Mai 2014 - n째 42 - lebonbon.fr
édito Mai 2014
© Jacob Khrist
Putain, dur de vieillir quand on aime la nuit. Avec mes 34 piges au compteur, je sens que je commence à devenir un vieux machin et que ma place dans les soirées est d’être accoudé au comptoir dans la section « vétérans ». C’est vrai quoi, les nouvelles générations arrivent et je pige que dalle. Je pige que dalle à leurs sapes, que dalle à leur langage, que dalle à leur musique… Et le pire, c’est quand une gamine vient me voir dans mon mouroir pour me dire : « Mé à ton âge, tu sor encor ! Toa, ta vrémen raté ta vi ! » Quoi gamine, tu sais à qui tu parles là ? Je suis un ancien combattant moi, j’ai toujours été en première ligne. J’ai fait les tranchées des free parties en 90, me suis bombardé la cervelle dans les afters des années 2000, traîné mes rangers puantes dans les squats les plus bordeline. J’ai beau montrer mes blessures de guerre, exhiber mes tatouages faits bourré à 4 plombes du mat’, rien n’y fait, ces bleubites me snobent en me traitant de dinosaure qui radote. Merde, j’comprends pourquoi la plupart de mes frères d’armes ont lâché l’affaire. Hop, à la retraite les copains, rangés des camions, une femme, deux gosses, un apéro et au lit. Moi, je continue de faire de la résistance mais j’avoue que mes skills s’essoufflent. J’avais donc dans l’idée de partir en beauté, faire une dernière opération commando suicide, comme mettre du gabber dans une soirée de midinettes ou vomir sur les pompes d’un des grands barons de la nuit parisienne. J’en étais là quand j’ai appris y’a pas longtemps qu’une vieille et glorieuse maréchale au doux nom de Régine a décidé de relancer les teufs du troisième âge. Cool, j’vais pouvoir rigoler avec mes semblables. J’ai donc re-signé pour un tour. Vous m’aurez pas les jeunes, parce que là, je rempile pour 20 piges. MPK Rédacteur en chef
Rédacteur en chef — Michaël Pécot-Kleiner michael@lebonbon.fr | Directeur artistique — Tom Gordonovitch tom@lebonbon.fr Directeur de la publication — Jacques de la Chaise | Photo couverture — Anton Newcombe par Nicola Delorme Secrétaires de rédaction — Louis Haeffner & Justine Knapp | Régie publicitaire — regiepub@lebonbon.fr 06 33 54 65 95 Contactez-nous — nuit@lebonbon.fr | Siret — 510 580 301 00032 | Siège social — 12, rue Lamartine Paris 9e 1—
Nuit
P RÉ S E N T E
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VENDREDI 6 juin AU DIVAN DU MONDE SUR INVITATION : PARTY@LEBONBON.FR
sommaire Le Bonbon Nuit
Joakim
p. 7
à la une
Anton Newcombe
p. 11
cinéma
Y’a quoi à Cannes ?
p. 15
festival
Cannes ou pas Cannes ?
p. 19
musique
La Nouvelle Donne
p. 21
télévision
Antoine de Maximy
p. 23
Sean Lennon
p. 27
La Kidnapping
p. 31
La Nuit
p. 35
Pizzaïologie de comptoir
p. 37
cocktail
Le Maï Taï
p. 41
échappée urbaine
Wild Club
p. 43
Bonbon party
p. 45
playlist
Forty Fings Dynamo
p. 47
agenda
Paris La Nuit
p. 48
musique
musique nightivisme internet métier de l’ombre
snapshots
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Nuit
agenda Les événements à ne pas manquer
De la belle littérature Jean-Louis Costes vient de ré-éditer aux éditions Eretic-art Grand-Père, une autobiographie semifictionnelle où il retrace le parcours hardcore de son pépé. C’est trash, c’est poétique, c’est beau, ça met le doigt là où ça fait mal, bref, c’est du Costes. Nous, on soutient le bonhomme depuis un bout de temps, et on continuera à le soutenir. Grand-Père illustré par Anne Van der Linden
Le Desperados Wild Club Pendant 3 jours, les portes d’un endroit encore tenu secret vont s’ouvrir au 25e étage d’une tour parisienne, pour vous proposer un évènement exceptionnel mêlant expériences artistiques, sports de rue et musique avec notamment Brodinski, Les Casseurs Flowters ou encore Cassius. Ouverture du 4 au 6 juin à partir de 20h Soirée privée, accessible uniquement sur invitation
Petite maison dans la techno MOTIF réinvestit le Nouveau Casino et invite le label berlinois CLAP YOUR HANDS. Fondé en 2010, le label s’entoure d’artistes confirmés tels que Dj Sneak, Luna City Express ou Jesse Rosse, mais fait également la part belle aux nouveaux talents. Pour cette soirée, notons la présence de Marcel Knopf, le boss du label, et de Nikola Gala pour sa première date parisienne. Vendredi 16 mai au Nouveau Casino
Jean Cocteau et le cinématographe L’exposition est l’occasion de montrer des fonds collectés grâce à la politique d’acquisition de La Cinémathèque et à la générosité de donateurs. Elle dévoile DR/ DR/ DR/ DR
des affiches, scénarios, correspondances, ouvrages précieux, dessins, photographies de plateau et de tournage, ou encore des costumes et objets. Tout le mois de mai à la Cinémathèque Française
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Nuit
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musique T/ Hillel Schlegel P/ Camille Henrot
joakim “J’essaie de faire de la pop au second degré […] En fait, je veux pervertir la pop.” Joakim est un - très grand - petit malin. Dans son dernier album, Tropics Of Love, il dissémine des voix racontant des choses étranges (mais crédibles), des extraits de conférences de philo et tout un tas de synthés chelous. Et après, il veut nous faire croire que « non, [sa] musique ne contient aucun message, elle cherche juste à faire naître des émotions ». Mon œil. On sait très bien que si on écoute toute sa discographie à l’envers, on va entendre Satan nous expliquer le rapport entre Jackson Pollock, la sodomie et les haricots Bonduelle. Mal m’en a pris : c’est ce que j’ai fait, et depuis, je ne peux plus regarder une boîte de haricots sans pleurer. Depuis que tu as commencé à te faire connaître dans la musique il y a une quinzaine d’années, je ne peux m’empêcher de t’identifier à des sons très expérimentaux, pas forcément très accessibles - je dirais même que tu es l’un des Dj’s/producteurs qui
propre production. ça me fait penser à de la noise, des trucs comme Wolf Eyes, Earth, du doom, du drone ou encore de l’ambient hyper-radicale… En ce qui me concerne, je ne suis pas trop tenté par la création de sons « purement expérimentaux », au sens où c’est un peu « trop facile » ; en revanche, faire un morceau de pop, ça c’est super dur. Et c’est plutôt cet aspect-là qui m’intéresse musicalement. Par l’expérimentation, j’essaie en réalité de faire de la pop, mais de la pop au second degré une musique qui aurait l’apparence, l’efficacité et l’immédiateté de la pop, mais avec quelque chose derrière, une strate de mystère peut-être. Tous les artistes que j’écoute, ce sont des gens qui ont essayé de faire de la « vraie pop », mais avec un format vraiment expérimental. Typiquement les Talking Heads : quand ils font un album avec Brian Eno, ça a un côté expé, mais en même temps, le disque cartonne, il est accessible et inusable, intemporel.
a réussi à rendre « l’électro expérimentale » branchée. ça te parle si je te dis ça ?
Ce qui expliquerait que Tropics Of Love est fait
Joakim Bouaziz : (Rires) Peut-être que je fais de l’expérimentale qu’écouteraient des gens qui n’écoutent jamais d’expérimentale ! Alors oui, je suis dans une quête qui n’a pas encore trouvé son aboutissement : j’aime essayer des choses, des sons, des outils… mais comme j’écoute moimême de la musique vraiment expérimentale, ce terme m’évoque des choses très différentes de ma
d’un étrange mélange entre synthés 80’s, réverb’,
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beats crissants… et samples de Michel Foucault. Tu cherches à tout prix à surprendre ?
Pas plus que ça, c’est surtout que le côté un peu brut me plaît beaucoup : souvent quand j’enregistre un truc, j’improvise, et j’aime bien garder les accidents, ne pas revenir dessus. C’est aussi pour ça que j’aime passer par un mixage analogique. Nuit
Joakim
“La batterie c’est toujours ce qui ancre une musique dans une période : si tu mets un son de batterie 70’s sur ton album, tout va sonner 70’s.”
J’aime l’idée que quand tu produis dans un studio, tu disposes d’un temps limité, et si ton mix n’est pas forcément parfait, hé bien tu dois faire avec. Parfois je me dis « bon, là il y a un truc que je n’aime pas », mais je vais le garder quand même. Ce procédé me plaît. En fait, je veux pervertir la pop ! Le seul moment où je fonctionne un peu différemment, c’est quand je remixe : j’aime bien quand les remix remplissent une fonction purement utilitaire, qu’ils soient très efficaces. Quand tu fais un remix, tu sais exactement où ça doit aller. Comme quand tu écoutes un morceau pour la première fois et que tu te dis « tiens, ça me fait penser à un truc » - ça, en général, ça veut dire que ça va marcher. Et quand tu es en Dj-set, tu n’es pas trop du genre à passer des tubes, mais plutôt à faire des mix très progressifs, assez deep house dans l’esprit, je trouve.
Le côté « on joue pendant 2h que les breaks et les refrains des morceaux qu’on adore » qui a pu prédominer sur la scène électro il y a quelques années, je trouve que c’est une abomination. Globalement, je trouve qu’en ce moment on assiste à un retour assez sain vers l’essence de la dance music : tu danses toute la nuit dans des endroits chelous, il fait noir, c’est dégueulasse, il y a de la fumée… c’est ça le truc, quoi. ça s’accorde bien avec mes sets. Dans ta recherche esthétique plutôt arty, je te verrais par exemple bien collaborer avec un type comme Zongamin. D’ailleurs, y a-t-il des artistes dont tu te sens particulièrement proche en ce moment, toi qui es toujours vu par la presse comme un « trublion inclassable » ?
