Le Bonbon Nuit - 73

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Mai 2017 - n° 73 - www.lebonbon.fr


création pure UNE EAU DE SOURCE PURE UNE VODKA DISTILLÉE EN CONTINU UNE CRÉATION ORIGINALE


EDITO � Nuit agitée C’était une soirée agitée du mois de mai, une de ces nuits ni froides ni chaudes où l’on fait les 100 roulements sous la couette, à penser aux divers bouleversements personnels et sociétaux d’une fin de période électorale dans une époque qui fonce droit dans le ravin. Les bras de Morphée étaient devenus terrain glissant, je me mets un demi Lexomil dans le cornet afin de tenter de terminer ma nuit correctement jusqu’à 16h du matin. J’allume la télé, histoire de fixer quelque chose, oisivement. Et tombe sur une super chaîne qui s’appelle Vivolta. La nuit, ils diffusent des voyants à l’antenne, en face caméra. Des pauvres types avec des cartes, un téléphone, et parfois une boule. Ce soir c’était Guy Voyance. J’essaie de ne pas trop me foutre de sa gueule, je sens qu’il m’observe. Une dame l’appelle. Il sent très vite un chagrin d’amour. Putain il est bon car c’était bien ça ! Il l’a quittée, elle ne s’en remet pas, elle ne sait pas si elle va retrouver son amour un jour, il tombe juste à chaque fois ! Ni une, ni deux, j’appelle le numéro surtaxé. Je tombe sur une dame pas très sympa qui me demande d’expliquer mon problème. Je demande à parler directement à Guy. Elle me dit qu’avant cela il faut d’abord lui expliquer mon problème. Je lui dis que j’ai une peine de cœur et que je voudrais connaître un peu mon avenir sentimental. Et je voulais aussi savoir si j’allais réussir à dormir ce soir. Je réussis à passer à l’antenne. Guy m’accueille, Guy m’acclame en me faisant quelques blagues de bienvenue pas très drôles et un peu gênantes. Il se touche la boule une seconde, et voit vite en moi une grosse fatigue, un entre-deux, qu’il faut choisir entre une situation complexe et une autre plus simple mais radicale. C’est vrai ce qu’il dit ! Mais en fait, je ne veux pas me confronter à mes problèmes, tout ce que je voulais, c’était passer à la télé. Il dit qu’il faut absolument choisir, que le choix est ce qui nous distingue de l’animal et qu’on ne peut pas se contenter de laisser le monde brûler en regardant une chaîne de voyance de merde. Je raccroche. Toujours à l’antenne, Guy s’énerve et me dit de décrocher. Mon téléphone se met à sonner. Il monte sur sa table à quatre pattes et devient fou. « Décrochez ! Décrochez ! » Me hurle-t-il. « Décrochez ! » Je me lève à 16h le 7 mai et je vais voter. C’est la télé qui me l’a dit. Raphaël Breuil

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TEAM �

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION RÉDACTEUR EN CHEF DIRECTEUR ARTISTIQUE COUVERTURE SECRÉTAIRE DE RÉDACTION GRAPHISTES RÉDACTEURS

RESPONSABLE DIGITAL COMMUNITY MANAGER CHEFS DE PROJETS PARTENARIATS RÉGIE PUB CHEFS DE PUBLICITÉ PRINT SAS LE BONBON IMPRIMÉ EN FRANCE

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Jacques de la Chaise Raphaël Clément Breuil Charles Feutrier Mai Lan par Flavien Prioreau Louis Haeffner Coralie Bariot, Cécile Jaillard, Cyrielle Balerdi, Agathe Giraudeau, Rachel Thomas, Tiana Rafali-Clausse, Olivia Sorrel-Dejerine Antoine Viger Clément Villas Dulien Serriere, Florian Yebga Margaux Décatoire, Hugo Derien Morgane Germain Benjamin Haddad, Elodie Gendron 12, rue Lamartine 75009 Paris Siret 510 580 301 00032 01 48 78 15 64


SOMMAIRE �

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A LA UNE Mai Lan

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PLAYLIST Maud Geffray

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MUSIQUE Ezechiel Pailhes

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REVIEW At the drive-in

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CINÉMA Cannes 2017

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CINÉMA Candy

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SCIENCES Le Kratom

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HOTSPOTS � ① S’ENVOYER EN L’AIR Prosumer, c’est un peu le grand cousin qu’on aimerait tous avoir. Souriant, sympathique et véritable encyclopédie de la house, il revient pour s’acoquiner avec le crew déluré d’House of Moda. Si l’on y ajoute le live psychédélique de Proxymore, cette soirée risque fort bien de nous faire décoller. Embarquement imminent sur la House of Moda Airlines ! Le 12 mai à La Gaîté lyrique ② AFFRONTER L’OURAGAN La tempête Bicep ne s’arrête plus. Depuis 2012, le duo de Belfast révolutionne la house UK avec des sonorités qui martyrisent les dancefloors. A la fois aériens et puissants, on ne sort que très rarement indemne d’un de leurs sets. Associé avec Hammer, on se demande bien comment le Yoyo va résister aux musclés nord-irlandais. Bicep & Hammer, le 19 mai au YOYO ③ DANSER DEVANT LES FUTURS GRANDS Après huit mois de compétition acharnés, le LAB Festival va enfin connaître le nom de son prochain grand gagnant. Véritable tremplin, cette soirée sera l’occasion de danser en avant-première devant les talents de demain. Attention aux candidats, on me dit dans l’oreillette que Dédé Manoukian et Sinclair seront dans le jury. Finale du LAB Festival, le 13 mai au Badaboum ④ TERMINER LE MOIS EN BEAUTÉ Sulivan, Serpent, Fleur du Vatican… Si cela ne vous évoque rien, foncez sans hésiter boulevard Poissonnière. Amentia, ce jeune duo strasbourgeois, y jouera un live hypnotique et tribal qui risque d’en scotcher plus d’un ! Ils seront accompagnés de l’ancien résident du Trouw Patrice Bäumel. Ma foi, parfait pour un mercredi soir ! Overground : Lunar le 31 mai au Rex Club 5


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À LA UNE � T ALEXANDRA DUMONT P FLAVIEN PRIOREAU (6, 11) & SÉBASTIEN VINCENT (8)

MAI LAN DANS LES YEUX DE SON FRÈRE KIM CHAPIRON Leur complicité est évidente. Ils ont débuté ensemble au sein du collectif Kourtrajmé et sur le premier film de Kim, Sheitan, où Mai Lan chante Gentiment, je t’immole, un morceau devenu culte pour beaucoup. Ils savent tout l’un de l’autre. L’exercice aurait donc pu s’avérer périlleux s’ils n’avaient pas joué le jeu à fond. Kim a tenu à préparer ses questions avec l’envie de nous donner à voir la personnalité de sa sœur. Le genre d’interview "débile" qu’il aimerait retrouver

dans la presse. Mai Lan sort d’une tournée pharaonique, en tête d’affiche avec son premier album et sur les scènes du monde entier avec M83 (110 concerts en neuf mois dans 37 pays différents). Elle ne sera pas restée très longtemps éloignée des projecteurs puisqu’elle défend actuellement dans toute la France son nouvel EP Vampire, plus club et plus électro, avec un flow métronomique !

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« Je me suis rendu compte qu’il ne pouvait rien m’arriver de grave en disant “oui”.  »

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Kim Chapiron : Quel est ton animal préféré ? Mai Lan : J’ai une passion pour les crocodiles. Leur impassibilité me fascine.

change d’avis tout le temps (rires). Là je suis dans ma période ramens. Mes préférés ce sont les Tonkotsu (à déguster chez Ippudo).

