DÊcembre 2018 - n° 89 - www.lebonbon.fr
JACK DANIEL’S ET OLD NO. 7 BRAND SONT DES MARQUES DÉPOSÉES. ©2018 JACK DANIEL’S. BROWN-FORMAN FRANCE SAS CAPITAL 5 037 000 EUROS - 47, RUE DE MONCEAU 75008 PARIS - 793 408 113 RCS PARIS
MADE THE SAME WAY SINCE 1866.* *UNE RECETTE INCHANGÉE DEPUIS 1866.
JAC K D A N I E L’ S
TENNESSEE WHISKEY
Darren Lipham – Travailleur à la scierie de Sawmill
L ’ AB US D’ ALC OOL EST DANGEREUX PO UR L A S ANTÉ , À CO N S O M M ER AV EC M O D ÉRATIO N .
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- On avait dit que c’était la dernière fois… Oui, on avait dit qu’on arrêtait. Fini les conneries. Fini les nuits sans sommeil. Fini les verres trop remplis. Fini les danses interminables. Fini la musique jusqu’à plus soif. Fini de rassembler tout son courage pour mettre un pied devant l’autre jusqu’à la porte d’entrée. Fini de perdre ses clés, sa CB, sa dignité. Fini. On avait dit qu’on arrêtait. Peut-être parce qu’on est trop vieux… Le matin est devenu notre ennemi, le soleil notre Némésis. Le trajet du retour en métro n’a plus la même saveur. Au fil du temps, nos sourires se sont effacés pour laisser place à la fatigue. Un jour après l’autre. Et le regard des gens… On avait dit qu’on s’en foutait pourtant… On avait dit qu’on arrêtait pourtant… - C’est trop bon… ! L’atmosphère lourde, l’obscurité de la salle. L’animosité qui transpire sur les murs, sur les corps. Dans un coin, certains fusionnent. De l’autre côté, l’expression charnelle joue aux ombres chinoises face aux lumières. Rouges, blanches, oranges. La pièce est inondée par les flammes de cette noce nocturne. Et ça tape. Boum. Boum. Boum. Le temps d’un souffle, on s’échappe. On la contemple, les yeux grands ouverts pour ne pas en louper une miette. Elle est si belle. Plus on s’en éloigne, plus elle nous appelle. Plus elle est dangereuse, plus elle nous attire. Elle est si belle… Nous voilà, prisonniers de ses charmes, de son chant, de ses rires et ses larmes. Avec elle, le monde s’éteint. Elle est notre seule lumière. Résonne alors dans nos têtes cette ode, pour l’éternité… Lucas Javelle
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Jacques de la Chaise Lucas Javelle Morgane Guiomar Coralie Bariot Clément Tremblot Jorja Smith par Naïs Bessaih Alexandra Dumont Manon Merrien-Joly Pierig Leray Jacques Simonian Louis Haeffner Timothée Malbrunot Dulien Serriere Florian Yebga Gaëtan Gabriele William Baudouin Fanny Lebizay Antoine Kodio Nathalie Tric Benjamin Alazard Lionel Ponsin Caroline Deshayes Fallon Hassaïni Maxime Laigre 15, rue du Delta 75009 Paris 510 580 301 00040 Imprimé en France
M A N A G E R
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5 Bon Timing Les trois events à ne pas manquer A G E N D A
la synthèse du crooner contemporain 31 Cinéma Tchitcha, Les sorties du mois par Pierig Leray C I N É M A
33 Bel Air Sounds La Distyllerie Eurodance M O D E
7 Jorja Smith Tout simplement A
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13 Lolo Zouaï Machine à tubes ou à plein tube M U S I Q U E
19 Strip– Tease 23
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The Peacock Society Xmas
25 Saint DX,
39 Omerta Project Agir pour faire réagir
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45 Shlømo Le dernier mot
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LE CADEAU DE NOËL ULTIME 3 SORTIES POUR 2 PERSONNES
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① LE FUTUR DE LA MUSIQUE L’INASOUND est le premier festival créé par l’INA ; il investira le Palais Brongniart pendant deux jours. Live audiovisuels et DJ sets s’entremêleront lors de concerts et sessions club. Au programme : Kiddy Smile, Kiasmos, NSDOS, Molécule, Sara Zinger, Simo Cell. Et en prime : une conférence – parmi d’autres – animée par Laurent Garnier et Jean-Michel Jarre. Que demander de plus ? Festival INASOUND @ Palais Brongniart Samedi 8 décembre & dimanche 9 novembre ② QUAND L’AFROBEAT ET LA TECHNO FUSIONNENT… Ça ne fait pas des Chocapic. Ça fait un duo au sommet, entre un monument de la techno (Jeff Mills) et l’un des plus grands percussionnistes au monde (Tony Allen). Les deux, forts d’un récent EP, organisent un concert exceptionnel. Avec comme invité le groupe Gogo Penguin, ça va swinguer sévère. Place assise non garantie, danse assurée. Gogo Penguin + Tony Allen & Jeff Mills @ La Cigale Lundi 10 décembre ③ LE PETIT NOUVEAU DÉJÀ PRO On The Map, c’est la nouvelle agence de talents en devenir du paysage musical parisien. Dans ses rangs, on compte déjà l’excellente #130E0A et le digger fou Muelsa, tous les deux présents à la soirée. Pour l’occasion, ils invitent Zeina, figure de la lutte LGBT en Égypte alliant house et techno à la perfection. Inutile de vous dire où on sera ce soir-là. Et vous ? On The Map #1 @ à la folie Paris Vendredi 14 décembre
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Jorja Smith,
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Tout simplement T E X T E P H O T O S
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Elle est discrète, humble et sincère. Mais quand elle est sur scène, c’est comme si elle avait déjà trente ans de carrière. Jorja Smith est probablement l’une des plus grandes révélations de ces deux dernières années.
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La jeune chanteuse originaire d’outreManche a à peine l’âge de conduire quand son premier single Blue Lines éclate sur Internet, la propulsant au top des tendances. C’est alors Drake qui viendra la chercher pour la faire chanter sur deux morceaux de son album More Life (2017). Un an après, Jorja sort sa première œuvre long format Lost & Found. Un titre qui évoque ses années passées à poursuivre son rêve sans connaître le succès, mais qui dénonce surtout les phénomènes de société avec lesquels elle a grandi. Jeune et pourtant déjà bien engagée, Jorja Smith est la voix d’une jeunesse talentueuse. Restée modeste malgré sa notoriété grimpante, elle se dévoile sans trop se dénuder.
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Le Bonbon Qui est Jorja ? Jorja Smith J’ai 21 ans et je viens de la ville de Walsall du comté des Midlands de l’Ouest de l’Angleterre (au nord de Birmingham, ndlr). J’écris et je chante depuis que je suis petite. L.B. Quel était ton rêve d’enfant ? J.S. Je voulais être une auteure. Je commençais à écrire des histoires, même à dessiner les couvertures de mes livres, mais je ne les finissais jamais. Quand j’ai eu 11 ans, j’ai commencé à écrire des chansons, jusqu’au bout cette fois-ci.
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l’ont perçu comme un décollage. Personnellement, je n’ai rien ressenti. Les gens autour de moi sont toujours les mêmes, c’est comme si rien n’avait changé. L.B.
Qui remercies-tu le plus pour ce qui t’arrive aujourd’hui ? J.S. Mes parents et mon manager. Pour m’avoir dit de poursuivre mes rêves et avoir toujours cru en moi. Et moi aussi – je suis fière de travailler dur et de donner mon maximum.
La musique a toujours été une évidence ? J.S. Depuis que je suis toute petite, j’ai l’habitude de faire du bruit et de chanter. J’ai toujours adoré chanter par-dessus la musique que ma mère écoutait sur son iPod à la maison. J’ai appris à jouer du clavier à 8 ans et j’allais chercher sur Google des partitions de chansons pour les reprendre.
L.B. Qu’est-ce que tu conseillerais à un artiste en herbe ? J.S. Ne te précipite pas. Crée seulement ce que tu aimes, et si tu l’aimes, c’est tout ce qui compte. Ne te compare pas aux autres personnes de cette industrie parce que nous sommes tous différents et chacun à son chemin à suivre. Le plus important, c’est de s’entourer de personnes que l’on aime, de super musiciens et d’aimer tout ce que l’on fait.
