JUILLET-AOÛT 2016
cooperateur.coop
VOTRE VIE, VOS AFFAIRES
Clan Gagnon Vaches heureuses Vaches généreuses
Production bovine Comment s’informent les producteurs Légumineuses Démarrer avec ardeur
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QUAND ON VIT SUR UNE FERME, ON NE COMPTE PAS SES HEURES.
MEILLEURE CAPACITÉ DE REMORQUAGE DE LA CATÉGORIE (JUSQU’À 31 210 LB)1
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Chaque camion Ram est conçu pour relever tous les défis et dépasser toutes les attentes. Il n’est donc pas étonnant que Ram soit la gamme de camions la plus durable au pays4 avec le taux de fidélité le plus élevé parmi tous les camions pleine grandeur5. DÉCOUVREZ POURQUOI NOUS SOMMES
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Selon la catégorie des camions 2500/250 et 3500/350 jusqu’à 14 157 kg. 2 Selon la catégorie des camions 2500/250 et 3500/350. 3 Selon la catégorie des camions 3500/350 jusqu’à 3 352 kg. 4 Affirmation basée sur la longévité de la gamme complète des gros camions Ram, comparativement à celle des gros camions de la concurrence en service depuis 1988. Longévité basée sur les données tirées du recensement de IHS Automotive : Polk sur les véhicules en service au Canada au 1er juillet 2015, pour les années modèles 1988 à 2015, pour tous les gros camions vendus et disponibles au Canada au cours des 28 dernières années. 5 Selon les renseignements d’entités indépendantes sur les véhicules de reprise concurrents au Canada pour les gros camions neufs des années modèles allant de 2008 à septembre 2015 au chapitre des ventes au détail cumulatives. 6 Affirmation basée sur les ventes des modèles 2015.
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dossier : CCR-161065
client : Chrysler
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rédaction
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SOMMAIRE ÉDITION JUILLET-AOÛT 2016
VOTRE VIE
VOS AFFAIRES
VIE COOPÉRATIVE 5 6 10 12 14
AFFAIRES AGRICOLES 20 24 28 33 34 36
ENTRE NOUS Ghislain Gervais* MA COOP PAUSE PENSÉE Colette Lebel* CUMA : harmoniser les pratiques Coopération au Pérou, — pour enrichir les agriculteurs
16 Julie Gagnon — la coopération inscrit dans l’ADN
Clan Gagnon : vaches heureuses, vaches généreuses Planète laitière — produire au pays des kangourous Les sources d’information en production bovine À TIRE D’AILE Jean-Yves Lavoie* L’impact de la qualité des grains dans la volaille Performances technicoéconomiques en production porcine
38 Légumineuses : démarrer avec ardeur 41 Des pommes de terre germées, ça peut attendre 44 L’abeille enfin admise à l’université!
VIE AGRICOLE 18 Des TDA chez les
entrepreneurs agricoles
AFFAIRES ÉCONOMIQUES 46 Le soutien agricole en Chine 50 ZOOM AFFAIRES
Site Web : www.cooperateur.coop Version virtuelle : www.cooperateur.coop/fr/magazine
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JULIE GAGNON FEMME ENGAGÉE
* For English version, please visit our website at www.cooperateur.coop/en
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LE SOUTIEN AGRICOLE
EN CHINE
PERFORMANCES
TECHNICOÉCONOMIQUES en production porcine
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(défrayé par votre coopérative) 1 an : 25 $ 2 ans : 40 $
3 ans : 55 $ À l’étranger – 1 an : 90 $
ERRATUMS
PRODUCTION LAITIÈRE
1. Une erreur s’est malencontreusement glissée dans le numéro de mai-juin, dans l’article de Nicolas Mesly en page 43. La photo des producteurs de la Ferme Aly Blackburn aurait dû être celle-ci (à gauche). Toutes nos excuses.
FERME BROWN HEAVEN
2. Dans l’article L’analyse foliaire : un outil incontournable, paru dans le numéro de mai-juin, il a été question de fertilisation et d’éléments majeurs. Le mot « majeurs » signifie « éléments à équilibrer dans ce type de fertilisation », et non dans le sens de majeurs (N-P-K), secondaires et mineurs.
FERMES BORÉALES UNE PREMIÈRE PORTÉE À FUGÈREVILLE
VOLUME 45, NO 6 | JUILLET-AOÛT 2016
Rédacteur en chef adjoint Patrick Dupuis, agronome 514 858-2044 (ligne directe) patrick.dupuis@lacoop.coop Adjointe à l’édition Marie-Hélène Gaudin 514 384-6450, poste 3513 marie-helene.gaudin@lacoop.coop Révision Georges O’Shaughnessy enr. Ont collaboré à ce numéro Ève Cayer, Hélène Cossette, Ghislain Gervais, Étienne Gosselin, Jean-Yves Lavoie, Alexandre Lebel, Colette Lebel, Yves Ngorbo, Stéphane Payette, Stéphane Perreault, Andréa Renaud, Francine SaintLaurent, Jean Tanguay
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Webmestre Ricardo Silva Photographies et illustrations Ève Cayer, Bernard Diamant, Martine Doyon, Étienne Gosselin, Patric Nadeau, Studios Jacob Page couverture Studios Jacob Impression Interweb Inc. Les photos, illustrations et textes publiés dans le Coopérateur et sur le site Internet de La Coop fédérée ne peuvent être réutilisés sans autorisation.
Correspondance Retourner toute correspondance ne pouvant être livrée au à: Canada à: Coopérateur C.P. 500 Station Youville, Montréal (Québec) H2P 2W2 Tél. : 514 384-6450 | Téléc. : 514 858-2025 Courriel : cooperateur@lacoop.coop Site web : www.cooperateur.coop
Poste-publications, convention n° 40628621 Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec
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PHOTO : MARTINE DOYON
Directrice et rédactrice en chef Guylaine Gagnon 514 858-2146 (ligne directe) guylaine.gagnon@lacoop.coop
Graphistes Bernard Diamant, Simon Fortin, Suzanne Turcot
Publicité Pierre Grinsell | 450 661-8200 info@relationsmedia.ca
PHOTOS : PATRICK DUPUIS (BROWN HEAVEN), OLYMEL (FERMES BORÉALES)
Éditeur Jean-François Harel
Conception graphique Service de la création, La Coop fédérée
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Le Coopérateur est publié neuf fois l’an par La Coop fédérée. Il est l’outil d’information de la coopération agricole québécoise.
ENTRE NOUS
D’HIER À DEMAIN GHISLAIN GERVAIS, PRÉSIDENT DE LA COOP FÉDÉRÉE, GHISLAIN.GERVAIS@LACOOP.COOP
PHOTO : MARTINE DOYON
PHOTOS : PATRICK DUPUIS (BROWN HEAVEN), OLYMEL (FERMES BORÉALES)
C’ÉTAIT FRISQUET, mais plutôt idéal comme saison des semis dans ma région. On n’a bien entendu pas pris de risques, et des journées de 30 heures, il y en a eu. Cependant, tout s’est bien déroulé et dans un temps record. Ces longues heures passées dans la cabine du tracteur nous laissent tous du temps pour réfléchir et penser à toute sorte de choses. Moi, chaque printemps, je ne peux m’empêcher de penser à mon ancêtre qui a défriché cette terre. C’est que je suis de la cinquième génération à mettre en valeur ce coin de pays et à investir dans le sol pour faire vivre ma famille, mais aussi pour contribuer à nourrir le monde. Bien entendu, l’agriculture pratiquée par mon arrière-arrière-grand-père était très différente de celle qu’on connaît aujourd’hui. L’agriculture est toujours un mode de vie, mais nous nous sommes adaptés à l’évolution de la société. Nos fermes sont maintenant de plus grande dimension, il y a moins de monde dans nos rangs, et presque plus personne ne va à la messe. Un récent portrait de l’agriculture au Québec, compilé par le MAPAQ à partir des recensements de 2006 et de 2011, montre que la consolidation des fermes dans la province s’est poursuivie de façon continue. En 2014, moins du quart des fermes québécoises ont généré les trois quarts des revenus bruts agricoles. Bref, on est passé des bidons de lait aux robots de traite et de la charrue à traction animale aux tracteurs articulés avec autoguidage et GPS. Nos coopératives ont elles aussi su s’adapter au passage du temps. La Coop fédérée, qui comptait près de 645 coopératives agricoles en 1950, n’en compte aujourd’hui qu’une cinquantaine. Cela n’a certainement pas dû être toujours facile pour les administrateurs et gestionnaires de l’époque de renoncer à leur autonomie afin de participer à la consolidation du réseau La Coop. Il a fallu que des visions entrepreneuriales s’expriment et que des décisions courageuses se prennent pour que le réseau La Coop soit ce qu’il est aujourd’hui. Malheureusement, l’évolution n’est pas toujours un long fleuve tranquille, et c’est souvent par à-coups que le monde évolue. Il y a notamment les progrès technologiques qui génèrent parfois des changements majeurs.
Aujourd’hui, la professionnalisation de l’agriculture et la facilité d’accès à l’information que permet Internet, jumelées à la diminution de la marge de manœuvre des fermes, se traduisent aussi par une diminution de la marge de manœuvre des coopératives. Si on analyse les choses lucidement, on constate qu’aujourd’hui la situation financière de plusieurs coopératives est précaire et que le statu quo dans nos façons de faire n’est plus viable ni souhaitable. Tel que je le soulignais dans mon premier éditorial, repenser nos façons de faire, c’est ce à quoi un groupe de présidents et de directeurs généraux de coopératives ainsi que les membres du conseil d’administration de La Coop fédérée se sont attelés depuis près d’un an. Les conclusions de ce comité ad hoc seront présentées à vos coopératives dans les mois à venir. Mais quelles que soient les décisions qui en découleront, il m’apparaît évident que le réseau La Coop entreprendra, dans les prochains mois ou les prochaines années, une autre étape d’évolution accélérée qui, souhaitons-le, perpétuera le lien privilégié qui nous unit tous. Depuis près de 100 ans, La Coop fédérée et le réseau des coopératives qui y sont affiliées ont su s’adapter et demeurer pertinents pour nous. C’est cette capacité d’adaptation, accompagnée de la volonté de relever les défis solidairement et collectivement, qui caractérise l’agriculture québécoise et son mouvement coopératif. Nos valeurs d’honnêteté, d’équité, de responsabilité et de solidarité ont été un gage de succès dans le passé, et ce sont ces mêmes valeurs qui assureront la pérennité de nos organisations d’aujourd’hui et de demain. Bon été!
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UNICOOP CÉLÈBRE SES 30 ANS
Le 30 avril, La Coop Unicoop a célébré ses 30 ans d’histoire en présence de plus de 1 200 membres, clients, employés et partenaires d’affaires. C’est le 1er avril 1986 que la Meunerie coopérative agricole St-Charles, la Société coopérative agricole Bellechasse et la Société coopérative agricole Chaudière-Etchemin regroupaient leurs activités pour former Unicoop, coopérative agricole. « Depuis les 30 dernières années, nous avons travaillé à bâtir une entreprise dont nous voulions être fiers et qui représenterait honorablement la région de Chaudière-Appalaches, tout en positionnant Unicoop dans d’autres régions du Québec, a déclaré Richard Dion, président d’Unicoop. Aujourd’hui, nous pouvons dire sans fausse modestie : mission accomplie ! » « Depuis plus de 30 ans, Unicoop a toujours placé ses membres et clients au cœur de l’entreprise en misant sur
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l’écoute, l’innovation et la créativité pour s’adapter à leurs besoins évolutifs, a pour sa part souligné le chef de la direction, Gaétan Roger. Nous entrevoyons l’avenir d’Unicoop avec confiance et optimisme. C’est ensemble que nous poursuivrons la croissance de notre belle coopérative en adhérant et en achetant Coop. » Ajoutons que la coopérative avait procédé, le 26 avril, à la pelletée de terre officielle de son nouveau garage New Holland, qui sera situé à Saint-Narcisse de Champlain et dont l’ouverture est prévue en novembre cette année. Ce bâtiment, d’une superficie de plus de 1 200 m2 (13 000 pi2), représente un investissement de 3,4 millions $. Le nouveau garage offrira un espace vente et pièces de 510 m2, dont une salle d’exposition suffisamment spacieuse pour y présenter des tracteurs New Holland de toutes dimensions. Au fil des années, Unicoop s’est positionnée comme l’un des plus importants concessionnaires New Holland au Canada. En effet, la Division
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machinerie d’Unicoop reçoit depuis plusieurs années le prestigieux prix Club du président, qui lui a encore été décerné cette année, pour la qualité de son service, de ses infrastructures, de son personnel, de son engagement et de ses résultats.
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ALLIANCE ET LAC-MÉGANTICLAMBTON FUSIONNENT LEURS ACTIVITÉS
La Coop Alliance et La Coop Lac-Mégantic-Lambton ont annoncé qu’elles fusionnaient leurs activités pour former, à partir du 1er novembre 2016, une seule et même coopérative. « L’objectif d’une telle fusion est d’assurer la pérennité de nos organisations. En fusionnant nos activités, nous assurons notre développement futur et nous nous plaçons dans une position favorable face à la concurrence », a dit le président de La Coop Alliance, Camil Faucher. « Notre objectif a toujours été de fournir des services de qualité aux membres et de travailler dans leur intérêt. Il s’agit d’une bonne nouvelle pour notre
clientèle, qui sera encore servie dans la région », a déclaré le président de La Coop LacMégantic-Lambton, Serge Bureau. La nouvelle coopérative portera le nom de La Coop Alliance, sur recommandation commune des conseils d’administration des deux coopératives. Les deux coopératives tiennent à remercier leurs membres pour leur participation à l’assemblée générale extraordinaire. Cette fusion n’entraînera aucune fermeture de points de service et aucune perte d’emploi.
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UN FORUM COOPÉRATIF FÉMININ RÉUSSI
Le septième Forum coopératif féminin s’est tenu le 5 avril à l’hôtel Rive Gauche, à Belœil. En tout, 91 femmes ont assisté aux ateliers sur le développement durable donnés par Colette Lebel, directrice des Affaires coopératives à La Coop fédérée, suivis d’un dîner gastronomique et d’une conférence sur l’intuition prononcée par Michèle Cyr, coach professionnelle bien Le comité organisateur du Forum et, au centre, Colette Lebel et Michèle Cyr, conférencières.
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C’EST AUSSI DES DÉMONSTRATIONS ET DES ESSAIS 30-31 AOÛT LIBRES 1er SEPTEMBRE 2016
DÉMONSTRATIONS 2016 CHARRUES & CHARRIOTS ÉLÉVATEURS TÉLESCOPIQUES Site de l’exposition de Saint-Liboire 124, rang Charlotte, Saint-Liboire, QC J0H 1R0 (Sortie 147, autoroute 20)
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connue. La participation des assistantes a permis au comité organisateur de remettre une somme de 455 $ à la fondation OLO, qui aide les enfants à naître en bonne santé et à connaître un bon départ dans la vie grâce à des gestes et à un soutien alimentaire adaptés. Merci aux conférencières et aux commanditaires : Promutuel, La Coop fédérée, Desjardins Entreprise, BMR, Olymel, Citadelle, l’hôtel Rive Gauche, La Fromagerie Saint-Guillaume et Pilote & Filles. Un merci spécial aux participantes des coopératives Agrilait, Comax, Covilac, Montérégiennes, Ste-Hélène, Ste-Julie, des Frontières et Uniforce.