K.C : Celui que tu trouves le moins utile ? M.L : Les parasites type poux, mites, cafards, à l’exception des moustiques. Ça me ferait trop de peine qu’ils disparaissent !

K.C : Est-ce que la musique sonne mieux quand on est ivre ? M.L : Je ne crois pas qu’elle sonne mieux mais on est beaucoup plus tolérant. On peut vraiment s’éclater sur un titre de "variétoche" qui ne nous toucherait pas si on était sobre !

K.C : Tu as commencé par le dessin, qu’est-ce que tu dessinais petite ? M.L : Des princesses avec des sexes d’homme (rires). K.C : Et maintenant ? M.L : Des monstres ou des meufs de profil qui fument des cigarettes. Je peux passer des heures sur les ronds de fumée. K.C : Quelles sont tes premières émotions musicales ? M.L : On avait une boîte à musique qui jouait Love Me Tender, je trouvais la mélodie absolument superbe. Il y avait aussi Mon petit âne gris, une comptine d’Hugues Aufray que je chantais tout le temps. Le petit âne gris est au service des hommes, il trime dur toute sa vie et à la fin il meurt seul dans l’étable. C’est une chanson très triste mais j’aime sa mélancolie. K.C : Tu as commencé par le piano classique. Quand as-tu eu envie de fabriquer de la musique toi-même ? M.L : Ma première chanson, c’était une histoire de lapin. J’avais sept ans. Ensuite j’ai composé toute une série de chansons au piano. La plus troublante, c’est Je sens la mort qui m’envahit. Je racontais mon agonie sur des arpèges et à la fin du morceau, je me laissais mourir sur mon piano. Ça faisait bien rigoler les parents (rires) ! K.C : Quel aliment aimes-tu le plus ? M.L : Tu es bien placé pour savoir que je

K.C : Comment sonne la musique sous psychotropes ? M.L : Elle sonne visuelle. On imagine le son dans l’espace avec beaucoup de volume. K.C : Et beaucoup de couleurs ? M.L : Ça dépend de la musique mais aussi des drogues (rires). Je me souviens d’avoir écouté un album de Kendrick Lamar complètement défoncée et j’ai surtout vu du noir et du blanc, même si c’était très contrasté ! K.C : Est-ce que l’état second provoque l’inspiration ? M.L : Bien sûr. C’est un voyage, une expérience, donc on en sort forcément enrichi. On est plus concentré, plus sensible aux détails. Tu vas "focus" sur un truc auquel tu n’aurais pas du tout prêté attention si tu étais sobre. Tu le vois d’une façon tout à fait nouvelle, différente et magnifique. K.C : Qui est le chanteur le plus sexy du monde ? M.L : Prince ! Le clip de Cream m’avait complètement chamboulée quand j’étais petite. K.C : Si tu devais te réincarner, tu choisirais un animal, un objet ? Pourquoi ? M.L : Un animal ! Je n’ai pas envie d’être un objet, tu dois t’emmerder (rires). Je choisirais l’aigle, en liberté de préférence, pour prendre un peu de hauteur.

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K.C : Après une grosse tournée pour ton premier album, tu en as fait une deuxième à l’international avec M83. Qu’est-ce que ça a changé dans ton rapport à la scène ? M.L : L’ivresse ! Avec M83, on jouait tous les soirs devant minimum 5 000 personnes ! On a même été invités sur le plateau de Jimmy Kimmel et Jools Holland. C’était un vrai tourbillon ! Aujourd’hui, la scène, c’est un besoin. K.C : Quelle musique écoutes-tu pour "chiller" ? M.L : Le early reggae des années 70. K.C : Pour faire du sport ? M.L : Frank Ocean. Parce que c’est moins stressant de faire du sport sur de la musique "chill" ! K.C : Pour être triste ? M.L : James Blake.

mais j’avais envie de changer (rires). Au final, c’est plus agréable d’être pour. Je m’autorise plus de choses parce que j’ai moins peur. Je me suis rendu compte qu’il ne pouvait rien m’arriver de grave en disant "oui". K.C : On sent une inspiration dans ton flow qui vient du rap. Qu’est-ce que tu écoutes ? M.L : Je suis sensible au rap mélodique, pas juste musicalement mais aussi dans le flow. J’aime bien Franck Ocean, Kendrick Lamar, Syd (la chanteuse de The Internet), Tommy Genesis… K.C : Si un de tes morceaux est choisi pour devenir le nouvel hymne national et que tu deviens multimillionnaire grâce aux royalties, quels seraient tes achats et projets les plus fous ? M.L : Je m’achèterais un scooter (rires) et je produirais tes films !

K.C : Quels sont les avantages dans la vie de tous les jours d’être un vampire ? M.L : (Rires) On les représente toujours en mode orgie en train de boire des coupes de sang. Ça a l’air cool non ?!

K.C : Pas d’amour est la seule chanson en français sur ton disque. Pourquoi avoir choisi ta langue maternelle pour l’écrire et que raconte cette chanson ? M.L : C’est un morceau très sensible et le fait de l’écrire en français rend cette chanson 30 fois plus personnelle et plus directe. Même si toutes mes chansons en anglais sont aussi très personnelles, il y a ce filtre qui fait qu’on les perçoit différemment. En anglais, tu es plus dans le style et l’attitude. La langue française est pure donc le message arrive plus directement avec l’émotion qu’elle véhicule. Je ne suis pas quelqu’un de très expansif dans la vie, je ne confie pas mes états d’âme et j’ai souvent besoin de me retrouver seule. Cette chanson me rappelle à l’ordre. Parce que le temps passe vite, je ne peux pas me priver de certains moments de vie et d’amour !

K.C : Pour ou contre en général ? M.L : Pour ! J’ai toujours été assez contre

K.C : Ta définition de l’amour ? M.L : C’est vous !

K.C : Et pour aller dans l’espace ? M.L : Je ferais comme l’astronaute Thomas Pesquet et j’écouterais mon morceau avec M83 qui s’appelle Go ! au décollage #autopromo (rires) ! K.C : Pourquoi avoir appelé Vampire ton nouvel EP ? M.L : Les vampires sont charmants mais ils peuvent te bouffer (rires) ! Il y a aussi ce côté double dans ma musique avec des chansons d’amour, douces et personnelles, et d’autres plus agressives. Je voulais qu’on écoute l’EP dans cet état d’esprit.

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Vampire (Cinq7/Wagram) En tournÊe dans toute la France avec Møme et Lysistrata 11


PLAYLIST � P ALEXIA CAYRE

MAUD GEFFRAY

Pour la sortie de son premier album solo, Maud Geffray de Scratch Massive sort l’artillerie lourde avec Polaar, un disque né au départ d'une carte blanche qui lui a été offerte par le Louvre dans le cadre des Journées du film d'art. En résulte un film musical issu d'un séjour de deux mois au fin 12

fond de la Laponie, accompagnée du réalisateur de clips Jamie Harley (Koudlam, Judah Warsky...), histoire d'aller questionner la manière de vivre des adolescents sur place. Une bombe à écouter très vite ! Pour l’occasion, nous avons demandé à Maud de nous faire sa playlist du collège.


1 Depeche Mode 101 En boucle dans mon walkman. Je connais chaque applaudissement de ce live en public par cœur. 2 Frederic Monpou Porque te vas J'avais adoré le film Cria cuervos, je m'identifiais pas mal a la petite fille je crois, et cette chanson.. 3 Taxi girl Chechez le garcon Révélation pour cette chanson que j'avais entendue une 1ere fois à la radio. 4 Bronzy Beat Small-town Boy J'adorais tout ce que faisait Jimmy Sommeille ( j'écoutais autant son autre groupe The Communards). 5 Irene Cara Flash Dance, What A Feeling Evidemment pour le film, la fille, la puissance de ce track hyper 80's.

