Le Bonbon Nuit 57

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Octobre 2015 - n째 57 - lebonbon.fr


B 590 800 173 RCS TOULOUSE

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* FACEBOOK.COM/CUBANISTO

LʼABUS DʼALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ. A CONSOMMER AVEC MODÉRATION.


ÉDITO Le pire animal nocturne, ce n'est pas la caillera les poches pleines de farine frelatée qui te postillonne ses prix dans la gueule ; pas la michetonneuse à l'ancienne essayant de te faire cracher ton biff, encore moins le gorille les bras comme tes cuisses te prenant par le colbac pour te tej' de sa discothèque pourrie. Non, vraiment, l'animal le plus dangereux de la faune sub-lunaire, c'est le discussionniste. Comme son blaze l'indique, le discussionniste a une passion dévorante pour la discussion. Tapi dans les recoins humides des bars et les replis sombres des clubs, il guette la moindre occasion pour te sauter à la gorge et raconter ses conneries. Avec ce genre de spécimen au cul, si tu n'as pas les esquives adéquates, te voilà irrémédiablement embarqué à bavarder jusqu'à point d'heure. Mais son véritable milieu naturel est un appartement avec à toute heure les volets fermés, la table striée de poutres et le sol jonché de pailles, la vaisselle et les bouquins entassés, le frigo plein d'alcool mais sans bouffe, sans oublier l'éternel rouleau de PQ sur les jantes. C'est dans cet écosystème foireux que les discussionnistes se rencontrent entre eux, pour déblatérer littérature de qualité variable, géostratégie paranoïaque et philosophie de zinc rouillé. Et le tout, en faisant bien évidemment tourner le cadran. Ouais, le discussionniste est l'animal nocturne le plus dangereux car à force de le croiser, on devient comme lui et on ne traîne plus qu'avec ses semblables. Finies les soirées pour déconner, enfin si, on déconne autrement en échangeant sur des sujets que l'on pense de première importance, entrecoupés de vodka et de Paris-Bogota. Et évidemment de ces interminables discussions « centres-dumonde », que reste-t-il le lendemain ? Rien. Et c'est sans doute très bien comme ça. On parlait de quoi déjà là ? MPK

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OURS

RÉDACTEUR EN CHEF Michaël Pécot-Kleiner DIRECTEUR ARTISTIQUE Tom Gordonovitch DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Jacques de la Chaise COUVERTURE Peaches par Constantin Mashinskiy SECRÉTAIRE DE RÉDACTION Louis Haeffner RÉGIE PUBLICITAIRE regiepub@lebonbon.fr 06 33 54 65 95 CONTACTEZ-NOUS nuit@lebonbon.fr SIRET 510 580 301 00032 SIÈGE SOCIAL 12, rue Lamartine Paris 9


SOMMAIRE

p. 7 À LA UNE Peaches p. 13 MUSIQUE Ark p. 19 LITTÉRATURE Les mots de minuit p. 23 CINÉMA Les sorties du mois p. 27 NUIT Dactylo p. 35 ART Kiki Picasso p. 45 POINT DE VUE Damien Raclot-Dauliac


TOUS LES VENDREDIS AU BUS PALLADIUM

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POUR ÊTRE SUR LA LISTE RDV SUR LEBONBON.FR 6, RUE PIERRE FONTAINE PARIS 9e


HOTSPOTS

- ÉCOUTER AUTRE CHOSE Les pt'its gars de Dead Mantras, avec leur « shoegaze grégorien », on les aime plutôt bien à la rédaction. Et leur musique sombre et énergique passe comme papa dans maman sur scène. Alors, si tu aimes le rock 'n' roll tendance « post-punkien », tu sais ce qu'il te reste à faire. Jeudi 8 octobre au Petit Bain

- GROS FARTAGE OTTO 10 On avoue avoir une tendresse particulière pour Otto 10. Tout d'abord, parce qu'ils soignent plutôt très bien leurs line-up (Clara 3000, ATA, etc...). Et ensuite, parce qu'ils aiment bien voir les choses en grand en nous proposant 24 heures de teuf non-stop aux portes de Paris. Prévois des vitamines. 24 et 25 octobre. L'Usine, Saint-Denis. - ON IRA FAIRE UN TOUR À LA KLEPTO Les soirées Klepto volent toujours aussi haut en programmant en exclu la release party parisienne de Crafted, l'album de Madato sur Item & Things (le stratosphérique label de Magda, pour ceux du fond). Performance du Corrine Crew, installation de la Garçonnière et Dj set des résidents Marion et Nicol. What else ? Vendredi 16 octobre au Trabendo - HEY ! Avec plus de 62 artistes internationaux mis à l'honneur et une sélection toujours plus « coup de poing », l'exposition Hey ! repart de plus belle et nous fait découvrir les marges et les anti-conformismes de l'art contemporain. Une expérience fortement conseillée pour les sceptiques du bla-bla-bla conceptuel. Halle Saint-Pierre 5


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À LA UNE T

MPK & HILLEL SCHLEGEL P DARIA MARCHIK

PEACHES — PASIONARIA LIBERTAIRE Au Moyen Âge, on peut aisément spéculer sur le fait que Peaches aurait été traitée de sorcière et immédiatement condamnée à brûler dans un feu qui pue le souffre. Heureusement pour elle (et pour nous), les temps ont changé et c'est plutôt sur scène que cette artiste, parmi les plus respectées de la « déviance internationale », se consume.

Voilà donc 25 piges que Merill Beth Nisker de son vrai nom - allume avec provoc', surréalisme et talent les diktats puritains ; elle nous revient ce mois-ci avec un plutôt très réussi sixième album orienté bass music/electropunk, marqué par les collab' de ses potes Kim Gordon et Feist. L'occasion était trop belle pour ne pas parler avec elle de politique, de corps, de morale et de transgression. 7


“SI J'AVAIS UNE QUEUE ? JE TE BAISE DIRECT, PAS DE SOUCI.”

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Tu ne trouves pas étonnant qu'en même temps qu'on constate une libération de la parole et des actes concernant la sexualité etc., on fait face à des déferlements de haine de plus en plus violents et organisés à l'encontre de tout ce qui touche de près ou de loin aux LGBT/thématiques queer  ? La réponse est simple, et j'en parle souvent, pour le coup : on a de plus en plus de tout. Ce serait trop simple de parler de pas en avant vs. pas en arrière : simplement, en matière de société, les antagonismes se révèlent de manière exponentielle, dans toutes les directions. On a de plus en plus de réactions à de plus en plus de mouvements. Tout est démultiplié, la libéralisation comme les haines. Dans les sociétés occidentales, les individus s'expriment de plus en plus, d'un côté comme de l'autre, donc forcément, les discours de haine, de refus de la différence, d'ultra-conservatisme, prennent de plus en plus de poids. C'est la société qui est comme ça : toujours plus - et c'est cyclique en fait. Oui, on vit aujourd'hui dans une société plus gender fluid qu'auparavant, mais du coup, le conservatisme progresse également. Et comme on a aujourd'hui facilement accès à « toutes les idées », on peut facilement choisir son camp. Tu es attiré par la gender fluidity ? Vas-y, tu peux te trouver ta communauté. Ou au contraire, tu te laisses tenter par des discours ultra-conservateurs ? Je t'en prie, des millions de personnes t'accueilleront les bras ouverts. C'est ainsi qu'on assiste aujourd'hui à des phénomènes étonnants, comme avec Trump une fois encore, dont la cote d'amour parmi la population des Etats-Unis demeure une énigme totale pour moi : ainsi, le Canada et l'Australie deviennent de plus en plus conservateurs. C'est très, très bizarre. Ils forment désormais des alliances, se tapent dans le dos et soutiennent mutuellement des politiques de plus en plus dégueulasses… C'est fou.

