MAI-JUIN 2013
Les héritiers de la gestion de l’offre préparent l’avenir
Agropur contre-attaque! Marchés
Perspectives du prix des grains
Céréales
Comment obtenir plus de vos fongicides
AVEC CIRCUMVENT® PCV M
VOUS OBTENEZ PLUS • PLUS DE TEMPS parce que c’est le seul vaccin prêt-à-utiliser qui protège à la fois contre le circovirus et le mycoplasme • PLUS DE COMMODITÉ à cause de sa formulation unique qui ne nécessite aucun mélange • PLUS D’ÉCONOMIES quand vous profitez de notre offre spéciale à durée limitée
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* Pour être admissible à cette offre, le producteur doit accumuler une remise totalisant au moins 150 $. La demande de remboursement doit également être reçue au plus tard le 19 juillet 2013.
Dossier En cou v ert ur e
48 Dossier
De l’or sur l’île d’Orléans 35
Les héritiers de la gestion de l’offre
sommaire MAI-JUIN 2013
Reportages
Éditorial – Billets 5 En t r e nous*
Femme eng agée
Denis Richard
14 Mireille Giguère
Expertise et compétences au service de la coopération
10 Pause-pensée* Colette Lebel
12 Faits et gestes*
Coopér at ion
Vincent Cloutier
16 Agropur contre-attaque !
Avec iögo, Agropur est passée à l’attaque.
22 Sur le plancher des vaches* Sylvain Boyer
40 C’est pas plus vert chez l’voisin Pascal Alary
14
porc
32
30 Filière porcine coopérative
Serge Pommier, conseiller scientifique, secteur porc frais, Olymel
Vol a il l e
35 De l’or sur l’île d’Orléans
Chroniques
Ferme avicole Orléans : plus grande que les individus qui la composent.
4 Quoi de neuf ?
M a rchés
6 Mél i-mél o
56 Perspectives du prix des grains Cuisinons l’avenir !
64 Décor at ion
Vie agr icol e
66 Da ns nos coops * For English version, please visit our website at www.lacoop. coop/cooperateur
60 L’AJRQ, pour joindre l’amical à l’animal Les temps forts de l’assemblée générale
A picult ur e
16
62 Lune de miel
Une production à haut potentiel de diversification
56
Articles techniques L ait
24 Fourrages
Mieux comprendre vos analyses… pour vos vaches et votre portefeuille
Où que vous soyez, vous pouvez maintenant avoir accès à votre magazine complet, version virtuelle, à l’adresse suivante : http ://issuu.com/ lecooperateuragricole Bonne lecture !
Porc
32 Quantité et qualité au sevrage Oui, c’est possible !
Productions végétales
41 La quête du rendement
Les plantes de couverture, un investissement rentable
30
60
44 Céréales
Comment obtenir plus de vos fongicides
QUOI DE Quoi de neuf ?
Volume 42, no 5, mai-juin 2013
Fusion de trois coopératives agricoles La Coop des Montérégiennes voit le jour Les conseils d’administration de La Coop St-André d’Acton, de La Coop Saint-Damase et de La Coop Excel ont fièrement annoncé le 29 mars dernier la fusion des trois entreprises, qui formeront une seule entité, La Coop des Montérégiennes, et dont le siège social sera situé à Granby. La date de démarrage de la nouvelle coopérative est le 1er novembre 2013. « Les trois coopératives sont très complémentaires et chacune y trouvera des avantages, a déclaré Ernest-William Gasser, président de la nouvelle entité. La Coop des Montérégiennes permettra d’atteindre des masses critiques dans nos secteurs d’activité, de consolider nos actifs, d’offrir une meilleure expertise et de bénéficier d’économies substantielles, pour en faire profiter les membres. Dans le contexte actuel, nous n’avons pas d’autre choix que de nous regrouper pour rester compétitifs et favoriser encore davantage l’intercoopération, que nous mettons déjà en pratique depuis quelques années. » « Les trois coopératives sont en bonne santé financière et autonomes, a ajouté pour sa part Christian Massé, directeur général de La Coop des Montérégiennes. Ce sera une fusion en partenariat, puisqu’il n’y a ni conquis ni conquérant. De telles conditions rendent cette transaction très positive. Les divers emplacements d’affaires resteront ouverts. » La Coop des Montérégiennes figurera parmi les 10 plus importantes coopératives agricoles de la province. Son chiffre d’affaires est estimé à 115 millions $. Elle emploiera plus de 100 personnes. Son nom lui vient des collines Montérégiennes, qui jalonnent un territoire s’étendant de Chambly à Eastman et de Saint-Nicéphore à Bedford.
Le Coopérateur agricole est publié neuf fois l’an par La Coop fédérée. Il est l’organe d’information de la coopération agricole québécoise. Directrice et rédactrice en chef
Guylaine Gagnon 514 858-2146 (ligne directe) guylaine.gagnon@lacoop.coop
Rédacteur et adjoint à l’édition
Patrick Dupuis, agr. 514 858-2044 (ligne directe) patrick.dupuis@lacoop.coop
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Ont cOllabOré à ce numérO Rédaction Jessy Blanchette, Yvon Boudreau, Sylvain Boyer, Denis Caron, Valérie Chabot, Vincent Cloutier, Hélène Cossette, Annick Delaquis, Étienne Gosselin, Pascal Larose, Lyne Lauzon, Colette Lebel, Nicolas Mesly, Céline Normandin, Sylvain Pagé, Denis Richard, Luc Roger, Esther Tardif Révision de texte : Georges O’Shaughnessy enr. Photographies et illustrations Pierre Cadoret, Bernard Diamant, Étienne Gosselin, Charles-Antoine Leblanc, Nicolas Mesly Conception et graphisme
Pierre Cadoret, Michaël Guimond Suzanne Turcot
Webmestre
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Photogravure et impression Interweb Inc. Photomontage de la page couverture Bernard Diamant Les photos, illustrations et textes publiés dans Le Coopérateur agricole et sur le site Internet de La Coop fédérée ne peuvent être réutilisés sans autorisation.
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Le conseil d’administration de La Coop des Montérégiennes est composé de : Ernest-William Gasser, président, Notre-Dame-de-Stanbridge, La Coop Excel; Patrick Guillet, premier vice-président, Saint-Damase, La Coop SaintDamase; Pierre Dénommée, deuxième vice-président, Acton Vale, La Coop St-André d’Acton; Jean Beauregard, administrateur, Saint-Damase, La Coop Saint-Damase; Guy Boisvert, administrateur, L’Avenir, La Coop St-André d’Acton; Sylvain Choquette, administrateur, Saint-Paul-d’Abbotsford, La Coop Saint-Damase; Bertrand Comeau, administrateur, Granby, La Coop Excel; Maxime Desmarais, administrateur, Saint-Théodore d’Acton, La Coop St-André d’Acton; Benoit Labrecque, administrateur, Saint-Valérien, La Coop Excel; Guy Labrecque, administrateur, Saint-Césaire, La Coop Excel; Suzanne Ostiguy, administratrice, Shefford, La Coop Excel; et Frédéric Paris, administrateur, Sainte-Cécile-de-Milton, La Coop Saint-Damase.
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Le Coopérateur agricole | MAI-JUIN 2013
Entre nous
Le printemps porcin
C
PHOTO : MARTINE DOYON
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e n’est pas pour rien que la plupart des grands artistes de l’hémisphère Nord ont chanté le printemps. De Jacques Brel à Édith Piaf, de Michel Fugain à Paul Piché, bon nombre de nos artistes contemporains ont été inspirés par la saison du renouveau et du retour à la vie. De toutes leurs œuvres, c’est assurément L’hymne au printemps de notre grand poète national, M. Félix Leclerc, qui me touche le plus. Plus récemment, et toujours dans l’optique du changement, il y a aussi eu le printemps arabe et, l’an dernier, le printemps érable, qui, tout en invoquant le changement, se sont avérés moins poétiques. Je crois que nous sommes maintenant mûrs pour un printemps porcin. Heureusement, nous n’avons pas attendu que le temps passe pour susciter le changement. La Filière porcine coopérative en est maintenant à sa deuxième année, et nous avons tenu le 5 avril dernier notre deuxième assemblée générale annuelle. Aujourd’hui, la Filière compte 203 productrices et producteurs de porcs ayant adhéré à ce projet d’avenir, et leur confiance et leur passion constituent le moteur de nos actions. Il faut prendre acte que l’approche filière, très commune dans l’industrie agroalimentaire, prend une couleur particulière quand elle est gouvernée en coopération. Son succès est basé sur la confiance et la concertation de ses membres, car la gouvernance de la Filière est assurée par des producteurs démocratiquement élus au sein d’un comité de coordination, et elle exige une collaboration de tous les maillons de la chaîne. Par ailleurs, elle est d’autant plus pertinente qu’elle permet à ces derniers de réaliser des gains de productivité tout au long de la chaîne d’approvisionnement – qu’il s’agisse de génétique, d’alimentation animale ou de conduite d’élevage, de transport ou de transformation – et de générer des surplus qui sont ensuite répartis entre les différents intervenants.
Les producteurs qui ont librement adhéré à la Filière porcine coopérative sont très majoritairement d’accord pour dire que son avènement n’était pas « la moins pire des solutions » face aux difficultés vécues ces dernières années; pas plus que la Filière ne représentait une « perte d’autonomie » pour eux, qui sont de fiers entrepreneurs. Bref, cette mise en commun des forces et des intérêts redonne certainement tout son sens au mot « coopération », et là comme ailleurs la coopération fait ses preuves. Des exemples ? Depuis sa mise en place, l’approche filière coopérative, par l’amélioration marquée de la qualité de la viande qui en a découlée, a permis de reconquérir des marchés auprès de nos importants clients japonais. Plus récemment, l’important marché chinois a pris l’orientation de ne plus acheter de viande de porcs ayant consommé des aliments contenant de la ractopamine (Paylean). Cette année, c’est au tour de la Russie, deuxième marché d’exportation de produits de porc canadiens, de prendre cette orientation. C’est un enjeu de taille qui se présente dans la commercialisation des coupes de porc dans des marchés stratégiques. Le comité de coordination de la Filière a été en mesure d’élaborer une stratégie de compensation des producteurs pour effectuer le retrait du Paylean à l’abattoir de Vallée-Jonction. Cette démarche collaborative a permis de réagir rapidement à cette orientation et de s’adapter aux demandes des marchés, sans que les producteurs soient pénalisés. Les actions de la Filière porcine coopérative permettent sans contredit de faire évoluer plus rapidement notre industrie en fonction des besoins de nos clients et de créer de la valeur. Créer de la valeur, ensemble dans un partenariat producteurs, coopératives d’approvisionnement et Olymel, voilà ce qui fait de la Filière porcine coopérative une filière concurrentielle, et ce, tant au bénéfice des producteurs que des consommateurs. Quel meilleur exemple pour illustrer la pertinence de notre slogan: «Imaginez ce qu’on pourrait réussir ensemble ! » Bon printemps !
Denis Richard Président, La Coop fédérée denis.richard@lacoop.coop MAI-JUIN 2013 | Le Coopérateur agricole
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Méli-mélo
Levée d’une interdiction frappant la volaille Taïwan a récemment levé l’interdiction d’importer de la volaille et des produits avicoles de la Saskatchewan. Cette interdiction avait été imposée en septembre 2007, après la détection d’un foyer d’influenza aviaire à déclaration obligatoire (IADO). La province a été déclarée exempte d’IADO par l’Organisation mondiale de la santé animale en 2008. Un communiqué du gouvernement fédéral indique que la valeur du marché de la volaille de Taïwan a augmenté de 84 % de 2007 à 2011. Taïwan est le cinquième marché d’exportation de volaille et de produits avicoles du Canada. Ses importations se sont chiffrées à 77,4 millions de dollars de janvier à novembre 2012. L’interdiction d’importation frappait uniquement la volaille et les produits avicoles de la Saskatchewan. Le reste du Canada a continué d’avoir accès au marché de Taïwan pendant cette période. (FAC)
Canards du Lac Brome et Citadelle Citadelle, coopérative de producteurs de sirop d’érable a récemment annoncé que son concept de bistro-boutique Les Délices de l’érable se retrouve maintenant à l’intérieur du nouveau magasin Canard du Lac Brome situé au 4396, boulevard Saint-Laurent, à Montréal. (Le Coopérateur acéricole)
Récolte record de canneberges
PHOTO : PIERRE CADORET
L’Association des producteurs de canneberges du Québec a fait part que la récolte totale pour la saison 2012 s’élève à 185 468 000 livres de fruits, soit une augmentation du rendement à l’acre de 30 % par rapport à l’année 2011. Le rendement moyen est passé de 20 000 livres de canneberges à l’acre en 2011 à 26 000 livres en 2012. Du côté de la production de canneberges biologiques, le volume de fruits récoltés a augmenté de 32 % par rapport à l’année 2011, passant de 15 928 000 à 21 038 000 livres en 2012. La qualité du suivi de production (dépistage et suivi agronomique) et l’expertise de plus en plus grande des producteurs, jumelées à d’excellentes conditions climatiques, ont été des facteurs déterminants pour cette récolte record de 2012. (www.notrecanneberge.com et Le Coopérateur acéricole)
2013, Année internationale du quinoa Le quinoa, le « super-aliment » andin, une pseudocéréale que distinguent sa haute valeur nutritive et sa richesse en protéines et micronutriments, peut remplir un rôle important pour éliminer la faim, la malnutrition et la pauvreté, a indiqué José Graziano da Silva, directeur général de la FAO, lors du lancement officiel de l’Année internationale du quinoa. C’est le seul aliment végétal qui renferme à la fois tous les acides aminés essentiels ainsi que des oligoéléments et des vitamines. La plante s’adapte à différents climats et environnements écologiques. Résistante à la sécheresse, à la pauvreté des sols et à une salinité élevée, elle se cultive au niveau de la mer comme à 4000 m d’altitude et résiste à des températures comprises entre – 8 et 38 °C. Alors que le monde doit relever le défi de produire plus d’aliments de qualité pour nourrir une population croissante dans un contexte de changements climatiques, le quinoa offre une source de nourriture de substitution pour les pays souffrant d’insécurité alimentaire. Pour les civilisations précolombiennes des Andes, il avait une grande importance nutritionnelle et venait en deuxième position après la pomme de terre. Traditionnellement, les graines de quinoa sont torréfiées puis transformées en farine pour la fabrication du pain. Le quinoa peut également être cuit, ajouté aux soupes, consommé comme une céréale, transformé en pâtes, et même fermenté pour produire une boisson similaire à la bière appelée chicha, la boisson traditionnelle des Andes. Aujourd’hui, le quinoa a trouvé ses marques dans la cuisine gastronomique ainsi qu’un rôle dans l’industrie pharmaceutique et d’autres industries. Désormais, sa culture s’étend au-delà de la région andine : outre en Bolivie, au Pérou, en Équateur, au Chili, en Colombie et en Argentine, il est cultivé aux États-Unis, au Canada, en France, au Royaume-Uni, en Suède, au Danemark, en Italie, au Kenya et en Inde. (FAO)
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Le Coopérateur agricole | MAI-JUIN 2013
Selon MOTOR TREND
LE TOUT NOUVEAU RAM 1500 2013
Le prix de Camion de l’année selon Motor Trend ® pèse plus lourd que toute autre récompense dans l’industrie. Parce que chaque camion est évalué selon six critères clés : la sécurité, l’efficacité, le rapport qualité-prix, l’évolution en matière de design, l’excellence de l’ingénierie et la fonctionnalité. Le tout nouveau Ram 1500 2013 a surclassé tous ses concurrents. Pas étonnant que Motor Trend lui décerne la récompense ultime.
CAMIONRAM.CA
Haute direction : les femmes et les minorités encore sous-représentées
PHOTO : INGIMAGE
À Montréal, une entreprise sur trois ne compte aucune femme à un poste de haute direction, et bien que les minorités visibles constituent près du quart de la population, une maigre proportion de leurs membres se retrouvent à des postes de hauts dirigeants. C’est ce que révèle une étude menée par des chercheurs de la Faculté de gestion Desautels de l’Université McGill et de l’Institut de la diversité de l’Université Ryerson. Du côté des femmes, qui ont certes gagné du terrain en matière de leadership, elles occupent 31,2 % des postes de haute direction dans la région de Montréal. Quant aux minorités visibles, qui constituent 22,5 % la population montréalaise, seulement 5,9 % de leurs membres occupent des postes de haut dirigeants. L’étude révèle aussi que les femmes occupent en moyenne 47,2 % des postes de direction dans les organismes, les conseils et les commissions, mais que leur proportion chute à 15,1 % dans les grandes entreprises privées. Les professionnels issus des minorités visibles composent quant à eux 11,4 % des dirigeants d’organisations sans but lucratif et seulement 2,6 % de ceux d’entreprises des secteurs public et privé. Les femmes issues des minorités visibles – 11,5 % de la population de l’agglomération montréalaise – occupent actuellement à peine 1,9 % des postes de direction dans l’ensemble des secteurs. Des recherches antérieures ont établi un lien évident entre la diversité en matière de leadership et certains avantages sur les plans social et économique. Ces femmes améliorent la performance financière des organismes et stimulent l’innovation, et il existe plusieurs autres avantages bien documentés. Les organismes qui se démarquent conçoivent la diversité et l’inclusion comme des exigences stratégiques qui façonnent toutes leurs activités. (Novae)
BASF Un nouvel herbicide homologué pour le soya tolérant au glyphosate Les producteurs cherchant à maximiser le rendement de leurs cultures de soya résistant au glyphosate peuvent maintenant bénéficier d’un nouvel outil dans leur arsenal. BASF Canada a indiqué que l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) enregistre l’herbicide OPTILL pour son application sur les cultures de soya au cours de la saison 2013. OPTILL est un herbicide de présemis pour les cultures de soya qui offre un brûlage rapide et une suppression résiduelle supérieure des graminées et des mauvaises herbes à feuilles larges. Les résultats d’essais pour OPTILL avant l’homologation démontrent une augmentation en matière de rendement d’au moins deux ou trois boisseaux à l’acre par rapport à l’utilisation du glyphosate seulement.
CRAAQ Nouvelle parution sur l’élevage des grands gibiers Le Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec a publié un nouveau guide d’élevage – Les grands gibiers domestiques – composé de 21 feuillets techniques distincts qui traitent des différents aspects de l’élevage du cerf rouge, du wapiti, du bison et du sanglier. Fruit du travail d’une vingtaine d’auteurs et de collaborateurs, parmi lesquels des conseillers, des chercheurs, des médecins vétérinaires et des producteurs, ce guide s’intéresse à la gestion de la reproduction, aux principales maladies, à l’alimentation et aux installations d’élevage de chacune des espèces. Le démarrage d’une entreprise, les principes de base qui sous-tendent la sélection et l’amélioration génétique, la médecine préventive, la viande et la commercialisation des produits de grands gibiers figurent aussi parmi les sujets proposés. (CRAAQ)
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Le Coopérateur agricole | MAI-JUIN 2013
Si la tendance se maintient… Selon le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), le jour de l’année où l’humanité a consommé la totalité des ressources que la planète est capable de produire en un an était : En 1987, le 19 décembre En 1995, le 21 novembre En 2005, le 2 octobre En 2008, le 23 septembre Et sera, en 2050, le 30 juin. Qui plus est, si tous les habitants de la planète consommaient autant que les Canadiens, nous serions à court de ressources le 1er avril... (UQAC)
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Pau s e - p e n s é e
N’achetez pas cette veste !
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PHOTO : MARTINE DOYON
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ans la démarche de planification stratégique du réseau, au nombre des questions fondamentales soulevées par les participants, il y a celle-ci : « Par quels critères devons-nous mesurer la performance des coopératives ? » Voilà une question fort pertinente, qui se pose d’ailleurs dans bien d’autres entreprises, qu’elles soient coopératives ou non. Comment devrait-on mesurer le succès en affaires ? L’entreprise de plein air Patagonia n’a pas encore de réponse très claire, mais elle a le courage d’aborder franchement la réflexion. Patagonia vient de lancer une campagne de communication visant à redéfinir le succès d’entreprise. Elle ne veut pas mesurer son propre succès par le nombre toujours plus grand d’objets vendus, et elle demande au consommateur de ne pas acheter ce dont il n’a pas vraiment besoin. Pour faire passer son message, elle voue sa fonction marketing à la sensibilisation et à l’éducation. Surprenant, certes. Mais chose certaine, l’entreprise fait parler d’elle ces temps-ci. Et pour les bonnes raisons. Chaque année depuis 2006, les détaillants américains unissent leurs forces dans une grande campagne de marketing qui invite tous les consommateurs à faire massivement des achats en ligne au cours d’une journée spéciale qu’ils appellent le « Cyber Monday ». Or cette année, Patagonia s’inscrit en faux et défie cette culture de consommation à outrance stimulée par le Cyber Monday. Une telle effervescence commerciale, remarque-t-elle, va à l’encontre du bon sens. Patagonia a lancé sa propre campagne de marketing : « N’achetez pas cette veste ! » En vedette, un vêtement figurant au palmarès de ses meilleures ventes. C’est bien sûr une boutade : Patagonia vend toujours sa fameuse veste ! Mais on apprend qu’elle contient 60 % de polyester recyclé, qu’elle est fabriquée selon de hauts standards pour durer longtemps et que l’entreprise
Le Coopérateur agricole | MAI-JUIN 2013
la reprend en fin de vie pour la recycler encore. Malgré tout, la fabrication de cette veste, qu’on pourrait qualifier de durable, exige 135 litres d’eau (assez pour satisfaire les besoins quotidiens de 45 personnes), son transport émet près de 10 kilos de dioxyde de carbone (20 fois le poids du produit fini), et elle laisse les deux tiers de son poids en résidus non réutilisables lors de son recyclage. Patagonia souligne que la veste, comme tous les articles qu’elle vend, s’accompagne d’un coût environnemental et social bien plus élevé que sa valeur marchande. Une réalité qu’on oublie souvent. L’entreprise veut faire réfléchir ses clients. Car de toute façon, la consommation de biens à outrance ne rend pas heureux; elle rend plutôt « dépendant, comme une drogue », dit Vincent Stanley, vice-président au marketing de Patagonia. D’où l’urgence de trouver d’autres mesures du succès d’entreprise, qui seraient davantage liées au bien-être des gens. N’achetez pas un article sans y réfléchir à deux fois: en avez-vous vraiment besoin? Question folle de la part d’une entreprise ? Pas tant que cela. En tout cas, pas pour nous qui sommes du monde coopératif. La coopérative est là pour fournir à ses membres les produits et services dont ils ont besoin, et non pour les faire dépenser le plus possible ! C’est d’ailleurs sur cette base que l’on peut soutenir que les experts-conseils en agroenvironnement « liés » à une coopérative ne sont pas une menace à la qualité des services professionnels rendus aux coopérateurs. Bien au contraire. Car dans le réseau La Coop, le véritable employeur, c’est ultimement notre agriculteur membre. C’est à lui que nous devons loyauté. Et c’est son succès que nous recherchons. Comment donc mesurer la performance des coopératives du réseau ? Considérons leur participation au tissu social et à l’occupation du territoire dans les régions rurales, à la création d’emplois de qualité, au dynamisme économique des collectivités et à la protection d’une agriculture à échelle humaine. Ce sont là d’extraordinaires contributions au maintien d’un milieu de vie stimulant et agréable pour tous. Or, n’est-ce pas là ce qui importe vraiment ? Colette Lebel, agronome Directrice des affaires coopératives La Coop fédérée Courriel : colette.lebel@lacoop.coop Télécopieur : 514 850-2567
C’est parce qu’on ne peut pas tous se payer cela, qu’il y a le fongicide Quilt. Quilt® met plus de rendement à votre portée. Appliqué à l’aide d’un pulvérisateur terrestre entre les stades de 5 à 8 feuilles de la culture, Quilt stimule le rendement du maïs bien avant le stade de la panicule. Les essais menés en 2012 montrent que les champs de maïs traités avec Quilt à un stade hâtif produisent 377 kg par hectare de plus que les champs non traités. Les deux modes d’action de Quilt vous permettent de mieux gérer la résistance et vous pouvez le mélanger en réservoir avec un herbicide pour une application en saison. Avec Quilt, c’est votre maïs qui décollera !
