AVRIL 2013
Éthanol
l’avenir incertain d’un carburant « écolo »
Lait
Un peu, beaucoup, passionnément la Ferme Durantaye
Luzerne RR
Mythe ou réalité?
Porc
Les quais de chargement
AVEC CIRCUMVENT® PCV M
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* Pour être admissible à cette offre, le producteur doit accumuler une remise totalisant au moins 150 $. La demande de remboursement doit également être reçue au plus tard le 19 juillet 2013.
Dossier
Jeune agricultrice 28
En cou v ert ur e
39 Dossier
Éthanol : l’avenir incertain d’un carburant « écolo »
sommaire AVRIL 2013
Reportages
Éditorial – Billets 5 En t r e nous* Denis Richard
10 Pause-pensée*
16
Colette Lebel
12 Faits et gestes*
16 Louise Gilbert
Guidée par ses valeurs
23 Sur le plancher des vaches* Sylvain Boyer Étienne Hardy
Mér i t e agr icol e
24
Chroniques
jugement
Regard sur les juges de l’Ordre national du mérite agricole
20 La Coop Agrilait
6 Mél i-mél o
Pour et par le lait
56 Hort icult ur e
L ait
57 Décor at ion
* For English version, please visit our website at www.lacoop. coop/cooperateur
18 Une question de
Coopér at ion
4 Quoi de neuf ?
58 Da ns nos coops
Un nouvel administrateur se joint au conseil.
Femme eng agée
Vincent Cloutier
32 De porc en porc
L a Coop fédér ée
14 Assemblée générale
37
24 Médaillée d’argent
Un peu, beaucoup, passion nément : la Ferme Durantaye
Jeune agr icult r ice
28 Marilyn, vue de Côté
Une jeune femme qui collec tionne les honneurs.
Porc
47
37 Filière porcine
coopérative
Pascale Sarrazin, coordon natrice en formulation mono gastrique à La Coop fédérée A picult ur e
54 Symposium Apimondia
54
Un franc succès
Articles techniques Porc
34 Quais de chargement
Survol praticopratique pour se faciliter la tâche.
Vol a il l e
38 Quel est votre profil? Ajuster les aliments pour répondre aux besoins des poulets.
Productions végétales
47 Plantes fourragères Régie des semis
49 Luzerne Calypso
La relève d’AC Caribou
50 Luzerne RR au Québec Mythe ou réalité?
52 Le retour des
mycorhizes
Comment les réintroduire dans sa régie de culture.
B o î t e au x l e t t r e s Volume 42, no 4, avril 2013
« Vers une économie plurielle », Le Coopérateur agricole, mars 2013 Madame Lebel, Je viens d’apprendre que mes principes sont partagés par encore plus de monde que je pensais. L’économie plurielle, comme vous l’écrivez, c’est formidable que ce soit reconnu. Faire de l’argent, c’est bien, mais être au service des gens, c’est mieux. J’aime votre réflexion. Mes salutations, Raymond Thibeault
Le Coopérateur agricole est publié neuf fois l’an par La Coop fédérée. Il est l’organe d’information de la coopération agricole québécoise. Directrice et rédactrice en chef
Guylaine Gagnon 514 858-2146 (ligne directe) guylaine.gagnon@lacoop.coop
Rédacteur et adjoint à l’édition
Patrick Dupuis, agr. 514 858-2044 (ligne directe) patrick.dupuis@lacoop.coop
Responsable de la publicité
André Léger 514 858-2036 (ligne directe) andre.leger@lacoop.coop
Responsable des abonnements
Nadine Kadé 514 384-6450 poste 3710 nadine.kade@lacoop.coop
Ont cOllabOré à ce numérO
QUOI DE Quoi de neuf ?
Rédaction Christian Azar, Jessy Blanchette, Pierre-Marc Cantin, Denis Caron, Christine Bourbonnais, Sylvain Boyer, Donato Cerone, Vincent Cloutier, Hélène Cossette, Pierre Giovenazzo, Étienne Gosselin, Étienne Hardy, Brigitte Lapierre, Lyne Lauzon, Colette Lebel, AnneMarie Legault, Nicolas Mesly, Josée Niquette, Céline Normandin, Denis Richard
La Coop Profid’Or : coopérative de l’année 2012 dans Lanaudière
Photographies et illustrations Pierre Cadoret, Bernard Diamant, Martine Doyon, Étienne Gosselin, Louis Jacob, Nicolas Mesly
Dans le cadre de la 19e édition du Gala des Prix du Mérite coopératif lanaudois 2012, un événement mis sur pied par la Coopérative de dévelop pement régional de Lanaudière, La Coop Profid’Or a remporté le prix Coopé rative de l’année. Soulignons également que Jacques LeBlanc, coordonnateur au développement pour La Coop Profid’Or, a figuré parmi les trois finalistes de la catégorie Coopérateur de l’année, membre salarié. Le gala s’est tenu sous la présidence d’honneur de M me Line Lemelin, présidente du conseil des représentants, Caisses Desjardins, région de Lanaudière. Près de 200 convives ont rendu hommage à plusieurs artisans de la coopération.
Conception et graphisme
Pierre Cadoret, Michaël Guimond, Suzanne Turcot
Webmestre
Ricardo Silva
Source : La Coop Profid’Or Dans l’ordre habituel : Michel Jetté, administrateur ; Jacques LeBlanc, coordonnateur du développement ; André Langlois, directeur général ; Robert Perreault, président ; Benoit Forest, directeur Productions végétales et Bertrand Laferrière, président de la Coopérative de développement régional de Lanaudière.
Photogravure et impression Interweb Inc. Illustration de la page couverture
Bernard Diamant
Les photos, illustrations et textes publiés dans Le Coopérateur agricole et sur le site Internet de La Coop fédérée ne peuvent être réutilisés sans autorisation.
Service deS abonnementS Abonnement (taxes incluses)
1 an : 23,22 $ 2 ans : 36,84 $ À l’étranger - 1 an : 85 $
3 ans : 50,72 $
Correspondance
Retourner toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada à :
Le Coopérateur agricole
C.P. 500 Station Youville Téléphone : 514 384-6450 Montréal (Québec) H2P 2W2 Télécopieur : 514 858-2025 Courriel : coopagri@lacoop.coop Adresse Internet : www.lacoop.coop/cooperateur
Erratum Dans le numéro de mars 2013 du Coopérateur agricole, à la page 41, sous l’intertitre « Persévérer pour prospérer », il aurait fallu lire « l’entreprise possède 650 brebis et produit 1200 agneaux par année » et non 65 brebis et 120 agneaux. Toutes nos excuses.
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Le Coopérateur agricole | AVRIL 2013
Poste-publications, convention n° 40628621 Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec
106911-04-13
PHOTO : LA COOP PROFID’OR
Révision de texte : Georges O’Shaughnessy enr.
Entre nous
On n’est pas dans le champ
J
PHOTO : MARTINE DOYON
For English version, please visit our website at www.lacoop.coop/ cooperateur
e ne sais pas si vous vous y êtes déjà arrêté, mais il y a bien des éléments du quotidien qui diffèrent entre nous et les citadins. Par exemple, les citadins ont quatre saisons, alors que pour la plupart d’entre nous, les saisons se résument à cinq temps : le temps des sucres, le temps des semis, le temps des foins, le temps des récoltes et le temps de se préparer pour la prochaine année. Ainsi, lorsque la fièvre du printemps se déclenche pour nos concitoyens des villes, pour ma part, c’est le temps des sucres qui déclenche mon excitation, parce que la saison végétale arrive à grands pas. Je dois aussi avouer qu’avec la ferme et toutes les activités découlant de la présidence de La Coop fédérée, il faut parfois faire des compromis. C’est ce qui explique que, m’étant fait représenter lors de la dernière assemblée générale spéciale de l’Alliance coopérative internationale, tenue pendant « le temps des récoltes », je n’avais pas encore eu le temps de prendre connaissance du Plan d’action pour une décennie coopérative, qui y a été adopté. Heureusement, « le temps de se préparer pour la prochaine année » m’a permis de prendre connaissance de ce plan d’action, qui s’inscrit dans la continuité de l’année internationale qui vient tout juste de se terminer. J’ai été heureux d’y constater que l’on n’est pas dans le champ et que les grandes réformes entreprises par le réseau La Coop, de même que les actions qui ont été accomplies, s’inscrivent pleinement dans le plan d’action adopté par l’ensemble des organisations coopératives au niveau mondial. Selon les constats formulés par l’Alliance coopérative internationale, les coopératives ont rendez-vous avec l’histoire. Au moment où les institutions politiques et les nations se battent pour garder le cap dans un monde déréglé et en mutation rapide, les citoyens veulent de plus en plus avoir voix au chapitre et être gardiens des ressources, avec une force d’entreprendre capable de relever les défis sociaux et environnementaux qui se posent toujours davantage.
Dans ce contexte, le modèle coopératif – qui est un mode d’entrepreneuriat efficace, prenant en considération un éventail plus large des besoins humains – n’a jamais été aussi attrayant, à la condition qu’on soit en mesure d’agir de façon concertée. L’objectif du plan d’action est qu’en 2020 les coopératives soient reconnues comme des chefs de file de la durabilité économique, sociale et environnementale, et que la coopération soit le modèle entrepreneurial préféré des populations. Pour ce faire, cinq grands axes d’action ont été retenus, soit: promouvoir et enrichir la participation des membres, surtout en ce qui concerne les jeunes; positionner les coopératives en bâtisseurs de la durabilité; construire le message des coopératives et renforcer l’identité coopérative; assurer des cadres juridiques propices à la croissance des coopératives; et garantir l’accès à un capital qui respecte les principes coopératifs et le contrôle des membres. Que ce soit par la création de l’Académie La Coop et du Fonds coopératif d’aide à la relève agricole, par l’engagement à l’égard d’une agriculture durable, par la réforme de notre image de marque et les initiatives prises pour la mise en place du Régime d’investissement coopératif, par les mesures de report d’impôts ou encore l’ingénierie financière qui a récemment permis un investissement de 100 M $ dans La Coop fédérée, le réseau La Coop est résolument à l’avant-garde des initiatives à promouvoir. Je dis souvent que les coopératives n’ont pas la prétention d’être une solution à tous les problèmes, mais qu’elles ont à tout le moins la prétention de faire partie des solutions. La prise en charge démocratique de notre destinée économique, sociale et environnementale qu’offre l’action coopérative permet effectivement d’envisager l’avenir autrement. Nous sommes les héritiers de centaines de milliers de gens qui ont cru à l’action coopérative plutôt qu’au chacun pour soi, et qui nous ont légué ce précieux patrimoine. Nous nous devons d’être à la hauteur de leurs espoirs et de nous assurer de la continuité de cette belle et noble aventure humaine. Bon temps des semis !