Oui, et plus proche de nous, ça me rappelle la position de l'Espagne sur l'avortement ces dernières années, qui trahit un retour en arrière inimaginable pour un pays occidental… Ah oui, j'en ai entendu parler. C'est effectivement complètement dingue. Mais tu sais, aux Etats-Unis, il est bien plus facile de se procurer du Viagra que d'avorter, par exemple. Je ne comprends même pas pourquoi la société cherche à tout prix à entretenir les performances sexuelles de vieux mecs à la libido toute pétée qui n'arrivent plus à bander ! (Rires) Encore un truc qui n'a aucun sens, tiens… Tout le discours des conservateurs aux USA se base sur leurs sacro-saintes « valeurs familiales ». Mais bordel, c'est quoi des « valeurs familiales » ? C'est une résultante directe du patriarcat, voilà ce que c'est, voilà ce qu'ils prônent. Et puis pour revenir à cette histoire de communautés et de choix, je ne sais pas si tu sais, mais il y a en Allemagne un phénomène émergent de néo-nazis hipsters. Je ne déconne pas : des vrais néo-nazis, mais vraiment hipsters ! En Allemagne, on les nomme un truc du style, euh… les napsters, je crois. Ou nipsters enfin bref. Toujours est-il que ces types sont complètement obsédés par le bio, ils tiennent des émissions de cuisine vegan, ils sont tous en jeans skinny, ils se revendiquent clairement de l'esthétique hipster, et ils ont recours à des symboles néo-nazis. Il y a un truc avec les baskets New Balance aussi je crois, c'est une espèce de signe de reconnaissance pour je ne sais plus quelle raison, un peu comme le NSDA (de NSDAP, la dénomination officielle du parti nazi, ndlr) qu'on retrouve dans la marque LoNSDAle, tu vois ? Je ne sais pas, il doit y avoir une signification pour les initiales NB ou un truc du genre… c'est ahurissant. Ah, et ils vouent un culte à la marque Fred Perry aussi, apparemment.

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Question corps : le corps a-t-il encore une valeur subversive selon toi ? Le corps est exposé partout, fait vendre, l'érotisation etc… Aujourd'hui, comment faire de l'exposition du corps un vecteur de liberté et pas une monnaie d'échange, une valeur marchande ? Le corps est exposé partout, certes, mais les gens ne comprennent même pas leur propre corps ! La question qui se pose, surtout, c'est : pourquoi avons-nous tous si peur de notre propre corps ? Pourquoi avons-nous peur de notre sexualité ? Pourquoi avons-nous peur de l'infinie variabilité des formes du corps humain ? Pourtant, la vraie beauté est là : il suffirait de pouvoir nous tous nous regarder tels que nous sommes réellement. Pourquoi ai-je dû écrire un morceau s'intitulant Vaginoplasty ? Pourquoi certaines femmes veulent-elles se faire remodeler le vagin ? Comment leur est venue cette idée d'un ridicule absolu - et qui confine à l'auto-mutilation - de se faire refaire les lèvres pour que leur vagin ressemble à celui d'une autre femme ? Donc en fait, la question du corps ne devrait pas se poser… Le corps ne devrait même pas être un sujet. Exactement ! Cette question ne devrait pas se poser ! C'est nous qui en avons fait une thématique, qui l'avons transformée en vecteur de problèmes, en machine à faire peur. Voilà le problème central : la peur. L'humanité a peur du corps. C'est la chose la plus simple, la plus évidente du monde : avoir peur de son propre corps. C'est tellement primaire… Alors qu'en réalité, quel est notre but à tous ? Devenir nous-mêmes. Nous réaliser, tout simplement. Et quel est le meilleur moyen pour être bien sûr de nous empêcher de nous réaliser ? En nous effrayant, en nous apprenant à avoir peur de nous-mêmes. Ça, c'est de la vraie aliénation.

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Du coup, ce serait quoi ta définition du transgressif ? De la subversion ? Parce que clairement, j'imagine que ce n'est pas seulement « se foutre à poil »… Ah mais non, justement : si, se foutre à poil, c'est transgressif ! Tout le monde devrait se foutre à poil, tiens. Parce qu'attends, si l'on décrète que demain, c'est la journée du « tous à poil » - hop, tout le monde se trimballe culnu -, tu penses que les gens le feraient ? Tu connais beaucoup de monde qui serait prêt à sortir dans la rue le zgeg à l'air, comme ça d'un coup ? Question hautement existentielle : tu ferais quoi si t'avais une bite d'un seul coup, là ? Si j'avais une queue ? Je te baise direct, pas de souci. Ça ressemble à quoi de faire une nuit de teuf avec Peaches ? (Sourire très fatigué) T'as vu ma tronche, aujourd'hui ? Ça a l'air absolument génial une soirée avec moi, n'est-il pas ? (Rires au bord de la narcolepsie) Sortir avec moi, je ne sais pas si c'est hyper marrant, mais en attendant, je peux te raconter la meilleure histoire de défonce que je connaisse. C'est pas à propos de moi, mais c'est arrivé à une copine. Un soir, elle a pris de la kéta, puis elle eut soudain besoin d'aller aux toilettes. Donc elle va aux chiottes, puis elle sort en club, et là : la meilleure soirée de sa vie. Elle ne s'est jamais sentie aussi bien, elle parle à tout le monde, tout le monde est génial, hyper sympa, une nuit d'enfer… et puis d'un seul coup, elle se rend compte qu'en fait, elle est toujours aux chiottes. En réalité elle n'avait pas quitté les toilettes de toute la nuit. — Rub (I U She Music) facebook.com/officialpeaches


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MUSIQUE T

ARNAUD ROLLET

ARK — UNE PUTAIN DE FLÈCHE

Quel est le point commun entre Cabanne, Krikor, Pépé Bradock, Villalobos, Losoul et Mr Oizo ? La réponse est simple : Guillaume Berroyer alias Ark. Au gré des rencontres et des projets, ce feu-follet façonne depuis près

de 20 ans une carrière qu’on pourrait qualifier de fil rouge de la musique électronique française. De la French touch à la minimale, en solo ou non, de Trankilou à Copacabannark, le Dj-producteur rate rarement sa cible. 13


J’ai cru comprendre tu bossais sur un album avec Pit Spector. Il en est où ? Après qu’on a sorti 6-7 maxis ensemble il y a deux ans, mon frère Pit a lancé son nouveau label Prospector qui lui prend pas mal de temps. Il enchaîne donc les collaborations et, comme j’habite en plus à Lyon depuis 3-4 ans, on a reporté la chose. De mon côté, je prépare aussi un projet dans l’intention de faire un label même si je n’arrive pas à trouver le temps de bosser, vu que je tourne beaucoup actuellement, avec un regain de dates. Je ne pense donc pas que cet album se fasse avant un an ou deux. De toute façon, il n’est pas fait ! Pour faire un album, il faut au moins compter une petite année. Ce projet a l’air très secret. Disons que je prépare un truc où je fais collaborer plein de gens avec qui j’ai bossé par le passé, des artistes qui me sont chers. Des gens comme Losoul ou d’autres moins connus, comme Dollar Mambo, un Suisse que j’ai rencontré il y a quelques mois. Par contre, c’est un peu délicat pour moi de t’en parler car le concept doit rester secret jusqu’à ce qu’il soit finalisé. Il y a donc encore plusieurs mois à attendre avant d’en voir le bout. Ça ne devrait pas être un long format mais une succession de maxis. Ce regain de dates vient aussi du retour en grâce de la techno et de la house en France, avec une recherche par le public de figures légitimes ? Il doit y avoir un peu de ça. Quand on a fait Trankilou avec Bradock en 95, ça a marché parce que c’était dans le courant du moment, la French touch au sens large du terme, mais ma carrière solo a vraiment commencé en 97-98 avec mes premiers maxis sur Brif

