler d’elle avant même son ouverture prévue en septembre 2012. Foodistas et épicuriens, c’est votre nouvelle cantine ! ≥ 116, rue des Rosiers, 93400 Saint-Ouen SlottLAB

L’équipe de la galerie Slott, véritable défricheuse de tendances, ouvre son LAB en septembre ! Rue de Turbigo, ce nouveau lieu sera l’occasion de (re)découvrir le travail d’Aria Levy, Matali Crasset ou encore de Mathieu Lehanneur. Portes ouvertes du 10 au 16 septembre 2012 à l’occasion de la Paris Design Week.

© Jean Nouvel and HW Architecture

≥ 44, rue de Turbigo, 75003 Paris Gagosian Gallery

Le galeriste Larry Gagosian ouvrira en octobre prochain un nouveau satellite de son cheptel de galeries dans la périphérie nord de Paris, au Bourget. Il s’agira d’une usine des années 1950 transformée par Jean Nouvel, qui s’étendra sur 1 650 m2 sur deux étages. Le vernissage aura lieu au moment de la Fiac en octobre, avec une expo d’Anselm Kiefer.

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LE BON CHANTEUR ® Raphaël Bosse-Platière Ω Myqua

AQUARIUS HEAVEN DU GOSPEL À LA TECHNO

Derrière le nom très bizarre d’Aquarius Heaven se cache Brian Brewster. Ce Berlinois est l’une des étoiles montantes de la scène techno européenne. De passage à Calvi on The Rocks, Le Bonbon Nuit l’a rencontré avant l’apéro organisé par ARTE et après un set sensuel, plein d’énergie et gorgé de soleil.

expressif, les artistes font ressentir des émotions. Donc ma première sortie était plus dans le style reggae/dancehall. Puis, je suis venu à Paris en 2003-2004, et depuis que j’ai rencontré les mecs de dOP, ma musique est de plus en plus électronique.

Salut, ça va ?

Comment s’est passée votre rencontre ?

Écoute, je viens de m’éclater pendant mon set, c’est très beau ici : avec la plage, c’est comme des vacances !

C’est l’histoire classique : on avait un ami en commun avec Clément (Aichelbaum). Il m’a emmené à leur studio un jour, et on a voulu faire une chanson ensemble. À partir de là, j’ai été en relation avec les autres membres du groupe : Dam (Damien Vandesande) et Jo ( Jonathan Illel). J’ai beaucoup bossé avec eux en tant que deuxième chanteur du groupe. Maintenant, on est une famille.

Que veut dire le pseudo Aquarius Heaven ?

Je suis né le 7 février donc je suis verseau (Aquarius en anglais, ndlr). J’ai aussi plein de potes et de gens avec qui je bosse qui le sont. Et Heaven, bah c’est pour que tous les « aquarius » aillent au paradis !

Et ce sont eux qui t’ont initié aux musiques électroTu as un parcours musical amusant. Peux-tu nous le

niques ?

raconter ?

Oui on peut dire ça. On a commencé à faire des morceaux ensemble, ils m’ont fait écouter des musiques que je n’avais pas trop l’habitude d’écouter, ils m’ont emmené dans des soirées et des concerts techno. Et mes sons sont devenus de plus en plus électroniques. Mais je n’ai pas ressenti de transition à un moment T. C’est venu tout seul, naturellement.

Quand j’étais jeune, j’étais dans une chorale, je chantais tous les dimanches à l’église. Ensuite, quand j’ai commencé, j’ai fait plutôt du hiphop. Et puis je suis allé vivre quelques mois en Jamaïque. C’était vraiment un séjour chaleureux, à tous les sens du terme : la température, les gens, la musique. Le reggae là-bas est vraiment très 15 —

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Aquarius Heaven

“ JE PRÉFÈRE LARGEMENT LA NUIT. LE JOUR JE BOSSE EN STUDIO, JE RÈGLE LES CHOSES À FAIRE POUR POUVOIR ALLER EN CLUB LE SOIR. JE SORS PRESQUE TOUTES LES NUITS.” 16 —

Pourquoi avoir décidé de te lancer dans un projet solo plutôt que de rejoindre le groupe ?

Quand j’ai commencé dans la musique électronique, j’étais complètement avec eux en tant que deuxième chanteur du groupe. Puis, petit à petit, j’ai réalisé que je pouvais faire un truc seul. Je me suis rendu compte que j’en étais capable. Comment définirais-tu ta musique ?

On ne peut pas vraiment la mettre dans une catégorie. Il y a un background hip-hop et reggae dancehall comme je le disais, et il y a aussi ce côté électronique. J’essaie de faire quelque chose de nouveau, et les gens ont l’air d’apprécier, ce qui fait toujours plaisir ! Qu’est-ce qui fait le pont entre ces différents styles de musique selon toi ?

Le principal point commun je dirais que c’est le fait que ces musiques permettent de s’exprimer, de faire partager quelque chose que l’on vit au public. Dans le hip-hop, les émotions sont transmises à travers les textes. Dans la musique électronique, tu dois travailler un peu plus pour que les gens ressentent les sentiments que tu veux faire passer, surtout en live. D’ailleurs on voit de plus en plus de DJ qui mettent des paroles sur leur live, pour faire passer quelque chose : un message ou des émotions. C’est plus facile pour les gens de comprendre le message quand tu leur parles. C’est pour cela que tu communiques pas mal avec le public ?

Exactement. Je partage ce que je vis. Je veux que les gens ressentent la même chose que moi Quelles sont tes influences ?

J’écoute des tas de trucs : du jazz, de la soul, de la pop… Mais ce qui influence vraiment mes chansons, c’est ma vie de tous les jours. J’introduis toujours des histoires qui me sont arrivées ou qui sont arrivées à des proches. De cette manière, les gens Nuit


Aquarius Heaven se retrouvent forcément dans ma musique, d’une manière ou d’une autre. Donc les paroles sont très importantes pour toi ?

Oui, très importantes. C’est la structure principale d’une chanson, une sorte de squelette. Même si elles ne prennent vie véritablement que lorsqu’elles sont associées aux beats. Si tu devais résumer ta musique en trois mots ?

Quel est ton pire souvenir de soirée ?

Je me souviens d’un soir au Renate à Berlin où j’étais totalement défoncé à « la K » (kétamine) et je me disais tout le temps « putain mec qu’est-ce que tu fous là ?! » J’ai réussi à passer des morceaux et les gens aimaient bien mais je savais que je n’avais pas la tête à ce que je faisais. J’étais ailleurs, beaucoup trop perché. Mais au final, quand j’y repense, ça me fait rire, donc ce n’était pas un si mauvais souvenir que ça.

Trash, dirty and sexy. Quels sont tes prochains projets ? Tu viens souvent à Paris non ?

Oui, j’y ai pas mal d’amis proches, mon label (Circus Company, ndlr) est basé à Paris aussi donc, oui je viens assez régulièrement. D’ailleurs, je vous conseille d’aller au Zéro Zéro, rue Amelot. C’est un tout petit bar très cool, il y a que des potes et des amis d’amis. C’est très familial. En plus, tu peux venir et passer tes sons comme tu veux. Une super adresse !

J’ai fait beaucoup de dates cet été, un peu partout en Europe. J’ai bossé sur mon album aussi. Il est quasiment prêt et devrait sortir au début de l’année 2013. Sinon j’ai un EP qui est sorti cet été, toujours sur Circus Company. Le mot de la fin ?

Paradis ! Je suis sur la plage à Calvi, à côté de la mer et entouré de gens sympas. Je n’ai pas à me plaindre. (rires)

Qu’évoque la nuit pour toi ?

Damn ! Habille-toi et bouge-toi ! (rires). Je suis quelqu’un qui préfère largement la nuit. Le jour je bosse en studio, je règle les choses à faire pour pouvoir aller en club le soir. Je sors presque toutes les nuits. Quelle est la meilleure ville pour faire la fête ?

Berlin, et partout en Russie. Même si les Russes sont un peu en retard en termes de musique électronique, ils s’y intéressent beaucoup. La plupart de mes fans viennent de là-bas, c’est assez drôle !

Aquarius Heaven ≥ soundcloud.com/aquarius-heaven

Est-ce que tu penses que la nuit c’était mieux avant ?

≥ facebook.com/aquarius.heaven

Nan je ne dirais pas ça. Je pense que les gens ne se satisfont jamais du peu qu’ils ont, ils en veulent toujours plus. Quand ils ont eu une bonne soirée, ils en redemandent tout le temps et ne sont jamais contents à 100%.

17 —

2013 : Sortie de son premier album chez Circus Company 2011 : Seven days Circus Company 2011 : Can’t buy love Wolf + Lamb

Nuit


LA BONNE COMBINE ® Mr Ig aka Pierig Leray Ω DR

L’ART DU GATECRASH SPÉCIAL FASHION WEEK

Le « gatecrash », terme généré par le syndicat du hype en plein été 2002 par son gourou, Thierry Théolier, prend aujourd’hui tout son sens dans une génération Y chialant sa crise. Fin septembre (du 25 sep-

mais là, ça fait six fois que l’on me dit le nom Franck Chevalier ». Attention également aux avancées technologiques, quand l’iPad remplace le papier, là faut baratiner.

tembre au 04 octobre), c’est la fashion week et son lot de fêtes privées, de petits fours arrosés d’open

— Cas 2. Vous êtes prévoyant et décidez de contac-

bars, de déglingue incontrôlée. Six points indis-

ter les organisateurs de la soirée Tranoï trimes-

pensables pour « en être » (ou pas), sucer l’essence

trielle.

