Le Capsule - Décembre 2020

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IMPL IQ U E Z -V O U S A U C A P S UL E Nous sommes toujours à la recherche de collaborateurs et de membres afin d’agrandir notre équipe et de continuer à offrir un journal divertissant pour tous! Consultez à droite les différentes implications possibles et n’hésitez pas à nous contacter pour plus d’informations!

COLLABORATEUR CONCOURS DES FÊTES La fin de la session approche à grands pas (il ne reste que 8 jours avant le congé des fêtes!) et pour le dernier boost, le Capsule offre la chance à 3 étudiants de gagner une carte-cadeau Starbucks de 25$ pour s’acheter du café afin de survivre les interminables heures d’étude à compléter. Pour participer, vous n’avez qu’à répondre à la question suivante : « Quelles sont vos résolutions pour la prochaine session? »

18 JANVIER 2020

Date de soumission d’articles

Vous préférez écrire à l’occasion sur un sujet relié ou non à la pharmacie? Envoyez-nous votre article sous format Word, sans limite de mots. Notre équipe se chargera de la correction et de sa mise en page pour vous!

MEMBRE Impliquez-vous à plus long terme en assistant aux réunions, en prenant part aux décisions de l’équipe pour la conception de chaque numéro et en distribuant le journal lors de sa parution! Chroniqueur Illustrateur Réviseur Mise en page Intervieweur et autres!

Communiquez avec nous ou envoyez vos articles au journalcapsule@gmail.com


LE CAPSULE, VOLUME 44, NO. 3

TA BLE D E S M ATI ÈRE S

7 0 MOTS CROISÉS PHARMACEUTIQUES

Winnie Tran

7 1 ORDONNANCE MAL FOUTUE

0 4 ÉDITORIAL

7 2 HOROSCOPE PHARMACEUTIQUE

Winnie Tran

0 5 MOT DE LA FACULTÉ

Nathalie Letarte

0 7 MOT DE LA PRÉSIDENTE

Meriem Khatem

0 8 QUOI DE NEUF À L’AÉPUM 1 2 LA PANDÉMIE EN CHSLD :

Une entrevue avec Arianne Lareau

1 9 LE GUIDE DU GENTIL LUTIN 3 3 LA PRATIQUE DE LA PHARMACIE

AU NORD-DU-QUÉBEC :

Une entrevue avec Mathieu Nobert

Mounia Louerguioui

L’ÉQUIPE DU CAPSULE RÉDACTRICE EN CHEF : Winnie Tran RÉVISION ET CORRECTION : Keffrey He, Tianna Hua, Julie Leboeuf, Sissy Lee, Mounia Louerguioui, Christine Phung et Winnie Tran MISE EN PAGE : Winnie Tran ILLUSTRATIONS : Winnie Tran PAGE COUVERTURE : Winnie Tran

4 1 M’AIMER UN PEU PLUS À CHAQUE

RÉSEAUX SOCIAUX

Facebook : Le Capsule

JOUR

4 8 ENTREVUE AVEC MARTIN GILBERT 51

GALERIE DE PHOTOS

5 8 PHARMACTUALITÉ 6 4 CONCOURS DE L’HALLOWEEN 66

LA CAPSULE VERTE

Chloé Brochu

Instagram : @capsule.udem Issuu : issuu.com/lecapsule Vous pouvez également retrouver les numéros du Capsule sur le site de l’AÉPUM (aepum.info) et sur StudiUM dans la section AÉPUM!

6 8 PASSIONATE FROM MILES AWAY

Marc-Antoine Dufresne

Les textes sont signés et représentent l’opinion de leur(s) auteur(s). Le Capsule, de même que l’association des étudiants en pharmacie de l’Université de Montréal, ne soutient pas nécessairement les opinions exposées. De plus, la reproduction d’un ou des textes est acceptée sous la seule condition que la provenance soit inscrite sur la copie. Les textes et commentaires peuvent être envoyés à l’adresse courriel du Capsule : journalcapsule@gmail.com. Dépôt légal - Bibliothèque et Archives nationales du Québec - Décembre 2020

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ÉDITORIAL PA R WIN N IE TRAN (III) Je suis en train d’écrire cet éditorial le 15 décembre 2020 à 22:04 (alors que j’étais supposée le finir il y a un mois), après avoir eu un mental breakdown parce que je trouve cette fin de session pas mal difficile. Je ne sais pas si c’est à cause de la pandémie ou parce que j’ai un peu surchargé mon horaire avec deux emplois en plus du Capsule, mais j’ai l’impression que 24 heures par journée n’est pas assez pour finir tout ce que j’ai à faire. Quand j’ai postulée pour être la rédactrice en chef du Capsule, je savais que ça allait être beaucoup de travail. Par contre, je ne le regrette absolument pas parce que ça m’a non seulement donné l’opportunité d’avoir des entrevues super enrichissantes avec de nombreuses personnes, mais aussi de rencontrer les étudiants impliqués dans l’association étudiante et les supporter dans tous leurs beaux projets. J’aimerais également prendre le temps pour remercier tous ceux qui lisent le Capsule, c’est vraiment apprécié!

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Notre première session d’université en ligne finit bientôt. L’année 2020 finit bientôt également. C’est quand même fou quand on y pense : ça fait déjà 9 mois que la pandémie a commencé et qu’on est en confinement. J’étais vraiment certaine que 2020 serait mon année, que j’allais travailler sur moi-même le plus possible, que j’allais participer à un maximum d’événements et que j’allais commencer à aller à tous mes cours (oops). Mais bon. It be like that sometimes. Même si 2020 semble être une année de mauvaises nouvelles, je crois sincèrement qu’il est possible de trouver du positif quand même. Un des points marquants est que la pandémie nous a vraiment poussé à adapter tout ce qu’on prenait pour acquis, et ce, rapidement. Je crois qu’on va tous sortir de cette pandémie avec un SA+ pour l’adaptation. Dans ce numéro, vous pourrez y lire sur l’expérience d’une pharmacienne qui est allée aider en CHSLD au début de la pandé-

mie (p. 12), sur la pratique de la pharmacie au Nord-du-Québec (p. 33) et sur un modèle de pharmacie en ligne au Québec (p. 48). Pour vous mettre dans l’esprit des fêtes, vous pourrez aller consulter le Guide du gentil lutin (p. 19) et la Capsule verte (p. 66). À tous les étudiants, je vous souhaite bonne chance pour vos examens finaux. Vous êtes capables et on a bientôt fini. Bonne lecture et joyeuses Fêtes! Winnie Tran Rédactrice en chef


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MOT DE LA FACULTÉ

Le mois de décembre et encore une autre fin de session!

PAR NATHALIE LETARTE Ça y est. Décembre est arrivé, subtilement, chassant enfin novembre. Dire que les prochaines semaines seront occupées est un euphémisme. Vous travaillez d’arrache-pied depuis la fin août : Zoom, travaux, Teams, intras, labos, Google Drive, lectures et j’en passe. Il ne reste que quelques semaines avant les finaux et le repos tant attendu. On y est presque!

parfait, mais on s’en sort. De notre côté, nous prenons des notes pour le trimestre d’hiver. On écoute vos commentaires et on essaie d’optimiser le tout en tenant compte des nombreuses contraintes. Si la situation sanitaire le permet, nous allons entre autres tenter de créer plus de cours en multimodal et offrirons des laboratoires en présence dans les trois programmes de premier cycle.

L’automne a eu son lot de défis pour les étudiants, les enseignants et les équipes des programmes, que ce soit l’adaptation aux cours en ligne, le travail à la maison ou l’apprentissage de nouvelles techniques d’enseignement et d’un nouveau langage (Zoom, Teams, présentiel, multimodal, synchrone, asynchrone) : plein de nouveaux mots pour bonifier notre vocabulaire! Tout n’est pas

On se rend bien compte que l’être humain est une « bibitte » sociale n’étant pas fait pour vivre en ermite. On carbure aux amis, aux rires, aux conversations de couloir. Depuis plus de 6 mois, nous sommes tous plus seuls, plus isolés, que ce soit dans un petit appartement ou dans une maison remplie de petits frères ou sœurs, d’enfants plus ou moins accaparants ou de chiens et de chats qui

envahissent nos écrans… L’AÉPUM déborde d’imagination pour vous changer les idées. Je veux les remercier chaleureusement pour leurs initiatives originales et ludiques. Sans participer à tout, de temps en temps, c’est agréable de pouvoir rencontrer des collègues dans la même situation que vous! Les Services aux étudiants (SAÉ) ont également créé plusieurs outils, webinaires et lieux de rencontre virtuels : http://sae.umontreal.ca. Je vous invite à y jeter un œil : ça vaut le coup! Un article récent dans La Presse+ rapportait également des idées intéressantes : Treize trucs pour aller mieux (https://www.lapresse.ca/societe/sante/2020-1114/treize-trucs-pour-aller-mieux. php). Pourquoi pas? Je connais-

« Il ne reste que quelques semaines avant les finaux et le repos tant attendu. On y est presque! »

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sais tout ça, mais les lire et les voir dans une liste m’a donné des idées. Et j’en ai essayé quelquesunes. J’avoue que le défi T’es pas game organisé par l’AÉPUM m’a aussi permis de sortir de ma routine et de ma zone de confort (une danse TikTok? Hum, pas de talent(!). Et du yoga? Ouf… pas pour moi!). Il faut aussi dire que de faire le tout en équipe aidait grandement à maintenir la motivation! Bravo, les équipes! Sérieusement, lâcher son ordinateur et ses écrans pendant quelques heures par jour fait énormément de bien. Je le recommande fortement. En fait, je vous fais ma prescription pour le temps des fêtes avec treize idées pour prendre soin de soi! Bonne fin de session à toutes et à tous! Restez en santé! Je vous invite à communiquer avec nous s’il y a quoi que ce soit. Nathalie Letarte Vice-doyenne aux études de premier cycle

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MOT DE LA PRÉSIDENTE PA R MERIEM KH ATEM (III) Salut encore! J’ai l’impression que je viens tout juste de rédiger mon dernier article dans le Capsule. Nous sommes déjà presque à la fin de la session! Alors, que s’est-il passé à l’association étudiante dans le dernier mois? Un des gros dossiers demeure le projet de loi 31, de plus en plus appelé la Loi 4 (combinaison du PL41 et du PL31). La mise en place va bon train avec l’Office des professions du Québec et de plus en plus de pharmaciens effectuent la vaccination. Le 4 décembre 2020, le Ministère nous annonce une grosse nouvelle en lien avec la loi 31 ainsi que la pandémie de la COVID-19 : les étudiants de 3e et 4e année ont le droit de vacciner hors du cadre de leur stage. Ceci vise le vaccin de l’influenza et celui de la COVID19 lors de son lancement. On pourra donc contribuer encore plus à notre système de santé lors de la campagne de vaccination de la COVID-19. De grandes avan-

cées se font aussi chez les compagnies pharmaceutiques pour les vaccins de la COVID, que plusieurs pays ont même déjà commencé à utiliser!

très fort pour apporter des activités aux étudiants et étudiantes et malgré le contexte, tout le monde ne cesse d’innover. Alors, merci à vous de faire partie de notre formidable équipe. Malgré la charge Durant le mois de novembre, de travail que représente déjà le Olivier et moi avons eu la chance Pharm. D., vous décidez de vous d’assister au congrès de l’AQPP impliquer et de réaliser de magniet d’y représenter les étudiants. fiques projets, alors un gros merci La pharmacie est en constante à vous. évolution et la technologie devient de plus en plus nécessaire. Je termine mon article en vous Des logiciels de prise de rendez- invitant de nouveau à prendre vous au suivi du pharmacien en soin de vous. Déconnectez-vous ligne, les idées innovantes sont au de vos écrans pendant les Fêtes rendez-vous. Un aspect important et faites des activités que vous à ne pas oublier dans notre guerre aimez. Joyeux Noël à tous ceux au grand géant Amazon est nos qui le célèbrent et bonne année! soins pharmaceutiques et notre On va bien dire bye bye à 2020. service teinté de chaleur humaine que personne ne peut imiter. Ceci Meriem Khatem nous démontre encore une fois la Présidente de l’AÉPUM nécessité de se former en tant que bons pharmaciens soucieux de la santé de nos patients. Je tiens à remercier tous les membres de l’association étudiante pour le magnifique travail qu’ils font. Ils et elles travaillent

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QUOI DE NEUF À L’AÉPUM « L’AÉPUM représente l’ensemble des étudiants du doctorat de premier cycle en pharmacie, du baccalauréat en sciences biopharmaceutiques et du programme de qualification en pharmacie de la Faculté de pharmacie de l’Université de Montréal. L’association vise notamment à soutenir les étudiants dans leur développement professionnel, éducatif et social afin que tous deviennent des professionnels accomplis, proactifs et ayant à cœur l’avancement et l’évolution du domaine de la pharmacie. » (aepum.info, décembre 2020)

AÉPUM exécutif Meriem Khatem, présidente de l’AÉPUM QUOI DE NEUF Salut encore! Ça va bien à l’asso, plus calme que les années dernières, mais bon, la pandémie l’oblige. Tout d’abord, je veux simplement vous inviter à prendre du temps pour vous. Je vous invite à parler de santé mentale, de prendre un moment par jour pour respirer et vous concentrer sur vousmêmes. De mon côté, j’ai pu assister aux rencontres de la FAÉCUM. La mise en place du rapport Équité, Diversité et Inclusion débute en collaboration avec l’Université de Montréal. Du côté de l’OPQ, le PL31 continue son chemin et beaucoup de pharmaciens participent fièrement à la campagne de vaccination contre la grippe. La session d’hiver approche tranquillement et la planification débute, en espérant que les conditions vont nous permettre de potentiellement se voir la prochaine session. Un nouveau projet sur les carrières diversifiées qui s’offrent au pharmacien est présentement en travail, restez à l’affût! Je vous invite aussi à suivre notre campagne sur l’inclusion sociale sur les réseaux sociaux. En tant que professionnel de la santé, il est important de soigner un patient dans sa globalité et de favoriser son bienêtre, surtout pour des patients issus de minorités. Continuez à nous impressionner avec vos excellentes activités dans le cadre du projet T’es pas game! Comme j’avais mentionné, ce n’est pas parce que vous n’êtes pas inscrits que vous ne pouvez pas participer aux activités avec nous. On vous invite fortement à nous rejoindre! Bref, la super belle équipe de l’association étudiante continue de travailler fort pour vous. Prenez soin de vous.

Emma Legault, secrétaire de l’AÉPUM QUOI DE NEUF Vos défis T’es pas game continuent d’être republiés dans les stories de l’AÉPUM sur Instagram! N’oubliez pas de vous y abonner : @aepum.info. En parlant du Instagram de l’AÉPUM, n’hésitez pas à aller consulter les publications du projet « M’aimer un peu plus chaque jour », qui tente de déstigmatiser les troubles alimentaires en plus de promouvoir le body positivity sur Instagram!

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Édouard Tremblay, trésorier de l’AÉPUM QUOI DE NEUF Le budget 2020-2021 a été adopté à l’unanimité à l’assemblée générale. Un vote de surplus sera fait plus tôt cette année à la session d’hiver en raison des circonstances changeantes. Vous pouvez regarder l’épisode 10 de la saison 5 de The Office, « The Surplus », pour vous y préparer, mais je peux vous dire tout de suite qu’on n’achètera ni des nouvelles chaises, ni une imprimante. En ce qui concerne le concours d’initiative étudiante, il y a un budget de 1000$ prévu cette année pour un projet relié à notre programme qu’un étudiant souhaiterait développer. Vous pouvez m’écrire si vous avez des idées!

Olivier Landry, chargé aux affaires externes QUOI DE NEUF Les rencontres régulières (OPQ, conseils centraux, conseil des affaires sociopolitiques) vont bon train! Avec l’OPQ, on discute de la logistique du PL31 et de sa mise en œuvre. Aux conseils centraux, on discute de plusieurs problématiques, dont la décolonisation des savoirs, la reconnaissance du territoire non-cédé et, bien évidemment, la liberté d’expression en milieu académique. Au conseil des affaires sociopolitiques, nous avons discuté de la santé psychologique des étudiants et des moyens d’avoir un impact positif sur celle-ci en tant qu’association étudiante. Pleins de longues rencontres qui pimentent ma vie étudiante, ouf! Au GIPS, nous commencerons sous peu à analyser les sondages (merci à tous ceux qui l’ont rempli <3 ) du Mémoire sur la transformation du Pharm. D. (MTP). Je publierai un compte-rendu des résultats d’analyse avant la rédaction du mémoire pour les intéressés. Pour le Mémoire sur la rémunération du pharmacien d’officine (MRPO), nous avons eu notre première rencontre et brainstorming suite à la présentation de l’AQPP, et nous commencerons la rédaction sous peu en compagnie de l’AGEP! Les PharmActualités sont également toujours au rendez-vous, le premier lundi du mois (en théorie, oups)! Avec l’équipe du CAPSI (Derek, William et Morgan), nous organisons une conférence nationale sur l’environnement en pharmacie qui se passera à la session d’hiver. D’autres précisions sont à venir, mais j’ai hâte de vous parler de tout ça! Lâchez pas! Je sais que le mois est gris, mais on va s’en sortir. Prenez soin de vous et de vos proches, et faites un petit check-up auprès d’un ami isolé pour briser l’isolement de quarantaine en cette période difficile. <3

Daphné Robitaille, chargée aux affaires internes QUOI DE NEUF Vous recevrez vos commandes de vêtements de pharmacie à partir de début décembre. Je vous tiendrai au courant lorsque les envois débuteront. Grâce à la vente de masques à l’effigie de pharmacie, nous avons amassé 88$ qui iront à l’organisme Afrique au Féminin! Cet argent ira à leur levée de fonds qui permet d’offrir des paniers de Noël à des familles à faible revenu! Merci à ceux qui y ont contribué, et au Comité Ça Suffit pour avoir choisi cette belle cause! Bonne fin de session à tous! Lâchez pas, faites attention à vous et profitez bien du congé des Fêtes pour vous reposer!

