Le closet magazine 8

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LCM -8le closet mag


OURS

Direction de publication : Maximilien N’Tary-Calaffard Rédaction en chef : Zab Ntakabanyura Direction artistique : Maximilien N’Tary-Calaffard, Romain Gorisse, Alexandre Hochbaum S.R : Aurélie Djokic Ont contribué à ce numéro : Bertrand Tsimba, Andja, Pasha Khan, Sofy Soga, Hughes Anhes, Ben Torres, Agathe Simard , Eli baby, Jaja, Loulou, Miss Lz Fit, Jon Jones, 008 design, C-3PO, Johnny Kilroy, Motorboat Jones, Plug 1, Beasty boys, Big foot, Dr Maboul, Sport Billy, Oscar MAyer Samantha Jones, Dani le rouge, Claude Pierrard, HTC, ACER. Le Closet Mag est édité par : La Spirale 73 rue du Général de Gaulle 95880 Enghien les Bains Contact : @ lecloset.com@gmail.com facebook.com/leclosetmag instagram.com/leclosetmag leclosetmag.tumblr.com Couverture : The Sneakerette



TO XIXè siècle, création des semelles en caoutchouc,

ÉDI

les « Plimsolls », surnommées « Sneakers » à cause de leurs semelles silencieuses. L’orthopédiste William J. Riley fonde New Balance en 1906. 1908, Goodyear lance la marque Keds. 1917, Converse crée les All Star renommées Chuck Taylor et Adidas conçoit sa première chaussure de tennis. 1935, Converse sort les Jack Purcell. 1949, les frères Dassler se fâchent à vie et Rudolph fonde Puma. 1949, M. Onitsuka crée ses premières chaussures de basket-ball bientôt distribuées aux U.S.A. par Phil Knight et son accolyte Bill Bowerman au sein de Blue Ribbon Sports. 1966, Vans se pointe. Puma développe le Velcro. 70’s, 75% des joueurs NBA portent des Superstar. 1971, le Swoosh déboule et l'entreprise prend des accents de Nike. 1972, naissance de Pony. Fila infiltre le marché du sport. 1977, Nike introduit la technologie « Air ». 1985, Nike paye des amendes à la NBA, les Jordans ne correspondent pas au dresscode. Spike Lee réalise la pub Mars Blackmon. 1986, Run-DMC sort « My Adidas ». 1989, Reebok présente les Pump. Patrick Ewing sort sa marque de sneakers. Puma introduit la technologie Disc System. 1993, création de And1 et K1X. 1995, Under Armour est née. 2002, naissance de Sneaker Freaker et un an plus tard de Sole Collector. 2003, Bobbito livre « Where’ d You Get Those ? » et Nike se paye Converse. 2005, Adidas rachète Reebok. 2010, naissance de Le Closet Mag, Sneakerpedia et Sneaker Freaker Museum. 2011, Female Sneaker Fiends édite « Girls got kicks ». 2012, Li-Ring et Size débarquent en France, Black rainbow et O’Five font dans le papier.


B R E A T H E


maire

SOMM


Modèle présenté : Game Boutique hummel Paris 33 rue des Lombards 75001 PARIS

Boutique hummel Lyon 22 rue Longue 69001 LYON

Boutique hummel Chambéry 91 rue Croix d’Or 73000 CHAMBERY

Liste des revendeurs sur : www.hummel-france.fr


ISSUE BROUGHT TO YOU IN COURTESY OF

Ces objets ont été le centre de notre quotidien ces trois derniers mois, sans eux ce numéro n’aurait jamais vu le jour. Uniforme pour tous : Hoddy zippé K1X x LCM. Les pieds tout en Joakim Noah 2.0, Le Coq Sportif et Boston Adidas Original Consortium. Coté high tech, le HTC One est le meilleur smartphone depuis un bon bout de temps. La mobilité est garantie grâce à la tablette Acer W510, et au casque Skullcandy « Mix Master » édition limitée James Harden. Le Trolley Eastpak x Andrea Crews nous a préservés du lumbago.

Lectures inspirantes : « The Big Butt Book » - Taschen et « Gangs Story » La manufacture de livres. BO LCM 8 : « Queen » - Janelle Monae ft. Erykah Badu et « Gigolos get lonely too » - Oran Juice Jones.


CETTE SAISON, ALICIA KEYS REVISITE SON MODÈLE PRÉFÉRÉ, LES 5411, POUR DONNER NAISSANCE À LA FREESTYLE HI WEDGE A.KEYS. S’INSPIRANT DE LA MODE URBAINE ET DE SA VIE SUR SCÈNE, ELLE FAIT ATTEINDRE DE NOUVEAUX SOMMETS À CE REMIX ULTRA-STYLÉ DE LA LÉGENDAIRE FREESTYLE HI.

* de la rue à la scène par Alicia Keys

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Sport Billy

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HISTOIRE DE BOURDON

Puma, Gazelle, Coq, ces animaux peuplent le flanc de nos sneakers préférées sans que l’on ne connaisse le fin mot de l’histoire. Quelles anecdotes se cachent derrière ces emblèmes ? Du haut de ses 80 printemps, la marque danoise de racine allemande Hummel lève le voile sur les origines de son logo. Le bourdon : un insecte virevoltant avec un embonpoint qui défie les lois de la gravité à chaque coup d’ailes. En 1923, un cordonnier allemand assiste à une rencontre de football sous une pluie d’hallebardes. Constatant que la séance prenait des airs de patin artistique, Albert Messmer eu un flash, qui allait révolutionner le monde du sport. Il s’inspire des petites « griffes » sous les pattes du bourdon qui lui permettent d’adhérer à toute sorte de surface et attache des « clous » aux chaussures traditionnelles de football, les chaussures à crampons étaient nées. Comment dit-on bourdon en allemand ? Hummel natürlich !


ILS COURENT, ILS COURENT !

L'engouement des baby kicks est tel qu'aujourd'hui, les modèles pour papa ou maman sont volontairement proposés en version « mini » pour l’uniformité des familles. Visionnaire, Doc Gynéco avait senti la tendance dans les « filles du moove » « Depuis que Nike a sorti des jordans pour tout petit pieds, les filles de soirée veulent de tout petits bébés ». Comment choisir les chaussures de nos anges ? Pour Littlerun.fr, les enfants courent, c’est un fait. Plus par jeu que par choix, les enfants courent partout, tout le temps et ils aiment ça ! Certes, on aurait tendance à choisir une sneaker pour son apparence, son style, mais pour les enfants mieux vaut penser au delà. L'attirance visuelle est primordiale mais il faut aussi pour les enfants penser en terme de confort, Légèret é et maintien du pied. N'hésitez pas à faire essayer la chaussure à votre enfant pour un meilleur ajustement et n'ayez crainte si vous êtes adepte de l'achat en ligne, vous pouvez vous équiper d'un pédimètre pour connaitre la pointure exacte de votre kid et éviter les mauvaises surprises à l'arrivée. En clair, acheter beau oui, mais pas seulement. Avec ces conseils en tête c'est sûr, les runners en herbe pourront marcher, trotter et courir en toute tranquilité.

Littlerun.fr


Cet été, Le Closet ne se cache plus et ouvre ces sessions au tout venant. Plus besoin d’être dans les petits papiers de l’éditeur. À partir du 29 juin, les inscrits pourront essayer la dernière gamme Adidas basketball sous l’égide errick Rose des Chicago Bulls. de son ambassadeur, Derrick Au programme, test grandeur ndeur nature de sneakers, camp d’entrainement pour our réviser les fondamentaux du basketball, matchs, ciné-club, né-club, parce qu’un peu de culture n’a jamais fait de mal et d’autres surprises.

Illustration 008 Design Vous retrouverez plus d’informations informations sur notre compte FB : https://www.facebook.com/leclosetmag

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LE LAB : ADIDAS D. ROSE CAMP

Depuis plus d’une année, nos marques partenaires permettent aux lecteurs du Closet de participer à des tests grandeur nature de leurs dernières chaussures de sport. Ainsi, quelques poignées d’initiés ont pu profiter de la gamme Nike Basketball, du foot à 5, des technologies Nike +, etc.


