Octobre 2018 - n° 87 - www.lebonbon.fr
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L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR L A SANTÉ. À CONSOMMER AVEC MODÉR ATION.
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« Tu sais, j’ai essayé, j’ai vraiment essayé de la quitter. »
Il baisse les yeux en prenant une nouvelle gorgée de bière. Le pub londonien dans lequel sont installés les deux amis est chaleureux, avec des boiseries, une grande cheminée. « Franchement, ça n’a pas été simple. Au début elle me manquait terriblement. Puis, quand j’ai pensé l’avoir finalement oubliée, je l’ai revue. Et là, ça m’a pris aux tripes. Elle est si belle… Ses côtés intello, bobo et stressée, c’est ça qui m’avait fait partir, j’en pouvais plus moi, treize ans de vie commune, tu imagines ? Mais elle est tellement romantique, fougueuse, imprévisible… Ça m’a rattrapé. » L’autre se racle la gorge. « T’inquiète pas, je vois très bien ce que tu veux dire. Moi aussi j’ai essayé. - Ah, toi aussi ? - Oui, mais c’était il y a longtemps, avant toi… Je pensais avoir plus ou moins réussi, mais que dalle, à chaque fois que je la revois ça me file le bourdon, et je me demande pourquoi je l’ai laissée. - Pff… Je comprends. Pas facile, hein ? - Ah ça… Si j’avais su que ce serait aussi difficile de quitter Paris… » Coline de Silans
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Jacques de la Chaise Lucas Javelle République Studio Coralie Bariot Juliette Creiser Morgane Guiomar Pierre-Emmanuel Barré par Naïs Bessaih Alexandra Dumont Manon Merrien-Joly Pierig Leray Louis Haeffner Antoine Viger Dulien Serriere Florian Yebga Gaëtan Gabriele Fanny Lebizay Benjamin Alazard Lionel Ponsin Malik Simon Caroline Deshayes Fallon Hassaïni Natacha Colard Marianne Mosad Alvarez Maxime Laigre 15, rue du Delta 75009 Paris 510 580 301 00040 Imprimé en France
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Grand Blanc Quand la mélancolie prend son temps Nuit Blanche Le 6 octobre, Paris ne dormira pas The Pirouettes Jusqu’au bout de l’extrême limite MaMA Festival Du 17 au 19 octobre 9e et 18e Pierre-Emmanuel Barré Interview totalement barrée Cinéma Tchitcha Les sorties du mois Pierig Leray 8IGB Community Clothing Les tendances décriptées par Manon Shelmi et Kija, la pop anti-système Karen Paulina Biswell Une nuit chaude à Nagoya Antoine de Caunes Itw rapido
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UNE Å’UVRE DE SAMUEL TRENQUIER
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le 6 octobre 2018 2018
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① DÉCOLLAGE IMMINENT Connais-tu notre petit dernier, le Bonbon Travel ? Depuis maintenant quelques mois, on te donne les bons plans voyage, on décrypte avec toi les tendances du moment et on te raconte nos plus belles aventures, entre pépites cachées et grands espaces. L’heure est donc venue de célébrer ce voyage ensemble dans l’ancienne friche ferroviaire du Hasard Ludique. Au programme, ateliers, conférences, expos, animations, vente de plantes et Dj set by Mawimbi ! Le Bonbon Travel, Launch Party @ Hasard Ludique Samedi 06 octobre
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② VIVE L’ÉTAT DE FÊTE ! Quand 16 collectifs électroniques se rassemblent pendant deux jours pour proclamer l’état de fête permanent, le tout dans un décor post-industriel, on ne peut que saluer l’initiative ! Les mélomanes seront servis, du disco à la psytrance en passant par la techno et le dub grâce aux différents crews : Rose & Rosée, Paris Dub Session, Oréades, Camion Bazar… Le plus dur sera donc de choisir ! Entente Nocturne Festival 2018 @ Killowatt Vendredi 12 & samedi 13 octobre ③ UN AIR DE DÜSSELDORF Sprechen Sie Deutsch ? Ja Wohl ! En fait, nul besoin de parler allemand pour se laisser bercer par la douce vague déferlant tout droit du Salon des Amateurs ! Lena Willikens & Vladimir Ivkovic viendront inonder la barge de leur culture musicale pointue et éclectique, tandis que Nicolas Lutz nous délectera de ses disques toujours plus rares. Un plateau 3 étoiles ! Lena Willikens & Vladimir Ivkovic, Nicolas Lutz @ Concrete Samedi 27 octobre
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Grand Blanc Quand la mélancolie prend son temps
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Après un premier album rentre-dedans, bien foutu mais un peu gueulard, Grand Blanc a pris le temps avec son Image au mur bien plus écrit, inspiré en grande partie de sa tournée mondiale. 8 Ils sont cool, ont la peau douce, le regard naif d’une bande de potes à l’espoir inconscient, et pourtant, les textes résonnent comme désemparés, d’une tristesse inquiétante, baignant déjà dans la nostalgie d’une vie qu’ils ont à peine manœuvrée. C’est beau mais ça fout les boules, ça sonne le creux d’une vague générationnelle paumée dans ses idées noires, mais toujours prête à niquer comme un puceau érectile. C’est pas loin de se péter la gueule, sur un fil électrisant, mais Grand Blanc, équilibriste de talent, joue la fanfare d’une pop froide et désemparante. Rencontre avec toute la bande (Ben, Camille, Vincent et Luc) dans un troquet du 19e, entre couscous et café-crème.
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Le Bonbon. Image au mur sort aujourd’hui (le 14 septembre). Comment vous sentez-vous à la sortie de ce second album ? Grand Blanc. Super bien. Ce n’est plus le moment d’avoir de l’appréhension, maintenant c’est juste de l’excitation. Ça a été un long travail, énormément d’investissement personnel avec comme principal objectif de se préserver et de prendre soin les uns des autres, en mode hippie.
tout devait aller vite, on l’a bouclé en 6 mois avec 10 chansons. La genèse du second est bien différente : on s’est mis au vert pendant 1 mois dans une maison de campagne avec 30 maquettes, on en a bossé 17, masterisé 15 et finalement sorti 12. Le premier était chargé, saturé. Le second est en effet plus posé. Après, on compose tous les 4, ça fait 4 fois plus de cerveaux et de références, ce qui rend nos titres plein d’ambivalences, et ça, ça n’a pas changé depuis le premier album.
L.B.
L.B. Dans Rivière, on découvre une vision pessimiste, no future, opposée à un regard presque enfantin et rêveur. Cela nous renvoie à Catastrophe et cette génération de trentenaires désabusés : est-ce que vous vous retrouvez là-dedans ? G.B. Rivière est une pop song où
Le premier album était violent, venant des tripes, comme si vous deviez tout lâcher et prouver. Celui-ci est bien plus écrit, plus distant, était-ce un choix conscient ? G.B. Oui, notre principale volonté était de prendre notre temps et ça se ressent dans l’album. Avec le premier,
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l’ambivalence de l’écriture marque notre musique. On aime jouer sur l’ambiguïté, « Delta les bras-ouverts », tu n’es pas loin de l’automutilation, et pourtant c’est aussi un appel à l’ouverture et à la vie. Oui, les voix du refrain sont désincarnées, distantes, mais elles résonnent dans une sonorité pop plus sucrée. Plus qu’un regard désabusé, l’histoire de ce texte, c’est la période des inondations en France. Ça nous a profondément marqués. Mais oui, nous sommes des gens profondément mélancoliques. Ça peut être vu comme un refuge de parler de mélancolie, mais pour nous c’est un moteur ; tirer de l’ennui et de la mélancolie quelque chose de beau. L.B.