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Caroline Tremblay, coordonnatrice à la vie étudiante QUOI DE NEUF Durant les dernières semaines, dû aux activités d’accueil et au passage de Montréal dans la zone orange, le rectorat de l’Université de Montréal a réfléchi au sujet des activités sur le campus et a décidé que toutes activités autres que les cours, sur le campus ou hors campus, seraient interdites pour la session d’automne. C’est donc avec une grande déception que je vous annonce qu’il n’y aura malheureusement aucune activité en présentiel cette session. Cependant, tous nos comités, tous les membres de l’association et moi-même travaillons d’arrache-pied pour vous offrir des activités en ligne qui vont vous permettre de vous changer les idées! Nous avons bien hâte de recevoir vos photos pour le projet T’es pas game et de vous voir aux 5@7 virtuels. Rien n’a cependant été annoncé pour la session d’hiver.

AÉPUM consultatif Laurie Fournier, chargée du comité humanitaire QUOI DE NEUF Le Comité humanitaire continue de faire connaître différentes causes, de recueillir des fonds pour divers organismes et de promouvoir l’engagement bénévole malgré le contexte de cours en ligne. Nous sommes d’ailleurs fiers du projet réalisé dans le cadre du Movember qui a permis d’amasser une somme considérable pour la santé masculine tout en sensibilisant aux enjeux associés. Merci à ceux qui ont contribué! <3 Nous serons de retour en 2021 avec d’autres beaux projets. N’hésitez donc pas à nous faire part de vos idées.

Angelica Le, représentante junior aux affaires de l’ACEIP (CAPSI) QUOI DE NEUF Les compétitions CAPSI se déroulent très bien. Plusieurs se sont inscrits aux compétitions d’entrevue MVL et d’entrevue pharmaceutique! Nous sommes bien contents de la participation de nos chers membres! <3 Les élections nationales sont officiellement ouvertes. Tout membre CAPSI qui souhaite s’impliquer au niveau national peut poser sa candidature auprès de Tiffany, Panteha ou moi!

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Crédit : Martin Lozier

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MOTS CROISÉS PHARMACEUTIQUES (corrigé)

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LA PANDÉMIE EN CHSLD UNE ENTREVUE AVEC ARIANNE LAREAU

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Quel est votre parcours? J’ai fait mon Pharm. D. à l’Université Laval et immédiatement après, ma maîtrise à l’Université de Montréal. Ma résidence a été effectuée à l’Hôpital de la Citéde-la-Santé puis j’ai travaillé à Santa Cabrini pendant 2 ans et demi, principalement aux soins intensifs, avant de changer à l’Institut de cardiologie de Montréal (ICM) en octobre 2019. Je suis maintenant de retour aux études dans le programme de médecine à l’Université de Montréal tout en continuant de travailler de temps en temps à l’Institut de cardiologie de Montréal. Vous êtes allée aider en CHSLD au début de la pandémie. Pouvez-vous nous partager votre expérience? Oui, je suis allée aider en CHSLD à partir de fin avril jusqu’à mi-mai 2020 de façon volontaire. Vu le contexte à l’ICM où nous ne recevions pas de patients COVID, une contribution était souhaitée pour venir en aide aux CHSLD particulièrement en manque de personnel et compte tenu du nombre croissant de résidents infectés à la COVID-19. Suite à une demande générale de volontaires, j’ai rapidement concerté ma chef de service et le reste de l’équipe de pharmaciens pour offrir ma contribution en tant que pharmacienne, demande qui fut bien reçue.

Il faut comprendre qu’en plus d’avoir peu d’expérience en CHSLD ou en soins de longue durée, je suis allée là-bas sans savoir exactement ce que j’allais pouvoir faire pour venir en aide, en sachant très peu la réalité sur le terrain avant de m’y rendre. Les responsables de l’ICM m’avaient demandé de tenter de mettre à escient mon expertise en tant que pharmacienne pour venir en aide aux équipes déployées sur place. Aussi, j’avais eu comme information que certains médicaments étaient difficiles à se procurer, comme la morphine et le midazolam entre autres, et que parfois de long délais était nécessaires pour se procurer certains médicaments comme des antibiotiques. Tout s’est déroulé très vite : deux jours après avoir donné mon nom, j’étais appelée à me rendre au CHSLD. Je me rappelle très bien de ma première journée, c’était un samedi, et ce fut la journée la plus marquante et la plus difficile. Tout le monde était débordé, donc quand je suis arrivée pour la première fois au CHSLD, il n’y avait pas vraiment d’équipe en bonne et due forme pour nous accueillir. La personne ressource du CHSLD était principalement la coordonnatrice, qui était ellemême remplaçante. Ainsi, elle ne pouvait me donner de détails sur le fonctionnement pour la distribution des médicaments ou du matériel. J’avais déjà fait un

stage à l’international au Sénégal pendant mon Pharm. D. ainsi que d’autres projets à l’international auparavant, et c’est un peu drôle à dire, mais cette situation me rappelait beaucoup ces expériences : tu arrives sur le terrain et il faut que tu te débrouilles avec les moyens disponibles, que tu évalues les besoins et que tu essaies par toi-même de faire quelque chose d’utile pour aider. Mon premier réflexe a été d’aller voir la réserve de médicaments afin de me familiariser avec l’inventaire, faire le tri des expirés et évaluer la disponibilité de certains médicaments qui pourraient être nécessaires, comme l’azithromycine, la morphine, la scopolamine, le midazolam, le lorazépam, etc. Ensuite, j’ai décidé d’aller sur les unités pour essayer de me familiariser avec l’endroit et la chaîne de distribution des médicaments. Je me suis donc mise à marcher dans le corridor sur l’étage où j’étais. Il y alors une infirmière qui m’a interpellée et m’a demandée si j’étais disponible pour l’aider. Elle m’a dit qu’ils étaient juste deux personnes pour administrer les médicaments à une vingtaine de résidents et qu’ils n’y arrivaient pas. À ce moment-là, il y avait une patiente en détresse respiratoire et elle avait besoin de lui donner de la morphine par voie sous-cutanée, mais elle ne trouvait plus d’aiguilles pour lui administrer le

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médicament. Je me suis donc mise à chercher partout (rappelez-vous que ça faisait seulement 15 minutes que j’étais arrivée et que je ne connaissais pas encore bien les lieux!) et les seules aiguilles que j’ai trouvé étaient de calibre pour injection intra-musculaire... Ce fut un choc pour moi de constater un manque de matériel médical dans une grande ville comme Montréal. Malheureusement, cet événement ne fut pas isolé durant la crise du COVID lorsqu’on pense au manque de masques et de gants que nous avons vécu au cours de la pandémie. Cette journée-là, il manquait énormément de personnel, donc j’ai décidé d’aider les infirmières à administrer les médicaments aux résidents, jugeant que c’était l’aide la plus prioritaire requise à ce moment tout en tenant compte des limites de ma formation professionnelle. Il faut se rappeler que dans les CHSLD, les résidents sont habitués à recevoir leurs médicaments par les mêmes personnes chaque jour. Il faut aussi prendre le temps pour les donner, puisqu’il y a beaucoup de patients avec dysphagie, donc il faut souvent mélanger

les médicaments avec de la compote. Nous étions tellement peu de personnel pour tellement de patients : il était rendu environ 11h et il y avait encore des doses du matin (8h) qui n’avaient pas encore été administrées. Aussi, il faut comprendre que plusieurs résidents avaient des troubles cognitifs et le fait de voir du jour au lendemain des gens déguisés en « astronaute » leur donner des soins et se promener dans les corridors a été très déstabilisant pour plusieurs résidents en plus de voir leur routine complètement déboussolée. Par exemple, il y a une résidente qui est venue me voir pour me dire que normalement à 18h, ils avaient une collation et que ça faisait une semaine qu’ils n’en avaient pas eue. Je trouvais cela vraiment triste, mais tout le monde faisait le mieux qu’il pouvait avec les moyens que nous avions. Le plus difficile fut de voir les résidents souffrir ou succomber de la COVID, et ce, sans pouvoir être accompagnés de leurs proches. Cette première journée a été très, très difficile. Étant habituée au milieu hospitalier, je m’attendais à ce que les résidents infectés

soient restreints à leur chambre et qu’il y ait des mesures de précautions d’isolement devant chaque chambre concernée. J’ai été rapidement confrontée à une autre réalité, soit le manque de personnel, dont le personnel qui s’occupait de l’entretien des installations, mais aussi le manque d’équipement. Au début, il y avait des listes sur les étages avec les noms des résidents pour marquer ceux qui étaient COVID positifs, mais après un certain temps, ils ont arrêté de tester les résidents et ont considéré tout le monde comme positif. L’équipement de protection devait être mis avant de rentrer dans l’établissement et retiré à la sortie seulement, car l’établissement en entier était considéré contaminé. Je n’osais pas aller aux toilettes ni boire ou manger parce que chaque fois que tu enlevais un équipement de protection, tu te mettais à risque de te contaminer. Après cette première journée, que je me rappellerai toujours, je suis rentrée dans ma voiture et je me suis mise à pleurer. Pendant les semaines où j’ai travaillé au CHSLD, je faisais des journées de 8 à 10 heures en gé-

« Ce fut un choc pour moi de constater un manque de matériel médical dans une grande ville comme Montréal. »

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« Je n’osais pas aller aux toilettes ni boire ou manger parce que chaque fois que tu enlevais un équipement de protection, tu te mettais à risque de te contaminer. » rant moi-même mon temps. La première journée était exceptionnelle et un peu folle parce qu’il manquait beaucoup de personnel. Les autres journées étaient moins pires et les équipes se sont organisées petit à petit. Notre équipe de l’ICM était très bien encadrée avec un endroit sécuritaire à pression négative où l’on pouvait manger et revêtir notre équipement de façon sécuritaire. Nous avons même eu droit à un suivi de notre état mental et une offre d’assistance au besoin et nous étions testés de façon hebdomadaire pour la COVID-19. Quelles étaient vos tâches au CHSLD en tant que pharmacienne? Le défi supplémentaire relié à la crise du COVID en CHSLD est que ces derniers reçoivent des soins de longue durée. Ce sont des patients qui sont sur les mêmes traitements depuis des années et tout ajustement à la thérapie médicamenteuse est effectué conjointement avec le résident et sa famille. Toutefois, il y avait des patients qui devenaient instables rapidement et les équipes

n’étaient pas toutes à l’aise avec la prise en charge de conditions aiguës comme la déshydratation, la détérioration respiratoire, les hypoglycémies, etc. Le rôle que j’ai pris petit à petit était de réviser les dossiers pharmacologiques des patients instables. Je faisais le tour des chambres d’un étage ciblé avec l’infirmière ou le médecin pour cibler les résidents qui mangeaient moins, qui avaient des diarrhées, qui se déshydrataient ou qui faisaient des hypoglycémies. Une fois ces patients ciblés, je révisais leur dossier pharmacologique et je faisais des suggestions d’ajustements. Beaucoup de résidents recevaient jusqu’à 4 prises d’insuline par jour, ce qui est difficile à ajuster, et d’autres recevaient des diurétiques ou des laxatifs contribuant à leur déshydratation. En effet, le personnel infirmier déjà débordé n’avait pas toujours le temps de discuter de tous les ajustements pharmacologiques nécessaires pour chacun des résidents. Ainsi, j’étais la personne ressource pour effectuer ce pont et m’assurer que les changements au niveau de la thérapie médicamenteuse soient

appliqués. Ce fut un beau travail de collaboration multidisciplinaire avec le personnel infirmier et les médecins traitants. Sinon, une autre chose dont je me suis beaucoup occupée fut la simplification de la thérapie. Puisqu’il y avait peu de personnel pour administrer les médicaments, de grands efforts ont été effectués pour combiner le nombre de prises par jour des médicaments ou pour suspendre certains traitements jugés « non essentiels » dans le contexte de la pandémie comme le calcium, la vitamine D et les statines qui pouvaient exacerber les douleurs musculaires chez les résidents atteints de COVID. Ce fut parfois difficile de convaincre les médecins de suspendre temporairement certains médicaments compte tenu que la déprescription doit être effectuée conjointement avec le résident et/ou sa famille. Aussi, la suspension de certains traitements, surtout de prévention secondaire, pouvaient être jugés acceptables dans le contexte de la crise actuelle, mais leur reprise risquait de tomber entre deux

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chaises une fois la crise résolue, sachant que je ne pourrais pas faire le suivi de mes interventions par la suite. Ainsi, certaines interventions qui peuvent sembler faciles à appliquer peuvent rapidement devenir des défis de logistique. Je devais me remémorer la prémisse « primum non nocere », qui est une locution latine qui veut dire « en premier, ne pas nuire ». Je me suis aussi beaucoup impliquée dans la substitution thérapeutique puisque plusieurs médicaments étaient en rupture d’inventaire à ce moment-là. Je m’occupais de proposer des alternatives en particulier pour les médicaments utilisés dans le contexte de détresse respiratoire et/ou de fin de vie. D’ailleurs, ce CHSLD était approvisionné par une pharmacie communautaire pour les médicaments, ce qui est de moins en moins fréquent. Cette façon de faire a ajouté, selon moi, un défi supplémentaire parce que lorsqu’une nouvelle ordonnance était rédigée, il y avait une procédure particulière à suivre pour faire parvenir l’ordonnance à la pharmacie communautaire et les changements ne pouvaient pas être effectués la journée même. En effet, la pharmacie fournissait les médicaments une fois par semaine. Si un patient devait débuter un antibiotique ou tout autre traitement aigu, il y avait

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une procédure spéciale pour l’avoir dans un délai de moins de 24h. Toutefois, puisque plusieurs membres du personnel n’étaient pas trop familiers avec la procédure, cela faisait en sorte qu’il y avait parfois plusieurs ordonnances qui ne se rendaient jamais à la pharmacie communautaire et que plusieurs dossiers n’étaient pas à jour. Un autre défi fut donc de se familiariser avec cette procédure et de l’enseigner au personnel dépanneur. Il y avait aussi plusieurs différences entre les manières de travailler du personnel venant des hôpitaux et du personnel du CHSLD. En effet, à l’hôpital, nous sommes habitués à travailler avec des FADM (feuille d’administration des médicaments) quotidiens (de 24 heures) alors qu’en CHSLD, ils sont habitués à avoir des FADM hebdomadaires (de 7 jours). À cause de tous les changements rapides et fréquents qui se faisaient par la condition aiguë des résidents et par le manque de temps, le personnel avait de la difficulté à garder les profils des patients à jour. Par exemple, il est arrivé que je réalise que la dose d’insuline d’un patient que je me rappelais avoir ajustée la semaine auparavant n’avait pas été effectuée, car la prescription ne s’était pas rendue à la pharmacie communautaire et le dossier n’était donc pas à jour. J’ai ainsi contacté

la pharmacie communautaire à plusieurs reprises pour trouver des solutions ensemble afin de veiller à ce que les profils soient à jour et éviter les délais d’administration de médicaments. Par exemple, nous avons convenu que j’aviserais le pharmacien communautaire la veille pour qu’il me fasse parvenir toutes les mises à jour des profils des résidents d’un étage donné. Ainsi, le lendemain, j’avais tous les profils à jour pour pouvoir travailler de façon plus efficace et leur faire parvenir plus facilement les corrections ou ajustements nécessaires dans la médication. De plus, chaque fois qu’un nouveau traitement était commencé, je m’assurais d’aller chercher toutes les doses pour le traitement dans la réserve de médicaments sur place que je mettais ensuite dans la cassette du patient. Le pharmacien communautaire et moi avons travaillé souvent ensemble aussi lors de rupture d’inventaire de produits ou pour réapprovisionner les réserves des médicaments mis aux communs. Vous avez également travaillé sur une unité COVID à Santa Cabrini. Quelle est la différence entre votre expérience au CHSLD et votre expérience dans un établissement de santé? C’était très différent. Les soins prodigués dans une unité de soins intensifs était quelque chose à


