Le Bonbon Nuit 25

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Nuit

Octobre 2012 - n째 25



ÉDITO Bonne Nuit L’autre fois, je crois bien que j’ai forcé un peu sur la dose. Du coup, mes circuits de reconnaissance neurologique ont commencé à planter sévère. La nuit parisienne m’est alors apparue comme un immense zoo où les qualités humaines laissaient leurs places à des comportements animaux. Ainsi, ce soir-là, j’ai vu des gorilles à l’entrée des boîtes vociférant sur un troupeau de brebis, j’ai vu des requins s’en mettre plein les poches, j’ai vu des pigeons, j’ai vu aussi des singes agiles derrière les platines et des bœufs assoiffés s’abreuver dans des bacs à bière. En sortant de cette cage à lapins, j’ai vu dans la rue des chiennes tenues en laisse par des maquereaux, j’ai vu des bergers allemands courser des coyottes en survet’, des hyènes vendre des trucs stupéfiants, il y avait aussi des renards qui flattaient des corbeaux, et, bien sûr, des paons qui gonflaient leurs cages thoraciques. En continuant ma route, j’ai vu tout un groupe de bonobos qui avaient décidé de se réconcilier en prenant le chemin d’une backroom, j’ai vu également un couple de tourtereaux faire une danse nuptiale dans les buissons. Et puis, fatigué, je suis rentré chez moi. Ouais, j’avais vraiment forcé sur la dose, mes circuits de reconnaissance avaient besoin de sommeil. Je suis allé dans ma salle de bain et j’ai regardé dans la glace. Et là, j’ai aperçu un perroquet croisé avec un fennec. Merde. Je crois bien que j’ai vu un journaliste. La nuit est une comédie humaine comme une autre. MPK Rédacteur en chef adjoint

Rédactrice en chef — Violaine Schütz michael@lebonbon.fr

violaine@lebonbon.fr

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| Directeur artistique — Tom Gordonovitch

tom@lebonbon.fr

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Photo couverture — Vahina Giocante par Nicola Delorme | Secrétaire de rédaction — Sophie Rosemont Régie publicitaire — regiepub@lebonbon.fr Lionel 06 33 54 65 95 | Contactez-nous — nuit@lebonbon.fr Siret — 510 580 301 00016 | Siège social — 12, rue Lamartine 75009 Paris 1—

Nuit



SOMMAIRE Le Bonbon Nuit

p. 05

le bon timing

la bonne étoile

les bonnes parisiennes

le bon producteur

le bon portrait

le bon dessinateur

paris la nuit

la bonne révélation

le bon film

la bonne analyse

le bon album

la bonne tendance

le bon écrivain

le bon son

la bonne playlist

Vahina Giocante

p. 06

Elles sont Paris

p. 10

Matthew Dear

p. 14

Rone

p. 15

Philippe Valette

p. 20

Julie Héneault

p. 24

Lescop

p. 26

Willis & Gordon-Levitt

p. 30

Profession physio

p. 32

Yan Wagner

p. 34

Girls Don’t Just Want To Have Fun

p. 38

Agnès Desarthe

p. 41

Mode & Musique

p. 44

Siegfried Vigier

p. 46

p. 48

le bon agenda

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LE BON TIMING Les événements à ne pas manquer Sexy Les apérotiques se dessinent sous la forme d’afterwork artistique érotique visant à réhabiliter l’érotisme au sens noble du terme en développant les 5 sens au travers de l’art (concert, fooding « étoilé », performance, lecture de texte érotique, workshop, happening, clubbing… ) Sur liste exclusivement depuis le groupe facebook « Les apérotiques » Jeudi 25 octobre de 19h à 2h au Pavillon du Lac

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Du porno pour mamans

Raffaele Cariou / DR / DR / DR

Fifty Shades Of Grey, le phénomène littéraire qui a secoué l’étranger, sort enfin ce mois-ci en France, chez Lattès. 40 millions d’exemplaires se sont vendus en anglais, et tous les peoples se sont déclarés fans de ce roman érotique d’un nouveau genre appelé « mommy porn » de l’auteure E.L. James. Fifty Shades of Grey de E.L. James, le 17 octobre chez JC Lattès sous le titre 50 nuances de Grey. 5—

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LA BONNE ÉTOILE ® MPK Ω DR

VAHINA GIOCANTE CONNAIS-TOI TOI-MÊME

À l’occasion de la sortie d’ELLESONPARIS (20 personnalités parisiennes chantent 20 arrondissements de Paris), nous avons eu la chance d’avoir un brin de conversation avec la surprenante Vahina

guitare au coin du feu, ce n’est pas vraiment pas mon truc. Quitte à faire de la musique, je préfèrerais m’investir sur un projet électro, car c’est un style musical que j’écoute beaucoup.

Giocante. Aux antipodes des clichés de la belle écervelée, elle nous livre en toute franchise les pour-

Le texte de la chanson que tu interprètes (Rendez-

tours de son être.

vous rue Charlot, NDLR) traite de l’infidélité. Je crois savoir que tu as des positions assez sereines par

Très jeune, tu es partie de chez toi pour faire de la

rapport à la tromperie…

danse. Tu as ensuite commencé ta carrière d’actrice

(sourire) J’ai 31 ans, et j’ai maintenant une certaine maturité. Je pense avoir été trompée, j’ai trompé également, ce sont des choses qui s’envisagent vraiment au cas par cas. Après, j’ai quand même une vision de l’amour absolu, c’est bien quand les choses sont fluides… Le romantisme et l’exclusivité, je trouve cela beau.

à 14 ans, avec Marie Baie des Anges. Te voilà maintenant chanteuse, et plutôt avec un joli grain de voix… Comment s’est passée ta rencontre avec l’équipe ELLESONPARIS ?

Je n’ai pas vraiment la sensation de chanter, j’ai plutôt l’impression de parler sur cette chanson… Comment ça s’est passé ? J’avais des amis en commun avec Nicolas Boualami, l’instigateur de ce pari un peu fou… J’ai beaucoup aimé son approche et j’ai particulièrement apprécié le fait que les bénéfices soient reversés aux Toiles Enchantées, l’association d’Alain Chabat. C’était une belle façon de s’investir. Que les choses soient claires, la chanson n’a jamais été un fantasme pour moi, je ne pense pas avoir un talent suffisamment poussé… Je suis assez perfectionniste, et je préfère ne pas faire les choses plutôt que de les faire mal. Et puis chanter mes déboires amoureux avec une 7—

Ton visage reflète une féminité accrue. On peut également y décerner une certaine masculinité, me trompe-je ?

Tu ne te trompes pas du tout. Si on croit à la réincarnation, je pense avoir été plus souvent un homme qu’une femme, je comprends vraiment la psychologie masculine. Dans mes attributs masculins, j’ai quelque chose d’assez guerrier, je n’ai aucun mal à prendre les armes si besoin est, je suis assez téméraire, voire même impulsive ou inconsciente. Je travaille sur moi-même Nuit


Vahina Giocante

“J’AI FAIT PAS MAL DE FREE PARTIES PENDANT MA JEUNESSE.” pour développer des qualités dites plus « féminines » comme la patience ou la douceur. Mais ce n’est vraiment pas évident pour moi.

Tu as tourné avec Chabrol dans Bellamy. Quels sont tes souvenirs les plus marquants de lui ?

Chabrol, c’était un être avec une auto-dérision phénoménale. Il avait la coutume d’organiser à la fin de chacun de ses films un grand dîner qu’il présidait en bout de table. À la fin du repas, il se mettait debout, il chantait une espèce d’opérette, et la tradition voulait qu’on jette sur lui des boulettes de pain. Il avait besoin de ça, on l’encensait tellement, tout le monde l’appelait « patron ». Pour lui c’était une façon de tourner cela en ridicule. Après Blueberry en 2004, tu es partie voyager en Amérique du Sud pour prendre du recul. Est-ce que cette retraite est liée avec ta rencontre avec Jan Kounen ?

Tu sais, je voyage depuis que je suis toute petite. Maintenant, si on parle de voyage en tant que « voyage de l’esprit », oui, la rencontre avec Jan Kounen a été une vraie révélation. Jan a sans doute été un révélateur, mais ces expériences au fond, j’étais prête à les vivre, c’était là, en moi. J’ai lu que tu avais essayé toutes les drogues, est-ce

Tu as joué des rôles de lolita, de femme fatale…

vrai ?

Comment a évolué le rapport avec ton corps avec le

Je n’irai pas jusqu’à dire toutes les drogues. Les drogues qui sont dans la destruction, et non dans la recherche, je ne les prends pas. Si je prends des substances, ce n’est pas pour fuir quelque chose, ce n’est pas pour me défoncer, c’est vraiment pour me connaître. Je pense qu’on a une tendance à diaboliser les psychotropes, alors qu’ils permettent d’apprendre des choses sur soi ou sur le monde, et certaines fois, ils peuvent même remplacer une quinzaine d’années d’analyse. Il y a des grands chimistes qui ont découverts des molécules sous L.S.D, Steve Jobs a souvent dit que cela avait été l’une des plus grandes expériences de sa vie. Pour moi, c’est vraiment une fenêtre sur une évolution de conscience.

temps ?

C’est marrant, je parlais de ça hier… J’ai l’impression qu’en fait les rôles qu’on me propose sont en adéquation avec les périodes de ma vie. J’ai été lolita provocatrice quand j’avais besoin de me confronter à ça, ensuite je me suis retrouvée à jouer des rôles de pute, ensuite d’infirmière dans une période ou j’avais envie de sauver des brebis égarées… Pour en venir à mon corps, j’ai toujours eu un rapport qui était assez évident et tranquille grâce mon expérience de danseuse. Mais je me pose tout de même des questions sur le diktat de l’esthétisme, je me dis qu’il faut vraiment que je déploie autre chose. J’avance en âge et j’ai envie de vivre ma vieillesse sereinement, de l’incarner complètement. 8—

Est-ce que tu as un style d’homme bien particulier ?

Un homme bien dans sa féminité et sa masculinité. Nuit


Vahina Giocante Ton mec est prof de yoga. Quelle est la position de

Ton livre de chevet ?

yoga la plus compliquée ?

Là je suis en train de lire un bouquin qui s’appelle Les 8 circuits de conscience. Ce n’est pas du tout un livre ésotérique, c’est plus un essai qui traite à la fois du chamanisme et du cybernétique.

Tout simplement la position du lotus. Pour beaucoup de gens, c’est la position la plus difficile. Et en fait, toutes les positions servent la plus simple, qui est la position assise.

Le dernier disque acheté ? Le sexe est-il une forme de yoga ?

Oui… Il y a beaucoup de gens qui confondent le sexe et le yoga tantrique, ce dernier n’incluant pas nécessairement un contact physique. Après, il y a pas mal de points de comparaison entre le yoga et le sexe comme le souffle et la respiration. Et puis en sanskrit, « yoga » veut dire « unir », et lorsqu’on peut partager avec quelqu’un cette dimension-là, cette dimension qui va au-delà du charnel, cela rend l’acte sexuel presque sacré. Es-tu un oiseau de nuit ?

Je l’ai été, beaucoup. J’ai été un papillon de nuit éphémère, d’ailleurs quand on me demandait mon prénom, je répondais que je m’appelais Éphémère et je disparaissais immédiatement après, c’était ma façon de m’esquiver. Vu que j’aime la danse et la musique électronique, j’ai fait pas mal de free parties pendant ma jeunesse… Et puis mon père était DJ techno pendant les années 80, donc j’ai vraiment baigné dans ce milieu pendant mon adolescence, d’ailleurs j’ai rencontré Laurent Garnier lorsque j’avais 14 ans… C’est un univers qui m’est assez familier. Maintenant, j’écoute plus de l’électro et du dub, je me suis dirigée vers des choses moins radicales.

Je suis très fan de Toys et de son dernier morceau Noise. Dimethyltryptamine de Nit Grit tourne également sur ma chaîne. Tes adresses à Paris ?

J’ai une manière bien particulière de m’alimenter car je ne mange pas de viande. Il y a un resto incroyable qui s’appelle Voy Alimento et qui se trouve rue des Vinaigriers. On y mange des aliments que l’on ne trouve pas partout, comme du maca. Il y a un autre restaurant super bon, Soya, qui se trouve rue de La Pierre Levée. Ton remède contre la gueule de bois ?