Denis Richard Président, La Coop fédérée denis.richard@lacoop.coop AVRIL 2013 | Le Coopérateur agricole
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Méli-mélo
Pour être encore là dans 25 ans Après les premières années d’activité marquées par les défis du démarrage, de nombreux dirigeants se demandent comment assurer le succès à long terme de leur entreprise. Cette question a été abordée par une quinzaine de conférenciers, dont le professeur Michael Porter, spécialiste en gestion de réputation mondiale, dans le cadre du World Business Forum, qui s’est tenu à New York en octobre dernier. M. Porter et ses collègues ont proposé à l’auditoire des pistes d’action qui valent pour toutes les entreprises, peu importe leur taille ou leur secteur d’activité. 1. Soyez constant dans vos réalisations Il est important de se fixer un objectif réaliste au quotidien et de prendre les moyens pour l’atteindre. 2. Traitez vos employés en adultes Les employés recherchent aujourd’hui une occasion de se développer et seront loyaux à l’entreprise qui leur offre cette possibilité. 3. Mettez à contribution les médias sociaux Ils peuvent être des moyens puissants de promotion de l’entreprise et de ses produits. Ils ouvrent également la voie à l’échange d’informations et d’idées avec d’autres dirigeants et d’autres entreprises. 4. Explorez la valeur partagée Les grands problèmes sociétaux demeurent non résolus, et l’entreprise peut contribuer à leur solution en cherchant à équilibrer les bénéfices d’un produit ou d’un service entre l’entreprise, ses clients, ses fournisseurs et la collectivité. 5. Cultivez la candeur Le vrai leader est capable de reconnaître que les affaires ne vont pas aussi bien qu’elles le devraient, et il accepte que son entourage lui dise les choses telles qu’elles sont. 6. Racontez votre entreprise à vos clients Les clients achètent l’entreprise avant le produit. Faire connaître l’entreprise, son histoire, ses artisans, c’est miser sur sa notoriété, un moyen privilégié d’attirer et de fidéliser la clientèle. (Le Bulletin de veille – Centre d’expertise en gestion agricole)
Comment devenir grands-parents ? La vie comme un long fleuve tranquille, c’est terminé. Il faut être performant. Partout, tout le temps. À tous les âges de la vie. Les grands-parents ne sont plus à l’abri de l’injonction. Pour les aider à bien remplir leur rôle, il faut désormais les former. N’ayez crainte, quelqu’un y a pensé ! Des Français ont créé l’École des grands-parents européens (www.egpe.org). Parions que l’idée fera son chemin en Amérique. (Idées)
40 milliards C’est le nombre de poulets de chair élevés et abattus chaque année dans le monde. De ce nombre, 9 milliards, soit 22,5 %, proviennent des États-Unis. (Foodsafetynews.com)
Risque de nouvelles flambées de grippe aviaire si le monde baisse la garde Le monde risque une répétition des flambées désastreuses de grippe aviaire apparues en 2006, à moins que la surveillance et le contrôle de cette grippe et d’autres maladies animales dangereuses ne soient renforcés à l’échelle mondiale, met en garde la FAO. La poursuite de la crise économique internationale signifie qu’il y a moins d’argent disponible pour la prévention de la grippe aviaire de type H5N1 ou d’autres menaces d’origine animale, affirme Juan Lubroth, vétérinaire en chef de la FAO. Une stricte vigilance s’impose en permanence, car de larges réservoirs du virus H5N1 sont encore présents dans certains pays d’Asie et du Moyen-Orient, où la maladie est devenue endémique. En l’absence de contrôles adéquats, le virus pourrait se propager facilement au niveau mondial, comme cela s’est produit lors du pic des flambées, en 2006. À l’époque, 63 pays avaient été touchés. (FAO)
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Le Coopérateur agricole | AVRIL 2013
Quand vous bossez dur du matin au soir, il vous faut de l’équipement increvable. C’est pourquoi de plus en plus d’agriculteurs, d’agences du gouvernement et d’entreprises privilégient le Rhino 700 de Yamaha. Débordant de qualité, de durabilité et de fiabilité, il inspire toute la confiance voulue pour accomplir les pires tâches sans rechigner. Un autre dur à cuire comme lui? Y en a pas!
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« Un jour j’irai vivre en Théorie, car en Théorie tout se passe bien. »
États-Unis
– Anonyme Estimation de l’utilisation Des textos pour le bétail du maïs Les bestiaux suisses envoient maintenant des textos. L’entreprise Anemon a mis au point un système en 2012-2013 qui envoie des textos au cellulaire du producteur quand ses vaches sont en chaleur. Anemon a relié Exportations : 10 % Semences et produits alimentaires : 12 % Alimentation animale : 37 % Éthanol : 40 % (ÉchoPorc)
un capteur interne de température et un accéléromètre à un émetteur cellulaire pour détecter et signaler les chaleurs. Les producteurs peuvent faire installer des cartes SIM adaptées à leur abonnement téléphonique. Les moutons ne sont pas en reste, car ils peuvent aussi texter. Un biologiste du KORA, groupe de recherche suisse sur les carnivores, a connecté des cardiomètres à des émetteurs de textos. Lors des essais, les battements cardiaques trois fois plus rapides des moutons effrayés par des chiens ont déclenché des textos. (Le Sillon)
Des insectes dans l’assiette Leur élevage permettrait de produire des protéines à un moindre coût environnemental. La demande en protéines animales devrait augmenter de plus de 70 % d’ici à 2050. Pour la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), le régime occidental, à base de viande de bovin, de porc ou de volaille, empêchera de répondre à cette nouvelle demande. Près des deux tiers des surfaces agricoles sont déjà consacrés à la production animale, et il n’est pas envisageable de les étendre à l’infini à moins d’affamer les pays pauvres. Il faut donc se tourner vers d’autres solutions, plus équitables et plus durables. C’est ce que font depuis plusieurs années des chercheurs de l’Université de Wageningen, aux Pays-Bas. Ils étudient deux pistes en particulier, soit cultiver de la viande en laboratoire dans des fermenteurs ou, plus simplement, manger des insectes, une pratique courante en Afrique et en Asie du Sud-Est. La production d’un kilogramme de protéines d’insectes mobilise en effet 10 fois moins de surfaces agricoles qu’un kilogramme de protéines fournies par la viande bovine. Les chercheurs se sont intéressés à deux espèces de coléoptères en particulier : le ténébrion meunier et le ver de farine géant, ou ver morio. Ils ont conduit leurs recherches dans l’Insecten kwerkerij Van de Ven, une ferme d’insectes située à Deurne, dans le sud des Pays-Bas. Cette petite entreprise familiale commercialise les larves d’insectes à destination des oiseaux et des poissons ou comme amorces pour la pêche. Sur son site Internet, l’Insecten kwekerij signale que les vers de farine sont parfaits pour la consommation humaine. (Lefigaro.fr)
Puissant ben Arbre originaire du sous-continent indien, le ben oléifère (Moringa oleifera) possède des feuilles hautement nutritives. Il est connu depuis longtemps en médecine traditionnelle, notamment pour ses vertus à soulager les problèmes de peau, respiratoires et digestifs. Le ben, qui est résistant à la sécheresse et peut croître jusqu’à quatre mètres en une saison, pourrait maintenant contribuer à soulager la faim et la malnutrition dans le monde. Gramme pour gramme, ses feuilles contiennent 25 fois plus de fer que les épinards, 17 fois plus de calcium que le lait, 15 fois plus de potassium que les bananes, 10 fois plus de vitamine A que les carottes et 9 fois plus de protéines que le yogourt. (National Geographic)
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Le Coopérateur agricole | AVRIL 2013
Le lait rendrait-il plus intelligent ? Cela leur vaudra-t-il le prix Nobel de l’humour ? Deux neurologues du Gloucester Royal Hospital, au Royaume-Uni, se sont fendu le cerveau en deux pour chercher, dans un échantillon de 22 pays, s’il pouvait exister un lien entre la quantité de produits laitiers consommés par habitant et le nombre de lauréats du célèbre prix depuis sa création, en 1901. La réponse, d’après les chercheurs, est sans équivoque : oui. Les nations où l’on ingurgite le plus de lait sous toutes ses formes sont celles qui ont enfanté le plus grand nombre de Nobel. Tout en haut du podium, la Suède et ses 340 kilos d’équivalent lait par Suédois et par an. Elle détient le record absolu, avec 33 cerveaux de prix Nobel conçus pour 10 millions d’habitants. Mais voilà, corrélation n’est pas causalité. L’appétit de lait n’est peut-être qu’un trait commun aux sociétés occidentales et aux systèmes éducatifs développés. (Horizon)
Connaissez-vous les TED ? Les conférences TED (pour Technology, Entertainment and Design), dont Chris Anderson est l’administrateur, couvrent un large éventail de sujets, tels que la science, les arts, la politique, les questions mondiales, l’architecture et la musique. Les exposés de centaines d’orateurs prestigieux sont accessibles en ligne sur le site officiel des TED (www.ted.com), qui a reçu plus de 30 millions de visiteurs depuis son ouverture. Le cinéaste Martin Villeneuve est le premier Québécois à avoir été invité à y prononcer une allocution, le 27 février dernier. (UQAM Hebdo)
www.fr.vaxxitek.ca VAXXITEK® est une marque déposée de Merial Limitée. © 2013 Merial Canada Inc. Tous droits réservés. AVI-12-8505-VAX/AD(F) MERC-2038
Pau s e - p e n s é e
À la recherche du commerce équitable
E
PHOTO : MARTINE DOYON
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n février dernier, j’ai eu l’occasion d’accompagner une délégation de la coopérative américaine Just Coffee, engagée dans le commerce équitable, qui allait rendre visite à ses partenaires du Nicaragua. J’ai rencontré là-bas des productrices de café regroupées en coopératives. Des femmes fières, courageuses et en paix avec elles-mêmes. C’est leur quotidien qu’elles ont bien voulu nous faire partager. Le commerce équitable, pour elles, c’est un premium. Ça sert à l’éducation des enfants, entre autres. Mais quand la récolte n’est pas au rendez-vous, c’est toujours triste. Voyez-vous, il n’y a pas d’assurance récolte là-bas. Et cette année, il y a eu de la rouille dans leur café. Roja. Mauvais. Elles auront besoin du soutien de Just Coffee. Selon Wikipédia, « il n’y a pas de définition juridique du commerce équitable. Par contre, précise-t-on, plusieurs démarches commerciales différentes peuvent se revendiquer du commerce équitable. » En effet. Autrefois, le commerce équitable n’intéressait qu’une poignée de gens épris de justice sociale. Aujourd’hui, il se voit investi par la grande distribution. D’après le rapport 2013 de Fairtrade International, le commerce équitable enregistre une croissance soutenue. Depuis 2008, les volumes négociés ont augmenté d’environ 10 % annuellement. Évidemment, en proportion du commerce mondial, c’est bien peu. Mais c’est un segment de marché qu’on aurait tort d’ignorer. Toujours est-il que l’appellation « commerce équitable » perd de la substance, d’après Just Coffee. Plusieurs certifications existent et on peine à s’y retrouver. D’importantes plantations de café se trouvent certifiées, mais ne respectent pas l’esprit à la base du concept. Les grandes entreprises qui, par exemple, demandent une certification pour un petit volume, juste assez pour pouvoir l’afficher et ainsi dorer leur image. Une question de marketing. Sait-on que la majeure partie de leur volume est encore réalisée au moyen de l’exploitation des travailleurs ou des petits producteurs ?