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laquelle j’étais plus familière par rapport au milieu du CHSLD, donc c’était beaucoup moins déstabilisant pour moi. L’unité « chaude » de soins intensifs où je suis allée dépanner était aussi en manque de personnel. Déjà, une des différences est que les patients COVID positifs étaient isolés dans des chambres individuelles à pression négative avec toutes les précautions nécessaires. Par contre, le nombre de patients ventilés était probablement trois fois plus élevé qu’usuellement et la durée d’intubation était aussi énormément prolongée. Le plus grand défi fut bien entendu le manque de médicaments, particulièrement les médicaments sédatifs, les analgésiques et les curares. Il arrivait souvent que l’on devait changer complètement de traitement de sédation (ex : propofol) pour plusieurs patients, car il n’y avait pas assez de médicament en inventaire pour se rendre au lendemain et il était impossible d’emprunter aux hôpitaux voisins, tout le monde étant dans la même situation. On devait bien réfléchir à chaque action entreprise, par exemple, quelle sédation allionsnous prioriser pour faire une intubation à séquence rapide pour ne pas gaspiller une seule bouteille de propofol? Tous les jours, nous devions être à l’affût de l’inventaire des médicaments ou des commandes qui arrivaient pour

évaluer de façon proactive si un changement de thérapie de sédation/analgésie était nécessaire. Un travail d’étroite collaboration était important entre les différentes équipes pour, par exemple, savoir combien de temps nous pouvions mettre un patient en position ventrale selon la disponibilité de curare. Il fallait toujours innover au jour le jour pour trouver des alternatives de traitement. Également, un autre défi était de toujours rester à l’affût des nouvelles études qui sortent malgré la fatigue reliée à la charge de travail augmentée. Par exemple, au début, l’hydroxychloroquine était administrée aux patients, puis petit à petit, les données probantes ont montré un risque probable supérieur aux bénéfices et nous avons arrêté d’en donner. Il fallait donc changer les pratiques rapidement avec les nombreuses études qui étaient publiées à tous les jours et adapter notre pratique rapidement basé sur des études avec des méthodologies souvent fragiles vu l’urgence de la situation. Une semaine, on déconseille l’utilisation de corticostéroïdes chez les patients COVID positions et la semaine suivante, on en donne à tous les patients nécessitant une oxygénothérapie. Malgré la fatigue et l’exténuation, il est important de continuer à suivre le rythme et être à l’affût des évidences publiées pour offrir le

meilleur traitement possible pour nos patients. Nous vivons une situation vraiment hors du commun puisque nous assistons à l’émergence d’une toute nouvelle maladie que personne ne sait encore à ce jour comment optimalement traiter. Je pense que ce sont de beaux défis professionnels et que la place du pharmacien s’est clairement fait valoir pendant cette crise. L’entraide dans le système de santé québécois a aussi été mise de l’avant avec notamment l’échange de ressources entre les établissements de santé. Durant la crise actuelle, il est important de rester solidaire et de partager les ressources lorsque possible, que ce soit des médicaments ou des professionnels de la santé. Un dernier mot pour les étudiants? En tant qu’étudiants, nous sommes plus limités et il faut suivre les directives de l’université, qui est responsable de nous et de notre protection. Comme étudiants en santé, nous sommes toujours pris entre vouloir aider dans cette crise sanitaire et montrer l’exemple en respectant les mesures de prévention de la transmission du virus. Selon moi, s’il y a une façon que vous pouvez aider, peu importe comment et peu importe l’ampleur, cela en vaut la peine. Il n’est pas toujours possible d’aider directement des

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« Malgré que la pandémie nous fasse vivre à tous beaucoup de difficultés, j’ai espoir qu’elle apportera des changements positifs dans notre société. » patients, mais il existe plusieurs façons indirectes de faire notre part. Je trouve que c’est important de s’impliquer dès le début de nos études. Il n’y a pas une meilleure façon qu’une autre de le faire, mais je pense que si on y met chacun notre grain de sel, c’est déjà très bien et ce peut être aussi simple que de respecter les mesures préventives sanitaires (tel qu’éviter les rassemblements à Noël) et montrer l’exemple. Votre voix et vos gestes en tant qu’étudiant en pharmacie a probablement plus d’impact que vous ne le croyez. Sinon, plus tard dans votre pratique, c’est important de ne pas avoir peur de se lancer et d’avoir de l’initiative. Lorsque l’appel à des volontaires a été lancé dans mon établissement, bien entendu ils n’avaient pas vraiment interpellé les pharmaciens, mais ma proposition fut très bien accueillie. Quand je suis arrivée au CHSLD, personne n’était là pour me prendre par la main afin de me montrer quoi faire. J’ai dû me débrouiller, faire mon possible et parfois, improviser. Même si je n’ai peut-être pas eu autant

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d’impacts directs sur les patients au CHSLD que le personnel infirmier ainsi que les préposés aux bénéficiaires, mes actions ont certainement aidé à prévenir des complications et contribué à soulager des patients en fin de vie. En allégeant une partie du travail du personnel infirmier, cela leur a également permis d’avoir plus de temps à donner au chevet des patients. C’est important de ne pas avoir peur d’avoir des idées, de foncer et de sortir de sa zone de confort, même si ce n’est pas toujours facile. À un moment donné, je me suis même demandée : « Pourquoi j’ai fait ça? Pourquoi je me suis portée volontaire, pourquoi je me suis imposée de vivre une situation inconfortable comme celle-là? ». Par la suite, j’ai compris qu’il y a toujours un certain choc lorsqu’on sort de sa zone de confort. Par contre, si tu me demandes maintenant si je referais la même chose, je te répondrais oui sans hésitation parce que même si c’était inconfortable au début, au final, je suis heureuse que ma contribution ait pu aider des gens. J’aimerais finir par dire que plu-

sieurs entreprendront des projets à l’international pour aller aider des communautés dans le besoin, moi-même l’ayant déjà fait, et j’encourage à 100% cette expérience. Cependant, cette crise m’a fait réaliser qu’ici même au Québec, plusieurs populations vulnérables ont également besoin d’aide et qu’il y a de nombreuses actions qu’on peut poser pour venir en aide à notre propre communauté. J’aimerais faire une mention spéciale au personnel infirmier et à toutes les équipes médicales du système de santé qui travaillent encore à ce jour à soigner nos proches, et ce, dans des conditions très ardues. Malgré que la pandémie nous fasse vivre à tous beaucoup de difficultés, j’ai espoir qu’elle apportera des changements positifs dans notre société.


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LA PRATIQUE DE LA PHARMACIE

AU NORD-DU-QUÉBEC UNE ENTREVUE AVEC MATHIEU NOBERT

Quel est votre parcours? J’ai fait mon Pharm. D. à l’Université de Montréal et j’ai gradué en 2017. Par la suite, j’ai travaillé un an en pharmacie communautaire dans le coin de Joliette. Depuis août 2018, je travaille au Conseil Cri de la santé et des services sociaux de la Baie James (CCSSSBJ) pour la Nation crie de Mistissini dans le Nord-duQuébec. C’est une municipalité de village cri située près du plus grand lac d’eau douce du Québec.

Je suis adjoint au chef du département de pharmacie là-bas depuis mars 2020. Qu’est-ce qui vous a amené à travailler au Nord-duQuébec? C’est une bonne amie que j’ai rencontrée pendant le Pharm. D. qui m’a recruté. Elle m’a dit qu’ils avaient besoin de quelqu’un avec mes compétences et m’a demandé si cela m’intéressait. J’y ai pensé un peu et j’ai finalement décidé de postuler. Le processus d’em-

bauche était quand même long : j’ai seulement commencé à travailler là-bas quelques mois après avoir envoyé mon CV. Dans mon processus de décision, je me suis dit que c’était un défi de carrière que je devais relever pendant que j’étais encore jeune, avant d’être installé quelque part avec une famille. Je pensais au début le faire pendant un an seulement, mais maintenant ça fait déjà presque deux ans et demi que je suis ici et je compte y rester encore pendant un bout de temps.

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Parmi les points positifs d’aller travailler au Nord-du-Québec, il y a tout l’apprentissage personnel que tu acquiers. Personnellement, je n’étais pas très familier avec la culture de la population autochtone au Québec. On présente le Québec comme étant un endroit avec une culture québécoise et un sous-groupe de population anglophone, mais on ne parle pas vraiment des milliers d’habitants autochtones qui ont leur propre territoire, une certaine autonomie ainsi qu’une culture totalement différente! L’endroit où je travaille est considéré comme un établissement de santé, donc on est membre de l’Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec (APES). On a des avantages financiers (en effet, les primes augmentent au fur et à mesure que vous vous éloignez des grands centres) et beaucoup de vacances. Je mentirais si je disais que les modalités de vacances n’étaient pas un point qui m’avait attiré initialement dans ma décision d’aller travailler dans le Nord-du-Québec. Dans le fond, à chaque deux mois de travail, on a un mois de congé, ce qui fait en sorte qu’on a 4 mois de congé par année. C’est un bénéfice que vous n’allez avoir nulle part ailleurs. Nous avons aussi la capacité d’être impliqués dans des projets vraiment le fun et novateurs pour améliorer les soins pharmaceutiques dans la région.

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Un autre point positif est le fait qu’ici, l’assurance est gérée par le pharmacien. C’est beaucoup moins compliqué que dans les pharmacies communautaires à Montréal, par exemple, où le pharmacien doit gérer des problèmes d’assurances. Ici, il n’y a que deux possibilités : soit le patient est couvert à 100% par l’assurance, soit il ne l’est pas et doit payer le plein prix. Il n’y pas d’entre-deux. De plus, un logement est également offert pendant que nous sommes là, donc nous ne payons pas de loyer, ce qui est un avantage intéressant. Quelles sont les particularités et les défis de la pratique dans le Nord-du-Québec? Un gros défi de la pratique dans le Nord-du-Québec est que tout ce qui concerne l’histoire, la culture et la médecine traditionnelle des peuples autochtones, je ne l’avais pas vu durant mes études en pharmacie. Il fallait donc tout apprendre en arrivant là-bas. La barrière des langues est également présente : dans le Nord-duQuébec, ⅓ des résidents parlent français, ⅓ parlent la langue crie et ⅓ parlent l’inuktitut ou l’anglais. Il y a souvent une partie de la compréhension de la langue et de la culture qui n’est pas là. Je pense que c’est important d’apprendre les mots de base quand on travaille ici : c’est un minimum de respect d’apprendre comment dire bonjour et merci. La syn-

taxe et la manière de former des phrases sont toutefois très différentes de ce à quoi on est habitué. Si des pharmaciens décidaient de vraiment se dédier à apprendre la langue, ça serait vraiment cool, car je crois que les peuples autochtones ont besoin de ça. Ils ont besoin et ils veulent recevoir des soins dans leur propre langue. Ça serait un défi, mais un beau défi. Si des pharmaciens veulent s’attaquer à ça, je les supporte à 110%! Je travaille en ce moment sur un territoire cri dans une région administrative qui est composée de 3 régions sociosanitaires, donc 3 manières différentes de gérer la santé. Il y a le Nord-du-Québec qui est typiquement québécois avec un hôpital et des pharmacies communautaires comme à Chibougamau, par exemple. Par contre, moi, je travaille dans une région socio-administrative de la terre de Baie-James qui est régie par le Conseil Cri de la santé, c’est-à-dire que la population crie est en charge de leurs soins, est autonome et a leur propre manière d’effectuer la gestion des soins de santé qui est totalement différente du reste du Québec. Il est important de mentionner que dans les 9 communautés sur le territoire (voir la carte), il n’y a que 3 pharmacies. Dans les 6 autres communautés, il n’y a que des dispensaires gérés par des infirmières où il n’y a pas de pharmaciens présents. Voici le fonctionnement : une infirmière prend


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« C’est fou à quel point nous avons des services pharmaceutiques du niveau du tiers monde dans une communauté qui est juste à côté de nous parce que nous n’avons pas assez de pharmaciens. » la prescription du médecin, va à la pharmacie et compte les comprimés nécessaires pour la durée prescrite. Puis, elle remplit une feuille dans un dossier médical papier pour noter la date du mois à laquelle les médicaments ont été servis. Actuellement, il y a 7000 personnes sur ce territoire qui ne reçoivent aucun service pharmaceutique et on peut imaginer les problèmes qui peuvent alors survenir. C’est donc un immense défi à franchir parce qu’il est difficile d’instaurer des soins pharmaceutiques à ces endroits où il y a si peu de pharmaciens. Le fait que la majorité des communautés autochtones se fasse servir ses médicaments via des dispensaires et non des pharmacies apporte aussi comme difficulté de faire connaître le rôle du pharmacien à ces populations. Celles-ci trouvent parfois que la distinction entre un médecin, un infirmier et un pharmacien est plutôt vague. De plus, vu qu’ils sont habitués à ce que les infirmiers préparent leurs médicaments, il leur arrive parfois de confondre les pharmaciens avec les infirmiers. Une des manières pour qu’on puisse

leur faire comprendre notre rôle en tant que pharmacien est d’être compétent tout en communiquant bien nos connaissances. Dès qu’ils vont sentir qu’on sait de quoi on parle, on va peu à peu gagner leur confiance. Comme je l’ai mentionné tantôt, l’absence de pharmacien dans les dispensaires peut parfois créer des problèmes. Une fois, j’ai passé 2 heures dans un dispensaire et j’ai trouvé 3 erreurs pharmaceutiques qu’aucun pharmacien n’aurait laissé passer. Un exemple que j’ai en tête est celui d’un patient qui s’est fait prescrire de la metformine 500 mg 2 fois par jour depuis 1 an et qui se faisait servir une quantité de 60 comprimés tous les mois. Toutefois, selon le registre de l’infirmière, le patient venait seulement chercher son médicament aux 2 mois. En parlant avec lui, j’ai réalisé qu’il prenait 1 comprimé 1 fois par jour depuis 1 an, car il n’était pas au courant qu’il fallait le prendre 2 fois par jour vu que personne ne le lui avait jamais dit. Le patient avait une valeur de HbA1c « dans le tapis » et si un pharmacien avait

été là, une intervention simple, concise et directe aurait immédiatement contribué à optimiser la prise du médicament. Parfois, il est difficile de distinguer si c’est une difficulté de compréhension, de langue ou d’adhésion. En ce qui concerne la barrière de langue, il y a beaucoup de patients unilingues et une manière rapide de le découvrir est lorsque je pose une question ouverte et qu’ils répondent par oui. Si vous travaillez dans le Nord-du-Québec, votre plus grand allié est votre technicien cri qui va pouvoir traduire et expliquer la culture ainsi que les bonnes manières d’agir. Les valeurs sont parfois très différentes. Par exemple, pour la communauté crie, la famille passe toujours en premier et si quelque chose arrive, il faut tout abandonner pour aller l’aider. Ça pour nous, c’est parfois une manière de fonctionner à laquelle nous ne sommes pas habitués. Une particularité importante est qu’il n’y a pas de distinction entre pharmacie communautaire et établissement de santé ici. La pharmacie dans laquelle je tra-

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vaille agit 90% en tant que pharmacie communautaire, 5% en tant qu’établissement de santé et 5% en tant que GMF. C’est comme une sorte de CLSC avec une urgence à l’intérieur. La pharmacie dessert donc à la fois la population locale pour leurs médicaments mensuels, mais également l’urgence et les cliniques. C’est donc une réalité qui est vraiment différente de ce à quoi on est normalement habitué. Pour mieux le visualiser, imaginons qu’un patient entre dans le CMC (centre Miyupimaatisiiun communautaire) : à gauche, il y a une salle d’attente avec une urgence; si on monte en haut, il y a les 3 cliniques (Awash pour les enfants de 0 à 12 ans ainsi que les femmes enceintes, Uschiniichisuu pour les 13 à 29 ans et Chishaayiyuu pour

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les 30 ans et plus) et à droite, il y a la pharmacie. Il y a un comptoir où les patients peuvent déposer leur prescription et un autre comptoir où ils peuvent récupérer leurs médicaments. Il y a également un bureau de consultation privée. Il n’y a pas de produits plancher. Ils peuvent acheter les médicaments hors annexe à l’épicerie et nous tenons les produits en annexe 2 et 3 derrière le comptoir. Ainsi, il se peut qu’on ait à servir à monsieur X son atorvastatine, à monsieur Y son antibiotique et à madame Z son Canesten qu’elle demande en annexe 3. Après, je peux me faire appeler par un hôpital à Chibougamau parce qu’ils veulent avoir une liste de médicaments d’un patient, ou je peux aller aider avec un cas à l’urgence juste à côté. Nous préparons aussi

les piluliers, les médicaments injectables, les kits pour les ambulanciers ainsi que les kits pour les patients qui vont aller dans le bush, c’est-à-dire qui partent chasser dans le bois pendant 2 à 3 semaines (ou parfois des mois!). Cela faisant partie de leur culture et de leur manière de vivre, nous devons les épauler et leur servir assez de médicaments pour couvrir cette période tout en s’assurant, en collaboration avec eux, que le contenu de leur trousse (bush kit) est complet. Un aspect qui est vraiment le fun est le fait que nous avons beaucoup de projets. Les services ici sont similaires à ceux offerts au Québec dans les années 70, mais là nous avons une équipe jeune, dynamique, qui veut bouger les


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choses et rattraper les années 2000. Nous travaillons donc très, très fort pour essayer de tout mettre à jour. Ça, c’est quelque chose qui est super intéressant à faire en début de carrière et j’ai l’impression que les étudiants ne sont souvent pas au courant de cette possibilité d’aller travailler sur des projets aussi grands. Cela fait seulement 3 ans que j’ai gradué et j’ai déjà l’opportunité d’être gestionnaire d’une équipe. Nous sommes en train de travailler sur un projet pour implanter des ensacheuses et la télépharmacie. Nous voulons aussi restructurer et améliorer la qualité des soins et mettre en place plus de services cliniques. Il est rare de voir ça ailleurs.