DIY BOY

Le légendaire Mark Ong était de passage pour le vernissage de son exposition « Acoustic Anarchy » au HUB de DC Shoes. C’est en famille que le Singapourien a débarqué à Paris, accompagné de sa femme et sa chère mère. Mère dont il a toujours eu le soutien même s’il fût un temps ou elle était un peu égarée face au choix de carrière de son fils. Retour sur image, Mark est un gamin des années 80. Fan de dessins animés, il a développé sa mémoire photographique dans son enfance en reproduisant ses personnages préférés en live. Déja tout petit, il fabriquait du faux sang pour ses figurines de Musclor, customisait le grip de sa board et mettait des accessoires punks sur son cartable. Il n’a pas découvert le DIY, il l’a vécu aussi loin que l’on s’en souvienne. Le kid est tiraillé entre skateboard, musique punk (Lagwagon, NOFX, Rancid) & Basketball. Son univers est éclectique, sa patte est un subtile mélange de références américaines et séries-B gore. Rien pour rassurer sa tendre mère ! Ce n’est que bien plus tard,


Texte : Beastie boy Photo : Lis Simone

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à l’orée d’Internet, qu’il a commencé à se faire connaître. Alors étudiant en arts graphiques, il s’intéresse de près au Web et bosse comme vendeur dans une boutique où ses sneakers customisées se font un nom. La communauté de Nike Talk le pousse, il remporte ses 1ères compétitions de design et enchaine des collaborations avec des boutiques renommées comme Atmos, Chapter et Ambush. C’est en fréquentant Futura 2000 qu’il décide d’en faire son métier, avant cela il dénigrait l’art en bon punk qu’il était. La customisation fait moins partie de sa vie aujourd’hui. Il a évolué en tant qu’artiste et pense avoir fait le tour de la question. Sa mission, le sabotage, c’est à dire skatifier et punkiser des médias alternatifs, en famille car le punk solitaire a laissé la place au duo d’artistes qu’il forme aujourd’hui avec Mrs Sabotage, sa femme au civil.


AVIA 820 Dans les années 80, Avia via chaussait des basketteurs ba et pas des moindres. Clyde Drexler, xler, Robert Pa Parish, Scottie Pippen et John Stockton, 4 futurs Ha Hall of Famers figuraient dans son roster. Le « Lieutenant »», le « Maestro » et le « Glide » ont rapidement succombé aux sirènes de géants du footwear tandis que le « Chief » de Boston est resté fidèle à la marque américaine. Les 820 sont la prise de parole d’Avia dans la course à l’armement qui régnait sur les parquets de la NBA d’alors. Sorties en 1987, elles répondaient aux attentes, à la tendance et aux appréhensions de l’époque..


Des chaussures avec une tige très haute pour la protection de la cheville et un amorti renforcé au niveau du talon et de la voûte plantaire. L’absorption des chocs était primordiale. Les couleurs sobres un impératif et le look le plus costaud possible pour être adopté par la rue. Ces parpaings inusables ne manquaient pas de style à tel point que le groupe de Hip Hop « De la Soul » les a immortalisés dans son premier clip « Me, Myself and I». On y voit leur porteur succomber à une attaque mortelle ucco perpétrée par le prof de Scratch! Déjà, les souliers survivaient à l’assaut… Clip prémonitoire… rvivaient à l’assa

Johnny Kilroy

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LA GUERRE DES CLONES

Au sud-est de la Chine continentale, à un souffle deTaïwan, existe une ville qui regroupe tellement d’usines de chaussures qu’elle a été renommée « sneaker-city ». La muraille du vice À la fin des années 80, l’abondance de main-d’oeuvre et de terrains bon marché ont vu les établissements pousser comme des champignons dans la ville de Putian attirant au passage toutes les compagnies basées à Taiwan. Après avoir fait leurs armes dans ces centres de production, les ouvriers les plus entreprennants ouvrent leurs propres ateliers, à la différence près qu’ils concentrent leur expertise sur le business du faux. Ce système rôdé a fait de Putian la capitale mondiale de la contrefaçon en une décennie. Sans grosse mise de départ, le budget espionnage se cantonnait à quelques billets glissés à d’anciens collègues pour qu’ils jettent les sneakers à copier ou les patrons par-dessus la muraille de l’usine. Les modèles « bicrav » arrivaient alors sur les étalages avant les originaux.

Une machine de guerre Aujourd’hui, l’économie pas si parallèle que cela emploie : 200 000 ouvriers, amasse un chiffre d’affaire de 200 millions ¥ soit 25 millions € par jour et réquisitionne 40 % du parc immobilier. Le renforcement des mesures de sécurité, n’a rien bouleversé. Il suffit aux rois de l’imitation de se procurer l’originale en magasin, la disséquer puis de l’envoyer aux chaînes de production. Certains ouvriers sont si habiles qu’ils peuvent travailler à la simple vue d’une pub sur papier glacé. Putian se pose incontestablement comme le seigneur du clonage dans la hiérarchie du petit monde de la contrefaçon : un savant fou, un génie qui copie les yeux fermés .


Un phénomène global Selon les statistiques, 3 paires sur 10 seraient des contrefaçons fabriquées à Putian. Nike étant de loin la marque la plus plagiée avec 1 clone pour 2 originales dans les magasins. La politique du Swoosh de ne réserver qu’un 10è de sa production au marché chinois malgré la forte demande a accéléré le mouvement, le prix de vente 8 x inférieur aux vraies l’a pérénisé. Cela serait réducteur de croire que les ateliers de Putian ne s’attaquent qu’aux world companies, les marques de sneakers chinoises sont aussi touchées par le phénomène. Il existe une autre ville de Sneakers en Chine. Jinjiang, située dans la même province, est le foyer d’une vingtaine de marques domestiques sorties de terre dans les années 90 avec comme porte-drapeau Anta, Xtep ou 361 Degrees. Ce qui différencie les deux villes est le degré d’innovation. Là où Putian joue au mouton en imitant sans vergogne, Jinjiang développe ses propres produits.

C - 3PO

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Mais que fait la police? En Empire du milieu, les autorités compétentes en matière de propriété intellectuelle et de protection des marques semblent faire un distinguo entre la simple contrefaçon ( réprimée par la loi ) et le « shanzhai », un genre de clonage dont on peut tirer fierté car il met en exergue la créativité culturelle dont fait preuve le peuple chinois. Concrètement les shanzhai iPhones et les shanzhai Porsches valorisent le savoir faire national. Officieusement, le shanzhai sert de formation grandeur nature. Ainsi, les lois interdisent la contrefaçon mais le but non avoué du laxisme est d’acquérir les compétences qui permettront de créer un poids lourds du marché...légal. Comme l’a dit un vendeur à notre confrère du New York Times : « les chaussures sont vraies, c’est juste la marque qui est fausse ! »


STEVEN SMITH, LE PARRAIN Steven Smith, vient d’une ville industrielle du Massachusetts. Il est diplômé de Design Industriel Design du Massachusetts College of Art and Design avec une spécialisation en Beaux arts, design de composants électroniques et produits de grande consommation. En sortant de l’université, il entend parler d’un boulot chez New Balance, se présente à l’entretien et décroche le job le lendemain. 40 ans plus tard, il fait bénéficier les plus grandes entreprises de son savoir-faire.


Tous les designers que j’ai approchés jusqu’à présent sont des coureurs, en quoi la course vous influence-t-elle ? Je coure depuis que j’ai j ai ll’âge âge de 10 ans avec ma grande sœur. Cela m’aide à comprendre les besoins des consommateurs. Ça m’aide aussi de chausser la taille échantillon (9 U.S). J’essaye toujours de courir avec mes propres designs histoire de vérifier que c’est quelque chose que les consommateurs aimeraient porter. J’adore courir cela me permet de penser à mes projets.

À quoi ressemble la journée type d’un footwear designer ? Hmmm… Un footing à 5:45 du matin. 4 shots d’expresso. Une fois au bureau une veille sur les sites, quelques recherches, puis PC & tablette graphique Wacom pour une séance de sketchs. Illustrator, Photoshop & Sketchbook Pro aussi. J’ai toujours un bloc-notes bloc notes sur moi, je gribouille en permanence. Ensuite, je fais un tour au service nouveaux matériaux, un petit arrêt au département samples pour voir l’évolution des projets lancés puis retour devant l’ordinateur. Entre temps, j’ai des réunions avec les gars du marketing ou du développement. Sans eux, rien n’est possible, il faut une équipe pour concevoir les meilleurs produits.

Quel est le projet dont vous êtess le plus fier ? Professionnellement, des protections que j’ai faites pour les membres du Stryker de l’armée. Je suis heureux de savoir que j’aide à sauver des vies. Personnellement, c’est sans aucun doute ma fille.

Est-ce E Es stt--ce ce que quuee vous vou ouss prenez pren pr eneezz les es spécispé p cificités fific cit ités éss eeuropéennes uurrop péeenn nnes es o es ouu a asiatiques siati tiqu ti ques qu es dans d da ans votre vo ottre processus pro roce ceess ssuus créatif cré réat ré éa if ? Absolument. Un de mes projets préféré concernait un coureur japonais d’Ekiden. Elles ont ensuite été adoptées par Paula Radcliffe qui a battu le record du monde de semi- marathon

Quel est votre top 5 uultime ltim ime ? Nike Sock Racer, Adidas Regatta, Reebok Pump Fury, Etonic Street Fighter KM, et Adidas Gazelle.