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Fa i t s e t g e s t e s
Par Vincent Cloutier, agronome, MBA
Directeur affaires agricoles et économiste principal La Coop fédérée
Un autre avantage du boum asiatique
vincent.cloutier@lacoop.coop
De nombreux facteurs militent en faveur d’une hausse durable des prix alimentaires à l’échelle mondiale. Les secteurs sous gestion de l’offre, peu exposés à la dynamique des marchés mondiaux, voient défiler ces tendances au loin. L’impact des Chinois sur la consommation mondiale de poulet et de produits laitiers signifie-t-il quelque chose pour nous ?
L
e poulet est la viande dont la consommation augmente le plus rapidement dans le monde. Le USDA s’attend à ce que la demande continue de se raffermir au cours des prochaines décennies et que les échanges mondiaux de poulet augmentent de 30 % d’ici 2021. Des prévisions cohérentes avec le rythme d’enfer auquel naissent les Poulet frit Kentucky en Chine. Il en est de même pour les produits laitiers. En faible croissance dans les
… une augmentation structurelle des prix sur les marchés mondiaux est donc potentiellement bénéfique pour la gestion de l’offre …
PHOTO : PIERRE CADORET
pays industrialisés, la consommation de protéines laitières a la cote dans les économies émergentes. Selon des estimations récentes de la Rabobank, la consommation de produits laitiers augmentera rapidement au cours des prochaines décennies. L’OCDE évalue cette hausse de consommation à quelque 35 % d’ici 10 ans. Cette augmentation de la demande de protéines laitières et de poulet est susceptible d’aboutir à une hausse structurelle des prix sur les marchés mondiaux. Les pays fortement exportateurs salivent Prix intérieur ($ CAN)
Prix importation ($ CAN)
Prix États-Unis ($ US)
16 000 14 000
$/ tonne métrique
Évolution des prix de la poitrine de poulet désossée
12 000 10 000 8 000 6 000 4 000 2 000 0
Janvier 2006
Janvier 2007
Janvier 2008
Janvier 2009
Janvier 2010
Janvier 2011
Janvier 2012
Sources : Express Market inc., Banque du Canada et calculs de Groupe AGECO
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à cette idée. Comprenons-nous bien: les prix qu’ils recevront pour les produits qu’ils exportent actuellement – et qu’ils exporteront au cours des prochaines années – ne sont nullement comparables à ceux en vigueur au Canada. Oublions donc de facto l’idée de tirer profit à grande échelle de ces marchés. De toute façon, gestion de l’offre et exportation ne font pas bon ménage. Cela étant, quel est l’impact sur la gestion de l’offre d’une hausse potentielle des prix sur les marchés mondiaux, à l’égard de l’étanchéité du mur tarifaire? Le graphique de cette page montre l’évolution de la protection procurée par les tarifs douaniers dans le secteur de la volaille (poitrine de poulet désossée). Le prix d’importation (ligne or) est calculé en additionnant au prix mondial (ligne bleue) les frais de transport, les effets de change et le tarif douanier. Plus le prix mondial est élevé, plus le prix d’importation est élevé et meilleure est la protection offerte par le mur tarifaire. Toutes choses égales par ailleurs, une augmentation structurelle des prix sur les marchés mondiaux est donc potentiellement bénéfique pour la gestion de l’offre, car elle améliore la protection procurée par les tarifs. Il demeure toutefois que la forte volatilité des prix mondiaux, couplée à la marge de manœuvre relativement faible procurée par les tarifs, pressurise le système. Non seulement toute baisse de tarif serait préjudiciable, mais la tendance à l’augmentation des prix sur le marché intérieur pourra difficilement se maintenir, pour de strictes raisons mathématiques. C’est vrai pour tous les produits sous gestion de l’offre. Certains font remarquer qu’une hausse tellement importante du prix des produits laitiers et de la volaille pourrait faire diminuer l’intérêt des producteurs canadiens envers la gestion de l’offre. Prévision digne d’un monde de Calinours… La différence de prix entre les marchés international et intérieur étant tellement importante (quasiment du simple au triple), ce n’est pas près de se produire. On peut même affirmer avec confiance que ça ne se produira jamais, en tout cas pas tant que le prix demeurera fixé en fonction du coût de production.
Le Coopérateur agricole | MAI-JUIN 2013
Pour plus d’informations, une conférence de l’auteur sur les négociations commerciales est accessible au lien suivant : http ://t.co/YZ5ga7QZsH
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Fe m m e e n g ag é e
Par Hélène Cossette
Expertise et compétences au service de la coopération
Mireille Giguère entame son deuxième mandat à titre d’administratrice à La Coop Pré-Vert. Comme beaucoup de femmes engagées, elle demeure bien modeste quant à l’importance de sa contribution.
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PHOTO : VIRAGE MULTIMÉDIA
ourtant, la coopératrice apporte une expertise non négligeable à cette coopérative dont le chiffre d’affaires dépasse 21 millions $. Élevée dans une ferme avec ses trois frères, Mireille Giguère est en effet devenue copropriétaire, en 2001, de la ferme laitière de son conjoint, François Cantin, située à Tingwick. Du coup, elle est aussi devenue membre de La Coop Pré-Vert. Elle était active et assistait assidûment aux assemblées annuelles et aux différentes activités. De plus, ayant été secrétaire-trésorière et présidente de l’Association de la relève agricole des Bois-Francs ainsi que membre et présidente du conseil d’établissement de l’école élémentaire de ses quatre enfants, l’agricultrice était déjà bien rompue au fonctionnement des instances
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démocratiques. Possédant un baccalauréat en comptabilité de l’Université de Sherbrooke, un titre de CGA et 10 ans d’expérience en cabinet comptable, elle avait aussi toutes les compétences requises pour siéger au comité de vérification. Ce n’est donc pas un hasard si Marie Chouinard – administratrice qui a été la toute première présidente de conseil du réseau La Coop – l’avait dans sa mire comme relève potentielle. Lors d’un colloque des coopératrices, au début des années 2000, Marie Chouinard et Aline Lavallée (qui siège toujours au CA) ont semé dans son esprit le germe d’un engagement éventuel. «Mes enfants étaient très jeunes à l’époque», relate la principale intéressée. «Je n’étais pas rendue là, mais je les voyais venir!» ajoute-t-elle en riant. Lorsque Marie Chouinard lui a officiellement demandé de lui succéder, en 2010, elle a d’abord hésité en raison de son engagement bénévole en milieu scolaire. « Comme mon mandat de présidente arrivait à terme, j’ai finalement accepté, en me disant qu’une telle occasion ne se représenterait peut-être pas de sitôt. » Trois ans plus tard, elle apprécie toujours le fait de pouvoir prendre part aux décisions qui concernent sa coopérative. Quant à son avenir au conseil, elle ne dit pas non à la possibilité d’assumer un jour de plus grandes responsabilités. Pour l’heure, toutefois, ses obligations familiales, ses mandats de comptabilité pour les entreprises agricoles de ses frères et sa charge de travail quotidienne lui laissent bien peu de répit. N’ayant pas d’employés, son conjoint et elle se partagent le gros du boulot, et les enfants (respectivement âgés de 10, 12, 14 et 15 ans) ont chacun leur petite tâche. « Ça les fait sortir de la maison et des jeux vidéo ! » se réjouit leur maman. Elle espère aussi que l’un d’eux aura un jour envie de s’investir davantage dans l’entreprise familiale, « mais pas avant d’avoir obtenu un diplôme », insiste-t-elle. Lauréats de l’Ordre national du mérite agricole dans la catégorie Argent en 2011, les CantinGiguère s’efforcent constamment d’améliorer leur entreprise, qui compte 125 hectares et un cheptel de 95 bovins Holstein. Victimes d’un incendie en 2003, ils en ont profité pour reconstruire des bâtiments plus fonctionnels et pour renouveler l‘équipement. D’année en année, ils améliorent aussi le drainage et la productivité des champs. « Notre but n’est pas de grossir. Mais si jamais un des enfants prend la relève, on ne veut pas être trop endettés au moment du transfert. »
Du domaine agricole à l’exploitation minière, le Super Duty est le camion idéal pour ceux qui accomplissent les boulots les plus durs dans les secteurs les plus difficiles±. Nous croyons au travail bien fait autant que vous. Avec la meilleure puissance†, la meilleure capacité de remorquage traditionnel‡ et la meilleure économie de carburant* de sa catégorie, vous en avez la preuve. Voyez son taux de popularité par rapport aux camions concurrents et racontez-nous comment vous êtes dur à l’ouvrage à ford.ca/DursalOuvrage.
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EXPLOITATION MINIÈRE
FORESTERIE
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SUPER DUTY
SILVERADO HD
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EN TÊTE DE LA CATÉGORIE : PUISSANCE†, CAPACITÉ DE REMORQUAGE TRADITIONNEL‡ ET ÉCONOMIE DE CARBURANT* Puissance maximale de 385 ch lorsque le véhicule est équipé d’un moteur à essence et de 400 ch lorsqu’il est équipé d’un moteur diesel pour les F-250 et F-350. Catégorie : camionnettes grand gabarit dont le PTAC est supérieur à 3 855 kg (8 500 lb) comparativement aux véhicules des années-modèles 2012 et 2013 offerts par la concurrence. ‡ Capacité de remorquage traditionnel maximale de 8 391 kg (18 500 lb) pour le F-350 lorsque les véhicules sont dotés de l’équipement approprié. Catégorie : camionnettes grand gabarit dont le PTAC est supérieur à 3 855 kg (8 500 lb) comparativement aux véhicules concurrents.* Comparaison établie à la suite d’essais de conduite sur route avec des véhicules Ford et des modèles offerts par la concurrence et dotés d’équipements comparables. Catégorie : camionnettes grand gabarit dont le PTAC est supérieur à 3 855 kg (8 500 lb). Pourcentage basé sur les nouvelles ventes répertoriées par Polk aux É.-U. et combinées pour les camionnettes service dur et les châssis-cabines traditionnels de 2 à 5 places (n d’année 2011 à cumul annuel juin 2012) dans les secteurs suivants aux États-Unis : exploitation de mines/carrières, exploitation de mines/carrières ‒ minerais non métalliques, production agricole/élevage. ©2013 Ford du Canada Limitée. Tous droits réservés. †
C o o p é r at i o n
Par Céline Normantin
Agropur contre-attaque ! PHOTOS : AGROPUR
Avec iögo, la coopérative Agropur est passée à l’attaque, et elle n’a pas l’intention de rester assise sur ses lauriers.
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es attentes étaient grandes pour Agropur après une année 2012 des plus mouvementée. À la même époque l’an dernier, la situation demeurait incertaine quant à l’implication de la coopérative dans Yoplait. De plus, un nouveau dirigeant, Robert Coallier, prenait les rênes à la suite du départ à la retraite de Pierre Claprood, qui a travaillé 30 ans chez Agropur, dont 8 comme chef de la direction.
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La coopérative a toutefois su rassurer ses membres en présentant, lors de l’assemblée générale annuelle de 2012, un chiffre d’affaires record, en plus de répondre aux attentes avec son nouveau produit iögo. L’ambiance dans les couloirs attenants à la salle où se tenait l’assemblée reflétait d’ailleurs ce bilan. Le ton était bon enfant et décontracté, et beaucoup savouraient avec gourmandise les produits iögo qui leur étaient offerts. Pour l’année financière 2012, Agropur a présenté un chiffre d’affaires de 3,7 milliards $, en hausse de 5,1 % par rapport à l’exercice financier 2011. L’excédent avant intérêts, impôts, amortissement et coentreprises s’est, pour sa part, maintenu à 246,8 millions $, en légère hausse de 1,8 million $.
Le parcours de l’année n’est toutefois pas parfait, puisque le lancement de iögo et les investissements en Argentine ont eu un impact sur les finances de la coopérative, entre autres sur les ristournes versées aux membres. Celles-ci ont reculé de 8,1 % par rapport à 2011, mais demeurent supérieures à la centaine de millions, à 101,6 millions $.
Renforcer la position d’Agropur À l’image du slogan adopté en 2012, « Ensemble pour gagner », les mots « concurrence », « efficacité » et « contrôle des dépenses » sont revenus plus d’une fois dans le discours du président et dans celui du chef de la direction. L’assemblée a d’ailleurs commencé avec la nouvelle de la fusion entre Agropur et une coopérative de producteurs laitiers des provinces de l’Atlantique, Farmers Co-operative Dairy Limited. Cette dernière, qui compte trois usines et affiche un chiffre d’affaires annuel de 176 millions $, regroupe 116 membres de TerreNeuve-et-Labrador et de la Nouvelle-Écosse. Selon le président, Serge Riendeau, cette transaction permettra à Agropur de renforcer ses activités de transformation de lait et de mieux répondre aux attentes des clients. Elle vise également à développer la présence du mouvement coopératif au pays. Les dirigeants ont évoqué la concurrence de plus en plus vive dans l’industrie agroalimentaire et le devoir d’Agropur d’augmenter sa compétitivité. Ces derniers ont d’ailleurs annoncé un ambitieux objectif qui vise à augmenter l’excédent avant intérêts, impôts et amortissement et coentreprises de 75 millions $ dans les trois prochaines années. « La croissance des revenus et celle de la rentabilité ont été fixées comme axes stratégiques, ainsi que la mise en place de nouvelles pratiques pour faire face à la nouvelle réalité d’affaires », a déclaré le chef de la direction, un discours qui a été salué par l’assistance. La coopérative a amorcé à cette fin une grande opération de réflexion avec ses employés. Appelée Agropur 2015, la démarche à l’interne a établi 25 projets concentrés autour de cinq piliers : stratégie des marques, niveau d’innovation, leadership en matière de coûts, ressources humaines et stratégie internationale. Cinq nouveaux postes ont été créés à la direction en réponse à cette réflexion et un projet de modernisation du système informatique (projet ERP) est sur la planche à dessin pour l’adapter à une entreprise « de classe mondiale ».
Les membres ont aussi entrepris une démarche de réflexion stratégique, à l’automne 2012. Ils seront interrogés sur le caractère identitaire, les valeurs et le modèle de gouvernance, ce qui servira de balises au conseil d’administration. L’opération se terminera avec la prochaine assemblée annuelle, en 2014.
Malgré quelques défis qui ont occupé les dirigeants d’Agropur durant l’année 2012, le président, Serge Riendeau, et le chef de la direction, Robert Coallier, ont su rassurer leurs membres en présentant un chiffre d’affaires record en plus de répondre aux attentes avec le nouveau produit iögo.
Lancement de iögo Le fait marquant de la dernière année financière demeure le lancement de iögo, en août 2012. La raison est que General Mills, copropriétaire de Yoplait avec la coopérative française Sodiaal et nouvellement acquéreuse de l’entreprise québécoise Liberté, menaçait de retirer la franchise Yoplait à Agropur, qui la détenait depuis 40 ans. Agropur et Agrifoods ont finalement obtenu un contrat de co-emballage de six ans avec Yoplait, en plus du droit de lancer leur propre marque de yogourt. Serge Riendeau a salué la réponse de son partenaire Agrifoods, qui a sauté dans l’aventure de iögo alors que la quasi-totalité de ses revenus provient de ce secteur, en comparaison de 4 % pour Agropur. La coentreprise Ultima a reçu le mandat de fabriquer et de commercialiser les nouveaux produits. L’audace d’Agropur et d’Agrifoods s’avère pour le moment judicieuse, malgré la somme record de 90 millions$ investie dans le lancement de iögo. Selon le chef de la direction, Robert Coallier, la nouvelle marque avait dépassé les objectifs prévus et occupait 12% du marché canadien deux mois après son lancement. «La première bataille a été gagnée», dit-il. La coopérative n’entend pas s’arrêter en si bon chemin et voudrait voir iögo accaparer de 20 à 25 % du marché canadien d’ici 18 à 24 mois.
Seulement deux mois après son lancement, la nouvelle marque iögo avait dépassé les objectifs prévus et occupait 12 % du marché canadien.
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L’assemblée générale, qui s’est tenue le 13 février dernier, a commencé avec la nouvelle de la fusion entre Agropur et Farmers Co-operative Dairy Limited, une coopérative de producteurs laitiers des provinces de l’Atlantique.
« Notre objectif est d’être le plus grand fabricant canadien de yogourt », a déclaré M. Coallier. « Il ne s’agit pas d’une campagne éphémère, a renchéri M. Riendeau. Il ne s’était rien passé de nouveau depuis des années dans ce marché. Avec iögo, nous avons attaqué les fondements de l’industrie, qui se voit obligée de réagir. » Si la réponse des consommateurs envers iögo a de quoi réjouir Agropur, elle la force aussi à revoir ses investissements à l’usine Ultima de Granby afin de répondre à la demande et de respecter ses engagements du printemps 2012 envers General Mills, soit produire les yogourts Yoplait pendant six ans encore. La coopérative entend dépenser 22 millions $ au cours de l’année 2013, somme qui s’ajoute aux 10 millions déjà investis, afin d’augmenter la capacité des installations. Agropur a aussi revu le fonctionnement de certaines de ses divisions. Toujours dans le but de mieux affronter la concurrence, elle compte établir la liste de ses produits de spécialité les plus rentables et ceux dont le potentiel est le plus important pour en faire des chefs de file de leur catégorie. C’est dans cet esprit qu’elle a regroupé la Division fromages fins et la Division fromages et ingrédients sous une même entité, appelée fromages et ingrédients. Celle-ci compte quatre unités d’affaires.
L’Amérique du Nord dans la mire Le marché international demeure toujours dans la mire d’Agropur, qui a toutefois précisé qu’elle concentrerait pour l’instant ses efforts en Amérique du Nord, la coopérative ayant décidé de se retirer de La Lácteo. La coentreprise, formée en 2007 avec son partenaire argentin Adecoagro, est actuellement à vendre. Parmi les raisons invoquées, elle a nommé l’incertitude économique et politique en Argentine, tout en admettant avoir sous-estimé les investissements requis. La décision a entraîné une radiation de 9,1 millions$, une perte qui pourrait augmenter si Agropur ne trouve pas d’acheteur. « La consolidation dans le marché américain offre des occasions, et nous entendons en
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tirer profit », a dit Robert Coallier. Le chiffre d’affaires d’Agropur réalisé aux États-Unis, pays où la production laitière est la plus importante au monde, a d’ailleurs augmenté de 1 milliard $ depuis l’exercice 2007, et plus de 28 % de ses revenus provenaient de ce pays voisin en 2012. Agropur réalise le plus important investissement de son histoire en injectant 108 millions $ dans son usine de Luxemburg, au Wisconsin, pour moderniser les équipements et augmenter la capacité. D’autres projets y sont à l’étude.
75 ans d’histoire Le banquet de l’assemblée générale annuelle a été le premier événement marquant le 75e anniversaire d’Agropur. Pour l’année 2013, la coopérative a adopté le slogan « 75 ans de passion », qui vise à souligner son implication sociale et à renforcer sa position comme coopérative laitière auprès des collectivités, au niveau local ou à plus grande échelle. Même si l’année en cours sera marquée par la fête, les défis demeurent nombreux. Les membres ont exprimé leurs inquiétudes quant aux discussions entourant une entente de libre-échange entre le Canada et l’Europe. Serge Riendeau a répondu que la coopérative avait fait connaître aux gouvernements sa position sur le système canadien de gestion de l’offre. « Ce système a toujours sa place et est performant », a-t-il souligné. Il a ajouté que la Chambre des communes avait soutenu par un vote le système actuel et qu’Agropur surveillera de près la série finale de négociations entre le Canada et l’Europe. Agropur pourra compter sur un bilan financier solide, selon le vice-président principal et chef de la direction financière, Jocelyn Lauzière. Le marché des produits laitiers comporte plusieurs défis, dont la pression et la volatilité des prix du lait et des produits de lactosérum, ainsi que la variation du dollar canadien par rapport au dollar américain. M. Lauzière prévoit tout de même une croissance des résultats dans les prochaines années. u
75
ans et plus actuelle que jamais
Agropur a toujours été un cas d’espèce, et ce, dès sa fondation, en 1938. À l’époque, l’ancêtre d’Agropur détonnait déjà dans le paysage par sa dimension régionale, alors que les autres coopératives étaient regroupées autour de la paroisse. Dans les années 1930, les coopératives ont le vent dans les voiles. Les producteurs y voient un moyen d’écouler leurs produits et de s’approvisionner en se protégeant des excès de la loi du marché. Les autorités provinciales encouragent aussi la tendance par l’entremise des agronomes. Plusieurs coops font toutefois faillite. L.-A. Mondou, agronome officiel du comté de Shefford, est déterminé à fonder une coopérative efficace. Il est aidé par Omer Deslauriers, un jeune cultivateur actif dans le mouvement syndical catholique. Pour les deux hommes, il est clair que la coopérative doit prendre une dimension régionale pour être viable économiquement. À force de persuasion de leur part auprès des producteurs locaux, la coopérative voit le jour le 24 août 1938, sous le nom de Société coopérative agricole du canton de Granby. Elle regroupe à l’époque 86 producteurs de Granby et des paroisses environnantes.