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L.B.
Quand Jorja est-elle devenue Jorja Smith ? J.S. Je ne pense pas qu’il y ait un moment précis. J’ai toujours été moi‑même, tout est naturel. L.B. C’est allé trop vite pour toi ? J.S. Non, il n’y a jamais eu de rush depuis le jour où j’ai rencontré mon manager. J’écrivais des chansons quand j’en avais envie, on a décidé de sortir quelque chose quand j’ai eu 18 ans. Après, je veux bien croire que les gens
Comment tu réussis à rester toi-même ? J.S. Je n’y pense pas trop. Mon entourage m’aide à garder les pieds sur terre, mais j’essaye aussi de le faire moi-même. Je critique tout le temps ce que je fais pour me pousser à encore mieux faire. Je ne me pavane pas à droite à gauche en pensant que je suis exceptionnelle. Je suis un peu de ceci, un peu de cela, j’apprends constamment tout en faisant des erreurs.
« Crée seulement ce que tu aimes, J O R J A
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c’est tout ce qui compte. »
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Tu dis souvent que tu veux vivre comme une personne normale, mais ça semble compliqué avec ta nouvelle vie… J.S. Ce qui est compliqué, c’est quand je sors et que les gens me reconnaissent et veulent prendre une photo avec moi… Parfois, je n’en ai pas envie. Mais c’est ce qui arrive quand de plus en plus de gens entendent parler de toi et que tu es présent dans plusieurs lieux différents. On ne me reconnaît pas tout le temps, ça dépend d’où je suis. Ce n’est pas non plus le pire truc à vivre au monde. L.B.
Tu te sens moins perdue depuis que Lost & Found est sorti ? J.S. Je continue à grandir et à apprendre qui je suis. Mais non, je ne pense pas être perdue en ce moment dans ma vie. Je fais ma tournée et ça crée une routine que j’apprécie, pour une fois. Et je suis si contente d’avoir pu sortir mon premier album, je le vois comme mon bébé.
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Des artistes avec qui tu aimerais spécialement travailler ? J.S. Je voudrais travailler avec Solange et Franck Ocean. Ça serait le rêve. L.B.
Pour toi, ton début de carrière est un coup de chance parce qu’on t’a repérée. Qui sera l’heureux chanceux repéré par Jorja Smith ? J.S. C’est une bonne question. Je ne le sais pas encore, je n’ai pas vraiment eu le temps d’écouter de nouvelles musiques et de fouiller un peu. L.B.
Comment trouves-tu la France et son public ? J.S. J’adore ce pays. À chaque fois que je viens, je suis tout le temps occupée tellement il y a de choses à faire. Mon dernier concert à l’Olympia était magnifique, j’en ai aimé chaque minute.
L.B. Tu as déjà des nouveaux projets ? J.S. J’ai simplement envie d’écrire. Après avoir fini ma tournée et une fois que je serai dans le bon état d’esprit, je commencerai à travailler proprement sur une nouvelle œuvre.
L.B. Et Paris ? J.S. J’adore Paris, son architecture avec ses hauts plafonds, ses balcons et balustrades. C’est magnifique. J’y suis souvent venue, mais principalement pour le travail. Je n’ai malheureusement jamais eu assez de temps pour l’explorer. Ce que j’aurais vraiment aimé. En plus j’adore le pain et le fromage – mes pires ennemis.
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Tu as travaillé avec les plus grands, mais à chaque fois que tu en parles, c’est comme si c’était simplement le métier. J.S. Je pense que c’est simplement de l’art. Ma musique est de l’art. Peutêtre que je peux paraître trop calme lorsque je parle de ces collaborations ? Je ne suis pas le genre de personne à perdre la raison et crier sur tous les toits que je travaille avec Drake ou Kendrick Lamar. Surtout s’il n’y a rien qui se fait au final. Je n’aime pas trop m’exciter.
À pouvoir voyager partout dans le monde, quel endroit t’a plu le plus ? J.S. J’adore New York et son rythme de vie accéléré. San Francisco aussi, jouer là-bas est toujours incroyable. Tokyo, c’était une expérience différente. Je ne suis jamais allée dans un endroit pareil au monde. J’ai très envie de voyager plus, pour véritablement explorer et vivre de vraies expériences dans différents pays et villes.
Lolo Zouaï T E X T E P H O T O S
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Machine à tubes ou à plein tube
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Lolo Zouaï est la nouvelle princesse du R’n’B, bientôt sacrée reine en son royaume. Indépendante, affranchie du poids d’un label, elle rêve grand et déclare sans rougir qu’elle veut devenir l’une des plus grandes stars du monde. L’artiste de 23 ans qui s’est familiarisée au chant en écoutant Christina Aguilera et Beyoncé, JoJo et Aaliyah, Brandy et Jazmine Sullivan, se rapproche de son objectif chaque fois qu’un producteur réputé accepte de travailler avec elle. L’Américain Stelios Phili (Young Thug, SZA, MIA) ou le Français Myth Syzer (Ichon) sont déjà tombés pour elle. Lolo Zouaï n’a pour l’instant qu’une poignée de titres à son actif. Tous des hits !
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Z O U A Ï
« Elle est marrante, c’est une star elle ! » Telle est la réaction de son futur manager Doug suite au visionnage d’une vidéo de Lolo postée sur Instagram. Une imitation tordante du MC californien E-40, dont elle connaît les albums par cœur. Elle lui fait forte impression. Curieux de voir ce qu’elle a dans le ventre, il organise un déjeuner. Entre temps, il tombe par hasard sur un de ses morceaux, So Real, et son clip maison tourné dans les rayons d’un magasin discount. Il est convaincu d’avoir fait le bon choix. « Il m’avait à peine entendu chanter, et pourtant, il avait envie de miser sur moi. On s’est tout de suite entendus. On avait le même humour. » Parmi les autres talents qu’elle a dans sa manche : remonter un Rubik’s Cube en moins de deux minutes. « Les mecs, ça les rend fous », ajoute-t-elle. La première chose que l’on remarque, c’est son ambition. Assumée. Lolo Zouaï rêve d’une carrière aussi riche que celle de Rihanna qui articule musique, mode, make-up et cinéma. Mais ses rêves de paillettes ne l’empêchent pas de garder la tête sur les épaules. Dans High Highs To Low Lows, le single qui l’a consacrée future star du R’n’B dans la presse française, Lolo chante la difficulté de s’imposer en tant qu’artiste émergente et indépendante. La jeune femme ne manque pas de propositions, mais refuse obstinément de signer avec un label. Elle ne veut pas risquer de compromettre son art, ses idées et les paroles de ses chansons. À la question « jusqu’où es-tu prête à aller pour assouvir ta soif de succès ? », elle répond avec un calme olympien : « Jusqu’au bout, tant que je suis à l’aise avec mes choix. ». Elle prouve sa force de caractère, à seulement 23 ans. « Tu dois avoir de l’assurance pour réussir dans cette industrie », dit-elle
