Nuit
Janvier 2014 - n째 38 - lebonbon.fr
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inscrivez-vo on.fr onb grrrrr@leb L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTE. a CONSOMMER AVEC MODERATION
édito
© Nicola Delorme
Janvier 2014
Ce soir-là, y’avait que des navets à la télé, j’avais la pêche et un peu d’oseille, j’me suis donc décidé à aller faire un tour dehors. J’arrive au bastringue, tranquille, tout le monde a l’air content et picole en rang d’oignon. J’me pose entre une grande asperge et un avocat. Pas envie de boire du jus de raisin, j’passe direct à d’la prune. 4 verres cul-sec, bing, me v’là chaud. C’est à ce moment que la grande asperge commence à briser les noix de l’avocat. Il lui dit que les gars comme lui devraient bouffer les pissenlits par la racine. Ça s’embrouille, les mecs sont stressés, ça fait sûrement un bout de temps qu’ils ont pas dégorgé le poireau. Impossible de couper la poire en deux. Ils en viennent alors aux mains, ça se colle des pastèques et des châtaignes. V’là l’asperge dans les pommes. L’avocat a la citrouille en compote. Le patron du bar appelle les flics, tout le monde se casse pour éviter le panier à salade. J’arrive devant un club, le videur me dit que j’ai le melon et que ça va pas être possible. Pas la peine de discuter, ce gros con a un pois chiche dans le citron, j’me dis que les carottes sont cuites, qu’il est temps de dormir. Mais non, un vieux pote m’appelle et m’dit : « amène ta fraise, y’a une teuf dans un appart’ et y’a plein de belles plantes. » Alors j’le rejoins. Et il a raison le bougre, j’me refais la cerise, j’discute des heures avec Clémentine et Framboise… Finalement, la cervelle en chou-fleur, j’rentre chez moi au petit matin, j’allume la télé et je tombe sur une nana qui me sermonne : « pour être en bonne santé, mangez 5 fruits et légumes par jour. » Overdose, je sature, et je décide de me tailler une bonne bavette. Très saignante. Un peu comme l’année qui s’annonce. MPK Carnivore en chef
Rédacteur en chef — Michaël Pécot-Kleiner michael@lebonbon.fr | Directeur artistique — Tom Gordonovitch tom@lebonbon.fr Directeur de la publication — Jacques de la Chaise | Photo couverture — Maud Geffray par Nicola Delorme Secrétaire de rédaction — Louis Haeffner | Régie publicitaire — regiepub@lebonbon.fr 06 33 54 65 95 Contactez-nous — nuit@lebonbon.fr | Siret — 510 580 301 00032 | Siège social — 12, rue Lamartine Paris 9e 1—
Nuit
sommaire Le Bonbon Nuit
Maud Geffray
p. 7
Souvenirs From Earth
p. 11
The Hacker
p. 15
Y’a quoi au ciné ?
p. 18
gonzo
Une nuit de voyance
p. 21
tumblr
Banana and fruits friends
p. 24
Moderat
p. 27
Pipi de Frèche
p. 31
rencontre
Coralie Trinh Thi
p. 35
snapshots
Bonbon Party
p. 38
Les miettes du gotha
p. 41
Masqué par Camille Milin
p. 42
White Russian
p. 44
playlist
Clara Moto
p. 47
agenda
Paris la nuit
p. 48
à la une art musique cinéma
musique nightivisme
métier de l’ombre concours cocktail
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agenda Les événements à ne pas manquer
Classic as Fuck Afin de commencer 2014 en beauté et célébrer leur résidence mensuelle au Batofar, Classic as Fuck vous invite à une apocalypse sonore orchestrée par deux producteurs passionnés de techno glaciale, brute, directe et sans concessions, Black Asteroïd et Roman Poncet. À leurs côtés, H> et Disobey. Samedi 11 janvier à partir de 23h Le Batofar
En noir et blanc Les trois cent trente photographies d’Anders Petersen présentées dans l’exposition sont une magnifique et fulgurante traversée de l’œuvre élaborée pendant un demi-siècle par l’artiste suédois. Sa pratique de la photographie en noir et blanc est vibrante, percutante, proche du snapshot. Tout le mois de janvier La BnF
Blue Girlz En janvier, les filles prendront les commandes du Blue : de l’accueil au bar, sur scène et derrière les platines. Le Blue Girlz sera tenu par la meute glam et rock de SheWolf & the Eves pour une ambiance festive et impertinente, en réinventant l’art de la séduction par des shows rock audacieux et voluptueux. Tous les mercredis de janvier Le Blue Club
Expo Lynch Toujours là où on ne l’attend pas, David Lynch nous DR/ DR/ Thomas Smith / DR
fait partager sa passion pour la photographie à travers une exposition intitulée Small Stories. Il exposera à la Maison Européenne de la Photographie (MEP) une quarantaine de clichés en noir et blanc. Entre souvenirs d’enfance, étrange et fantastique. À partir du 15 janvier Maison Européenne de la Photographie 5—
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à la une T/ MPK P/ Jacob Khrist
maud geffray On va vous la faire simple : à Paris, dans le milieu
J’ai cru comprendre que tu te barrais ce mois-ci
de la nuit, 99% des gens sont secrètement amou-
à Los Angeles pour rejoindre Sebastien. Vous allez
reux de Maud. Hémisphère gauche du génialissime
bosser sur le prochain album ?
duo Scratch Massive, Djette érudite et respectée,
Plutôt qu’un album, on va sûrement faire un 4 titres. Je ne sais pas si aujourd’hui le format album signifie encore quelque chose. On va aussi très certainement travailler sur la musique du prochain film de Zoé Cassavetes.
elle nous parle de sa vision de la nuit, mais aussi d’un remix d’Alain Chamfort, d’un doc sur une rave party, d’une montée de sérotonine à New York et de la direction de leur prochain album. Comme les autres, on est tombés sous le charme.
Musicalement, quelle direction ça va prendre ? Vous Maud, avec Sebastien (la deuxième moitié de
allez vous démarquer de Nuit de Rêve ?
Scratch Massive), vous préparez pour ce début
J’ai un peu du mal à sortir de ces ambiances musicales ; d’une manière assez instinctive, j’aime quand il y a des grosses basses, des textures sombres et froides. J’y vais inévitablement, j’ai beau commencer n’importe quoi, je reviens toujours vers le dark. Je pense qu’on ne va pas radicalement changer d’état d’esprit.
d’année un remix de La fièvre dans le sang d’Alain Chamfort. Vous avez rencontré le monsieur ?
Non, on ne l’a pas rencontré. En fait, c’est un projet de Marco Dos Santos et de Raphaël Hamburger (le fils de Michel Berger, ndlr). Ils ont réussi à avoir toutes les pistes séparées de tous les morceaux d’Alain Chamfort, et elles ont vraiment une qualité de ouf. On est plusieurs à bosser dessus, chacun sur un titre de notre choix. Sur ce projet, il y aura très certainement Get a Room, Chloé, Jennifer Cardini, Cosmo Vitelli… Et ça devrait sortir le mois prochain. Pourquoi avoir choisi ce titre-là ?
Parce que je le chantais toujours quand j’étais petite. Je faisais des chorés dessus avec mon frère pour rigoler. Musicalement, c’est peut-être pas le plus riche mais j’aime bien son petit côté désuet. 7—
Il paraît que tu travailles aussi sur une vidéo ayant pour sujet une rave ?
En fait, c’est un document d’un réalisateur qui s’appelle Christophe Turpin qui a filmé une rave à Carnac en 1994. Le mec avait une caméra super 8, je me souviens très bien de lui parce que je figure sur ce documentaire. On était en after, c’était en fin de soirée/début de journée, levé de soleil, etc. À l’époque, on était des gamins, on faisait des centaines de kilomètres pour aller dans une rave party, qu’elle soit en Bretagne, en Suisse ou à Paris. Nuit
Maud Geffray
“j’aime quand il y a des grosses basses, des textures sombres et froides. J’y vais inévitablement, j’ai beau commencer n’importe quoi, je reviens toujours vers le dark.”
C’était une sorte de Mecque pour nous. Pour revenir aux images de Christophe Turpin, elles sont vraiment très très belles, le décor est assez fou. Il y a des gens qu’on reconnaît dedans, comme Julien Plaisir de France, Manu le Malin je crois, il y a aussi Seb qu’on aperçoit furtivement aux platines car il mixait déjà à cette époque, Arnaud l’Aquarium, Ph… Il y a donc ces mecs-là et tout un tas de gens que je croise aujourd’hui à Paris. Quand Christophe m’a filé ce dvd, je me suis dit qu’il fallait absolument qu’on fasse quelque chose avec ça. Ce sont des images nostalgiques, poétiques, et à la fois, il n’y a aucun cliché. On n’est pas du tout dans le free party glauque, ce truc triste tel que l’on nous l’a présenté dans les médias. Là, il y a un moment de liberté, un vrai moment de grâce pour tous. Cette période n’a malheureusement pas duré longtemps, on était encore dans la transe power… Après, ce mouvement a pris du plomb dans l’aile et s’est séparé en deux branches : la free party plus hardcore et la techno de club. Et pour te dire la vérité, je ne me suis retrouvée ni dans la hardtech, ni dans la french touch. Et donc, ces images-là, tu veux les mettre en musique, c’est bien ça ?
