MOB | Automne 2016

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Photo :Normand Blouin

Compte à rebours avant l’hiver... | Au sevrage, jouer pour gagner. Le pré-conditionnement et la semi-finition des veaux sont-ils des activités rentables ?

| Il y aura un autre hiver. Tout comme la maison, le troupeau mérite certaines vérifications avant la saison froide.

| Reproduction : l’heure est au bilan. Quelle note vous donnez-vous ? Quelles sont vos pistes d’amélioration ?

| Rencontre avec Jean-Thomas Maltais. Le Magazine OptiBoeuf a rencontré le nouveau président du Comité Veaux d’embouche des Producteurs de bovins du Québec.

| Engraissement : revoir la stratégie. Pour se rendre à bon port, mieux vaut ajuster les voiles que de prier pour un vent favorable.


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Au sevrage, jouer pour gagner Par Bruno Langlois, agronome, La Coop fédérée

Le retour de l’automne correspond à la période de sevrage d’un grand nombre de veaux et de la fameuse question : « Est-ce que le préconditionnement et la semi-finition des veaux avant la vente peuvent être économiquement

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intéressants ? »

Impression ou réalité ? En ne se fiant qu’aux premières impressions, la réponse pourrait s’avérer négative. Particulièrement lorsque l’herbe est très abondante. Par exemple, si le gain de poids quotidien des veaux est encore de 2 lb par jour « sous la mère », pourquoi volontairement diminuer celui-ci pendant la période de sevrage ? Cette raison constitue d’ailleurs la principale raison de la présence de veaux non sevrés aux encans. Mais la réponse estelle aussi simple ? Pas vraiment. Premièrement, le gain est en réalité souvent fortement réduit à cette période de l’année. La baisse de production de lait de la mère en explique une partie, mais c’est surtout l’augmentation du taux de charge au pâturage qui en est responsable. Pensez-y un peu. Trente veaux qui prennent 2 lb de gain chacun chaque jour, c’est comme ajouter un veau de 420 lb chaque semaine sur une même superficie de pâturage. Dans les faits, l’apparence des veaux non sevrés se détériore souvent au début de l’automne : ils « étirent » et deviennent « pointus ». Deuxièmement, l’utilisation d’une technique de sevrage en douceur (référence Focus OptiBoeuf Automne 2012, p.4,

aussi disponible à www.optiboeuf.coop) ne provoque qu’un ralentissement très momentané du gain, suivi d’une augmentation rapide de celui-ci. Finalement, il faut tenir compte des impacts totaux sur la filière bovine. Des veaux bien préconditionnés ou bien semi-finis nécessitent moins de jours d’engraissement et sont donc plus profitables pour les acheteurs. De plus, s’ils sont ainsi moins malades lors de leur arrivée aux parcs, la qualité des carcasses s’améliore. Si la filière peut dégager un meilleur profit à chacune des étapes, ceux qui produisent la denrée de base (les veaux) en reçoivent automatiquement une importante partie. L’inverse est tout aussi vrai : l’impact de toute contreperformance technique ou économique de la filière se traduit par une baisse du prix des veaux. Bref, à moyen terme, le préconditionnement et la semi-finition représentent des étapes-clés incontournables et possèdent un potentiel élevé d’améliorer la rentabilité de l’ensemble de la production bovine.

Le préconditionnement d’abord Le tableau 1 présente les objectifs et la durée de cette phase. En pratique, la régie du sevrage doit débuter avant

le sevrage ! Idéalement, trois semaines avant, les animaux devraient avoir accès « à la dérobée » aux mêmes aliments qu’ils recevront au cours des 21 jours suivants la séparation d’avec leur mère. De cette façon, ils seront déjà habitués à ceux-ci (texture, apparence, goût) ainsi qu’à la méthode de distribution. C’est aussi un excellent moyen de vérifier la production réelle des mères. Si les animaux « dévorent » les aliments servis « à la dérobée », c’est un signe que le lait se fait rare ! Au fait, quels devraient être les aliments de choix pendant cette période ? D’abord, ils doivent être savoureux et faciles d’accès. De plus, considérant que le sevrage change les habitudes du veau pour quelques jours et lui crée un certain stress, qu’il consacre moins de temps à s’alimenter et surtout qu’il ne consomme plus de lait, la ration servie doit être concentrée (PB : 15 à 16 %, énergie nette d’entretien : 1,50 à 1,55 Mcal/kg) et dense (rapide à consommer), sans toutefois être laxative. Par exemple, un fourrage contenant une certaine proportion de graminées sera préférable à une légumineuse pure. En effet, le contenu en fibres détergentes neutres (NDF) plus élevé dans les graminées fait que ces dernières occupent plus de place dans le rumen et « passent » moins vite, d’où un fumier moins liquide. En ce qui concerne les concentrés (ils sont le meilleur moyen de diminuer le temps nécessaire pour consommer tous les nutriments nécessaires), la DéroBoeuf 15 % La Coop est toute indiquée pour cette période. Elle contient les bonnes proportions de protéines, fibres digestibles, amidon, gras, minéraux et vitamines nécessaires à l’équilibre des rations des veaux à ce moment de leur vie. La quantité cible est de 2 kg/veau/jour.