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LA COOP FÉDÉRÉE PRÉSENTE AUX TRAVAUX DU SÉNAT
Ghislain Gervais, président de La Coop fédérée, a participé aux travaux du Comité sénatorial permanent de l’agriculture et des forêts, dans le cadre de ses consultations sur les priorités pour le secteur agricole et agroalimentaire canadien en matière d’accès aux marchés internationaux. Les membres du Comité sénatorial ont pu 8
prendre acte des défis et des occasions d’affaires de La Coop fédérée relativement à l’accès aux marchés internationaux, comme ceux découlant du Partenariat transpacifique (PTP), de l’accord commercial intervenu entre le Canada et la Corée du Sud, ainsi que de l’Accord économique et commercial global (AECG) intervenu avec l’Union européenne. Ghislain Gervais s’est montré critique à l’égard du laxisme du gouvernement canadien sur la question des importations de lait diafiltré, soulignant entre autres que les producteurs laitiers chiffrent à 220 millions $ les pertes liées aux importations de lait diafiltré lors de la dernière année. Il a également fait le lien avec le secteur de la volaille, où les importations consenties dans le cadre de l’ALENA sont largement dépassées au moyen de divers subterfuges utilisés par certains transformateurs canadiens. Ghislain Gervais en a aussi profité pour apporter quelques pistes de solution dans le secteur du grain, notamment en matière des tarifs à l’exportation et des frais liés au transport. Cela dit, le président de La Coop fédérée a conclu en expliquant
que, grâce aux ententes de libre-échange avec l’Europe et les pays de l’Asie-Pacifique, le Canada est en bonne position pour valoriser ses avantages compétitifs auprès de ses partenaires commerciaux. Il a cependant rappelé aux membres du Comité que l’accès aux marchés étrangers ne doit pas faire perdre de vue l’importance pour le gouvernement fédéral de protéger ses marchés locaux, ainsi que de respecter à la lettre le cadre légal et la règlementation protégeant nos industries et ses frontières.
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PRIX DE L’EXCELLENCE ENTREPRENEURIALE REMIS À GAÉTAN DESROCHES C’est une très grande reconnaissance qu’a reçue Gaétan Desroches, chef de la direction de La Coop fédérée, à l’occasion du souperconférence aux homards annuel de l’Association québécoise des industries de nutrition animale et céréalière (AQINAC), tenu en mai dernier au Club de golf de SaintHyacinthe. En attribuant le Prix de l’excellence entrepreneuriale
AQINAC à Gaétan Desroches, les organisateurs de la soirée ont voulu souligner ses qualités de gestion et ses réalisations en tant qu’entrepreneur membre de l’AQINAC. « Si on m’avait dit, quand j’étais un jeune agronome, que je recevrais un jour un prix d’excellence entrepreneuriale, ça m’aurait fait rêver ! » a confié Gaétan Desroches. « Je me suis assuré que mes casquettes d’agronome et de gestionnaire me guident tout au long de ma carrière. Je suis donc très touché d’être honoré par mes pairs du milieu agricole », a ajouté le chef de la direction de La Coop fédérée. Remis pour une septième année, ce prix est décerné à un entrepreneur qui se démarque, entre autres, par ses aptitudes de visionnaire, son caractère proactif et des décisions entraînant des retombées positives pour son organisation. De plus, grâce à sa collaboration avec les partenaires du secteur, cet entrepreneur doit contribuer à l’essor du secteur agricole et agroalimentaire québécois.
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PAUSE-PENSÉE
COUP DE DÉPRIME ? JOIGNEZ-VOUS À UNE CUMA !
EN FRANCE, où les coopératives d’utilisation
Un message virtuel ne remplacera jamais la vigoureuse poignée de main, le regard amical qui réconforte, l’éclat de rire qui résonne dans la cour.
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de matériel agricole (CUMA) sont nombreuses, on commence à s’intéresser au rôle préventif que ces petites coopératives peuvent jouer dans le maintien d’une bonne santé mentale. Pour les besoins de sa thèse sur les risques psychosociaux en agriculture, Nicolas Deffontaines, doctorant à l’Institut national de recherche agronomique (INRA) de Dijon, a réalisé une série d’entretiens avec des membres de CUMA françaises. Son analyse l’amène à croire que les CUMA sont un des rares réseaux sociaux structurés offrant aux agriculteurs un cadre d’entraide basé sur des liens de solidarité, et qu’à ce titre elles s’avèrent déterminantes dans la lutte contre l’épuisement professionnel, la violence, voire le suicide. Au Québec, les CUMA sont peu nombreuses: une soixantaine, à peu près. Contre 12 500 en France. Il est vrai que notre réalité géographique est tout autre. Ici, les distances sont plus grandes et le nombre d’exploitations moins élevé. Mais n’empêche... L’idée de partager – une machine, un outil ou de la maind’œuvre – pourrait être davantage exploitée, compte tenu des nombreux bénéfices qu’on peut en tirer. Tout d’abord, et c’est souvent la première raison pour se joindre à une CUMA, il y a l’argument économique. En effet, la charge financière liée aux achats de machinerie pèse lourd dans le bilan d’une exploitation agricole. Pourquoi donc assumer seul le coût d’une machine qui dort 80% du temps? La partager avec quelques voisins permet d’alléger son taux d’endettement, ou encore d’investir dans un actif plus productif. Si l’on partage aussi de la main-d’œuvre, le bénéfice est d’un autre ordre: il s’agit de se permettre enfin un peu de répit, un peu de vacances, sans avoir à assumer le coût d’un employé à temps plein. C’est une façon d’améliorer sa qualité de vie, à coût raisonnable. Bon pour le portefeuille, bon pour la santé. Mais il y a encore plus, semble-t-il. Il est un bénéfice dont on ne parle jamais, mais qui représente une contribution importante au
sentiment de bien-être. C’est que la CUMA permet de sortir de l’isolement. Car il faut bien le reconnaître : aux commandes d’exploitations de plus en plus grandes, les agriculteurs se trouvent de plus en plus isolés. Il y a bien Facebook, mais on conviendra qu’il s’agit surtout d’une vitrine. Un message virtuel ne remplacera jamais la vigoureuse poignée de main, le regard amical qui réconforte, l’éclat de rire qui résonne dans la cour. Voilà pourquoi, sur le plan psychologique, la CUMA fait partie de la boîte à outils des agriculteurs. Au-delà de la mise en commun de biens et de services, la CUMA favorise le soutien mutuel et peut rapidement devenir un lieu où on échange des conseils, des expériences et des points de vue, qui s’avèrent, finalement, très précieux. Deffontaines relate l’exemple de ces agriculteurs en voie de transition vers la production biologique et pour qui la CUMA est devenue une plateforme de ressourcement et d’entraide. Moins d’isolement, moins de stress. Et du coup, meilleure capacité de rebondir face à l’adversité. Mais attention : il n’y a pas de magie làdedans. Il faut s’assurer que sa CUMA fonctionne bien. Ce qui suppose qu’on a bien choisi ses partenaires. Que les membres se sont dotés, ensemble, d’une gouvernance efficace. Qu’ils prennent tous leurs responsabilités au sein du groupe. Et qu’ils ont compris que l’individualisme, in fine, mène à l’isolement et à l’exclusion. « À la base, j’ai adhéré pour répondre à un besoin égoïste en matériel », témoignait l’hiver dernier Baptiste Konne, un jeune Français de la relève, lors de l’assemblée générale de sa CUMA. «Maintenant, j’apprécie surtout le réseau.» L’évolution des sciences permet désormais des regards croisés sur les avantages du comportement coopératif. On dit que l’âge d’or de la coopération est devant nous, car la stratégie de compétition s’avère trop coûteuse, à terme, tant sur le plan économique que sur le plan social. Il est temps de regarder à nouveau la CUMA et de voir comment nous, au Québec, pourrions profiter davantage d’une formule semblable.
PHOTO : MARTINE DOYON
COLETTE LEBEL, AGRONOME ET DIRECTRICE DES AFFAIRES COOPÉRATIVES, LA COOP FÉDÉRÉE COLETTE.LEBEL@LACOOP.COOP
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| VIE COOPÉRATIVE
CUMA
Contribuer à harmoniser les pratiques
TEXTE ET PHOTO D’ANDRÉA RENAUD
L’Association des CUMA du Canada a tenu sa deuxième assemblée générale annuelle le 19 avril. Trente personnes étaient au rendez-vous pour prendre connaissance des avancées du projet qui est à l’origine de la création de ce regroupement. Les coopératives d’utilisation de matériel agricole (CUMA) québécoises fêtent leurs 25 ans cette année et continuent d’avoir le vent dans les voiles. Pour certains, ce type de coopératives est encore inconnu; pour d’autres, qui y participent activement, certains enjeux méritaient d’être examinés de plus près. C’est pourquoi un désir de se regrouper pour harmoniser les pratiques de gestion s’est fait sentir. Il a donné naissance à l’Association des CUMA du Canada en avril 2015.
Parmi ces objectifs, celui d’élaborer des outils de gestion et d’administration adaptés aux CUMA a été reconnu comme prioritaire. Les membres du conseil d’administration – Danielle Cadotte, présidente; Annie Lévesque, vice-présidente; Normand Brunette, secrétaire; et Sonia Lefebvre, trésorière – ont ainsi décidé d’y consacrer toutes leurs énergies. Après une année d’efforts, l’Association va bon train. Elle a tenu sa deuxième assemblée générale annuelle le 19 avril
Trois administrateurs de l’Association des CUMA du Canada en pleine démonstration du logiciel Dynacom. De gauche à droite : Danielle Cadotte, Normand Brunette et Sonia Lefebvre.
LES OBJECTIFS DE L’ASSOCIATION DES CUMA DU CANADA
L’auteure Andréa Renaud, M. Adm. Conseillère aux affaires coopératives La Coop fédérée andrea.renaud@lacoop.coop
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1. Regrouper les CUMA du Canada, existantes et futures, afin de créer un réseau d’échange et d’aide au développement des CUMA. 2. Faire la promotion des CUMA auprès des producteurs agricoles, des organismes et des instances gouvernementales. 3. Définir une vision à long terme pour les CUMA. 4. Créer sur le Web un réseau d’échange virtuel accessible à tous les membres et élaborer des outils de gestion et d’administration adaptés aux CUMA. 5. Contribuer à harmoniser les pratiques. 6. Être un interlocuteur unique afin de bénéficier d’aides financières pour divers projets, tels que la mise à jour des outils informatiques, l’organisation d’activités et de voyages d’études, etc.
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dernier, à la Fromagerie Victoria de SaintNicolas. Trente personnes étaient présentes, curieuses d’en apprendre plus sur l’avancement de cet objectif prioritaire. Les membres du conseil d’administration étaient fiers d’y présenter le logiciel de gestion et de comptabilité Dynacom, qui, selon leurs recherches, semble répondre aux besoins comptables particuliers des CUMA.
Normand Brunette (réélu), Sonia Lefebvre (réélue) et Bruno Guérard (nouvel administrateur). Le mandat des administrateurs pour 2016 est clair : continuer l’appropriation du logiciel Dynacom édition PME aux besoins comptables particuliers des CUMA; préparer et planifier les séances de formation; trouver des partenaires financiers pour pouvoir offrir celles-ci; et enfin, promouvoir le logiciel auprès des CUMA.
UN LOGICIEL ADAPTÉ AUX BESOINS DES CUMA Le logiciel Dynacom édition PME comporte plusieurs avantages et fonctions utiles aux CUMA, notamment : une segmentation personnalisée des données par branche d’activité; des rapports financiers générés par branche; une gestion simplifiée des données de chaque membre; et une gestion efficace des données liées à la machinerie (de l’acquisition à la vente). D’autres fonctions personnalisées sont à venir. Une démonstration du logiciel a été faite sur place par Danielle Cadotte, afin de montrer la convivialité de navigation et de présenter les sections pertinentes. Les personnes présentes ont pu poser des questions et faire part de leurs commentaires. L’enthousiasme était au rendez-vous. Le prix d’achat du logiciel Dynacom édition PME est raisonnable, et il comprend un certain nombre d’heures de soutien technique offert par l’entreprise. Le défi réside maintenant dans le transfert des connaissances, puisque jusqu’à présent, seuls les membres du conseil d’administration se sont approprié les fonctionnalités du logiciel. Des séances de formation sont envisagées, afin d’accompagner les CUMA désireuses d’avoir recours à ce nouveau logiciel.
DES OBJECTIFS COMPLÉMENTAIRES L’Association des CUMA du Canada continuera d’être proactive dans l’avancement du projet logiciel. Les objectifs qu’elle poursuit sont complémentaires de ceux de La Coop fédérée. Les deux organisations travaillent ainsi de concert à la promotion de la formule CUMA auprès des agriculteurs et agricultrices du réseau La Coop.
LES MEMBRES DU CONSEIL D’ADMINISTRATION DE L’ASSOCIATION DES CUMA DU CANADA ■ Danielle Cadotte, présidente
(CUMA des Rivières)
■ Normand Brunette, vice-président
(CUMA Franco-Agri)
■ Sonia Lefebvre, trésorière
(CUMA Haut-St-Laurent)
■ Bruno Guérard, secrétaire
(CUMA de l’Érable)
LE MANDAT DES ADMINISTRATEURS POUR 2016 Lors de cette deuxième assemblée générale, des élections ont eu lieu afin de pourvoir trois postes. Les membres actuels du conseil d’administration de l’Association sont : Danielle Cadotte (son poste ne faisait pas l’objet d’une élection cette année), COOPERATEUR.COOP – JUILLET-AOÛT 2016
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1. Rencontre du conseil d’administration de CEPROVASC. Cette coopérative est située près de la côte du Pacifique. Elle compte 200 membres et est active dans la production de fruits (fruits de la passion, ananas, avocats). 2. Pablo Juarez, membre de l’équipe du projet PRODIVCOM, initiative menée par SOCODEVI au Pérou, et Julio Santos, producteur de quinoa à Sartimbamba. 3. La Cooperativa Agroecológica Grano Andino, située à Sartimbamba, compte plus de 1000 producteurs. Ses secteurs d’activité sont notamment le quinoa, la graine de lin et l’avocat.
La coopération au Pérou,
pour enrichir les agriculteurs
Comme au Québec et ailleurs dans le monde, les producteurs péruviens se forment en coopératives pour se donner les moyens de produire et de commercialiser leurs produits.
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TEXTE ET PHOTOS DE GUYLAINE GAGNON
Le Coopérateur a été invité par SOCODEVI à participer à une mission d’appui-conseil en communication au Pérou. Résumé de ce périple. Julio Santos, producteur agricole péruvien, compte au total 2,25 ha de superficie cultivée en quinoa, maïs, pommes de terre et tarwi, un haricot riche en protéines. Il élève aussi une cinquantaine de cochons d’Inde, appelé cuys au Pérou, très prisés dans ce pays pour sa viande. Bien que l’entreprise de Julio Santos, située à Sartimbamba, dans la région de La Libertad, soit moins grande que la plus petite des fermes québécoises, les défis qu’il doit affronter ne sont toutefois pas si différents de ceux des agriculteurs du Québec : atteindre des rendements élevés; avoir accès à des intrants et fertilisants garantis et à bon prix; obtenir la certification
biologique pour sa production de quinoa; maîtriser les insectes et les maladies à un coût raisonnable. Beaucoup de producteurs du Pérou visent à obtenir une certification bio, qui leur assure un marché plus grand et plus lucratif. Comme au Québec et ailleurs dans le monde, les producteurs péruviens se forment en coopératives pour se donner les moyens de produire et de commercialiser leurs produits. Pour sa part, Julio Santos s’est joint à un groupe de plus de 1000 producteurs, qui ont fondé la Cooperativa Agroecológica Grano Andino. En fait, ces producteurs s’étaient déjà formés en association – un regroupement qui avait connu
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quelques échecs. Ils se sont convertis en coopérative pour bénéficier des avantages fiscaux offerts par le gouvernement péruvien et pour avoir accès à plus de marchés pour leurs produits. Lors d’une rencontre avec le conseil d’administration, dans leurs tout nouveaux locaux, certains producteurs se sont montrés méfiants au début. Une méfiance qui s’est lentement éclipsée, au fur et à mesure des discussions. Le maire de la ville était aussi présent pour offrir son soutien politique et financier. Il compte payer une partie de la somme que les membres de la coopérative devront verser pour obtenir la certification biologique de leur quinoa. Comme au Québec, la venue d’une coopérative peut être menaçante pour les entreprises privées en place. Dès lors, une certaine concurrence s’installe.
DES VISITES ENRICHISSANTES Le Coopérateur a visité trois récentes coopératives soutenues par SOCODEVI, en compagnie de Pedro Rodriguez, responsable des communications à SOCODEVI Québec, de Pablo Juarez, membre de l’équipe du projet PRODIVCOM, et de Laura Torres, responsable des communications à SOCODEVI (Lima). La coopérative de Sartimbamba est la dernière que nous ayons visitée, car elle est la plus éloignée : sept heures de routes sinueuses, la plupart du temps non asphaltées. Bravo à Carlos, un chauffeur expérimenté, qui nous y a conduits !
