Nuit
DÊcembre 2013 - n° 37 - lebonbon.fr
- H Entreprise RCS Nanterre 414842062
* * ATTENTION, LA NOUVELLE DESPERADOS VERDE PEUT SURPRENDRE AVEC SES ARÔMES CITRON VERT, MENTHE ET TEQUILA QUI SE MÉLANGENT EN BOUCHE LORS DE LA DÉGUSTATION.
L’ABB US D ’ A L C O O L ESS T DANGEREUX POUR LA SANTÉ. À CONSOMMER AVEC MODÉÉ R A T ION.
édito
© Nicola Delorme
Décembre 2013
Nadège est plutôt belle gosse. Il y a une élection de miss à la discothèque La Vibration, alors elle y participe mais elle dit que dans le coin, les gens traitent les femmes comme des vaches. Un mec surnommé « Gasoil » raconte dans sa R5 tunée qu’une fois, il s’est enquillé 2 litres de Ricard et qu’ensuite il est tombé dans le coma. Stéphanie porte une veste en polaire grise et cherche l’amour. Elle finira par se faire emballer par un australopithèque sur un slow de Scorpions. Ludo et ses potes chevauchent fièrement leurs 103 au petit matin après avoir bringué au Top Club, un dancing itinérant. Mathieu est disc jockey et se la pète pas mal. Il dit qu’ici on est en retard et que Dance Machine 5, ça ne marchera que dans 6 mois. Il balance ensuite un remix de « Bienvenue à Galaswinda darla dirladada ». Non, tous ces personnages ne viennent pas de mon esprit malade en plein bad trip. Ce sont juste les protagonistes d’un docu aujourd’hui mythique qui relate les samedis soirs de la jeunesse dans l’Indre (36, le département) en 1995. D’ailleurs, cette petite perle sociologique s’appelle Un samedi soir en Province et je vous invite prestement à le regarder sur Internet. Mi-reportage animalier, mi-film d’art et d’essai, la quintessence de la fièvre du « Saturday night » y est révélée dans toute sa pureté. On touche même au concept universel : tous les samedi soirs du monde ont ressemblé, ressemblent et ressembleront à ces jeunes qui sortent pour oublier leurs soucis, leurs tracas, ou juste échapper à l’ennui. Les voir faire une choré sur « Où sont passés les tuyaux ? Où est passée la grande échelle ? », c’est beau, c’est émouvant, c’est innocent… mais bon, j’vais pas vous mentir, ça a surtout conforté mon snobisme de noctambule qui ne met le nez dehors qu’en semaine. Allez, bonnes fêtes à tous. MPK Rédacteur en chef
Rédacteur en chef — Michaël Pécot-Kleiner michael@lebonbon.fr | Directeur artistique — Tom Gordonovitch tom@lebonbon.fr Directeur de la publication — Jacques de la Chaise | Photo couverture — Jodorowsky par Nicola Delorme Secrétaire de rédaction — Louis Haeffner | Régie publicitaire — regiepub@lebonbon.fr Lionel 06 33 54 65 95 Contactez-nous — nuit@lebonbon.fr | Siret — 510 580 301 00032 | Siège social — 12, rue Lamartine Paris 9e 1—
Nuit
sommaire Le Bonbon Nuit
à la une
Alejandro Jodorowsky
p. 7
François Simon
p. 13
Les sorties du mois
p. 17
Acid Arab
p. 19
gonzo
Une nuit au musée Grévin
p. 23
tumblr
Face to face
p. 25
musique
Discodeine
p. 29
Karaoké
p. 31
Ovidie
p. 33
humeur
Manon Troppo
p. 37
nightivisme
House of Moda
p. 39
Clans
p. 43
Bloody Mary
p. 45
la playlist du mois
Sacha Mambo
p. 47
agenda
ParisLaNuit.fr
p. 48
télévision cinéma les nuits de
sortie rencontre
soirée le bon cocktail
3—
Nuit
agenda Les événements à ne pas manquer
On ira clubber là ODD FREQUENCIES, c’est le nouveau rendez-vous du label parisien GET THE CURSE dans l’écrin numérique de la Gaité Lyrique. Cette soirée sera perdue quelque part entre dissonances modulaires, prototechno, mélodies mutantes et froideur synthétique. Au programme : Clément Meyer, Trevor Jackson, Morphosis et Stellar OM Source Live. Vendredi 13 décembre à La Gaité Lyrique
Flying Lotus & friends Free Your Funk et La Rafinerie organisent LA soirée de cette fin d’année avec Flying Lotus (Brainfeeder / Warp) en Dj set et en live sous son pseudonyme de rappeur Captain Murphy. On retrouvera également Thundercat et son live band, Lapalux en live, Cashmere Cat et Soulist (What The Funk). Le samedi 14 décembre au YoYo 13, avenue du president Wilson / 30€
Pour les yeux et l’esprit L’exposition Le surréalisme et l’objet permet de suivre toute l’histoire du mouvement surréaliste depuis sa fondation dans les années 1920 à sa reconnaissance à New York pendant la Seconde Guerre mondiale, en passant par son succès international dans les années 1930, à travers un prisme original : celui du rapport à l’objet. Tout le mois de décembre au Centre Pompidou
Un dernier petit conseil La nuit du 31 décembre, y’aura sûrement plein de super soirées partout… Mais bon, les soirées du 1er de l’an, c’est toujours un peu la galère, hein. Pour DR/ DR/ DR/ DR
fêter une bonne nouvelle année, faites donc ça dans un appart’ avec vos potes, du champ’s à gogo et un gros plateau de fruits de mer. 2014 passera comme une lettre à la poste. Mardi 31 décembre. Minuit. Chez vous, chez des proches ou chez des inconnus 5—
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à la une T/ Manon Troppo & Paul Owen Briaud P/ Bertrand Delous
Alejandro Jodorowsky Élégant, disponible et malicieux, l’homme qui osa réveiller André Breton en pleine nuit pour sauver le surréalisme nous ouvre la porte de son appartement du 12e deux heures durant. Peu soucieux de faire sa promo, il transformera cette interview en conversation, préférant même laisser parler sa femme et poser lui-même les questions. Il s’est passé 23 ans entre votre dernier film et La Danse de la Réalité.
Oui. Parce que je ne voulais pas me vendre. Je ne fais pas de concessions. Le cinéma c’est sacré. Il faut être honnête, et je ne veux pas être quelqu’un qui passe pour un génie, et après, vendre des montres ou du whisky. Je ne suis pas un vendeur, je ne veux pas faire de la prostitution, gagner ma vie en n’étant pas moi-même. Alors j’ai attendu de faire le film que je voulais faire. Qu’est-ce qu’a coûté un film comme le mien ? Pour le cinéma, rien : 4 millions de dollars. Mais c’est pas un jeu. Je dis : « je fais un film pour perdre de l’argent ». Qui va vouloir perdre 4 millions dans une aventure ? Mais j’ai trouvé des personnes qui voulaient. Tu vois ? Patience, persévérance, tu trouves. Avec Internet, vous avez eu cette possibilité.
Je l’ai fait. J’ai dit : « Mon film va coûter 4 millions, envoyez des dollars, aidez-moi ». Moi j’avais 600 000 7—
dollars. Ils en ont envoyé 40 000. C’était 1% de ce dont j’avais besoin. Mais ça m’a donné la force morale. J’ai vu qu’il y avait 900 personnes qui voulaient que je fasse un film, alors je suis allé demander l’argent, et quand j’ai trouvé les 4 millions, j’ai rendu l’argent, à tous. Ça m’a coûté 2 000$ parce que, pour rendre l’argent, il fallait que je paie, parce que c’est une affaire, quand tu demandes de l’argent par Internet, les gars qui font ça touchent une commission. C’est un peu ignoble. Bon, j’ai rendu ça, j’ai mis tous les noms dans mon générique, et voilà. Mais c’est une illusion de croire qu’ils vont te donner l’argent pour faire ce que tu veux. Est-ce que la nuit est une passerelle vers l’inspiration ?
Non, non. Je sais que quand c’est la nuit ici, c’est le jour quelque part. Alors moi je vis entre les deux, pas loin de l’aube, et pas loin du crépuscule. Chaque nuit je m’endors à 3-4h du matin, alors peut-être je suis nocturne, un peu, non ? La nuit, c’est un moment de silence, malgré les fêtes qu’il y a au 3ème étage, et après ils forniquent dans l’ascenseur. Ils laissent sortir leur animal, bon, c’est formidable, mais ça me fait pitié parce qu’ils parlent jusqu’à 4h du matin, avec la musique électronique, et ils perdent leur lucidité. Moi la nuit, j’élimine les voix de mon cerveau, je veux voir comment je m’endors, parce que c’est incroyable Nuit
Alejandro Jodorowsky
“quand j’ai commencé ma vie mentale, il n’y avait pas la télé, les avions avaient des hélices.” de disparaître comme ça dans le rêve. Poum. J’espère que mourir ça va être la même chose. Poum. Votre expérience du LSD vous a permis d’atteindre un seuil de conscience plus aigu ?
Ça m’a montré ce à quoi on peut arriver. J’avais besoin qu’on ouvre mon intellect. L’intellect se présente comme une cellule, une prison qu’on ne peut pas ouvrir. Tu as besoin de faire une expérience pour voir quelles autres choses le cerveau peut te donner. C’est comme avoir un rêve lucide où tu te vois en train de rêver. Quand ça arrive, tu sais que le paradis existe, mais pour ça il faut casser tout ce que tu as appris, toute cette pourriture qu’on t’a donnée, comme la famille, la société, la culture. Ça ne sert à rien d’avoir une ostie dans un calice qui est sale. Moi, j’ai trouvé de bons guides, 8—
j’ai essayé deux fois le LSD, deux fois les champignons hallucinogènes. C’était des expériences fondamentales pour moi, mais ça y est, pas plus. Moi, je veux mourir conscient. Je veux assister à ce moment suprême, je ne veux pas de béquille. Tu sais que moi, quand j’ai commencé ma vie mentale, il n’y avait pas la télé, les avions avaient des hélices. Qu’est-ce que j’ai vu changer, en 80 années, qu’est-ce que ça change, hein ! Incroyable ! Et quelle merveille ! Nous, nous avons un développement technique énorme, mais nous avons un rétrécissement de la conscience. C’est pour ça que j’ai dit: « je vais faire Twitter. » Parce que c’est un endroit qui est très très méprisé. Et pourquoi ne pas l’utiliser comme quelque chose de profond, comme un outil d’éveil de la conscience ? Je l’utilise, et quel bon résultat ! Que comptez-vous faire du temps qu’il vous reste ?