Tableau 1 Caractéristiques des phases de préconditionnement et semi-finition Préconditionnement

Semi-finition

Objectifs

• Habituer le veau à de nouveaux aliments et à s’alimenter en groupe • Éviter le « rebours » du sevrage • Améliorer le statut immunitaire du veau • Vacciner les veaux

• Uniformiser l’apparence des veaux au moment de la vente • Augmenter la valeur marchande de chaque veau • Répartir les ventes

GMQ (lb/j)

1,5 à 2,2

2,2 à 2,8

Durée (semaines) Précautions

6 • Traiter de façon préventive contre la coccidiose • Vermifuger en début de période

Un mélange moitié-moitié de grains (avoine, orge roulée, maïs rond ou cassé) et de supplément OptiBoeuf PSP PC La Coop peut remplacer la DéroBoeuf 15 % pour les producteurs disposant de grains à la ferme. Ces deux produits contiennent du sélénium organique et on peut leur ajouter un ionophore ou un produit alternatif pour la prévention de la coccidiose. Finalement, ceux qui font « pacager » les vaches en troupeaux distincts pendant l’été, mais qui regroupent tous les veaux après le sevrage, peuvent aller plus loin avec le supplément OptiBoeuf PSP 028, qui contient des vitamines du complexe B et sélénium organique.

La semi-finition Une fois la phase de préconditionnement terminée (3 semaines avant sevrage à 3 semaines après), la meilleure stratégie consiste à procéder à l’évaluation visuelle et pondérale (pesée) des veaux. Parmi ceux-ci, certains peuvent sûrement être vendus immédiatement; ils ont le poids, mais surtout l’apparence, désirés par les acheteurs. Ce faisant, ils libèrent de la place aux autres animaux,

5 à 12 • Éviter le gain gras

c’est-à-dire ceux qui ne correspondent pas encore vraiment aux strates de poids et à l’appa­rence recherchés par les acheteurs et pour lesquels la semi-finition augmentera la leur valeur marchande. Pendant cette période, le rythme de croissance doit être du type modéré soutenu, en évitant le gain gras non désirable, mais si facilement réalisable ! Des analyses de fourrages et l’application d’un programme alimentaire adapté à votre situation feront la différence entre succès ou échec. N’hésitez pas à consulter votre expert-conseil La Coop.

Les coûts Une simulation avec une moulée complète et un fourrage de bonne qualité démontre que le coût du gain (alimentation et frais de garde) d’une période de préconditionnement de 42 jours, suivi d’une période de semi-finition de 60 jours, se situe entre 0,82 et 0,95 $/lb de gain (tableau 2 à la page 4). À noter, les différences appréciables de fourrages entre les scénarios. Comme la consommation de 1 kg de fourrage prend plus de temps que pour 1 kg de concentrés, le scénario « fourrages uniquement » ne donnera


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Tableau 2 Coût de production d’un veau en semi-finition GMQ (lb) Fourrages consommés (kg MS/j)

1,8

2,3

2,8

8,7

7,4

3

890

755

306

-

3

4,8

Durée totale de PC et SF* (j)

102

102

102

Gain de poids total (lb)

183

234

285

Coût d’alimentation** et de garde*** ($)

174

193

265

Coût ($/lb gain)

0,95

0,82

0,93

Fourrage total (kg/veau) DéroBoeuf 15 % (kg/j)

Il y aura un autre hiver Par Jason Brock, TP, Opti Boeuf S.E.N.C.