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Quelle est la première sneaker que vous avez désignée ? Une des premières est New Balance 428 de Basketball. Ensuite, il y a la 996 et les 576.


Vous avez fait du chemin depuis vos débuts. En quoi vos compétences ont-elles évoluées ? À mes débuts, il n’y avait pas d’ordinateurs. Nous n’avions que des faxes pour envoyer nos croquis aux usines. Je devais même couper mes propres modèles à la main. J’ai dû me mettre à jour et me former à de nouvelles approches telles qu’Illustrator et 3D pour m’adapter aux technologies modernes. Aujourd’hui tout est informatisé et peut se faire sans fil, en un instant sur Internet comme cet article. Je dirais que les premières heures avec leur lot de travail manuel m’ont aidé à avoir une approche plus concrète et tangible de la conception d’une chaussure de sport. Dans ma carrière, je n ‘ai jamais cherché à créer des icônes, mon but a toujours été de faire la meilleure chaussure à l’instant T. Si elles résistent à l’épreuve du temps cela prouve juste que nous étions dans le vrai. Vous ne travaillez qu’avec les géants de l’industrie, les petites boites ne vous intéressent pas ? Si ! Elles ont un sentiment d’urgence que j’aime beaucoup. Il y a aussi moins d’étapes, moins d’intermédiaires avec droit de veto. New Balance était de taille plutôt

modeste quand j’y suis arrivé. J’aime à penser que j’ai contribué à transformer l’entreprise en ce qu’elle est aujourd’hui. Il y a un peu le même état d’esprit aujourd’hui au siège d’Adidas à Portland. Je jubile. Qu’est-ce qui vous grise en tant que designer ? Voir quelqu’un qui a sorti de l’argent de sa poche pour acheter des shoes que j’ai conçu, les utiliser à bon escient. Même si c’est marrant de voir des athlètes performer ou des célébrités défrayer la chronique avec. Qu’est-ce que vous surveillez en ce moment ou plutôt qui ? Je suis assez fier de ce que l’on fait chez Adidas. Je regarde aussi ce que fait Tinker vu que c’est un copain. J’aime aussi Chrome, ils font de bons produits.


Quel conseil est-ce que vous donneriez-vous à un nouveau venu ? Vous pouvez réaliser vos rêves les plus fous. Prenez votre temps et ouvrez vos oreilles. Soyez fiers de ce que vous faites mais restez humbles. Essayez d’apprendre une nouvelle chose chaque jour, cela ne pourra que vous rendre meilleur. Acceptez de ne rien savoir, cela vous permettra d’en apprendre plus. Vous désignez autre chose que de chaussures ? Oui, je fais d’autres produits de sport. J’ai aussi travaillé pour l’armée ainsi que de l’électronique comme sous-traitant pour Bell Labs. Je fais aussi du graphisme pour les marques.

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Steven Smith est aussi a à l’origine de la première chaussure avec une voute totalement en fibre de carbone , la Reebok Fury...

Johnny Kilroy


ENTRE LESDEUX, SON CŒUR BALANCE

À 23 ans, une californienne, étudiante en pharmacie, voue une véritable passion pour l’onglerie et les sneakers. Incapable de départager ses deux marottes, elle poste ses créations sur le premier blog de kicks and nails : http://sneakerette.blogspot.fr Comment doit-on t’appeler ? Eileen, Sneakerette ou Laclac ? Eileen ! The Sneakerette est le nom de mon premier blog. J’ai dû en changer pour diverses raisons, maintenant c’est « Lacquers and Laces by The Sneakerette » que l’on peut traduire par vernis et lacets par Sneakerette. Comment as-tu eu l’idée de ce blog ? Ce sont les aspects qui définissent le mieux ma personnalité, ils me singularisent. Les ongles c’est un milieu dans lequel j’ai grandi. Je file un coup de main dans le salon de manucure de ma mère depuis toute petite. Dès le moment où je suis tombée dans les sneakers, j’ai accordé beaucoup d’importance à coordonner mes ongles et mes shoes. J’ai toujours été très inspirée par le nail art exposé sur le site Missomnimedia.com. Étant donné qu’aucune

plateforme ne réunissait mes deux délires, j’ai décidé de me lancer et présenter mes créations. Pourquoi ce besoin de coordonner ongles et shoes ? Je trouve cela marrant ! J’aime matcher mes chaussures à mes vêtements, mes ongles sont rentrés dans la danse et cela a élevé ma tenue à un autre niveau. Tu le fais tous les jours ? Non, c’est trop chronophage. Je change de vernis tous les 3 jours environ et je fais mon design quand cela me prend. As-tu une technique spéciale, une routine ? Pour mon nail art du vernis, une brosse et de l’acétone suffisent ! Concrètement je commence par enlever l’ancien vernis avec l’acétone. J’utilise une mixture qui contient de la glycérine, aussi



efficace mais moins asséchant que du 100% acétone. Ensuite, je mets une couche de base, je polis pour préparer le terrain. Pour finir, je peins sur les faux ongles et une fois qu’ils sont secs, je scelle le tout avec une couche de vernis transparent pour un effet extra shine. J’utilise NailTek Foundation II comme base car cela fortifie mes ongles et les aide à grandir. Pour la couche supérieure, je privilégie le vernis plutôt opaques de NYC Grand Central Station parce que c’est bon marché, sèche vite et c’est très brillant ! Ta technique a un nom, Kicks manucure !? Non, je ne suis même pas la pionnière dans le milieu des sneakersfiends, d’autres filles faisaient cela bien avant moi ! Je l’appelle juste « sneaker matching nails ». Et côté sneaker addiction ? Cela a commencé en même temps que le breakdance à la fac. La danse me désinhibe et mes shoes libèrent ma spontanéité ! Je développe une aversion pour l’uniformité, les couleurs flashy me permettent de sortir du lot et sont le reflet de ma personnalité. En plus, je n’aime pas trop

m’apprêter donc j’opte souvent pour une bonne paire de sneakers plutôt que des talons ! Du coup, tu es plutôt du genre chasseuse méticuleuse ou coup de cœur ? J’achète ce que j’aime, la beauté est relative pour moi. Je ne me pâme pas devant quelque chose juste parce que certains ont décidé que c’était de la bombe. Quel est ton top 3 ? C’est une colle, cela change à chaque fois ! En ce moment, mes China Rose Jordan 1s, Adidas x Jeremy Scott 3M Wings, et LA Gear. Pour finir, si je veux bénéficier de tes services, est-ce que je dois me rendre en Californie ? Haha, non pas besoin ! Je peux te faire un kit que j’enverrais par la poste, ou juste te donner des conseils si tu veux le faire toi-même !

Photos : The Sneakerette Johnny Kilroy


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L E T I T G O


DAMILOLA ODUSOTE

Damilola Odusote est difficile à décrire en quelques lignes. Il fait parti de ces talents moderne, brut et différent de la masse. Sa vie ressemble à une fresque historique ou à film Hollywoodien (son frère n’est autre que le célèbre Adebesi de Oz ou prêtre de Lost). Originaire du Nigeria, il grandit avec 20 autres enfants élevés par des parents gitans roumains à Tylbery dans l’Essex, une ville largement touchée par la crise, le chômage et le racisme. Comme ses 8 frères et sœurs devenus acteurs, poètes ou encore avocat, Damilola ne se laisse pas marquer au fer rouge par ces débuts de vie difficile (plus tard, il perd ses parents adoptifs), faisant preuve d’une résilience à toute épreuve, il se forge une personnalité hors du commun.


Texte : Zab « O.U.A » Ntaka

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Damilola est artiste, diplômé en 2006 de la prestigieuse Camberwell College of Arts, il développe très vite un coup de crayon en illustration noir et blanc particulier. Non content d’être graphic designer, illustrateur et artiste Damilola est aussi un danseur émérite & prodigue des cours. Il prouve que quelque soit le moyen d’expression, il apporte une sensibilité exceptionnelle. Ses mentors sont Picasso ou Dali, c’est dire. Un parcours atypique émaillé de succès, le jeune homme danse pour Mariah carey ou Plan B et participe aux travaux d’art autour des JO. En plus de questionner chacun à travers ses travaux , Damilola en pur produit de son époque, accro aux sneakers, a réalisé sans commande en tant que fan des œuvres en 3D pour la all star ! Ce détournement artistique a énormément buzzé sur la toile. Damilola a mis en scène ces stars entre toutes et en a fait des objets non identifiés. Il les a trempées dans de la couleur, coupées, triturées, elles ont l’air de sortir littéralement du tableau. Il a aussi travaillé les pompes avec de la matière or ( une de ces méthodes de prédilection ) les faisant flirter avec le luxe ultime. Comme chacun de ses travaux, de l’illustration à la danse ou à la peinture de Biggie Small ou Michael Jackson, Damilola n’explique pas ses œuvres, à chacun de les ressentir et les appréhender.