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avec aplomb. Lolo a déjà tout d’une star. Il faut la voir jouer avec l’objectif de notre photographe Naïs Bessaïh. Poses lascives et attitude thug. « Ça fait un an que je me prépare aux séances photos », plaisantet-elle. Elle avoue ainsi, à demi-mots, maîtriser son image, de peur qu’elle lui échappe. « Quand vous vous mettez en scène publiquement, vous espérez tout contrôler, en particulier votre apparence. C’est effrayant de se dire qu’il n’y a qu’un pas entre moi et l’artiste. Ça m’inquiète parfois. » Née en France, d’origine algérienne, Lolo Zouaï a grandi à San Francisco – ses parents ont gagné des visas à la loterie et ont déménagé aux États-Unis quand elle avait 3 mois. Fraîchement débarquée à New York à 19 ans pour vivre de la musique, elle s’astreint depuis à une hygiène de vie irréprochable. Après une courte tournée européenne au mois de novembre, elle est actuellement en studio avec son producteur Stelios pour finir d’enregistrer son premier album, à paraître début 2019. « Il va être incroyable », parie-t-elle. Entre eux, la complicité est évidente. Il met un point d’honneur à respecter ses humeurs qui sont au diapason de sa musique. « Maintenant que je suis en studio tous les jours, je ne peux plus sortir autant que mes amis, je bois moins d’alcool et je fais de l’exercice. » De quoi contredire le cliché du millennial larvé dans son canapé. Son éthique de travail est irréprochable, même si elle n’est pas contre lever le pied de temps en temps. « Quand je travaillais encore comme serveuse dans un restaurant de Manhattan, je n’avais qu’une hâte, c’était rentrer chez moi pour faire de la musique, mais maintenant que c’est devenu mon activité à plein temps, j’ai envie de me poser devant la télé. »
« Jusqu’au bout, 1 5
tant que je suis à l’aise avec mes choix. »
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Fougueuse et déterminée La majorité de ses chansons ont été écrites au hasard des endroits qu’elle a fréquenté pour arrondir ses fins de mois. Ses petits boulots de vendeuse et serveuse lui ont permis d’économiser suffisamment pour s’acheter un matériel rudimentaire et enregistrer ses premiers morceaux. Elle a tout lâché en mai dernier, avant sa première tournée. High Highs To Low Lows est né en studio, mais les paroles murissaient dans sa tête depuis un long moment. « Ooh tu veux m’aider / Ooh tu veux m’envoyer à LA / Les rêves que tu me vends / J’en ai croqué un morceau et c’est du toc, du toc », chante-t-elle sur le refrain. Lolo fait référence aux requins de l’industrie du disque qui lui ont fait avaler des couleuvres. Elle se souvient d’une période réellement déprimante, avant de connaître le succès. « Plusieurs fois, j’y ai cru, raconte-t-elle, j’ai cru que ça
allait marcher, et puis j’ai réalisé que je devais faire les choses par moi-même pour espérer avoir un résultat. » Elle a mis tout son ressentiment et son amertume dans cette chanson, qui, contre toute attente, l’a propulsée sous le feu des projecteurs. Ses chansons ont souvent valeur d’exutoire, comme en témoigne Blue, sa version blues de La vie en rose d’Edith Piaf, qu’elle écoutait souvent quand elle était enfant. « J’écris toujours des chansons quand je suis triste, en colère ou désorientée, jamais quand je suis heureuse », résume-t-elle. Avant d’ajouter : « Je ne pourrais pas chanter les mots de quelqu’un d’autre. On m’a déjà proposé des lyrics, qui auraient pu donner de grandes chansons, mais ça n’avait rien à voir avec moi. ». Lolo Zouaï ne feint pas ses émotions. À ses débuts, elle partageait une chambre avec sa meilleure amie dans la colocation des cinq membres
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du collectif créatif de Brooklyn KidSuper, qui ont aussi leur marque de sapes et habillent des artistes comme Young Thug. « J’ai rencontré les bonnes personnes », se réjouit-elle. Pour certaines, la majorité, elle les a provoquées. Courtisée par la France, elle a braqué le studio du producteur et beatmaker Myth Syzer. « Je lui ai proposé qu’on travaille quelques beats, le courant est passé », raconte-t-elle, simplement. Les quelques vers qui introduisent leur featuring Austin Powers parlent pour elle : « Dismoi où tu es j’arrive tout de suite / Dans le Uber en chemin jusqu’à ta porte ». Appelez-la Femcee Elle est sa Foxxy, lui son Austin. Il croit qu’il est le boss, mais c’est elle qui tient les rênes. « Vous devez saisir toutes les opportunités d’atteindre les gens, même s’ils ne répondent pas tout de suite, j’attends le DM de Drake (en référence à Jorja Smith, que le chanteur avait contactée via son compte Instagram, ndlr). » Le couple de circonstances qu’elle forme avec Myth Syzer chante l’amour charnel et l’extase qui s’entend dans le souffle de refrains haletants. Un thème qu’elle explore aussi dans son propre répertoire avec le titre Challenge, un hymne féministe qui parle de désir féminin et renverse les rapports de domination entre homme et femme, sa façon de dire : je suis une femme, j’ai des envies et je te mets au défi de les satisfaire. « Si les femmes aiment autant ma musique, c’est
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parce qu’elles se sentent comprises et en puissance. Rien que pour ça, ça vaut la peine de faire ce métier. » Elle admire une artiste comme Tommy Genesis, qui ose tout dans son dernier clip 100 Bad. La jeune Canadienne met en scène sa libido à l’extrême, se touche avec une liasse de dollars et éjacule du champagne pour défier le regard de l’homme. « Je ne sais pas si je pourrais aller aussi loin, si je serais 100% à l’aise, précise-t-elle. Je fais confiance à mon jugement, on verra ça plus tard. » Cette question mise à part, elle refuse de se laisser dicter sa conduite par qui que ce soit, encore moins par quelqu’un qui n’est pas du métier. « Un jour, quelqu’un m’a dit : arrête de porter des vestes trop larges ! Je lui ai simplement répondu : non, va te faire voir. » Ne vous fiez pas à sa bouille d’ange. Comme Rondoudou, le Pokémon tout rose qui ressemble à un gros chamallow et qu’elle considère comme son alter ego, elle peut se mettre en colère et vous envoyer au tapis. « Je travaille dur, j’ai confiance en mes idées et j’essaie d’être de plus en plus directive quand je veux quelque chose, dit-elle. Sauf que parfois je culpabilise, parce qu’une femme devrait toujours s’excuser d’être forte et indépendante. Heureusement je peux compter sur mon manager. Il me répète souvent : “c’est toi le chef, assume !” » Voyou dans l’âme, elle troquerait bien son nom de scène contre Zoupac, un mélange de Zouaï et Tupac. De quoi calmer ceux qui essaieraient de lui chercher des poux.
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Strip-Tease T E X T E
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De 1985 à 2005, Marco Lamensch co-dirige avec Jean Libon les émissions Strip-Tease, diffusées sur la RTBF puis sur France 3 jusqu’en 2012. Treize ans après il en tire un livre, Strip-Tease se déshabille, bourré d’anecdotes sur ces émissions qui ont dépeint la société belgo-française avec une authenticité détonnante, plus que jamais d’actualité.
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“Il incarne l’extravagance du fou dont font l’objet la plupart des personnages de Strip-Tease.”
