COOPÉRATEUR | SEPTEMBRE 2016

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SEPTEMBRE 2016

cooperateur.coop

VOTRE VIE, VOS AFFAIRES

FERMES BORÉALES C’est parti !

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©2016 CNH Industrial America LLC. Tous droits réservés. New Holland est une marque déposée aux États-Unis et dans de nombreux autres pays, utilisée sous licence ou appartenant à CNH Industrial N.V., ses succursales ou ses sociétés affiliées.

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SOMMAIRE ÉDITION SEPTEMBRE 2016

VOTRE VIE VIE COOPÉRATIVE 5 6 10 12

AFFAIRES AGRICOLES 25 28 32 34 40 42 44

ENTRE NOUS Ghislain Gervais* MA COOP PAUSE PENSÉE Colette Lebel* Bourses La Coop fédérée : les coups de cœur du comité

13 SOCODEVI vise la qualité et l’efficacité 14 Citadelle, créatrice et innovatrice

VIE AGRICOLE

La transition : avant le vêlage, après ou les deux ? Salmonella Dublin, un enjeu important Production porcine : les Fermes Boréales, c’est parti! L’agriculture de précision en capsules Web Régie de coupe hivernale de la luzerne Une journée au pays des huttérites

47 Les nouvelles habitudes des consommateurs 49 ZOOM VOS AFFAIRES 50 BILLET ÉCONOMIQUE Pascal Labranche*

option à considérer

19 La formation en entrepreneuriat agricole de l’Université Laval

Site Web : www.cooperateur.coop

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VOS AFFA VOTRE VIE, p

cooperateur.coo

ÉALES FERME’eSstBpOarRti !

SEPTEMBRE

Production laitière : Stairway to Brown Heaven

AFFAIRES ÉCONOMIQUES

16 Relève non apparentée :

2016

Version virtuelle : www.cooperateur.coop/fr/magazine

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* For English version, please visit our website at www.cooperateur.coop/en

LA FORMATION

EN ENTREPRENEURIAT AGRICOLE

SOCODEVI VISE LA QUALITÉ ET

l’efficacité

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L’AGRICULTURE

STAIRWAY TO

DE PRÉCISION

BROWN HEAVEN

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À VENIR DANS VOTRE MAGAZINE

ABONNEMENT (version papier)

Complétez le formulaire en ligne : cooperateur.coop/ abonnement-au-magazine Ou contactez-nous : cooperateur.coop@lacoop.coop 514 384-6450, poste 3513

RELÈVE AGRICOLE

Coût d’abonnement (taxes incluses) Membres : 11,29 $/année

(défrayé par votre coopérative)

Non-membres : 1 an : 25 $ 2 ans : 40 $

3 ans : 55 $ À l’étranger – 1 an : 90 $

ERRATUM

L’EXEMPLE DE LA FERME JL DRAPEAU

Une erreur s’est glissée dans le numéro de juilletaoût, dans l’article Comment trouvent-ils leur info ? En page 30, dans la photo, il aurait fallu lire que les deux frères sont Jean-Denis et Daniel Morin. Toutes nos excuses.

PRODUCTION LAITIÈRE LES NOUVEAUX LACTOREMPLACEURS

Adjointe à l’édition Marie-Hélène Gaudin 514 384-6450, poste 3513 marie-helene.gaudin@lacoop.coop Révision Georges O’Shaughnessy enr. Ont collaboré à ce numéro Luc Bergeron D.M.V., Laurier Doucet, Ghislain Gervais, Étienne Gosselin, Pascal Labranche, Brigitte Lapierre, Ariane Laurin, Colette Lebel, Nicolas Mesly, Yves Ngorbo, Céline Normandin

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Photographies et illustrations René Bouchard, Pierre Cadoret, Martine Doyon, Exposimage, Étienne Gosselin, Christian Leduc, Nicolas Mesly, Suzanne Turcot, Studios Drakkar, Page couverture Christian Leduc Impression Interweb Inc. Les photos, illustrations et textes publiés dans le Coopérateur et sur le site Internet de La Coop fédérée ne peuvent être réutilisés sans autorisation.

Coopérateur C.P. 500 Station Youville, Montréal (Québec) H2P 2W2 Tél. : 514 384-6450 | Téléc. : 514 858-2025 Courriel : cooperateur@lacoop.coop Site web : www.cooperateur.coop

Poste-publications, convention n° 40628621 Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec

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PHOTO : MARTINE DOYON

Rédacteur en chef adjoint Patrick Dupuis, agronome 514 858-2044 (ligne directe) patrick.dupuis@lacoop.coop

Webmestre Ricardo Silva

Correspondance Retourner toute correspondance ne pouvant être livrée au à: Canada à:

PHOTO VEAU : 123RF

Directrice et rédactrice en chef Guylaine Gagnon 514 858-2146 (ligne directe) guylaine.gagnon@lacoop.coop

Graphiste Simon Fortin

Publicité Pierre Grinsell | 450 661-8200 info@relationsmedia.ca

PHOTO JL DRAPEAU : ÈVE CAYER

Éditeur Jean-François Harel

Conception graphique Service de la création, La Coop fédérée

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Le Coopérateur est publié neuf fois l’an par La Coop fédérée. Il est l’outil d’information de la coopération agricole québécoise.

PHOTO DE L’ERRATUM : PATRICK DUPUIS

VOLUME 45, NO 7 | SEPTEMBRE 2016


ENTRE NOUS

UNE AVANCÉE HISTORIQUE GHISLAIN GERVAIS, PRÉSIDENT DE LA COOP FÉDÉRÉE, GHISLAIN.GERVAIS@LACOOP.COOP

J’AI FAIT le tour du Québec au cours des dernières

PHOTO : MARTINE DOYON

PHOTO JL DRAPEAU : ÈVE CAYER

PHOTO VEAU : 123RF

PHOTO DE L’ERRATUM : PATRICK DUPUIS

semaines, et force est de constater que, bien que l’agriculture québécoise ne soit pas en crise, il y a de moins en moins de marge de manœuvre dans les fermes québécoises. Quoique la situation varie selon les productions et les régions, nous pouvons tous faire ce constat, dont les causes sont multiples et diverses. Mais la tendance, elle, est bien nette. Il en est de même dans nos coopératives agricoles, qui, tout comme nous, doivent s’adapter à cette nouvelle réalité. Encore là, la situation varie selon les régions, et certaines coopératives s’en tirent mieux que d’autres. Mais indépendamment de la volatilité des revenus à la ferme, la diminution constante du nombre de producteurs, l’augmentation de la taille de nos fermes et les nouveaux canaux de communication modifient nos besoins et nos attentes envers notre fournisseur d’intrants. Cette situation n’est donc pas conjoncturelle, et c’est pourquoi, dans le cadre de la planification stratégique du réseau La Coop, on a confié au conseil d’administration de La Coop fédérée le mandat de réfléchir au modèle de consolidation des coopératives du réseau. Comme mentionné dans mon dernier éditorial, pour mener à bien cette réflexion, le conseil d’administration de La Coop fédérée s’est adjoint un comité ad hoc, composé de 10 présidents et directeurs généraux de coopératives, ainsi que les services d’un cabinet de consultants externes. Nous avons pris le temps d’établir une base de faits et de la régionaliser, pour nous assurer que tous s’y reconnaissent. Plusieurs scénarios ont été envisagés, analysés et écartés, sur la base d’une grille de critères préétablis. Tout au long du processus, des consultations ont été tenues avec vos représentants élus, pour garantir la légitimité de la démarche. Nous en sommes maintenant à l’ultime étape de cette démarche, et je suis heureux de vous annoncer que, à sa dernière réunion, le conseil d’administration de La Coop fédérée a adopté à l’unanimité la proposition d’un nouveau modèle d’affaires qui sera offert aux coopératives d’approvisionnement du réseau La Coop. La prémisse, c’est qu’il serait souhaitable qu’il n’y ait qu’une seule coopérative agricole au Québec. Pour y arriver – sans perdre les acquis régionaux

bâtis par nos parents –, la consolidation et la restructuration du réseau La Coop sont requises. Baptisée Vision 2020, cette proposition vise à replacer le producteur agricole membre au cœur de la stratégie d’affaires des coopératives, en isolant les activités agricoles des autres activités prises en charge par les coopératives au fil des ans, pour assurer leur croissance et limiter les risques. Cette vision s’articule donc à travers deux principaux éléments: 1) la consolidation orchestrée des coopératives à vocation agricole du réseau La Coop en un nombre restreint de coopératives ayant une masse critique viable dans ce secteur d’activité; et 2) le développement de partenariats entre ces coopératives consolidées et La Coop fédérée pour la gestion des activités agricoles, ce qui permettrait de fonctionner selon un modèle one-step (à une seule étape). Cette vision s’accompagne également d’éléments de gouvernance propres à améliorer le fonctionnement du réseau La Coop et la poursuite des initiatives issues de la planification stratégique du réseau. Bien entendu, les coopératives seront libres d’adhérer ou non à ce nouveau modèle, ou de le faire à leur rythme et comme il se doit. Nous commencerons par l’établissement d’un projet-pilote avec un groupe de coopératives volontaires, afin de bien documenter toutes les difficultés et les solutions de mise en œuvre. La Vision 2020 est un projet novateur et ambitieux qui vise à assurer la pérennité de la présence coopérative dans toutes les régions du Québec, tout en permettant de mieux répondre à vos besoins et à vos attentes. Sa mise en place sera tout sauf facile et exigera de nous tous de la confiance, de la transparence et beaucoup de courage. Mais je me rassure en sachant qu’il s’agit là des valeurs coopératives qui nous unissent. Bonne fin d’été !

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FUSION DE STJACQUES-DE-LEEDS ET DE VIVACO

La Coop St-Jacques-de-Leeds et VIVACO groupe coopératif fusionneront leurs activités à compter du 1er novembre prochain. Ce projet est l’aboutissement d’une intercoopération historique et d’affinités territoriales qui unissent les deux coopératives depuis plusieurs années. Les points positifs résultant de cette fusion sont nombreux, estiment les dirigeants des deux coopératives. Notamment, elle permettra de réaliser d’importantes économies sur les plans opérationnel et administratif, de donner des ristournes à l’ensemble des membres, d’offrir de nouveaux services et d’accroître le pouvoir d’achat. Avec cette fusion, le chiffre d’affaires de VIVACO groupe coopératif atteindra près de 320 millions $. La coopérative, dont le siège social demeurera à Victoriaville, emploiera plus de 600 personnes.

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Olymel a annoncé un investissement de plus de 25 millions $ pour agrandir son établissement d’abattage et de découpe de porcs de Saint-Esprit, dans la région de Lanaudière. Ce projet devrait créer jusqu’à 200 emplois, qui viendront s’ajouter aux 810 emplois actuels dans cet établissement. « Une fois réalisé, [ce projet] va accroître de manière importante nos capacités de production et valoriser notre offre de produits, en plus de créer de nouveaux emplois, déclare Réjean Nadeau, présidentdirecteur général d’Olymel. Il nous permettra également de mieux répondre aux demandes de nos clients partout au Canada, mais aussi dans le reste du monde. » Il a précisé que la demande provenait notamment du marché chinois. Les améliorations permettront de faire passer de 30 000 à 40 000 porcs la capacité hebdomadaire d’abattage de cet établissement.

La Coop Unicoop investit 5 millions $ dans ses installations porcines et avicoles en Beauce et dans Bellechasse. Le projet principal consiste en la construction, à Saint-Elzéar, d’un pondoir de 32 500 poules équipé d’un système de cages enrichies. Grâce à l’ajout de ce second bâtiment, le site pourra dorénavant loger 72 500 poules pondeuses. La mise en exploitation est prévue pour la mi-octobre 2016. Le deuxième investissement s’inscrit dans le projet des Fermes boréales. Rappelons que ce projet, parrainé par Olymel, consiste en la construction de cinq maternités collectives de 2360 truies au Témiscamingue. Unicoop a pris une participation de 600 truies dans ce projet, en plus d’acheter un bâtiment d’engraissement très récent de 3900 places dans la municipalité d’Honfleur. Les premiers porcelets provenant du Témiscamingue sont arrivés dans ce bâtiment à la mi-juillet. Enfin, dans le cadre de cette

OLYMEL INVESTIT DANS SON USINE DE SAINT-ESPRIT

Richard Tremblay, directeur de l’usine de Saint-Esprit et Réjean Nadeau, PDG d’Olymel.

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UNICOOP INVESTIT EN PRODUCTIONS PORCINE ET AVICOLE

réorganisation, la coopérative vient de terminer la conversion d’une maternité de SainteMarguerite en une porcherie d’engraissement de 1900 places.

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MATÉRIAUX LAVOIE DEVIENT BMR

Depuis le 27 juin, l’entreprise familiale Matériaux Lavoie, située à Saint-JeanChrysostome et fondée en 1977, arbore l’enseigne BMR. Bruno Lavoie, propriétaire de Matériaux Lavoie, est très heureux de s’associer avec une enseigne reconnue dans le domaine de la quincaillerie et des matériaux. Quant à Pascal Houle, chef de la direction de Groupe BMR, il accueille ce fleuron régional avec bonheur. Matériaux Lavoie se refera une beauté en adoptant la toute nouvelle façade proposée par Groupe BMR à ses marchands. Cette façade, moderne et épurée, reflète la volonté de Groupe BMR de suivre l’évolution des besoins et des attentes des consommateurs. Rappelons que Groupe BMR a été fondé en 1967. Cette filiale de La Coop

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rédaction

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fédérée regroupe 325 centres de rénovation et quincailleries au Québec, en Ontario, dans les Provinces maritimes et aux îles Saint-Pierre-et-Miquelon.

de réaliser un projet au profit de la collectivité. Pour plus de détails, rendez-vous sur www.lacoopseigneurie.ca/ concours.

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Le 10 juillet dernier, pour souligner ses 75 ans d’histoire, La Coop Seigneurie a accueilli ses membres, clients et employés à la Ferme Riter, à Saint-Sylvestre de Lotbinière, dans le cadre de sa Journée champêtre. Plus de 800 participants – producteurs agricoles, membres urbains, familles, enfants et amis – se sont réunis pour exprimer leur sentiment d’appartenance envers cette coopérative. Au programme : brunch, concours agricoles, jeux gonflables, service de consommations au profit de la Relève Lotbinière Sud et visite de la ferme. Dans le contexte de cet anniversaire, La Coop Seigneurie lance un concours doté d’une bourse de 20 000 $, en collaboration avec BMR. Ce concours offre, dans les territoires desservis par la coopérative, une contribution financière afin

La Coop Profid’Or investit 1,5 million $ dans la construction d’un entrepôt provincial destiné aux semences Elite. Cet important projet permettra d’améliorer le service aux membres et clients de la coopérative partout dans la province. Robert Perreault, président de La Coop Profid’Or, a déclaré : « Notre coopérative a toujours été utile à ses membres, puisque la première coopérative dont est issue La Coop Profid’Or s’est créée en 1912, et nous nous sommes adaptés à chaque génération. » Cet entrepôt permettra à Profid’Or de continuer à développer des marchés en productions végétales. « Nous vendons présentement des semences Elite pour ensemencer 20 000 ha et nous négocions 205 000 tonnes de grains, l’équivalent de 5395 camionsremorques », estime André

JOURNÉE CHAMPÊTRE POUR LES 75 ANS DE SEIGNEURIE

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PROFID’OR : UN NOUVEL ENTREPÔT DE SEMENCES

Langlois, directeur général de la coopérative. Jocelyn de Grandpré, directeur général de la SADC (Société d’aide au développement de la collectivité) de D’Autray-Joliette; George Murat, vice-président de la Chambre de commerce du Grand Joliette; Alain Beaudry, maire de Joliette; Pierre Bisson, technologue au cabinet d’architectes Arcand-Laporte-Klimpt; Benoît Forest, directeur des productions végétales à La Coop Profid’Or; Robert Perreault, président de La Coop Profid’Or; François Gagnon, des entreprises DG Gagnon; André Langlois, directeur général de La Coop Profid’Or; Nicolas Framery, directeur général de la Corporation de développement économique de Joliette; et Claude Rivest, deuxième vice-président de La Coop Profid’Or.