Quand il fait beau, on ne

Source : SynchroRation * : Préconditionnement et semi-finition.; ** : fourrage à 16 % PB (145$/t ms); *** : 0.60$/veau/j à partir du sevrage.

Les avantages méconnus Étant donné que les coûts de semifinition équivalent passablement à l’augmentation de revenu obtenu par la vente d’un veau plus lourd par rapport à un veau plus léger, les plus grands avantages de la semi-finition se situent ailleurs que dans la prise de poids. L’un de ceux-ci est d’abord d’uniformiser l’apparence des veaux et ainsi de pouvoir les vendre en groupe « dans le ring » à l’encan. Elle permet ensuite une mise en marché plus étalée. Par exemple, pour une période de vêlage très concentrée de seulement 45 jours, un producteur pourrait, en combinant les techniques de

préconditionnement et de semi-finition, vendre à 30, 60, 90 et 120 jours après le sevrage. Finalement, pour l’éleveur qui a investi en génétique pour le gain de poids, c’est une façon de profiter davantage de ses investissements. La réponse à la question du début est donc affirmative. Utilisées de façon sélective (Focus OptiBoeuf, Automne 2013, p 12), ces deux techniques sont économiquement rentables, tout autant pour les entreprises vaches-veaux, que pour les parcs d’engraissement et l’ensemble de la filière bovine. Bons sevrages ! n

Photo : Martin Harvey

les résultats attendus que si tous les animaux peuvent manger, et le font réellement, en même temps. Les scénarios à gains plus rapides permettent aussi un peu plus de souplesse : vendre plus lourd ou encore vendre plus tôt.

pense pas à l’hiver. Mais il n’est jamais trop tôt pour penser à préparer ses animaux pour cette saison. Comme pour la maison, on peut utiliser une liste de vérification, communément appelée « checklist ».

Pour des vaches déjà maigres, ça pourrait devenir compliqué. Une vache qui commence l’hiver en mauvaise condition de chair (CC= cote de chair) coûtera plus cher à alimenter. Une étude de trois ans réalisée en Alberta indique que le coût d’alimentation quotidien hivernal était 30 % plus élevé pour les vaches

À la fin de l’été, il est temps d’évaluer les inventaires de foin et d’ensilage. Combien de jours puis-je alimenter ? Cette constatation pourrait influencer la stratégie de sevrage. Ensuite, quelle est la qualité des fourrages ? Des analyses seront utiles pour décider du « à qui ? » et « quand ? » utiliser chacun des fourrages. Au minimum, il faut connaître son meilleur et son pire lot.

CC (1 à 5)

Année 1 ($/vache/j)

Année 2 ($/vache/j)

Année 3 ($/vache/j)

196

50

60

Coût moyen quotidien pondéré 3 ans ($/vache/j)

Maigres (2,3)

1,36

1,55

1,83

1,48

Modérée (3)

1,30

1,54

1,08

1,29

Grasses (3,6)

1,13

1,29

1,01

1,13

Économie grasses vs maigres

0,29

0,26

0,82

0,35

Adapté de Agri-Facts, mai 2003. Fourrage à 120 $/tonne MS et orge à 180 $/tonne.

Tableau 2 Performances des vaches et des veaux selon la durée de la lactation.

Vaches

Secondo Vérification systématique des conditions de chair et de la quantité d’herbe disponible. Le pâturage est une excellente façon d’alimenter les vaches et les veaux à moindre coût. Mais laisser les animaux trop longtemps au pâturage peut constituer une mauvaise décision. S’il y a peu d’herbe dans le champ, les vaches pourraient commencer à maigrir.

Quelles sont les options pour prévenir ce problème ? On peut alimenter plus tôt, mais on grugera rapidement l’inventaire de bons fourrages. L’une des meilleures

Tableau 1 Coût d’alimentation quotidien hivernal de vaches gestantes en fonction de la CC à l’automne

Vaches

Primo

qui étaient maigres au début de l’hiver, comparativement à des vaches grasses (tableau 1).

Veaux

Paire

Sevrage hâtif (110 j)

Sevrage normal (222 j)

Poids à 110 j (kg)

426

449

Poids à 222 j (kg)

428

432

Gain 110 à 222 j (kg)

+2

-17

Poids à 110 j (kg)

103,7a *

107,5b

Poids à 222 j (kg)

199,1c

173,9d

Gain 110 à 222 j (kg)

95,4e

66,4f

Consommation totale d’énergie de 110 à 222 j (UNT)

992g

1210h

Adapté de Peterson et coll., Ohio State University ( p<0,01) * Une lettre différente correspond à un résultat statistiquement différent.