Il y a beaucoup de pharmaciens qui se disent que travailler dans le Nord-du-Québec n’est pas attrayant. Personnellement, je trouve que c’est une expérience culturelle vraiment enrichissante, qui est presque similaire à celle de travailler dans un autre pays. Il y a justement une pharmacienne avec qui j’ai travaillé qui faisait partie de Pharmaciens Sans Frontières (PSF) et qui avait déjà été dans plusieurs pays pour mettre en place ou donner des soins cliniques. Elle m’a toutefois raconté qu’elle n’en revenait pas du fait qu’on envoie des pharmaciens à l’autre bout du monde, dans des pharmacies qui sont mieux gérées que les dispensaires qu’on retrouve présentement dans le

Nord-du-Québec. C’est fou à quel point nous avons des services pharmaceutiques du niveau du tiers monde dans une communauté qui est juste à côté de nous parce que nous n’avons pas assez de pharmaciens. Je trouve ça « capoté ». La pénurie de pharmaciens fait en sorte qu’il y a un énorme écart entre les services pharmaceutiques offerts à Montréal et ceux offerts au Nord-du-Québec. Retenir les pharmaciens peut être parfois difficile : environ 75% des pharmaciens embauchés démissionnent après 2 ans ou ne viennent que pour une courte période. Il y a donc un taux de roulement quand même élevé. Je crois également que plusieurs endroits du Nord-du-Québec ne reçoivent

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« Ne pas avoir cette éducation, je trouve que c’est manquer à notre obligation en tant que professionnels de la santé de s’assurer que toutes les populations différentes reçoivent des soins de qualité. » pas l’aide dont ils ont besoin pour des raisons politiques que je ne vais pas aborder ici. Quels sont les défis par rapport aux soins pour les populations autochtones? Les populations autochtones ont une culture différente, une langue différente, des valeurs différentes, des priorités différentes, une manière de voir la santé qui est différente. Si on ne fait pas attention, si on n’apprend pas et si on ne respecte pas leur culture, on est en train de donner des soins qui ne sont pas sécuritaires culturellement. Je suis justement en train de monter une présentation sur la façon d’offrir des soins adaptés aux populations autochtones, qui devrait avoir lieu aux alentours de mars/ avril 2021. Ça fait des mois que je recueille toutes sortes d’informations que j’aurais aimé avoir lorsque j’étais étudiant en pharmacie. Avant d’arriver au Norddu-Québec, mon amie m’avait fourni quelques informations de base et m’avait résumé la réalité là-bas, mais ce n’était pas suffisant. Je n’ai appris davan-

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tage qu’en faisant des erreurs. Alors, je trouve que cela pourrait grandement aider les étudiants d’apprendre sur ce sujet. Cette présentation ne va aborder que la surface de ce qu’il faut réellement comprendre pour pouvoir donner des soins aux populations locales, car il y a tellement de particularités dans chaque culture qu’il est impossible pour moi de tout expliquer en 1h30. Lors de cette présentation, il y a certaines choses que j’ai le droit de dire, je peux parler de mes expériences et de ce que j’ai vécu au niveau des différences culturelles au niveau de l’équipe ou avec les patients. Par contre, je ne peux pas parler de leur histoire. Pour cela, il faudrait quelqu’un de leur communauté ou du moins un historien. En effet, lors des cours au secondaire ou au cégep, les courants historiques nous ont été présentés d’un point de vue très européen, mais en ce moment, les populations autochtones sont en train de redéfinir ce qui est vraiment arrivé avec une histoire qu’on nomme révisionniste. Le révisionnisme est parfois utilisé de manière péjorative, mais dans ce

cas, j’utilise ce terme d’un point de vue objectif et historique pour décrire une tendance. Dans ma présentation, j’essaie d’inclure des vidéos et des témoignages de personnes ayant été dans les pensionnats autochtones parce que si on ne comprend pas leur contexte historique, législatif et socioculturel, il est impossible de donner de bons soins aux patients autochtones. Je pense que la mort de Joyce Echaquan est une preuve de cela. J’ai justement travaillé proche de Joliette durant ma première année après avoir gradué et j’ai eu des patients qui, pendant une consultation dans le bureau de confidentialité, me racontaient comment des professionnels de la santé avaient été racistes envers eux. Cela date de 2017, donc le racisme dans le système de santé au Québec n’est vraiment pas quelque chose de nouveau. En ce qui concerne la relation pharmacien-patient, il y a plusieurs différences au niveau de la communication auxquelles nous ne sommes pas toujours habitués. Ce que je veux dire par cela, c’est qu’on a souvent tendance à regarder nos patients dans les yeux et


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maintenir le contact visuel pendant les consultations. Par contre, les patients cris ont moins tendance à faire ça, pas parce qu’ils sont gênés ou mal intentionnés, mais parce que c’est un signe de respect pour eux. Ils vont souvent préférer regarder les vials de médicaments, mais cela ne veut pas dire qu’ils sont dans la lune ou peu intéressés. Il y a certains professionnels de la santé qui vont tenir des propos dangereux comme « Eille, regarde moi », « You’re not focusing » ou « Are you paying attention? », ce qui est totalement inapproprié et culturellement inacceptable. J’ai réalisé que lorsque je regardais les vials avec eux, il y avait un meilleur rapport que lorsque je les regardais directement dans les yeux pour essayer de voir s’ils comprenaient. Ce sont des choses que tu apprends sur le tas. Un autre point important est qu’il faut absolument maintenir la confidentialité. Dans un petit village, presque tout le monde se connaît, d’où l’importance de faire tous les conseils dans le bureau de confidentialité. Parler par-dessus le comptoir, cela a été fait dans le passé, mais

les patients détestaient cela avec passion. Il y a déjà eu des plaintes contre de nombreux pharmaciens pour des choses qui nous paraissent anodines, mais qui ne le sont pas pour les patients. Par exemple, parler de somnifères pour nous peut sembler très normal, mais il se peut que pour des patients, cela soit inacceptable d’en parler en public. Avez-vous des trucs pour les étudiants pour déjà commencer à intégrer des manières d’améliorer les soins offerts aux populations autochtones? Absolument! Il faut tout d’abord apprendre l’histoire des peuples autochtones en s’informant le plus possible, que ce soit par le biais d’articles, de livres, de vidéos ou de documentaires. Faire un stage ou travailler une seule fois dans votre vie dans une communauté autochtone va également changer votre manière de voir plein de choses. On a tellement peu de contact avec quoi que ce soit qui a lien avec la culture autochtone pendant notre éducation et c’est quelque chose que je trouve inac-

ceptable. Je me rappelle avoir lu un article publié dans un journal en 2010 qui disait que les médecins, infirmiers et pharmaciens devraient tous avoir une bonne éducation sur la culture autochtone afin de donner des soins sécuritaires à cette population. Ne pas avoir cette éducation, je trouve que c’est manquer à notre obligation en tant que professionnels de la santé de s’assurer que toutes les populations différentes reçoivent des soins de qualité. On est en train de parler de choses super avancées pour les patients à Montréal, mais il y a une partie de la population au Nord-du-Québec qui n’a même pas un minimum de distribution de médicaments. Un autre petit truc que j’aurais à donner est par rapport aux termes utilisés avec les patients autochtones. J’ai toujours posé la question « Prenez-vous des produits de santé naturels? » et les patients répondaient toujours non. Après un certain temps, j’ai réalisé que si je demandais « Prenez-vous des produits de médecine traditionnelle? », les patients allaient alors me donner une longue liste

« S’il y a quelque chose que je pourrais faire ressortir, c’est que lorsqu’on travaille sur un territoire autochtone, on doit absolument respecter leur culture, leurs valeurs et leurs désirs. »

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« On ne peut pas être sur un piédestal de professionnel de la santé. Il faut absolument qu’on descende de là. » de tout ce qu’ils prenaient. Par exemple, il y a un patient qui m’a dit qu’il utilisait du gras d’ours. Il faut alors explorer pour quelle raison cela est utilisé (dans ce cas-ci, le patient l’utilisait pour son eczéma) et si cela est sécuritaire pour lui. Il y a une manière d’incorporer leurs croyances avec la médecine occidentale, on ne peut pas simplement dire « Eille, n’utilise pas ça! ». S’il y a quelque chose que je pourrais faire ressortir, c’est que lorsqu’on travaille sur un territoire autochtone, on doit absolument respecter leur culture, leurs valeurs et leurs désirs. On ne peut pas être sur un piédestal de professionnel de la santé. Il faut absolument qu’on descende de là. Si jamais il y a des étudiants qui sont intéressés à venir faire leur stage au Nord-du-Québec ou

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d’y travailler après avoir gradué, on est toujours à la recherche de pharmaciens ouverts d’esprit, résilients, responsables, débrouillards, prêts à vivre une expérience culturellement différente et qui ont le désir d’améliorer le système dans lequel on est. Un mot de fin pour les étudiants? Si vous avez un endroit particulier que vous envisagez comme endroit de carrière, allez travailler quelque part d’autre avant de débuter votre carrière. Cela va sembler bizarre, mais l’objectif est de grandir en tant que personne en voyant plusieurs autres manières de fonctionner, en gagnant de l’expérience ainsi que des connaissances afin que, lorsqu’on arrive à l’endroit où on veut travailler, on ait une assurance à 100% et le niveau de compétence

désiré. Je suggère souvent aux pharmaciens en début de carrière de se déplacer, d’essayer de travailler à différents endroits géographiquement, de passer au moins une fois dans leur vie dans un milieu nordique ou différent de ce à quoi ils sont habitués au niveau de la culture. Je pense que cela va beaucoup apporter et va faire grandir la profession, même si c’est juste un petit nombre de pharmaciens qui le font. Cela va vous apporter 10 fois plus que ce que vous espérez.


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« M’aimer un peu plus chaque jour », c’est une idée originale qui vient de l’Association de droit de l’Université de Montréal. Elle a pour but d’ouvrir la discussion sur les troubles alimentaires sur les réseaux sociaux comme Instagram. En effet, en contexte de pandémie, beaucoup d’étudiant(e)s ont vu leur poids fluctuer ce qui a affecté leur estime de soi. Voyant ce magnifique projet qui nous touche particulièrement en tant que futurs professionnels de la santé de première ligne, l’AÉPUM a décidé d’y participer sans hésitation. Nous avons donc publié une foule d’infographies sur le sujet, comme des témoignages provenant des étudiants en pharmacie, des informations pertinentes, des comptes Instagram « body positive », etc. N’oubliez pas de consulter l’ensemble de la campagne sur l’Instagram de l’AÉPUM (@aepum.info), de l’AED (@aedmtl) et de l’AGÉÉPUM (@ageepum.udem). » - Emma Legault

Témoignage 1

que ça change. J’avais 14 ans.

Quand j’étais plus jeune, j’étais chubby, tsé j’étais the fat friend pis je le savais. Je n’aimais pas mon corps, mais ce n’était pas une obsession. Un beau jour de juin, en revenant d’un voyage scolaire aux glissades d’eau où je me suis constamment comparée aux autres filles en maillots de bain, je me suis pesée.

J’ai sauté tous mes dîners durant l’été parce que mes parents ne pouvaient pas savoir et mes déjeuners étaient toujours des toasts sans garniture. J’ai commencé à « sous-nourrir » mon corps.

J’ai vu 145 lbs sur la balance. Je sais que c’est loin d’être obèse, mais pour moi, à ce moment-là, c’était énorme comme poids corporel. Puis, il y a comme eu un déclic dans ma tête. Je me sentais comme une baleine et il fallait

Tout à coup, j’ai arrêté d’avoir mes règles...

Au retour à l’école, durant les dîners, je jetais la moitié de mon repas aux poubelles. Cela a continué pendant une bonne période.

En décembre, je me suis levée trop vite du divan et j’ai perdu connaissance. Ma mère était très inquiète et a fait venir une am-

bulance. J’ai passé près de 13h à l’urgence juste pour faire une prise de sang et me faire dire que tout était correct. Le monde autour de moi commençait à s’inquiéter pour moi et ça devenait plus difficile de continuer à manger moins. De juin à février, donc en 8 mois, je suis passée de 145 lbs à… 88 lbs. Je n’ai jamais eu de diagnostic officiel d’un professionnel de la santé, mais je suis pas mal sûre que j’aurais répondu à tous les critères d’anorexie. Je ne sais pas vraiment comment

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expliquer ma guérison, mais dans les mois qui ont suivi, j’ai recommencé à mieux manger. Je crois que c’est pas mal dû au fait que tout le monde autour de moi me surveillait. J’ai repris du poids, mais jamais je ne suis revenue à mon poids initial de 145 lbs. Mon poids a fluctué un peu au cours des dernières années entre 110 et 125 lbs, mais dernièrement, il est resté stable à 120 lbs. Est-ce que j’aime mon corps maintenant? Je dirais plus que je l’accepte comme il est. Je sais que je ne serai jamais capable d’aimer mon corps entièrement, il y a toujours quelque chose que je vais trouver à ne pas aimer, mais j’accepte mon apparence et j’accepte le fait qu’il y a des choses que je ne pourrai jamais changer sur mon corps. Après tout, c’est comme ça qu’il est fait. Aujourd’hui, j’essaie encore d’améliorer mon physique pour essayer de m’aimer plus, mais cette fois, j’utilise des moyens plus sains, comme l’entraînement. Je n’ai pas honte d’être passée par là, ce n’est pas un secret pour moi. La santé mentale et l’obsession de l’apparence, c’est une discussion à avoir. C’est beaucoup plus fréquent qu’on le pense et c’est en parlant avec les autres qu’on le réalise.

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Témoignage 2 Ça a commencé il y a 11 ans déjà. J’étais éternellement insatisfaite de mon corps et de mes formes athlétiques. J’ai donc commencé à manger de moins en moins et à bouger plus. J’étais en résidence, donc c’était facile de mettre cette responsabilité sur le dos de « la bouffe n’est pas bonne à la cafétéria ». J’ai fondu. Littéralement. Rapidement.

J’étais excellente pour me comparer à tout le monde autour. Je critiquais le moindre changement de mon corps. En 2017, après toutes ces années en mode privation, j’étais tannée de faire semblant que tout allait bien. J’étais tellement malheureuse, et mon corps aussi. J’ai eu un déclic.

J’ai passé les sept années suivantes à être mince, maigre.

Depuis quand c’est normal de sortir du cégep, majeure, et de peser moins qu’un enfant de secondaire 1?

Mais tsé, pas trop non plus pour pas que mon entourage se doute de quelque chose.

Depuis quand c’est normal d’idéaliser des standards corporels qui me rendent malade?

J’ai pas pris une livre entre mon secondaire 2 et ma deuxième année de cégep.

Avec le temps, j’ai recommencé à manger.

Dans ma tête, c’était normal. Désiré même. Pendant toutes ces années, je faisais de l’anxiété de performance, autant pour l’école que pour mon corps. J’avais le ventre tellement vide que mes camarades de classe l’entendaient gargouiller. Je m’évanouissais quand j’étais trop fatiguée ou quand je me levais trop vite. Je mangeais 4-5 bouchées de mon assiette avant d’aller la jeter. Je dormais 5-6h par nuit.