6 Laurie Anderson Dog Show United States live Mon père avait le vinyle et je lui piquais toujours. 7 Aha Take On Me Le clip en dessins était magique, la chanson, le chanteur, la passion… 8 Etienne Daho Tombé pour la France Mes parents m'avaient offert le 45 tours que j'écoutais aussi en boucle. 9 Niagara Tchiki boum J'écoutais toutes les chansons de Niagara. 10 Ben E. King Stand By Me J'avais adoré le film, l'acteur, le morceau, j'etais un peu midinette je crois. — Sera le 9 juin à la Gaîté lyrique Polaar le 12/05 (Pan European Recording)

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MUSIQUE � T RAPHAËL BREUIL P NICOLAS GUERBE

EZECHIEL PAILHES, APPAREMMENT, IL VA BIEN !

L’un des deux Nôze revient pour un deuxième album solo, Tout va Bien, mêlant encore une fois poésie, chanson française, jazz, électro et musique

classique. C’est avec plaisir que nous l’avons reçu rue Lamartine en ce très beau mois d’avril pour parler de son disque, de films d’horreur et de music business. 15


Est-ce que tout va bien ? E : Bah ouais ! Tout va bien ! Je ne te mens pas quand je dis ça, c’est une expression courante, c’est un peu histoire de dire « non mais oui tout va bien… », y'a un côté un peu ironique. Quand on dit ça on se rassure un peu non ? Oui parce qu’au final tu vas un peu mal dans la chanson si j’ai bien compris. Oui c’est entre les deux… Je laisse planer le doute en tout cas. Mais tu sais d’où vient cette expression ? … Ça veut dire « est-ce que vous allez bien aux toilettes ». (Rires) Non, ça n’a aucun rapport alors effectivement. C’est l’histoire d’un homme dépressif ou d’une société en plein questionnement ? Un peu des deux on va dire. Ce serait mentir que de dire que tout va bien. J’ai fait ce titre à l’arrivée de la période électorale. On avait un peu ça dans un coin de la tête. Maintenant je suis incapable de prendre parti pour ce que ça veut dire exactement. Je trouve ça bien que les gens se posent la question. Ce n’est pas parce qu’il y a le "je" que c’est moi dont je parle. On n’est pas toujours obligé de parler de soi, même si à l’heure des réseaux sociaux ça paraît difficile. Mais quand même, à la fin tu dis que ça va mieux le soir ! Alors pourquoi ça va mieux le soir ? On est dans le Bonbon Nuit, tu peux te lâcher. « Je vais bien mieux le soir, parce que c’est bien plus dérisoire », je me cite hein… Parce que tu bois un coup déjà ! Le soir ça peut franchement être un moment où tu es plus philosophe, tu as terminé ta journée, "demain est un autre jour" tout ça… J’ai un rapport 16

particulier avec la nuit. Avec Nôze forcément on jouait beaucoup la nuit, maintenant c’est plus calme. La nuit tu arrives avec ton univers, ton personnage, y'a déjà une forme de schizophrénie à passer sur scène mais alors la nuit c’est encore pire. Surtout quand il y a une foule démesurément… désinhibée par l’euphorie de la nuit et l’adrénaline. Après je ne suis pas un oiseau de nuit… mais j’aime bien le soir ! Qui a fait le clip ? C’est Juliette Iturralde et Marc Gauthier qui avaient déjà fait des clips sur ce même principe de stop motion. Enfin ils partent de stocks d’images et ils se fabriquent une banque grâce à laquelle ils font des clips. C’est quoi ton film d’horreur préféré ? J’aime pas les films d’horreur ! Les "de base" comme Alien, ou Massacre à la tronçonneuse, j’en ai très peu de souvenirs. Dès que ça part dans l’horreur, le trash, le sanguinolant, je ne regarde pas, je tourne la tête. Je n’aime pas la violence. J’ai du mal à me dire que c’est un film. C’est marrant pour un artiste Je pense que c’est tout ce qui est dur. Même un film de Scorsese ça me met mal à l’aise. Même une série comme Stranger Things je peux pas. Tu revendiques des influences jazz et classique ? Quelles sont-elles ? Ce sont plus des références que des influences. J’ai commencé la musique assez jeune avec un parcours assez classique, j’ai fait de la chorale, de la trompette. Et puis commencer le piano a été une vraie volonté de ma part. Pour le coup, j’ai vraiment voulu m’investir. J’étais très attiré par le jazz, mes parents écoutaient des vinyles de jazz, mais on m’a conseillé de débuter avec le classique. Et aujourd’hui j’écoute beaucoup plus de


« Je ne peux pas dire ‘non’ tout va bien, ce serait mentir ‘oui’ de le dire. »

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musique classique que de jazz. Ce sont deux écoles de l’exigence. Herbie Hancock, Keith Jarrett. Après il y en a mille autres, j’oublie tout le temps d’en citer. Schubert, Chopin, ou du plus baroque comme Haendel, plein de choses. Quel est ton point de vue sur l’industrie musicale aujourd’hui ? A chier ! (rires) C’est très compliqué, je pense qu’essentiellement pour les musiciens comme pour les producteurs, on voit bien dans les moments de promo, on est obligé d’être dans le virage. On est en pleine transition. Une transition mais vers quoi ? On y est là, non ? Je ne sais pas ! Là on voit bien à chaque disque que les moyens qu’on avait habituellement se dispersent. Que nos distributeurs sortent les albums un peu partout. Il faut que tu sois bien en place sur facebook, instagram, et encore c’est déjà presque ringard. C’est pas inintéressant, maintenant je n’ai aucune idée précise d’où on va… Et toi ça va tu t’en sors ? Tu gagnes bien ta vie ? J’ai la chance encore aujourd’hui de jouer avec Nôze et d’avoir fait plusieurs albums. Financièrement les choses s’articulent entre deux manières de gagner sa vie. Entre les droits d’auteur et la partie live. Et dans la musique électronique, il ne faut pas oublier que nous sommes rémunérés par des boites de nuit, pas des fonds privés, donc nous sommes assez bien payés, en tout cas par rapport à d’autres artistes qui évoluent dans des réseaux traditionnels comme des salles de concert plus classiques. Donc pour le moment, tout va bien !

Quelles sont les conditions idéales pour écouter cet album ? Chez soi ! Après pour enchaîner avec la question précédente, les aspects positifs de tout ça, c’est qu’on écoute de plus en plus de musique finalement. Je ne vais pas dire que ça rapporte car ça rapporte beaucoup moins d’argent. Mais on écoute beaucoup plus de musique qu’avant. On peut écouter n’importe quoi en direct sur Spotify dans le métro, dans la bagnole. Moi je m’en sers, j’écoute beaucoup de choses de cette façon. Est-ce que c’est bien ? Je ne sais pas. Avant je me faisais chier à prendre des notes, d’énormes listes de disques que j’allais écouter à la FNAC. Aujourd’hui le casque à la FNAC, c’est chez toi. Donc tu écoutes plein de choses mais tu prends moins le temps de t’attarder. Il faut vivre avec son temps, j’ai rangé tous mes cd's dans des boites et je serai ravi de les réécouter plus tard je pense, avec de bonnes enceintes. On revient aussi vachement au vinyle depuis 5, 6 ans, tout le monde est revenu à l’objet. Et tes projets ? J’ai des idées, mais les moments promo prennent beaucoup de temps, entre la finalisation de l’album et sa sortie, c’est un travail assez long. Du coup quand ça sort, bon je suis dedans, mais j’ai déjà dans la tête d’autres projets que j’ai envie de sortir. Là en ce moment, j’ai des envies de piano, solo… un peu plus piano quoi. (Rires) A chaque fois je commence comme ça, et puis je rajoute, je rajoute, et à la fin c’est hyper produit. Mais cette fois j’aimerais vraiment le faire. Et j’aimerais continuer à travailler sur des musiques de film. J’aime le travail d’écriture, de composition. Ça nécessite le fait d’aimer être seul, mais c’est un univers qui me correspond bien. Ezechiel Pailhes Tout va Bien (Circus Company) 19