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SATEG S’AGRANDIT

Le Service agroenvironnement technico-économique et géomatique (SATEG), qui servait jusqu’à maintenant les membres et clients de La Coop Agrilait, de La Coop Covilac et de VIVACO groupe coopératif, s’agrandit. En effet, SATEG desservira également les territoires de La Coop des Cantons, de La Coop Compton, de La Coop Ham Nord, de La Coop La Patrie et de La Coop Pré-Vert, couvrant ainsi tout le sud-est du Québec. Cela permettra, entre autres, de créer des emplois et d’atteindre une plus grande masse critique, en plus d’assurer le développement,

la pérennité et la stabilité de ce service. L’équipe SATEG, basée à Baie-du-Febvre, Laurierville et Victoriaville, traitera annuellement plus de 800 dossiers agro-environnementaux (PAEF).

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UNIVERT FÊTE SES CINQ ANS D’EXISTENCE

La Coop Univert a souligné son cinquième anniversaire le 18 juin dernier, en présence de plus de 200 membres et employés. La soirée a pris la forme d’un souper-bénéfice, suivi d’un spectacle fort apprécié de l’humoriste P.-A. Méthot. « La décision de fusionner n’est pas toujours facile, a rappelé Jean-Nil Laganière, président de La Coop Univert. Toutefois, dans notre cas, ce fut une décision bénéfique pour nos membres, et notre leadership dans la région est plus fort que jamais. » « Cette soirée se veut une façon de remercier nos membres et nos employés de leur appui, a tenu à dire Dany Côté, directeur général de la coopérative. Ils sont fidèles, dévoués et résolument tournés vers l’avenir. » Jean-Nil Laganière, président de La Coop Univert, ne regrette pas la fusion des coopératives Pont-Rouge, CoopPlus et Saint-Casimir.

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PAUSE-PENSÉE

L’ÉCONOMIE 2.0

DEPUIS la crise de 2008, on attend le retour

Une nouvelle économie est en train de se dessiner, prenant assise sur d’autres paradigmes, qui mettent à l’avant-scène l’importance de l’écologie et la pertinence des modes d’échanges coopératifs.

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d’une économie vigoureuse. Viendra ? Viendra pas ? On commence à douter. Il faudra « apprendre à aimer la stagnation », lisait-on dans un article de Foreign Affairs le printemps dernier. Même son de cloche chez Thomas Piketty, auteur du best-seller Le capital au XXIe siècle, qui nous prévenait, de son côté, que la croissance pourrait rester lente… jusqu’à la fin de ce siècle. À la Réserve fédérale américaine aussi, on s’est résigné. Il est fini, le temps des boums économiques. Cela semble évident, désormais : notre économie est en profonde mutation. Et le problème pourrait être structurel. C’est en tout cas l’avis de Bernard Perret, de l’Institut national de la statistique et des études économiques de France, qui évoque l’épuisement du «cœur du réacteur» de l’économie capitaliste. Ce qui alimente cette économie-là, explique-t-il, c’est la transformation des besoins en marchandises; or, ce mécanisme s’assèche progressivement. Perret note que les biens qui répondent aux véritables besoins des gens sont de moins en moins des articles produits par l’homme et vendus sur les marchés, mais de plus en plus des biens fournis gratuitement. Souvent, ce sont des biens naturels : de l’eau potable, un coin de verdure, de l’air pur. Des biens qui se raréfient. Et qui, soit dit en passant, devront tôt ou tard être gérés collectivement. Perret se demande même – attention, agriculteurs, vous serez choqués ! – si le sol pourra rester un bien privé. Déjà, remarque-t-il, le droit de propriété est soumis à des règles et à des limitations de plus en plus sévères. Et la raréfaction des biens naturels conduira inévitablement à de nouvelles restrictions. Bon. On pourrait argumenter sur les différents scénarios possibles, mais il demeure que les temps changent et qu’il faut adapter nos outils. La prise en compte des services rendus par la nature, notamment, ne peut plus être évacuée de l’équation. Dans une étude menée en 2014, l’économiste Robert Costanza évaluait ces services écologiques à quelque 125 000 milliards $ par année, soit deux fois la somme de tous les PIB

nationaux. Même si Costanza s’était trompé, disons, de plusieurs milliards de dollars, il reste que la science économique traditionnelle accuse d’évidentes faiblesses au regard du calcul de la richesse des nations – si l’on convient que la nature en soi constitue une richesse. Par ailleurs, outre les biens fournis gratuitement par la nature, de nouveaux types de biens façonnent aussi la nouvelle économie. Prenons par exemple l’information, que la révolution technologique a rapidement promue au rang de richesse. À l’évidence, l’information n’est pas un bien comme les autres : lorsque vous partagez une information, vous ne la perdez pas, contrairement à ce qui a cours normalement sur les marchés, où, lorsque vous cédez un bien, vous le perdez. Voilà pourquoi on parle de plus en plus d’économie de partage, d’économie collaborative. En somme, c’est l’accès au bien qui importe, et non sa possession exclusive. Il est intéressant de noter que bien des économistes s’éloignent maintenant de la théorie classique et explorent d’autres pistes. La vision libérale de l’économie, promulguée par l’École de Chicago (par référence ici au Département d’économie de l’Université de Chicago), perd peu à peu ses adeptes. Une nouvelle économie est en train de se dessiner, prenant assise sur d’autres paradigmes, qui mettent à l’avant-scène l’importance de l’écologie ainsi que la puissance et la pertinence des modes d’échanges coopératifs. C’est ainsi qu’on redécouvre l’intérêt du distributisme, un système politique imaginé au début du XXe siècle, qu’Olivier Schmouker évoqua it récemment dans le jour nal Les Affaires. Cette approche, précise-t-il, permettrait de répondre pleinement aux besoins des êtres humains, en évitant les écueils des deux extrêmes que sont le capitalisme et le communisme. Et devinez quoi ? L’un des fondements du distributisme, c’est précisément le développement du mouvement coopératif. J’en suis plus convaincue que jamais: l’ère de la coopération est devant nous. Partenaires du réseau La Coop, soyons-en fiers. Nous sommes au bon endroit !

PHOTO : MARTINE DOYON

COLETTE LEBEL, AGRONOME ET DIRECTRICE DES AFFAIRES COOPÉRATIVES, LA COOP FÉDÉRÉE COLETTE.LEBEL@LACOOP.COOP

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CET ARBRE SE TIENT SUR LA ROUTE DE VOTRE OBJECTIF. VOTRE JOURNÉE S’ARRÊTERA SEULEMENT LORSQUE VOUS L’AUREZ CONQUIS. SES RACINES SONT PROFONDES, MAIS PAS AUTANT QUE VOTRE DÉTERMINATION. L’UN DE VOUS DEUX TOMBERA AU COMBAT ET ÇA NE SERA PAS VOUS.

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| VIE COOPÉRATIVE

De gauche à droite : Jean-Michel Dion, Raphaël Chabot, Richard Ferland (administrateur à La Coop fédérée), Cindy Denoncourt, Gabrielle Tanguay et Léa-Jeanne Grenier.

Un des critères d’admissibilité à la bourse de La Coop fédérée consiste à rédiger un texte traitant de la coopération. Un exercice intéressant pour connaître la perception de notre relève. Voici des extraits de textes coups de cœur choisis par le comité de sélection.

« La coopération est un moyen efficace de valoriser entraide, démocratie, responsabilité et égalité pour le bien économique de chacun des membres. » Raphaël Chabot, Université Laval « La coopération, c’est la force du groupe, cela permet de s’organiser afin de s’améliorer. Je pense aux CUMA, qui permettent aux

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producteurs d’utiliser des équipements performants à un coût intéressant. » Jean-Michel Dion, Université Laval « La démocratie, la solidarité et les responsabilités sociales, le développement durable et un souci de pérennité à travers les générations sont des valeurs importantes au cœur de l’organisation coopérative. » Cindy Denoncourt, Université Laval « Le modèle coopératif ne se veut pas hiérarchique et veut favoriser le partage de connaissances et la coopération entre les membres pour contribuer à la création d’une culture unique.» Gabrielle Tanguay, Université Laval

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PHOTOS : PIERRE CADORET

« La coopération, c’est accepter que nous ayons à apprendre, à recevoir, à donner, et que la manifestation de bonne foi dans toutes les actions entreprises ne puisse mener qu’au développement d’une société en bonne santé. » Léa-Jeanne Grenier, Université Laval

PHOTO : UNIVERSITÉ LAVAL

Chaque année, des bourses sont remises au nom de La Coop fédérée à des étudiants en agriculture qui se sont démarqués dans leur parcours scolaire. Cette année, cinq bourses de 1000 $ chacune ont été décernées.


VIE COOPÉRATIVE |

TEXTE DE GUYLAINE GAGNON

PHOTOS : PIERRE CADORET

PHOTO : UNIVERSITÉ LAVAL

Les évènements de SOCODEVI sont toujours agréables; les assises du 17 juin ne faisaient pas exception. Bilan d’une activité où la bonne humeur régnait ! Obtenir des résultats concrets, c’est ce que les gens de SOCODEVI s’appliquent à faire depuis toujours. Y ajouter des notions de qualité, d’efficacité et d’amélioration continuelle démontre une volonté de se démarquer. Un des objectifs de l’organisation? Faire en sorte que SOCODEVI soit reconnue pour la qualité de ses actions et pour son expertise en matière de développement coopératif. Le directeur général, Richard Lacasse, reconnaît qu’elle est de plus en plus la référence en matière de développement d’entreprises coopératives. « Son expertise est sollicitée tant au Canada qu’à l’étranger », précise-t-il. D’ailleurs, d’importants projets font bonne figure après avoir été soumis à des évaluations d’organismes externes. C’est le cas notamment du projet de développement d’une filière origan en Bolivie. Une culture qui n’existait pas avant l’intervention de SOCODEVI et qui s’avère un grand succès. La mise en place d’une coopérative laitière en Ukraine est aussi qualifiée de réussite : « La production et la productivité ont augmenté considérablement dans ce pays, permettant aux producteurs appuyés d’accroître leurs revenus », peut-on lire dans le rapport annuel.

Malgré ces efforts et ces succès, on continue de mettre la barre haut. On veut investir dans l’innovation, comme avec PERFORMCOOP, un outil d’aide à la méthodologie et à la gestion de changement, et GEOCOOP, une plateforme de servicesconseils en changements climatiques permettant d’adapter les solutions aux pays appuyés avec plus de précision. Avec ces cibles, l’organisation se place en bonne position pour contribuer à la réalisation des objectifs 2030 de l’ONU, entre autres enrayer la pauvreté, diminuer les inégalités et l’injustice, et faire face aux changements climatiques. Mentionnons que la Fondation SOCODEVI, dont la mission est de recueillir des dons pour la réalisation de projets dans les pays en voie de développement, célèbre son 10e anniversaire cette année. C’est la Fondation qui a mis sur pied l’Arbre de l’intercoopération. Ce programme permet à SOCODEVI et à ses organisations membres de compenser les émissions de carbone engendrées par leurs déplacements, notamment, en plantant des arbres au Québec ou ailleurs dans le monde. Le président de la Fondation, Gaétan Jodoin, rêve maintenant de voir toutes les organisations membres s’approvisionner en café auprès des coopératives que SOCODEVI appuie. À suivre…

CHANGEMENT DE GARDE À LA PRÉSIDENCE Ghislain Cloutier (ci-contre), président de SOCODEVI depuis 6 ans et membre du conseil d’administration depuis 13 ans, tirait sa révérence cette année. « Je boucle cette année mon passage au sein du conseil d’administration de SOCODEVI et je suis fier de témoigner que notre organisation livre des résultats », a-t-il déclaré juste avant de recevoir un hommage très touchant de la part des congressistes et, par vidéo, de la part de producteurs des pays où il s’est impliqué. Soulignons que Ghislain Cloutier a été administrateur de La Coop fédérée pendant 18 ans (dont 11 à la vice-présidence). Cécile B. Pichette (ci-dessus), vice-présidente de Citadelle, coopérative de producteurs de sirop d’érable, succède à Ghislain Cloutier à la présidence. Elle est membre du conseil d’administration de SOCODEVI depuis 2005. Acéricultrice et coopératrice reconnue, Cécile Pichette est enseignante de métier, une carrière qu’elle a menée pendant 35 ans. En 2002, elle devenait membre du conseil d’administration de Citadelle. Elle s’est impliquée notamment au sein du comité d’éducation coopérative, dont elle a assumé la présidence pendant plusieurs années.

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| VIE COOPÉRATIVE

Citadelle, plus que jamais

créatrice et innovatrice TEXTE ET PHOTOS DE GUYLAINE GAGNON

Pour l’année de son 90e anniversaire, Citadelle annonce des ventes de 129,5 millions $, une hausse d’un peu plus de 14 % par rapport à l’année dernière, et un excédent net de 2,5 millions $.

Avant de trouver de nouveaux clients, on doit vendre plus à nos clients actuels. Pour ce faire, il faut de nouveaux produits, de nouvelles offres. C’est ce que la canneberge et le miel nous permettent de faire. — Martin Plante, directeur général de Citadelle

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Le directeur général, Martin Plante, parle d’une année de « croissance contrôlée ». Ce qui veut dire qu’une grande attention est portée aux projets d’acquisition et à la mise au point de nouveaux produits, et que Citadelle utilise des outils pour mesurer la qualité, la performance et les standards de ses produits. De plus, elle reste toujours à l’affût de façons d’améliorer les procédés de travail. Cette croissance s’est manifestée autant dans le sirop d’érable que dans le miel et la canneberge. Parmi les trois secteurs d’activité, c’est dans le sirop d’érable qu’on vend les plus grands volumes. Mais en vérité, un produit fait vendre l’autre. « Par exemple, en Chine, où nous étions récemment, 70 % des visiteurs venaient nous voir pour la canneberge, parce que sa couleur rouge attirait le regard, raconte Martin Plante. Mais un coup sur place, le client achetait aussi du sirop d’érable. » Les défis dans la commercialisation du sirop d’érable demeurent, depuis toujours, la méconnaissance du liquide couleur or et la concurrence des produits sucrants à moindre coût. C’est pourquoi Martin Plante estime qu’« il est important de poursuivre dans la voie du produit 100 % pur, embouteillé et contrôlé dans nos usines ». La certification Fair for Life (FFL) est un outil important pour répondre aux exigences des clients sur plusieurs aspects, dont la qualité, les conditions de travail et l’environnement. Quelques membres de Citadelle possèdent déjà

cette certification, et des efforts sont déployés pour que le sirop de tous les membres soit certifié.

BOUTIQUE-BISTRO Le concept de boutique-bistro a fait parler de lui en raison du déploiement de la nouvelle enseigne Délices Érable & Cie, en avril dernier (voir l’article «Nouvelle image pour Les Délices de l’érable », dans le numéro de mai-juin du Coopérateur). Il fait aussi parler de lui parce que ce secteur atteint la rentabilité, une première depuis sa création, il y a 15 ans. Comme le rappellent le président, Michel Labbé, et le directeur général, même si les boutiquesbistros n’étaient pas rentables, elles faisaient connaître les produits de Citadelle. « Dans tout développement de nouveaux marchés, précise Martin Plante, il faut être patient.» Et Citadelle est toujours en train de développer de nouveaux marchés. À l’usine de troisième transformation, qui fait partie du déploiement du nouveau concept Délices Érable & Cie, Citadelle poursuit ses démarches pour augmenter son volume transformé. Outre Pacini, elle cherche à approvisionner d’autres chaînes de restaurants.

MIEL Bien que la production de miel au Québec soit en baisse, les volumes reçus chez Citadelle sont relativement les mêmes que l’an dernier. Les ventes, quant à elles, ont plus que doublé : elles sont passées de 229 559 $ en 2014 à 526 997 $ en 2015.

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Les efforts se poursuivront pour faire croître davantage ce secteur qui, disons-le, connaît des années fragiles. Le directeur général rappelle qu’il faut trouver un juste équilibre dans les pratiques agricoles, qui permettra aux apiculteurs d’avoir des abeilles en bonne santé et aux agriculteurs de continuer à cultiver les produits nécessaires pour nourrir le monde.