Mon père est mort quand il avait une centaine d’années. Alors si je me base sur la généalogie, j’ai 15 années, minimum. Je pourrais dépasser un peu, je pourrais arriver avant. Alors, disons que je vais vivre quinze années, je ferais trois films encore, je ferais une dizaine de bandes dessinées, je finirais un volume de poésie, j’écrirais deux ou trois livres… Je deviendrais peut-être le conseiller du président d’une république, peut-être, oui. Je pourrais aussi développer une activité dans Twitter et arriver à quelques millions de suiveurs. Non parce que je suis près du million. Je suis à 880 000. Je pourrais développer ça jusqu’à arriver à quelques 10 millions. Et en arrivant à quelques 10 millions, on est une puissance sociale, très forte. Peut-être je m’intéresserais à commencer à changer le monde… Avec l’âge, on apprend à valoriser tout. Par exemple, aujourd’hui, j’ai eu envie de m’habiller en blanc, et quelqu’un m’a fait cadeau de chaussures argentées, tu vois ce que j’ai ? Et c’est la première fois que je les mets ! Et ça me plaît, je suis ravi avec Nuit
Alejandro Jodorowsky
mes chaussures. Tout peut te donner la joie, même une paire de chaussures. C’est un jeu… Pour moi écrire un tweet, c’est un plaisir énorme, et je le fais cadeau. J’ai étudié tous ces livres pour être utile. Être utile, c’est une joie. On se sort un peu de l’égoïsme. (Un temps) Vous devriez interroger ma femme. Vous ne voulez pas l’interroger pour savoir ce que ça signifie de vivre avec moi ? Ça ne t’intéresse pas ? Même si tu ne l’écris pas ? Pour voir, non ? Parce que tu peux penser que je délire.
de son être qui est le plus important, et pour moi tu es l’être qui me correspond, alors évidemment je le dis avec le filtre de l’amour, mais je crois être complètement lucide et objective en le disant. Est-ce que tu es satisfaite sexuellement ?
Absolument. Mais arrête de te dénommer comme ça. Non, mais parce que eux, ils ont dans les tête des
Pas du tout, non. Avec plaisir.
questions comme ça…
Elle a 40 années de moins que moi, pour que tu voies qu’à 80 ans la vie sexuelle existe.
Je pense qu’ils ne sont pas idiots, c’est pour ça aussi qu’ils te posent des questions, à toi, parce que déjà la première chose quand on te voit, on ne te voit pas comme un homme vieux, on te voit comme quelqu’un qui véhicule quelque chose qui n’est pas générationnel, mais universel ; c’est pour ça que tu as un public de tous âges, et particulièrement jeune de par le monde. Tu relèves de l’artiste sulfureux et sans limite aussi bien que du maître spirituel.
(Il revient avec sa femme et se met à l’interviewer.) Pascale, qu’est-ce que tu penses de vivre avec un vieillard ?
Je ne vis pas avec un vieillard, je vis avec un homme sans âge. C’est à dire quelqu’un qui dans son être, dans son esprit, dans son cœur, n’a plus la notion du temps, qui n’est pas plus jeune que vieux. Tu sais que j’ai comme des seins, que je suis ridé, tu sais que mon sexe n’est pas trop grand. Ça ne te produit pas du dégoût ?
Évidemment que non, puisque je te vois et je te vis et je te sens comme l’être parfait pour moi. Je vis notre couple comme une totale harmonie, une complémentarité. Je ne te vois pas comme quelqu’un de vieux, pas non plus comme quelqu’un de jeune, parce que dans notre monde on a l’habitude d’envisager la jeunesse comme une vertu, or ça ne l’est pas plus, pas moins, que d’être vieux. Ce n’est pas une valeur en soi que d’être jeune, on n’a aucun mérite à l’être, tout le monde l’a été à un moment, l’important c’est de se construire, et un jeune idiot devient un vieil idiot. C’est ce qu’il fait 9—
Tu crois que je me prends pour un gourou ?
Tu ne te prends pour rien, tu es ce que tu es. Tu es à tous niveaux, et en particulier dans la sexualité, un être accompli et complet, dans une générosité et une maîtrise totale.
La Danse de la Réalité, 2013 365 tweets de Sagesse, éditions Albin Michel, 2013 Bouncer, Tome 9, éditions Glénat, 2013
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télévision T/ Julien Bouisset P/ Maxime Antonin
François Simon Parfois on attend le silence et on perçoit la nuit. Mais en arpentant les rues de la capitale, on comprend très vite que rien ne peut fonctionner ainsi. Seul le bruit d’une cigarette allumée prouve qu’une silhouette solitaire peut transpercer l’obscurité de Paris. Comme celle d’un dandy gastronome désormais aux commandes de l’émission Paris Dernière : François Simon.
Dix-huit heures. Un souffle automnal de novembre s’engouffre dans les avenues, le long des berges de la Seine. Les Parisiens se saluent et se bousculent dans une file d’attente naissante. J’allume une cigarette interminable. Paris Photo vient d’ouvrir ses portes, sous la grande nef scintillante du Grand Palais. Le lieu idéal pour rallier, dans une virée céleste, l’équipe de Paris Dernière. Évidemment, pour voler un baisemain à la plus belle des Françaises, Marine Lorphelin. Mais surtout faire la connaissance de François Simon, le nouveau « spectre » de l’émission. Avant lui, une sacrée affiliation (Philippe Besson, Frédéric Taddeï, Xavier de Moulins, ou le producteur Thierry Ardisson) avait tenté de comprendre toutes les faveurs de la nuit parisienne. Mais après seize ans d’existence, les choses doivent changer. La traditionnelle Peugeot 404 blanche de collection – et ses trous au plancher – vient de laisser la place libre à une AMC Pacer, scintillante. Dans la pénombre, une silhouette de dandy rase les 11 —
murs du Grand Palais. Accompagné d’Alexandre Jonette, réalisateur de Paris Dernière depuis 2007, François Simon s’engouffre dans son bolide stationnant. Il est l’heure de partir. Derrière nous, le reste de l’équipe nous accompagnera bien au chaud, à l’intérieur d’une Kangoo bleue. Installé sur la banquette arrière, François Simon peaufine ses futures questions. Dans l’attente, ma sèche s’est transformée en mégot. Comme elle, Miss France vient de me filer entre les doigts. Qu’importe. Bernard Pivot, Teddy Riner, Abd al Malik, Bruno Gaccio, Audrey Dana et Sami Bouajila, Michael Gregorio et Laure de L’École des Femmes, l’atout charme de cette soirée, vont suivre. Le moteur de l’automobile vrombit. Le pied au plancher, Paris (se) défile devant nous, sans jamais avoir l’occasion de pouvoir nous rattraper. Bonsoir François. N’est-ce pas trop compliqué de saisir le ton de l’émission ?
L’émission commence à être rodée, de mon côté. Ce qui est réellement compliqué, c’est le rythme. Tout se tourne souvent en une seule soirée, de 18h à 3h du matin. Il faut savoir enchaîner les rencontres, toutes les trente minutes. Nerveusement c’est prenant car je passe beaucoup de temps à me renseigner sur mes invités. À la fin de la soirée, je tire souvent la langue.
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François Simon
Succéder à Philippe Besson ou Thierry Ardisson n’est tout de même pas anodin ?
C’est vrai, mais cela ne m’atteint pas. Je ne me sens pas du tout complexé par mes prédécesseurs. J’ai en moi beaucoup d’humilité et je ne recherche pas la célébrité. J’ai l’impression que vous voulez surtout conserver votre anonymat.
J’ai un socle de critique gastronomique. J’aime cultiver cet anonymat pour ne pas être repéré dans un restaurant quand j’exerce mon métier. Sinon, les serveurs seraient aux petits soins et la table près des chiottes ne serait plus pour moi. Je fais profil bas. En fait, si je rentre dans ce monde bizarre de la célébrité, j’ai peur d’être abîmé. Vous devez vous y connaître. Quelle est donc la meilleure table parisienne pour un souper ?
Il n’y en a pas. Chaque restaurant est adapté à une situation bien particulière. S’il fait froid ou chaud. Si l’on est accompagné de ses amis, sa fiancée, sa famille. Il y a une totale cohésion entre une table, un lieu et une clientèle. C’est pareil pour la nuit. Elle est comme un plat car elle ruisselle de sens. Il faut être très attentif, sinon cela ne fonctionne pas. Après, je pourrais vous répondre : La Société ou l’Hôtel Costes. Mais ceci serait une réponse biaisée parce que les meilleures tables sont celles qui sont situées à proximité. Il est absurde de prendre le métro pour aller au restaurant. C’est ça, en réalité, la bonne réponse.
un magasin de chaussures bien rangé. Les gens y jouent un rôle. Ils sont prévisibles. La nuit est plus désinvolte, électrique. Les Parisiens se livrent beaucoup plus. Le soir venu, les Parisiens sont-ils encore arrogants ?
Disons que notre caméra les rend sympathiques. Ils sont disponibles, plus vifs et intelligents. Il y a un effet de loupe, un verbe plus libéré. La caméra est un très bon agitateur. Certains disent que Paris est la capitale la plus chiante d’Europe, pour sortir…
Je n’ai aucun a priori ni aucune connaissance. La nuit que je vois est très vive et colorée, sensible et paradoxale. Elle est tellement excessive qu’il serait dommage de s’en priver. Je pense que les gens aiment bien se fustiger comme ça. Paris est extrêmement féroce avec elle-même. Il y a un rapport très sadique au sein de cette ville. C’est ce qui fait d’ailleurs son charme. Ce côté un peu chien, un peu insupportable, arrogant, exigeant, frustré. Cette chimie vient, peut-être, des toits en zinc ou au plomb qui ruissèle dans l’air. Vous ne sortez jamais dans des clubs ?