Oui, et encore une fois, ça ne sera pas de la musique gaie. Il y aura des grosses nappes, des mélodies comme dans Les mystérieuses cités d’or, avec des sonorités assez DX7. Ça évoquera quelque chose comme une recherche dans une contrée perchée. Bref, c’est Le Village dans les nuages. J’ai envie de désorienter le film afin qu’on ne sache plus où l’on est. Il n’y aura aucun côté revendicatif, genre « la rave c’était bien ». Il n’y pas de message, ce sont juste des blocs de sensations. C’est au-delà. On dirait presque un asile de fous. Il y a des gros plans magnifiques, les gens ont vraiment des têtes de chéper. Maud, tu peux nous dire la vérité, tu avais bouffé de la drogue pendant cette rave ?
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Maud Geffray
Franchement, c’était l’époque de la découverte de l’ecstasy, et cette drogue était très liée à la musique que l’on écoutait. On était tous sous taz, ouais. Un de mes potes qui était d’ailleurs à cette teuf-là en avait écoulés 300. Toi qui as étudié le cinéma et qui a une connaissance pointue du 7ème art, quelle est la séquence de film qui t’évoque le plus la nuit ? Pourquoi ?
Tu connais Little Odessa ? C’est le premier film de James Gray. Ce film est très dépouillé, très sobre, très dark… Avec quasiment que des chœurs du début à la fin, je trouve ce film hyper troublant. Il représente quelque chose d’assez glaçant et de nocturne, quelque chose d’immobile. Rien à voir avec la nuit festive.
Les backstages où tu peux passer des heures à discuter, ce sont lesquelles ?
Ah ouais, les backstages pour moi, c’est très important, et des biens, il n’y en a pas tant que ça. J’ai des bons souvenirs des backstages du Social, elles sont assez grandes, c’est presque là que le club se passe. Après, j’ai passé de très bons moments dans des petites loges très enfumées comme au Nouveau Casino. La différence de ces clubs avec le Pulp, c’est que ce dernier n’avait pas forcément besoin de backstages. Il n’y en avait pas là-bas, c’était un petit bout de pièce avec 3 poubelles, elles n’avaient aucun intérêt, tout se passait dans le club. Finalement, quand le club envoie, il se transforme en backstages géantes. Le dernier Dj set où tu t’es pris une grosse claque,
Quel est ton rapport à la nuit ?
c’était quand ?
J’ai peur de la nuit. Je n’aime pas trop m’endormir, j’ai un réel souci avec l’endormissement, du coup, je vis pas mal la nuit.
En juin dernier, j’ai eu une monté de sérotonine au Standard Hotel à New York. On était tout en haut d’un building, et on dominait totalement la ville, on avait une vue de dingue. Il y avait un gros sound system avec un son très rond, tout y était vachement agréable. Y’avait la nana d’Hercule and Love affair qui avait fait un set acid juste après. Powerful.
On peut te croiser où ces derniers temps ?
Depuis que j’habite dans un grand appartement, les gens ont tendance à venir à moi (rires). J’aime bien, il se passe plein de choses, c’est un peu comme si je sortais. Et puis ici, il y a tout ce qu’il faut. Après quand je sors, c’est surtout soit quand je joue, soit qu’on m’amène en soirée. Le club ou le bar où tu ne mettras plus jamais les
Ta dernière trouvaille en vinyle ?
Jeremy Deler, English magic. Il a fait une reprise de Voodoo Ray avec un orchestre caribéen qui est juste mortelle.
pieds ?
Je n’ai jamais eu d’expériences vraiment dégueu. Par contre, j’ai eu une expérience rigolote au Quartier Général à Oberkampf où j’ai mixé un soir. C’était un bon gros bordel, au bout de deux secondes mon ordinateur est tombé et s’est pété, mais bon, la soirée était super surprenante. J’avais l’impression que tout le monde était déguisé en Sexy Sushi, tout le monde était à fond (cette soirée, c’est la Kidnapping, ndlr).
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La petite pépite que tu joueras sur ton prochain mix ?
Cliff Lothar, White Savage. Très sexuel.
facebook.com/pages/Scratch-Massive
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art T/ MPK P/ DR
Souvenirs From Earth Petit conseil. Pour le comatage post-after dans son lit, se connecter à Souvenirs From Earth, seule chaîne du câble (et présente également sur inter-
la télé et d’en faire quelque chose d’autre. Cette idée se retrouve chez nous. Nous constituons une alternative parmi les 200 chaînes du câble.
net) qui depuis 2006 balance H24 des vidéos arty. Nous avons eu un brin de conversation avec l’artiste
Peut-on retrouver dans ta programmation des
Markus Kreiss, l’un des créateurs du projet. Avec lui,
courts-métrages ?
un seul mot d’ordre : casual TV sucks.
On n’est pas trop sectaires, tout peut se mélanger. Je sais qu’on a beaucoup de fans qui sont des cinéastes. On exclut surtout des vidéos qui ne sont pas de bonne qualité. Quand il y a trop de discours, on ne prend pas non plus. On met de la danse contemporaine et de la performance. Je ne fais pas la différence, pour moi, ça peut être aussi du video art.
Souvenirs From Earth, on dirait un peu un nom de programme de la NASA, non ?
Ça vient d’une position qui est commune à beaucoup d’artistes : nous sommes des aliens. Les artistes sont des gens qui ont 3 yeux, et qui ont une autre perspective de la vie. Transmettre un regard différent, c’est tout ce que l’on peut attendre de l’art. Par rapport à une distance dans le temps et dans l’espace, la chaîne permet d’avoir un regard nouveau. La réalité n’est pas ce que les autres chaînes de télé veulent nous faire croire. On essaye de dépasser le cadre monolithique qui nous est donné par les médias aujourd’hui. Cette chaîne est un OVNI, ça vient d’ailleurs. Peux-tu nous parler du video art ?
« La télévision attaquait tous les instants de notre vie, nous pouvons maintenant contre-attaquer. » Cette citation de Nam June Paik, le pionnier du video art résume bien ce que nous faisons. Nam June Paik a beaucoup écrit là-dessus, il était très politique. Pour lui, c’était un acte militant de prendre 11 —
Il y a rarement des paroles sur les vidéos de Souvenirs From Earth. Pourquoi ?
La parole est tolérée, mais on évite en effet les vidéos avec des grands discours. C’est comme une toile sur le mur, on veut que l’écran prenne place dans la vie comme une peinture, pas comme une télé. Nous recherchons plus une vibration qu’un discours. Et on veut vraiment trouver notre place dans la vie quotidienne des gens, pas être seulement dans un musée réservé à une élite. Le video art a-t-il une valeur marchande ? Comment se quantifie-t-il ?
On essaye de faire en sorte que cette valeur marchande se consolide, car on sera les premiers à Nuit
Souvenirs From Earth
en profiter. On espère pouvoir contribuer à un engouement, comme pour la photo. Il y a plus de 20 ans, la photographie n’existait pas sur le marché… On va faire à ce sujet une table ronde le 13 janvier à Drouot. On va y poser vraiment pour la première fois la question du statut de l’œuvre vidéo. Nous, on propose que le video art soit comme n’importe quel film de cinéma ou de télé, qu’il y ait des licences et des droits. On veut clarifier les statuts juridiques car le marché du video art ne décolle pas à cause de ces archaïsmes.
Quelles sont vos audiences sur internet ?
Le problème, c’est celui de la copie. C’est bien cela ?
La meilleure heure de la journée pour regarder Sou-
Essentiellement. À partir du moment où il n’y a pas de cadre et où l’on peut copier de l’art digital, les collectionneurs ne peuvent pas investir dans une vidéo comme dans une toile. C’est pour ça que nous voulons avoir des vrais contrats audiovisuels. Il faut une vraie économie derrière, et nous n’en sommes qu’au début.
venirs From Earth ?
1500 par jour. Sur le canal free, on est à 15 000 par jour. Comment peut-on diffuser nos videos sur votre chaîne. Quels sont les critères ?
Il faut surtout avoir vu quelque chose que les autres n’ont pas vu… La catalogue contient combien d’artistes ?
Plus de 2000.
La chaîne est beaucoup utilisée dans les before et dans les after. On a un public assez jeune, on est beaucoup regardés dans les fêtes en appartement. On a des piques d’audience vers 6 heures du mat’ quand les gens rentrent de boite. Quels sont vos grands projets pour 2014 ?
Comment cette chaîne est-elle financée ?
On est financés par la pub. Il n’y en a pas beaucoup, donc c’est un problème. Vous faites aussi des vidéos pour des entreprises, il
On veut mettre en place une distribution internationale. On est déjà en place dans des restos chics à Berlin et à New York. On vise Londres et Sao Paulo. Et on veut introduire la chaîne sur le câble de ces pays.
me semble.
Oui, on est toujours une boite de prod’. On a fait des vidéos pour Sephora, Alain Ducasse… On a fait aussi des films pour la mode. On vous trouve également au bar du Palais de Tokyo ?