Ah oui, Zongamin, je suis super fan ! Malheureusement, il ne fait plus grand’chose… Mais oui, je me sens une communauté d’esprit avec pas mal de personnes : Kindness, James Holden, Caribou… Ce sont des gens avec qui je peux discuter pendant 8—
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Joakim
des heures. Leur approche me parle. Par exemple Caribou, en ce moment il va vraiment loin, dans des choses que j’aime beaucoup. Musicalement, même si Tigersushi (le label de Joakim, ndlr) a l’air très diversifié dans son catalogue d’artistes, tout est cohérent. Globalement, on kiffe tous les mêmes trucs. Mais sinon, l’art contemporain me nourrit beaucoup, effectivement : je fais du son pour différentes installations… et puis ma copine est artiste. J’ai l’impression que tu te débrouilles toujours pour être pile dans ce qui est pointu - esthétiquement, vestimentairement… Tu ne serais pas un hipster, par hasard ? Tropics Of Love, c’est un titre bien branchouille aussi, non ?
(Rires) Le titre ne vient pas de nulle part, il provient de la série d’illustrations de Camille Henrot (l’artiste ayant réalisé la pochette, ndlr). Mais il correspondait parfaitement à ce que je voulais avec le disque, alors je l’ai gardé. Mais sinon oui, j’essaie d’être de mon temps, les modes m’intéressent… Il ne faut pas être un suiveur, mais là au bon moment. Les tropiques ont un côté un peu trendy, soit, mais derrière le concept de Camille, il y a quelque chose de bien plus profond que simplement ce que véhicule ma musique. Et puis un truc que j’explique aux artistes du label, aussi, c’est que c’est bien d’être dans son propre monde, mais - sans que ça t’influence trop, bien sûr - c’est important d’être au courant de ce qui se passe et de ce qui marche. Sinon tu passes à côté des choses.
Et si je te dis que certaines de tes tracks, on dirait presque de la world music, avec un côté « illustration sonore pour Ushuaïa », tu le prends mal ?
(Rires) Non, je ne le prends pas mal du tout ! Une influence sur le disque, c’est Peter Gabriel, en fait. La batterie, c’est toujours ce qui ancre une musique dans une période : si tu mets un son de batterie 70’s sur ton album, tout va sonner 70’s, même si tu rajoutes par-dessus des sons qui n’ont rien à voir. Comme j’avais peu de machines et de boîtes à rythmes, là j’ai utilisé des boîtes analogiques fin 80’s/début 90’s, ce qui donne une couleur un peu New age au disque. Pourtant, les années 80 ne sont pas du tout une période qui m’obsède musicalement. Ce sont les outils qui donnent ce son : tous les synthés que j’utilise, ce sont ceux de cet « âge d’or ». Mais ma hantise, c’est de faire un truc rétro, vintage. Je suis certes nostalgique de plein de trucs, mais c’est important pour moi que ma musique soit tournée vers l’avenir, donc j’essaie de casser le plus possible son côté rétro.
Si je te dis que ta pochette, c’est Parra + Jean Cocteau, tu confirmes ?
(Sourire) Camille dirait plutôt Picasso et Miro, ou alors Picasso et Matisse, dont elle est très fan des dessins, je pense. Joakim — Tropics of Love
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à la une T/ Roger de Lille P/ Katy Lane
ANTON NEWCOMBE “Je veux que ma vie couvre un spectre total d’expériences.” Avec un album supplémentaire au compteur rame-
C’est ce qu’on appelle « grandir » ?
nant le Brian Jonestown Massacre vers une musique plus pop qu’avec les délires mystico-eschatologiques du Aufheben, ou la coldwave lysergique du Who Killed Sergent Pepper, Revelations aura tendance à partir moins loin et paradoxalement à ramener le Newcombe vers la maturité. Forme d’expression d’un certain vieillissement sans doute… Aufheben, le précédent album du groupe, était assez porté sur l’eschatologie (l’étude de la fin du monde, ndlr) avec toutes les références à la plaque métallique embarquée sur les sondes spatiales Pioneer et à cette idée de « destruction » et de « préservation » dans un même temps. Là, le disque s’appelle Revelations. Ça a un rapport ? Quelle est
Non, c’est juste différent. Avant, quand je devenais dingue, je m’arrangeais avec moi-même, je chevauchais ma folie comme un cheval, l’utilisais comme un moteur pour créer, je me soignais moi-même en buvant et me droguant… mais je ne peux plus faire ça : j’ai un bébé chez moi, je ne peux plus faire ça. Je dois être responsable et concentré sur cette décision d’avoir désormais une famille. Mais je ne pense pas qu’il s’agisse vraiment de l’idée de « grandir ». C’est juste différent. Je veux que ma vie couvre un spectre total d’expériences. Pas seulement de faire semblent d’être un adolescent toute ma vie, mais justement de vivre une vie entière.
la révélation ? L’album est plus pop que le précédent.
Ce disque a été écrit et enregistré différemment. Pas de guide spirituel, pas de drogues, rien de tout ça. Seulement l’envie d’écrire des chansons, en n’ayant aucune idée au départ. La révélation, c’est que j’y arrive aussi bien sans tout ça, tu vois ? Créer à partir de rien. C’est la seule chose ici. J’ai utilisé le mot dans ce sens-là. Une révélation peut effectivement être un esprit ou un dieu te parlant ou le fait que tu comprennes quelque chose. Je veux juste continuer mon art. Je ne veux pas être fou ou quoi que ce soit de similaire. 11 —
Je ne sais pas. J’essayais de décrire ça à quelqu’un hier. Je faisais de la musique avec des synthétiseurs, de la musique pour des films imaginaires dans ma tête, juste des expériences dans mon studio sans but, juste histoire de faire de la musique chaque nuit, et les gens avec qui je travaille m’ont dit « si tu veux partir en tournée en 2014 tu dois faire un album », et un peu dépité j’avais pas d’idée pour écrire de la musique pour un groupe. Du coup, je voulais juste jouer de la musique, faire Nuit
Anton Newcombe
“Ce disque a été écrit et enregistré différemment. Pas de guide spirituel, pas de drogues, rien de tout ça.”
des remix pour des gens… Et faire une chanson, c’est comme peindre. Un son est bleu, un autre rose… Et du coup j’étais là « ok, là c’est un son rouge, là en voilà un bleu, un autre rouge… » et dans mon ancien mode de pensée, je trouvais qu’il fallait neuf chansons rouges et deux blanches pour faire un album. Cette fois-ci rien ne se connectait dans le bon sens alors je me suis demandé si je pouvais pour une fois faire juste un album. Les gens décident eux-même du mix parce qu’on est dans l’univers de Spotify et iTunes, qu’ils font des playlists et qu’ils choisissent eux-même l’ordre des morceaux pour les albums. Du coup, j’ai arrêté de trop penser, d’être effrayé et, sans vraiment abandonner, me suis lancé. Et j’invite toujours des gens pour venir enregistrer avec moi parce que mon groupe est dispersé un peu partout dans le monde. Ce coup-ci j’ai un groupe suédois dont j’ai sorti l’album qui s’appelle Les Big Byrd, le chanteur a chanté en suédois pour moi parce que j’essaie toujours de nouvelles expériences avec d’autres langues. Et sur la même chanson Ryan Carlson des Dead Skeletons joue un truc fou aux synthétiseurs avec moi parce qu’il était à Berlin. C’est plus facile pour moi d’écrire si je montre aux gens que je peux écrire. Dans le dernier album, deux chansons sont en rapport avec la mémoire, Memorymix et Memory Camp. Quelle est la signification de tout ça ?
Je n’ai pas à être vraiment déprimé pour ressentir l’émotion et écrire une chanson triste. Dans ma vie j’ai déjà ressenti ça, et même si je suis heureux aujourd’hui, il y a eu cette histoire avec cette fille, actrice, avec qui j’avais tenté d’arrêter l’héroïne, et ça m’a pris dix ans pour me remettre vraiment de l’avoir perdue. Et c’est un peu comme un amour d’adolescent. Mais ces chansons utilisent surtout la capacité qu’ont aussi les acteurs pour ressentir et pouvoir jouer des émotions. Après, trouver les titres des chansons c’était genre « ok, memo12 —
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Anton Newcombe
rymix, comment puis-je faire pour mixer ces souvenirs ensemble ? Ok, memory camp, je vais aller camper dans ma forêt intérieure de souvenirs dans cette tente de mémoire ». Les titres sont similaires mais je pense que ce n’est pas grave. En 2013 un EP est sorti. C’est quoi la Revolution Number 0 ?
Les Beatles ont bien sorti Revolution Number 9 pas vrai ? Qu’est-ce que ça voulait dire ? Rien du tout ! Moi ce que j’ai pensé, c’est qu’il n’y aurait pas de révolution, mais c’est peut être ça la révolution. Révolution numéro zéro parce qu’il n’y aura pas de révolution dans le sens sous lequel on le comprenait. Et dans un sens, il y a aussi quelque chose avec le symbole du zéro. Il est infini. À la fois aucune valeur et si important parce que le « rien » est le « tout » en même temps. Avec des « zéros » tu obtiens les ordinateurs. Tu peux avoir tout le monde digital et le monde moderne avec ça. Parce que les « uns » et les « zéros » sont la position « allumé » et la position « éteint ».
Sinon, d’autres projets pour le futur ?
J’ai toujours des projets pour le futur. En août, j’enregistre ma première bande originale de film. Ça faisait longtemps que je voulais le faire et ça arrive enfin, c’est pas dingue ? Et je la fais vraiment spécialement pour le film, pas juste « ok, tu prends cette chanson de ce CD pour ton truc ». Là c’est avec le réalisateur et je suis un peu nerveux. Je veux qu’il soit content, faire du bon travail, mais c’est bien pour tout le monde. Ça montre que si tu te concentres sur un but et si tu travailles à son accomplissement tu peux y arriver. J’avais proposé a des amis réalisateurs à Londres de me faire faire des bandes originales pour leurs films mais ils en ont parlé à d’autres gens. Et c’est cool que je fasse ça en Europe à cause de Hollywood tu vois ? Je ne suis pas obligé de le faire pour un blockbuster nul.