C’est compliqué pour le tournage de Paris Dernière, car il y a beaucoup de bruit. Cela m’amuse d’y aller une demi-heure, simplement pour regarder les gens. C’est fascinant, ils ont quelque chose d’insondable. Ils sont dans le paraître et la présence. Il faut dire que je suis très bon public.
Êtes-vous un oiseau du jour ou de la nuit ?
J’aime ces deux moments de la journée. Ce sont deux univers qui n’ont rien à voir ensemble. Je trouve la nuit toutefois plus intéressante car les gens sont eux-mêmes. La journée est comme 12 —
Tous les samedis à 00h25 sur Paris Première
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Cinéma T/ Pierig Leray P/ DR
Y’a quoi au ciné ? 1 mois, 4 films, 4 avis.
Casse-tête chinois de Cédric Klapish –
Le problème ? On ne les a
Gondry avait osé associer Romain Duris et Audrey Tautou (sans compter Omar Sy et Gad Elmaleh pour atteindre le paroxysme du vomitif ), Klapish lui nous refourgue le duo le plus têtes-à-claques du cinéma français pour conclure sa trilogie de boutonneux cosmopolites. Saoulant en ado (Auberge espagnole), révulsant en adulescent (Poupées russes), Klapish finit en feu d’artifice avec un bobo Lost in translation à New York : écœurant.
pas vus. Critiques abusives et totalement infondées des meilleurs/pires films du mois à venir.
100% cachemire de Valérie Lemercier –
Quand la réalité surpasse la fiction, et qu’un film devient documentaire, le malaise est palpable. Valérie Lemercier et Gilles Lelouche, où le parisianisme exacerbé de l’une et l’idiotie fêtarde de l’autre s’emmêlent dans une comédie « de gauche » se complaisant dans sa fausse auto-dérision. Le problème, on s’en contrefout de ce couple de branchouilles à la con. Une branlette à vide en somme. Le loup de Wall Street de Martin Scorsese –
Mais aussi : Henri de Y.Moreau le 4 décembre (4/5), Yolande et la passion des piliers de comptoir, superbe, Le Hobbit, la désolation de Smaug de P.Jackson le 11 décembre (3/5), quand des nains qui rotent et un magicien croulant sauvent la Terre du milieu, Albator de S. Aramaki le 25 décembre (0/5), je voudrais bien une part de bouse de Noël en dessert, merci.
Non, nous ne parlerons pas du « Nous ç Nous » Jean Dujardin chez Scorsese, mais plutôt de la performance (encore une fois) de haute volée d’un Scorsese en brillant conteur d’histoire, d’un Di Caprio en pantin désarticulé, frénétique, transpirant à grosses gouttes l’asphyxie boursière d’une jungle sans retour. D’une intensité telle que l’on oubliera – presque – Un papa tombé du ciel sur M6 le soir-même. Nymphomaniac de Lars von Trier –
(Dé)laissé en persona non grata à Cannes après le sublime Melancholia (tristement oublié du palmarès), Lars nous traîne à coups de martinet là où personne ne veut vraiment aller, dans la chatte d’une nymphomane. Bien plus poétique que mes propos outrageux, Charlotte Gainsbourg inspire la détresse, le chaos d’un génie malsain, un Sade d’une époque à culotte anti-viol venant péter le verrou du sexuellement correct, sublime dans la digression. 15 —
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les nuits de T/ MPK P/ Flavien Prioreau
acid arab « L’Orient est l’Orient, l’Occident est l’Occident et, jamais, ces deux mondes ne parviendront à se comprendre », disait Rudyard Kipling après avoir fumé une bonne pipe. En écoutant Collections, la première compilation d’Acid Arab, on se rend compte que l’illustre écrivain britannique s’est planté sur toute la ligne tant l’acid house et la
G : Madad, de Hanaa Ouassim. Ce morceau ressemble à un rêve. D’ailleurs, je crois que « Madad », ça veut dire sommeil. Il me semble que les paroles de ce morceau parlent d’un songe. H : Il y a également Surabaya de Mattia. Il y a un moment très précis sur cette piste qui traite des premières heures de l’aube.
musique orientale s’interpénètrent pour donner des résultats détonnants. Nous avons fumé une chicha
Vous avez tous les deux beaucoup bourlingué dans le
avec Guido et Hervé, les deux compères à l’origine
monde de la nuit. Quels y ont été vos premiers jobs ?
de ce projet, pour qu’ils nous parlent de leur mille
G : Ado, je mixais dans des rallys, je gagnais avec ça mon argent de poche (sourire). Les premières soirées que j’ai organisées, c’était au Cythéa. Et juste après, j’ai bossé au Pulp. H : Pour moi, ça a été dans la restauration. Je bossais dans un petit restaurant près de chez moi, dans le sud, où je m’occupais de la plonge et des entrées. À Paris, j’ai également été barman à la Flèche d’Or, c’est d’ailleurs là que je t’ai rencontré, Guido…
et une nuits. Yallah. Quelles sont pour vous les productions artistiques qui incarnent le mieux la nuit ? Pourquoi ?
Guido : Plus jeune, j’écoutais beaucoup Radio Nova la nuit, à un moment où la nuit sur Nova était ultra connotée, et la sélection musicale très spécifique. L’artiste pour moi, c’était Loic Dury, le programmateur de cette époque. Il avait trouvé une parfaite combinaison de types de musique à écouter la nuit. Il y avait des choses très mentales, très atmosphériques… Pour moi, la nuit, ça a longtemps ressemblé à ça. Hervé : Heu… Chasse et Pêche. À une époque où j’avais une télé, c’est ça qui incarnait le mieux la nuit pour moi.
Qui sont vos meilleurs amis barmen ?
H : Loac, chez Jeannette ! C’est un mec avec qui on a fait les Moune Power pendant 2 ans. G : Et il ne faut pas oublier Audrey à la Java. H : Sinon, les meilleurs, c’était Nico et Francis à l’époque du Zéro Zéro.
Quel est le titre le plus nocturne de votre compila-
Les after, plutôt petit comité en appart’ ou baccha-
tion, Acid Arab Collections ?
nales dans un club ? 17 —
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Acid Arab
H : J’ai plus trop l’énergie pour enchaîner, donc maintenant, je me lève pour aller en after. Un petit brunch et ensuite une petite Concrete, ça me va très bien. Je suis aussi en colloc’ dans une grosse baraque à Ivry, et des fois, quand je rentre de soirée, j’ai des bonnes surprises… G : Moi, j’ai adoré le concept d’after en club quand je l’ai découvert. Ça m’a malheureusement très vite saoulé à cause de l’état dans lequel étaient les gens. Après, pendant des années et des années, ma grande passion, ça a été les after en appartement. Vous êtes des adeptes des backstages ?
H : Pour moi, les backstages, c’est un endroit pour boire un coup et fumer une clope, pas plus. J’aime pas ce côté soirée off… G : Je ne suis pas d’accord, moi j’adore. J’ai fait des rencontres phénoménales dans les backstages. Pour moi, on n’est pas dans la fête, ni à côté, ni au-dessus, ni en dessous… C’est vraiment un espace à part. J’ai passé un temps infini dans les backstages… Des fois je vais voir un Dj à minuit, et je me fais happer par les backstages, j’en ressors à 6h du mat’ et j’ai tout raté. Des fois, il y a vraiment des discussions profondes qui viennent des backstages. La plus mémorable, c’était à une soirée au Social Club, on a passé un moment hallucinant avec Dj Grégory, Pépé Bradock, Ygal et Gilb’r, c’était une discussion autour de la juiverie et d’Israël qui était d’un niveau d’exigence assez incroyable. L’instant pub : vos 3 adresses préférées à Paris ?
H : J’adore l’Udo Bar, rue Neuve-Popincourt. G : Le Big Smile Bazaar. C’est une boutique de disques au 6, rue du Ponceau dans le 2e. On y trouve beaucoup de disques arabes. H : Il y a aussi un petit resto kurde en face du siège du PKK rue d’Enghien. J’y mange 3 ou 4 fois par semaine, et c’est hyper bon.
Pas de clubs ?
G : Le fait d’être allé jouer à l’étranger conforte notre idée que Paris n’est pas à la hauteur. C’est un constat triste mais réel. Partout où on est allés, on a vu des gens qui avaient envie de faire des trucs mortels, et cette envie, on ne l’a pas retrouvée à Paris. Ici, il y a surtout des patrons qui sont là pour vendre de l’alcool. Les jolies idées passent après. Comment avez-vous vu évoluer la nuit parisienne ?
H : Franchement, depuis 3 ans, je trouve que c’est génial, les programmations et le public sont beaucoup plus exigeants… Et il y a plein de jeunes collectifs qui fleurissent de partout. G : Oui, il y a une amélioration, mais elle se passe hors circuit, c’est-à-dire hors des gros clubs classiques parisiens. Maintenant, il faut juste espérer que tous ces petits collectifs vont rester dans la contre-culture, et que l’on ne va pas assister à quelque chose comme le nouvel Hollywood : une bande de jeunes arrive, dynamite le truc de l’intérieur, crée un appel d’air, et finalement fabrique un nouveau système aussi sclérosant que le précédent. Savoir par exemple que Sonotown prend la direction de la Machine, je ne sais pas si c’est une aussi bonne nouvelle que ça. Parmi les métiers de nuit, quel est celui qui vous intrigue le plus ? Pourquoi ?
H : J’arrive pas à comprendre le taf de videur. G : Moi, je ne comprends pas le métier de cassecouille professionnel de la nuit. On en croise plein, toutes les nuits… Votre technique contre la gueule de bois ?
G : Je ne bois pas trop tu sais, mon record, c’est 5 à 6 verres dans une soirée. H : Manger des udon, c’est parfait.