« L’innovation, c’est une de nos forces. On devance les autres et ils essaient de nous suivre. » — Michel Labbé, président de Citadelle

CANNEBERGE La récolte québécoise a diminué de 13,5 %. Quant à la quantité livrée chez Citadelle, elle est en baisse de 21 %. La coopérative travaille à stabiliser la qualité du produit pour augmenter le volume à transformer. «Dans ce secteur, on n’a personne à qui se comparer, dit Martin Plante. On doit donc créer par nous-mêmes. Il nous faut être patients et persévérants. » Citadelle a d’ailleurs plusieurs produits en cours de mise au point, et elle est à la recherche de nouvelles utilisations pour les sous-produits générés par l’usine. En plus, elle est sur le point de lancer une gamme de produits qui se marieront bien avec la canneberge.

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1. Michel Labbé, président de Citadelle

CHIFFRES CLÉS (en millions $)

2016

2015

2014

Ventes

129,4

113,1

93,2

Avoir

33,63

32,21

30,82

■ 5 usines et 1 centre de distribution

Excédent net

2,52

2,39

2,14

■ 6 boutiques

Ristournes

2,01

1,91

1,71

■ 900 produits ou articles offerts

Nombre de membres

1876

1856

1874

CITADELLE ■ 307 employés

2. Les membres du conseil d’administration de Citadelle

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| VIE AGRICOLE

TEXTE DE CÉLINE NORMANDIN

Pourquoi la relève agricole est-elle si préoccupante ? Le vieillissement de la population est un élément de réponse. Selon Statistique Canada, il y a au Québec 17 000 exploitants agricoles qui ont plus de 55 ans, soit 40 % des agriculteurs de la province. En outre, les fermes sont de plus en plus grosses et nécessitent un capital de plus en plus important, ce qui est un frein pour bien des jeunes, selon l’étude. Enfin, des garde-fous de l’agriculture, comme le système de quotas, sont mis à mal par

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les ententes économiques internationales et mettent en péril les investissements réalisés par les agriculteurs et la relève. Sans être une conséquence directe de cette situation, il y a eu une hausse spectaculaire du nombre de fermes mises à l’encan ces dernières années, et particulièrement ces derniers mois. La relève au Québec et les autorités publiques ont produit des rapports sur le sujet. Pour sa part, le CISA a étudié la question sous l’angle de la relève

PHOTO : ISTOCK

La relève agricole étant de plus en plus préoccupante, la relève non apparentée s’avère être la solution dans certains cas, selon une étude réalisée par le Centre d’innovation sociale en agriculture (CISA), du cégep de Victoriaville.

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VIE AGRICOLE |

non apparentée, à travers le point de vue des cédants. Cette recherche a entre autres permis de documenter les besoins et les motivations des agriculteurs, de même que les conditions de réussite des transferts entre personnes non apparentées. Lucie Veillette, chargée de projet et chercheuse au CISA, a travaillé sur l’étude. Elle a remarqué que les dynamiques familiales sont au cœur des processus, même dans le cas d’un transfert entre non-apparentés. Les sphères familiales, sociales et financières s’entremêlent à plusieurs égards. La chercheuse a observé que bien des personnes ayant décidé de transférer leur ferme de cette façon n’en étaient pas à leur premier essai. Elles avaient pour la plupart fait au moins deux tentatives avant de trouver le bon candidat – mais parfois trois, quatre ou même cinq essais. Les cédants choisissaient ce moyen parce qu’il n’y avait pas de relève familiale ou que les tentatives avec la relève familiale avaient échoué. Ils désiraient que leur patrimoine demeure en activité, mais surtout avoir la possibilité de transmettre des connaissances, un savoir-faire et un amour du métier. Pour ce qui est de la relève, il s’agit dans bien des cas de jeunes formés en agriculture, issus ou non du milieu agricole, mais sans possibilité de transfert familial. Ils rêvent toutefois de vivre de l’agriculture et ont des projets souvent novateurs, dans des secteurs de niche ou particuliers. Ils recherchent aussi un cadre et un milieu de vie dynamiques où s’établir. Autant pour les cédants que les repreneurs, le transfert non familial est une solution sur laquelle repose beaucoup d’espoir.

UNE QUESTION D’HUMAINS PLUS QUE DE CHIFFRES Selon Lucie Veillette, penser uniquement au transfert ne fonctionne pas. En effet, bien des échecs s’expliquent par le fait que l’énergie est mise surtout sur celui qui transfère son entreprise. Pourtant, la démarche du repreneur est essentielle pour assurer la pérennité de la ferme, d’où l’importance de penser davantage à la reprise. « Cela signifie qu’il faut travailler à soutenir les repreneurs dans leurs parcours d’établissement », indique la chercheuse. En contrepartie, bien des cédants doivent faire face au deuil de leur entreprise et de leur identité d’agriculteur, fait-elle valoir. « Ils ont besoin de soutien pour clarifier leur rôle pendant et après le transfert ou pour envisager de nouveaux projets d’avenir. » La capacité de renouvellement du cédant est un facteur clé du succès. Il importe également que celui qui transmet son entreprise s’ouvre à de nouvelles valeurs qui interpellent de plus en plus la relève : agriculture plus durable, style de gestion plus participatif, meilleure qualité de vie ou plus grande conciliation travail-famille, par exemple. L’étude a aussi permis de constater que les compétences liées aux relations interpersonnelles sont un facteur stratégique crucial, tant pour les cédants que pour les repreneurs. «Il faut avoir de l’écoute et de l’ouverture et être en mesure de se remettre en question, explique Lucie Veillette. Les notions de respect et d’honnêteté ont beaucoup d’importance.» Les participants doivent donc communiquer régulièrement pour éviter les malentendus et faire part de ce qui leur tient à cœur. Cédant et

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— Lucie Veillette, chargée de projet et chercheuse au CISA

METTRE TOUTES LES CHANCES DE SON CÔTÉ Après avoir étudié une trentaine de cas de figure avec son équipe, Lucie Veillette recommande aux cédants de commencer leur réf lexion plusieurs années avant le transfert, afin d’éviter les situations motivées par l’urgence d’agir. « Plusieurs essais peuvent être nécessaires avant de trouver le bon repreneur, ce qui implique de s’y prendre d’avance afin de pouvoir recommencer le processus si le candidat n’est pas satisfaisant. » En agriculture, les sphères personnelle, familiale et professionnelle sont intimement liées. Le lieu de résidence

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PHOTO : EXPOSIMAGE

Faciliter la reprise d’entreprise, c’est aussi encourager la vitalité agricole et, par conséquent, des régions dynamiques et vivantes.

repreneur doivent réussir à s’entendre sur une direction commune pour l’avenir de l’entreprise et reconnaître les valeurs qui influenceront leur prise de décision. L’entente formelle, sous forme d’engagement écrit par exemple, peut confirmer le sérieux de la démarche. La dimension familiale est également omniprésente, même s’il s’agit d’un transfert à une personne en dehors de la famille. Les repreneurs, leurs conjoints, leurs enfants, leurs parents et beaux-parents, en plus des conjoints et des enfants des cédants, sont impliqués, qu’on le veuille ou non. Les conflits familiaux et conjugaux sont souvent responsables des échecs, outre les questionnements sur le patrimoine familial lié à la ferme et aux terres. Par conséquent, l’accompagnement se présente comme un facteur facilitant incontournable.

des repreneurs et des cédants, pendant et après le transfert, est donc un aspect à bien préciser. D’autant plus qu’il peut toucher à des questions de zonage agricole. Nombre de repreneurs en quête d’une ferme attachent une grande importance à la localisation de leur entreprise, et cela va beaucoup plus loin que les conditions agroclimatiques, les bâtiments et actifs existants ou l’environnement d’affaires. Pour les jeunes familles, le dynamisme de la collectivité d’accueil ainsi que les infrastructures et services de proximité – école, garderie, épicerie, station-service, institution financière – arrivent en tête de liste de leurs préoccupations. Il y aurait donc lieu de vérifier la faisabilité des projets de vie des parties impliquées avant d’aller plus loin dans l’analyse des autres dimensions liées à l’entreprise et au transfert. Et contrairement à ce qu’on pourrait penser, la recherche du CISA montre que les aspects technoéconomiques, financiers, fiscaux et juridiques, même s’ils sont importants, ne sont pas les principaux éléments en cause dans les échecs des démarches. Ces éléments concernent l’entreprise et les projets, mais sont influencés par les personnes qui les portent. Le repreneur peut avoir une influence bénéfique sur l’entreprise en l’exploitant différemment, en mettant en valeur des potentiels inexplorés ou en tirant avantage d’expériences acquises ailleurs, dans d’autres domaines par exemple. Plusieurs autres éléments pourraient aussi augmenter les chances de succès, fait valoir Lucie Veillette. Elle mentionne l’importance d’un service de banque de terres et de fermes à l’échelle provinciale. Dans ce cas, l’accompagnement pour le jumelage des repreneurs et des cédants peut accélérer les démarches et faire la différence entre l’échec et la réussite. La chercheuse aimerait aussi voir en place une fiscalité qui encouragerait les cédants à transférer leur exploitation plutôt qu’à la démanteler, ainsi que des mesures facilitant l’accès à la terre pour la relève. Elle souligne d’ailleurs l’importance de renverser le mouvement de déclin des territoires ruraux et agricoles. « Faciliter la reprise d’entreprise, c’est aussi encourager la vitalité agricole et, par conséquent, des régions dynamiques et vivantes. »

PHOTO : ISTOCK

| VIE AGRICOLE


VIE AGRICOLE |

La formation en entrepreneuriat agricole 1

Ça ne change pas le monde, sauf que…

1. Jonathan Lampron sort gagnant de son expérience. Il a appris à mieux se connaître et à se faire confiance en tant qu’entrepreneur.

TEXTE DE CÉLINE NORMANDIN

PHOTO : EXPOSIMAGE

PHOTO : ISTOCK

Une formation en entrepreneuriat agricole a été lancée par l’Université Laval pour combler une lacune dans le secteur agricole. La première édition de ce programme s’est tenue de décembre 2015 à avril 2016. Quatre jeunes producteurs, parrainés par le Fonds coopératif d’aide à la relève, témoignent de cette expérience qui les a transformés. Il est acquis aujourd’hui que les fermes sont des PME. D’experts essentiellement axés sur la technique, les producteurs sont devenus de réels entrepreneurs. Les compétences en gestion se sont développées au cours des années, mais qu’en est-il de celles en affaires et en entrepreneuriat ? «On fait beaucoup de formation, mais c’est souvent du réchauffé, déclare

Stéphane Dufour, producteur laitier à La Malbaie et membre de La Coop Agrivoix. La vision, les valeurs et la mission de l’entreprise, ou encore les risques, ce sont des concepts que la formation [en entrepreneuriat agricole] nous fait voir d’un angle différent. On nous a appris à être de bons producteurs, mais il faut pouvoir sortir des sentiers battus. »

Nous souhaitons centrer la formation sur le développement individuel des producteurs afin de les aider à devenir de meilleurs producteurs-entrepreneurs. — Jean-Claude Dufour

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2. Simon Plante, producteur à Sainte-Pétronille, gère une équipe de 80 travailleurs, au plus fort de la saison estivale. Entrepreneur dans l’âme, il s’est tout de suite reconnu dans la formation.

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Stéphane fait partie des bénéficiaires du Fonds coopératif d’aide à la relève agricole, parrainé par La Coop fédérée. Lui ainsi que Simon Plante, de La Coop Unicoop, et Jonathan Lampron, de Vivaco Groupe coopératif, ont pu utiliser leur bourse de 3000$ pour suivre cette nouvelle formation en entrepreneuriat agricole, mise sur pied par la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation (FSAA) de l’Université Laval. «Nous souhaitons centrer la formation sur le développement individuel des producteurs afin de les aider à devenir de meilleurs producteurs-entrepreneurs », confirmait

TRAVAILLER SUR SOI D’ABORD Jonathan affirme qu’il a eu une véritable épiphanie dès ses premiers cours. « La formation a répondu à plein de questions que j’avais, raconte-t-il avec sérieux. Ça m’a donné confiance en moi. Je me demandais si j’étais normal d’avoir toutes ces idées et tous ces projets. Les autres me remettaient en question, et moi aussi. Une des premières choses qu’on a faites a été de passer un test de psychométrie. J’ai découvert que j’étais un entrepreneur, ce qui est le cas pour environ 10 % de la population. »

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1. Producteur laitier à La Malbaie, Stéphane Dufour est convaincu que la formation qu’il a reçue l’amènera à mieux faire face aux défis de son secteur.

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Jean-Claude Dufour, doyen de la FSAA, lors du lancement de la formation, en janvier 2015. Si les compétences sont aiguisées, l’humain est en effet mis en avant. Pour chacun des participants, la formation a eu l’impact d’une petite révolution, autant sur le plan personnel que professionnel.


VIE AGRICOLE |

Jonathan a par la suite fait passer le test à tout son entourage. «J’ai constaté que je n’aurais pas pu mieux tomber pour ce qui est de ma conjointe. Elle me complète parfaitement.» Il a aussi découvert qu’il avait un profil TDA (trouble déficitaire de l’attention). «Deux de mes enfants ont été diagnostiqués TDA, et c’est connu que l’un des parents l’est aussi, dans la majorité des cas.» À la suite de ces résultats, l’estime personnelle de Jonathan a augmenté. «Comme producteur, on se pose toujours des questions. Est-ce qu’on prend les bonnes décisions? Ça m’a rassuré dans mes choix, et je me suis “positionné” avec une planification stratégique jusqu’à ma retraite.» Stéphane abonde dans le même sens: «La formation met l’accent sur la personne et nous fait prendre conscience de nos forces. On nous incite à mettre l’accent sur nos talents, au lieu de nos faiblesses.» «La solution est de s’entourer de gens talentueux pour combler ses faiblesses, renchérit Jonathan. On n’a pas besoin d’être bon dans tout, et personne ne peut être parfait.»

DES IMPACTS IMMÉDIATS Sophie Bédard, productrice porcine et ancienne administratrice de La Coop fédérée, a fait partie de cette première cohorte. Elle n’a pas bénéficié de la bourse de La Coop, mais elle a décidé de se faire un cadeau en s’offrant cette formation payée de sa poche.

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LA FORMATION EN QUELQUES POINTS La formation est d’une durée de 10 jours, soit cinq blocs de 2 jours par mois. Elle s’échelonne sur cinq mois. Elle s’adresse principalement à la relève, mais surtout à ceux voulant développer leurs compétences entrepreneuriales. Les candidats doivent avoir un minimum de cinq années d’expérience comme propriétaire ou copropriétaire d’une entreprise agricole. Aucune formation particulière n’est requise. Les cours comprennent des conférences et témoignages d’entrepreneurs reconnus, qui racontent leurs bons et moins bons coups. Des professeurs présentent aussi de la matière. Plusieurs thèmes sont abordés : l’environnement d’affaires et les attentes sociétales, vision et valeurs, les occasions d’affaires, vivre en entrepreneur, les risques d’entreprise, la prise de décision, savoir vendre et savoir négocier, le mentorat et le réseautage. Le coût est de 7000 $, soit 700 $ par jour de formation. Ces droits comprennent le matériel pédagogique, le coaching individualisé et quelques repas.

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1. Pour Sophie Bédard, productrice porcine et ancienne administratrice à La Coop fédérée, la formation a changé sa façon de gérer ses ressources humaines, essentielles au bon fonctionnement de son entreprise.