Qui a fait la pochette du Revelation ?
Mon amie Nina de San Francisco fait des collages sur de grands formats genre un mètre sur un mètre. Et j’avais trouvé ça cool. Elle en avait posté sur Twitter avec les yeux grattés, ce genre de trucs… Et bien qu’il y en avait des meilleurs que d’autres, je trouvais celui choisi sur la pochette vraiment bien. Cette fille a de vraies capacités artistiques, du coup je lui ai demandé si je pouvais l’utiliser pour mon disque. On a fait le EP avec les yeux déchirés, pas grand’chose d’autre, et après ce collage est arrivé. C’est moins profond que la plaque de Pioneer mais c’est ok. Revelations (A record) En concert le 21 mai au Bataclan
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Cinéma T/ Pierig Leray P/ DR
Y’a quoi à cannes ? Il y a de l’excitation, de l’attente
Adieu au langage de Jean-Luc Godard — 5% Palme
frénétique mais aussi des
Bien ancré dans ce qui semble être le thème 2014 (réalisme contemporain), Godard est bien de retour. Et son Adieu au langage semble imbitable. Une réflexion qui dépasse son propre auteur, une femme nue, un chien qui court et une photographie numérique à heurter l’Instagram sépia. S’il décroche la palme, je l’ai dans le cul mais je prends les paris : ce sera une fronde désabusée anti-Godard lors de la projection.
déceptions et une peur certaine de bides annoncés. La sélection Un certain regard ne devra en aucun cas être délaissée et vue comme le parent pauvre de la sélection officielle. Bien au contraire, elle l’élève et rend ainsi une sélection globale plus
Jimmy’s Hall de Ken Loach — 90% Palme
cohérente. à l’image de sa pré-
ça sent le convenu, idéalement maîtrisé et forcément palmé. Ken Loach est un chouchou du festival, son film baigne dans un activisme politique qui peut plaire à Jane Campion et son staff. On l’annonce comme étant son dernier film, alors pourquoi pas lui offrir sa deuxième pépite après Le vent se lève ? Ce serait un clin d’œil final idéal à ce grand du cinéma.
sidente Jane Campion, il s’agit bien de réalité, d’un cinéma contemporain ancré dans sa génération, ni avant-gardiste, ni rétrograde, simplement à sa place. Nous pourrions nous plaindre d’un manque de risques,
Maps to the star de David Cronenberg — 40% Palme
d’une trajectoire trop linéaire
Et si c’était l’heure de Cronenberg ? Avec son nouvel éphèbe Pattinson, David revient avec un thriller inquiétant. Ce serait un aboutissement tant mérité pour ce vieux pervers mégalomane tant aimé/décrié. Nommé mais jamais récompensé, je souhaite de tout cœur m’extasier devant Maps to the star pour mieux gueuler mon amour dévolu à ce cinéma de l’étrange qui pèse et bouleverse.
mais cette année 2014 semble normalisée par son cinéma. Alors, à quoi devons-nous nous attendre ? Petit jeu de potentiel sur les quatre films marquants de la sélection.
The Search de Michel Hazanavicius — 0% Palme
On ne sait rien de ce nouveau film. à part que Michel s’est exilé à Hollywood et décroche d’entrée sa sélection. Mais ça sonne fake, je ne peux croire à un retour gagnant après The Artist. Ça sent le four à plein nez, les petits pains tout chauds prêts à être enfournés dans le scrotum délicat du plus frêle des journalistes. Pour moi, quasiment une cagade assurée (comme on dit dans le Sud, là-bas). 14 —
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festival T/ Pierig Leray
Cannes ou pas Cannes ? Alors que le 43ème festival de Cannes ne va pas tar-
S’habiller en lin blanc comme Eddie Barclay
der à voir débarquer sa faune cinéphilo-jet-sette-
-> PAS Cannes
rice à rejet mi-mai, et que mon petit doigt me dit que Le Bonbon Nuit ne sera pas loin de cette corpulente agitation, faisons un tour d’horizon des tendances cannoises 2014. Les mœurs ont évolué, le mauvais goût a pas mal progressé et il est grand temps d’y voir plus clair. Six règles indéfectibles du jeu de paume (souvent dans ta gueule par un videur pas content) cannois.
Honte à celui qui oserait porter des charentaises blanches sur le costume légendaire du père Barclay. Même en sortant de ton yacht 1 hectare, ça schlingue sérieusement la naphtaline. Alors au placard la tenue chic-détente, et on se met au diapason : élégance - certes à sueur, la goutte qui trace dans l’entrecuisse - mais élégance quand même (du velours dans le costume, obligatoire). La ringardise des années 80 est interdite, on ne pense ni au confort ni à l’odeur. On s’habille col serré et on laisse les femmes se dessaper. Le décolleté poils portugais, no way. Dormir à 6 dans un 20m2 –> Cannes
C’est la galère, le papier ne paye plus, Internet ne l’a jamais fait, c’est la crise, le dépôt de bilan. Mais, il faut être présent et s’imposer dans le défilé médiatique cannois. Alors on se sert les fesses, on fait débarquer six journalistes, on leur fout un bout de papier autour du cou et viva la précarité journalistique ! Lorsque la nuit s’achève, c’est un brin honteux que le taxi nous débarque à 30 minutes de Cannes dans un patelin à l’allure Super U géant (« Supu » pour les intimes). Tristesse contemporaine que de finir la bave s’écoulant 16 —
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Cannes ou Pas Cannes ?
lentement mais sûrement sur un matelas gonflable raplapla en raison du trou béant laissé par cette putain de cendre de cigarette qui n’arrête pas de trouer ce sol autocollant d’une bière rance et périmée. Croire que tout peut arriver et finir sur un yacht de Qatari avec Dujardin et Scorsese –> PAS Cannes
Révolu le temps de l’improbabilité de la croisette, les rencontres fortuites entre bar et chiottes, un carton trouvé par terre, une soirée souterraine où l’accès est uniquement basé sur la gueule. Désormais, tout est contrôlé, les accès over surveillés, les listings même plus sur papier, et la sécurité couteau entre les dents n’attendant qu’un écart pour te plaquer au sol. Alors il faut sucker, une gorge profonde et nauséeuse bien violente pour espérer apercevoir à travers la horde de gorilles le vodka-coca d’un Michel Leeb un peu pompette. Bah ouais, les autres sont sur leurs yachts… Être pro et se contraindre à voir TOUTE la sélection officielle –> PAS Cannes
Humainement infaisable, le corps prenant le pas irrémédiablement sur l’esprit, ne pas dormir dans une salle obscure devant le film muet coréen imbitable après une soirée arrosée jusqu’à l’aube est simplement impossible. Alors il suffit de choper le dossier de presse, de donner quelques infos grappillées par le premier de la classe des Cahiers, et s’en sortir d’une pirouette audacieuse. En tout cas, lorsque le sujet du film débarque dans une discussion intelligible, feinter et quoi qu’il arrive, toujours détester. « Mais bien sûr que j’étais à la projection de 8h, au rang I, et que la mise en scène barbante a déboussolé mon regard critique du jeu certes convenu mais percutant de cet acteur, tu sais, celui du dernier Hong Kar Wai ». Bingo.
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Attendre 3 heures sous la pluie pour espérer s’endormir devant le dernier film des Dardenne avec sa pauvre accréditation jaune et s’y voir refuser l’accès, bah ouais, la salle est déjà pleine –> Cannes
Hiérarchie implacable, quand Jean-Marc Lalanne se pavane en rose, toi poussin des marécages, premier venu à la messe cannoise, tu caches ton accréditation jaune pisse. Stratification du journalisme, les gammes de couleur vont du blanc (la classe absolue) au jaune en passant par le rose pailleté (respect indéniable), le rose (la crème de la bien-pensance presse culturelle) et le bleu (ça commence à puer). Et forcément, cette palette détermine l’entrée. Alors attendre 3 heures pour te voir fermer la porte au nez, c’est d’une violence inouïe que je ne souhaite même pas à mon pire ennemi (hormis à mon top 3 de haine, Zaz, Tryo et Sinsemilia). Boire, manger, danser et vomir sans sortir un bifton de sa poche trouée -> Cannes
Elle est là l’implacable raison du badaud teufeur qui traînasse la queue entre les jambes et le cou éternellement nu d’accréditation, choper tout ce qui se boit, se mange, se sniffe. Prendre, reprendre jusqu’à plus soif, s’imbiber des open bars, bouffer chaque huître qui dégouline pour ne laisser place à aucune compassion. C’est la guerre. Imaginezvous une fashion week à ciel ouvert, 15 jours non-stop d’OB, de déglingue gratuite, pire, de déglingue forcée par les producteurs véreux prêts à vous injecter gratuitement un magnum de Champagne pour une simple ligne (écrite) dans votre canard. Certains parlent de bonheur absolu, d’autre de paradis terrestre. Moi je parle d’un marathon sans limite, d’une course de fond nonstop où l’alcool remplace le verre de grenadine et la banane fraîche, et ce sur des dizaines de kilomètres de plage. C’est le fameux « bois ou crève », implacable. J’en ai déjà la nausée. Nuit
musique T/ Philippe Buvard P/ DR
la nouvelle donne Les ronchons font semblant de le snober mais en vérité, tout le monde attend cette deuxième édition du Weather Festival qui se déroulera du 6 au 9 juin prochains. Au programme, de la grosse re-sta en veux-tu en voilà (Ricardo Villalobos, Marcel Dettmann, Ben Klock, Marcel Fengler, Seth Troxler, etc.) mais également des artistes émergents tout droit issus de la nouvelle scène électronique française, scène en partie relancée par la Concrete. Nous avons donc choisi de faire un petit
BEN VEDREN
focus sur trois de ces nouvelles
32 ans. Label : Minibar, Concrete
pépites : Ben Vedren, Anetha et Rouge Mécanique, et de prendre au vol quelques unes de leurs paroles.