Acid Arab — Collections Versatile
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gonzo T/ Raphaël Breuil P/ MPK
Une nuit au musée Grévin Musée Grévin Mercredi 20 novembre - 20H12
Quand on est journaliste, on reçoit beaucoup d’invitations à des événements tout pétés. Il y a celles que l’on se met de côté sans rien dire aux collègues comme ce Dj set de Gui Mojito sponso par Tsugi et Tecknikart au Loulou, la nouvelle boîte qui vient d’ouvrir dans les sous-sols du musée du Louvre. Et il y a celles qu’on te refile parce que t’es un gros blaireau. Prenons comme exemple cette inauguration de la statue de cire du Père Noël Coca-Cola au musée Grévin. Mais t’es content quand même parce que t’es sous Prozac et que tu y vas avec Corine de la compta. La soirée commence par un petit spectacle débile où un acteur choppé chez Adecco 10 minutes avant le spectacle (Didier Gustin a annulé), tente de placer son texte abrutissant écrit pour des enfants alors que la salle en est absente. Il n’y a que des journalistes pique-assiette. On n’entend pas de rires, que des ventres qui gargouillent, façon de prier le dieu Chipster et les mousseux bon marché sacrés. Ah si ! Il y a quelques enfants qui toussent devant. Mais ça ne compte pas, ils sont malades. Bah oui, Coca-Cola qui fait une opé de communication au musée Grévin, il faut que ce soit en asso avec une asso carit’, sinon les petits altermondialistes du sunday choqués, comme le 21 —
sont la moitié des journalistes invités, auraient pu devenir taquins. Au moment où la présidente de l’organisme dont nous tairons le nom monte sur scène pour présenter son combat, on a les yeux qui piquent. Selon cette dame qui prononce “Coca” comme “caca”, quand on est malade, on a besoin d’être plus heureux que les autres. C’est à ce moment que l’asso intervient et permet à l’enfant de réaliser son rêve. Alors bon, ce n’est pas un rêve de ouf hein, au pire c’est boire une mousse avec M. Pokora pour les plus jeunes ou alors partager une chambre Formule 1 avec Roman Polanski pour les ados. Le but : pouvoir revenir à l’école avec une histoire incroyableafin de rendre les petits corps bien portants jaloux et que ces derniers excluent encore plus les lépreux en leur répondant : « Et bien moi, je ne vais pas mourir l’année prochaineuh. » Enfin bon, cette analyse, tu l’as avec du recul, mais sur le coup, nous étions vraiment tous émus. On a limite l’impression que boire du Coca pourrait nous ramener Lou Reed. On nous montre ensuite un petit reportage sur le petit Killian, atteint de leucémie qui a pu réaliser son rêve de merde Coca : participer à la création de la statue de cire du Père Noël Coca-Cola. Whaou, j’avoue la chance. Ça donne presque envie d’envoyer son fils de 8 ans faire une classe de mer à Fukushima pour qu’enfin il puisse se la kiffer à poser de vrais poils de foufoune de vieilles en guise de beubar à un bout de bougie retaillé en Nuit
Une nuit au Musée Grévin
“« Bonjour Monsieur Fugain », dis-je, content comme tout. […] en fait c’était Philippe Laville.” forme de sale porc pédophile qui boit une ‘teille de Coke. Ah pardon, c’est le Père Noël. T’aurais pas plutôt préféré que Coca finance la recherche avec ses dividendes d’enculés ? On poursuit la soirée par un jeu de piste dans le musée qui au bout du compte nous mène vers l’apéro dinatoire, ce qu’on attend depuis maintenant une heure. Bien entendu, le musée a sélectionné ses meilleurs modèles de cire pour l’occase. Parmi eux j’aperçois la statue de Michel Fugain, ah non il bouge ! « Bonjour Monsieur Fugain », dis-je, content comme tout. Il fait grave la gueule, il chante pas la vie le mec en vrai. Après un petit coup de wiki, en fait c’était Philippe Laville. Je ne ferai pas l’amour en mer ce soir, mais ça me donne bon espoir quant aux vedettes que l’on pourrait dénicher dans un recoin. Au niveau des statues, je ne ferai que deux remarques : j’ai pris une super 22 —
photo avec le modèle réduit à l’échelle de Mimie Mathy, et aussi que les moulages de noirs sont bien plus réussis que les blancs. Omar Sy est saisissant. Nous croisons ensuite Henri Leconte et sa somptueuse épouse sponsorisée par le musée Grévin. Elle est mi-femme, mi-cire, c’est incroyable. Lorsque je demande au vieux tennisman qui n’a jamais rien gagné s’il a sa statue au musée, celui-ci réfléchit un moment avant de me répondre « je crois bien… ». 72h après avoir vécu ces événements, nous n’avons toujours pas été capables de trouver cette statue, avis aux archéologues ! En tous cas, j’ai cherché les copies de Clovis Cornillac et Samuel Le Bihan pendant des heures sans ne jamais les croiser. C’est dommage… Qui c’est celui là ? Klaus Nomi ? Adolf Hitler ? Ah non putain c’est Charlie Chaplin. En le fixant du regard je comprends l’intérêt du musée Grévin. Les truffes au Lexomil m’ont permis de comprendre la magie qui habitait les pélerins lorsqu’ils visitent en masse le musée de cire. Charlot, qui fait ma taille, me regarde droit dans les yeux et me dit : « Mec, t’es pas drôle du tout, change de métier, tu fais du Yann Barthès en vulgaire, mets-toi au muet mec ! Arrête de te moquer de tous ces has-been et vois qui ils sont à l’intérieur, ne dénigre pas le musée Grévin. Rappelle-toi quand tu as vu la statue de Michel Boujenah il y a 20 ans quand tu y étais avec l’école. Tu aurais peut-être préféré être au Louvre pour te cultiver ? Alors un peu de respect pour les statues. Au moins elles ne bougent jamais, va voir celle de Depardieu par exemple. » Et ça, ça fait quelque chose ! Je vais pleurer dans mon champagne avec Liane Foly, complètement rébou que je drague outrageusement en lui ventant le mérite des magnifiques toasts au saumon. C’est une femme formidable, on est d’accord sur tout, ses seins sont superbes. C’est aussi ça, la magie de Noël Coca-Cola. www.grevin.com
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facetofacetoface.tumblr.com 25 —
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musique T/ Loraine Dion P/ Eric Beckman
discodeine Retour gagnant pour Cédric Marszewski, alias Pilooski, et Benjamin Morando, alias Pentile, qui après deux carrières solo rondement menées, décident de conjuguer leurs talents au sein du groupe Discodéine. Après avoir dépoussiéré la french touch avec un premier album éponyme, le groupe revient avec Swimmer qui poursuit la mission de son prédécesseur. Un album qui vous entraîne dans les pro-
C’est toujours assez compliqué d’inviter des gens sur un disque, pour des questions de planning, de timing, de contrat aussi. Et il est plus facile d’adapter les morceaux en live, avec des gens plus proches de nous, ce qui est le cas pour Mark Kerr qui, au-delà de son talent d’écriture et de chanson habite à Paris. Il jouait déjà de la batterie sur la première tournée.
fondeurs abyssales de l’électro pop, réussissant le pari risqué d’une ascension mélodique sans suren-
Votre album coule comme un live, comme si l’ordre
chère rythmique. Préparez-vous à plonger, voire à
avait été minutieusement réfléchi pour que les cou-
replonger…
pures entre les morceaux soient quasi superflues. Est-ce voulu ?
Quand vous avez enregistré votre premier album, vous disiez tenter des choses sans avoir une véritable idée de ce que serait le résultat. Avez-vous produit Swimmer dans ce même état d’esprit ?
Il est difficile de prévoir à l’avance ce à quoi ressemblera le disque final. Les morceaux se dessinent au fur et à mesure de la composition, tout évolue tout le temps jusqu’à la deadline du mastering. L’idée sur ce disque était néanmoins de faire un disque plus concis, plus épuré.
Oui, tout est structuré, l’idée étant que le disque ait un certain rythme, avec un début et une fin. C’est un album assez compact et fluide, simple à écouter d’après les retours que nous en avons eus jusqu’à présent. On souhaitait que les gens aient envie d’appuyer sur la touche repeat dès la première écoute plutôt que de décrocher en cours de route. Swimmer est beaucoup moins clubbing que son prédécesseur, pourquoi ce choix ? Est-ce en lien
Bon nombre de titres ont été réalisés en collabo-
avec une certaine maturité ? Ou est-ce lié à l’envie
ration avec d’autres artistes sur votre précédent
de vous produire dans des salles classes à défaut de
album (Jarvis Cocker, Mathias Aguayo…), alors que
boîtes de nuit crasseuses ?
seuls Mark Kerr et Parker figurent sur celui-là. Cela
Il existe aussi des clubs classieux et des salles de concert crasseuses ! Mais nous ne pensons pas que le clubbing soit toujours en lien avec la maturité.
vient–il d’une volonté de vous recentrer sur votre duo ? 27 —
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Discodeine
“il n’y a de disco que le nom dans notre musique.” Bon nombre de Dj’s connus sont des quadras, même si il y a beaucoup de jeunes Dj’s. La culture clubbing est assumée socialement et non plus réservée à une catégorie d’adolescents, comme c’était le cas dans les années 50 ou 60. Aujourd’hui tout le monde sort et la limite parents-enfants est de plus en plus ténue. Quoi qu’il en soit, l’idée était de faire un disque musical sans pour autant adhérer au format extended généralement associé à l’idée des morceaux destinés au clubbing.
balle partout sa singularité blonde platine. Son 1er album est véritablement un ovni. Le 2ème nous plaît un peu moins mais il a le mérite d’avoir fait quelque chose de différent, de plus spontané peut-être, de moins élaboré. Il a toujours fait des vidéos géniales, c’est à ce titre un artiste complet. Connan, c’est un peu le troubadour de l’amour. Pouvez-vous me parler de vos nuits parisiennes ? Rex ou Social Club ? Clubbing ou soirées appart ? Bercy ou Boule Noire ? Avec ou sans codéine ?