c’est celle de La Soucoupe et le Perroquet. Et si Jean-Claude est pour beaucoup l’étendard de l’émission, c’est parce qu’il incarne l’extravagance du fou dont font l’objet la plupart des personnages de StripTease. Bordel, que c’est triste de réduire trente ans, 850 films et 130 réalisateurs à une bande d’extravagants. C’est peut-être le retour de bâton de cet effet de mode qui a poussé Lamensch à raconter, en 33 volets, l’histoire du « magazine qui vous déshabille ». Parce qu’il suffit de quelques épisodes pour comprendre que nos aïeux d’il y a trente ans sont nos voisins et collègues d’aujourd’hui. Start-up nation avant l’heure
Aux confins du réel « Si j’avais pas fait cet engin, je pourrais rouler comme tout le monde en Mercedes. » Jean-Claude a 50 ans, habite entre deux champs. Il vend de vieilles cartes postales et des poireaux au marché. Au mois de mai, il s’envolera dans l’espace grâce à la soucoupe volante qu’il construit dans son jardin. Mais pour l’instant, « y’a du bordel à faire dedans : rajuster tous les fils, négatifs, positifs, les lumières et tout le merdier… et le mental pour les moteurs », raconte fièrement Suzanne, sa mère. Cette séquence, vue plus d’un million de fois sur le compte YouTube de l’émission,
« La crise, c’est dans la tête : sortez de votre logique de déprime et positivez, comme on dit joliment chez Carrefour. » En 1996, André François réalise Types au Top, qui montre deux jeunes commerciaux écumant les commerces de Belgique pour vendre les pages pub de leur magazine. « Je pense qu’il faut être au top tout le temps, je trouve que c’est important, généralement dans la vie, que ce soit dans tes affaires, dans ta vie amoureuse, dans tout, entre l’échec et la réussite… » Ils sont nos conférenciers TedX, nos gourous du développement personnel et nos coachs de vie : ce qui différencie ces types au top des personnages précédemment cités ? Les premiers vivent sur ceux qui souffrent de la crise économique, les seconds sur l’anxiété et le mal-être. Mais dans les deux cas, le malheur des uns fait le pognon des autres. « On passe un super moment ensemble. Allez, santé, à vos réussites, à vos affaires. »
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Septième art sur petit écran Esquissant une tentative de définition, Lamensch explique que l’émission « croit que les gens se connaissent suffisamment peu pour que les banalités des uns titillent la curiosité des autres ». Dans Strip-Tease comme dans la vie, on se marre, on se fait chier, on se sent mal à l’aise. Daniel Robert, publicitaire français contemporain des années Séguéla, en est un exemple dans Le désarroi esthétique (Pierres Carles, 1996). À table avec sa fille Catherine, qu’il photographie à demi nue :
« Robert : On a de la chance de bosser ensemble. La fille : En fait je me sens toujours un peu ridicule de dire que j’ai un vrai plaisir, enfin une grande admiration pour mon père, les gens pensent toujours que c’est…biaisé. - Incestueux ? On a jamais… - Non, j’ai pas dit baisé, c’est biaisé. - Mais tu peux témoigner qu’il n’y a jamais eu tentative de mauvais goût de ma part. - Non, jamais… Dommage. » Dans ces situations, Strip-Tease montre sans jamais démontrer. Vous êtes seuls face à l’écran. Forcés de prendre la responsabilité de votre interprétation. Et ça, c’est dû aux aspirations de Libon
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et Lamensch qui éliminent tout commentaire, toute voix-off pour adopter le langage du cinéma dont il est inspiré et qu’il inspirera (voir par exemple C’est arrivé près de chez vous de et avec Benoît Poelvoorde en 1992). Strip-Tease se déshabille, souligne la puissance de l’anecdotique et entreprend une réflexion sur le média télévisuel en lui-même, inspirant les productions audiovisuelles contemporaines comme À Suivre, qu’il a vu naître, ou Faits Divers. Souvent critiquées pour leur supposés (ou non, encore une fois c’est à vous de voir, ndlr) montages qui tournent le sujet en dérision, les émissions font un portrait kaléidoscopique de la société traversant les classes sociales (des SDF aux P-DG jouant les colonialistes en Afrique, en passant par les agriculteurs et les apprentis catcheurs), les mœurs (d’un dirigeant de boite de distribution de films porno aux mariages interreligieux) et les quotidiens de tellement d’autres individus qu’il serait triste et injuste de les ranger ici dans des cases. Comme l’émission, l’ouvrage du journaliste belge ne laisse personne en reste et nous rappelle que regarder un Strip-Tease, surtout en lendemain de teuf, ça vaut un Prozac, cinq Doliprane et autant de cafés. Vous pouvez mater gratuitement une grande partie des épisodes sur le site de la SONUMA (les archives audiovisuelles de la RTBF) et sur la page YouTube de Strip-Tease. Strip-Tease se déshabille, de Marco Lamensch, aux éditions Chronique
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Quand il fait froid, on aime bien se remémorer nos moments chaleureux de l’été. On se souvient d’un coucher de soleil, un vendredi de juillet, lorsque Laurent Garnier nous accueillait à bras ouverts. Et les deux jours qui ont suivi… Ah, qu’il est loin The Peacock Society Festival… Malheureusement, les températures actuelles sont plus fortes que notre imagination. L’équipe de The Peacock Society ne compte pourtant pas nous laisser grelotter, et nous invite à nous réchauffer le temps d’une soirée-festival au Paris Event Center : The Fabulous Parade of The Xmas Peacock. D’une pierre deux coups, on transpirera en revivant en live l’expérience Peacock, sans avoir besoin d’attendre l’été prochain. Inutile de vous en dire plus pour que l’on s’attende déjà à un moment sans pareil. Rien qu’à voir les noms du line-up, on risque de s’en rappeler longtemps. Outre les Dixon, Marcel Dettmann, Rødhåd, Roman Flügel et autres maîtres de la techno, il y a certains noms sur lesquels on estimait bon de s’arrêter un instant, pour vous expliquer pourquoi il ne faut surtout pas les manquer.
Lena Willikens Lunée, c’est un terme qui convient bien à cette productrice allemande. Véritable diggeuse, passionnée de musique expérimentale, ses sets marient techno, EBM, IDM et une bonne grosse dose de ce qui lui passe par la tête au moment voulu. On en veut pour preuve sa compilation sur le label hollandais Dekmantel, paru en avril dernier. Un ensemble de sons qui illustrent parfaitement l’univers de cette artiste au grand talent. Mount Kimbie On les connaît bien évidemment pour leur musique, leurs albums couronnés de succès et des concerts autour du monde. Mais l’exercice DJ set est également l’un des péchés mignons de Kai Campos et Dominic Maker. Leur propre mix sur DJ-Kicks nous envoie dans un univers flottant, tantôt techno, tantôt rap, toujours dansant. Leur talent n’est plus à prouver, et même Warp Records, célèbre label (Aphex Twin, Autechre, Brian Eno…), l’a compris.
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Lorenzo Senni
Ce n’est pas le moins connu, mais ça n’en fait pas un acquis pour autant. Parce que chaque prestation d’Erwan Castex est unique. Parce qu’il offrira l’une des rares prestations live de cette soirée. Parce que son dernier album Mirapolis est tout simplement un chef-d’œuvre. C’est surtout pour toutes ces raisons qu’on ne peut pas passer à côté d’un de ses concerts. On ne doute pas une seconde que l’artiste saura nous transporter, une fois de plus, dans son monde onirique.
C’est probablement le personnage le plus loufoque de ce line-up. Depuis plusieurs années, Lorenzo Senni s’amuse à décortiquer tous les genres de la musique électronique pour les mélanger ensemble. Aussi présent dans l’écurie Warp Records, son habileté à manipuler les machines sur scène et créer des ambiances complètement différentes en un instant va vous bluffer. Un génie de la montée, sans que le drop n’arrive jamais.
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© Maxime Chermat
The Peacock Society Xmas
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Saint DX
La synthèse du crooner contemporain
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G I R A R D I N
Le petit monde de la musique indépendante parisienne se porte bien. Si vous n’êtes pas au courant, voici une (nouvelle) preuve, avec la présentation d’un (futur) grand, le bien nommé Saint DX. Rencontre.