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À mi-chemin entre la côte et Sartimbamba, l’équipe de la mission a visité la coopérative Markahuamachuco, dans une ville située à 3100 m d’altitude. Cette coopérative compte 570 membres, essentiellement actifs dans la production maraîchère ainsi que de quinoa et de cochons d’Inde. Les élevages de cochons d’Inde sont pour la plupart exploités par des femmes. Une ONG a mis en place des programmes spéciaux pour soutenir ces productrices. La coopérative, elle, s’occupe de développement organisationnel et économique. L’autre coopérative visitée, CEPROVASC, est la plus proche de la côte du Pacifique. Elle compte 200 membres et est active dans la production de fruits (fruits de la passion, ananas, avocats). Sa proximité avec les marchés facilite la commercialisation de ses produits, dont certains sont en voie d’obtenir la certification biologique. La présidente, Olga Layos, manifeste un grand dynamisme. Plusieurs des membres du conseil d’administration sont des femmes, et elles n’hésitent pas à prendre la parole. Elles parlent de la charge de travail qu’une telle organisation exige et souhaitent un suivi régulier. Elles rappellent aussi que, en plus de la coopérative, elles ont toutes une entreprise familiale à gérer! De bons défis attendent donc les trois coopératives. Elles doivent notamment s’approprier le fonctionnement d’une organisation coopérative, croire en cette nouvelle entité et soutenir les membres, pour qu’ils fournissent des produits de qualité et en tirent le meilleur prix.
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QU’EST-CE QUE SOCODEVI ? SOCODEVI est une organisation de coopération spécialisée dans le développement international. La Coop fédérée et huit coopératives de son réseau en sont membres. Au Pérou, elle réalise un projet d’appui (PRODIVCOM) à 4000 producteurs et productrices agricoles regroupés au sein d’une vingtaine de coopératives, initiative soutenue financièrement par le gouvernement du Canada et des entreprises privées. Réjean Lantagne dirige ce projet depuis 2013. « Je crois fermement en la formule coopérative pour améliorer les conditions de vie des familles, dit-il. J’y ai consacré plus de 30 ans de ma vie. L’objectif ultime est d’assurer une croissance économique durable aux membres des coopératives. » En utilisant la formule coopérative et mutualiste, SOCODEVI s’assure de créer et de distribuer la richesse dans les pays en développement, en favorisant la prise en charge des collectivités. Dans tous ses projets, elle vise à établir l’égalité entre les hommes et les femmes. Elle fait également la promotion de pratiques agricoles respectueuses de l’environnement. Depuis 1985, SOCODEVI a travaillé dans 40 pays sur quatre continents, en exécutant plus de 400 projets de développement et en accompagnant 700 organisations et entreprises coopératives. 4. Markahuamachuco compte 570 membres et est active en productions de légumes, de quinoa et de cochons d’Inde (cuys). Sur la photo apparaissent les membres du conseil d’administration accompagnés de professionnels d’une ONG locale ainsi que des visiteurs de SOCODEVI. 5. Olga Layos est la dynamique présidente de la coopérative CEPROVASC. COOPERATEUR.COOP – JUILLET-AOÛT 2016
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Julie Gagnon Administratrice de La Coop Saint-Hubert TEXTE D’HÉLÈNE COSSETTE
Les gènes de la coopération et de l’engagement social sont décidément inscrits dans l’ADN de la famille et de la belle-famille de Julie Gagnon. Son père, Daniel Gagnon, a été président de La Coop Agriscar et administrateur de La Coop fédérée; son frère, Joachim Gagnon, est aujourd’hui administrateur d’Agriscar; et son beau-père, Benoit Ouellet, a longtemps été président du conseil de La Coop Saint-Hubert, où elle siège elle-même depuis 2013.
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«J’en ai fait un défi personnel. J’ai gravi tous les échelons et j’ai même passé ma ceinture noire avec mon fils en 2014!»
ÉCOLE DE VIE À l’instar de ses parents, qu’elle a toujours vus s’impliquer dans la collectivité, cette diplômée de l’ITA en zootechnologie a été active à tous les niveaux des regroupements d’agriculteurs, depuis l’Association des jeunes ruraux jusqu’aux Agricultrices du Bas-Saint-Laurent, en passant par l’Association de la relève agricole de sa région. Elle s’est aussi impliquée dans plusieurs organisations non agricoles, justement dans le but d’apporter le point de vue des agriculteurs. Elle a notamment été conseillère municipale pendant près de 10 ans. À ce titre, elle a été responsable du dossier des nouveaux arrivants et de celui des Fleurons du Québec. Membre du Cercle des fermières, elle a également été active au sein de l’Organisation des parents participants et de conseils d’établissement. En fait, son engagement a toujours été tel que lorsque son fils était petit, se souvient-elle, il disait qu’il allait à la garderie parce que sa maman avait des réunions ! «On jongle avec le calendrier et les horaires, admet Julie Gagnon. Mais si on n’était pas une équipe à la ferme, je ne serais pas capable de m’impliquer autant à l’extérieur. » Il faut dire que, pour elle, l’engagement social va de soi. «Quand on fait une petite chose pour sa communauté, c’est grandissant pour tout le monde, insiste-t-elle. C’est une belle école de vie, et c’est ce que je veux léguer à mes enfants.»
PHOTO : PATRIC NADEAU
La coopération a toujours été importante pour cette agricultrice, qui est aussi présidente du syndicat local de l’UPA, trésorière du Club Holstein, secrétaire-trésorière de la CUMA Lamy et membre de La Coop Agriscar. «Je suis tombée dedans comme dans la potion magique ! lance-telle. On ne peut rien faire tout seul, alors qu’en groupe on peut aller beaucoup plus loin », explique la dirigeante. C’est aussi en groupe qu’elle travaille au sein de la Ferme Ciboulette, à Saint-Pierre-de-Lamy (Bas-SaintLaurent), dont elle est copropriétaire avec son conjoint, Sylvain Ouellet. Gagnante en 2002 du tout premier prix Transfert de ferme de La Coop fédérée, cette entreprise laitière fondée par sa belle-famille compte aujourd’hui 85 sujets Holstein et Jersey, dont 45 en lactation, et quelque 150 hectares en culture. Le couple et ses trois adolescents (Myriam, Marie-Pier et Maxime, qui commencera ses études à l’ITA, campus de La Pocatière, à l’automne 2016) y ont chacun leur tâche. C’est d’ailleurs ce travail d’équipe qui a valu à l’entreprise la deuxième place au niveau régional et la troisième au niveau provincial dans la catégorie Argent au concours 2014 de l’Ordre national du mérite agricole, estime Julie Gagnon. « On ne se serait pas inscrits au concours sans l’accord des enfants », affirme celle qui a aussi remporté le titre régional d’agricultrice de l’année en 2005. Mère et enfants sont complices jusque dans leurs loisirs. Pour passer plus de temps avec eux, elle s’est en effet mise au karaté, plutôt que de se contenter de les accompagner.
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PHOTO : PATRIC NADEAU
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Des TDA chez les entrepreneurs agricoles Le TDA est le fameux trouble du déficit de l’attention, dont on parle beaucoup dans les écoles, parce que les jeunes qui en sont atteints sont souvent des élèves dérangeants. Or, selon les études consultées par Pierrette Desrosiers, psychologue du travail, certains de ces élèves auraient tendance à devenir des entrepreneurs plus tard. Pourquoi ? 18
PHOTO : ISTOCK
TEXTE DE GUYLAINE GAGNON
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PHOTO : GRACIEUSETÉ DE PIERRETTE DESROSIERS
Contrairement à ce qu’on a souvent cru, les enfants aux prises avec un TDA n’en sont pas guéris à l’âge adulte. Dans certains cas, l’agitation et l’impulsivité sont moins présentes, mais l’inattention est toujours là.
VIE AGRICOLE |
PHOTO : GRACIEUSETÉ DE PIERRETTE DESROSIERS
PHOTO : ISTOCK
D’abord, le TDA (ou TDAH, si avec hyperactivité) n’est pas une maladie, mais un désordre neurologique hautement héréditaire. « Tu viens au monde comme ça », tient à préciser Pierrette Desrosiers, bien que ce désordre puisse être aggravé par des facteurs psychosociaux néfastes. Elle ajoute qu’«il n’a rien à voir avec un manque de structure parentale », comme certains spécialistes l’ont quelquefois suggéré. Ce désordre, composé d’un trio de symptômes – inattention, agitation et impulsivité –, occasionne un trouble des fonctions exécutives, celles qui aident à se concentrer, planifier, organiser, gérer son temps, etc. Par conséquent, étant désorganisés et en retard dans plusieurs sphères de leur vie, les gens atteints souffrent souvent d’anxiété et de dépression. Par contre, ils ont une capacité à hyperfocaliser quand ils aiment ce qu’ils font ou qu’ils ont un échéancier forcé. « C’est une question de dopamine [substance essentielle à l’activité du cerveau] et non une question de volonté », explique la psychologue. Lorsqu’il n’est pas stimulé ou apeuré, poursuit-elle, le TDA (nom également utilisé pour désigner la personne atteinte) n’a pas suffisamment de dopamine pour maintenir son intérêt. Contrairement à ce qu’on a souvent cru, les enfants aux prises avec un TDA n’en sont pas guéris à l’âge adulte. Dans certains cas, l’agitation et l’impulsivité sont moins présentes, mais l’inattention est toujours là. Autour de 4 % des adultes seraient atteints du TDA, mais 90% d’entre eux n’auraient jamais reçu de diagnostic. Et pourquoi les TDA se retrouvent-ils souvent entrepreneurs ? Selon Pierrette Desrosiers, plusieurs caractéristiques retrouvées chez les personnes atteintes sont d’importants atouts pour un entrepreneur. D’ailleurs, bien des entrepreneurs
ont reçu un diagnostic de TDA après être devenus prospères. Pierrette Desrosiers estime important de parler de ce trouble, en raison des répercussions qu’il occasionne. « Un entrepreneur agricole doit planifier, organiser et prioriser, dit-elle. Vous imaginez ce qui peut arriver si ces fonctions sont hypothéquées? Il risque de ne pas avoir commandé ses intrants, de ne pas avoir semé quand c’était le temps, de ne pas avoir donné les antibiotiques à ses animaux malades, de ne pas avoir payé ses factures, etc. Les conséquences sont sérieuses. »
GUÉRIR DU TDA? « On ne peut pas guérir du TDA avec ou sans hyperactivité. Toutefois, ce trouble se traite de deux façons : par la pharmacologie et par du coaching organisationnel », répond Pierrette Desrosiers. Elle explique que la pharmacologie est recommandée pour les cas modérés à graves. Comme on dit en anglais, pills don’t teach skills (les pilules n’enseignent pas les compétences), mais elles permettent de calmer le cerveau pour qu’on puisse se concentrer plus longtemps et apprendre à s’organiser. Quant au coaching organisationnel, « c’est un accompagnement qui permet d’acquérir des méthodes de travail, des habitudes et des stratégies pour mieux s’organiser, explique Pierrette Desrosiers. Il permet aussi d’apprendre comment fonctionne notre cerveau, afin de l’utiliser de façon optimale ». La psychologue propose en outre à tout entrepreneur atteint du TDA de bien se connaître et de s’entourer de gens qui pourront pallier les lacunes qu’entraîne ce trouble. Nombre de grands entrepreneurs ont réussi grâce à leur capacité à s’entourer de gens qui les complètent et, surtout, les acceptent comme ils sont.
Pierrette Desrosiers, psychologue du travail et coach spécialisée en milieu agricole
VOICI CERTAINS TRAITS QUI CARACTÉRISENT LES TDA : 1. Détestent la routine. 2. Ont une bonne tolérance aux risques. 3. S’adaptent rapidement. 4. Sont très motivés, fonceurs. 5. Sont très imaginatifs. 6. Sont curieux de nature.
7. Sont très énergiques quand ils aiment ce qu’ils font. 8. Sont impatients d’avoir des résultats. 9. Sont indépendants d’esprit (sont autonomes, aiment penser à leur façon, ont des difficultés à être dans un cadre).
OUVRAGE DE RÉFÉRENCE : Mon cerveau a ENCORE besoin de lunettes, par la Dre Annick Vincent, Les éditions Québecor, 96 pages.
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FERME DU 1. Denyse, son frère Cyrias, et son neveu Guillaume sont les trois associés du Clan Gagnon. 2. Huit brosses rotatives apportent sécurité et confort aux vaches. 3. Les génisses ont aussi droit à leur environnement douillet. Des planchers chauffants et une litière de mousse de tourbe leur assurent un confort optimal. 4. Denyse Gagnon et Mélanie Dufour, experte-conseil à la coopérative Nutrinor, regardent les plans de la nouvelle étable. 5. Dans tous les espaces où circulent les vaches, l’étable est dotée de tapis qui assurent plus de confort aux sabots et aux pattes.
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CLAN GAGNON VACHES HEUREUSES, VACHES GÉNÉREUSES TEXTE ET PHOTOS DE GUYLAINE GAGNON
LA FERME DU CLAN GAGNON A FAIT CONSTRUIRE UNE NOUVELLE ÉTABLE, TOUT CONFORT, POUR SES 200 VACHES AYRSHIRE. AVANT-GARDISTES, LES GAGNON ! Avec une entrepreneure comme Denyse Gagnon, qui dirige l’entreprise de Métabetchouan–Lac-à-la-Croix avec son frère Cyrias et son neveu Guillaume, on ne traîne pas à s’adapter aux nouvelles normes et technologies. Il faut dire que Thomas-Louis Gagnon, père de Denyse et Cyrias, avait la réputation d’être innovateur. Il aimait voyager pour voir ce qui se faisait ailleurs et
revenait avec de nouvelles idées, parfois jugées difficiles à mettre en place par ses conseillers – mais il tenait à ses idées. Avant que le projet de construction débute, en mai 2015, les Gagnon avaient constaté que les rendements de lait n’étaient plus aux rendez-vous. Une étude qu’ils ont fait faire montrait que les vaches ne se couchaient pas aussi souvent que souhaité, parce que leur milieu de
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CULTURES ■ Ensilage et foin (176 ha) ■ Orge (81 ha) ■ Maïs-ensilage (22 ha)
vie n’était plus confortable. « Elles préféraient rester debout dans leur stalle, explique Mélanie Dufour, experte-conseil à Nutrinor. Ces pertes d’heures de repos se traduisent par des vaches moins performantes sur le plan laitier. » L’étable avait déjà 30 ans. « On l’avait fait construire après être passés au feu, en 1984 », raconte Denyse. Les logettes n’étaient plus adaptées à la taille, maintenant plus grande, des vaches Ayrshire. L’intérieur du bâtiment était sombre, et les technologies avaient beaucoup évolué. Alors que les menaces pèsent sur la gestion de l’offre et que le prix du lait commence à baisser, les Gagnon se lancent dans
la construction de leur nouvelle étable. «On s’est fait traiter d’hurluberlus, vu la conjoncture, mais on avançait ou l’on stagnait », affirme Denyse, convaincue de son choix. L’agricultrice a géré tout le chantier de construction, accompagnée d’un expert. Comme dans tout projet de cette ampleur, elle a dû affronter quelques imprévus. Le plus important fut celui lié à la fosse à purin. «On était prêts à commencer les travaux lorsqu’on s’est rendu compte que la nappe phréatique était trop haute. Rencontres d’urgence et changement de plan, on fait transporter 650 voyages d’argile du bout de nos terres. Résultat, une nouvelle fosse a été mise en place, mais son coût a doublé!»
L’ALIMENTATION DU TROUPEAU ■ Mélanie Dufour, T.P.