SPORTS ILLUSTRATED Maillot : Protest Kicks : Onitsuka Tiger X Andrea Pompilio Tour de cou : Viveka Bergstrรถm


30 31 Maillot : Kiwi _ Kicks : Puma


Maillot : Dement _ Kicks : Nike _ Sautoir : Supra


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Maillot : Thapelot _ Kicks : Lacoste


35 34 Maillot : Velvet _ Kicks : Converse


Maillot : Triumph _ Kicks : New Balance _ Collier : Dookie Gold


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Maillot : Volcom _ Kicks : Le Coq sportif

Photographe : Bertrand Tsimba Style : Fashion Police Modèle : Miss Lz Fit


MEDIO-QUOI ?

À la pointe de la tendance, le running perle nerveusement sur le mass market. Quand madame Michu et le cadre sup en viennent au plaisir sain de la course, les plus acharnés sèment le troupeau avec le zero drop en vue. Zero drop ou course minimaliste, c’est le courir vrai. Courir avec le déroulé naturel du pied, courir pieds nus ou pour les plus douillets, courir avec une chaussure qui en reproduit les sensations. Car si certains s’époumonent à dire que l’homme est fait pour gambader, des décennies de mauvaises habitudes ont fragilisé notre squelette. Ça fait mal !

39 38 Avant d’adhérer à la secte des fanatiques du marathon de Malibu, la Mecque du minimalisme, mieux vaut entraîner son pied grâce à une chaussure intermédiaire. Saucony et Newton ont bonne réputation mais une troisième marque s’invite dans le peloton, épatant les plus extrémistes des runners : skechers ! La marque connue pour ses chaussures de teenagers s’est mise au sport et amasse éloges après éloges. Tournant le dos à ses anciennes conquêtes Britney Spears et Kim Kardashian, le coeur de Skechers appartient désormais à la course naturelle. Le secret de cet amour ? Une semelle au design bombé qui vous force à réceptionne votre foulée comme nos valeureux ancêtres sur l’avant du pied, la partie la plus charnue, le médio-pied. Plus de douleur au talon, la semelle de transition s’occupe de tout.

Texte : Big Foot


NICOLAS BATUM ENTRE NBA, MMA & CINÉMA…

Fraîchement débarqué à Portland, Nicolas Batum partageait avec nous sa passion pour les sneakers. Depuis, il s’est imposé comme une valeur sûre de la NBA en même temps que Le Closet Mag prenait du galon dans la presse lifestyle. L’heure des retrouvailles a sonné.

Tu as signé un gros contrat, la saison dernière, qu’est-ce que cela a changé pour toi ? Tout d’abord cela m’a enlevé de la pression. J’ai bossé pendant 4 années, ils m’ont montré leur confiance en investissant sur moi. Cela m’a libéré, je leur ai rendu en prenant mes responsabilités et en gonflant mes stats. Mon statut a changé, c’est vers moi que les autres joueurs de l’équipe se tournent dorénavant. Même au niveau des medias, je suis

beaucoup plus respecté sur et en dehors du terrain. En parlant de la vie hors du terrain, qu’est-ce que Nola Circus ? C’est un beau projet, un film produit par une vingtaine d’athlètes : footballeurs, basketteurs, judokas... J’étais sceptique puis j’en ai parlé avec Boris Diaw et Ian Mahinmi. J’ai trouvé l’histoire intéressante même si je ne connais rien au cinéma et faire un film avec Erykah Badu en premier rôle...


Il y a 2 ans tu disais vouloir t’impliquer dans le développement des produits avec Adidas ? Je continue, c’est pour cela que j’en possède autant. J’ai même joué avec une paire couleur saumon / rose pétante fluo, ça s’est vu !

Tu les as essayées quand même ? Même pas !

Cela t’aide d’être à côté de la maison mère ? Bien sûr ! Avec Damian Lillard, sous contrat avec Adidas, on passe au bureau, essaye les 1er prototypes, récupère les exclus. Certaines font mal, certaines n’accrochent pas assez. On est honnête sur le feedback car nous représentons les joueurs avant qu’elles ne soient vendues dans le monde entier. C’est comme ça que l’on fait avancer les choses.

Ta femme monte une ligne de chaussures ? C’est sa passion. A la maison, on est en battle pour savoir qui en a le plus. Elle prétend que c’est elle, en vérité on n’a jamais compté. Elle a fini ses cours à la Pensole Academy avec D’Wayne Edwards, un ancien designer Jordan Brand. Elle va commencer à faire ses prototypes de sneakers de luxe sur mesure. Elle a une autre passion, le MMA. Elle m’utilisait comme cobaye, chaque fois qu’elle revenait d’un cours. Elle me martyrisait avec ses prises, du coup je lui ai acheté un punchingball et un BOB. J’en avais marre !

Et les D rose ? J’ai un principe dans la vie, outre sa majesté, je ne porterai jamais les chaussures d’un mec contre qui je vais jouer, désolé. Pas de Kobe, Durant, D Rose ou Dwight.

Jon « Bones » Jones Image : 008 design

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Qu’est-ce que tu aimes ? Toujours les promodels ? J’étais amoureux des promodels jusqu’à ce que je découvre les Crazylight. Ma vie a changé et là je joue avec les Crazyquick.

À l ‘époque tu étais très Stan Smith et Superstar ? Ça n’a pas changé, je mets toutes les couleurs. J'ai énormément de Superstar et une 15aine de Stan.


REVI


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Illustration : Pasha Khan


JEU CONCOURS Reebok Classic met 5 paires de la ligne Alicia Keys en jeu. Jouez sur www.lecloset.com pour gagner la votre.


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CA TA LO GU


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1 — Le Coq Sportif 2 — Converse 3 — Feiyue 4 — Feiyue 5 — Karhu 6 — New Balance

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7 — Asics 8 — Hummel 9 — Element 10 — DC 11 — Element 12 — Lacoste


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13 — Reebok 14 — O’neill 15 — Adidas 16 — Supra 17 — Vans 18 — Nike

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19 — Nike 20 — Nike 21 — Puma 22 — Converse 23 — Converse 24 — Reebok

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1 1 — C1rca 2 — Ipath 3 — Lakai 4 — Supra 5 — Etnies 6 — Emerica

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7 — Converse 8 — Nike 9 — DC 10 — C1rca 11 — Converse 12 — Element

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1 — Newton 2 — Skechers 3 — On 4 — Li-Ning 5 — Asics 6 — Reebok

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7 — Mizuno 8 — Saucony 9 — Puma 10 — Karhu 11 — Reebok 12 — Li-Ning

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Dr Maboul

RETROUVEZ LES PROPRIÉTAIRES

Aide le hipster à retrouver ses souliers chics, légers et moelleux. Bref du fonctionnel/premium.

Dans la capitale des teufeurs, les punks à chien berlinois peinent à trouver chaussure à leur pied.

Le berlinois à nuque longue avoue un penchant pour cette basket anti-intempéries.


Illustrations : Pasha Kahn

Dur à cuir « Dr. Martens » à lacets rouges n’est rien sans son propriétaire.

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Cole Haan chausse les mignons de Berlin avec ses derbys à semelle Lunarlon

de ceschaussures égarées !

Inconnue en dehors des frontières, la Jogging Hi est un best-seller en Allemagne depuis 1982.


Chemise _ Franklin Marshall



Polo _ insight 51 @Citadium Pantalon _ Ben sherman Chaussures _ Lacoste Lunettes _ Carven


Chemise _ Franklin Marshall Bermuda _ Edwin Baskets _ La Chaussure Lacoste


Baskets _ Vans @BKRW Montre _ Komono Casquette _ less but better @BKRW

Sac Ă dos _ cityfellaz Chemise _ norse Project @BKRW Jeans _ Carhartt @Citadium


Chaussures _ K1X


Sac Ă dos _ manhattan portage Baskets _ K1x Bermuda _ Bench T shirt _ Tealer @Citadium


Casquette _ Element T shirt _ Billabong Bermuda _ Edwin Converse _ Jack Purcell X Slam Jam


Nuque Longue

Photography _ HUGUES ANHES www.huguesanhes.com Assistant _ BEN TORRES AGUERO Model _ THOMAS HAWKINS @H/Model Styliste _ SOFY SOGA www.sophiesoga.com Hair & Make Up _ Agathe Simard


Aux commandes de la boutique Bubble Wood, ils développent depuis un an, un concept de pop store éphémère et itinérant dans les quartiers hype de Paris, de Lille et bientôt Berlin.

Leur côté gipsy chic s’y exprime de nouveau, les lieux sont choisis à la Berlinoise, des grands squatts bruts agencés rapidement avec goût. Ce sont du coup des lieux de déstockage, d’affaires, de rencontres et la magie opère de nouveau. Comme d’habitude, le bouche-à-oreille fait son chemin pour les bons plans. À terme la rue Elzevir deviendra trop exiguë pour les projets qui prendront essor sur la toile et dans d’autres capitales.