Pour ma part (Pilooski), c’est le Nuba où nous avons notre résidence mensuelle DIRTY. Nous tournons actuellement un peu partout avec notre live pour la promotion de l’album, en formule club ou plus groupe (avec Mark Kerr à la batterie). Nous écumons donc toutes les villes de France et autres villes européennes, et pas seulement les clubs parisiens. La nuit est pas mal liée au travail, nous prendrons peut-être plus de plaisir à fréquenter les bars que les clubs, plutôt sans codéine d’ailleurs. Finalement, n’arrivant pas à percevoir d’influence de disco dans votre musique, j’imagine que le “Disco” du nom de votre groupe signifie “Disco-
On peut dire que Swimmer est plus sombre et plus
thèque”. Doit-on en déduire que vous militez pour
dense que votre premier album. Qu’est-ce que vous
un retour de la codéine dans les clubs ?
écoutiez, lisiez, regardiez, au moment où vous avez
En effet, il n’y a de disco que le nom dans notre musique. Nos influences sont bien plus larges que ça, du rock à la techno, en passant par la musique expérimentale… Nous voulions nous appeler SAUNA à l’origine, mais notre manager préférait Discodeine… une discothèque sous codéine, pourquoi pas ? Mais nous lui préfèrerons toujours la langueur du dimanche après-midi dans les vapeurs d’un bain moite, les effluves d’huiles essentielles, une lumière un peu tamisée, un peu comme dans une vidéo de David Hamilton tournée à Istanbul.
travaillé sur votre album ?
Le disque a été fait sur une période d’un an, il est difficile de faire la synthèse d’un an d’écoute de disques, ça change tout le temps, c’est la même chose pour la lecture et le cinéma. Le disque n’est pas sous l’influence unique d’une œuvre en général. Ce sont plein de choses qui ont infusé lentement et dont tu n’as plus conscience. Si vous ne deviez citer qu’un artiste qui vous inspire ? On retrouve souvent le nom de Connan Mockasin dans vos interviews me semble-t-il ?
On adore Connan. Il représente tout ce qu’on aime : une démarche très personnelle, il trim28 —
Discodeine — Swimmer (Dirty/Pschent)
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sortie T/ Raphael Breuil
Karaoké à Paris Le karaoké, pour le bobo pari-
Le plus “pro”: L’époque, Pigalle
sien, est une activité désuète,
Dans un cadre pittoresque de resto de moules-frites de bord de merde d’une station balnéaire, l’Epoque est sans contexte une institution parisienne. Un titre décroché après avoir sauvé moult soirées pigaliennes qui ne se déroulaient pas comme prévu. L’endroit demeure une alternative appréciable au Pigalion, pour profiter des bien faits d’une petite cuite et de l’heure de gloire des chanteurs de toute l’Ile-de-France. C’est tellement la folie pour chanter qu’on se croirait presque à une session de pré-casting pour la Nouvelle Star. Le temps d’attente peut être de plus d’une heure. N’hésitez pas à proposer un bakshish au serveur, il se peut qu’il l’accepte et vous fasse passer 20 minutes après l’échange de mallettes. Et préparezvous à des moments mythiques. Je me souviens d’une fois ou un père et son fils ont entamé un duo sur 100 pour sang de Johnny et David Halliday. Un grand moment Decathlon.
voire ringarde. Réservée aux beaufs ou aux ados qui veulent déconner quand ils sont bourrés. Mais dans les pays asiatiques, il s’agit d’une véritable institution. En Chine par exemple, aucun contrat sérieux n’est conclu sans une séance de karaoké. Nous devrions faire de même avant de fermer une usine à Florange. Alors Monsieur Ayrault, si tu nous regardes, voici un guide des meilleurs karaokés de Paris.
— 38, boulevard Clichy - 18e - M° Pigalle Le plus what the fuck : Le Chinatown, Belleville
Beaucoup de familles asiatiques dans ce resto chinois typique de Belleville. Mais parmi tout ce petit monde, se glissent quelques jeunes gens au sourire coquin, venus pour rigoler et chanter des conneries entre potes. Alors, c’est un peu raciste comme remarque mais rappelez-vous, le asiats kiffent le karaoké, c’est une tradition. Rire de ça, c’est l’affront national. Un peu comme si un coréen faisait caca dans la tombe du soldat inconnu. Alors si vous venez pour rigoler, on vous fera la moue, mais venez quand même vous marrer, ça vaut le coup. Les prix de certains plats sont exorbitants et pas forcément à la hauteur du vide crée dans votre portefeuille. Mais on n’est pas là pour ça. Un répertoire dingue de chansons du monde entier est dispo. Vous pouvez y aller avec vos amis hollandais, ils y 30 —
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Ceinture noire de Karaoké
trouveront une version acceptable du célèbre tube Twee vaders de Terence Uphoff. J’ai connu un pote drogué ne parlant pas le dutch qui a essayé de la chanter sans la connaître, le mec depuis il est devenu aveugle. De belles soirées en perspective mais le resto ferme tôt, alors prévoir de commencer à picoler vers 18h pour être dans des conditions optimum pour 22h. — 27, rue du Buisson Saint-Louis - 10e - M° Belleville — L’époque
The place to bite : L’enchanteur, Le Marais
Voilà enfin un karaogay, héréro friendly, qui ne propose pas que du Cher ou du Barbara Streisand. Ca fait plaisir ! Idéal pour se filmer en pleine performance. Il n’est pas rare d’y croiser quelques stars déchues de la télé-réalité comme Magalie Vae ou Kevin de la Nouvelle star academy. Possibilité de privatiser l’espace karaoké pour une soirée coquine de folie. Au niveau des titres, c’est assez complet et le matériel est moderne. Un des meilleurs point de vue qualité, même si on trouve les mêmes daubes qu’ailleurs, ne vous inquiétez pas ! — 15, rue Michel Le Comte - 3e - M°Rambuteau — Le Chinatown
Le plus chelou : Le Polykim, Les Halles
— L’Enchanteur
Vous avez tous vu Lost in translation et sa célèbre scène ou Bill et Scarlett font un karaoké à Tokyo dans une cabine. Et bien là c’est pareil, sans Scarlett, ni Bill. Le resto n’a rien de particulier, le principal intérêt reste les box. Mais lorsqu’on se dirige vers les cabines, on traverse un couloir bleu chelou en sous-sol mal éclairé. Ambiance David Lynch qui se poursuit lorsque les serveurs, réputés pour leur amabilité, nous accueillent comme si on venait de leur balancer une bombe atomique. Ils vous expliquent en 3 minutes en franponais comment utiliser la machine et s’en vont en précisant qu’il faudra au minimum dépenser 25 euros en conso pour payer le karaoké. Charmant. Et faites vite parce que si vous n’avez pris qu’une pinte en 30 minutes, le même serveur va repasser pour vous demander de vous magner la nouille en japonais. Leur riche répertoire vous fait oublier la dureté du personnel devant un Je suis malade, tout seul, face à soi-même, quand d’un coup une nippone interrompt une fois de plus votre concert privé pour vous dire que l’endroit ferme. On vous conseille de sortir illico avant qu’ils n’appellent les yakusas. Sans parler de l’accueil, on aime moins le concept de manière générale. Pour le Bonbon nuit, il est aussi important de voir chanter que de chanter. Ils sont vraiment chelous ces japonais. — 17, rue Halles - 1er - M°Châtelet-Les Halles
— Le Polykim 31 —
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rencontre T/ MPK P/ Cyril Lesage
OVIDIE Peut-on avoir fait du porno et avoir un cerveau ? Le parcours d’Ovidie (ex-star du X, réalisatrice, écrivain, chroniqueuse…) balaye d’une pichenette cette question débile. Sexuellement assumée, intellectuellement aiguisée, l’amazone fait partie de ces femmes qui pourraient facilement effrayer les phallocrates. Lors de notre rencontre, elle a expliqué son féminisme pro-sexe, exposé son point de vue sur la prostitution… mais a aussi raconté une petite histoire de cul et évoqué un souvenir quelque peu
États-Unis, du mouvement qui est issu de la libération sexuelle des années 60 et qui a muté jusque dans les années 80 en un féminisme pro-sexe. Les influences, c’est donc Annie Sprinkle, une ancienne actrice de films pornos qui est devenue réalisatrice et qui a passé un doctorat en sexologie. Il y a aussi Scarlot Harlot qui est une prostituée à l’origine du concept de travailleur du sexe. Et Betty Dotson, une sexologue qui a énormément écrit sur la masturbation féminine.
gênant dans les toilettes d’un bar. Bref, une interview à son image, entre cérébralité et légèreté. On aime.
Quand cet article paraîtra, la loi visant à pénaliser les clients des prostituées aura été examinée par
Ovidie, comment définirais-tu les grands axes de
l’Assemblée nationale. Suivant ce que tu nous as dit
ton féminisme ?
plus haut, cette mesure est donc une erreur…
C’est un féminisme pro-sexe, un féminisme nonexcluant, c’est-à-dire qu’il part du principe qu’il n’y a pas qu’un type de femme à défendre. On défend tout aussi bien les prostituées, les travailleuses du sexe en général que les mères de famille, les femmes voilées… Traditionnellement, ce type de féminisme s’oppose aux visions abolitionnistes du féminisme plus classique qui s’en prend à la prostitution, ou à la pornographie, et qui au final ne défend qu’un type de femme : la femme occidentale, active et bourgeoise.
Oui, j’y suis radicalement opposée. Marginaliser une profession déjà très marginalisée, c’est la mettre en situation de criminalité. Je prends régulièrement position contre l’ostracisation des travailleurs du sexe par mes articles et les billets que je publie sur mon blog (Le ticket de Métro d’Ovidie, sur metronews.com, ndlr). Ma position est simple : pour prendre ce genre de décision, il faut déjà demander l’avis aux principales concernées, à savoir les putes. Ce que je regrette, c’est qu’on les considère comme des enfants et qu’elles sont totalement absentes du débat médiatique.
Qui sont les figures de référence de ce féminisme pro-sexe ?