Oui, depuis début 2008 nous sommes là-bas. Du 10 au 26 janvier, nous transmettrons aussi au festival Hors-Piste à Beaubourg. Nous ferons un talk show assez « ardissonien » avec des artistes et des performances. Après, nous avons aussi un partenariat avec la foire de l’art de Cologne. Toutes les vidéos des galeries se retrouveront sur notre chaîne.
Tu penses que Souvenirs From Earth est un bon remède contre la gueule de bois ?
Déjà, ça peut remplacer beaucoup de drogues illicites… alors ça peut aussi être très bon pour la gueule de bois, sans doute. www.souvenirsfromearth.tv Orange (167), free (169) et SFR (183) Du 10 janvier au 26 janvier : retransmission du déjeuner-performance du festival Hors Pistes au forum du Centre Pompidou précédée par des petits films originaux faits pour l’occasion par Pauline Bastard et Iván Argote (prix Audi Talents Awards 2013)
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musique T/ Irina Aupetit Ionesco P/ DR
the hacker Après un remix pour le groupe français Aline qui a surpris tout le monde, The Hacker revient avec un nouvel album et beaucoup de projets pour son label Zone dont il partage les mérites avec Gesaffelstein. On murmure que tu sors un nouvel album très prochainement ; peux-tu nous en dire plus ?
C’est un album qui va naître en deux parties : cinq titres vont sortir à la fin du mois et cinq autres au printemps. Nous commencerons par des sorties digitales, et après l’été nous voudrions sortir le projet en format physique avec un cd contenant des inédits et certainement un vinyle en édition limitée. Comment se nomme ce projet ?
Love/Kraft. Il y a plein d’allusions assez évidentes comme Lovecraft, l’écrivain fantastique que j’aime beaucoup depuis que je suis ado et le groupe Kraftwerk qui m’influence depuis toujours. Love/ Kraft représente aussi la dualité dans ma musique qui peut avoir un côté doux, un peu onirique et un autre côté plus dur, sombre et méchant. Il y avait également cette idée avec mon album Rêves Mécaniques. Est-ce que l’on peut parler de stratégie marketing dans cette façon de sortir ton album Love/Kraft ?
Honnêtement je ne réfléchis pas comme ça mais en revanche je me suis demandé si le format 15 —
album était encore viable, car il faut admettre que l’attention des gens est de plus en plus réduite. La durée de vie d’un album aujourd’hui est d’un mois et demi, pas plus. Nous avons donc réfléchi à une idée qui permettrait de rallonger la durée de vie du projet. Nous verrons bien ce que ça va donner. Cette façon de faire me permet de revenir sur la deuxième partie de l’album, même si celle-ci est évidemment déjà terminée. Imaginons que dans trois semaines je fasse un morceaux « incroyable », je pourrai ainsi le mettre dedans. J’aime cette idée de work in progress car je n’ai pas du tout l’habitude de travailler comme ça. C’est d’ailleurs pour cette raison que je ne considère pas Love/Kraft comme mon troisième album mais comme mon deuxième album et demi. C’est un album très spécial que j’ai recommencé je ne sais pas combien de fois car je suis passé par beaucoup de périodes de doute, de remise en question et de questionnement sur ma musique. Ça n’a pas été facile. Je me suis donc dit que comme c’était un disque particulier, il méritait une présentation particulière. Tes influences ont-elles évolué avec le temps ?
Mes influences sont toujours Dopplereffekt, Krafwerk, Depeche Mode, d’ailleurs un peu moins sur cette album qui est plus techno. Les cinq premiers morceaux sont plus dancefloor, plus directs. Les cinq autres seront plus fins, moins dansants. Pour le retour, je voulais des morceaux forts qui Nuit
The Hacker
“Je mets la barre très haut, mais mes exemples de carrières sont celles de Kraftwerk ou de Depeche Mode.”
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marquent. Il y a des choses assez dures. Je ne pense pas avoir de nouvelles influences, même si il y a des choses que j’ai aimées récemment. Quelles sont les nouveautés sur le label Zone que tu as créé avec Gesaffelstein ?
Nous avons beaucoup de sorties prévues. Nous avons une bonne presse, de bon feedbacks de nos sorties, les soirées Zone marchent très bien à Paris et de plus en plus en province. Nous avons signé Maelstrom qui est vraiment un artiste Zone. C’est un mec qui fait plein de trucs biens, que ce soit avec Louisahhh sur Bromance ou en solo chez nous ; un nouveau maxi va d’ailleurs bientôt sortir. On va avoir Der Zyklus qui est un side project de Dopplereffekt, Jon Convex, Crash Course In Science et mon album qui évidemment sortira sur Zone. Nous projetons de faire un sampler Zone inspiré de A Factory Sample avec quatre ou cinq artistes qui feront un morceau exprès pour ce projet-là. En tant que patron de label, quel regard portes-tu sur la nouvelle scène electro française et internationale ?
Il y a une vraie émulation autour de Zone et Bromance (le label de Brodinski et Manu Barron, ndlr) en ce moment, même si nous faisons deux choses complètement différentes. C’est vrai que l’association peut paraître bizarre de prime abord avec Louis (Brodinski, ndlr) et son techno/rap et nous avec notre filière techno. La soirée Nous Sommes 2014 qui a eu lieu en décembre le montre bien : nous avons fait trois dates dans trois villes différentes avec les labels Marble, Bromance et Zone et c’était plein sur les trois soirs. Aux ÉtatsUnis il y a ce truc, EDM (Electronic Dance Music, ndlr), qui a changé la donne à l’international avec des mecs comme Avicii ou Skrillex. Ça cartonne de manière totalement démesurée. Je n’aime vraiment pas du tout, mais c’est quelque chose d’important qui s’est produit ces trois dernières Nuit
The Hacker
années. Malheureusement pour les ricains, ils se réveillent enfin, mais sur de la mauvaise musique. En Europe il y a toujours cette deep house, tech house qui monopolise les grands événements et les festivals. Je trouve ça musicalement ennuyeux, mais entre nous je n’ai pas à me plaindre car dans la musique qu’on fait il y a un vrai créneau maintenant, et c’est un réseau complètement diffèrent. Rien à voir avec Ibiza et les grosses teufs comme Time Warp en Allemagne. De toute façon, on ne joue pas là-bas car on n’a rien à y faire. Sur ce créneau français que tu décris, n’est-ce finalement pas toi le point de départ de tout ça ?
(rires) Non je ne pense pas mais il faut admettre que le succès de Mike (Gesaffelstein, ndlr) a beaucoup apporté à toute cette excitation autour de Zone. Ce qui a changé les choses, c’est le fait que Mike ait eu l’intelligence de jouer et de se retrouver sur une scène qui n’était pas la sienne, notamment celle d’Ed Banger. Il a eu face à lui un public qui ne connaissait pas ses influences comme Front 242, Dopplereffekt ou ce que j’ai pu faire moi. Mike a donc créé un intérêt pour ce genre de musique auprès d’un public plus jeune. Suis-je l’instigateur de tout ça ? Peut-être. Franchement je n’en sais rien. Mais je crois vraiment que le succès de Mike a remis en perspective toute cette musique et l’a remise sur le devant de la scène. Quel est ton secret pour perdurer ?
Je n’ai jamais trahi le public qui me suit depuis plus de dix ans. « Trahi », c’est un grand mot mais je suis toujours resté fidèle à mes goûts et à ma musique tout en essayant de moderniser tout ça. Ce qui est difficile, c’est de garder son identité musicale tout en se renouvelant. Ce n’est pas parce que c’est la mode du dubstep que je vais en faire, pareil pour la deep house et la tech house ! Je mets la barre très haut, mais mes exemples de carrières sont celles de Kraftwerk ou de Depeche Mode. Ils ont toujours fait la même chose mais en s’adaptant 17 —
à ce qui se passe autour d’eux. De mon côté c’est pareil ; il ne faut pas croire que je reste enfermé chez moi à écouter Dopplereffekt tout le temps. Tu as été intronisé il y a deux ans au festival Calvi on The Rocks, par notre confrère Edouard Rostand, « roi de l’italo disco ». Crois-tu que c’était justifié ? As-tu un réel penchant pour cette musique ?
Ah oui et c’est vraiment là depuis toujours. Ça représente bien l’ambivalence de ma musique ou de ma personnalité. J’écoute des choses comme Throbbing Gristle ou Cabaret Voltaire qui sont des choses un peu difficiles d’accès et d’un autre côté je vais écouter Valerie Dore. Pour moi, ça n’est pas incompatible. Il y a une logique dans tout ça. Marc Hurtado, de Étant Donnés, écoute les pires trucs noise mais c’est aussi un grand fan de Donna Summer et de Giorgio Moroder. Pareil pour Robert Görl du groupe DAF qui me disait qu’il était également super fan de Moroder à la fin des années 70 alors qu’il faisait une musique violente et que son groupe était le pionnier de l’EBM (Electronic Body Music, ndlr). En tous cas c’est effectivement à Calvi que j’ai pu faire mon coming out italo disco devant tout le monde ! (rires) Aujourd’hui, quel est ton rapport à la nuit ?