Experte-conseil, Nutrinor coopérative
■ Troupeau de 300 têtes,
dont 200 vaches en lactation
■ Moyenne de 7021 kg
de lait par vache MCR : 203-217-214
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ALIMENTATION DU TROUPEAU (SUITE)
GÉNISSES 0 à 3 mois ■ Lactoremplaceur
Goliath XLR 27-16
■ Goliath 21 + foin de mil sec
(balles carrées enrobées)
3 à 7 mois ■ Goliath 21 + foin de mil sec
(balles carrées enrobées)
7 à 24 mois ■ Ensilage de luzerne : 4 kg ■ Foin de mil et luzerne demi-sec
(balles carrées enrobées)
■ Orge : 0,5 à 1 kg ■ Supplément Goliath 40 : 300 g ■ Minéral 15-5 : 100 à 150 g
VACHES TARIES ■ Foin de mil demi-sec
(balles carrées enrobées)
■ Pro-Bloc vache tarie 305
VACHES PRÉPARATION AU VÊLAGE ■ Ensilage de luzerne : 4 kg ■ Ensilage de maïs : 2 kg ■ Transilac LP : 3,5 kg ■ Foin de mil demi-sec
(balles carrées enrobées)
Ce sont donc au total 3 millions $ qui ont été investis dans ce projet, si l’on inclut la nouvelle presse à balles de foin. La ferme est passée de 30 000 petites balles de 15 kg à quelque 2200 grosses balles carrées, un changement positif : moins de temps est attribué à la manipulation, à notre époque où la main-d’œuvre est de plus en plus rare à trouver.
RÉAMÉNAGEMENTS POUR LE MIEUX Dans la vieille étable, située sur le site principal, les Gagnon ont transféré les taures et les génisses qui se trouvaient dans des granges à proximité. « On économise beaucoup de temps en manutention d’animaux en les regroupant de cette façon, et le suivi du troupeau s’en trouve facilité », explique l’agricultrice. Un nouveau salon de traite avait été aménagé il y a six ans. Il n’était donc pas question d’installer des robots. Quoi qu’il en soit, les Gagnon préfèrent garder le contact avec leurs animaux. Le salon de traite double-12, dotée d’une aire d’attente, est donc resté en place.
DES VACHES HEUREUSES! Comment définit-on une étable axée sur le bien-être animal ? « C’est un tas de petits détails », explique l’agricultrice en se lançant dans l’énumération de tout ce qui a été accompli pour améliorer le confort des vaches. D’abord, l’étable est à stabulation libre (ce qui était déjà le cas). Mais il y a
maintenant du tapis partout, ce qui se traduit par plus de confort pour les sabots et les pattes. Les logettes sont désormais plus grandes et dotées de matelas mousse à mémoire. Ceux-ci ont le même effet positif que les matelas du même type pour les humains. Ils épousent la forme et répartissent le poids de la vache, ce qui réduit les inconforts. La lumière, la ventilation et la température sont commandées par le système d’automatisation Maximus, qui peut être géré à distance à l’aide d’un téléphone intelligent, d’une tablette ou d’un ordinateur. Le système de lumières DEL (à diodes électroluminescentes) est réglé pour s’éteindre à 20 h et s’allumer à 4 h du matin. En plus d’inciter les vaches au repos, l’utilisation de lumières DEL contribue à réduire les coûts d’énergie. La température ambiante est régulée grâce à un système de ventilation à ballons et à six ventilateurs. Ces installations maintiennent la température à un niveau qui assure un confort maximal dans le bâtiment. Alors qu’auparavant les animaux recevaient une moulée personnalisée (chaque vache étant identifiée par transpondeur), l’alimentation se fait maintenant avec une RTM à cinq groupes : vaches venant de vêler, vaches taries, préparation au vêlage et deux groupes en lactation. Les données des programmes alimentaires, préparés par Mélanie Dufour, sont entrées dans l’ordinateur, et le mélange se fait de façon automatisée.
VACHES EN LACTATION (RTM) Ration de base ■ Minéral 20-3 ■ 60 % ensilage de luzerne ■ 40 % ensilage de maïs
Groupe 1 ■ Supplément 3610 ■ Supplément 4040, option 2 ■ 70 % maïs roulé ■ 30 % orge roulée
■ 70 % orge roulée ■ 30 % maïs roulé
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PHOTO : STUDIO JACOBE
Groupe 2 ■ Supplément 4040, option 2
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Pour chouchouter encore plus les vaches, on trouve huit brosses rotatives et pivotantes, qui leur apportent sécurité et confort. Elles s’en donnent à cœur joie !
constante la productivité, l’efficacité et la rentabilité de l’entreprise. » C’est donc ainsi que les Gagnon ne dérogent pas à leur mission, à savoir: offrir au consommateur des aliments savoureux, d’une très grande qualité, et ce, dans le plus grand respect de l’environnement (eau, air, sol), et assurer un milieu de travail de qualité à l’équipe professionnelle.
1. La lumière, la ventilation et la température sont contrôlées par le système automatisé Maximus. Il peut être géré à distance à l’aide d’un téléphone intelligent, d’une tablette ou d’un ordinateur.
FINALISTE POUR LE PRODUIT DE L’ANNÉE AU WORLD PORK EXPO 2016
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1 Une salle est consacrée aux vêlages. Un peu à l’écart, elle permet aux vaches gestantes de mettre bas dans le calme. Un système de caméra assure une surveillance 24 heures sur 24. Ce même système se trouve d’ailleurs partout dans l’étable. Ainsi, les producteurs ont le troupeau à l’œil en tout temps. Les génisses ont aussi droit à leur environnement douillet. Des planchers chauffants et une litière de mousse de tourbe leur assurent un confort optimal. Évidemment, toutes ces installations, bien qu’axées sur les animaux, offrent aussi un environnement agréable et confortable aux travailleurs. En plus des trois propriétaires, deux personnes très dévouées sont employées à la ferme – une qualité que les Gagnon reconnaissent et dont ils sont fiers.
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DES PRODUCTEURS SATISFAITS Les vaches sont entrées dans la nouvelle étable à la fin octobre 2015. Des résultats sont déjà observables, mais les plus grandes améliorations se verront avec la prochaine génération de vaches. Les membres du clan Gagnon sont heureux et satisfaits d’avoir mis ce projet à exécution, car il sera plus facile pour eux de se conformer au volet bien-être animal du programme proAction. Mais surtout, parce qu’ils espèrent que leurs actions trouveront écho dans d’autres entreprises agricoles. D’autres projets à la Ferme du Clan Gagnon ? « Pour l’instant, répond Denyse Gagnon, nous visons à améliorer de façon
Maximus, la solution logique en biosécurité. Prévenez les pertes, protégez votre réputation.
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A T I R C R A M E M R FE FERME MARCRITA – QUELQUES DONNÉES ■ 210 vaches laitières ■ 100 sujets de remplacement ■ Production annuelle de
1 932 634 litres; 79 378 kg de gras (3,99 %); 62 714 kg de protéine (3,15 %) ■ Classement : 2 EX, 60 TB et 150 BP ■ 146 hectares de terre, dont 25 en location ■ Pâturages à 100 %
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TEXTE DE STÉPHANE PAYETTE, T.P.
L’HISTOIRE DE LA FERME MARCRITA, PROPRIÉTÉ DE RITA ET MARCO PAYETTE, N’EST PAS BANALE. LE COUPLE A QUITTÉ FAMILLE ET AMIS POUR S’INSTALLER À DRIFFIELD, DANS L’ÉTAT DE VICTORIA, EN AUSTRALIE, À DEUX HEURES DE MELBOURNE. DEPUIS 13 ANS MAINTENANT, IL S’ADAPTE AUX HUMEURS DE LA NATURE ET AUX PRIX DU LAIT QUE LEUR OFFRENT LES ACHETEURS DE LEUR COIN DU MONDE. L’aventure australienne de Rita et Marco a débuté en 2003. Marco voulait prendre de l’expansion à la ferme qu’il avait rachetée à ses parents, à Crabtree, dans Lanaudière, mais le prix du quota, à près de 8000 $ le kilo et sans cesse en hausse, l’inquiétait. «Ça montait rapidement et je ne voyais pas comment je pouvais croître là-dedans », dit-il. C’est à ce moment que l’idée de s’établir en Australie a germé dans son esprit. Marco, ayant déjà travaillé en Nouvelle-Zélande à l’âge de 20 ans, ne se
lançait pas dans l’inconnu. « J’avais une bonne idée de comment ça fonctionnait ici [à Driffield]. J’ai brièvement regardé aux États-Unis, mais c’est ici que j’ai décidé de m’installer.» Les Payette exploitent une ferme de 210 vaches laitières et d’une centaine de sujets de remplacement de race Holstein, soit une entreprise de taille moyenne. La principale tâche est la traite, qui représente plus de 60 % du travail du couple. Elle se fait deux fois par jour, dans une salle de
PHOTOS : GRACIEUSETÉ DE MARCO ET RITA PAYETTE
Les pâturages de la Ferme Marcrita sont les principaux atouts de rentabilité de l’entreprise. Ils doivent nourrir les vaches d’avril à décembre, en plus de fournir les fourrages d’été. Le reste des aliments provient de l’extérieur.
PRODUIRE DU LAIT AU PAYS DES KANGOUROUS
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traite double-12 à aire ouverte, à raison de 100 bêtes à l’heure. En Australie, il n’y a aucune restriction de production. Chaque entreprise produit au maximum selon les ressources dont elle dispose. « Nous avons 60 vaches classées « Très bonne » et 2 « Excellente ». Nous avons commencé les transferts d’embryons pour maximiser la génétique. Nous élevons chaque année 50 génisses issues de l’insémination artificielle. »
LAIT AUSTRALIEN La production du lait en Australie est basée sur les pâturages, le facteur clé de la rentabilité des entreprises. Les coûts de production sont donc faibles. La principale plante présente dans les pâturages est le raygrass, car il tolère les taux acides des prairies australiennes (pH entre 4,5 et 5,5). Pour assurer leur productivité, on fertilise les champs avec des engrais riches en potasse et, à l’occasion, de la chaux et du magnésium. La Ferme Marcrita possède 125 hectares de terre. Elle doit fournir l’herbe
nécessaire pendant la saison de paissance ainsi que les 1000 balles rondes enrobées que les vaches mangeront pendant l’été (quand les champs ne produisent plus suffisamment de fourrage pour nourrir le troupeau), pour produire près de deux millions de litres de lait. En temps de sècheresse, on achète de la luzerne en balles de 600 kg et du foin de céréales. Le choix de la région de Gippsland a été un facteur déterminant. « Nous sommes à 45 minutes de la mer, précise Marco. Les précipitations sont suffisantes pour avoir des fourrages toute l’année. Une des premières choses que tu apprends ici, c’est à gérer l’eau. C’est très important. » Pour compléter l’alimentation des vaches, la ration comporte six kilos de blé. Dans sa saison de haute production, il ajoute du tourteau de canola et 300 g de minéraux. « Étant donné le prix du lait [40 ¢/litre en 2015-2016 en $AUS*], basé sur le marché et la valeur du dollar australien, chaque aliment doit prouver sa rentabilité. Le maïs demande trop d’eau. Je ne pourrais pas en produire sans irriguer. »
COÛT DES ALIMENTS EXTERNES À LA FERME (EN DOLLARS AUSTRALIENS*) ■ 40 tonnes de luzerne en
balles de 600 kg : 320 $/tonne
■ 80 tonnes de foin de
céréales en balles de 500 kg : 250 $/tonne ■ 500 tonnes de blé : 300 $/tonne ■ 25 tonnes de tourteau de canola : 400 $/tonne ■ 22 tonnes de minéraux : 1500 $/tonne *Au 25 mai dernier, 1,00 $ canadien équivalait à 1,06 $ australien
PHOTOS : GRACIEUSETÉ DE MARCO ET RITA PAYETTE
« Nous sommes debout à 4 h 30 et je pars chercher les vaches. Parfois, elles sont tout près de l’étable, et parfois, à un kilomètre », précise Marco.
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Rita et Marco Payette sont propriétaires d’une ferme de 300 sujets de race Holstein, qui produit près de deux millions de litres de lait. La traite se fait dans une salle double-12.
Selon Marco, un bon gestionnaire peut faire de l’argent à 40 ¢ le litre ($ AUS). Pour lui, le seuil de rentabilité est de 38 ¢ le litre. Dans les bonnes années, une ferme de la taille de la sienne peut dégager des profits de 350 000 $. Il faut un excédent d’au moins 100 000 $ pour faire vivre une famille.
Les Payette gèrent la ferme seuls, avec un employé à temps plein six mois par année et un à temps partiel les six autres mois. «Il faut se simplifier les choses le plus possible », dit Marco. Il n’existe pas vraiment de service comme Valacta en Australie. Un service d’analyse du lait est offert, mais sans service-conseil. Pour les conseils, Marco a recours à un expert indépendant une fois par année.
PTP ET INTERVENTION DE L’ÉTAT
LA MAC HINE RIE DE LA FERM E MAR CRITA ■ 1 tracteur NH 6040 de 125
HP
■ 1 tracteur Ford de 40 HP ■ 1 faucheuse Class 3,5 m es ■ 1 distr ibuteur de balles rond litres ■ 1 pulvérisateur de 1500 ■ 1 épandeur à engrais
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Le système de paiement du lait australien n’est pas géré par une fédération. Il n’y a plus de contingentement depuis 2000, le gouvernement voulant maximiser l’exportation. Les principaux marchés sont la Chine et le Japon. Le Partenariat transpacifique (PTP) n’a pas beaucoup préoccupé les Australiens, en raison d’un important pacte déjà conclu avec les Chinois. Les transformateurs offrent un prix au début de saison, en juillet; il sera majoré de 15 % en cours d’année, avec effet rétroactif au 1er janvier. Il y a cinq grands acheteurs de lait dans la région de Gippsland, dont une coopérative, Devondale Murray Goulburn. Cette dernière donne le ton aux prix du lait. Plusieurs types de contrats sont proposés.
« Tu peux avoir un prix de base avec des primes au volume et à la qualité, ou selon les composants, explique Marco. Il y a aussi un prix stable pour l’année, un autre plus élevé en hiver et plus bas en été. Ça dépend de ta ferme. Tu réalises en fin d’année si tu as fait une bonne affaire. Je vends à l’entreprise Burra Foods, spécialisée dans les produits à valeur ajoutée, exportés surtout au Japon. Avant, je vendais à Devondale Murray Goulburn, mais je me retrouvais toujours avec le prix le plus bas, en raison de mon type de gestion : vêlages en mai, juin et juillet. La coop offrait des prix plus élevés aux producteurs dont les vaches mettent bas en février et mars ainsi qu’en août et septembre. L’offre de Burra Foods était mieux adaptée à notre ferme. » Dans les bonnes années, le prix du lait peut dépasser les 60 $ AUS l’hectolitre. Rita et Marco peuvent déposer de l’argent dans un fonds de gestion agricole, qu’ils pourront utiliser dans les années plus difficiles. Ce fonds n’est pas imposable et peut être utilisé sans restriction. « Il faut être bon gestionnaire, car il n’y a pas ici de crédit agricole ni de programme d’assurance récolte ou stabilisation. Les producteurs reçoivent comme seule subvention un
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rabais sur le prix du diésel. Les entreprises au bord de la faillite peuvent demander une aide au gouvernement, qui analysera leur situation. » Les coups durs peuvent venir de deux sources: les prix et la nature. Le pire ennemi est la sècheresse. «Je suis plus préoccupé par le climat que par le prix du lait, lance Marco. Si, en raison de la sècheresse, les pâturages ne fournissent pas d’herbe de mai à Noël, il faudra en acheter aux commerçants, ce qui diminuera la marge de profit, et c’est à ce moment que le fonds deviendra salutaire.»