La pétition des 343 salauds, et il y a peu, celle
Mes principales sources d’inspiration viennent des
du chanteur Antoine ne desservent-elles pas le
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Ovidie
débat ? Ne sont-elles pas le signe d’un vieux relent
Ovidie, tu as été étudiante en philo. Qui est pour toi
machiste ?
le philosophe le plus sexuel ?
Déjà, j’ai trouvé cette appellation de mauvais goût mais le problème, c’est que ça a surtout décrédibilisé les propos, parce que les gens sont partis du principe que soit on était du côté des abolitionnistes, soit du côté de Zemmour.
Il n’y en a pas des tonnes… Pour moi, le plus punk, c’est Diogène dans son tonneau qui se masturbe sur la place publique…
Comment te situes-tu par rapport au discours des Femen, qui elles aussi, incarnent une forme de féminisme militant ?
La différence, c’est ce que je te disais tout à l’heure, je ne fais pas partie d’un féminisme excluant. Les Femen méprisent les travailleuses du sexe. J’ai en tête le jour où elles ont grimpé sur la scène du salon de l’érotisme et qu’elles ont bousculé violemment une pauvre petite nana qui était nue sur ses talons… Dans un tout autre registre, leur opposition systématique au voile démontre une certaine islamophobie. Ce genre de comportement me fatigue.
Et Georges Bataille, t’en penses quoi ?
La jouissance de la transgression, ça m’emmerde un peu. Ce n’est pas ma conception de la sexualité, moi, je suis plus dans l’ouverture, dans quelque chose de plus décomplexé. Tu as des adresses favorites pour sortir ?
À une époque mon QG, c’était le Plastic. Ce lieu a fermé à mon grand désespoir. J’aimais vraiment bien cet endroit même si je suis restée enfermée dans les chiottes une fois. Ces chiottes, c’étaient les plus pourries de Paris. Il y avait un bruit de malade et je me suis dit que jamais personne n’allait venir me chercher. J’ai tapé sur la porte des toilettes à presque m’en faire saigner les mains. Mon mec en plus était à l’ouest… Bref.
Venons-en à ton actu. Tu viens de sortir en tant que scénariste Histoires inavouables aux éditions
Ton remède contre la gueule de bois ?
Delcourt. Cette BD recueille 10 histoires vraies qui
Je ne bois jamais d’alcool. Mais de l’eau et de la vitamine C, on m’a dit que c’était pas mal.
parlent de cul. Parmi toutes ces histoires, laquelle symbolise le plus la nuit ?
Quand on y réfléchit, le cul, c’est vachement nocturne. La plupart des histoires se passent la nuit en fin de compte. Il y 3 histoires qui me sont effectivement arrivées, et il y en a une que j’avoue clairement, elle s’appelle Raziel : après une soirée de beuverie, le mec avec qui j’étais à l’époque était fin bourré, on l’a donc envoyé se coucher. Et moi, j’ai fini avec mon amant. Après avoir passé un moment bien torride, on a paniqué parce qu’on ne trouvait plus le préservatif qu’on avait utilisé. On était terrifié que le lendemain, mon mec tombe dessus et comprenne ce qu’on avait fait. En fait, au moment où on cherchait la capote, on s’est rendu compte que c’était Raziel, mon chien, qui l’avait avalé… 34 —
Et du sexe ?
Oula, non… Genre une fellation sous gueule de bois, ça doit être risqué.
Histoires inavouables avec Jérôme d’Aviau aux Éditions Delcourt. Le ticket de Métro d’Ovidie : www.metronews.fr/blog/ovidie www.ovidie.net
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humeur T/ Manon Troppo
mala vita Quand est sorti de ma bouche « Mais qu’est ce que vous faites, là ? Vous allez prendre froid ! », je n’en ai pas cru mes oreilles. C’est que je n’ai pas franchement l’habitude de materner les débilos de la nuit, je préfère généralement les laisser à leur petite tambouille. M’en moquer, parfois même. M’en gausser, aussi. Les chevaucher, de temps à autres, c’est vrai. Dire du mal d’eux, souvent. Mais les choupinouchouner, non. Alors, ce soir-là, c’était différent, faut croire. J’avais pas foutu les pieds dans le 6ème arrondissement depuis une bonne dizaine d’années. Ça fait long, une bonne dizaine d’années, si, si. Rappelez-vous tout ce que vous avez fait en 10 ans. Ce que ça vaut. Rappelezvous tout ce que vous regrettez de n’avoir pas fait, ces dix dernières années. Comment ça fait mal ! C’est considérable, une dizaine d’années. 3650 et quelques jours après avoir mis les pieds pour la dernière fois à Mabillon, j’avais rendez-vous au Café de la Mairie, place Saint-Sulpice. En chemin, j’aimais me rappeler comme j’allais bosser mes rédac de 1°L à l’étage et que c’était là que le film La Discrète avait pris place ; mais je restais inquiète. Inquiète comme quand on retourne voir un ancien amant, t’sais. Là, pas le choix. Obligée de m’y rendre. Et, pour une fois, j’étais pile-poil à l’heure. Quand j’habitais là-bas, j’étais une vraie du 6, j’avais toujours, toujours, 20 minutes de retard. Je ne sais toujours pas pourquoi. En changeant de quartier, et en voyageant, notamment, j’ai 36 —
fait des efforts. Non parce que, au Brésil, quand t’as 15 minutes de retard, les gens se sont dit que t’avais été kidnappée ou quoi qu’est-ce. Donc, tu apprends ta leçon et tu essaies d’être à l’heure, pour voir, pour changer, pour le respect, aussi. Tu essaies pour toute la vie et tu y arrives. C’était dingue, pour moi, d’être à l’heure place Saint-Sulpice. J’avais presque l’impression de trahir ma minimoi, je sais pas, c’était… quasi mystique. Rien de moins. J’avais jamais surveillé l’heure en arrivant à un rendez-vous dans le 6e, jamais. C’était comme devenir adulte, mais à Saint-Germain-des-Près. C’était comme de l’absurde en branche. Mon rendez-vous n’arrivant toujours pas, je commandais un demi, à un de ces serveurs les pires de Paris. Et, comme de par hasard, quand en sortant je me résignais au banc de la place, tout de suite, mon sac sonna. Ça fait souvent ça, les bouffons retardataires. Dès que tu te tu poses en te disant « ok, c’est mort », le zombie renaît de ses cendres. Le texto de la meuf ça disait ça, dans l’écran : « Désolée, trop le rush, on se retrouve au Montana à minuit. » Je pensais que mon aventure s’arrêterait là. Je ne comptais pas le moins du monde mettre un début de pied au Montana. Mais. Dans la fontaine, un gros plein d’soupe se lance soudain et s’ébat comme un beau diable sans raison apparente. C’est là que je lui lance le « Mais qu’est ce que vous faites, là ? Vous allez prendre froid ! » cité plus haut. Nu comme un ver, un gros gros ver, le type Nuit
Mala Vita
continue de barboter et me répond en me regardant à peine : - J’essaie d’attraper une pneumonie. - Tiens donc, quelle idée, et pour quoi faire ? Cette scène était magique ; moi, sur mon banc face à une Anita Ekberg exhibo qui avait pris bien cher, à discuter de maladie des poumons. Quelques passants ralentissent et il me semble qu’ils s’imaginent que nous tournons un film. Un film de Jean-Pierre Mocky, a priori. - Ma femme ne m’aime plus. Disons qu’elle m’aime moins. - Et qu’est ce qu’une pneumonie vient faire làdedans ? - J’ai pensé à faire une tentative de suicide, mais j’ai peur de la réussir. Et de pas la voir triste. De pas pouvoir profiter de sa tristesse. Alors j’ai opté pour la pneumonie. - Et la nuit en cellule de dégrisement, vous y avez pensé ? Il ne comprend manifestement pas. - Retournez-vous. Voilà, ce que vous voyez, là, c’est le commissariat. Et, dans votre situation, vous risquez gros. Attentat à la pudeur et compagnie. Sans compter que vous avez dû vous en jeter plusieurs derrière la cravate, non ? Traversé d’un éclair de lucidité et, manifestement, de pudeur, il s’arrête et pose ses mains sur son sexe, comme un footballeur. Je lui rapporte ses vêtements, et, pendant qu’il se rhabille, me rappelle cette jolie histoire et la lui raconte. - Saviez-vous pourquoi l’une des deux tours n’est pas terminée ? Et sans attendre qu’il réponde, je continue : parce que deux curés étaient chargés de réaliser leur propre tour, et quand le second a vu que son rival avait déjà terminé, il a préféré se jeter du haut de son œuvre inachevée, la laissant ni faite ni à faire pour l’éternité. Rhabillé et se tenant maintenant face à moi, il me toise et, en repartant : - Vous lisez trop de livres, mais pas les bons, si la tour Nord a l’air inachevé c’est parce que des obus 37 —
prussiens l’ont endommagée. Rien à voir avec votre jolie petite histoire gnangnan. Quel toupet. - J’aurais attendu un peu plus de romantisme de la part d’un guignol à poil dans une fontaine !, que je lui crie, vexée comme une armada de poux. - Ouais et moi, j’aurais espéré qu’on me laisse attraper ma pneumonie tranquille ! Avant d’être tout à fait dépitée, un objet attire mon attention : son porte-monnaie, sur le trottoir, n’attend que moi et ma main vengeresse. Sa carte de visite, d’un goût douteux, m’apprend qu’il est responsable d’un magasin de photocopies ; sa carte d’identité, qu’il s’appelle Georges et qu’il a 43 ans. Munie également de son nom et de son adresse, je me rends sur lespagesblanches. fr grâce à mon téléphone pourvu d’intelligence, un peu inquiète qu’il soit sur liste rouge. Bingo. Le voilà. J’appelle, ça sonne, répondeur. « Georges, c’est Manon. ( J’agite ma main dans l’eau de la fontaine) Je suis dans mon bain. Je pense à toi. Tu es parti trop vite ce soir. J’aurais voulu que ton corps pèse encore sur le mien et que tu t’endormes après m’avoir fait jouir si fort. Je pense à toi. ( Je pense vraiment à lui, son gras du vide et ses mains recroquevillées sur un appareil de reproduction riquiqui) Je pense fort à toi et à ton formidable, formidable sexe dans ma bouche. Rappelle-moi vite.» Fière comme pas deux, je dépose ensuite le portemonnaie au commissariat en ayant pris soin d’y ajouter le petit mot suivant : « La pneumonie n’est rien à côté de ce que votre femme va vous faire subir, maintenant. Et le suicide vous paraîtra peut-être même bien plus envisageable, ensuite. Faut pas casser les rêves des jeunes filles, la nuit, devant une église. À bon entendeur. Bisous. » Je savais pas que je pouvais être aussi méchante, mais j’ai toujours su qu’il fallait pas toucher à mon Paris fantasmé. Sans quoi, tout devient bien trop réel. Les obus, les couples qui battent de l’aile, les gens qui arrivent en retard, ceux qui n’arrivent pas, et moi, aussi. La preuve. Nuit
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nightivisme T/ MPK P/ Jules Faure
HOUSE OF MODA Les soirées House of Moda ? Comment te dire… Tu as déjà pris du L.S.D ? Tu as déjà eu l’impression de te retrouver dans un monde merveilleux où les panthères trinquent avec les bûcherons, où les pharaons embrassent des sirènes et où les bonnes sœurs se mettent en transe ? Eh bien les soirées House of Moda, c’est un peu ça, mais encore
A : On aime l’extravagance. On aime les dragqueens, les gens qui se travestissent, les créatures nocturnes… À Paris, tout cela peut-être perçu comme de la vanité, mais nous, on transforme ça en quelque chose de drôle. Notre idée, c’est de réveiller ce côté excentrique qui sommeille en chacun de nous tout en le dédramatisant.