Manger plus, plus souvent, plus de choses que j’aime. Il faut dire que ça m’arrive encore de me tourmenter avec les images de mon ancien corps. Il faut dire que les médias sociaux, ce n’est pas ce qui permet le mieux de m’en débarrasser. Ça reste un éternel combat quotidien de me prouver que je suis assez. Assez toute. Que mon corps est assez digne d’être correctement alimenté. Que ma nouvelle peau, pleine de cellulite et de vergetures, est


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assez digne d’être montrée dans des shorts. Tranquillement, je progresse dans la bonne direction. L’autre jour, j’ai décidé de vendre mes jeans de taille 4, que j’avais toujours gardés dans l’espoir de les remettre un jour parce que non, c’est pas vrai que je vais réarrêter de manger à ma faim pour quelques morceaux de coton. C’est pas vrai que je vais remettre en péril ma santé mentale et physique juste pour rentrer dans les standards qui nous sont imposés. C’est pas vrai qu’un numéro va quantifier mon bonheur et mon bien-être. No way. - Une fille qui vient de s’acheter des nouveaux jeans huit tailles plus grandes, qui vit la bedaine bien remplie et le cœur aussi. Témoignage 3 Mon témoignage est plutôt à l’inverse, mais je crois tout aussi pertinent. Je suis disons à l’autre extrémité du spectre. Je n’ai pas honte; je pèse 105 livres et mesure 175 cm, ce qui donne un IMC de 15,6. Le corps d’un mannequin, comme on pourrait le dire. Malgré tout, je suis quotidiennement victime de body shaming : « Elle mange pas suffisamment, elle est anorexique, tu vas casser en deux, tu vas partir au vent, t’as l’air malade... » Et non… je suis en par-

faite santé. Et oui! Malgré ce que l’on nous apprend au Pharm. D., j’ai bel et bien un IMC de 15,6 et je suis en bonne santé. Pour enlever votre scepticisme, j’ai fait des formules sanguines complètes, des bilans électrolytiques, des TSH et d’autres tests des dizaines de fois. Mais rien. Les médecins se disent en gros « ben coudonc elle est faite de même ». Le meilleur exemple que je pourrais donner où j’ai vécu du body shaming, et dont je me rappelle le mieux du fait qu’il est récent, est la journée de la remise des sarraus. Je me rappelle m’être mise en robe courte et en talons hauts. J’étais fière et je me trouvais belle. La remise de sarraus se termine et je me dirige donc au pavillon Jean-Coutu pour aller chercher mes choses avant de quitter la Faculté pour aller chez moi. Sur mon chemin, je croise quelques élèves du Pharm. D. et une fille en particulier me regarde de la tête aux pieds et dit à son amie en regardant mes jambes « Wtf ark... » et son amie rigole en retour. Ma réponse? J’ai roulé des yeux et je suis partie. J’ai appelé mon copain et on a ri du ridicule de la situation ensemble. Pour ma part, malgré que cela m’affectait quand j’étais plus jeune (je mangeais jusqu’à l’envie de vomir, me pesait chaque jour dans l’espoir d’avoir pris une livre, etc.), aujourd’hui ça ne

m’atteint plus. Sincèrement, je ne me pèse jamais parce que je m’en fous. J’ai appris à apprécier mon corps et les nombreux avantages qu’il me procure. Cependant, ce n’est pas le cas pour la plupart des femmes/hommes qui vivent dans ma situation. Certains membres de ma famille dotés également de ce métabolisme ultra-rapide ne sont pas biens avec leur corps. Bref, j’espère qu’un jour, les gens comprendront qu’être plus mince que le normale n’est pas toujours synonyme de maladie, de dénutrition ou d’anorexie. Je tenais à partager mon témoignage, car j’ai l’impression qu’on ne nous entend pas toujours dans ce contexte, nous, les plus minces. Tout ça pour dire que si t’es super mince et que tu te sens coupable de ne pas être capable de grossir, ne le sois pas. Enjoy it! C’est merveilleux. Deviens la skinny legend qui sommeille en toi. Et peu importe ta taille, nous sommes tous magnifiques et nous méritons tous de nous sentir bien dans notre peau que ce soit à l’école, au travail, en public, etc. Témoignage 4 Cette histoire débute à l’automne 2015, j’avais 15 ans à l’époque. Dans ce temps-là, je ne me considérais pas comme étant une belle personne, j’avais honte de mon corps et j’aurais été prête à faire n’importe quoi pour que les filles de mon école me trouvent jolie.

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Ça a commencé tout doucement, vers la rentrée de secondaire 4, alors que j’ai commencé à faire un peu plus attention à ce que je mangeais, et que je faisais des petits exercices simples dans ma chambre en revenant de l’école. Je regardais les mannequins dans les magazines et sur Internet et j’avais tant envie de leur ressembler. Lentement, mais sûrement, j’ai commencé à perdre de plus en plus de poids et à manger de moins en moins. En l’espace de 2 mois, je suis passée de 120 lbs à 115 lbs, à 110 lbs, puis, rendue à 100 lbs, je me suis dit : « Pourquoi arrêter là? Je suis certaine que je peux descendre encore un peu plus. » Ces maudits chiffres sur la balance, c’est ce qui menait ma vie. Je pouvais bien me peser 4 à 5 fois par jour, juste pour m’assurer que le chiffre diminue un peu plus à tous les jours. Plus on voyait mes os, mieux je me sentais. Puis, le temps des fêtes est venu. C’est assez difficile à cette période de l’année, avec toutes les tourtières et tous les desserts de grand-maman. Je faisais semblant de sourire et de paraître heureuse devant ma famille, alors que j’avais juste hâte que les célébrations se terminent pour ne plus avoir toute cette nourriture autour de moi. Mon père me disait : « Tu as bien fondu ma grande, tu es certaine

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que tout va bien? » Je lui répondais toujours : « Arrête donc de me poser des questions, laissemoi vivre. » À force de me priver de manger, je suis devenue agressive envers mes amis et mes proches. Puis est venu le mois de janvier. Mon pédiatre, ayant été mis au courant de mon état par mes parents, m’a donné rendez-vous en clinique externe de trouble du comportement alimentaire au CHU St-Justine. Moi qui m’attendais à revenir à l’école pour mon cours de mathématiques de 3e période, c’était à ma surprise d’apprendre qu’on allait me garder à cet hôpital. Rendu là, du haut de mes 5’7, je pesais 85 lbs. Anorexie nerveuse, c’était ça mon diagnostic. Alors pendant 3 mois, j’ai vécu au 7e étage bloc C (ça doit bien avoir changer d’emplacement avec toutes les rénovations qu’il y a eu au CHU), ou la résidence des petits squelettes comme on l’appelait entre nous. C’est là que j’ai réappris à manger et à vivre normalement. Je ne peux pas dire que ce fut un séjour agréable, se faire réveiller en pleine nuit par des infirmières pour faire prendre ses signes vitaux, se faire peser tous les matins à 7h30 avant le déjeuner, avoir un horaire de repas strict et se faire surveiller quand on va aux toilettes. C’est aussi 3 mois où j’avais rarement la visite

de ma famille ou de mes amis. On ne guérit pas des troubles alimentaires du jour au lendemain, je pense qu’il s’agit plutôt là du travail d’une vie. C’est une condition que je ne souhaite à personne. Il est facile d’avoir des idées préconçues en lien avec les troubles alimentaires, mais je pense que tant qu’on n’a pas été touché directement ou indirectement par ces maladies, il est difficile de comprendre. Je ne peux pas dire que je suis fière de cette période de ma vie, mais sans ces épreuves, je ne serais pas la personne que je suis aujourd’hui. Encore aujourd’hui, presque 6 ans plus tard, il m’arrive d’avoir des petites arrière-pensées avant de manger une bonne poutine. Repenser au calvaire que j’ai vécu suffit pour chasser très loin ces mauvaises pensées. Alors, c’était mon histoire. Elle n’a pas toujours été rose, mais je peux dire fièrement que j’ai réussi à surmonter mon trouble alimentaire, après quelques années de travail. Ce fut un long cheminement personnel, mais grâce à ça, j’ai pu entrer à l’université dans le programme qui me passionne, et d’ici 1 an et demi, j’obtiendrai mon diplôme du Pharm. D. Signé une fille qui encourage tout le monde à s’aimer tel qu’il est et qui apprécie sa poutine hebdomadaire. :)


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Témoignage 5 Avant le confinement, j’ai été dans une relation toxique pendant presque un an. Durant cette période, je vérifiais constamment combien je pesais et je n’arrivais jamais à être satisfaite par le nombre que je voyais. 102 lbs : trop maigre, j’ai l’air malade. 110 lbs : trop grosse, j’ai pris du poids. En plus d’accorder trop d’importance à mon poids, j’étais très préoccupée par mon apparence puisque la personne avec qui j’étais avait une tendance à être jaloux et insécure. Je voulais porter quelque chose qui me permettait de me sentir belle, mais sans trop attirer les regards non plus. Je voulais être belle pour mon partenaire, mais je ne voulais pas qu’il pense que je cherchais à plaire à quelqu’un d’autre. C’était très difficile mentalement, et ça a beaucoup joué sur mon estime. Avec le confinement, j’ai appris qu’il n’y a qu’une seule personne à qui je dois plaire : moi-même. Je ne regarde plus combien je pèse et je ne me suis jamais sentie aussi bien dans ma peau. Puisque je passe mes journées seule chez moi, je m’habille pour moi et personne d’autre. Ça fait tellement du bien de se plaire à soi-même et de se détacher du regard des autres. J’aime me regarder dans le miroir et me trouver belle. Si je décide de porter une robe courte, je n’ai pas à me soucier des commen-

taires des gens. Je réapprivoise mon corps, mon image, ma garderobe, et j’adore ça. Je n’ai qu’à me plaire à moi-même. Lorsque je recommencerai à interagir en société, j’espère me souvenir de ce sentiment et ne pas retomber dans mes anciennes habitudes. Message à retenir : à la fin de la journée, il n’y a qu’une seule personne à qui tu dois plaire, et cette personne c’est toi-même. Témoignage 6 Je suis très chanceuse puisque j’ai naturellement une assez bonne estime. Je suis capable de me trouver belle quand je me regarde de loin dans un miroir et je connais ma vraie valeur. Par contre, plus je me rapproche du miroir, plus je vois des défauts ressortir. Des remarques que l’on a faites sur moi au cours des années pour me rabaisser et me faire du mal. Des commentaires sur ma pilosité, mon manque de formes, ma quasi absence de seins... C’est tellement difficile d’avoir l’impression que l’image que j’ai de moi dans ma tête et la façon dont la société me perçoit n’est pas la même. Je sais que ce n’est pas généralisé et que la plupart des gens qui me connaissent ne remarquent pas ces défauts, mais ça m’a tellement blessé profondément que c’est difficile à oublier. C’est si facile de croire que je ne suis pas belle puisque je

n’atteins pas les critères de beauté féminine de tout ce que l’on voit autour de nous. C’est un combat constant, à tous les jours. Être capable de me trouver belle peu importe l’angle sous lequel je me regarde. Me rappeler que je suis tellement plus qu’une apparence. Ce n’est pas facile et c’est toujours à recommencer… mais ça en vaut la peine. On se sent tellement mieux quand on est capable de s’accepter et de reconnaître notre juste valeur. Signé : un work in progress. Témoignage 7 J’ai toujours fait du taekwondo depuis l’âge de mes 6 ans. Mon plus grand rêve était de faire comme les « grands » et d’aller au Championnat du monde. On est en février 2012. La première série de compétitions pour les qualifications commence dans un mois. Je crois que j’ai une chance pour vrai. Je dois juste avoir de bons résultats et terminer dans les 3 premières au Championnat canadien en mai. Sauf que là, une grosse secousse qui n’était pas prévue dans ma vie se produit : ma mère se suicide. Endeuillée et particulièrement déboussolée, j’ai commencé à manger plus de sucres et de cochonneries comme pour apaiser un peu cette incompréhension, frustration et tristesse immense.

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Je me retrouve donc 2 semaines avant la compétition avec 15 lbs de plus par rapport à ma catégorie de poids. Il n’est toutefois pas question que j’abandonne mon rêve à cause de ma mère! Sauf qu’à 4’11’’, vu que ma portée n’est pas tellement impressionnante, si je veux avoir une chance de gagner, je n’ai pas le choix de rester dans la plus petite catégorie. Je commence donc les méthodes plus drastiques. Moi qui m’entraîne 6 à 7 fois par semaine, j’entame une diète à 900 calories et des laxatifs en accompagnement pour me faire « fitter » sur la balance le jour de la pesée. Étrangement, malgré le cocktail d’émotions que je vis présentement, avoir le contrôle sur tout ce que je mange me fait du bien et je me sens vivante. Après la compétition, c’est le party. Let’s go : desserts, frites, pizza, pâtes, etc. Amenez-moi de la bouffe, je n’ai pas de fond! Deux semaines plus tard, je suis revenue au même poids pré-compétition, mais j’ai encore une compétition dans 2 semaines. Je reprends donc le même petit manège pour toutes les compétitions suivantes en y ajoutant un jeûne, une déshydratation et une dose de laxatifs plus intense les journées avant la pesée. Je note tout dans un petit cahier : mes poids du matin, ce que je mange, les calories ingérées et celles dé-

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pensées dans mes entraînements. Je passe mon temps à avoir faim ou à être trop pleine les journées suivant les compétitions. Tout le monde me dit : « C’est pas normal de pas manger comme ça. T’as l’air blême. Faudrait pas que tu deviennes anorexique ou boulimique quand même! » Mais non, dans ma tête c’est clair, je faisais ça pour mon sport, pour mon rêve, pour gagner. Finalement, je réussis à me qualifier pour le Championnat du Monde. Je suis même classée 9e dans ma catégorie. Tout le monde n’en revient pas. Quand c’est ton premier Championnat, t’es pas supposée te rendre aussi loin. Je décide donc d’entreprendre ma route pour la prochaine Coupe du monde en voulant une médaille. Mais là, ça devient plus compliqué, la bouffe devient une véritable obsession. Je ne suis plus capable de me contrôler entre mes périodes de jeûne et mes trips de bouffe inquiétants. Je n’ose même plus voir mes amis ou aller dans des soupers de famille, car je sais que je vais devoir manger devant d’autres personnes. J’ai littéralement perdu le contrôle. On est 2 semaines avant la Coupe du Monde. J’ai passé tout mon été à pleurer au gymnase seule parce que mes entraînements ne vont pas bien et le poids sur la balance ne baisse pas. Ma moti-

vation n’est plus au rendez-vous. Mes parents commencent à trouver des emballages de nourriture cachés partout dans la maison. Ils me rencontrent pour me dire que là ça va trop loin. Il va falloir que j’aille en thérapie au retour de la Coupe du monde. C’est là que j’ai compris : je suis boulimique. Ça m’aura pris 2 ans de thérapie avec une psychologue, pour retrouver une alimentation normale, sans jeûne, ni trip de bouffe, laxatifs ou surentraînement. J’ai aussi dû faire le deuil de ma mère après ces 2 années à repousser le moment. J’ai dû prendre environ 30-40 lbs; je n’ai plus du tout la shape d’une athlète comme avant. Quand je parle de mes anciennes compétitions, les gens semblent ne pas en revenir, peut-être parce que mon corps a tellement changé. Mais savez-vous quoi, j’ai gagné tout autre chose. J’ai appris à avoir du plaisir, à apprécier ce que je mange sans me sentir coupable et surtout à aimer les autres, car je suis maintenant capable de m’aimer moi-même (et oui, même en étant plus ronde!). J’ai encore des moments où c’est plus difficile, mais maintenant je sais où aller chercher de l’aide quand ça dérape. On n’est jamais 100% guéris de nos blessures, mais on finit par comprendre comment vivre avec. Et au final, c’est ça l’important.


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Tour d’horizon sur les troubles alimentaires chez nous • Environ 1 million de Canadiens et Canadiennes ont un diagnostic de trouble alimentaire • 1 à 3% de la population canadienne souffre de boulimie et 0.3 à 1% souffre d’anorexie mentale • La majorité des personnes qui souffrent de troubles alimentaires n’ont pas été diagnostiquées • Les troubles alimentaires sont 10 fois plus prévalents chez les femmes que chez les hommes • Le taux d’hospitalisation causé par ces troubles a augmenté de 42% entre 2006 et 2013 • 20 à 30% des personnes anorexiques et boulimiques feront une tentative de suicide • Les troubles alimentaires possèdent le taux de mortalité le plus élevé parmi tous les troubles de santé mentale, estimé entre 10-15% • Chez les femmes de 15 à 24 ans, le taux de mortalité associé aux troubles alimentaires est 12 fois plus élevé que celui associé à l’ensemble des autres causes de décès combinées

Troubles alimentaires et COVID-19 Selon les résultats d’une étude allemande où des patients souffrant d’anorexie mentale répondaient à un questionnaire en ligne sur leur expérience pendant la COVID-19 : • Une proportion significative de participant(e)s (40%) ont ressenti une aggravation de leurs symptômes reliés à leur trouble alimentaire, mais peu d’entre eux ont eu de nouveaux symptômes. • Le plus inquiétant selon les auteurs est que 50% des participants ont ressenti une diminution de leur qualité de vie depuis le début de la pandémie. • Cette baisse de la qualité de vie serait plutôt associée à l’augmentation fulgurante des troubles dépressifs et d’anxiété chez les sujets à l’étude. • 10% des patients qui recevaient une aide professionnelle thérapeutique n’ont pu avoir accès à cette ressource depuis le début de la pandémie, les autres ont pu bénéficier de la téléconsultation. • Les stratégies que les participant(e)s ont trouvé plus utiles pour gérer leur symptômes sont d’instaurer une routine régulière, de bien planifier sa journée, de faire des activités amusantes chaque jour et de faire de l’activité physique à faible intensité.