TRANSFERT DE FERME Rita et Marco sont dans la moyenne d’âge des entrepreneurs agricoles australiens, soit 53 ans. Le couple a deux enfants, Jennifer et Laurence, qui ne se destinent pas à une carrière agricole. S’il désire transférer son entreprise, ce sera probablement par le share farming. « C’est un programme qui permet à un jeune d’acheter le troupeau et la machinerie. Le propriétaire conserve les terres et entretient les pâturages. Ils se partagent les revenus moitié-moitié
PRIN CIPA UX ACH ETEU RS DE LAIT DAN S LA RÉG ION DE GIPP SLAN D ■ Devondale Murray Goulburn
complète la ration La Ferme Marcrita blé, du tourteau du ec av des vaches raux. né mi de canola et des
■ Burra Foods ■ Fonterra ■ Parmalat ■ Bega
jusqu’au transfert final. C’est un bon programme, car personne ne peut démarrer en empruntant 2 ou 3 millions $. Pour le moment, nous ne pensons pas à la retraite. Nous sommes heureux dans notre ferme. Mais si nous voulons céder l’entreprise, ce sera de cette façon. »
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COMMENT TROUVENT-ILS LEURS INFOS ? DE L’INFORMATION CRÉDIBLE, C’EST LE NERF DE LA GUERRE POUR ÊTRE PERFORMANT DANS SON SECTEUR D’ACTIVITÉ. TROIS PRODUCTEURS DE BOVINS DE BOUCHERIE NOUS RÉVÈLENT À QUELLES SOURCES ILS S’ABREUVENT ET COMMENT ILS EN TIRENT PROFIT. TEXTES ET PHOTOS DE PATRICK DUPUIS, AGRONOME, ET GUYLAINE GAGNON
PORTRAIT DE L’ENTREPRISE Nombre de vaches : 225 Angus-Simmental Nombre de taures et taureaux : 40 taures et 12 taureaux Superficies en culture : 400 ha (1000 acres), dont la moitié environ attribuée au foin récolté mécaniquement; l’autre partie est en pâturages Nombre de jours de paissance : environ 175 Période de vêlages : mai-juin Poids et âge des veaux à la vente : autour de 350 kg (775 lb) à neuf mois d’âge Taux de survie des veaux : 95 % Projets : intensification du fonds de terre, drainage et correction des pH
ÉTIENNE ET GUILLAUME BARRETTE S’INSPIRER DES MEILLEURS Étienne et Guillaume Barrette exploitent une entreprise vaches-veaux de 265 vaches (dont 40 taures) et 12 taureaux à Saint-Edmond-les-Plaines, au Lac-SaintJean. Leur choix : vivre de leur production, sans revenu externe. Pour y arriver, ils ne négligent pas les multiples sources d’information : publications, conseillers, organisations, voyages, etc. La revue anglophone Canadian Cattlemen s’avère la première source d’information des
propriétaires de l’entreprise Barrette et Frère SENC. «On aime cette publication, parce qu’on peut y lire quelles sont les meilleures pratiques dans les gros troupeaux», soutient Guillaume, l’un des jumeaux, qui considère qu’ils possèdent un plus gros troupeau que la moyenne québécoise. C’est dans Canadian
Étienne et Guillaume Barrette
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Cattlemen qu’ils ont trouvé l’idée d’un traîneau à veau pour le transport du site de vêlage jusqu’à l’étable lorsqu’il faut effectuer une intervention spéciale à la naissance. Toutefois, le Coopérateur, le Magazine Opti Bœuf et La Terre de chez nous restent des incontournables pour savoir ce qui se passe dans le monde agricole québécois. Pour les Barrette, les bons conseils de spécialistes sont encore importants. Bruno Langlois, conseiller spécialisé en production bovine à La Coop fédérée, est une précieuse source d’information pour eux. Ils aiment les discussions qu’il provoque et les défis qu’il leur lance. «Une pratique que Bruno nous a fortement recommandée a été décisive dans notre entreprise, précise Étienne : le pâturage en bandes. » Le groupe conseil agricole de la région, au sein duquel Guillaume s’implique, est une autre bonne source de renseignements pour améliorer les performances. Cette organisation est axée sur la gestion technicoéconomique et financière. Guillaume, toujours prêt à tapoter sur sa calculatrice, estime que «lorsque tu négocies 1000 tonnes de foin par année et près de 200 vaches, il faut connaître tes coûts de production pour savoir de quoi tu parles ! » D’ailleurs, Gilles Asselin, directeur des opérations agricoles à La Coop des deux rives, salue la force des jumeaux pour ce qui est du calcul des impacts de toutes leurs décisions. Toujours par l’entremise du groupe conseil agricole, il existe un noyau de producteurs qui organisent des rencontres pour discuter productions. « Nous sommes chanceux, parce qu’il n’y a pas beaucoup de régions où existent ce genre de rencontres, raconte Guillaume. On en revient toujours avec de nouvelles idées. » Les visites de fermes et les rencontres de producteurs sont aussi des sources d’information essentielles pour les
Barrette. Par exemple, en 2006, trois ans après l’acquisition de leur ferme, ils sont allés voir des entreprises albertaines où l’élevage se fait en pâturage. Des modèles inspirants pour leur fonctionnement par optimisation de pâturage. Ils voyagent aussi au Québec. Tous les deux ou trois ans, ils se rendent notamment en Abitibi, où l’élevage en pâturage se fait dans des conditions semblables aux leurs. « Même si on a beaucoup de travail à la ferme, on se fait un devoir, en tant qu’entrepreneurs, de continuer à se former », estiment les frères. Est-ce que le Web constitue une source d’information digne de confiance pour les Barrette ? Eh bien non ! Les jumeaux estiment qu’il circule beaucoup d’information sur Internet, mais qu’elle n’est pas toujours de qualité. Ils préfèrent les sources sûres.
VENTES ET ACHATS : QUELLES SOURCES CHOISIR ? En ce qui concerne l’obtention d’information pour la vente des veaux, il n’y a pas beaucoup de possibilités, soutiennent les frères : par les encans, par l’entremise de courtiers privés ou par Les Producteurs de bovins du Québec. « Comme la mise en marché n’est pas notre métier, on a choisi de faire affaire avec la Fédération [Les Producteurs de bovins du Québec]. C’est un système d’élus, donc c’est transparent. Et ce qui n’est pas vendu par la Fédération, on le vend par encan.» En somme, par leur recherche d’information, les Barrette veulent savoir comment font les meilleurs de la production. « On se rend compte qu’ils ne font rien d’extraordinaire. Mais ils font un tas de petites choses qui s’avèrent finalement la base pour bien réussir ! » concluent les frères. COOPERATEUR.COOP – JUILLET-AOÛT 2016
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JEAN-DENIS MORIN : ORIENTÉ CLIENT
Jean-Denis et Denis Morin
PORTRAIT DE L’ENTREPRISE Nombre de sujets : 140 à 150 taureaux pur sang (Angus, Simmental, Charolais, Limousin, Shorthorn, Salers) en station d’épreuves (133 jours) 215 à 235 têtes en semi-finition, dont 75 à 85 femelles en réclusion hivernale (AngusCharolais, Angus-Limousin, Angus-Simmental ou SimmentalCharolais), et 140 à 150 têtes aux pâturages en saison estivale (femelles et mâles) Superficies en culture : 34 ha (85 acres) en pâturages (deux groupes de 70 à 75 têtes – six parcelles par groupe, soit 1,5 à 1,75 tête par acre pour deux, trois ou quatre jours); 10 ha de maïs-ensilage; 32 ha en foin Période de semi-finition : mi-octobre à fin avril pour les bouvillons en réclusion hivernale; mi-mars à début septembre pour les bouvillons aux pâturages (de l’entrée à la mi-mai : alimentation RTM; de la mi-mai à la vente : pâturages) Poids des bouvillons à l’achat : 225 à 270 kg (500 à 550 lb ) Poids des bouvillons à la vente : 430 à 455 kg Projet : consolider la station d’épreuves en conservant un noyau intéressant de taureaux pour proposer une offre diversifiée aux acheteurs de taureaux
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«Il faut faire preuve de discernement concernant l’info qu’on reçoit, croit JeanDenis Morin. C’est pourquoi les conseillers ne vont pas disparaître. » Jean-Denis Morin est gestionnaire d’une station d’épreuves de taureaux de boucherie – la Station génétique de la Beauce – et d’une entreprise de semi-finition de bouvillons à Saint-Martin. À la station d’épreuves, après la vente, Jean-Denis et son frère Daniel préparent les taureaux en fonction des besoins des acheteurs. « Je suis à leur écoute, dit-il. Ils m’informent de leur façon de nourrir les taureaux à leur ferme, et je m’adapte en conséquence. » Le bouche-à-oreille est pour lui une excellente façon d’avoir un retour d’information sur ses pratiques. L’élevage de bovins est une deuxième vie pour Jean-Denis, ainsi que pour la Ferme Roch Morin et fils. Titulaire d’un baccalauréat en éducation physique et d’une mineure en pédagogie, il a enseigné pendant huit ans à Québec. En 1993, il achète l’entreprise familiale en copropriété avec Daniel. Son passé de professeur inf luence inévitablement la manière dont il obtient son information. Il consulte largement les ouvrages de référence et les médias écrits : le Coopérateur, le Magazine Opti Bœuf, La Terre de chez nous. Le journal Les Affaires se trouve également sur sa table de chevet. Cet hebdomadaire lui permet de suivre les cours
de la Bourse qui touchent les denrées agricoles, de même que les grandes tendances des marchés financiers. Internet fait bien sûr partie de ses outils de recherche. Le site Agri-Réseau est pour lui un incontournable. Alimentation des bovins, génétique, biosécurité, gestion des cultures : Jean-Denis se crée des dossiers électroniques de référence et s’abonne aux alertes en lien avec ses sujets d’intérêt. Il consulte Facebook et Twitter à l’occasion. Il demeure toutefois critique. «Internet, on peut s’y perdre, dit-il. Il faut mettre un bémol à l’information qu’on y trouve et trier en fonction des besoins de l’entreprise.» D’où l’importance et la nécessité des conseillers, estime le producteur de 58 ans. « Les entreprises se segmentent et se spécialisent de plus en plus, dit-il. Les vétérinaires et experts-conseils se doivent d’être à la fine pointe de l’information dans leur secteur d’activité. Ils nous aident à affiner nos recherches et à valider nos sources. Par exemple, l’information trouvée dans Internet peut-elle vraiment s’appliquer à notre exploitation ? » La taille des sabots des taureaux est un exemple de questionnement en matière de gestion de troupeau qu’il a validé auprès de son vétérinaire. Faut-il la mettre en œuvre ? Il soupèse le pour et le contre auprès des éleveurs pour s’assurer de bien répondre à leurs besoins.
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Jean-Denis n’hésite d’ailleurs pas à utiliser le courriel pour questionner les experts. « C’est un outil très utile, dit-il. Je m’en sers très souvent. » Selon lui, la formation continue consiste maintenant à consulter régulièrement Internet pour obtenir de l’information crédible et bien ciblée. En plus de se tenir informé, Jean-Denis utilise des fichiers Excel pour améliorer et faciliter la gestion de sa station d’épreuves.
Enfin, puisque les prix sont indépendants de la volonté de tout éleveur, il vérifie systématiquement la tendance des cycles du bœuf avant de faire l’achat de veaux pour son parc de semi-finition. Pour ce faire, il consulte le site des Producteurs de bovins du Québec. De plus, en connaissant ses coûts de production sur toute la courbe de croissance de ses bouvillons, il a une idée très juste de la rentabilité de sa ferme.
QUELQUES SITES CONSULTÉS PAR SIMON-PIER : ■ Direct Livestock
Marketing System : www.dlms.ca
■ The Cattle Range :
www.cattlerange.com
■ Centre d’études sur les coûts
de production en agriculture : www.cecpa.qc.ca
■ Beef Cattle Research Council :
www.beefresearch.ca
■ Beef :
www.beefmagazine.com
■ Forgaebeef.ca :
www.foragebeef.ca
SIMON-PIER BOULIANNELÉVESQUE « JE SUIS UN VISUEL » Propriétaire de la Ferme Chantalain, à Tring-Jonction (Beauce), Simon-Pier Boulianne-Lévesque aime voir, parler et échanger. C’est pourquoi il mise largement, pour s’informer, sur les visites de fermes, les colloques vaches-veaux et bouvillons, les journées parcs et les réunions de producteurs. Il est un visuel, oui, mais aussi un jeune homme très à l’écoute. Plusieurs innovations et techniques utilisées chez lui ont été peaufinées grâce à ses méthodes très terre à terre pour s’informer. Parmi celles-ci, les visites organisées par l’ITA de La Pocatière chez des producteurs de l’Abitibi, qui lui ont permis de découvrir
la culture de plantes annuelles (dont le chou fourrager) à des fins de pâture automnale. C’est également dans cette région, réputée pour sa production de bovins de boucherie, ainsi que dans l’Ouest canadien et lors de colloques, qu’il a puisé l’idée du pâturage intensif en bandes de deux jours, de même que celle d’utiliser des dévidoirs de fil de fer pour faciliter le transfert des animaux d’une parcelle à l’autre (voir la vidéo). La conception d’un corral de manutention où examiner et traiter ses animaux lui a été inspirée, elle, par une rencontre avec un éleveur.
■ RanchWorldAds :
www.ranchworldads.com
■ Drugs.com :
www.drugs.com
■ The Western Producer :
www.producer.com
■ Grainwiz :
www.grainwiz.com
■ YouTube
www.youtube.com
Lien vidéo : www.cooperateur.coop/fr/ affaires-agricoles/vachesveaux-au-paturage
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1. Même si Simon-Pier privilégie le contact direct avec ses homologues, ses recherches dans Internet sont source de découvertes et d’apprentissages. Il y a déniché entre autres « le maïs à pâturer pendant l’hiver ».
PORTRAIT DE L’ENTREPRISE Nombre de vaches : 115, principalement de race Angus Nombre de taureaux : 5 Superficies en culture : 180 ha en culture et pâturage Nombre de jours de paissance : 225 Période de vêlages : novembre, février-mars et mai Poids et âge des veaux à la vente : 340 kg (750 lb) à 9-10 mois (80 à 85 sujets annuellement) (Simon-Pier met également en vente chaque année 5 ou 6 taureaux et 25 à 30 femelles pour la reproduction.) Taux de survie des veaux : 95 à 96 % Projets : élever ses femelles de remplacement et faire croître son troupeau à 125 vaches; engraisser des bouvillons à forfait
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De toute évidence, Simon-Pier sait bien s’entourer et créer des liens ! Même s’il privilégie le contact direct avec ses homologues, les recherches dans Internet sont source de découvertes et d’apprentissages (voir l’encadré, page 31). Il y a déniché « le maïs à pâturer pendant l’hiver ». De même qu’une façon peu coûteuse de fabriquer des abreuvoirs extérieurs robustes à l’aide de vieux pneus de machinerie lourde (voir la vidéo – référence à la page précédente). Ses abris à veaux mobiles (cabanes et panneaux brise-vents) sont aussi inspirés d’une visite chez un producteur et de sites Web de l’Ouest canadien, notamment de l’Alberta. Les sites du CRAAQ, des Groupes conseils agricoles du Québec, du ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales de l’Ontario ainsi que de l’Institut de recherche et de développement en agroenvironnement sont pour lui de bonnes sources d’information, qu’il consulte régulièrement. Ses lectures de médias écrits sont également multiples: le Coopérateur, le Magazine Opti Bœuf, La Terre de chez nous, etc. Mais ce jeune éleveur de 28 ans, natif de Saint-Clément (Bas-Saint-Laurent) et
formé en gestion et exploitation d’entreprise agricole à La Pocatière, ne néglige pas pour autant les échanges avec ses conseillers. Il est avide d’informations nouvelles pour faire progresser son entreprise, lancée en 2012. L’agronome JessicaGuay Jolicœur, du regroupement Opti Bœuf SENC, joue un rôle de premier plan auprès de Simon-Pier, particulièrement en matière d’alimentation et de gestion d’élevage. France Bélanger, du MAPAQ, a également été de bon conseil pour ce qui touche le choix des productions végétales de l’entreprise. Du côté des prix, Simon-Pier consulte le site des Producteurs de bovins du Québec, mais il a un faible pour les sites de l’Ouest canadien, qui lui procurent une vision pancanadienne et mondiale. Passionné et déterminé, il travaille en plus dans un parc d’engraissement de 2000 têtes situé à Saint-Patrice-de-Beaurivage, où il est en contact avec plusieurs producteurs. Cet emploi d’appoint le tient bien au fait des rouages de la mise en marché des bovins. Simon-Pier ouvre l’œil et tend l’oreille pour saisir les dernières tendances qui feront de lui un éleveur toujours plus performant.
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2. Simon-Pier met en marché annuellement 80 à 85 bouvillons de 340 kg, 5 ou 6 taureaux et 25 à 30 femelles pour la reproduction.