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Si, dans l’inconscient collectif, l’année 1987 symbolise la période où le monde de la musique a accouché d’albums qui sont devenus cultes, Bad de Michael Jackson ou Appetite For Destruction des Guns N’Roses, pour en exposer un spectre large, elle a aussi été le témoin d’un évènement plus confidentiel : la naissance d’Aurélien Hamm, qui 30 ans plus tard se muera en Saint DX. Sous couvert de cet alias se cache d’abord un musicien ayant fait ses gammes dans sa jeunesse grâce au piano classique et à la guitare ; qui, dès ses 15 ans, s’est mis « sérieusement à la musique », ayant compris qu’il ne voulait « faire que ça ». Niché dans un bar du quartier parisien de Strasbourg-Saint-Denis, au gré des gorgées de thé vert qui rythment ses réponses, Aurélien se dévoile peu à peu : « À l’époque du collège j’étais à fond sur le Michael Jackson de la fin des années 90. Je me faisais un peu moquer parce que mes potes préféraient Tryo… J’écoutais aussi énormément de BO de films. Il y a tout le temps eu beaucoup de musique chez moi, plein de CDs qui traînaient. Je me souviens de celui du Grand Bleu. Je me le passais en boucle. ». Sans trop s’étendre sur une période trouble du King de la Pop, ni sur le premier groupe d’Aurélien – feu Apes & Horses –, non plus sur les événements personnels qui ont suivi l’arrêt de cette collaboration, retenons plutôt comment l’histoire de Saint DX a débuté. « À la fin d’Apes & Horses, quand j’ai dû recommencer à faire de la musique, je me suis acheté le synthétiseur Yamaha DX7. J’ai posé mes doigts dessus et j’ai tout d’un coup eu plein de chansons qui sont venues. J’avais besoin de m’en libérer. » Derrière les sonorités qui s’échappent de son DX7 se cache un hommage à toute une scène :
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celle qui s’étend de Ryūichi Sakamoto à Sade, celle des bandes originales de films, du Grand bleu à Blade Runner en passant par Chariots of Fire de Vangélis, celle des jeux vidéo, les cultissimes sagas Legend of Zelda et Final Fantasy en tête. Un champ des possibles infini qu’Aurélien rassemble sous la bannière de “musique synthétique” ; un genre qui symbolise tout ce qu’il est, comme il nous le résume simplement. Lorsqu’il joue avec ce synthétiseur, d’où il tire en partie son nom de scène, avec d’autres aussi, Aurélien aime s’arrêter « aux presets qui ont été implantés par des ingénieurs ». Même s’il a longtemps cherché à créer ses propres sons, Saint DX se décrit comme « un compositeur plutôt qu’un producteur ou un arrangeur ». Considérer le travail de ceux qui l’ont précédé, un peu à la façon dont le philosophe ou l’inventeur se nourrit de ce que les anciens ont établi, est un aspect clef de sa musique. Les chansons qu’il a pour le moment sorties, la première, Regrets, où l’on entend le saxophone du songwritter Adrien Soleiman, comme la deuxième, la “classic-song” First Fantasy, en sont des parfaits exemples. « La transmission de ce savoir, c’est effectivement le cœur du projet. » Cette façon de concevoir sa musique se confirme sur son troisième morceau, I Still Care : une référence à peine cachée à la sublime Sade, tout comme au New Jack Swing de Teddy Riley, le producteur du Dangerous de Michael Jackson. Une technique signature que le principal intéressé explique d’un : « on prend plein de codes de tous les morceaux qu’on aime et qu’on adore mais avec les moyens d’aujourd’hui. ». Par souci d’être le plus complet possible quand on parle de ses
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« La transmission de ce savoir,
c’est le cœur du projet. »
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créations, et de lui, il faut impérativement évoquer sa façon de chanter, beaucoup plus assumée que lorsqu’il s’aguerrissait au sein de son ancien groupe. « Tu sais, maintenant, quand on me demande ce que je fais dans la vie, je ne réponds plus que je suis musicien. Je dis que je suis un chanteur. C’est ce qui me définit le plus, finalement », reprend Aurélien, après avoir réduit au silence la sonnerie de son smartphone qui s’immisçait dans la conversation. « Avec Saint DX, enchaîne-t-il, je ne veux aucun faux-semblant : je veux que les paroles me reflètent moi, que le personnage que je vais incarner soit moi. » Et de
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ce personnage se dégage une certaine douceur, la même que chez les crooners célèbres. Aurélien préfère, lui, invoquer un monstre sacré de notre patrimoine culturel national : « le vrai crooner, c’est quelqu’un de très sensible, émotionnel, ambigu, assez maniéré même. Et qui représente mieux tout ça que Serge Gainsbourg ? Je parle du Gainsbourg des débuts, pas juste de l’homme à femmes. ». Puisqu’il évoque (Dieu) le père, Saint DX partira sur les routes avec la fille, Charlotte Gainsbourg, pour assurer les premières parties de sa tournée sur plusieurs dates, notamment celle du 10 décembre à l’Olympia. Avant de le quitter, pour mieux le retrouver plus tard à la fête d’anniversaire de l’agence Pedro Booking, création commune de Cracki Records et Amical Music, nous nous devions de terminer cette rencontre en parlant de son entourage. En plus de son producteur Bastien Doremus (à la manœuvre pour Christine and The Queens), Aurélien est à la colle avec Donatien (Cras de Belleval) et (François) Kraft – les créateurs de Cracki Records – depuis leur rencontre en 2012. Deux personnes en qui il a « extrêmement confiance », qui sont devenues « des amis ». Pour que l’équation soit complète, il faut aussi citer son label, qui lui « apporte énormément artistiquement ». Si le deuxième nom vous est plus familier, on ne peut que vous conseiller d’écouter les sorties des représentants du premier : Agar Agar, Renart, Leon x Leon, Lomboy… Un moyen tout trouvé pour attendre la parution d’un projet plus long.
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Cinéma
Leto de K. Serebrennikov Sortie le 5 décembre 5/5 Leto est une putain de bombe, une descente virevoltante en noir et blanc dans la scène rock underground de l’URSS, dans un vent anarchiste qui fout la trique, un trio amoureux qui déchire et un clin d’œil appuyé au rock anglo-saxon érigé en héros de la guerre froide. Décomplexé par sa forme abstraite, combinant la sueur du cuir et la violente douceur d’un amour perdu, Serebrennikov livre un chef-d’œuvre d’une élégance punk, porté par la révolte, la transgression et le plaisir intemporel de foutre le bordel et de hurler la gueule enfarinée sur le diktat du conventionnel.
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Une affaire de famille de H. Kore-eda Sortie le 12 décembre 3/5 Un bon Kore-eda, loin d’être son meilleur, mais cette Palme d’or 2018 aura le mérite de faire déplacer la population ignorante en salles obscures afin d’applaudir en silence la virtuosité de Kore-eda à filmer l’humanisme par son angle le plus humble, les visages au zoom, les relations sociales nivelées par l’amour de l’entraide, et la filiation au centre de son obsession. Malgré un sursaut twisté en deuxième partie de film, on navigue en connaisseur du maestro, et on s’ennuit rapidement dans cette contemplation à l’image presque trop belle.
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Tchitcha
Aquaman de J. Wan Sortie le 19 décembre 1/5 Le roi de l’épouvante au rabais (Conjuring, Insidious) s’élance tête la première dans un océan de pétro-dollars avec sa première tentative de blockbuster qui suinte. Le problème, c’est qu’on finit à se noyer la tête dans l’eau des chiottes, un goût acre d’excrément collant la langue et la salive triste qui s’éclate sur la cuvette. C’est lourd, hétéronormativé à la testostérone pour ménagère, dans un scénario absurde, sans aucune lecture ne serait-ce que dépassant la taille impressionnante de ma verge en érection.
Seconde chance de P. Segal Sortie le 26 décembre Joyeux Noël /5 Soyons fous bordel, c’est Noël, laissons cette seconde chance à Peter Segal, LE mec de La famille foldingue, à Jennifer Lopez et ses jambes variqueuses de quadra en tailleur, à ce pitch d’une originalité mémorable (une femme d’expérience qui tente de s’imposer dans un milieu dont elle ne maîtrise pas les codes), à son humour vaseux au message polissé à mourir de psoriasis (l’expérience, c’est bien quand même). Mais me voilà empli d’un esprit de Noël et d’une bonté grâcieuse : « Seconde chance, le film surprise de cette fin d’année ? ». Un film n’a jamais aussi bien porté son nom.
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« Aujourd’hui, on n’a pas besoin de revendications pour faire la fête »
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Bel Air Sounds T E X T E P H O T O S
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Tous les mois, le Bonbon se mue en une Distyllerie décomposant le style et les références esthétiques de ceux qui donnent le pouls du Paris d’aujourd’hui. Ce mois-ci, on a rencontré Karl et Romaric du collectif Bel Air. Ils ont organisé en novembre leur première soirée Darude, dédiée à l’eurodance et à la musique trance des années 2000. Fans de Loana, adeptes de dancefloors colorés et marathoniens de la teuf trempés de sueur, vous avez trouvé votre loft nocturne.
M O D E
Le Bonbon Comment avez-vous vu le mouvement eurodance émerger ? Bel Air Sounds Ça s’est surtout fait au cours des deux dernières années. De façon générale, on sort pas mal, on va dans des soirées techno et trance, des rave parties, et on a vu qu’à chaque fois, même dans un set très monotone, tu vas avoir un petit son qui sort du lot, une trace ultra festive et fun : le son eurodance. Les gens réagissent. Karl a beaucoup mixé cette année et pendant
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des soirées appart’, il y avait toujours quelqu’un pour mettre ce son. On est passés aux Pays-Bas, dans cette rave du côté d’Amsterdam aux sonorités techhouse, et il y avait des sons trance qui passaient très bien auprès du public. Et là-bas, il y avait un karaoké où ils passaient que des trucs eurodance et les gens ont kiffé. Après, les Pays-Bas ont cette culture rave depuis bien plus longtemps que nous. L.B.