L’alcool, c’est vraiment pas ma came, donc ça fait hyper longtemps que je n’ai pas eu la gueule de bois. Allez, pour faire vraiment classique, je dirais du jus de citron avec du gingembre, beaucoup de gingembre.

ELLESONPARIS ≥ Album-livre avec une préface d’Yves Simon, éditions de La Martinière —

Quelle est la plus belle séquence cinématogra-

Avec Natacha Régnier, Marie-Amélie Seigner,

phique qui évoque pour toi la nuit ?

Vahina Giocante, Hanna Schygulla, Agnès Jaoui,

J’aime beaucoup les films de l’américain Darren Aronofsky. Plus qu’une séquence, ce serait globalement son cinéma qui m’évoquerait le monde nocturne.

Charlotte Rampling, Juliette Gréco et Anna Mouglalis, Adrienne Pauly, Elisa Tovati, Irène Jacob, Zaza Fournier, Elsa Zylberstein, Elisa Sednaoui, Laura Smet, Jane Birkin, Dominique Blanc, Maria de Medeiros, Romane Bohringer, Zoé Félix.

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LES BONNES PARISIENNES ® MPK Ω Nicola Delorme

ELLES SONT PARIS Elles ont participé également à

Laura Smet - Actrice

ELLESONPARIS. À l’hôtel Luté-

Ton film préféré sur Paris ?

tia, une coupe de Ruinart dans

The Man Who Cried, avec Johnny Depp.

la main et un stylo dans l’autre,

Ta chanson préférée ?

Le Bonbon Nuit en a profité pour

Paname de Piaf.

soumettre ces célèbres citadines

Le cocktail qui symbolise le mieux la capitale ?

à un questionnaire “100% pari-

Un diabolo fraise.

sienne”…

La meilleure soirée que tu as passée à Paris ?

Quand mon père a fait un concert à la Tour Eiffel. Et la pire ?

No comment. Le Parisien est-il un bon amant ?

Pas toujours. L’endroit le plus érotique pour faire l’amour à Paris ?

Sous les toits, avec la pluie qui tombe. Et le plus romantique ?

Dans un cinéma. Qu’est-ce que tu exècres le plus à Paris ?

L’humeur des gens. Ta solution pour combattre le stress ?

Un bon massage. Les bars que tu fréquentes quand tu veux t’enivrer ?

Ça, c’était avant (sourire). Si Paris devait se résumer en 3 mots, ce serait lesquels ?

Gris, beau, magique. Le héros de ton arrondissement ?

Le marchand de légumes du marché bio, le dimanche matin. La ville que tu préfères après Paris ?

Los Angeles. La Parisienne a-t-elle un remède spécial contre les lendemains difficiles ?

Dormir ! 10 —

Nuit


Elles sont Paris Adrienne Pauly - Chanteuse Ton film préféré sur Paris ?

Les 400 coups, avec Jean-Pierre Léaud qui fugue dans Paris… Ta chanson préférée ?

Revoir Paris, de Trénet. Le cocktail qui symbolise le mieux la capitale ?

Moi j’aime le rouge, le gros rouge qui tâche. La meilleure soirée que tu as passée à Paris ?

C’était dans mon lit. Et la pire ?

Hier. Je suis allée à la Design Week, et j’ai vu des objets bizarres. Le Parisien est-il un bon amant ?

Les êtres sont des êtres, ta question est mal formulée. Moi, je suis avec un Parisien, un petit maigrelet qui n’arrête pas de se regarder dans la glace. Le Parisien est très coquet. Et la Parisienne ?

J’en sais rien, j’ai jamais essayé. L’endroit le plus érotique pour faire l’amour à Paris ?

Là où ça viendra. Et le plus romantique ?

Je suis anti-romance. Je lutte contre mon propre romantisme. Ta solution pour combattre le stress ?

Boire une bouteille de vin en écoutant Billie Holiday, avec les miaulements d’un chat dépressif en fond sonore. Les bars que tu fréquentes quand tu veux t’enivrer ?

Le plus proche, au coin de ma rue. Le Château d’Eau. Si Paris devait se résumer en 3 mots, ce serait lesquels ?

Paname, c’est la vie qu’t’as choisi, le macadam. Paname, t’es richard, t’es fauch’man, on s’en tape, t’as choisi, t’es d’Paris. L’endroit où tu te sens le mieux dans ton arrondissement ?

J’aime pas trop là où je suis en fait, j’ai déménagé y’a neuf mois. Strasbourg Saint-Denis, c’est assez violent. Je vis en face d’un hôtel de passe. Le héros de ton arrondissement ?

J’habite rue Jarry, et Alfred Jarry, c’est mon héros. J’ai une voisine vietnamienne aussi qui s’appelle Kim, et qui est une musicienne exceptionnelle. T’arrive-t-il des fois d’aller en banlieue ?

Ouais, j’y suis allée, même pendant que ça pétait en 2005. La Parisienne a-t-elle un remède spécial contre les lendemains difficiles ?

Coca-Cola, deux baffes dans ta gueule et ça repart.

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Elles sont Paris Marie-Amélie Seigner - Chanteuse Ton film préféré sur Paris ?

Un Tango à Paris, avec Marlon Brando. Ta chanson préférée ?

Les Grands Boulevards d’Yves Montand. Le cocktail qui symbolise le mieux la capitale ?

Le cocktail du Baron, vodka/champagne/fraise. La meilleure soirée que tu as passée à Paris ?

Ouch… Je suis tellement sortie… Et la pire ?

J’ai vraiment passé des nuits extraordinaires à Paris, je n’ai pas de souvenirs de soirées glauques. Le Parisien est-il un bon amant ?

Non. Je pense qu’aujourd’hui il faut chercher ailleurs, peut-être que je les ai tous essayés. Et la Parisienne ?

Moi, en ce qui me concerne, ouais. L’endroit le plus érotique pour faire l’amour à Paris ?

Une porte cochère. Qu’est-ce que tu exècres le plus à Paris ?

L’attitude des Parisiens de temps en temps. Je trouve qu’il y a un manque de communication ces dernières années. Ta solution pour combattre le stress ?

Je fais de la barre au sol et du Pilates. Les bars que tu fréquentes quand tu veux t’enivrer ?

Je ne me saoule plus. Je vais quand même essayer un nouveau lieu qui s’appelle l’Experimental Cocktail Club dans le Sentier. J’adore les bars d’hôtel aussi. Si Paris devait se résumer en 3 mots, ce serait lesquels ?

Sublime, mon repaire, mon stress. L’endroit où tu te sens le mieux dans ton arrondissement ?

J’habite dans le 5e et j’aime tout le 5e. Mais maintenant j’aimerais bien habiter dans le 9e/10e/11e. Le héros de ton arrondissement ?

Mon cordonnier. C’est un personnage. T’arrive-t-il des fois d’aller en banlieue ?

Euh, je vais dire oui… Mais non en fait, pas souvent. La ville que tu préfères après Paris ?

Londres puis Rome. La Parisienne a-t-elle un remède spécial contre les lendemains difficiles ?

Détox : radis noir et artichaut.

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Elles sont Paris Zaza Fournier - Chanteuse Ton film préféré sur Paris ?

Les Enfants du Paradis. Ce n’est pas exactement un film sur Paris, mais l’ambiance qui y est décrite me plaît beaucoup. Ta chanson préférée ?

Toutes les chansons de Fréhel. Le cocktail qui symbolise le mieux la capitale ?

Une coupe de champagne, tout simplement. La meilleure soirée que tu as passée à Paris ?

C’était avant les vacances d’été, chez des amis. Depuis quelques années, je fais surtout des soirées chez des potes. Et la pire ?

Un soir du nouvel an. Je devais avoir 17 ans. J’étais censée être sur la liste à Chaillot, et en fait, pas du tout. On s’est fini dans un rade où l’une de mes copines a fait un malaise. C’était vraiment une soirée naze. Le Parisien est-il un bon amant ?

(rire) Euh… Ça peut, mais dans mon histoire personnelle, ce ne sont pas les Parisiens qui ont été gagnants. L’endroit le plus érotique pour faire l’amour à Paris ?

Ça dépend du partenaire… Un peu partout en fait, ta cuisine peut devenir le temple de l’érotisme (sourire). Et le plus romantique ?

Moi j’aime bien les vieilles chambres d’hôtel. Qu’est-ce que tu exècres le plus à Paris ?

La violence sans visage de la ville. Ta solution pour combattre le stress ?

Partir pour mieux revenir. Les bars que tu fréquentes quand tu veux t’enivrer ?

Je n’ai pas vraiment de rade habituel, j’aime plutôt découvrir les petits bars de quartier. Si Paris devait se résumer en 3 mots, ce serait lesquels ?

Fantasme, violent, excitant. L’endroit où tu te sens le mieux dans ton arrondissement ?

Un petit parc à côté du 104 qui est toujours désert le matin. Le héros de ton arrondissement ?

Mon poissonnier : Le Homard Parisien, rue du Faubourg-SaintMartin. T’arrive-t-il des fois d’aller en banlieue ?

Plus jamais ! J’ai passé presque 10 ans de ma vie au bout du RER D. La ville que tu préfères après Paris ?

Marseille. Ou Tokyo. Ton remède spécial contre les lendemains difficiles ?

Que des trucs dégueulasses, comme un gros Mc Donald. 13 —

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LA BONNE RÉVÉLATION ® MPK Ω Antoine Carlier

LESCOP LA CARESSE ET LE COUTEAU

Entre l’affirmation et le doute, le poétique et le pro-

Etais-tu le genre de mec à traîner à La Java des

saïque, le béton et la terre cuite, Lescop installe son

Paluches à La Rochelle ?

premier album éponyme sous le jeune label Pop

Absolument ! Ce sont des amis qui tiennent cet endroit. C’est un bar très « rock », qui a la même déco que feu La Mécanique Ondulatoire à Paris, puisque c’est le même patron qui gérait ces deux établissements. En tout cas, si vous allez à La Rochelle, allez à La Java des Paluches, vous allez vous marrer…

noire. Nous avons pris le temps de disserter avec ce grand espoir de la musique française. Hello Mathieu. Pour ceux qui ne te connaissent pas encore, peux-tu nous tracer rapidement l’itinéraire qui va du jeune ado rochelais au chanteur « révélation de la pop française » ?

En 1997 j’ai rejoint un groupe de La Rochelle qui s’appelait Asyl. À l’époque, on était le seul groupe à écouter Joy Division, on n’était pas vraiment en odeur de sainteté, on était un peu les Lucrate Milk du coin, on avait un petit peu ce côté baroque et circassien punk. On s’est dit qu’il y avait quelque chose à faire, même si tout le monde se foutait de notre gueule. En se débrouillant, on a fait des jolies dates, comme le Printemps de Bourges ou les Francofolies… Ça a commencé à prendre, on a tourné en France et en Europe, et puis à partir de ce moment-là, tu te dis : « Ça y est, je ne suis plus un branleur, je suis un musicien… » Du coup, je me suis mis à vraiment travailler mes textes, et le fait de bosser mon écriture m’a donné envie d’aller plus loin et ailleurs. J’ai essayé alors de trouver une autre musique pour accompagner ce que je faisais, et ça s’est fait avec Johnny Hostile qui était un pote depuis 10 ans. Et puis Gaël (guitare, basse, clavier) est venu apporter une profondeur supplémentaire à ce projet. 15 —

Pas mal de jeunes musiciens français ont fait le choix de rester en province. Venir vivre à Paris étaitil une évidence pour toi ?

Oui, parce qu’à Paris il y avait Gaël. Un jour, il m’a dit sur le ton de la plaisanterie - à un concert de Daniel Darc au Palace d’ailleurs - que j’allais venir vivre ici. L’appart d’un ami à Vitry s’était libéré, du coup, j’ai sauté sur l’occase et je m’y suis installé avec ma copine il y a un peu plus d’un an. Tout est devenu alors plus simple, et notre projet a vraiment trouvé sa vitesse de croisière comme ça. Avec des morceaux comme La Forêt, La nuit américaine, Tokyo la nuit, Un rêve, Paris s’endort, ton album transpire la nuit. Est-ce juste un effet de style, ou es-tu un réel noctambule ?