Des débuts plus que prometteurs Les premiers gestes de la coopérative seront de mettre sur pied un système d’approvisionnement à la ferme, auquel s’ajouteront peu de temps après un service laitier et la fabrication de beurre. Dès 1945, la coopérative s’engage dans la fabrication du lait en poudre. D’autres coopératives décideront à la même époque de s’affilier avec la Société coopérative agricole du canton de Granby en raison des défis posés à l’industrie laitière dans l’après-guerre. En 1948, elle reçoit le lait de 17 coopératives locales, ce qui fait qu’après 10 ans d’activité elle compte près d’un millier de membres, alors que la moyenne des autres coopératives se situe autour de la centaine. En plus de connaître un engouement auprès des producteurs, elle reçoit des agronomes un soutien qui ne se démentira pas pendant des
décennies. Ceux-ci voient dans la Société coopérative le moyen d’inculquer aux producteurs de meilleures pratiques, tout en modernisant l’industrie laitière québécoise. Ils souhaitent la mise en place d’une coopérative dynamique et forte. Ils vont ainsi encourager les producteurs à y adhérer, et de nombreux agronomes travailleront même à des postes clés de la coopérative. Le succès de la Société coopérative agricole du canton de Granby se poursuit et elle devient, en 1950, la plus grande coop agricole du Québec. En 1953, elle regroupe 1135 membres et enregistre un chiffre d’affaires de près de 6 millions $. Elle transforme 4 % du lait produit dans la province, soit plus de 60 millions de litres. En 1951, elle change son nom pour devenir la Coopérative agricole de Granby. Les réussites de la coopérative vont la mener à étendre ses activités. Elle construit l’usine de Notre-Dame-du-Bon-Conseil, dans le comté de Drummond, en 1954, et achète l’année suivante l’usine de Sainte-Anne-de-la-Pérade qui produit la marque Crino. Elle signe également une entente avec Kraft Canada pour la fabrication de fromage en 1956. Une vingtaine de coopératives s’affilient à la Coopérative agricole de Granby, et le nombre de ses membres progresse pour s’élever à 8293. En 1971, elle traite 552 millions de litres de lait, soit 25 % du lait de transformation du Québec. Son chiffre d’affaires s’élève alors à 82 millions $. u
Bureau de la direction en 1939.
Siège social de la Coopérative agricole de Granby en 1968
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PHOTO : STUDIO ALAIN
Un tournant décisif
Constat de la maturité du fromage Oka
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elle annonce une première acquisition aux ÉtatsUnis en 2002, et cinq autres s’ajouteront dans les huit années suivantes. Agropur est maintenant présente au Minnesota, en Iowa, au Wisconsin et au Michigan. Elle fait aussi une incursion jusqu’en Argentine en créant une coentreprise avec un partenaire argentin, Adecoagro, une aventure qui sera toutefois abandonnée en 2012.
Dans la cour des grands Après avoir multiplié la palette de ses produits dans les années 1970 et 1980, Agropur regarde ensuite vers l’extérieur du Québec, en raison de la concurrence de plus en plus féroce dans l’industrie laitière. L’expansion entre alors dans son crédo, et c’est avec cette nouvelle approche qu’elle crée Natrel, en 1990, par le regroupement des activités de lait de consommation de Purdel et d’Agropur. Elle fait une entrée dans les marchés de l’Ontario, de l’Alberta et de la ColombieBritannique par des acquisitions. C’est dans le même état d’esprit qu’est fondée Aliments Ultima, en 1993, par la mise en commun des activités de commercialisation des yogourts et desserts frais d’Agropur et d’Agrifoods. Son expérience des dernières années lui donnera l’assurance nécessaire pour approcher le marché américain. Dotée en 2000 d’un nouveau nom, Agropur coopérative, et d’un look épuré,
PHOTO : JEANNOT PETIT
Le Conseil d’administration élu en janvier 1979 ainsi que les principaux gestionnaires. Si vous pouvez identifier tous ces gens, envoyez-nous les noms à l’adresse coopagri@lacoop.coop. Nous les publierons dans une future édition du Coopérateur agricole.
Les années 1970 représentent un changement de cap important pour la coopérative. Elle obtient, en 1971, la franchise de la marque Yoplait au Canada et, après 30 ans de réflexion, se lance enfin dans le lait de consommation en faisant l’acquisition de plusieurs laiteries. Cette décision entraîne la création de Québec-Lait, en 1973. En 1979, la Coopérative agricole de Granby fait place à Agropur, coopérative agro-alimentaire. Elle adopte aussi un nouveau logo, représentant les quatre étapes de transformation de lait sous la forme d’une fine fleur. Ses activités se diversifient, avec l’ajout d’un secteur des fromages fins et l’acquisition des Fromagers réunis de Vaudreuil et de la fromagerie d’Oka, en 1981. En 1985, le yogourt à boire Yop fait son apparition, et après presque 40 ans d’activité, Agropur abandonne ses activités d’approvisionnement.
Le Coopérateur agricole | MAI-JUIN 2013
En 1973, la Coopérative agricole de Granby se lance dans le lait de consommation et crée Québec-Lait.
Des précurseurs de génie Ce sont au total 125 acquisitions et fusions qui ont été réalisées depuis les débuts d’Agropur, en 1938, et qui ont contribué à forger la coopérative telle qu’elle est aujourd’hui. Daniel Côté, professeur agrégé de management à HEC Montréal, estime que la coopérative «est un joyau méconnu du grand public ». Elle se compare avantageusement, selon lui, aux Bombardier, Jean Coutu et autres entreprises du Québec inc. Mais pour le chercheur, Agropur est avant tout un exemple parfait d’équilibre entre la mission de rentabilité et celle de service aux membres, ce qui lui a permis de traverser les décennies, les crises d’identité et les transformations de l’industrie agroalimentaire. Et la recette du succès d’Agropur ? « Le génie des fondateurs de la coopérative a été de planifier d’instinct un système qui lui permet de former des leaders parmi ses rangs, des leaders qui, à leur tour, informent et forment les membres, si bien que quand vient le temps de prendre des décisions, ils sont au fait de la situation. Les décisions stratégiques ne sont jamais prises au détriment des membres ou bien de la mission de rentabilité de la coop. » Et bien que M. Côté ait voyagé et étudié des coopératives un peu partout dans le monde, il n’a jamais vu de modèle aussi parfait que celui de la coop qui est née à Granby il y a 75 ans…
BÂTISSEURS D’UN AVENIR TRÈS PROMETTEUR
agropur.com
Sur le plancher d e s va c h e s
Par Sylvain Boyer, T. P. Premier directeur Service des ruminants La Coop fédérée sylvain.boyer@lacoop.coop
Vive le fromage suisse !
Pour moi, un voyage en sol étranger représente un des meilleurs moyens de se comparer et de se remettre en question. En plus, les gens, leurs traditions et les différentes mentalités sont pour moi une source d’inspiration importante. C’est exactement ce que m’a apporté un petit séjour avec un groupe du Québec dans la région de Fribourg, en Suisse, dans le cadre de la Confrontation européenne Holstein.
PHOTO : MARTINE DOYON
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C
e concours qui revient tous les trois ans, dans un des pays d’Europe, rassemblait cette année pas moins de 165 vaches venant de 14 pays différents. C’est devant une foule très enthousiaste, dans le Forum fribourgeois plein à craquer pour l’occasion, que la Suisse a dominé le concours, tant pour les Holstein rouges, très populaires là-bas, que pour les Holstein noires. Ce n’est pas le fruit du hasard : les Suisses, inspirés par les Nord-Américains, travaillent très fort depuis plusieurs années sur le plan de la conformation des animaux dans leur choix génétique. Selon les livres généalogiques, la Holstein occupe maintenant le premier rang dans les races présentes en Suisse, tout juste devant la Braunvieh (Suisse Brune). La Suisse n’est pas reconnue comme l’un des plus grands producteurs de lait au monde. Avec un peu plus de 500 000 vaches, un climat nordique et une population de sept millions d’habitants, on peut facilement la comparer avec le Québec. Plus de 40 % du lait est destiné à la production de fromages, dont la plupart sont d’appellation d’origine cont rôlée (AOC) et exigent un cahier des charges. Les fromages suisses sont connus un peu partout dans le monde. Le gruyère et l’emmental en sont de beaux exemples.
Le Coopérateur agricole | MAI-JUIN 2013
En moyenne, les fermes sont beaucoup plus petites en Suisse qu’ici, surtout en région montagneuse. En fait, la majorité des 24 000 producteurs du pays sont plutôt de type artisanal. Toutefois, pendant ce voyage, nous avons visité des troupeaux de 45 à 100 vaches, au sud de Fribourg, dans la région de Gruyère. Pour respecter le cahier des charges pour la production du fromage gruyère AOC, il est interdit de donner aux animaux des fourrages fermentés. On a peine à imaginer ici un troupeau de 75 à 100 vaches alimentées seulement au foin sec ! De plus, les bêtes doivent avoir accès à l’extérieur plus de 50 % du temps, et ce, été comme hiver. Par contre, ces petits sacrifices en valent le coût, car ils permettent aux producteu rs d’aller chercher une prime sur le prix du lait qui s’élève alors à plus de 83 francs suisses (CHF) l’hectolitre (93 $ CA/hl), contre environ 50 CHF/hl pour la production de lait industriel. Depuis que la Suisse a abandonné son système de quota, en 2009, le prix du lait à la ferme (surtout en production industrielle) est à la baisse. Cela a forcé les entreprises à se regrouper pour gagner en efficacité opérationnelle. Le pays doit se démarquer avec des produits à valeur ajoutée, comme son chocolat au lait, reconnu mondialement. C’est la façon de permettre un meilleur revenu tant aux producteurs qu’aux transfor mateu r s. Ceux-ci réalisent que, même si la Suisse est un petit pays à l’échelle mondiale, c’est en se démarquant de la masse et en faisant les choses autrement qu’il leur sera possible de continuer à vivre de la production laitière.
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Lait
Annick Delaquis, agronome, Ph. D.
Nutritionniste en production laitière La Coop fédérée annick.delaquis@lacoop.coop
Fourrages PHOTO : PIERRE CADORET
Mieux comprendre vos analyses… pour vos vaches et votre portefeuille On sait que les sucres solubles et la digestibilité de la fibre et de l’amidon ont un effet important sur la fermentation ruminale et la performance des vaches. Ces connaissances alimentent le concept de formulation RAP/RAC propre au réseau La Coop. Un concept de formulation qui optimise la synchronisation entre la disponibilité de la protéine et de l’énergie dans le rumen afin de favoriser une croissance microbienne efficiente.
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PHOTOS : ÉTIENNE GOSSELIN
D
ans l’édition de mars du Coopérateur agricole, Pascal Labranche faisait état de l’augmentation du prix des grains et concentrés au cours des dernières années. Tous les producteurs l’ont constatée, mais ce phénomène n’a pas eu le même impact pour toutes les entreprises : la qualité des fourrages varie de l’une à l’autre, si bien que l’on doit compléter – avec plus ou moins d’ampleur – par l’achat de suppléments ou d’aliments complets. Plus de la moitié de la matière sèche consommée par les vaches en lactation ou taries ainsi que par les animaux de remplacement est constituée de fourrages. Il est donc primordial d’en contrôler la qualité, la consommation et les stocks.
Comment bien évaluer la qualité de ses fourrages ? Pourquoi ne pas essayer d’appliquer la règle d’or de gestion à laquelle Pascal faisait allusion le mois dernier : « Pour améliorer un point, il faut trouver une façon de le mesurer. » Une question se pose : qui prend réellement le temps d’analyser les résultats des analyses de ses fourrages ? Il est facile de se dire : « Wow ! J’ai bien réussi, j’ai un ensilage d’herbe à 21 % de protéine brute » ou « J’ai un ensilage de maïs à 1,65 Mcal/kg d’énergie nette de lactation ». Il est quand même étrange que l’on n’utilise que deux ou trois données pour évaluer ses fourrages, alors
que les analyses fournissent des informations sur des dizaines de nutriments… D’autant plus que les programmes alimentaires et les produits élaborés pour les entreprises laitières tiennent compte aussi, en plus de la protéine et de l’énergie, des teneurs en sucres, en fibre soluble, en fibre digestible, en hydrates de carbone non structuraux (HCNS), en protéine non dégradable et en protéine soluble des ingrédients choisis. Enfin, ces nutriments ne sont pas évalués que pour les ingrédients que nous avons en usine : ils le sont également pour les ensilages produits à la ferme. Vous êtes-vous déjà demandé en regardant vos analyses d’où provenait l’énergie des ensilages? L’énergie n’est pas une entité chimique, mais un calcul dérivé de la teneur et de la digestibilité de plusieurs nutriments tels le gras, la protéine, la fibre et les cendres. Comme les fourrages ne contiennent pas beaucoup de gras (entre 2 et 4 %), leur énergie provient en grande partie de leur teneur en hydrates de carbone. Concentronsnous sur cette fraction puisqu’elle constitue généralement plus de 65 à 70 % de la matière sèche que la vache consomme. La figure 1 illustre bien les différents types d’hydrates de carbone que l’on retrouve dans les fourrages. Pourquoi toutes ces mesures ? Parce que les hydrates de carbone ne seront pas tous fermentés à la même vitesse et ne donneront pas un même profil d’acides gras volatils (AGV) dans le rumen. Donc, leurs effets sur le pH ruminal ainsi que la forme et la quantité d’énergie apportée à la vache seront différents. L’amidon, par exemple, qui représente entre 24 et 28 % de la matière sèche qu’une vache haute productrice consomme,
Figure 1 Fractionnement des hydrates de carbone des plantes
Contenu cellulaire
Acides organiques
Mono- et oligosaccharides
Amidons Dextrines
Hydrates de carbone des plantes
Fructosanes
Pectine Galactanes Glucanes
Paroi cellulaire
Hémicellulose
Cellulose
Lignine ADF
NDF Fibre soluble Polysaccharides autres que l’amidon Glucides non fibreux
Adapté de M.B. Hall, 2003
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Figure 2 Comparaison entre la fermentation de la cellulose et de l’amidon dans le rumen ACIDES GRAS VOLATILS Acides gras (moles p.100 du total)
70 Passage vers une fermentation acido-lactique pure
60 Au niveau de 20 % de cellulose brute dans la M.S. de la ration totale
50
Niveau de dégradation des acides propionique et butyrique et diminution d’absorption du concentré
40 30 20
Région favorable pour la dégradation de la cellulose
6,1 6
risque de cétose
optimum pour la vache laitière
sous-consommation faible digestibilité excès d’acide acétique
5,8
5,5
{
6,6 6,5
{
7
ADF et NDF
appétit supérieur production supérieure
optimum pour le bovin de boucherie concentration énergétique supérieure rendement métabolique supérieur
taux butyreux supérieur Cellulose
Amidon
5 risque de cétose par excès d’acide butyrique
10
pH
risque d’acidose dans la panse
Saccharose
Symp. Bovins laitiers, 1982
produira proportionnellement plus d’AGV et une plus grande proportion d’acide propionique que d’acide acétique comparativement à la fibre NDF (figure 2). En fin de compte, la vache tirera plus d’énergie de la fermentation de l’amidon que de la fermentation de la NDF. En contrepartie, la fermentation de la fibre soluble se traduira par une fermentation plus acétique que propionique; elle aura donc un moins gros impact sur le pH du rumen que la fermentation de l’amidon. À ce stade, il faut faire le lien avec vos analyses de laboratoire. Vous constaterez que ces mêmes fractions d’hydrates de carbone se retrouvent sur vos rapports d’analyse : sucres solubles, fibres ADF et NDF, et amidon pour l’ensilage de maïs. Les mono- ou oligosacharrides de la figure 1 sont en fait regroupés, sur les rapports de labo, en une même catégorie, soit les sucres solubles. On parle beaucoup de l’importance des sucres solubles pour la fermentation ruminale et pour la fermentation dans le silo. Lors de la mise en silo, ce sont ces sucres qui seront d’abord fermentés et qui permettront aux microbes de se développer et de
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Le Coopérateur agricole | MAI-JUIN 2013
commencer à produire de l’acide pour faire chuter le pH rapidement. Des ensilages bien fermentés contiendront beaucoup moins de sucres solubles que les foins secs, en grande partie parce qu’ils auront été utilisés en début de fermentation. Il a été démontré qu’un apport de sucres solubles variant de 4 à 6 % dans la matière sèche dans les rations laitières peut avoir un effet bénéfique sur la performance des vaches, d’où l’intérêt d’avoir cette donnée sur les rapports d’analyse. Les sucres solubles des rations sont rapidement disponibles dans le rumen et permettent de réduire le temps de latence observé pour que la fermentation fonctionne à plein régime après un repas. De façon imagée : la microflore ne prend plus de pause entre les repas.
Fibres ADF (Fibre au détergent acide) et NDF (Fibre au détergent neutre), voilà des classiques utilisés depuis des années. L’un (ADF) a un impact important sur la capacité d’ingestion des fourrages, l’autre (NDF) sur leur apport en énergie. Un élément de plus caractérise maintenant la fraction fibreuse: la NDF digestible (NDFd) en 30 ou 48 heures. Cela vaut la peine d’y prêter attention et de l’inclure dans notre système d’évaluation routinier de la qualité des fourrages produits à la ferme. Plusieurs études ont démontré un lien étroit entre la digestibilité de la NDF de la ration et la performance des vaches (tableau 1). On a établi un lien entre une digestibilité accrue de la NDF et la consommation et la production des vaches :
Tableau 1 Impact de la digestibilité de la NDF sur la performance des vaches Digestibilité de la NDF (% NDF)
P
62,9
54,5
CVMS (kg/j)
23,2
21,8
0,001
Lait (kg/j)
31,8
29,9
0,01
% gras du lait
3,42
3,35
0,36
% prot. du lait
2,93
2,90
0,16
Adapté de Oba et Allen (1999)
Tableau 2 Valeurs moyennes obtenues pour les échantillons reçus entre 2010 et 2012 au laboratoire Dairy One (% MS)
M.S. Protéine NDF NDFd 30 h (%NDF) HCNS Sucres solubles Amidon
Foin sec de graminée
Ensilage de légumineuses
Ensilage de graminée
Ensilage de maïs
Pulpe de betterave
Ecailles de soya
90 17,5 48,6
40,3 21,4 44,2
39,0 15,2 57,7
33,7 8,2 43,7
91,0 9,3 41,6
90,0 13,8 62,7
41,4
50,4
78,4
51,6
91,9
85,0
26,4 8,9 2,1
23,4 6,0 2,1
18,0 7,66 2,0
41,6 3,4 31,7
45,3 10,7 1,1
18,9 3,7 1,3
d’autres facteurs, telles la consommation totale de la vache, la teneur en amidon et en protéine dégradable, etc. Par contre, la digestibilité de la NDF peut être utilisée pour choisir ou comparer entre eux les fourrages de la ferme ou pour expliquer certaines baisses ou augmentations de production qui se produisent lorsqu’on change de silo ou d’année de récolte. Il ne s’agit plus de simplement comparer les valeurs de NDF totale. Le tableau 2 présente les moyennes obtenues pour les échantillons reçus entre 2010 et 2012 au laboratoire Dairy One, situé à Ithaca dans l’État de New York, et avec lequel La Coop fédéré fait affaire pour ses analyses de grains et fourrages. Il vous guidera dans votre évaluation. En plus des valeurs de sucres solubles, de NDF et de NDFd, vous retrouvez sur les rapports d’ensilage de maïs la teneur en amidon et la « Digestibilité 7 h » de l’amidon. u
PHOTO : PIERRE CADORET
meilleure est la consommation volontaire de matière sèche, meilleure sera la production. C’est logique : la NDF représente de 28 à 38 % de la matière sèche consommée, donc plus elle sera digestible dans le rumen, plus la vache en tirera profit. De plus, c’est une source d’énergie moins acidifiante que l’amidon. Elle permet donc d’augmenter l’apport énergétique de la ration sans augmenter la charge d’acide au rumen. On pourrait croire que plus la NDF est digestible moins les vaches passeront de temps à ruminer, mais ce n’est pas nécessairement le cas. Des hybrides d’ensilage de maïs avec de plus fortes teneurs en NDF digestible n’ont pas réduit le temps de rumination ni le pH ruminal moyen. La valeur de NDF, telle que formulée sur une analyse de laboratoire, représente le potentiel global de digestibilité de la NDF d’un fourrage. La digestibilité in vivo de la NDF, une fois rendue dans le rumen, sera influencée par
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Comment utiliser ces résultats d’analyse
PHOTO : PIERRE CADORET
Pour des quantités équivalentes d’ensilage de maïs, de protéine et de fibre digestible dans les rations, les performances des vaches peuvent varier grandement d’une année à l’autre. De la même façon, on verra des troupeaux qui performaient très bien se mettre à avoir des fluctuations de consommation et de texture de fumier, et dans lesquels il devient plus difficile de maintenir la teneur en gras du lait. Tout cela parce que l’ensilage de maïs ne contient pas la même concentration d’amidon d’une récolte à l’autre et que cet amidon n’a pas toujours la même fermentescibilité. La teneur en amidon de l’ensilage de maïs a un impact important sur sa valeur énergétique et elle est directement liée à sa teneur en grain. Au lieu d’essayer de deviner le pourcentage de grain dans l’ensilage de maïs, pourquoi, sachant que le grain de maïs contient de 60 à 65 % d’amidon, ne pas l’évaluer à partir de sa teneur en amidon ? Plus l’ensilage contiendra d’amidon, plus il contribuera à la production d’acides propionique et lactique dans le rumen et plus le pH du rumen sera mis à l’épreuve (« challengé »).