Je sors beaucoup et j’aime ça. J’aime le milieu de la nuit. à Grenoble je vais beaucoup au 1900 qui est un troquet génial où il n’y a pas plus de quarante personnes et où les choix musicaux sont dingues : de Gainsbourg aux eighties en passant par des mix de Miss Kittin qu’elle fait uniquement pour le lieu. Puis direction le Bal P’tit club qui a une sélection musicale nu disco mélangée à des choses des eighties. à Paris, on aime bien aller boire des vodka tonic au Silencio avec Gesa… et y faire la fermeture. The Hacker — Love/Kraft (Zone) www.zone-music.fr
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Cinéma T/ Pierig Leray P/ DR
Y’a quoi au ciné ? Bilan de notre blind-test 2013
Yves Saint Laurent
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de Jalil Lespert
On a vu (carrément) juste : 100% cachemire, une
bonne daube confirmée par la presse qui assassine Lemercier, Ma vie avec Liberace est bien la superbe histoire d’amour tragique espérée, le Gatsby de Luhrmann du bien bon pathétisme sur patte confirmé et signé, Mud pas loin d’être le film de l’année, et L’écume des jours la torture annoncée.
Je n’en peux plus de ce Pierre Niney surcoté et survendu, la Comédie-Française ternit son image en présentant un cliché sur pattes du théatreux dramaturge aux épaules frêles, au charisme d’huitre sans perle et aussi crédible en Yves Saint Laurent qu’une Charlotte Le Bon en bonne actrice. Et ce Gallienne en nouveau bankable-cool… le casting flingue « le petit prince ».
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Plein le cul de ce cinéma français qui se masturbe dans sa médiocrité, persuadé d’être tenancier d’un quelconque bon goût, cherchant désespérément de la profondeur dans du sentimentalisme superficiel. Prenez le snobisme idiot de Mouret, le contre-rôle bêta de Joey Starr, mélangez le tout avec des claques et des chialeries, sortez du four le navet bien chaud. Bon appétit.
On s’est (un peu) plantés : Oui,
n’était pas si somnolent, pas si mauvais je le concède (malgré son insupportable réalisateur), Dans la tête de Charles Swan III a été un sacré four complètement bâclé (mais qui aurait pu le prédire ?), Only God Forgives une sacré faute de frappe et dire du bien de Roland Emmerich était peut-être de trop avec son calamiteux White House Down. Gravity
Blue Jasmin
— Sortie le 8 janvier Une autre vie de Emmanuel Mouret
— Sortie le 22 janvier Jacky au royaume des filles de Riad Sattouf
Toujours juste dans ses points de vue sociétaux, Riad Sattouf ose foutre les hommes en burqa, faire un beau doigt aux féministes à la con, remettre Didier Bourdon dans le droit chemin et élever Vincent Lacoste dans un rôle en jupe sous LSD coloré pour un résultat improbable et étrangement touchant. — Sortie le 29 janvier
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gonzo T/ Raphaël Breuil P/ MPK
Une nuit vers le futur Restaurant Toi 8e arrondissement 20H27
Vous savez quand on est journaliste, en plus de ne pas savoir écrire correctement, on ne sait pas trop comment qu’elle va finir notre vie. Il me semblait salutaire pour ce gonzo du mois de janvier de faire un point sur mon avenir afin de préparer cette année 2014, l’année de la professionnalisation pour notre patron. En gros, arrêter de faire des trucs vulgaires pour me concentrer sur des choses un peu plus spirituelles. J’ai donc tapé « soirées Paris spiritualité » sur Google afin de préparer cet article. Et quelle fut ma surprise en découvrant ce restaurant, près des Champs-Elysées, le TOI, qui propose tous les lundis et les mercredis des soirées voyance. Je m’imaginais un peu un truc à la Tintin et les sept boules de cristal, rappelez-vous, Yamilah qui s’évanouit aussi sec après avoir annoncé à une dame que son mari était presque mort. Mais la vérité est tout autre. Alors j’ai pris le buvard « Simpsons » que je gardais bien au chaud dans mon larfeuille afin qu’il y ait une ambiance plus « tintinesque ». En effet, la lumière rose et la déco Ikéa fonctionnent pas mal avec les acides. L’ambiance est chaude et sale, une salle remplie de beaufs qui se prennent pour l’élite parce qu’ils claquent un 1/5 21 —
de leur salaire sur les Champs pour des carpaccios dégueux. Tout ça pour dire que tout ce rose, ce mauvais goût et ces blaireaux, ça ressemble plus à l’intérieur du slip de Nabila qu’à un resto spirituel. En entrant, un mec qui a une gueule de playmobil sodomite s’approche de son pupitre et se dandine dessus comme s’il avait foutu son zizi dedans, tout ça pour m’annoncer que si je ne dîne pas dans son resto Barbie Poufiasse, les 20 minutes de voyance me coûteront 50 boules contre 20 si on dîne sur place. Enculé, « mon sceptre je te le care » que je lui ai dit, mais à priori il n’était pas dans le même délire Tintin que moi, même si après cette phrase j’ai cru comprendre qu’il aurait bien aimé que cette affaire tourne au sol. Du coup, quitte à payer ce prix, autant bouffer un bon steak. Niveau bouffe, y a pas de quoi se taper la bite contre le carrelage, j’irai même jusqu’à dire que c’était franchement dégueulasse. 8 euros les œufs mimosa, semblables à ceux qu’avaient les musulmans à la cantine du collège les jours de saucisson, ça fait chéro la galette à la sortie sur leur parvis tapissé à la con. Pendant que j’étais en train de manger mon gâteau au prout, une vieille gitane me prend par le bras. « Va-t’en manante, j’ai pas un radis pour toi, apprends à jouer I Will Survive au violon au lieu de me casser les couilles pendant que je dame. » Mais en fait c’était la voyante. Je m’excuse et m’interromps de manger, car c’est Nuit
Une nuit vers le futur
maintenant ou jamais. Elle m’emmène à l’étage en me tenant la main, ça m’a rappelé la Thaïlande. Je m’attendais donc à ce qu’elle m’asseye sur une petite chaise avec une table ronde et une boule de cristal. Mais que dalle ! La meuf me pose sur une chaise normale de resto, à côté d’une table de collègues d’une boite portugaise d’import et export de savon qui dessèche la teuch Roger Savaillèche : la séance commence. Elle s’appelle Natacha, elle éteint son iPhone de cristal. - On peut se tutoyer ? - Ouais moi je te tutoie mais toi je préfère que tu me vouvoies la bohémienne. - C’est quoi votre prénom ? - Jean Jacques Moldi, réponds-je. (c’est tout ce qui m’est venu à l’esprit, je venais de voir Harry Potter). - Et ta mère ? - Elle suce des ours. En fait elle voulait son prénom. Enfin bref, une embrouille de plus pour qu’elle fasse semblant de se concentrer pour me sortir ses conneries et tout ça pour des honoraires plus exorbitants qu’un médecin. La technique est assez simple. Elle tente des affirmations interrogatives du genre « vous venez de vous séparer non ? » Comme ça si elle se goure, elle dit qu’elle voit une rupture dans le futur, et si elle a bon, hé bien c’est mon passé ! Et dans le tas de conneries qu’elle me lance, y a bien un moment où forcément elle tape dans le mille la manouche. Après, la meuf, je sais pas pourquoi, elle se met à faire un spider solitaire en live. Elle met plein de cartes sur la table et elle dit « Olalalala, vous pas avoir eu chance cette année ». J’acquiesce, intrigué par ce super pouvoir acquis après des générations passées dans des caravanes garées sur des pelouses municipales sacrées. Là, elle se met à 22 —
voir un hôpital et à me dire qu’elle n’avait pas que des bonnes nouvelles sur mon futur. Ça m’a trop foutu les grosses boules, mais pas au point que je lui demande de lire dedans. Elle me demande ensuite de poser une question. Bien sûr comme tout le monde, je lui demande si je vais rencontrer l’amour un jour. « Oui bien sûr, vous trouverez paix intérieure. Vous finirez avec une étrangère. Une marocaine, ou une juive. » « Quand vous parliez de mauvaises nouvelles, vous ne mâchiez pas vos mots ! » « Ça fera 20 euros. Vous payer maintenant ! » « Vous prendre carte ? » Elle lisait les cartes mais pas la carte bleue cette connasse. Bah tiens... Du coup j’ai fait crari je sors tirer à la Société Générale au coin de la rue, mais je suis parti en courant. C’était sans compter ses potes gitans qui attendaient dans une BM en face et qui me suivirent. Je me suis fait saucer la gueule. Aucun souvenir. Je me réveille dans un lit d’hôpital. Mon infirmière est magnifique, elle s’appelle Sabrina Boutboul. Bonne année à tous !