Non, c’est plus un effet de style (rire)… C’est vraiment pour me la jouer (rire), il n’y a aucune sincérité de ma part (ironie)… Sérieusement, j’ai été un grand noctambule, et j’étais aussi un noctambule fauché, ce qui est tout à fait possible en province, Nuit


Lescop mais qui est beaucoup plus compliqué à Paris. Je ne connais pas très bien le milieu de la nuit parisienne. Par contre, la nuit physique en tant que sujet m’inspire, car ce que j’aime bien, c’est qu’il y a un côté démocratique. Tu sais moins d’où viennent les gens la nuit, ils se livrent plus facilement et donnent autre chose d’eux-mêmes. La plupart du temps, c’est la nuit que tu tombes amoureux, que tu roules des pelles à ta nouvelle conquête, que tu picoles, c’est la nuit que tu prends des drogues… Il y a plus de voyages intérieurs la nuit, j’adore lire, regarder des films la nuit… Tout cela est très évocateur.

C’est la chanteuse qui accompagne Arnaud Fleurent Didier. Ce texte, je l’avais déjà essayé sur une autre instru et ça n’avait pas marché, on n’était pas contents. Johnny, en cherchant dans ses tiroirs, à trouvé quelque chose qui matchait bien, et on s’est dit que ce morceau était parfait pour un duo. On voulait quelque chose d’un peu sixties avec ce son de clavecin à la Amicalement vôtre, et Dorothée correspondait complètement à ce style avec son côté Françoise Hardy. Quand tu l’écoutes chanter, tu as l’impression que Jean-Pierre Léaud va débarquer… Elle a vraiment ce truc d’élégance venimeuse, et une diction parfaite, j’ai toujours aimé les femmes qui ont une diction parfaite.

Tokyo la nuit est un hommage à Confession d’un Masque de Mishima, bouquin qui dépeint le milieu

Tu revendiques ton album comme de la variété bipo-

gay japonais des années 50. As-tu une accointance

laire ? Ça veut dire quoi ça ?

particulière avec la communauté homo ? J’ai cru

Si on a appelé ça variété bipolaire, c’est qu’on voulait faire de la variété, au sens noble du terme, entre deux opposés. En Occident, on réfléchit vachement en terme binaire. Pour moi, ce qui est intéressant, c’est ce qu’il y a entre les deux. C’est pour ça que pour la production de l’album et l’écriture des textes, le silence a été aussi important que le bruit… S’il y a de la vitesse, il y a aussi de la lenteur, s’il y a une perpendiculaire, il y a aussi une courbe. On a voulu travailler sur les équilibres, et le déséquilibre fait parti de l’équilibre : un funambule, s’il ne veut pas tomber, ne doit pas rester statique. Il doit chalouper entre la gauche et la droite. C’est exactement ça, la variété bipolaire.

entendre ici et là qu’elle t’appréciait beaucoup…

Je l’ai fréquenté en outsider, ouais. Moi, ce qui m’a toujours plu dans le milieu gay, c’est qu’il est souvent à l’avant-garde. Ce sont des gens que l’ordre moral a marginalisé, et ce sentiment de marginalité a fait qu’ils se sont tournés vers ce qui est nouveau et différent. C’est pour cela que j’ai une certaine fascination pour cette manière d’être. Et puis je suis très fan de Cruising avec Al Pacino (rire). Des amis m’ont demandé de te poser la question suivante : d’où viennent les voix à la fin de La Forêt ?

C’est un flashback de la rencontre entre les deux personnages de la chanson. Quand le mec est tué à la fin par cette nana, il voit ce moment-là défiler. On a enregistré les voix comme ça, en studio, on s’est mis à picoler en plein après-midi, on était quatre, et on a entassé des pistes pour donner l’impression qu’il y ait plein de monde.

On ne te prendra pas la tête sur tes influences musicales. Toute la presse voit en toi un mélange entre Daho, Curtis et Darc… Par contre, crois-tu qu’il y ait une réelle histoire d’amour entre la synth wave/ cold wave et la langue française, histoire d’amour qui a avorté avec le rock, le hard rock et la pop ? Cela vient-il de la monotonie rythmique de notre langue ?

À la rédac, on est fans du titre Le Mal mon ange… Peux-tu nous parler de Dorothée De Koon avec qui tu fais le duo ? 16 —

Je pense qu’il y a de ça oui, mais même si la langue française n’a pas beaucoup d’accents, je n’aime pas le terme “monotonie”. Cette particularité s’acNuit


Lescop corde bien avec des rythmes binaires et des mélodies froides… (il réfléchit) Mais en même temps, il y des gens qui font de la musique africaine en chantant en français dessus, et ça fonctionne très bien. Pour revenir à ta question, en France on a quand même une esthétique assez ambivalente. À Paris, il y a des architectures Art Nouveau et en même temps il y a ce côté Haussmann qui est tracé à l’équerre. Dans mes textes, on peut retrouver le côté tarabiscoté de l’Art Nouveau et dans les instrus, cette rigueur hausmannienne. Si ça se trouve, sur le prochain album, ce sera différent. On va te prendre la tête avec des inspirations littéraires. Tu écris toi-même tes textes, ils ont une grande importance dans ta musique. Qui sont tes héros littéraires ?

Récemment, il y a le Limonov d’Emmanuel Carrère que j’ai beaucoup apprécié. Je lis aussi pas mal d’ouvrages historiques, en ce moment je suis sur l’aviation de la guerre de 14-18. Un personnage comme le Baron Rouge m’a beaucoup inspiré. Un écrivain comme Drieu La Rochelle m’a aussi pas mal interrogé, avec son côté dandy sophistiqué très parisien. Il a ce côté décadent, bizarre, et en même temps c’était un collabo, ce mec était complètement flippant… Si tu réfléchis bien, il s’inscrit vraiment dans l’Histoire de France avec ses zones obscures.

Fan de Godard aussi ?

Il y a quelques trucs que j’aime bien de lui, mais tu vois par exemple, Pierrot le Fou, ça me fait chier. Je trouve ça trop bancal, y’a un truc qui m’emmerde. Ne crois-tu pas que paradoxalement, le cinéma d’auteur français actuel est perverti par cet illustre héritage ?

Arf, je ne déteste pas le cinéma français actuel. Après le problème, c’est que l’on fait une école et une référence de quelque chose qui justement essayait d’être non-académique. C’est comme le punk, maintenant il y a des vieux punks qui disent : « Ah non, c’est pas comme ça qu’on faisait à l’époque ! » Attends, eux, en 1977, ils disaient qu’il fallait mettre un coup de pied dans tous les discours sur la méthode… Cette façon de devenir gardiens du temple me dérange un peu. La Nouvelle Vague et le punk, c’est les mêmes démarches au départ, et c’est les mêmes récupérations derrière. Tes adresses la nuit à Paris ?

J’ai mes habitudes au Tiki Lounge, rue de la Fontaine au Roi. C’est des potes qui tiennent le lieu, et je trouve que c’est un endroit vraiment agréable où tu peux boire les meilleurs cocktails de Paris. Sinon j’aime bien me balader dans le 13e, le dépaysement des cantines chinoises, ça me fait du bien. Ton remède contre la gueule de bois ?

Je te voyais plutôt lire de la poésie romantique ou symboliste…

J’en ai lu, ouais, mais c’est trop évident. Je ne peux pas m’inspirer de ça, il y a déjà tellement de mecs qui l’ont déjà fait. Si je lis de la poésie comme ça, c’est pour me détendre, pas pour aller y chercher des idées. C’est un peu un passage obligé pour les artistes maudits, et je me le suis interdit.

Il y a une technique qui marche bien, c’est de rester bourré, mais elle est mauvaise pour le foie... Le Coca/jus de citron, c’est pas mal. Il paraît que le jus de citron avec du Perrier chauffé, ça fonctionne super bien mais j’ai pas essayé… Et le top du top, c’est boire du Powerade.

Tu es également fan de cinéma, et de la Nouvelle

Lescop Pop Noire

Vague en particulier.

≥ www.popnoire.com/lescop_fr

Exact, j’aime les films de Léaud et de Melville… 17 —

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LE BON PORTRAIT ® Marie Prieux Ω Timothy Saccenti

RONE

ÉLÉGANCE & SYNTHÉTISEURS

Trois ans après Spanish Breakfast, Rone revient avec un second album Tohu Bohu. Expression de ses doutes, mise en forme de ses égarements, le disque est une vraie réussite.

Il parle vite, bafouille presque. Les idées se bousculent dans sa tête. Rone est un homme animé, dont l’environnement joue sur l’humeur. Agréable et plein de ressources, il étonne presque par son humilité. Après l’explosion de son titre Bora, joué sur les plus grandes scènes internationales, et la sortie d’un premier album, celui-ci n’a pas chômé. Tohu Bohu, dont la sortie est prévue ce mois-ci, arrive en trombe. Car si l’artiste a parfois du mal à mettre des mots sur sa musique, côté production, il se porte comme un charme. Les envolées et les émotions sont au rendez-vous dans ce qu’il nomme un « chaos apprivoisé, organisé et fixé sur un disque ». Car derrière les sons d’Erwan Castex se cachent autant de réactions physiques que de plaisirs auditifs : pincements au cœur, boules au ventre, frissons, l’electronica de Rone nous prend aux tripes, dans un tourbillon dont lui seul a le secret. Ayant débuté sa carrière dans le cinéma, et créant à l’époque « sans réelle ambition, par pure récréation », celui-ci était loin d’imaginer l’enthousiasme qu’il allait provoquer. Repéré par InFiné (label d’Agoria, The Hacker, Clara Moto, 18 —

Oxia…) il se lance donc, presque par hasard, dans une réelle carrière musicale. Toujours très proche de l’univers cinématographique (il occupait des postes d’assistant réalisateur, régisseur…), gros consommateur de longs métrages et de leurs musiques, il confie produire dans cet état d’esprit. « Lorsque que je travaille, c’est comme si je créais une B.O. orpheline. Les images se dessinent dans mon esprit. J’ai d’ailleurs déjà composé pour ‘La femme à cordes’, le film d’un ami. Une expérience que je renouvèlerai d’ici peu. » S’entichant à présent de synthétiseurs tels que les légendaires Korg MS20 ou Roland SH101, il brode à la perfection un monde aérien, riche, subtil, et déconcertant d’excellence. Des qualités qu’il n’a pu exploiter pleinement qu’en emménageant à Berlin. En « bon vieux parigot », comme il se décrit lui-même, la relation qu’il commençait à entretenir avec la capitale lui faisait du tort : trop d’agitation, de stress, et l’impression de brasser de l’air. Il reconnait même que l’album aurait très certainement été différent, s’il était resté ici, ressentant alors un besoin d’évasion: « Le vrai intérêt de tous ces changements, d’un point de vue artistique, est le mouvement en lui-même. Je commence d’ailleurs déjà à m’enraciner, et pense à changer d’air pour produire un troisième album ».

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L’aventure du live

Une chose est sûre, peu importe dans quelle ville l’artiste se trouve : il fait mouche. Étant plus proche des sons warpiens que berlinois, la facilité aurait certainement été de migrer vers l’Angleterre. Et, bien qu’il remette son talent en cause de manière inconsciente, il a su trouver sa voie, et convaincre son public. Quelle que soit la scène sur laquelle il joue, il fait « en sorte que les auditeurs s’adaptent » à lui, partent dans l’aventure du live, jamais trop parfait, mais toujours plein de surprises, de montées, de redescentes et de prises de risque. Il souhaiterait d’ailleurs inviter High Priest sur scène, pour l’une de ses dates (dans Tohu Bohu est présent un featuring avec le chanteur d’Antipop Consortium, ndlr). Et, bien que l’univers électronique de Rone ne laisse pas imaginer telle collaboration, InFiné lui a, à l’époque, directement proposé. « Avant ce morceau, il était difficile de deviner ma passion pour le hip-hop. Pour19 —

tant, il constitue une de mes principales influences ! Il y a quelques années, j’étais un vrai autiste, j’en écoutais comme un dingue. Mais j’ai toujours eu l’impression qui ne serait pas très honnête d’en composer, étant donné que je n’ai jamais vécu dans un quartier craignos (rires). » Aujourd’hui, Rone prépare sa tournée et poursuit la production, suivant son instinct, n’intellectualisant pas ses idées, et trouvant inspiration dans la vie en elle-même et les petites choses du quotidien.