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Records, label qui n’existe plus. J’étais alors peut-être un peu en avance car, comme on me l’a fait remarquer, le premier disque que j’ai sorti seul correspond à un mouvement maintenant plus reconnu, vu qu’il a eu le temps d’être digéré et compris par plus de monde. Ces maxis que j’ai sortis à la fin des années 90, y compris mes collaborations avec Akufen, Herbert, Jamie Lidell et j’en passe, sont arrivés à une période où la French touch traînait en longueur. Quand je les réécoute, je me dis que j’étais un peu isolé dans cette approche de l’électronique et que plus de monde fait de la musique similaire aujourd’hui. Je faisais un truc très personnel et je crois d’ailleurs ne pas m’en être très éloigné depuis. On m’a souvent associé à la French touch puis à la minimale, mais mes productions, c’est du Ark avant tout. C’est un mélange. J’écoute vraiment de tout et je pense que c’est ce qu’on entend assez vite dans ma musique. Le magazine Coda disait justement de toi que tu faisais partie de « ces artistes visionnaires que la meute bienpensante » allait mettre « du temps à comprendre ». En 2015, la meute a compris. C’est un début d’explication. C’est aussi vrai que je commence à avoir une légitimité, déjà dans le temps mais aussi pour avoir collaboré avec de nombreux talents étrangers et français comme Krikor, Cabanne, Shalom… Avec une carrière de presque 20 ans, des duos et beaucoup d’échanges, c’est forcément légitime. Aussi, quand on commençait avec les Daft Punk, Manu le Malin, Motorbass, Pacman et Garnier, on était peut-être moins de 100 Dj’s à Paris. Aujourd’hui, il y en a peut-être 50 000 ou 100 000. Faire partie de la première fournée, ça te place. En plus, depuis 95, je ne me suis quasiment jamais arrêté. Sur la scène française, je fais partie des actifs. Faut se dire qu’il y a des mecs 10 fois plus connus que moi,


“JE PENSE ÊTRE UN ÉLECTRON LIBRE, QUELQU’UN QUI PREND UN MALIN PLAISIR À FAIRE PLEIN DE PROJETS DIFFÉRENTS SUR DES LABELS DIFFÉRENTS.” 15


facebook.com/alleluyark 16


comme Modjo ou Superfunk, qui ont vendu 100 000 fois plus de disques mais qui ont fait des carrières éclairs de deux-trois ans. A quelle famille appartiens-tu ? Je pense être un électron libre, quelqu’un qui prend un malin plaisir à faire plein de projets différents sur des labels différents. Je ne me sens pas affilié à un courant en particulier même si - et je trouve ça intéressant - Perlon est le label qui me représente le plus car j’y ai sorti deux albums solo en plus de maxis. Je connais Ricardo Villalobos et Zip depuis bientôt 15 ans et, à part Ricardo et moi, il n’y a pas d’autre personne à avoir sorti deux albums sur le label ! Je suis d’ailleurs un peu une exception parmi les artistes Perlon vu que mes albums ne représentent pas vraiment la touche minimale du label. C’est une fierté et je trouve ça marrant que les deux patrons, Markus Nikolai et Zip, aient flashé sur ma personnalité et ma musique. Cela ne va pas de soi mais, finalement, ça fonctionne. Après, outre Perlon, je reste évidemment assez lié à Alex & Laetitia Katapult et à leur label Karat. Tu dis écouter de tout mais il y a des styles que tu évites, non ? Oui, je n’aime pas tout ce qui est « grand public / commercial » comme l’eurodance et ce qui passe de manière générale à la télé – les Céline Dion, les Johnny Hallyday, le rap français, etc. Pour ça, j’ai les oreilles fermées et j’ai d’ailleurs tendance à penser que plus la musique est merdique, plus ça marche. Quand je parle de tout écouter, c’est le rock, le reggae, le jazz, le blues, la funk, la techno, la house, le punk. Dans ces grands mouvements, j’ai des affinités. Ce n’est pas du tout une façon de jouer les intellos, je suis juste comme ça. Il faut dire que j’ai baigné très tôt là-dedans. Mes parents se sont séparés quand j’étais très jeune et, quand j’allais chez mon père, il écoutait

Miles Davis, Frank Zappa, Billie Holiday : des musiques très marquées, pas franchement bal musette. J’ai baigné là-dedans puis j’ai trouvé ma personnalité. Ce qui me fascinait quand j’avais 13-14 ans, c’était d’une part le reggae et d’autre part la scène anglaise, les Clash et les Sex Pistols. Ensuite, j’ai passé quelques mois à Los Angeles à 16 ans en 88. C’est là-bas que je suis tombé dans la funk et le hip-hop : Prince, Michael Jackson, NWA, Run DMC, Public Enemy, Beastie Boys… Je me suis pris ça de plein fouet. A mon retour, j’ai progressivement lâché le punk et n’ai jamais arrêté d’écouter de la musique black au sens large du terme. Tu t’es déjà demandé ce qu’aurait été ta vie sans la musique ? C’est simple : j’ai arrêté mes études en troisième à l’âge légal qui le permettait, après avoir déjà redoublé une ou deux fois. J’ai pris un risque très tôt et ma mère, mon beau-père et mon père me l’ont bien fait comprendre. En même temps, cela faisait un moment que j’étais démobilisé, pas impliqué. La décision de faire de la musique était une évidence ; bien que petit, j’avais aussi des rêves d’enfant, comme devenir aviateur ou directeur de supermarché pour que ma mère ne paye pas à la caisse. Sans la musique, j’imagine que cela aurait pu être l’écriture ou la peinture – j’ai fait beaucoup de graffiti quand j’étais jeune mais je n’ai jamais vraiment développé le truc. J’aurais du mal à m’imaginer CRS, inspecteur ou banquier. Déjà, dans mes études, si l’Histoire et le français m’intéressaient, la physique ou les maths, c’était du chinois pour moi. Mais avant d’arrêter l’école, j’étais déjà très actif en musique – j’avais trouvé des locaux et formé des groupes. Ce n’est pas comme si je ne savais pas où j’allais.