Tableau 3 Valeurs typiques des acides de fermentation dans les ensilages
M.S. pH Ac. lactique (%) Ac. acétique (%) Ac. butyrique (%)
Ensilage de légumineuses
Ensilage de légumineuses
Ensilage de graminées
Ensilage de maïs
30-40 % 4,3-4,7 7-8 2-3 < 0,5
45-55 % 4,7-5,0 2-4 0,5-2 0
30-35 % 4,3-4,7 6-10 1-3 0,5-1,0
30-40 % 3,7-4,2 4-7 1-3 0
Adapté de Kung et Shaver, Université du Wisconsin, Focus on forage, vol. 3 nº 13
Au cours des dernières années, la recherche est allée un peu plus loin. Comme pour la NDF, l’amidon peut fermenter plus ou moins dans le rumen selon qu’il est cristallin, gélatinisé ou alors enrobé par une protéine appelée prolamine. Pour ces raisons, vous retrouvez maintenant sur les analyses de laboratoire La Coop la « Digestibilité 7 h » de l’amidon, qui permet d’estimer la digestibilité potentielle de l’amidon dans le rumen. Plus l’amidon est digestible, plus il est important d’apporter de la fibre efficace dans la ration pour stimuler la rumination et la salivation des vaches et tamponner le rumen. Comme le complexe protéine-amidon se défait avec le temps passé
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Le Coopérateur agricole | MAI-JUIN 2013
dans le silo, l’amidon devient plus digestible au cours de la saison. Cela explique pourquoi, au début du printemps, une ration identique à celle de l’automne peut entraîner des signes d’acidose. Il est donc bien de refaire des analyses au cours de l’hiver, de façon à réévaluer les rations avec précision. Si l’amidon devient plus fermentescible et que la ration en contient beaucoup, on peut réduire les quantités servies et compenser par des ajouts de fibre digestible ou de fibre soluble. De nouvelles analyses effectuées au cours de la saison d’alimentation permettent aussi de vérifier la stabilité de l’ensilage grâce à l’étude du profil de fermentation. De fait, les pourcentages d’acide lactique, acétique et butyrique apparaissent sur les rapports d’analyse d’ensilage depuis un bon moment déjà, alors il faut les utiliser.
Pour une mise en silo réussie Pour qu’un ensilage se conserve bien, il faut qu’à la mise en silo, il soit au bon taux de matière sèche et qu’il contienne le moins d’oxygène possible. Ensuite, les bactéries commencent leur travail et produisent de l’acide acétique les
deux ou trois premiers jours, ce qui a pour effet de réduire le pH autour de 5. À ce stade, la production d’acide lactique prédomine et le pH chute rapidement. Si l’ensilage est récolté trop humide, la production d’acide lactique sera compromise et, souvent, il y aura production d’acide butyrique. Si l’ensilage est mal compacté, la fermentation à l’acide acétique se prolongera trop longtemps et moins d’acide lactique sera alors produit. Attention : il faut toujours interpréter les analyses de profil de fermentation en sachant si des conservateurs d’ensilage ont été ajoutés
à la mise en silo, car certains peuvent modifier les résultats souhaités. Le tableau 3 présente les valeurs moyennes typiques d’acides gras volatils dans des ensilages bien fermentés. La teneur en acide lactique devrait représenter 70 % des acides organiques totaux. Prenez l’habitude d’étudier vos rapports d’analyse et ne vous gênez pas pour refaire des analyses au cours de l’année. C’est un investissement rentable, car il est à la base de vos programmes alimentaires et de tous vos achats d’aliments, et, surtout, il est garant de votre succès.
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2013-04-16 3:18 PM MAI-JUIN 2013 | Le Coopérateur agricole
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F i l i è r e p o r c i n e c o o p é r at i v e
Par Jessy Blanchette, M. Adm.
Profession : conseiller scientifique
Conseillère en communications La Coop fédérée jessy.blanchette@lacoop.coop
PHOTO : JESSY BLANCHETTE
Au nombre de ses réalisations, le professeur Serge Pommier, conseiller scientifique, a contribué à l’introduction d’une technique pour le dépistage d’un gène porcin spécifique, établi un laboratoire de collecte de semence en station d’insémination artificielle et participé à l’optimisation de la qualité de la viande d’exportation pour un abattoir. Il est sans aucun doute un atout considérable pour Olymel et pour la Filière porcine coopérative !
Serge Pommier, Ph. D. Conseiller scientifique Secteur porc frais, Olymel
Titulaire d’une maîtrise en sciences animales et des aliments de l’Université Laval et d’un doctorat en sciences animales, spécialisé en viande, de l’Université du Wisconsin, Serge Pommier a touché à plusieurs aspects de la recherche avant de se joindre à l’équipe d’Olymel, au mois d’octobre 2011. Il a notamment travaillé pendant 10 ans pour Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) à Lennoxville et occupé le poste de chef du secteur de la recherche et développement pour la franchise de PIC (Pig Improvement Company) en Alberta, maintenant connue sous le nom de Sunterra Farms.
Le client a toujours raison ! Le rôle principal d’un conseiller scientifique est de s’assurer de répondre aux spécifications de qualité demandées par les clients : pour le marché du porc chez Olymel, il s’agit de satisfaire les clients de porc frais nationaux, les clients de porc frais internationaux et les clients internes qui utilisent la viande pour la surtransformation (fabrication de bacon, de jambon, etc.), en tenant compte du rendement manufacturier. Le conseiller scientifique doit veiller à l’approvisionnement et à la livraison des types de porcs particuliers ainsi qu’évaluer l’influence des procédés sur la qualité finale de la viande.
Quoi de neuf, professeur ? Pour bien évaluer la qualité exigée par les clients, Serge Pommier doit passer beaucoup de temps à faire des observations en usine, que ce soit sur les procédés, les manipulations, etc. Par la suite, il doit documenter ces observations et y donner suite, pour une amélioration continue de la qualité. Dans son domaine, il est primordial
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Le Coopérateur agricole | AVRIL 2013
de se tenir au fait des nouveautés et de se référer constamment à la littérature sur le sujet. Un autre aspect essentiel à l’accomplissement de ses tâches est la communication avec les fournisseurs et le service d’approvisionnement. Cette collaboration est à la base de l’atteinte des standards de qualité requis pour répondre aux exigences des marchés. Puisqu’il n’est pas toujours évident d’appliquer les concepts théoriques en situation réelle, une partie de son travail consiste à trouver des solutions qui tiennent compte des différentes étapes en usine et d’émettre des recommandations qui prennent également en considération les procédés de transformation. L’évaluation opérationnelle avec le personnel responsable de la qualité est une dimension très concrète du travail d’un conseiller scientifique, et c’est une perspective fort importante pour valoriser son rôle dans la chaîne de production. Pour permettre à la Filière porcine coopérative de demeurer concurrentielle et innovatrice, il faut comprendre les besoins du marché et les implications qu’ils représentent. « Des enjeux, tels que les technologies émergentes ou le bien-être animal, vont grandement influencer l’industrie et la façon de satisfaire le consommateur », affirme Serge Pommier. Il faut donc faire preuve d’ouverture d’esprit, tenir compte de l’expérience des gens qui nous entourent et être continuellement prêt à apprendre. « Dans notre domaine, plusieurs spécialités s’entrecroisent, de la production jusqu’à l’abattage et à la transformation. » Et comme on ne peut pas tout savoir, il faut travailler ensemble pour aller plus loin ! Nous remercions Serge Pommier pour sa générosité et lui souhaitons une belle carrière dans la grande équipe d’Olymel.
Couronnée Grande entreprise de l’année
Au concours des Mercuriades 2013
Aussi lauréate d’un prix Mercure dans la catégorie
Gestion proactive de la main-d’œuvre Grande entreprise 2013
107107-04-2013
Olymel a 10 000 raisons d’être fière!
Porc
Sylvain Pagé, agronome, M. Sc. Directeur ventes et marketing Sogeporc La Coop fédérée sylvain.page@lacoop.coop
Quantité et qualité au sevrage : oui, c’est possible ! PHOTO : LA COOP FÉDÉRÉE
En 2013, voilà une affirmation qui suscite certainement des interrogations chez de nombreux producteurs naisseurs ou naisseurs-finisseurs. L’amélioration constante de la prolificité des truies depuis plusieurs années et, du même coup, la diminution du poids moyen des porcelets à la naissance nous amènent à penser que le défi est de plus en plus difficile à relever. Y a-t-il un mode d’emploi ?
F
ondamentalement, le poids des porcelets au sevrage constitue l’élément clé de notre définition de la qualité. En effet, pour le naisseur, ce poids influence directement le prix de vente et a un impact direct sur les performances techniques obtenues lors des étapes suivantes du cycle de production du porc (pouponnière-engraissement). Dans un contexte de production d’un porc lourd (plus ou moins 100 kg carcasse), chaque kilo de poids compte. Plusieurs facteurs peuvent influencer le poids des porcelets au sevrage. Parmi ceux-ci, la mise à la reproduction de la cochette et la préparation à la première mise bas peuvent être qualifiées de
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Le Coopérateur agricole | MAI-JUIN 2013
facteurs indirects. Il va de soi qu’un bon démarrage de la carrière reproductive d’une truie aura un effet important sur ses performances futures. Le poids à la naissance, la croissance durant la lactation et l’âge au sevrage des porcelets auront un impact plus direct à chaque cycle de production. Nous nous attarderons plus particulièrement sur ces trois points dans le présent article.
Le poids à la naissance L’augmentation du poids des fœtus pendant la gestation atteint un maximum lors des 14 derniers jours de vie intra-utérine. Ainsi, leur poids augmentera de 40 % au cours de cette période.
Durant les quatre derniers jours, ils peuvent même prendre 80 g/jour. Comme la durée de la gestation a une influence directe sur le poids des porcelets à la naissance, il faudra être avisé concernant l’induction (le déclenchement) de la mise bas (113-114-115 jours). Certains producteurs, aujourd’hui, ne déclenchent les mises bas qu’au jour 117. Chacun aura donc avantage à bien établir sa façon de faire en fonction de ses objectifs (surveillance, adoptions, etc.). Un autre facteur qui a une influence directe sur le poids à la naissance est la taille de la portée. La littérature scientifique est très claire sur ce point. À mesure que la taille de la portée augmente, le poids moyen des porcelets à la naissance diminue. Une telle constatation peut laisser croire qu’il n’y a pas que du positif à augmenter la taille de la portée. Mais regardons cela de plus près et posons-nous la question : nos truies ont-elles tant changé ?
Voilà un point très positif pour l’avenir. Il est logique de penser que cette caractéristique génétique est transmise aux truies F1. Cela est rassurant pour les producteurs commerciaux qui utilisent la génétique Sogeporc. Graphique 2
Fréquence du prix annuel du maïs aux États-Unis par intervalles de prix pour les années-récoltes de 1970 à 2006 16 14
Nombre d’années-récoltes
12
Intervalle comportant le prix moyen de 2,29 $ US
10 8 6 4 2 0
Moins de 0,50
0,50 à 1,00
1,00 à 1,50
1,50 à 2,00
2,00 à 2,50
2,50 à 3,00
3,00 à 3,50
3,50 à 4,00
Plus de 4,00
Prix : $ US le boisseau Source : United States Department of Agriculture (USDA) — Compilation du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec
Graphique 3
Prix du maïs supérieur à 225 $ US la tonne* Probabilité sur un horizon de 10 ans 100 %
Sogeporc travaille pour vous Le graphique 1 donne un aperçu des performances des truies de génétique Sogeporc au cours des 10 dernières années. La banque de données AGREPP indique que les performances ont augmenté de près de 20 % pour ce qui est des nés totaux et nés vivants, et de près de 15 % pour les porcelets sevrés. Pas de doute, la génétique Sogeporc permet l’atteinte de performances de haut niveau, et ce, dans différents milieux d’élevage. À
80 % 60 % 40 % 20 % 0%
1 an ou plus
2 ans ou plus
3 ans ou plus
4 ans ou plus
5 ans ou plus
Source : Ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec
Graphique 1
Prix du maïs aux États-Unis
(prix moyen à la ferme par année-récolte) 8,00 7,00
Du lait, SVP
$ US le boisseau
6,00 5,00 4,00 Projections de l’USDA pour les années-récoltes 2013 à 2022.
3,00 2,00 1,00 0 1940
1950
1960
1970
1980
1990
2000
2010
2020
Source : United States Department of Agriculture (USDA); compilation du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
l’intérieur d’une même portée, l’affirmation voulant que le poids moyen à la naissance diminue à mesure que la taille de portée augmente est toujours observable (graphique 2). Toutefois, en ce qui a trait aux troupeaux de sélection Sogeporc, malgré une augmentation de plus de deux porcelets par portée au fil des dernières années, le poids moyen à la naissance de l’ensemble des porcelets augmente (graphique 3).
La période de lactation est assurément le moment déterminant pour l’atteinte d’un poids de sevrage élevé. Afin d’assurer sa croissance, le porcelet ne pourra compter que sur le lait maternel, du moins pendant les 14 premiers jours de sa vie. Nous savons aussi que la production laitière de la truie est fonction de la stimulation de la glande mammaire par des porcelets vigoureux. Donc, tous les points de la conduite du troupeau qui auront un impact sur la survie et le démarrage des porcelets doivent être optimaux : propreté, surveillance, lampes, assèchement, prise de colostrum, uniformisation des portées, température, ventilation. N’hésitez pas à faire appel à votre expert-conseil pour vous aider à passer en revue l’ensemble des points importants. Avons-nous une idée de la quantité de lait produite par une truie qui allaite 12 porcelets au cours d’une journée ? Eh bien, chez les meilleures truies, la quantité de lait peut atteindre plus de MAI-JUIN 2013 | Le Coopérateur agricole
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Aide-mémoire + 100 g à la naissance + 400 g au sevrage + 1 jour au sevrage + 300 g au sevrage + 1 kg au sevrage + 2 kg sortie pouponnière + 4 kg sortie engraissement Objectif de consommation moyenne d’aliments en lactation (21 jours) = 7 kg/jour
12,5 kg/jour à partir du 10e jour de lactation. Vu le poids moyen d’une truie en lactation, on réalise à quel point les truies nourricières sont sollicitées et méritent que tous les facteurs qui contribueront à leur fournir un environnement répondant à leurs besoins et convenant au maintien d’un fort appétit soient au poil ! On parle ici de la température ambiante (18 °C), d’une eau abondante et de qualité, de la disponibilité d’un aliment frais, appétent et de qualité répondant à tous les besoins nutritionnels de la truie et de sa portée. Avec de tels niveaux de production, il faut bien comprendre qu’aucun de ces facteurs ne doit faire défaut et ainsi venir limiter la prise alimentaire des truies durant la lactation. Pour un sevrage à 20-21 jours, nous pouvons fixer comme objectif l’ingestion de 7 kg/jour en moyenne pendant la durée de la lactation.
PHOTO : LA COOP FÉDÉRÉE
Depuis toujours, la distribution d’aliments aux porcelets en cage de mise bas fait l’objet d’un questionnement. Dans notre recherche de diminution des coûts de production, et avec une durée de lactation de 18-21 jours, pouvons-nous réaliser des économies en abandonnant cette pratique ? Des tests réalisés à la ferme de recherche CRF confirment que les porcelets de portées nombreuses tirent un avantage certain à consommer un aliment solide en cage de mise bas. Plus la taille de portée est importante, plus les porcelets ont un besoin en nutriments non comblé par le lait de la truie (graphique 4). De plus, il semble aussi très clair que ce sont les plus petits porcelets de la portée qui profitent le plus de l’alimentation à la dérobée (graphique 5). Graphique 4
Prix du maïs supérieur à 250 $ US la tonne* Probabilité sur un horizon de 10 ans 70 % 60 % 50 % 40 % 30 % 20 % 10 % 0%
1 an ou plus
2 ans ou plus
3 ans ou plus
4 ans ou plus
Source : Ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec
Autre point intéressant, les porcelets qui ont eu accès à l’aliment en cage de mise bas ont terminé leur séjour en pouponnière avec un
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Le Coopérateur agricole | MAI-JUIN 2013
Graphique 5
Prix du maïs supérieur à 275 $ US la tonne* Probabilité sur un horizon de 10 ans 25 % 20 % 15 % 10 % 5% 0%
L’alimentation à la dérobée
100 g de plus à la naissance se traduit par un gain de poids de 400 g au sevrage. Retarder le sevrage d’une journée se traduit par un gain de poids de 300 g au sevrage. Un kilo de plus au sevrage se traduit par deux kilos de plus à la sortie de la pouponnière et par quatre kilos de plus à la sortie de l’engraissement.
poids supérieur de 1,5 kg à celui des porcelets qui n’en avaient pas reçu. Étant donné la production actuelle d’un porc lourd, l’alimentation à la dérobée doit faire partie de vos techniques d’élevage. Le défi consiste à augmenter le pourcentage de porcelets qui consomment de l’aliment avant le sevrage. L’utilisation d’un aliment très savoureux et servi en petite quantité quelques fois par jour est certainement un moyen d’y parvenir.
1 an ou plus
2 ans ou plus
3 ans ou plus
4 ans ou plus
Source : Ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec
L’âge au sevrage Il est généralement observé qu’à la fin de la période de lactation (jour 20-21), le poids moyen des porcelets augmente d’environ 300 g/jour (250 à 350 g). C’est donc dire qu’à lui seul, l’âge au sevrage a un impact considérable sur le poids de sevrage. La génétique, la nutrition, l’alimentation, les techniques d’élevage et l’équipement ont certes des rôles importants à jouer dans notre recherche d’augmentation du poids des porcelets au sevrage. Mais le facteur qui a le plus d’impact, et le plus rapidement, est l’âge au sevrage. Cela dit, je crois qu’il peut être intéressant de prendre un peu de temps pour faire le point sur l’âge au sevrage dans chacune de vos structures de production de porcelets. Vous avez peut-être certaines contraintes : conduite en bandes (aux deux, trois ou quatre semaines), statut sanitaire, journée fixe de sevrage dans la semaine (transport, lavage, main-d’œuvre). Toutefois, il faut se rappeler qu’une journée ou deux de plus au sevrage, c’est 300 à 600 g de plus. Nous voulons souvent tout structurer selon des journées fixes, mais nous ne devons pas oublier que nous travaillons avec des animaux et qu’ils ne savent pas quel jour nous sommes…
Vo l a i l l e
De l’or
sur l’île d’Orléans Texte et photos d’Étienne Gosselin, agronome, M. Sc.
« Notre ferme est plus grande que les individus qui la composent », assurent les frères Turcotte, de la Ferme avicole Orléans. Et c’est certainement ce qui fait son succès, d’abord primé en bronze, puis en argent et enfin en or, au concours de l’Ordre national du mérite agricole. Aviculture et pomiculture
L
e jour de l’équinoxe du printemps, rendezvous à la Ferme avicole Orléans. L’hiver offre son dernier soubresaut avec une dizaine de centimètres de neige, mais peu importe : Luc Turcotte s’est levé vers 5 h pour dégager les accès aux huit bâtiments avicoles et aux innombrables silos, car c’est jour de livraison de moulée. Cette illustration, certes anecdotique, souligne néanmoins parfaitement l’engagement des frères Luc et François Turcotte envers l’entreprise qui les fait (bien) vivre. «Nous avons toujours eu une ligne directrice claire, à laquelle nous n’avons jamais dérogé, explique François Turcotte. Par exemple, si un poulailler devait être isolé et informatisé, l’entreprise passait avant nos petits caprices personnels.»
Avec 4000 pommiers (majoritairement nains et semi-nains) sur six hectares, 800 000 poulets et 50 000 dindons élevés par année, les frères Turcotte ont de quoi meubler leurs journées, été comme hiver. Pour ces natifs de l’île d’Orléans et descendants d’Abel Turcot, venu de son Poitou natal pour exercer son métier d’agriculteur et de meunier en Nouvelle-France vers 1659, demeurer dans une ferme qui agrémente le paysage de l’île est non seulement un privilège, mais aussi un devoir : celui d’être les gardiens de ce joyau du patrimoine historique et agricole du Québec qu’est l’île d’Orléans, l’un des premiers endroits cultivés par les colons français. C’est en 1946 que Viateur Turcotte et Rose Coulombe achètent une petite terre d’un hectare et demi à Sainte-Famille, l’un des six villages de l’île. « Notre père était fonceur, hypertravailleur et immensément drôle », soutient François. Car il fallait bien avoir un peu d’humour pour endurer MAI-JUIN 2013 | Le Coopérateur agricole
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Mérite agricole L’ascension de la Ferme avicole Orléans Médaille de bronze : 1993, 27e rang Médaille d’argent : 2002, 4e rang Médaille d’or : 2012, 1er rang
les misères de l’époque, notamment l’acheminement en traîneau et par tous les temps des produits de la ferme à Québec, dont des caisses d’œufs entassées sur des briques chauffées sur le poêle pour éviter qu’ils ne gèlent… Mais les temps ont bien changé. Dans les années 1960, l’entreprise construit ses premiers poulaillers modernes. « À l’époque, mon père se faisait traiter de fou avec ses poulaillers à trois étages et… il acquiesçait ! » rigole François. En 1965, le conseiller avicole Xyste Therrien pousse les Turcotte à innover et à croître. « Pendant près de 40 ans, il fut pour nous plus qu’un conseiller, raconte François. C’était un mentor, un véritable père spirituel. » Constamment là pour rassurer Viateur et, plus tard, ses deux fils, Xyste incite les Turcotte à persévérer, malgré les qu’en-dira-t-on.
La directrice des ventes du Comptoir Agricole de Saint-Hyacinthe (La Coop Comax), Maryse Labbé, abonde dans le même sens. « Même dans une production qui va bien comme la nôtre, les Turcotte calculent constamment leur coût de production et savent se remettre en question. Toujours en mode solution, ils ne sont jamais sur la défensive quand on leur propose des changements. Pour eux, il n’y a jamais rien d’acquis. » C’est en 1980 que Luc prendra la relève, et François suivra quatre ans plus tard, après sa sortie de l’ITA. Aujourd’hui, la ferme est une entreprise bicéphale où les luttes fratricides sont absentes. Si les employés (Stéphane et Guy), le fils de Luc (Marc-Antoine) et chacun des frères ont leurs petites spécialités, tous peuvent se remplacer à tous les postes. Les conjointes de Luc et de François, Lyne Faucher et Lynda Pichette, donnent aussi un coup de main appréciable à la comptabilité et à la récolte des pommes.