éthylique d’un futile événement pour en faire une semaine historique. Que la chasse commence. — Cas 1. Vous n’êtes pas journaliste, vous mesurez moins de 1m75 et vous avez abusé de la ratatouille de maman cet été, vous n’êtes pas sur liste pour cette soirée hallucinante qui se prépare au pavillon Ledoyen.

Deux possibilités. Soit c’est un carton d’invitation et là il faut chercher le Rémi dans la queue, souvent un gringalet fringué comme une tapenade mal étalée, bloggeur à deux sous, sans influence et vraisemblablement sans amis. Et hop, son +1, c’est vous. Soit c’est une liste, le gros gaillard est stupide et ne cache pas son listing, hop on zyeute le premier nom et on le balance. Attention, ne pas utiliser à outrance les noms de journalistes du milieu, sinon c’est la baffe dans le genre : « Non 18 —

STOP. Pas besoin de liste chez Tranoï, débarquez et profitez. Du Scop’club au Trianon en passant par une péniche ringardosse, la réussite totale de l’événement se base sur de l’alcool à profusion balancé au milieu d’une faune bizarroïde moins chiante que les autres. À consommer sans modération. — Cas 3. Vous êtes tout aussi prévoyant mais toujours aussi petit. Alors se mettre sur liste par mail est indispensable. Mais vous ne savez pas comment !

Pas de panique, ne faites pas le maniaque, pas besoin de réserver un mois à l’avance, les mecs sont encore à Milan. Quelques jours avant LA soirée, direction le catalogue à contacts de modemonline. com, l’email s’y trouvera, vous avez votre sésame. Nuit


L'art du Gatecrash

Pas encore satisfait ? Bon voici un exemple type : « Bonjour, je suis Jean-Michel Jarre, journaliste pour le Figaro Madame, j’aurais aimé savoir s’il était possible de participer à votre soirée du 27 septembre à l’hôtel Costes. Un report sera écrit. Bien à vous, JMJ. » Une réponse ne devrait pas tarder, soyez patient, les pauvres sont généralement débordés. — Cas 4. Vous êtes bien sur liste, fier comme un paon vous débarquez en ayant rencardé votre « date », rien ne peut vous arriver. Et là, c’est le drame. « Non

vie à part la newsletter pourrav’ en signe de faux espoir.

Le recours ultime, la tentative désespérée, le coup de téléphone. Un peu de courage, une bonne dose d’intox, se foutre dans la tête cette fameuse rhétorique d’un rédacteur en chef bien connu « tu es le maître du monde, c’est juste qu’ils ne le savent pas encore » et foncer. En gros, balancer les mêmes âneries que par mail mais de façon convaincante. Si vous arrivez à avoir quelqu’un, c’est quasiment gagné…

monsieur, vous n’êtes pas sur nos listings. » — Cas 6. … Trop tard, la liste est clôturée. Vous êtes

Ne pas se désunir, ne pas commencer à suer le martyre, ce genre d’aventures est fréquent. Sortir son iPhone, certifier votre bonne foi par l’email de confirmation, une parade imparable. D’ailleurs, une autre astuce, si vous ne possédez pas ce courriel de confirmation, il vous suffit d’en créer un. Ça vous prendra deux minutes. « Bonjour JeanMichel, je confirme bien pour ce soir ton +1 à tout de suite. Stéphanie / GL events »

dépité, vous n’en serez pas. Limite abattu, charo-

— Cas 5. C’est le jour J, vous avez tout bien fait mais

Et vous avez raison.

gnard en manque de viande saignante, vous vous dites que ce n’est pas pour vous, que vous emmerdez ces prétentieux péteux et que le rade de quartier à se défoncer à la gitane, c’est pas si mal. Mais oui ! Qu’est-ce que je me fais chier à sucker du teubé, je suis très bien à me coltiner ma pinte les oreilles qui sifflent Françoise Hardy et les yeux qui pleurent Bresson !

pas de réponses. Vous êtes là à réactualiser votre boîte mail toutes les minutes mais aucun signe de 19 —

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LES NUITS DE ® Violaine Schütz Ω Cécile Simon & Céline Barrère

EXOTICA NUITS MÉTISSES

Le duo parisien Exotica formé par Clara Cometti (ex

Votre meilleur souvenir de soirée ?

Koko Von Napoo) et Julien Galner (de Château Mar-

Julien : Un Baron pour un concert de Château Marmont. Une soirée complètement folle, danse et alcool jusqu’au bout de la nuit. Ça paraît anodin comme ça mais c’était vraiment bien. Clara : C’est vrai que cette soirée était cool, mais je me souviens que ma pote m’avait marché sur les pieds toute la nuit et que j’ai eu le dessus des pieds bleus pendant trois jours. Du coup, je mentionnerais non pas une soirée mais plutôt une époque, celle du Paris Paris il y a cinq ou six ans. Je n’ai rien trouvé d’équivalent depuis.

mont) ressuscite la pop française chic et synthétique d’Elli & Jacno. Après s’être fait remarquer par deux titres sortis sur des compilations Kitsuné, le cosmique Désorbitée et le funky Conte d’été, le duo sort un premier EP. Ils nous racontent leurs nuits. Pouvez-vous vous présenter pour ceux qui ne vous connaîtrez pas encore ?

Nous sommes Julien Galner et Clara Cometti, les deux membres du groupe Exotica et nous faisons de la musique joyeusement dépressive. Nous nous sommes rencontrés en soirée. Nos groupes respectifs de l’époque, Château Marmont et feu Koko Von Napoo partageaient souvent l’affiche. Quel a été votre premier souvenir de soirée ?

Clara : J’avais 17 ans, je venais de prendre ma première cuite au Soho (j’en ai bien sûr jamais rebu depuis) et j’ai pleuré car un mec ne voulait pas me rendre le plat à quiche de ma mère. Julien : Dans une boite appelée le Mazagran à côté de chez moi, Malibu coca et concours de danse sur Vanilla Ice.

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La plus belle rencontre faite la nuit ?

Clara : La meilleure, Mirwais de Taxi Girl, je l’ai croisé chez Régine il y a trois ou quatre ans et nous nous sommes beaucoup revus depuis. La pire, un mec aux Bains Douches il y a douze ans qui avait mis sa langue dans mon oreille. Julien : L’acteur qui joue le juge dans New York Police Judiciaire à East Village, dans un bar, on a bu du whisky. Votre pire souvenir de club ?

Clara : N’avoir aucun souvenir. Je ne supporte pas bien l’alcool, ça tourne vite à boire et déboires. Mes jambes ne me portent plus et je dis n’importe quoi. Nuit


Exotica Julien : Se faire défoncer la gueule après un grand schelem de whisky.

Allen devrait venir y faire un tour, ça lui ferait pas mal de voir autre chose de Paris que les hôtels 4 étoiles et les quais de Seine.

La ville de Paris est-elle une source d’inspiration ?

Julien : Non pas vraiment, plutôt une source de bourdon, à part certains matins où il y a une lumière folle, au printemps. Clara : Peut-être mais alors de manière inconsciente, le cinéma ou la littérature m’influencent davantage. Et la nuit à Paris, vous en pensez quoi ?

Il nous semble qu’il y a déjà bien trop d’events sur Facebook. On ne peut pas tout faire quoi.

Quelle est la meilleure musique pour faire la fête ?

De la freestyle funk ou un disque Sound Pellegrino. Nos DJ préférés ? Glass Figure. Derniers CD achetés ?

Julien : Hollywood de Véronique Sanson. Clara : Les best of d’Electric Light Orchestra et de Toto à ma mère pour qu’elle arrête de chanter Killing me softly. La playlist idéale de disques à écouter la nuit, de

Écrivez-vous mieux vos chansons la nuit ?

films à voir la nuit, et de livres à lire à ce moment-là ?

Julien : Mes meilleurs morceaux sont souvent ceux que j’écris au réveil ; la mélodie qui survit au sommeil et t’accompagne toute la journée. Clara : Sachant que je dors de 23h à 8h30 sans me réveiller, je dirais plutôt non.

Quand c’est une œuvre de qualité, tous les moments sont bons. Que ça soit du René Clément ou du Cronenberg, du Ian Hammer ou du Sébastien Tellier, du Beauvoir ou du Bergougnoux : ça passe de nuit comme de jour.

Un rituel avant de sortir ?

Quels sont vos projets ?

Clara : Un Redbull light, sinon j’ai envie de dormir à 22h30. Julien : Un Redbull light-vodka et cinq NeoCodion.

Le tournage de notre prochain clip et l’écriture de l’album. Il y a également les projets du label Chambre 404. Participer à la naissance d’un label c’est très excitant, surtout quand il y a une véritable entente et interaction entre les différents artistes. Niveau dates on ne sait pas encore, on a juste envie de s’allonger sur le sol en position fœtale et de dormir pendant un mois.

Un truc contre la gueule de bois ?

Julien : Cinq Neo-Codion. Clara : Vomir. Quel est pour vous l’endroit le plus exotique de Paris ?