« L’artiste dont je me sens le plus proche ? Je crois que c’est Cabanne qui habite à 2km de chez moi. » « Les tendances musicales (techno, house…) se répètent inlassablement en évoluant à chaque fois. Je vois donc l’avenir poursuivre ce même schéma. » « Ma façon de me produire en live, avec beaucoup d’improvisation et un set-up atypique est ma principale singularité. » « Le dernier disque qui m’a réellement scotché est l’EP de Elbee Bad Don’t Want To Loose Ya Love. Il y aussi le remix de Dj Sprinkles du titre Lockdown Party de The Mole, sorti sur Perlon. »
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La Nouvelle Donne
ANETHA 24 ans. Collectif : BLOC
« J’aime la façon dont Rodhad et Marcel Dettman amènent les morceaux. Ils prennent vraiment des risques dans leurs prestations. » « Je pense qu’aujourd’hui on ne peut plus parler de ‘‘tendance’’. Le public pour la musique électronique est plus important et tous les styles se côtoient plus facilement. C’est justement la richesse de notre temps, non ?! » « Ma spécificité ? Les robes à dos nu. Je plaisante bien sûr. J’aime surprendre et être imprévisible, c’est pour çà que je ne prépare pas mes sets. » « Mes trois dernières claques : Kassem Mosse - Untitled A2 sur Workshop pour son côté tropicool. Recondite - Nadsat sur Dystopian pour son côté planant. Florian Kupfer - This Society sur Lies parce qu’elle défonce ! »
ROUGE MECANIQUE 27 ans. Label : Pyramids of Mars
« Je me sens très proche du groupe que forment Tony Allen, Moritz Von Oswald et Loderbauer. Leur trio est un excellent mélange entre la batterie (Tony Allen est un des meilleurs dans son milieu) et l’électronique modulaire. » « Je suis de très près les petits Parisiens Sidney et Souleiman, qui ont monté le label Latency. J’adore leur son, et ils ont une approche esthétique très intéressante. » « Je vais de plus en plus vers la conception de film, et je planche sur un show visuel. Mais ma Telecaster restera toujours mon arme principale. » « Les derniers albums d’Actress, le lancement du label d’Ivan Smagghe Les disques de la mort, et le dernier album de Jay Daniels correspondent aux multiples facettes de Rouge Mécanique. »
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télévision T/ Julien Bouisset P/ DJ Roger
antoine de maximy “J’ai forcément déjà dû croiser un space cake dans ma vie.” Depuis 2004, Antoine de Maximy a certainement le
Et désormais, depuis un an, tu as repris la route.
job le plus cool du monde. Avec J’irai dormir chez
étonnante et bariolée.
Oui. J’avais arrêté pour me consacrer à mes projets personnels. Là, je viens de tourner cinq épisodes inédits qui devraient arriver à l’antenne de France 5 à la rentrée prochaine. Je suis allé sur les routes de l’Allemagne, de la Namibie, de la Californie, de l’Argentine et de la Birmanie. Je suis content de tous les épisodes. Ils sont, chacuns, surprenants dans leur registre. Ils montrent les pays dans leur véritable état. Par exemple, lorsque l’on évoque la Birmanie, on s’attend à se retrouver à l’âge de pierre. Alors que c’est tout le contraire. C’est un vrai pays d’Asie qui est selon moi beaucoup plus moderne que le Laos.
Pour les non-initiés, quelle est la genèse de l’émis-
Le début d’année a été marqué par la diffusion d’un
sion J’irai dormir chez vous.
long format de J’irai dormir chez l’homme qui brûle,
Au départ, je faisais des documentaires avec de très gros budgets. Le concept m’a un peu usé avec les années et j’avais envie de revenir à quelque chose de plus humain, de sentir les choses en solitaire pour retrouver une certaine liberté. Filmer des personnes qui descendent dans des sousmarins à 5000 mètres de profondeur c’est génial, mais j’avais envie de filmer des gens normaux. Aujourd’hui, on s’attache toujours aux personnes qui font des choses exceptionnelles. Cela fait de belles histoires, certes, mais c’est un tort. Voilà comment est né J’irai dormir chez vous.
consacré au festival Burning Man dans le désert de
vous, ce baroudeur part seul avec ses trois caméras portatives aux quatre coins du monde pour rencontrer des gens et s’inviter dans leur lit. Ces coups du sort l’ont déjà emmené dans plus de 40 pays, du Pérou au Mali, en passant par l’Albanie, Hollywood, la Corée du Sud ou encore l’Iran. Après avoir arrêté de voyager pendant un an, et avoir signé un retour en fanfare au Burning Man, Antoine de Maximy renfile ses chemises rouges pour produire de nouvelles aventures nocturnes. L’occasion de parler de fête foraine, de space cake et forcément de la nuit,
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Black Rock au Nevada. Que retiens-tu de cette expérience ?
C’était très différent de ce que j’ai pu vivre auparavant. Déjà parce que c’était une manifestation artistique et pas un pays. Mais je pense que c’est l’un des événements les plus exceptionnels qui existent dans le monde. Il faut le vivre pour le croire. J’ai totalement été déstabilisé pendant une semaine. Je ne savais pas comment j’allais m’en sortir. J’ai tourné pendant 5 jours, à fond, pour au final pondre un reportage de 90 minutes. C’était Nuit
Antoine de Maximy
“Burning man me fait penser à une énorme rave party. Les gens dansent de partout et ce jusqu’à très tard. Il y a dans ce festival du cul, du mysticisme, de l’art, de la danse, du naturisme.”
beaucoup de boulot pour une seule personne. Comment définirais-tu la nuit au Burning Man ?
La journée tout est plus lent alors que la nuit est très vive. Burning Man me fait un peu penser à une énorme rave party. Les gens dansent de partout et ce jusqu’à très tard. Il y a dans ce festival du cul, du mysticisme, de l’art, de la danse, du naturisme, des performances… Il y a tout mais pas uniquement. Et c’est encore plus valable pendant la soirée. Cela part dans tous les sens, avec beaucoup de partage et de respect. On ne peut donc pas donner une définition précise de cette manifestation. Cela a aussi été l’occasion pour toi de tester pour la première fois les space cakes. Tu comptes t’en cuisiner prochainement ?
Non. Et il suffit de regarder la vidéo pour s’en persuader. J’ai 55 ans. Et si cela m’avait attiré, j’aurai déjà depuis belle lurette testé ce genre de choses. Je ne dis pas que je n’en ai jamais eu l’occasion. J’ai forcément déjà dû croiser un space cake dans ma vie. Je ne l’ai pas fait car cela ne m’attirait pas plus que ça. Mais dans ce cas de figure je trouvais cela intéressant. D’une part parce que lorsque je filme je suis là pour réaliser des expériences. Ensuite parce que dans ce contexte, il était logique que je le fasse. Cette séquence n’a d’ailleurs pas été insérée dans la diffusion sur France 5. Pour une raison très simple : cet épisode était au départ prévu en prime time pour les vacances de Noël. Cela aurait été très maladroit de le diffuser pendant cette semaine « sainte ». Finalement la diffusion a été avancée après le jour de l’an. D’autres séquences ont également été coupées pour les mêmes raisons. Rien de méchant, mais juste des rencontres un peu plus sado-maso et déjantées que le reste du reportage. Vous pourrez d’ailleurs toutes les retrouver dans la version intégrale qui sortira prochainement en DVD. Quelle est la chose la plus impressionnante que tu
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Antoine de Maximy
aies découverte dans le monde lors de tes pérégrinations nocturnes ?
Il faut d’abord exclure le Burning Man évidemment, car c’est de loin le truc le plus dingue qui existe. Mais récemment en Birmanie, je suis sorti dans une fête foraine, où il y avait une grande roue. J’ai découvert qu’elle arrivait à fonctionner sans moteur. En fait, ce sont des Birmans qui, en se mettant tous d’un même côté, la font tourner. Une fois arrivés près du sol, ils sautent. De nuit, c’est franchement impressionnant.
j’arrive vers quelqu’un qui est introverti, en général, il fuit. En ce sens, elles influent sur les rencontres. Mais elles influent infiniment moins qu’une grosse équipe de tournage. Quelle est la recette miracle pour aller dormir chez les gens ?
Il n’y a pas de recette. Chaque rencontre est différente. Il faut juste savoir s’adapter, avoir le nez creux et sentir les choses. Il serait donc tout à fait possible de s’incruster chez
Avec le nombre de pays visités, tu as dû en voir des
des Parisiens ?
lits. Quel a été le moment le plus difficile pour dor-
Oui, mais pas me concernant. Quand je sors dans la rue, je suis invité dans les trois minutes qui suivent. J’ai beaucoup de personnes qui le font par boutade, mais je pense que je n’aurais aucun problème pour aller dormir chez quelqu’un en France. Même à Paris.
mir chez quelqu’un ?
Sans hésiter : Catemu au Chili, en 2005. Dans cette petite ville, le seul hôtel était en travaux. J’ai voulu jouer le jeu et essayer de trouver un toit pour dormir. J’ai fait du porte-à-porte, sans succès. Je suis finalement arrivé à trouver un lit dans le cabinet d’un dentiste que le boulanger de Catemu m’avait trouvé. J’ai dormi au pied du fauteuil après avoir sérieusement galéré. Et la nuit était déjà bien avancée. Est-ce qu’il t’arrive de sortir faire la fête lors de tes voyages ?
Cela m’arrive oui. Je sors toujours dans les bars, pour prendre la température de la ville. Mais ce n’est pas la meilleure façon de rencontrer du monde pour aller dormir chez eux. Les gens sont souvent trop euphoriques. Cela marche mieux dans des endroits où l’on peut discuter calmement et où la personne peut mieux sentir à qui elle a affaire.
Qu’est-ce qu’il faudrait faire pour venir dormir chez toi ?
Il faut déjà être vachement jolie (rires). Non, je te le répète il n’y a pas de botte secrète. Tout se passe au feeling. Mais imaginons qu’il y en ait une recette miracle et que je te la donne. Alors tout le monde pourrait venir chez moi, sans que je puisse refuser. Comment je vais faire pour tous les accueillir ? Dans tous les cas je ne te le dirai pas (rires).