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Entrevue avec

MARTIN GILBERT

Quel est votre parcours? J’ai fait mon Pharm. D. à l’Université de Montréal et j’ai gradué en 2015. Mes études ont été un peu plus longues à cause de mon parcours d’athlète. Après avoir gradué, j’ai fait beaucoup de remplacement dans les pharmacies. J’ai également travaillé pendant un certain temps dans une pharmacie spécialisée et cette expérience m’a beaucoup aidé à modeler ma pratique en ce moment. C’est en 2017 que j’ai décidé de créer ma propre enseigne et ouvrir Poso +. Quel est le modèle de pharmacie de Poso + et comment fonctionne-t-il? La pharmacie Poso + est une pharmacie en ligne qui offre une communication instantanée avec le pharmacien par plusieurs technologies de communication

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différentes (vidéo, téléphone, courriel, texto ou clavardage) ainsi qu’une livraison gratuite des médicaments partout au Québec. La pharmacie offre également le service de préparation des médicaments avec le Poso + Pack qui trie la médication selon le jour et le moment de la journée dans des sachets faciles à ouvrir, ce qui permet non seulement d’éviter les erreurs de prise, mais aussi de faciliter le transport de la médication. Nous avons une pharmacie physique située proche du centreville où les patients peuvent venir nous voir, mais je dirais que 90% de nos patients profitent plutôt du service de livraison. En effet, nous livrons partout au Québec par différents moyens : si le patient est sur l’île de Montréal, nous livrons à vélo lorsque possible, alors que si le patient est plus loin, nous uti-

lisons des compagnies de poste. La livraison se fait généralement dans un délai de 2h à l’intérieur de Montréal et de 24 à 48h pour les autres régions du Québec. Notre pharmacie sur place ne ressemble pas vraiment au modèle de pharmacie communautaire auquel nous sommes habitués, c’est-àdire qu’il n’y pas de section avec des produits plancher et des médicaments en vente libre. Toutefois, si un patient nécessite ou désire un médicament en vente libre, nous en tenons derrière le comptoir quand même, donc il n’y a pas de problème à ce niveau. Le roulement est également différent d’un modèle de patients walk-in, où il y a des pics de patients qui arrivent à des heures qu’on ne peut pas toujours prédire, ce qui peut mener à des temps d’attente qui peuvent parfois être plus longs que la normale. À Poso +,


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« Il est important d’innover et de ne pas avoir peur de changer ou de croire en un modèle de pharmacie qui est différent de toutes les autres pharmacies communautaires qui existent au Québec en ce moment. » nous nous concentrons plutôt sur la validation des ordonnances et la préparation des médicaments pour qu’ils soient prêts à temps pour la livraison. Cela nous permet donc de passer plus de temps en consultation avec des patients lorsque nécessaire, par exemple via vidéoconférence, sans être affectés par un patient qui rentre ou une file d’attente qui se forme à la pharmacie. Ainsi, l’accent est mis sur l’exercice de la pharmacie et la santé des patients, plutôt que sur le commerce de détail. Nous sommes très proactifs dans notre façon de procéder, c’est-àdire que nous envoyons un rappel systématique à tous nos patients quelques jours avant qu’ils n’aient plus de médicaments pour faire un suivi de l’efficacité, des effets secondaires et de l’adhésion lorsque c’est pertinent et pour planifier une livraison pour le prochain renouvellement. En gros, nous utilisons de plus en plus les méthodes de communication auxquelles les gens sont habitués et on essaie de s’adapter à eux pour favoriser une meilleure accessibilité. Que ce soit par Messenger, courriel, téléphone ou

vidéoconférence, tous les moyens sont utilisés et dépendent vraiment des préférences du patient.

un conseil qui dépasse des questions simples ou de logistique). Nous avons également beaucoup de templates que nous utilisons lors de nos communications, sans toutefois négliger la personnalisation des messages pour le patient. Nous offrons aussi un service d’accès d’urgence à un pharmacien pour répondre aux questions des patients 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

En ce qui concerne les nouvelles ordonnances, il y a deux principales méthodes pour les déposer : soit par l’envoi d’une télécopie de l’ordonnance par le médecin, soit par le dépôt d’une photo de l’ordonnance sur le site Web puis l’envoi de la copie originale par la poste. Les consultations se font ensuite via l’outil de communication préféré du patient. Par rapport à la confidentialité, nous avons des procédures très strictes. Tous les ATP et pharmaciens sont formés pour connaître les limites de chaque mode de communication et être capables de rediriger le patient vers le bon mode selon la situation (par exemple, passer de texto à appel téléphonique lorsque la discussion évolue vers

Quels sont les avantages et les inconvénients de cette pratique? Cette pratique a plusieurs avantages. Tout d’abord, le service de livraison gratuite partout au Québec permet à un patient qui déménage plus loin de continuer à pouvoir faire affaire avec notre pharmacie malgré la distance. Notre proactivité par rapport aux prochains renouvellements des médicaments par les patients permet également de favoriser une meilleure observance. Notre manière de fonctionner permet également de diminuer le temps d’attente des patients. La communication avec les patients via leur outil de communication préféré

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de même que le service d’accès d’urgence à un pharmacien permettent de garantir une bonne accessibilité à des soins de qualité individualisés pour les patients. Par contre, lorsque nous avons de nouveaux patients, nous prenons toujours le temps de présenter les avantages et les faiblesses de notre modèle de pratique parce que malgré le fait que nous y croyons fort, nous demeurons conscients que ce n’est pas fait pour tout le monde. En effet, ce n’est pas tout le monde qui est à l’aise avec la technologie et ce n’est pas tout le monde qui y a accès. Nous essayons donc de voir si cela s’adresse bien au patient et s’il y a des moyens pour s’adapter à ce dernier.

Un mot de fin pour les étudiants? Il est important d’innover et de ne pas avoir peur de changer ou de croire en un modèle de pharmacie qui est différent de toutes les autres pharmacies communautaires qui existent au Québec en ce moment. À mon avis, tous les types de pharmacie devraient cohabiter dans le futur. On n’a pas le choix, car il y a différents types de patients qui ont une manière différente de consommer ainsi que des désirs et/ou des attentes par rapport à leurs soins de santé qui peuvent être différents. Bref, je pense que chaque futur pharmacien ne doit pas hésiter à trouver des méthodes pour innover

afin de découvrir de meilleures façons pour traiter ou aider ses patients. Il est aussi important de ne pas négliger l’utilité des outils de communication ainsi que des outils informatiques qui sont très pratiques. Site : https://poso.plus/fr Facebook : https://www.facebook.com/posoplus/?ref=page_ internal

« Bref, je pense que chaque futur pharmacien ne doit pas hésiter à trouver des méthodes pour innover afin de découvrir de meilleures façons pour traiter ou aider ses patients. »

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MIDI YOGA Dans le cadre du défi T’es pas game, nous avons eu la chance de recevoir Jeannine, une instructrice de yoga du CEPSUM. À partir de notre salon, notre chambre à coucher ou bien notre stationnement, elle nous a permis, grâce à sa voix douce, de relaxer en bougeant. - Tommy Fontaine

MOVEMBER La première édition du concours « Votre Prostache pharmaceutique préférée! » et la 6e participation de l’AÉPUM au Movember ont eu lieu en novembre. Félicitations à Frédéric Ouellet, étudiant de 2e année, qui a obtenu 140 votes! Félicitations également aux huit participants. Leurs moustaches ont permis de remettre 967$ à l’œuvre de charité Movember qui financent des projets de recherche pour s’attaquer aux cancers testiculaires et de la prostate, à la santé mentale masculine et à la prévention du suicide chez les hommes. En s’alliant à la cause du Movember, l’AÉPUM participe à remettre en cause le statu quo, à financer la recherche et à transformer la façon dont les services de santé rejoignent et soutiennent les hommes. - Laurie Fournier

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PARTY DE L’ HALLOWEEN

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Malgré les consignes sanitaires, on a été capables de se rejoindre le temps d’une soirée, chacun devant son ordinateur. Nos squelettes, nos anges et nos cowboys en ont profité pour décorer des citrouilles, parler avec leurs collègues et jouer à des mini-jeux. - Tommy Fontaine

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T’ES PAS GAME La première édition du défi T’es pas game a pris fin dimanche le 13 décembre, mais ce fût un réel succès ! La 2e moitié du projet a débuté par un défi sportif moins intense que le dernier, soit avec des activités de yoga, relaxation, méditation et stretching. Les participants ont ensuite pu nous montrer leurs talents artistiques par le défi dessin sur le thème de la pharmacie et leurs talents créatifs par le défi d’écriture d’un poème ou d’un texte sur le sujet de leur choix. Un défi qui a mis le sourire aux lèvres de plusieurs est celui de la vidéo TikTok. Nous avons pu voir que la Faculté de pharmacie a du rythme! Enfin, la Zoomthérapie a fait chaud au coeur en voyant tous vos animaux, même devant notre écran! - Joani Côté-Cyr

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PharmActualité Le Groupe d’i n t é rê t e n p ol i t i q u e d e l a s a n t é (G I PS ) p ré p a re un t op 5 des ma n ch e t t e s l i é e s à l a s a n t é e t l a p r a t i q u e de l a ph ar ma ci e q u i e s t p u b l i é s u r l a p a g e F a ce b ook d u Phar m . D./Qe P à ch a q u e p re mi e r l u n d i d u moi s . L e b u t e st de vous gard e r i n f or mé s , s i mp l e me n t e t r a p i d e me n t ! Vo i c i l es man ch e t t e s d u moi s d e n ove mb re e t d e d é ce mb re a u cas où vou s le s a u r i e z ma n q u é e s .

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N o uve au DEC : Te c h n iq u es de ph ar m ac ie, dès l ’ au t o mn e 2 0 21 Le nouveau progr am me d e t e ch n i q u e e n p h a r ma ci e s e r a off e r t d è s l a re n t ré e 2021. Il s e r a off e r t d a n s 1 0 cé g e p s p ou r l ’i n s t a n t , m a i s pou r r ai t s’offr i r ai l l eu r s s i l a d e ma n d e e s t p l u s g r a n d e . À Mon t ré a l , i l se r a offer t au Col l è g e d e Ros e mon t e t a u C é g e p G é r a l d -G od i n . h t t p s : / / w w w. p r o f e s s i o n s a n t e . c a / p h a r m a c i e n s / a s s i s t a n t s - t e c h niques/techniques-de-pharmacie-10-cegeps-offriront-un-decdes-2021-2022-47690?utm_source=EmailMarketing&utm_ medium=email&utm_campaign=Pharmacist_fr_Newsletter&oly_ enc_i d=2915D0 5 1 1 5 8 9 I 6 W L’ appr o c he d ’ un vac c in po u r la C OVI D- 19 : des an n o n c e s s e r o nt pr o babl e m en t f ait es en n ovem br e Com me vou s l e sav e z p rob a b l e me n t , p l u s i e u r s comp a g n i e s ( P f izer, Moder n a ent re a u t re s ) e t ce n t re s d e re ch e rch e s (l ’U n i ve r si té d’Oxford col l abor an t a ve c A s t r a Z e n e ca ) s on t p r i s d a n s ce t t e cou rse effrénée afi n de cré e r l e p re mi e r va cci n con t re l a C O V I D-1 9. I l s dé si re n t t ou s régl e r ce p rob l è me mon d i a l , ma i s s a ve n t a u s s i ( e t sur t out ) qu e l a sor ti e d e ce va cci n s e r a p a r t i cu l i è re me n t l u cr a t i v e . Le s h ôpi t au x de Lon d re s s e r a i e n t p ré s e n t e me n t e n p l e i n e p ré p a rat i on pour vacci n e r l e s p rof e s s i on n e l s d é j à d a n s l e s p roch a i n s m o i s sel on l e Sun, ce qui p ou r r a i t i n d i q u e r q u e l e s ré s u l t a t s d u va c c i n d’Oxford/A st r aZeneca (q u i a p ou r t a n t e u p l u s i e u r s a r rê t s d ’e s sa i s cl i ni qu e s dû à des e ff e t s s e con d a i re s g r a ve s ) s e r a i e n t e n co u rage ant s. Cepe n dan t , i l e s t i mp os s i b l e d e s a voi r l ’e ff e t d u va cci n su r 6 m oi s (afi n de vér i f i e r s i l e va cci n s e r a i t u n i d os e ou mu l t i d os e ) , c e

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qu i pour r ai t causer p rob l è me e n p a r t i cu l i e r ch e z l e s p op u l a t io n s gé r i at r i qu e s. À sui v re . . . h t t p s : / / w w w. l a p re s s e . c a / c o v i d - 1 9 / 2 0 2 0 - 1 0 - 2 7 / l e - v a c c i n - a p p ro c h e . ph p?ut m _source =dlvr. i t & u t m_ me d i u m=t wi t t e r

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Le s pr i me s po ur les ph ar m ac ien s en é t ablis s em en t d e s ant é : l e pi r e a é t é évit é Au cou r ant du moi s d ’oct ob re , i l y a e u b e a u cou p d e mou ve m e n t pou r l e s phar m aci ens e n é t a b l i s s e me n t s d e s a n t é , p u i s q u e l e g o uver n e ment avai t pro l on g é l e s p r i me s j u s q u ’à l a f i n d u moi s d ’ o ct obre . Le moi s ava n ça i t , ma i s l e s n é g oci a t i on s p ou r l a n ou v e l l e ent ent e sal ar i al e st a g n a i e n t . L e s p h a r ma ci e n s cr a i g n a i e n t d o n c qu e l e gouver n e men t n e re n ou ve l l e p a s l e u r p r i me s , p r i me s q u i re pré se n t e n t e n t re 2 5 e t 5 0 % d u s a l a i re d e b e a u cou p d e p h a r m aci ens d’hôpi t aux. Moi n s d e 1 0 j ou r s a va n t l a f i n d e l a p rol on g a ti o n de s pr i mes, l e gouv e r n e me n t a f i n a l e me n t d é ci d é d e p rol on g e r l e s pr i mes j usqu ’à l a fin d e s n é g oci a t i on s . U n s ou p i r d e s ou l a g e m e n t chez ce s ph ar maci e n s . h t t p s : / / w w w. l a p re s s e . c a / a c t u a l i t e s / s a n t e / 2 0 2 0 - 0 9 - 2 4 / l e s - p h a r m aci ens-d-e t abl i sse men t -cr a i g n e n t -d e -p e rd re -l e u r s -p r i me s . p h p Vac c i n c o ntr e l a g r ippe : dif f ic ile de tr o u ver u n r en de zvo us Si vous t r avai l l ez da n s u n e p h a r ma ci e commu n a u t a i re q u i va cc i n e , vot re l i st e de re n dez -vou s e s t p rob a b l e me n t p l e i n e d e p u i s u n c e rt ai n t em ps déj à. Pl u s i e u r s p a t i e n t s on t e n e ff e t d e l a d i ff i cu l t é à com pre n dre l a di ffé re n ce e n t re C O V I D e t i n f l u e n z a , a l or s ce s d e rni er s préfère n t êt re l e p l u s p rot é g é p os s i b l e . I l e s t b i e n q u e b ea u coup de per sonnes ve u i l l e n t s e p rot é g e r, ma i s ce l a a u n i mp a c t chez l es popul at i on s vu l n é r a b l e s q u i n ’on t a l or s p l u s d e d ose si el l es prennent l e u r re n d e z -vou s t rop t a rd . L e s ys t è me d ’a t t r i b uti o n de s vacci n s de vr ai t - i l ê t re re t r a va i l l é s e l on vou s ? https://ici.radio-canada.ca/tele/le-telejournal-avec-pascale-nad e a u / s i t e / s e g m e n t s / re p o r t a g e / 2 0 6 6 8 4 / v a c c i n - g r i p p e - p h a r m a c i e s san t e -qu e bec D u c hang e me nt p o u r les é tu dian t s en ph ar m ac ie au N o uve au-Br uns w ic k ? Pré se n t e ment au N ou ve a u -Br u n s wi ck, l e s p h a r ma ci e n s s on t l e s seul s à pouvoi r i n j e ct e r. L e s é t u d i a n t s e n p h a r ma ci e p e u ve n t d o n c seul em e n t e xe rce r l e d roi t d ’i n j e ct i on u n e f oi s l e u r p e r mi s d e p rat i qu e obt e n u . De p l u s , ch a q u e é t u d i a n t d oi t p os s é d e r u n e a ssur an ce de fau t e prof e s s i on n e l l e d e 2 mi l l i on s ou p l u s a f i n d e f a i re par t i e de l ’ordre (O PN B). He u re u s e me n t , u n e p rop os i t i on (p ro p o-

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sé e par u n ét udi ant d e 2 e a n n é e e n p h a r ma ci e à l ’U d e M) vi e n t d ’ê tre dé posée afi n de ch a n g e r l a l oi p rovi n ci a l e . S i l a l oi e s t a d op t ée l e 7 novem bre , l e pha r ma ci e n s e r a e n me s u re d e d é l é g u e r l ’e xe rc i c e d’i nj ect i on à u n é t u d i a n t q u i a u r a s u i vi l a f or ma t i on e xi g é e . C e tte proposi t i on aj out era i t a u s s i l e d roi t a u t e ch n i ci e n (n e ) e n p h a r m aci e d’i nj ect er. La prop os i t i on d é p os é e s e t rou ve d a n s l e s comm e nt ai re s de cet t e publ i ca t i on s i l e cœ u r vou s e n d i t d e l a l i re !