Ce n’est pas une dépense, c’est un investissement. De toutes les formations que j’ai suivies, c’est celle dont je retire le plus. J’utilise tous les jours le matériel acquis. — Sophie Bédard

L’occasion s’est présentée alors qu’elle se remettait d’un accident de travail qui aurait pu lui coûter la vie. Selon ses propres mots, elle n’aurait pas pu mieux choisir: «Ce n’est pas une dépense, c’est un investissement. De toutes les formations que j’ai suivies, c’est celle dont je retire le plus. J’utilise tous les jours le matériel acquis.» Dès le début des cours, elle a saisi ce qui, dans la formation, collait le plus à sa réalité: les ressources humaines. Normal, puisque sa porcherie fonctionne grâce à ses employés. Dans son cas, le défi de trouver de bons employés est constant. Elle a décidé d’utiliser un de ses points forts confirmés par le test: ses talents de communication. En mars dernier, Sophie a organisé des rencontres hebdomadaires avec ses employés. La décision a été accueillie avec scepticisme. Même son fils ronchonnait, car il voyait ces rencontres comme une perte de temps. Aujourd’hui, il ne les remet plus en question, tout comme le reste des employés. «Au lieu de les imposer, je les ai suggérées, dit Sophie. J’ai ajouté que c’était un essai et qu’on pourrait toujours arrêter si cela s’avérait superflu. La méthode a été la bonne.» Le système a permis de gagner du temps, puisque les directives sont clairement énoncées et expliquées à tous, et ce, régulièrement. La productrice a aussi intégré tous les paramètres liés à la gestion du risque, un élément essentiel dans son cas, vu la construction de deux porcheries à sa ferme cet été. L’analyse a donné des résultats inattendus, mais elle et son conjoint ont pris des mesures d’atténuation du risque. «C’est devenu un réflexe quotidien.»

S’ADAPTER AUX CHANGEMENTS Simon Plante s’est, pour sa part, reconnu dans la formation. Entrepreneur dans l’âme, tout comme son père, Simon gère plus de

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80 travailleurs au plus fort de la saison estivale, en plus d’approvisionner des épiceries dans les environs de Montréal, Québec et Saguenay à partir de la ferme familiale, située à Sainte-Pétronille, sur l’île d’Orléans. Grâce à la formation, il a précisé avec quelles valeurs il voulait développer l’entreprise et dans quelle direction il désirait l’amener. Il a également constaté qu’un modèle d’affaires à long terme ne tenait plus la route. «Tout va de plus en plus vite. Au lieu d’avoir le même modèle d’affaire pendant plus de 20 ans, il faut désormais le réviser tous les ans pour pouvoir s’adapter. » Stéphane constate lui aussi que le monde est en mutation : les modèles qui ont fait leurs preuves hier ne seront peut-être plus la norme demain. Comme il est producteur laitier, cette réalité l’affecte de plein fouet, mais il ne se sent pas désarmé face à l’avenir. « Il y a beaucoup de menaces dans mon secteur, et l’entreprise est soumise à une certaine vulnérabilité. Il faut en prendre conscience et passer à l’action!» Tout comme les autres participants, Stéphane a vécu sa petite révolution tranquille. Pour lui aussi, le déclic s’est fait dès le début. Toutes les connaissances qu’il a acquises au cours des ans, notamment lors de ses études en ressources humaines, se sont combinées pour prendre la forme d’une idée d’entreprise. Depuis, il travaille tous les jours à ce projet. Il demeure discret sur la nature exacte de celui-ci, qui en est encore aux balbutiements. « Mais maintenant que j’en ai parlé, j’ai de la pression pour le faire avancer », dit Stéphane en riant. En plus, il s’est rapidement formé un esprit de corps chez la douzaine d’étudiants de la première cohorte. La formation basée sur l’échange d’informations et d’expériences favorise la camaraderie, avec en trame de fond l’écoute et le respect. Au terme de la formation, les participants se sont promis de garder contact, et des idées de projets d’affaires communs ont même été lancées. «On est devenus des chums, dit Jonathan. On vit les mêmes défis! » Mais à qui est destinée la formation? «Il n’est pas question de chiffres ou de finance, explique Sophie. La formation reflète la réalité agricole, et tout a été pensé de manière concrète pour qu’on puisse passer à l’action. Comme entrepreneur, on n’a pas les moyens de se passer de cette formation.»

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PHOTO : EXPOSIMAGE

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AFFAIRES AGRICOLES |

1

C’EST UN VÉRITABLE PARCOURS DE RÊVE QUE VIVENT JOSÉE CHARRON ET DAVE ROUSSEAU, COPROPRIÉTAIRES DE LA FERME BROWN HEAVEN. UN PARCOURS QUI, ESPÈRENT-ILS, FERA DE LEUR ENTREPRISE, PRIMÉE À L’EXPO DE MADISON, UN VÉRITABLE PARADIS DE LA SUISSE BRUNE.

1. Photo de famille avec Fantasy. Dave, Josée et leurs deux enfants : Marcus, un an, et Alyson, quatre ans.

PHOTO : GRACIEUSETÉ DE BROWN HEAVEN

TEXTE DE PATRICK DUPUIS, AGRONOME

Détermination, gestion serrée et travail infatigable auront permis au jeune couple d’atteindre, dans une race peu commune, des résultats rarissimes en l’espace d’une décennie. La production du troupeau élite de 30 vaches impressionne : 10 762 kg de moyenne, 4,5% de gras, 3,6% de protéine et une MCR combinée de 884. Au chapitre de la production, le troupeau Brown Heaven est premier au Québec et deuxième au Canada. Il possède en plus, avec 88,2 points, la meilleure moyenne de classification au pays pour cette race. Des sujets d’exception en sont issus, à commencer par Brown Heaven Glenn

Fantasy. Depuis quatre ans, cette fille de Faith (en propriété avec Roger Vannod) récolte les honneurs à la World Dairy Expo, où, chaque année, concourent 350 sujets de race Suisse Brune. L’année dernière, elle y a raflé le titre de Grande Championne (voir l’encadré p. 26). Cette vache, classifiée Très Bonne (89 points) dès son premier veau, a atteint la marque Excellente à sa troisième mise bas, avec le pointage le plus élevé (95 points). « C’est une performance exceptionnelle, assure Josée. À Madison, il y a de nombreux visiteurs internationaux, et notre présence là-bas est un très bon moyen de nous faire connaître dans le marché de la génétique. » COOPERATEUR.COOP – SEPTEMBRE 2016

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| AFFAIRES AGRICOLES

1 PERFORMANCES DE BROWN HEAVEN GLENN FANTASY À LA WORLD DAIRY EXPO ■ 2012 : 1re 2 ans junior, meilleur

pis et propriété élevée

■ 2013 : 2e 3 ans junior (sur la même

lactation qu’en 2012)

■ 2014 : 1re 4 ans, meilleur pis

et propriété élevée, et Grande Championne de réserve

■ 2015 : 1re 5 ans, meilleur pis

1. La nouvelle étable, construite en 2010, permet de loger 38 vaches, mais pourrait faire place, si on la réaménageait, à une soixantaine de vaches. Il faudrait alors construire un autre bâtiment pour les sujets de remplacement, ce qui n’est pas exclu des projets. Un silo hermétique, bâti cette année, servira à entreposer de l’ensilage de maïs, pour remplacer une partie du foin en balles enrobées. 2. En 2012, lorsque Fantasy a décroché le titre 1re 2 ans junior à Madison, Dave et Josée ont refusé les 50 000 $ qu’on leur a offerts pour l’acquérir.

26

2 OBJECTIFS PRÉCIS ET TRAVAIL ACHARNÉ « Nos standards sont très élevés, souligne Josée. Nous sommes très exigeants. On veut être les meilleurs. » « C’est pourquoi on s’entoure des meilleurs, ajoute Dave. Vétérinaire, conseillers spécialisés, etc. Famille et amis nous appuient aussi beaucoup. On tripe, Josée et moi. On partage la même vision. » Les technologues Johanne Malouin, directrice des ventes, Secteur ruminants de La Coop Comax, et René Boisvert, conseiller spécialisé, Secteur ruminants de La Coop fédérée, voient en eux des passionnés, dont les résultats sont à la hauteur des objectifs qu’ils se sont fixés et du travail accompli. Leur mission se décline en trois points : produire le maximum de lait, être performants aux expositions de calibre national,

et développer l’indice génétique du troupeau pour commercialiser des taureaux dans des centres d’insémination. « Avec Fantasy, on a les trois », disent-ils. Pour parvenir à leurs buts, les producteurs comptent entre autres sur trois familles de vaches, qui présentent de la rusticité, de la productivité et un bon système mammaire, et dont des sujets ont été nommés All-Canadian à au moins deux reprises en lactation. Outre la famille de Fantasy – qui a neuf sœurs dans le troupeau –, celle de Butterfly a un avenir prometteur. Une de ses filles a trouvé preneur aux États-Unis pour 25000 $. Trois autres sont ex-æquo à la première position en conformation au Canada. La troisième famille, celle de Sweet Dally, présente un fort indice génétique.

PHOTOS : GRACIEUSETÉ DE BROWN HEAVEN ET PATRICK DUPUIS

et propriété élevée, et Grande Championne (sur la même lactation qu’en 2014). Des taureaux de Fantasy ont trouvé preneur dans des centres d’insémination. Elle a aussi une fille en Italie et une autre en Australie.

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Cette dernière vient d’une famille très rare, mais très populaire aux États-Unis. Une de ses filles figure dans le haut de la liste des meilleures génisses sur le plan de la génomique au Canada. Le couple vend des embryons un peu partout sur la planète, mais surtout en Europe. Il vend aussi des sujets en Amérique du Nord.

PHOTOS : GRACIEUSETÉ DE BROWN HEAVEN ET PATRICK DUPUIS

CHANGEMENT DE CAP Une dizaine d’années ont suffi pour métamorphoser le troupeau du père de Josée. Les Holstein d’alors ont graduellement fait place aux Suisse Brune. En 2006, à 20 ans, après ses études à l’ITA de Saint-Hyacinthe, Josée achète sa première vache Suisse Brune. Elle qui a toujours eu un penchant pour cette race à la fois rustique et productive veut donner un nouvel élan à l’exploitation familiale. Presque simultanément, à quelques centaines de kilomètres de là, Dave, le futur amour de sa vie, acquiert une génisse Suisse Brune avec son père, son frère et son oncle. C’est en travaillant trois étés chez un réputé éleveur de Suisse Brune du Manitoba, pendant ses études à l’ITA de La Pocatière, qu’il prend goût à cette race. Un an plus tard, heureux coup du destin, Dave et Josée se rencontrent à Toronto dans les arènes d’exposition de la Royale. Josée représente la cinquième génération à s’établir dans l’entreprise laitière et de grandes cultures familiale, située à Verchères. Elle en détient une part de 50 %; son père, Gilbert, de 49 %; et Dave, de 1 %. À 60 ans, Gilbert se retire tranquillement, mais donne toujours un solide coup de main en s’occupant des 160 hectares en culture. «Je suis très fier de voir l’entreprise entre les mains de Josée et Dave, dit-il. Le talent et la passion, ils ont ça en eux. Et ils réussissent très bien. C’est un grand plaisir de les regarder aller. » Depuis qu’il a pris la relève, le couple a fait passer le quota produit de 13 à 34 kg, en comptant les dons, les prêts et les achats. Le quota ne permet pas au couple de vivre exclusivement des revenus de l’entreprise. Dave, 29 ans, est expert-conseil à temps plein pour La Coop Comax.

DÉBOULONNER LES PRÉJUGÉS «La race Suisse Brune représente moins de 1 % de la population de vaches laitières au

3 Canada, mais c’est la deuxième en importance au monde », indique Dave. « Un de nos buts, c’est de défaire les préjugés à l’endroit de cette race en montrant l’exemple », ajoute Josée. Leur désir est aussi de se distinguer. On ne dénombre que 111 troupeaux Suisse Brune au Québec. Le couple ne tarit pas d’éloges : c’est une vache forte et docile, qui produit un lait avec un bon rapport de composants, recherché pour son rendement fromager. Elle est réputée pour sa résistance aux maladies et sa longévité. « Les appels d’urgence vétérinaire sont rares», dit Dave. Pourquoi n’est-elle pas plus populaire? La perception qu’elle produit peu de lait est ancrée dans l’esprit de beaucoup, en raison de l’usage qu’on en fait (pour le lait, la viande ou les deux) selon le pays où on l’élève. «Des lignées distinctes assurent aujourd’hui une productivité élevée», fait savoir Josée. Dans le dernier numéro du magazine InfoBrune, Serge Bilodeau, conseiller technique du Club Brown Swiss du Québec, indique que l’écart de production entre les 10% supérieurs (moyenne de 9295 kg) et les 10% inférieurs est de 3554 kg. La productivité n’est pas une question de race, dit-il, mais de gestion. Cette «impopularité» a ses avantages, le premier étant l’accessibilité à des bêtes de qualité à prix moindre que dans la Holstein. La semence de cette race est plus rare, au Canada du moins, mais aussi moins chère. Dave et Josée s’approvisionnent également en Suisse et ailleurs dans le monde. Des projets d’avenir? « Vivre de notre élevage, être efficaces et peu endettés », disent-ils. Le couple retourne à Madison cet automne pour y présenter à nouveau Fantasy. Qui sait, elle y remportera peut-être une deuxième fois le titre suprême. La Suisse Brune Snickerdoodle l’a déjà gagné six fois…

3. Les vaches ont quotidiennement accès à l’extérieur six mois par année, pendant la nuit seulement. Le jour, elles demeurent à l’intérieur, avec ventilation tunnel. Les taures gestantes sont à l’extérieur. Les veaux sont élevés dans des huches et mégahuches jusqu’à l’âge de six mois.

L’ALIMENTATION DU TROUPEAU BROWN HEAVEN Par Dave Rousseau, agronome Expert-conseil, Secteur ruminants La Coop Comax VACHES EN LACTATION ■ Balles d’ensilage enrobées ■ Maïs cassé ■ Complément Synchro 2440V ■ Synchro G44V (pour les vaches

non gestantes)

■ Minéral synchro 15-5 C

PRÉPARATION AU VÊLAGE ■ Foin sec ■ Transilac LP

TARIES ■ Foin sec ■ Transilac VT42

VEAUX ■ Lactoremplaceur Goliath 27-16

(jusqu’à 7 semaines)

■ Goliath 21 Deccox

(jusqu’à 4 mois)

■ Foin sec

GÉNISSES ■ Goliath Expo ■ Foin sec

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| AFFAIRES AGRICOLES

Ces dernières années, on a mis l’accent sur les mégacalories des rations de transition, en oubliant de regarder d’où elles venaient : de la fibre ou du grain fermentescible ? Ces deux sources d’énergie n’ont pas du tout le même effet dans le rumen.

TEXTE D’ANNICK DELAQUIS, PH. D., AGRONOME

LA TRANSITION : AVANT LE VÊLAGE

L’auteure Annick Delaquis, Ph. D., agronome Nutritionniste en production laitière La Coop fédérée annick.delaquis@lacoop.coop

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Beaucoup de travaux ont été réalisés pour comprendre le métabolisme de la vache tarie. Résultat : une ration riche en énergie servie durant les cinq premières semaines de tarissement a un impact beaucoup moins positif que si elle est servie durant les trois dernières semaines avant le vêlage. Mais peu d’études se sont penchées sur les stratégies alimentaires à

adopter les trois premières semaines après le vêlage pour optimiser les performances de la vache. Et si les deux périodes (trois semaines avant et après) étaient aussi importantes l’une que l’autre ?

LA TRANSITION : APRÈS LE VÊLAGE Récemment, il a été démontré qu’une ration contenant seulement 16 % de protéine peut limiter la production en début

PHOTO : PIERRE CADORET

POUR MAXIMISER LA PRODUCTION ET LA SANTÉ DE VOS VACHES, IL FAUT UN PROGRAMME ALIMENTAIRE DEPUIS LE TARISSEMENT JUSQU’AU PIC DE LACTATION.

COOPERATEUR.COOP – SEPTEMBRE 2016

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AFFAIRES AGRICOLES |

Graphique 1 IMPACT D’UN APPORT SUPPLÉMENTAIRE EN PROTÉINE DU JOUR 1 AU JOUR 29 DE LA LACTATION

60

Kg/j

+ 7,9 kg

50

+ 9,2 kg

40

+ 9,5 kg

CVMS - Base CVMS - Base + protéine

30

Lait - Base Lait - Base + protéine

20

CVMS = Consommation volontaire de matière sèche

10 0 J4

J15

J29

Jours postvêlage

PHOTO : PIERRE CADORET

Adapté de Larsen et coll, JDS 2014

de lactation. Les vaches ont répondu positivement à un apport supplémentaire de protéine ayant un excellent profil d’acides aminés pour compléter leur ration de 16 % (graphique 1). On peut estimer que, au jour 14, la teneur en protéine de la ration supplémentée oscillait entre 18 et 18,5 %. Le constat est le même pour l’énergie. Le besoin augmente drastiquement après le vêlage. Des chercheurs indiquent qu’une vache met en moyenne 45 jours pour revenir à un bilan énergétique positif, une situation hautement corrélée avec la consommation d’énergie en début de lactation. C’est pour cela que les rations du premier groupe sont si riches en concentrés. Par contre, on néglige souvent de porter attention à la transition entre les rations de prévêlage et de lactation. Si, en prévêlage, on adopte une ration dont l’énergie satisfait les besoins, sans plus, soit 13 à 15 mégacalories par jour, est-ce qu’on peut offrir dès le vêlage une ration très concentrée en énergie provenant en grande partie de l’amidon des grains, pour tenter de maximiser la production ? Réponse classique : ça dépend !