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REVIEW � T RAPHAËL BREUIL P ROBERT DENIS

AT THE DRIVE IN NOUS REND ADO À NOUVEAU

Tous les fans de l’époque d’ATDI ont aujourd’hui 30 ans. Eux en ont 40 bien tassés, et comme tout le monde, ils doivent payer des impôts. Alors le groupe le plus classe du monde, qui a splitté avec élégance en plein succès par peur du contrecoup,

s'est réparti dans plusieurs formations psychées cultissimes, dont The Mars Volta. Ils reviennent aujourd'hui avec le groupe d’origine pour nous en foutre plein la gueule. Alors, ça fonctionne ou pas ?

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Nous sommes en mai 2017. Macron est notre futur président, va être élu en large majorité contre le Front National, et ATDI revient. Ça ne vous rappelle pas un truc ? L’époque bénie qui a vu pousser vos premiers poils et vos premiers émois amoureux et politiques. 15 ans après, c’est la même merde. Et comme par hasard At The Drive-in revient ! Les deux chevelus de El Paso et leur équipe ne se sont pas coupé les cheveux et n’ont presque pas pris une ride. Sur scène on a pu les voir très en forme l’année dernière au Trianon. On attendait donc l’album. Gros gros risque pour eux, on le sent tous. D’une part parce que leur dernier opus Relationship Of Command était une usine à bombes difficile à surpasser, et qu’il est toujours très difficile de faire un album 15 ans après avec le groupe avec qui on s’est tant frité. Ce n’est pas Frank Black des Pixies qui vous dira le contraire. Même si ça peut faire des albums sympas, ils ne sont jamais extraordinaires. Et c’est le cas ici, on ne vous le cache pas. Les titres n’ont pas l’efficacité et la rage des titres d’antan. On sent que les refrains ont été tellement travaillés que ça ne passe plus. Le côté touchant d’avant devient mièvre en 2017. Les premières écoutes sont cool, mais uniquement grâce aux riffs et à la prod d’Omar Rodriguez Lopez, le guitariste / producteur de l’opus. Seulement, c’est At The Drive-in. Donc le simple fait d’avoir un nouvel album des responsables de Mars Volta et Antemasque nous oblige à vouloir par principe rincer l’album dans le métro, au boulot et au dodo. Et la magie prend. Il nous suffit d’avoir un peu la rage sur le monde politique, un nouveau coup de cœur amoureux, ou une ex qui revient pour se laisser attraper par la mièvrerie qui redevient tout à coup vachement touchante, comme à l’époque. On chante les refrains, on 22

air guitar sur les riffs endiablés d’Omar, on fait chier ses voisons d’open space en tappant comme un forcéné sur la table comme on le faisait au lycée avec Relationship of Command. Et surtout on redécouvre comment écouter un album qui ne contient pas 12 tubes formatés radio. Et ça fait du bien. On n’écoute rien d’autre et on kiffe.

Les chansons à écouter absolument : No Wolf Like The Present : Incisive, catchy, très très bonne intro d’album. Governed By Contagions : Le premier single, dispo depuis un petit bout de temps. Excellente construction, petit pont avec un gimmick aux limites du néo metal, on est bel et bien dans du At The Drive-in, ils n’ont clairement pas fait le choix de la modernité, et c’est tant mieux ! Pendulum In A Pesant Dress : Très très bonne chanson. Bien construite. Refrain un peu cheesy, mais qui rentre. Et quand je vous parlais de petites amourettes, c’est cette chanson-là que vous fredonnerez en fumant des clopes à la fenêtre en pensant à elle (ou lui… que je suis macho !). Torrentially Cutshaw : Du typique At The Drive-in : violence et joli riff de guitare. « Love you Omar and Cedric. » Hostage Stamps : Petit chef-d’œuvre, placé stratégiquement à la fin. Quand on est repassé ado et qu’on est rentré dans l’album, on n’a qu’une envie, c’est de le remettre à nouveau ! Et d’aller les voir pendant leur seule date parisienne… à Rock en Seine !


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© Romy Alizée

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CINÉMA � T PIERIG LERAY

FESTIVAL DE CANNES 2017, AU-DELÀ DU RÉEL Après une sélection 2016 d’une rare richesse où l’humilité d’une génération paumée s’est exp(l)osée à nos yeux humides (I, Daniel Blake, Paterson, Divines, Aquarius, Toni Erdmann), la nouvelle sélection de Thierry Frémaux et Pierre Lescure engage un nouveau virage. Même si il est délicat de dégager un horizon commun de la Sélection officielle pour l’instant, l’on peut déjà se féliciter de la richesse sidérante des thèmes abordés entre l’adrénaline new-yorkaise des frères Safdie avec Good Time, la bourgeoisie par Haneke avec Happy End, l’ultime douceur de Naomi Kawase avec Hikaria, ou bien encore le fantasticosurréalisme de Bong Joon-ho avec Okja et son kidnapping de géant. On se mouille, voici nos prédictions pour ce prochain festival de Cannes qui sera à suivre en direct sur notre site internet, chaque jour, à partir du 19 mai.

Top 4 de nos plus grosses attentes 1. Happy End de M. Haneke : Forcément l’on trépigne à l’idée de découvrir la nouvelle mise en scène glaciale du génie de Funny Games lorsqu’il embarque de nouveau Isabelle Hupert et Jean-Louis Trintignant dans une histoire de bourgeoisie contemporaine. 2. Hikari de N.Kawase : A l’origine d’une des plus belles scènes de deuil de l’histoire du cinéma dans Still the water, Naomi Kawase revient en sélection officielle avec une romance pastelle déjà bouleversante par son trailer. 3. The Beguiled de S. Coppola : Parce que Sofia Coppola abandonne enfin son thème favori (le vide) pour enfin retourner à ses premières amours (le drame amoureux). On ose y croire. 4. Mise à mort du cerf sacré de Y. Lanthimos : Avec The Lobster, seule l’idée originelle était à sauver dans cette glissade irregardable ; on espère que Lanthimos parviendra enfin à cibler juste. Quel retour de Colin Farrell, également présent dans The Beguiled ! 27


Top 4 de la loose annoncée

Prédiction infondée

1. Le Redoutable de M.Hazanavicius : Car Hazanavicius se persuade encore d’être un grand metteur en scène alors que l’on rigole toujours de son The Search pitoyable. Ce sera de nouveau un fiasco au rire jaune avec un Louis Garrel en Godard, fallait aller le chercher. 2. L’amant double de F. Ozon : Ozon nous fatigue avec la violence de ces mélodrames pompeux et juteux à souhait, mais sans fond et d’une arrogance viscérale qui le caractérise et affaiblit chacun de ces nouveaux projets. 3. Rodin de Jacques Doillon : Ce biopic d’une éternelle histoire que l’on a vue, lue et entendue des centaines de fois finira forcément par nous lasser par une mise en scène pesante et un Lindon qui en fera des caisses. 4. Wonderstruck de Todd Haynes : Loin d’être fan de Haynes, Julianne Moore pourra éventuellement sauver le naufrage de cette histoire de gamins sourds sur deux époques. On n'y croit pas une seconde.