en mieux. Nous avons traversé le miroir et posé quelques questions à Arnaud et à Renaud, les deux
Faut-il être obligatoirement gay pour comprendre
principaux responsables de ces poussées d’excen-
l’essence de vos soirées ?
tricité dans la capitale.
R : Non, pas du tout. Nos soirées ne sont pas du tout assimilées à des soirées gay. Ce n’est pas le fond de notre démarche. A : Nos inspirations, par contre, viennent souvent de la culture gay. Le voguing, par exemple, était très présent lors de nos premières soirées.
Hello les garçons. Vous vous souvenez de la première House of Moda ?
Renaud : C’était le 5 janvier 2011 au Social Club. Arnaud : Un mercredi neigeux, on avait peu d’espoir, et quelque chose de magique s’est passé. Renaud : Oui, on a eu du monde, et c’était pas gagné après un 1er janvier. De quelle intention est issue cette soirée ?
A : On voulait créer une fête qui mélange mode et clubbing. Et quand on parle de mode, cela n’a rien à voir avec la rigidité des défilés et des podiums. Pour nous, c’est plus un terrain de jeu et une source d’expérimentation totale.
Est-ce qu’on peut parler d’une esthétique House of Moda ? Si oui, ce serait laquelle ?
A : Renaud et moi on a des univers esthétiques assez différents. R : Mais notre terrain commun c’est d’être décalé sans être lourdaud. La nuance est qu’on souhaite que les gens viennent lookés et non déguisés. C’est quoi la grande tendance vestimentaire en cette fin d’année ?
Une phrase revient souvent dans votre com’ : « Réveillez la diva qui est vous ». Qu’est-ce que ça signifie au juste ? 39 —
A : Moi, je suis très fan de l’Égypte ancienne. R : On est pas mal dans tout ce qui brille, mais de là à parler de tendance… Nuit
House of Moda
On écoute quoi comme musique chez vous ?
A : On essaye de faire venir les Dj’s de milieux différents. Autour de nous, il y a beaucoup de soirées où l’on sait ce que l’on va écouter. Nous, on essaye de rester éclectiques, on ne se positionne pas sur la musique. On peut entendre du yéyé, du hip-hop, ou de la house. En glorifiant le « too much », ces soirées sont-elles finalement une célébration ironique de notre hystérie collective ?
R : Nos soirées sont certes « too much » mais parce que le monde est « not enough ». L’ambiance générale n’est pas vraiment folichonne, nous, on essaye d’instaurer un peu de folie dans la grisaille. Créer un espace de liberté éphémère, c’est notre seule revendication.
et en plus elle se trouve à Belleville. A : Le fait qu’elle se trouve dans ce quartier est important pour nous. On n’irait pas organiser des soirées sur les Champs. La Java, c’est vraiment un club des faubourgs. Tu sais qu’avec son petit dancing, il y une histoire qui est vieille d’un siècle. R : Les gens y vont vraiment pour s’amuser, il n’y a pas cette froideur ou ce snobisme que l’on peut trouver dans d’autres clubs. A : Exactement ! Et c’est assez rare finalement ce genre de lieu. Au niveau des sensations physiques, vous retenez quoi de cet endroit ?
R : La moiteur, il y fait toujours super chaud. L’odeur de sueur et de vieille bière, aussi. S’il devait y avoir une soirée House of Moda ayant
Vous me parliez tout à l’heure du voguing
pour thème Belleville, ce serait quoi le dress code ?
(Le voguing est une danse caractérisée par la pose-
R : Disons que nous n’avons pas de thèmes directifs sur le plan vestimentaire. Chacun y met ce qu’il veut. Pour Belleville, ce qui pourrait être drôle, ce serait de croiser l’ambiance entre les bouchers reubeus et les boutiques de sapes chinoises : je piquerais des ballerines et des tops fluos, et puis je porterais une tête de mouton sur l’épaule…
mannequin, telle que pratiquée dans le magazine américain Vogue dans les 60’s, ndlr). Cette danse, est-ce de la micro-politique ?
A : Oui, le voguing, c’est éminemment politique et c’est pour cette raison que l’on ne veut pas être qualifiés de soirée « voguing ». On a beaucoup trop de respect pour tout ce qu’implique ce phénomène culturellement. Nous, on est juste une petite soirée parisienne de blancs provenant de milieux pas spécialement défavorisés… On s’est inspirés de cette culture gay new-yorkaise et underground parce qu’on y trouvait des points d’accointance : la mode, les icônes pop, les looks extravagants. On y a aussi puisé l’art de faire des battles par exemple. Nous sommes restés à la surface du voguing, car cette danse est issue d’une revendication sociale bien plus profonde et complexe que ce que l’on fait.
Vous pouvez nous parler de la prochaine soirée qui aura lieu le 21 décembre à la Java ?
A : Le thème sera « tout ce qui brille », tout ce qui est clinquant, bling-bling, toc, argenté. Il y aura Rag et Tepr derrière les platines, et on organisera un gros battle de danse. Le remède House of Moda contre la gueule de bois ?
A + R : Boire du lait démaquillant.
Les House of Moda sont très associées à la Java.
houseofmoda.tumblr.com
C’est un peu une histoire d’amour, non ?
Midnight Rendez-Vous (Les créations vestimentaires
R : Oui, c’est une vraie histoire d’amour. C’est une salle que je trouve très familiale, très particulière,
de Renaud) : midnight-rendez-vous.tumblr.com
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Bonbon Party - 01/11/13 - Divan du monde Photos : Margaux Bzt 43 —
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Cocktail T/ Vincent Kreyder P/ Gaëlle Lepetit
bloody mary Ah, qu’il est loin le temps où notre Gérard national ne devait la rougeur sanguine de sa peau tendue de laisser-aller qu’à nos cépages ! À peine adopté par la Mère Rouge a-t-il dû illégitimement fricoter du gorgeon avec la vodka locale ; ce qui constitue pour moi une parfaite introduction à notre cocktail du mois : le Bloody Mary. Cohérence théma-chromatique au top.
C’est pourtant sur ses terres natales que l’Histoire vit naître le Bloody Mary (ou « Marie-Salope », pour la french touch). Plus précisément en 1921 au Harry’s Bar, que votre serviteur a l’habitude de fréquenter pour son « Pétrifiant » dévastateur qui clôt à merveille les soirées avortées. Les possibilités offertes par ce cocktail composé de vodka, jus de tomate, Tabasco, sel de céleri, sauce Worcestershire, citron, sel et poivre sont nombreuses. Personnellement, j’ai tendance à remplacer le sel de céleri par du raifort et la sauce Worcestershire par de la Guinness. Ce dernier point n’a d’ailleurs pas qu’un avantage gustatif : il vous permettra d’éviter d’avoir à prononcer le nom infernal de la sauce lorsqu’on vous demandera (et ça arrivera, ça arrive toujours) « oh, tu bois quoi ? ». On peut aussi ajouter des petits oignons nouveaux ou même des pickles, dans un esprit purement new-yorkais.
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Durant les années 30, le Bloody Snapper, qui consiste à remplacer la vodka par du gin, est un remède prisé contre la gueule de bois. Garanti meilleur que l’Efferalgan. Mais le Bloody Snapper n’est pas le seul enfant déclaré de la famille sanglante. En fait, il en existe à peu près un par alcool, même les plus fantaisistes. Essayez-donc le Bloody Fairy, à l’absinthe, le Bloody Molly, au whisky, le Bloody Matador, à la Téquila, le Michelada Clementina, à la bière mexicaine et même le Bloody Geisha au saké. Malgré une intégrité journalistique sans faille, je dois bien avouer passer mon tour concernant ce dernier. Riche en possibilités mais aussi en anecdotes, dont la plupart sont relatives à l’origine même du cocktail, d’aucuns l’attribuent à Hemingway, qui craignait les réprimandes de sa pétroleuse, Mary Welsh, lorsqu’il buvait. Il aurait donc demandé au barman du Ritz de lui confectionner un breuvage sans odeur. D’autres estiment que le nom proviendrait de Mary Tudor, la sanguinaire Reine d’Angleterre au règne quinquennal. On parle aussi de Mary Read, célèbre pirate s’étant illustrée par sa brutalité aux côtés, notamment, de Rackham le… Rouge, bien sûr ! Enfin, cher lecteur, souviens-toi d’une chose : si une ficelle dépasse de ton Bloody, c’est que t’as peut-être été trop lourd avec la serveuse… Nuit
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Nuit
trousse de secours Ouvert toute la nuit !