Le Coopérateur agricole | AVRIL 2013
Just Coffee s’inquiète aussi du fait que certaines plantations pourraient être certifiées sans nécessairement faire affaire avec des coopératives de producteurs. C’est pourtant à la base même de l’idée du commerce équitable. La prise en charge et l’autonomie des partenaires, au Sud, doivent absolument faire partie de l’équation. Il faut encourager, dans les petites collectivités, la démocratie et le partage de la richesse. C’est là-dessus que se bâtit le mieux-vivre pour tous. Vrai. C’est pareil chez nous : ce sont des organisations démocratiques, syndicats et coopératives, qui ont amené les agriculteurs vers la modernité et qui canalisent encore aujourd’hui la force de leur solidarité. Just Coffee a abandonné la certification. En revanche, la coopérative s’est associée à la Fair Trade Federation. Cette fédération n’accepte que des entreprises ou organisations dont le commerce équitable est inscrit dans la mission. C’est le cas de Just Coffee. Elle est vouée au commerce équitable. Sans certification, elle mise sur la transparence totale. Elle présente donc, sur son site Internet, toutes les coopératives avec lesquelles elle fait affaire ainsi que le prix du café qui a été payé à chacune. Et elle ouvre ses délégations aux âmes curieuses désireuses d’aller vérifier sur place ce qui se passe vraiment. Je reviens de ce voyage avec plus de questions que de réponses, mais conquise par l’authenticité du partenariat que la coopérative Just Coffee a su bâtir avec ces coopératives de femmes. J’ai aimé le ton des échanges. Égalitaire, affable, extrêmement respectueux. J’ai été touchée par la qualité des liens que la responsable de la délégation, Julia Baumgartner, du Wisconsin, entretient avec toutes ces femmes. Il s’en dégage une belle énergie tranquille, de la tendresse, de l’affection. Je les ai bien observées. J’ai dit à Julia : « Tu es des leurs, maintenant; ça se voit ! » C’est peut-être cela, l’essentiel : la qualité de la relation entre les partenaires. Une relation qu’on ne saurait réduire à sa dimension commerciale... à moins qu’on y ajoute le qualificatif d’« équitable ». Je remercie l’Association des communicateurs et rédacteurs de l’agroalimentaire (ACRA) pour le prix Moïse-Cossette, sans lequel je n’aurais pu vivre cette belle expérience. Colette Lebel, agronome Directrice des affaires coopératives La Coop fédérée Courriel : colette.lebel@lacoop.coop Télécopieur : 514 850-2567
Concours vidéo 100e Jeunesse rurale Commandité par le Mouvement Desjardins
À GAGNER : • 1 grand prix de 3000 $ et 2 prix secondaires de 1000 $ • Les prix seront remis au club, cercle ou groupe local des gagnants
POUR PARTICIPER : • Vous devez être membre de la FRAQ, l’AJRQ ou Québec 4-H • Vous devez former un groupe d’au moins 3 personnes dont le leader est âgé de 15 à 25 ans • Vous devez créer une vidéo de 1 à 3 minutes sur l’un des thèmes suivants : Thème 1 : Vivre à la campagne, c’est plaisant! Thème 2 : Mon amour pour l’agriculture et la ruralité Thème 3 : Comment mon association avec mon oganisme est-elle positive?
POUR VOUS INSCRIRE : jeunesserurale.ca/fr/concours Date limite : 31 mai 2013
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ORGANISMES MEMBRES
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Fa i t s e t g e s t e s
Par Vincent Cloutier, agronome, MBA
Directeur affaires agricoles et économiste principal La Coop fédérée
Beaucoup de bruit pour rien
vincent.cloutier@lacoop.coop
La production laitière américaine traverse des moments difficiles. Comme l’indique le graphique de cette page, le ratio prix du lait/prix des aliments frôle des creux historiques. À juste titre, l’industrie milite en faveur d’un nouveau filet de sécurité, ce qu’elle obtiendra quand cesseront les psychodrames successifs qui secouent la politique américaine. Il demeure que ce nouveau filet de sécurité pourrait faire beaucoup de bruit pour rien.
L
e prix du lait aux ÉtatsUnis, fort volatil, oscille autour de sa tendance des dernières années. Dans le contexte où le coût des intrants a augmenté considérablement depuis 2006, les producteurs doivent composer avec des marges en baisse. Or le programme de paie ments directs destiné au secteur laitier, le MILC1, ne réagit qu’en cas de prix faible, pas de marge faible. Ainsi, sans soutien de l’État – ou si peu –, les pro ducteurs n’ont que peu de solutions de rechange. Beaucoup grugent du vieux gagné en planifiant leur sortie, alors que ceux qui restent s’efforcent de tirer le meilleur profit d’investissements technologiques et d’économies de taille.
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Quoi qu’il en soit, les producteurs laitiers américains attendent avec impatience qu’une nouvelle politique laitière vienne à leur rescousse. Un nouveau filet de sécurité visant à les protéger en cas de baisse de marge apparaît de plus en plus probable. Estce qu’il changera réellement les choses? On peut en douter. D’abord, les produc Ratio prix du lait/prix des aliments aux États-Unis teurs qui souhaiteront y adhérer devront vraisem blablement payer une prime en échange de la protection. Même principe que pour un programme d’assurance. Mais quel niveau de prime? En échange de quel niveau de protection? La balle est Source : USDA maintenant dans le camp 19
PHOTO : PIERRE CADORET
... il y a fort à parier que c’est la précarité financière de l’État américain, et non celle des producteurs, qui sera prioritairement considérée.