LA TRANSITION : AVANT ET APRÈS LE VÊLAGE Ces dernières années, on a mis l’accent sur les mégacalories des rations de transition, en oubliant de regarder d’où elles venaient : de la fibre ou du grain fermentescible ? Ces deux sources d’énergie n’ont pas du tout le même effet dans le rumen. Lorsqu’on passe d’une ration à une autre, il faut s’assurer que les écarts en énergie fermentescible ne nuiront pas au fonctionnement du rumen (baisse du pH) ni aux performances des vaches. Et c’est d’autant plus important en début de lactation,

Tableau 1 IMPACT DU NIVEAU D’AMIDON DANS LA RATION DE DÉBUT DE LACTATION SUR LES PERFORMANCES DES VACHES Amidon

21 %

23 %

26 %

Consommation MS (kg/j)

25,2

24,9

23,7

Lait (kg/j)

47,9ab*

49,9a

44,2b

Gras (kg/j)

1,91

1,86

1,71

Protéine (kg/j)

1,42ab

1,50a

1,34b

Urée du lait (mg/dl)

15,2a

12,7b

11,9b

*Les chiffres suivis de lettres différentes sont statistiquement différents. Adapté de Dann et Nelson, 2011

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lorsque la consommation est un défi et que les rations actuelles servies en préparation sont limitées en énergie fermentescible. Ce concept est bien illustré par la comparaison des résultats obtenus par les chercheurs du Miner Institute et ceux de l’Université Cornell (voir tableau 1 ci-dessous). Dans l’étude du Miner Institute, une ration contenant 13,5 % d’amidon a été servie pendant les 42 jours de tarissement. Après le vêlage, les vaches ont été divisées en trois groupes, dont les rations contenaient 21, 23 ou 26 % d’amidon. Après la troisième semaine, les vaches recevant 21 % d’amidon ont conservé la même ration, alors que les deux autres groupes

Graphique 2 IMPACT DU NIVEAU D’AMIDON SUR LA PRODUCTION DE LAIT DANS LES TROIS PREMIÈRES SEMAINES APRÈS LE VÊLAGE 45 40 35 Lait kg/j

En résumé, il est important d’assurer une bonne transition entre nos rations pré et postvêlage pour atteindre de bons pics de lait et réduire la perte de condition de chair.

30

26 % amidon

25

21 % amidon

20 15 1

2

3

4

5

6

7

8

9

Semaines après le vêlage Adapté de McCarthy et coll., 2015

Graphique 3

pH du rumen

6,3 6,2 6,1 6 5,9 5,8 5,7 1 3

3 3

3 11 13 15 17 19 21 JEL

700 600 500 400 300

Élevé Bas

200 100 0 1 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21 JEL

PHOTO : LUCE MORIN

6,4

Temps sous un pH ruminal de 5,8 min par 24 h

IMPACT DU NIVEAU D’AMIDON (ÉLEVÉ : 27 %, BAS : 21 %) DE LA RATION POSTVÊLAGE SUR LE PH DU RUMEN ET LE TEMPS PASSÉ SOUS UN PH DE 5,8

Source : Williams et coll., 2015 J. Dairy Sci. 98 (Suppl. 1): 741-742

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PHOTO : LUCE MORIN

AFFAIRES AGRICOLES |

ont consommé la ration à 26 % d’amidon. Comme l’illustre le tableau 1, les vaches ayant consommé une ration moins riche en amidon en début de lactation (21 ou 23 %) ont produit plus de lait et de composants que les vaches auxquelles on a servi la ration plus concentrée dès le départ. Pourquoi? L’écart entre la ration prévêlage (13 % d’amidon) et la ration post-vêlage (26 %) était probablement trop grand pour que le rumen et les vaches puissent en tirer profit. Les chercheurs de Cornell, quant à eux, n’ont vu aucun impact négatif sur le lait d’une ration contenant 26 % d’amidon, comparativement à une autre de 21 %, dès le vêlage. Dans leur étude, on constate même une augmentation en lait plus rapide dans les premières semaines avec la ration plus concentrée (graphique 2). Dans cette étude, les vaches ont reçu une ration plus riche et fermentescible (17 % d’amidon) avant le vêlage. L’écart était donc moins grand entre la ration prévêlage (17 %) et la ration postvêlage plus dense (26 %). En comparant ces deux études, on comprend mieux l’intérêt d’avoir un groupe de vaches ayant récemment vêlé entre la ration prévêlage et la ration de groupe 1. On maintient un environnement du rumen plus stable en augmentant progressivement l’énergie des rations (graphique 3). En résumé, il est important d’assurer une bonne transition entre nos rations pré et postvêlage pour atteindre de bons pics de lait et réduire la perte de condition de chair. Les vaches doivent consommer de l’énergie en début de lactation, mais il faut les y préparer. C’est un peu comme si deux personnes faisaient une course pour se rendre au quatrième étage d’un immeuble, mais que l’une prenne l’ascenseur, alors que l’autre monte à pied… Si nos deux participants partent du rez-de-chaussée, aucun doute que celui ayant pris l’ascenseur arrivera en premier – sauf s’il y a une panne d’électricité! Par contre, il n’aura aucunement amélioré sa santé. Si notre athlète à pied part du deuxième étage, alors il a d’excellentes chances d’arriver aussi rapidement au quatrième que celui prenant l’ascenseur à partir du rez-dechaussée. De plus, en bien meilleure santé et sans avoir eu à craindre, comme son adversaire, d’incident dû à une panne.

La ration des premières semaines de lactation devrait être formulée en fonction de la ration servie juste avant le vêlage et de celle que consommeront les vaches une fois la lactation établie. Il faut construire un programme alimentaire du tarissement au pic de lait. Parlez-en à votre expert-conseil; il vous guidera dans vos choix de programme Transilac. COOPERATEUR.COOP – SEPTEMBRE 2016

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| AFFAIRES AGRICOLES

TEXTE DE LUC BERGERON, M. SC., VÉTÉRINAIRE

Jusqu’en novembre 2014, Salmonella Dublin était détectée principalement dans les élevages de veaux lourds. Mais depuis, les données de surveillance, ainsi que les résultats d’une enquête de prévalence menée en 2015 par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, indiquent qu’elle circule dans les élevages laitiers. On estime que 6,8 % des élevages laitiers du Québec ont été exposés à cette bactérie. La maladie qu’elle cause peut avoir un impact sur la santé des bovins, et particulièrement des veaux de moins de trois mois. C’est dans ce groupe que l’on peut observer les signes cliniques les plus graves : diarrhée, fièvre, abattement, perte d’appétit, problèmes respiratoires et, parfois, mortalité. Même les animaux qui ne présentent pas de signes cliniques peuvent demeurer porteurs et excréter la bactérie de façon intermittente, particulièrement dans les fèces. Cet agent pathogène est transmissible à l’humain (zoonose) et peut causer des infections graves affectant plusieurs organes. Une des grandes préoccupations concernant cette bactérie est la résistance de certaines souches à plusieurs antibiotiques, tant chez les humains que chez les animaux. Comme pour les autres types de salmonelle, Salmonella Dublin peut être transmise à l’humain, principalement par la consommation de lait ou de produits laitiers contaminés non pasteurisés. La transmission est aussi possible par la consommation de viande contaminée insuffisamment cuite ou par des contacts directs ou indirects avec des animaux malades. Toutefois, la pasteurisation et la cuisson détruisent la bactérie. Pour ces raisons, l’émergence de Salmonella Dublin est préoccupante pour l’industrie laitière et des bovins de boucherie du Québec. Il est donc important de mettre en place des mesures de prévention et de lutte afin de limiter la transmission de cet agent pathogène entre

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élevages. À cet effet, la filière bovine doit faire face à deux principaux enjeux. Premièrement, les éleveurs de bovins doivent revoir leurs habitudes de vente et d’achat d’animaux vivants, puisque l’introduction d’animaux à statut sanitaire inconnu dans un élevage constitue l’une des principales causes de contamination par Salmonella Dublin. Les recommandations clés à l’intention des éleveurs sont : ■ S’informer du statut sanitaire de l’élevage source avant l’introduction d’un animal. ■ Exiger des analyses de dépistage avant le déplacement d’un animal vivant. ■ Isoler et surveiller les animaux récemment introduits (quarantaine). Deuxièmement, il faut rehausser le niveau de biosécurité chez les éleveurs bovins, chez les fournisseurs de services et dans les lieux de rassemblement. En effet, les vecteurs mécaniques contaminés (visiteurs, véhicules, matériel) sont une autre cause possible de transmission de la maladie entre élevages. Les recommandations clés à l’intention des éleveurs sont : ■ Contrôler l’accès des visiteurs et tenir un registre. ■ Exiger que les visiteurs portent des chaussures propres et désinfectées ou des bottes jetables. ■ Exiger que les visiteurs portent des vêtements ou survêtements propres n’ayant pas été en contact avec d’autres animaux. ■ Exiger que les visiteurs nettoient leurs mains à l’entrée et à la sortie de l’élevage. ■ S’assurer que les visiteurs entrent en contact avec les animaux seulement lorsque c’est nécessaire. ■ S’assurer que le matériel ou les véhicules qui ont été en contact avec d’autres animaux sont nettoyés et désinfectés. Bien que l’émergence de Salmonella Dublin soit préoccupante (figure 1), les impacts sur la santé des bovins et

PHOTO : 123RF - LURIN

SALMONELLA DUBLIN EST UN AGENT PATHOGÈNE EN ÉMERGENCE AU QUÉBEC DEPUIS 2011, TANT DANS LES ÉLEVAGES BOVINS QUE CHEZ L’HUMAIN. VOICI DES MESURES DE PRÉVENTION ET DE LUTTE AFIN DE LIMITER SA TRANSMISSION ENTRE ÉLEVAGES.

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AFFAIRES AGRICOLES |

Figure 1 NOMBRE DE CAS* DE SALMONELLA DUBLIN DIAGNOSTIQUÉS DANS LES LABORATOIRES DU MAPAQ OU DÉCLARÉS** AU MAPAQ PAR D’AUTRES LABORATOIRES DU 1 ER JANVIER 2011 AU 30 JUIN 2016 SELON LE TYPE D’ÉLEVAGE 45 40 35

L’auteur

30

Vache-veau Bouvillon d’engrais

25

Veau de grain

20

Veau de lait

15

Luc Bergeron, D.M.V., M. Sc. Direction de la santé animale Sous-ministériat à la santé animale et à l’inspection des aliments Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec luc.bergeron@mapaq.gouv.qc.ca

Laitier

10 5 0

2011

2012

2013

2014

2015

2016

*Par définition, un élevage bovin qui est trouvé positif pour Salmonella Dublin est considéré comme un cas. Les cas diagnostiqués dans le cadre de l’enquête de prévalence de Salmonella Dublin dans les élevages de bovins du Québec ne sont pas comptabilisés. Tous les cas ont été confirmés en culture à l’exception de 13 cas laitiers en 2015 et de 13 cas laitiers en 2016 (sérologie seulement). **À partir du 30 avril 2015, soit la date d’entrée en vigueur du Règlement sur la désignation des maladies contagieuses ou parasitaires, des agents infectieux et des syndromes.

sur la santé publique peuvent être limités par la mise en œuvre de mesures visant la prévention et le contrôle des maladies contagieuses. Pour ce faire, une approche concertée de la part des différents

intervenants de la filière bovine est nécessaire. L’adoption à l’échelle canadienne du programme proAction, et notamment du volet sur la biosécurité, en est une belle démonstration.

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Voir la vidéo des Fermes boréales : cooperateur.coop/ les-fermes-boreales

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TEXTE DE PATRICK DUPUIS, AGRONOME

« ON EST EN TRAIN DE BÂTIR UN CENTRE NÉVRALGIQUE EN PRODUCTION PORCINE AU TÉMISCAMINGUE. ON VEUT Y PRODUIRE LES MEILLEURS PORCELETS AU CANADA, DANS UNE RÉGION DÉDIÉE À LA MATERNITÉ. » Étienne Hardy, directeur principal de la production porcine chez Olymel, et son équipe voient grand. Ce centre névralgique, ce sont les Fermes boréales, un projet lancé en 2015 par La Coop fédérée et Olymel, sa Division viandes. Trois coopératives (Comax, Covilac et Unicoop) ainsi que les producteurs Denis Richard et Sophie Bédard ont investi dans ce projet. À terme, les Fermes boréales seront composées de cinq maternités en propriété collective, soit un investissement total de 50 millions $. Chacune d’elle comptera 2360 truies et 10 verrats. Les maternités seront implantées dans cinq sites distincts,

à l’intérieur d’un rayon d’une quinzaine de kilomètres, soit à Fugèreville, Béarn, Lorrainville (deux sites) et un autre lieu à déterminer. Une première maternité est déjà en activité à Fugèreville. Les truies accueillies le 3 février dernier ont commencé à mettre bas fin mai. Les premiers porcelets, destinés aux membres de la Filière porcine coopérative, ont quitté la maternité fin juin, à bord de remorques ultra-modernes conçues au Témiscamingue. Une fois les cinq bâtiments achevés, 330 000 porcelets d’environ huit kilos seront produits annuellement, soit quelque 525 mises bas par semaine pour les cinq sites. Les porcelets seront acheminés vers

PHOTO : OLYMEL

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1 2 3 Patsy Gallant « Je travaille aux Fermes boréales depuis le 27 juin. J’ai fait la formation AEP [attestation d’études professionnelles] en production porcine pendant quatre mois. Je suis tombée en amour avec le projet. Ici, c’est l’avenir. Pour moi, pour mon chum et pour mes trois enfants. Le Témiscamingue, c’est mon coin, et je vois loin. » Marie-Clarisse Mpued « Je travaille ici depuis janvier. Mon conjoint, qui travaille dans la construction, m’a parlé de ce projet avec beaucoup de joie. Nous avons quitté Brossard pour venir nous établir au Témiscamingue. J’ai été attirée par la beauté du projet. J’ai vu que c’était un très, très grand défi de construire de grosses fermes dans cette région. C’est quelque chose que je voulais explorer de près. J’ai suivi une formation de trois semaines. Je suis originaire du Cameroun, où on vit avec des animaux dans la cour pour notre consommation. Je n’avais encore jamais vu une ferme comme celle-ci. »

1. Les truies en gestation disposent de stations d’alimentation individualisée. 2. Le bloc saillie. Les producteurs sont au cœur du projet. « Ils s’associent avec une équipe gagnante », souligne Étienne Hardy. 3. La gestation en stabulation libre. « Le concept de maternités collectives sur cinq sites en bandes aux cinq semaines ne se retrouve nulle part ailleurs », précise Étienne Hardy.

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le « sud », dans des fermes de la Beauce, de l’Estrie, de la Montérégie, de la Mauricie et du Centre-du-Québec. Étienne Hardy en rajoute : « L’ambition de ce projet, c’est d’offrir la meilleure expertise au monde en production porcine. » Ce qui rend les Fermes boréales uniques, c’est la conjonction, dans la saillie, la gestation et la mise bas, des meilleures pratiques d’élevage.