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bananaandfruitsfriends.tumblr.com
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musique T/ Hillel Schlegel P/ Samuel John Butt & Olaf Heine
moderat Modeselektor + Apparat = Moderat. Ce n’est donc pas une légende : les Allemands aiment les choses simples et efficaces. à l’occasion de la sortie du deuxième album du trio, nous avons parlé avec Sascha Ring de l’importance de travailler en groupe, des évolutions musicales actuelles et de l’avenir de Berlin. Une ville que Sascha vous conseille d’ailleurs de foncer visiter, « avant que comme partout ailleurs, tout ce qu’il y reste d’un peu alternatif s’embourgeoise et soit rattrapé par le commercial ». Comment ça va depuis ton accident de moto, où tu
lement : nous consacrer uniquement à Moderat pour le reste de nos vies nous ferait péter un câble ! Moderat fait ressortir le côté mélodique et sensible de Modeselektor, qui vient des raves et a une image un peu trash ; et pour moi, le groupe est l’occasion de faire quelque chose de radicalement différent de mon travail en tant qu’Apparat, où je m’éloigne parfois de l’electro ou de la pop pour verser dans l’expérimental : cette année par exemple, j’ai fait la B.O. d’une pièce de théâtre, Guerre et Paix de Tolstoï, que je jouais en live à chaque représentation.
as foncé sur un camion en bas de chez toi ?
Pas si mal, à vrai dire. Je suis convalescent depuis septembre, mais j’ai repris le travail depuis un moment. Mon corps se remet doucement : ma jambe était cassée de part en part, avec une double fracture en haut. J’ai pris conscience que c’était la première fois depuis six ans que je passais trois mois à ne pas vraiment bouger ! Là, depuis peu, je remarche – mais comme un pépé, avec une canne…
Qui fait quoi dans le groupe ?
Nous sommes tous trois producteurs, donc techniquement, chacun peut plus ou moins « tout » réaliser indépendamment. Mais globalement, Sebastian trouve les idées et les effets sonores, moi j’insuffle une direction mélodique et harmonique, et Gernot est notre beatmaker. Mais on s’efforce de tout le temps se renouveler, on s’interdit les routines de composition : on veut tout sauf « s’auto-remixer » d’un album à l’autre.
Et qu’ont fait tes deux collègues pendant ce temps ?
Ils ont continué à tourner en tant que Modeselektor. Car Apparat, Modeselektor et Moderat sont trois entités indépendantes. Cela relève même d’un pacte que nous avons conclu : rien ne doit jamais venir entraver nos différents projets. On a besoin de faire des choses très variées musica27 —
Tu parles de Moderat en tant que groupe, alors que vous êtes tous Dj’s. N’est-ce pas révélateur de ce qu’est un groupe aujourd’hui, à l’heure où de plus en plus de formations sont, en lieu et place de groupes traditionnels, des « groupes de Dj’s » ?
Si Moderat est un groupe, c’est avant tout parce Nuit
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que l’esprit y est, même si on n’a pas de bassiste ou de guitariste. C’est peut-être une évolution naturelle de la musique : dans les années 70 ou 80, quand on avait un groupe, on était plongé dans l’univers de son instrument – les guitaristes avaient des références de guitaristes, etc. Aujourd’hui, notre univers à tous est celui des logiciels. Moi, j’étais pendant très longtemps un geek de machines enfermé dans son studio, et quand les programmes sont arrivés, comme énormément de gens, je me suis mis à fond dans la MAO. Donc je pense que l’évolution, elle est là : aujourd’hui, les jeunes découvrent majoritairement la musique par l’ordinateur et non plus forcément par l’apprentissage d’un instrument. En toute logique, ils montent donc des groupes de Dj’s / techniciens. Personnellement, j’ai toujours été plus un informaticien qu’un musicien – une dynamique que je m’efforce d’ailleurs d’inverser depuis plusieurs années. ça change beaucoup de choses sur le plan musical.
Dans l’électro, la question qui se pose est avant tout celle de la structure. La grande innovation de la musique électronique par rapport au processus de composition classique, c’est celle de la simultanéité, car on fait dorénavant tout en même temps : la recherche sonore, l’improvisation, l’écriture, l’ajout d’effets, le mastering des pistes… C’est la structuration qui fait toute la différence. Moi, je fonctionne par phases – un coup je suis musicien, un coup je suis ingénieur quand je compose. Ainsi, malgré mon absence de formation théorique (enfant, j’ai juste fait un peu de batterie au conservatoire), travailler avec Moderat m’a aidé à surmonter mes lacunes en m’apprenant une chose fondamentale : ce qui compte plus que tout, ce n’est pas la formation, c’est de faire de la musique à plusieurs. Chez Moderat, aucun d’entre nous n’a de réelles connaissances musicales à la base, mais nous nous complétons parfaitement.
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Depuis longtemps, vous étiez d’ailleurs censés collaborer avec le rappeur US Busdriver. Quid de ce projet ?
Tombé à l’eau. Mais cet épisode est révélateur, parce qu’il démontre encore que fondamentalement, Moderat est désormais un groupe bien unifié. L’idée de travailler avec Busdriver nous est venue il y a plusieurs années, à l’époque où Moderat n’était encore qu’un projet : nous souhaitions alors faire des featurings, pour enrichir le plus possible notre musique d’éléments extérieurs. Mais depuis cette époque, notre philosophie a évolué et nous fonctionnons beaucoup plus en vases clos – et cette introversion musicale constitue le ciment de notre identité actuelle. Vous venez tous de Berlin, et les Parisiens ne tarissent pas d’éloges sur cette ville depuis des années. C’est insupportable – tu ne voudrais la trasher un peu, pour changer ?
Ah non, Berlin est réellement formidable ! (rires) Et il faut en profiter tant que ça dure, car comme partout, la ville se gentrifie à une vitesse folle, les squats ferment, les clubs sont relégués toujours plus loin en banlieue… Donc au contraire, j’ai envie de dire : venez à Berlin tant que c’est une ville encore un peu alternative. Dans quelques années, tout ça sera fini.
Moderat — II (Ltd. Deluxe Tour Edition) (Monkeytown Records) disponible le 24 janvier
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nightivisme T/ Florin Saint-Merri P/ Yan Morrison
Pipi de Frèche Wow, Pipi de Frèche. Le mec est à la base (avec ses acolytes Dactylo et Nizar) de la Flash Cocotte et de la Trou aux Biches, les deux soirées queer les plus courues de la capitale. Vu que la nuit parisienne lui doit pas mal, on s’est dit que ce serait bien de lui poser quelques questions. C’est enfin chose faite. Pipi, quelle était ta vie avant d’organiser des soirées ?
J’ai été étudiant longtemps, trop longtemps. J’ai passé une maîtrise en Arts, c’était un peu une condition pour être plus libre. C’est à ce momentlà que je suis parti de Marseille, j’en pouvais plus de cette ville, c’était vraiment horrible. Vivre là-bas en tant que pédé… C’est une ville hyper machiste dans laquelle il ne se passe pas grand chose. Du coup, j’ai pu avoir du temps pour déménager à Paris avec des amis. J’ai fait plein de petits boulots de merde comme gardien dans les hôtels… C’est à ce moment-là que j’ai réellement commencé à sortir. C’était en 2001, quelque chose comme ça. J’ai découvert le Pulp. C’était vachement excitant, même si la musique de club, à l’époque, ce n’était pas vraiment ma came. Petit à petit, en fréquentant le milieu queer, j’en suis venu à écouter cette musique-là. Ça a fait partie de la matière qui m’a servi pour construire mon identité de jeune pédé. Comment en es-tu venu à organiser des soirées ?
Ça s’est fait assez naturellement. À force de sortir, 31 —
on finit par se retrouver investi à un certain niveau dans une soirée. J’ai toujours eu le fantasme de passer de la musique, je trouvais que c’était une position super forte. Je suis depuis toujours un music freak, j’aimais faire des compiles thématiques, je pense d’ailleurs que c’est la préhistoire de mon délire de Dj. Au Pulp, j’ai eu l’opportunité de participer à l’organisation d’une soirée qui s’appelait Jacqueline Coiffure, et qui devait s’imposer comme la soirée ouvertement très pédé du Pulp. La soirée a marché, et moi, finalement, je n’y faisais pas grand-chose, on me prenait juste en photo sur les flyers. En parallèle, je sortais dans un bar qui venait de s’ouvrir rue Saint-Maur, et qui cherchait des moyens pour ramener du monde. Et c’est là que j’ai proposé de faire une soirée, et que j’ai réellement mixé pour la première fois. On a commencé à faire beaucoup de soirées, très vite, et du coup, je me suis dit qu’il fallait que je mixe à la Jacqueline Coiffure. Ce que j’ai fait jusqu’à la fermeture du Pulp. Comme pour beaucoup de gens à cette époque, cette fermeture a marqué une rupture dans ta manière de vivre la nuit…
Oui, pendant plusieurs mois, on s’est tous demandé où est-ce que l’on allait atterrir. On était plusieurs sur le créneau du vendredi (Mort aux Jeunes, Androgyny, ndlr), il y avait un truc super fort de QG. Entre-temps, avec Anne-Claire Nuit
Pipi de Frèche
“Dans les endroits où il n’y a que des pédés, je trouve que c’est, bizarrement, souvent homophobe et extrêmement mysogine.”