des actuaires, qui patinent sur une glace mince. Si la protection est insuffisante, les producteurs n’y adhéreront pas. Si elle est trop généreuse en regard de la prime, le coût pour le Trésor américain sera prohibitif. Il leur faut viser juste. Seulement, dans le contexte actuel des finances publiques américaines, il y a fort à parier que c’est la précarité financière de l’État américain, et non celle des producteurs, qui sera prioritairement considérée. De plus, il faut rappeler que tout filet de sécurité éventuel sera plafonné. L’actuel MILC est plafonné à environ 130 vaches. Dans la mesure où, en 2011, 63% de la production laitière américaine provenait de fermes de plus de 500 vaches, l’effet de programmes ainsi plafonnés sur l’évolution du paysage laitier américain demeure minimal. Estce voulu? Rappelons que, dans le secteur laitier, on cherche à éviter de trop soutenir l’industrie, ce qui ultimement entraînerait des surplus qui plombe raient les prix. Il est toujours frappant de prendre conscience de la perception des outils de politique agricole qu’ont les intervenants du secteur agri cole américain. L’atteinte d’un quelconque revenu cible, par exemple le coût de production, ne fait pas partie de leur langage. Où donc se trouve le salut de la production laitière américaine ? À priori à l’extérieur des ÉtatsUnis, puisqu’une part grandissante de la production laitière américaine est exportée. Cette proportion continuera d’augmenter au rythme de l’accroissement de la demande mondiale. Autre source de salut: la technologie et les économies de taille. Ah oui… attendezvous aussi à une nouvelle tentative de contrôle de l’offre en cas de surplus. Une autre patch. Que ceux qui croient à cette ixième tentative lèvent la main. 1
Milk Income Loss Contract
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2013-03-14 10:50:24
La Coop fédérée
Le conseil d’administration 2013-2014 de La Coop fédérée De gauche à droite, assis, les membres du comité exécutif :
PHOTOS : MARTINE DOYON
Ghislain Gervais; Luc Forget, deuxième vice-président; Denis Richard, président; Ghislain Cloutier, premier vice-président; et Serge Boivin
2e rangée :
Normand Marcil; Benoit Massicotte; Gaétan Desroches, chef de l’exploitation; Claude Lafleur, chef de la direction; Paul Noiseux, chef des finances; Jean-François Harel, secrétaire général; et Françoise Mongrain
3e rangée :
Sophie Bédard, Muriel Dubois, Jean Bissonnette, Marc Quesnel, Marc A. Turcotte, Rosaire Beaulieu et Mathieu Couture
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Rosaire Beaulieu
É
au conseil d’administration de La Coop fédérée
lu le 28 février dernier, lors de la 91e assem blée générale annuelle de La Coop fédérée, Rosaire Beaulieu occupera le siège du territoire no 2, représenté par Charles Proulx depuis neuf ans. Producteur laitier de RivièreBleue, dans la région du Témiscouata, Rosaire Beaulieu est copropriétaire – avec son épouse, Lise Ouellet, et leur fille Annie – d’un troupeau de 60 vaches à bonne productivité. Après des études à l’ITA de La Pocatière, il revient à la ferme familiale, puis s’engage graduellement dans le milieu tant syndical que coopératif. En 1985, il fait ses premières armes dans le réseau en siégeant comme administrateur au conseil de la Société coopérative agricole de la Côte Sud, aujourd’hui Groupe coopératif Dynaco, dont le siège social est situé à La Pocatière. « J’ai toujours admiré que des producteurs s’unissent pour
Le Coopérateur agricole | AVRIL 2013
devenir propriétaires d’une activité économique dont ils ont besoin pour exploiter leur ferme », dit celui qui est président de sa coopérative depuis 1998. Groupe coopératif Dynaco a un chiffre d’affaires de 234 millions $ et compte 680 membres producteurs agricoles ainsi que 5000 membres auxiliaires. « C’est une grande fierté pour moi d’accéder au conseil de La Coop fédérée, mais je tiens à souligner que je m’en vais là avec beaucoup d’humilité, ditil. Nous sommes 15 au conseil et c’est ensemble que nous allons poursuivre le cheminement de La Coop fédérée, qui doit faire face à de grands défis et dont l’objectif est de bien servir l’ensemble des coopératives et producteurs membres, de même que d’accroître l’efficacité et la rentabilité de tout le réseau. »
La Coop fédérée
Et les gagnants sont…
De g. à d. : Denis Richard, président La Coop fédérée; Denis Fournier, directeur général de La Coop Montmagny, Étoile-Coop 2012; Samuel Deschênes, administrateur, La Coop Agrivert; Martin Caron, administrateur; François Drainville, président; Michel Désy, administrateur; Mario Gagnon, directeur général; Chantal Pipon, vice-présidente; Marie-Line Patry, administratrice; Daniel Sylvestre, administrateur; et Jérôme Landry, président de La Coop Montmagny.
Lors de la dernière assemblée annuelle de La Coop fédérée, le 28 février, son président, Denis Richard, a dévoilé les coopératives finalistes et la grande gagnante du concours de la Coopérative étoile, ainsi que les fermes finalistes et l’entreprise lauréate au concours Prix transfert de ferme La Coop. La Coop Agrivert, Étoile-Coop 2013 Pour se distinguer, La Coop Agrivert, située dans les régions de Lanaudière et de la Mauricie, a largement contribué à son milieu, par l’entremise de nombreux partenariats, et lancé de multiples initiatives environnementales. Elle a organisé plusieurs activités pour les membres, tant sociales qu’éducatives, adopté des politiques visant la qualité de vie au travail, et initié une pratique d’accueil structurée des nouveaux membres et employés. En outre, son conseil d’administration a su intégrer des femmes et des jeunes de la relève. Ajoutons également qu’elle a présenté une progression constante de ses ventes et préservé d’excellents ratios financiers, et soutenu généreusement la relève agricole. Un reportage présentant La Coop Agrivert sera publié dans le numéro de juillet-août du Coopérateur agricole.
PHOTOS : PATRICK DUPUIS
Les finalistes
Denis Richard ainsi que Richard Viens, 1er vice-président de La Coop Excel; Bertrand Comeau, administrateur; Christian Massé, directeur général; Ernest-William Gasser, président; Martin Monty, administrateur; Suzanne Ostiguy, administratrice; Benoit Labrecque, administrateur; Chantal Gravel, directrice finances et administration; et Guy Labrecque, 2e vice-président.
La Coop Excel, située dans la MRC de la HauteYamaska, a attiré l’attention du jury en se démarquant grâce à son milieu de travail stimulant, caractérisé par des commu nications fréquentes et la rétention des employés qui se sont joints à la coopérative au cours des trois dernières années. On l’a aussi remarquée pour la belle progression de ses ventes, le dyna misme de sa vie associative, l’exemplarité de son suivi environ nemental et son engagement dans la réalisation des projets d’intercoopération au sein du réseau La Coop.
La Société coopérative de Lamèque Limitée, située dans la péninsule acadienne, au Nouveau Brunswick, s’est illustrée par la loyauté exceptionnelle que lui témoignent ses membres; par ses efforts d’éducation populaire et de mesure de la satis faction de ses membres; par son bilan social étoffé et diffusé dans la collectivité; ainsi que par l’organisation de nombreuses activités contribuant à une vie associative dynamique.
Denis Richard en compagnie de Jacques Chiasson, directeur général de la Société coopérative de Lamèque Limitée
La Ferme Pariso, lauréate du Prix Transfert de ferme Le jury a couronné cette solide entreprise en raison de son trans fert fructueux, tant sur les plans financier et humain que sur le plan des valeurs. La Ferme Pariso, parrainée par La Coop Parisville a été soutenue tout au long de ses démarches par JeanFrançois Lemay, conseiller technique régional. L’entreprise remporte un chèque cadeau d’une valeur de 3000 $ pour un voyage ainsi qu’un crédit de 3000 $ applicable sur des produits Unimat, Sonic ou La Coop. Les deux autres entreprises finalistes, la Ferme Germec, parrainée par La Coop Univert, ainsi que la Ferme R et M Hallé, parrainée par La Coop Matapédienne, obtiennent chacune un crédit de 1000 $ applicable sur des produits Unimat, Sonic ou La Coop.
Denis Richard en compagnie de Raymond Lemay, Thérèse Lemieux (les prédécesseurs), Pascal Lemay et Marie-Claude Leblond (les successeurs). AVRIL 2013 | Le Coopérateur agricole
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Fe m m e e n g ag é e
Guidée par ses valeurs D’aussi loin qu’elle se souvienne, Louise Gilbert a toujours rêvé de posséder sa propre ferme. Or, c’est maintenant chose faite pour cette mère de cinq enfants, âgés de 10 à 24 ans, dont trois vivent encore à la maison.
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Par Hélène Cossette
PHOTO : LOUIS JACOB
n effet, en 2007, elle a réussi à s’acheter – toute seule, ditelle avec une légitime fierté teintée d’une pointe de regret – une ferme avec un lot complet comprenant un peu plus de huit hectares (20 acres) de terres cultivables en bleuets à SaintPrime, au LacSaintJean. Bien qu’elle ne la fasse pas encore vivre, sa petite bleuetière permet l’autocueillette depuis maintenant deux ans. « On a une superbe vue d’ici. On voit tout le lac SaintJean, SaintPrime et SaintFélicien. C’est merveilleux ! J’adore ça ! » s’exclame cette chef de famille qui a travaillé dans une ferme laitière jusqu’à tout récemment, en plus de faire de la comptabilité à son compte pour des entreprises agricoles et de siéger aux conseils d’administration de La Coop des deux rives et de l’UPA. C’est de son père que Louise Gilbert tient sa passion pour l’agriculture. Lorsqu’elle était adoles cente, ce dernier a acquis une ferme, aujourd’hui exploitée par deux de ses quatre frères.
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Le Coopérateur agricole | AVRIL 2013
Sa première expérience de travail dans le domaine a été de monter la toute première ferme éducative de l’exposition agricole annuelle de Chicoutimi, pendant ses vacances scolaires au secondaire. Puis, tout au long de ses études en gestion d’entreprise agricole, au collège d’Alma, elle a été active dans son milieu, entre autres comme représentante des étudiants au conseil de l’établissement. Son diplôme en poche (enrichi par des études en comptabilité), elle a ensuite exercé plusieurs métiers liés à l’agriculture. Elle a notamment tra vaillé dans une serre, au Groupe conseil agricole Piékouagan et à l’UPA, avant d’être invitée à se joindre au conseil d’administration de La Coop des deux rives en 2010. Première femme dirigeante de toute l’histoire de cette coopérative du LacSaintJean, elle a été pressentie en raison de son implication et de sa grande connaissance des besoins des producteurs, qu’elle a acquise pendant ses quatre années comme technicienne au GCA Piékouagan. Cette administratrice d’expérience a aussi été membre, puis présidente, du conseil de la garderie fréquentée par ses enfants. La dirigeante, qui siège également au Comité Éduc Coop, est particulièrement fière des efforts d’intercoopération de sa coopérative. Pour souli gner l’Année internationale des coopératives, l’an dernier, cette dernière a inauguré à Normandin la Place de la coopération, qui regroupe une quincaillerie Unimat, un dépanneur Sonic, un centre financier aux entreprises de Desjardins, un centre d’entraînement en coopérative et plusieurs autres commerces. « Depuis deux ans, ajoutetelle, on a aussi créé de beaux liens en tenant notre colloque annuel conjointement avec la Coopérative fores tière de Girardville. » Modèles d’intercoopération, les deux coopératives sont aujourd’hui parte naires dans un nouveau projet d’exploitation de biomasse forestière : l’entreprise CFG Énergies, spécialisée dans le système de chauffage aux granules de bois. C’est d’ailleurs à sa coopérative que Louise Gilbert a été exposée pour la première fois à la notion de développement durable. « Ç’a été une révélation, et j’ai adhéré à cent milles à l’heure ! » s’exclametelle. On ne prend plus aucune déci sion sans tenir compte du développement durable, assuretelle. «C’est très satisfaisant de voir que ma coopérative s’appuie sur de telles valeurs.»