Vous diriez que la trance et l’eurodance sont plus accessibles que la techno, en termes d’image ? B.S. Il y a moins de barrières. C’est beaucoup plus ouvert, l’eurodance est catégorisée direct : tu te dis années 90, Gala, Aqua Barbie Girl, t’as pas à réfléchir, ça reste la pop des années 90 qui parle à tout le monde. T’as des stars de l’eurodance, des gros titres ; la trance c’est un peu plus compliqué, ça fait punk à chien ou kéké. Quand on dit qu’on fait de la trance des 2000, c’est pour que les gens pensent à Ibiza ou Kékéland. C’est voulu. La Darude, c’est un peu plus complexe que ça dans le sens où même si on est trance 2000, on va vraiment faire tous les niveaux du genre : autant du hardstyle, de la hard trance que des trucs plus accessibles comme Sandstörm de Darude. L.B.
ses sets, à chaque fois qu’il passait un son un peu gol-ri, de la trance accessible ou de l’eurodance des années 2000, les gens prenaient. Il y a aussi ce tube qui est revenu cet été, Bailando de Paradisio. On l’a entendu partout : dans des rave parties, même dans des DJ sets house et dans
Quand on voit des personnes porter des T-shirts Lidl, des vêtements de chantier en soirée, est-ce que le beauf n’est pas un retour à quelque chose de moins élitiste ? B.S. Typiquement, l’avènement de Vetements, le spécialiste du kitsch, qui a une influence énorme, va se répercuter dans la musique. Quand tu vas dans une soirée, faut que tu incarnes quelque chose vestimentairement parlant. On
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n’est pas beaucoup à pouvoir acheter du Vetements, donc on va aller vers des pièces similaires. D’où viennent les tendances ? De quelle année ? Y avait quoi comme musique ? Comme drogue ? Ça me ferait kiffer de (re)vivre ça. Quand
on organise une soirée dans ce délire comme la Darude, on se doute que les gens qui viennent s’attendent à retrouver cette atmosphère. Même si on ne va pas calquer la soirée exactement aux 90’s, on va incorporer des ingrédients. L.B.
Y a-t-il une définition de l’eurodance ? Karl Pour moi, l’eurodance c’est un sous-genre de la pop qui s’imprègne de sonorités électroniques, disco, très kitsch, c’est assumé. Romaric Ça se reconnaît par des sonorités reconnaissables immédiatement. Tu sais que c’est un peu dance, fait au synthétiseur. En 1990, c’était très euphorisant en tant
que successeur de la disco. Après la disco, il y a eu deux écoles : la house, mais il n’y avait pas vraiment de clips, de références visuelles qui permettaient de se représenter comment c’était, et de l’autre côté l’eurodance dont se sont emparés tous les marketeux de la dance music pour remplacer la disco. Souvent, les producteurs d’eurodance sont issus de la culture rave, il y pas mal de Hollandais comme Paradisio, c’est un groupe hollandais avec une chanteuse espagnole qui insère des touches latino, chaleureuses. Culture Beat, avec Mr Vain, est un des groupes eurodance les plus connus ; ils chantent en anglais, mais ils sont allemands les mecs. Derrière, tu as une image avec les danseurs, les rappeurs issus de ce grand melting pot, ou encore 2 Unlimited et derrière, ce sont des producteurs de rave music qui produisaient de l’eurodance pour en faire quelque chose de plus accessible, plus commercial. On peut même dériver vers l’italo disco, la happycore, le bubblecore, toute cette énergie qui fusionne dans l’eurodance, pour la rendre plus commerciale. L.B.
L’eurodance, c’était donc une porte d’entrée vers la rave ? B.S. Ouais. Pour apprécier la rave, il faut déjà apprécier ces sonorités cosmiques, ce qu’a permis l’eurodance qui regroupe tellement d’influences musicales et de sous-genres qui permettent de s’ouvrir, de trouver sa place.
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L.B.
Cette année, un livre est sorti sur le sujet, écrit par l’écrivain et chroniqueur Aurélien Bellanger*. Il définit l’eurodance comme « un courant transeuropéen des grandes utopies de la fin du second millénaire ». Ce retour n’est-il pas témoin d’une envie de se replonger dans les utopies d’une société un peu négative, voire nostalgique ? B.S. On a les mêmes envies qu’il y a 20 ans ; malgré ce que nos ainés peuvent dire, notre génération est très stressée. Karl On est dans un monde où il ne se passe rien. Un monde de paix : il y a vingt, trente ans, les genres musicaux comme le punk, la rave ou la techno étaient porteurs d’un message politique. Le mur de Berlin pour la techno, la période thatchérienne pour le punk en corrélation avec la crise sociale en Angleterre ; là on est peut-être pas dans une crise sociale aussi brute, mais il y a plutôt une crise d’identité par la mondialisation où tout le monde écoute de tout, se sent proche de plein de musiques. Bizarrement, on a tendance à se renfermer sur soi, sur ses valeurs et clairement nous on a un message plus positif à faire passer, contre le repli sur
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soi-même. En ce moment les minorités s’expriment beaucoup plus, se dévoilent et à travers ce projet. On voudrait que les personnes se sentent libres d’évoluer selon leurs influences. L.B.
Bellanger dit : « l’eurodance, c’est pourtant d’une tristesse infinie ». Vous en pensez quoi ? B.S. Nous on interprète ça dans le sens où on n’a pas besoin de revendication pour faire la fête aujourd’hui. L’eurodance a été un des premiers genres musicaux qui n’avait pas besoin de revendication, les paroles sont creuses quand on y pense : ça tourne autour de l’amour, de la fête, des vacances. Ça résulte d’un mal-être avant, qui existe toujours aujourd’hui. C’est une forme de soulagement : même le rap aujourd’hui ne revendique quasiment plus rien, même s’il y a des artistes plus engagés que d’autres, et l’eurodance rentre dans cette mouvance de non-revendication, c’est juste une musique de fête. L.B.
Vos dernières découvertes en matière de sapes ? B.S. En ce moment, on est très friperies. Un projet qui nous a fait kiffer c’est Tony La Fripe, ses pop-up stores. Actuellement, j’ai du mal à discerner de nouvelles tendances mode. Évidemment, le retour des 2000’s est criant : mais on va chercher dans le vieux. L.B. Vous n’avez pas peur qu’on soit dans une impasse créative ? B.S. Peut-être qu’on est dans une impasse créative mais pas dans une impasse responsable. C’est-à-dire que les jeunes marques de vêtements qu’on a vu chez Kuukiyomenai Store (un
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de la hess, en partant du principe que la fripe à Paris ne se renouvelle pas, on essaie de t’imposer des tendances alors que c’est clairement pas l’esprit de la fripe. Pour contrer cette standardisation, on a créé notre propre vide-dressing de la hess, on essaie de trouver de bonnes marques pas trop chères, nos potes nous filent leurs vêtements, des sapes qu’on a ramenées de nos voyages… L.B. shop de labels de mode éthique, ndlr) en mixant pour l’ouverture par exemple, comme Wonda Kammer, une marque de chemises, ou Blank By Me, étaient des labels éco-responsables, qui essaient de sensibiliser à l’environnement et de prendre en compte ces contraintes-là. L.B.
L’artiste qui danserait comme un forcené dans vos soirées, d’après vous ? B.S. Gwen Stefani ! Elle a un esprit très fun, elle dégage une joie de vivre très libre. Quel rapprochements peut-on faire entre les labels émergents de mode et jeunes artistes de musique ? B.S. Ils ont envie de plus être catégorisés dans quelque chose d’existant, revendiquent une liberté d’entreprendre et la non-catégorisation. C’est la nouveauté, c’est ce qui va être intéressant. Autant en musique qu’en matière de vêtements. On pense à Dinamarca (“Danemark”, en espagnol) sur Soundcloud, son délire c’est de mélanger de la trance avec des sons latino, afro, ou Joey Labeija, très rave, France et latino. C’est un peu comme les sapes unisexes. On avait aussi organisé le vide-dressing
Quelles ont été vos influences pour la Darude ? B.S. Côté trance 2000, on aime assez Paul Von Dyck, un mec de la trance qui fait de l’EDM aujourd’hui, 2 Unlimited et Culture Beat. Côté labels rave, R&S records dans les années 90, Banzai, Lone qui fait de la house aujourd’hui mais à l’époque était très rave. On varie entre la trance 90 plus spatiale, euphorisante que la 2000, plus colorée et qui se rapproche de la hard trance. Suivez Bel Air sur leur page Facebook pour connaître la date et le lieu de la prochaine Darude.