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LITTÉRATURE T

TARA LENNART

ENCRE NOIRE POUR NUIT BLANCHE

Blanche comme une page, la nuit s’inscrit aux abonnés absents. Pas de marchand de sable à l’horizon ni de pilules magiques pour baver dans les bras de Morphée. Ne cherchez plus,

lisez. Et dans votre lit, c’est encore mieux ! Vous aurez une bonne raison de ne pas dormir… Avec notre sélection, repartez illico en vacances. Dans votre tête, déjà. 19


Alcoolique Jonathan Ames & Dean Haspiel Jonathan A. réalise et partage ses problèmes avec l’alcool le jour où il se retrouve dans une voiture avec une petite vieille très aguicheuse, sans aucun souvenir de ce qui l’a mené là. Loin des clichés sur l’alcoolisme, on navigue ici en compagnie d’un type sincère et dévasté, lucide et prisonnier de cette habitude destructrice. C’est beau graphiquement, c’est touchant et sincère, c’est une BD-roman graphique totalement et magistralement culte ! Editions Monsieur Toussaint Louverture La couleur de l’eau Kerry Hudson Ce roman aurait pu être sentimental, raconter une banale histoire d’amour entre une jeune fille russe égarée dans Londres et un brave gars un peu gauche, vigile dans un grand magasin. Or s’il y a bien une histoire d’amour, il y a aussi le portrait acide et percutant des réseaux où de jeunes femmes venues travailler dans un pays « riche » sont prostituées de force. Une sacrée baffe en pleine face, bravo Kerry Hudson ! Editions Philippe Rey Basse Saison Guillermo Saccomanno Les amateurs de polars, de romans à tiroirs et de Twin Peaks vont être ravis par cette fresque sociale et humaine d’une densité époustouflante. Dans une paisible station balnéaire argentine, des drames se succèdent, mêlant différentes couches de la population, faisant ressortir la haine, les ressentiments et l’animosité de façon explosive. Editions Asphalte

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21e SEX Erik Rémès « C’est cela aussi le 21e SEX : la solitude humaine ». Erik Rémès parle crûment de cul dans ce livre où plane l’ombre d’un Dustan qui aurait survécu au début du changement de siècle. Derrière les backrooms, le sexe à tout va et l’éphémère se posent des vraies questions : celles de la santé, de l’homophobie du monde extérieur, de la perception de soi, de la solitude. Après une super-baise performante, que reste-t-il ? Quels sentiments, quel lendemain ? Rares sont les gens qui posent la question sans se voiler la face ni chercher des réponses à tout prix. La vie parle d’elle-même. Editions Textes Gais UnAmerica Momus Donc Dieu est atteint d’Alzheimer (en même temps, on commençait à avoir des doutes) et demande à un employé dans un magasin d’articles de sports, Brad, de « désinventer l’Amérique », cet anti-paradis. Rien que ça. Il faudra 12 coéquipiers à Brad pour partir sur un navire dans une aventure totalement loufoque et improbable, plus proche des Monty Python que des Evangiles, pour notre plus grande rigolade. Editions Le Serpent à Plumes Le contrat Salinger Adam Langer Seriez-vous prêt à signer un drôle de pacte littéraire ? Ecrire un roman unique pour un lecteur unique, moyennant quelques closes et un paquet d’argent. Vous en rêvez ? Moi aussi. Le prix à payer, parce qu’il y en a toujours un dans les polars, même s’il s’agit d’un polar littéraire - genre hautement captivant - sera bien plus important que ce que Conner Joyce, auteur de polars appâté par les dollars, va découvrir. Et nous avec ; insomnie garantie ! Editions Super 8


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CINÉMA T

PIERIG LERAY

LES SORTIES CINÉ 1 mois, 4 films, 4 avis. Le problème ? On ne les a pas vus. Critiques abusives et totalement infondées des meilleurs/pires films du mois. Les nouvelles aventures d’Aladin d'A. Benzaquen

The Visit de M. N. Shyamalan A force de foutre des twists finaux à chacun de ses films, de ressortir la même recette dans sa série (Wayward Pines), on finit par s’ennuyer profondément des balbutiements fantaisistes d’un triste réalisateur tournant autour de son puits (sans fond) pour tenter inlassablement de nous effrayer : là c’est papi et mamie qui s’y collent, de méchants viocs qui perdent la boule. Shyamalan s’enfonce encore un peu plus dans la vieillesse de ses idées (une remise au fond du jardin… bordel, non, ça ne fait plus peur). sortie le 7 octobre 22

Je n'ai pas pu m’en empêcher. Facile et idiot d’enfoncer une porte béante et racoleuse. Mais il faut marteler et vomir sans rétention sur l’abrutissement violent et de masse que nous inflige cette bande de dégénérés, Kev Adams en tête. Insultant l’humour (burlesque) que l’on aime, nous imposant dans un marketing forcé la vision d’Alexandra Lamy, et remettant en selle le roi des beaufs Hanouna, il faut descendre dans la rue. Et crier « Non merci », comme disait MC Solaar en 2007. sortie le 14 octobre


The Lobster de Y. Lanthimos Saluons le retour de Colin Farrel qui ne lâche plus sa moustache (True Detective) dans un délire post-moderniste tinderien où le célibat est un crime. 45 jours pour trouver sa moitié, sinon, c’est la transformation en l’animal de son choix. Déluré, brillant dans son analyse contemporaine de la quête de l’autre, et ce par tous les moyens que nous impose la technologie. Ou bien c’est la déchéance animale à culbuter chaque célibataire dépressif qui tente en vain de noyer sa solitude. Je m’incline. sortie le 28 octobre

Mon Roi de Maïwenn Pas tendre avec Polisse, toujours pas convaincu par cette nouvelle mise en scène aguicheuse, mais la force inouïe d’Emmanuelle Bercot emporte le tout. Une réalité domptée par la tragédie, un amour au bord du vide qui nous rappelle la fragilité infinie d’une vie à deux. Un peu putassier, mais Bercot gagne la bataille, entre le jeu et la direction. sortie le 21 octobre

Mais aussi : Le nouveau stagiaire de N. Meyers sortie le 7 octobre, quelle tristesse infinie de voir De Niro se taper un navet (et Anne Hathaway en réponse) pour payer sa rente (0/5), Crimson Peak de G. del Toro sortie le 14 octobre, là est toute la maîtrise d’une vision du réel dans un sombre fantastique toujours à cheval entre le vrai et le faux, del Toro comme on l'aime (4/5), Seul sur mars de R. Scott sortie le 21 octobre, il n’arrête plus de nous servir la même soupe moisie américano-américaine, des dramaturgies à la Marc Levy, scandaleux (0/5), The Walk de R. Zemeckis sortie le 28 octobre, quoi que l’on dise, Zemeckis reste un grand conteur d’histoire, même celle d’un funambule français qui se tape Charlotte Le Bon (3/5). 23


Vous pourrez contempler les œuvres de Mu Pan - artiste né et vivant à Brooklyn, mêlant peinture traditionnelle chinoise et éléments contemporains -, à la galerie LJ (12, rue Commines 75003), du 20 octobre au 20 novembre. Vernissage le mardi 20 octobre à 19h. — mupan.com 24


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NUIT T

MPK YANN MORRISON P

DACTYLO — LA FORCE DE FRAPPE La nuit parisienne a toujours eu ses prêtresses, ses amazones de combat, qu'elles soient physios, patronnes, égéries ou mères maquerelles. Et il n'est pas exagéré de dire qu'Anne Claire, aka Dactylo, est en passe de boxer dans cette catégorie. En partie responsable des soirées Flash Cocotte et Trou aux biches, elle a également relancé l'année der-

nière l'image un peu écornée du Social Club avec ses Jeudis OK. Fraîchement propulsée DA du Gibus, (on prend les paris que ce club sera l'un des plus courus de la capitale d'ici quelques mois), elle nous explique dans cet entretien sa vision du boulot. Rencontre avec une meuf pour qui le clubbing est un parti pris. 27


“ON ADORE LES CLUBS INSTITUTIONNELS, MAIS ON A SOUVENT LE DROIT DE NE RIEN Y FAIRE, TU SORS UN CHEWING-GUM DE TA POCHE, T'AS UN AGENT DE SÉCU AU CUL.” 28