Le vietnamien Chamroeun qui fait des soupes Phô à Crimée (4, rue Mathis, 75019) qui est plutôt super niveau qualité-prix. Le bobun frais est à 7,50€ et le bouillon de leur soupe est juste un vrai bouillon. Par contre, faut pouvoir supporter les bruits de bouche… Sinon les marchés de Crimée ou Belleville, avec ce petit côté cour des miracles si charmant le dimanche matin. D’ailleurs, Woody 22 —

EP 6 titres Désorbitée (Chambre 404) en vente sur Colette.fr

Nuit


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Paris La Nuit  Delphine Cauly www.ete1981.com


LE BON GUIDE ® MPK

PISSER À PARIS VENI, VEDI, VESSIE

ce guide nécessaire aux envies pressantes.

dans le livre, mais on en a testé quelques dizaines en plus que l’on a écartés, parce qu’ils n’étaient pas intéressants, que les conditions d’accès étaient difficiles, etc. Dans ce livre, tu vas trouver des lieux pratiques, mais aussi des lieux inspirants. La culture peut s’envisager par le petit bout de la cuvette.

Petit condensé d’humour et d’érudition, le bouquin Pisser à Paris cartographie les latrines de la capitale sans pour autant prendre les vessies pour des lanternes. Ne faisant pas dans notre froc, on a bu beaucoup de bières avec Nathalie Marx, la co-auteur de

Dis Nathalie, pourquoi écrire sur le « Pisser à Paris »

Vous pouvez expliquer vos critères de sélection ?

n’est pas une idée de chiotte ?

La qualité matérielle, on comprend, mais la qualité

Pisser est un acte universel, et c’est un sujet qui définit notre humanité. Si quelqu’un ne peut pas pisser convenablement, que ce soit par exemple une femme enceinte ou une personne âgée, il y a clairement atteinte à sa dignité : une fuite, c’est catastrophique ! Dans d’autres pays moins développés, l’accès aux sanitaires est problématique, ce qui cause de très graves préjudices à la population, comme des épidémies et des infections. Donc ce sujet à la base n’est pas idiot, et encore moins à Paris, qui est la Ville Lumière, la ville de la connaissance, des arts et de la beauté, et où on se rend compte qu’on a le plus grand mal à faire pipi dans de bonnes conditions gratuitement. Je crois que chaque Parisien a sa petite histoire de pipi qui a mal tourné.

intellectuelle, ça veut dire quoi ?

Avez-vous réellement essayer tous les W.-C. cités dans le bouquin ?

Non, seulement on a essayé les 130 waters qui sont 26 —

On a remarqué que bien souvent les toilettes étaient un cadre propice à la réflexion, sinon à la lecture. On a voulu faire de chaque passage dans les W.-C. une expérience sanitaire, mais aussi une expérience d’éveil à la culture. À travers les toilettes, on peut accéder à un contenu historique, scientifique, philosophique ou artistique. Par exemple, pisser au Louvre n’est pas innocent lorsqu’on pense à toutes les lettres cachées qui ont été retrouvées après des fouilles dans les latrines : à l’époque, les gens s’essuyaient les fesses avec la correspondance des personnages importants. Face au pipi, est-ce que les hommes et les femmes ont été traités de la même manière ?

En fait non, il y a une vraie question de société, même un débat mondial sur la parité homme/ femme aux toilettes. La parité dans ce genre de situation n’est pas numérique, c’est-à-dire que l’on Nuit


Pisser à Paris ne peut pas être à égalité dans un endroit s’il y a trois toilettes homme et trois toilettes femme. Tout simplement parce qu’en moyenne, les femmes passent deux fois plus de temps dans les toilettes que les hommes. Par conséquent, pour rétablir l’égalité, il faudrait qu’il y ait partout deux fois plus de toilettes femme que de toilettes homme. Le Bataclan pratique cette véritable parité, et le cas est suffisamment rare pour être souligné. Quelles sont les grandes personnalités du monde du pipi à Paris, bref, les pipipoles parisiens ?

Il y a tout d’abord pas mal de préfets qui ont marqué l’histoire du pipi à Paris. Le préfet Rambuteau qui n’a jamais voulu donner son nom à la colonne Rambuteau, et qui s’est très vite appelée la Vespasienne. Dans un tout autre registre, Jim Morrison serait vraisemblablement mort dans les toilettes de l’Alcazar. On peut citer Marcel Duchamp et son urinoir… Il y a aussi beaucoup d’écrivains comme Proust et son baron de Charlus qui hantent les toilettes publiques à la recherche de rencontres homosexuelles. Tu es plutôt chiotte à la turque ou à la japonaise ?

Perso, c’est plutôt à la japonaise. Ce sont des toilettes qui font vraiment de cet acte un moment agréable. Tout y est pensé pour y prendre un certain plaisir : on peut y mettre de la musique, adapter la température du siège, sélectionner la puissance, la température, voire la vitesse d’oscillation du jet de lavement. À essayer chez Colette. Pour faire l’amour, quelles toilettes conseilles-tu?

Les seules chiottes mixtes de Paris sont au Palais de Tokyo. Sinon, il y a la version vénitienne ultra clean dans le 16e au musée Baccarat. Dans l’Est parisien, il y a pas mal de versions punk-rock un peu crades pour des pratiques plus sauvages, au bar La Liberté, par exemple. Il y en a aussi qui sont érotiques et à limite du mauvais goût comme au Belushi’s dans le 19e, où les pissotières sont en forme de bouches pulpeuses pour recueillir l’urine. 27 —

Le graffiti sur les murs des waters peut-il être considéré comme une discipline artistique ?

Les graffitis, finalement, je n’en ai pas vus beaucoup lors de ma longue exploration des toilettes. Le philosophe Michel Onfray a d’ailleurs observé qu’il y avait une migration de cette parole libre, sale et anonyme vers les forums Internet. Cette migration est regrettable, car on peut trouver parfois de très belles choses écrites sur les murs des chiottes, comme des haïkus ou des phrases surréalistes. Ces contributions prêtent également à la réflexion et à l’évasion, et sont de l’ordre de la générosité. Et si l’on est un peu rebelle et que l’on veut pisser dehors, c’est quoi le meilleur endroit ?

Si tu te fais prendre par la police en train de pisser dehors, n’oublie pas que l’amende est de 35€. (rires) Ceci étant dit, je peux te conseiller des beaux points de vue comme au parc de Belleville, ou sinon se cacher et marquer son passage au Champ-de-Mars… Il y a un artiste parisien qui s’appelle Ludo qui fait justement du street art pipi. Il marque de sa présence les rues parisiennes en dessinant des smileys avec sa pisse. Quitte à pisser dehors, autant donc le faire d’une manière magnifique et culottée. Comment vois-tu l’avenir du pipi à Paris ? Es-tu une fausse sceptique ?

On pourrait imaginer des associations de pisseurs comme il y a des associations de consommateurs, parce qu’on aurait affaire à une population vieillissante de plus en plus sujette à des problèmes urinaires. On pourrait imaginer aussi des applications smartphones qui permettraient de trouver des toilettes, ou des concessions haut de gamme réservées pour les personnes aisées… Pisser à Paris, guide pratique et culturel des WC gratuits. C. Lussac & N. Marx Édition du Pallo - 192 pages - 19€

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LES BONS ORGAS ® MPK Ω DR

MERCREDI PRODUCTION NUITS RÉCRÉATIVES

José est le programmateur des Nuits Sonores, Rémy celui du Rex. Un jour, Rémy et José ont eu la bonne idée de s’associer et de monter Mercredi Production. Invitant au fil de leurs soirées des pointures (Richie Hawtin, Laurent Garnier…), mais aussi des artistes plus confidentiels, les deux compères nous gratifie-

rées à droite à gauche où il m’arrivait de mixer. J’ai toujours été plus dans le réseau club/festival que free party. R. : J’ai découvert les soirées électro pendant l’âge d’or du Sud, avec la Villa Rouge et le Serrano, avec les premiers sets d’Ellen Allien et de Miss Kittin.

ront ce mois-ci d’une Republic of Kittin, avec bien sûr, la Miss en tête d’affiche. Nous avons rencontré

Et vous vous êtes rencontrés comment ?

ce duo essentiel à la réanimation des dancefloors

J. : On traînait dans les mêmes milieux donc fatalement un jour ou l’autre, on allait se rencontrer. Ces dernières années avec Les Nuits Sonores, on a commencé à organiser des promos de soirées qui s’appelaient Nuits Sonores Tour, et évidemment à Paris on passait au Rex. J’ai joué aussi là-bas une ou deux fois avec Agoria. Voilà, on s’est rencontrés comme ça et on a monté ce projet il y a deux ans. Tout cela s’est fait en plusieurs étapes.

parisiens. Hello José, hello Rémy, est-ce que vous pouvez rapidement vous présenter à nos lecteurs ?

José : Ça fait dix ans que je bosse au festival des Nuits Sonores à Lyon. Je m’occupe plus particulièrement de la programmation électro du festival. Rémy : Moi, je viens du Sud, je suis né à Carcassonne, j’ai fait ma fac à Perpignan et à Montpellier. Je suis arrivé à Paris en 1998, et deux ans après j’ai intégré le Rex Club en tant que barman. Je suis ensuite passé bar manager pendant trois ans, et ça fait maintenant sept ans que je suis à la programmation du Rex. Vous en êtes venus comment à la musique électro ?