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options quand les pâturages ne suffisent plus est de sevrer les veaux plus jeunes. En effet, les besoins et l’appétit d’une vache tarie sont beaucoup plus bas que ceux d’une vache en lactation. Les vaches un peu maigres pourront donc reprendre du poids. Bien sûr, il faut alimenter les veaux avec une ration de qualité, mais puisqu’ils nécessitent moins de nourriture, l’économie sera réelle. Peterson (Ohio State University) avait même démontré qu’un sevrage à 110 j par rapport à 222 j économisait 18 % de l’énergie nécessaire par paire vaches-veaux, tout en obtenant des veaux 29 kg plus pesants (tableau 2, page 5).

qui n’est pas toujours facile à mettre en pratique. L’autre option est simplement de fournir des mangeoires et buvettes supplémentaires. Pour l’alimentation minérale, la consom­ mation visée pour les vaches taries est de 100 à 120 g/vache/j de minéral OptiBoeuf Vaches-Veaux ou de Pro-Bloc Bœuf. Même quantité de minéral TransiBoeuf ou Pro-Bloc TransiBoeuf pour les vaches en préparation au vêlage (2 mois avant vêlage).

Quarto Le bilan reproductif. Il permet d’analyser les résultats et de prévoir la prochaine saison de vêlage, le nombre de vaches à remplacer et les achats de taureaux.

Quinto Le programme de santé du troupeau. L’automne permet de revoir les protocoles de contrôle des parasites et de vaccination avec votre vétérinaire. n

Reproduction : l’heure est au bilan

En résumé, les vérifications automnales :

Par Jessica Guay-Jolicoeur, agronome, Opti Bœuf S.E.N.C.

Terzo

Le portrait de la production

Les jeunes vaches, les vieilles et les maigres se font souvent dominer par les autres, et ne réussissent pas à consommer assez de nutriments pour assurer une bonne CC au vêlage. La dominance existe pour les fourrages, mais aussi pour l’eau, le minéral, l’abri du vent, etc. Idéalement, ces vaches devraient être à part pour leur donner une chance, ce

Photo : Francine Bond

Calculer les programmes alimentaires pour le pré-conditionnement et la semi-finition des veaux et pour les vaches. Le fourrage des vaches taries est-il « trop bon » ? Trop pauvre ? Il est essentiel de combler les besoins des vaches en fonction de leurs stades de production. Généralement, les ajustements sont faciles et peu coûteux.

vaches-veaux a évolué au cours des dernières décennies. Cependant, certaines choses n’ont pas réellement changé : quand la saison de paissance

1. Évaluation des quantités et de la qualité des fourrages; 2. Évaluation de la condition des vaches et des pâturages; 3. Tests de gestation; 4. Programmes alimentaires, groupement des vaches et modification d’installations; 5. Révision du programme de santé. Certains points vous embêtent ? N’hésitez pas à nous contacter. Bon automne !

Tests de gestation : les comprendre pour bien les utiliser Un test de gestation ne doit pas servir qu’à identifier les vaches gestantes et réformer les autres. Il doit d’abord permettre d’éviter la dérive de la période de vêlage et de prendre des décisions pour les non gestantes… et peut-être aussi pour certains taureaux ! Les deux méthodes les plus courantes sont la palpation transrectale et l’échographie. Le test par palpation est fiable (jusqu’à 99 % pour les résultats négatifs) lorsqu’effectué 35 à 100 jours après la saillie ou après 7 mois de gestation (Beef Magazine, 2010). Entre ces deux périodes, la fiabilité diminue, de même qu’avant 35 jours de gestation. L’échographie permet en plus d’identifier les jumeaux, et très rapidement (30 - 35 j de gestation) les vaches non gestantes. Puisque beaucoup de mortalités embryonnaires surviennent entre les jours 28 et 32, les vaches déclarées gestantes à 30 jours suivant la saillie peuvent cependant changer de statut en moins d’une semaine. Peu importe la technique utilisée par le vétérinaire, les retombées du test seront maximales (fiabilité et utilité) si la période d’exposition aux taureaux n’a pas été trop longue (45-60 j) et si le test est effectué de 35 à 45 jours après le retrait de ceux-ci. Il est ainsi plus facile de déterminer le taux de réussite à la première chaleur. n

tire à sa fin, c’est le meilleur moment d’effectuer le bilan reproductif du troupeau.