L.B.
*Eurodance, Aurélien Bellanger, Gallimard, 2018
Omerta T E X T E P H O T O S
L U C A S J A V E L L E @ O M E R T A . P R O J E C T
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Project
Agir pour faire rĂŠagir
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Samedi 15 septembre, tôt dans la matinée. Barbès s’éveille et découvre avec surprise une mystérieuse carotte de tabac accrochée à l’angle du métro. Ce n’est pas un heureux hasard, mais l’œuvre du collectif anonyme Omerta Project. L’équipe y voit là un simple constat du phénomène de vente de cigarettes à la sauvette. Dernièrement, ils répondaient au projet de péage urbain d’Anne Hidalgo en dressant, Porte de Clichy, un péage solidaire lié à la question des réfugiés. Ni accusateur, ni dénonciateur… ni supporteur. Omerta ne voit là qu’un moyen de susciter la réaction des gens, sans pour autant donner de clé de lecture. Loin des médias, loin de la starification, Omerta propose un contexte, une action. Et une devise forte : « Frappe d’abord, pose les questions ensuite ». En catimini, ils ont accepté de répondre aux nôtres.
O M E R T A
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Le Bonbon C’est quoi, Omerta ? Omerta Project C’est avant tout un groupe de potes qui a envie de faire. On a tous des parcours, des activités professionnelles et des passe-temps différents, mais la volonté de faire est omniprésente. Elle nous unit. L.B. Une volonté de faire quoi ? O.P. En l’occurrence, faire et célébrer les créations de la société. On institutionnalise les choses que la société refuse de voir ou de prendre vraiment au sérieux. On leur met sous le nez, en plein milieu du visage. Après, le pourquoi du comment nous est propre. On n’a pas forcément envie de l’exposer. Chacun a ses motivations qui lui sont personnelles dans le groupe. Il y a eu un déclic, un élément déclencheur, pour que vous vous lanciez dans cette aventure ? O.P. Franchement, non. Ça s’est fait naturellement. Il y en a un qui lance l’idée, les autres disent qu’ils sont chauds et voilà. On se connaît tous depuis un petit moment, chacun a une expertise qui lui est propre et on est tous complémentaires. On pourrait rentrer dans la genèse du projet, mais ça serait trop long, et on souhaite s’imposer des limites en termes de communication. Pour comprendre Omerta, il y a juste à savoir qu’on est tous plus ou moins Parisiens de naissance (intra-muros et extérieur), majoritairement de Paris Nord.
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que l’on s’attaque à ces sujets-là, mais ça ne veut pas forcément dire que l’on va s’y cantonner. L.B.
Vous vous verriez ailleurs – peutêtre dans le reste de Paris, avant de s’attaquer à d’autres villes ? O.P. On ne se refuse rien, on ne se ferme à rien. Toutes nos créations, jusqu’à présent, sont visibles juste parce qu’on les met en exergue. Chaque ville a ses propres activités, ses propres
L.B.
L.B.
Porte de Clichy, Porte de la Chapelle, Barbès… On comprend mieux, oui. O.P. Tout ce qu’on a fait jusqu’à présent, c’est des choses qu’on voit et qu’on vit au quotidien. C’est très logique
phénomènes. On pourrait très facilement élargir notre champ d’action. On s’est d’abord simplement attaqués aux sujets qu’on a déjà sous les yeux depuis qu’on est gamins. L.B.
Quels sujets vous inspirent en général ? O.P. L’injustice, la connerie, l’absurde… Certains d’entre nous, à titre personnel, aiment simplement mettre à la face des gens des sujets ou phénomènes sur lesquels ils ont
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l’habitude de fermer les yeux. C’est un travail d’équipe, organique. L’idée peut venir de n’importe lequel d’entre nous. C’est tout l’intérêt d’Omerta : comme il n’y a pas de nom ou de leadership, il n’y a pas de starification personnelle. L.B.
Ça serait dangereux de trop “personnifier” Omerta ? O.P. Ça peut l’être. En tout cas, tu en perdrais l’essence. On ne sait pas comment ça va évoluer, mais on sent que juste ça, ça n’a pas d’intérêt. On n’est pas intéressants en tant que personnes – et on n’a pas non plus la prétention de rendre intéressant ce qu’on fait. On aspire tous à faire parler notre travail avant de faire parler de nous. On a une vie en parallèle, ça nous suffit. L.B. Pourquoi avoir choisi Instagram comme unique moyen de communiquer ? O.P. Le seul réseau social d’images qui fonctionne vraiment, ça reste Instagram. C’est bien pour le côté visuel. Ça ne veut pas dire que demain, on ne s’ouvrira pas à d’autres choses, mais ça nous étonnerait. On a tous des activités et des vies en parallèle, on ne peut pas passer tout notre temps sur Omerta. Nos images suffisent largement et parlent d’elles-mêmes. L.B.
Ça engage une confiance mutuelle véritable. O.P. Bien sûr. C’est pour cela que ça marche entre nous. On se connaît tous depuis super longtemps. Avant de faire ces “conneries”-là, on en faisait déjà d’autres ensemble. C’est quelque chose qui s’est construit avec le temps. La vie,
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c’est une question de timing. On a passé un âge où l’on sait qu’on peut faire les choses sérieusement et que chacun peut compter sur les autres. L.B.
Paris, c’est votre terrain de “jeu”. C’était important de faire ça ici ? O.P. C’est notre ville de cœur. On est nés ici. Pour le coup, ce qui est rare, c’est qu’on est tous des purs parigots. C’est une espèce en voie de disparition. (Rires)
L.B.
Vous vous adressez plus à eux qu’à la ville de Paris ? O.P. Vu qu’on s’attaque à des créations de la société parisienne, forcément, les Parisiens sont plus réceptifs parce qu’ils les ont vécues. Comme on parle avec des images, et qu’on donne quand même quelques éléments de lecture pour remettre le sujet dans son contexte, on arrive quand même à parler à tout le monde. On essaye d’ouvrir pour qu’un maximum de monde puisse comprendre.
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L.B. Vous trouvez que la ville a changé ? O.P. Tu constates une gentrification générale. Mais bon, c’est monnaie courante à toutes les grandes villes. C’est toujours la même chose : la misère sociale, on la repousse et on laisse les bobos avec les bobos. Ça ne veut pas dire qu’on n’en fait pas partie, c’est simplement un constat. Des changements, il y en a eu, c’est certain. D’autant plus dans les quartiers où l’on habite. Paris, ça reste Paris. C’est dur pour nous d’être objectifs sur le sujet. Quand tu es né à Paris et que tu y as vécu toute ta vie, tu n’as pas trop de recul là-dessus. Tu grandis en parallèle de l’évolution de la ville. Mais des problèmes, il y en a toujours eu.
On ne fait que mettre des mots et des images sur des créations de la société. Si quelqu’un doit être réprimandé, c’est bien la société elle-même. On ne fait rien de mal. À part quatre trous dans un mur, on n’a jamais rien détruit.
L.B.
L.B.
Vous arrivez à faire réagir les gens ? O.P. Il y a même une pluralité de réactions. On les amène à réfléchir par eux-mêmes. Mais ils n’arrivent pas à nous situer. Parfois, deux personnes qui ont la même opinion ne réagissent pas pareil. L’une va penser qu’on partage la sienne, tandis que l’autre va penser le contraire, et nous insulter. Certains pensent qu’à Barbès, on a mis la carotte juste pour que la police ou la Mairie réagissent. D’autres que c’est pour soutenir les vendeurs de cigarettes. Nous, on s’en fout. S’il y a des bons retours, tant mieux. S’il n’y en a pas, ce n’est pas grave. On reçoit énormément de messages de soutien. Même si les gens ne comprennent pas trop pourquoi on fait ça, on ressent vraiment un engouement autour du truc. L.B.
L’État doit probablement avoir aussi son mot à dire. O.P. On n’en sait rien. Ça serait le comble qu’on se fasse, nous, sanctionner.
L.B.