J. : J’ai jamais été dans le milieu teuf, free, etc. Dans ma jeunesse, ça ne remonte pas à très longtemps puisque j’ai 33 ans, j’organisais déjà des soi29 —

Vous pouvez nous expliquer la genèse de Mercredi Production ?

R. : En fait, on a monté cette structure pour le projet Pitch Your Sunday, parce qu’on a pensé qu’il fallait créer une journée autour des labels français et parisiens… On a fait le constat José et moi qu’on faisait beaucoup de promo autour du blaze des artistes, et que souvent les labels étaient dans l’ombre. On s’est donc dit que c’était cool de leur donner une journée, pendant laquelle ils allaient Nuit


Mercredi Production

“ ON RESTERA TOUJOURS DANS UNE FORME D’UNDERGROUND” pouvoir vendre des disques et rencontrer le grand public. On voulait aussi créer un événement familial, démocratiser un petit peu la musique électronique… On était dans une période où la presse généralisée et la politique revenaient à la charge contre les clubs. On voulait montrer l’inverse, que c’était une culture plus qu’une décadence. Pourquoi avoir appelé votre structure Mercredi Production ?

R. : José et moi on est deux éternels enfants, et mercredi c’est le jour des enfants… J. : Ouais, on fait vraiment ça d’une manière récréative. On est pas du tout dans le business avec avec un grand B. La musique reste absolument au cœur de tous les projets, c’est pour ça qu’on investit en général tout dans la programmation, et que l’on travaille vraiment les plateaux. On réfléchit d’abord à ce que l’on veut faire musicalement, et ensuite au reste. Et pas l’inverse. R. : C’est l’état d’esprit du truc, on veut du fun.

voir Ritchie Hawtin à Lyon par exemple. C’est un symbole de ce qu’on défend… Dans les newcomers, tu penses à qui José ? J. : En fait moi ce que je pense, c’est qu’on est vraiment dans notre rôle lorsqu’on défend des artistes dans des projets qui ne sont pas évidents, et qu’ensuite ça fonctionne. C’était le cas par exemple avec Nicolas Jaar au Trianon. Plein de pros nous disaient : « Vous êtes complètement malades, vous allez vous planter ! », et malgré ça, c’était déjà complet un mois avant sa date. Ça a été pareil à Lyon avec Rone et Clara Moto qui sont des artistes qu’on suit quotidiennement. On a réussi à faire sold out avec eux alors qu’ils sont pas non plus des immenses têtes d’affiche. On commence à avoir un public qui ressent ce que l’on veut transmettre, et qui est curieux, qui suit notre ligne directrice. C’est sans doute notre plus grande satisfaction. On peut donc se permettre de faire découvrir des choses aux gens. Vous avez fait venir Ben Klock et Marcel Dettman cet été. Comment ça s’est passé ?

R. : C’est des gens avec qui on bosse depuis très longtemps avec José. Marcel et Ben, on est habitués à les voir ensemble, que ce soit aux Nuits Sonores ou au Rex. On en a profité pour faire venir la fine fleur du label Ostgut avec Patrick Gräser, Steffi, Tamasumo, Prosumer ou Virginia…. L’idée, c’était de donner un résumé de ce qui se passe au Berghain et au Panorama Bar, et d’en faire un événement à Paris. J. : À travers ce plateau, c’est un peu l’état d’esprit Mercredi qui s’est résumé : un lieu original, des formats décalés, des têtes d’affiche accompagnées de nouveaux visages et des coups de cœur que l’on a pu avoir sur cette scène-là.

Quel est l’artiste que vous avez fait tourner et dont

Vous avez également travaillé sur le festival Divine,

vous êtes le plus fier ?

festival qui a dépassé largement le cadre de l’évène-

R. : Y’en a plein ! On a été très contents de rece-

ment musical.

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Mercredi Production R. : Le concept, c’était de bosser sur une culture club. Le projet s’est fait en collaboration avec Jerk Off. On avait pour objectif cette année de mettre à l’honneur Divine (ndlr, célèbre drag queen américain, égérie de John Waters) et d’appuyer cet hommage avec de la musique, mais aussi de la performance et de la vidéo. Sur ce format, on prend une fois par an un symbole de la culture club, l’année dernière, c’était Leigh Bowery (ndlr, performer, styliste, patron de club, décédé en 1994). On revient sur ce que José disait, on est pas là pour remplir des salles, mais pour mener des envies… Si un jour on veut programmer un concert dans un bar pour 200 personnes parce que l’on est investis par l’idée, eh bien on le fera ! Qui s’occupe du graphisme de vos flyers ? Ils sont toujours particulièrement réussis…

R. : Ah c’est Stéphane ! (ndlr, Stéphane Jourdan). C’est un ami d’enfance qui est là depuis le début, on a fait nos armes ensemble. Quand on a crée Mercredi Prod, on a fait un rendez-vous avec José, on a vu son travail et on a décidé de continuer ensemble. Il a la même vision de la musique et de la culture club que nous. Ces dernières années, à quoi ressemble le cahier des

mois une fermeture administrative qui a été drastique. Avec le changement de gouvernement qu’il y a eu récemment, on va voir si on sent une différence là-dessus. On a quand même un appui au niveau de la mairie de Paris qui est en train de se mettre en place. Vous la voyez évoluer comment cette culture électronique que vous défendez ?

J. : Avant on parlait de l’électro comme d’un courant musical, maintenant c’est une façon de faire les choses. L’électro, elle est partout, dans le rock, le hip-hop… La culture électronique s’ouvre de plus en plus. Par contre, 90% des artistes électro les plus connus et qui remplissent les salles, on ne les défend pas. Malgré cette ouverture et ce développement de masse, on reste dans les 10% de ce monde-là et dans quelque chose qui reste assez confidentiel. Nous, on fait un gros festival avec 40 artistes sur deux jours, on a 20 000 personnes. Guetta, en une date, il en fait trois fois plus. On restera toujours dans une forme d’underground. R. : On a la chance à Paris, et en France aussi, d’avoir une scène dans les 10% dont José parle, et qui est en train d’éclater. Le message que l’on porte à travers nos fêtes, eux, le portent à travers leurs labels. Il y a un soutien réciproque.

charges pour les organisateurs de soirées ?

J. : À Lyon clairement, quand on a commencé les Nuits Sonores il n’y avait pas grand-chose au niveau festival, la scène n’était pas très développée. Maintenant, l’horizon réglementaire s’est largement assoupli et ouvert, c’est-à-dire que lorsqu’on organise un truc le samedi après-midi, ce n’est plus perçu comme une rave pour drogués, mais comme un événement musical et culturel pouvant toucher le plus grand nombre. On est passés d’une réputation de camés à un mouvement culturel à part entière. R. : La chance ! À Paris, on souffre encore d’une préfecture de police assez dure. Par exemple, pour parler du Rex Club, on s’est pris il y a quelques 31 —

• 15 septembre (jour de la Techno Parade) au Cabaret Sauvage : Republic of Kittin (Miss Kittin + Mathias Kaden + Maya jane Coles) • 30 septembre au Trianon : Darkside (side projet de Nicolas Jaar avec Dave Harrington)

Nuit


LE BON GROUPE ® Nicolas George Ω Mikey Cahill

METRONOMY LE RYTHME DU SUCCÈS

Avec The English Riviera sorti l’an dernier, le groupe

Vous entrez bientôt en studio pour votre nouvel

anglais emmené par Joseph Mount a réussi à récon-

album… Quelques mots sur ce nouveau disque ?

cilier mainstream et scène indé. Après avoir triom-

On va commencer à enregistrer en novembre. Ça nous laisse du temps pour essayer plein de choses en démo. On a déjà près de soixante musiques psychédéliques en tête !

phé dans le monde en tournée cet été, ils designent ce mois-ci une bouteille pour Heineken et compilent leurs influences dans une compilation de la série LateNightTales. Retour en interview avec leur leader sur leur épatant parcours.

Ah oui quand même ? Difficile de faire un choix !

On vous a vu à l’affiche de nombreux festivals en France cet été… Lequel avez-vous préféré ?

Difficile de répondre ! Ils étaient tous énormes ! (rires) Solidays nous laisse toutefois un souvenir particulier. C’était l’un des tout premiers festivals parisiens où l’on a joué et, franchement, on a adoré y revenir. Au-delà de la cause défendue, le public y est toujours hallucinant et bouillonnant. On a été surpris par le nombre de personnes venues nous voir ! C’était vraiment impressionnant.

On va voir celles qui fonctionnent le mieux ! En tout cas, je suis très excité à l’idée de faire ce nouvel album. Après de nombreux mois sur les routes, ça va faire du bien de se poser un peu en studio. Une chose est sûre : on va faire évoluer notre musique. Parce que l’on ressent que le public a envie d’entendre une musique nouvelle, de nouveaux gimmicks. Je ne sais pas encore ce que ça va donner exactement mais ça risque de surprendre beaucoup de monde. Quelles sont les principales sources d’inspiration de

Paris, c’est d’ailleurs un peu votre deuxième maison !

Metronomy ?

C’est vrai ! Même si une partie du groupe vit à Londres, Paris c’est un peu sa banlieue, non ? Tu montes dans le train et c’est bon ! (rires)

On est fans de science-fiction, de Stanley Kubrick en particulier. Il est très visionnaire et pointilleux. C’est un exemple à suivre pour notre musique. Quand tu penses chaque détail de ta composition, tu arrives à faire un putain de morceau !