Rone — Tohu Bohu In Finé rone-music.com — 04 oct - Festival IDF – Gaîté lyrique / Paris / LIVE 12 oct - La Plateforme / Lyon / LIVE 13 oct - Cultures Electroni[K] / Rennes / LIVE 29 nov - Festival Nemo / Issy Les Moulineaux

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LE BON DESSINATEUR ® Eric Vernay Ω Philippe Valette

PHILIPPE VALETTE WEBCOMIC VRAIMENT COMIQUE

Tout le monde a partagé sur Facebook le premier

dans une situation lamentable.

tome du webcomic de ce graphiste français qui vit

Peux-tu nous présenter ton Georges Clooney ?

à Londres, intitulé Georges Clooney Une histoire

C’est un con. Un mec un peu brutal. Il est préoccupé depuis le début de l’histoire à cause de cette crotte qu’il a trouvé dans son salon. Du coup, ça lui bouffe le cerveau, il manque de patience et devient super désagréable avec tout le monde. Il ne va pas très bien…

vrai (la faute d’orthographe est faite exprès), aussi absurde qu’hilarant. Rencontre avec son auteur, Philippe Valette. Quel est le rapport entre ton super héros et l’acteur George Clooney?

C’est complètement idiot. Au départ, c’est un non-choix. J’avais un certain nombre de cases déjà dessinées, ça commençait à devenir « cohérent » si l’on peut dire. Je me suis dit qu’il fallait un petit nom à ce personnage. Je voulais éviter le truc bateau qu’on trouve habituellement dans ce type de BD, « Super Dupont », « Super nul », « Super machin », etc. Le choix le plus débile – et donc le plus fidèle à l’esprit de la BD – consistait à prendre un nom déjà existant. Georges Clooney est le premier qui m’est passé par la tête. Mais il y a tout de même une différence : le vrai George (l’acteur américain) s’écrit sans « s ». Je ne l’ai même pas fait exprès, en réalité, mais aujourd’hui je suis content qu’on puisse les distinguer ! Les super-héros sont-ils trop sérieux ?

Peut-être. Avec Georges Clooney, c’était pas mal de mettre ce type de personnage souvent sérieux 21 —

Georges Clooney est-il ton premier webcomic ?

Oui. Je n’avais aucune ambition de ce côté là car je suis plutôt spécialisé dans l’animation 2D/3D, la direction artistique, la réalisation. Je ne pensais pas que ça prendrait un jour le statut d’un webcomic. C’était juste des gribouillages improvisés que j’ai posté en ligne pour les montrer à mes amis ! Le web s’est emparé de ça et lui a donné un statut. Je suis invité au Festiblog (8e Festival de blogs BD et de webcomics, ndlr) pour dédicacer, fin septembre à Paris. C’est hyper surprenant de rentrer dans cette sphère de blogueurs BD que je ne connais pas du tout. Tu comptes développer la psychologie de Georges ?

Oui, j’y pense depuis un moment mais le succès sur Internet m’a pris au dépourvu. L’histoire est inachevée sur le blog. J’ai déjà en tête la fin. Je suis en train de bosser dessus, ce sera peut-être triste, Nuit


Philippe Valette je ne sais pas encore. C’est de l’improvisation, donc même si j’ai une idée pour le dénouement, ça peut complètement changer si j’ai une autre intuition d’ici là. Tu as dessiné George Clooney au feutre de couleur. Est-ce par nostalgie de l’enfance ?

C’est un peu par hasard. J’avais récupéré une boite de 8 feutres, qui traînaient sur mon bureau depuis pas mal de temps. Vu que je bosse sur ordi 90% du temps au boulot, quand je dessine, j’ai envie de faire ça sur du papier. Je me suis lancé avec les feutres, sans réfléchir à un design – le piège dans le milieu, c’est qu’on voit ce que font les autres et on a envie de faire aussi classe qu’eux, du coup tu te paumes et tu ne fais rien. Donc j’ai pris les feutres, je me suis lancé comme un gamin. C’était moche, mais au moins c’était fait exprès. Avec un côté art brut, enfantin. Il y a beaucoup de fautes d’orthographes dans Georges Clooney. C’est volontaire ?

Pour être honnête, j’écris hyper vite, du coup je fais des fautes. Je pourrais corriger la plupart en me relisant, du moins je pense (rires). Mais j’ai décidé de les laisser. D’abord parce que ça fait marrer mes potes. Ils me reconnaissent bien là-dedans. Et moi je trouve que ça ajoute un truc débile et franc-parler aux personnages. C’est plus naturel et spontané. Mais beaucoup de gens n’ont pas accroché, du coup j’ai hésité à corriger. J’ai failli poster un sondage sur mon blog pour savoir ! Il faudrait peut-être que j’introduise un personnage qui parle sans faire de fautes pour qu’on saisisse bien que c’est volontaire.

As-tu eu des propositions de maisons d’édition depuis le petit buzz que tu as créé sur Internet ?

Oui, plusieurs. Pour l’instant, rien de concret mais des choses intéressantes. On est en discussion en ce moment, je rentre à Paris pour cela. Il y a un projet de BD avec un dessin par page, dans une sorte de petit livret. Ils ont déjà des idées sur des produits dérivés, un e-book ou encore imprimer l’histoire sur du PQ. C’est assez cohérent avec le projet ! Sinon, qu’est-ce qui te fait rire ?

J’adore la série Eastbound and Down. En BD, je suis moins amateur de choses comiques. Mais il y a des choses vraiment drôles dans Dungeon Quest de Joe Daly, un auteur anglais que j’adore. Quelqu’un a d’ailleurs posté un commentaire sur mon blog en mentionnant la ressemblance entre mon humour et celui de Daly. Cela part aussi de l’improvisation j’ai l’impression, avec un personnage qui s’emmerde et qui décide de partir à l’aventure. Sinon, je suis influencé par des amis comme Vincent Pianina, auteur de BD, avec qui j’ai fait mes études à Lyon. Comme moi, il a un humour très absurde. On collabore régulièrement ensemble. C’est vraiment un humour Internet, Youtube, rapide, parodique, de GIF animés.

Retrouvez la suite de Georges Clooney, une histoire vrai sur : http://georgesclooney.blogspot.fr/p/tome-1.html —

Et va-t-on savoir un jour d’où vient cette crotte qui

Devenez fan de Georges sur :

atterrit chez Georges ? Le suspense est intenable…

www.facebook.com/unehistoirevrai

(rires) On va savoir avant la fin du tome 1. Tout se résout. Moi je n’aime pas les histoires où il faut attendre le tome 2 pour connaître le fin mot de l’histoire.

22 —

Et pour admirer le travail de Philippe, c’est ici : http://philipvalette.blogspot.fr/

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23 —

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Paris La Nuit  Julie Héneault www.julieheneault.tumblr.com


26 —

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LE BON PRODUCTEUR ® Marie Prieux Ω Olivia Locher

MATTHEW DEAR NOUS FAIT UNE FLEUR

L’excellent Matthew Dear revient ce mois-ci avec un

certains de tes disques antérieurs.

projet neuf, sensuel, complexe et pop. Beams, deux

Oui ce disque est plus pop, les sons sont doux, purs, sincères. Tout l’univers autour de ce genre musical, est très onirique. C’est ce que j’ai voulu retranscrire. Mais je continue d’utiliser l’expérience que m’a offert la techno dans ma manière de composer. Même si mes chansons sont plus posées, j’utilise toujours des loops, des drums machines…

ans après Black City, révèle une fois de plus l’artiste qui fascine par ses techniques de production. Hébergé chez Ghostly International, prestigieux label qu’il a co-fondé, il laisse place à sa voix grave et caverneuse pour décrire ce qui l’anime aujourd’hui, résultat serein d’une carrière en mouvement. Car il n’est pas ici question de catharsis : malgré un emploi du temps chargé et de multiples projets, il a su trouver la paix, dans l’agitation de la ville qui ne dort

Ton titre, Overtime, est plus affirmé, se démarque.

jamais. Ses titres s’enchaînent avec un groove, une

Comme un aperçu de tes précédents morceaux.

richesse et une volupté imparables. Loin de l’éter-

Il est plus énergique, en effet ! Pour celui-ci, j’ai voulu faire fort. Il était sujet du travail, du nombre incalculable d’heures passées dans mon studio, à repousser les limites de la production, sans me poser de questions. La base d’Overtime est très industrielle, ce qui le rend intense, le fait sortir du lot. Il est révélateur de certaines étapes par lesquelles je passe pour aboutir à un album.

nel passionné de techno made in Detroit, ou de ses autres projets, lorsqu’il se cache derrière Audion, False ou Jabberjaw, l’artiste fait aujourd’hui le point sur lui-même, ce qu’il a appris, ses désirs et sa façon d’être. La presse décrit déjà ton album comme l’un des meilleurs de l’année, cela ne te met-il pas la pression pour la suite ?

Beams est également très personnel. Ressens-tu le

Non pas du tout, au contraire ! Mais je suis assez étonné, je ne m’attendais pas à d’aussi belles critiques… Cela me rend très heureux.

besoin de te dévoiler, avec le temps ?

Tu as été grandement influencé par la techno, grâce à la découverte des précurseurs du genre et des

Oui, je veux être honnête. Avec l’âge, ma musique se centre sur moi-même, me livre. La question est de savoir jusqu’à quel point je souhaite qu’elle soit explicite. Cet album est pour moi la parfaite conjugaison de franchise et mystère.

raves. Mais Beams est très orienté pop, bien loin de 27 —

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Matthew Dear

“MON BUT EST DE NE JAMAIS M’ENNUYER, D’INNOVER. LE JOUR OÙ JE N’Y PARVIENDRAI PLUS, J’ARRÊTERAI SIMPLEMENT DE FAIRE CE MÉTIER.”

L’usage des mots est-il nécessaire à cela ?

Oui, bien que les notes et les instruments en eux-mêmes soient également très significatifs. Chaque producteur se soucie de ce qu’il transmet aux gens… La musique est comme le miroir de l’âme. Qu’importe qu’il s’agisse d’un chanteur folk, country, jazz, ou d’un compositeur : s’il aspire à une certaine profondeur, en accord avec ses pensées, ses désirs, il trouvera son propre univers. Le mien est une réflexion sur ces dix dernières années passées à expérimenter différents instruments. Je me compare à un peintre, qui se concentrerait sur la couleur rouge, la ferait évoluer, changer, la travaillerait jusque dans ses limites. Le résultat serait un dégradé dont lui seul a le secret. J’envisage la musique de la même manière. Je vais me concentrer sur une base, un feeling et le transformer. Avec des outils similaires, chacun peut créer sa singularité, une parfaite représentation de ce qui l’anime, avec sa technique. Pourrais-tu te considérer comme un chanteur ?

Je pense être plus proche des producteurs. Ma voix est simplement un outil, elle ne constitue pas la matière principale de mes morceaux… En fait, elle se marie bien avec le reste. Dans Black City, ton précèdent album, tu décrivais la violence, l’agitation présentes à New York. Cellesci ne t’ont-elles pas fait obstacle pour parvenir à décrire le calme qui t’habite aujourd’hui ?

C’est vrai ! Cet album est centré sur la sérénité, que j’ai enfin pu trouver. Il y a de grandes villes partout dans le monde, et tu dois donc apprendre à y vivre, à utiliser cette énergie à bon escient, et y trouver une certaine tranquillité, te reposer. Beams est axé sur le repos, l’apaisement. Ce qui n’était pas possible avant ?

Plus jeune, j’étais un peu fou (rire) !

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Matthew Dear Certains qualifient tes compositions d’aériennes,

De quoi t’occupes-tu chez Ghostly International,

d’autres les trouvent plutôt sombres. Qu’en penses-

avec ces nombreux projets ?

tu ?

Pas de grand-chose, malheureusement ! Je suis très pris avec ce disque, mes dates et la production. La principale chose que je gère maintenant est une partie du booking, trouver de nouveaux sons, et rencontrer des artistes en club.