UN PROJET DE DÉVELOPPEMENT DURABLE DE A À Z « Les Fermes boréales sont un véritable projet de développement durable, souligne Étienne Hardy. Les aspects sociaux, économiques et environnementaux ont été rigoureusement pris en compte à chacune des étapes. » Les objectifs sont multiples : produire des porcelets sains, performants, élevés sans antibiotiques et selon les normes de bien-être les plus élevées au monde; faire faire de l’argent aux producteurs membres de la Filière porcine coopérative qui élèvent ces porcelets; approvisionner les abattoirs d’Olymel; et participer au développement d’une économie régionale forte. En matière de bien-être, on a adopté les plus récentes normes européennes. Les truies et porcelets disposent de plus d’espace et de confort que dans un élevage traditionnel. Pendant leur gestation, les truies sont gardées en stabulation libre. Elles y passent plus de temps qu’en cages. En effet, seules les autres périodes de leur élevage, soit la saillie et la mise bas, se déroulent en cages, pour faciliter leur observation et protéger les porcelets des risques d’écrasement.

PHOTO : PATRICK DUPUIS

TÉMOIGNAGES D’EMPLOYÉS

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« C’est un projet humain et porteur pour la région, assure Étienne Hardy. Outre quelques manifestations de résistance, les gens du Témiscamingue l’ont accueilli à bras ouverts. Les conseils municipaux, le Conseil régional en environnement de l’Abitibi-Témiscamingue (CREAT) et l’Ordre des agronomes nous appuient. Plusieurs municipalités veulent accueillir le cinquième site.» Étienne Hardy et son équipe ont fait près d’une cinquantaine de présentations et consultations publiques pour expliquer tous les aspects du projet. De la première pelletée de terre à l’expédition des porcelets, en passant par la création d’emplois, la cohabitation avec la population, les épandages de lisier et les retombées économiques, tout a été fait dans la plus grande transparence. Les Fermes boréales sont implantées au Témiscamingue pour de bon. On a même établi une entente avec un centre local de formation, le Centre Frère-Moffet, à VilleMarie, pour procurer aux futurs employés

4 toutes les compétences nécessaires à leurs fonctions. En outre, on fait affaire le plus possible avec des entrepreneurs en construction locaux. Lorsque les cinq maternités auront vu le jour, la masse salariale atteindra

4. La mise bas. Au lieu d’investir dans sa propre maternité pour la rendre conforme aux normes de bien-être, un producteur peut investir dans une maternité collective, en en achetant une part. Cet investissement lui assurera un approvisionnement en porcelets de très haut statut sanitaire.

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PHOTO : PATRICK DUPUIS

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PAR NATHALIE PARENT-LEGAULT, AGRONOME, ALORS FORMATRICE EN GESTION D’ÉLEVAGE (PRODUCTION PORCINE) CHEZ OLYMEL QUARANTAINES ■ Deux bâtiments, certifiés AQC (Assurance

qualité canadienne), situés à Fugèreville et à Laverlochère. ■ L’AQC répond aux standards de sécurité

alimentaire et de qualité les plus élevés au monde.

BLOC SAILLIE ■ Truies et cochettes en attente d’une saillie

ou récemment saillies. ■ 684 cages certifiées AQC et BEA

(Bien-être animal). ■ Insémination artificielle : mélange

de semences Duroc Porc Coop. ■ 600 saillies toutes les cinq semaines. ■ Une fois la gestation confirmée par

échographie, les truies passent au bloc gestation

BLOC GESTATION (EN STABULATION LIBRE) ■ 65 truies par parc. ■ Normes européennes de bien-être : chaque

truie dispose de 2 m2 (22 pi2). ■ Libre accès, grâce à une puce électronique,

à des stations d’alimentation individualisée. ■ Possibilité d’aménager un parc d’isolement

pour observation et traitement.

2 millions$. «C’est un bon coup de pouce pour revitaliser la région, et particulièrement son agriculture», estime Étienne Hardy. Le Témiscamingue est riche de ses gens ainsi que de ses terres. Pour contribuer à l’essor de l’agriculture locale, les Fermes boréales misent sur un approvisionnement en grains produits au Témiscamingue. En échange, le lisier produit servira à enrichir les sols.

NOUVEAU REGARD SUR LA PRODUCTION PORCINE Le modèle 300 truies naisseur-finisseur a peu d’avenir, estime le directeur principal. L’investissement dans une maternité vétuste, pour se conformer aux normes de bien-être, est élevé. Et ne vaut sans doute pas le coup, croit-il. « Des problèmes de santé récurrents affectent durement les coûts de production de bien des producteurs, dit-il. Une maternité touchée chaque année par le SRRP [syndrome reproducteur et respiratoire porcin], ça n’a plus sa place en 2016. Investir dans un bâtiment qui ne permettra pas de produire des porcs en bonne santé n’est pas une vision d’avenir. De plus, les éleveurs auront du mal à vendre ou transférer une exploitation qui ne sera plus de taille à être concurrentielle sur les marchés. »

1 1. Nathalie Parent-Legault, alors formatrice en gestion d’élevage chez Olymel : « Avec un approvisionnement en porcelets chaque semaine, les producteurs ont plus de flexibilité, peuvent optimiser la superficie de leurs bâtiments d’engraissement et maximiser leurs revenus. »

BLOC MISE BAS ■ Quatre salles comptant chacune 144 cages

de 1,8 m sur 2,4 (6 pi sur 8) certifiées AQC et BEA. ■ Mise bas une semaine sur cinq,

en alternance, dans chacun des cinq bâtiments. ■ Excellent contrôle environnemental

et sanitaire. ■ Plus d’espace et niches pour les porcelets. ■ Détecteur de mouvement qui active

le contrôle d’ambiance et l’alimentation à volonté de la truie. ■ Les porcelets sont expédiés au poids

2. Robert Brunet et Étienne Hardy, respectivement vice-président, production porcine pour l’est du Canada et directeur principal de la production porcine chez Olymel, prennent place dans le tout nouvel espace vitré qui permettra aux visiteurs d’apprécier, en toute transparence, les méthodes d’élevage des Fermes boréales sans risquer d’en compromettre la biosécurité.

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PHOTOS : PATRICK DUPUIS ET CHRISTIAN LEDUC

de 8,5 kg, à 25-26 jours d’âge.

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Étienne Hardy ne prêche pas pour un modèle unique de production. Diverses façons de faire peuvent coexister et fournir des marchés distincts. Les maternités collectives répondent toutefois à une nouvelle réalité. En cessant l’activité maternité de leur entreprise, les producteurs peuvent utiliser leurs installations sans devoir y investir massivement. En s’approvisionnant en porcs pour l’engraissement à partir d’une source unique, comme les maternités collectives, ils coupent les cycles de maladies. Ce modèle d’affaires réduit la pression sanitaire et environnementale dans les régions à haute densité porcine.

COMITÉ DE SUIVI ET BON VOISINAGE

CONTRÔLE D’AMBIANCE SIGNÉ MAXIMUS Le cœur des Fermes boréales est le système de contrôle d’ambiance Maximus. C’est la technologie la plus poussée qui existe actuellement pour une ferme porcine au Québec. Éclairage, ventilation, chauffage, alimentation : tout est informatisé, jusque dans les moindres détails. À l’aide d’une tablette, on peut circuler dans les bâtiments et effectuer les contrôles nécessaires. On peut également recevoir des alertes sur un téléphone intelligent et effectuer des réglages à distance. Le système Maximus, conçu au Québec, porte le confort du troupeau à un niveau inégalé.

PHOTOS : PATRICK DUPUIS ET CHRISTIAN LEDUC

« Quand les gens ignorent les faits, des informations erronées circulent, soutient Étienne Hardy. C’est pourquoi un comité de suivi des Fermes boréales [CSFB] a été mis sur pied. On veut poursuivre le dialogue

avec la population pendant et après la construction des maternités. » À l’image des trois axes du développement durable, ce comité sera constitué de représentants des Fermes boréales, des municipalités ainsi que des milieux économique (receveurs de lisier, chambre de commerce) et environnemental (CREAT, Ordre des agronomes du Québec, organismes des bassins versants). « Le CSFB permettra aux acteurs régionaux de suivre l’évolution du projet sous toutes ses facettes, d’avoir une compréhension approfondie des dossiers et de relayer, au besoin, les informations, souligne Étienne Hardy. En contrepartie, l’équipe des Fermes boréales pourra approfondir ses connaissances de la région et sera à l’écoute des préoccupations de celle-ci. » Le directeur est si enthousiaste qu’il envisage déjà de mettre sur pied d’autres projets de maternités ailleurs au Témiscamingue.

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SCÈNE 1, PRISE 2 POUR

2 1. La minisérie Web prendra son envol sur les médias sociaux en septembre. 2. Avec le prix toujours haussier des terres et la pression sur les marges, il est impératif d’être plus productif en allouant les ressources de manière optimale, à leur plein potentiel. Connaître les zones de rendement inférieur n’est plus un luxe.

Pour en savoir plus, abonnez-vous à l’infolettre Flash Coopérateur www.cooperateur.coop/fr/infolettre.

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TEXTE ET PHOTOS D’ÉTIENNE GOSSELIN, AGRONOME, M. SC.

DEUX PRODUCTEURS DE GRANDES CULTURES SONT LES VEDETTES D’UNE MINISÉRIE WEB SUR L’AGRICULTURE DE PRÉCISION PRODUITE PAR LA COOP FÉDÉRÉE. SILENCE, ON CULTIVE ! Cette série de six épisodes a été mise au point par le Secteur des productions végétales et vise à faire connaître l’offre de service en agriculture de précision. Tournée sur deux saisons de culture (16 mois), elle entend casser les mythes comme quoi l’agriculture de précision coûte cher et est compliquée. Ni nerd ni geek, Jacques Côté, de la Ferme MJC et Bertco, à Baie-du-Febvre, s’est prêté au jeu. Ce producteur laitier et céréalier collecte des images satellite depuis quatre ans, et son tracteur est équipé d’un système

d’autoguidage. Il se dit maintenant prêt à passer à la vitesse supérieure en matière de précision, notamment pour l’échantillonnage géoréférencé, l’épandage et le semis à taux variable. De la musique aux oreilles d’Anis Riahi, son agronome de La Coop Covilac, féru de hautes technologies. Épaulé par Stéphane Galarneau, son expert-conseil de La Coop Profid’Or, le céréaliculteur Alain Brisson a aussi accepté de recevoir l’équipe de tournage chez lui. L’assolement de 400 ha de la Ferme A.R. Brisson, à Saint-Jacques, n’est pas banal :

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6 maïs-grain, blé d’automne, soya et haricots. Innovateur, Alain Brisson ? « J’aime suivre les technologies, mais j’aime aussi laisser les autres faire les expériences ! Je suis donc un peu conservateur, même si j’ai un capteur de rendement, que j’amasse des données d’imagerie satellite depuis quelques années et que je me suis équipé d’un nouveau semoir à taux variable. » Sceptique, alors ? « Non, je sais que ça améliorera mes champs, mais j’aimerais chiffrer le rendement de l’investissement. »

PRÉCISONS LA PRÉCISION La première étape pour tendre vers la précision ? Recueillir des données fiables. L’imagerie satellitaire (service proposé par La Coop depuis 2011, sur une nouvelle plateforme Web) permet de radiographier, en quelque sorte, la verdure des champs et de

bâtir des zones de gestion, un peu à l’image d’une carte de rendement. Le producteur a alors toute l’information nécessaire – information corroborée par des observations sur le terrain et des analyses de sol géoréférencées – pour choisir ses interventions: drainage, nivelage, sous-solage, applications à taux variable, etc. «En outre, la force de nos services est de montrer l’impact économique de chaque intervention, zone par zone, expose Alain Brassard, conseiller de La Coop spécialisé en agriculture de précision. La Coop est d’ailleurs un précurseur de l’agriculture de précision, car nous développons des outils depuis 1996. Malheureusement, la majorité des mégadonnées restent encore dans les tracteurs ou les ordinateurs.» Ça changera peut-être… une capsule Web à la fois !

3. Géologie, topographie, hydrologie, agronomie, informatique, géomatique : l’expert-conseil Anis Riahi aide les producteurs à assimiler les notions derrière l’agriculture de précision. 4. « Ma philosophie personnelle, c’est plus de dire “pourquoi pas” plutôt que “pourquoi”. J’essaie, j’analyse et je conclus ! » philosophe le producteur Jacques Côté. 5. « Ma mission, c’est de m’améliorer constamment et de durer dans le temps », lance le céréaliculteur Alain Brisson, qui compte sur une cinquième génération en ses fils Samuel et Vincent. 6. Agriculture de précision ne rime pas avec science-fiction. C’est ce qu’a voulu faire comprendre Ariane Laurin, conseillère en marketing de La Coop, en mettant sur pied une websérie sur le sujet.

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LA RÉGIE DE COUPE DE LA LUZERNE À L’AUTOMNE TEXTE DE LAURIER DOUCET, T.P., ET BRIGITTE LAPIERRE, AGRONOME

LA RÉGIE DE COUPE AUTOMNALE REPRÉSENTE UN ENJEU IMPORTANT POUR LA PERFORMANCE DES LUZERNIÈRES. UNE STRATÉGIE DE FAUCHE QUI RESPECTE LA PHYSIOLOGIE DE LA PLANTE, COMBINÉE À UN PLAN DE FERTILISATION ET DE CHAULAGE ADÉQUATS, VOUS PERMETTRA DE TIRER LE MAXIMUM DE VOTRE INVESTISSEMENT. Bien qu’il ait été traité abondamment, le sujet soulève encore beaucoup de questions : est-ce néfaste pour ma luzernière de faire la dernière coupe après le gel, à l’automne? À partir de quelle date dois-je cesser de couper ma luzerne afin d’assurer une période de repos automnal suffisante pour une bonne survie ? Quel est le moment idéal pour l’application de potasse à l’automne ? Etc.

RÉGIE DE COUPE À L’AUTOMNE Traditionnellement, on disait que la luzerne avait besoin d’une période de 45 à 50 jours de croissance avant un gel mortel (– 3 °C), afin d’accumuler suffisamment de réserves de nutriments dans ses racines pour bien passer l’hiver. À la suite d’essais réalisés par des chercheurs d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, on parle plus précisément aujourd’hui de l’accumulation de degrésjours supérieurs à 5 °C entre les deux dernières coupes. Les conclusions de ces travaux recommandent un minimum de 500 degrés-jours. Ainsi, que l’on soit en Gaspésie ou en Montérégie, ce principe ne change pas. Ce qui changera en fonction de la région, c’est la date de la dernière coupe avant le gel mortel. De plus, quel que soit le régime de coupe pratiqué en saison – régie intensive avec les luzernes Standfast, comme Actis ou Althea, qui exigent un intervalle de 26 à 30 jours entre les coupes, ou une régie plus traditionnelle avec des luzernes telles AAC Nikon et Akori, qui exigent plutôt un intervalle de 35 à 45 jours –, on doit respecter la même période de repos automnal. Cette période de repos coïncide avec la période de la saison où les journées raccourcissent et la température refroidit. Ces conditions donnent aux plantes pérennes le signal de se préparer pour l’hiver. Les premières semaines après la coupe servent à reconstituer un bon volume de végétation, alors que les trois à quatre semaines qui restent avant le gel servent à remplir le «garde-manger» de la luzerne. Autrement dit, c’est à ce moment qu’elle fait ses réserves pour passer l’hiver. Au cours de cette période, la plante avance en maturité, fleurit et complète un cycle de vie.

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APPLICATION DE POTASSE À L’AUTOMNE C’est bien connu et très documenté, un apport de potasse dans les prairies de luzerne à l’automne améliore leur survie et, par le fait même, leur rendement. La potasse favorise l’accumulation d’hydrates de carbone dans les racines de la luzerne et représente une excellente source d’énergie. Il faut faire l’application de potasse immédiatement après la coupe, qui marque le début de la période de repos automnal, pour que la plante en tire le maximum pendant cette période. Le réseau La Coop offre une nouvelle source de potasse contenant 0,5 % de bore. Il s’agit du fertilisant Aspire (0-0-58 0,5 B). Chaque granule de potasse contient du bore, ce qui permet un meilleur étalement de l’élément mineur sur toute la surface (voir le croquis, p. 43).