Si tu n’avais pas tes caméras, penses-tu qu’il serait aussi facile de dormir chez des étrangers ?
Je pense que cela modifierait les rapports. Mais si je n’avais pas de caméras je me sentirais certainement moins légitime dans ma démarche. Les caméras me permettent de faire un tri. Quand 23 —
www.jiraidormirchezvous.com
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© iphoneabstracts.tumblr.com
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musique T/ Hillel Schlegel P/ Jacob Khrist
sean lennon “Ah bon, la techno revient ?” Je tape « interview Sean Lennon » dans Google. Premier résultat en vidéo : « Sean Lennon gets pissed during interview. » Pour les francophones 100% camembert, non, cela ne veut pas dire « Sean Lennon se pisse dessus pendant une interview », mais plutôt « Sean est bien vénère face caméra » (et face à un journaliste plutôt ballot, il faut bien le dire). Alors doukilgueuledonktan, le monsieur ? Pas compliqué : il s’agit encore d’un entretien où pendant 90% du temps, il est question de papa John et de maman Yoko. OK, me voilà prévenu. Pour aller rencontrer le « fils de » le plus célèbre du monde, on va donc laisser cinq minutes de côté son écrasant héritage pour se concentrer sur ses activités perso. Et justement, y’a de la matière : il vient de sortir
raison, il est fort possible que pour moi, il soit plus difficile de faire de la musique plutôt qu’autre chose, dans de telles circonstances. Mais… je ne sais pas, c’est quelque chose que j’ai toujours été appelé à faire. Probablement précisément parce que mon père était un musicien. Et puis ce n’est pas parce que c’est difficile que ça me donne envie d’arrêter pour autant. En matière de musique, j’ai d’ailleurs toujours été libre : on ne m’a jamais dit ce que je devais faire. Je ne me suis pas mis la pression de devenir une « star à tout prix ». Même quand j’ai été signé dans une maison de disques (prononcé en français, ndlr), j’ai pu continuer à explorer ce que je voulais musicalement. J’ai donc le sentiment d’avoir eu pas mal de chance, au final.
Midnight Sun, le dernier album qu’il a concocté avec sa copine très fashion Charlotte Kemp Muhl sous le
Tu aurais pu un peu échapper à ton hérédité en te
blaze de Goastt.
lançant dans, que sais-je, le foot ou les échecs par exemple…
Salut Sean. J’ai une bonne nouvelle à t’annoncer : c’est de toi qu’on va parler, là !
Sean Lennon : OK, merci ! (Rires) Une question me taraude quand même : pourquoi avoir toi aussi choisi de te lancer dans la musique
C’est vrai, mais je n’ai tout simplement jamais eu envie de faire autre chose que de la musique. Je n’ai pas le sentiment d’avoir vraiment eu le choix, c’est-à-dire que je ne crois pas avoir la force de faire autre chose. Je crois que je serais malheureux si je devais me consacrer à une autre activité.
avec un tel passif familial ? Franchement, je trouve ça très courageux, vu que toute ta vie, tu seras jugé
Vraiment, il n’y a jamais eu rien d’autre qui t’ait
par rapport à tes parents. Non ?
attiré ?
Merci du compliment ! Oui, tu as probablement
Alors à vrai dire, Charlotte et moi on aimerait
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Sean Lennon
“Je ne déteste rien de particulier, mais tous genres confondus, 99% de ce qu’on peut entendre aujourd’hui, c’est de la merde.”
se lancer dans la réalisation. On a commencé à tourner nos propres clips, et là, j’ai l’impression qu’on se dirige vers la réalisation de films à part entière. Mais même si je tournais un film, je crois que j’aurais besoin d’en faire aussi la bande-son. Et puis je dessine aussi, par exemple. (Il montre la pochette de son album qu’il a lui-même réalisée, ndlr). J’ai un petit peu été acteur aussi, mais ça ne m’intéresse pas des masses : c’est marrant comme ça, mais je n’en ferais pas mon métier. Est-ce qu’on te fout jamais la paix à propos du fait d’être un « fils de » ?
Les gens qui ne me connaissent pas ne me foutent jamais la paix à ce sujet, c’est sûr. En même temps, c’est normal que dès que les gens me voient, ils pensent à mon père. On m’arrête dans la rue pour m’en parler, oui, mais je pense qu’à partir d’un certain degré de notoriété, les gens te sautent de toute façon dessus dans la rue. Sinon, les journalistes me demandent souvent des trucs comme « c’est quoi ta chanson des Beatles préférée ? ». Je m’en fiche… (l’air résigné, ndlr) Le truc frappant, c’est la variété musicale entre tes différentes compositions : ton site internet est rempli de musique quasiment bruitiste, le premier morceau de Midnight Sun sonne comme un mix entre du stoner rock et du Death in Vegas, et à part ça, tu excelles dans les mélodies pop 60’s ultra surannées et nostalgiques, tu as un groupe d’« impro live », Mystical Weapons… Tu ne serais pas un peu schizo, musicalement ?
(Rires) Je ne sais pas si c’est de la schizophrénie, mais ce besoin d’exprimer des choses très différentes, de ne borner aucunement ma créativité, avec Charlotte ou en faisant de la noise, c’est ce qui m’a poussé à créer mon propre label, Chimera Music. Si j’avais un contrat avec une grosse maison, je ne pourrais jamais faire tout ça. Avant, j’étais sur Grand Royal, le label des Beastie Boys coordonné par Capitol, puis carrément chez Capi28 —
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Sean Lennon
tol, et c’est vrai que le simple fait d’être dans telle ou telle maison influence ton son et ta manière de faire de la musique. Maintenant que j’ai mon propre label, je peux vraiment faire ce que je veux. Tout simplement. Et puis tout le monde crée son propre label mainte-
La techno, parlons-en : 2013 était vraiment l’année de son grand retour…
Ah bon, la techno revient ? (Très étonné) Sérieux ?! J’ai dû vivre dans une caverne alors… Pourtant je ne vis pas tellement en ermite ! Mais parfois, je me sens vraiment largué par la marche du monde…
nant, c’est la mode.
Je ne suis pas sûr que ça soit une histoire de mode, c’est plutôt que la technologie a rendu ça possible. La technologie a détruit l’industrie musicale, tout en rendant l’auto-promotion très accessible, que ce soit sur les réseaux sociaux ou ailleurs. Tout le monde crée son propre label simplement parce que c’est devenu la manière la plus facile et immédiate de diffuser sa musique. En parlant de technologie, tu penses quoi du fait que
Avec tout le monde que tu fréquentes, tu ne vas jamais en club ?
(Vraiment perplexe) Et pourtant si… parfois… mais ça m’a totalement échappé. Je ne cherche pas à toujours être branché, mais c’est vrai que souvent, j’aimerais bien savoir ce qu’il se passe un peu ailleurs, et je n’en ai aucune idée. Je fais confiance à des amis pour me tenir au courant de l’actualité. J’ai quelques potes qui savent « ce qui est cool », ils m’en font parfois part. (Pensif )
les sonorités électroniques prédominent désormais, et ce dans tous les genres musicaux ? Que même le
C’est pour ça que Midnight Sun a l’air souvent rétro,
rock ou l’indie comportent aujourd’hui une très
assez 60’s justement ?
large part de sons produits à l’ordinateur ?
Je ne dirais pas « rétro ». Avec Charlotte, on compose à part égale et on cherche à garder des éléments classiques, et moi je m’intéresse beaucoup aux instruments rares et anciens, mais nous ne cherchons en aucun cas à obtenir un son vintage. On cherche quelque chose de moderne et à part. Un équilibre. On aime le contraste entre les sonorités, les envolées, le volume… en fait, en matière de musique, on aime la juxtaposition.
Oui, c’est très vrai. Ca m’attriste, bien sûr, mais on ne peut pas empêcher les gens de faire ce qu’ils veulent faire. Si c’est ce qu’ils veulent, c’est dommage, mais il faut l’accepter. ça me rend personnellement triste, mais je ne vais pas essayer de contrôler les gens. Et puis je ne déteste aucun type de musique en particulier, c’est juste que je considère que tous genres confondus, dans 99% des cas, la musique est merdique. Chaque genre, quel qu’il soit, ne contient de toute façon que moins de 1% de choses intéressantes que j’aime vraiment. à tout prendre, je dirais que ce qui me parle vraiment le moins, c’est la techno - ce qui ne veut pas dire que je n’aime pas l’électro en général. J’aime par exemple beaucoup Daft Punk ou Squarepusher, ou encore quelques trucs de early house, mais en soi, quasiment tout ce qui relève de la techno ne m’intéresse pas le moins du monde. Tout ce nn-tss-nn-tss-nn-tss (il imite un kick house, ndlr), qu’est ce que c’est chiant ! 29 —
Goastt Dans les bacs
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nightivisme T/ MPK P/ Jacob Khrist
LA KIDNAPPING “On a tous un côté ringard et con, mes soirées permettent de l’exprimer.” Dans la vie normale, un kidnapping c’est un truc
Là, je te laisse 3 minutes pour faire une spéciale
merdique. Par contre, dans le monde merveilleux de
dédicace à celles et ceux qui te filent un coup de
la nuit parisienne, La Kidnapping est une soirée les-
main. C’est parti.
bienne réputée pour son amour inconditionnel du
Il y en a plein. Dédicace à Laure Saunier qui imprime mes affiches pornographiques à son bureau. Big up à ma caissière Olivier, j’aimerais aussi remercier tous les Dj’s en bois qui bossent à mes côtés, et tous les esclaves bénévoles sans qui ces soirées ne seraient pas possibles. D’ailleurs, petit message, je recherche encore des esclaves pour m’aider, la porte est ouverte, contactez-moi.
gros n’importe quoi. Ça se passe un fois par mois, c’est dans un bar pourri (le QG, Oberkampf) et c’est Sophie Morello qui gère le bordel. Sophie, elle t’est venue d’où cette irrépressible envie d’organiser des fêtes déglinguées ?