Ces deux parts sont présentes. Ma musique est colorée, plus légère qu’avant, mais également très dark. Le calme, le silence rendent malheureux, pour beaucoup. Ils nous font nous confronter à nous-mêmes. Trouver la paix est un travail qui n’est pas toujours facile, et comprend une part de mélancolie, de dureté. Avec cet album, j’ai reconnu ces deux aspects de ma personnalité, en exprimant une certaine joie liée à la reconnaissance de mes maux.

Aura-t-on l’occasion de te voir en live à Paris ?

Bien sûr ! Je jouerai au Nouveau Casino, courant décembre.

Finalement, comment décrirais-tu ton évolution depuis tes débuts ?

J’ai toujours cherché de nouveaux moyens de créer. Mon but est de ne jamais m’ennuyer, d’innover. Le jour où je n’y parviendrai plus, j’arrêterai simplement de faire ce métier. Je fais cela par passion et amour de la création avant tout.

Discographie non exhaustive: — Albums

Tu parles souvent d’Animal Collective. En quoi te

≥ Matthew Dear:

sens-tu si proche eux ?

Leave Luck To Heaven (Spectral Sound, 2003)

Ce n’est pas que je me sente proche d’eux, mais plutôt que j’aime énormément ce qu’ils produisent. Ils m’inspirent terriblement. J’adore leurs expérimentations, leur rapport à la liberté, qui se ressent dans leur discographie. Peu de gens y parviennent.

Backstroke (Spectral Sound, 2004) Asa Breed (Ghostly International, 2007) Black City (Ghostly International, 2010) Beams (Ghostly International, 2012) ≥ Audion: Suckfish (Spectral Sound, 2005) ≥ False:

Continues-tu de produire sous différents pseudos,

False (Plus 8 Records Ltd., 2003)

ou comptes-tu rester Matthew Dear ?

Troy Pierce / False - Run / River Camping (M_nus,

Je vais prendre le temps, après ma tournée, de travailler un album en tant qu’Audion. Je pense m’y atteler dès janvier prochain, dans mon nouvel appartement faisant également office de studio, au nord de New York. Audion me permettra de produire des choses beaucoup plus électroniques, dansantes, développant un univers bien différent de celui dont il est question aujourd’hui.

2005)

29 —

2007 (M_nus, 2007) — Mix Matthew Dear As Audion - Fabric 27 (Fabric, London, 2006) Body Language Vol. 7 (Get Physical Music, 2008) RA.306 (Resident Advisor, 2012)

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LE BON FILM ® Jérôme Becquet Ω DR

WILLIS & GORDONLEVITT À NE PAS LOUPER

Looper, c’est le blockbuster (réussi) de cet automne. On a rencontré au Festival International du Film de Toronto les deux têtes d’affiche de ce thriller de science-fiction épatant, Bruce Willis et Joseph Gordon-Levitt. Un coup de bol ! Vous avez déjà joué dans des films de ce genre,

Bruce : Je me rappellerais chaque minute de ne pas me prendre au sérieux, de ne rien prendre au sérieux d’ailleurs. Tout va tellement vite qu’il n’y a pas de temps à perdre. Ce dont je me souciais auparavant, il y a une heure, se doit d’être oublié. Joseph : Je me promettrais simplement d’être un peu plus relax.

mélangeant l’action à l’intelligence. Est-ce un profil que vous affectionnez particulièrement?

Joseph, tu joues Bruce jeune. Pendant le tournage,

Joseph : En fait, c’est toujours ce que je me dis en sortant d’un film. Je veux prendre du plaisir mais surtout parler de ce que je viens de voir, de la substance. J’aime avoir des rôles sur lesquels je vais réfléchir bien après le film, qui va renvoyer les gens à leur réalité, et Looper joue vraiment sur cet aspect. Bruce : C’est un script vraiment intelligent. C’est un film de science-fiction qui ne ressemble à rien de déjà fait. (Le pitch ? Dans un futur proche, la mafia a mis au point un système pour faire disparaître tous les témoins gênants. Elle expédie ses victimes dans le passé, à notre époque, où des tueurs les éliminent. Un jour, l’un d’entre eux, découvre que la victime qu’il doit exécuter n’est autre que… lui-même, avec 20 ans de plus).

comment es-tu devenu Bruce Willis ?

Si vous pouviez voyager dans le temps, quel conseil vous donneriez-vous ? 30 —

Jospeh : Vous savez, j’ai étudié ses films, écouté les bandes-sons de ses films sur mon iPod, pour apprendre à le cerner. Bruce a d’ailleurs enregistré lui-même certains de ses monologues pour me les envoyer, et ainsi m’immerger dans le personnage. Mais en fait, c’est surtout passer du temps avec lui, traîner avec lui, qui m’a permis de rendre le personnage vraiment crédible. Bruce : La tâche semblait impossible, essayer de jouer avec quelqu’un qui est supposé être vousmême, en plus jeune. En fait, il fallait juste se laisser aller, croire en cette histoire. Les films de science-fiction sont comme des tours de magie, basés sur l’illusion, et en regardant le film, je me suis surpris à constater que cela fonctionnait vraiment ! C’est tellement étrange de jouer avec quelqu’un en se disant : « Ah, c’est toi le jeune moi ! ». Il faut vraiment y croire, au tour de magie. Nuit


Comment décririez-vous vos relations sur le tour-

Vous jouez un sale type dans le film, c’était dur ?

nage ? Qui était le sérieux, qui était le blagueur ?

Bruce: Pendant le tournage, je ne m’étais pas vraiment dit que mon personnage faisait du mal à autrui. Je ne me disais pas que ce type là commettait des actes terribles. Je ne jugeais pas mon personnage. C’était en moi, je devais heurter les gens, faire du mal à des personnes si humaines, décentes… C’est ça qui m’a retourné lorsque j’ai vu le film pour la première fois, toutes ces choses affreuses que j’étais en train d’entreprendre pour sauver ma femme d’une autre époque…

Joseph : Il n’y avait ni l’un ni l’autre, juste des scènes très intenses que nous avions ensemble, pour lesquelles nous devions énormément nous concentrer. Bruce : Oui… De longues scènes… Très longues et émouvantes. Et nous avions tous les deux la même vision de ce qui devait être donné. Dans le film, il était obligatoire de comprendre ce que je voulais et devais faire pour essayer de sauver cette personne que j’aimais tant. Et pourtant, j’ai arrêté de penser. Je ne pensais plus au fait de jouer devant un autre moi. J’étais sur un terrain où seule l’émotion avait du sens. Bruce, avez-vous appris quelque chose sur votre personne en voyant Joseph jouer votre rôle jeune ?

Bruce : Lorsque vous regardez le film, vous me voyez en train de le fixer comme je vous fixe, vous, à cet instant. C’est un film tellement émouvant, et lorsque j’ai visionné le film, j’en ai été émotionnellement affecté. Je ne m’attendais pas à un tel choc en voyant ce plus jeune moi. 31 —

Et sinon, vous allez souvent au cinéma ?

Bruce : J’aime le cinéma mais j’ai un bébé, et c’est avec elle que j’ai envie de passer du temps. Joseph : J’ai très envie de voir The Master. Toronto est pleine de cinéphiles, l’ambiance durant les projections est unique. C’est la troisième fois que je me rends ici, et j’aime cet aspect dépourvu d’artifices et de paillettes. Tout pour les films ! Looper de Rian Johnson ≥ En salle le 31 octobre

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LA BONNE ANALYSE ® Eric Labbé

PROFESSION PHYSIO Quand on organise une soirée en club ou que l’on tient un établissement de nuit, on sait que la musique, le lieu, les visuels et les cocktails ne font pas tout. Réussir une soirée c’est aussi, et avant beaucoup de choses, mettre en œuvre une alchimie humaine avec un maximum de gens chouettes, sympas, jolis, rigolos, lookés, etc. et avec le moins possible de gens pénibles, saouls, bêtes, agressifs, ringards, etc. Ce n’est pas du tout absurde puisque lorsque l’on danse, on ne passe pas tout son temps à mater le DJ, ce qui est passablement ennuyeux, mais à regarder autour de soi et à créer de la communication, de l’échange, voire du contact dans les cas extrêmes. Pour assurer cette alchimie, les professionnels de la profession ont inventé le métier de physionomiste. Cette nécessité n’est pas la même pour un concert de Michel Sardou ou un opéra de Wagner puisque les gens regardent la scène. C’est pour ça qu’il n’y a pas de physio à Garnier.

Les missions du physio sont très (trop) nombreuses. — Interdire l’accès aux trop bourrés / trop défoncés. C’est la première et la plus importante. Audelà du soudard saoulant, il faut savoir que si une personne a un malaise dans un établissement, les gérants du lieu sont responsables. Même s’il est démontré que la personne en question n’y a rien 32 —

consommé. Un club parisien des plus renommés a ainsi été fermé pendant 15 jours suite à un décès alors que son action avait été jugée exemplaire au regard des consignes de sécurité. NB : ce n’est pas pareil à La Poste ou chez Franprix. Si un vieux monsieur trépasse en attendant son recommandé, on ne ferme pas le bureau de poste pendant deux semaines. — Reconnaître les emmerdeurs qui ont déjà posé problème : plus délicat et demandant un vrai talent. Un bon physio est capable de se souvenir que vous avez marché sur le pied d’une serveuse lors de la soirée du réveillon de 1993. Un genre de memory géant qui m’a personnellement toujours impressionné, compte tenu de mon incapacité à retenir un visage avant la dix-septième rencontre. La mémoire de certains physios est souvent comparée à celles des grands pachydermes africains. Et ça, c’est pas de chance pour Grégoire Soustiel. — Reconnaître les emmerdeurs qui n’ont pas encore posé problème. Là, on arrive en terrain super glissant. Et c’est là-dessus que de nombreuses discothèques se font régulièrement épingler. Parce qu’elles ont confondu « patibulaire » et « noir » ou « agressif » et « maghrébin ». Un vrai bon physio est capable de voir que tel monsieur parfaitement noir avec un sweat à capuche est juste un dingue de house music et que tel monsieur bien blanc en Nuit


Profession Physio chemise blanche est le genre à vous faire manger une pompe à bière parce que vous avez regardé sa sœur. On est évidemment très, très loin d’une science exacte mais les gens qui « vont en boîte » pour chercher l’embrouille, ça existe, et il faut en tenir compte parce qu’une bagarre qui tourne mal engage aussi la responsabilité de l’établissement. - Éviter les gens qui n’ont rien à faire là. Quel enfer ! Mais c’est nécessaire encore une fois. Parce qu’on n’a vraiment pas envie de voir une bande de VRP se trémousser avec leur cravate autour de la tête en beuglant le refrein de Eye of the Tiger pour fêter l’arrivée de leur septième bouteille de Malibu. Et que le DJ ne reviendra pas jouer chez vous s’il passe sa soirée à expliquer que « non, mademoiselle, désolé, j’ai pas la dernière bouze de Wendy Machin » ou « non monsieur, je ne vais pas brancher ton putain d’iPod de merde sur ma table de mixage ». Un physio qui arrive à faire tout ça, à peser tout ça, de manière instantanée et avec justesse, fermeté, politesse et sérénité est un genre d’être supérieur. J’en ai croisés mais j’en ai croisé peu et ils savent mon admiration éternelle. C’est d’abord pour eux que j’écris ce papier, pour que les gens soient conscients de la difficulté de l’exercice qui est le leur. Mais nous ne sommes pas là ou pour dire que du bien et tant pis si nous n’avons pas encore prévu la catégorie What We Don’t Love Du Tout. Car, à l’inverse, la stratégie de certains clubs consistant à utiliser un physio odieux pour susciter du désir de manière totalement disproportionnée à ce qu’ils offrent réellement a le droit d’agacer. Elle n’a rien de nouveau (Castel et Régine la pratiquaient déjà dans les années 60) mais il n’empêche qu’elle est à l’opposé de tout ce que j’ai toujours défendu du clubbing. Le mur de glace qui vous toise de haut en bas avant de vous expliquer que ça ne va pas être possible, vous pouvez vous mettre sur le côté, merci, alors qu’il n’y a personne à l’intérieur et que vous êtes sans doute beaucoup plus sympa, rigolo 33 —