BONUS : C e q ue n o u s s a vo n s s u r les tr ait em en t s de la C OVID -19 ne uf m o is apr ès le débu t de la pan dém ie Ce ci n’e st pas u n e nou ve l l e , ma i s voi ci u n a r t i cl e i n f or ma t i f s u r l e s di ver ses l i gn e s de t r a i t e me n t q u i on t é t é u t i l i s é e s a u cou r a n t d e ce t t e pandé mi e pour t r a i t e r l a C O V I D, d on t l e f a me u x Re md e s i v i r qui fai t cou l e r be aucou p d ’e n cre ré ce mme n t . h t t p s : / / w w w. p r o f e s s i o n s a n t e . c a / p h a r m a c i e n s / c o v i d / c e - q u e n o u s - s a v o n s - s u r- l e s - t r a i t e m e n t s - c o n t r e - l a - c o v i d - 1 9 - 4 7 7 4 3 ? u t m _ source=EmailMarketing&utm_medium=email&utm_ campaign=Pharmacist_fr_Newsletter&oly_enc_ i d=1783B0 2 4 9 6 5 6 F 6 F

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A r r ê t é mi ni s t é r i e l per m e t t an t au x é tu dian t s en ph ar m ac i e de vac c i ne r Le 3 décem bre de r ni e r, u n a r rê t é mi n i s t é r i e l a f i n a l e me n t a u t o ri sé l e s é t u di an t s e n pha r ma ci e d e 3 e e t d e 4 e a n n é e s à p ou voi r va c c in e r dan s l e cadre d e l e u r e mp l oi e t n on s e u l e me n t d e l e u r s t a g e . Les ét udi ant s pe u ve n t s e u l e me n t va cci n e r p ou r l ’I n f l u e n z a et l a COVID-1 9 . U n e gr a n d e n ou ve l l e ! https://app.dialoginsight.com/T/OFSYS/SM2/284/2/ S/F/7188/2137651/RYgUaCQM/741155.html?fbclid=IwAR0W6Tm mo4S90c6yKpwm5f5h MRE_ a wz XDoL s I Pe 7 Q cC N V Bj h mWJI YS I j Z 7 c h t t p s : / / c d n - c o n t e n u . q u e b e c . c a / c d n - c o n t e n u / a d m / m i n / s a n t e - s e rvices-sociaux/publications-adm/lois-reglements/AM_2020-099. pdf?1 6 0 7 0 8 7 6 6 7 Le l anc e me nt d ’A m az o n Ph ar m ac y A mazon a ré ce mm e n t l a n cé A ma z on Ph a r ma cy, u n s e r vi ce d e ph a rmaci e en l i gne où l e s p a t i e n t s p e u ve n t d oré n a va n t d e p rocure r l e u r s médi cam e n t s a u s s i f a ci l e me n t q u ’i l s s e p rocu re n t l e u r s a utre s achat s. Sel on Be r t r a n d Bol d u c, p ré s i d e n t d e l ’O PQ , l e s p h a r m aci e n s qu é bécoi s n ’o n t t ou t e f oi s p a s à cr a i n d re l ’a r r i vé e d e A ma zo n Ph ar macy au Québe c p ou r l ’i n s t a n t . L a va l e u r a j ou t é e d e s p h a rmaci e n s rési de dan s l e u r s con s e i l s , l e u r e mp a t h i e e t l a q u a l i t é d e s se r vi ce s phar m aceut i q u e s q u ’i l s off re n t . Be n oi t Mor i n , p ré s i d e n t de l ’AQQP, a j u st e me n t d i t : « Ma i s A ma z on n e va cci n e p a s , A m azon n ’effe ct u e pas d ’a ct i vi t é s p rof e s s i on n e l l e s , A ma z on n ’a p a s d’e mpat hi e e t Amaz on n e p e u t p a s r a s s u re r l e s p a t i e n t s . » h t t p s : / / w w w. p ro f e s s i o n s a n t e . c a / p h a r m a c i e n s / a c t u a l i t e s / p h a r m a c i e - c o m m u n a u t a i re / a m a z o n - p h a r m a c y - m e n a c e - o u - o p p o r t u n i t e - a sai si r-ce-quen-pense n t -l e s -p h a r ma ci e n s -4 7 9 8 4 Pr o duc t i o n de vi a ls po u r c o n t en ir les do s es de vac c in s La de man de pour u n n ou ve a u va cci n e n t e mp s d e p a n d é mi e n e s ’ e n t i e n t pas se u l e ment à l ’e ff i ca ci t é e t l ’i n n ocu i t é d e ce l u i -ci . A u -d e l à de ce dé fi comm e n ça n t à mon t re r d e s a ve n u e s p os i t i ve s p our l a sant é publ i que, une p rob l é ma t i q u e s ’i n s t a l l e p ou r l a p rod u c ti o n des vi al s con t e n ant l e s d os e s d e va cci n s . I l n ’e xi s t e p ré s e n t e m e n t pas su ffi samm e n t d e vi a l s p ou r ré p on d re à l a d e ma n d e mon d ia l e . La recherch e , l ’i n n ova t i on e t l a p rod u ct i on e n ma t i è re d e ve r re ri e médi cal e son t à ce j ou r s ol l i ci t é e s p l u s q u e j a ma i s . h t t p s : / / w w w. n e w y o r k e r. c o m / m a g a z i n e / 2 0 2 0 / 1 2 / 0 7 / t h e - r a c e - t o make -vi al s-for-coron a vi r u s -va cci n e s

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Pur due Phar ma plaide c o u pable à des ac c u s at io n s c r im ine l l e s La soci é t é ph ar mace u t i q u e Pu rd u e Ph a r ma a p l a i d é cou p a b l e à pl u si e u r s chefs d’a ccu s a t i on , n ot a mme n t d e ve r s e r d e s s omm e s d’arge n t à cer t ai n s mé d e ci n s e t ve n d e u r s d e d os s i e r s mé d i c a u x en échan ge de rense i g n e me n t s con f i d e n t i e l s a i n s i q u e d e con sp ir at i on pour avoi r fr a u d é d e s « off i ci e l s a mé r i ca i n s » t e l l e l ’a g en c e amér i cai n e de ré gul a t i on F DA . C e s op é r a t i on s a va i e n t p ou r b u t d’au gm e n t e r l es ve n t e s d e l ’op i a cé O xyC on t i n , ce q u i a e n g e n d ré de s profi t s de 30 m i l l i a rd s d e d ol l a r s à l a s oci é t é , ma i s q u i a e u d e s effe t s ampl i fi cat eurs s u r l a cr i s e d e s op i a cé s q u i s é vi t e n A mé r iq u e du Nord. Pl usi eur s i n s t a n ce s , d on t l e g ou ve r n e me n t ca n a d i e n e t cer t ai n s gou ve r nem e n t s p rovi n ci a u x, d e ma n d e n t u n e comp e n sat i on de 8 5 ,5 mi l l i ard s à l a s oci é t é e t d ’a u t re s e n t re p r i s e s p h a r m aceut i qu e s i m pl i qu é e s p ou r ma u va i s e g e s t i on d e s a n a l g é s i q u e s. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1752182/opioides-purdueph ar ma-pl ai de -coup a b l e -a ccu s a t i on s -cr i mi n e l l e s h t t p s : / / w w w. l a p r e s s e . c a / i n t e r n a t i o n a l / e t a t s - u n i s / 2 0 2 0 - 1 0 - 2 1 / c r i s e - d e s - o p i a c e s / l e - l a b o r a t o i re - p u rd u e - a c c e p t e - d e - p l a i d e r- c o u pabl e -au x-et at s-unis . p h p Manq ue de r e s s o u r c es en s an t é m en t ale Sel on l ’Associ at i on ca n a d i e n n e p ou r l a s a n t é me n t a l e (A CS M) , l a 2 e vagu e de COVID -1 9 e s t t rè s d i ff i ci l e p ou r p l u s i e u r s a u n i v e a u de l a san t é m e n t ale e t d e n omb re u s e s p e r s on n e s on t d e s i d é e s noi res e n vahi ssan t e s . En e ff e t , i l y a e n vi ron 1 Ca n a d i e n s u r 1 0 q u i a eu des pensées s u i ci d a i re s ce t a u t omn e . L’i s ol e me n t ca u s é p a r l a pandé mi e n ’ai de p a s l a s i t u a t i on e t L e g a u l t q u i a n n on ce j eu d i de r ni er que l e s r asse mb l e me n t s d u r a n t l e t e mp s d e s F ê t e s s on t a nnul és dan s l es zon e s rou g e s n on p l u s . Ma l h e u re u s e me n t , l e t e m p s d’at t e n t e pour re ce voi r d e s s e r vi ce s e n s a n t é me n t a l e n e f a i t q u e s’al l onge r de pl u s en p l u s . h t t p s : / / w w w. l e s o l e i l . c o m / a c t u a l i t e / s a n t e / h a u s s e - d e s - i d e e s - s u i cidaires-durant-la-deuxieme-vague-signale-un-sondage-video8d2 e b3a9 a97f28b6 e 4 f 4 2 e e ca 6 8 0 9 1 5 7 BONUS : Le s vac c in s Pf iz er e t M o der n a s o u s les pr o je ct e urs al o rs q ue la vac c in at io n c o m m en c e au Royau m e U ni Le Royau me-U n i , l ’u n d e s p a ys l e s p l u s d u re me n t t ou ch é s p a r l a COVID, e st en pré p a r a t i on à l a va cci n a t i on d e ma s s e q u i d é b u t e ra bi e n t ôt . C’e st u n gros d é f i d e l og i s t i q u e , a l or s q u ’i l s d oi ve n t ê tre en m e su re de con s e r ve r l e s ce n t a i n e s d e mi l l i e r s (voi re mi l l i o n s) de doses à des t e mp é r a t u re s d e -7 0 d e g ré s C e l s i u s . C ’e s t l e v a cci n Pfi ze r x Bi oNTe ch q u i a é t é a p p rou vé p ou r l ’i n s t a n t d a n s c e

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pays, al or s que Mod e r n a e t Pf i z e r on t re mi s l e u r s p rot ocol e s d e re ch e rch e pour éval u a t i on à l a F DA e t à S a n t é Ca n a d a . Ce p e n da n t, be aucoup d’i ncer t i tu d e p l a n e p ré s e n t e me n t à s a voi r l a l og i s t iq u e de vacci n at i on au C a n a d a . Pou r l ’i n s t a n t , s e u l l e p l a n s u r l e s p o p ul at i on s à vacci n e r p r i or i t a i re me n t a é t é d é voi l é … À s u i vre ! Je vous i nvi t e à al l er l i re l e s a r t i cl e s d e Pf i z e r e t Mod e r n a s u r l e u rs t ous n ou ve aux vacc i n s con t re l a CO V I D-1 9 . Ce s a r t i cl e s e xp l i q u e n t r api de ment l eur prot ocol e d e re ch e rch e , l e mé ca n i s me d ’a c ti o n du vacci n (vacci n à A RN ) a i n s i q u e d ’a u t re s i n f or ma t i on s i n t é re ssan t e s! Ar t i cl e su r l a vacci n a t i on a u Roya u me -U n i : h t t p s : / / www. j ou r n a l d em o n t re a l . c o m / 2 0 2 0 / 1 2 / 0 7 / l e - ro y a u m e - u n i - v a - c o m m e n c e r- a - v a c c i ner-m assi vem e n t -co n t re -l a -covi d -1 9 Popu l at i ons pr i or i t a i re s : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1754642/vaccin-immunisat i on-canada-400-0 0 0 -ca s -covi d -1 9 -coron a vi r u s A r t i cl e de M oder n a : h t t p s : / / i n ve s t or s . mod e r n a t x. com/ n e ws - rel e a s e s / n e w s - re l e a s e - d e t a i l s / m o d e r n a - a n n o u n c e s - p r i m a r y - e ff i c a c y analysis-phase-3-cove-study?fbclid=IwAR0QKn4Zh6OVCnIJbS0oe xDk2VOAY9nHQl 7 g yG Vu 3 3 6 yn i q 1 t Q 2 N G rg q b 5 U A r t i cl e de Pfi zser : h t t p s : / / www. p f i z e r. com/ s ci e n ce / coron a vi ru s/ v a c c i n e ? f b c l i d = I w A R 0 N D 8 Z Q X M r h C r 8 L U LW D z j V W q J N h 7 o g I E D 8 c _ vpLW E9 0 reNn k0 pK2 d Tz 5 b k Prot ocol e de Pfi ze r : h t t p s : / / p f e -p f i z e rcom-d 8 -p rod . s 3 . a ma z on a w s. com/2020-11/C4591001_Clinical_Protocol_Nov2020.pdf?fbclid= IwAR1qznLZKbNjOy2oqXMNus2jl_TkZQEq4PWDVGY8-E1Y9gaoN9YHXr M WpF k

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LA CAPSULE VERTE PAR CHLOÉ BROCHU (I)

Le froid est de retour, vous avez sorti mitaines, tuques et foulards, les examens finaux arrivent à grands pas. Tous les signes sont là, Noël arrive sous peu. Cette année, la période des fêtes sera différente des autres, alors pourquoi ne pas en profiter pour instaurer de nouvelles traditions plus écologiques? Pour vous qui êtes un Grinch et pour qui Noël est déjà compliqué, le rendre plus écologique peut sembler impensable. Dans le texte qui suit, je vais vous proposer quelques astuces faciles pour rendre votre Noël un peu plus vert. Ambiance festive et écoresponsable Commençons avec le symbole traditionnel du temps des fêtes : le sapin de Noël. Je vous conseille de choisir un sapin artificiel sans PVC plutôt qu’un naturel si vous comptez le garder pour minimalement six ans. En plus de ne pas demander d’eau pour son entretien, il durera des années et des années; par exemple, celui chez mes parents est presque aussi vieux que moi! Du côté des décorations, autant pour le sapin que pour toutes les pièces de votre domicile, n’hésitez pas à réutiliser vos anciennes décorations ou même à les fabriquer à la main à partir de matériaux recyclables. Par exemple,

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avec un peu de colle et de la laine vous pouvez faire de jolies boules de Noël. Plusieurs idées du genre sont facilement trouvables sur Internet. Un autre conseil pour diminuer votre consommation durant la période des fêtes est de prioriser un éclairage aux lumières DEL qui consomment moins d’énergie que les autres types d’ampoules. Pour ce qui est des repas de fin d’année, vous pouvez facilement trouver de nombreux aliments produits localement dans les épiceries et marchés près de chez vous, comme les canneberges ou encore les dindons élevés au Québec. Il existe aussi de nombreux alcools québécois comme le gin et le vin, à consommer de façon responsable.

Idées de cadeaux « verts » La période des fêtes rime souvent avec surconsommation principalement à cause des cadeaux qui ont une très courte durée de vie ou qui ne sont presque jamais utilisés. Afin de rendre votre Noël plus « vert », je vous conseille de joindre l’utile à l’agréable pour l’achat de vos cadeaux, c’est-à-dire d’offrir


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quelque chose dont la personne a vraiment besoin ou qui aura une longue durée de vie tout en privilégiant les entreprises locales. Vous pourriez aussi fabriquer vous-même le cadeau au lieu de l’acheter. De plus, il n’a pas besoin d’être nécessairement matériel. Vous pourriez offrir de passer un bon moment avec un être cher en proposant une activité à faire ensemble, où cette proposition se retrouverait à l’intérieur d’une carte faite à la main. Voici quelques exemples de cadeaux « verts » : •

Produits de soins corporels faits à la main par des compagnies québécoises;

Sac à collation réutilisable en silicone ou en tissu;

Fabrication à la main comme un montage photo, un savon ou une chandelle;

Ensemble de produits locaux;

Pot de préparation pour biscuits (ce concept consiste à regrouper dans un pot Mason les ingrédients achetés en vrac d’une recette de biscuits). Plusieurs recettes sont disponibles sur des sites québécois;

Cadeau fait de matière recyclée d’une compagnie avec une vision écoresponsable;

Pour les amoureux de café ou de thé, une tasse réutilisable pourrait les garder au chaud;

Pour les amateurs de jeux vidéo, privilégier les versions électroniques des jeux au lieu des copies physiques.