Palme d’or à Haneke qui devient le premier réalisateur aux trois timbales, c’est tellement évident que c’est déjà signé, Lindon nous en remet une belle avec son Rodin et chope un second prix d’interprétation, Almodovar s’émeut de Desplechin pour son Prix du Jury, Le Redoutable fait hurler la presse, Kawase pas assez social pour un prix à Cannes alors que Lanthimos, et ses délires zoophiles, parvient enfin à finir un film correctement avec sa Mise à mort du cerf sacré et un grand prix du Jury. Meilleure actrice pour une frenchy, dans le tas entre Ozon et Desplechin (Marine Vacth ?) et le prix de la mise en scène pour les frères les plus branchés de l’univers (les Safdie) pour leur course poursuite new-yorkaise.

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Et les autres alors ? Amalric et son Barbara en ouverture d’un Certain regard, ça ne se loupe pas, la Quinzaine fait très fort avec Bruno Dumont, Claire Denis, Abel Ferrara et Amos Gitai sans oublier l’événement absolu avec le retour de Twin Peaks de David Lynch ou encore mieux, Top of the Lake de Jane Campion pour des séances spéciales.


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AMOUR � T MÉLANIE KLEIN

LES CHANSONS QUI COUPENT LA TRIQUE

Comme presque tous les matins de ma vie depuis une quinzaine d’années, je viens de me faire larguer. Je pourrais vous dire que je comprends pas pourquoi, que la vie est une pute mystérieuse, que ses non-dits me rendent malheureuse, mais il n’en est rien : je

sais tout, je peux tout vous expliquer. Si je me fais toujours larguer, c’est parce que j’écoute, ou plutôt je subis, des chansons qui font débander. Vous ne me croyez pas sincère ? Je vais vous raconter ma soirée d’hier. 31


LA RENCONTRE

Et toi, avec ta mère ? »

Veille d’élections présidentielles oblige, je décide de sortir me mettre une mine de pacha, pour être anesthésiée le lendemain, à l’annonce des résultats.

Gros blanc.

Je matche avec un mec pas dégueu sur Tinder, un mix entre Louis Garrel et Ryan Gosling si t’es un peu myope. Ça tombe bien, je le suis. Et j’ai grand soif aussi. Motorisée depuis peu, j’ai un peu envie de me la péter avec ma nouvelle Nissan Micra alors je dis au mec : « Je passe te chercher en caisse en bas de chez toi ». Le mec est comme sur les photos : je lui ouvre la porte de mon auto. Il s’assoit à côté de moi et BAM, j’allume la radio. Manque de bol, ça tombe sur Chante France, mais ça passe, c’est les pubs. Je veux pas faire la fille gênée, celle qui va changer de station de radio exprès parce qu’il est monté, alors je laisse la France chanter… Pendant les pubs, il me dit que je suis mieux qu’en photos : plus fine, plus élégante, que ma robe est jolie, que mon carré est plongeant et que je parais timide, que « c’est vachement mignon ». Sous le charme Express. Je pense déjà au prénom des enfants, ça fait longtemps que je veux que ce soit une fille et qu’elle s’appelle Lolita, je sais que bientôt, tel que c’est parti, je lui dirai ça. Et BAM, passe à la radio SI MAMAN SI. Le problème, c’est que j’adore cette chanson et que je le lui dis : « Oh putain, c’est trop triste, ça me fait carrément penser à ma mère cette chanson, on est tellement distantes l’une envers l’autre qu’elle connaît tropa ma vie, et que si elle la connaissait, bah elle la trouverait trop triste, car en vrai, je pleure tout le temps, je suis méga triste, quelle pute la vie. 32

J’éteins la radio. Il ne me parle plus du trajet, il a la tête d’un mec qui vient de prendre 3 Xanax en écoutant l’intégrale de Biolay et je me dis en moi-même : « Je veux pas être un Biolay, tout mais pas ça ! » Je trouve vite un bar branché lounge avec musique électro de merde, sûre qu’on se fera pas pourrir notre date par France crève-laGall ou ses copines "goleri". Après une demi-douzaine de shots de vodka, je lui propose de l’inviter chez moi : « Vas-y, viens, tu veux voir mon F3 ? (quand je suis bourrée, je viens du 9-3) - Vas-y viens, pourquoi pas (mimétisme de la séduction, je me dis qu’on est bon). » LES PRÉLIMINAIRES Bon, je suis ivre morte. Ce détail a son importance quant au déroulement musical qui s’ensuit. On arrive chez moi, je suis tellement bourrée que je retrouve pas mon Mac. Donc pas d’Apple Music avec la playlist spéciale J’ai la trique. Ivre, j’allume la radio. Tout va bien, c’est les pubs et avec mes 3 grammes dans chaque bras, j’oublie que c’est radio Nostalgie. Il m’embrasse sauvagement, me dit que je suis méga bonne et je pense déjà à poser mes prochaines vacances, à l’emmener en région PACA au volant de ma Micra. Il enlève mon perfecto, commence à me caresser les fesses à travers ma robe et passe à la radio : CE SOIR TU VAS PRENDRE.


« Il m’embrasse sauvagement, me dit que je suis méga bonne et je pense déjà à poser mes prochaines vacances, à l’emmener en région PACA au volant de ma Micra. »

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Il aurait pu ne pas s’en rendre compte, occupé qu’il était à apprécier de ses doigts et de sa langue toute ma somptuosité. Mais ivre, je lui dis que j’adore cette chanson et je me mets à la chanter. « Trop drôle que passe cette chanson, c’est vraiment de circonstance. Juste avant que tu me prennes. C’est ouf quand même… - Franchement meuf, c’est la porte que je vais prendre si tu continues comme ça, et pas celle de derrière. Vas-y viens, je suis "déchauffé", on boit. » « Vas-y, je suis réchauffé, j’ai l’impression d’être Don Draper dans Mad Men avec tout ce que je bois, j’te kiffe meuf, c’est pas des paroles en bois. » J’ai beau être bourrée, je me dis que le mec c’est pas Molière et je lui colle ma langue dans sa bouche pour plus l’entendre parler. Je suis déjà plus amoureuse de lui, mais quand même la situation est « romantique de ouf ». Main au panier. Je me dis que là, je touche du bois. C’est vachement dur. Ça me redonne confiance en toute l’Humanité, cette dureté. Mais me voilà déconcentrée, j’entends LES ROIS DU MONDE chanter : « Nous on fait l’amour, on vit la vie, jour après jour, nuit après nuit. » Je chante évidemment, toujours ma main sur son panier, qui de bois garni, se mue en bouillie. Mais requinquée par la chanson, me sentant à mon tour reine du monde, je lui tends la main et l’invite dans mon lit : « Viens on va faire l’amour comme dans la chanson ! » LE COÏT Je me déshabille : instantanément, je peux retoucher du bois. Normal, je suis trop bonne. On se caresse, ça devient chaud, il introduit son matos.