et joli que tous les gens qu’il va laisser passer, juste parce qu’ils ont l’habitude de prendre des bouteilles très, très chères, est insupportable. Le truc qui me rassure, c’est qu’en général les établissements qui jouent à ça ne sont pas des clubs au sens où je l’entends mais ce qu’on appelle des discothèques, qu’elles soient à Paris ou ailleurs. La seule différence c’est que tel établissement de Vesoul le fera au prétexte que vous portez des baskets alors que tel établissement du 8e arrondissement le fera au prétexte que vous avez justement oublié de mettre ces baskets qui vous ont coûté un bras à Londres la semaine dernière. Dans un cas comme dans l’autre, ce sont des endroits sans programmation musicale réelle et où l’on vient surtout boire de l’alcool en écoutant des tubes avec l’idée de pratiquer une activité sexuelle en deuxième partie de nuit. Si on doit faire un second distinguo entre Vesoul et le 8e ou le 16e, c’est sur certaines lois non écrites de ces deux derniers arrondissements qui encadrent précisément ce qui se passe en deuxième partie de nuit. Le folklore local limite en effet ici les pratiques sexuelles à deux catégories de personnes : les hommes très riches et les femmes très blondes à gros seins. À l’entrée de certaines soirées, le ou la physio est donc dressé(e) pour faciliter le respect de ces coutumes ancestrales. Et donc capable d’évaluer le capital financier d’un humain de sexe mâle à 2 500 euros près et de distinguer un 90 C d’un 95 B à plus de 800 mètres. Capable aussi de vous faire croire, en quatre mots et un seul regard, que le fait de ne pas répondre à ces critères, devrait non seulement vous dissuader de lui adresser la parole mais également vous inciter à vous jeter vous-même dans la première poubelle venue. Un professionnalisme et des performances qui nous laissent pantois mais qui nous rappellent surtout que les seuls barrages infranchissables contre le mauvais goût, ce sont nos propres choix. Nuit


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LE BON ALBUM ® MPK Ω Marie Athénaïs

YAN WAGNER LE CÔTÉ OBSCUR DE LA POP

On voulait en connaître en peu plus sur celui qui vient de sortir Forty-Eight hours, l’un des albums les plus aboutis de cet automne. Alors on a pris un rendez-vous, on s’est ensuite assis face à face dans un bar et on lui a posé plein de questions. On sait désormais qu’en plus d’avoir du talent, Yan Wagner a de l’humour. Extraits. Yan, t’arrive-t-il des fois de sourire sur les photos ?

(rire) J’ai une tête de con quand je souris… Regarde ! (il sourit)

après, et c’est un peu lui qui m’a dit « Ben moi, ton prochain album, je te le produis… » À l’époque, je n’avais pas de label du tout, je suis allé le voir chez lui dans son studio, on est voisins, donc ça a facilité les choses. On s’est vu plusieurs fois, il voulait écouter les morceaux au fur et à mesure que je les faisais… Ensuite il y a eu ce deal avec Pschent, et j’ai officialisé ma collab’ avec Arnaud. C’était vraiment la personne qu’il me fallait. Et puis je suis très fan de sa musique, de ses projets solo comme de Blackstrobe. C’est un personnage que j’arrivais bien à cerner musicalement depuis un moment.

D’ailleurs, qui a pris la photo de la pochette de l’album ? Marie Athénaïs ?

Wagner et Rebotini, c’est un peu la belle et la bête…

Oui, c’est elle qui a pris toutes les photos de l’album.

Qui portait la culotte pendant tout ce temps passé

C’est pas la première fois que vous bossez ensemble, y-a-t-il une love affair entre vous ?

En effet, on habite ensemble, c’est ma petite amie… Concentrons-nous maintenant sur ton premier album, qui est le fruit de ta collaboration avec

ensemble ?

(rire) C’était sa femme. Non c’était vraiment un dialogue, on se la partageait la culotte, même si c’est dégueulasse… Il y avait vraiment un bel équilibre. Il n’est pas du tout tyran, au contraire, il n’a pas voulu défoncer tous les morceaux, il a vraiment fait son boulot de producteur en s’occupant du son. Ça a été vraiment intéressant de bosser avec lui.

Arnaud Rebotini. Pourquoi t’être tourné vers lui ?

On s’est rencontrés au Social Club car on faisait une date ensemble il y a un an et demi. C’était une soirée Entrisme, je crois. On a vachement discuté 35 —

Il paraît qu’il y a plein de synthés chez lui. C’est lequel qui tombait toujours en panne ?

Je ne sais pas, il fout toujours des pains dedans… Nuit


Yan Wagner

“ ON ME RATTACHE SOUVENT AVEC LA NEW-WAVE ET ON OUBLIE LE CÔTÉ DISCO DE MA MUSIQUE.”

(il l’imite). Non, non, sinon il est plutôt soigneux. Il a quand même du matos de ouf complètement pété, je ne lui demande pas ce qu’il s’est passé (rire). Plus sérieusement, c’est la folie chez lui, il m’a montré son studio le lendemain qu’on s’est rencontrés, je savais qu’il était adepte des synthés, mais à ce point-là… C’est un musée, son truc. J’ai particulièrement scotché sur le Two Voice Oberheim, une machine qui date du début des années 70.

Oui, je crois qu’il n’y a qu’en France que l’on fait cette différence.

Disons que c’est du post-punk avec des sonorités plus froides… C’est vrai qu’on a un peu cette manie de sub-diviser à l’infini. Je pense à Alles Gut de D.A.F et à Fireside Favourite de Fad Gadget, c’est vraiment post-punk du coup. Et en électro/ techno, le premier truc qui m’a fait tripé, c’est le maxi My Definition of House Music de DJ Hell. Tu es d’accord avec moi si je te dis que ces styles musicaux sont les lignes-forces de ta musique ?

Oui, il y a vraiment un soubassement techno, c’est d’ailleurs pour cela que je me suis tourné vers Rebotini. Après, pour l’italo, je dirais plutôt euro disco… C’est vrai que l’on me rattache souvent avec la new-wave, et qu’on oublie le côté disco de ma musique. Et en plus, je pense écouter plus de choses qui sonnent disco que new-wave. Dans mes disques, il y a par exemple plus de dérivés du disco (house, techno) que de la new-wave. Venons à l’ouverture épique de Forty-Eight hours. Pourquoi avoir placé deux versions de On Her Knees ?

L’ouverture est vraiment un hommage à Tangerine Dream… L’intro a finalement pris une tournure presque morceau en fait, donc on a trouvé ça bien d’en faire deux entités différentes. Et je t’avoue que lorsque la deuxième version arrive et que ça part, je suis très content. Tu peux descendre jusqu’à quelle note dans les graves ? Ça te fait pas mal des fois ? Tu as technique particulière pour les échauffer ?

On va jouer à un petit jeu con. Tu vas choisir tes albums préférés de tous les temps dans ces quatre styles musicaux : italo disco, cold-wave, new-wave, techno.

Hum, dans l’italo disco, Giorgio Moroder. Et puis du Alexander Robotnick aussi. Après, la différence entre cold-wave et new-wave, j’ai jamais bien compris ce que c’était… 36 —

Jusqu’à quelle note, non, je n’en sais rien. Mais c’est vrai que sur On Her Knees, je suis un peu à la limite. Comme technique, je bois, mais c’est pas pour la voix ! Mais c’est vrai que c’est plus facile pour moi de chanter grave que de chanter aigu. Dans le morceau Forty-Eight hours, d’où dérive le nom de l’album, tu aimerais qu’il y ait 48 heures dans Nuit


Yan Wagner une journée. Ce qui implique 24 heures de nuit.

Oui, c’est peut-être une formule un peu con, ça ramène aussi à 24 hours Party People… J’aime pas tant que ça les Happy Mondays mais j’admire le label Factory, donc je trouvais ça marrant… Le morceau est très New Order et j’ai décidé d’assumer cette influence à fond. Et puis cette phrase, c’est aussi un petit clin d’oeil à Pascal Ory, un prof que j’ai eu à la fac durant mon cursus d’histoire. Ce mec était super actif, il écrivait des bouquins, il faisait de la radio et donnait des cours, et il disait tout le temps qu’il fallait 48 heures dans une journée.

a sympathisé en backstage. Quelques mois plus tard, mon album a commencé à prendre forme, je lui ai proposé d’y participer, il était OK et j’ai halluciné. Pour moi, au niveau chanteur français vivant, c’est le seul que j’écoute vraiment. Je me suis dit que c’était un peu con de faire un truc en anglais avec lui, donc on a co-écrit le texte. Et la mélodie aussi. Par contre, chanter en français n’est pas pour l’instant quelque chose de naturel pour moi. Un de mes titres favoris est Changed, sans doute le morceau le plus putassier de l’album, vous avez voulu en venir où avec ce titre ?

Qu’est-ce que tu ferais pendant une nuit de 24 heures, hein ?

La même chose que le jour, boire. (rire)

C’est dédié à François Hollande (rires). En fait, Changed est le plus vieux morceau de l’album. Il y a des gens qui croient que ça parle de rupture, mais pas du tout, c’est plutôt sur la gentrification.

Rassure-moi, Le spleen des officiers n’est pas une chanson sur la gendarmerie…

On sait que tu as commencé une thèse sur l’histoire

Non, mais pas loin. C’est marrant, y’a plein de gens qui m’ont dit que ce titre était hyper cryptogay, ce titre est sans doute le plus cinématographique, le plus scénarisé, le plus film noir.

du night clubbing. Imaginons, dans une vie parallèle,

En parlant de cinéma, quelles images t’inspirent ?

Je suis super fan des films de Werner Herzog comme Aguirre, La Colère de Dieu, Fitzcarraldo… Il y a aussi un film de lui très bizarre que je te conseille, c’est Les nains aussi ont commencé petits, un film sur un asile de nains qui se révoltent. C’est hyper fort. En littérature, j’ai ressorti récemment Lovecraft, dont j’apprécie particulièrement la façon suggérée de présenter l’horreur.

tu es patron de club et tu disposes d’un énorme budget. Comment tu organises le truc ?

Je commencerais par avoir un espace très grand, et le physio filerait des shots à l’entrée. Euuuhh, je ne sais pas moi (il réfléchit). Je crois que je serais nul en fait, je ferais tout foirer ! Un peu comme dans le bouquin de Peter Hook, L’Hacienda, la meilleure façon de couler un club. Par contre au niveau musique, je serais très généraliste, dans le bon sens du terme. Ton remède anti-gueule de bois ?

Une bière. Avec du maquereau.

Pourquoi avoir attendu Etienne Daho pour t’entendre chanter en Français ? Comment s’est passé votre collaboration ?

Je l’ai rencontré suite à un remix des Amoureux solitaires pour un hommage à Jacno. On m’a ensuite proposé d’être dans le line up du concert et d’interpréter Les nuits de la pleine lune, et là, on 37 —

Yan Wagner — Forty-Eight hours Pschent ≥ soundcloud.com/yanwagnersyrup

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LA BONNE TENDANCE ® Violaine Schütz Ω DR New Girl / Fox

GIRLS DON’T JUST WANT TO HAVE FUN Non, les filles ne sont pas de petits êtres mignons rêvant à longueur de journée de cupcakes et de mariage en robe meringue immaculée. Le monde des séries TV semble enfin l’avoir compris en nous servant sur un plateau d’argent trois shows en or plein de girl power trash et de mauvais sentiments.