À TIRE D’AILE
HENDRIX ET L’INCONTOURNABLE BIEN-ÊTRE ANIMAL JEAN-YVES LAVOIE, AGRONOME, DIRECTEUR COMMERCIAL, SERVICE MONOGASTRIQUE, LA COOP FÉDÉRÉE JEAN-YVES.LAVOIE@LACOOP.COOP
PHOTO : BERNARD DIAMANT
ON NE PEUT PLUS L’IGNORER : la tendance « bien-être animal » est ici pour de bon. Bien sûr, il n’est pas question de revenir à l’époque de l’agriculture de subsistance et d’aller gaiement ramasser ses œufs dans un champ où s’ébattent quelques poules. Cela dit, les consommateurs exigent de plus en plus que les aliments qu’ils consomment soient issus de pratiques qui respectent les animaux qui les produisent. La perception du « happy bird » est très répandue. La cage traditionnelle n’est plus « tendance ». Et elle est vouée à disparaître, règlementation oblige. Retour dans le passé. Dans les années 1960, la recherche visait l’efficacité reproductive des lignées et les rendements au couvoir. Dans les années 1980, on misait sur la qualité de l’œuf et son effet sur la santé humaine. Depuis les années 2000, la recherche se penche sur la santé des oiseaux et l’adaptation aux exigences du bien-être animal. Les producteurs d’œufs, bien au fait des revendications de leurs clients, se sont de tout temps préoccupés de répondre activement à leurs demandes. Hendrix Genetics, entreprise néerlandaise qui, depuis une quinzaine d’années, approvisionne le réseau La Coop en pondeuses d’œufs de consommation, a suivi de près cette évolution. Les oiseaux qu’elle produit sont adaptés aux divers modes d’élevage qui mettent l’accent sur un meilleur bien-être : poules en liberté, poules logées en volière ou en cages enrichies. L’expertise d’Hendrix Genetics est reconnue partout dans le monde, et pas que dans le domaine de la pondeuse. L’entreprise est aussi réputée dans la production
de dindon, de volailles traditionnelles et de porc, ainsi que dans l’aquaculture. Création de valeur, collaboration, innovation et développement durable sont au cœur de sa stratégie d’affaires. Elle répond à divers marchés, notamment dans les pays en développement, où les besoins de productivité et de résistance aux maladies sont criants, en raison des conditions de logement modestes. Les critères de sélection traditionnels d’Hendrix demeurent la viabilité de l’oiseau, la qualité de l’œuf, le nombre d’œufs produits, le poids de ceux-ci, la conversion alimentaire et l’emplumage des oiseaux. C’est pourquoi les performances des lignées mises au point par l’entreprise ne sont pas altérées par le type de bâtiment dans lequel les oiseaux sont logés ni par le système d’élevage utilisé. De nouveaux critères font maintenant partie des efforts de sélection d’Hendrix, en fonction des nouveaux systèmes de logement. Mentionnons notamment le comportement et l’agressivité, ainsi que le risque de ponte au sol. Avec ces critères plus difficiles à mesurer en recherche et développement, le défi est de taille pour les entreprises de génétique. Hendrix a réalisé de grandes avancées en la matière. En témoignent les producteurs qui élèvent, entre autres, les lignées Isa Brown, Dekalb, Bovans et Shaver. Toutes réputées mondialement, elles ont été mises au point par Hendrix Genetics, qui les commercialise. Les producteurs d’œufs n’ont pas à s’inquiéter : le réseau La Coop dit « présent » lorsqu’il s’agit de génétique, d’alimentation et de performances avec les nouveaux modes d’élevage. Il est un partenaire au goût du jour.
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LA QUALITÉ DU GRAIN
DU CHAMP AUX OISEAUX
TEXTE D’ALEXANDRE LEBEL, M. SC., AGRONOME
POUR AVOIR UN GRAIN DE QUALITÉ, IL NE SUFFIT PAS QUE LES CONDITIONS MÉTÉOROLOGIQUES AIENT ÉTÉ FAVORABLES. LES MANIPULATIONS POSTRÉCOLTES SONT TOUT AUSSI CRUCIALES. VOYONS ENSEMBLE LA CHAÎNE DE PRODUCTION DU GRAIN, DU CHAMP JUSQU’À VOS OISEAUX. MÈRE NATURE: L’INDOMPTABLE Le facteur prédominant de la qualité du maïs est sans nul doute les conditions météorologiques lors de la période de croissance des grains. Un semis tardif combiné à une récolte hâtive réduira le nombre d’unités thermiques fournies au grain. Un grain qui n’atteindra pas sa pleine maturité aura possiblement une densité (kg/hl) plus faible. Le poids est une donnée importante. Il indique si le grain a bénéficié de suffisamment de chaleur lors de sa croissance pour bien acquérir ses propriétés physicochimiques, et qu’il est arrivé à maturité. Le tableau à la page suivante montre les résultats d’une étude qui fait état d’une corrélation positive entre la densité du maïs et sa valeur énergétique chez la volaille.
LA RÉCOLTE ET LE SÉCHAGE
PHOTO : ISTOCK
Même si la qualité du maïs au champ est bonne, cela ne signifie pas qu’elle est immuable. L’humidité à la récolte est un facteur qui influencera massivement le séchage du
grain. En effet, un grain plus sec à la récolte nécessitera moins de séchage qu’un grain humide. Cet aspect souvent oublié est crucial pour les performances des oiseaux. Séparons le séchage en deux principaux aspects: le temps de séchage et la température. Lors du séchage, on ne fait pas que réduire l’humidité du grain. Un séchage trop persistant ou à trop haute température engendrera des réactions physicochimiques dans le grain. Celle qui nous intéresse est la réaction de Maillard. Elle peut se résumer au fait que l’amidon contenu dans le grain réagira avec les acides aminés. Plus la température de chauffage est élevée, plus la réaction se produira rapidement. À l’inverse, à faible température, la réaction de Maillard aura lieu très lentement. En alimentation humaine, cette réaction est à l’origine entre autres du bon goût et de la belle couleur des aliments cuits. Par contre, en alimentation animale, cette réaction est indésirable. En effet, certains acides aminés, dont la lysine, ne seront plus disponibles pour l’animal une fois qu’ils seront liés à un sucre. Lors d’un chauffage
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extrême, les acides aminés peuvent être carrément détruits. Bref, il est préférable que le grain sèche au champ lentement, afin de réduire la température dans le séchoir et le temps qu’il y reste.
À L’ENTREPOSAGE
PHOTO : ISTOCK
Si notre grain est récolté et séché convenablement, notre travail n’est pas terminé pour autant. Même si nous avons réussi à avoir un grain mûr, séché au champ et avec un poids à l’hectolitre élevé, le processus d’entreposage peut encore poser problème. L’un des risques lors de l’entreposage est l’apparition de moisissures, de levures et d’autres organismes indésirables. Avoir un grain contenant moins de 15 % d’humidité permet de réduire ce risque. Il est donc primordial de vérifier le taux d’humidité du grain lors de l’entreposage. La qualité et la bonne gestion des installations sont déterminantes dans la qualité du grain qui sera utilisé pour fabriquer les aliments destinés à vos oiseaux. Toute infiltration d’eau peut créer des poches d’humidité où les moisissures prolifèreront. Un grain exposé aux moisissures verra sa valeur nutritive réduite. Vous pourrez remarquer que la plus forte concentration de moisissures se trouve sur les plus petits grains, qui deviennent rabougris. De plus, toute blessure mécanique causée au grain est une porte d’entrée pour les moisissures. La lutte contre les insectes et les rongeurs est donc de mise. Quant aux mycotoxines, il faut effectuer une analyse adéquate afin d’en déterminer le type et les niveaux présents dans les grains. Leurs effets sont multiples : immunosuppression, problèmes de fertilité, problèmes de performances, lésions buccales, problèmes hépatiques, nécrose, etc. En conclusion, la qualité du grain ne se résume pas uniquement à ses propriétés physicochimiques lors de la récolte. Il est impossible de maîtriser les caprices de Mère Nature, mais il n’en reste pas moins que la gestion de vos récoltes et du grain aura des impacts majeurs sur la productivité et la rentabilité de vos élevages.
EFFET DE LA DENSITÉ DU MAÏS SUR L’ÉNERGIE MÉTABOLISABLE CHEZ LE POULET Densité (kg/hl)
kcal/kg
71
3715
68
3658
62
3641
60
3540
Source : Baidoo et coll., 1991
L’auteur Alexandre Lebel, M. Sc., agronome Spécialiste en nutrition avicole La Coop fédérée alexandre.lebel@lacoop.coop COOPERATEUR.COOP – JUILLET-AOÛT 2016
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PERFORMANCES
TECHNICOÉCONOMIQUES EN PRODUCTION PORCINE
CHAQUE ANNÉE, NOUS EFFECTUONS UNE COMPILATION DE TOUS LES RÉSULTATS TECHNICOÉCONOMIQUES DES PRODUCTEURS DU RÉSEAU LA COOP. LE BUT EST DE FAIRE VALOIR LES RÉSULTATS QUI INFLUENCENT LE PLUS POSITIVEMENT LES PERFORMANCES ÉCONOMIQUES DE L’EXPLOITATION PORCINE.
Les comparaisons entre les producteurs sont réalisées dans les catégories suivantes : ■ Productivité en maternité ■ Performance en pouponnière ■ Performance en sevrage-vente ■ Performance en engraissement ■ Performance globale naisseur-finisseur Les producteurs ayant réalisé les meilleures performances en 2015 ont été présentés lors de la dernière assemblée générale annuelle de la Filière porcine coopérative, tenue le 18 mars à Saint-Agapit (voir les tableaux ci-contre pour les résultats). En maternité, chaque année amène un nouveau record de performance. L’an passé, pour la première
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fois, un éleveur a franchi le cap de 32 porcelets sevrés par truie productive par année. Dans les sections pouponnière, sevrage-vente et engraissement, nous utilisons des indices d’efficacité qui pondèrent les critères techniques en fonction de leurs valeurs économiques. Ces critères sont la conversion alimentaire, les pertes, le gain moyen quotidien ainsi que la précision d’expédition à l’abattoir. La section naisseur-finisseur regroupe les performances de productivité en maternité avec celles de l’engraissement. Le plus avantageux est de vendre le plus de kilos de porcs par truie par année tout en ayant un coût d’alimentation le plus bas possible.
PHOTO : ISTOCK
TEXTE DE JEAN TANGUAY, AGRONOME
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AFFAIRES AGRICOLES |
INDICE D’EFFICACITÉ EN ENGRAISSEMENT PORCELETS SEVRÉS PAR TRUIE PRODUCTIVE PAR ANNÉE
ENGRAISSEMENT
MATERNITÉ – PROPRIÉTÉ DE COOPÉRATIVE 1.
S.C.A. Inverness (Grefort)
32,0
2.
Ferme St-Eugène
30,7
3.
Purporc
29,3
PORCELETS SEVRÉS PAR TRUIE PRODUCTIVE PAR ANNÉE MATERNITÉ – CLIENT À SON COMPTE Ferme du Beauporc
30,8
2.
Ferme Géliporc
30,6
3.
Ferme A-Porc-Ça
30,5
4.
Porcibel
29,9
5.
Ferme Roland Morneau
29,2
INDICE D’EFFICACITÉ EN POUPONNIÈRE
264,7
2.
Ferme Dosquet
259,8
3.
Ferme Jéricho
252,1
4.
Ferme Réal Sylvain
249,6
5.
Ferme Annaud
248,4
6.
Ferme Valleroy
246,2
7.
La Ferme JSL
246,1
8.
Ferme Coporc 2000
246,0
9.
SCA Dumay
244,5 243,1
INDICE D’EFFICACITÉ SEVRAGE-VENTE SEVRAGE-VENTE 1.
Ferme Pomerleau et frères
220,0
2.
Ferme GDB
218,6
3.
Élevages Gosford
218,1
4.
Ferme Rocie
217,9
5.
Ferme Hervé Audet
216,2
INDICE D’EFFICACITÉ NAISSEUR-FINISSEUR
POUPONNIÈRE 1.
Pouponnières de Ste-Agathe
131,5
2.
Ferme Athanase
129,1
3.
Site Alain Gagnon
127,3
4.
Ferme Claudia
126,9
Le Goret (Wickham)
Ferme D. Beauchesne
10. Ferme Luko 27102 et 33017
1.
5.
1.
125,9
NAISSEUR-FINISSEUR CLIENT À SON COMPTE 1.
Ferme Pomerleau et frères
295
2.
Ferme St-Noël
288
3.
Ferme Pierre Boisvert
283
4.
Ferme Lilo Porc
281
5.
Porcherie Roger Gauthier
280
L’auteur Jean Tanguay, agronome Coordonnateur en évaluation économique, Production porcine Olymel jeantanguay@olymel.com
Avis aux producteurs sur l’utilisation responsable des caractères
PHOTO : ISTOCK
Monsanto Company est membre du groupe Excellence Through StewardshipMD (ETS). Les produits de Monsanto sont commercialisés conformément aux normes de mise en marché responsable de l’ETS et à la politique de Monsanto pour la commercialisation des produits végétaux issus de la biotechnologie dans les cultures de base. L’importation de ces produits a été approuvée dans les principaux marchés d’exportation dotés de systèmes de réglementation compétents. Toute récolte ou matière obtenue à partir de ces produits ne peut être exportée, utilisée, transformée ou vendue que dans les pays où toutes les approbations réglementaires nécessaires ont été accordées. Il est illégal, en vertu des lois nationales et internationales, d’exporter des produits contenant des caractères issus de la biotechnologie dans un pays où l’importation de telles marchandises n’est pas permise. Les producteurs devraient communiquer avec leur négociant en grains ou acheteur de produit pour confirmer la politique de ces derniers relativement à l’achat de ces produits. Excellence Through StewardshipMD est une marque déposée de Excellence Through Stewardship. VEUILLEZ TOUJOURS LIRE ET SUIVRE LES DIRECTIVES DES ÉTIQUETTES DES PESTICIDES. La technologie Roundup ReadyMD comporte des gènes qui procurent une tolérance au glyphosate, un ingrédient actif des herbicides pour usage agricole de marque RoundupMD. Les variétés de soya Roundup Ready 2 XtendMC possèdent des gènes qui procurent une tolérance au glyphosate et au dicamba. Les herbicides pour usage agricole qui contiennent du glyphosate détruiront les cultures qui ne tolèrent pas le glyphosate et ceux qui contiennent du dicamba détruiront les cultures qui ne tolèrent pas le dicamba. Contactez votre détaillant Monsanto ou appelez le support technique de Monsanto au 1-800-667-4944 pour connaître les programmes de désherbage recommandés avec le système de production Roundup Ready MD Xtend. Solutions appliquées aux semences AcceleronMD pour le canola contient les matières actives difénoconazole, métalaxyl (isomères M et S), fludioxonil et thiaméthoxam. Solutions appliquées aux semences AcceleronMD pour le canola plus VibranceMD est une combinaison de deux produits distincts homologués individuellement qui, ensemble, contiennent les matières actives difénoconazole, métalaxyl (isomères M et S), fludioxonil, thiaméthoxam et sedaxane. Solutions appliquées aux semences AcceleronMD pour le maïs (fongicides et insecticide) est une combinaison de quatre produits distincts homologués individuellement qui, ensemble, contiennent les matières actives métalaxyl, trifloxystrobine, ipconazole et clothianidine. Solutions appliquées aux semences AcceleronMD pour le maïs (fongicides seulement) est une combinaison de trois produits distincts homologués individuellement qui, ensemble, contiennent les matières actives métalaxyl, trifloxystrobine et ipconazole. Solutions appliquées aux semences AcceleronMD pour le maïs avec PonchoMD/VoTivoMC (fongicides, insecticide et nématicide) est une combinaison de cinq produits distincts homologués individuellement qui, ensemble, contiennent les matières actives métalaxyl, trifloxystrobine, ipconazole, clothianidine et la souche Bacillus firmus I-1582. Solutions appliquées aux semences AcceleronMD pour le soya (fongicides et insecticide) est une combinaison de quatre produits distincts homologués individuellement qui, ensemble, contiennent les matières actives fluxapyroxad, pyraclostrobine, métalaxyl et imidaclopride. Solutions appliquées aux semences AcceleronMD pour le soya (fongicides seulement) est une combinaison de trois produits distincts homologués individuellement qui, ensemble, contiennent les matières actives fluxapyroxad, pyraclostrobine et métalaxyl. AcceleronMD, Cell-TechMC, DEKALB et le logoMD, DEKALBMD, Genuity et le logoMD, Genuity MD, JumpStartMD, OptimizeMD, Refuge Intégral MD, Roundup Ready 2 Technologie et le logoMC, Roundup Ready 2 XtendMC, Roundup Ready 2 RendementMC, Roundup Ready MD, Roundup TransorbMD, Roundup WeatherMAX MD, RoundupMD, SmartStax MD, TagTeamMD, TransorbMD, VaporGripMD, VT Double PROMD, VT Triple PROMD et XtendiMax MD sont des marques de commerce de Monsanto Technology LLC. Utilisation sous licence. FortenzaMD et VibranceMD sont des marques déposées d’une société du groupe Syngenta. LibertyLink MD et le logo de la goutte d’eau sont des marques de commerce de Bayer. Utilisation sous licence. Herculex MD est une marque déposée de Dow AgroSciences LLC. Utilisation sous licence. PonchoMD/VotivoMC sont des marques de commerce de Bayer. Utilisation sous licence. ©2016 Monsanto Canada Inc.