Digne de mention, note de passage ou … Un taux de gestation de 100 % chez les vaches et les taures mises à la saillie serait sans aucun doute la situation idéale. Cependant, la nature à elle seule ne permet habituellement pas d’obtenir un aussi bon taux de réussite ! La première étape consiste à identifier les vaches non gestantes. Le test de gestation effectué par le vétérinaire est une façon rapide et fiable de cibler les vaches ouvertes. Est-ce que les résultats du test reflètent les objectifs visés (plus de 94 % de vaches gestantes; 65 à 70 % des gestations dans la première chaleur) ? Si oui, félicitations ! Sinon, l’alimentation fourragère des vaches était-elle adéquate ? L’alimentation minérale était-elle suffisante et adaptée ? La fertilité des taureaux avait-elle été confirmée ? Les saillies ont-elles été effectuées pendant toute la période ? Y avait-t-il de la maladie dans le troupeau ? Aurais-je dû être davantage proactif ?

J’te garde ou j’te garde pas ? Lors du test de gestation, lorsque le vétérinaire déclare une vache non gestante, il faut immédiatement prendre la bonne décision la concernant. Même si souvent la réforme constitue le premier réflexe, une évaluation cas par cas est une meilleure stratégie. En effet, la fertilité est un critère peu héritable (peu transmissible

d’une génération à l’autre). La pensée « à force d’éliminer les vaches peu fertiles, je vais finir par avoir un troupeau très fertile » risque de vous faire perdre d’excellents sujets et ne vous donnera pas de résultats significatifs à court terme. Il faut plutôt se poser les questions suivantes et y répondre avant que la vache ne sorte de la cage : 1. Ce retard est-il vraiment de sa faute ? Se pourrait-il que l’un des facteurs mentionnés précédemment en soit la cause ? Aurait-elle élevé deux veaux cette année ou l’an dernier ? 2. Est-ce la première fois que cette vache retarde ? Une fois n’est pas coutume… 3. Quel est le statut génétique de cet animal ? 4. Quelle est la conformation de son système mammaire et de ses membres ? 5. Son comportement ? Si vous considérez que cette vache mérite une deuxième chance, une autre décision s’impose pendant qu’elle est encore dans la cage : quelle sera ma stratégie pour qu’elle soit gestante ? Un traitement hormonal immédiat pour provoquer un retour rapide en chaleurs, suivi d’une nouvelle exposition au taureau ou de l’insémination artificielle ? Un regroupement de tous ces sujets pour procéder ultérieurement à un proto­ cole de synchronisation des chaleurs ?


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Ou simplement de laisser « glisser » ce groupe dans la deuxième période de vêlage ?

installations adéquates, un peu de temps et beaucoup de rigueur. Cependant les avantages sont nombreux :

Bien entendu, plusieurs sujets ne méritent pas cette deuxième chance : les récidivistes, les vaches âgées, les gros trayons, les pis descendus et, bien entendu, les vaches agressives.

• Accès à une génétique supérieure et adaptée à chaque femelle à un prix très concurrentiel;

Passif ou pro-actif ? Le bilan reproductif débute avec un test de gestation, mais ne doit pas se limiter à ça. Il doit vous indiquer s’il y a des changements à apporter à votre régie de la reproduction. Par exemple, l’insémination artificielle, avec ou sans synchronisation des chaleurs, pourrait-elle être une option envisageable ? Bien entendu, il n’est pas nécessaire de pratiquer cette méthode sur la totalité du troupeau. On peut cibler un groupe de vaches ou encore appliquer le protocole uniquement sur les taures. Cette pratique demande des

• Possibilité d’utilisation de semence sexée : semence femelle pour les mères de femelles de remplacement et semence mâle pour toutes les autres; • Taux de gestation aussi élevé qu’en saillie naturelle. Concernant ce dernier point, le CIAQ rapportait en 2009 que la synchronisation de l’ovulation et l’insémination à temps fixe se traduisent par des taux de conception avoisinant les 70 à 75 %.