Ça vient surtout de mon quotidien. Je faisais des grosses boums dans un appart’ de 20 mètres carrés, on était plus d’une quarantaine et on avait toujours des problèmes avec les flics. On s’est dit qu’on allait faire ça dans un petit bar, comme ça, le patron paierait les amendes à notre place. Le fait de faire des soirées, c’est vraiment un gros hasard, je ne me suis jamais rêvée en orga de soirées, je m’en branlais un peu. Tu te rappelles de la première Kidnapping où t’étais trop déchiquetée ?
Ouais, euh, c’est loin maintenant, ça remonte à 5 ans. C’était à l’O’Kubi et ça s’est plutôt bien passé car il y a eu un bon bouche à oreille. Je me suis auto-proclamée Dj de la soirée, et on a bien ravagé les lieux.
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S’il y a bien un truc qui fait la spécificité de tes soirées, ce sont les endroit dans lesquels tu les organises : Le QG. Comment s’est fait votre deal ? Des lesbiennes dans un bar de bikers, c’est plutôt couillu, non ?
Toujours pareil, ça s’est fait par hasard, ça n’a pas été le fruit d’une réflexion ultime. C’est juste que j’habitais au-dessus en fait, et que le boss du QG, c’était mon concierge et aussi le syndic de l’immeuble. Maintenant que je lui fais gagner un peu de blé, je suis son idole. Les gens ne te demandent pas d’organiser tes soirées ailleurs ? le QG, c’est bien pourrave…
Tout le temps ! Mais hors de question. Déjà, j’ai un côté super sentimental : on a fait tellement de belles fêtes dans ce boui-boui que j’ai du mal à Nuit
La Kidnapping
m’en décrocher. Et puis, l’idée de la soirée, c’est de faire jouer des Dj’s habitués à des gros clubs dans un bar merdique.
segmentation gouine, on est souvent castagneuses et pas très riches, et le lancer de jambon. Ah oui, c’est quoi déjà cette histoire de lancer de
Tu invites souvent de la bonne hype (Cardini, Yan
jambon ?
Wagner, Maud Geffray…) à tes soirées. Tu les kid-
À la première Kidnapping, j’avais préparé un petit buffet apéro, mais on était trop bourrées, du coup, ça s’est transformé en bataille de jambon cru. C’est depuis devenu une tradition, une marque de fabrique. Voilà, maintenant, quand tout le monde est ivre mort à 1h30, je balance du jambon dans la foule. C’est un moment fort, plein d’émotions.
nappes comment ?
Je pense qu’être dans la hype, ça doit être chiant au bout d’un moment. On a tous un côté ringard et con, mes soirées permettent de l’exprimer. Les têtes d’affiche que j’invite sont également tous plus ou moins queer-friendly, et ont déjà entendu parler de la Kidnapping. Du coup, ce n’est pas trop difficile de les convaincre. Le réseau lesbien, ça aide ou bien ?
Pas du tout. Je pense juste que les « stars » que j’invite, ça les fait marrer de faire une date à l’arrache. Et puis mes soirées déglingue, ça leur remet les pieds sur terre, ça leur rappelle leurs débuts, quand ils mixaient dans des petits bars (rire satanique et franc). C’est ce côté régressif qui leur plaît bien, je crois. Qui a été l’invité le plus trash ?
Oula, j’en sais rien, tu sais, souvent je leur montre des vidéos du bordel de nos soirées pour bien les chauffer, histoire qu’ils comprennent qu’on n’est pas à la Gaîté Lyrique… Allez, Rebecca Warrior des Sexy Sushi nous a foutu un boxon mémorable. Son aura « gouine » est complètement indécente.
Tu as envie d’évoluer vers des soirées « club » ?
Non, mais comme je t’ai dit, y’a un festival qui se prépare et qui s’appellera Kidnapping en série. Pour le clubbing, je trouve qu’il y a trop de contraintes à la con. Le conseil que tu donnerais à une petite jeune qui veut se lancer dans l’orga de soirées ?
Pour faire de la thune, faut surtout qu’elle appelle Rag (la boss des soirées Wet For Me, ndlr) ou Anne-Claire Gallet (orga des Flash Cocotte, ndlr). Sinon, il faut surtout avoir un bon paquet de potes bien débiles. Le remède version Kidnapping contre la gueule de bois ?
Rien foutre devant Plus belle la vie. Un petit mot pour la fin ?
Il se porte comment, le milieu lesbien en 2014 ?
J’aimerais être sponso par Aoste.
Il se porte plutôt pas trop mal, y’a beaucoup de soirées itinérantes depuis l’arrêt du Pulp. Il manque surtout un endroit queer et indé à Paris. On vous met pas trop de bâtons dans les roues ?
On n’est pas des clientes idéales. J’ai contacté pas mal de responsables de lieux parce que je veux organiser un festival sur 3 jours l’année prochaine, et y’a deux trucs qui leur foutent les pétoches : la 32 —
www.intelligenceflexible.com/kidnapping
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internet T/ Manon Troppo P / Philippe Buvard
la nuit “La Nuit, c’est le royaume des invisibles que sont la majorité des gens.” Christian Perrot est un bâtisseur et un rêveur. L’un n’empêche pas l’autre, au contraire, il le prouve depuis des années. En 1993, il lance le quotidien Le
Il y a 2 ans, quand j’ai vu ce qu’était devenu l’Internet. Je l’ai trouvé un peu ennuyeux ; pratique, mais standardisé.
Jour. En 1996, il crée Nirvanet, un site de mille pages. En 1997, il monte un cyber-théâtre à Bruxelles. Il
La Nuit se positionne comment par rapport à ce qui
revient aujourd’hui avec l’idée d’un journal online
existe déjà ?
et surtout, différent. Un journal appelé La Nuit. Le
La Nuit fait tout le contraire. Ça part de ce qu’on trouve d’excitant sur internet, ou dans la vie : des vidéos, sons, photos, ou textes. Et le but est de le mettre en scène, d’en tirer une histoire, un sens. Le texte vient quand tout est en place. C’est une autre manière d’imaginer un journal. Aujourd’hui tout le monde documente soi-même ses luttes, sa vie, avec des vidéos, des photos. On peut partir de là. Pas des dépêches d’agences. Et se passer de beaucoup de commentaires. Je peux te raconter la lutte contre la Coupe du monde au Brésil. Mais dans La Nuit, je te la montre.
rencontrer était inévitable. Commençons tout bêtement par ton parcours. il me semble que tu as bien vadrouillé, non ?
J’ai beaucoup créé et puis après, c’est simple, j’ai « disparu » 15 ans en Inde. Pour y faire quoi ?
Pour vivre heureux. Ça a marché ?
Oui. J’y ai construit une maison de bois et de bambous à Morjim, Goa. Elle s’appelle KU, le vide. Décidée, dessinée, bâtie avec ma bande de charpentiers du Karnataka. J’adore ça. Jouer à l’architecte. Un journal, un site web, c’est pareil. Et pourquoi être revenu ?
Pour une histoire d’amour. Et peut-être aussi pour tout recommencer encore. Ailleurs. De zéro. La Nuit t’est venue à l’esprit à ton retour ? 35 —
Et la musique ? La Nuit la montre ou la raconte ?
Idem. Il y en a beaucoup dans La Nuit. Très choisie. Est-ce bien utile d’écrire des pages pour décrire un groupe quand on peut voir ses concerts, découvrir ses vidéos sur Internet ? Dans La Nuit, tout le monde est appelé à se faire son idée. On essaye juste de faire des propositions intéressantes. On voyage dans des contrées inattendues et on partage. C’est un peu le guide du routard du web (il rit). Nuit
La Nuit
“C’est le pari. Être des artisans plutôt que de fourguer de la nourriture industrielle digitale : du rythme, pas des algorithmes !”
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C’est donc également un positionnement « esthétique » ?
Oui. Nous avons besoin de beauté et d’émotion pour rendre vivant ce qu’on lit. L’info, c’est pas ce qui nous manque. Il n’y en a jamais eu autant. Il faut travailler sur les moyens de la faire pénétrer en nous. Prends l’histoire de la pêche en eaux profondes. Il y a eu 1000 articles dessus. Puis une fille arrive avec un dessin sur le web, et les gens se sentent concernés. (Pénélope Jolicoeur, ndlr) Ça veut dire que les mots n’ont plus autant d’importance, d’impact ?
Les mots sont trop importants pour être noyés dans le discours. « I had a dream » peut suffire. Pourquoi le support internet ?
Les journaux papier, c’est un peu la mort, non ? La solution du online s’imposait comme une évidence. C’est ce que j’aime faire. J’adore l’Internet. On y trouve tout ce que les gens font sur la terre entière. Alors une sorte de journal d’expédition vers l’inconnu fait par des gens qui ont le goût de l’aventure et l’envie de la partager, it makes sense. Et je trouvais le papier trop limité. Pourquoi faire payer un abonnement ?
Créer les conditions économiques d’une indépendance, c’est essentiel. On ne peut pas l’ignorer. Le tout gratuit n’existe nulle part. Comment il existerait sur Internet ? On nourrit Google, Facebook, les annonceurs, les télécoms… qui se nourrissent de nous. C’est plus simple de faire beau et pas cher (1 euro, c’est pas cher) et d’expliquer pourquoi c’est cool de payer, que de courir tout le temps après l’attention très flottante des internautes. On préfère des lecteurs avec qui on a un vrai rapport. Je ne te dis pas que c’est facile à faire passer comme message. Les pushers distribuent la dope gratuite à tous les coins de rue, et tout le monde aime la dope gratuite. Mais il y a peut-être de l’avenir dans l’exigence, la morale et les vrais Nuit
La Nuit
rapports humains. C’est le pari. Être des artisans plutôt que de fourguer de la nourriture industrielle digitale : du rythme, pas des algorithmes ! Est-ce que La Nuit est de gauche ? De nulle part ?