J'ai toujours un peu de mal à savoir où tu en es au niveau de tes activités nocturnes, car tu es très prolixe. Là, on peut dire que ta grosse actu récente, c'est la reprise de la DA du Gibus, c'est bien ça ? Oui, j'ai commencé par faire les Jeudis OK là-bas de février à mai. Comme ça se passait bien, ils m'ont demandé de faire les vendredis, et les mecs qui faisaient le samedi se sont barrés, donc voilà, j'ai récupéré la DA un peu à l'arrache. J'ai pas mal de taf, notamment sur les samedis que j'avais pas prévu de reprendre, et dont la clientèle d'habitués est très « gay du Marais ». C'est un réseau que je ne maîtrise pas encore. Bref, je suis en train de me pencher sur tout ça, avec plusieurs axes à redresser comme l'accueil du public, l'image du club, et la prog'. Parle-nous des soirées Possession qui s'y déroulent mensuellement. C'est à l'initiative de Parfait, une Dj techno qui organisait avant les soirées Stéréotypes. Ça part du constat que dans les soirées « techno solide », on ne s'amuse pas tant que ça, en tout cas moins que chez nous. L'idée, c'était donc de mixer les soirées gays où l'on fait un peu ce que l'on veut à une musique techno plus « pointue », avec des têtes d'affiche que l'on peut retrouver au Rex ou ailleurs. On adore les clubs institutionnels, mais on a souvent le droit de ne rien y faire, tu sors un chewing-gum de ta poche, t'as un agent de sécu au cul. Et puis on est partis sur un format plus long, allant de minuit à midi. J'avais jamais fait vraiment d'afters, ça a super bien marché. On a fait aussi notre propre marque de poppers Possession qu'on vend 5 euros et on travaille avec la Horde, un collectif de chorégraphes. En septembre, ils nous ont fait une perf ' qui était une fausse arrestation : une troupe du GIGN a débarqué et ça a bien semé le trouble pendant le soirée, c'était intéressant.

C'est quoi le plus chiant quand tu fais de la DA ? Les autres. C'est quand je dois travailler avec des gens avec qui je ne suis pas d'accord et qui ne comprennent pas que leurs idées sont à chier. Parle-nous un peu du taf, finalement, peu de gens savent vraiment ce que ça veut dire être « DA de club ». La programmation des artistes, c'est la base. Si tu programmes des bons trucs, normalement t'as pas beaucoup de travail en com', parce que ça se fait tout seul. Ensuite, il y a la communication : les images que tu produis, les visus, le ton avec lequel tu t'adresses aux gens. Et puis il y a aussi l'accueil du public. J'ai vu des clubs qui avaient de très bonnes DA, mais quand t'y arrivais, les systématismes du staff foutaient tout en l'air. Ça a conduit certains lieux à leur perte. Quand t'arrives dans un club et qu'il y a un physio qui te dévisage de haut en bas, que la nana à l'accueil pleurniche, et qu'au vestiaire tu laisses 10 boules parce que t'as un gros sac et un casque de scooter, t'es pas arrivé sur le dancefloor que t'es déjà saoulé. T'as une politique particulière concernant tes physios ? Qu'ils aient une culture de la nuit, c'est bien, une culture tout court, c'est encore mieux. Sinon, pour moi, y'a pas de videur, y'a que des agents de sécurité. Ils sont là pour que tout se passe bien, et éviter que les gens abusent. Pour ce qui est de la sécu, moins j'en vois, mieux je me porte, en tout cas au Gibus, ils sont tous dehors. On connaît l'un de tes chevaux de bataille qui est celui de la mixité entre communautés queer/hétéros ouverts d'esprit. Cette volonté d'ouverture, 29


ça explique en partie ton « succès » actuel ? Encore une fois, le mot que je préfère est « équilibre ». Si j'ai un conseil à donner aux gens qui veulent faire ce taf, c'est de faire des soirées qui leur ressemblent. C'est un peu « con », mais ça doit partir d'une envie sincère. Après, ça doit aussi être en équilibre avec les tarifs. On a opté pour des prix hyper raisonnables quand tu les mets en relation avec les frais artistiques, ce qui fait qu'on s'y retrouve en faisant du volume. C'est du travail à long terme de se dire qu'on va peut-être pas gagner des milliers d'euros sur une soirée, mais on crée un rapport de confiance sur du long terme avec notre public. J'essaie de profiter de mon « succès » pour être en force auprès des patrons de club et imposer mon cahier des charges, dans la mesure du possible. Au Social, par exemple, il y avait un déficit de la qualité de l'accueil du public. Du coup, j'ai imposé de mettre mon staff à tous les postes d'accueil : physio, barman, vestiaire, et d'exiger aussi que les agents de sécu nous laissent tranquilles. Maintenant, je fais ça partout où je peux. Ce que je veux, c'est un staff humain qui n'applique pas des règles bêtement. On n'est pas des robots. Tes débuts dans la nuit, ils se sont passés comment ? La première fois que je suis sortie, c'était au Palace, j'avais 13 ans, c'était en 96. J'avais trouvé une pub dans Paris Boum Boum pour aller au Palace le lundi, et à l'époque je faisais le mur, parce que je n'avais pas le droit de sortir de chez moi. Voilà, ça a commencé comme ça, fallait bien que je sorte comme ça. Alors évidemment le Palace, un lundi soir en 96, on devait être 12 dans la salle. Quand j'étais au lycée, je sortais beaucoup mais je ne faisais pas trop de la merde, je trouvais ça assez sain mine de rien, assez sécurisant d'être 30

comme ça, dans des murs avec des gens qui se connaissent, qui rigolent et qui s'amusent ensemble. Voilà, ce qui me plaît dans la nuit, c'est que c'est rassurant. Tout d'un coup, tout le monde est vachement plus beau, on a éliminé tous les gens qu'on veut pas voir avec leur poussette... Même Paris, la nuit, c'est beau. Bon après, c'est vrai que je déplore qu'il n'y ait pas plus de trucs ouverts la nuit, contrairement à d'autres villes. Ce serait marrant d'ouvrir un espèce de mini-quartier sur 2-3 rues avec plein de commerces ouverts toute la nuit, où tu puisses trouver des pharmacies, des clopes, de la bouffe, des magasins de vinyles. La « tendance » au niveau des Dj's, ça va donner quoi cette année ? Y'a eu une grosse phase des producteurs superstars, à tort, parce que les producteurs n'étaient pas toujours « producteurs ». Toute cette tendance a été un cercle vicieux, et du coup, les Dj's sont devenus producteurs par obligation pour continuer à se développer dans leur carrière. Là, on revient plus vers des Dj's « à l'ancienne » qui ne font que ça, qui sont là pour faire découvrir de la musique, faire danser les gens et sentir un dancefloor. Tiens, c'est quoi tes dernières découvertes artistiques ? Brain magazine a programmé le mois dernier un artiste qui s'appelle Claude Violente. J'ai beaucoup aimé, j'espère pouvoir le programmer à une Trou aux biches. Il y a aussi Bonnie Banane. Après, il y a plein de Dj's comme Mike Servito ou Ali Escobar qui sont des Dj's américains qui tournent depuis longtemps dans les soirées gays new-yorkaises ou de Chicago, ou à San Francisco.


Flash Cocotte Halloween, le 31 octobre à l'Espace Pierre Cardin. Suivre l'actu du Gibus : facebook.com/gibusclub 31


PLAYLIST P

ERWAN FICHOU & THÉO MERCIER

MANSFIELD. TYA

Corpo Inferno, quatrième album du duo nantais Mansfield.TYA est tout simplement une franche réussite. Petit bijou aux inspirations musicales maîtrisées (cold wave, électro, répertoire classique), les personnalités de Julia Lanoë (chant, guitare, piano, batterie...) 32

et Carla Pallone (violon, piano, chant...) ont atteint leur maturité artistique au fil de ces 14 titres à écouter seul les jours de brume. L'une et l'autre nous ont fait part de leur playlist nocturne.