n’améliorent aucunement la fertilité des femelles ! Pour cette partie, il faut plutôt s’assurer du statut sanitaire et nutritionnel de chacune des vaches. La cote de chair est un bon indicateur d’une alimentation adéquate et peut donc expliquer bien des choses: une femelle trop maigre peut avoir de la difficulté à « coller », mais c’est aussi vrai pour une femelle trop grasse. Peu importe la méthode utilisée et les décisions prises pour améliorer le bilan reproductif, ce facteur consiste un levier très important pour la profitabilité d’une entreprise vaches-veaux. Chaque petit changement peut rapporter gros… N’hésitez pas à nous poser vos questions ! n

Ferme Sibert inc. Patrick Jalbert et Andréanne Simard Sainte-Germaine-Boulé, Abitibi-Ouest Nombre de vaches : 109 Nombre de taureaux : 3 Nombre de saillies I.A/ année : 70 à 75

Avec l’insémination, j’ai une semence dont la fertilité est connue, une date de saillie et la certitude qu’elle a été effectuée. Mais le point majeur demeure le regroupement des vêlages : près de 80 % de nos mises bas ont lieu en 42 jours. Les

Le magazine Opti Bœuf s’est entretenu avec le nouveau président du Comité de mise en marché des veaux d’embouche des Producteurs de bovins du Québec. Il nous fait

Magazine Opti Bœuf : Quel est le rôle du Comité de mise en marché des veaux d’embouche ?

Patrick Jalbert et ses deux casquettes : producteur et inséminateur

J’ai acquis la ferme de mes grandsparents en 2014. Je continue à utiliser l’une de leurs stratégies : l’insémination arti­­ficielle, complétée par une équipe réduite de taureaux de qualité. Pas besoin d’investir des sommes colossales pour avoir accès à une génétique supérieure, en plus de pouvoir choisir la semence en fonction de chacune des femelles.

Par Marie-Christine Fauteux,  M. Sc., agronome, et Patrick Dupuis, agronome, La Coop fédérée

part de ses objectifs et de l’avenir de ce secteur.

Ce qu’il faut savoir, cependant, c’est que la synchronisation des chaleurs et l’insémination artificielle constituent des options intéressantes pour la partie « mâle » de la reproduction, mais elles

« Dans la région, je suis connu pour porter deux casquettes : celle de producteur et celle d’inséminateur - représentant du CIAQ pour le secteur Bovins de boucherie d’Abitibi.

Entrevue avec Jean-Thomas Maltais

veaux nés tôt en saison demeurent la clé du succès, selon moi. J’utilise la détection visuelle pour iden­tifier les vaches en chaleurs. Annuellement, j’obtiens 50 à 55 veaux de 70 à 75 vaches inséminées artificiellement. Quant à la synchronisation des chaleurs et les saillies à temps fixes, le principal avantage, c’est de pouvoir planifier précisément toutes les opérations. Entre détection et synchro, chaque éleveur a sa préférence. Petit conseil que je donne fréquemment : l’alimentation doit combler tous les besoins des vaches, particulièrement l’alimentation minérale. Même si c’est aussi vrai en saillie naturelle, on dirait que les attentes sont plus élevées avec l’insémination. » n

Patrick Jalbert

Jean-Thomas Maltais : Le Comité formule des recommandations sur tous les aspects qui touchent la commercialisation des veaux d’embouche : encans, frais de mise en marché, garantie de paiement, conditions de vente, coûts de production, traçabilité et une multitude d’autres sujets s’y rapportant. Le Comité de veaux d’embouche représente combien de fermes et un cheptel de combien de têtes au total ? Le cheptel est stable pour la deuxième année consécutive, soit à 150 000 vaches. 2600 producteurs. Comment voyez-vous votre rôle de président ? J’ai été nommé président à l’assemblée générale des Producteurs de bovins, en avril dernier. L’an passé, j’étais viceprésident. Il y aura de la continuité dans mes actions. Entre autres, je vais me pencher, avec l’aide du Comité de négociation et de notre équipe à l’agence de veaux d’embouche, sur ce que nous pourrons faire pour accroître la production et prendre de l’expansion,

tout en favorisant l’atteinte des meil­ leurs revenus. Quels sont les défis et les enjeux du Comité ? Nous sommes actuellement en évaluation des coûts de production des veaux d’embouche avec le Centre d’études sur les coûts de production en agriculture (CECPA). Le défi est de s’assurer que ces coûts soient bien représentatifs. La saison des encans d’automne débutera à la fin août et on finalise les derniers détails afin que tout se passe bien. Le bien-être animal et l’environnement seront certainement des sujets abordés dans la prochaine année. Quels sont ceux des producteurs de veaux d’embouche ? Battre le coût de production, maximiser leur efficacité et faire des investissements rentables en fonction des besoins de leurs entreprises. De plus, toujours continuer d’augmenter la qualité des veaux produits. Comment envisagez-vous l’avenir de la production de veaux d’embouche ? Les producteurs du Québec suivront proba­ blement la tendance nord-américaine