On vous sent surpris de votre succès en France…

Oui, c’est vrai ! Mais on ne va pas se plaindre, hein ! On a d’abord eu du succès ici avant l’Angleterre. On a de la chance que ces deux pays nous aiment beaucoup. Ce sont deux scènes très actives donc pouvoir y goûter en jouant en live, c’est quand même un sacré trip ! 32 —

Vous avez remixé la terre entière… En revanche il y a peu de remixes de Metronomy, mais les quelquesuns que vous avez entendus, vous en avez pensé quoi ?

Franchement ? Pas que du bien…La plupart sont Nuit


franchement ennuyeux. Le travail fourni n’a pas vraiment été à la hauteur. Tu files ta musique à quelqu’un. Il rajoute un ou deux éléments parci, par-là, sans y apporter sa touche perso… Et basta ! Ce n’est pas ma vision du remix. Quand on fait un remix, on le fait pour transformer vraiment la chanson, y apporter une sonorité qui nous est propre. Pas juste ajouter une ligne de basse ! Mais allez, on peut au moins te citer deux remixes que l’on a appréciés : celui de Breakbot (A Thing For Me) et de Micachu (Radio Ladio).

Et avec quel autre artiste vous rêvez de jouer ?

Daft Punk ! Ce serait notre rêve… Leur musique est une de nos sources d’inspiration. Un souvenir de soirée totalement déjantée ?

Oui, à Amsterdam, dans un ancien studio de cinéma. Jusque-là rien de spécial, sauf que c’est là que l’on tournait la plupart des films pornos du pays. L’atmosphère était… spéciale. Je vous laisse carte blanche pour créer une « Metronomy Party »… On fait quoi ?

Par contre, j’ai vu que vous vouliez avoir David Guetta pour votre album The English Riviera… C’est quoi cette histoire ?

Bah oui ! On n’a pas réussi à l’avoir, mais on adorerait collaborer avec lui à l’avenir. Bonne idée, non ? Non, mais Guetta est devenu une référence mondiale. On veut un mec comme ça sur l’un de nos albums ou pour nos remixes ! 33 —

Oula ! On va faire la fête sur l’eau ! Un bon DJ pour l’ambiance, beaucoup beaucoup d’amis ! De l’alcool ! Beaucoup d’alcool ! Bon y aura de l’eau pétillante aussi pour ceux qui veulent… Metronomy — LateNightTales by Metronomy Emi www.metronomy.co.uk

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34 —

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LE BON PROD’ ® MPK Ω Yasmina Haddad, Vienna, 2012

EFDEMIN ÉLECTRONIQUEMENT ENGAGÉ

Il est 5 heures, Paris s’after… Phillip Sollmann aka Efdemin vient de finir son set à la soirée Cockorico du Rex et nous rejoint en sueur dans les backstages. À la recherche désespérée d’un truc frais à boire, il prend tout de même le temps de nous parler de son

également joué il n’y a pas longtemps au Cabaret Sauvage pour une soirée Mercredi Production organisée par Rémy, le D.A. du Rex. J’ai également un très bon souvenir d’une after qui s’appelait la Concrète.

label Dial, de son engagement politique et de son rapport à la techno. Extraits.

Tu peux nous parler un peu de Dial, ton label ?

Comment s’est passé ton set ? D’ailleurs, qu’est-ce que tu penses du public français toi qui est allemand ?

J’adore venir ici, même si ce n’est pas la même ambiance qu’à Berlin. Je pense que le mode de pensée n’est pas tout à fait le même, c’est une culture différente. La première fois que je suis venu ici, c’était il y a cinq ans, et je pense que depuis, les choses ont évolué dans le bon sens, car ma musique est plus appréciée (sourire). Je me sens en tout cas plus à l’aise qu’il y a cinq ans. Quelle est la différence entre les clubbers français et allemands ?

Je vais avoir du mal à te répondre, parce qu’à Berlin, il y a très peu d’Allemands en fait. Les gens viennent des quatre coins du monde : des Américains, des Français, des Australiens, des Chinois… Ce n’était pas la première fois que tu jouais au Rex, il me semble.

J’y ai joué six fois je crois, c’est une institution. J’ai 35 —

Dial est un label allemand qui a été fondé par mes amis Carsten Jorst et Lawrence il y a à peu près douze ans. Les principaux artistes du catalogue sont Roman Flugel, Pantha du Prince, John Roberts, Kassian Troyer… et moi. Le label se positionne maintenant entre la techno et l’art contemporain, car nous avons également monté une galerie d’art qui s’appelle Mathew à Berlin. Dial a également un sous-label nommé Laid qui est spécialisé dans la house old school. Le dénominateur commun entre tous ces projets est éminemment politique, puisque nous sommes profondément antifascistes. En fait, le courant de pensée que nous partageons est ancré à l’extrême gauche et s’appelle l’antigermanisme. L’antigermanisme ? Pourtant vus de France, les Allemands en général et les Berlinois en particulier ont plutôt la réputation d’être cool…

Ce n’est pas tout à fait la même chose. Pour te donner un exemple, en 2006, en pleine Coupe du monde en Allemagne, j’avais un restaurant clanNuit


Efdemin

“JE PENSE QUE LA COCAÏNE DÉTRUIT LA CRÉATIVITÉ, TIRE LES GENS VERS LE BAS, ET ANNIHILE L’INTENSITÉ… DOMMAGE QU’ON NE TROUVE PLUS DE BON ECSTASY.” 36 —

destin à Berlin. L’équipe de foot allemande faisait plutôt un bon parcours et l’ambiance était bonne, j’ai donc accepté d’accueillir plein de gens dans mon resto. La seule condition, par contre, c’était qu’il n’y ait aucun drapeau à l’intérieur. L’antigermanisme est un antinationalisme propre à l’histoire allemande, aux erreurs que nous avons commises par le passé. Le fait d’être allemand m’oblige à porter un certain poids de l’histoire, tout comme le fait d’être français ou anglais doit passer par une repentance avec les anciennes colonies… À la rédaction, on aime beaucoup ton track Acid Bells, mais une question nous turlupine, as-tu mangé des acides pour composer ce titre ?

(rires) Non pas d’acides, mais presque ! Je l’ai composé en 2006, un matin en revenant du Berghain. C’était la première fois que j’allais là-bas, et je m’étais pris une grosse perche, j’avais trouvé l’endroit complètement fou. Je suis arrivé chez moi, je me suis foutu devant mon ordinateur avec des clopes et des bières, et il y avait ce son de cloche qui résonnait dans ma tête. Ce morceau, j’ai dû l’écrire en à peine 10 minutes. Il y a des morceaux qui m’ont demandé un an de boulot, mais celui-là, seulement 10 minutes ! Et pour ton titre Le Ratafia, tu en as bu des litres pour le créer ? C’est un peu écœurant non ? Où as-tu découvert ça ?

Oh oui, j’en ai bu beaucoup. Une fois, un ami m’a demandé de faire une installation sonore en Champagne et c’est là-bas que j’ai découvert ce breuvage. J’en ai d’ailleurs ramené quelques bouteilles à Berlin. D’ailleurs, c’est quoi ton alcool préféré ?

Oh, je suis presque toujours bourré tu sais (rires). Non, plus sérieusement, j’aime bien la bière et le bon vin. J’ai vécu en Autriche, et il y a vraiment des vins pas dégueulasses là-bas. Le vin blanc allemand se boit bien aussi je trouve. Nuit


Efdemin Qu’est-ce qui t’es passé par la tête quand tu as composé Lohn and Brot, l’une des perles de la musique électronique de ces dix dernières années ? Il y a une histoire derrière tout ça ?

J’ai dû composer ce track il y a environ six ans. Je venais de quitter Vienne pour m’installer à Berlin et j’étais très pauvre, je n’avais pas un sou en poche. Je revenais progressivement vers la musique électronique, car je n’avais acheté ni écouté aucun disque de techno pendant trois ans. Carl Craig à cette époque mettait des sons de fou, et c’est en écoutant sa musique que j’ai eu envie de me remettre à la production. On peut d’ailleurs voir ce morceau comme une sorte d’hommage à Carl Craig… J’ai choisi de l’appeler Lohn and Brot car l’Allemagne connaissait une grave période de récession, et on entendait partout parler de chômage et de crise. Lohn and brot signifie : « le pain et le gain », tout cela marquait bien l’état d’esprit dans lequel j’étais à ce moment-là.

music était comme une sorte de petit village qui s’est fait abusé par des gens pour qui j’ai peu de respect, comme David Guetta. Je crois qu’il faut effectué un nouveau virage vers l’underground, je déteste le côté trop facile et superficiel de la musique électronique. À l’inverse, avoir une expérience profonde avec la musique, c’est l’essentiel. Par exemple, j’ai joué au Berghain il y a 4 semaines, et je pensais seulement joué deux heures puis rentré à la maison. En fait, je me suis retrouvé à mixer pendant plusieurs heures une techno très dure, je me sentais si bien que j’en avais oublié le temps et ma propre personne. La première fois que j’ai eu cette sensation, c’était au squat de l’Opéra à Hambourg, je n’avais pas pris de drogue et pourtant j’avais dansé des heures en état de transe. Et Paris la nuit, tu connais un peu ?

