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FILET DE SÉCURITÉ
PHARMACIEN.NE.S : FILET DE SÉCURITÉ POUR NOS PATIENT.E.S VULNÉRABLES
PAR MAUDE B. (III)
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Avis à toi qui va lire ce texte, il traite de santé mentale et de suicide.
Salut toi, Toi qui vas bientôt devenir professionnel.le de la santé. Tu vas probablement aider plusieurs patient.e.s qui vont prendre tout plein de médicaments pour plusieurs problèmes de santé différents au cours de ta carrière. J’ai connu une patiente très spéciale. Je me rappelle d’elle comme si c’était hier. Elle prenait du carbonate de lithium pis plein d’autres affaires pour des problèmes de douleurs. Si t’es en 3ème année, t’auras deviné qu’elle était bipolaire. C’était une femme très gentille et polie. Elle venait souvent à la pharmacie avec ses 2 enfants, un petit blond et une petite brune. Elle semblait être une patiente comme les autres : elle se maquillait et faisait attention à son apparence la majorité du temps. Par contre, j’avais remarqué que, parfois, c’était tout l’inverse. Surtout quand débutait l’automne… Les changements de saison semblaient difficiles pour elle. C’est sûr que son adhésion à ses médicaments n’était vraiment pas parfaite. En même temps, c’est comme ça pour la majorité des patient.e.s, il me semble. Toutefois, non. Ici, ça ne s’applique pas. Après les fêtes, elle n’est pas venue chercher ses médicaments pendant plusieurs semaines. Personne ne s’en est rendu compte. Elle ne faisait pas partie d’un programme de renouvellements automatiques et n’était pas en pilulier non plus. Deux mois plus tard, en février, nous apprenions que cette femme s’était enlevé la vie avec ce que nous lui avions servi.
En fait, cette patiente n’a jamais été ma patiente, mais ma mère. (Oui, j’étais la petite fille qui l’accompagnait souvent à la pharmacie, silencieuse.) Ça m’aura pris des années pour m’en remettre. Ça a aussi laissé des cicatrices très profondes sur ma manière de vivre et ma santé mentale. Cette année, ça fera 10 ans qu’elle est partie. Puis, dans quelques mois, je serai la gardienne des médicaments de quelqu’un d’autre. Essayant de faire de mon mieux pour qu’un événement comme celui-ci ne se reproduise pas.
Le but de mon témoignage est de vous sensibiliser sur ces patient.e.s qui souffrent de problèmes de santé mentale. Ils et elles ont besoin de vous. Peut-être que, comme pour ma mère, vous êtes le seul filet de sécurité restant, tout en étant le distributeur de ce qui pourrait mener à leur fin. Je sais qu’on est vraiment « dans le jus » en pharmacie communautaire. Mais, comment ça il n’existe pas de logiciel qui nous alerte lorsque les patient.e.s sont en retard dans leur médication? Une genre de liste récapitulative
des patient.e.s qui ne sont pas venu.e.s chercher leurs médicaments. Surtout pour les patient.e.s qui souffrent de graves problèmes de santé mentale et dont la médication est la seule chose qui les aide à aller mieux.
Note à part : j’envoie beaucoup d’amour aux gens pour qui les fêtes ne sont pas toujours un moment joyeux et pour qui « ça brasse beaucoup de choses en dedans ». Sachez que je vous comprends. Mon conseil après tant d’années à être si à l’envers à l’approche des fêtes : trouvezvous une chose que vous aimez des fêtes. Pour moi, c’est le repas du 24 et la possibilité de boire du bon vin avec le reste de ma famille qui est encore là. Si vous venez de perdre quelqu’un récemment, sachez que je suis avec vous aussi. Tout le monde doit vous l’avoir dit, mais un jour ça va aller mieux. Vous allez arrêter de vous sentir à l’envers et perdu.e à tous les jours de votre vie. Autre note à part : si ça ne va vraiment pas bien et que tu ne sais plus vers qui te tourner, plusieurs ressources sont disponibles pour toi. Je t’invite à les consulter.
1-866-APPELLE.
https://suicide.ca pour du clavardage en ligne ou de l’information. Pour trouver un.e psychologue : https://www.ordrepsy.qc.ca/trouver-de-aide
Ressources à la Faculté : Le Bureau d’aide aux étudiant.e.s en pharmacie. https://studium. umontreal.ca/course/view. php?id=49234§ion=16 811 Info-Social pour parler au téléphone à un.e intervenant.e en temps de crise. Programme mieux-être de l’ASEQ pour les étudiant.e.s de l’UdeM : 1 833 851-1363 (sans frais).