vers l’augmentation du cheptel. Nous espérons que les prix se stabiliseront afin de donner confiance au secteur bouvillon afin qu’il augmente lui aussi sa production. Selon vous, l’augmentation du cheptel se fera-t-elle par l’augmentation de vaches par ferme ou par l’augmentation du nombre de fermes ? Des producteurs verront une opportunité d’augmenter leur troupeau avec la récente baisse des prix des femelles d’élevage. J’ai également constaté le démarrage de plusieurs jeunes producteurs dans ma région. Le Comité poursuivra ses efforts de promotion de la production dans la prochaine année. n

Jean-Thomas Maltais est copropriétaire depuis 2000 avec son frère et son cousin, de la Ferme CJM Maltais, à Chicoutimi. L’entreprise compte 175 vaches Angus x Simmental. Les taureaux sont de race Simmental noire. Les vaches, gardées à l’extérieur en tout temps, vêlent principalement en été. Une fois sevrés, les veaux sont élevés à l’intérieur jusqu’au poids de 700 à 850 livres. Environ 155 à 160 veaux sevrés sont mis en marché chaque année à l’encan de Saint-Isidore. En plus de subvenir aux besoins en fourrages pour le troupeau, la Ferme CJM Maltais cultive 190 hectares (475 acres) en céréales.


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lots de veaux à risques moyens élevés à élevés. De plus, l’aspect bioéthique dicte une utilisation plus raisonnée des molécules disponibles.

Engraissement : revoir la stratégie Par Bruno Langlois, agronome, La Coop fédérée

Les opérateurs de parcs d’engraissement se souviendront probablement longtemps de l’année 2016, une année où l’expression « faibles liquidités » aura pris tout son sens. La majorité des analystes estiment que le sommet du cycle du bovin a été atteint en fin d’année 2015 et que la descente est maintenant bien amorcée. Jusqu’où ira-t-elle ? Les graphiques 1 et 2 en donnent quelques indices. La production projetée en 2017 devrait rattraper la moyenne de production des années 2010 à 2014. Si on ajoute la bonne disponibilité de viande porcine et de volaille, il est difficile de croire que le marché pourra supporter des prix supérieurs à ceux reçus au cours de ces cinq années référence.

Le prix des veaux suivra-t-il la même tendance ? Puisqu’au cours des 12 prochains mois, le maïs se négo­ciera proba­blement à des prix inférieurs à ceux de 2010-14, la baisse de prix des veaux devrait être un peu moins grande par rapport aux bouvillons. Reste à tenir compte des fluctuations du taux de change.

la baisse » le prix des veaux est donc de réduire le poids d’abattage et de remplacer les animaux plus souvent. En prime, on limite certains inconvénients liés à la production de carcasses lourdes : coût du financement, augmentation des problèmes de boiterie et risque de perdre un animal très coûteux.

Gagner du temps et des $

Réception

Compte tenu de ces tendances, certaines stratégies mises en place lors de l’ascension des prix de 2014-15 méritent d’être revues et peut-être même inversées.

Par ailleurs, certains montants sont-ils investis inutilement pendant la période de réception, réduisant d’autant l’espérance de profit du lot ? Lorsque le prix de chaque veau a atteint plus de 2000 $, il était normal de penser à porter la ceinture et les bretelles : vaccination et antibiothérapie préventives pour pratiquement tous les lots. Mais est-ce encore le cas ?

En premier lieu, en marché haussier, conserver certaines positions et en disposer plus tard constitue souvent un avantage, surtout si le coût de leur remplacement est élevé. C’est ce que beaucoup de parcs ont fait en augmentant les poids d’abattage. Toutefois, en marché baissier, la logique commande souvent le contraire : rien ne sert « d’étirer » une position coûteuse. La meilleure méthode pour « moyenner à

Graphique 1 Bouvillons en engraissement aux É.U.

Graphique 2 Production trimestrielle de bœuf aux É.U.