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Les juges de l’Ordre national du mérite agricole
Le prestigieux concours de l’Ordre national du mérite agricole (ONMA), qui en est cette année à sa 124e édition, ne fait pas appel à un, mais à plusieurs juges. Derrière chaque médaille décernée se cache une équipe de juges qui a épluché les dossiers, visité les fermes et évalué méticuleusement l’ensemble des données relatives à chacune d’elles. Par Céline Normandin
PHOTO : © ÉRIC LABONTÉ, MAPAQ
Un travail convoité
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Pour ce concours, ne devient pas juge qui veut. Les personnes qui occupent cette fonction sont triées sur le volet et doivent remplir de nom breux critères, autant sur le plan professionnel que sur le plan personnel. Si elles n’ont pas déjà reçu une distinction de l’ONMA, elles doivent, entre autres, appartenir à l’Ordre des agronomes du Québec et compter plus de 10 ans d’expérience pertinente. De plus, on exige des juges un esprit d’analyse, de la rigueur, de l’écoute, du respect et une forte capacité à travailler en groupe. Géné ralement, trois juges composent chaque équipe : deux agronomes ayant des spécialisations com plémentaires et un commandeur, soit le gagnant d’une médaille d’or de l’ONMA. Marie Surprenant, Robert Lapalme et Jocelyn Magnan possèdent tous les trois une formation en agronomie. Ils n’ont pas laissé passer l’occasion Le Coopérateur agricole | AVRIL 2013
d’être juges au concours de l’ONMA. Leur princi pale motivation ? Voir ce qui se fait de mieux en agriculture au Québec et parfaire leurs connais sances auprès des meilleurs dans un milieu en constante évolution. Ils ont participé à tous les volets du concours, qui compte trois catégories : le bronze, l’argent et l’or. Le bronze est réservé aux nouveaux concurrents ou à ceux qui n’ont pas remporté cette distinction lors des éditions antérieures. L’argent et l’or peuvent être attribués aux candidats qui ont déjà gagné une médaille dans la catégorie précédente. De la fin juin à la fin juillet, les juges de l’ONMA visitent en moyenne une vingtaine de fermes. « Une bonne partie de leur travail consiste à étudier le dossier de candidature avant chaque visite », confirme l’agronome Jocelyn Magnan. Ce dernier estime d’ailleurs qu’un juge doit être en mesure d’assumer la charge de travail que représente l’examen des volumineux dossiers. Cet effort en vaut la peine, puisque les participants sont souvent agréablement surpris de voir à quel point les juges connaissent bien leur sujet.
Un travail d’équipe C’est au terme de la visite de l’entreprise que les juges remplissent ensemble la grille d’évaluation. Cette grille comprend plusieurs éléments répartis en cinq volets, pour un total de 1000 points : 355 points sont consacrés à la culture ou à l’élevage; 300, à la gestion des finances; 175, aux ressources humaines; 125, à l’environnement; et 45, au rayonnement social. Un consensus qui doit être obtenu dans l’attribution des points pour chaque élément de la grille d’évaluation. « Il s’agit d’un processus exi geant, mais formateur », indique Jocelyn Magnan. Pour lui, il est nécessaire de faire preuve d’écoute active, que ce soit avec les concurrents ou les autres juges. « C’est l’esprit même du jugement », indiquetil. Selon Robert Lapalme, les dissen sions sont d’ailleurs rares. Par exemple, durant la visite de la ferme, un juge peut avoir observé un élément que les autres n’ont pas remarqué. Dans ce cas, les membres de l’équipe doivent en discuter et s’entendre. En tout temps, la grille demeure la référence absolue. Selon les trois personnes interrogées, les principales forces d’un juge seraient l’écoute, l’intégrité et la capacité d’en arriver à un jugement équitable.
Des témoins de choix Même si chaque critère de la grille d’éva luation est important, les juges reconnaissent que la rentabilité de l’entreprise est devenue un
aspect primordial – une tendance qui s’accentue avec la hausse des coûts des intrants. « Les agri culteurs sont là pour être efficaces, pour durer et pour léguer un héritage aux générations futures. C’est fondamental. Et cela peut se faire tout en respectant l’environnement, les animaux et les employés », estime M me Surprenant. D’après M. Magnan, « c’est ce qui fait la différence entre les meilleurs et les autres. De plus en plus, les gestion naires ont un souci d’efficacité. Avant d’investir, ils se demandent toujours si ce sera rentable. Cela devient pour eux une seconde nature. » Les juges de l’ONMA se trouvent aux pre mières loges pour observer les changements qui se produisent dans l’agriculture au Québec. D’ailleurs, de nouveaux types d’entrepreneurs spécialisés prennent maintenant part au concours : des viticulteurs, des producteurs de sapins de Noël ou des producteurs de citrouilles. Marie Surprenant a aussi observé l’engage ment de plus en plus important de la gent fémi nine. Ellemême fille d’agriculteur, elle indique que la ferme laitière familiale est allée à un de ses frères, une façon de faire qui n’est plus néces sairement la norme aujourd’hui. « Il y a plus de relève féminine et, dans le couple, la participation des femmes est davantage reconnue. Elles sont parties prenantes de l’entreprise », soulignetelle. Elle a remarqué que, de plus en plus, les jeunes agricultrices ont un diplôme en gestion, ce qui reflète la nécessité d’une approche entrepreneu riale chez les propriétaires d’entreprises agricoles. L’évaluation des juges du concours de l’ONMA offre un portrait complet d’une entre prise : où en estelle et où vatelle ? Elle permet notamment de tracer des perspectives de déve loppement. C’est pourquoi les trois juges de cette année encouragent l’ensemble des entreprises agricoles à participer au concours, en rappelant qu’il est ouvert à tous les types de productions. « Je vois des producteurs qui attendent d’être à leur apogée pour présenter leur candidature, relève Marie Surprenant. N’oublions pas qu’il faut attendre un minimum de 15 ans avant d’accéder à la catégorie or, que le concours revient tous les 5 ans dans une région et qu’il faut avoir franchi l’étape du bronze et de l’argent avant de pouvoir obtenir la médaille d’or. » Producteurs des Laurentides, de Montréal LavalLanaudière et de l’Outaouais, c’est chez vous que ça se passe cette année. D’ici le 1er mai, osez vous inscrire !
Jocelyn Magnan
Marie Surprenant
PHOTOS : © MAPAQ
L’autre partie de la tâche – et la plus connue – consiste en la visite de l’entreprise. Autant Mme Surprenant que MM. Lapalme et Magnan considèrent cette étape comme essentielle. Selon eux, la visite permet de mettre en contexte certaines informations ou en révèle d’autres qui auront de l’importance au final. Par exemple, estce que les propriétaires comprennent et maî trisent les rouages de leur entreprise ? Cette exper tise vientelle plutôt de partenaires externes ? « Les dossiers de candidature ne permettent pas d’éva luer le confort des animaux dans l’étable, l’état des bâtiments et leur fonctionnalité, explique Marie Surprenant. Parfois, la réalité est mieux que ce que laissaient paraître les documents. » Robert Lapalme ajoute : « On regarde également l’évolution de l’entreprise. Par exemple, estce que la personne a eu de la chance ou atelle dû trimer dur pour en arriver là où elle est ? »
Robert Lapalme
AVRIL 2013 | Le Coopérateur agricole
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C o o p é r at i o n
Pour et par le lait
La Coop Agrilait Vous connaissez La Coop Agrilait ? Demandez-le à vos papilles gustatives ! Cette coopérative agricole du Centre-du-Québec fabrique le cheddar de St-Guillaume, sa principale carte de visite.
Texte et photos d’Étienne Gosselin, agronome, M. Sc.
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ne douce odeur de petit lait flotte dans l’air du stationnement de la Fromagerie St-Guillaume et dans le hall d’entrée du siège social de La Coop Agrilait. Un parfum juste assez subtil pour rappeler la vocation première de cette coopérative laitière survivante, qui côtoie la géante Agropur (1,35 milliard de litres de lait transformés au Québec), sa cousine Nutrinor (25 millions de litres) et sa petite cousine La Coop Île-aux-Grues (2 millions de litres). Avec ses 483 membres auxiliaires, ses 28 membresassociés et ses 189 membres-producteurs, dont 36 sont producteurs laitiers, Agrilait transforme
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annuellement en savoureux fromages frais et affinés plus de 24 millions de litres de lait. En tenant compte de ses autres secteurs d’activité, le chiffre d’affaires de cette coopérative centricoise culmine à près de 50 millions $. Les deux tiers de ces revenus proviennent de la fromagerie, et environ 50 % de ces deux tiers sont issus de la fabrication de cheddar frais non affiné. Les dirigeants de La Coop Agrilait rencontrés au sortir d’un conseil d’administration aiment se dire les habitants d’un village d’irréductibles Gaulois qui résistent encore et toujours aux envahisseurs, que ceux-ci soient coopératifs ou
privés. Car les offres d’achat ont plu au fil des ans, et surtout depuis qu’Agrilait a retrouvé sa vocation fromagère, en 1973. « Il y a au sein de notre coopérative un fort sentiment d’indépendance », juge le président de La Coop Agrilait, Ghislain Gervais. « C’est une coopérative qui a su résister à la tendance globale aux regroupements », émet de son côté le directeur général, Denis Guérard, qui possède trois atouts importants pour exercer ses fonctions : il est diplômé en transformation alimentaire, il a passé toute sa carrière dans des usines laitières, et celles-ci appartenaient presque toutes à des coopératives. « La Coop Agrilait ? C’est une coop atypique, un anachronisme dans l’histoire laitière québécoise, affirme pour sa part Normand Dussault, conseiller en gestion du Service-conseil aux coopératives de La Coop fédérée. Entre accepter une offre d’achat de l’entreprise pour encaisser son capital et encourager une coopérative qui contribue au tissu social et à la prospérité du village, les membres d’Agrilait ont opté pour la continuité. » Denis Guérard connaît lui aussi le scénario et n’accepte pas d’y tenir un rôle. « J’ai connu ce que c’est que de fermer une usine laitière quand j’étais chez Lactel… » Plus de 145 personnes tirent actuellement leur revenu de La Coop Agrilait, dans un village qui compte à peine 10 fois plus d’habitants. Dans un monde de géants où les quotas d’approvisionnement laitiers (nommément des hectolitres de lait) l’emportent parfois sur le développement économique des collectivités, La Coop Agrilait réussit à s’en tirer par son sens de l’innovation et par la qualité de ses produits, selon Normand Dussault. « C’est un modèle d’entreprise “challengeant” à garder, aussi bien pour des conseillers en gestion comme moi que pour la direction ou les administrateurs de la coopérative. » Si la santé financière d’Agrilait – qui a porté jusqu’en 1990 le nom de Société coopérative agricole de beurrerie de St-Guillaume – est excellente, il n’a pas toujours fait beau dans le ciel de Saint-Guillaume.