Dans le premier épisode de New Girl, série américaine avec Zooey Deschanel, l’héroïne veut faire une surprise à son copain en l’accueillant nue. Pas de bol, il est en train de la tromper avec une autre. Le reste du temps, elle pleure son ex en mangeant des glaces devant un DVD. Dans le dernier épisode de Girls, Hannah (jouée par Lena Dunham) s’est fait larguer, on lui a volé son sac dans le bus de nuit et se retrouve au petit matin à déguster seule, en robe de soirée, un énorme gâteau plein de gras. Et dans 2 Broke Girls, Max, serveuse désabusée et vulgaire, cohabite avec Caroline, fille à papa superficielle, qui se retrouve du jour au lendemain sans le sou. Le choc est rude. Quel est le point commun entre toutes ces girls ? Elles n’ont rien des princesses en stilettos qui parcourent certaines séries TV depuis des lustres, de super héroïnes au brushing parfait ou d’enquêtrices en tailleur bien coupé. Parfaites looseuses, elles galèrent pour avoir un job (pourri) ou un stage non rémunéré à l’instar d’Hannah dans Girls, pour avoir un mec ( Jess dans New Girl), gagner de l’argent, pour s’entendre avec leurs parents, leurs copines ou rentrer dans 38 —

leurs fringues. Elles sont tatouées, parlent mal, se font avorter, pleurent beaucoup, et peuvent toujours compter, au final, sur leurs copines. Bref, des filles comme les vraies filles d’aujourd’hui, celles de 2012, une bande de copines de la génération Twitter à laquelle on s’identifie plus facilement qu’aux aînées de Sex And The City qui passaient quand même un bon tiers de leur temps à boire des Cosmopolitans entre deux ballades en taxis dans Manhattan. Avec les nouvelles filles du petit écran, on se sent moins seules et moins connes. Et vu les 3 millions de chômeurs actuels, on est en droit d’attendre plus un reflet compatissant (et amusant) que du rêve et des robes à paillettes. Dans la lignée du film sans tabous Mes meilleures amies, on voit des femmes qui n’ont pas peur de l’humour potache, du salissage de robe et de l’autodérision. Avec elles, un mythe se brise. Celui que les filles se doivent d’être polies, fidèles, gentilles, bien habillées, mignonnes, propres, drôles « mais pas trop », en un mot « bonnes à marier ». La séparation des genres en prend un coup, à chaque blague crue. Par delà les vannes, une vraie leçon de girl power et de modernité. 2 Broke Girls en ce moment sur Orange CinéHappy. Girls en ce moment sur Orange Cinémax. New Girl bientôt sur les écrans français.

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LE BON ECRIVAIN ® Sophie Rosemont Ω Patrice Normand

AGNÈS DESARTHE PLUME EN EAUX TROUBLES

Elle écrit pour les adultes comme pour les enfants, manie l’anglais et le français avec la même aisance. Et son nouveau roman, Une partie de chasse, mêle l’amour et la violence avec une grâce innée.

C’est au début des années 90, hantée d’acné et de binocles trop épaisses, qu’on a découvert Agnès Desarthe grâce à Je ne t’aime pas, Paulus. Immédiatement, on s’est identifié à Julia, l’ado un peu ingrate mais très drôle amoureuse du beau gosse de la classe. Depuis, on n’a pas cessé de suivre l’écrivain à la trace, mûrissant au fil de ses livres, régressant parfois, savourant toujours. Le traducteur et essayiste Marc Amfreville parle de sa « prose toute en finesse sensuelle, en élégante légèreté et en tristesse voilée. » C’est bien de cela dont il s’agit chez Agnès Desarthe, qu’elle traduise l’inoubliable Belle Vie de Jay McInerney ou qu’elle imagine des personnages qui plaquent leur passé (dans Mangez-moi, 2006) et qui transcendent leurs souvenirs (Cinq photos de ma femme, 1998). Le passé et la mémoire font partie d’elle. Parisienne de naissance, d’origines bigarrées – elle a été bercée par l’arabe, le russe et le yiddish – et de talents multiples, Agnès Desarthe est sans conteste l’une des femmes de lettres les plus importantes de sa génération. Le synopsis ? Assez simple, à vue d’oeil. Un 41 —

homme nommé Tristan se retrouve embarqué dans une partie de chasse, activité qu’il exècre, dans le but de s’insérer socialement dans le village où sa femme et lui se sont récemment installés... Dans Une partie de chasse, outre une trame narrative passionnante, on trouve un lapin, un jeune homme, trois chasseurs, une mère droguée, une épouse ambivalente, une tempête… Et une première phrase à se damner : « J’aimerais mourir de mort naturelle. » On n’en dira pas plus, mis à part qu’il faut le lire, impérativement ! La première chose que l’on pense en lisant Une partie de chasse, c’est que vos livres sont de plus en plus sombres… n’est-ce pas ?

C’est vrai. Un jour, un journaliste m’avait demandé quel serait mon prochain défi. Ce à quoi j’avais répondu : « parvenir à écrire un livre triste ! » Pour moi, c’est très difficile, car il y a toujours eu le plus d’humour possible dans mes romans, un happy end… C’était un peu par politesse pour le lecteur, comme je m’excusais déjà de l’obliger à lire un livre ! En tournant la dernière page, il fallait au moins qu’il rigole, qu’il se sente mieux. Bref, je voulais me débarrasser de cette manie. C’était donc mon souhait, et comme souvent, j’ai été exaucée au-delà de mes espérances !

Nuit


Agnès Desarthe

“JE RETROUVE L’ETAT DU RÊVE QUAND J’ÉCRIS, JE FAIS ATTENTION À NE PAS ÊTRE TROP « LÀ ».” Il y a aussi un certain suspense dans le roman, le lecteur a le droit à des révélations, page après page. C’était voulu ?

Contrairement à certains livres que j’écris en aveugle, je savais ici dès le début ce qui se passerait – l’aventure (qu’on ne dévoilera pas ici, ndlr), la tempête… Cela n’a pas été une volonté consciente, de créer du suspense. Mais c’est sans doute lié au personnage de Tristan, qui est dans un tel égarement que les choses arrivent au lecteur comme elles lui arrivent dans la vie, toujours avec une violence, un retard. En tant que lecteur, on se retrouve à suivre la psyché du personnage, on est empathique. 42 —

C’est certain! Il y a aussi un va-et-vient spatio-temporel dans la vie de Tristan. Est-ce une notion importante pour vous ?

Dans tout ce j’écris, il y a ce jeu avec le temps et cette mise en scène du trouble qu’on peut ressentir face à lui. J’ai toujours eu l’impression que le temps était beaucoup plus élastique qu’on pouvait le croire en regardant une horloge... Que le temps subjectif n’avait rien à avoir avec que celui que nous vendait les marchands de montres. Il y a des phénomènes troublants. C’est comme lorsqu’on est envahi par un souvenir, comme la fameuse madeleine de Proust : se situe t-on dans le passé ou dans le présent ? Et quand on traverse un moment difficile, on se transporte vers le futur pour se remonter le moral. Ce ressenti du temps non objectif est un thème qui me passionne, et la littérature me permet de m’amuser avec. Dans ce roman-là, chaque fin de chapitre pivote sur un mot, et on bascule d’une époque à une autre. En tant qu’écrivain, êtes-vous plutôt de jour ou de nuit ?

La nuit, je dors ! Je voue un culte au sommeil car le rêve est d’après moi très important. Qu’on s’en souvienne ou pas, il conditionne la journée, que ce soit par une tristesse résiduelle ou une tonicité heureuse… Pour ma part, je retrouve l’état du rêve quand j’écris, ce moment où l’on est à la fois conscient et inconscient. Je préserve beaucoup cet état, je fais attention à ne pas être trop « là ». C’est nécessaire sans être volontaire. Tout ce qui est travail intellectuel, c’est-à-dire la réflexion sur la littérature ou la forme, c’est uniquement lorsque je n’écris pas. À votre actif, près d’une trentaine de livres pour enfants et ados (dont le célèbre Je ne t’aime pas, Paulus) et une petite dizaine de romans « pour adultes ». Vous êtes également traductrice. Vous écrivez beaucoup, et depuis longtemps…

À la fin de la journée, j’ai vécu trois vies : celle de Nuit


Agnès Desarthe l’écrivain pour adultes, de l’auteur pour enfants et la traductrice. Pourtant, j’ai parfois l’impression de ne rien faire ! Vous écrivez aussi bien pour les grands que pour les petits. Du côté des livres pour enfants, y êtes-vous toujours attachée ?

Bien sûr. J’en ai écrit plusieurs cette année, après une pause de quelques mois. J’écris aussi bien pour les adultes que pour les enfants, souvent simultanément. Je ne peux pas attendre de finir un livre pour en commencer un autre ! Mais le moi qui écrit se protège moins des dangers psychiques, il n’en a pas besoin car je ne « suis » pas mes personnages. Il y a une véritable distance entre eux et moi.

Quel est votre rapport avec Paris ?

Je vis au plein centre de Paris, j’y suis née, je ne l’ai presque jamais quittée, sauf quelques mois pour Londres. En tant qu’habitante, tout va bien, mais Paris est de moins en moins un décor possible en littérature. De manière générale, je trouve la ville française désenchantée, démythifiée, muséifiée. Hyper centralisée, la capitale est devenue sa propre caricature. Comme les villes de province, d’une autre manière, car elles souffrent d’être trop à l’écart. Du coup, mes livres se déroulent désormais à la campagne. Il est vrai que le Paris d’aujourd’hui n’est plus la même ville que celui de Françoise Sagan, qui est un Paris dans lequel on rit, on se repose, on profite, on fait des excès dans la joie et la bonne humeur…

Chez vos personnages, il y a toujours quelque chose qui n’obéit pas à la norme – celle fixée par les individus ou la société… Vous n’y croyez pas?

Non, car ma conviction, c’est que les personnes normales n’existent pas. La normalité, c’est un masque plus ou moins épais que les gens s’appliquent sur le visage pour affronter les autres. Il y a tellement de choses qu’on ne comprend pas... à commencer par le fait qu’on va mourir un jour. Les efforts qu’on fait au quotidien pour aller vers la normalité, c’est pour oublier que tout ça va mal se finir.

Cette ville que Sagan a saisi a pourtant bien existé, jadis. Mais elle n’est plus. En tant que lieu fictionnel, Paris est de moins en moins facile pour moi. Cela reviendra peut-être…

Avec Geneviève Brisac, vous avez écrit un essai sur l’écrivain Virginia Woolf – est-ce pour vous une figure primordiale, titulaire ?

Elle est toujours présente dans ma vie. C’est la championne du monde de l’élastique temporel, qui est au cœur de son œuvre. Geneviève et moi continuons à être sollicitées pour parler d’elle, donc ça ne s’arrête jamais. Il y a toujours une bonne occasion de se replonger dans les livres de Virginia Woolf. J’ai eu la chance de traduire La Chambre de Jacob et La Maison de Carlyle : cela a été sublime, j’espère recommencer un jour ! 43 —

Agnès Desarthe Une partie de chasse (Editions de l’Olivier) — ≥ www.agnesdesarthe.com

Nuit


LE BON SON ® Flora Desprats

MODE & MUSIQUE PRÊT-À-ÉCOUTER

Chaque saison, en plus de présenter leur collec-

Au cinéma, on dit que la musique peut faire soixante

tion, les créateurs donnent le « la » du moment en

dix pour cent d’une scène. Est-ce la même chose

mettant en scène leurs défilés sur des bandes son

pour la mode ?

inventives. The Sound Of The Season est la pre-

La musique, dans un défilé, donne le ton de la collection. Happy, rétro, dramatique ou inconnue, elle finalise le processus de création. Cela influence aussi l’attitude des mannequins et conditionne le public à une certaine émotion. Mais en aucun cas, la musique ne doit être plus forte que la collection. Une musique parfaitement choisie peut faire deviner les matières, les couleurs. La musique s’accorde aussi avec une scénographie, un décor avec plus ou moins de moyens et de créativité. Avec la chute de John Galliano, qui est allé jusqu’à faire défiler des cow-boys et des Indiens dans une gare pour une collection couture, une page de fantaisie s’est tournée. Le mot d’ordre actuel semble être l’efficacité.

mière compilation rassemblant les meilleurs tracks entendus sur les podiums. Aux manettes : André Cymbalista et Sarah Joe, deux acolytes travaillant dans la musique. Rencontre. The Sound Of The Season c’est quoi exactement ?

Une sélection subjective des meilleurs titres passés pendant les défilés qui n’a rien à voir avec la qualité du show, ni le prestige des maisons de couture. Notre ambition est de retranscrire l’esprit musical d’une saison. On a essayé de créer une archive sonore. Seulement avec des morceaux ?

Nous avons fait des captations sonores dans les backstages (des sons d’ambiance et des phrases volées) afin d’habiller chacun des titres. Cela ramène la compile dans son contexte avec une pointe d’humour qui est assez difficile à percevoir dans la mode. On voulait retranscrire l’émotion du moment. Il y a un peu de magie dans un défilé. Les lumières s’éteignent. La musique commence et on aperçoit le premier passage. On a beau être dans un univers superficiel, il y a toujours quelque chose de touchant. 44 —

C’est quoi la musique qui est à la mode dans la mode ?