La tournée a été le moteur principal de ce second album. Notamment avec vos textes sur Los Angeles et Hong Kong ?
G.B. La tournée nous a marqués. Tu es partout sans être nulle part. Les mêmes arbres défilent à travers la vitre du van, tu joues dans des salles identiques. Tu attends beaucoup, les temps morts se multiplient. Et tout cela s’entrecoupe de moments hyper puissants en live ou dans l’intimité : tout se mélange. Tu es loin de tes proches, le monde vit sans toi, c’est dur, et puis si fort ensuite lorsque les images ressortent, les sensations, le désir. La différence entre un fantasme du voyage et le voyage en lui-même est mince. C’est le propos de Los Angeles, ce le lieu qui n’existe pas. C’est un fantasme plutôt qu’un lieu réel. Chez Lynch, il y a cette angoisse californienne du trop beau pour être vrai, en attendant la mort engloutie par la mer. La logique d’un peuple de conquérants arrivant à ses limites.
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“Les questions sont toujours bien plus intéressantes. Et d’ailleurs, si on avait les réponses, on ferait de la politique.”
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Plus que Lynch, votre musique me rappelle Richard Kelly et son Donnie Darko mais surtout Southland Tales et cette fameuse dépravation de l’image à Los Angeles. À quel point le cinéma vous influence-t-il ? G.B. Énormément. Même sur le premier album, Surprise Party, c’était du Carpenter. On aime surtout contextualiser la musique quand on la crée, s’imaginer des endroits virtuels où se déroulent nos morceaux. Ailleurs est directement influencé par un esprit ballroom de fin de promo américaine à la Carrie au bal du diable. Vincent et Camille ont déjà composé la musique d’un court-métrage dans un film de SF ambiance Nouvelle Vague, et ça nous a vraiment influencés.
L.B.
Votre titre Belleville est le tube de l’album, quelle est votre relation avec ce quartier ? G.B. Le texte n’est pas descriptif. On n’est pas là pour faire la promo d’un quartier cool, c’est juste tout proche de notre studio, on voit des gens différents, des gens vivants, un mélange de genres. On s’en fout de l’aspect gentrification. On n’y habite pas, c’est juste un lieu qui fait du bien. Pour aller plus loin dans la genèse du titre, c’est un projet avec la Maison de la Poésie et une création unique sur le thème de la ville. On s’est inspirés du bouquin de Jacques Ellul Sans feu ni lieu, qui a travaillé sur le lien entre religion et urbanisme, la tradition spirituelle sur la ville. C’est ressorti dans Belleville avec de nombreuses références bibliques cachées.
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L.B.
On finit avec le titre Des gens biens : est-ce que vous êtes sûrs de vouloir l’être, si ça veut encore dire quelque chose ? G.B. La chanson pose la question, on n’a pas la réponse. Les questions sont toujours bien plus intéressantes. Et d’ailleurs, si on avait les réponses, on ferait de la politique. Même si le parti Grand Blanc, ça sonne quand même vachement extrême droite. Merde. Grand Blanc — Image au mur label Entreprise
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Le 6 octobre, Paris ne dormira pas. Des Invalides à la Porte Dorée, Nuit Blanche, orchestrée par le directeur artistique de cette édition 2018 Gaël Charbau, gardera éveillés ses aventuriers à chaque coin de rue. Avec plus d’une centaine de rendezvous artistiques dans la ville, on ne va pas se mentir, vous n’aurez probablement pas le temps de tout faire. Les plus courageux déambuleront, les étoiles comme seul guide. Les plus organisés auront leur circuit tout tracé. On pense alors aux têtes en l’air, qui n’auront pas encore décidé de leur programme pour la nuit, prêts à saisir la première occasion venue. Pas de panique, on a une solution de secours pour vous. Suivez le guide. La RATP laissera ouverte sa ligne 1 toute la nuit de Champs-Élysées à Château de Vincennes. Du coup, première étape : on sort du métro, et on longe le Super kilomètre où rubans, food trucks et activités sportives se placent tout le long de l’avenue Winston-Churchill jusqu’au cœur de l’esplanade des Invalides. Il faut ensuite s’enfoncer au sous-sol de l’esplanade. Ici-bas, un tunnel crée une promenade unique d’environ huit minutes de l’obscurité jusqu’au soleil, en musique. De retour sur la terre ferme, un spectacle au sommet du mont Physis, érigé par le collectif Scale, mêle expérience visuelle et musique électronique au milieu de l’esplanade.
Prochaine étape : l’île Saint-Louis, isolée de la circulation, mais aussi du reste de la ville. Les artistes Edgar Sarin et Mateo Revillo imaginent le vieux quartier en véritable sculpture rattachée par ses ponts – un monument érigé par une chaîne parfaite des acteurs quotidiens de l’île. En son cœur, un marché noir fictif mis en place par le Laboratoire urbain d’interventions temporaires vous fait négocier vos rêves et désirs, comme troquer un premier amour jamais trouvé contre un chat affectueux.
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Il faudra ensuite remonter à la Villette, où la Géode sera la pièce maîtresse de TremensS, artiste ingénieur. Il l’habille en lumière et en musique avec son œuvre Wardenclyffe. Si la musique classique fait partie de votre registre, la Philharmonie vous attend pour cinq marathons musicaux aux airs de Debussy et Satie. Plus bas, au Trabendo, une scénographie sombre décore la soirée Matière Noire #02, sur fond de musique techno. Pour le final, on file au parc zoologique de Paris, investi pour la première fois par Nuit Blanche. Là-bas, Philippe Quesne et Laurent Le Deunff nous invitent à déambuler jusqu’au cœur du grand rocher. Dans une installation sonore et lumineuse, le voyage a des allures de science-fiction, avant de nous plonger dans nos souvenirs de télévision d’antan. Enfin, retour à la case départ pour ceux qui en redemandent ; certaines rencontres et l’ambiance générale ne finissent jamais avant 7h du matin… Nuit Blanche Organisée par la Ville de Paris Samedi 6 octobre 2018 De 19h à 7h Toutes les infos sur : nuitblanche.paris
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Abdelkader Benchamman, Neither the sky nor the earth - Biennale de Sharjah 2017 © Galerie du jour agnès b. et Isabelle Van Den Eynde
The Pirouettes T E X T E P H O T O S
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ExtrĂŞme Limite
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Léo et Vickie ont planté le décor de leur deuxième album dans la ville de Monopolis, une ville-monde 15 imaginée par Michel Berger pour la comédie musicale Starmania. Un hommage à leur idole qui ne cède pas à la réalisation d’un album-concept. The Pirouettes, qui se fantasme en duo mythique des eighties, n’en avait ni l’envie, ni le temps. En cette rentrée, où les sorties de disques rivalisent d’intérêt, et où leurs interprètes sont de plus en plus nombreux, l’heure est à la dispute. Créer vite et bien pour ne pas tomber dans l’oubli semble relever de l’injonction. C’est en tout cas l’une des contingences avec lesquelles le duo français a composé son nouvel album. On a parlé brièveté du succès, starsystem et Maître Gims.