Il m’est arrivé de traîner à Belleville et dans le Marais, mais je crois que j’ai complètement oublié le nom des endroits où je me suis posé.

Toi qui est connu pour ton éclectisme et ton indépendance créative, quels sont les grands clichés de

C’est quoi ton remède contre la gueule de bois ?

la musique électronique actuelle ?

Boire moins, car l’alcool c’est mauvais. (rires)

Ce qui me dérange le plus concerne sans doute l’ambiance générale qu’il peut y avoir dans le milieu électronique. Je trouve dommage qu’on ne trouve plus aucun bon ecstasy, et que tout le monde soit coké en soirée. Je pense que la cocaïne détruit la créativité, qu’elle pousse les gens vers le bas, et qu’elle annihile l’intensité. En France, en Allemagne ou en Chine, tout le monde prend trop de coke.

Efdemin — Chicago ≥ soundcloud.com/efdemin — Discographie non-exhaustive

Ton dernier album, Chicago, revisitait les racines de

Album :

la house music. On est impatients de savoir sur quoi

Efdemin / Dial 2007

tu bosses sur ton prochain album. On peut avoir des

Chicago / Dial 2010

infos, tu peux nous filer des pistes ?

EP’s :

Le prochain album va être très dark, avec des tracks très longs complètement orientés techno. Personnellement, j’espère vraiment qu’il va y avoir un retour à la vraie musique techno. La house

Acid Bells / Helicopters Got Cameras / Curle 2007

37 —

Avec Nina Kraviz : Hotter than July / Naïf 2009 Please / Curle 2011

Nuit


LE BON LIVRE ® Violaine Schütz Ω Nicolas Poupon

JE JOUIS DONC JE SUIS FRANCIS MÉTIVIER

Les élèves de Francis Métivier ne doivent pas s’ennuyer. Prof de philosophie au lycée et à la fac, et rockeur à ses heures, le penseur sort un livre qui

passions, la purification de l’âme, la purgation des mauvaises humeurs. Enfin… chez certains punks, pas toujours.

réconcilie sexe et théorie. Et répond à nos questions croustillantes.

Peux-tu nous donner un ou deux exemples de chansons rock qui font bon ménage avec des concepts

Tu es docteur en philosophie, tu l’enseignes, com-

philosophiques ?

ment en es-tu arrivé à publier des livres non acadé-

Where is my mind des Pixies illustre selon moi le passage, dans la philosophie de Descartes, qui va du doute radical à l’apparition du cogito (« Je pense dons je suis »). Se demander « Where is my mind ? », comme si nous n’avions plus la tête sur les épaules, c’est, au contraire, avoir la tête bien sur les épaules. Ou encore La nuit je mens de Bashung, qui symbolise à merveille les idées que Sartre développe sur le concept de mauvaise foi, dans L’Être et le Néant, soit le fait de se mentir à soi-même.

miques sur le sujet ?

Je fais du rock depuis l’âge de 13 ans, c’est l’âge où, en cours de grec, je traduisais des petits textes narratifs de Platon. J’ai été fasciné à la même époque par la guitare de Jimmy Page, les voix des Beatles et les idées de Socrate. Les deux désirs – de rock et de philo – sont nés en même temps. Pour moi la dimension philosophique du rock est une évidence que je n’ai fait que démontrer dans Rock’n philo (publié en 2011). Concrètement, je me suis mis à écrire ce livre juste après avoir réveillé des terminales scientifiques qui, un matin, dormaient durant un cours où j’abordais le scepticisme antique – « It makes me wonder ». Je leur ai passé Stairway to Heaven. Des yeux se sont ouverts. Comme par magie.

Que pensent ceux avec qui tu bosses en philosophie de tes deux livres ?

Il y a ceux qui me félicitent de cette démarche dont le but est d’aider les élèves et le public à mieux aborder la philosophie. Et il y a ceux qui ne disent rien…

Quelle thèse soutient le livre Rock’n philo ?

Le rock est un art. Il accomplit l’une des fonctions philosophiques majeures de l’art, selon la conception d’Aristote : la catharsis, le défoulement des 38 —

Que penses-tu de la vulgarisation de la philo, en général, comme ce que fait Raphaël Enthoven ou Ali Baddou ? Nuit


Je jouis donc je suis On ne peut guère vulgariser la philo. Elle reste très difficile. Il est en revanche possible de créer des portes d’ouverture. C’est ce que font la plupart des philosophes français connus aujourd’hui, comme Enthoven, Charles Pépin, Yann Dall’aglio… Comment est née l’idée de ton dernier livre, Sexe & philo (paru cette année) ?

Je me suis posé une question anthropologique classique : celle de l’unité de sens dans une diversité de pratiques, mais qui n’est pas cette fois (je parle du sexe) une diversité culturelle ou historique. Je me suis dit que la grande diversité, propre à l’être humain, des positions et des pratiques avait une raison d’être et que chaque position devait avoir un sens. J’ai alors creusé ce sens, premièrement par moi-même, deuxièmement en me rattachant à des philosophes qui, selon moi, se sont arrêtés d’écrire avant la limite. Pourtant, si on se pose par exemple la question « comment fait-on l’amour chez Rousseau ? », et que l’on pense à son hypothèse d’état de nature, alors la piste de la levrette semble être crédible. Ou encore, si l’on a en tête la phrase de Simone de Beauvoir : « On ne naît pas femme, on le devient », alors une question apparaît à l’esprit : la position de l’Andromaque est-elle une bonne manière de devenir une femme ?

Aux Journées du livre et du vin à Saumur. Je n’avais pas vu ses films mais lu un de ses livres. Qu’est-ce que les philosophes auraient pensé de l’ère du porno dans laquelle on vit ?

Disons que la pornographie a toujours existé, mais sous d’autres formes que le film. Sous la forme actuelle, certains l’auraient condamné (Thomas d’Aquin ou Kant), d’autres en auraient parlé (Nietzsche) et la plupart n’en auraient rien dit, je pense. D’ailleurs les philosophes actuels ne disent pas grand-chose sur la pornographie, à part Ruwen Ogien, en France. Quels sont tes projets ?

Côté écriture, j’en ai plusieurs. Je dois faire des choix. Mais chut ! Je compte aussi développer mes philoconcerts pour les lycées, médiathèques, salles de concert, festivals, universités populaires, etc. J’alterne interprétations de reprises (que j’exécute) et explications philosophiques. Je pense que c’est une bonne manière d’inciter à faire de la philosophie. J’aimerais aussi interroger directement des rockstars sur la dimension philosophique de certains de leurs titres. Le Bonbon Nuit est un magazine sur la nuit, quels philosophes l’ont pensé ?

Les philosophes ne parlent pas de sexe, comment as-tu réussi à lier les deux ?

En fait, ils en parlent, mais, certains, pour le condamner et, d’autres, de façon très superficielle, sans entrer vraiment dans le vif du sujet. Ils parlent souvent de désir et d’amour, mais pas de sexe. Ils tournent autour. Quelles sont les positions sexuelles qui font de nous des philosophes ?

Aucun ne me vient à l’esprit. Je crois que les philosophes, comme tout le monde, dorment ou s’amusent la nuit. Pour ma part, j’ai des idées qui viennent à ma conscience au moment de dormir ou au réveil. C’est très bon comme sensation. J’écris souvent, non pas la nuit, mais en fin de nuit, début de journée. Je crois que l’on devient philosophe parce que l’on est insomniaque – ou presque – et que l’on n’ose pas sortir en boîte… Alors on pense…

Toutes ! Ce qui fait de nous des philosophes, c’est de toutes les faire ! Et pas seulement la nuit… Rock’n philo (Bréal) Comment as-tu rencontré Ovidie, l’ex-actrice porno

Sexe & philo (Bréal) avec Ovidie

avec qui tu as écrit le livre ? 39 —

Nuit


40 —

Nuit


LE BON GROUPE ® Raphaël Bosse-Platière Ω Laurent Fétis

DIGITALISM PARIS EST LEUR DEUXIÈME MAISON

Le duo allemand est de retour. Après Photek ou Maya Jane Coles, Digitalism a été choisi par K7! pour composer la dernière compilation Dj-Kicks. Vingt-deux chansons parmi lesquelles se cachent six nouveaux

à la house en passant par la disco, le punk, la new wave. On a fini par faire des choix pour que cela tienne en un CD. Ça peut ressembler à un portfolio Digitalism.

titres. Elle sera disponible le 11 juillet. En attendant, on a rencontré Jens Moelle et Ismail Tuefekci.

Comment avez-vous combiné vos prods et celles d’autres artistes ?

Les compilations Dj-Kicks sont des institutions. Quelle a été votre réaction lorsqu’on vous a demandé de faire ce mix ?

Comme tu peux t’en douter, on était très excités. Faire un Dj-Kicks c’est comme acquérir ses lettres de noblesse pour les DJ. On connaît cette série d’albums depuis longtemps. On les a toujours achetés et intégrés dans nos sets. Les artistes qui se sont pliés à l’exercice ont tous fait quelque chose de différent. Pour nous, faire un Dj-Kicks ça reflétait nos racines, parce que le DJing est notre milieu d’origine. Comment avez-vous procédé pour choisir les sons et les artistes qui figurent dans la compile ?