Millions de têtes

11,5 11,3 11,1 10,9 10,7 10,5 10,3 10,1 9,9 9,7

Une simulation (tableau 1) avec un coût d’achat de 1350 $/veau démontre que cette pratique, même avec une réduction de 60 % des cas de morbidité et mortalité avec l’administration d’anti­biotiques préventifs, n’est profitable que pour les

Milliard lbs.

Moyenne 2010-14

2015

6,8

2016

6,6 6,4

Moyenne 2010-14 2015 2016 2017

6,2 6,0 5,8 5,6 JAN

FEV

MARS AVRIL

Source : LMIC, 22 juillet 2016

MAI

JUIN

JUIL

AOUT SEPT

OCT

NOV

DEC

5,4

JAN-MARS

Source : LMIC, 22 juillet 2016

AVRIL-JUIN

JUIL-SEPT

OCT-DEC

Pour les groupes à plus faibles risques, il vaut probablement mieux utiliser la métaphylaxie, c’est-à-dire le traitement de tout le groupe dès qu’un seuil de morbidité préétabli est dépassé. L’ajout de Pulmotil® (tilmicosine) dans la ration de groupes présentant des cas de maladies respiratoires bovines non prévus et soudainement trop nombreux s’avère une option récente, pratique et économique. En résumé, le protocole de réception idéal doit permettre d’obtenir les gains prévus et de minimiser les taux de morbidité et mortalités. Il repose sur le principe que c’est l’immunité individuelle qui fait foi de tout. Il devrait inclure : 1. Confort des animaux (litière et surface disponibles) 2. Disponibilité de l’eau 3. Manipulation des animaux 4. Réduction des poussières dans l’environnement 5. Espace à la mangeoire 6. Identification du degré de risque lot par lot 7. Alimentation par phase et selon le degré de risque 8. Maîtrise des conditions de vaccination 9. Utilisation des bons antibiotiques aux bons moments Les points 6 et 7 font partie de notre champ d’expertise. En examinant plus de 15 critères liés à votre prochaine réception d’animaux, votre expertconseil La Coop peut évaluer son degré de risque et proposer les stratégies alimentaires adaptées. À noter qu’une augmentation du GMQ de 0,3 lb pendant les 28 premiers jours correspond à une amélioration de la marge bénéficiaire de 5 $/bouvillon. Bien entendu, l’exercice devrait être répété pour chacun des lots à recevoir.

Tableau 1 Profitabilité de l’antibiothérapie préventive à la réception selon le degré de risque (pour 1000 têtes)* Risque faible Sans Traitements curatifs réels Mortalité Coût des traitements ($) Coût des mortalités ($) Coût du traitement antibiotique de réception ($) Coûts totaux ($) Profitabilité des traitements antibiotiques préventifs ($)

Risque moyen

Avec

Sans

Risque élevé

Avec

Sans

Avec

150

60

200

80

600

240

10

4

20

8

30

12

3450

1610

4600

1840

13 800

5520

13 500

5400

27 000

10 800

40 500

16 200

0

22 000

0

22 000

0

22 000

16 950

29 010

31 600

34 640

54 300

43 720

(12 060)

• prix d’achat : 1350 $; traitement préventif : 22 $/animal; traitement curatif : 23 $/traitement.

Pratiques à conserver ou améliorer Elles sont nombreuses, mais on peut les placer dans trois grandes catégories. Optimiser le gain quotidien constitue la première. Elle implique les apports (équilibre + consommation + digesti­bilité de la ration) et les besoins (confort + conditions d’élevage) des bouvillons. La stratégie d’implantation et l’utilisation d’additifs comme les ionophores et la ractopamine en font partie. La deuxième est simplement la précision des exécutions : vaccination, pose des implants, respect des recettes et quantités de rations à servir par enclos, etc. Et pour la troisième, une évidence : réduire les pertes. Pertes hors mangeoires, mais aussi lors de l’entreposage et de l’utili­ sation des aliments. En conclusion, puisque « ce n’est pas la direction du vent qui détermine où ira le navire, mais bien l’ajustement des voiles » (Jim Rohn) – autrement dit, il faut travailler sur les aspects contrôlables avant les incontrôlables –, il y a fort à parier que, bien que plusieurs indicateurs nous indiquent le retour à une profitabilité intéressante en 2017, certaines entreprises la retrouveront avant d’autres. Ferez-vous partie de ce groupe ? Parlez-en à votre expert-conseil La Coop. n

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