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Le Bonbon Quelle était votre ambition avec ce deuxième album ? Léo On n’avait pas envie de laisser passer trop de temps avant la sortie du deuxième album et c’est la raison pour laquelle on a fait appel à des compositeurs extérieurs (Vaati, Lewis of Man, Dodi El Sherbini, Krampf, ndlr). Pour aller vite ! On avait aussi envie de créer un univers, que ce ne soit pas une reproduction du premier qui était très centré sur nous-mêmes et qui n’allait pas plus loin que ça. On a pensé à Starmania et piqué l’idée de Monopolis à Michel Berger. L.B.
Pourtant ce n’est ni un conceptalbum ni une comédie musicale, pourquoi l’avoir évité ? Vickie L’idée, c’était de contextualiser les chansons dans la ville de Monopolis, pas dans Starmania. C’est une ville unique, moderne, dans laquelle on croise différents personnages, fictifs ou réels, jeunes comme nous. C’est très large comme concept donc on pouvait y mettre ce qu’on voulait (sourire). L. Je n’ai aucun problème à dire que c’est un concept de façade. La vérité, c’est qu’on n’a jamais vu d’images de Starmania – elles sont rares, du coup on ne sait pas comment ils avaient représenté Monopolis dans la première version du spectacle. Par contre, on sait qu’ils s’étaient inspirés de Montréal, et il se trouve qu’on y a joué pour la dernière date de la tournée. C’était plus un emprunt symbolique. La plupart des morceaux étaient déjà écrits quand on a composé le très narratif Medina qui nous a mis sur la voie d’un album-concept, sauf qu’on n’avait pas les moyens de le réaliser… Il aurait fallu qu’on ait plus de temps, qu’on se creuse la tête davantage… V. C’est difficile de créer une
histoire dans chaque chanson qui puisse s’inscrire dans une histoire globale. On ne saurait pas comment faire… L.B.
Le temps semble jouer contre vous. Vous isoler plus longtemps représentait un risque ? Qu’on vous oublie ? V. La période d’écriture, d’enregistrement de Monopolis était plus courte que pour le premier album, mais plus intense. Depuis un an, on ne fait que ça. On n’en peut plus ! On a envie de faire des concerts. L. On avait aussi le sentiment de ne pas avoir réussi à transformer l’essai sur le premier album, de ne pas être devenus assez connus pour prendre la liberté de s’isoler pendant 5 ans. V. Ça représentait un risque dans le contexte actuel. Il y a tellement de groupes et tellement de sorties. Quand tu as le luxe de pouvoir t’absenter c’est super, mais ce n’était pas notre cas. L. Les réseaux sociaux sont en partie responsables. On doit être au niveau du rythme de production des autres groupes. Et puis, on a le temps pour faire l’album mythique, très soigné, très travaillé ! Celui-là est bien déjà (sourire).
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L.B. Quels ont été vos choix de production pour cet album ? V. On nous a beaucoup associés aux années 80, mais on a fait l’effort de s’en éloigner. On voulait un son propre à nous, qu’on nous reconnaisse, et ça passe essentiellement par nos deux voix. L. La musique qu’on écoute a évolué et ça se ressent. Y’a des morceaux comme Tu peux compter sur moi par exemple où le flow est inspiré du r’n’b. V. On admire les gens qui savent faire des méga-hits, comme Maître Gims. Sur l’album, il y a une chanson qui s’appelle Ça ira ça ira avec laquelle
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“On adore Maître Gims, même si certains considèrent que c’est le mal absolu.”
un phénomène marginal pour vous ? V. La pop en général n’est pas considérée comme quelque chose de super profond. On décrit nos sentiments, sans faire de la fausse poésie, le plus sincèrement possible. Medina est sans doute notre plus belle prise de risque. C’est un conte à la Aladin qui décrit une histoire d’amour de classe. L. C’est notre chanson sociale ! On adorerait écrire des chansons engagées comme le faisait Daniel Balavoine mais pour l’instant, on se contente de ce qu’on sait faire… On est vraiment des feignasses (sourire).
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on est allés un peu loin, sans se poser de limite de bon goût. C’est Vaati qui a composé l’instru. Quand on l’a entendue pour la première fois, on s’est dit qu’on tenait un tube. On n’avait plus qu’à trouver des paroles et une mélodie de voix encore plus efficaces qui donnent des good vibes. C’était le défi de cette chanson ! L. On adore Maître Gims, même si certains considèrent que c’est le mal absolu. Il y a un travail incroyable sur les mélodies, et surtout, il peut tout chanter. D’ailleurs, on a essayé de reprendre un de ses titres, mais sans sa voix, ça perdait de sa valeur (sourire). L.B. Vous souffrez d’un manque de reconnaissance. Vos textes sont souvent qualifiés de gnan-gnan ou d’anodins. Qu’est-ce qui échappe à ceux qui vous critiquent ? La variété engagée, militante, est-elle
L.B. Il y a un mélange de sensibilité et de kitsch dans votre musique, à l’image de votre nouvelle pochette d’album avec son côté serviette de plage un peu honteuse… V. (Rires) J’aimerais tellement ! Ce serait bien absurde. J’avais envie de m’amuser avec cette pochette, sans rien m’interdire, pas même le côté mégalo. Deux amoureux, dans une position super intime, surplombent la ville de Monopolis où il se passe 1 000 choses. Eux, ils continuent de rêver.
L.B. Vous aviez l’envie de désintimiser votre propos, sauf qu’on vous retrouve dans toutes les chansons de l’album. Vous êtes-vous déjà posé la question de l’exhibition ? Notamment sur Tu peux compter sur moi, où il est question de l’envie d’aller voir ailleurs quand on est en couple. V. C’est la plus intime de l’album. L. Il y a eu plein de moments gênants autour de ce texte, comme la première fois où je l’ai chantée à Lewis (of Man, ndlr), qui a signé l’instru. Même si on a hésité à sortir ce morceau, on
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l’assume de plus en plus. Au fond, même quand on parle d’autres personnes, c’est très lié à nos expériences personnelles. V : Ça fait du bien de transformer ce qu’on vit en chanson, ça rassure, et concernant cette chanson, elle nous a aidés à aborder le sujet plus facilement. Parce que tu es obligé de choisir tes mots de façon intelligente, et ça rend l’histoire plus belle (rires).
L. Ce qui nous met en colère, ce sont les journalistes qui ne veulent pas parler de nous ou les radios qui ne veulent pas nous playlister (sourire). C’est notre côté insolent, égo-trip ! V. Sauf qu’on se casse la gueule (rires). La conclusion de cette chanson, c’est que rien ne dure, la gloire est éphémère. C’est toujours latent dans nos chansons.
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Mettre en scène votre histoire d’amour, c’est votre côté people, star-system ? V & L Carrément ! On adorerait se retrouver en couv’ de Paris Match (rires). C’est ce qu’on aime aussi chez d’autres artistes : entrer dans leur intimité et en savoir plus sur eux. L.B.