On a commencé par faire une liste de nos titres, labels et producteurs préférés, que l’on joue souvent dans nos sets. On s’est limité aux dix dernières années. On a demandé à des potes aussi. On a eu une sorte d’approche historique : on a voulu montrer comment on a grandi en tant que DJ à travers un spectre musical allant de la techno 41 —

On a juste mixé le tout. Quand on a choisi l’ordre des chansons, on n’a pas fait de distinctions entre nos tracks et ceux d’autres artistes. Il fallait que les chansons s’enchaînent. On s’est assuré que le résultat final soit fluide, qu’il créé une ambiance. Il fallait aussi que les gens puissent respirer entre chaque morceau. En quoi ce mix est-il différent de vos DJ sets ?

C’est une assez bonne description de nos live. Il y a de la techno, de la house, des sons électro et indé. Il y a une petite différence dans le fait que lorsque l’on joue en club ou pour des festivals on ne peut pas mettre de chansons un peu calmes. Et en live, nos sets sont plus condensés. Parfois on joue plus longtemps, donc on peut emmener les gens dans un voyage. Zdarlight (2007) a été votre plus gros succès et l’une des chansons marquantes des années 2000. Comment avez-vous fait pour tourner la page et passer à autre chose ? Nuit


Digitalism Tu sais on y a pas vraiment pensé. Quand on a composé ce morceau, on a fait un test : on a passé quelques CD à des copains. Et plusieurs mois plus tard, ils sont revenus vers nous en nous disant que les gens devenaient fous à l’écoute de la chanson. On a pas réalisé l’impact qu’elle a eu. On a fait notre album, on a fait des centaines de concerts et de tournées. Et ensuite on s’est tout simplement remis à composer, pour notre deuxième album. On a fait beaucoup de chemin depuis Zdarlight et on n’est pas vraiment nostalgiques de cette période. On a sans cesse de nouvelles idées et des projets excitants. Là on a glissé des nouvelles chansons dans ce Dj-Kicks. On trouvait que ce serait un très bon moyen de les présenter au public. Comme habituellement quand nous composons, on essaie de faire des trucs que l’on peut jouer le week-end en club.

label est basé ici. On ne connaît pas encore tout, mais on aime les petites rues de Saint-Germain, la vue du Sacré-Cœur. Les trucs de touristes quoi haha ! Quoique l’on fasse en extérieur à Paris, c’est joli. Vous avez des spots préférés ?

Il y avait ce petit club mythique : le Paris Paris (maintenant le Scop Club, ndlr). On y allait beaucoup et on y a joué pas mal de fois. C’était tout petit mais tellement cool. Maintenant quand on veut passer une bonne soirée on va au Social Club. Ils sont à la pointe de la dance culture et il y a souvent de super artistes et du joli monde. La dernière fois on a joué à La Gaîté Lyrique. Un spot bien cool aussi. Tout le monde devrait jouer là-bas au moins une fois ! Sinon on a trouvé récemment un petit restaurant chinois dans le 9e, L’Orient d’Or. C’est super bon et ils sont en plus hyper cool !

Est-ce que ce mix peut être considéré comme un preview d’un prochain album ? Et d’ailleurs est-ce

Un petit mot à dire aux Parisiens ?

que vous avez quelque chose dans les cartons ?

Merci d’être toujours là, on a une longue et belle relation avec vous. Paris est une des meilleures villes du monde.

On sait pas ! On travaille sur des nouvelles choses mais on ne sait pas du tout quelle direction tout ça va prendre. Qu’est-ce que la nuit évoque pour vous ?

On est tombés amoureux de la nuit très jeunes, vers le début des années 1990. On a commencé à écouter de la dance via une petite radio locale. C’était de la house assez underground. Il faisait un top 10 des meilleures chansons dance de la semaine en version vinyle d’une dizaine de minutes. C’était fascinant de découvrir une musique qui n’avait rien à voir avec la pop et un monde (de la nuit, ndlr) opposé à celui des journées de cours. Il y avait un côté magique et un peu dark. Vous connaissez bien Paris ?

Digitalism — Dj-Kicks

On est venus des tonnes de fois. C’est même devenu comme une seconde maison puisque notre

≥ www.dj-kicks.com/digitalism

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Nuit


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Nuit


LES BONNES FEUILLES ® Peter Hook

UN SOIR À L’HAÇIENDA 1991

Si le Bonbon Nuit a un héros, c’est bien lui. Peter Hook surnommé Hooky pour les intimes a été bas-

Ça lui vaut les perpétuelles engueulades de Paul, mais on rigole bien ensemble.

siste de Joy Division puis de New Order et l’un des patrons du club mancuninien mythique, l’Hacienda. Dans un livre qui sort aux éditions Le Mot et le Reste, intitulé L’Hacienda, la meilleure façon de couler un club, il revient sur l’histoire de ce haut lieu de danse, de drogues et de grand n’importe quoi. En voici un extrait, en exclusivité. Bienvenue à l’Haçienda

Je me glisse à travers les célèbres portes sur lesquelles est découpé le nombre 51 et m’essuie les pieds sur le tapis orné du même signe. Le club est rempli. Ça grouille. Nous affichons presque complet. Est-ce que je connais tout le monde ici ? Je crois bien. Je me fraye un chemin vers le bar pendant ce qui me semble une éternité. Je suis à la ramasse, il me faut un autre verre. Je mets le cap vers mon coin de prédilection, au pied des escaliers, là où traînent Ang Matthews et Leroy Richardson, les cogérants. Je jette un coup d’œil sur la pagaille. À présent, tous ces salauds de videurs se moquent de ma tentative ratée à la porte. Stav vient me trouver – pour me « surveiller », comme il a l’habitude de dire. Mais je connais la vraie raison de sa présence : ce mec adore prendre de la came avec moi. 44 —

Je me mets à l’aise. C’est une soirée réussie, et je vois défiler en permanence toutes sortes de gens : amis, connaissances, dealers, filles à la pelle. J’ai beau être célibataire, j’ai souvent du mal à conclure avec les femmes ici. J’ai l’impression qu’elles profitent de l’occasion pour discuter, mais pas pour emballer. Ou alors je suis trop défoncé pour comprendre quoi que ce soit. Devant l’affluence, je décide d’aller me réfugier dans la cabine du DJ. Je tambourine à la porte pendant ce qui me semble une heure avant que Graeme Park ne me laisse entrer. « Tiens, Hooky, j’ai une cassette pour toi », me lancet-il. « Génial, l’enregistrement de la soirée de samedi dernier, c’est sympa de sa part », me dis-je (ignorant qu’il les refourgue sous le manteau pour dix livres pièce, empochant cinq cents à mille livres de plus par soir. Chic type ; si seulement c’était nous qui avions pensé à ça). Où en étions-nous ? Ah oui, des lignes. Je sors mon sachet de coke, confectionne des rails et observe le délire en contrebas : un océan de mains levées et de lumières éblouissantes qui bougent au Nuit


Un soir à l’Hacienda rythme du martèlement des basses. Qu’est-ce que c’est bon d’être vivant et d’être le patron de l’Haçienda. Que s’est-il passé un peu plus tôt ? Je ne me souviens plus très bien. Un peu plus tard, je rejoins ma bande. Entretemps, Travis est arrivé. « Va demander deux-trois ecstas aux mecs de Salford », lui dis-je, et il part pour le fond de l’alcôve. Les alcôves du club sont réputées. Chacune d’entre elles abrite un gang différent et celle-ci, nous l’avons surnommée l’Enfer. Y pénétrer, c’est empiéter sur le territoire des gangs : entrez-y sans permission, et vous serez quitte à vous faire éjecter avec une baffe en prime, si vous avez de la chance. Moi-même je n’ose pas m’y aventurer sans être accompagné de Cormac ou Twinny. Mes potes, les aînés du gang de Salford, se trouvent dans la deuxième alcôve. Au bout d’une éternité, Travis revient, le nez en sang : il s’est pris une bonne raclée. Furieux, je me précipite à la porte pour trouver Paul ou Damien en hurlant : « Combien de temps va-t-on devoir subir ça ? » Gna-gna-gna. J’ai l’air d’un bébé piquant une colère. « Ces petits cons… – Ça va aller, répondent-ils en rigolant. Tu vas arrêter de nous emmerder en permanence ? – Ouais, c’est ça. » Je tourne les talons. Sans décolérer, je vais trouver Suzanne, qui s’occupe de la cuisine. - « Ton seau est dans le coin », me dit-elle. Voici l’un des avantages à être gérant : comme nous n’avons pas installé suffisamment de toilettes quand on a construit ce foutu club, il est impossible d’aller pisser. De plus, je me fais toujours emmerder dans les chiottes. Voilà pourquoi je me targue d’utiliser un seau de mayonnaise Hellmann à mon nom, placé dans la cuisine. C’est une source d’hilarité pour tout le monde (sauf quand ils doivent eux aussi se soulager). Suzanne connaît un 45 —

truc imparable pour faire tenir le seau à des gens pendant un petit moment. Quand ils finissent par lui demander à quoi il sert, elle leur répond. Un âne gratte l’autre. Cependant, « non, je ne veux pas pisser, chérie », lui dis-je, « je veux juste souffler un coup ». Revigoré, je sors de la cuisine et repère un escadron de videurs armés de battes de base-ball qui se dirigent vers le fond de la salle pour tabasser consciencieusement plusieurs gangsters. On apprend qu’ils avaient emmerdé un serveur chargé de ramasser les verres. Damien est une vraie mère poule avec le personnel. Ce soir, il y a eu jusqu’à présent quatre bagarres, un pistolet braqué, deux employés du bar agressés, un règlement de comptes expéditif au fond de la salle, des drogues vendues et consommées en quantités normales (normales pour nous, en tout cas). Je retourne dans la cabine du DJ, histoire de faire profil bas. Mais j’oublie rapidement ce stratagème et je finis par rejoindre ma clique, trop déchiré pour remarquer quoi que ce soit. On s’éclate à fond. La police fait son entrée pour dénicher des petits malins qui ont séché le tribunal, pincer d’éventuels consommateurs de stupéfiants et, d’une manière générale, nous en faire baver. Ils se font escorter par les videurs, qui les protègent de la foule. Quand ils se retirent, les flics se font inonder de crachats et de bière, mais ne ripostent pas. (Alors pourquoi venir ici, finalement ? Bonne question. Vous appelez ça une démonstration de force ?) Puis c’est au tour du service des licences de s’inviter et d’enquiquiner Ang. À 1h40 du matin, nous sommes censés arrêter de servir et récupérer toutes les boissons ouvertes sur les tables. C’est cette obligation qui cause bien sûr le plus de problèmes, étant donné que tout le monde refuse de rendre sa bouteille – particulièrement les gangsters, qui défient ouvertement la règle. Du coup, folles de Nuit