Savoir d’où on vient
La Ferme avicole Orléans cultive six hectares de pommiers et possède huit bâtiments d’élevage, dont l’un est une porcherie convertie en dindonnière. Les dindonneaux sont démarrés dans une pouponnière (0-6 semaines) avant d’être transférés pour la bande finale (6-18 semaines, poids cible de 18 kg).
36
Aujourd’hui âgé de 77 ans, Xyste Therrien se rappelle comme si c’était hier ses premières visites à la ferme, quand Luc et François n’étaient encore que des bambins. C’est d’ailleurs ce conseiller qui a commencé à mettre en œuvre le transfert de la ferme aux fils. « La Ferme avicole Orléans a su prendre le virage de la croissance très tôt. Ses propriétaires ont toujours été minutieux et ils faisaient une bonne régie d’élevage, qui, couplée à un bon sens des affaires, explique la recette de leur succès », estime le septuagénaire. « Vivre avec des dettes ne nous a jamais dérangés, mais nous avons toujours refusé les offres de crédit de type “bar ouvert”, juge pour sa part François. De cette manière, nous avons toujours pu contrôler l’endettement. »
Le Coopérateur agricole | MAI-JUIN 2013
Ce qui touche chez ces insulaires, c’est leur apparente humilité devant l’ampleur de leur succès. « Nous savons d’où nous sommes partis : d’une cabane montée sur un hectare et demi », assure François. Parce qu’ils cultivent des pommiers, une production soumise aux aléas climatiques et à la volatilité des marchés, les Turcotte apprécient pleinement la stabilité de l’aviculture. Alors pourquoi continuer d’investir dans une pommeraie, quand plus de 95 % des revenus de l’entreprise proviennent des élevages ? Il y a d’abord cette fameuse répartition des risques. « Quand nous avons pris la relève, dans les années 1980, on discutait beaucoup de la libéralisation
Les huit poulaillers de la Ferme avicole Orléans sont entièrement informatisés et comportent des balances intégrées dans les planchers pour un suivi en continu.
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Parce que les mots « île d’Orléans » sont vendeurs et ont déjà été usurpés par le passé, les Turcotte ont choisi d’adhérer à la marque de certification « Savoir-faire île d’Orléans », dont le cahier des charges englobe des critères de qualité, de salubrité, de protection de l’environnement et, bien entendu, de provenance.
du commerce – notamment des produits agricoles – dans le cadre du GATT [Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce] », expose François. Et encore aujourd’hui, la gestion de l’offre doit constamment être défendue, seraiton tenté d’ajouter. Luc enchaîne : « Nous avons le verger, les pommes, les clients. Si ça se mettait à aller mal dans le poulet, nous aurions les contacts et l’expérience pour doubler ou quadrupler nos activités pomicoles en louant ou en établissant des vergers. » Enfin, à la question d’un membre du jury du concours du Mérite agricole qui voulait savoir si cultiver des pommes était payant, le tandem a répondu que non, mais que c’était rentable.
François et Luc Turcotte sont fiers, mais restent humbles quant aux honneurs et aux retombées médiatiques qui pleuvent sur leur exploitation avicole et pomicole.
Pommes • 20 % des ventes aux chaînes, 40 % au marché public et 40 % à la transformation • Certification CanadaGAP en 2012
Poulets et dindons • Quotas de 11 000 m2 (poulet) et 5000 m2 (dindon) • Certification PASAF/PSAF dès 2005
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On sait que l’île d’Orléans vibre au rythme de l’agrotourisme. Mais plus on est loin du pont, plus il est difficile de devenir la destination des cueilleurs du dimanche. « Il y a une vingtaine de vergers entre l’entrée du pont et nous, explique Luc. En plus, s’il faut qu’il pleuve deux fins de semaine sur les quatre que dure la saison touristique des pommes… » Pour s’affranchir de ces incertitudes, les Turcotte optent plutôt pour la vente directe au marché public et pour la vente en gros. C’est Luc qui anime le kiosque au Marché du Vieux-Port de Québec. Mais pas question de vendre du végétal au marché sous le nom « animal » de Ferme avicole Orléans: c’est plutôt sous l’écriteau Verger Viateur Turcotte et fils qu’on trouvera des variétés traditionnelles – mais toujours très demandées –,
Le Coopérateur agricole | MAI-JUIN 2013
Avec un total de 908 points sur une possibilité de 1000, la Ferme avicole Orléans a raflé le premier rang régional et national de la catégorie médaille d’or au concours du Mérite agricole.
comme la Cortland et l’Empire, et d’autres moins connues, comme la Honeycrisp, la Sunrise, la Ginger Gold et la Zestar. Ce ne sont que quelques-unes de la trentaine de variétés en culture et en essai dans la pommeraie du chemin Royal, à Sainte-Famille. « Avec plusieurs variétés, nous sommes en mesure d’offrir semaine après semaine des nouveautés aux clients, qui découvrent alors de nouvelles saveurs », signale Luc. Avec l’aide de l’agronome Serge Mantha, du Club de production pomicole de la région de Québec, le verger fait même des essais d’hybridation en pollinisant les fleurs d’une variété X avec le pollen d’une variété Y. Le mariage de l’Empire avec la Honeycrisp donnera-t-il la variété « Orléans » ? On est encore loin de la commercialisation de cette hypothétique variété, car il faut compter au moins 10 ans pour la mise au point d’un nouveau cultivar, qu’il faut aussi greffer sur un porte-greffe adapté à la région de production. Prochain projet des frères Turcotte : l’amorce du transfert de l’entreprise au fils de Luc, MarcAntoine, 26 ans. Pour qu’une autre génération de Turcotte en Amérique, la 12e, peuple cette île mythique qui a nourri des Turcot, des Turcotte et bien d’autres familles québécoises depuis 350 ans.
Fumier et verger, est-ce OK ? Jusqu’au début des années 1980, le fumier de volailles de la Ferme avicole Orléans a servi à fertiliser les pommiers de l’exploitation. Mais cette fumure organique très riche en azote a favorisé, selon François Turcotte, l’apparition de chancres; en outre, elle libérait de l’azote constamment durant l’année, et pas nécessairement quand il le fallait (par exemple, lors de l’aoûtement du bois). La ferme utilise donc maintenant des engrais minéraux pour son verger et elle offre son fumier à des producteurs de l’île (maïs-grain et pomme de terre) ainsi qu’à un autre qui produit des grains biologiques sur la Côte-deBeaupré.
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C ’ e s t pa s p l u s v e r t c h e z l’ v o i s i n
Par Pascal Alary, agronome
pascal.alary@lacoop.coop
La grande séduction
Lors d’une réunion dans le cadre d’un projet lancé en collaboration avec quatre coopératives de la Montérégie, on a soumis l’idée d’organiser une rencontre avec tous les producteurs qui cultivent les plus grandes superficies au Québec. D’emblée, les gestionnaires des coopératives ont répondu en chœur : « Lançons les invitations ! »
P PHOTO : MARTINE DOYON
ourquoi les producteurs ayant de grandes superficies ? C’est que nous sommes conscients que les réalités changent : les marchés évoluent, le nombre de fermes diminue et, par conséquent, le nombre de producteurs agricoles chute aussi. D’après le Recensement de l’agriculture du Canada, le nombre de fermes qui ont des terres en cultures est passé de 48 463 en 1976 à 22 479 en 2011. Conséquemment, comme indiqué dans le graphique, la superficie moyenne des exploitations est en hausse. C’est une tendance lourde, que nous observons aussi chez nos voisins canadiens, américains ainsi qu’ailleurs dans le monde. Suivant cette logique, les superficies cultivées par exploitation augmentent de façon évidente. Il est donc impératif que les entreprises fournissant des produits et services aux producteurs agricoles adaptent les offres à leurs besoins. Cette rencontre avait donc pour but de démontrer que notre offre est parfaitement en phase avec cette nouvelle réalité et que nous possédons l’équipe d’experts qu’il faut pour vous soutenir dans l’atteinte de vos objectifs. Cela dit, nous continuerons, comme nous l’avons toujours fait, de répondre aux besoins de tous les producteurs du réseau La Coop. Notre expertise s’est tout simplement adaptée à la nouvelle donne du marché, comme elle l’est à la réalité traditionnelle. C’est dans cet esprit que les coopératives Uniforce, des Frontières, Excel et Saint-Damase ont invité, le 19 février dernier, leurs plus gros clients actuels et potentiels pour discuter dans le cadre de cette opération grande séduction. Lors de cette rencontre, plus d’une quarantaine de
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Le Coopérateur agricole | MAI-JUIN 2013
producteurs ont pu assister à des conférences de haut niveau. Gilles Lavoie, premier directeur des fertilisants à La Coop fédérée, a traité du marché des fertilisants avec tous ses aléas, ainsi que de l’ampleur du secteur des productions végétales du réseau La Coop. Il a également discuté des différentes acquisitions réalisées dans ce secteur par La Coop fédérée au cours des dernières années. Simon Baillargeon, directeur général du secteur des grains, a pris le relais en montrant aux producteurs comment le réseau La Coop peut être leur allié pour ce qui est de nouer de fructueuses relations d’affaires. Enfin, l’auditoire a été littéralement captivé par la conférence de Vincent Cloutier, directeur des affaires agricoles et économiste principal à La Coop fédérée, qui avait pour thème le prix des terres agricoles et son effet sur le quotidien des producteurs de grandes cultures. La rencontre avec ces producteurs a été un succès. L’enthousiasme était palpable et de bon augure pour l’avenir en matière de relation avec nos producteurs sociétaires et clients. Merci à tous ceux et celles qui ont collaboré à la mise sur pied de ce rassemblement. Et un merci tout particulier aux producteurs et productrices qui y ont assisté et qui en ont fait un succès, à l’image des futures relations d’affaires à établir au sein du réseau La Coop. Superficie moyenne des exploitations avec des terres en cultures 450 400 350
Hectares
Premier directeur Productions végétales La Coop fédérée et producteur agricole
300 250 200 150 100 50 -
1976
1981
1986
1991
1996
2001
2006
2011
■ Québec ■ Ontario ■ Manitoba ■ Saskatchewan ■ Alberta Source : Statistique Canada (Recensement de l’agriculture), compilation de La Coop fédérée
P r o d u c t i o n s v é g é ta l e s
Pascal Larose, agronome Conseiller spécialisé en maïs et soya La Coop fédérée pascal.larose@lacoop.coop
Ray-grass et trèfle incarnat en culture intercalaire dans le maïs (automne 2012)
Quête du rendement
PHOTOS : PASCAL LAROSE
Les plantes de couverture : un investissement rentable Depuis quelques années, les plantes de couverture font partie de l’arbre de décision quand vient le temps de discuter de santé et de structure du sol. Les bienfaits sont visibles dès l’année d’implantation. Avec une culture de couverture, la structure du sol s’améliore, les agrégats se reforment, les vers de terre sont de retour en grand nombre afin de bénéficier de tout ce piquenique qui leur est offert. Bref, la vie du sol bat son plein ! Mais tous ces bienfaits se transforment-ils en rendement ?
À
la Ferme de recherche en productions végétales de La Coop fédérée, nous avons vérifié si l’implantation d’une plante secondaire pendant la culture principale avait un impact sur le rendement dans une rotation maïssoya. Nous avons aussi suivi l’implantation d’une plante de couverture après la récolte de soya.
Observations Nos observations sont très encourageantes, comme l’indique le graphique 1 (page 42). Le trèfle et le ray-grass semés en culture intercalaire au stade de huit feuilles du maïs n’ont pas nui au rendement. Au contraire, une synergie semble se former entre la culture principale (maïs) et la culture secondaire (trèfle ou ray-grass). En plus de cette synergie, on obtient une meilleure MAI-JUIN 2013 | Le Coopérateur agricole
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Graphique 1
Effet de cultures intercalaires sur le rendement du maïs Ferme de recherche en productions végétales de La Coop fédérée (2011)
Rendement (kg/ha)
12 800 12 600 12 400 12 200 12 000 11 800 11 600
Témoin
Trèfle incorporé
Trèfle à la volée
Ray-grass incorporé
Ray-grass à la volée
Plantes de couverture et traitements
portance du sol grâce à un système racinaire accru et à un couvert végétal qui protège la surface du sol.
Arrière-effet... le rendement sur le capital investi !
Semis d’avoine après la récolte du soya (17 octobre 2012)
L’analyse des données de plusieurs années nous permet de vérifier l’arrière-effet des plantes de couverture sur la culture de l’année suivante. Lorsqu’on analyse les résultats de rendement du soya l’année suivant l’implantation d’une plante de couverture en intercalaire, on se rend compte que l’effet est positif. Comme l’indique le tableau 1, avec une culture de couverture, le gain de rendement a varié de 152 à 298 kg/ha en 2012, comparativement au témoin sans culture intercalaire. L’implantation de ray-grass en intercalaire a généré un revenu net additionnel (revenu additionnel moins le coût de la semence) d’environ 100 $ l’hectare. Tableau 1
Impact d’une culture intercalaire de ray-grass dans le maïs sur le rendement du soya l’année suivante Saison 2011
Saison 2012
Maïs
Soya Rendement
Culture intercalaire Ray-grass et trèfle incarnat Ray-grass Ray-grass et tillage radish Témoin (sans culture intercalaire)
Le Coopérateur agricole | MAI-JUIN 2013
Tableau 2
Impact du semis d’une plante de couverture après la récolte du soya sur le rendement du maïs l’année suivante Saison 2011
Saison 2012
Soya
Maïs Rendement
Semis après la récolte Seigle Avoine Ray-grass Ray-grass et tillage radish Témoin (sans semis après la récolte)
Gain
(kg/ha)
(kg/ha)
14 750 15 770 15 380 15 360
-550 470 80 60
15 300
L’implantation de l’avoine est rapide à l’automne et celle-ci gèlera l’hiver venu. Au printemps, le semis de maïs se fait dans d’excellentes conditions de sol. En effet, le système racinaire de l’avoine est venu structurer le sol laissé dans un état dégradé par la culture du soya. Dorénavant, il faudra inclure les plantes de couverture dans l’arbre de décision quand viendra le temps d’évaluer les facteurs de rendement qui viennent influencer positivement le maïs et le soya.
Gain
(kg/ha)
(kg/ha)
3728
152
3763 3874
187 298
3576
Notre hypothèse est que le soya a bénéficié de l’effet structurant sur le sol créé par le ray-grass, et qu’il a ainsi pu explorer le sol en profondeur et bénéficier des éléments fertilisants laissés dans les premiers centimètres du sol par la décomposition des racines du ray-grass.
42
Maintenant, lorsqu’on regarde de plus près l’impact d’une plante de couverture après la récolte du soya, il est intéressant de constater des effets variant de négatifs à positifs sur le rendement en maïs (tableau 2). En effet, lorsqu’on implante du seigle à l’automne et que le désherbage du printemps est retardé pour différentes raisons, l’effet peut être négatif. Cependant, l’avoine est une option intéressante. Elle a généré une augmentation de rendement de 470 kg/ha en 2012, par rapport au témoin sans plante de couverture. L’implantation d’avoine après la récolte de soya a généré un revenu net additionnel d’environ 85 $ l’hectare.
Sol en bonne santé à la suite de l’implantation de plantes de couverture après une culture d’été
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Céréales Comment obtenir plus de vos fongicides Luc Roger et Esther Tardif, Agronomes et conseillers spécialisés en céréales et canola La Coop fédérée luc.roger@lacoop.coop esther.tardif@lacoop.coop
PHOTOS : LA COOP FÉDÉRÉE
ainsi que
Valérie Chabot, agronome, M. Sc. Chercheure, Secteur des productions végétales La Coop fédérée
En plus de lutter contre la fusariose, les fongicides appliqués dans les céréales permettent d’obtenir un meilleur rendement, un meilleur poids spécifique du grain et une diminution de la verse. Les essais des dernières années ont révélé qu’il était rentable d’utiliser ces produits dans les céréales et que les résultats obtenus étaient constants
A
valerie.chabot@lacoop.coop
u cours de la dernière décennie, de nombreux produits sont arrivés sur le marché. Leur fenêtre d’application s’échelonne du stade du tallage jusqu’au stade de l’épiaison des céréales. Nos travaux ont beaucoup porté sur l’utilisation de ces produits et avaient comme objectif de mieux comprendre la réponse des différentes céréales. On peut séparer les temps d’application en trois grandes périodes, que nous nommons T1, T2 et T3. T1 représente l’application en début de saison; elle se fait en mélange avec les herbicides. T2 correspond à la période de fin de la montaison et du début de la feuille étendard. Enfin, T3 s’effectue à l’épiaison des céréales.
Stade d’application des fongicides
La performance des fongicides sur les plans du gain de rendement, de la qualité de la récolte et de la baisse des niveaux de DON est indéniable.
44
Prenons le temps d’évaluer les avantages et les inconvénients de chacun de ces moments d’application. Le stade T1 est le stade le plus facile à aborder pour les producteurs. Une application mixte de fongicide et d’herbicide en un seul passage permet d’économiser sur les coûts et de gagner du temps comparativement à l’application séparée des produits. Le fongicide appliqué à ce stade assure une protection hâtive des maladies, mais cette méthode a peu d’impact sur le poids
Le Coopérateur agricole | MAI-JUIN 2013
spécifique des grains et la tenue de la culture. En situation de faible infection de maladie, l’augmentation de rendement sera minimale ou nulle, mais elle couvre habituellement le coût du produit. Le fongicide Pivot est un bon exemple de produit utilisé au stade T1. Le stade T2 requiert quant à lui un passage supplémentaire. Toutefois, la céréale étant pleinement déployée, le fongicide permettra la protection des feuilles supérieures, soit celles contribuant au rendement. Cette meilleure santé du plant permet d’augmenter le poids spécifique et la tenue. Une telle application entraîne de façon constante un gain de rendement et celui-ci génère un retour de deux pour un sur le coût et l’application du fongicide. Les stades d’application T1 et T2 ne permettent toutefois pas la protection du plant contre la fusariose de l’épi. Acapela est un exemple de produit avantageux à utiliser au stade T2. Le dernier stade d’application, T3, s’applique à l’épiaison de l’orge, du blé et de l’avoine. Tout comme l’application au stade T2, les applications en T3 offrent une excellente protection du feuillage du haut des plants. Les sites d’infection des maladies ayant déjà débuté seront éradiqués et les feuilles en bonne santé seront protégées. L’utilisation de buses appropriées pour l’aspersion
Les résultats de nos essais Voici les données obtenues aux essais de la Ferme de recherche en productions végétales de La Coop fédérée. Dans chacun des cas, que ce soit pour l’orge, l’avoine ou même pour la culture du blé, l’emploi d’un fongicide permet un gain de rendement, une augmentation du poids spécifique du grain, une meilleure tenue des plants et une diminution de la présence de DON. L’emploi d’un fongicide permet donc un bon rendement sur le capital investi, qui découle de l’augmentation du rendement observé en période de bon prix des grains. u
Tableau 1
Évaluation de l’impact du Prosaro dans les essais de régie d’orge intensive Moyenne de deux ans (cinq années-site)
PHOTO : PIERRE CADORET
Régie intensive sans Prosaro avec Prosaro
Données économiques
Rendement (kg/ha)
PS (kg/hl)
Verse (0-9)
Tache foliaire (0-9)
DON (ppm)
Prix de l’orge ( $/T)
Revenu ( $/ha)
4392 b 4657 a
59,1 c 60,3 ab
0,9 b 0,6 c
3,5 a 2,7 c
0,5 a 0,5 a
250 250
1098 1164*
PHOTO : LA COOP FÉDÉRÉE
horizontale et la projection avant-arrière permet de bien recouvrir les épis et de les protéger des infections par les spores de la fusariose. Ce stade d’application permet une augmentation de rendement ainsi qu’une amélioration du poids spécifique des grains et de la tenue des plants. Lors des années de forte infestation de fusariose, le niveau de vomitoxine (DON) baisse d’environ 50 %, ce qu’on observe également sur le nombre de grains atteints de fusariose. Pour ce qui est des années de faible incidence de fusariose, la rentabilité (rendement du capital investi) est de deux pour un. Les produits les plus utilisés pour ce stade sont Caramba et Prosaro.
Les buses doivent être appropriées pour une aspersion horizontale et à projection avantarrière, afin de bien recouvrir les épis et les protéger des infections par les spores de la fusariose.
Source : Encart R-D 2012, Taux de semis : 450 grains/m2, Azote : 70 kg de N/ha *Gain de 66,28 $/ha si utilisation du fongicide Prosaro au stade épiaison de l’orge, augmentation du poids spécifique, et diminution de la verse et de la tache foliaire. Les données suivies d’une lettre différente sont statistiquement différentes.
Tableau 2
Tableau 4
Évaluation de l’impact du Pivot et du Caramba dans les essais de régie de l’avoine intensive Moyenne de deux ans (cinq années-site) Régie intensive
Rendement (kg/ha)
PS (kg/hl)
Verse (0-9)
sans fongicide avec Pivot avec Caramba
2981 bc 3152 b 3381 a
50,0 ab 50,5 a 50,3 ab
5,8 a 5,4 ab 5,3 ab
Évaluation de l’impact du Proline dans les essais de régie du blé
Données économiques Prix de l’avoine Revenu ( $/T) ( $/ha) 220 220 220
656 693* 744**
Source : Encart R-D 2012 Azote : 45 kg de N/ha *Gain de 37 $/ha si utilisation du fongicide Pivot au stade tallage de l’avoine. **Gain de 88 $/ha si utilisation du fongicide Caramba au stade floraison de l’avoine. L’ajout d’un fongicide indique une tendance à l’augmentation du poids spécifique et une diminution de la verse. Les données suivies d’une lettre différente sont statistiquement différentes.