(Dactylo, ndlr) et Greg (Nizar, ndlr), on s’est rencontrés sur les derniers mois du Pulp. Il fallait absolument que l’on fasse quelque chose tous les trois, c’était comme une évidence. Moi, le truc qui me tenait à cœur, c’est le mélange de filles et de mecs, j’ai besoin de diversité. Dans les endroits où il n’y a que des pédés, je trouve que c’est, bizarrement, souvent homophobe et extrêmement mysogine. Quand il n’y a que des mecs hyper baraqués avec des tatouages tribaux qui se foutent torse-poil, ça me gave. Bref. On a eu le temps de prospecter avant que le Pulp ferme ; La Java est arrivée assez vite, je ne sais plus trop comment, et c’est comme ça qu’on s’est tous retrouvés là-bas. Il y avait les Morts aux Jeunes, nous, on faisait les Cabaret Furies. On avait aussi en parallèle un deal avec le Tryptique, où on faisait une soirée qui s’appelait Furie. L’idée, c’était de faire à La Java quelque chose de très burlesque, avec des shows. Et puis au bout d’un moment, on a voulu être plus « clubbing » et c’est devenu la Flash Cocotte. Par contre, la soirée Furie au Tryptique devenu Social Club, ça n’a jamais vraiment pris et ça s’est arrêté. Quels conseils donnerais-tu à des jeunes qui veulent se lancer ?
Je sais pas. Je considère qu’organiser une soirée, c’est pas comme chercher un job. Quand je vois les gens qui sont depuis longtemps dans la nuit, c’est une histoire d’envie. Nous, on en mourait de faire des soirées. Monter une soirée, ça ne peut pas être non plus une prévision à long terme. Et faut pas le faire pour le fric non plus. Parce que franchement, la majorité des patrons de clubs et de bars sont des escrocs. Sérieusement. Alors attention, car eux, ils ne sont là que pour vendre de l’alcool. Les deux grosses soirées que vous organisez sont la Flash Cocotte et la Trou aux Biches. Tu peux nous faire le distinguo ?
La Flash Cocotte est partie de la Java parce que ça devenait trop petit, et on voulait que cette soirée 32 —
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continue de grossir. On l’a donc installée à l’espace Pierre Cardin. Ça nous faisait chier de quitter la Java, il y avait des relations de confiance entre le boss et nous, c’était dommage de partir comme ça. Du coup, on a décidé de créer une nouvelle soirée là-bas. On a décidé de disparaître sous la Trou aux Biches, utiliser des pseudos, faire des flyers en noir et blanc… Et là, il y a aussi eu un engouement. Notre volonté, c’était d’être plus identitaires, la ligne de conduite était de faire venir uniquement des artistes queer. On a aussi créé une backroom dans la Java, un espace intime un peu cul où on fait également de la prévention. Comment vois-tu évoluer les soirées gay à Paris ?
Je te parlais tout à l’heure de ce truc très masculin, avec tout ce délire des mecs musclés etc… ça existe toujours si tu vas à la Scream où ils écoutent de la progressive et prennent du GHB. Mais je pense que depuis quelques années, les gens ont décidé que les règles devaient changer. Pour moi, les soirées les plus intéressantes sont plus mixtes entre lesbiennes et gays. Et c’est tout ce dont j’ai envie depuis la fermeture du Pulp. Il y a aussi eu à un moment ce délire « Paris, c’est pourri. Paris, c’est naze », les jeunes aujourd’hui n’en ont plus rien à foutre de Berlin ou de Londres, ils sont dans l’ici et maintenant pour faire la fête. Je trouve ça très bien. On est moins aussi dans ces codes de bon goût qui plombaient le clubbing à une époque.
Marais s’endort, c’est aussi dû au pouvoir gay mis en place. Je pense que le SNEG, c’est pas super tripant pour les bars et les lieux de nuit. Comment est-ce possible que les endroits les moins intéressants aient tous les droits ? Le CUD, le Raid, c’est naze et ce sont pourtant les seuls à avoir une autorisation de fermeture tardive. C’est étonnant qu’il y ait si peu de possibilités pour des propositions alternatives. Y-a-t-il une compétition entre les soirées gay à Paris ? De la jalousie ?
Ce n’est par pour embellir le tableau mais franchement je ne ressens aucune animosité. Bon, à un moment, on a eu quelques problèmes avec les mecs de la Club Sandwich. On sait qu’ils nous ont un peu craché dessus. On a fait de même sur eux, on s’en est pas privés. A contrario, avec qui êtes-vous très liés ?
On a des liens très profonds avec House of Moda, Bizarre Love Triangle, les Travlators, Corrine, etc. Ton petit remède contre la gueule de bois ?
Passer la journée avec un homme. Ou avec un chat.
Comment se fait-il que la plupart des bars dans le Marais soient de plus en plus pourris ?
Je pense que la génération qui a investit le Marais a vraiment vieilli. Plus tu vieillis, moins tu sors, malheureusement. Du coup, tu restes sur tes acquis, tes délires qui ont marché à une époque mais qui aujourd’hui sont dépassés. Il y aussi vraiment je crois une volonté politique de la part de la Mairie du 4e. On a un maire gay, plein de pédés à la mairie et c’est étonnant qu’il y ait plein de fermetures administratives dans le Marais. Si le 33 —
Flash Cocotte Samedi 11 janvier à l’Espace Pierre Cardin plus d’infos : www.flashcocotte.com Trou aux Biches Samedi 1er février à la Java. Plus d’infos : trouauxbiches.tumblr.com
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rencontre T/ MPK P/ Lynn SK
Coralie Trinh Thi Il est 6 heures du mat’, tu rentres de soirée avec
Un dead sucking ?
un(e) inconnu(e) et ça sent le cul. Mais es-tu sûr(e)
La face-fucking en fait, c’est l’irrumation. On dit que les romains adoraient cette pratique. Elle consiste à pénétrer la bouche de sa partenaire comme si c’était un vagin. La fellatrice est donc complètement passive, comme si elle était un sex-toy. Ce genre de technique appartient plus au champ des jeux BDSM. Le dead sucking, c’est un terme que j’ai inventé. Ça décrit les mecs qui restent immobiles et inexpressifs lors d’une fellation. Ce genre de truc, c’est très chiant pour la personne qui suce.
de bien connaître le solfège de tes préliminaires ? Au cas où hein, on dit bien au cas où, la grande prêtresse Coralie Trinh Thi (coauteure du film Baisemoi, auteure de la Voie Humide, de Betty Monde et accessoirement ancienne star du porno) a sorti deux petits bouquins très instructifs sur la fellation et le cunilingus. On a bu un long apéro avec elle au Café les Foudres et tu sais quoi ? C’était du tonnerre. C’est quoi le secret d’une pipe bien réussie ?
Je peux te le faire en deux mots : aimer ça. La fellation, c’est un art de recevoir et de s’abandonner. Il faut être à fond dans la réceptivité, sentir l’autre. Il y a aussi un énorme malentendu sur la sexualité masculine : on est persuadé qu’elle est hyper simple, rapide, et mécanique. On ne peut pas tailler une vraie pipe si l’on voit les choses de cette manière-là. C’est vrai que Cléopâtre était une grande experte
Manger du yaourt permet-il d’avoir un sperme plus abondant et de meilleur qualité ?
J’ai fait des recherches à ce sujet, mais je n’ai rien trouvé de scientifiquement valide. Après, tous les hardeurs que j’ai connus faisaient ça. C’est peutêtre psychosomatique, j’en sais rien, mais en tout cas il paraît que ça marche. Peut-être qu’une grande marque de yaourt pourrait penser à faire une étude là-dessus (rires).
dans l’art de la fellation ?
Il paraît oui. Elle aimait tailler des pipes à ses gardes. J’aime bien cette anecdote, car elle contrecarre le fait que la fellation soit humiliante et dégradante pour la femme. Cléopâtre était tout sauf une femme soumise. Tu peux nous expliquer ce qu’est un face-fucking ? 35 —
Il paraît que le sperme, c’est bon pour la peau et que ça fait mincir….
J’émets des réserves là-dessus, je rapporte juste dans mon bouquin certaines théories qui ne sont pas les miennes. Le seul truc que j’ai vraiment testé et que je valide, c’est que le sperme, ça brûle les yeux. Les lunettes de soleil, ça peut être pas Nuit
Coralie Trinh Thi
mal dans ce genre de cas. En plus, le blanc sur le noir, je trouve ça très joli. En tout cas, ce que je pense moi, c’est que dans le sperme, il n’y a rien de mauvais, c’est plein de minéraux et d’oligo-éléments. En quoi la technique du doigt dans l’anus peut améliorer une fellation ?
C’est un accélérateur pour l’orgasme masculin ET féminin. Ça permet de connecter toute la boucle des points érogènes. Évidemment, ça ne se fait pas comme ça, il y a toute une préparation à faire. On ne le sait peut-être pas, mais le pénis et le vagin
plusieurs livres sur le sujet dont notamment Le Sexe des Femmes, un bouquin composé uniquement de photos de chattes. On se rend vraiment compte qu’il n’y en a pas une qui ressemble à l’autre, c’est vraiment quelque chose d’unique. Par contre, ce mec a un problème, c’est un véritable intégriste du poil. Pour lui, un sexe rasé, c’est un crime contre l’humanité. Il paraît que ce n’est pas le top d’avoir une barbe lorsque l’on fait un cuni…
C’est surtout une barbe de 3 jours qui est désagréable, car c’est râpeux. Une barbe bien fleurie, ça ne pose aucun problème.
sont souvent plus propres que la bouche. Tu peux développer ?