Justement, avec ce souci d’efficacité, un défilé, c’est avant tout un show. Il assoit une image. Cela dépasse rarement les vingt minutes. Le rythme s’est accéléré comparé aux années 60 où les présentations duraient parfois une heure. En plus, avec la multitude de marques qui défilent, l’important c’est de laisser une trace marquante dans l’esprit des acheteurs et des journalistes. La tendance Nuit


Mode & Musique est donc à l’électro et aux morceaux vintages. Ce qui représente assez bien la mode actuelle qui est dans la ré-actualisation de codes plus anciens. Pour chaque saison, il y a toujours un morceau qui se démarque. Pour l’été 2012, c’était le fameux Video Games de Lana Del Rey. Pour l’automne hiver 2012/13 c’est Lose Your Soul des Dead Man Bones, le groupe de Ryan Gosling, qui a été passé entre autres chez Carven et Vanessa Bruno. Mais en réalité, il n’y a pas vraiment de diktat. Donc la surprise ou l’inattendu peuvent faire partie de l’aventure. Comme des Garçons a choisi le silence comme bande son et Roland Mouret, le roi de la robe cocktail a opté pour l’ironique Ah si j’avais un franc cinquante ! de Boris Vian. Certains créateurs ont-il un style musical défini ?

Oui bien sûr. Sonia Rykiel, par exemple, a un style disco fun. L’attitude souriante des mannequins va de paire. Les grandes maisons cultivent l’esprit classique et rétro en ressortant toujours des perles vintage comme un bon Nina Simone chez Hermès présent sur la compilation. Après, il y a aussi les créateurs qui ont la volonté de faire découvrir des nouveaux trucs. Depuis longtemps, c’est le cas de Chanel (via Michel Gaubert qui s’occupe de l’adn musicale de la maison) ou de Rick Owens qui a balancé Ima read de Zebra Katz. A l’inverse, certains morceaux s’imposent aux créateurs. Comme Der Mückenschwarm d’Oliver Koletzki (present sur The Sound Of The Season) qui correspond parfaitement à l’univers de Bernhard Willhem. La mode se sert-elle de la musique comme d’un outil marketing?

plus confidentielle, décale et impose son style grâce à un live de Superpitcher. Est-ce les créateurs qui choisissent réellement la musique de leur défilé ?

La plupart du temps, le créateur et son studio ont des envies et en font part à un music supervisor. Les plus connus sont Michel Gaubert l’ancien DJ du Palace au style efficace mais subtil, Frédéric Sanchez ou Sébastien Perrin. Eux leur proposent des morceaux et les mixent suivant l’inspiration et l’esprit de la maison. C’est un métier de précision. Leurs bandes son se font au chronomètre, suivant la configuration de la salle, le nombre de looks, l’évolution de la collection. En plus tout ça est fait dans le speed très peu de temps avant le jour J dans leur studio. Ces sound selector font généralement deux à trois mixes par jour pendant plusieurs semaines et enchaînent les shows à New York, Londres, Milan et Paris. Bientôt une deuxième édition ?

Le projet est de faire pour l’instant une compilation par saison de prêt-à-porter pour femme, qui sera disponible en même temps que les vêtements en boutique. Ce que nous aimerions, c’est donner accès à ceux qui ne courent pas les défiles l’impression d’y être et de susciter chez ceux qui y étaient le souvenir de cette saison. Si vous étiez créatrices, quelles chansons auriezvous choisi pour votre défilé ?

Liar de Nicone et Sascha Braemer, Without you d’Art Departement et I want your love de Chic (Todd Terje edit).

La mode utilise la musique pour « être dans le coup ». La dernière collection Chanel prend un coup de jeune grâce à au titre I didn’t know de Tristesse Contemporaine passé en entier et avec des boucles. Lagerfeld fait souvent appel à des musiciennes comme égéries ou même pour jouer en live à ses défilés (Lily Allen, Cat Power). A l’inverse, le créateur Pedro Lourenço, à l’audience 45 —

The Sound Of The Season ≥ En vente chez Colette et en digital

Nuit


LA BONNE PLAYLIST Ω DR

SIEGFRIED VIGIER

Here We Go Magic Evrything’s Big

Fan du premier album, j’aime leur côté authentique. Timber Timbre Black Water

Les canadiens sont de plus en plus présents sur la scène musicale, l’album idéal pour rentrer dans l’automne. Dark Dark Dark Who Needs Who

Quand l’accordéon devient un instrument sexy… Plus belle découverte 2010 et le prochain LP va me suivre longtemps. Molly Nilson Hey Moon

Pour pas citer John Maus, sinon ça aurait pris toute ma playlist. Ce mois-ci, le Bonbon Nuit a fait confiance aux goûts sûrs

Frank Ocean

de Siegfried Vigier (manager

Thinking Bout You

de Tristesse Contemporaine,

Ma BO summer 2012 à New York.

Chris Garneau ou encore Emily Jane White) pour nous livrer une

Rework

playlist aussi éclectique que

Werewolf

pointue.

Dancefloor… MEANT de surprise en surprise « LIKE » Maxime Iko Wrong Place

Un des premiers d’une longue série. Philip Glass Metamorphosis 2

Pluie, Paris, The Hours. Mon côté Sandra Bernhard. Don Nino Beat (Chloé Remix)

Parce que Chloé le vaut bien. Tristesse Contemporaine Daytime Nighttime

Les plus beaux restent à venir...

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Nuit


TROUSSE DE SECOURS Ouvert toute la nuit ! Pharmacies de garde

Épicerie Shell

Chez Tina

84, av. des Champs-Élysées 8e

6, boulevard Raspail 7e

1, rue Lepic 18e

≥ 01 45 62 02 41

≥ 7/7 — 24/24

d≥j jusqu'à 4h30 / v≥s jusqu'à 7h

6, place de Clichy 9 e

Minimarket fruits et légumes

Boulangerie Salem

≥ 01 48 74 65 18

11, boulevard de Clichy 9 e

20, boulevard de Clichy 18e ≥ 7/7 — 24/24

6, place Félix-Éboué 12

≥ 7/7 — jusqu'à 7h

≥ 01 43 43 19 03

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≥ 01 42 42 42 50

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77, boulevard Barbès 18e

≥ 01 45 35 17 42

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≥ Mardi au dimanche jusqu'à 5h

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≥ 08 92 70 12 38

114, rue Caulaincourt 18e

Urgences psychiatrie

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Se déplace sur région parisienne

L’Endroit, 67, place du Docteur-

≥ 01 46 06 63 97

≥ 01 40 47 04 47

Félix-Lobligeois 17e 01 42 29 50 00

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Drogue, alcool, tabac info service

≥ tlj de 11h à 1h, jeudi, vendredi,

Paris Autolavage 7/7 — 24/24

≥ 0800 23 13 13 / 01 70 23 13 13

samedi de 10h à 5h

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≥ 7/7 — jusqu'à 6h

≥ 7/7 — jusqu'à 3h

≥ jusqu'à minuit

Tabac Saint-Paul

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127, rue Saint-Antoine 4e

20, boulevard Saint-Michel 6 e

Nemo 01 47 03 33 84

≥ 7/7 — jusqu'à minuit

v≥l jusqu'à 00h, m≥j jusqu'à 23h

≥ 7/7 — jusqu'à 6h

Le Pigalle

Faim de Nuit 01 43 44 04 88

22, boulevard de Clichy 18e

Kiosques à journaux 24/24

≥ 7/7 — jusqu'à 7h

≥ Vendredi et samedi jusqu'à 5h

38, av. des Champs-Élysées 8e

Allô Hector 01 43 07 70 70

16, boulevard de la Madeleine 8e

≥ 7/7 — jusqu'à 6h

Poste de nuit

2, boulevard Montmartre 9 e

Apéritissimo 01 48 74 34 66

52, rue du Louvre 1er M° Louvre-

Place de Clichy 18e

≥ 7/7 — jusqu'à 4h

Rivoli / Étienne-Marcel

Allô Glaçons

Boulangeries

53, rue de la Harpe 5e

01 46 75 05 05 ≥ 7/7 — 24/24

Snac Time

≥ 01 44 07 38 89

97, boulevard Saint-Germain 6 e

20, rue du Fg-Saint-Antoine 12e

Épiceries

≥ 7/7 — 24/24

≥ 01 43 40 03 00

L'Épicerie de nuit

Boulangerie pâtisserie

Internet 24/24

35, rue Claude-Bernard 5e

99, avenue de Clichy 17e

Envoyez-nous vos bons plans

≥ Vendredi et samedi jusqu'à 3h30

≥ 7/7 — 24/24

ouverts la nuit : nuit@lebonbon.fr

47 —

Nuit


LE BON AGENDA La sélection de ParisLaNuit.fr Vendredi 05/10 22h La Bellevilloise 13 €

Vendredi 19/10 23h30 Le Showcase 15 €

≥ Bric A Brac Circus Experience avec Bobmo, DVNO

≥ Blood Simple avec Kavinsky, Feadz et Kito.

& guests. 23h

Samedi 20/10 20h Le Trianon 33 €

Le Social Club 13 €

≥ Zone avec Cassius, Gesaffelstein & guests. 23h30

≥ Bireli Lagrène.

Le Showcase 20 €

23h30

Le Showcase 20 €

≥ Hot Creations avec Jamie Jones, Richy Ahmed et

≥ Crosstown Rebels avec Damian Lazarus, Deniz

Robert James.

Kurtel, Amirali Live et Fur Coat.

Samedi 06/10 00h Le Rex Club 12 €

Mercredi 24/10 21h Le Social Club 14 €

≥ Uzuri label night avec Levon Vincent & guests.

≥ Left Boy.

Jeudi 11/10 23h Le Trabendo 14 €

Jeudi 25/10 23h La Machine du Moulin Rouge 18,50€

≥ Tsugi Super Club 5 Ans: Justice, Bambounou, Busy

≥ MaMA Festival – Bi-Pole Night avec Ok Bonnie

P & guests.

feat. Laurent Garnier, Don Riminiback to back Baadman et Arnaud Rebotini (live) feat. Museum.

Vendredi 12/10 20h La Cigale 29 € Vendredi 26/10 00h Le Nouveau Casino 15 €

≥ Malia “hommage à Nina Simone”.

≥ Ekleroshock : Les 10 Ans. Samedi 13/10 23h Montreuil 13 €

00h

≥ P.U.R.E avec Frankie Bones, Mark Flash et Sili-

≥ Laurent Garnier all night long.

Le Rex Club 15 €

cone Soul. 23h

Samedi 27/10 20h La Boule Noire 15 €

Le Trabendo 23 €

≥ Free Your Funk : Madlib Medicine Show. 23h

≥ Zombie Zombie.

La Machine du Moulin Rouge 8 €

23h

Le Social Club 13 €

≥ Werk Discs Label Night avec Actress, Elena Hauff

≥ Voodoo avec Scuba, Max Cooper, Renart et Qos-

& More (la chaufferie) & François K et Chateau

monaut.

Flight (le central). Lundi 29/10 20h Le Trianon 25 € Dimanche 14/10

17h

≥ Yaron Herman Quintet + special guests au Trianon

La Bellevilloise 10 €

/ 1ère partie Virginie Teychené.

≥ Tea Time de Gilles Peterson. Mercredi 17/10 20h La Bellevilloise 23,60€

Mardi 30/10 20h Le Point Ephémère 14 €

≥ Free Your Funk Présente Dom Kennedy + Jazzy

≥ Micachu And The Shapes + Guests.

Bazz (Cool Connexion). 23h

Mercredi 31/10 19h30 Le Trabendo 16 €

Le Social Club Gratuit

≥ Les Petits Bruits 4th Birthday avec Bondax &

≥ Pitchfork Halloween Party : Clinic + Lotus Plaza +

guests.

Melody’s Echo Chamber + College (Live).

Jeudi 18/10 20h La Maroquinerie 18 €

Vous voulez être dans l’agenda ?

≥ Wave Machines.

Envoyez votre prog à : emmanuel@parislanuit.fr

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Nuit


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