Texte : Zab fièvre « acheteuse » Ntaka

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Modern Gipsy

Un frère et une sœur opèrent en plein cœur du Marais, rue Elzevir. Charles et Laurène, touche-à-tout, passionnés et boulimiques de travail font des photos, des expos (à la rentrée à la Gaité Lyrique), voyagent, reviennent les bras chargés de Bogolan et créent « Mathématiques » avec ce même matériau.


brought by HTC ONE

Le closet never stops


61 60 X-berg


Bread & Butter


Bright

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Mitte


65 64 X-berg


Boogie Wonderland

Les allemands ont un rapport particulier avec leur corps : un mouvement nommé culture du corps libre qui donne libre cours à des dérives plus ou moins annoncées. La prostitution outre-rhin n’est ni tabou ni criminelle. Depuis le XIXè siècle, le parlement fait preuve de créatitivite pour permettre aux travailleurs du sexe d’exercer dans les meilleures conditions possibles, but atteint avec la loi de légalisation de la prostitution de 2002. Chaque jour, 1.2 million d’âmes mettent la main à la poche pour les 450 000 gagneuses du pays. Ville de toutes les libertés, Berlin exacerbe ce droit. En dépit de l’absence de néons douteux et d’enseignes louches, la cité est plus coquine qu’il n’y paraît. La capitale allemande ne jouit pas de la réputation d’Amsterdam ou d’autres villes plus à l’Est, mais compte plus de maisons closes que les Pays-Bas tout entier avec 700 bars, bordels, appartements ou clubs ! Entre les clubs naturistes FKK, les Laufhaus où les clients font leur marché dans un couloir, les Terminhaus uniquement sur RV, les Partytreff adeptes de gangbangs et les clubs libertins, le gros de l’activité se déroule en coulisse. De l’usine Artémis, à la maison Tiffany, au bar frivole Mondschein en passant par l’institutionel Kit Kat club, le mot “décadence” prend tout son sens dans des endroits où plus qu’autorisées, les relations sexuelles de tout ordre sont fortement encouragées. Berlin la gourmande est sans filet, mais il faut bien faire la différence entre moeurs débridées et prostitution. Vendre son corps est un business légal, hommes et femmes peuvent exercer en toute quiétude, dans n’importe quel endroit, rue ou horaire tant qu’elles ne sont pas à proximité d’un centre de loisir ou d’une église. Les prostitués sont des travailleurs comme les autres. L’activité donne droit à l’assurance chômage et à la couverture maladie et contrat de travail pour les salariés émargeant entre 5 000 et 20 000 euros par mois. Pas étonnant que la majorité de la prostitution s’exerce en salon. Seule 3% des professionnels battent encore le pavé bravant proxénétisme et trafic en tout genre. Contraints ou non, la réalité veut que les adeptes prolifèrent : touchés par la crise et encouragés par cette normalisation de la profession. Une étude montre qu’un étudiant berlinois


sur 3 considère le sexe comme un moyen parmi d’autre de financement. 4 % des étudiants interrogés ont déjà eu recours à la prostitution, danse érotique ou shows live cam. On l’aura compris, l’argent est le principal levier de cette branche d’activité. Drogues et esclavage sont les autres. La petite entreprise connaît la crise. Le chiffre d’affaire des claques souffre du bordel économique ambiant. Comment s’offrir un petit plaisir lorsque l’on n’a pas de quoi se payer une Wurst ? Mécaniquement, le chiffre d’affaires des vendeurs de charme a chuté de 50%. Réduits à user d’outils marketing, les établissements ont créé pêle mêle des forfaits tout compris (passes illimités + boissons + nourriture), des réductions spéciales « seniors » ou encore des tarifs écolo pour les clients à vélo.

Samantha « Aurélie » Jones

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À qui profite le crime ? Si l’on en croit les statistiques, l’Allemagne est dans le top 10 des destinations de trafic humain. Un tour dans la rue de Kufürstenstraße, haut lieu de la prostitution depuis 1920, aujourd’hui pris d’assaut par les filles de l’Est, finira de nous convaincre que la loi n’a pas pu totalement éradiquer la traite des blanches. Regards hagards, sourire en option et guetteurs aux mines patibulaires plantent le decor. Ces jeunes n’ont pas coché l’option trottoir lors de la journée d’orientation du lycée. Les bailleurs, ne sont pas en reste. Eux aussi mettent du beurre dans leurs épinards grâce à la prostitution illégale qui se terre dans leurs appartements à 50 euros le mètre carré. Pimp parmi les pimps, l’État touche des taxes provenant des tenanciers et des employés, une double manne providentielle. Comme au foot, la retape est un sport qui se joue à plusieurs et c’est toujours l’Allemagne qui gagne à la fin !


Le Cercle des Basketteurs Disparus

Felix Bierling, est un roi de l’organisation. À 31 ans, il s’occupe du back-office du designer Willem Stratmann, du Studio Anti, du géant Siemens ainsi que d’Innervisions, le label de musique. Il est en charge de toute la partie invisible : l’administratif, la stratégie, la gestion de groupe, la supervision, la communication, etc. Ce n’est donc pas étonnant de le retrouver en charge d’un groupe d’irréductibles basketteurs dans l’une des salles les plus prisée d’Allemagne.


En quoi cela consiste-t-il ? Nous sommes les gardiens des clefs et du règlement tels que les horaires (les pros ont la facheuse tendance à changer d’emploi du temps), le format, le temps de jeu...

Comment vous appelez-vous ? On n’a pas de nom. Je me réfère souvent à « albafreizeitzock » soit créneau loisir d’Alba. Il n’y a ni entraînement, ni arbitres, juste du jeu ce qui rime avec des embrouilles de playgrounds ! Comment avez-vous obtenu ce spot ? Nous avons perdu le créneau du soir à Xberg, mais par chance, l’un de nos membres s’occupe de la communication d’une prestigieuse équipe d’Allemagne, l’Alba Berlin. Le club nous a ouvert les portes de son centre d’entrainement. Où est-ce que l’on signe pour jouer avec vous ? C’est un club fermé, seuls les membres originels de Kreuzberg et quelques connais-sances peuvent nous rejoindre. Quelques pros qui restent jouer avec nous après leur entraînement. Le team manager d’Alba dispose de golden tickets car il nous soutient !

Motorboat Jones Illustration: Andja

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Comment est née cette communauté ? Nico Zeh de Made et un noyau dur ont commencé à taper la balle dans un gymnase de Kreuzberg en 2004. Avec la perte du créneau horaire et la reconversion de Nico au yoga, des réguliers comme Anh (restaurants Kuchi) et moi, nous sommes plus impliqués dans l’organisation.


Iriedaily, l’esprit Kreuzberg Posse

Lorsque Daniel Luger, Walter Molt et l’artiste français Jaybo dit Monk ont lancé leur première collection de T-shirts imprimés maison en 1994, ils étaient loin de se douter que leur marque serait toujours en place des années plus tard. Bohémiens de Berlin, les trois potes ont adopté le « Do It Yourself » comme philosophie de vie mais aussi par manque de kopecks. Chez eux, tous les pôles sont travaillés « in house » : distrib’, marketing, RP, vente, etc. Vingt ans après, même si les stagiaires sont devenus des seniors et le label de Kreuzberg produit désormais au Portugal, il est toujours reconnu pour son authenticité et sa philosophie. Preuve s’il en fallait, les « IRIEMEMBERS » participent aux divers évènements décalés sans se faire prier. Acteurs de la scène musicale, sportive ou du cinéma, les amis de la marque ont une belle âme, un optimisme à toute épreuve et une soif de réalisation insatiable. Le label est connu pour ses activités alternatives, l’idée générale, le jeu entre potes. La bande a réussi le tour de force de remettre le ping pong au goût du jour !! C’est d’après eux le style de vie à la Berlinoise ultime : pas besoin d’argent, juste un esprit canaille et du ravitaillement liquide au « Spati » du coin. Irie avoue à demi mot que Berlin suit la trajectoire hors de prix des autres capitales européennes...Ce n’est pas encore l’horreur mais le chemin est tracé. En douce, ils se gardent des petits coins de paradis tels que Mellowpark, Skatehalle Berlin, Vogelfreiheit sur Tempelhofer Flugfeld, Kulturforum, Warschauer Bänke. Comme la ville au train de vie si particulier, l’avenir de nos chouchoux passe par une evolution. Iriedaily va désormais produire 4 collections tout en restant fidèle à son train de vie easygoing, des concessions oui mais pas à n’importe quel prix !