Est-on ensorcelé après avoir fait un cuni à une fille
Oui, les organes génitaux sont plus propres que la bouche, et même plus propres que les mains. On y trouve beaucoup moins de bactéries. On a toujours l’impression lors d’un rapport bucco-génital qu’on se salit sur le sexe de l’autre, alors qu’en fait, c’est vraiment le contraire. Tout cela est prouvé scientifiquement.
qui a ses règles ?
J’aimerais maintenant que nous parlions de ton
Si le cuni dure trop longtemps et que notre mâchoire
bouquin sur le cuni qui fait écho à celui que tu viens
devient douloureuse, que conseilles-tu ?
d’écrire sur la fellation. Je réitère ma première
L’une des grandes différences entre l’homme et la femme, c’est qu’en fait le cuni a besoin de régularité dans le mouvement, tandis que la fellation marche plus par ruptures de rythme. Pour provoquer un orgasme clitoridien, il ne faut donc pas casser le rythme. Pour maintenir ce rythme en cas de fatigue, on peut remplacer par les doigts.
question mais sur le cuni. C’est quoi le secret d’un cuni bien réussi ?
Comme le sexe de la femme est plus interne, il y a beaucoup de femmes qui sont très mal à l’aise avec leur chatte, qui ne la trouvent pas belle ou pas normale. Je crois qu’au delà des techniques, il faut faire en sorte que la personne léchée soit complètement décomplexée par rapport à son sexe. C’est un préambule à beaucoup de plaisirs et à d’immenses orgasmes.
Je pense vraiment que oui. Ce sont des pratiques que l’on trouve dans la magie rouge, c’est à dire la magie sexuelle. Le sang des règles est un filtre d’amour au Maroc, en Corse, en Sicile. C’est quelque chose d’assez universel. Chez les taoïstes, c’est l’un des fluides les plus chargés en énergie vitale.
Tu penses que le cul, c’est un bon remède contre la gueule de bois ?
Franchement, oui. L’orgasme, même mécanique, c’est un excellent remède contre la migraine !
Tu peux nous parler du Dr Zwang, cet ardent défenseur des toisons fournies ?
Osez la leçon de fellation / La Musardine
Il est tellement marrant ce type ! Le Dr Zwang, c’est un grand amoureux du sexe féminin. Il a écrit
Osez le cunilingus / La Musardine
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Bonbon Party - 06/12/13 - Divan du monde Photos : Victor Micoud 39 —
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métiers de l’ombre T/ Paul Owen Briaud P/ Charles Sabourin www.monomanies.com
Les Miettes du Gotha Serveur de nuit dans un hôtel chicos et branchouille : « C’est comme partout, mais en mieux. » Toujours aux toutes premières loges pour essuyer
où, dans les années 80, on aurait croisé Ardisson hilare posé avec des poules et bu des coups avec Gainsbourg tout seul au bar avec les boules.
les plâtres, débarrasser la table et faire passer les plats, il doit cirer autant de pompes qu’il fait reluire de bougeoirs. Son œil vous perce, ses traits sont durs mais ses manières sont courtoises ; dans un hôtel au style feutré et aux allures de boudoir, il serre la main aux grands du monde, parfois tripote leurs bourgeoises. Cerné de vice et de gloire, il sort des bas-fonds le soir, aller-retour en RER pour asti-
« Les clients, c’est souvent le même genre, mais les employés, c’est un gros melting-pot. T’as de tout là-dedans, tous les âges, tous les milieux. T’as aussi bien le travailleur discret, honnête, très pieux, que les déglingos toujours à l’ouest qui mettent la zone dans tous les sens. Et comme on n’est pas loin d’être une centaine d’employés, c’est le bordel. »
quer les miroirs. Entre Madame est servie et triste cité-mouroir, vis sa vie sous les hauts plafonds d’un monde trop huppé pour toi.
À l’entendre, son boulot c’est comme agent secret. « Ne t’attends pas à ce que je te lâche des infos croustillantes. Dans mon métier on voit tout mais on ne dit rien. C’est la base. Ce qui se passe entre les murs de l’hôtel reste entre ses murs. » Mais à propos de murs, il en voit des pas vertes. « Un jour j’écrirai tout ce que j’ai vu, quand il y aura eu prescription. » Il passe son temps à nettoyer des scènes de crime ou quoi ? « Fais-toi les films que tu veux, moi tout ce que je te dis c’est que je ne m’ennuie jamais. » Quoi qu’on en dise, ça a l’air drôlement chié, son taf. « Sans me vanter, c’est un théâtre. C’est un 4 étoiles mais ce n’est pas un palace, ça se la raconte, mais des fois ça part en couilles de ouf. » Le genre d’endroit 41 —
Et les coulisses viennent souvent se déverser sur la scène. « Il y a énormément d’habitués au bar de l’hôtel. Alors forcément, entre les riches solitaires et puis la faune michto que tu peux trouver parfois même au sein du personnel, au fil des nuits, ça fait des histoires. C’est comme partout… mais en mieux ! On a le meilleur casting ! » Des oiseaux de nuit de toutes les espèces, échoués sur le même navire aux alouettes. « Ca peut m’arriver de trouver ce brassage pathétique. Je ne sais pas si ceux qui ont de la maille cherchent seulement à s’encanailler avec les naïfs qui sautent dans le piège à pieds joints, attirés par la poudre qu’on leur jette aux yeux. » Ou si les uns posent magnanimes pour que les autres se rêvent magnifiques. « Faut pas se leurrer. Moi, je viens prendre mon blé, point. ça me divertit, et je m’enrichis. » Nuit
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Masqué © Camille Milin — Lauréate du concours Le Bonbon Nuit / Wipplay.com 43 —
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Cocktail T/ Vincent Kreyder P/ Gaëlle Lepetit
white Russian Alors ça y est, les fêtes sont passées, j’espère pour vous que le vieux stakhanoviste des cheminées vous a filé des beaux cadeaux. En son honneur, la moindre des choses eût été que je vous parle d’un cocktail à base de cola. Avec du whisky, du rhum, du détergeant, peu importe, après tout, c’est du pareil au même. Que nenni ! Ce mois-ci, ni coca, ni cola ! (mille excuses)
Cette année, donc, je serai un peu votre père Lagnôle, mes ami(e)s fêtard(e)s. Mais que pourriezvous donc laisser de plus approprié à nos vies de noctambules qu’un verre de lait et une clémentine pourrie lorsque je viendrais visiter vos appartements ? Un Russe Blanc, bien-sûr ! Que je prendrais plaisir à écluser cul-sec avant de déposer mon offrande de gerbe au pied de votre porte. La belle image ! Les puristes affirmeront que l’original est préparé à base de crème mais moi, père Lagnôle, en toute cohérence avec la tradition populaire, je le préfère au lait. C’est plus léger quand on doit en boire dix dans la nuit. L’essentiel étant bien évidemment de ne pas oublier les dosages : 1/2 de vodka, 1/3 de Kalhua ou toute autre liqueur de café, (pour peu que vous soyez capables d’en trouver !). Ajoutez lait ou crème dans un tumblr ainsi que de la glace pilée, vous serez gentils. Selon votre convenance et mes goûts, vous pourrez également l’accommoder de vanille, sirop d’érable ou de noix de 44 —
macadamia. Vous pouvez également verser directement les ingrédients dans votre verre en prenant soin de commencer par la liqueur de café. Parmi les variantes plus ou moins célèbres de cette boisson dudesque, existent les White Cuban, avec du rhum, Noble Russian, avec de la purée de banane, le White Canadian, avec du lait de chèvre à la place du lait de vache, le Blind Russian, avec du Bailey’s et bien évidemment, le cultissime Black Russian, sans lait. Cette dernière version, si elle fait moins office de douceur que son homologue caucasienne, présente l’avantage d’être plus dosée en alcool. Je sais que vous aimez ce genre de tuyaux, faites pas les innocents. Il était évidemment très compliqué d’écrire sur le Russe Blanc sans mentionner le Dude (le héros de The Big Lebowski, pour les incultes), personnage truculent et universellement adoré qui lui a donné ses lettres de noblesse et qui peut conditionner de façon jubilatoire sa consommation. Tentez donc de le déguster sur votre canapé, dans un bowling ou, éventuellement, dans une limousine, du moment que vous portez des sandales en plastique et une robe de chambre. Vous verrez, il n’en sera que meilleur. Enfin, chers lecteurs/trices avinés, il ne me reste plus qu’à atteindre mon quota de caractères en vous souhaitant une belle année pleine de nuits, de cocktails, de fêtes et de tout ce que vous voudrez mettre dedans. Nuit
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Nuit
trousse de secours Ouvert toute la nuit !