Pourquoi ne pas simplement tout expliquer ? O.P. On n’expose pas nos motivations parce qu’on reste dans cette idée qu’on ne veut pas dévoiler nos intentions. Peut-être que ne pas donner de clé de lecture, c’est aussi ce qui nous démarque. Peut-être qu’on soutient les buralistes. Peut-être qu’on soutient les vendeurs de Marlboro. La réponse peut être différente pour chacun d’entre nous… Du coup, les gens ont du mal à vous ranger. O.P. Pour certains, on est considérés comme des petits militants de gauche qui défendent les Roumains de Clichy. Pour d’autres, on est des fachos. On oblige les gens à se poser des questions par eux-mêmes. Quand tu es riverain, ça fait tellement partie de ton quotidien, de ta “routine visuelle” que tu n’y fais plus attention. Là, il suffit de mettre un symbole fort, ne serait-ce qu’une journée. Et tout le monde va repenser au sujet. L.B.
C’est pour cela que vous êtes plus orientés social que politique ? O.P. On n’a pas d’orientation précise. On fait avec ce qu’on maîtrise pour l’instant. Ça pourrait nous intéresser de nous y attaquer, mais c’est un domaine qui a été plus qu’exploité ; ça en devient assez dur d’innover. On ne se ferme aucune porte, ça sera vraiment au feeling. On le fait avant tout pour nous, même si on a un fil rouge en tête.
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L.B. Il consiste en quoi, ce fil rouge ? O.P. Continuer à faire ce qu’on fait. Ne pas trop se poser de questions, rester dans le freestyle. Ne pas trop rationaliser, parce que plus tu réfléchis à ce que tu vas faire et à tes objectifs, moins tu vas réussir. Tu vas te mettre tout seul des bâtons dans les roues à trop intellectualiser. C’est pour ça que notre devise, c’est : “Punch first, ask questions later”. Faisons-le, et seulement après, viens, on réfléchit sur pourquoi on a fait ça. L.B.
Pourrait-on imaginer un grand coup final au bout du fil ? O.P. Comme une montée en puissance jusqu’à atteindre l’apothéose ? Possible… Ce n’est pas tant qu’on n’a
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pas la réponse, mais plutôt qu’on ne la donnera pas. C’est là où se pose la limite. C’est… On ne sait pas trop comment te répondre. Disons qu’on ne peut plus te répondre, malheureusement. (Rires) L.B.
On peut au moins s’attendre à quelque chose de nouveau bientôt. O.P. Sûrement, quelque chose qui devrait arriver sous peu. On a plein de trucs dans les cordes. Tout ce qu’il manque, c’est la logistique, les disponibilités de tout le monde… En fonction de la difficulté de la chose aussi, du temps que ça prend. Mais des choses vont arriver, c’est certain. En tout cas avant la fin de l’année. Insta : @omerta.project
Shlømo
© Jacob Khrist
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Le dernier mot
N ° 8 9
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Parce qu’aucune règle n’impose à un artiste de sortir son premier album dès le début de sa carrière, Shlømo aura attendu plus de dix ans avant de donner naissance à Mercurial Skin. Boss du label Taapion avec AWB et PVNV, Shaun Baron-Carvais signe ici (de loin) l’une de ses meilleures productions. Un disque plus-que-parfait qui allie avec virtuosité IDM, ambient, techno et dérivés, sans complexe. Le résident de Concrete l’accompagne même d’une release party sur la barge le 8 décembre, concoctée par ses soins. On n’en attendait pas moins de ce producteur compulsif depuis sa jeunesse, à qui on laisse le mot de la fin. À l’apéro, tu bois quoi ? Jamais d’alcool, plutôt un Perrier bien glacé. Le meilleur moment de la soirée, c’est quoi ? Juste avant de monter sur scène, quand l’adrénaline arrive et que j’ai hâte d’en découdre avec le public. La musique parfaite pour finir sa soirée ? New Order – Bizarre Love Triangle (Shep’s Club Mix). Les lumières se rallument et tout le monde est content. Les meilleures soirées, c’est où ? En Colombie – j’ai été complètement sous le charme des soirées là-bas. L’after, c’est important ? Pas nécessairement. L’important, c’est de s’arrêter à temps pour garder le meilleur souvenir possible. Il n’y a rien de pire que le track de trop. Il est où l’after ? Dans l’avion, car j’ai une autre date le lendemain.
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La drogue, c’est mal ? M’voyez. Le sexe, c’est comment ? C’est Mouais (morceau de son album, ndlr). Après une grosse teuf, le remède ? Un peu de sommeil, puis grosse session de sport. Ça m’aide à garder un bon rythme la semaine. Un spot vraiment underground ? Mon lit. Un artiste sous les radars ? Hadone, prochaine signature de mon label Taapion. Il a beaucoup de cernes, j’ai l’impression qu’il ne dort jamais. Une ville plus folle que Paris ? Tbilissi et Medellín. L’énergie qui se dégage de ces deux villes est folle. Un bar pour se la coller sans complexe ? Tous les bars de Paris, j’imagine. Un endroit où danser une dernière fois ? Je crois qu’il n’y a qu’au Berghain que j’aime me perdre en dansant… Un souvenir du Paris d’antan ? Les soirées PANIK à l’Élysée‑Montmartre… Quelle claque ! Un truc à faire au moins une fois ? Ne pas mettre de réveil… Une dernière volonté ? Voir le PSG remporter la Champion’s League. Un dernier mot ? Même en 2018, les Crocs, je trouve ça quand même hyper moche.
P H O T O S
A L I C E
P A L L O T
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A G E N D A
VENDREDI 7 DÉCEMBRE 00h The KEY Paris 12€ Belle Epoque! 8 ans 00h Badaboum KiNK live 00h Bus Palladium Bonbon Party, invits sur lebonbon.fr SAMEDI 8 DÉCEMBRE 11h Palais Brongniart 36€ INASOUND Festival 00h Djoon 15€ w/ Hunee all night long 00h Concrete 15€ Concrete: Blawan, The Advent, Shlømo… DIMANCHE 9 DÉCEMBRE 11h Palais Brongniart 36€ INASOUND Festival LUNDI 10 DÉCEMBRE 19h La Cigale 35€ Tony Allen x Jeff Mills (Blue Note Lab) JEUDI 13 DÉCEMBRE 19h La Station Gare des Mines 8€ Magnétique Nord 5 – Festival d’hiver 19h Trabendo 18€ LFSM : Carte Blanche à HINDS VENDREDI 14 DÉCEMBRE 23h à la folie Paris 7€ On The Map #1 00h La Machine du Moulin Rouge 15€ Quartiers Rouges .06 : FMC 00h Bus Palladium Bonbon Party, invits sur lebonbon.fr SAMEDI 15 DÉCEMBRE 00h Paris Event Center 44€ The Fabulous Parade of The Xmas Peacock 00h Grand Marché Stalingrad 14€ Club TraXmas
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MARDI 18 DÉCEMBRE 18h La Bellevilloise 14€ One More Joke, Xmas Edition JEUDI 20 DÉCEMBRE 18h Rosa Bonheur 15€ La Mère Noël est un Amour 00h Rex Club 7€ Slowdance 10 Year Tour VENDREDI 21 DÉCEMBRE 18h La Bellevilloise 12€ Nostromo Drone Night #2 22h Badaboum Bigamo : Âme live & friends 00h Bus Palladium Bonbon Party, invits sur lebonbon.fr SAMEDI 22 DÉCEMBRE 23h Djoon 11€ Mr. G plays disco, soul & more 23h L’International 8€ Brakage pose ses boules (de Noël) DIMANCHE 23 DÉCEMBRE 00h Rex Club 20€ Exil & Len Faki present Figure 100 VENDREDI 28 DÉCEMBRE 00h Les Étoiles 10€ Do You 80s ? La Boum années 80 00h Bus Palladium Bonbon Party, invits sur le bonbon.fr SAMEDI 29 DÉCEMBRE 23h T7 30€ T7 x INSoMNia : RPR Soundsystem 00h La Station Gare des Mines 13€ Spectrum w/ Théo Muller, Nihad Tule… 00h Badaboum Tom Trago long set
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fevr
5/7 rue de Fourcy 75004 Paris Téléphone: 01 44 78 75 00 Web: www.mep-fr.org M Pont Marie ou Saint-Paul
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