JULIA NINA SIMONE FEELING GOOD Parce que ça va pas bien justement. FAIRMONT HÔTEL DEAUVILLE J'aime l'entière discographie de Fairmont. C'est pratique, je peux sélectionner n'importe quel titre et être heureuse de l'entendre. Du coup, j'ai choisi ce morceau parce que cela me fait penser à Françoise Sagan. J'aurais bien voulu être une copine à elle. On aurait fait de belles fêtes ensemble. SHANNON WRIGHT YOU HURRY WONDER C'est ma chanson favorite de Shannon Wright. C'est une guitariste hors pair. KRENG WORKS FOR ABATTOIR FERMÉ / MYTHOBARBITAL Pepijn Caudron est un compositeur à l'univers flippant. Il mélange la musique électronique aux cordes avec l'esprit du Hell Fest. HELENA HAUFF SPUR Son dernier album est très beau. J'aimerais bien la rencontrer. Et la voir en live.

CARLA BRIGITTE FONTAINE & ARESKI BELKACEM L'ORAGE EST FINI Pour leur côté intemporel - ici presque un chant grégorien, venu d'autrefois, et d'ailleurs. Et pour l'écriture. J'aime beaucoup son livre : Portrait de l'artiste en déshabillé de soie. HILDUR GUDNADOTTIR OPAQUE En Islande, les noms sont composés du prénom du père + fils (son) ou fille (dottir). Hildur est donc - je suppose - la fille de Gudna. Violoncelliste de Mum - entre autres -, moi j'adore ses morceaux solo et leur rythmique impaire... J'aimerais beaucoup travailler avec elle. BEN FROST LEO NEEDS A NEW PAIR OF SHOES Justement, il a travaillé avec Hildur ! Rien que pour les loups, ça vaut le coup ! Vexée de l'avoir raté à Nantes hier, mais je travaillais sur la musique d'un film... BACH PARTITA BWV 1004 - CIACCONA PAR AMANDINE BEYER Le monument du violon - la chaconne pour violon seul de Bach - ici par Amandine Beyer au violon baroque. Je pleure (presque) à chaque fois. Elle jouait dernièrement la partita entière dans un magnifique spectacle (et dans le noir) de Anne Teresa De Keersmaeker. J'aimerais beaucoup travailler avec elle aussi ! LAURIE ANDERSON O SUPERMAN Violoniste aussi - mais dans un autre style. Pour la musique répétitive.

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ART T

MANON TROPPO ET PAUL OWEN BRIAUD

KIKI PICASSO — LA BOMBE HUMAINE Piratant le paysage culturel des années Giscard, une bande de trublions déboula un beau jour comme un chien fou dans un jeu de quilles. Le collectif Bazooka, qui embrassait les champs picturaux et médiatiques, explosa joyeusement en plein vol, à peine lancé. De

ces artistes débridés, Kiki Picasso passait pour le théoricien. Son histoire est celle de la contre-culture à la française, émergeant en parallèle à la contestation punk envers un ronflant gauchisme soixante-huitard mort dans l'oeuf. 35


Bazooka est né pour s'affranchir des carcans des structures établies. Vous avez atteint votre but ? Pas encore. L'ennemi est affaibli mais encore dominant. Si les admirateurs de Bazooka n'étaient pas devenus artistes de galerie, directeurs d'agences de pub, cadres d'institutions culturelles, chefs de produit de l'industrie du disque, responsables d'unités de programmes télévisés, nous aurions peut-être atteint notre but. Ce but était et est toujours d'augmenter jusqu'à l'outrance la sensibilité, voire la sensiblerie. Jusqu'à la cassure. Vous avez grandement participé à définir l'esthétique punk, et posé les bases de l'art vidéo des 80's. Vous vous doutiez de l'importance de ce que vous faisiez ? On connaissait l'histoire de l'art, elle nous fascinait. A faire semblant d'être un artiste, on finit par y croire. Bazooka Production mimait les avant-gardes par plaisir, pour exercer sa créativité, comme d'autres font du sport pour oublier le stress. Nous pensions qu'il était important d’être en veille sur les nouvelles idées, les nouveaux sons, et bien sûr les nouveaux outils. En arrivant sur les palettes électroniques en 80, c'était très excitant d'être parmi les premiers : j'avais l'impression d'être un cosmonaute qui découvre une planète extrêmement accueillante. Tu as passé le plus clair des années 80 à travailler sur des génériques télé pour rembourser les machines dans lesquelles tu avais investi. Tu as le sentiment que ça t'a empêché de saisir d'autres opportunités ? J'avais 16 000 000 de couleurs et je dessinais en temps réel. Mes ordinateurs étaient interdits à l'exportation dans les pays de l'est. Il parait qu'ils pouvaient calculer la trajectoire des missiles pour les téléguider avec plus de précision. Des copains me disaient d'essayer internet. Ils commençaient à jouer avec. Les 36

voir taper des petites phrase sur des microordinateurs à écrans verts pour les envoyer à travers les fils téléphoniques sur d'autres écrans verts ne m'a pas enthousiasmé et c'était une erreur. Tu as emprunté au comics et à la bande dessinée, au pop-art, à l'imagerie de propagande, à l'art brut, à Dada, au Bauhaus, à la figuration narrative, à la photographie… Toutes ces choses m'influencent, m'inspirent, me séduisent. J'aime le flux chaotique des images jusqu'à la noyade. Des plus mignonnes aux plus inacceptables. Il y a tellement de choses à regarder, copier, modifier. Je pense que tout est à nous, rien n'est à eux. Les lois qui protègent la propriétés intellectuelles représentent une grave atteinte à la liberté d'expression. Je revendique le droit de jouer avec les images, les sons et les idées qui m'entourent. L’accès illimité à la culture dans l'espace public et par internet est une priorité. L'électricité, les transports, l'alimentation, le logement et les loisirs devraient être gratuits. Tu as crée des codes qui appartiennent maintenant à une certaine institution, fut-elle une contre-institution… Je suis assez illuminé pour ne pas y penser. Je pratique le déni de réalité pour minimiser ce paradoxe. C'est un contresens de vous mettre sous cadre dans des galeries ? Ca peut être joli, comme les papillons épinglés dans une collection entomologique, mais on ne laisse aucune liberté dans ces lieux. Il faut surtout être un artiste rassurant, rester dans son enclos, sur son clou. Je pense de plus en plus de mal de l'art. Il porte en lui un ésotérisme élitiste qui m'inquiète. Il respecte trop la puissance, le génie, la perfection, la beauté, la valeur, l'unicité, le dépassement, l'efficacité. La date limite d'utilisation de l'art me semble


“A FAIRE SEMBLANT D'ÊTRE UN ARTISTE, ON FINIT PAR Y CROIRE.”