commis, secrétaire, puis directeur général de La Coop Agrilait de 1953 à 1996. En 1950, la production fromagère, qui ne survit plus qu’en raison de la demande intérieure, est laissée de côté, d’autant que les autorités exigent maintenant qu’on pasteurise le lait avant la fabrication, ce qui occasionnerait des achats d’équipement. On se tourne plutôt vers la production de caséine en poudre. L’entreprise est un fiasco. Sans installations adéquates, la coopérative doit finalement se résoudre à vendre le lait de ses sociétaires à la Coopérative agricole de Granby (aujourd’hui Agropur) et à la Coopérative de Saint-Germain. En 1958, avec les programmes de soutien des prix de la Commission canadienne du lait, la transformation laitière revient en force chez Agrilait, qui vend maintenant du lait écrémé et transforme la crème en beurre. Les bons prix du fromage incitent enfin Agrilait à se remettre à la fabrication fromagère en mai 1973. « Aujourd’hui, par le développement de notre réseau de distribution de fromage dans les dépanneurs, les épiceries, les fruiteries et les supermarchés, nous sommes passés de 6 camions de livraison en 2006 à 28 aujourd’hui, dit Denis Guérard. Nous connaissons une forte croissance depuis quelques années et c’est bien ainsi, car nous avons l’obligation de croître pour maintenir notre positionnement dans le marché mature et ultra-compétitif du fromage frais.» La production journalière de fromage équivaut à 2,5 semiremorques par jour, six jours par semaine.
Des hauts, des bas, des hauts
Le CA veille au grain
La Deuxième Guerre mondiale fait connaître à la coopérative, fondée en 1939, un départ canon. Les besoins en fromage de l’Angleterre font se développer la filière fromagère de Saint-Guillaume à vitesse grand F, mais le tarissement de la demande annihile les exportations, explique Marcel Julien, qui fut successivement
Le Baya (fromage à griller), le Cantolait (pâte ferme à croûte lavée), le brick, l’emmental, le monterey jack et le cheddar de St-Guillaume, sans oublier le fameux fromage en grains Le p’tit frais, voilà de quoi satisfaire un imposant bassin de consommateurs. La coopérative distribue ses produits partout au Québec et rayonne en
Denis Guérard connaît très bien l’action de la présure sur un bon lait frais. Ce directeur général a roulé son bidon de lait dans quelques usines coopératives avant d’atterrir chez Agrilait.
Une gamme étendue de fromages affinés et non affinés est produite à Saint-Guillaume dans des installations modernes et efficaces.
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Qualité sans compromis Le conseil d’administration d’Agrilait est proche des activités de la société. Ses dirigeants sont des autonomistes, de fiers producteurs.
Le saviez-vous ? Une partie du fromage en grains invendu dans les rayons des détaillants est repris par les distributeurs et réacheminé à la fromagerie pour être fondu et vendu aux fabricants de fromage à tartiner, de fromage fondu en tranches et de poudre de fromage. Les distributeurs s’assurent donc d’offrir un fromage frais du jour encore tendre sous la dent, sinon tiède sur la langue !
La transformation laitière coopérative au Québec • 104 entreprises privées actives en transformation laitière (membres du Conseil des industriels laitiers du Québec)
remportant des prix Caseus et des prix pancanadiens pour ses fromages, ainsi que des distinctions entrepreneuriales et environnementales. « Le sentiment de fierté des dirigeants alimente leur sentiment d’appartenance », considère Denis Guérard. Le conseil d’administration d’Agrilait est proche des activités de la société. « Ses dirigeants sont des autonomistes, de fiers producteurs », pense Normand Dussault, qui conseille La Coop Agrilait depuis plus de 20 ans. « Ils veulent développer leur coopérative et sont donc très engagés. Moi qui vois plusieurs CA de coopératives, celui-ci reste très vigilant et ne donne pas toujours carte blanche à son directeur général. Et heureusement, parce qu’Agrilait a besoin d’un CA allumé en raison de la pression occasionnée sur l’entreprise par les normes de salubrité, les besoins en recherche et le respect de l’environnement. » Pour signifier leur appartenance à leur coopérative et encourager les autres membres à faire de même, les administrateurs élus doivent s’engager à acheter un pourcentage minimal de leurs intrants à La Coop Agrilait. De 50 % la première année de mandat du dirigeant, le pourcentage d’achat minimal par secteur grimpe à 65 % la deuxième année et à 75 % la troisième. Ces normes de fidélité – « plutôt révolutionnaires », selon Normand Dussault – sont plus souvent qualitatives (obligation morale d’acheter) dans le réseau, mais sont carrément quantitatives chez Agrilait.
• Quatre coopératives laitières : Agropur; Nutrinor, coopérative agro-alimentaire du Saguenay Lac St-Jean; La Coop Agrilait; et La Coop Île-aux-Grues
Intransigeants, les dirigeants et les employés de La Coop Agrilait le sont quand vient le temps de parler qualité. « Ici, on ne sort pas des kilos à l’heure sans tenir compte de la qualité, prévient Denis Guérard. Nous faisons d’ailleurs du “cheddar” en grains, non pas du “fromage” en grains, ce qui nous oblige à respecter les bons pourcentages de matière grasse et d’humidité dans le produit, soit 39 et 41 % respectivement. » Pas question d’augmenter le pourcentage d’humidité et de vendre de l’eau ! Autre pratique : durant la fabrication du cheddar, la pâte qui s’égoutte est retournée jusqu’à six fois, une opération fastidieuse, mais qui assure une « cheddarisation » plus complète et donc un goût et une texture uniques. Oui, mais le produit coûtera un peu plus cher ? Qu’importe, on ne badine pas avec la qualité, synonyme de notoriété. « Certains clients veulent des prix. S’ils nous quittent pour quelques cents le kilo, il n’est pas rare qu’ils nous reviennent pour la qualité », explique Denis Guérard. Hormis ses composantes laitières, le fromage de St-Guillaume se distingue par son acidité moindre et sa teneur en sodium moins élevée que les fromages des concurrents, soutient le directeur général. « Les autres fromageries stoppent l’activité acidifiante des bactéries lactiques en ajoutant du sel, beaucoup de sel. Nous préférons une fabrication plus lente et d’autres techniques de fabrication, comme faire chuter rapidement l’action des bactéries en utilisant une petite quantité de glace sèche [– 79 °C] sur les grains de fromage, ce qui abaisse brusquement la température », expose le maître fromager Guérard. Pour observer cette étrange pratique, rendezvous au spacieux et moderne Centre d’interprétation du fromage de la Fromagerie St-Guillaume, dont la fenestration permet l’observation des fromagers en pleine action dans les aires de fabrication et d’emballage.
• 49 % du lait au Québec est transformé par des coopératives Avec la collaboration de Yolaine Villeneuve, directrice des affaires publiques et corporatives, Conseil des industriels laitiers du Québec.
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Efficacité énergétique et recyclage de l’eau : en utilisant moins de gaz naturel et d’eau, la fromagerie diminue ses émissions et ses rejets, et économise gros. On compte d’ailleurs plus de réservoirs d’eau recyclée que de réservoirs de lait chez Agrilait !
Sur le plancher d e s va c h e s
Par Sylvain Boyer, T. P. Premier directeur Service des ruminants La Coop fédérée sylvain.boyer@lacoop.coop
La TSV
Ce mois-ci, j’ai décidé de faire changement. Au lieu de parler de productivité ou de rentabilité, le sujet sera plutôt axé sur un nouvel outil offert en exclusivité par le réseau La Coop pour faciliter l’utilisation de produits en quantités importantes : la TSV – ou Trémie Semi-Vrac – La Coop.
PHOTO : LA COOP FÉDÉRÉE
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u fil des ans, les réalités ont bien changé dans les fermes, ce qui nous amène à revoir la façon d’offrir nos produits. Bien que les fermes soient de plus en plus grandes, il n’est pas toujours possible d’utiliser en vrac tous les aliments et suppléments. Le roulement des stocks doit être suffisamment rapide pour assurer une certaine fraîcheur aux produits et il est souvent plus simple de commander des sacs toutes les deux semaines pour l’alimentation des animaux. Par contre, le format de 25 kg de ces sacs fait en sorte qu’il est de plus en plus fréquent de voir des producteurs utiliser de deux à trois sacs d’un même produit par jour. Rappelons que le format standardisé de 25 kg visait l’aspect santé et sécurité au travail et la facilité de manipulation pour les employés, tant dans les coopératives qu’à la ferme.