On est de la planète Terre. Je crois que personne ne fait quoi que ce soit de sérieux en se demandant d’abord si c’est de gauche. Mandela n’a pas lutté pour être de gauche. Il était de gauche parce qu’il a lutté. Et qu’en face, côté apartheid, il y avait la droite.
pas une ville. D’ailleurs, qui en parle vraiment aujourd’hui ? Ça fait longtemps que Libé a arrêté sa rubrique Nightclubbing. Ça doit être pour une raison. Mais je ne crache pas dans la soupe ; ceux qui savent vivre la nuit trouvent toujours matière. Quand je trouverai des gens qui vont au bout de la nuit, ils seront dans La Nuit. Il y a plein de gens qui vont au bout de la nuit ! Ta plus belle « jusqu’au bout de la nuit », c’était où, quand ?
Évidemment, je ne savais même plus où j’étais ! Et il y en a eu beaucoup. Je peux pas te dire.
Pourquoi ce titre, La Nuit ?
Parce que ça nous fait rêver. C’est le moment de la liberté pour quelqu’un qui bosse le jour. Tout ce qui se décide est fait au nom de l’intérêt du jour, et jamais de la nuit. La Nuit, c’est le royaume des invisibles que sont la majorité des gens. La Nuit prépare dans l’ombre les jours nouveaux. « La nuit est la paupière du jour. » Parce que c’est beau comme un nom de groupe de rock. Parce que tout le monde la connaît. Parce qu’on espère toujours en vivre de très belles. Est-ce à dire que tu vis la nuit ?
Je vis nuit et jour. à l’époque du quotidien (Le Jour), on avait ce slogan : « Levez-vous avec le jour, sortez avec la nuit. » En tout cas, tu l’as compris, c’est pas le journal des nuits parisiennes.
Tu ne sors plus, soit, mais qu’est-ce que tu aimes, dans cette ville ?
Que ce soit une ville, une vraie. Où la civilisation est si vieille que des millions de gens de tous les pays, tous les milieux, tous les âges savent d’instinct marcher dans les rues sans se cogner les uns aux autres et évitent en général de se sauter à la gorge alors qu’ils auraient mille raisons de le faire. Chaque jour dans une ville est un miracle quand tu le vois comme ça. Et puis j’y suis né, il y a toutes mes histoires et celles de tous ceux qui m’ont précédé. Je les vois partout. Ils ne sont pas morts. Je croise toujours le neveu de Rameau dans les jardins du Palais Royal. Tu me disais être revenu à Paris par amour. Ça a marché ?
N’empêche, je veux bien que tu me définisses la nuit à Paris. Où tu sors, tout ça.
Je sortais beaucoup il y a longtemps. J’ai ouvert une boîte de rap avec des potes : Chez Roger, au Globo. J’ai été un raver acharné. Maintenant, je passe mes nuits avec toi, comme là (il rit). J’ai trop de travail avec La Nuit pour la voir autrement qu’à ma fenêtre. Et puis j’ai vieilli.
Non, je suis parti par amour fini. Ma femme ne m’aimait plus. J’ai tout laissé sur place et suis parti d’Inde en une semaine avec une valise quand j’ai compris que c’était sans remède. Je n’y suis jamais retourné. Je suis trop sentimental. La maison y est toujours. Pour finir : s’il devait faire jour pour toujours ou nuit pour toujours, tu choisirais quoi ?
Au commencement étaient les ténèbres, non ? Et depuis ta fenêtre, tu en penses quoi ?
Que je ne l’imagine pas très drôle. J’espère me tromper, mais une ville sous les draps, ce n’est 37 —
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métiers de l’ombre T/ Paul Owen Briaud P/ Charles Sabourin www.monomanies.com
Pizzaïologie de Comptoir “On ne va pas se laisser emmerder, non ?” Il fourre sa pâte fraîche dans un four brûlant, sert sa bière tiède dans un quartier chaud, et fait sa cuisine sur la braise comme sa cousine calabraise. Sans compter les années dans ce havre de paix, vestige suranné d’une destinée cruelle construite à la truelle, il perpétue le savoir-faire au fond d’une vieille ruelle. Son paternel tricard, sempiternel smicard, il pose un plat perpétuel au roulement continuel des buveurs de Ricard. Les soirs pépères sont animés, la clientèle est allumée, entretien avec le dernier de la lignée, un vieux sage mal léché qui ne fume pas le calumet.
« La famille est arrivée de Calabre il y a 100 ans, le bar est dans la famille depuis 60. à l’époque, la famille gérait l’hôtel au-dessus. Aujourd’hui, je suis tout seul avec ma femme, et les chambres ne sont plus en état d’être louées depuis longtemps. Alors, pour compenser, on est ouverts 24h/24h. » Elle fait la journée, il fait la nuit, avec un employé arrangeant pour soulager leur routine. « Personne ne le sait mais c’est un des rares endroits où on trouve une pizza faite de père en fils sur des générations d’Italiens. » Pourquoi ne pas communiquer là-dessus ? « J’en n’ai rien à secouer, le débit de boissons, ça me rapporte ce qu’il faut… c’est même contraignant de devoir faire à manger, mais je ne serai pas celui qui aura renié l’héritage. » Ceux qui savent viennent inlassablement déguster ce secret bien gardé, que 39 —
le chef accommode selon l’humeur et les restes, et qu’il impose soir après soir aux pochtrons sur lesquels il veille d’un œil qui en vaut deux. Ici, pas d’à la carte, tu manges ce qu’on te donne. « On ne va pas se laisser emmerder, non ? » Ce vieux four a mis le pain sur la table de trois générations successives. « C’est bête, mais d’utiliser le même bordel que mes aïeux, je me sens connecté à l’histoire de ma famille. Je voyage. » Dans une France antique où les ritals de la première génération se retrouvaient souvent à travailler une vie durant dans le bâtiment, c’est à la force du poignet qu’on a vu le maçon parti du pied du mur poser les briques du patrimoine qu’il lèguerait à ses bambins. Une légende dit que la famille n’a jamais quitté le quartier depuis que l’ancêtre a littéralement participé à la construction de ce modeste meublé comme il y en avait mille dans le bon vieux temps. C’est vrai ? « Va savoir ». Le daron a emporté dans la tombe le secret de la famille, après des histoires troubles dont on ne saura rien. Travailler la nuit ? « ça m’est égal. Faut bien vivre. » Vivre chichement, à vue de nez. « Je m’en branle, je suis pas un capitaliste. » Cette fichtre institution se niche incognito derrière des vitres trop ternes et une décrépite enseigne. Si le jour sa devanture ancienne brille de zéro feu, de la nuit, o madonn’, sa pizza est la reine. Nuit
Cocktail T/ Vincent Kreyder P/ Gaëlle Lepetit
LE MAÏ TAÏ Mes très chers lecteurs et lectrices, ce mois-ci, je vous propose de relever le défi pour le moins ambitieux de transformer le caniveau en contrebas de votre rade parisien préféré en plage tahitienne ensoleillée.
Le réveil n’en sera pas moins douloureux, mais comme disait le chanteur, « il me semble que la centrifugeuse serait moins pénible au soleil ». Le Maï Taï (prononcez « meille teille ») pourrait être traduit en jeune par « ça le fait grave » ou encore « ça avoine sec sa race », ce qui n’est pas étonnant compte tenu de la puissance du mélange créé par le rhum brun, le rhum blanc et le triple sec, que certains remplaceront par du curaçao blanc. Une forte teneur en alcool, donc, qui sera équilibrée par la présence de grenadine ou d’à peu près n’importe quel autre sirop ou jus de fruit pourvu qu’il vous donne l’impression d’être entouré de vahinés sous un cagnard insoutenable. Ananas ou orange fonctionnent très bien, du moment que vous le réalisez au shaker sur de la glace. Mon approximation journalistique vous scandalise ? Attendez de lire ma prochaine comparaison avant de tourner la page. Car parmi l’éventail de sirops potentiellement combinables, on trouve celui d’orgeat. Sauf qu’il nous est apparu - avec mon pote du Pigalle Country Club dont je tairai le nom afin de ne pas le souiller dans cet article 40 —
douteux - que le sirop d’orgeat, c’est un peu aux cocktails ce que sont les anchois aux pizzas : il n’est pas question d’aimer ou pas, mais faut reconnaître que ça bouffe tout le reste. Continuons avec un ingrédient clé du mélange : le citron vert. 3cl suffisent mais un petit quartier en sus est loin d’être du luxe. Je suis un peu plus réservé concernant le sucre de canne, que je n’estime pas indispensable. En outre, une petite gousse de vanille fendue fait également très bien le boulot. En revanche, un point sur lequel je n’ai absolument aucune envie de rigoler, c’est le petit parasol. Parce que c’est lui qui maintiendra votre Maï Taï au frais sous le soleil de plomb du Pacifique et qu’après tout, la tradition de cette petite ombrelle viendrait précisément de cette recette. Alors agitons-nous un peu le neurone à folklore et plantons notre petit parasol dans un quartier d’ananas. Là. Un protocole d’autant plus digne de respect que le créateur de la boisson, Victor Bergeron, s’est battu toute sa vie pour que lui soit reconnue la paternité du mélange en 1944 à Oakland, Californie. En proie aux idées fixes, cette obsession lui aurait même valu un ulcère fatal. Dans tous les cas, il a déclaré sur son lit de mort que toute personne ne le reconnaissant pas comme le développeur du mélange serait un loser. Vous voilà prévenus.
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Le Desperados Wild Club 2013
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Echappée urbaine Justine Knapp
Le Desperados wild club Imaginez : la nuit tombe doucement, la musique résonne en vous et chatouille vos oreilles. Soudain, vous regardez au loin, la vue est grandiose. Rien d’étonnant quand on sait que vous vous trouvez au sommet du monde, au 25e étage d’une tour. Bienvenue au Desperados Wild Club.