Pharmacies de garde
Épicerie Shell
Chez Tina
84, av. des Champs-Élysées - 8e
6, boulevard Raspail - 7e
1, rue Lepic - 18e
≥ 01 45 62 02 41
≥ 7/7 — 24/24
d≥j jusqu'à 4h30 / v≥s jusqu'à 7h
6, place de Clichy - 9e
Minimarket fruits et légumes
Boulangerie Salem
≥ 01 48 74 65 18
11, boulevard de Clichy - 9e
20, boulevard de Clichy - 18e ≥ 7/7 — 24/24
6, place Félix-Éboué - 12
≥ 7/7 — jusqu'à 7h
≥ 01 43 43 19 03
Alimentation 8 à Huit
Livraison médicaments 24/24
151, rue de la Convention - 15e
Fleuristes
≥ 01 42 42 42 50
≥ 7/7 — 24/24
Chez Violette, au Pot de fer fleuri
Supérette 77
78, rue Monge - 5e
Urgences
77, boulevard Barbès - 18e
≥ 01 45 35 17 42
SOS dépression
≥ mardi au dimanche jusqu'à 5h
Relais Fleury
e
≥ 08 92 70 12 38
114, rue Caulaincourt - 18e
Urgences psychiatrie
Resto
Se déplace sur région parisienne
L’Endroit, 67, place du Docteur-
≥ 01 46 06 63 97
≥ 01 40 47 04 47
Félix-Lobligeois 17e 01 42 29 50 00
Carwash
Drogue, alcool, tabac info service
≥ tlj de 11h à 1h, jeudi, vendredi,
Paris Autolavage 7/7 — 24/24
≥ 08 00 23 13 13 / 01 70 23 13 13
samedi de 10h à 5h
Porte de Clichy - 17e
Livraison sextoys
Tabac
Shopping
Commande en ligne
Tabac du Châtelet
Virgin Megastore
www.sweet-delivery.fr
4, rue Saint-Denis - 1er
52, av. des Champs-Élysées - 8e
≥ 7/7 — jusqu'à 6h
≥ 7/7 — jusqu'à 3h
≥ jusqu'à minuit
Tabac Saint-Paul
Librairie Boulinier
Livraison alcool + food
127, rue Saint-Antoine - 4e
20, boulevard Saint-Michel - 6e
Nemo 01 47 03 33 84
≥ 7/7 — jusqu'à minuit
v≥l jusqu'à 00h, m≥j jusqu'à 23h
≥ 7/7 — jusqu'à 6h
Le Pigalle
Faim de Nuit 01 43 44 04 88
22, boulevard de Clichy - 18e
Kiosques à journaux 24/24
≥ 7/7 — jusqu'à 7h
≥ vendredi et samedi jusqu'à 5h
38, av. des Champs-Élysées - 8e
Allô Hector 01 43 07 70 70
16, boulevard de la Madeleine - 8e
≥ 7/7 — jusqu'à 6h
Poste de nuit
2, boulevard Montmartre - 9e
Apéritissimo 01 48 74 34 66
52, rue du Louvre - 1er M° Louvre-
Place de Clichy - 18e
≥ 7/7 — jusqu'à 4h
Rivoli / Étienne-Marcel
Allô Glaçons
Boulangeries
53, rue de la Harpe - 5e
01 46 75 05 05 ≥ 7/7 — 24/24
Snac Time
≥ 01 44 07 38 89
97, boulevard Saint-Germain - 6e
20, rue du Fb Saint-Antoine - 12e
Épiceries
≥ 7/7 — 24/24
≥ 01 43 40 03 00
L'Épicerie de nuit
Boulangerie-pâtisserie
35, rue Claude-Bernard - 5e
99, avenue de Clichy - 17e
Envoyez-nous vos bons plans
≥ vendredi et samedi jusqu'à 3h30
≥ 7/7 — 24/24
ouverts la nuit : nuit@lebonbon.fr
Internet 24/24
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Nuit
la playlist du mois P/ Macadam Mambo
SACHA MAMBO
Robert Ashley - Perfect Lives (Private Parts) - The Bar
Robert Ashley est un artiste qui me fascine dans sa manière d’aborder le son et le texte, tu poses ta cellule sur le disque et tu es parti pour presque 1/2h d’une ambiance dont tu ne peux plus décrocher. Jade 4U – Midnight Rider
La prêtresse de la New-Beat belge nous propulse dans une balade baléarique des plus envoûtantes, je le joue souvent en warm-up. Sylvian & Sakamoto - Bamboo Houses
Une très lancinante ballade synth-pop par le maître Ryuchi Sakamoto et David Sylvian avec Steve Nye à la production. Sacha Mambo manage le
Big L - Let ‘em Have It ‘L’
label Macadam Mambo, aux
Un flow qui rebondit sur un groove qui tue, c’est bien rough. Ce morceau est assez représentatif de mon revival old-school hip-hop.
choix pointus et éclectiques, globalement orientés disco et acid, qui compte déjà 9 sorties
Todo Todo – Trafico Trafico
vinyl en moins d’un an et demi,
J’ai découvert ce groupe cet été en passant chez Disco Paradiso à Barcelone, ré-édité sur Domestica. Une sorte d’électro à la Kraftkwerk mais à la sauce punk espagnol.
playlistées par pas mal de très bons Dj dont le fameux Harvey… De très beaux maxis sont à venir. Également artiste de la famille
Gabi Delgado - Victim
Karat, sous son pseudo MZKBX,
La moitié des DAF en mode Tropicalo-Indus, tout simplement magique, c’est tendu, ça groove, ça évolue en permanence.
son premier album From This Desire sortira en janvier 2014. Il est également résident du club
Don Cherry – The Creator Has A Master Plan
lyonnais LE SUCRE.
Je ne suis pas particulièrement fan de free jazz, mais l’enregistrement de ce concert à Ankara est juste incroyable..
— soundcloud.com/mzkbx soundcloud.com/macadam-
Déficit des Années Antérieures - 3 Trees Near The Path In The Wakasa Forest
mambo
Entre chants dissonants et atmosphère ethnico-contemporain, la folie géniale, triste et poétique de ce morceau me transperce le cœur à chaque fois que je l’écoute. Section 25 – Looking From A Hilltop
Le label Factory a toujours été en avance sur son temps et a eu un talent incroyable pour dénicher ce groupe de Blackpool. Arthur Russell – Make 1,2
Arthur Russell c’est compliqué de ne pas aimer, ce petit morceau est terrible, il claque, il groove, la voix est envoûtante. Tout pour plaire. 47 —
Nuit
agenda La sélection de ParisLaNuit.fr
Mardi 05/11 19h30 Zénith 35€
Samedi 14/12 21h Le Yoyo 30 €
≥ Woodkid
≥ Flying Lotus • Cashmere Cat • Thundercat • Captain Murphy • Lapalux
Jeudi 05/12 19h30 Le Nouveau Casino 19,80 € Lundi 16/12 19h30 Le Trianon Complet
≥ Anoraak
≥ Tricky Jeudi 05/12 23h30 Le Rex Club 12 € ≥ Rex Club « 25 Years » - Closing ! : Ricardo Villalo-
Vendredi 20/12 23h30 Le Rex Club
bos
≥ Derrick May All Night Long
Vendredi 06/12 23h La Bellevilloise 16,80 €
Vendredi 20/12 23h50 Le Badaboum 11,80 €
≥ «Footwork» By Theo Parrish
≥ Wareika Live • Guillermo Jamas • Kevin Reis • Neet and more
Vendredi 06/12 23h30 Le Zig Zag 13,80 € Vendredi 20/12 23h Lieu Secret 29,70 €
≥ Open House : Bondax
≥ We Love Visionquest Samedi 07/12 19h30 Machine du Moulin Rouge 22 € Vendredi 20/12 23h30 Le Zig Zag 16,80 €
≥ James Holden presents The Inheritors
≥ Drumcode : Adam Beyer, Ida Engberg & Joel Mull Mardi 10/12 20h Le Point Ephémère 22 €
and more
≥ Festival Winter Camp Samedi 21/12 23h La Machine du Moulin Rouge 17 € Mardi 10/12
19h30
Le Bataclan 22 €
≥ Embrace #3 W/ Dusky •
≥ Rocé
Ben Pearce • Darius and more
Jeudi 12/12 19h30 Le Trabendo 22 €
Samedi 21/12 23h Le Wanderlust 10€ après 00h
≥ Winter Camp : Arts & Crafts 10th Anniversary
≥ Roche Musique : Kartell • Fkj • Cherokee • Cézaire
Party
• Class 84
Vendredi 13/12 23h30 Le Showcase 11,70 €
Samedi 21/12 23h50 Le Badaboum 11,80 €
≥ Catz N Dogz avec Fur Coat • Audiofly • Möggli and
≥ Session Victim Live • Phred • Valentin Joliff
more Samedi 21/12 23h30 Le Zig Zag 13,80 € Vendredi 13/12 23h30 La Gaité Lyrique 18 €
≥ Meant : Marc Houle Live, Tim Paris & Remain
≥ Odd Frequencie : Les Nuits de la Gaîté : Trevor Jackson • Morphosis • Stellar Om Source Live •
Vendredi 27/12 23h Le Wanderlust 10€ après 00h
Clément Meyer
≥ Random Is A Pattern Release Party : Oleg Poliakov • Aquarius Heaven • Nôze
Samedi 14/12 18h Mains d’Oeuvres 10 € ≥ La «13», Tous en baskets ! : Naive New Beaters •
Envoyez votre programmation à :
Dezordr Recordz • P.O.U.F • Immature Boy
jessica@parislanuit.fr
48 —
Nuit
VENDREDI 3 janvier
© Julie Soudanne
DE 23H À 6H
O O AU DIVAN DU MONDE
SUR INVITATION : PARTY@LEBONBON.FR
B N B N P A R - T Y