C’est pour ces raisons que l’option de semivrac devient de plus en plus intéressante. À ce jour, certains producteurs utilisent déjà des minéraux dans ces formats. Mais encore faut-il être bien installé à la ferme pour pouvoir récupérer les minéraux dans ces sacs de 500 ou 1000 kg. La nouvelle TSV La Coop répond très bien à cette contrainte, puisqu’elle offre une économie à la fois de temps, par sa simplicité d’utilisation, et de prix, les produits de semi-vrac étant moins chers que ceux des sacs de 25 kg. Cette économie découle de la fabrication et de la manutention de l’usine à la ferme moins coûteuses. Fabriquée au Québec, la trémie semi-vrac est faite d’un plastique très résistant et a été conçue sur mesure pour recevoir les sacs de 500 et de 1000 kg que nous commercialisons. Une pointe en acier inoxydable peut aussi y être ajoutée en option pour faciliter le perçage des sacs. Relativement légère, la TSV peut être déplacée sur des roues à l’intérieur des bâtiments. Par la suite, il suffit de placer le sac sur la trémie à l’aide d’un tracteur ou d’un treuil. Avec la venue de la TSV, le réseau La Coop étend maintenant le nombre de produits offerts en semi-vrac. Ainsi, en plus des minéraux, il y a dorénavant les aliments pour les veaux, les suppléments pour les génisses plus âgées, les aliments Transilac ou encore les suppléments Synchro Pulpolac. Tous ces produits, s’ils sont utilisés à raison d’une à deux tonnes par mois, peuvent s’avérer avantageux en semi-vrac. Une fois de plus, c’est en se basant sur les besoins de sa clientèle que le réseau La Coop a opté pour ce nouvel outil. Votre expert-conseil se fera un plaisir de vous donner plus de détails concernant la TSV La Coop.
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Ra L uibtr i q u e
Avec un premier rang national dans la catégorie Argent au concours du Mérite agricole, la chose est entendue : la Ferme Durantaye excelle par son approche équilibrée en productions laitière et végétale.
Un peu, beaucoup, passionnément La Ferme Durantaye
Ils font un peu de vente de sujets de haute génétique. Ils font beaucoup de profit avec la production laitière. Et le plus important, ils font leur métier passionnément, même si le mot « passion » est souvent banal pour parler des agriculteurs et des agricultrices qui s’investissent sans compter dans leur domaine. Mais qu’importe, puisque c’est la vérité ! Texte et photos d’Étienne Gosselin, agronome, M. Sc.
U
n vendredi après-midi neigeux à la Ferme Durantaye, avantageusement située dans un cul-de-sac du 4e Rang de la paroisse de La Durantaye. Alors que tout inciterait au coucounage, on redouble d’efforts dans cette ferme laitière de Bellechasse. Jacques Pouliot et Élise Janssen prennent tout de même le temps de répondre aux questions dans le bureau pendant qu’on voit s’activer trois rasoirs électriques par la fenêtre qui donne sur la vacherie. Branle-bas de combat : on accueillera le lendemain entre 300 et 400 personnes du Club Holstein Lévis-Bellechasse
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venues voir de près cette ferme émérite déclarée, l’automne dernier, grande gagnante du concours de l’Ordre national du mérite agricole – catégorie Argent. Le mot « passion » vient de la bouche de Sébastien Moffet, expert-conseil de La Coop Rivière-du-Sud qui officie à la Ferme Durantaye. « Les membres de la famille Pouliot-Janssen sont de véritables passionnés, mais attention : leur passion est tangible et s’exprime dans tous les aspects d’une ferme laitière, que ce soit les animaux, la machinerie ou les champs. »
Jacques Pouliot opine de la casquette : « Si nous avons obtenu le premier rang national au Mérite agricole, c’est bien parce que nous sommes équilibrés, car tous les aspects d’une ferme laitière et végétale sont pris en compte dans ce concours : conservation des sols, agroenvironnement, gestion des ressources humaines, gestion technicoéconomique, planification de la relève agricole, en passant par le rayonnement social de la ferme et de ses exploitants. » « Nous ne sommes excellents dans rien, mais bons dans tout », ajoute Élise Janssen – un jugement peut-être un peu sévère –, qui s’est jointe à l’actionnariat de la ferme en 1994, une ferme dont Jacques constitue la sixième génération. Quant à la septième…
Immersion « agriculturelle » Jacques et Élise sont parents de cinq enfants. L’aîné, Louis, termine son diplôme de GEEA au campus de La Pocatière de l’ITA, alors que Julien y étudie encore. Gabriel, 16 ans, optera-t-il lui aussi pour l’agriculture ? Élizabeth, 13 ans, et Emma, 11 ans, sont encore jeunes pour choisir leur carrière, mais elles doivent, comme les garçons quand ils étaient plus jeunes et que l’appel de la console de jeux Xbox était très fort, alterner leur présence à l’étable pour la traite de 18 h. Elles pourront alors, à la fin de leurs études
secondaires, décider en toute connaissance de cause si l’agriculture sera une option… ou pas. « Avec cinq enfants qui pourraient tous être intéressés par la ferme, nous avons ce qu’on peut appeler un heureux problème de relève, lance Jacques. Comme nous sommes encore jeunes, Élise et moi, j’incite fortement les enfants à expérimenter de nouvelles avenues, à voyager, à ouvrir leurs horizons, comme je l’ai fait moi-même en allant travailler dans une ferme laitière ontarienne pour parfaire mon anglais quand j’étais jeune. » Pour que leurs enfants deviennent passionnés de tous les domaines que compte une exploitation agricole et soient aussi habiles avec la batteuse et la trayeuse qu’avec la perceuse, Jacques et Élise les poussent et les pousseront donc à cultiver la polyvalence. Une vertu qui se perd ? Peut-être, répond le couple. Leur fils Louis, très versé dans la mécanique et les instruments aratoires, s’est d’ailleurs mis à s’intéresser davantage à la génétique laitière à l’ITA au contact de jeunes cracks en la matière. « Dans une ferme laitière, pourquoi faudrait-il s’investir seulement dans quelques domaines au détriment des autres ? s’interroge Sébastien Moffet. Une entreprise équilibrée avec des exploitants polyvalents permet mieux d’atteindre l’efficacité et la rentabilité. » Parole d’expert-conseil ! u
Par un après-midi froid et neigeux, on s’activait à la Ferme Durantaye pour terminer la préparation des animaux en vue d’une journée portes ouvertes du Club Holstein Lévis-Bellechasse.
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Du lait rentable, SVP Produire à un coût minimum pour un profit maximum tout en respectant le développement durable, voilà qui pourrait résumer la mission de la Ferme Durantaye. À quoi bon demander combien les vaches produisent en moyenne chaque année (10 200 kg de lait) si on ne pose pas aussi la question de la marge bénéficiaire ? « 4594 $ par vache », répondent Jacques et Élise, analyse de groupe à la main, soit 242 $ par vache au-dessus de la moyenne du groupe de tête de leur groupe conseils agricoles.
Le faible niveau d’endettement par hectolitre de lait produit, l’avoir des propriétaires, le rendement de l’actif, le solde résiduel, etc., sont tous meilleurs que la moyenne des 40 entreprises qui composent le groupe de tête (sur 203 fermes au total). Sans oublier le pourcentage de dépenses par rapport aux revenus, qui est un indicateur crucial, selon Jacques et Élise. « Leur objectif, c’est de faire du lait rentable », indique Sébastien Moffet. En conseiller attentif aux besoins et aux buts de ses clients et sociétaires, il tient compte de cet objectif principal et formule à meilleur coût les rations des deux groupes en lactation et du groupe en préparation au vêlage.
La Ferme Durantaye en rafale • 66 kg de quota, 148 hectares de blé, d’orge, de prairies, de maïs-ensilage et de soya pour la vente ainsi que 2800 entailles, exploitées surtout pour le plaisir de savourer l’érable à longueur d’année. • Au fil du temps, le préfixe Durantaye a été associé à 10 vaches de leur propre élevage classées Excellente. L’actuelle vedette du troupeau, Durantaye Goldwyn Ludvika, EX-90, en est à sa quatrième lactation et est la fille de Durantaye Raider Coca (EX-2E 3*). • Les taures et les génisses sont logées en stabulation libre depuis 2009, alors que les veaux sont gardés dans un abri-serre bien ventilé. • La ferme utilise les services de la CUMA de La Durantaye, qui regroupe six membres et 12 branches d’équipement et dont Jacques est président.
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Sérieux comme un pape, Sébastien Moffet, de La Coop Rivière-du-Sud, est venu prêter main-forte aux propriétaires de la Ferme Durantaye pour mettre en valeur le troupeau, composé de 3 EX, 31 TB et 38 BP.
Jacques Pouliot est tout sourire près de sa protégée, Durantaye Goldwyn Ludvika, EX-90 après trois lactations complètes.
« La Ferme Durantaye a un très bon contrôle sur son taux de charges, estime l’agronome Maryse Trahan, du Groupe conseils en gestion agricole Lévis-Bellechasse. Pour les années à venir, le défi de la ferme sera de maintenir de bons résultats autant techniques que financiers pour bien planifier une ou d’éventuelles relèves. »
S’améliorer en concourant De la paperasserie à n’en plus finir, une participation au concours du Mérite agricole ? Ce n’est pas l’opinion des propriétaires de la ferme, qui se sont fait aider d’une fonctionnaire de leur bureau régional du MAPAQ pour monter leur candidature. En tout, cinq ou six heures ont été nécessaires pour rassembler l’information demandée et répondre aux questions à développement. Rien de trop difficile pour une démarche qui se veut très formatrice, selon Élise Janssen. « C’est un beau concours. Trois juges ont visité notre entreprise et nous ont remis un rapport ciblant nos points forts et contenant des suggestions d’amélioration pour le futur. Les juges, bien qu’ils soient très critiques, ne sont pas là pour nous taper sur les doigts, mais pour révéler nos forces et nos faiblesses. » En 2007, la ferme avait pris le troisième rang régional – catégorie Bronze. La lutte fut chaude pour déterminer le top 3 de la catégorie Argent, remportée à 887 points sur 1000 par la Ferme Durantaye. « Il n’y avait que trois points qui nous séparaient de la deuxième position et seulement cinq points entre nous et la troisième ! » s’exclame Élise. En somme, qu’un soupçon de passion de plus ou de moins, ni plus ni moins !