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dépassée depuis la fin de l'antiquité grecque. C'est très injuste, totalement immoral de pouvoir écrire, peindre, raconter ce que les autres s'interdisent d'exprimer. L'art deviendra vraiment agréable le jour où tous le monde prendra plaisir à en faire et se prendra pour un grand artiste. Tu dis que ce sont surtout les acides qui ont déterminé ta touche visuelle... Il est très important, pour ceux qui le désirent, de modifier leur conscience aussi régulièrement que vider le sac d'un l'aspirateur. Heureusement que de nombreuses professions ne sont pas soumises à un contrôle anti-dopage obligatoire. Je milite pour la dépénalisation de toutes les drogues. Il serait plus bénéfique de vivre la vie nocturne stimulés par des produits légalisés plutôt qu'avec des drogues frelatées achetées dans la clandestinité. Quelles frontières voudrais-tu encore bousculer ? Je voudrais supprimer toutes les frontières. C'est des dessinateurs qui les ont tracées. Comment peut-on donner du sens à ces lignes malveillantes, uniquement animées par un esprit conquérant et sécuritaire ? Le pire, c'est de voir que les gens semblent toujours prêts à défendre ces espaces. Je trouve, par exemple, qu'il n'y a aucune raison de laisser le bleu, le blanc et le rouge à ces cons de français. Sur ces points précis, j'ai du travail pour des années. Tu dis être un peintre du dimanche, et principalement un communicant. Comment t'es tu retrouvé au sein de l'équipe du Cirque Electrique ? Un jour, j'ai accroché des images dans le Cirque à la demande de la revue Hey! ; merci, Anne et Julien, les concepteurs de cette revue, de m'avoir permis de rencontrer autant d'activistes. C'est pratique d'être avec des gens prêts à tout, au moins, on sait par où commencer. D'abord j'ai filmé les spectacles en 3D, puis j'ai participé à la communication, à la décoration.

Je me prenais pour Toulouse-Lautrec au Moulin-Rouge, pour Degas croquant ses danseuses. Parfois, en étant le Monsieur Loyal d'un spectacle, je deviens vraiment le Désossé qui danse avec la Goulue. Je filme moins, je suis passé de l'autre coté du miroir. Pour début Novembre, je prépare un accrochage d'images sous le grand chapiteau, en laissant beaucoup de place aux acrobates, danseuses, musiciens et aux créatures électriques. Pendant deux semaines le Cirque deviendra lieu d'exposition, plateau de tournage, atelier de construction, et salle de répétition pour le filage de 4 spectacles de Cirques Laboratoires. Tu as dû pas mal bourlinguer la nuit à Paris. Y trouves-tu toujours ton compte ? Il se passe plein de choses intenses, partout, au point qu'il devient difficile de suivre. Il y a quand même une nouveauté qui m'irrite, c'est la présence des grands baraqués habillés en noir avec écrit SECURITE sur la poitrine et le dos. Elle est envahissante. Les militaires en sentinelle devant les sites sensibles sourient parfois, en gardant le doigt sur la gâchette. Pour l'heure, ils n'ont encore tiré sur personne. Par contre, les personnes qui protègent les lieux d'échange et de divertissements sont souvent odieux et parfois ils te cassent la gueule. Il n'y en a aucun au Cirque Electrique. Te vois-tu des héritiers ? J'en vois tous les jours, et ce ne sont pas que les miens. Ils sont de plus en plus nombreux à exiger la liberté. Etre au service de cette quête me stimule. J'aime être avec ceux qui mènent la paix sociale comme une guerre.

— Accrochage du 5 au 15 Novembre au Cirque Electrique Place du Maquis du Vercors 75018 www.cirque-electrique.fr www.unregardmoderne.com 39


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POINT DE VUE T+ P

MPK

L'ŒIL DE DAMIEN RACLOTDAULIAC S'il est désormais mondialement connu pour être le co-fondateur de Radiomarais et l'infatigable animateur du Bureau, « l'émission qui te donne les clefs de la capitale » tous les vendredis à 18h, Damien Raclot-Dauliac n'en cache pas moins une face clandestine et trouble qu'il révèle peu au grand public. Sous le blaze de Mister Bonus, celui-ci a en effet passé un bon paquet d'années à œuvrer pour la techno, cette musique qui nous a tous

irrémédiablement retourné la cervelle. Un engagement concrétisé entre autres par sa célèbre série de documentaires World Traveller Adventures, vidéos dans lesquelles il s'est barré en expédition avec les Spiral Tribes, Desert Storm ou encore Sound Conspiracy... Qui de mieux que cet activiste en béton armé pour faire un état des lieux de la culture techno actuelle à Paris, hein ?

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Toi qui es depuis un bout de temps dans le bordel, tu ne trouves pas qu'actuellement, l'on a rarement vu une telle effervescence dans le monde de la musique électronique ? Je rêve de faire une conférence avec des intellectuels, avec cette thématique : la techno ne serait-elle pas de droite ? Ce qui est incroyable, c'est que cette musique est devenue de la pop, dans le bon sens du terme. Ce que les jeunes ne peuvent pas savoir, c'est qu'il y a 20 ans, les gens qui écoutaient cette musique étaient perçus comme des séropositifs, des drogués ou des débiles... Aujourd'hui, c'est le business le plus florissant de l'industrie musicale et de l'industrie de nuit. En France, on comprend pas ça, mais oui, les orga' sont des entrepreneurs, ces gens payent des impôts et font quelque chose pour la ville. Quand je vois les mecs du Weather qui breakent tellement haut avant de gagner de l'argent et qui mettent leurs couilles sur la table, on est loin des gaz lacrymogènes des débuts (même si ça continue dans les free party). En tout cas, pour ceux qui sont dans les clous, la techno est vraiment devenue un business et limite une place à prendre. Oui, mais justement, toutes ces évolutions ne se font-elles pas au préjudice du fameux « esprit techno » ? En fait, on pourrait faire un parallèle avec l'époque de la free party : faut pas se perdre, faut faire attention. On a énormément perdu de gens dans la free party parce qu'on ne les a pas initiés à la liberté. Là, c'est autre chose, faut les initier au vice du consumérisme : la musique est encore là mais les valeurs libertaires et subversives qu'elle véhiculait au début se sont un peu délitées. Ce qui me fait chier aussi, c'est que l'on perd cette notion de mélange des genres, aujourd'hui, il y a limite une « house Rive Gauche»... La culture techno n'est-elle finalement qu'une culture hédoniste ? 42

Non, ça ne se limite pas à du pur hédonisme. Le problème avec la jeunesse actuelle, c'est qu'ils ont moins en moins de liberté, mais qu'ils s'en battent de plus en plus les couilles. Ils ne se battent pas du tout pour la notion de liberté. Après tout, c'est peut-être nous qui sommes à côté de la plaque, parce que nous nourrissons une passion qui va au-delà d'une réussite sociale avec ce mouvement. Quand des types me disent que la culture techno, c'est un échec, je leur réponds : on voulait pas de stars, y'en a pas eu, on voulait pas faire d'argent, on n'en a pas fait, on voulait pas penser à l'avenir, on n'a jamais rien calculé, on voulait pas être dans la société, on n'y est pas. Donc, tout ce que vous appelez un échec, pour nous ,c'est une réussite. Pour toi, on en est où sur l'apprentissage de la drogue ? Sur Radiomarais, j'ai fait une émission pendant deux ans qui s'appelait « D-Tox, l'émission qui te fait du bien, ce soir t'écoutes demain t'arrêtes », et je pense clairement qu'il faut arrêter d'être hypocrite. Il faut en parler, c'est ultra important. Ce n'est pas avec cette politique « moralisatrice » que l'on va arriver à faire à ce qu'il n'y ait plus d'accident, et surtout à éduquer cette jeune génération qui se drogue de plus en plus tôt. Moi, par exemple, j'ai pas vu un trait de coke avant mes 24 ans... Bon, j'exagère peut-être (rires). Le milieu électronique a souvent été apolitique. Ne penses-tu pas que ce manque d'engagement contribue au grand abrutissement des esprits ? A Radiomarais, on avait décidé de ne pas parler de politique et de religion, mais le problème, c'est qu'en faisant ça, on laisse le champ libre à des discours extrémistes et conservateurs. On a été complètement apolitiques et on n'a pas voulu pas se mouiller les mains, les autres le font à notre place. Aujourd'hui, il faut clairement revisiter notre manière de penser, se dire que l'on est un média, que ce soit par le biais de