73 72 Texte : Zab « Big Easy » Ntaka


À la Poursuite du Café Perdu

« Oh Boy » est le premier long métrage bardé de prix de l’allemand Jan Ole Gerster. Le film esquisse le portrait touchant et grinçant d’une génération un peu paumée, crue, cruelle et drôlissime à la fois. Dans cette comédie dramatique, le réalisateur fait sien le bon mot de Woody Allen « une comédie c’est une tragédie plus le temps ».

Noir et blanc chiadé, caméra à l’épaule et musique jazz entêtante, le réalisateur nous embarque dans un 24heures chrono d’un Berlinois lambda, loin des stéréotypes de Jack Bauer. On y suit Niko Fisher dans les rues de cette ville définitivement cinégénique, enchaînant les coups durs et les rencontres, traînant sa gueule d’Antoine Doinel 2.0 d’outre-Rhin d’aventures en aventures. Déboussolé, Niko est à la croisée des chemins. Ces mêmes chemins qui semblent un peu flous et de travers sur lesquels il avance vaille que vaille dans cette journée intense en quête d’une seule chose, une tasse de café qui devient un rendez-vous manqué géant et running gag habile. Berlin est filmée avec détachement mais reste très présente à travers les plans qui empruntent parfois au documentaire, mais aussi les rencontres de personnages atypiques si fidèles à la faune Berlinoise. Le personnage principal réussi l’exploit d’être à la fois le porte parole d’une génération mais aussi universel et intemporel dans ses questionnements et sa quête de l’idéal. On oscille entre gros éclats de rire, prise de conscience et émotion. Oh Boy n’a pas volé ses récompenses !


OH BOY! 85 84 Texte : Zab « Cinema Paradiso » Ntaka Photo© : Schiwago Film Remerciements :Arte france


Zurban

Outre le souffre et la bouffe, Berlin est aussi synonyme de dédale urbain. La faute à l’effondrement d’un Mur qui a contraint une cité à l’unification. Avec ses codes architecturaux différents des 2 côtés du rempart, Berlin c’est Griffondor !

En plus d’être un labyrinthe grandeur nature, la ville a subi de plein fouet l’exode des populations coté est, créant une crise immobilière inversée. Plus de vingt années après la ville grouille toujours d’immeubles vides dont la municipalité et les gouvernements peinent à se débarrasser. L’esprit bohême qui hante cette cité a cependant permis l’exploitation et le détournement de lieux improbables par des businesses tout aussi détonnants. Ce mouvement a commencé par l’occupation de propriétés vacantes de la RDA par la jeunesse punk au début des 90’s. Moins alternatifs qu’à leurs débuts, certains ont fait de leurs squats un vrai business. Ainsi, les party-harders se déhanchent jusqu’à pas d’heure dans des endroits sublimes qui contribuent à la renommée de la cité. Le Berghain “Ze” club par excellence est une ancienne centrale électrique, le Week end a investit une tour adjacente à Alexander Platz tout comme la galerie de Made, ou encore le club Heidegluhen


qui a repris une section des docks ferroviaires de l’ancienne gare de transfert Berlin Est/Ouest. Les vendeurs de sexe ont aussi su profiter de l’aubaine. Ils ont investi les immeubles pour y installer des claques à chaque coin de rue. Ironie du sort, le communisme a aidé à enrichir les plus fervents des capitalistes. Dans tous les bons coups, le salon Bright a profité de ces déserts urbains. Cela a commencé par poser des rampes de skate dans l’ancien siège des services secrets est-allemands, la STASI. Depuis l’hiver dernier, le Bright a pris ses quartiers dans l’ancienne réserve monétaire fédérale. On ne peut qu’admirer la résilience allemande.

75 74 Texte : Zab « Haussmann » Ntaka


Atlas Rencontrez Ceyda qui a fait d’Atlas une véritable «Place to be », le genre d’endroit phare de quartier où vous pouvez passer tous les jours et rencontrer quelqu’un de chouette. Ceyda, une militante-boulimique férue de travail de la première heure de la street culture allemande officie derrière ses crêpes US.


Qui es tu ? J’ai commencé dans une émission hip hop à la radio puis j’ai enchaîné sur le label hip hop aussi Aggro Berlin qui a révolutionné l’histoire du rap en Allemagne autour des années 2004 / 2005. Je me suis ensuite occupée du hall sport & street du Bread & Butter. Dès que le bread est rentré à Berlin, j’ai organisé un nouveau salon à Barcelone, le « Brandery » où j’ai fait la plus grande expo de kicks « The outerspace ». J’ai fondé Atlas Pancake Berlin en 2012 avec un partenaire.

munauté qu’on a crée où on fait de l’art, de la musique et des pancakes non stop. Tout le monde ramène quelque chose et on espère qu’ils délivrent le message « amour et pancake» ! J’ai des racines très profondes à Kreuzberg, c’est le 1er endroit où je me suis sentie libre de tout préjugé (Ceyda est originaire de Turquie). Même si Kreuzberg a changé j’en connais tous les recoins.

Ceyda a ensuite organisé une battle live de dessin le vector lounge ! Ce pilier de la street culture est très liée au sneakerworld berlinois autant par ses projets (The Outerspace et the « turnschuhdisco») que par ses amitiés (notre SQ est son amie)

Dans quelle autre ville aimerais tu vivre? J’ai beaucoup voyagé sans en voir assez, il faut que je cherche encore. Quelle est la prochaine étape ? J’ai crée Atlas tv où je rencontre beaucoup d’amis et d’entrepreneurs dans la musique, j’adore les interviewer. Je suis aussi acheteuse femme pour le site en ligne mzee.com.

Texte : Zab « American Breakfast » Ntaka

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Raconte-nous cette belle pancake aventure… Atlas c’est plus comme une com-

Quel est ton lieu favori le matin à Berlin ? Mon lit.


Sneakerqueen

C’est toujours un plaisir de renouer avec des connaissances. SQ, la covergirl de notre 2è numéro, n'a pas chômé depuis 2010. Pas mal de projets en rapport avec sa passion des kicks : des articles pour le magazine « Sneakers » et le blog d’Adidas, look books, portraits d'artistes, couverture d’évènements pour ses chouchoux Nike ou Adidas, des ventes aux enchères ou encore de grands projets tels que City vs City Challenge avec Adidas, sans oublier des expositions de sneakers (Formaganda 2011) et le vernissage dans sa 2ème maison (Café Atlas) des photos prises lors de son retour en Inde, 10 ans après. Sneakerqueen a même trouvé le temps de fêter le (re) lancement de son deuxième blog evewithoutadam. On ne pouvait imaginer un spécial Berlin sans lui poser de rapides questions.

Qui es-tu SQ ? Je suis une photographe freelance passionnée d’art, de basket et de bonne bouffe ! Sur quoi bosses-tu en ce moment ? En fait c’est un secret, un gros secret mais vous verrez bien. Après tout, l’année ne fait que commencer. Quelle est ta relation avec Berlin ? Berlin c’est ma maison, mon inspiration, mon grand amour et ma fierté. Berlin est-elle la meilleure ville où habiter ? Absolument PAS !! La ville est devenue tellement bondée ! Message personnel à tous ceux

qui envisagent de s’y installer : ne le faites pas !! Quels sont tes coins préférés ? J’adore Charlotennburg car c’est là où j’ai grandi et où je retourne voir ma famille. Plus qu’une figure de Berlin, SneakerQueen fait partie de la famille du ClosetMag.

Texte : Zab Illustration : Andja


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Dilim !

Il y a certaines personnalités atypiques, alternatives à côté desquelles on ne peut passer. Dilim le Berlinois en est le parfait exemple.

Texte : Zab Illustration : Andja


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Comment l’aventure Jamalade a t-elle commencé ? En 2008, deux semaines avant la Saint Valentin, mes amis et moi avons eu un brainstorming sur le cadeau à offrir à nos petites amies. Après avoir éliminé les fleurs qui meurent 3 jours après, les sucreries qui les font grossir, et tout le reste, nous avons mis tous nos talents créatifs en commun.

Qui es-tu ? Je m’appelle Dilim Oniyia. Je suis un warrior afro-allemand de 33 ans qui vit et respire Berlin. Je suis un éducateur social pour enfant depuis 2009. Je fais du sport depuis que je sais marcher. Le sport, et notamment le basket, sont ma passion. J’ai été semi-pro pendant au moins 20 ans malgré mon jeune age et je fume toujours autant les défenseurs ! Je suis aussi coach sportif sans compter que je m’entraîne avec des amis presque tous les jours. Mon autre passion, plus mon bébé d’ailleurs, c’est Jamalade : une délicieuse confiture naturelle au sucre de canne.

Mit fruchtigen Grüßen

Quel est ton endroit favori à Berlin ? J’adore taper le ballon avec les potes de l’ALBA à Schutzenstrasse.

Quelle est la prochaine étape ? Je travaille à l’expansion de Jamalade afin que son potentiel explose en une marque allemande leader.