Et BAM, j’entends chantonner dans le poste du salon PULL MARINE d’Isabelle Adjani et en plein coït, je chante « J’ai touché le fond de la piscine… » Lui : « Bah moi, je toucherai pas le fond de ta teu-cha ! » Après une quinzaine de minutes d’un discours oral bien rodé, il reprend vit. Je me mets sur lui, « Au pire, ça me fera les cuisses ces va-et-vient, vas-y ». Il kiffe sa race, je fais mon taf et je pense un peu à Michel Berger pour pas rigoler. Le sexe sans amour c’est ou triste ou hilarant, mais pas très émouvant. Je fais cinq bonnes minutes d’exercices pour mes cuisses, je sens que c’est en train de bien travailler quand j’entends le bon vieux Ferré : AVEC LE TEMPS… J’aime tellement la chanson que je désenfourche ma monture pour aller monter le son. Et je chante en hurlant : « Avec le temps va tout s’en va… » J’ai à peine le temps de me retourner pour regagner le lit que le mec s’est rhabillé et, sur le pas de ma porte, il me dit : « Bah ouais meuf, avec le temps va tout s’en va. Même moi. » Et il se casse, ce petit lover en bois. Mais il a oublié son iPhone 7 plus dans l’action et revient au bout de 5 minutes, le con. Quand je lui ouvre la porte, vêtue de ma nuisette en soie, il n’en peut plus le mec, il me prend, debout, comme dans un film américain, trop bien ! Mais la sonnerie de mon iPhone à moi retentit et c’est FORMIDABLE de Stromae. Non seulement le mec débande, mais en plus il se suicide et je suis bien dans la merde. Nouvelle résolution : écouter Fun Radio. 35


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CINÉMA � T CARMEN BRAMLY

CANDY, L’HISTOIRE D’UNE FILLE QUI SE FAIT PRENDRE PAR UN CASTING CINQ ÉTOILES 37


Sorti en 1968, entre barricades et libération sexuelle, Candy pourrait s’apparenter à un récit initiatique psychédélico-foutraque, sur fond d’érotisme flower power un peu mièvre. Pourtant, sous ses airs gentillets, Candy n’en est pas moins un petit chef-d’œuvre, et il était de notre devoir de vous en parler ! L’autre nuit, sur les marches du fumoir de la Mano, un genre de vieux party boy défraîchi, perdant ses moyens face à une brunette aux pommettes agressives, s’est exclamé : « Comment peut-on ne pas avoir vu Candy ? ». Une interrogation aux accents de snobisme passif agressif, certes, mais qui m’a interpellée. Toutes les raisons sont bonnes pour ne pas avoir vu Candy : le côté expérimentalo-fauché et suranné de l’œuvre, l’ersatz de scénario qui lui sert de colonne vertébrale, le peu de succès rencontré par le film à sa sortie, ou tout simplement, le fait qu’il ne soit connu que d’une petite poignée de connaisseurs, avides de raretés, au sociotype facilement identifiable. En gros, le mec bedonnant à l’identité indéfinie, qui cite les situationnistes autour d’un Flunch et lit Technikart le dimanche. Cependant, en y réfléchissant à deux fois, et passé l’agacement généré par celui qui avait posé la question, je me suis dit que Candy mériterait bien une petite exhumation. Après tout, ce serait dommage que le film rejoigne les limbes du cinéma, celui qui a raté le coche du culte, contraint d’errer sur les routes du méta-underground, avant de se dissoudre dans le néant, une fois trépassé le dernier de ses initiés. Au commencement, il y eu le livre. Publié sous pseudonyme, en 1958, par un certain Maxwell Kenton, Candy rencontra un franc succès auprès des Beatniks et autres hippies, avant de pénétrer les sphères plus sérieuses de la "litturaterre", pour reprendre, de manière 38

gratuite, un terme cher à Lacan. Souvent analysé comme une réécriture du Candide de Voltaire, adaptée en satire d’une Amérique consumériste et frivole à l’aube des Trente Glorieuses, l’auteur ne l’avait pourtant pas pensé de la sorte. Au départ, le livre n’avait pas d’autre ambition que celle de payer le loyer de l’auteur. Unique succès de l’écrivain, qui ne retenta plus l’expérience littéraire, son adaptation cinématographique fut également l’unique film – visible – réalisé par Christian Marquant (le premier n’aurait jamais dû exister), acteur principal de Et Dieu Créa La Femme de Vadim. Quant au scénario, c’est Terry Southern, qui écrira ensuite Easy Rider, qui s’en est chargé. Avouez que vous brûlez déjà de le voir… Prouvant les vertus du système D, ce petit bijou visuel aura été réalisé sans trop de budget. Pour le casting, Marquant n’a fait que piocher dans ses amis. Richard Burton, Marlon Brando (amant possible du réalisateur), Ringo Starr, James Coburn, Charles Aznavour, John Huston ou encore le boxeur Sugar Ray Robinson, apparaissent dans le film, tourné en deux semaines, dans le plus joyeux des chaos. La plupart avaient accepté sans avoir lu le scénario au préalable. Un goût du risque que nous ne pouvons que saluer. C’est sans doute le plus beau casting d’acteurs jamais réunis dans l’histoire du cinéma. Pour l’histoire, rien de très sophistiqué. La blonde et ravissante Awa Aulin incarne Candy, lycéenne ingénue tiraillée par ses hormones, dans une succession de saynètes loufoques et répétitives, filmées comme un mauvais porno, avec des zooms in et out à vous retourner l’estomac. Une initiation érotique grotesque, faisant sans doute, de manière inconsciente, l’éloge du viol. Sans défense, la naïve enfant succombe tour à tour aux avances qui lui sont faites. Entre Ringo


Starr, jardinier attardé, libidineux et zapatiste, Aznavour, grimé en clochard bossu, pervers et marchant au plafond ou encore Richard Burton, caricature de poète alcoolique hypnotisant ses étudiants par des vers enflammés, Candy est sans cesse en proie aux ardeurs masculines de ces personnages pour le moins inattendus. La palme revient toutefois à Brando, très crédible en gourou New Age, officiant dans l’intimité d’un camion frigorifique, lancé à toutes berzingues sur l’autoroute, retrouvé plus tard congelé par deux policiers, qui ne manquent pas de s’exclamer : « You can’t bring a frozen gourou to California ». Que dire de plus ? Le film semble mettre en scène une initiation paradoxale, dont le protagoniste ne tire manifestement aucun enseignement, sortant de chaque expérience aussi vierge de vie qu’en y entrant, adoubé par une esthétique kitsch revendiquée. En filigrane se dresse également l’éloge d’idéaux rousseauistes, entre apologie de l’état de nature et dénonciation de la corruption de

nos sociétés occidentales industrialisées. Candy finit quand même couverte d’un drap blanc et la tête couronnée de fleurs, à fuir dans les herbages, sous les regards abasourdis d’une tripotée de moines bouddhistes et d’un Brando en lévitation, après résurrection. S’il devait y avoir un message, mais rien n’est moins sûr, il pourrait se résumer à fuir ce siècle de fer, forniquer et cultiver son jardin (et sa weed), pour le bien commun. Pas politique pour un sou, ni visionnaire ou sublime, le film n’en reste pas moins une merveilleuse incursion kaléidoscopique dans l’imaginaire de l’époque. Une plongée en apnée dans les délires avant-gardistes d’une joyeuse bande à l’esprit bien givré. Bref, une perle rare, que je vous conseille vivement de regarder. — Candy de Christian Marquand, 1968 le film est disponible en visionnage intégral sur YouTube. 39


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SCIENCES � T JULIETTE LABONNE

LE KRATOM, LA DROGUE DE L'ÉCRIVAIN

Vous n’en avez jamais entendu parler et c’est normal ! Le Kratom est le secret le mieux gardé des toxicos du stakhanovisme,

des workaholics aguerris et des déglingos de la compta. Mais qu’est-ce que c’est, au juste, que le Kratom ? 41


la vigueur des hommes. Il existe trois sortes de Kratom, aux propriétés différentes. Le blanc produit un effet similaire aux speeds, le rouge est prescrit aux anciens héroïnomanes pour décrocher, et enfin, le vert anesthésie les angoisses et décuple les capacités de concentration - il est consommé par les ouvriers thaïlandais pour supporter leurs dures journées de travail. Précisons également que d’un pays à l’autre, les effets peuvent varier.