Pharmacies de garde
Épicerie Shell
Chez Tina
84, av. des Champs-Élysées - 8e
6, boulevard Raspail - 7e
1, rue Lepic - 18e
≥ 01 45 62 02 41
≥ 7/7 — 24/24
d≥j jusqu'à 4h30 / v≥s jusqu'à 7h
6, place de Clichy - 9e
Minimarket fruits et légumes
Boulangerie Salem
≥ 01 48 74 65 18
11, boulevard de Clichy - 9e
20, boulevard de Clichy - 18e ≥ 7/7 — 24/24
6, place Félix-Éboué - 12
≥ 7/7 — jusqu'à 7h
≥ 01 43 43 19 03
Alimentation 8 à Huit
Livraison médicaments 24/24
151, rue de la Convention - 15e
Fleuristes
≥ 01 42 42 42 50
≥ 7/7 — 24/24
Chez Violette, au Pot de fer fleuri
Supérette 77
78, rue Monge - 5e
Urgences
77, boulevard Barbès - 18e
≥ 01 45 35 17 42
SOS dépression
≥ mardi au dimanche jusqu'à 5h
Relais Fleury
e
≥ 08 92 70 12 38
114, rue Caulaincourt - 18e
Urgences psychiatrie
Resto
Se déplace sur région parisienne
L’Endroit, 67, place du Docteur-
≥ 01 46 06 63 97
≥ 01 40 47 04 47
Félix-Lobligeois 17e 01 42 29 50 00
Carwash
Drogue, alcool, tabac info service
≥ tlj de 11h à 1h, jeudi, vendredi,
Paris Autolavage 7/7 — 24/24
≥ 08 00 23 13 13 / 01 70 23 13 13
samedi de 10h à 5h
Porte de Clichy - 17e
Livraison sextoys
Tabac
Shopping
Commande en ligne
Tabac du Châtelet
Virgin Megastore
www.sweet-delivery.fr
4, rue Saint-Denis - 1er
52, av. des Champs-Élysées - 8e
≥ 7/7 — jusqu'à 6h
≥ 7/7 — jusqu'à 3h
≥ jusqu'à minuit
Tabac Saint-Paul
Librairie Boulinier
Livraison alcool + food
127, rue Saint-Antoine - 4e
20, boulevard Saint-Michel - 6e
Nemo 01 47 03 33 84
≥ 7/7 — jusqu'à minuit
v≥l jusqu'à 00h, m≥j jusqu'à 23h
≥ 7/7 — jusqu'à 6h
Le Pigalle
Faim de Nuit 01 43 44 04 88
22, boulevard de Clichy - 18e
Kiosques à journaux 24/24
≥ 7/7 — jusqu'à 7h
≥ vendredi et samedi jusqu'à 5h
38, av. des Champs-Élysées - 8e
Allô Hector 01 43 07 70 70
16, boulevard de la Madeleine - 8e
≥ 7/7 — jusqu'à 6h
Poste de nuit
2, boulevard Montmartre - 9e
Apéritissimo 01 48 74 34 66
52, rue du Louvre - 1er M° Louvre-
Place de Clichy - 18e
≥ 7/7 — jusqu'à 4h
Rivoli / Étienne-Marcel
Allô Glaçons
Boulangeries
53, rue de la Harpe - 5e
01 46 75 05 05 ≥ 7/7 — 24/24
Snac Time
≥ 01 44 07 38 89
97, boulevard Saint-Germain - 6e
20, rue du Fb Saint-Antoine - 12e
Épiceries
≥ 7/7 — 24/24
≥ 01 43 40 03 00
L'Épicerie de nuit
Boulangerie-pâtisserie
35, rue Claude-Bernard - 5e
99, avenue de Clichy - 17e
Envoyez-nous vos bons plans
≥ vendredi et samedi jusqu'à 3h30
≥ 7/7 — 24/24
ouverts la nuit : nuit@lebonbon.fr
Internet 24/24
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Nuit
la playlist du mois P/ Clara Moto
clara moto
Talking Heads – This Must Be The Place
Talking Heads a toujours été mon groupe favori. J’adore Stop Making Sens, c’est un super album. Depeche Mode – Enjoy The Silence
Pour moi c’est la musique pop parfaite – je ne sais pas combien de fois j’ai compté cette musique dans mes chansons favorites. The Pharcyde - Runnin’
C’est mon titre classique/hip hop préféré. Ça me rappelle le bon vieux temps. Mount Kimbie - Made To Stay (Dj Koze remix)
Ma musique préférée de l’année ! Je l’adore, juste bon à chanter ! En matière de playlist, la très
Supercollider - Hide In From The Day
électrique Clara Moto ne cale
Un énorme projet electro. Je les ai vus la première fois en 2003, et j’ai été complètement bluffée. Leur album Head On reste un des meilleurs albums electro de tous les temps.
jamais. Elle nous livre ce mois-ci une sélection variée, exaltée et pointue. Un peu à l’image de son dernier album Blue Album (Infiné)
Sasha Perera - Bizarre
que l’on ne peut que chaudement
Un très beau morceau interprété par une femme impressionnante. Elle a de multiples talents : chanteuse, auteure, compositrice et performant dans plusieurs groupes. Incroyable !
vous recommander.
Mogwaï - Fridge Magic Merveilleux et aérien morceau de Mogwaï. Très mélancolique. À écouter en journée ! James Holden - Self Playing Schmaltz
Le deuxième album de James Holden est remarquable ! Rien à jeter. J’adorerais qu’il le joue en live ! Oneothrix Point Never - Zebra
Grande fan de Oneothrix Point Never. Pour moi, son album est un des meilleurs de 2013, et le morceau Zebra est mon préféré : très divers avec une bonne base musicale. Dowliner’s Sekt - Balt Shakt
Bon EP d’Infine Records : on attend impatiemment le prochain album du duo catalan.
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Nuit
agenda La sélection de ParisLaNuit.fr
Vendredi 04/01 23h Le Rex 13,70 €
Samedi 18/01 19h La Machine du Moulin Rouge 22 €
≥ Get The Curse :
≥ Omar Souleyman & Acid Arab
Ron Morelli • Bambounou • Clement Meyer Samedi 18/01 23h Le Wanderlust Gratuit Dimanche 05/01
19h
La Machine du Moulin Rouge 12€
≥ Nouveau Disco : Zimmer • Kartell • Venice Beach
≥ Club Infiné : Clara Moto • Spitzer • Cubenx
Jeudi 23/01 19h La Flèche d’Or 13,80 € Vendredi 10/01 23h La Machine du Moulin Rouge
≥ Animales #4 :
13 €
Raffertie • Zerolex • Superpoze Dj Set
≥ Wet For Me – Winter Edition : Elliphant • Laura Jones • Lilla Namo, Jennifer Cardini
Samedi 18/01 19h La Machine du Moulin Rouge 22 €
• Claude Violante & Rag
≥ Omar Souleyman & Acid Arab
Vendredi 10/01 23h30 Le Showcase 13 €
Samedi 18/01 23h Le Wanderlust Gratuit
≥ Minilogue • Spencer Parker • Le Marchand De
≥ Nouveau Disco :
Sable • Möggli
Zimmer • Kartell • Venice Beach
Jeudi 16/01 23h Le Rex Club 5 €
Jeudi 23/01 19h La Flèche d’Or 13,80 €
≥ Sundae Snowdae:
≥ Animales #4 :
Sidney & Suleiman • Carsten Jost • Celine
Raffertie • Zerolex • Superpoze Dj Set
Vendredi 17/01 00h Le Nouveau Casino 10 €
Samedi 25/01 23h30 La Machine du Moulin Rouge
≥ Wanted :
13 €
Dj Pone Release Party
≥ Allo Floride Birthday : Le Crayon • Pyramide • Cherokee • Turnsteak, Total Warr
Vendredi 10/01 23h30 Le Showcase 13 € ≥ Minilogue • Spencer Parker • Le Marchand De
Vendredi 31/01 22h La Machine du Moulni Rouge
Sable • Möggli
28 € ≥ Jeff Mills Presents Time Tunnel #3
Jeudi 16/01 23h Le Rex Club 5 € ≥ Sundae Snowdae:
Vendredi 31/01 23h30 Le Showcase 13 €
Sidney & Suleiman • Carsten Jost • Celine
≥ Robsoul 15 Years Anniversary: Phil Weeks • DJ W!LD • Chris Carrier • Joss Moog
Vendredi 17/01 00h Le Nouveau Casino 10 € ≥ Wanted :
Samedi 01/02 23h Le Rex Club 12 €
Dj Pone Release Party
≥ Hello 5Th Anniversary: Mind Against • Matthew Dekay • Avatism •
Vendredi 17/01 20h La Gaité Lyrique 24,20 €
Pepperpot
≥ The Drone Birthday Party ! : Jc Satan • Pete Swanson • Tomas More • Somaticae (Live) • Black
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Envoyer votre prog à : jessica@parislanuit.fr
Nuit
VENDREDI 7 février
© Julie Soudanne
DE 23H À 6H
O O AU DIVAN DU MONDE
SUR INVITATION : PARTY@LEBONBON.FR
B N B N P A R - T Y