Ce n’est pas un album de sciencefiction, pourtant, la pochette, le débit robotique et les clips disent le contraire… L. Oui, c’est une vraie influence pour nous et le réalisateur de nos clips, Kevin Elamrani-Lince (Alkpote, Hyacinthe, OK Lou). On est fascinés par les films de Paul Verhoeven, Total Recall et Robocop. Alien de Ridley Scott, c’est un classique ! Cette esthétique SF, on la retrouve vraiment sur le dernier morceau de l’album Héros de la ville. V. On va faire un clip en animationmanga. Ça va être bien futur ! Léo est fan de Dragon Ball (rires). Le film d’animation Your Name (de Makoto Shinkai, ndlr), qu’on a vu l’année dernière, nous a pas mal inspirés aussi j’ai l’impression. C’est l’histoire de deux personnes qui échangent leurs corps sans le savoir, c’est vraiment trop beau. L.B. V.
Sur ce morceau, vous réglez vos comptes ? Oui, avec le business et la société.
Vickie, tu n’avais jamais fait de musique avant The Pirouettes, tu es complètement à l’aise avec ton statut d’artiste aujourd’hui ? V. Je me suis longtemps sentie illégitime par rapport à Léo qui faisait déjà de la musique quand on s’est rencontrés, mais je ne suis plus aussi timide qu’avant ! L. Par contre, elle refuse de prendre la parole au micro pendant les concerts. Pourtant, je suis certain que les gens aimeraient l’entendre… V. On verra…
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Comment appréhendez-vous votre retour sur scène ? L. Les salles dans lesquelles on va jouer vont s’agrandir, et c’est un enjeu de les remplir ! Pour l’instant, ça se passe plutôt bien, l’Olympia est presque complet (sourire). La scène, on l’appréhende avec plus d’envie qu’à nos débuts. Parce qu’on est quatre et qu’on peut jouer un truc puissant ! On aura une belle scénographie avec un écran LED derrière nous. On pourra même monter au-dessus pour faire des petites chorés et proposer des happenings (sourire). The Pirouettes — Monopolis (Kidderminster Records) En concert à l’Olympia de Paris le 29 novembre
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Bongeziwe Mabandla par Kent Andreasen
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Pigalle et ses animations nocturnes, ses couleurs, ses boutiques… La nuit toujours animée, elle continue d’attirer ses fidèles, dans les bars, les boîtes de nuit et autres rendez-vous nocturnes. Et si vous trouviez Pigalle trop fréquentée, ça ne risque pas de s’améliorer le 17 octobre. Le MaMA Festival se réinstalle dans les 9e et 18e arrondissements de Paris et réquisitionne tous leurs lieux de fête. Musique, musique et encore musique, pour tous les goûts. Et voici notre petite sélection des artistes à ne pas manquer lors de ces trois jours de célébration sauvage. Obia Le Chef On connaissait Paris, on connaissait le 92, le 93, Marseille, et plus récemment Bruxelles et le 1630. Mais qui a entendu parler de la scène rap montréalaise ? Obia Le Chef en est l’un des fiers représentants, et perce peu à peu sur nos ondes. Aidé par des figures actuelles européennes comme Caballero & JeanJass, le jeune rappeur est déjà prêt à conquérir notre vieux continent. David Assaraf Véritable poète moderne, David Assaraf nous rappelle Alain Bashung et Claude Nougaro, avec une pointe de sensibilité à la Mathieu Chedid – artiste avec lequel il a déjà collaboré. Auteur, compositeur, interprète, David entonnera son spleen, que l’on entendait déjà sur son EP. En espérant entendre les prémices d’un premier album prévu pour début 2019. Faraj Suleiman Un piano, une prose rythmée par le classique, le jazz et la soul. Et des instruments traditionnels. Faraj Suleiman revisite les codes de la musique orientale en y ajoutant son doigté et sa culture musicale occidentale. Le résultat ? Une véritable balade moderne dans le désert de Palestine, en toute intimité.
Bongeziwe Mabandla Après l’Orient, l’Afrique. Tout au sud, où nous attend Bongeziwe Mabandla dans les quartiers de son enfance. Là-bas, le gqom et le kwaito ont bercé ses premiers jours. De sa douce voix, il reprend les intonations des chants traditionnels et les ajoute à une mélodie à la fois électronique et berçante, comme sur son dernier album Mangaliso. Voyage. AMMAR 808 Plus au nord du continent, Maghreb United rallie les nations arabes de la Méditerranée. Son unique secret de fabrication : une boîte à rythme TR-808, ajoutée aux chants et mélodies folkloriques du Maghreb. L’artiste invite ainsi les gnaouas et autres tribus nomades à se produire en club. Une chose est sûre : tout le monde danse.
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Zamdane Il aurait pu faire du rap en racontant l’histoire des cités, de la bicrave et des galères. Mais Zamdane a grandi au Maroc, fait partie de la génération Y. Hissé par YouTube au top des tendances depuis sa nouvelle ville Marseille, il conquiert peu à peu les réseaux avec ses textes humbles et habiles contant ses états seconds, ses états d’âme, plein des références pop culture de son enfance… MaMA Festival 120 Concerts – 10 salles 3 jours – 1 quartier Pass 1 jour à partir de 18€ / Pass 3 jours à partir de 45€ Toutes les infos sur : mamafestival.com Du 17 au 19 octobre — 9e et 18e
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PierreEmmanuel Barré N ° 8 7
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25 Depuis ses spectacles Sale con, La fabuleuse histoire du monde racontée aux fils de pute et ses chroniques régulières à France Inter, Canal et France 2, Pierre-Emmanuel Barré décape au vitriol les salles de spectacle encrassées par l’humour politiquement correct. Si son Nouveau Spectacle est déjà complet au Trianon, vous pourrez peut-être choper vos places au Grand Rex pour la dernière le 25 mai prochain.
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L.B.
Y’a une chronique ou un sketch que tu regrettes ? PE.B. Oui. Ma chronique : “J’ai testé pour vous” consacrée au sida.
orientation sexuelle ou son genre. C’est un peu déplacé comme question, je me demande si t’es pas une cisgenre hétéronormée catho nazie.
L.B.
L.B. Ton dernier bide ? PE.B. Ma réponse à ta dernière question.
Tu as commencé par étudier la biologie avant de finalement changer d’avis. Y’a des points communs entre l’humour et la bio ? PE.B. Bien sûr, l’humour et la bio ont plein de points communs, déja, ce sont tous les deux des mots, ils sont tous les deux dans le dictionnaire, et l’un comme l’autre, on peut les utiliser dans des phrases. Et les phrases, c’est pratique, on peut les utiliser pour poser une question à des gens, comme par exemple : « Tu as commencé par étudier la biologie avant de finalement changer d’avis. Y’a des points communs entre l’humour et la bio ? » L.B.
Qu’est-ce qu’il y a de plus barré chez Pierre-Emmanuel ? PE.B. Pourquoi refusez-vous de répondre à ma question ? Vous n’aimez pas les mots ? L.B.