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Le démarreur liquide permet à Carl Beaudoin davantage de précision et d’autonomie sur les grandes surfaces qu’il ensemence.
DÉMARRER AVEC ARDEUR TEXTE ET PHOTOS D’ÈVE CAYER, AGRONOME
POUR LA CULTURE DE LÉGUMINEUSES, CARL BEAUDOIN ADHÈRE À UNE ASSURANCE PRINTEMPS : IL UTILISE UN DÉMARREUR LIQUIDE LORS DES SEMIS. À la Ferme C et R Beaudoin, à Saint-Jacques, dans Lanaudière, la culture du soya à grand écartement s’est imposée. «Nous avons commencé à semer le soya aux 30 po à cause de la sclérotiniose, précise Carl Beaudoin. Et chez nous, semer aux 30 po, c’était avec un démarreur – ou pas de 30 po, parce que la fertilité de certains de nos champs est faible. » L’entreprise cultive 890 ha, et les légumineuses s’imbriquent dans la rotation. La culture de haricots et de pois de conserverie, de soya et de haricots adzuki s’ajoute à celle du maïs-grain et du blé. Carl Beaudoin, fils d’un des propriétaires et relève de la ferme, sème le soya tôt. « Ici, au printemps, chaque journée compte pour éviter les risques de gel hâtif », souligne-t-il. Cette année, malgré un printemps hésitant, l’ensemencement du soya a pris fin le 13 mai. Pour cet agriculteur, l’utilisation d’un démarreur dans la culture du soya assure un rendement stable. Que la saison soit favorable ou pas, le rendement oscille entre 1,1 et 1,4 tonne à l’acre (2,7 et 3,5 t ha)
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dans les champs aux rangs espacés de 30 po (75 cm). Chez lui, ce résultat est improbable avec une culture de cette légumineuse à faible écartement entre les rangs. Lorsqu’il ensemence ses champs de soya en rangs espacés de 7 po, Carl observe une variabilité de productivité plus accentuée au fil des saisons de croissance. «Les années favorables au soya, j’ai de bons rendements aux 7 po, mais quand c’est une mauvaise année, les rendements ne sont pas là. Les variations vont de 0,9 t/acre les moins bonnes années à 2 t/acre lors des années à soya. » Comparativement au semis à faible écartement, le semis du soya à grand écartement permet une levée plus uniforme. Depuis une dizaine d’années, l’ensemencement du soya à espacement large dominait à la ferme des Beaudoin. Cette année, le semis en rangs espacés de 7 po regagne un peu de terrain. « La culture de soya aux 7 po a sa place à la ferme », dit Carl. Le semis au planteur à maïs avec un démarreur lui assure un
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Plus de boisseaux à l’acre, grâce à eKonomics. eKonomics.com, de PotashCorp Un site Web tout à fait gratuit et convivial, avec calculateurs de rendement du capital investi, outils de régie des cultures, données géographiques de tests de sol, conseils d’experts de l’industrie et résumés de recherche – tous conçus pour vous aider à maximiser vos boisseaux à l’acre. Voyez comment eKonomics peut vous aider à améliorer votre rentabilité.
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| AFFAIRES AGRICOLES
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Beaudoin utilise un démarreur liquide et dose les mélanges directement à la ferme, à partir des recommandations de son expert-conseil, le technologue Stéphane Galarneau. Quels sont les ingrédients utilisés afin de concocter le démarreur pour le soya et le haricot adzuki ? Du 11-37-0 et l’engrais Solaz, pour compléter les besoins en azote. L’apport en potassium provient d’une application d’engrais granulaire en présemis incorporé ou d’un produit chaulant riche en potassium, en fonction de l’analyse de sol. La Ferme C et R Beaudoin a opté pour le démarrage avec un engrais en solution pour optimiser les semis. « Avec l’engrais liquide, c’est plus rapide et j’ai plus d’autonomie, précise Carl. Je peux semer 80 acres sans m’arrêter. »
2 1. Carl Beaudoin sème le haricot adzuki à taux variable. Des cartes de couvert végétal fournies par La Coop Profid’Or lui permettent un semis à plus faible densité là où, les années précédentes, la végétation abondait. L’objectif : réduire le potentiel de maladies. 2. Sur les 890 ha de la Ferme C et R Beaudoin, le haricot adzuki en occupe quelque 265. Son taux de semis : 85 000 plants/acre (210 000 plants/ ha). Tous les champs de ce haricot sont fertilisés avec un démarreur.
rendement stable et prévisible. Par contre, continuer d’ensemencer une petite portion de ses champs avec l’autre méthode de semis lui permet d’aller chercher un peu plus de rendement lors des bonnes années. Le haricot adzuki se sème, lui aussi, avec des entrerangs de 30 po. En début de saison, le départ de cette légumineuse s’amorce lentement. Selon Carl, l’ajout d’un démarreur réduirait sa vulnérabilité. La culture du haricot adzuki représente une récolte à haute valeur économique pour l’exploitation de Saint-Jacques, et elle s’étale cette année sur plus de 265 ha. Le démarreur fait partie des stratégies de semis pour cette culture.
LES INGRÉDIENTS Le démarreur comprend 30 unités d’azote. L’apport en phosphore varie selon l’analyse de sol de chacun des champs, et ce, tant pour le soya que pour le haricot adzuki. Carl
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Stéphane Galarneau et Carl Beaudoin arrivent à un constat similaire concernant l’utilisation d’un démarreur dans le soya. «C’est un avantage quand le soya est semé tôt: le départ est meilleur et les plants plus verts entre le semis et la nodulation», soutient l’expert-conseil de La Coop Profid’Or. Ils observent tous deux que les premières gousses se situent plus haut sur le plant lorsqu’on incorpore un démarreur aux semis du soya et du haricot adzuki. Cela facilite la récolte et réduit les pertes au battage. «Dans les champs semés aux 7 po, ce n’est pas rare de trouver des gousses au sol. Aux 30 po, c’est moins fréquent», souligne Carl Beaudoin. Toutefois, apporter trop d’azote à une légumineuse pourrait favoriser la production d’un feuillage abondant et créer un environnement propice à l’apparition de maladies. Par contre, le semis en rangs larges permet une aération, ce qui réduit l’incidence de maladies fongiques, comme la sclérotiniose. « Pour moi, semer mon soya aux 30 po avec un démarreur, ça me donne l’assurance d’un rendement stable, peu importe la saison », conclut Carl Beaudoin.
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LA RECETTE
AFFAIRES AGRICOLES |
DES POMMES DE TERRE GERMÉES TEXTE DE STÉPHANE PERREAULT, AGRONOME
ÇA PEUT ATTENDRE L’HIVER DERNIER, VOUS AVEZ SÛREMENT VU LES REPORTAGES DANS LES MÉDIAS INDIQUANT QUE CERTAINS LÉGUMES IMPORTÉS ATTEIGNAIENT DES PRIX RECORDS. IL AURAIT ÉTÉ INTÉRESSANT DE MENTIONNER PAR LA MÊME OCCASION QUE LES PRODUCTEURS DU QUÉBEC CULTIVENT UNE MULTITUDE DE LÉGUMES QUI, GRÂCE À DIFFÉRENTES TECHNIQUES D’ENTREPOSAGE, SONT OFFERTS À L’ANNÉE.
PHOTO DU HAUT : STÉPHANE PERREAULT
C’est tout un travail qui est accompli, du champ à l’assiette, pour maintenir une qualité optimale. Dans le cas de la pomme de terre, en plus de tenir à l’écart les maladies, on ne veut pas que les tubercules germent. La germination est influencée par de nombreux facteurs. On oublie parfois que les tubercules de pommes de terre sont bien vivants et qu’ils sont seulement en dormance. Lorsqu’ils sortent de cet état, la germination s’enclenche. Plusieurs méthodes, dont une plus récente, permettent toutefois de prolonger leur dormance.
LA TEMPÉRATURE Le contrôle de la température en entreposage est un élément important. Plus la température est basse, plus la dormance se maintiendra. Pour les pommes de terre destinées au marché frais, un entreposage à 4 oC est l’idéal. Pour celles destinées au marché de la croustille ou de la
frite, cette température est trop froide et aura un impact sur la couleur à la friture. On visera alors 10 oC. Les stress qu’ont subis les tubercules durant l’été ont aussi des impacts, car ils accélèrent l’âge physiologique et avancent la sortie de la dormance.
LA THERMOFUMIGATION La méthode la plus utilisée depuis plus de 50 ans est la thermofumigation au chlorprophame (également appelé CIPC). Appliqué en entrepôt, ce produit est chauffé puis vaporisé dans le système de ventilation. La qualité de l’application est essentielle. Pour être efficace, le CIPC doit atteindre les yeux des tubercules. Une mauvaise circulation de l’air laissera des zones non traitées. Le traitement doit aussi être fait avant le début de la germination. Si elle a commencé, on s’expose à des problèmes de germination tant externes qu’internes. Par contre, il ne
À gauche, pommes de terre traitées au Smartblock; à droite, témoin non traité
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Germination lors de l’entreposage
L’auteur Stéphane Perreault, agronome Conseiller spécialisé en pommes de terre et petits fruits La Coop fédérée stephane.perreault@lacoop.coop
faut pas traiter les pommes de terre trop vite après la récolte. Aucune application ne doit être effectuée pendant qu’elles sont en cours de « guérison », car celle-ci sera compromise. Un nouveau produit est maintenant offert au Canada. Mis au point par l’Université d’État du Washington, cet inhibiteur de germination est appelé Smartblock. Comme pour le CIPC, le traitement doit se faire par fumigation en entrepôt. Le Smartblock a la capacité de faire sécher des germes ayant jusqu’à trois centimètres. Il peut donc être appliqué lorsque les tubercules ont commencé à germer, contrairement au CIPC, qui doit l’être avant le début de la germination. Il rétablit ainsi la dormance pour trois mois supplémentaires.
LE RÉGULATEUR DE CROISSANCE Le traitement au Smartblock s’avère un bon complément à une autre méthode de contrôle de la germination : l’application d’hydrazide maléique. Mieux connu sous le nom de Royal MH-30 XTRA, ce produit est un régulateur de croissance. Utilisé en
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application foliaire, il se diffuse à l’intérieur de la plante et contrôlera la germination des pommes de terre en entrepôt. Il agit en bloquant la division cellulaire, tout en permettant aux tubercules de continuer à grossir au champ. Utilisé de façon optimale, le Royal MH-30 XTRA permettra de réduire le nombre de petits tubercules et d’augmenter le calibre des pommes de terre. De quelle façon ? Lorsque la division cellulaire est arrêtée, la plante ne peut plus créer de nouvelles cellules. Ainsi, la formation de petits tubercules plus tard en saison est éliminée. La plante n’a d’autre choix que de transférer sa production de sucres dans les tubercules existants, qui ont déjà une certaine grosseur. Il ne se forme pas de nouvelles cellules, mais celles qui sont déjà présentes peuvent continuer à grossir. Le stade et les conditions d’application sont des éléments clés pour obtenir un résultat maximal. Votre expert-conseil La Coop pourra vous guider dans ce domaine. Autre avantage : les tubercules provenant de plants traités se conservent aussi plus facilement en entrepôt. Ainsi que nous l’avons mentionné précédemment, les pommes de terre sont bien vivantes et elles respirent, tout comme nous. Le traitement va accroître leur dormance et réduire leur respiration. Cela se traduira par une perte de poids moindre pour les tubercules. Ainsi, le Royal MH-30 XTRA procure une maîtrise de longue durée de la germination en entrepôt. Si certaines pommes de terre ont besoin d’être entreposées encore plus longtemps, il est maintenant possible, avec l’arrivée du Smartblock, de traiter les lots restants qui commenceraient à germer, et uniquement ceux-ci. Il existe donc différentes stratégies de gestion de la germination permettant de mettre en marché de belles pommes de terre. Il ne reste qu’au consommateur à apprécier la disponibilité et la qualité de la production québécoise.
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T:7.875” S:7.0625”
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L’ABEILLE ENFIN ADMISE À L’UNIVERSITÉ ! TEXTE ET PHOTOS D’ÉTIENNE GOSSELIN, AGRONOME, M. SC.
L’APICULTURE EST UNE PRODUCTION ANIMALE SOUS-ESTIMÉE, NOTAMMENT POUR SA CONTRIBUTION VITALE AUX PRODUCTIONS VÉGÉTALES. ÇA CHANGERA, PAROLE DE PIERRE GIOVENAZZO, TITULAIRE DE LA NOUVELLE CHAIRE DE LEADERSHIP EN ENSEIGNEMENT DES SCIENCES APICOLES DE L’UNIVERSITÉ LAVAL. 1. L’apiculteur Yves Gauvin rayonnait. « Avec cette chaire, on vient d’assurer l’avenir de l’apiculture québécoise. » 2. Pierre Giovenazzo mettra sur pied les premiers cours universitaires de 1er et de 2e cycle en sciences apicoles au Québec. 3. Les acteurs universitaires et les membres de la Table filière apicole étaient tout sourire. Les uns et les autres investiront un total de 640 000 $ sur cinq ans dans la nouvelle chaire d’enseignement.