LA COUPE APRÈS LE GEL On la fait ou on ne la fait pas ? Eh bien, c’est une question de besoin. On la fait seulement si la quantité de fourrage récolté au cours de la saison est insuffisante pour combler les besoins du troupeau. Sinon, on laisse la luzerne au champ. La dernière repousse laissée au champ offre une excellente protection contre le gel, puisqu’elle permet de maintenir un couvert de neige, qui agit comme un matelas isolant. De plus, il a été démontré que la reprise au printemps suivant et le rendement de la première coupe sont supérieurs lorsque la dernière pousse est laissée au champ (voir Les plantes fourragères, guide publié par le CRAAQ). Dans le cas où le besoin en fourrage nous obligerait à couper cette dernière repousse, il est important de régler la hauteur de coupe pour laisser un chaume d’au moins 10 cm. Ce dernier permet de retenir un peu de neige en surface. Si minime soit-elle, cette quantité de neige peut faire une différence entre la température à la surface du sol et celle de l’air ambiant. La luzerne résiste au froid jusqu’à une température de – 16 à – 17 °C.

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LES CAUSES DE MORTALITÉ DE LA LUZERNE La luzerne peut mourir de quatre façons au cours de la période hivernale : ■ Étouffée: Les périodes de redoux hivernal, accompagnées de pluie qui créera des accumulations d’eau en surface et se transformera en couvert de glace au retour du froid, vont entraîner l’asphyxie de la plante. Même si les plantes sont en dormance pendant l’hiver, elles demeurent en activité et ont besoin d’oxygène. ■ Décapitée : On veut parler ici d’une rupture du collet et des racines, provoquée par l’action du gel et du dégel en surface, alors que le sol est gelé plus en profondeur. ■ De faim : Les plantes ayant reçu une fertilisation adéquate et bénéficié d’une période de repos suffisamment longue

pour emmagasiner des réserves dans leurs racines ont une meilleure chance de passer l’hiver. ■ De froid : Comme mentionné précédemment, la luzerne peut résister à des températures de – 16 à – 17 °C. Ainsi, la gestion du couvert végétal, qui permet de garder le maximum de neige au sol, peut également améliorer ses chances de survie (voir tableau). Les deux premières situations sont indépendantes de notre volonté. C’est Mère Nature qui décide! Par contre, dans les deux cas suivants, il est possible de diminuer les causes de mortalité par une bonne gestion de la fertilisation, du contrôle du pH et du drainage. Et, bien entendu, par une régie de coupe automnale qui respecte le cycle de vie de la plante.

Les auteurs Laurier Doucet, T.P. Conseiller spécialisé en plantes fourragères La Coop fédérée laurier.doucet@lacoop.coop Brigitte Lapierre, agronome Conseillère spécialisée en plantes fourragères, conservateurs d’ensilage et céréales La Coop fédérée brigitte.lapierre@lacoop.coop

EFFET DE LA COUVERTURE DE NEIGE SUR LA TEMPÉRATURE DU SOL À 6 CM DE PROFONDEUR* TEMPÉRATURE DU SOL (°C) Température quotidienne de l’air (°C)

Sol nu

Neige compactée

Neige non compactée

Neige non compactée et couvert résiduel

– 2,2

– 1,1

0,5

0,0

1,7

– 8,3

– 3,9

– 1,7

– 0,5

1,1

– 10,5

– 5,6

– 4,4

– 1,1

0,6

– 16,7

– 8,9

– 7,8

– 2,2

0,6

*Moyenne sur trois ans à la station d’Elora, en Ontario. SOURCE : S.R. BOWLEY, DÉPARTEMENT DE PHYTOTECHNIE, UNIVERSITÉ DE GUELPH, ET H. WRIGHT, DIRECTION DES PRODUCTIONS VÉGÉTALES, MAAO

Avis aux producteurs sur l’utilisation responsable des caractères Monsanto Company est membre du groupe Excellence Through StewardshipMD (ETS). Les produits de Monsanto sont commercialisés conformément aux normes de mise en marché responsable de l’ETS et à la politique de Monsanto pour la commercialisation des produits végétaux issus de la biotechnologie dans les cultures de base. L’importation de ces produits a été approuvée dans les principaux marchés d’exportation dotés de systèmes de réglementation compétents. Toute récolte ou matière obtenue à partir de ces produits ne peut être exportée, utilisée, transformée ou vendue que dans les pays où toutes les approbations réglementaires nécessaires ont été accordées. Il est illégal, en vertu des lois nationales et internationales, d’exporter des produits contenant des caractères issus de la biotechnologie dans un pays où l’importation de telles marchandises n’est pas permise. Les producteurs devraient communiquer avec leur négociant en grains ou acheteur de produit pour confirmer la politique de ces derniers relativement à l’achat de ces produits. Excellence Through StewardshipMD est une marque déposée de Excellence Through Stewardship. VEUILLEZ TOUJOURS LIRE ET SUIVRE LES DIRECTIVES DES ÉTIQUETTES DES PESTICIDES. La technologie Roundup ReadyMD comporte des gènes qui procurent une tolérance au glyphosate, un ingrédient actif des herbicides pour usage agricole de marque RoundupMD. Les variétés de soya Roundup Ready 2 XtendMC possèdent des gènes qui procurent une tolérance au glyphosate et au dicamba. Les herbicides pour usage agricole qui contiennent du glyphosate détruiront les cultures qui ne tolèrent pas le glyphosate et ceux qui contiennent du dicamba détruiront les cultures qui ne tolèrent pas le dicamba. Contactez votre détaillant Monsanto ou appelez le support technique de Monsanto au 1-800-667-4944 pour connaître les programmes de désherbage recommandés avec le système de production Roundup Ready MD Xtend. Solutions appliquées aux semences AcceleronMD pour le canola contient les matières actives difénoconazole, métalaxyl (isomères M et S), fludioxonil et thiaméthoxam. Solutions appliquées aux semences AcceleronMD pour le canola plus VibranceMD est une combinaison de deux produits distincts homologués individuellement qui, ensemble, contiennent les matières actives difénoconazole, métalaxyl (isomères M et S), fludioxonil, thiaméthoxam et sedaxane. Solutions appliquées aux semences AcceleronMD pour le maïs (fongicides et insecticide) est une combinaison de quatre produits distincts homologués individuellement qui, ensemble, contiennent les matières actives métalaxyl, trifloxystrobine, ipconazole et clothianidine. Solutions appliquées aux semences AcceleronMD pour le maïs (fongicides seulement) est une combinaison de trois produits distincts homologués individuellement qui, ensemble, contiennent les matières actives métalaxyl, trifloxystrobine et ipconazole. Solutions appliquées aux semences AcceleronMD pour le maïs avec PonchoMD/VoTivoMC (fongicides, insecticide et nématicide) est une combinaison de cinq produits distincts homologués individuellement qui, ensemble, contiennent les matières actives métalaxyl, trifloxystrobine, ipconazole, clothianidine et la souche Bacillus firmus I-1582. Solutions appliquées aux semences AcceleronMD pour le soya (fongicides et insecticide) est une combinaison de quatre produits distincts homologués individuellement qui, ensemble, contiennent les matières actives fluxapyroxad, pyraclostrobine, métalaxyl et imidaclopride. Solutions appliquées aux semences AcceleronMD pour le soya (fongicides seulement) est une combinaison de trois produits distincts homologués individuellement qui, ensemble, contiennent les matières actives fluxapyroxad, pyraclostrobine et métalaxyl. AcceleronMD, Cell-TechMC, DEKALB et le logoMD, DEKALBMD, Genuity et le logoMD, Genuity MD, JumpStartMD, OptimizeMD, Refuge Intégral MD, Roundup Ready 2 Technologie et le logoMC, Roundup Ready 2 XtendMC, Roundup Ready 2 RendementMC, Roundup Ready MD, Roundup TransorbMD, Roundup WeatherMAX MD, RoundupMD, SmartStax MD, TagTeamMD, TransorbMD, VaporGripMD, VT Double PROMD, VT Triple PROMD et XtendiMax MD sont des marques de commerce de Monsanto Technology LLC. Utilisation sous licence. FortenzaMD et VibranceMD sont des marques déposées d’une société du groupe Syngenta. LibertyLink MD et le logo de la goutte d’eau sont des marques de commerce de Bayer. Utilisation sous licence. Herculex MD est une marque déposée de Dow AgroSciences LLC. Utilisation sous licence. PonchoMD/VotivoMC sont des marques de commerce de Bayer. Utilisation sous licence. ©2016 Monsanto Canada Inc.

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UNE JOURNÉE

AU PAYS DES HUTTÉRITES

1. Les familles huttérites vivent dans des maisons jumelées, avec tout le confort moderne et construites par les membres de la colonie.

TEXTE ET PHOTOS DE NICOLAS MESLY

SI AUJOURD’HUI LES ALBERTAINS CONSOMMENT DU LAIT, DE LA CRÈME GLACÉE ET DU FROMAGE, C’EST EN PARTIE GRÂCE AUX COLONIES HUTTÉRITES. LE COOPÉRATEUR A EU UN ACCÈS PRIVILÉGIÉ D’UNE JOURNÉE À CE MONDE QUI FUIT LES MÉDIAS COMME LA PESTE. Sur la route de terre en direction de Nanton, en Alberta, on aperçoit les toits verts de bâtiments jouxtant d’immenses silos en métal. Le tout dessine une sorte de forteresse médiévale sous un ciel gris plomb. C’est la colonie huttérite de Little Bow, située à une heure de route au sud de Calgary. On pouvait s’attendre à trouver des gens conduisant des carrioles attelées à des chevaux et vêtus à l’image des quakers, comme sur les sacs de gruau. Au lieu de cela, Jim, rencontré à l’entrée de la colonie, porte des lunettes fumées, un chapeau de cowboy, et conduit un gros pickup. Avant de se rendre jusqu’à l’étable de la colonie, il nous montre un gigantesque tracteur monté sur chenilles, un Case 500, remisé précieusement dans un des hangars, et le semoir de 23 m (76 pi) à injection pneumatique

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reposant à l’extérieur. Cette machinerie vaut plus d’un demi-million de dollars. « On a semé nos 8400 acres [3400 ha] en 10 jours», dit celui qui est responsable de l’irrigation des grandes cultures. Bienvenue chez les huttérites! Ces colonies sont en fait de grandes fermes communautaires. Le nom « huttérite » provient du fondateur de cette secte chrétienne, Jacob Hutter, assassiné en Autriche en 1536 et qui prônait un baptême volontaire, prêchait le partage des biens et le pacifisme. On compte aujourd’hui 300 colonies huttérites au Canada, situées surtout en Alberta et en Saskatchewan, et une centaine aux États-Unis. Chacune se compose de 80 à 125 habitants — hommes, femmes et enfants —, pour une population totale d’environ 42 000 personnes.

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3 4 Certaines colonies possèdent et cultivent plus de 12 000 ha ! À l’entrée de l’étable se dresse Dan Hofer, un géant barbu d’une quarantaine d’années qui parle, comme Jim, un anglais teinté d’accent allemand. C’est lui qui est responsable de la production laitière de la colonie de Little Bow. Sans être la Californie, l’Alberta est aux prises avec une dure sécheresse en cet été 2015. Et l’éleveur doit absolument acheter 200 tonnes de foin sur le marché pour ses 74 vaches en lactation. Ce qui frappe au premier coup d’œil, c’est la propreté des lieux. Le réservoir à lait (comme tout ce qui est en acier inoxydable) étincelle, et le carrelage en céramique est aussi propre que celui d’une cuisine de grand chef. Le salon de traite est impeccable, comme si les bêtes n’y étaient encore jamais passées. Et dans l’étable à stabulation libre adjacente, éclairée comme un palais, les bêtes ruminent un parfait bonheur. « Nous n’avons pas le droit de posséder d’ordinateurs, mais les aînés ont fait une exception pour la production laitière, sinon il serait impossible de gérer le troupeau », explique Dan. Assis en face de son écran, il puise dans son ordi quelques statistiques

compilées par les programmes DairyComp et Quota Calculator. La ferme détient un quota de 85 kg, et ses vaches de race Holstein produisent chacune 11 520 kg de lait par année, avec un pourcentage de gras qui frise les 4 %. Dan a-t-il le droit de chercher de l’information sur Internet? Oui, mais il le fait très peu. Et pas question de radio ni de télévision. Il dit s’informer par l’entremise de revues, telle Hoard’s Dairyman, et assister aux formations données par l’organisme Alberta Milk. Cette limite d’accès à l’information ne semble pas importante. Les huttérites se sont taillé une réputation de champions producteurs bien en dehors de leurs colonies. L’ordinateur a d’ailleurs régurgité une statistique pertinente, soit le compte de cellules somatiques du lait produit à la ferme, très au-dessous des 200 000 cellules par millilitre. Pas étonnant, avec la propreté des lieux. Et au mur, au-dessus de l’écran, sont affichés cinq certificats d’excellence pour la qualité de la production de lait décernés par Alberta Milk. « Les aînés ne veulent pas non plus que nous utilisions l’insémination artificielle, qui n’est pas naturelle », poursuit Dan.

2. Une partie des installations de la colonie de Little Bow; à droite se trouve la porcherie. 3. Dan Hofer, éleveur émérite et responsable de la production laitière de la colonie huttérite de Little Bow (avec sa petite fille, Stephane) 4. Le cowboy huttérite Dan Hofer traite ses vaches aux petits oignons.

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2 1. À 15 ans, Randy suit les traces de son père, Dan, et de son oncle Eli en matière de gestion du troupeau laitier. Tous les vêtements des huttérites sont fabriqués par les femmes de la colonie. Les bretelles portées par les hommes font partie de la tradition. 2. L’heure de la tétée des veaux.

Peut-être que les choses changeront un jour, comme pour l’ordinateur. Pour le moment, dans un des parcs adjacents à l’étable, un jeune taureau Holstein, récemment acquis, trône au sein de son harem de génisses âgées de 15 mois. La jeune bête provient de l’éleveur québécois Wener Rengalli. Deux autres mâles, beaucoup plus costauds, sont gardés dans deux enclos avoisinants. Ces parcs sont construits de façon à ce que Dan ou son frère aîné, Eli, soient toujours protégés des humeurs imprévisibles des taureaux par un ingénieux système de grosses barrières en métal.

UN MONDE AUTOSUFFISANT Nous voici à l’atelier de soudure. Tous les crochets et les tables en acier inoxydable qui meublent le petit abattoir de la colonie y ont été fabriqués. C’est là que sont abattus les 20000 poulets à griller, canards et oies élevés sur place. Un petit homme

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nerveux tient à nous faire visiter l’élevage des volatiles et le poulailler qui abrite les pondeuses. Un registre à l’intention des inspecteurs en santé animale du gouvernement doit être signé par tous les visiteurs. Mais pas question d’entrer dans la porcherie de 320 truies, « par mesure de biosécurité ». Ce petit homme est un des deux ministres qui, avec les aînés, dirigent la colonie, a-t-on appris plus tard. La colonie fabrique ses meubles et ses équipements, construit ses bâtiments − maisons, école, étable, chapelle, poulailler, porcherie, abattoir, fumoir — et installe ses silos à grains en comptant sur les bras, la sueur et la créativité de ses hommes. Et elle génère d’autres revenus que ceux de l’agriculture en produisant et en vendant ses propres produits manufacturés, comme ces immenses réservoirs de gaz recyclés en incinérateurs semi-industriels entreposés sur le terrain. Les hommes vont à l’école jusqu’à l’âge de 15 ans, sur les lieux mêmes de la colonie. Ils exercent tous les métiers, prennent soin à tour de rôle (lorsqu’ils sont jeunes) des cheptels à plumes ou à sabots, et travaillent dans l’immense potager aussi bien que dans les grandes cultures. Ce n’est qu’à l’âge de 30 ans qu’ils obtiennent un poste stable. Et ils sont toujours deux à exercer une responsabilité importante – comme celle du troupeau laitier, partagée entre Dan et Eli. Si l’un d’eux doit s’absenter, l’autre peut le remplacer au pied levé. Une colonie se scinde lorsque le nombre d’habitants atteint environ 120 personnes, expliquent nos hôtes. Celle de Little Bow s’est divisée en 2009 pour en former une autre appelée Shadow Ranch, qui s’est établie en achetant quelque 2400 ha de terre à faible distance. « On lui a donné la moitié de notre quota, ce qui lui a permis de démarrer », dit Dan. Persécutés pour leurs croyances religieuses, les huttérites ont fui l’Europe en 1894 pour s’installer aux États-Unis et au Canada. Les colonies huttérites établies en Alberta détiennent 20% du quota de lait de la province et représentent le quart des producteurs laitiers. Leurs fermes communautaires feront sans doute encore partie longtemps du paysage des Prairies. Note : Pour en savoir plus sur la vie des huttérites, et en particulier sur le rôle des femmes, lire le livre I Am Hutterite, de Mary-Ann Kirkby.