Un thème que tu n’aborderas jamais dans un de tes spectacles ? PE.B. L’humour. Je trouve ça terriblement vulgaire. Chacun de mes textes est étudié pour être le moins drôle possible, c’est une performance difficile, mais heureusement, je peux compter sur l’aide précieuse de mon co-auteur, Christian Clavier. J’ai fait un grand casting pour le trouver, j’ai mis des annonces partout : “Pour poste de gens pas drôles, cherche Christian Clavier ou une femme”. L.B. Ta dernière nuit blanche ? PE.B. Excuse-moi de te reprendre, mais je trouve ça hyper réac’ de raciser les périodes de la journée, la nuit, c’est la nuit, peut importe sa couleur, son
L.B.
Tu as dit que « les Belges et les Lillois sont un public génial ». T’es fâché avec les Parisiens ? PE.B. Non, j’aime tout le monde à part les gens qui disent “je te l’avais dit” quand il t’arrive un malheur. Je pense qu’il faut les inscrire dans un fichier, leur faire porter un signe distinctif, les enfermer dans des grands camps et les gazer. Je pense que si Hitler avait décidé de génocider les gens qui disent “je te l’avais dit”, il aurait moins mauvaise presse aujourd’hui.
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L.B. Après Sale con et La fabuleuse histoire du monde racontée aux fils de pute, t’es devenu un chic type ? qu’est-ce qui s’est passé ? PE.B. Une histoire de fous, les gens ont commencé à venir me voir en spectacle. Du coup, j’ai dû bousculer la mise en scène, tout le sketch sur le type qui naît avec un nem vapeur à la place de l’intestin grêle a dû sauter. Christian Clavier était dévasté, c’était son idée. L.B.
Il y aura quoi de nouveau dans ton Nouveau spectacle ? PE.B. Le dossier de presse a été beaucoup retravaillé, il y a des images, c’est plus “punchy” pour les professionnels.
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NYOKOBOP
Deux mois de musiques hybrides et métissées
DU 18 OCT. AU 15 DÉC.
CHANCHA VIA CIRCUITO IMARHAN 10LEC6 • UJI GHETTO KUMBÉ PHOENICIAN DRIVE PONGO GQOM NIGHT
MALCA MONTOYA TURFU QUINZE QUINZE TITO CANDELA KO SHIN MOON SAHARA ... #concerts #projections #conférences
lehasardludique.paris 128 av de Saint-Ouen Paris 18ème
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L.B.
Comment tu as écrit ce nouveau spectacle ? Toujours avec Arsen ? Oui, d’ailleurs, il m’a dit de vous dire qu’il était désolé pour le spectacle d’avant, il était pas au top. L.B.
La personne qui te fait le plus marrer en ce moment ? PE.B. Les gens avec un bec de lièvre. L.B.
Tu es apolitique, tu l’as dit plusieurs fois. Par contre tu luttes pour le règne animal si on en croit la vidéo mise en ligne par L214… PE.B. Je leur ai demandé de ne pas diffuser cette vidéo, je n’étais pas dans mon état normal et le poney était consentant. L’enquête suit son cours, laissez la justice faire son travail. L.B.
Un peu comme Johnny même après sa mort, ton spectacle affiche complet. Une personnalité que tu aimerais voir ressusciter ? PE.B. Anne Roumanoff. L.B. Tu t’es déjà censuré ? PE.B. Oui, une fois, avec un copain à l’internat, il était tard, la lumière était tamisée, il était nu… Attendez, vous avez dit « sucer un pote » ou « censuré » ? L.B.
Quelle place pour l’écriture dans ta vie ? PE.B. Je suis passionné par l’écriture, j’écris tout le temps, cet été on a beaucoup joué à la belote, c’est tout le temps moi qui écrivais les scores. L.B. Qu’est-ce qui ne te fait pas rire ? PE.B. Les gens qui font caca dans leur main et qui te l’écrasent sur le visage. Sérieux, c’est relou, arrêtez.
L.B.
Ce personnage gueulard qui sort des blagues salaces, c’est vraiment toi ? Si non, quels points communs tu as avec lui ? PE.B. Non, c’est Gérard Larcher ! Eh, ça va aller les compliments ? « Venez parler dans notre magazine, on va bien vendre votre spectacle, on va dire que vous êtes gueulard et salace. » J’étais pas obligé de vous répondre, hein ! Je vous signale que j’ai refusé la cinquième de couv’ d’Okapi pour être ici. Heureusement que Christian Clavier a pu me remplacer au pied levé. L.B.
Si tu devais expliquer la société d’aujourd’hui à ton moi futur en une phrase ? PE.B. Excusez-moi, mais ça va durer longtemps ces questions ? L.B.
Quand tu étais jeune, pour décrocher des cachets, tu faisais de la pub pour Grimbergen déguisé en moine. T’aurais fait quoi si t’avais pas été humoriste ? PE.B. J’aurais fait de la pub pour Grimbergen déguisé en moine. Qu’est-ce que c’est que ces questions avec la réponse dedans ? Y’a pas de challenge, demandez-moi la capitale du Zimbabwé.
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L.B. Tes projets futurs ? PE.B. Cesser de répondre à ces questions, c’est une interview interminable, personne ne la lira jusqu’à la fin. D’ailleurs, plus personne ne nous lit. Poil. Bite. Macron enculé. Pierre-Emmanuel Barré Nouveau Spectacle Au Trianon les 12 et 13 octobre
C I N É M A P A R
P I E R I G
L E R A Y
Cinéma
Le Fanfaron de Dino Risi (version restaurée) Sortie le 3 octobre 5/5 Petite digression éditoriale pour glisser un mot d’un des plus beaux films du cinéma italien, Le Fanfaron signe son retour au cinéma en version restaurée, et c’est la musique de Peppino di Capri qui résonne sur une plage bondée de Toscane en été, la jeunesse à col blanc de JeanLouis Trintignant pris dans un tourbillon de vie et le plaisir éphèmère d’un road trip vertigineux. Vittorio Gassman y joue son plus beau personnage, cette grande gueule bodybuildée qui vient dynamiter la routine et l’ennui, jusqu’à transformer un destin radieux en tragique. Comme celui de Marie Trintignant, des années plus tard. Culte et immanquable.
Girl de Lukas Dhont Sortie le 10 octobre 4/5 Caméra d’or au dernier festival de Cannes, Lukas Dhont parvient à s’extirper des pièges vicelards d’un premier film pour en tirer une question de genre d’une justesse rare. Naissance d’un grand metteur en scène mais aussi d’un grand acteur, Victor Polster qui a remporté le prix d’interprétation sans notion de féminin ou masculin (sublime inspiration du jury d’Un certain regard) porte une performance bouleversante de sens et d’esprit, générationnelle, dans une société ou l’homosexualité est encore prise pour une maladie et où les têtes pensantes médiatiques insinuent le doute et la peur. La discrétion par le détail, l’absence de jugement moralisateur et son regard apaisé, oui Girl est un beau film.
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Tchitcha
The House that Jack Built de Lars Von Trier Sortie le 17 octobre 4/5 Beaucoup crieront à la gratuité d’une violence inhumaine, à la bêtise d’une provocation à outrance. Moi je m’incline plutôt devant la beauté tragique et perverse d’une tuerie orchestrée en chapitres, la réponse imagée de son dérapage nazifié, et surtout sa fin grandiloquente de spiritualité et de sens, mettant en abyme sa propre personne et ses œuvres (il ré-utilise des images de Melancholia) pour repousser les limites de l’humanité dans son caniveau le plus sombre. La seconde partie du film est bien plus intéressante que le récital de violence de la première, parfois insoutenable, mais l’ensemble génère tant d’émotions vivaces, entre archaïsme et modernisme, qu’il en devient un objet d’une rare complexité.