Quel est ton programme journalier ? J’adore garder les choses flexibles et ne pas m’installer dans une routine. Je travaille à l’école, je m’applique à faire grandir Jamalade, je joue au basket, je m’entraîne puis je traîne avec mes amis ou petites amies .

De plus, on aime tous cuisiner. Cela a donné une douce et délicieuse confiture appréciable par tous à tout moment : mon bébé Jamalade – Sweet Surprise, était né.

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Made

Parce qu’il y a des gens ordinaires qui font des choses extraordinaires, difficile de ne pas avoir un crush pour Made qui célèbre le côté alternatif de l’art. Made c’est Nico Zeh, le créateur et co-fondateur avec l’artiste tadiROCK et le « wing men » et homme Moulinex-Multifonction Nadav Mor de Made.

Quel est le concept de Made ? Made c’est une plateforme créative située au cœur de Berlin pour des artistes qui viennent de différents terrains. C’est tour à tour une galerie, un espace de travail ou de performance, un studio, une scène, un laboratoire mais entre tous c’est un lieu qui invite différents artistes à s’extirper de leur routine créative. Notre but est de permettre une nouvelle façon de créer en réunissant plusieurs terrains artistiques, d’offrir un espace et d’inspirer un ADN qui permet à de nouvelles choses d’éclore. Le concept peut paraître un peu brumeux. Ils aiment mélanger les genres. À travers « 5 cuts », une installation vidéo sur Mr Yohji Yamamoto, ils offrent un visage lumineux et inconnu du créateur génial. Après avoir dialogué avec lui, entre Paris et Tokyo pendant de nombreux mois, ils ont révélé l’essence même de l’homme. Un an avant, Made a réalisé « Future Self », une performance gigantesque qui regroupait le collectif Random International, le chorégraphe Wayne McGregor et le compositeur Max Richter dans un battle artistique à taille humaine dans les locaux. En liant tous ces arts, ils arrivaient à évoquer de façon onirique et énergique le passé, présent et futur.


Quels sont tes spots préférés ? L’été les parcs sont idéaux pour se prélasser, spécialement Friedrichshain ou Treptower Park. On adore jouer au basket

et s’entraîner avec Dilim et faire du Yoga avec Ulrike. Pour le shopping, les boutiques SOTO et YOLO sont géniales, pour manger Kuchi est le meilleur restaurant de la ville. Quelle est votre actualité du moment ? Nous avons coutume de dire que les « après-projets » sont les « avantprojets » . Nous sommes tout le temps en train de bosser sur de nouvelles choses, idées, brainstorming ou connexions. Le projet du moment est encore sous embargo mais restez à l’écoute.

Texte : Zab « Mitte » Ntaka Illustration : Andja

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Pourquoi Berlin est une chouette ville où habiter ? Berlin est vraiment unique. Le vieux rencontre le nouveau tous les jours sous des manières différentes. Dans l’art, l’artisanat, la mode, le cinéma, la food et le style de vie, chaque jour quelque chose est inventé. La vibe et l’atmosphère permettent à cette créativité de fleurir. À Made, nous nous voyons comme une pierre à cette édifice. La forte liberté d’être et de faire dans une si grande ville est vraiment la particularité de Berlin.


Lost Sole, Zeha


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C’est flanquée de 2 bandes sur le côté que la griffe fournit tout le bloc de l’Est dans 60 disciplines sportives différentes. Abandonnée lors de l’effondrement du communisme, ses anciens clients n’ont alors d’yeux que pour les marques « occidentales » (Nike, Adidas & co), symboles de tous les désirs refoulés.

Créée en 1897 en Thuringe, Zeha, est une marque de chaussure allemande basée du mauvais côté du rideau de fer. Elle n’a d’autre choix que de se spécialiser dans les articles de sport et d’ainsi devenir l’Adidas de la RDA.

Lorsqu’il s’agit de choisir une chaussure officielle, Berlin a l’embarras du choix. Entre Stan Smith et Air Max 1, les prétendants sont légions. Une marque a failli être ensevelie sous les pierres du mur lors de sa chute.

Dani le Rouge

Comme dans un conte pour enfant capitaliste, le vilain petit canard d’Allemagne de l‘Est s’est transformé en cygne sur Ku’Damm, la rue huppée de Berlin Ouest.

Il y a quelques années, 2 mélomanes berlinois ont racheté les droits de Zeha pour une bouchée de pain. Ils confectionnent des chaussures sur des moules authentiques de foot et running. Design et matériaux premium sont les clefs du revival. Au diable les capacités techniques et le soulier de sport du prolo, Zeha n’est plus une marque de sport populaire même si elle représente fièrement les restes d’une Allemagne quasiment disparue.

Clouée au pilori du communisme, plus que toute autre, Zeha a subi de plein fouet le retour à l’économie de marché. Pire qu’une désaffection, le label est-allemand a essuyé un véritable lynchage populaire.

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Amour, Gloire & Beauté

Le mythe des frères ennemis est un élément fondateur de la religion et des soap-opera. Dans les rôles d’Abel ou Caïn, retrouvez Adi et Rudi, les frères Dassler créateurs d’Adidas et Puma. Retour sur une histoire de famille qui comme dans un vestiaire sent le caoutchouc, le souffre, la sueur et la trahison. Tout commence à la fin de la 1ère guerre mondiale, lorsque le soldat Adolf Dassler rentre à Herzogenaurach en Bavière du nord. Cette région est très connue pour ses usines de souliers. Habile de ses mains, Adi commence à bricoler sa première chaussure d’entraînement dans la minuscule buanderie de sa mère avec de solides matières, vestige de la guerre. Ses premiers clients sont ses amis mais très vite sa réputation se répand au delà des 20 m2 familiaux. En 1923, Rudolf « Rudi » le rejoint dans cette aventure en pleine expansion. Un an plus tard, ils créent la « Dassler Shoe Company » et déménagent l’usine deux ans après de l’autre côté de la ville. Dès 1933, l’Allemagne connaît des moments durs, les 2 frères rejoignent le parti nazi sans grand engouement. La preuve aux JO d’été de 1936, ils sont plus occupés à chausser le champion noir américain Jesse Owens qui gagnera 4 médailles d’or des Dassler Brothers aux pieds qu’à populariser les idées de la supériorité aryenne. Cette victoire rend la marque internationale et Herzo devient une localité incontournable pour chaque athlète.


Texte : Zab « Forrester » Ntaka

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On ne peut imaginer deux personnalités plus différentes, Adi un genre de bricoleur savant fou toujours en quête d’innovation dans son bureau et Rudi plus commercial et public relation connu pour ses colères spectaculaires. Ce qui les rend complémentaire commence à tourner au vinaigre au moment de la WWII. Les frères qui vivent sous le même toit avec leur smala respective commencent à se déchirer sur fond de coup bas, dénonciation et autres rumeurs nauséabondes. Le point de non retour est atteint lorsque Rudi doit aller au front alors qu’il a fait jouer ses relations afin qu’Adi n’y aille pas quelques années plus tôt. Rudi parvient à déserter puis à se faire réformer mais finit par croupir un an dans un camp pour collabos. Pendant ce temps, Adi fortement suspecté d’avoir dénoncé son frère tour à tour à la Gestapo et aux alliés, reconstruit vaillamment l’entreprise en vendant des sneakers aux GI ! Le divorce est bientôt consommé. Rudi à son tour se met sur les côtes de son frère tentant de le faire juger comme nazi ce qui lui ferait perdre le contrôle de l’entreprise à son unique profit. Ce faisant, les deux frères vivent toujours sous le même toit, dans une aile de l’usine. Leurs soirées tendent plus vers la soupe à la grimace qu’à la « familly reunion » ! La messe est dite en 1947, lorsqu’Adi est lavé de toutes accusations, il est désormais impossible aux frères de travailler ensemble ! Adi, entouré de fidèles ingénieurs, baptise la nouvelle entreprise de son nom seul Adidas. Rudi déménage à l’autre bout d’Herzo emmenant la force commerciale dans son sillage et opte pour Ruda, vite abandonné pour un Puma plus percutant.