Pour vous inspirer et en plus de vous mettre dans l’ambiance des fêtes, vous pouvez visiter en personne ou de façon virtuelle les marchés de Noël. Ces marchés permettent de vous faire découvrir des produits locaux par l’entremise de kiosques. En 2020, la livraison a gagné en popularité. Pour diminuer votre empreinte écologique en lien avec la livraison, essayez d’abord de faire plusieurs achats au même endroit et de limiter le nombre d’endroits où vous commandez des produits. Ensuite, privilégiez les livraisons d’entreprises québécoises ou d’entreprises utilisant des matières recyclées pour la livraison, plutôt que de passer par Amazon qui suremballe ses produits.

De plus, je vous conseille de conserver tout au long de l’année les boîtes de carton (celles provenant des livraisons, par exemple) pour Noël prochain. Ces boîtes vous permettront d’emballer plusieurs cadeaux ensemble, ce qui va diminuer la quantité de papiercadeau nécessaire pour les emballer. Finalement, au lieu de prendre une résolution de fin d’année compliquée que vous ne tiendrez probablement pas, pourquoi ne pas prendre une résolution écologique? Une résolution toute simple comme composter davantage ou utiliser moins de plastique, même si vous ne le faites pas tout le temps, aura un impact positif sur l’environnement. De la part de toute l’équipe du comité vert, nous vous souhaitons de joyeuses fêtes!

Emballage original Quel plaisir de déballer un cadeau le matin de Noël! Par contre, cet emballage finira rapidement aux poubelles. Pour y remédier, vous pouvez remplacer le papier-cadeau par du papier journal ou des circulaires qui peuvent être recyclés par la suite. Pour certains d’entre vous qui trouvez ces derniers trop ternes pour Noël, plusieurs entreprises locales offrent maintenant des tissus réutilisables avec divers motifs pour emballer les cadeaux.

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CHRONIQUE D’UN GARS DE RÉGION

Passionate from Miles Away PAR MARC-ANTOINE DUFRESNE (IV)

Je m’en souviens encore. C’était ma dernière semaine de relâche. J’allais faire une randonnée dans la neige, près de Percé, à environ une soixantaine de minutes de mon chez-moi natal. C’était une journée particulièrement ensoleillée. La route 132 était belle, il n’y avait pas eu d’accumulation de neige depuis quelques jours. Le fond de l’air n’était pas encore rendu au redoux printanier. C’est le seul défaut de la Gaspésie : son printemps de glace. Les deux mains ancrées sur le volant de ma Corolla, je « zieutais » le littoral, les vagues fracassant la banquise. Je chantais du bout des lèvres les paroles de Marie-Pierre Arthur, ou peut-être de Milk & Bone ou encore de Florence + The Machine. Je m’imaginais écrire un roman racontant l’histoire d’un

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virus qui m’empêcherait de rendre visite à mes parents. J’entrevoyais des scénarios apocalyptiques qui n’étaient encore aucunement d’actualité. C’était avant l’arrivée du véritable virus en nos terres. Depuis, je n’ai plus envie d’écrire à son sujet. Je conserve toutefois cette envie d’écrire et de publier. J’ai toujours été attiré par l’écriture. Enfant, je transcrivais les romans de ma bibliothèque sur l’ordinateur. C’était un de mes passe-temps, qui entre autres m’a permis de taper à la vitesse de l’éclair sur un clavier (et de peaufiner dès mon plus jeune âge la qualité de mon français). Mon goût pour la littérature (surtout québécoise) s’est tranquillement forgé au fil de mes années de vie, mais c’est au cégep

que le summum fut atteint, lors de ma participation au Prix littéraire des collégiens. J’étais le représentant du Cégep-de-la-Gaspésieet-des-Îles pour l’édition 2017, et cela incluait un magnifique séjour dans le Vieux-Québec, la chance de côtoyer d’autres jeunes passionnés le temps d’une fin de semaine et la chance d’être bercée par une ivresse infinie parce qu’enfin, même si je venais d’un village rural où le fait d’aimer la littérature, c’était fif, je me sentais vivant, libre, heureux, moi. Avec les autres participants, on arpentait les rues du Vieux-Québec, on essayait de trouver le bar où s’enivrer ne coûterait pas trop cher et où en même temps la musique nous permettrait de relâcher tout le stress des délibérations (durant lesquelles nous devions choisir la


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gagnante ou le gagnant du Prix). Majorité acquise depuis peu, je me sentais invincible, innocent, à l’épreuve de tout. Peut-être étaitce l’effet d’être auprès d’inconnus-pas-tant-inconnus partageant la même passion que moi, peutêtre était-ce l’effet des shooters de téquila; rendu là, seul Dieu le sait, mais une chose est sûre : je recommencerais l’expérience demain. Si un jour je publie, je veux que mes mots parlent de la difficulté d’aimer son propre corps, de la pression que l’on exerce sur soimême, du désir de plaire aux autres, des hommes qui m’ont brisé le cœur, des hommes dont j’ai brisé le cœur, des femmes fortes

qui m’entourent, de ma famille infiniment précieuse, des jours où j’ai vu noir, des périodes où j’ai dû noyer ma peine, de mes mensonges, de mes infinis fous rires, de mes peines d’amour comme de mes orgasmes les plus puissants, mais surtout, de toutes les fois où j’ai décidé de redonner confiance en la vie et en sa beauté.

mains bourrés d’émotions, qui se forgent une identité, des valeurs, des principes.

Je ne peux m’empêcher de remercier par le fait même la tribune permise par le Capsule pendant mes quatre années universitaires. Entre divers articles pharmaceutiques, il y avait ma chronique, aucunement en lien avec ma future profession, mais qui rappelle qu’au-delà des licences et des titres, il y a des hu-

I’m already high from making my way in

Le jour où mes mots seront publiés, tu verras qu’ils parlent surtout de toi. I see your eyes, slowly giving in Feel my fingers, sliding up your chin

Now I feel my body drowning in [As long – Geoffroy ft. Fjord]

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MOTS CROISÉS PHARMACEUTIQUES

Horizontal 1. Anticoagulant oral direct dont le risque de saignement est le plus faible. 3. Médicament utilisé pour le traitement de l’hyperplasie bénigne de la prostate. 6. Macrolide qui est associé à plusieurs interactions médicamenteuses. 7. Inhibiteur de la pompe à protons qui est disponible en annexe 2. 8. Anti-inflammatoire non stéroïdien disponible en vente libre et souvent prescrit pour soulager une douleur dentaire. 9. Infection des glandes sébacées de la paupière qui est identifiable par la présence d’une petite tête blanche au niveau de l’oeil.

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Vertical 1. Médicament dont le traitement de l’intoxication se fait selon le nomogramme de Rumack-Matthew. 2. Composante sécrétée par les bactéries pour capter le fer. 4. Classe d’antibiotiques contre-indiquée à partir de la 16e semaine de grossesse. 5. Inhibiteur sélectif du recaptage de la sérotonine qui est l’énantiomère S d’une autre molécule. CORRIGÉ À LA PAGE 11


DÉCEMBRE 2020 – LE CAPSULE – 71 Corrigé Ventolin 2 inh qid PRN Servent 1 inh bid Spiriva 1 inh die Flovent 1 inh bid Prednisone selon calendrier Crestor 20 mg qhs Monocor 7.5 am die

Sirop codéine 15 mg tid et hs PRN Ativan 0.5 mg tid PRN Imovane 7.5 mg ½ à 1 co hs PRN Compléter 7 jours de Tazocin 3.375 mg IV q6h

Votre réponse : Il n’est pas toujours facile de lire des ordonnances... Saurez-vous déchiffrer ce qui est écrit?

ORDONNANCE MAL FOUTUE LE CAPSULE, VOLUME 44, NO. 3


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HOROSCOPE PHARMACEUTIQUE GÉNÉRATEUR D’HOROSCOPE D’UNE BASE DE DONNÉES PHARMACEUTIQUES L’horoscope qui suit tente de prédire les évènements du mois de décembre 2020. Un médicament vous a été prescrit selon votre mois de naissance. Par exemple, si vous êtes né en janvier, l’Actonel vous a été prescrit.

JAN FÉV MAR AV R MAI JUIN JUIL AOÛ SEPT OCT NOV DÉC

ACTONEL ZOLOFT ASPIRIN DOVATO POLYSPORIN HUMIRA VYVANSE SYNTHROID HYLO ABILIFY TEGRETOL PLAN B

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ACTONEL (Risédronate)

Mouhahaha! Le sentiment de pouvoir suprême qui s’empare de toi t’enivre comme jamais! Tu danses dans toutes les pièces de ta maison rien qu’en y pensant. C’est tout simplement la plus belle époque de ta vie. Eh oui! Tu n’as plus à braver vents et marées en parcourant les rues de Montréal en pleine tempête de verglas! Quel bonheur! Fini la démarche de pingouin, fini les chutes humiliantes et par-dessus tout fini les blessures sur la glace! À croire que les cours à distance sont en fait la meilleure invention de l’humanité. Continue avec ton esprit positif, il possède la magie de remonter le moral de tout le monde!

ZOLOFT (Sertraline)

Vive le « ven », vive le « ven », vive le vendredi! Pas d’école jusqu’à lundi, les profs sont impuissants, yeah! Eh bien là, c’est le moment où il faut rire jaune. La belle époque où les paroles de cette comptine remaniée avaient leur place est depuis bien longtemps révolue. L’enseignement n’a plus aucun scrupule à l’heure qu’il est. Vendredi soir gâché par un projet, rattrapage de lectures et GA à faire la journée du samedi, préparation pour l’examen le dimanche et insultes dépourvues de tout filtre après minuit! À ton plus grand malheur, tu connais la véritable chanson! Tout ce qu’on peut dire, c’est que cela ne t’arrête pas pour autant de chanter!


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ASPIRIN (Acide acétylsalicylique)

Amertume, abattement et nostalgie s’emparent de toi à chaque fois que tu y penses! Comment accepter la triste réalité? Le temps des fêtes pourra à peine être savouré à sa juste valeur. Avec toutes les contraintes imposées par le gouvernement, il y a de quoi chambouler le quotidien. Sans oublier que la durée des vacances offerte par la Faculté se calcule sur les doigts des 2 mains! Pourtant, avant que cela ne finisse par te ronger, il va falloir se débarrasser de cet état d’esprit négatif! Qui sait? Peutêtre qu’une belle surprise t’attend en 2021. Après tout, c’est souvent à plus long terme qu’on voit les bénéfices de nos sacrifices!

POLYSPORIN (Polymyxine B et gramicidine)

On connait tous la chanson, les gens s’aventurent, pour un oui ou pour un non, sans cesse dans la quête du Polysporin miraculeux. Dans l’imaginaire collectif, on lui accorde toutes les vertus du monde : pourfendeur des maux de l’humanité, créateur de dimensions parallèles utopiques et même médiateur des conversations interstellaires! Un vrai de vrai prodige! Aveuglé(e) par toutes les indications de ce médicament, bien inscrites dans la monographie soit dit en passant, tu as toi-même revêtu ton armure pour chasser ce Pokémon sauvage! Pourtant, tu devrais peut-être te questionner sur la nécessité de ce mirage…

DOVATO (Dolutégravir/lamivudine)

Ces temps-ci, certaines de tes connaissances t’évitent comme la peste. D’un autre côté, il faut les comprendre. Tu as un caractère plutôt difficile à supporter depuis quelques semaines déjà. Pour ta défense, l’école et les autres problèmes dans ta vie ne font absolument rien pour t’aider. Cette situation est bien frustrante! Quand on pense qu’il faudrait seulement un peu plus de compréhension d’une part comme de l’autre pour que la situation rentre dans l’ordre. Les seules barrières sont ces faux tabous combinés à un manque de communication. Pour faire progresser les choses, un premier pas de ton côté pourrait clairement changer la donne!

HUMIRA (Adalimumab)

Tu es super efficace, cela personne ne peut le nier! Une fois que tu t’y mets réellement, plus rien ne peut t’arrêter. Tu t’appropries l’état de « flow » en claquant des doigts, de quoi rendre jaloux toutes tes connaissances! Malheureusement, ces derniers temps, beaucoup de gens profitent de ton talent pour te laisser plus de tâches à faire. Le seul problème, c’est que ton super pouvoir comporte une limite. À vrai dire, si tu en abuses, tu sombres dans un état des plus déplaisants en te fermant au monde et en rabrouant vertement quiconque ose te déranger. À toi de choisir maintenant si le résultat vaut le sacrifice!

VYVANSE (Lisdexamfétamine)

Bon là, maintenant, il faut parler de choses sérieuses. Je sais bien, être solennel ne fait pas partie de tes compétences principales, mais quand il faut, eh bien, il faut! Ne perd donc pas de vue ton but ultime : pirater le système informatique de l’école! Tu n’as jamais vraiment pris cette idée au sérieux, mais pour le bien de toute une communauté, il va réellement falloir que tu t’y mettes. Le mois de novembre a épuisé bien trop de personnes pour passer à côté sans rien faire. Un petit conseil, si tu te rends sur le campus pour mettre ton plan à exécution, c’est toujours le fil rouge qu’il faut couper et non le bleu!

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SYNTHROID (Lévothyroxine)

HYLO (Hyaluronate de sodium)

Quel plaisir! La neige qui resplendit et illumine le monde de blanc, la vapeur toujours fascinante qui apparait lorsque tu expires et les lumières de Noël qui font disparaître la tristesse du coucher du soleil si vite arrivé. L’hiver a en soi beaucoup de charme. Enfin… c’est le cas si on oublie le froid qui assiège chaque centimètre carré de ta peau au moment où tu pointes le nez dehors. C’est moi ou la sensation est pire cette année? Dans ces conditions, autant se réjouir des cours à distance qui t’empêchent de supporter le froid du S1-151. Même les cotons ouatés de la Faculté n’y résistent pas!

La pandémie a donné naissance à de multiples épidémies dont la plus insidieuse te touche, toi, pauvre petit étudiant innocent! Tu n’es cependant pas le seul! Elle attaque bien trop de monde sans distinction. Fourbe et progressive, elle s’empire presque toujours au plus mauvais moment lorsque, par exemple, 3 heures d’un examen exténuant t’attendent. Eh oui! Ces écrans de toutes sortes vont finir par t’assécher les yeux et par faire exploser ta tête en mille et un morceaux! Vivement les vacances d’hiver, au moins cette sécheresse oculaire ne se manifestera réellement que lorsque tu regarderas ta série du moment!

ABILIFY (Aripiprazole)

TEGRETOL (Carbamazépine)

C’est parti pour un cours de 3 heures! Tout est fin prêt : écran ouvert, café à portée de main et microphone sur « mute ». Te voilà paré(e) et motivé(e) pour affronter cette lourde épreuve quotidienne! C’est du moins ta dernière pensée avant d’inexorablement piquer du nez... Impossible de résister, les bras de Morphée sont beaucoup trop tentants! Heureusement pour toi, la plupart des cours sont enregistrés. Cela dit, il serait peut-être temps de prendre la peine de réfléchir à la cause de tes tentatives ratées... Toute cette fatigue ne seraitelle pas l’effet secondaire d’un élément de ta vie?

PLAN B (Lévonorgestrel)

Bon, bon, bon… La situation n’est certainement pas réjouissante. Les tâches s’accumulent à une vitesse vertigineuse avec les GA par-ci et lectures par-là. Sans oublier qu’au moment où tu pensais enfin pouvoir te reposer, voilà que ton professeur « préféré » t’envoie sans aucune once de pitié les prochains travaux à effectuer! Tu n’es pas loin de te jeter par terre pour une représentation de la meilleure danse du bacon jamais vue dans l’histoire de l’humanité… Tu peux au moins être convaincu de la solidarité de tes compatriotes, car la majorité des étudiants de la Faculté t’encourageraient et se lanceraient même avec toi dans ce magnifique spectacle!

En tant que « maître » en improvisation, tu as souvent tendance à ne jamais prévoir tes coups d’avance. Tu as beaucoup trop confiance en tes compétences pour ça! Ton plan consiste toujours en deux ou trois mots bien placés et hop, pirouette de rattrapage 99.9% du temps réussie! Du moins… dans ton imagination! La vérité, c’est qu’en pratique, la situation part bien trop souvent en cacahuète. Qu’est-ce que tu penses d’envisager de prévoir un plan B ou même un plan C à l’avenir? Il me semble que ça pourrait te sauver la vie tout comme ton égo. Eh! Je vous vois venir messieurs, mais oui : cette prescription vous concerne également!

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