Tableau 3
Moyenne de 2005 à 2007 Traitement Témoin Proline
Traitement Témoin Proline
PS (kg/hl)
DON (ppm)
Prix du blé ( $/T)
Revenu ( $/ha)
3932 b 4297 a
80,1 b 81,5 a
3,4 a 1,7 b
285 285
1121 1225*
Tableau 5
Évaluation de l’impact des fongicides Proline et Pivot dans les essais de régie de l’orge Normandin (2007)
Données économiques
Rendement (kg/ha)
PS (kg/hl)
DON (ppm)
Prix du blé ( $/T)
Revenu ( $/ha)
4233 4570
78,5 80,1
2,2 0,8
285 285
1206 1302*
Source : Techno champs 2006 (LCF) * Gain de 96 $/ha si utilisation du fongicide Proline au stade épiaison du blé, augmentation du poids spécifique et diminution de la DON.
Rendement (kg/ha)
Source : Techno champs 2007 (LCF) * Gain de 104 $/ha si utilisation du fongicide Proline au stade épiaison du blé, augmentation du poids spécifique et diminution de la DON. Les données suivies d’une lettre différente sont statistiquement différentes.
Évaluation de l’impact du Proline dans les essais de régie du blé Champ 14 ( La Pocatière, 2006)
Données économiques
Traitement Témoin Pivot Proline Pivot et Proline
Données économiques
Rendement (kg/ha)
PS (kg/hl)
DON Prix de l’orge Revenu (ppm) ( $/T) ( $/ha)
5434 a 5552 a 5542 a
67,0 a 67,9 a 67,8 a
3,0 2,1 1,3
250 250 250
1359 1388* 1386*
5471 a
67,9 a
1,4
250
1368*
Source : Techno champs 2007 (LCF) * L’utilisation des fongicides Pivot au stade tallage et Proline au stade épiaison de l’orge permet une diminution de la DON et indique une tendance pour une augmentation du poids spécifique. Les données suivies d’une lettre différente sont statistiquement différentes.
MAI-JUIN 2013 | Le Coopérateur agricole
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Les voies d’accès
L’implantation des voies d’accès comporte de nombreux avantages. Les voies d’accès : • diminuent les pertes de rendement provoquées par les passages des machines dans les champs. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, la perte de rendement provoquée par l’absence d’un rang de céréales est très faible comparativement à celle découlant de l’écrasement des plants en l’absence de voies d’accès. Des essais ont démontré que la perte de rendement entraînée par un seul passage au stade épiaison, lorsqu’il n’y a pas de voies d’accès, était de 3,5 %, alors que le passage dans les voies d’accès a fait chuter le rendement de seulement 1,6 %. • facilitent et accélèrent le travail lors des applications de pesticides (herbicides et fongicides) en servant de guides. Cela permet en plus d’obtenir une meilleure précision dans l’application des traitements en limitant le chevauchement des pesticides. • uniformisent la maturité et améliorent la qualité de la récolte. Lors du passage d’une machine sans voies d’accès, les plants sont écrasés, ce qui retarde leur développement et leur maturation et peut parfois mener à la présence de grains verts dans la récolte.
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Le Coopérateur agricole | MAI-JUIN 2013
L’implantation de voies d’accès doit idéalement être planifiée avant le semis et se fera conformément aux largeurs des machines qu’on prévoit faire circuler dans les champs. Une façon simple de les implanter est de boucher certaines unités du semoir. Cette technique d’implantation est la plus rapide et la plus efficace, mais elle demande de bien planifier les distances nécessaires en fonction des différentes machines de la ferme. Les voies d’accès peuvent aussi être implantées en postlevée à l’aide d’herbicides non sélectifs appliqués en bandes localisées ou par des procédés mécaniques. Afin de vous aider à bien planifier l’implantation des voies d’accès, demandez aux experts-conseils du réseau La Coop qui sauront vous guider ! La performance des fongicides sur les plans du gain de rendement, de la qualité de la récolte et de la baisse des niveaux de DON est indéniable. Les superficies de céréales traitées sont en croissance depuis quelques années. Ils sont un facteur de rentabilité important à ne pas laisser pour compte et ils feront partie de la régie standard des céréales dans un court avenir.
PHOTO : PIERRE CADORET
PHOTO : CÉROM
Les voies d’accès (tramlines, en anglais) sont des bandes non ensemencées, disposées à intervalle régulier, et qui couvrent toute la longueur du champ (photo ci-dessous). Elles servent de voies de passage pour la machinerie et sont particulièrement utiles dans les cas de passages tardifs tels que l’application de fongicides dans les céréales.
Épis de céréales infectés par la fusariose
Référence : CEROM, 2007 (www.cerom.qc.ca/documentations/B205_307.pdf)
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Dossier GO
Les héritiers de la gestion de l’offre Par Nicolas Mesly
PHOTO MONTAGE : BERNARD DIAMANT
La gestion de l’offre fait figure de politique agricole par excellence depuis des décennies. Pourtant, la signature d’accords commerciaux menace d’éroder la hauteur de ses murs tarifaires pour laisser entrer au Canada beurre, fromages, œufs ou poitrines de poulet en provenance des États-Unis, du Brésil, de l’Union européenne ou de la Nouvelle-Zélande. Ces éventuels accords trônent au sommet d’une longue liste de mesures susceptibles d’affaiblir le système. Comment les héritiers de la gestion de l’offre, appelés à gérer des entreprises de plusieurs millions de dollars, perçoivent-ils les nombreuses menaces qui pèsent sur elle dans le contexte actuel?
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Le Coopérateur agricole | MAI-JUIN 2013
échos
PHOTO : SAAC
Les d’un pugilat verbal
Dans l’ordre habituel : Daniel-Mercier Gouin, titulaire de la Chaire d’analyse de la politique agricole et de la mise en marché collective; Lionel Levac, journaliste à Radio-Canada et modérateur, et Mario Dumais, chercheur associé à l’Institut économique de Montréal
A
u début de cette année, deux pugilistes verbaux se sont affrontés à Québec dans le cadre de la 38e Semaine de l’agriculture, de l’alimentation et de la consommation. Dans le coin droit, Mario Dumais, ancien haut dirigeant à l’UPA et à La Coop fédérée, prétend que la gestion de l’offre (GO) coûte cher aux producteurs, particulièrement l’achat de quotas de volaille. Et que le système coûte cher aux consommateurs : 3,9 milliards $ de plus pour les denrées produites sous GO. Aujourd’hui chercheur associé à l’Institut économique de Montréal (IEDM), M. Dumais propose à Ottawa de racheter la valeur actuelle des quotas, 30 milliards $, par le truchement d’une taxe temporaire sur les produits sous GO. Son argument principal porte sur le commerce international, rapporte La Terre de chez nous1 : « Le Canada et le Québec ont des économies ouvertes et la gestion de l’offre nuit à cette ouverture », dit-il. Selon M. Dumais, il n’y a aucun doute que les entreprises agricoles pourraient être compétitives sur les marchés internationaux. Par ailleurs, ajoute-t-il, l’abolition des quotas faciliterait l’entrée de jeunes producteurs en agriculture. 1
Dans le coin gauche du ring verbal, DanielMercier Gouin, titulaire de la Chaire d’analyse de la politique agricole et de la mise en marché collective, affirme que dans les pays où le marché du lait a été déréglementé, comme en Nouvelle-Zélande ou en Australie, les producteurs perçoivent moins de revenus pour leur lait, les consommateurs paient ce produit plus cher et les chaînes de supermarchés engrangent les profits. Et si aux États-Unis le lait est moins coûteux qu’au Canada, il en va de même pour la viande, et « on ne peut pas affirmer que c’est la faute de la gestion de l’offre ». Par contre, le prix des quotas est « une problématique réelle » à laquelle il faut « réfléchir sérieusement ». Le prix plafond du lait a été une réponse à ce problème, bien que celui-ci ralentisse en ce moment la croissance des entreprises. En contrepartie, les quotas permettent une stabilité financière et des investissements pour ceux qui désirent se lancer dans les productions sous GO, dont la volaille et les œufs. Ce débat entre les deux pugilistes verbaux se poursuit dans les étables et les poulaillers de la relève. u
« Débat sur la gestion de l’offre », Thierry Larivière, La Terre de chez nous, 30 janvier 2013
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Dossier GO
«L « Le prix du quota a profité à une génération et demie! »
Emmanuel Destrijker
PHOTOS : NICOLAS MESLY
Producteur d’œufs de consommation, à Plessisville
50
Une
gestion de l’offre 2.0
a gestion de l’offre est le meilleur système de production au monde, tant pour les producteurs que pour les consommateurs, estime Emmanuel Destrijker, propriétaire de la Ferme Hellebecq, à Plessisville. Mais son talon d’Achille est le prix du quota. » Il rappelle que le prix du quota par poule pondeuse est passé de 14 $ en 1981 à 258 $ en 2013. « Une ferme moyenne de 36 000 poules au Québec détient une valeur de quota de plus de 9 millions $. À un moment donné, l’élastique va nous péter en pleine face! » dit le producteur avicole de 39 ans. Selon lui, le prix actuel du quota est difficilement justifiable auprès d’Ottawa, chargé de défendre la GO dans les négociations internationales. « On exige des protections tarifaires, alors qu’entre nous on paie des prix de millionnaires pour continuer à produire. À un moment donné, le gouvernement va dire : “Arrangez-vous!” », croit l’éleveur. Ce dernier pense aussi que le prix du quota est difficilement justifiable auprès des consommateurs canadiens d’œufs, « qui finissent par payer la facture ». Il estime que le contrat social liant le producteur et le consommateur sous la GO garantit à l’éleveur un revenu honorable. Ce revenu couvre son coût de production et assure le rendement de son investissement en échange d’œufs de qualité produits sous des normes sanitaires, environnementales ou de bien-être animal strictes. « Un quota, c’est un droit de produire qui ne devrait pas avoir de prix. Ce n’est pas un REER ni une action cotée en Bourse. C’est encore moins un droit pour devenir millionnaire! » dit-il. Président des Éleveurs de poulettes du Québec depuis 2007, Emmanuel Destrijker tente de mettre en place un plan conjoint nouvelle mouture pour regrouper la vente des oiseaux des 82 éleveurs de la province. Les éleveurs de poulettes sont les seuls producteurs à ne pas bénéficier d’un plan conjoint, un chaînon manquant dans le monde de la volaille. Le but : faire reconnaître la profession et éliminer les intermédiaires, tels un couvoirier ou un meunier, entre les éleveurs de poulettes et les producteurs d’œufs de consommation. « Ce qu’on souhaite, c’est que les producteurs de poulettes couvrent leur coût de production. Mais on ne veut pas mettre de valeur au quota, pour ne pas dénaturer le système », dit-il. De plus, le droit de production resterait propriété des Éleveurs de poulettes, au lieu d’être remis entre les mains de producteurs individuels.
Le Coopérateur agricole | MAI-JUIN 2013
Présenté à la Régie des marchés agricoles du Québec le 8 mars dernier, le projet a été refusé. Le plan conjoint soumis prévoit la production de 5,1 millions de poulettes au lieu des 4,4 millions de volatiles requis par le marché, parce qu’« il inclut de nouveaux projets de poulaillers ». « On doit refaire nos devoirs. La Régie nous a demandé comment nous allons distribuer de façon équitable ces quotas présents et futurs entre les éleveurs de poulettes », explique son promoteur. Il se dit persuadé de résoudre ce point technique. Vice-président des éleveurs de poulettes du Canada, Emmanuel Destrijker promeut aussi son projet en parallèle sur la scène canadienne, où deux audiences publiques sont prévues, à Ottawa et à Winnipeg, en cours d’année. Le dernier plan conjoint avec gestion de l’offre au Canada a été entériné en 1986! L’objectif de cette démarche est aussi d’assurer la pérennité des entreprises, la valeur actuelle du quota étant un sérieux frein à l’injection de sang neuf dans la production, estime Emmanuel Destrijker. L’ex-président de la Fédération de la relève agricole du Québec (20032007) salue le programme d’aide au démarrage de nouveaux producteurs mis en place par la Fédération des producteurs d’œufs de consommation. Depuis 2006, ce programme a permis l’établissement de huit nouveaux producteurs triés sur le volet. Ils bénéficient d’un prêt de quota de 5000 poules pondeuses, dont la valeur actuelle est de 1,3 million $. Emmanuel Destrijker croit que si le nombre de producteurs d’œufs de consommation diminuait de 106 à 30 d’ici 10 ans, ils ne pèseraient pas plus lourd qu’un duvet dans les négociations d’accords de libre-échange. Toutefois, ce programme ne désamorce pas ent ièrement le problème du pr i x du quota. « Actuellement, il est plus payant de démanteler une ferme pour toucher la valeur du quota et devenir millionnaire d’un coup que de la transférer. Ce n’est pas normal! » L’éleveur a bien l’intention de transférer un jour à ses enfants la ferme Hellebecq, du nom du petit village belge d’où sont originaires ses parents et qui veut dire « ailes et bec ». Il les remercie du fond du cœur de n’avoir jamais compté sur la valeur des quotas pour les établir, lui et son frère, dans deux entreprises avicoles différentes. Et il se dit aussi convaincu de voir son projet gestion de l’offre 2.0 éclore en 2013.
Jacques Cloutier :
d’éleveur à producteur en serres?
L « Et si la menace venait de l’intérieur? » Emmanuelle Vincent, deuxième vice-présidente de la Fédération de la relève agricole du Québec et étudiante en agroéconomie à l’Université Laval, dit craindre beaucoup plus les négociations d’attribution de quota interprovinciale dans les productions sous GO qu’une ouverture des marchés internationaux. « Le boum démographique et la demande se situent dans l’ouest du pays. En conséquence, le Québec risque de perdre des plumes », soutient-elle.
a gestion de l’offre, c’est une histoire d’amour avec les consommateurs, soutient Jacques Cloutier. Mais elle pourrait mal tourner. « On ne peut pas justifier auprès du public que des producteurs deviennent multimillion multimillionnaires en vendant leurs quotas », dit-il. Diplômé en agroéconomie de l’Université Laval, le jeune homme de 29 ans a intégré l’entreprise avicole familiale l’année dernière en acquérant 25 % des actions de la Ferme Amico. Et il a acheté à l’encan un quota de 1000 poules pondeuses pour la ron rondelette somme de 260 000 $, soit 260 $ la volaille. Cela pour augmenter le cheptel de 27 000 à 28 000 oiseaux. Le jeune homme se retrouvera bientôt à la tête d’une entreprise dont la valeur marchande oscille entre 6 et 7 millions $, ce qui est attribuable principalement à la valeur du permis de produire. Un non-sens, à ses yeux. « Quelle est la limite du prix du quota? De combien as-tu besoin pour prendre ta retraite? » demande le jeune éleveur. Selon lui, une partie de la vente de quota devrait retourner à la Fédération des producteurs d’œufs de consommation, pour éviter qu’un producteur ne tire sa révérence en empochant le magot. Par ricochet, soutient-il, ce nouvel apport d’argent permettrait d’abaisser le prélevé de 35 ¢ la douzaine d’œufs versé à la Fédération. L’entreprise verse à son organisation de mise en marché 23 000 $ par mois, ou 250 000 $ par année. Il estime que cette réinjection d’argent provenant de la vente de quota devrait être transférée aux consommateurs canadiens par un prix des œufs moindre. De plus, ajoute-t-il, « cette économie devrait nous permettre d’abaisser collectivement notre coût de production. Nous pourrions mieux faire face à une éventuelle concurrence des États-Unis. » Jacques Cloutier considère que le prix du quota freine aussi la croissance de son entreprise. Celle-ci, déjà confinée à la limite de la ville en pleine expansion de Saint-Jean-Chrysostome, ne peut plus croître en raison des règlements municipaux, qui limitent les distances séparatrices des résidences qui poussent comme des champignons
près de l’actuel poulailler. Le jeune éleveur projette de construire un deuxième poulailler d’une capacité de 20 000 poules conforme aux nouvelles normes de bien-être animal sur une autre terre familiale d’ici deux ans. Dans son plan d’affaires, il envisage d’acquérir un cheptel de 37 000 poules d’ici 2030, de deux façons. La première : en bénéficiant de l’attribution annuelle de quota distribué par la Fédération (environ 260 poules par année dans son cas). Et la seconde : en achetant du quota. Il évalue que ce projet sera rentable grâce aux gains de productivité : des poules logées en « condos » – de grandes cages avec des nids – pondront plus d’œufs! Mais en envisageant l’avenir, Jacques Cloutier est tiraillé entre son désir de développer sa production d’œufs de consommation et celui de se lancer dans une tout autre production. L’idée est de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier, dans l’éventualité d’une ouverture des frontières. Le jeune entrepreneur couve le projet de construction d’une serre d’une superficie d’un hectare. Il prévoit la chauffer avec de la fiente de poules. Et il surveille de près les travaux de recherche et développement d’un poêle à combustion de fumier de volaille menés par La Coop fédérée. « Ce type de chauffage me donnerait un avantage concurrentiel », dit-il, en ayant pleinement conscience de la proximité des marchés de Lévis et de Québec pour ses produits. u
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Paulin Bouchard PHOTO : FPOCQ
Président de la Fédération des producteurs d’œufs de consommation du Québec Le Coopérateur agricole Craignez-vous l’abandon de l’appui d’Ottawa à la gestion de l’offre parce que « le prix des quotas engendre des millionnaires »? Paulin Bouchard Je pense que l’on a bien expliqué au gouvernement les avantages de la GO, pour le consommateur et pour le producteur. Le prix des contingents n’est pas inclus dans les coûts de production. Que les quotas aient acquis de la valeur, ce n’est pas l’élément le plus positif de la GO. Depuis plusieurs années, on prend les moyens pour une meilleure gestion de la vente des contingents. LCA Quels moyens? PB On s’est doté d’un encan tronqué pour avoir plus de transparence et distribuer le contingent disponible à nos producteurs de façon équitable. Cet encan a stabilisé les prix. Le quota est environ au même prix qu’il l’était il y a cinq ans. Contrairement à d’autres provinces où celui-ci a continué à augmenter. LCA Le producteur qui vend son quota à 260 $ la poule décroche le gros lot, non? PB Ce n’est pas tout le contingent qui se chiffre à 260 $ la poule. En fait, il se négocie très peu de quota à ce prix. Il s’est vendu l’année dernière 4000 pondeuses sur un total quatre millions, soit un millième du total. Si tout ce volume était mis en marché, on s’entend bien que le quota ne vaudrait pas 260 $ la poule. LCA Il n’en reste pas moins que ce prix élevé peut torpiller la relève… PB Les entreprises sont transférées pour entre 10 et 30 % de leur valeur d’une génération à l’autre. Lorsqu’il se fait des transactions à la marge, oui ces prix-là peuvent être élevés. Mais on met tout en œuvre pour permettre une certaine croissance de l’entreprise de façon équitable et ne pas compromettre la relève. LCA Pensez-vous établir un prix plafond du quota, comme dans la production laitière? PB On n’a pas mis ce sujet à l’ordre du jour de notre prochaine assemblée générale, prévue en avril. Mais si les producteurs amènent ce sujet, il y a aura un comité de suivi sur la question.
Amélioration du niveau de formation - 2006 à 2011 33 % 30 %
30 % 24 % PHOTO : ÉTIENNE GOSSELIN
Dossier GO
Entrevue
■ 2006 ■ 2011
20 % 16 % 12 %
10 % La relève agricole est de plus en plus formée. Mais le pourcentage de jeunes entrepreneurs qui se lancent en agriculture sans aucune formation est passé de 8 % en 2006 à 9 % en 2011. Ce pourcentage inquiète le président de la FRAQ, Alain Audet. Lors du dernier congrès de la FRAQ à Shawinigan, en mars dernier, celui-ci a indiqué vouloir contrecarrer cet inquiétant phénomène.
52
26 %
Le Coopérateur agricole | MAI-JUIN 2013
0%
12 %
11 %
9%
8%
Diplôme d’études secondaires
Diplôme d’études professionnelles
Diplôme d’études collégiales
Diplôme d’études collégiales
Diplôme universitaire
Source : MAPAQ – Recensement de la relève établie en agriculture
9%
8%
Aucun diplôme
Agropur, le plan B
«F
Titulaire d’un DEC en gestion agricole, Frédéric Marcoux se dit plus préoccupé par l’incidence d’une possible montée des taux d’intérêt sur la santé des entreprises agricoles sous gestion de l’offre au cours des prochaines années que par une plus grande ouverture commerciale. Le jeune éleveur dévore les nouvelles économiques plus d’une heure par jour sur sa tablette électronique.
rédéric Marcoux se prépare à une ouverture graduelle des marchés d’ici « 10 ans ». Pour le moment, il croit qu’Ottawa défendra la GO dans la négociation d’accords commer commerciaux, même dans les pourparlers actuels avec l’UE, où se joue une importation supplémentaire de 10 000 tonnes de fromages européens. « Si le gouvernement signe, c’est le début de la fin. On ouvre une brèche qui va miner le prix intérieur des produits laitiers », dit-il. Et il pense que cette ouverture mettrait à risque l’équivalent du trans transfert de quelque 180 fermes laitières. La raison : ces fromages étrangers se substitueraient à la vente de lait intérieure. Privés de revenus, les parents auraient plus de difficulté à passer le flambeau à leur progéniture. Aujourd’hui âgé de 30 ans, le jeune homme a hérité de 50 % de la ferme familiale l’année où il accéda à la présidence de la Fédération de la relève agricole du Québec. Il fut en poste de 2009 à 2012). Grâce à la gestion serrée de son père, Philippe, il a pu acquérir l’entreprise avec un ratio d’endettement d’environ 100 $/hectolitre. Chez les Marcoux, on trait 42 vaches Ayrshire, race jugée plus rustique que la Holstein et dont la production laitière plus petite est compensée par un taux de matière grasse plus élevé. Pas « d’indice tracteur » dans cette entreprise, ce fameux indice qui reflète le surendettement des exploitations dû à l’acquisition de machinerie neuve. Les quatre tracteurs utilisés à la ferme ont tous été achetés de seconde main, le dernier en 2005. Cette liberté financière permet à Frédéric d’acheter du quota « au comptegoutte » (2,5 kg de m.g. par année) dans l’actuel système d’encan. « Il n’y a pas assez d’offres de quotas. Ça nuit aux éleveurs qui ont des projets de croissance, ceux qui par exemple veulent grossir leur troupeau pour intégrer plusieurs enfants dans l’entreprise familiale ». Trop cher, le prix du quota plafonné à 25 000 $ le kilo de m.g.? Il aimerait mieux que le prix soit plus bas, à 15 000 ou 20 000 $ le kilo de m.g., au risque de provoquer la grogne des baby-boomers, qui, selon lui, forment un groupe majoritaire des producteurs de lait. Mais au moins, le prix du quota n’est pas à 40 000 $ le kilo de m.g. comme en Colombie-Britannique.