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Les abeilles ont la cote dans les médias. Un buzz surtout négatif, pour souligner le syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles, l’implication des insecticides néonicotinoïdes dans la mortalité, le parasitisme de l’abeille par l’acarien varroa ou la malnutrition des butineuses placées dans des monocultures. On parle moins des services positifs rendus par l’apiculture et de la recherche foisonnante pour diminuer les pertes d’abeilles, ces travailleuses infatigables. Mais on en parlera beaucoup plus grâce à Pierre Giovenazzo et à cette chaire apicole. « L’apiculture vit des changements majeurs sur plusieurs
plans », résume le principal intéressé, qui bourdonne dans le monde apicole depuis 2001, entre autres au Centre de recherche en sciences animales de Deschambault (CRSAD) et au Département de biologie de l’Université Laval, comme chargé de cours. Par exemple, la mortalité hivernale moyenne des abeilles du Québec, d’environ 25 % depuis les 10 dernières années, n’empêche pas la croissance du nombre de ruches. Le nombre d’unités en location pour la pollinisation a doublé depuis 1998. La valeur des services de pollinisation a aussi bondi depuis 15 ans – passant de 693 000 $ en 1997 à 5,1 millions $ en 2013 –, notamment sous l’impulsion des
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AFFAIRES AGRICOLES | producteurs de bleuets et de canneberges, dont les bons rendements sont tributaires des pollinisateurs. Avec le concours de cette chaire, Pierre Giovenazzo mettra sur pied les premiers cours universitaires de 1er et de 2e cycle sur les sciences apicoles au Québec, en plus de mettre au point des activités de formation continue sur des sujets précis. Du côté des activités de recherche, certains domaines auront la faveur du chercheur : sélection génomique de lignées résistantes à la varroase, congélation du sperme de faux bourdons pour l’insémination des reines, suppléments alimentaires de probiotiques pour les abeilles dans les étendues de bleuets sauvages. Le clou : sa contribution à titre de président du comité organisateur du congrès Apimondia qui se tiendra à Montréal en 2019, lequel devrait rassembler 8000 congressistes passionnés d’Apis mellifera. La Chaire de leadership en enseignement est une initiative de la Table filière apicole et résulte d’une entente entre l’Université Laval et des partenaires financiers externes (CRSAD, Syndicat des producteurs de bleuets du Québec et Fédération des apiculteurs du Québec), qui investiront un total de 640 000 $ sur cinq ans. D’ordinaire, ce genre de chaire ouvre la voie à la création d’un poste de professeur permanent au sein du corps professoral universitaire. Rencontré au lancement de la Chaire, Yves Gauvin, apiculteur connu pour son franc-parler et son implication chez Citadelle
et à la Fédération des apiculteurs, rayonnait, verre de cocktail hydromel-jus de canneberge à la main. « Avec cette chaire, dit-il, on vient d’assurer l’avenir de l’apiculture québécoise. On a eu tendance à trop se fier à la générosité de Mère Nature ces dernières années. En délocalisant les ruches vers les producteurs de fruits, on a créé des problèmes. On crée maintenant les solutions. » Jean-Paul Laforest, agronome, professeur de sciences animales à l’Université Laval et président du CRSAD, était lui aussi tout sourire. « Cette chaire offrira un milieu où s’exprimera le plein potentiel de l’apiculture. Notre centre de recherche, un organisme à but non lucratif, offre beaucoup de place à l’abeille : les projets la concernant sont les plus nombreux, après ceux portant sur les bovins et le porc. » « Le Québec a un grand besoin de spécialistes universitaires en sciences apicoles pour améliorer la productivité des apiculteurs et assurer la pérennité de l’industrie de l’apiculture », renchérit André Darveau, doyen de la Faculté des sciences et de génie de l’Université Laval. Des propos qui trouvent écho chez Martine Bernier, chargée de projet à la Station apicole du CRSAD, qui se spécialise dans le fameux hyménoptère depuis le début de ses études universitaires. Énergisé, Pierre Giovenazzo a conclu la conférence de presse par un proverbe persan qu’il a habilement adapté : « Le savant qui met en pratique son savoir est une abeille qui donne du miel. »
L’ABEILLE DÉCHIFFRÉE ■
Apiculteurs québécois : 309
■
Apiculteurs canadiens : 8483
■
Nombre de colonies par apiculteur Ontario : 35 Québec : 161 Alberta : 279
■
Pourcentage des revenus des apiculteurs québécois provenant du miel : 68 %
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Pourcentage des revenus des apiculteurs québécois provenant de la pollinisation : 26 %
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Prix moyen d’une reine : 26 $
■
Prix moyen de la location d’une ruche pour la pollinisation : 115 $
■
Prix de gros du miel : 4,92 $/kg
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Prix de détail du miel : 9,84 $/kg
■
Balance commerciale québécoise du miel : - 7 millions $
■
Valeur de la pollinisation des abeilles au Canada : 2 milliards $
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| AFFAIRES ÉCONOMIQUES
LE SOUTIEN AGRICOLE EN CHINE TEXTE D’YVES NGORBO
À LA SUITE DE SON ENTRÉE À L’ORGANISATION MONDIALE DU COMMERCE, EN 2001, LA CHINE A AUGMENTÉ SUBSTANTIELLEMENT LE SOUTIEN DE PRIX ÉLEVÉS QU’ELLE PROCURE À SES PRODUCTEURS AGRICOLES. QUEL EST L’IMPACT DE CETTE POLITIQUE AU CANADA ? Selon l’agence de notation Momagri, l’objectif de ces mesures est d’accroître les revenus du secteur et de soutenir la production. Les soutiens globaux à la production agricole et alimentaire1 (SGPAA) font état d’une croissance de 118 % du soutien de la Chine au secteur agricole de 2008 à 2014. Cette tendance est aussi observée par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) : de 2004 à 2014, l’estimation de soutien aux producteurs (ESP) de la Chine est passée de 3 à 20 %, dépassant celle de l’ensemble des pays de l’OCDE réunis (figure 1).
Le facteur démographique est un déterminant dans le secteur agricole. En effet, si 99,5 % de la population mondiale se situe hors du Canada, la proportion démographique de la Chine en représente à elle seule 20 %. De plus, l’augmentation de la classe moyenne chinoise, par centaines de millions pendant les dernières décennies, a impulsé un changement dans les habitudes alimentaires. La demande en viandes et en produits laitiers a connu une croissance remarquable, qui s’observe à l’égard de plusieurs autres denrées agricoles. Par exemple, deuxième pays producteur et consommateur de maïs dans le monde après les États-Unis, la Chine a enregistré une augmentation notable de
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PHOTO : ISTOCK
LE MARCHÉ CHINOIS
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AFFAIRES ÉCONOMIQUES |
Figure 1
Estimation du soutien aux producteurs en Chine et dans les pays de l’OCDE 35 30
En pourcentage
25 20 OCDE - Moyen
15
Chine
10 5 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
2003 2004 2005 2006
0 2000 2001 2002
ses importations nettes de ce grain jaune depuis une décennie. Cette tendance s’applique aussi au soya. La Chine en est le plus grand importateur et représente le marché avec le potentiel de croissance le plus élevé, selon l’USDA. En ce qui concerne le secteur porcin, la Chine est le premier producteur et consommateur de porc au monde. Malgré une production atteignant un sommet de 56 millions de tonnes en 2014, le pays continue à recourir aux importations pour répondre à la demande nationale. De plus, les perspectives de l’OCDE et de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) sont très claires quant à la balance commerciale des produits agricoles. L’Amérique du Nord est tout à fait bien positionnée pour nourrir le monde.
Source : OCDE (2016), Soutien à l’agriculture [indicateur]. Compilation des Affaires économiques, La Coop Fédérée
LE SOUTIEN AGRICOLE
PHOTO : ISTOCK
500
Écart grandissant entre le prix 400 intérieur et le prix international 300 600
Prix du maïs Ports du sud de la Chine
200 500 400 100 3000 200
Prix coût et fret du maïs É.-U. + taxes
Prix de soutien chinois − Provinces du nord-est
100
2015
2014
2013
2012
2011
2010
0 2009
A) Le soutien à la production Le programme de soutien à la production inclut les paiements directs aux producteurs de grains, les subventions globales d’intrants agricoles ainsi que le soutien aux prix. Ces mesures répondent aux objectifs de sécurité alimentaire et de maintien de prix stables pour les produits céréaliers en Chine. Le revers de la médaille est que les prix sont plus élevés dans ce pays qu’ailleurs. Ce programme consiste en l’achat de produits agricoles stratégiques (maïs, blé et soya) par l’État chinois et à la constitution de stocks. L’objectif est de stabiliser le prix de ces produits et de garantir un prix minimum pour les producteurs chinois (figure 2).
Figure 2 600
Dollars par tonne métrique
Le potentiel que représente le marché agricole de la Chine est un enjeu d’envergure, qui aiguise les appétits mondiaux. Dans ce contexte, le gouvernement chinois a décidé de moderniser son agriculture afin de la rendre plus performante. Dans son 13e plan quinquennal, adopté en octobre 2015, la Chine a considéré comme priorités la continuité des subventions directes aux agriculteurs pour les semences à haute productivité, les subventions pour l’achat de machines agricoles, les subventions générales pour l’engrais et les produits phytosanitaires, de même que d’autres mesures plus globales.
Source : USDA
Cependant, le gouvernement chinois a suspendu à court terme la mesure de soutien de prix. Cette décision a été prise pour deux principales raisons : le niveau des stocks de grains, qui est historiquement élevé dans le pays (figure 3, en page 48), et l’écart grandissant avec les prix à l’international, qui plombent la compétitivité de l’industrie animale, favorisant le recours aux importations de maïs et de substituts à prix avantageux.
1
Indicateur élaboré par l’agence de notation Momagri, qui mesure les soutiens budgétaires des États dans le secteur agricole à l’échelle mondiale.
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| AFFAIRES ÉCONOMIQUES
Proportion des stocks mondiaux de maïs de blé se trouvant en Chine
Figure 3 60 % 50 % 40 % 30 %
De nombreux gouvernements soutiennent leur secteur agricole. L’OCDE a regroupé, sous l’indicateur « estimation du soutien aux producteurs », la valeur monétaire annuelle de l’ensemble des transferts bruts aux producteur agricoles.
20
20
03 -2 0 04 04 20 200 05 5 20 200 06 6 20 200 07 7 20 200 08 8 20 200 09 9 20 201 10 0 20 201 11 1 -2 20 01 12 2 -2 20 01 13 3 -2 20 01 14 4 20 201 15 5 -2 01 6
0%
Source : USDA. Compilation des Affaires économiques, La Coop fédérée
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C) Productivité agricole par opposition à développement rural Ce programme inclut les subventions pour l’amélioration de la variété et de la qualité des semences, l’aide à l’irrigation ainsi que le financement de la recherche et développement. Le déplacement massif des jeunes populations vers les villes implique des défis de main-d’œuvre en milieu rural. Le gouvernement chinois met donc en place des incitations pour accélérer la mécanisation des exploitations agricoles. Les subventions pour l’achat de machines agricoles ont augmenté de plus de 300 % de 2004 à 2014, passant de 920 millions à près de 4 milliards $. Outre une loi sur la promotion de la mécanisation dans l’agriculture, adoptée en 2004, le gouvernement chinois a établi en 2015 de nouveaux principes pour l’encadrer. Ces principes déterminent que les subventions allouées ne sont plus destinées
uniquement aux agriculteurs, mais aussi aux coopératives et aux sociétés agricoles. Ces changements encouragent désormais les sociétés privées et les capitaux chinois à intégrer le secteur agricole. L’agriculture en Chine étant caractérisée par de petites fermes, le gouvernement favorise aussi, dans la réforme de la loi, les machines de grande taille, afin d’encourager la consolidation des exploitations.
RÉFORME DU SOUTIEN AGRICOLE CHINOIS: QUEL IMPACT POUR NOTRE AGRICULTURE ? Le Canada est le quatrième fournisseur des importations agricoles de la Chine, après les États-Unis, le Brésil et l’Australie. Il précède la Nouvelle-Zélande et l’Argentine. La décision de la Chine, en mars 2016, d’abandonner son programme de stockage de maïs, afin de permettre au marché de réguler les prix intérieurs, ne sera pas sans conséquence. En effet, avec des stocks records – environ 115 millions de tonnes de maïs en 2015 –, le gouvernement chinois souhaite encourager les entreprises à acheter les céréales auprès des agriculteurs locaux. Une cassure à court ou moyen terme pourrait être observée dans le cas des importations de grains par le pays. Même si la Chine a annoncé la possibilité d’utiliser désormais des semences issues du génie génétique, y compris de maïs pour les cinq prochaines années, la pression sur les terres arables constitue un obstacle majeur pour l’agriculture chinoise. L’écart entre la production et la consommation locales demeurera une demande à combler. Comme le préconisent l’OCDE et la FAO, l’Amérique est bien positionnée pour répondre aux besoins mondiaux de nourriture.
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Yves Ngorbo, Analyste en affaires économiques La Coop fédérée yves.ngorbo@lacoop.coop
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B) L’amélioration du niveau de vie des agriculteurs Le programme de soutien au niveau de vie des agriculteurs renvoie aux différentes mesures garantissant la protection sociale des exploitants agricoles, les réductions d’impôts sur le revenu ainsi que des mécanismes d’assurance. L’objectif principal de ce programme vise l’amélioration des conditions des agriculteurs, qui sont largement inférieures à celles des populations vivant dans les villes. En Chine, le niveau moyen du revenu rural est trois fois plus bas que le niveau moyen du revenu des citadins. La mesure la plus importante de ce programme porte sur la réforme de la fiscalité agricole, qui a conduit à une suppression totale des taxes agricoles en 2006.
L’auteur
Maïs
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Olymel poursuit le développement de ses activités dans le secteur de la volaille, avec un investissement de 10 millions $ dans l’agrandissement de son usine de transformation de Saint-Damase, afin d’aménager une salle de refroidissement des poulets à l’air. Spécialisé dans l’abattage et la découpe de poulets, l’établissement disposera d’une nouvelle capacité de production pour encore mieux servir sa clientèle, dont le secteur des rôtisseries et celui de la distribution au détail. Un autre investissement majeur, cette fois à l’établissement de surtransformation de volaille de Brampton (Ontario), sera annoncé sous peu.
L’AGRICULTURE BIO GAGNE DU TERRAIN AUX ÉTATS-UNIS Le département de l’Agriculture des États-Unis a annoncé une augmentation importante du nombre d’exploitations certifiées biologiques, confirmant ainsi une croissance annuelle à deux chiffres dans le secteur du bio. Depuis 2002, le nombre de producteurs certifiés biologiques a augmenté de 300 %. Aujourd’hui, avec 21 781 de ces producteurs, les États-Unis comptent 70 % des exploitations certifiées biologiques du monde! Selon le secrétaire à l’Agriculture, Tom Vilsack, « les aliments biologiques constituent l’un des segments à plus forte croissance de l’agriculture américaine ». Parallèlement, les données de l’industrie indiquent que les ventes américaines de produits alimentaires locaux ont totalisé plus de 12 milliards $ en 2014, contre 5 milliards en 2008. Par ailleurs, d’après un sondage de l’Association de la presse, 66 % des Américains soutiennent l’étiquetage obligatoire des produits alimentaires contenant des OGM, alors que seulement 7 % y sont opposés.
LAIT : EFFICACITÉ DE LA GESTION DE L’OFFRE Le marché mondial des produits laitiers demeure affecté par un effondrement de prix. Après une année record en 2014, ce secteur fait face à une chute continue des prix depuis 2015, exerçant une pression à la baisse sur les revenus des producteurs. Cette tendance est liée à une pluralité de facteurs favorisant une offre abondante sur le marché : la surproduction à l’échelle mondiale; l’embargo russe ainsi que la diminution des importations chinoises. Précisons que cette offre excédentaire a été stimulée par la fin des quotas laitiers en Europe et par les importants stocks des dernières années. D’après la Commission européenne, le prix moyen du lait, dans l’ensemble de l’Union européenne, a chuté de 12,7 % entre janvier 2015 et avril 2016. Au Canada, bien que le système de gestion de l’offre se voie actuellement écorché par les importations de lait diafiltré, ce modèle démontre son efficacité dans la conjoncture de prix sur le marché international. Certes, le prix à la production a aussi connu une baisse en 2015 mais, comparativement à d’autres pays comme les États-Unis ou la Nouvelle-Zélande, le marché canadien est protégé. Selon l’agroéconomiste Daniel-Mercier Gouin, de l’Université Laval, « le prix du lait aux États-Unis a baissé de près de 30 % en 2015. En Nouvelle-Zélande, premier pays exportateur de produits laitiers, le prix du lait a chuté de 48 %. Au Canada, on parle d’une baisse en moyenne de 7 % du prix à la production, pour la même année ». En clair, la gestion de l’offre continue de protéger les producteurs de lait canadiens des fluctuations du marché international. Toutefois, il est déterminant d’effectuer un meilleur contrôle des importations. 50
EXPLOSION DES EXPORTATIONS DE PORC EN CHINE Le porc canadien a tous les atouts pour être compétitif et répondre aux exigences de la classe moyenne croissante de consommateurs chinois. En effet, les enjeux de traçabilité, de bien-être animal et de protection de l’environnement prennent de l’ampleur sur ce marché. La production chinoise demeure insuffisante pour répondre à la demande, et le contexte de prix élevé du porc en Chine favorise les importations. Même si les importations en provenance de l’Union européenne continuent de croître (hausse de 93 % au premier trimestre 2016 par rapport à la même période il y a un an), le volume des exportations canadiennes de porc en Chine a augmenté, lui, de 219 % !
LE SUCCÈS DES BIOTECHNOLOGIES En 20 ans, les superficies en cultures transgéniques sont passées de 1,7 million à 179,7 millions d’hectares dans le monde. En revanche, après 19 années de croissance consécutive, ces superficies ont connu une baisse de 1 % en 2015, passant de 181,5 millions d’hectares en 2014 à 179,7 millions. On observe aussi cette tendance au Canada. Pour l’International Service for the Acquisition of Agri-biotech Applications (ISAAA), cette diminution est liée au fait que les prix des grandes cultures étaient bas en 2015. L’organisation prévoit toutefois une augmentation des superficies lorsque ces prix reviendront à la hausse. L’ISAAA demeure optimiste pour l’avenir des cultures issues du génie génétique. Selon lui, il y a un potentiel de croissance de 100 millions d’hectares dans le monde, dont 60 millions en Asie – la Chine à elle seule représentant un potentiel de 30 millions d’hectares.
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