Ils se partagent le nombre de bandes qui étaient leur imperceptible logo. Adi crée les mythiques 3 bandes en brainstorming familial tandis que Rudi fait évoluer les 2 bandes et son nouvel animal totem. Chaque individu d’Herzo, entre 7 et 77 ans, est sommé de choisir un camps de part et d’autre de la rivière Aurach. La ville est surnommée « cou penché » car la scission se manifeste par les baskets arborées. Adidas rayonne hors de l’Allemagne grâce à ses innovations techniques, les débuts de Puma sont plus difficiles mais la marque sponsorise de nombreux clubs de foot nationaux ce qui contribue à l’enraciner. Bon gré mal gré, les deux marques s’imposent et grossissent. Malheureusement, le tempérament belliqueux se transmet même à l’intérieur de chaque dynastie. Les pères s’embrouillent avec les fils pendant que les mères tranchent et les sœurs sont lésées. Obnibulés par ces guéguérres familiales, aucun des deux ne voit le déploiement du futur géant Nike dans les 70’s et encore moins de Reebok en 1980 par mépris de l’aérobic. Pourtant, les deux marques patinent et se noient dans un verre d’eau de dilemmes sur l’international ou non, le technique ou non, la vente des parts ou non. En 1987, le dernier Dassler est viré d’un Puma en pleine banqueroute, forts de cette expérience, les « AdiDasslers » revendent la compagnie à Nanard. Les deux marques gardent leurs bureaux à Herzo, Adidas achète Reebok en 2005 et Puma rentre chez PPR en 2007. Clin d’oeil de l’histoire, le seul Dassler encore en activité chez Adidas est Franck le petit fils de Rudy.

Texte : Zab « Forrester » Ntaka


L’incroyable Histoire de la Currywurst

Oscar Mayer

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Chaque année, les estomacs allemands digèrent près de 800 millions de Currywurst, dont 70 millions pour la seule ville de Berlin. Le plat est si populaire que les abattoirs de l’usine volkswagen de Wolfsburg en produisent 3.5 millions par an pour ses employés. Snack ultime, tout politicien qui se respecte se doit de poser une saucisse (wurst) à la main pour battre campagne. On pourrait fantasmer sur les origines orientales de celui qui a introduit ce trésor national mais la vérité est moins exotique malgré les 2 dames qui s’en disputent la maternité. La version officielle porte en triomphe Herta Heuwer. Au sortir de la IIè Guerre Mondiale, elle aurait troqué de la gnôle à des soldats alliés contre de la sauce Worcestershire & du curry. À Charlottenburg, la sauce (Chillup) accompagnée des 100 000 saucisses à la semaine qu’elle sert aux ouvriers qui reconstruisent la ville fait sa fortune. Elle en dépose le brevet au grand dam de Kraft Foods qui tente à maintes reprises de s’accaparer les droits du précieux assaisonnement. L’autre légende est + romancée & soutenue mordicus par Uwe Timms dans son livre sur les origines de la currywurst « Die Entdeckung der Currywurst ». Cette dernière aurait été créée à Hamburg en 1947 par une « Jane Doe » qui aurait accidentellement brisé 2 « dame-jeannes » de curry et ketchup en montant des escaliers. Le caractère goûteux de la mixture la poussa à en faire profiter les clients de son stand. Uniquement basée sur les souvenirs d’enfance de l’auteure de l’ouvrage, aucun fait n’a été corroboré, et aucun ayant droit ne s’est jamais manifesté Dur alors de lui accorder du crédit. Non contente d’avoir deux lieux de naissance, la currywurst a aussi deux habitudes de consommation. Stigmate de la scission Est / Ouest, il paraît que les natifs de Berlin Est mangeraient des Currywurst sans la peau et ceux de l’ouest avec !


Tips

Berlin est symbolisé par un incontournable stylistique dont nous sommes fans grâce au Dr Tobias Funke. Le short en jeans se porte dans la capitale de la fête quelque soit la saison ! Seule la longueur dudit short change selon son « clan » ou sa géographie. Dans cette ville à la température changeante, il est souvent porté sous une autre tenue en never nude 2.0, j’ai assisté à de nombreux changement express au cœur de la nuit berlinoise !! Se munir d’une grosse paire de ciseaux. Couper à la longueur souhaitée une jambe après l’autre. Patinez le jean avec du papier de verre, déchirez légèrement avec une lame gilette. Mixer les tips en balançant de l’eau de javel ou de la peinture.

Ustensiles: gros ciseaux une paire de jeans papier de verre

lames de rasoir laque javel - peinture

Texte : Zab « aHot pants » Ntaka


Claude Pierrard

Génération Croque Vacances

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Génération 13 est le rêve de 3 adulescents. 2 Oliver + 1 Niklas = 3 figures de la « sneakersphere » allemande, des larrons en foire qui ont mutualisé leur butin dans Mitte, le centre historico-hype de Berlin. Lieu aux 2 visages, l’espace était partagé entre un musée façon «Recré A2» et un café où on pouvait chiller en dégustant un Apfelstrudel. Cette initiative de plusieurs vies a vu le jour grâce à l’aide de prestigieux sponsors du footwear allemand. Geek jusqu’à la moelle, les fondateurs se revendiquent de la 13è génération depuis la création des États-Unis (Gen-X) qui selon la classification de Strauss et Howe, est née entre 1961 et 1981. Perfusés à la culture américaine, ils ont grandi devant Gi-Joe, Transformers et Musclor. Malheureusement, l’aventure n’a duré que quelques mois. Exit les centaines de sneakers en édition limitée, la collection complète de Star wars, les jeux vidéo tournant sur TO7, les Big Jim à l’effigie de Bruce Lee, Steve Austin ou encore Vic le Viking. Le musée a mis la clef sous la porte en Avril au grand désarroi de tous ceux qui ont connu Croque vacances


5 Panel « Spotted » Wesc 30 €

« Mosin » Element 30 €

« Higgins Floral » Dakine 20 €

« Flamingo » K1X 40 €

« All over tuci » City Fellaz 45 €

« Pink » New Era 38 €

« Yuma » Obey 36 €

Bassoandbrooke 40 €

La 5 Panel est le nouveau couvre chef phare du bitume, summum de la décontraction. Exit les sombreros, panama ou autre visière ! L’avantage c’est qu’on peut l’arborer même sans soleil !

Texte : Zab « Melon » Ntaka


5 panel : casquette qui épouse le crâne du hipster, peut parfois être collée à sa barbe pour + de praticité. La 5 panel tire son nom d’une découpe en 5 parties.

RDA : République démocratique Allemande plus communément appelée Allemagne de l’Est

Bicrave : terme argot gitan voulant dire issu d’un business quelconque (pas répertorié au CAC 40)

Reebok Fury : chef d’oeuvre du designer Steven Smith, développée à l’origine pour la course à pied

Big Jim : Figurine articulée que les moins de 30 ans ne peuvent pas connaître

Smartphone : téléphone intelligent en passe d’être intronisé dans le club fermé des membres humains

Dame-jeanne : Bonbonne servant à la conservation ou au transport d’aliments

Tinker : Dieu du design footwear, accessoirement ami de Steven Smith

Fille du moove : cf chanson de doc Gynéco

Recré A2, Croques vacances : Progammes télévisés pour la jeunesse que les - de 30 ans ne peuvent pas connaître

Gnôle : terme ancien ou camerounais pour désigner de l’eau de vie puis de l’alcool, souvent corsé. Le Champagne n’est pas de la gnôle par exemple c’est juste une coupe.

Tobias Fünke : notre héros éternel. Arrested Developpement revient pour une saison 4 !!

Gône : Mot familier de la région de Lyon désignant un enfant Hipster : Jeunes gens dans le vent adeptes d’excentricités capillaires et aux shorts en jeans coupés. cf Jay Smith

Petit précis à l’usage du lecteur du ClosetMag

Laurent Romejko & Zab « Maître Capella »

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Pimp : mot anglais pour désigner un souteneur. Popularisé par le roman à succès d’Iceberg Slim. Il n’est pas exclu qu’un pimp porte une fourrure.


B R E A T H E


Le Billet de Zab

En 1963, au cœur de la Guerre Froide, un JFK bouillant prononce le fameux « Ich Bin Ein Berliner ». En 2013, cette phrase est plus que jamais d’actualité, Berlin, la ville de la taille d’un état est un aimant européen. Berlin dégage une aura particulière faisant succomber quiconque y pose un orteil. Difficile de résumer cette ville protéi- forme en bonnes adresses ou parcours à faire absolument en 4 jours. Le poids de l’histoire est encore présent ne serait ce qu’à travers une architecture spéciale, mais la ville se renouvelle tous les jours un peu plus et différemment. Le Closet vous propose un City Guide particulier. Ou comment découvrir cette cité allemande à travers des ambassadeurs de choc, qui ont en commun d’être des passionnés, multi-task slashers, adeptes et créateurs de la vie rapide et alternative. Nul besoin d’un partenariat avec l’office du tourisme pour vous garantir qu’en refermant ce numéro vous allez sûrement courir dévorer une wurst ou un doner en pleine nuit, un pancake arty au matin, visiter une expo, enchaîner par un match de basket, visiter la ville en suivant les tags ou un beau mec de dos et rentrer du Berghain ou au Berghain à 11heures du matin en vous murmurant inlassablement « Ich Bin a Berliner ».

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LE TALENT LACOSTE L!VE À TOKYO – CHIC NON CONVENTIONNEL


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