À la vitesse actuelle d’acquisition du droit de production, le jeune éleveur prévoit augmenter son quota de 42 à 60 kg de m.g. d’ici 10 ans. À court terme, d’ici deux ans, il projette la construction d’une étable à taures, un bâtiment fort simple pour le confort des jeunes bêtes afin de tirer le maximum de leur potentiel génétique. Cette bâtisse sera convertie en garage lorsqu’il bâtira une nouvelle étable à stabulation libre, en partie pour répondre aux éventuelles exigences de la société sur le plan du bien-être animal. Et il compte acquérir en même temps un robot de traite, pour des raisons d’efficacité et d’économie de temps. Ce projet d’environ 750 000 $, il le planifie avec un crayon bien aiguisé. Il compte aussi construire un deuxième silo pour ne plus faire d’ensilage en balles rondes. Et il entend sous-traiter la production de son ensilage à son voisin, qui possède la machinerie adéquate, là encore pour économiser temps et argent. Son plan d’action : posséder une entreprise rentable, exploitée avec sa conjointe, Arianne Fréchette, agronome et experte-conseil à La Coop Alliance. Pourquoi cette obsession d’économie de temps? L’ex-président de la Fédération de la relève agricole compte bien s’impliquer à la Fédération des producteurs de lait du Québec « pour harmoniser et défendre la gestion de l’offre à l’échelle canadienne ». Frédéric se dit prêt en cas d’une possible concurrence américaine. Cela au moment où, chez l’Oncle Sam, les troupeaux de 100 vaches disparaissent pour faire place à des troupeaux de plus de 1000 vaches qui jouissent d’une économie d’échelle. Son plan B, en cas d’ouverture des marchés, repose sur son adhésion à Agropur. La performance financière de la coopérative lui procure en ce moment un 13e mois de paye en ristourne. Selon lui, même avec une concurrence accrue qui pourrait faire baisser le prix du lait et des produits laitiers, les Québécois vont continuer d’acheter du fromage Oka, des produits Natrel ou Québon, parce que ces marques font partie de leur ADN. « Peu de producteurs se rendent comptent que le branding d’Agropur vaut plus cher que la ristourne », conclut-il. u
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PHOTOS : NICOLAS MESLY
de Frédéric Marcoux
Dossier GO
Sabrina Caron :
Mère de trois jeunes enfants âgés de 2 à 6 ans, Sabrina Caron, 31 ans, est titulaire d’un DEC en production animale de l’ITA de La Pocatière. La jeune éleveuse a le sens des affaires bien aiguisé et elle planche sur des projets autres que la production laitière pour diversifier son entreprise en cas d’ouverture des marchés.
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ela fait 20 ans que l’on nous fait peur avec une ouverture possible des marchés. Si on ne se lance pas en affaires, on ne fera jamais rien! » dit Sabrina Caron. Et lorsque la jeune productrice se lance en production laitière, en 2009, elle achète 50 % des actifs de l’entreprise paternelle, située à un jet de pierre de Laurierville. Son plan d’affaires, échelonné sur 10 ans, est ambitieux : construire une étable à stabulation libre, installer un robot de traite et passer d’une production de 62 kg de m.g à plus de 100 kg de m.g.! Aujourd’hui, le troupeau de race Holstein file le parfait bonheur dans le confort de la nouvelle étable, un investissement de 1,2 million $. La production annuelle a augmenté de 30 %, pour se chiffrer à 12 500 kg par vache. Et grâce aux données transmises par le robot de traite, l’éleveuse fait de la « microgestion » en suivant la performance de chacun des quatre trayons du pis de ses bêtes. Qu’on en juge : les 50 vaches en lactation produisent 80 kg de m.g. Le robot est d’ailleurs la seule machine neuve dans l’entreprise, « parce qu’il permet une qualité de vie ». Toutes les opérations de production de fourrages, d’ensilage ou d’épandage de fumier sont réalisées à forfait ou en CUMA, pour éviter un surendettement causé par l’achat de machinerie improductive. Le manque de disponibilité de quota a toutefois mis un sérieux frein au plan d’action initial. « Ça m’enrage d’entendre un baby-boomer qui possède 45 kg de quota dire que son droit de produire, c’est sa retraite! » dit la jeune gestionnaire. Trop cher, le prix actuel du quota à 25 000 $ le kilo de m.g.? Un prix oscillant entre 12 000 et 15 000 $ le kilo lui semble plus juste. Quoi qu’il en
Le Coopérateur agricole | MAI-JUIN 2013
soit, par crainte d’une hausse des taux d’intérêt, elle échelonne les paiements de son droit de produire sur une courte période de huit ans. Et afin de rembourser une dette élevée – 285 $ l’hectolitre –, elle travaille à temps partiel chez Valacta. Cela permet à l’entreprise de dégager un salaire pour son père, Roland, et son conjoint, Dany. Sabrina ne craint pas que l’ouverture des marchés se fasse abruptement. Et elle croit qu’Ottawa trouverait une forme de compensation pour le rachat du quota des producteurs, dont la valeur, toutes productions confondues, est de 30 milliards $. « C’est la proposition de Mario Dumais, de l’Institut économique de Montréal. Mais penser que le fédéral rachèterait le quota à la valeur actuelle, c’est comme croire au père Noël », dit-elle. Entrepreneure née, Sabrina Caron se prépare à l’éventualité d’un monde sans quota. Et elle envisage deux possibilités pour assurer la croissance de son entreprise. La première est de transformer son lait en fromage, bien qu’elle soit très consciente que la concurrence est féroce (le Québec produit déjà 300 fromages, sans compter les importations). À bien y réfléchir, elle laisserait ce rôle de fromager à sa coopérative, Agropur. Le plan B de la jeune entrepreneure consiste à développer, d’ici cinq ans, avec un associé, près de 50 ha de la ferme voués… à la production de canneberge.
PHOTO : NICOLAS MESLY
du lait à la canneberge?
Le point de vue des
D
ifficile pour les banquiers du Mouvement Desjardins de mettre une note de 1 à 10 sur le risque d’une ouverture des marchés pour les productions sous GO. Ce risque est évalué au même titre que les coûts des intrants ou les taux d’intérêt pour concevoir une structure globale de financement. « La relève est bien au courant de ces enjeux-là et elle est beaucoup mieux formée », indiquent Marc Fortin et René Gagnon. Deux agriculteurs sur trois font affaire avec Desjardins, dont le portefeuille de 6 milliards $ en fait le plus gros prêteur agricole au Québec. Les deux créanciers indiquent que la durée d’un prêt global varie d’une entreprise à l’autre. Et il est difficile de distinguer la part de prêts cédants-relève sur une période de 5 à 10 ans. Cette période de remboursement peut s’échelonner sur une plage de 15 à 18 ans ou plus, en fonction des actifs, afin de laisser plus de manœuvre à la relève. La relève non apparentée, elle, risque d’avoir un endettement avec moins de marge de manœuvre, puisqu’elle ne bénéficie pas de « cadeaux familiaux ». On dit considérer une marge de manœuvre sur le plan de la capacité de remboursement en prévision de chocs possibles. « Les jeunes ont un plus gros endettement avec des périodes d’amortissement plus longues que quelqu’un qui approche de la retraite. Mais ils sont plus efficaces et ils font appel à de nouvelles
Principales productions de la relève en 2011 Volailles et œufs
Porcs
3% 6% Bovins laitiers et production laitière
Bovins de boucherie et veaux lourds
12 %
36 %
3% Les productions sous la gestion de l’offre restent les plus populaires chez les jeunes producteurs.
9%
Acériculture
10 %
10 % Autres productions
Ovins
11%
Fruits et légumes
Céréales, oléagineux, légumineuses et autres grains
banquiers
technologies, pour épargner de l’argent en alimentation par exemple. Ça se traduit par une productivité additionnelle de plus de 1000 kg de lait par vache », indique-t-on. Autre son de cloche à la Banque Nationale, toutefois. Si les jeunes exploitants sont mieux formés, « ils n’envisagent jamais la possibilité que le système de quota tombe un jour. C’était une discussion que j’avais avec les parents », explique Vincent Turgeon, directeur du transfert d’entreprise. Pourtant, il est impératif de s’en préoccuper, explique celui qui a réalisé quelque 200 transactions en trois ans. La Banque Nationale évalue une transition graduelle d’une ouverture de marché échelonnée sur 8 à 13 ans, toutes productions sous GO confondues. Le quota est remboursé sur cette période. Il n’est jamais financé à 100 %, mais à 60 %, une norme dans l’industrie bancaire. Tous les prêts sont conçus à des taux de 4 à 5 %, une marge de sécurité suffisante, alors que le taux du jour est de 3 %. « On ne pense pas que les taux d’intérêt vont grimper, alors on ne fait pas de calculs en prévision de taux de 8, 9 ou 10 % », indique-t-il. Le transfert des entreprises laitières est beaucoup plus facile depuis l’instauration d’un prix plafond de 25 000 $ le kilo de m.g. « Ça facilite la discussion, parce que les propriétaires sont moins déchirés entre le choix de vendre leur entreprise – ce qui pouvait souvent être le cas lorsque le prix du quota était à 33 000 $ le kilo – ou de la transférer », poursuit M. Turgeon. Selon lui, le prix du quota plafonné dans la volaille va aussi faciliter les transferts de fermes. À l’heure de la retraite des baby-boomers, le créancier se spécialise dans le transfert à une relève non apparentée, un secteur en pleine croissance. M. Turgeon croit que le nombre de fermes a atteint un seuil critique et qu’il est un enjeu pour la vitalité des territoires. Les productions sous GO, selon lui, demeurent les plus attrayantes pour la relève. Par contre, il entrevoit un très grave problème de relève dans l’industrie porcine, à cause des difficultés qu’a connues cette production depuis le début des années 2000. Pour en savoir plus sur les productions sous gestion de l’offre : www.go5quebec.ca/fr.
Sources : MAPAQ - Recensement de la relève établie en agriculture; Fiche d’enregistrement des entreprises agricoles
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Marchés
Perspectives du prix des grains Cuisinons l’avenir ! [Cet article est le premier d’une collaboration régulière avec le MAPAQ.] Par Yvon Boudreau Direction des études et des perspectives économiques Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec
Que ce soit à titre de vendeur ou d’acheteur, présager le prix des grains au cours des 5 ou 10 prochaines années est au cœur de plusieurs décisions d’affaires. C’est notamment le cas quand il s’agit d’investissements importants comme l’achat de terres ou de machinerie agricole, de même que la construction de bâtiments pour animaux ou d’usines de transformation. Toutefois, personne ne peut prétendre connaître les prix des grains sur un tel horizon. Il est déjà difficile de prévoir le prix de la prochaine récolte, imaginez celui des 10 prochaines…
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PHOTOS : THINKSTOCK
est d’autant plus difficile que des flambées de prix assez spectaculaires ont marqué les récentes années. Elles ont eu notamment pour cause des facteurs ponctuels comme de mauvaises récoltes mondiales de blé à la fin des années 2000, de mauvais rendements du maïs aux États-Unis, ainsi que la pire sécheresse à y survenir en 50 ans. En principe, l’effet de ces facteurs ponctuels est temporaire, c’est-à-dire qu’il perdure une année ou deux.
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Par ailleurs, ces facteurs sont survenus dans un contexte où des tendances de fond ont entraîné un relèvement structurel des prix mondiaux des grains – notamment le maïs – depuis le milieu des années 2000. Citons, par exemple, le développement de l’industrie nord-américaine des biocarburants, ainsi que la croissance quasi exponentielle de la demande pour les protéines animales dans les économies en émergence. Contrairement aux facteurs ponctuels, l’effet de ces tendances lourdes prévaut sur plusieurs années.
PHOTO : © ÉTIENNE BOUCHER, MAPAQ
Le volet « prévisible » du futur Par conséquent, l’opinion générale est que le maïs devrait se négocier durant les prochaines années à des prix supérieurs à ceux observés jusqu’au milieu de la dernière décennie. C’est d’ailleurs ce qui ressort des perspectives des prix agricoles à long terme établies par différentes organisations, telles que : • le département de l’Agriculture des États-Unis (USDA); • l’Organisation de coopération et de développement économiques, de concert avec l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (OCDE-FAO); • le Food and Agriculture Policy Research Institute (FAPRI), qui regroupe des chercheurs de l’Université de l’Iowa et de l’Université du Missouri. Ainsi, pour les prochaines années, les plus récentes perspectives indiquent un prix moyen du maïs aux États-Unis de 4,61 $ US le boisseau selon l’USDA1, de 4,86 $ US selon le FAPRI et de 5,03 $ US selon l’OCDE-FAO. Ces chiffres correspondent à des prix moyens de l’ordre de 180 $ US à 200 $ US la tonne métrique. Ces projections peuvent paraître modestes, après deux années-récoltes où le prix aux ÉtatsUnis a atteint respectivement plus de 6 $ et 7 $ le boisseau, ou plus précisément 245 $ US et 280 $ US la tonne. Néanmoins, comme l’indique le graphique 1, qui intègre les projections de l’USDA pour les années-récoltes de 2013 à 2022, ces perspectives témoignent du relèvement structurel des prix. Comme on peut également le constater dans le graphique, les projections de l’USDA ne comportent pas d’importantes fluctuations de prix au cours des 10 prochaines années. Il en va de même chez les autres organismes, soit l’OCDE-FAO et le FAPRI. Est-ce à dire que les prix seront généralement stables et ne varieront que faiblement au cours des prochaines années ? Il est probable que non. Les projections à long terme doivent être considérées comme des scénarios de référence, en fonction
des informations actuellement connues. C’est le message que livrent habituellement les organisations qui les réalisent. Les scénarios ne présument pas les changements de politique agricole, les futurs traités commerciaux, les crises économiques ou financières imprévues, les catastrophes naturelles ou les bouleversements géopolitiques. Ces projections sont utiles pour établir un prix moyen afin d’évaluer, par exemple, la viabilité à long terme d’un projet. Mais les chocs ponctuels, autrement dit les années « hors norme », peuvent menacer la pérennité d’une entreprise. u
Graphique 1
Prix du maïs aux États-Unis
(prix moyen à la ferme par année-récolte) 8,00 7,00 6,00 5,00 4,00 Projections de l’USDA pour les années-récoltes 2013 à 2022.
3,00 2,00 1,00 0 1940
1950
1960
1970
1980
1990
2000
2010
2020
Source : United States Department of Agriculture (USDA); compilation du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
Graphique 2
Fréquence du prix annuel du maïs aux États-Unis par intervalles de prix pour les années-récoltes de 1970 à 2006 16 14
Nombre d’années-récoltes
12
Intervalle comportant le prix moyen de 2,29 $ US
10 8 6 4 2 0
1. Prix du maïs à la ferme aux États-Unis selon l’USDA et le FAPRI. L’OCDE-FAO projette un prix à l’embarquement pour l’exportation dans les ports américains. Dans le texte, ce prix a été ajusté en fonction de l’écart moyen observé depuis l’année 2000 par rapport au prix à la ferme aux États-Unis.
$ US le boisseau
Moins de 0,50
0,50 à 1,00
1,00 à 1,50
1,50 à 2,00
2,00 à 2,50
2,50 à 3,00
3,00 à 3,50
3,50 à 4,00
Plus de 4,00
Prix : $ US le boisseau Source : United States Department of Agriculture (USDA) — Compilation du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec
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PHOTO : © ÉRIC LABONTÉ, MAPAQ
Prévoir « l’imprévisible » Comment alors prévoir ces « imprévisibles » ? Une approche consiste à évaluer le risque que ces chocs ponctuels surviennent au cours des prochaines années, et ce, en interrogeant notamment le passé. Le graphique 1 illustre que le prix a généralement varié de 1,50 $ US à 3,00 $ US le boisseau entre le début des années 1970 et l’année-récolte 2006, soit avant le relèvement structurel du prix des grains. Pour sa part, le graphique 2 (à la page 57) Graphique 3
Prix du maïs supérieur à 225 $ US la tonne* Probabilité sur un horizon de 10 ans 100 % 80 % 60 % 40 % 20 % 0%
1 an ou plus
2 ans ou plus
3 ans ou plus
4 ans ou plus
5 ans ou plus
Source : Ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec
Graphique 4
Prix du maïs supérieur à 250 $ US la tonne* Probabilité sur un horizon de 10 ans 70 % 60 % 50 % 40 % 30 % 20 % 10 % 0%
1 an ou plus
2 ans ou plus
3 ans ou plus
4 ans ou plus
Source : Ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec *
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Il s’agit d’un prix moyen pour une année-récolte.
Le Coopérateur agricole | MAI-JUIN 2013
met en évidence le nombre d’années-récoltes au cours desquelles le prix annuel du maïs s’est trouvé dans différents intervalles de prix durant cette période aux États-Unis. Cette représentation graphique prend la forme d’une « cloche statistique », dont le point culminant coïncide avec l’intervalle comportant le prix moyen de la période. En d’autres mots, elle indique comment le prix se comporte autour d’une moyenne à long terme. Or, les variables ayant ces caractéristiques présentent des propriétés statistiques intéressantes. Pour garder les choses simples, ces propriétés permettent, dans ce cas-ci, d’évaluer la probabilité d’observer différents prix annuels. Elles peuvent servir à évaluer le risque de prix autour d’un prix moyen à long terme de 190 $ US la tonne, établi d’après les projections de l’USDA, du FAPRI et de l’OCDE-FAO. Plus un prix s’éloigne de cette projection de prix, plus les chances de l’observer, en théorie, diminuent. Sur la base de ces critères2, les graphiques 3 à 7 illustrent la probabilité que surviennent différents scénarios de prix au cours des 10 prochaines années. Ces probabilités doivent être considérées comme des ordres de grandeur plutôt que des résultats au pourcentage près. Par exemple, le graphique 3 indique une probabilité d’environ 90 % que le prix annuel s’élève au moins une fois à 225 $ US ou plus la tonne aux États-Unis au cours de cette période. En fait, les chances sont bonnes que cela survienne à plus d’une reprise. En effet, la probabilité qu’un tel prix soit enregistré au cours de deux années ou plus serait de l’ordre de 60 %. Il est également fort plausible que le prix du maïs, pour une année-récolte, atteigne 250 $ US la tonne au cours de la prochaine décennie, soit plus d’une chance sur deux (voir le graphique 4). Par le passé, le prix aux États-Unis n’a franchi ce seuil que lors d’une seule année-récolte, soit la plus récente. Les chances seraient de l’ordre de 20 % que le prix atteigne cette valeur lors d’au moins deux années-récoltes. À la suite de la plus importante sécheresse des 50 dernières années aux États-Unis, le prix annuel moyen a en fait dépassé pour la première 2
À titre d’information, un critère de volatilité des prix est également utilisé. Il est établi en fonction du prix moyen projeté. Il implique notamment une volatilité qui, exprimée en dollars par tonne, serait 2,2 fois plus élevée que durant la période 1970-2006 et 4,5 fois plus élevée que durant la période 1943-1970.
fois les 275 $ US la tonne. Le risque qu’un tel prix revienne au moins une fois, au cours des 10 prochaines années-récoltes, s’estimerait à environ une chance sur quatre (graphique 5). Dans le même ordre d’idées, la probabilité d’enregistrer un prix moyen atteignant 300 $ US la tonne, pour l’une ou l’autre des 10 prochaines années-récoltes, s’évaluerait à environ 1 chance sur 20. Si ces résultats donnent une certaine mesure du risque que courent les acheteurs, la même analyse tient pour le risque de prix inférieurs, c’est-à-dire du point de vue des vendeurs. À cet égard, mieux vaut ne pas tenir pour acquis que le prix américain demeurera toujours supérieur à 200 $ US la tonne. Au contraire, les probabilités de connaître au moins trois années-récoltes avec un prix inférieur à 175 $ US la tonne seraient, au cours des 10 prochaines années, de l’ordre de 75 % (graphique 6). De même, la probabilité de connaître au moins une année-récolte à moins de 150 $ US la tonne serait d’un peu plus de 80 %. Les chances de l’observer au cours de plus d’une année-récolte seraient d’un peu plus de 50 % (graphique 7).
En conclusion Ces résultats représentent une évaluation du risque de prix en fonction de l’information actuellement disponible. Rien ne garantit que la projection moyenne de prix de 190 $ US la tonne, établie d’après les perspectives de l’USDA, du FAPRI et de l’OCDE-FAO, se concrétise. De même, la volatilité des prix pour les 10 prochaines années ne sera véritablement connue qu’après coup. Elle pourrait être plus importante qu’anticipée. Par exemple, la sécheresse américaine de l’an dernier n’a-t-elle été qu’un accident de parcours ou estelle le présage de mauvaises conditions appelées à survenir fréquemment ? Les réponses à ces questions se dévoileront d’elles-mêmes au cours des prochaines années. C’est aussi la raison pour laquelle l’évaluation des risques n’est pas figée dans le temps. Les probabilités citées précédemment peuvent être revues en fonction des nouvelles informations disponibles. Elles font tout de même ressortir l’importance, pour une entreprise, d’évaluer les conséquences de différents scénarios de marché sur ses activités. À défaut de connaître parfaitement l’avenir, nous pouvons le « cuisiner » de notre mieux…
Graphique 5
Prix du maïs supérieur à 275 $ US la tonne* Probabilité sur un horizon de 10 ans 25 % 20 % 15 % 10 % 5% 0%
1 an ou plus
2 ans ou plus
3 ans ou plus
4 ans ou plus
Source : Ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec
Graphique 6
Prix du maïs inférieur à 175 $ US la tonne* Probabilité sur un horizon de 10 ans 100 % 80 % 60 % 40 % 20 % 0%
1 an ou plus
2 ans ou plus
3 ans ou plus
4 ans ou plus
5 ans ou plus
Source : Ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec
Graphique 7
Prix du maïs inférieur à 150 $ US la tonne* Probabilité sur un horizon de 10 ans 100 % 80 % 60 % 40 % 20 % 0%
1 an ou plus
2 ans ou plus
3 ans ou plus
4 ans ou plus
5 ans ou plus
Source : Ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec *
Il s’agit d’un prix moyen pour une année-récolte.