Derrière ce nom de science-fiction se cache une plante psychoactive, également appelée biak ou Mitragyna speciosa, que l’on retrouve essentiellement en Asie du sud-est. Il est possible de le consommer sous forme de poudre, en infusion ou en gélule, ou bien d’en mâcher les feuilles ou de les fumer. Si vous décidez d’en boire, sachez toutefois que la substance a un goût infecte, comme de la terre mélangée à des épices. On aura vu plus glamour. Mais bon, au moins, il y en a pour tous les goûts. Les principaux effets ressemblent à ceux des opiacés, à la fois analgésiques, euphoriques et narcotiques, et l’intensité est comparable à la codéine. La légende voudrait également que le Kratom soit un aphrodisiaque, stimulant le désir des femmes et renforçant

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Bref, quoi qu’il en soit, si vous aimez faire l’amour et travailler de manière intensive, le Kratom est fait pour vous ! Les seuls désagréments possibles sont une vague nausée, un mal de crâne et quelques problèmes de constipation… pas grandchose, finalement, quand on y pense. S’il est légal en France, il figure sur la liste des produits stupéfiants depuis près de cinquante ans dans certains pays d’Asie, tels que la Birmanie, la Thaïlande, la Malaisie ou encore le Vietnam, auxquels s’ajoutent l’Allemagne, le Danemark et la NouvelleCalédonie. La plante est classée comme drogue aux Etats-Unis et en Australie, où il est interdit depuis dix ans. Ainsi, vous pouvez d’ores et déjà en commander, sans craindre d’éventuelles représailles de la justice. La première fois que j’ai fait la connaissance du Kratom, je n’étais pas sereine. Un de mes meilleurs amis, que je n’avais pas revu depuis son dernier road trip dans le désert californien, m’avait invitée à lui payer une petite visite, dans son appartement de la rue du Nil. Il m’a ouvert la porte, dans une tenue digne du Big Lebowsky, avant de s’écrouler sur son lit, la bouche ouverte, entre l’extase et le malaise. Sur un mur, un projecteur diffusait un documentaire Arte, avec une voix off commentant des images de


toilettes. Autant dire que je n’étais pas super à l’aise. « Grosse, faut trop que je te file du Kratom… c’est la vie. » Voyant mon désarroi, mon ami s’est levé, et d’un pas trainant, m’a ramené une petite boite remplie de gélules. « Prends-en quatre, sinon, ça ne marche pas. » Abasourdie, je me suis néanmoins exécutée, avec une docilité mal placée, qui m’a presque surprise. Le temps que la plante fasse effet, c’est à dire cinq à dix minutes, je me suis allongée à côté de mon ami, attendant dans un mezze d’impatience et de crainte d’en découvrir les potentielles vertus. D’un coup, un sentiment de bienêtre s’est emparé de moi. J’étais à la fois calme et euphorique… j’avais l’impression de retrouver, dans un écho affaibli, les fantômes des sensations de ma jeunesse dévoyée… celles que je ressentais après avoir avalé un Xanax, deux paras de MD, un demi-taz, sniffé une trace de kétamine et deux pointes de coke… sauf que j’étais bien. Pas de nausée, pas d’hallucinations, pas la sensation bizarre d’avoir le cerveau liquéfié, pas le corps qui chavire, pas les pupilles montgolfière… J’étais fonctionnelle et pourtant high… Mon ami, sans le savoir, venait de me procurer le graal des soft drogues : le Kratom !

réponse la plus facile à chacun de mes petits soucis... Alors oui, je sais, c’est mal de chercher la facilité. Toutes ces choses, je devrais être en mesure de les faire sans back-up psychoactif, surtout que le Kratom me rend autiste pour tout ce qui concerne la vie pratique… Certes, mais je crois bien que j’aime ça. A la fois rhitaline, adherall, Lexomil et speed, le Kratom pourrait s’apparenter à un genre de couteau suisse inoffensif de la drogue… le petit outil malin et pratique, pour camoufler ses névroses et se changer en un petit être fonctionnel, bien huilé et intégré au corps social… N’est-ce pas un peu notre rêve à tous ? PS : la rédaction ne cautionne absolument pas un tel prosélytisme.

Depuis, le Kratom est mon ami. Un article à écrire en deux heures ? Pas de panique, j’avale trois ou quatre gélules et je peux être sûre de le rendre à temps, sans craindre qu’il ne manque un mot sur deux ou que le propos se perde dans un dédale de confusion. Un mec à voir, entre minuit et une heure du matin ? Aucun souci, pour réveiller ma libido, il me suffit de mélanger un peu de Kratom à du café, même si mes cernes me tombent aux genoux et que je n’ai franchement pas l’esprit à ça. Un coup de blues ? Kratom. Footing aux aurores ? Kratom… Eh oui, je n’ai plus que ce mot à la bouche. Le Kratom est devenu un automatisme, mon meilleur allié, la

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GONZO � T AURORE KAEPPELIN

CLUB LIBERTIN

HOMME-IENCH, RÉSILLE, ÉLECTRO ALLEMANDE ET CHAMPAGNE

Dominique Strauss-Kahn aurait pu devenir président de la République et puis il y a eu l’histoire du Novotel de New York (vrai délit ou coup monté ? C’est comme pour JFK, on ne saura jamais si c’est la CIA, la mafia ou lui tout seul). Et ensuite il y a eu l’autre histoire du Carlton et du Bordel de Dodo la Saumure.

Toutes les vieilles histoires crapuleuses de Monsieur Strauss-Kahn sont sorties alors que ça faisait belle lurette que le Tout-Paris était au courant que le galopin fréquentait les clubs libertins et y laissait s’épanouir une sexualité triomphante. Bienvenue dans le petit monde du libertinage… 45


J’y suis allée une fois dans un de ces clubs. C’est l’histoire d’une nuit dans un endroit très peu éclairé où les ampoules sont toutes très basse consommation. C’est gentil aux tenanciers d’être soucieux de l’environnement. C’est l’histoire d’une nuit dans un endroit binaire qui ne fonctionne que sur deux codes couleur, le rouge et le noir. Je me demande comment se sentent les daltoniens ici. Ils ne perçoivent pas le côté rouge braise torride. Ils pourraient être dans un bar vegan ce serait pareil. Bref. C’est encore l’histoire d’une nuit dans un lieu avec des recoins, des chambrettes, des vestibules, des alcôves, en somme que des pièces sournoises d’où peut jaillir à chaque instant un vieux lubrique flanqué de sa compagne légèrement périmée mais toutefois bien conservée. La soirée était particulière, organisée par un collectif de petits mecs qui habituellement mixent ou se dessapent dans des soirées gays ultra cool où les gens portent avec brio une fratrie de canidés pailletés sur leur t-shirt donc rien à voir avec le libertinage hétérosexuel un tantinet beauf. Mais voilà, le propriétaire des lieux avait prêté son gros boudoir et sa petite piste de danse aux petits mecs aux t-shirts mools (condensé de moche et cool) le temps d’une soirée, si bien que la moitié des gens étaient là pour écouter le son du Berghain et l’autre pour se faire prendre ou lécher par des inconnus selon l’humeur. Aucune entourloupe possible, un coup d’œil de biais avec une main sur le visage permettait de comprendre immédiatement à quelle catégorie les personnes appartenaient. Avant de m’intéresser à la populace, je me suis penchée (dans le sens le plus littéral du terme) sur les salles. Forcément j’ai commencé par le sous-sol. C’est là que j’imaginais se passer les choses les plus inavouables. Déception, c’était vide. Il devait être trop tôt je pense. Je pouvais ceci dit 46