la radio, ou encore individuellement, par une utilisation bien comprise des réseaux sociaux. Toi qui foisonnes d'idées, tu ne m'avais pas parlé d'un hypothétique projet de Techno Parade sur la Seine ? Ça fait 15 ans que je fais chier Technopol avec ça ! (sourire) Je considère qu'on s'est un peu perdus avec la Techno Parade, je trouve qu'elle n'a pas la résonance qu'elle devrait avoir parce qu'on a voulu copier la Love Parade, et qu'elle n'a aucune identité parisienne. Quand on a la Seine comme terrain de jeu, je ne vois pas pourquoi on n'utilise pas cette possibilité,

d'autant plus que les berges sont maintenant fermées. On pourrait vraiment avoir un vrai rayonnement international en mettant des belles péniches qui s'arrêteraient une demiheure. Le public n'aurait même plus besoin de bouger, il pourrait rester sur les ponts ou sur la Seine. Je suis en train de réfléchir à tout ça. Radiomarais prend le large l'été dernier a été en quelque sorte une répétition de tout cela.

— Retrouvez Damien tous les vendredis à 18h dans Le Bureau sur radiomarais.fm 43


44 Conception/réalisation : GANG. Merci à Vincent Kreyder et Adèle Colonna Cesari


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DIVAGATION T

SYDNEY VALETTE

VAKANSS CHEZ LÉ SCHLEUX Le 8 Août 4447, Chair Pôpô, Je spaire kte vas ben, Ayé célé vacanç! WOUHOUU. Vec un tipote, na cidé dpartir à Frankfürt en Allemagne de L’Ouest. Mon tipote , joué tennis vec lui kan jté tougoç, mé resté nami vec luy d’puy. Lé sympe, lé blon, vec chveu boukl, mé pa dgalèr, on sang ba les kouilly. Donk, nou voiçi à l’Arrêt-ô-Porc, pimpant é fré kom le rozé du mat1. Le Nazar faisan ben l’choz, jdésside deul suyvr dan la venture. Jcé vréman pa ckon va foutr à Frankfürt en plein mwa d’Houte…La dé zidées beuzarr ce pti d’blond… Fin bref! Nou vlà dan l’Navion, prè une put1 2 flopée d’heures à attendre dans l’hall. Alor ski é Dans l’hall po beuzouin dbouj du sièj, kar l’hall stransform directman en cabine de Navion… Pratik pour les glandes kon é… Allé hop, cé parti, pakça à foutr, 1-2-3 Dékeulaj !!! Sof ke…l’Navion d-kol pô :/, probèm teknik sa mèr la puth…Ra enkulé d’schleux, inkapabl de fer vol 1 put1 d’ Navion. Heureuz kon assembl Air Buse ché nou pfffiouuuuuu. Du cou, bah vlà, reste bloké dan cet vil de con: Salzburg mdr… Lor on spromène dan l’bourg, et on chersch une oberj d’jinesse, pour s’abrite 2 la Nuy k’ariv à Gran Pa, hou zenvelopan de ses grande hèles nwar. Kan toutakou, kan toutakou… halertee !!! Yalatak des 1diens !!! En plein miyeu de la notch, 1 pluy de flèsh thermo-guides sabbat sur la ville panikante, genty zom et dam 46

wazel décimez par millié, une nékatombe sang komune mesure, kizon jamé vu par le paçé. En néfé, depuy des sièkl, Salzbourg é en proi dé zatak du peupl irokwa niché sur sé kolines avwazinantes, ki chak plaine lune akompliss la venjansse ordonnée par leur Dyeu du Vent Glacé, en gyz de représaye aux torturations infligées à leur peuple ya désormais 7258 années. Mé en ce 8 août 4447, le Kar-Nage é sang précédent: du sang jykla juskà le Ciel Dazur, des cry abeuminabl sévaderent de leur bousch tordu par 1 douleur toride. Enfants jtés dan l’feuv, Fames violet dan la bou avant d’être zégorjé, homes d-kapite à la hache de gayr. Sots d’huile bouilla jtés du Ô des rempar… Dan la bataille, à mon gran dézaroy, je perdy mon cop1 jeu ne çé zou. Il fût surment jté kom les zotres par dssu le bastingaj, les kouilles coupées au cizo de gay-r… Lor, je déssida, et m’enfuisy dan lé colines du Fud, ver la Fwiss, rejwouindre Neuchatte, à kelk 700 lieue du poing où me trouv… Ainsi ko-manssa Le voyaj le plu long 2 mavi, peuplé d’embûsch hazardeuz. Plusieur fwa, je risky de meuh fer englouté par des sang-gliés en ko-l’air, par des zègl dévalant à toute berzingue le Ciel, me zieutant à traver le branschaj, pour me mangé la K-bosch. La nuy, je me construizé dé li de foujaire au kreu dé foré. Et Kan je me santé seul,alor, jimité le chan du Bibou, le Noizo 2 la Sajess. Ça me refouré 2 couraj. Mé là, cé djà une ôte histoir, é kil é temps de vous r’donner en paturaj à la Nuy.


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AGENDA

SAMEDI 3 OCTOBRE 00h Chez Moune Gratuit Happy Bday Mosco ! w/ Moscoman and friends, Disco Halal 18h Cabaret Sauvage 10 / 40€ Alter Paname #9 La Monstrueuse Parade w/ Lakuti, Vakula, Mike Huckaby, Victor Kiswell… DIMANCHE 4 OCTOBRE 06h Cabaret Sauvage 10€ Discomatin x Alter Paname w/ Jim Irie Saint-James, Théo Top, Mag Spencer VENDREDI 9 OCTOBRE 11h30 Le Batofar 10€ D.ko Records Live Sessions w/ Pieuvres (Live) Secret Value Orchestra, Mad Rey, Gabriel & Mud Deep 23h Bus Palladium La Bonbon Party au Bus Palladium SAMEDI 10 OCTOBRE 22h Commune Image 10€ After « Ma p’tite folie » w/ Evyl, Lazare, Romain Play, Benedetta 23h Djoon 5/10€ My Grooves w/ Opolopo, Afshin

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DIMANCHE 11 OCTOBRE 18h A la Folie Paris Sunday Club #2 w/ Rose et Rosé (RER) VENDREDI 16 OCTOBRE 14h l’Usine Fabrique D’évènements 20€ OTTO10 #7 w/ Benedikt Frey, Ata, Clara 3000, Romain Play, Pierre… 23h Bus Palladium La Bonbon Party au Bus Palladium MERCREDI 21 OCTOBRE 22h Chez Georges Gratuit Les Mercredi chez Georges w/ Flabaire, Larry Houl, Connétable… VENDREDI 30 OCTOBRE 11h30 Zig Zag Club 15€ 2manydjs w/ 2manydjs Marco Dos Santos, Romain Play 23h Bus Palladium La Bonbon Party au Bus Palladium SAMEDI 31 OCTOBRE 22h Badaboum On a 2 ans et on va fêter ça… Sauve la Date !


1 BON PLAN / JOUR LE MEILLEUR DE PARIS IN YOUR POCKET


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LE CLAN CAMPBELL.

L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ. À CONSOMMER AVEC MODÉRATION.


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