Un soir à l’Hacienda rage, les autorités commencent à nous menacer. Au bout de quelques minutes en apparence – tout passe trop vite – il est 2h00 du matin, la fin de la soirée. Une fois la musique coupée, la foule se met à crier : « Encore un morceau, encore un morceau. » Je pousse Graeme à s’exécuter. « Tu es sûr ? Ang est au courant ? », demande-t-il. En tant que détentrice de la licence, Ang est chargée de faire respecter l’heure de fermeture, sans quoi les autorités nous pinceront sous prétexte que nous ne nous plions pas à l’horaire réglementaire. J’ose un mensonge : « Bien sûr qu’elle est d’accord, et puis de toute façon, c’est moi le patron, ah ah ! » Graeme passe un morceau de Candi Stanton : You Got The Love. Je lève les mains en l’air (tout comme Candi le fait dans les paroles de la chanson) tout en chantant I know I can count on you. Quel connard je fais. Le club explose. Je hurle. « Ouais ! Ouais ouais ouais ! » Tout cela n’est que de courte durée. Ang fait irruption dans la cabine et me colle une baffe. Graeme s’esquive et Ang ôte le diamant du disque d’une pichenette. « Les types des licences me gueulent dessus, me ditelle en criant. Dehors, tout de suite. » Oups, j’ai recommencé. J’ai beau être copropriétaire de la Haçienda, je n’en suis pas le gérant. Encore heureux. Un peu penaud, je sors de la cabine et la suis dans les escaliers. « Ang, tu peux nous enfermer dans le club ? » Elle me dépose un lourd paquet contre la poitrine. « Non. Tiens, prends un pack de bières et dégage », rétorque-t-elle. Charmant.

en route pour une after à Salford. On décolle. Le conducteur est en plein trip. « T’inquiète, me lance Twinny, il n’a pas bu une goutte d’alcool. » Nous ouvrons nos canettes, glissons une cassette dans l’autoradio, montons le son et nous mettons à l’aise. Sur Regent Road, nous nous arrêtons à un feu rouge. Oups, il y a une voiture de flics derrière nous. Une voiture de flics. Ce n’est pas possible, nous transportons plus de drogues que les armoires de l’hôpital Hope. Je suis complètement fait. « Restez calme, tout va bien se passer », nous lance le conducteur. Mais quand le feu passe au vert, il reste immobile ; il trippe tellement fort qu’il en est devenu daltonien. Subitement, nous nous retrouvons encerclés par les flics. On nous vire de la caisse et notre chauffeur se fait embarquer. Comment rentrer chez nous à présent ? C’est à ce moment qu’un des poulets pose les yeux sur moi. « Vous êtes Peter Hook, de New Order ? » « Ah, génial, me dis-je, un fan ». Je lui lance un sourire en le regardant dans les yeux, avant de rétorquer : « Eh oui, c’est moi. Pouvez-vous me déposer à Salford s’il vous plaît m’sieur l’agent ? Pas question, réplique-t-il. J’ai toujours préféré les Smiths. »

Ce texte est extrait de L’Hacienda, la meilleure façon de couler un club de Peter Hook, traduit par J.-F. Caro.

Je rejoins mes potes et nous nous dirigeons vers la sortie en serrant le sac contre moi. Nous nous retrouvons dans une Ford Escort à deux portes, 46 —

Coll. Attitudes, édition le Mot et le Reste, 2012, prix : 26€

Nuit


LA BONNE PLAYLIST Ω Alex Gopher

STÉPHANE “ALF” BRIAT

Alpine Gazoline (2012)

Frais, positif, pop, parfait ! Hotel Mexico Wolves running through the desert (2012)

Épique et granuleux comme le sable du désert. Todd Terje Inspector Norse (2012)

La Suède s’habille en Italie. White Fence She relief (2012)

Trippé, distordu, psychédélique. Tout Paris s’arrache ses talents

Lightships

de mixeur. Cet homme de l’ombre

Silver and Gold (2012)

a travaillé avec Air, Phoenix,

Le projet solo de Gerard Love de Teenage Fanclub : superbe.

Quadricolor, Thomas Dutronc, Arnaud Fleurent-Didier, Camelia

Julio Bashmore

Jordana ou Mustang. L’ingé-son

Au seve (2012)

aussi producteur à ses heures

Ce morceau est du venin.

nous livre sa playlist pour rentrer du bon pied.

Disclosure What’s in your head (2012)

Venin 2. Simian Ghost Automation (2012)

De la pop à la ligne claire pour vivre comme dans une série TV. Alpaca Sports She’ll come back for indian summer (2012)

Pour faire durer l’été même à la rentrée. Teen Daze The future (2012)

Les nuits de Vancouver.

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Nuit


LE BON AGENDA La sélection de ParisLaNuit.fr Vendredi 07/09 23h30 Machine du Moulin Rouge 15 €

Samedi 22/09 23h Le Social Club 13 €

≥ Zombie Nation + Bambounou + Duke Dumont

≥ Marble avec Surkin Bobmo & Guests

23h55

La Belleviloise 18 €

00h

≥ The Gaslamp Killer Vs. James Pants

La Maroquinerie 13 €

≥ The Brain Festival avec Poni Hoax + Joakim & More

Samedi 08/09 18h Le Petit Bain 18 € Mardi 25/09 20h Le Trabendo 20 €

≥ Wilde Reante Boat avec Masomenos 23h

≥ Dan Deacon

Le Point Éphémère 12 €

≥ Smallville Paris 5 Years Birthday : Pantha Du Jeudi 27/09 20h La Gaîté Lyrique 21 €

Prince + Jacques Bon & More 23h30

≥ Breton

Le Showcase

≥ Hellum Audio Label Night avec Maceo Plex Vendredi 28/09 18h Wanderlust Gratuit Lundi 10/09

20h

≥ The Kills x Surface To Air : The Kills + Lil Mike +

Point Éphémère 16 €

Louis Heel aka Disco Doctor

≥ Evening Hymns + Wooden Sky

00h

Le Rex Club 12 €

Mercredi 12/09 23h Le Social Club Gratuit

≥ Versatile Label Nightavec Chateau Flight + I:Cube

≥ Bakelite avec Anoraak + Jupiter + Blackjoy

+ Étienne Jaumet

Jeudi 13/09 18h Wanderlust Gratuit

Samedi 29/09 23h Le Social Club 13 €

≥ Get Physical 10 years bday : M.A.N.D.Y + Lopaz

≥ Boyznoise Party avec Spank Rock + Strip Steve

(live) + Steeve Rachmad et javier Logares

et SCNTST

21h

Le New Morning 12 €

23h

≥ Art Is Alive avec La Fine Équipe 23h

La Machine du Moulin Rouge 12 €

≥ Wet For Me Avec Dinky + Notic Nastic Live

Le Petit Social Gratuit

≥ Pelican Fly Avec Nguzunguzu + Dj Slow + Berou +

Dimanche 30/09 19h Machine du Moulin Rouge 23 €

Richelle & Manare

≥ Kid Koala

Vendredi 14/09 20h Point Éphémère14 €

Lundi 01/10 19h30 L’Olympia 38 €

≥ Cheek Mountain Thief

≥ Death In Vegas

23h30

Le Showcase 14 €

≥ Circoloco Ft Martinez Brothers + Davide Squillace

Mercredi 03/10 19h30 Le Bataclan 30 €

& Dan Ghenacia

≥ Squarepusher

Samedi 15/09 23h Le Social Club 13 €

Vendredi 05/10 00h Le Rex Club 12 €

≥ Off The Hook avec Todd Terje et Acid Washed

≥ Btrax Party Avec Karotte

00h

Le Rex Club 12 €

≥ Circus Company Club : Noze + Sety + Frank Roger

Samedi 06/10 23h La Rotonde Stalingrad 12 € ≥ Snatch Party

Mercredi 19/09 20h Point Éphémère 15 € Envoyez votre prog à : emmanuel@parislanuit.fr

≥ Best Coast + Blood Beach

48 —

Nuit


PRÉSENTE

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