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Je u n e s s e r u r a l e
L’AJRQ, pour joindre l’amical [Les temps forts de l’assemblée générale] Une assemblée générale annuelle est habituellement un moment solennel. Mais quand elle est tenue par des jeunes âgés de 6 à 25 ans qui y greffent des activités ludiques et éducatives, peut-elle se dérouler dans une ambiance bon enfant ? Texte et photos d’Étienne Gosselin, agronome, M. Sc.
«V Photo du haut : Pour souligner les 100 ans de jeunesse rurale au Québec, les anciens administrateurs de l’AJRQ avaient été invités à venir faire part de leurs souvenirs.
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otre assemblée générale annuelle est un très bon exercice démocratique et je constate que vous faites bien ça », s’est réjoui Mathieu Couture, homme aux éternelles joues rouges, qui est administrateur de La Coop fédérée et président de la Table de concertation de la jeunesse rurale du Québec. Avec un ordre du jour en 19 points, la 33e AGA de l’Association des jeunes ruraux du Québec (AJRQ) était certainement chargée, mais elle a été menée rondement par la centaine de membres réunis. Les cercles des jeunes ruraux Chesterville, de l’Érable, Saint-Valère et Warwick avaient été mandatés pour présenter l’AGA à Victoriaville.
Le Coopérateur agricole | MAI-JUIN 2013
L’évènement phare de l’AJRQ en 2012, la Classique des jeunes ruraux, aura permis de rassembler 176 participants de 29 cercles (sur une possibilité de 33), cinq races laitières, des ovins et un volet végétal. Cette 16e édition, tenue dans le cadre d’Expo Québec, était la dernière à avoir lieu à Québec, en raison de la décision inattendue d’Expo Québec de ne plus tenir à l’avenir de jugements d’animaux, jugés « folkloriques », selon les informations obtenues par la directrice générale de l’AJRQ, Annie Chabot. Au moment de mettre sous presse, nous apprenions que c’est l’Expo agricole de Montmagny qui décrochait la finale provinciale des jugements d’animaux, à laquelle devrait se greffer la Classique. Le banquet de soirée a, de son côté, été l’occasion de remettre les convoités prix Tout-Québec jeunes ruraux et de dévoiler les Personnalités AJRQ 2012: Mauranne Hébert (catégorie 15 ans et moins) et Lysanne Pelletier (catégorie 16-25 ans), membres de l’AJRQ depuis respectivement 9 et 10 ans. Quant
au meilleur cercle de la dernière Classique, ce fut le CJR Beauce, avec 71,4 points. Un diaporama a enfin rappelé de bons souvenirs aux anciens membres des conseils d’administration de l’AJRQ venus célébrer les 100 ans de la jeunesse rurale au Québec. Certains ont d’ailleurs pu apprendre qu’Annie Chabot, l’actuelle directrice générale de l’AJRQ, fut la première femme présidente de l’organisme. En fin de soirée, une activité réseautage nouveau genre incitait les jeunes à « tuer » au moyen de petits pistolets-jouets à fléchettes des jeunes dont les profils avaient été mis dans une enveloppe. Les plus vieux, quant à eux, étaient déjà morts… de fatigue ! Le lendemain, deux visites de fermes très différentes l’une de l’autre attendaient les jeunes congressistes. Premier arrêt: la Ferme JPL (troupeau Jersey), à Warwick, contiguë à l’École alternative La Fermentière. Alors que la première est propriété de Jean-François Boutin et Sophie Therrien, la
à l’animal
Le dimanche, les congressistes avaient rendez-vous à l’École alternative La Fermentière et à la Ferme JPL, à Warwick, qui accueille de jeunes décrocheurs souffrant de différents problèmes.
deuxième appartient à la commission scolaire des Bois-Francs. La Fermentière est une école où de jeunes décrocheurs de 15 à 17 ans se rendent, loin des tentations de la ville, pour apprendre à leur rythme (enseignement individualisé et par module du français, de l’anglais et des mathématiques). Le travail cérébral est entrecoupé d’activités diverses, notamment soins aux vaches, travaux d’ébénisterie, jardinage, cuisine, activités sportives et culturelles. Le gérant du troupeau, Jean-François Boutin, est diplômé en éducation spécialisée et est l’un des cinq employés de l’école. Avec une traite qui commence à 4 h 15, une journée de travail de 9 h à 16 h et une deuxième traite en soirée – sans compter ses trois
enfants –, ses journées sont bien remplies. Il a acquis le quota actuel de 17,3 kg et les animaux avec ses propres économies, car la commission scolaire ne contribue pas aux actifs productifs. Bref, la Ferme JPL, par son mandat éducatif d’accueil de jeunes souffrant de problèmes d’apprentissage, de comportement, de consommation de drogues ou de santé mentale, se démarque par son approche unique au Québec. Une démarche qui semble fonctionner, comme en témoigne ce mot d’un élève affiché dans l’étable: «Je ne pensais jamais dire ça, mais… j’aime l’école!»
Le banquet de soirée a été l’occasion de remettre les convoités prix Tout-Québec jeunes ruraux et de dévoiler les Personnalités AJRQ 2012. Dans l’ordre habituel : Mauranne Hébert, accompagnée de Roger Béliveau, notamment ancien administrateur à La Coop fédérée, reçoit le trophée qui porte le nom de ce dernier. Lysanne Pelletier remporte le trophée Jean-Paul-Vermette. Il lui est remis par Florent Fortier, membre du conseil d’administration du Salon de l’agriculture.
Une nouvelle présidente
Après deux années à la présidence, Josiane Chabot a passé le relais de l’AJRQ à celle qui était trésorière de l’association jusqu’au 2 mars dernier, Marie-Pier G. Vincent, du Cercle des jeunes ruraux Bagot– Saint-Hyacinthe. La jeune femme de 22 ans a fait ses premières armes dans l’entreprise familiale, la Ferme Vinbert, d’Acton Vale. Diplômée en technologie des productions animales du campus de Saint-Hyacinthe de l’ITA, Marie-Pier travaille actuellement à la Ferme Cerpolait, à Saint-Aimé.
Le cortège s’est ensuite déplacé vers Tingwick pour rendre visite à la famille Roux, de la Ferme Roulante. À voir : une impressionnante étable à stabulation libre de 46 m sur 160 et le plus gros carrousel de traite au Québec, qui permet une traite en continu de 50 vaches. Cette ferme, lauréate en 1999 du titre provincial des Jeunes agriculteurs d’élite, cultive plus de 800 hectares et effectue la traite de 475 vaches. Les animaux sont logés à quatre endroits, selon leur âge ou leur état physiologique. L’ancienne étable à comble français a été rebaptisée l’« étable Séraphin » et sert à loger les vaches ayant récemment vêlé, les animaux en traitement vétérinaire et les animaux encore capables de donner du lait, mais destinés à la réforme (pour éviter les problèmes éventuels, le lait de cette vacherie est entreposé dans un réservoir distinct de celui de l’étable principale). Entre l’ancienne étable et la nouvelle, on trouve quatre chambres-pouponnières dernier cri (avec louves) gérées en tout plein, tout vide et qui permettent d’héberger les veaux en stabulation libre. Dernier fait à noter : la ferme a déjà compté jusqu’à six robots de traite, qui ont été remplacés par le carrousel, en 2011, pour des raisons économiques, de performance et de simplicité. MAI-JUIN 2013 | Le Coopérateur agricole
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A p i c u lt u r e
L’apiculture, une production à
haut potentiel de diversification Lyne Lauzon Chargée de projets aux publications Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec
PHOTO : PIERRE CADORET
Le miel est le produit de l’abeille le plus connu et le plus vendu actuellement dans le monde. Jusqu’au XVIIIe siècle, il faisait partie des aliments de base de l’humanité. Cela dit, la variété de produits que peut offrir l’apiculture est bien plus grande. Chacun nécessite une préparation et une commercialisation différentes. Le pollen La vente de pollen est un débouché qui peut permettre à l’apiculteur de diversifier ses sources de revenus. Ce produit est d’autant plus intéressant que l’investissement requis pour sa récolte se rentabilise rapidement. Le pollen est doté de qualités alimentaires particulièrement recherchées par les gens qui veulent diversifier leurs sources de protéines végétales ou réduire leurs risques de carence en acides aminés essentiels.
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Le Coopérateur agricole | MAI-JUIN 2013
Pour pouvoir récolter une partie du pollen recueilli par les abeilles, l’apiculteur installe sur ses ruches une trappe expressément conçue à cette fin. Selon qu’il s’agit d’une trappe frontale, à plateau ou d’un autre type, il la place soit à l’entrée de ses ruches, sur le plateau ou sur le dessus. Il doit choisir des ruches fortes. Les trappes sont conçues pour permettre une récolte maximale de 30 % du pollen apporté par les abeilles. La période idéale pour récolter le pollen s’étend du mois de juin à la mi-août. La personne responsable de la collecte vide le pollen dans un contenant de qualité alimentaire, rigide et propre. La fréquence de la récolte varie d’un à trois jours, en fonction du volume des compartiments à pollen et des conditions météorologiques. Afin de minimiser les risques de dégradation, le pollen est séché ou congelé dans les 48 heures suivant sa récolte. Après avoir été débarrassé de toute particule étrangère, il est mis dans des contenants ou des sacs hermétiques et opaques. Il peut ainsi se conserver d’un à deux ans, selon qu’il a été congelé ou séché.
La propolis L’apiculteur aurait aussi tout à gagner à valoriser davantage la propolis. Celle-ci est un assemblage de substances résineuses très aromatiques que les abeilles domestiques collectent sur les bourgeons et les écorces de certains arbres et arbustes : le peuplier, le bouleau, l’aulne, le sapin, le pin et l’aubépine, notamment. Une fois dans la ruche, les abeilles modifient cet assemblage par l’addition de cire et de sécrétions salivaires. Elles en tapissent ensuite les parois internes des cadres, des hausses et du couvercle de la ruche. Pour accroître sa rentabilité, l’apiculteur doit profiter de la gestion normale de son rucher pour récolter la propolis. Lors des opérations de routine, en juillet, août et septembre, il gratte les parois internes des cadres et des hausses pour recueillir la propolis. Ou bien il peut choisir d’utiliser des grilles à propolis, à raison d’une grille par ruche. Ce système de grilles a l’avantage de diminuer considérablement la quantité d’impuretés externes associées à la propolis. Le travail ultérieur d’extraction et de purification s’en trouve facilité. L’intérêt de la propolis réside dans ses composés actifs, qui peuvent être utiles en phytothérapie ou dans le secteur des produits nutraceutiques.
La cire d’abeille La cire fabriquée par les abeilles pour construire les alvéoles offre aussi un bon potentiel de diversification pour l’entrepreneur apicole. Elle peut en effet être utilisée dans de nombreux produits : crèmes hydratantes, baumes à lèvres, savons, bougies, produits de conservation pour le bois, etc. Il existe deux types de cire d’abeille : la cire d’opercule et la cire des vieux cadres. Étant la plus belle, la plus odorante et la moins contaminée, la cire d’opercule est celle qui possède la plus grande valeur de vente. Cela dit, toute cire d’abeille réclame certaines manipulations avant d’être vendue : fonte, moulage, décantation et, suivant l’utilisation prévue, filtration et blanchiment. L’apiculteur a le choix de réaliser lui-même ces opérations ou de les confier à un tiers.
L’hydromel Un autre produit dont peut tirer profit l’apiculteur est l’hydromel. Ce vin de miel, qui connaît un essor au Québec depuis une vingtaine d’années, est l’une des plus vieilles boissons alcoolisées au monde. Dans la mythologie grecque, chez les
Gaulois ou les Celtes, plusieurs vertus bénéfiques lui étaient attribuées. Une coutume, en Europe du Nord, obligeait les jeunes mariés à ne boire que de l’hydromel durant les 30 jours suivant leur union, d’où l’expression « lune de miel », qui désigne encore de nos jours la période que vit un couple à la suite de son mariage. L’hydromel de base est une boisson composée uniquement d’eau, de miel et de sels nourriciers, qui est fermentée à l’aide de levures alcooliques sélectionnées. Sous certaines conditions, des fruits et des substances aromatiques ou édulcorantes naturelles peuvent y être ajoutés. Selon la proportion de miel utilisée au départ et la quantité de sucre résiduel, le produit final sera sec, demi-sec, doux ou liquoreux. En utilisant la méthode champenoise, il est même possible de produire un hydromel mousseux ou pétillant. L’équipement de base pour une fabrication à petite échelle est relativement simple, mais doit être de qualité alimentaire : cuve, cuillère, tuyau siphon, hygromètre, thermomètre, tourie, bouchonneuse, filtres, support rince-bouteille et bouchons de liège ou de plastique. Le processus de fabrication nécessite, quant à lui, plusieurs étapes qui exigent une gestion sanitaire rigoureuse : pasteurisation ou stérilisation, mise en fermentation, soutirage, clarification, filtration, mise en bouteilles, étiquetage et vieillissement. Le secteur des boissons alcooliques étant très réglementé au Québec, il faut obtenir un permis avant de se lancer dans la production et la commercialisation d’hydromel. Le site Internet de la Régie des alcools, des courses et des jeux (www.racj.gouv.qc.ca) et celui du ministère des Finances et de l’Économie du Québec (www. mdeie.gouv.qc.ca/objectifs/conformer/ boissons-alcooliques) fournissent à ce sujet beaucoup d’informations. Pour en apprendre davantage sur les différentes tâches ou techniques associées à la préparation de l’hydromel, du pollen, de la cire d’abeille et de la propolis, mais aussi du miel et du miel en rayons, on peut maintenant se procurer un guide intitulé Préparation et commercialisation des produits de l’abeille, en version imprimée ou numérique, auprès du Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ). Pour le commander, il suffit de se rendre dans la section des publications du www.craaq.qc.ca.
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D é c o r at i o n
Par Hélène Cossette
PHOTO : INGIMAGE
Par ailleurs, les gens qui ont toujours utilisé des teintures à l’huile sur leur patio pourront sans crainte passer aux teintures dites « hybrides » pour le restaurer. « Elles ont été mises au point dans le but d’éviter un décapage complet », assure Daniel Houle. Les marques Inov et PARA Timbercare, vendues dans de nombreux établissements du réseau Unimat, comportent toutes deux des teintures hybrides faibles en composés organiques volatils (COV). Nouvelle sur le marché, la teinture extérieure translucide SamaN pour bois à base d’eau est très appréciée de sa clientèle, remarque-t-il. Offerte en huit teintes populaires, elle permet de rafraîchir la couleur du patio en une seule couche, après qu’on a préparé la surface conformément aux instructions. Selon le fabricant, on peut aussi l’utiliser sur du bois neuf, traité ou non, 30 jours après sa pose.
Entretenir son
patio en bois
PHOTO : UNIMAT SAINT-FRANÇOIS-XAVIER-DE-BROMPTON
Avec le retour de la belle saison, beaucoup se demandent quoi faire pour redonner de l’éclat au bois naturel ou traité de leur patio. Faut-il les teindre ? Faut-il cacher les signes d’usure sous une couche de peinture ? Daniel Houle, spécialiste en design d’intérieur et d’extérieur pour la boutique de décoration Inov du centre de rénovation Unimat de Saint-François-Xavier-de-Brompton, répond à ces questions.
Daniel Houle et Kathleen Labrecque, du centre de rénovation Unimat de Saint-François-Xavier-de-Brompton
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D’entrée de jeu, il décourage l’emploi de la peinture et du vernis. « Je préfère mettre de la teinture sur les surfaces horizontales. Comme elle pénètre le bois, elle le nourrit et le protège contre l’humidité et les rayons ultraviolets. De plus, elle ne s’écaille pas, elle nécessite moins d’entretien et sa couleur reste plus belle et plus uniforme », résume-t-il. Le spécialiste recommande d’ailleurs de choisir des teintures au latex spécialement conçues pour les différents types de bois. « Offertes en finis transparents, semi-transparents ou opaques, les marques Inov, Permatec, Timbercare, SamaN et Techniseal proposent un très large éventail de teintes », poursuit-il. Certaines de leurs teintures contiennent aussi un agent fongicide qui prévient la moisissure.
Le Coopérateur agricole | MAI-JUIN 2013
Mode d’emploi Pour prolonger la vie de son patio, Daniel Houle recommande un entretien dès les premiers signes de détérioration ou encore après un maximum de deux ans pour les planchers et de cinq ans pour les éléments verticaux. La température idéale d’application de la teinture se situant entre 12 et 25 °C, les mois de mai, juin et septembre sont, selon lui, les plus indiqués. « Il ne faut jamais l’appliquer au gros soleil. Il vaut mieux procéder en fin de journée ou choisir une journée nuageuse, mais sans risque de précipitations. Cependant, après une pluie ou un arrosage, il faut attendre trois à quatre jours de beau temps pour atteindre un taux d’humidité idéal. » Une bonne préparation du bois est primordiale, d’après lui. « La surface doit être sèche, uniforme et exempte de débris et de contaminants. On prendra soin de la nettoyer avec une solution de phosphate trisodique ou avec un jet à pression, puis de la poncer avec un papier sablé de grade 60 à 80 pour ouvrir les pores du bois et faciliter l’agrippement de la teinture. » Il conseille d’étaler la teinture avec un pinceau en soie blanche. Pour un fini durable, il recommande aussi un minimum de deux couches à 24 heures d’intervalle. Daniel Houle et sa collègue Kathleen Labrecque pourront également vous renseigner sur d’autres produits destinés aux terrasses dans leur tout nouveau rayon Vivre à l’extérieur.
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Devenez de meilleurs voisins Lancement du Guide d’aide au bon voisinage
La Coop fédérée a récemment lancé un guide consacré au bon voisinage et destiné à aider les entreprises à maintenir de bonnes relations avec leurs collectivités. Ce guide propose notamment une démarche permettant de faire le bilan des enjeux de l’entreprise en matière de relations avec sa collectivité, ainsi qu’un plan d’action pour réduire ses éventuelles nuisances sur celle-ci. En publiant cet outil, La Coop fédérée a pour objectif d’encourager les entreprises à agir en bonnes citoyennes, à être socialement plus responsables et à contribuer à protéger l’environnement. Le document couvre notamment : • La détermination des nuisances – techniques (bruits, dégradations, pollutions) ou sociales (encombrements, promiscuité) – qui influent sur la qualité de la vie des voisins. • La relation et le comportement de l’entreprise avec ses parties prenantes (clients, fournisseurs, assureurs, employés, collectivité locale, ONG, municipalité, etc.). • La création d’un comité de liaison. • Les façons de se tenir à l’écoute et d’informer les parties prenantes. Le guide présente également les différents bénéfices que peut amener une telle démarche, tels qu’avoir plus de facilité dans l’obtention d’autorisations pour réaliser de nouveaux projets, éviter des conflits et recours coûteux, obtenir un engagement accru Dans l’ordre habituel : Claude Lafleur, Laurie Talluto, Luc Turbide et Éric Morissette, respecdes employés, etc. tivement chef de la direction, chef d’équipe Pour télécharger le guide : www. environnement, conseiller environnement et lacoop.coop/voisinage/pdf/Guide.pdf. directeur environnement à la Coop fédérée.
m 1 an : 23,22 $
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m 1 an à l’étranger : 85,00 $
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Le Coopérateur agricole
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De nombreux gagnants ! Chaque année, La Coop fédérée participe à plusieurs expositions et salons agricoles partout dans le réseau. Cette année, elle était présente au Salon de l’agriculture, à Saint-Hyacinthe, au Salon de la machinerie agricole, à Québec, et au Valley Farm Show, à Ottawa. Le concept est resté similaire à l’an passé, soit un kiosque imposant par sa grande structure ainsi que des représentants et experts-conseils présents sur place pour interagir avec tous les visiteurs. Quelques nouveautés ont été présentées et ont attiré l’attention : la TSV (trémie semi-vrac) La Coop et la zone interactive, où on présentait nos nouveaux produits. Sans oublier un concours attrayant : « Gagnez un iPad mini ». Un prix par salon a été tiré au hasard parmi plusieurs centaines de participants. Les entreprises qui ont remporté un iPad mini avec leur nom gravé au dos sont : la Ferme Isabelle, membre de La Coop des Frontières, la Ferme du Patrimoine, de La Coop Purdel, et Rusendale Farms, de La Coop Agrodor. Gagnant de l’iPad mini, Éd Rusenstrom, et son experteFélicitations à tous ! conseil, Amanda Lukassen.
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(Source : Frédérick Lacroix-Bélanger, Service marketing et intelligence d’affaires de La Coop fédérée)
Le Coopérateur agricole | MAI-JUIN 2013
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Nous aussi! En constante évolution, les produits et programmes de la gamme TransilacMC visent à préparer adéquatement les vaches taries à la période de vêlage. Notre plus récente innovation : l’ajout du concept PHP dans le but de protéger le foie de la vache et la Préparer pour une Haute Production!
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TransilacMC et l’expertise-conseil La Coop, des solutions adaptées aux besoins des vaches taries et en transition. Vivez l’effet de la coopération. w w w.lacoop.coop
Les aliments soutiennent l’humanité. Mais qu’est-ce qui soutient les aliments? Alors que les pays en voie de développement croissent et désirent une alimentation meilleure et plus équilibrée, la demande en aliments nutritifs croît également. Mais à chaque fois qu’une récolte est moissonnée, elle emporte avec elle des nutriments provenant du sol qui doivent être remplacés. La potasse et d’autres nutriments essentiels à la culture sont responsables de la moitié de la production alimentaire mondiale, aidant les fermiers à produire des récoltes qui sont aussi plus fortes, en meilleure santé et plus abondantes. La potasse soutient les aliments qui nous soutiennent. Pour en apprendre davantage sur les bienfaits de la potasse et comment elle nous permet d’espérer un avenir bien nourri, visitez notre site à PotashCorp.com
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