Le grand bain de Gilles Lellouche Sortie le 24 octobre 4/5 Putain, si j’avais su que j’allais foutre 4/5 à Gilles Lellouche… C’est un magnifique retournement de veste bien assumé devant cette comédie superbement écrite, des vannes bien menées, un discours piquant sur une génération de quadra losers, paumée dans la routine dépressive entre femmes imbaisables, gamins chiards et jobs à la con. C’est vachement drôle, ca marche à donf’ et on ressort sacrément plus léger après ces 2 heures de natation synchronisée pour mecs, voguant entre rachitisme et obésité morbide. Grosse et belle surprise.
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8IGB Community Clothing T E X T E P H O T O S
M A N O N M E R R I E N - J O L Y J U L I E - S Ô A D B R U N E A U
Tous les mois, le Bonbon se mue en une distillerie, décomposant le style et les références esthétiques de ceux qui donnent le pouls du Paris d’aujourd’hui. 33 Ce mois-ci, on a rencontré le mec qui se cache derrière le label déglingosatyrique du 18e : 8IGB Community Clothing. T-shirts empaquetés sous vide comme des steaks qu’on balance dans un rayon chez Shopi, phallus énormes exposés à la vue de tous et jeux de mots aussi juteux que douteux : voyage au pays du trash.
M O D E
“Le bon goût empêche de creuser au-delà de ce qui n’est pas forcément joli.”
Le Bonbon. Salut Ruben, tu peux te présenter à nos lecteurs ? Ruben. Je suis d’origine italienne, je viens d’une petite ville à côté de Verone au nord de l’Italie. J’ai commencé mes études là-bas, à l’instituto Marangoni de Milan. J’ai fini mes études à Paris en me disant que le chemin pour entrer dans ces grandes maisons serait plus facile. J’ai fait des stages chez Lutz, Cacharel et chez Balenciaga puis ce dernier s’est transformé en poste d’assistant styliste jersey maille. C’est là que j’ai découvert un amour pour le graphisme pur, j’ai donc quitté mon poste pour me former en tant que graphiste. Après avoir bossé quelques années en freelance, je suis revenu à la mode et j’ai travaillé pour Eleven Paris. C’est là que j’ai connu l’univers streetwear. L.B. Pourquoi ne pas avoir continué à travailler dans des grandes Maisons de couture ? V. J’ai décidé de lancer ma marque comme une révolte contre le fait de
simplement exécuter des idées que les gens avaient pour vendre. Avant, on me donnait des ordres mais quand je voulais exprimer quelque chose au-delà du simple commercial, c’était un “non” systématique. Il s’agissait d’aller vers la facilité, parce qu’on avait toujours l’impression de savoir ce que les gens attendaient. C’était exactement le contraire que je voulais voir dans la mode. Je voulais une mode qui ne soit pas politiquement correcte. C’est un parti-pris de ne pas vouloir plaire à tout le monde et c’est ça qui m’a donné l’envie de sortir de cette voie que j’avais empruntée pendant ces années, et d’entamer une lutte continue pour proposer ce qui va au-delà. L.B. Ça veut dire quoi 8IGB Community Clothing ? V. La marque est une contraction de l’emplacement de l’immeuble où je vivais : au 8, impasse Grosse-Bouteille, dans le 18e. Il y régnait une atmosphère particulière où gens sont amis, vont les uns chez les autres. Un havre de paix sans hiérarchie ni milieu social. En fait, le nom existait avant la marque. Entre voisins, on disait « ça, c’est très 8IGB ». C’est venu de là.
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L.B. Assiettes crados, t-shirts emballés sous vide ou dans des boites de kebab... Un message à faire passer ? V. 8IGB veut jouer avec le détournement de logo, donc on tente de pousser le détournement dans toutes ses formes, jusqu’à la présentation, pour jouer avec les codes du marketing, avec le désir des gens. Ici, le packaging devient presque luxe, sauf que contrairement à ce qu’on voit maintenant dans les Maisons, il n’y a pas de production de masse, c’est
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“Je vendais mes t-shirts dans des bouteilles Evian découpées à la main que je récupérais individuellement.”
quasi-artisanal. Il y a un an, je vendais mes t-shirts dans des bouteilles Evian découpées à la main que je récupérais individuellement. Aujourd’hui on a des bouteilles sans label avec une meilleure qualité de plastique, que j’achète dans le Sentier ou chez des fournisseurs de brasseries ou de kebabs. L.B. Tu penses quoi des gens qui achètent des fringues de skate sans jamais avoir posé le pied sur une planche ? V. La première fois que j’ai vu le « don’t wear Trasher if you don’t skate », j’étais mitigé. Mais en fait, je trouve que c’est un peu exagéré de l’interdire. Ça devrait être le contraire, une façon de dire « je partage ta passion de vivre même si je la pratique pas ». Avec une planche tu as une impression de liberté, tu manifestes une sorte de fuite. À n’importe quel âge, s’habiller avec ces vêtements larges démontre qu’il y a une
autre façon de vivre possible. Et pour les gens qui ont des problèmes de mobilité réduite, ils ne pourraient pas porter un t-shirt de skate donc ? C’est comme si on interdisait à quelqu’un de porter un kimono sous prétexte qu’il n’est pas d’origine japonaise. L.B. L’artiste d’une autre époque qui aurait porté tes sapes ? V. Duchamp je pense, parce qu’il avait la même philosophie de base, “le meilleur ennemi de l’art c’est le bon goût”. Je pense que le pire ennemi de la mode c’est le bon goût, car ça empêche de creuser au-delà ce qui n’est pas forcément joli. L.B. Parodies trash, slogans détournant des grandes marques : tes créations reflètent une forme de dystopie… V. Il y a surtout beaucoup de dégoût face au marketing, sauf qu’au final je suis pris au piège par ma propre marque. C’est très ironique. L.B. Qu’est-ce qui t’inspire au quotidien ? V. C’est bizarre parce que c’est le quotidien qui m’inspire. Surtout des atmosphères, elles sont très difficiles à capter. Plus précisément, ce sont des objets qui rappellent des atmosphères qui renvoient elles-mêmes à mon enfance. Et là, je vais chercher tout ce qui pourra me permettre de la traduire au maximum. C’est pour ça que pour moi l’installation est très importante : le plus dur, c’est de recréer cette inspiration d’atmosphère à travers les vêtements.
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@8igb_communityclothing 8igb.bigcartel.com
Shelmi T E X T E P H O T O S
L U C A S J A V E L L E F L A V I E N P R I O R E A U
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Pop antisystème
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« Nan, m’en voulez pas, je ferais pas tout ça pour un job alimentaire », entonne la voix du morceau Waterproof. En parallèle de leurs études, cet esprit anti-système au bord de l’anarchie donnera naissance à Shelmi, un trio uniforme d’abord passé par la case funk/disco avant de s’orienter vers une électro fraîche et des textes engagés percutants. Sept ans de galères, de pâtes et de ride à partager les mêmes opinions qui aboutiront à la No Go Zone, premier album décriant 39 la société, le conflit générationnel et les patrons aux allures de “Jean-Jacques”. Rencontre avec Ben, Celio et Sacha, ces trois potes qui ont tout plaqué pour faire de la musique leur messager.