me figurer les actes masochistes possibles au vu des tables et instruments mis à disposition. Beaucoup de cuir, de lacets, de laisses, de chaines, des choses qui tirent, qui strangulent. Globalement je me suis rendu compte que la majorité de ces jouets sexuels étaient des instruments qui permettaient un lien entre deux individus en évitant le rapport direct. J’ai envisagé que ce soit lié à la timidité. C’est une théorie. Je suis remontée, visuellement déçue mais ragaillardie par ma trouvaille psychologique. Je suis allée au bar. C’est cher ces conneries de libertinage. La coupe de champagne est plus abordable au Crillon. Bon je ne serai sans doute pas ivre. Quoique, je n’ai pas mangé ce soir, le Moët fera peut-être son travail. Et en effet la deuxième coupette libéra doucement mes mouvements. Je continuai mon incursion dans ce monde de plaisirs voyeurs. J’allai dans les salles à l’étage réservées aux ébats. Des gens se roulaient des pelles dans les couloirs, un mec avec un costume un peu brillant époque 2002 post World Trade Center avec un col de chemise de couleur époque 2009 post crise des subprimes déboula comme un marcassin poursuivi par des chasseurs, et se jeta avec la délicatesse propre à son espèce sur ma pote. Il avait déjà la langue dehors. Alors forcément, eu égard au choix ridiculement scintillant de son costume de banquier raté de Goldman Sachs qui a payé pour les autres, ma pote le repoussa avec mépris. Il faut dire aussi qu’il avait également les babilles tombantes malgré son jeune âge si bien que ça lui donnait un air de chien battu. Mais l’homme était gentleman, alors il accepta le refus dédaigneux de mon amie. J’étais quand même un peu contrariée qu’il ne m’ait pas choisie. Malgré les côtés saturé et défectueux du bonhomme je crois que j’aurai préféré qu’il se jette sur moi. C’est terrible ce genre de circonstances


qui mettent les gens dans une concurrence sexuelle. Je commençais à comprendre un peu l’intérêt du libertinage, jeu de pouvoir, de sélection et de petite puissance. Je poursuivis ma balade sous lampes basse conso et tombai assez vite sur un couple en train de copuler dans une pièce avec une vitre opaque de bagnole Uber. En vrai on ne distingue pas grand-chose si ce n’est des mouvements de baise approximatifs. Je saisis que mater ne provoquait pas forcément l’excitation alors que le fait d’être choisie oui. Je me barrai de cet endroit, j’étais saoulée, le moche raté avait préféré ma pote. Et j’étais aussi exaspérée de la laideur des gens, mecs ou nanas. Ils étaient pas beaux putain. Pas hideux non plus mais juste moyennement laids. Je revenais au rez-dechaussée, au bar, à la piste de danse. De nouveaux gens passables étaient accoudés au comptoir pour commander des coupettes inabordables. Je me décidai à danser un peu, après tout la musique était cool. Et puis il est arrivé… le chien, enfin l’humain-iench. Il avait un masque et un short de iench en cuir. Il était à quatre pattes, il était en laisse, promené par sa maîtresse.

Il pissait d’excitation par terre sur la piste de danse. Il se collait aux jambes des gens. Il agissait comme un vrai chien mais sans les aboiements. Je crois que les petits mecs aux débardeurs mools étaient pas hyper sereins à l’idée d’avoir à nettoyer leurs baskets du pipi de l’homme-iench. La scène que je vivais était lunaire, des gens profil Brain magazine/ Stylist tentaient de faire 2 ou 3 mouvements sur des morceaux d’électro entourés d’une fille en jupe portefeuille, escarpins vernis rouges (ou teinte vegan pour les daltoniens), collants couleur chair et haut résille transparent ainsi que son compagnon en costume irisé type conseiller++ LCL (celui qui s’occupe des grands comptes, pas des petits épargnants), et au milieu de cette faune dansante mal assortie l’homme-iench prenait du plaisir avec l’avant-bras de sa maîtresse dans l’arrière-train. Je me suis extirpée de cette foule étrange que mon taux d’alcoolémie insuffisant ne parvenait pas apprécier avec la distance nécessaire. Je suis sortie laissant derrière moi l’obscurité artificielle et le rouge cramoisi. J’habitais pas loin, j’ai marché. J’ai pas dormi de suite. J’ai d’abord lavé mes souliers. 47


AGENDA � JEUDI 11 MAI 20h Badaboum 12€ Secret Value Orchestra Album Release Party 18h Les écuries Gratuit P2Z NIGHT - "La fièvre de cheval"

SAMEDI 20 MAI 00h Faust 15€ Stephan Bodzin (Live), Luna Semara 00h Batofar 10€ Beat à L'air presents Inga Mauer, Raphael Fragil b2b Myako

VENDREDI 12 MAI 00h La Machine Du Moulin Rouge 15€ Open Minded Party: Manu Le Malin, AZF, 14anger, Sinus O Live 23h30 Gaïté Lyrique 17€ Prosumer, rRoxymore, House OF Moda Crew 00h Bus Palladium Bonbon party, invitations sur lebonbon.fr 00h Grand Marché Stalingrad Gratuit Pardonnez-nous de partir un jour le douze mai.

DIMANCHE 21 MAI 13h Parc Floral de Paris 18€ Brunch Electronik Paris #1: Opening Avec Mind Against, Pachanga Boys, Joy Orbison

SAMEDI 13 MAI 00h La Machine du Moulin Rouge 15€ Undoing Time 3: Priku, Dubtil, Dj Steaw & More /By Swarm Factory Daniel Avery All Night LOng 18h La Belleviloise 12€ Mona with Tama Sumo, Garrett David, Nick V 19h Badaboum 5€ Le LAB Festival 2017 // La Grande Finale 22h La Clairière 10€ I Love Disco Avec Cerrone, The Reflex, Patrick Vidal, Corine VENDREDI 19 MAI 23h YOYO – Palais de Tokyo 19h Bicep (Live) Hammer & Guests 00h Dock Pullman 15€ Possession: James Ruskin, DJ Pete, Henning Baer, Vril Live, Parfait 00h Bus Palladium Bonbon party, invitations sur lebonbon.fr 22h La Clairière 20€ Hungry Party Avec Worakls, Elska & Will Spleen

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VENDREDI 26 MAI 17h Generator Gratuit Coquelicot Records - 2 Ans 00h Bus Palladium Bonbon party, invitations sur lebonbon.fr 00h Faust 12€ PLN: Dure Vie, Disco Deviant & Cracki SAMEDI 27 MAI 23h30 Badaboum 15€ Paul Cut Invite Akufen 00h La Machine du Moulin Rouge 15€ Regal Sound x Binary Cells 00h Rex Club 12€ Watergate 15 Years Birthday: Matthias Meyer, La Fleur, Ruede Hagelstein Live DIMANCHE 28 MAI 13h Parc Floral de Paris 18€ Brunch Electronik Paris #2: Étienne de Crécy Dj Set, Hot Chip Dj Set, dOP Live & More LUNDI 29 MAI 20h30 New Morning 20€ Harvey Sutherland & Bermuda + Sampling As An Art MERCREDI 31 MAI 00h Rex Club 5€ Overground: Lunar with Patrice Bäumel, Amentia (Live), Emmanuel Russ vs Acroma



* Avec sa recette de bière aromatisée Tequila/Tequila aged et sa bouteille noire, Desperados Black se distingue des autres bières de la gamme Desperados. Née distincte.

L’ABUS D’A L COOL EST DA NGEREUX POUR L A SA NTÉ. À CONSOMMER AV EC MODÉR ATION.


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