Pendant trois jours, on s’éprend d’aventure, de folie, de liberté, porté par un vent « wild ». Après une première édition l’année dernière à la Cité du cinéma, où près de 4000 personnes s’étaient pressées, Desperados remet le couvert : les portes de son Wild Club frétillent d’avance à l’idée de s’ouvrir. Et pour cause. Cette année, c’est un lieu éphémère secret au 25e étage d’une tour qui accueillera la foule sauvage. Un univers industriel associé à une ambiance urbaine, donnant une dimension plus lifestyle au club. Une armada d’artistes de renommée s’en imprègneront : Cassius, Yuksek, Brodinski, les Casseurs Flowters ou encore Theophilius London ! Pour la 43 —
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soirée de fermeture du 6 juin, le collectif YARD et Greg Frite vous feront vibrer la moustache ! Musique, ok. Art et sports de rue se grefferont à l’ensemble. Au programme, des expériences autour du skate, de la street-dance, ou du street-art. Stéphane Larance fera chanter les roulettes de sa planche, des street-dancers enchaîneront les figures, tandis que les artistes du 9e concept animeront un atelier de sérigraphie. Evadez-vous ! Lieu encore secret Ouverture du 4 au 6 juin à partir de 20h Soirée privée, accessible uniquement sur invitation aux personnes majeures
trousse de secours Ouvert toute la nuit !
Pharmacies de garde
Épicerie Shell
Chez Tina
84, av. des Champs-Élysées - 8e
6, boulevard Raspail - 7e
1, rue Lepic - 18e
≥ 01 45 62 02 41
≥ 7/7 — 24/24
≥j jusqu'à 4h30 / v≥s jusqu'à 7h
6, place de Clichy - 9e
Minimarket fruits et légumes
Boulangerie Salem
≥ 01 48 74 65 18
11, boulevard de Clichy - 9e
20, boulevard de Clichy - 18e ≥ 7/7 — 24/24
6, place Félix-Éboué - 12
≥ 7/7 — jusqu'à 7h
≥ 01 43 43 19 03
Alimentation 8 à Huit
Livraison médicaments 24/24
151, rue de la Convention - 15e
Fleuristes
≥ 01 42 42 42 50
≥ 7/7 — 24/24
Chez Violette, au Pot de fer fleuri
Supérette 77
78, rue Monge - 5e
Urgences
77, boulevard Barbès - 18e
≥ 01 45 35 17 42
SOS dépression
≥ mardi au dimanche jusqu'à 5h
Relais Fleury
e
≥ 08 92 70 12 38
114, rue Caulaincourt - 18e
Urgences psychiatrie
Resto
Se déplace sur région parisienne
L’Endroit, 67, place du Docteur-
≥ 01 46 06 63 97
≥ 01 40 47 04 47
Félix-Lobligeois 17e 01 42 29 50 00
Carwash
Drogue, alcool, tabac info service
≥ tlj de 11h à 1h, jeudi, vendredi,
Paris Autolavage 7/7 — 24/24
≥ 08 00 23 13 13 / 01 70 23 13 13
samedi de 10h à 5h
Porte de Clichy - 17e
Livraison sextoys
Tabac
Shopping
Commande en ligne
Tabac du Châtelet
Librairie Boulinier
www.sweet-delivery.fr
4, rue Saint-Denis - 1er
20, boulevard Saint-Michel - 6e
≥ 7/7 — jusqu'à 6h
≥ 7/7 — jusqu'à 3h
≥ jusqu'à 00h, m≥j jusqu'à 23h
Tabac Saint-Paul Livraison alcool + food
127, rue Saint-Antoine - 4e
Nemo 01 47 03 33 84
≥ 7/7 — jusqu'à minuit
≥ 7/7 — jusqu'à 6h
Le Pigalle
Faim de Nuit 01 43 44 04 88
22, boulevard de Clichy - 18e
Kiosques à journaux 24/24
≥ 7/7 — jusqu'à 7h
≥ vendredi et samedi jusqu'à 5h
38, av. des Champs-Élysées - 8e
Allô Hector 01 43 07 70 70
16, boulevard de la Madeleine - 8e
≥ 7/7 — jusqu'à 6h
Poste de nuit
2, boulevard Montmartre - 9e
Apéritissimo 01 48 74 34 66
52, rue du Louvre - 1er M° Louvre-
Place de Clichy - 18e
≥ 7/7 — jusqu'à 4h
Rivoli / Étienne-Marcel
Allô Glaçons
Boulangeries
53, rue de la Harpe - 5e
01 46 75 05 05 ≥ 7/7 — 24/24
Snac Time
≥ 01 44 07 38 89
97, boulevard Saint-Germain - 6e
20, rue du Fb Saint-Antoine - 12e
Épiceries
≥ 7/7 — 24/24
≥ 01 43 40 03 00
L'Épicerie de nuit
Boulangerie-pâtisserie
35, rue Claude-Bernard - 5e
99, avenue de Clichy - 17e
Envoyez-nous vos bons plans
≥ vendredi et samedi jusqu'à 3h30
≥ 7/7 — 24/24
ouverts la nuit : nuit@lebonbon.fr
Internet 24/24
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la playlist du mois P/ Laurene Berchoteau
FORTY FINGS DYNAMO
Red Axes feat Jen - This Is X (Correspondant)
Ce duo de Tel Aviv est tellement excitant. Ils ont sorti dernièrement de petits bijoux de production sur les labels de Cosmo Vitelli - I ‘m a Cliché - ou celui de Jennifer Cardini - Correspondant - d’où est tiré ce This Is X. Est-ce que vous ressentez autre chose que la nuit sombre ici ? Closer Music - Maria (Kompakt)
Un des grands succès du label Kompakt. Sorti en 2002, ce track a immédiatement obtenu le statut d’anthem. Avec ce morceau on a l’impression de mourir chaque nuit et de renaître chaque matin comme disait Georges Bernanos. Paradis - Hémisphère (Beats in Space)
Ce mois-ci, on a demandé à Forty Fings Dynamo (duo
Nos potes Simon et Pierre de Paradis sont des génies. On attend leur album avec impatience. Ce sont typiquement les mecs qui ne sont pas à l’abri du succès. Le morceau Hémisphère est d’une beauté rare et le clip va bien avec le thème de cette playlist.
composé d’Adrien, moitié de Villanova, et d’Emmanuel aka
Zombies in Miami feat. Lokier - Roller Bit (La dame Noir records)
Solofour) de nous composer une
On a découvert ce groupe via le label marseillais La dame Noir qui a sorti leur EP juste avant le nôtre. On a remixé leur titre Canibal, mais pour une sélection nuit, leur morceau Roller Bit tombe à pic. Comme la nuit, il vient, se déroule et s’en va.
playlist qui suinte bon la nuit et les dancefloors. Pour info, les deux lascars viennent tout juste de sortir 615, un EP aux accents bien dark
The Hacker and Perspects - A Thousand Times (Zone)
disco signé chez l’excellent label
2014 signe le retour de The Hacker, père pas que spirituel de Gesaffelstein. Son album Love/Kraft est une merveille. Le premier extrait A Thousand Times met tout le monde d’accord. The Hacker est un de nos soutiens sur notre premier EP.
marseillais La dame Noir. Oh yeah.
Perez - Le Prince Noir (Pilooski remix)
De la chanson française parfaitement remixée par Pilooski. Morceau que l’on adore jouer pour observer la réaction des gens, souvent étonnés d’entendre autant de français sur de la musique électronique. Forty Fings Dynamo - 615 (La dame Noir records)
Thème de la nuit. Impossible de ne pas penser à notre premier morceau 615 produit en une soirée. C’est la caractéristique de ce projet, tout doit être fait de manière simple et intuitive. Les « cloches » du morceau sont jouées sur un cendrier par exemple. 45 —
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Bonbon Party - 04/04/14 L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. À consommer avec modération
agenda La sélection de ParisLaNuit.fr
Mardi 06/05 20h
Jeudi 22/05 23h
Le Trianon 30 €
La Machine du Moulin Rouge 22 €
> Lykke Li
> Hercules & Love Affair (Live) & Special Guests
Mercredi 07/05 23h30
Vendredi 23/05 19h
Le Showcase 16,80 €
Le Trianon 36,30 €
> 1-800 Dinosaur W/ James Blake Dj Set • Dan Foat
> Quantic Live
• Airhead Vendredi 23/05 23h Jeudi 08/05 23h30
Le Point Ephémère 13,80 €
Le Rex 6,70 €
> Mort Aux Jeunes #24 w/ Munk • Manaré • Zaltan •
> Scissor & Thread W/ Bob Moses • Frank & Tony
Nizar & More
Alias Francis Harris • Anthony Collins Samedi 24/05 23h30 Jeudi 08/05 19h30
La Machine du Moulin Rouge 19,80€
Le Batofar 13,80 €
> Pretty Lights
> Jeremiah Jae Mercredi 28/05 19h30 Samedi 10/05 22h
Le Nouveau Casino 13,70 €
La Machine du Moulin Rouge 14 €
> Erotic Market & Everydayz
> Primavera Sound Presents Nitsa Club Is 20 W/ Âme • Nathan Fake & More
Mecredi 28/05 23h30 La Bellevilloise 15,80 €
Jeudi 15/05 20h
> Free Your Funk Présente Soulection : The Sound
La Gaité Lyrique 27,50 €
Of Tomorrow
> The Horrors Lundi 2/06 19h30 Vendredi 16/05 23h30
Le Trabendo 19,80 €
Le Showcase 16,80 €
> Real Estate
> Rone Curates : Rone • Clark (Live) • Cubenx Lundi 2/06 19h30 Le Trabendo 19,80 € Samedi 17/05 23h30
> Real Estate
Le Zig Zag 16,80 € > Popcorn : Omar S • Amir Alexander • Siler & Dima
Mercredi 04/06 19h30 Le Trabendo 16 €
Dimanche 18/05 23h
> In Paradisum x Villette Sonique
Le Rex 16,70 € > Laurent Garnier Invite Musique Large
Jeudi 05/06 18h30 Le Trianon 35 € > Flying Lotus Live
Mardi 20/05 19h Le Trabendo 20 € > Rodrigo Amarante
Envoyez votre prog à : jessica@parislanuit.fr
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HEXIS ENERGY DRINK boisson
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etoiles
www.hexis-energy.com pour votre santé évitez de manger trop gras trop sucré trop salé www.mangerbouger.fr