S H E L M I
Le Bonbon. Vous aviez un groupe avant, Super Social Jeez, plutôt orienté funk. Pourquoi ne pas avoir continué dans ce registre tout en diffusant votre message ? Sacha. On cherchait à affirmer quelque chose au-delà de la musique pure. Il faut que la forme traduise le fond. Pour nous, cette musique plus moderne et plus mélancolique, un peu plus abrupte, traduisait beaucoup mieux ce qu’on avait envie de dire. On est partis sur une formule électro beaucoup plus compacte, ce qui a changé notre son automatiquement. Ben. Et puis le funk en français, c’est compliqué. Certains ont essayé, beaucoup se sont brûlé les ailes (rires). On y reviendra probablement. Il y a des cycles dans la musique. C’est une image de ce que tu fais au moment présent, de l’état d’esprit dans lequel tu es. Si on devait refaire cet album aujourd’hui ou dans deux ans, il serait différent. L.B. C’était comment avant cette nouvelle direction artistique, avant d’avoir tout arrêté pour la musique ? Celio. La musique a toujours été là. Après, la pression des parents fait qu’on fait quand même des études à côté… On avait quand même besoin de ce parachute un peu doré, question de sécurité financière. Sauf que quand quelque chose ne te plaît plus, te fait chier… tu as juste envie de tout plaquer, et tu te dis que tu aurais dû suivre ton instinct dès le début. C’est le contraste entre la génération de nos parents et la nôtre. Quand j’étais à la fac, je ne disais même pas que je faisais de la musique. Je le gardais pour moi, à côté. B. C’est ça qui est ouf avec la musique. Il y a beaucoup plus de monde qui en fait aujourd’hui et
qui tente d’être professionnel. Tu es hyper mal considéré, tout le monde te demande c’est quoi ton vrai taf. Mais dès que tu “perces”, tout le monde te fait de la lèche. Alors que c’est bel et bien du charbon, tous les jours. Et juste apprendre un instrument, ça ne suffit plus. Il y a toute une part de communication, d’image de soi à travailler, de développement… L.B. Ça doit être plus facile pour vous aujourd’hui. B. Ce n’est jamais facile. Même si, quelque part, on a moins de difficultés, c’est généralement dans les moments de pression et de marginalisation que tu sors des bons trucs. Quand t’es vraiment en chien et en galère. Tu mets dix ans à faire ton truc, t’en chies tous les jours et tu bouffes des pâtes et du coup t’as la rage. Après on te dit : « Faut sortir le prochain dans huit mois parce que le premier a bien marché. ». Là, t’as le cul dans le canal et tu n’as plus rien à raconter. C’est pour ça que le premier album d’un groupe, c’est souvent le meilleur. J’espère que ce ne sera pas le cas pour nous. L.B. Vous avez ressenti une nécessité de rentrer dans les tendances musicales actuelles pour raconter ces choses ? C. Non, mais c’était aussi une volonté d’affirmer quelque chose de plus singulier. Et dans la musique et dans les textes. Ce qu’on faisait avant, c’était un peu un groupe de jeunesse et d’insouciance, et on faisait ce avec quoi on avait grandi. Il n’y avait pas forcément d’identité sonore ou d’identité de groupe. On a beaucoup cherché qui on était, ce qu’on voulait faire, comment le raconter et comment le faire sonner. S. On a construit ce projet en
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opposition à certaines choses. La démarche un peu old school, c’est un truc qui a fini par nous barber un peu. Prendre la musique de papa et la refaire un petit peu mieux… À qui ça parle ? Qu’est-ce que ça raconte, qu’est-ce que ça apporte ? Est-ce que ce n’est pas un peu de l’entre-soi à faire comme nos parents et leur faire plaisir ? L.B. Comment vous traduisez cette volonté en musique ? B. Chacun arrive avec des idées : des riffs, des gimmicks… Après, c’est plus ou moins développé et poussé avant le conciliabule, où l’on dit : « Ça c’est de la merde, ça c’est super, ça faut modifier… ». On fait des squelettes de prod’, Sacha écrit les textes et on supervise un peu tout ça. On travaille beaucoup en équipe, à trois.
L.B. Quel est le secret de cette véritable symbiose ? S. On passe beaucoup de temps à faire de la musique, mais aussi beaucoup de temps à discuter. Je dirais 50/50. C’est drôle, parce qu’on a des débats enflammés sur tout et n’importe quoi : des interprétations, des sons, des aspects très esthétiques… Et puis des sujets beaucoup plus politiques. Comme on est tout le temps ensemble, la proximité crée cette osmose naturelle. L.B. Avec comme récompense un premier album… Vous devez vous sentir soulagés. C. C’est comme si on accouchait d’un truc ensemble, qu’on a travaillé depuis des années. S. Un accouchement et un véritable album d’affirmation. On bosse ensemble
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“Où sortent les gens, c’est souvent la banlieue du côté de Pantin, Bobigny, etc. Les nouveaux lieux cool ont tendance à se décentraliser”
depuis 2011, sept ans de boulot avec des galères. On n’a jamais mis autant d’intention dans notre musique que pour cet album. L.B. Votre album commence sur le titre Nord Hémisphère, qui dépeint une crise globale et ses conséquences en Occident. Et le reste du monde ? C. Tout est relatif. Quand on se place, nous, dans nos pays développés, c’est sûr que quand tu regardes le reste du monde, tu te dis qu’il y a d’autres problèmes – parfois bien plus graves. Mais je pense que ces problèmes sont aussi en partie dus à nos pays qui font pas mal de merde. En dénonçant ce qui se passe ici, comme le capitalisme, on cherche aussi à dire que ça va mal ailleurs. S. En gros, le monde continue à
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poursuivre une réussite individuelle alors qu’il y a un souci collectif grave. Et chacun poursuit sa petite route, tranquillement quoi… L.B. Dans l’interlude, on entend Coluche affirmer : « Les mecs qui font la grève, c’est rien. Ils devraient mettre le feu. » La voilà, la solution ? S. L’interlude est entre deux chansons : Mauvais Départ et Waterproof, qui sont les deux morceaux pivots de cet album sur le rite d’initiation qu’est “chercher un boulot”. Mauvais Départ, c’est les études que tu t’infliges. Après, Waterproof parle du monde du travail, où en plus de t’ennuyer, tu vas te faire archi-dominer. Le stage, par exemple, c’est la blague absolue. Tu taffes pendant six mois, t’es payé 500 balles et tu bosses avec des gens qui n’ont rien envie de t’apprendre. C’est ce genre d’expérience qui te fout la rage… Et là, oui, t’as envie de foutre le feu. L.B. On en arrive à Paris, l’une des capitales de cet hémisphère nord, que vous décrivez comme une No Go Zone. S. Au début, la chanson s’appelait Interzone. Ça partait d’un trip psychédélique. Et puis il y a eu les attentats du Bataclan, de Nice… Et le terme “no go zone” est apparu sur CNN News. La compréhension de ce morceau est véritablement venue avec le clip, où un type a l’air de venir d’une no go zone aux allures de Paris. Pour nous, ça signifie que Paris est devenu une no go zone pour les plus démunis, mais aussi les jeunes et les gens d’une classe moyenne-basse. Ça devient une ville de riches, par les riches, pour les riches. Ça inverse tout le concept de la no go zone : ils prennent possession de tout
dans une zone où, normalement, ils ne s’aventureraient pas. B. Tu le vois bien aujourd’hui. Où sortent les gens, c’est souvent la banlieue du côté de Pantin, Bobigny, etc. Les nouveaux lieux cool ont tendance à se décentraliser, pour échapper à ça. L.B. Pourtant vous y vivez, c’est qu’il doit bien aussi y avoir des endroits cool intra muros… C. Bien sûr ! Il y a un lieu inspirant dans lequel on va tout le temps : l’Express Bar. C’est un vieux bistrot des Halles, tenu par un Basque qui s’appelle Édouard. C’est l’un des bistrots encore authentiques de la ville. C’est un peu notre no go zone. Tu peux même fumer à l’intérieur ; quand les flics arrivent et veulent lui mettre une amende, le proprio répond : « pas de souci » avec le cigare au bec. C’est la liberté à l’état pur, et on y va depuis dix ans. B. Strasbourg-Saint-Denis aussi, on squattait beaucoup là-bas. Le petit sandwich kurde avec la devanture orange là… (Urfa Dürüm dans le 10e arrondissement, ndlr) Généralement, c’est répétition jusqu’à 13h, et ensuite on va là-bas. S. Ce qui est cool à Paris, ce sont les quartiers un peu dépaysants. Les quartiers chinois, turc, indien, africain… C’est un vrai plaisir. On y a même fait croire une fois qu’on était parti au Sri Lanka. On allait dans les shops, on prenait des photos. Les gens disaient : « Trop bien, trop stylées les photos ! » Alors qu’en fait, on n’avait pas une thune pour partir en vacances et qu’on était du côté de La Chapelle (rires).