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| AFFAIRES AGRICOLES


AFFAIRES ÉCONOMIQUES |

TEXTE D’YVES NGORBO

LE CONSOMMATEUR DÉCIDE DE CE QU’IL MANGE. LA SALUBRITÉ ALIMENTAIRE EST SA PREMIÈRE PRÉOCCUPATION, ET C’EST POURQUOI IL FAUT TOUJOURS GAGNER SA CONFIANCE. Les pratiques touchant la manière dont les aliments sont produits, récoltés, transportés, transformés ou encore conservés jusqu’à leur commercialisation ont une incidence directe ou indirecte sur l’évolution de la population et ses conditions physiologiques, telle la santé. Ainsi, de nouvelles orientations de consommation ont, de toute évidence, des conséquences sur les retombées économiques d’un bout à l’autre de la chaîne d’approvisionnement alimentaire.

LE CONSOMMATEUR, MAILLON INCONTOURNABLE Avec le renversement du paradigme de la chaîne de valeur de la ferme à la table, le consommateur pèse de tout son poids, exerçant une pression sur l’ensemble de cette chaîne. En effet, les choix alimentaires des ménages influencent les différentes pratiques des producteurs, les types de cultures, les prix que les agriculteurs reçoivent ainsi que la façon dont les différentes cultures sont transformées en produits alimentaires.

LES ENJEUX DE SALUBRITÉ ALIMENTAIRE

PHOTO : ISTOCK

La sensibilisation accrue à la salubrité des aliments, liée à des épisodes de crise alimentaire à l’échelle mondiale, constitue l’un des principaux facteurs ayant amené les consommateurs à avoir plus d’exigences. Par exemple, en Europe, à la fin des années 1980, la crise de la vache folle a été déclenchée par une alimentation animale contaminée. Soulignons aussi la grippe aviaire qui a secoué l’Asie dans les années 1990 et, plus récemment, le Canada en 2004. En fait, les consommateurs craignent que notre approvisionnement alimentaire soit de plus en plus dangereux. Ils veulent savoir ce qu’ils mangent et d’où leurs aliments proviennent.

UN DIAGNOSTIC CLAIR : MCDONALD’S ET CHIPOTLE McDonald’s et Chipotle sont deux exemples types illustrant les nouvelles orientations des consommateurs.

En 2014, McDonald’s, première chaîne de restauration rapide au monde, continue d’accumuler des résultats médiocres sur son marché américain, comparativement à sa concurrente Chipotle. Son bénéfice chute alors de 32%, une première baisse depuis des décennies. De plus, McDonald’s ferme en 2015 plus de restaurants qu’il en a fermé depuis son ouverture, en 1952, aux États-Unis. Le groupe a du mal à s’adapter aux nouvelles orientations des consommateurs américains, notamment ceux de la nouvelle génération, appelée génération Y ou génération des millénaires (15-34 ans). En effet, cette génération est plus sensible à sa santé, à celle de l’environnement ainsi qu’à l’épidémie d’obésité qui frappe la population. Aussi, contrairement aux générations précédentes, les millénaires semblent prêts à payer plus cher pour des aliments présentant les attributs qu’ils recherchent. Chipotle, chaîne de restauration rapide installée sur le marché américain, l’a compris et a intégré les nouvelles exigences du consommateur dans son offre de produits. L’entreprise propose à ses clients des aliments bios frais, et ce, à des prix plus élevés. Chipotle se positionne ainsi comme une amie de l’environnement, qui sert des produits de qualité et est transparente sur le contenu en aliments génétiquement modifiés. En 2014, les ventes de Chipotle augmentent de 35 %, alors que celles de McDonald’s baissent mensuellement.

L’auteur Yves Ngorbo Analyste économique La Coop fédérée yves.ngorbo@lacoop.coop

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Cependant, en 2015, une crise sanitaire liée à une épidémie d’E. coli dans plusieurs de ses restaurants a un effet désastreux: les ventes de Chipotle chutent de près de 60%! Ces faits traduisent toute l’importance de la salubrité des produits pour les consommateurs. Les entreprises qui adaptent leurs produits pour tenir compte des préoccupations croissantes en matière de santé sont plus susceptibles de se positionner favorablement sur le marché. On estime que les 25 premières entreprises agroalimentaires américaines ont perdu des parts de marché équivalant à 18 milliards $ depuis 2009.

LE CONSOMMATEUR CANADIEN Ces tendances de consommation de la nouvelle génération s’observent aussi au Canada. Selon PricewaterhouseCoopers, de nombreux Canadiens achètent de plus en plus sur Internet. Ils y ont accès à de l’information sur la fiabilité des produits et sont fortement influencés par les évaluations des internautes. Les millénaires font moins confiance aux grandes entreprises alimentaires et recherchent activement la transparence et l’innovation : œufs de poules en libre parcours, élevage sans antibiotiques, étiquetage OGM et responsabilité sociale sont des choses qui influencent leurs décisions d’achats. Ils profitent des médias sociaux pour comprendre ce qu’ils mangent. En outre, une étude de la Banque de développement du Canada (BDC) indique que 31 % des consommateurs canadiens sont prêts à payer plus cher pour des produits favorisant une meilleure santé. À l’échelle canadienne, étant donné que le groupe d’âge des 65 ans et plus passera de 16 % à environ 25 % dans deux décennies, cette tendance

s’accélérera (voir le graphique). Au Québec, où les aînés représentaient environ 17,6 % de la population en 2015, la croissance du vieillissement sera beaucoup plus accentuée.

REGAGNER LA CONFIANCE Manifestement, la confiance dans le système alimentaire se dégrade. Il faut la rebâtir. En réponse aux demandes des consommateurs, les autres maillons de la chaîne (restaurants, détaillants et transformateurs) exigent à leur tour de nouvelles pratiques des agriculteurs. Au Canada, par exemple, des groupes comme Burger King et Tim Hortons ainsi que des détaillants comme Walmart, Loblaws et Costco se sont engagés à s’approvisionner, dans la prochaine décennie, dans des fermes porcines qui n’utilisent pas de cages de gestation. A&W, pour sa part, se différencie de ses compétiteurs en proposant à ses clients de la viande provenant d’élevage de bœuf ayant reçu des antibiotiques uniquement lorsque cela était nécessaire sur le plan médical. Dans une ère où les consommateurs s’informent et évaluent les aliments et les politiques d’entreprise avant d’acheter, les sociétés du secteur agroalimentaire doivent faire preuve de transparence. Par exemple, avant même l’adoption par le Congrès américain du projet de loi sur l’étiquetage obligatoire des aliments génétiquement modifiés, des géants comme Kellogg’s, General Mills, Mars et Campbell ont été des pionniers en appliquant, de leur propre initiative, l’étiquetage des produits contenant des OGM. Indéniablement, les entreprises doivent trouver un équilibre entre les attentes des consommateurs (en matière de santé, de bien-être et de salubrité alimentaire) et la compétitivité de leur secteur d’activité.

POPULATION CANADIENNE DES GROUPES D’ÂGE 0 À 14 ANS ET 65 ANS ET PLUS

Projection démographique 2015-2035 12,000

En millions

10,000 8,000 0 à 14 ans

6,000

65 ans et plus

4,000 2,000

2033 2035

2031

2039

2027

2025

2023

2021

2019

2015 2017

2013

2009 2011

2007

2005

2003

2001

1999

1997

1995

0 Source : Statistique Canada

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LA COOP FÉDÉRÉE, MEMBRE DE CRF DEPUIS 50 ANS La Coop fédérée souligne cette année ses 50 ans à titre de membre de Cooperative Research Farms (CRF), l’un des plus grands réseaux de recherche privée en alimentation animale au monde. Depuis 1954, ce réseau de coopératives travaille à fournir à ses membres les plus récentes technologies en matière d’alimentation animale, et ce, dans les secteurs lait, bœuf, porc, poulet et cheval. Les six membres composant CRF, établis en Amérique du Nord et en Europe, sont d’importants fabricants d’aliments, au service de producteurs actifs sur les cinq continents. Chacun contribue à la recherche en fournissant les ressources et les installations nécessaires pour concevoir des essais particuliers selon des objectifs établis. La Coop fédérée met deux sites à la disposition de CRF : un à Frampton, pour la recherche sur la truie, et un autre à Saint-JeanBaptiste de Rouville, pour la recherche sur le poulet à griller et la pondeuse. PORTÉE COMBINÉE DES MEMBRES DU CRF : ■ Plus de 28 580 000 t de moulée. ■ 106 meuneries, dont beaucoup sont de grande capacité. ■ 9200 employés. ■ 254 personnes hautement qualifiées travaillant en recherche et développement et en soutien technique.

RÉUSSIR UN TRANSFERT GRÂCE AU MENTORAT

FIN DES PRIX RECORDS EN AGRICULTURE

Un mentor accompagne, motive, aide à développer les qualités nécessaires à la prise de bonnes décisions, et plus encore. Voici quelques avantages du mentorat. Disposer d’un point de vue externe : Un mentor porte un regard impartial sur vos pratiques et votre façon d’être. Il ne vit pas les défis quotidiens de votre entreprise. Il n’est pas lié émotivement. Bien vous nourrir pour mieux faire grandir : Un de ses rôles est de vous écouter et de vous questionner. Cet accompagnement vous permet de construire un sentiment d’efficacité et d’acquérir de nouveaux réflexes, qui vous seront toujours utiles. Être à l’écoute de vos besoins et de vos difficultés : Dans un processus de transfert d’entreprise, un mentor peut être un confident qui vous aide à recadrer les enjeux plus difficiles et à dégager les solutions possibles. Améliorer votre confiance : Un mentor pose les bonnes questions pour que vous trouviez vos propres réponses. Il vous donne de la rétroaction sur vos performances et vos attitudes. Il vous permet d’acquérir une bonne autonomie pour pouvoir affronter d’autres défis. Les conseillères du CRÉA peuvent aussi vous orienter dans vos recherches d’un mentor. (Sources : Yolande Lemire, conseillère en transfert, CRÉA Estrie; Réseau M). Ça vous intéresserait d’avoir un mentor ? Inscrivez-vous sur le site du Réseau M : entrepreneurship.qc.ca/ tags/reseau-m

L’OCDE et la FAO ont récemment publié leur rapport commun sur les perspectives agricoles 20162025. Selon ce rapport, la baisse continue des prix des principaux produits agricoles observée en 2015 indique la fin de la période de prix élevés. En effet, les prix des denrées ont continué à chuter tout au long de l’année 2015, sauf pour les tourteaux protéiques de soya, l’éthanol et la poudre de lait. D’après le rapport, « les prix de la viande ont abandonné leurs niveaux records de 2014, ceux des produits laitiers ont poursuivi la diminution entamée en 2013 et 2014, et ceux des produits végétaux ont continué à redescendre des sommets atteints en 2012 ». D’après le rapport, « les principaux facteurs qui expliquent cette tendance sont la forte croissance de l’offre plusieurs années durant, le fléchissement de la progression de la demande dû à la crise économique globale, la baisse des prix du pétrole et la poursuite de l’accumulation de stocks déjà abondants ». Le rapport prévoit également que, au cours de la prochaine décennie, les prix devraient rester en dessous des niveaux records récents, en raison du ralentissement économique dans certains pays émergents.

MILKOMAX TRIPLE SA CAPACITÉ DE PRODUCTION Milkomax est le seul fabricant québécois de robots de traite et le seul fabricant mondial de systèmes automatisés pour la traite en stabulation entravée. La marque de son robot est Roboléo. Pour répondre à la demande actuelle, « Milkomax a investi dans une usine de 1300 m2 (14 000 pi2) et créé 20 nouveaux emplois au Québec ainsi que 5 nouveaux emplois en Ontario », peut-on lire dans un communiqué de l’entreprise. En Ontario, on compte déjà sept robots de Milkomax. Selon le fabricant, le fait que Milkomax se dirige vers le marché de l’exportation est révélateur de l’avenir de la stabulation entravée. Des pays tels que le Japon, la Russie, la Suède et les États-Unis auraient déjà démontré de l’intérêt pour des robots de traite pouvant fonctionner avec entraves, souligne l’entreprise. Pour plus d’information sur le Roboléo, visitez le site Web : milkomax.com. COOPERATEUR.COOP – SEPTEMBRE 2016

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BILLET ÉCONOMIQUE

LA RIGUEUR, TOUJOURS LA RIGUEUR PASCAL LABRANCHE, AGRONOME, COORDONNATEUR AGROÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT NUMÉRIQUE AGRICOLE, LA COOP FÉDÉRÉE PASCAL.LABRANCHE@LACOOP.COOP

n’obtiendrez sans doute pas. Vos résultats seront tristement différents de vos attentes. Autre exemple: vous calculez votre rentabilité sur le lait théorique de vos vaches, plutôt que le lait réellement produit. Encore une déception. Ce genre d’erreur se produit aussi en aviculture. Il y a souvent un f lou artistique autour des escomptes sur la moulée qui servent au calcul de la marge par kilogramme. Assurez-vous de travailler avec les bons montants accordés en escomptes. Même chose en productions végétales. Les rendements en maïs sont quelquefois calculés alors que le grain est encore au champ et humide. Les résultats seront faussement plus élevés que si le rendement était calculé, comme il se doit, sur du maïs sec. Quelle que soit votre production, il existe un petit truc facile pour savoir si les chiffres tiennent la route: si ça ne s’équilibre pas avec votre comptabilité, posez-vous des questions! Si vous souhaitez établir des comparaisons avec des valeurs qui sont publiées, vérifiez le nombre de fermes utilisées pour calculer celles-ci. Statistiquement, 12 fermes ne suffisent pas pour tirer des conclusions avec une marge d’erreur acceptable. Enfin, si vous utilisez une analyse économique et que vous la comparez avec une autre, prêtez attention à la rigueur de la méthodologie. Comme les calculs sont faits avec des données différentes, les résultats sont aussi différents, même s’ils portent le même nom. Vous pouvez être en train de comparer des pommes et des oranges, sans le savoir. Dans le doute, rappelez-vous ce dicton: si c’est trop beau pour être vrai, ce n’est probablement pas vrai. PHOTO : SUZANNE TURCOT

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vous promet des résultats spectaculaires si vous utilisez un produit? Évidemment! Alors, pourquoi ne pas utiliser tous ces produits en même temps ? Votre performance et votre rentabilité bondiraient! Malheureusement, le test de la réalité nous a tous appris que le succès obtenu dans un laboratoire, ou chez un petit nombre de producteurs sélectionnés, donne des résultats beaucoup plus variables dans la vraie vie. Ces résultats justifient trop souvent les prétentions de la publicité – mais à quoi bon si la majorité n’est pas capable de les reproduire? Alors, comment savoir si ce produit qui nous a été recommandé donnera les résultats escomptés ? Il n’y a qu’une seule façon : mesurer son efficacité avec rigueur et intégrité, même si la réponse ne fait pas toujours notre affaire. C’est dans ce but que le réseau La Coop offre des outils – tels que les tableaux mensuels, Agriscan et Aviscan – qui améliorent la rigueur de l’analyse de la rentabilité. La rigueur est moins spectaculaire, mais elle donne l’heure juste. À ce propos, on voit encore des analyses économiques qui, sans être fausses, ne disent pas toute la vérité sur les résultats réels. Les impacts financiers sont importants. Voic i quelques sit uat ions souvent observées. Vous voulez améliorer votre rentabilité par vache, mais vous ne tenez pas compte des frais de transport du lait ou des frais de plan conjoint. Vos résultats seront meilleurs qu’ils le sont en réalité. Vous utilisez un prix du lait moyen au lieu de tenir compte de votre situation réelle, en incluant, en plus, des primes que vous

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