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Shelmi — No Go Zone En concert le 9 octobre au Badaboum
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Xavier Lahache / Canal+
Antoine de Caunes itw rapido
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Antoine de Caunes est bien loin de ses années turbulentes. Il se considère lui-même comme vieux, et préfère la lecture, l’écriture ou encore la musique aux bonnes vieilles soirées bien arrosées. Ou même partir à la rencontre de son pays et de ses régions, avec son émission La Gaule d’Antoine dont le nouvel opus consacré à la région Sud sera diffusé en fin de mois. Des tournages fatiguants, des quotidiennes sur France Inter… Antoine déconne encore beaucoup. Si bien qu’une fois retranché dans ses appartements privés, le comédien laisse place à l’homme sage. Pour autant, l’artiste n’a pas perdu une once de son sens de l’humour. La preuve.
À l’apéro, vous buvez quoi ? Que du vin. Un lieu coupe-gorge à Paris ? Du côté de Château Rouge, la rue Myrha. L’after, c’est important ? Non, mais la party non plus. Une ville plus folle que Paris ? Tokyo. La drogue, c’est mal ? Quand c’est mal utilisé. Un artiste sous les radars ? The Lemon Twigs. Après une teuf, c’est quoi la solution ? Un mélange de bicarbonate et de lit confortable. Un spot vraiment underground ? Des clubs éphémères à Berlin. Bizarres, inattendus… Le sexe, c’est comment ? Ah, je me souviens… C’était bien… Un truc vraiment chelou ? Éric Zemmour. Un artiste assez pourri ? Oh, plein. Maître Gims, au hasard. Un moyen de gâcher une soirée ? Commencer à dire aux gens ce qu’on pense vraiment d’eux.
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A G E N D A
VENDREDI 05 OCTOBRE 23h Warehouse Porte de Paris 15€ Initial vs Distrikt - Traumer, Le Loup, Felipe Valenzuela 00h Bus Palladium Bonbon Party, invits sur lebonbon.fr SAMEDI 06 OCTOBRE 15h Hasard Ludique 0€ Le Bonbon Travel, Launch Party 19h La Bellevilloise + La Maroquinerie 15€ Tel Aviv Meets Paris w/ Buttering Trio, Shame On Us, Autarkic… DIMANCHE 07 OCTOBRE 12h à la Folie Paris 0€ Overdanse MERCREDI 10 OCTOBRE 22h (pardon) 0€ Grande ouverture w/ DJ Sundae, Pepita, Romain Bno VENDREDI 12 OCTOBRE 18h Le Kilowatt 21,50€ Entente Nocturne Festival 2018 00h Bus Palladium Bonbon Party, invits sur lebonbon.fr SAMEDI 13 OCTOBRE 20h La Bellevilloise 12€ Mona with Mr Ties, Nick V, DJ André, R-ZO, Cyrilux & Mona Dance Contest DIMANCHE 14 OCTOBRE 16h à la folie Paris 2€-10€ Ehyène - Brotherly Love LP Release Party JEUDI 18 OCTOBRE 19h30 La Gaîté lyrique 23,50€ MAX Cooper live
VENDREDI 19 OCTOBRE 23h Concrete 15€ Concrete X Minibar : Rhadoo, Daniel Bell, Tom Ellis Live, Cabanne 00h Nouveau Casino 9€ From da East Release Party w/ MJOG, Oden & Fatzo… 00h Bus Palladium Bonbon Party, invits sur lebonbon.fr SAMEDI 20 OCTOBRE 21h Le 9b 0€ La Tournée de PTT #3 w/ Titus 23h30 La Java 6€ Pump Up The Volume with Francis Inferno Orchestra & Parviz VENDREDI 26 OCTOBRE 22h Le Trianon TBA Jon Hopkins 00h Bus Palladium Bonbon Party, invits sur lebonbon.fr SAMEDI 27 OCTOBRE 23h Concrete 15€ Concrete: Lena Willikens & Vladimir Ivkovic, Nicolas Lutz 00h Le Petit Bain 11€ C A R (Live) + Sentimental Rave MERCREDI 31 OCTOBRE 18h Lieu TBA 12€ Notre Drame de Paname : FREAK PARTY 20h La Belleviloise 15€ Fiesta de Los Muertos 2018 VENDREDI 2 NOVEMBRE 00h Bus Palladium Bonbon Party, invits sur lebonbon.fr
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JACK DANIEL’S ET OLD NO. 7 BRAND SONT DES MARQUES DÉPOSÉES. ©2018 JACK DANIEL’S. BROWN-FORMAN FRANCE SAS CAPITAL 5 037 000 EUROS - 47, RUE DE MONCEAU 75008 PARIS - 793 408 113 RCS PARIS
MADE THE SAME WAY SINCE 1866.* *UNE RECETTE INCHANGÉE DEPUIS 1866.
JAC K D A N I E L’ S
TENNESSEE WHISKEY
Darren Lipham – Travailleur à la scierie de Sawmill
L ’ AB US D’ ALC OOL EST DANGEREUX PO UR L A S ANTÉ , À CO N S O M M ER AV EC M O D ÉRATIO N .