L’alimentation à la Ferme Durantaye Par Sébastien Moffet, T.P. Expert-conseil ruminants et végétal La Coop Rivière-du-Sud
Tarissement (60 jours)
Troupeau de 60 vaches en lactation Moyenne de 10 238 kg de lait 3 EX, 31 TB, 38 BP MCR : 218-239-229 4,2 % de gras 3,52 % de protéine
Vaches en transition
Veaux
0-2 mois : Bovo XLR 27-16 avec Total veau Rumensin à volonté 2-4 mois : Total veau Rumensin 4-6 mois : Goliath 21 Deccox, foin sec mélangé 6-12 mois : Synchro mix 45, haylage (balles rondes), foin sec 12-24 mois : haylage (balles rondes), foin sec, Minéral 18-5, Synchro mix 45
Génisses
(jusqu’à 2 mois) Lactoremplaceur XLR Total veau Rumensin à volonté (4 à 6 mois) Goliath 21 Deccox Foin sec
150 g/j de minéral Transilac tarie Foin sec à volonté
10 kg de RTM préparation 2 kg de supplément Transilac 21 Foin sec à volonté
Vaches en lactation
Groupe 1 20 kg d’ensilage de foin 15 kg d’ensilage de maïs 3,5 kg de maïs-grain 1,75 kg de blé 1,75 kg d’orge 2,5 kg de supplément Synchro mix 45 2 kg de foin sec 1re coupe 450 g de Minéral 18-5 T Groupe 2 22 kg ensilage de foin 22 kg d’ensilage de maïs 1,4 kg de blé 0,7 kg de maïs-grain 0,7 kg d’orge 2 kg supplément Synchro mix 45 2 kg de foin sec 1re coupe 400 g de Minéral 18-5 T
(6 à 14 mois) 600 g/j de Synchro mix 45 150 g/j de Minéral 18-5 (14 mois et plus) 350 g/j de Synchro mix 45 200 g/j de Minéral 18-5
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Lait
Marilyn
vue de Côté
Texte et photos d’Étienne Gosselin, agronome, M. Sc.
En octobre dernier, la Fédération des agricultrices du Québec remettait ses prix Agricultrice de l’année, Agricultrice de passion, Agricultrice entrepreneure et Jeune agricultrice. Actionnaire à 50 % de l’entreprise familiale dès ses 19 ans, Marilyn Côté repartait de Drummondville avec le titre de « Jeune agricultrice », une étoile de plus dans son cahier déjà bourré de reconnaissances.
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E
n effet, la dernière année fut faste pour cette native de Saint-Gédéon, au Saguenay–LacSaint-Jean. Marilyn a d’abord eu la surprise d’être couronnée lauréate de Tournez-vous vers l’excellence, de La Financière agricole, concours qui souligne les qualités de la relève agricole en matière de gestion. S’en est suivi le prix Transfert de ferme La Coop, qu’elle a remporté pour ses efforts combinés à ceux de ses parents, Lynda Hudon et Nicolas Côté, afin d’assurer un devenir durable à l’exploitation laitière dont Marilyn constitue la sixième génération, la première génération féminine. Le prix Jeune agricultrice – sa troisième distinction en un an, donc – venait coiffer une année qui n’a pas manqué de panache pour la jeune femme de 25 ans. Marilyn aurait toutefois aimé vieillir encore un peu, a-t-elle dit aux organisatrices de ce concours, question de faire reluire un peu plus un curriculum vitæ pourtant déjà bien rempli!
Cinq vues de Côté
taille de l’entreprise (achat de quota, obtention d’un prêt de quota à la relève et agrandissement de l’étable grâce au repositionnement de la laiterie et de l’atelier-garage). « Les marteaux se sont fait entendre chaque année de 2000 à 2008 », signale Marilyn. Le faible taux d’endettement de la ferme maintenu par Nicolas et Lynda a aussi permis à leur fille de réaliser ces projets qui lui tenaient à cœur.
1) Un Côté fonceur
2) À ses Côtés
Jusqu’à ce que son père, Nicolas, se trouve débordé par les travaux aux champs et à l’étable, Marilyn Côté n’avait jamais vraiment songé à reprendre la ferme familiale, même si elle y travaillait plus souvent qu’à son tour quand elle était au secondaire, par habitude plus que par intérêt véritable. L’appel de papa, si ce n’est l’appel de la terre, a alors résonné en Marilyn, troisième d’une famille de cinq enfants. « Mon père devait partir en voyage de pêche et il n’avait personne pour le remplacer. Je me suis dit qu’il valait mieux travailler chez moi plutôt que de me trouver un boulot d’étudiant en dehors de la ferme. » Sans aucune pression de ses parents, la jeune femme s’est inscrite en gestion et exploitation d’entreprise agricole au collège d’Alma, programme qu’elle a terminé en 2007. « Chaque soir, je transposais à la ferme les notions apprises en classe, ce qui me motivait grandement à avancer dans mes études », note Marilyn. Avant même de passer ses derniers examens, l’étudiante était déjà copropriétaire de la moitié d’une entreprise agricole valant plus de 2 millions $ ! Confiance et assurance des parents ainsi que maturité et discipline de la relève expliquent bien ce transfert expéditif, qui s’étale tout de même sur une période de coexploitation d’une dizaine d’années. Avant de jeter l’ancre dans le rang BelleRivière, Marilyn s’est toutefois assurée de bien préparer son atterrissage sur les terres ancestrales. Avec les 40 000 $ de sa prime à l’établissement et les 23 800 $ du Fonds coopératif d’aide à la relève agricole, elle a pu financer la mécanisation des activités (installation d’un rail pour les trayeuses), augmenter l’efficacité de l’alimentation du troupeau (distributeur de concentrés et déchiqueteuse de balles rondes) et accroître la
Avec son experte-conseil de Nutrinor, l’agronome Annie-Pier Bouchard, Marilyn forme un véritable tandem. « Avant, mon père n’utilisait pas beaucoup les services techniques de notre coopérative. Quand j’ai pris la relève de la gestion du troupeau et de l’alimentation, je me suis assurée de rencontrer Annie-Pier tous les mois. Ensemble, nous passons en revue les vaches une à une, nous obstinant sur la quantité de concentrés à servir à tel animal ou à tel autre », dit Marilyn.
Marilyn mise beaucoup sur ses capacités d’analyse et d’observation pour bien réussir en production laitière. Deux qualités qu’elle juge plus répandues chez les femmes que chez les hommes. Un exemple : lors de la visite du Coopérateur, Marilyn et Annie-Pier exploraient les raisons possibles d’un épisode de diarrhée chez les vaches. Elles suspectaient la présence de microorganismes pathogènes possiblement logés dans la première coupe de foin d’un certain champ mal drainé. u
L’agronome Annie-Pier Bouchard, de la coopérative Nutrinor, assure le service technique, dont ne se prive pas Marilyn Côté, avec des rendezvous mensuels bien chargés.
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L’alimentation à la Ferme des Papinas
Côté travail, Marilyn et Nicolas se répartissent les tâches équitablement. Programme alimentaire, génétique, reproduction, santé et traite sont sous la responsabilité de Marilyn. Les 300 acres en culture et la machinerie sont encore l’apanage de Nicolas. Il n’existe toutefois pas de frontière hermétique entre ses tâches à elle et ses tâches à lui. Enfin, dans un souci de transparence, la comptabilité et la gestion sont des tâches partagées, pour que père et fille soient au même diapason quant à la vigueur financière de la ferme.
3) Changer de Côté Par Annie-Pier Bouchard, agronome Experte-conseil ruminants et équins, Nutrinor Troupeau de 64 vaches Holstein Moyenne de 10 175 kg de lait MCR : 221-224-220 Aussi : 12 vaches Jersey Moyenne de 7373 kg de lait MCR : 245-223-246 Alimentation • Fourrage : ensilage de balles rondes (graminée et légumineuse) traité au Coop-Sile • Concentré : vache par vache
Perçage au sourcil, ongles manucurés et cheveux teints rouge vif: au centre-ville d’Alma ou dans le rayon décoration de la quincaillerie de Saint-Bruno, bien malin qui pourrait dire que cette gracieuse fille trait des vaches, soir et matin. Marilyn assume sa féminité, même en «chienne», en casquette et en bottes de caoutchouc. «L’habit ne fait pas le moine», rappelle-t-elle. Pour ses ongles, elle a voulu encourager une jeune fille de son entourage qui lançait son salon d’esthétique. Marilyn a alors pris goût aux prothèses d’ongles comportant différents dessins. Avec des gants de latex pour la traite, des gants de cuir pour réparer la chaîne du chariot d’ensilage ou des gants de tissu pour les travaux de jardinage, la demoiselle assure qu’elle
peut conserver intactes ses griffes pendant au moins un mois, d’autant que les ongles sont recouverts d’une bonne couche de vernis translucide. (Cette chronique « beauté » terminée, revenons maintenant à nos vaches !)
4) De tous les Côtés Sociable, Marilyn aime quitter ses terres pour s’impliquer dans différentes organisations agricoles. Non pas qu’elle fuie sa ferme, au contraire : en la quittant, elle y revient la tête bourrée d’idées pour sa profession et le corps motivé à continuer le métier. En ayant des amis autant dans le milieu laitier que dans d’autres, agricoles ou non, Marilyn peut mieux apprécier les joies et les difficultés de sa situation d’agricultrice. En ce qui concerne son inclination naturelle à l’implication, tout a commencé pour Marilyn avec son groupe local de relève agricole (Lac-SaintJean-Est), affilié au Centre régional des jeunes agriculteurs, le syndicat régional, lui-même lié à la Fédération de la relève agricole du Québec (FRAQ). Marilyn y a siégé pendant sept ans, dont cinq à la présidence et trois comme déléguée au conseil d’administration provincial de la FRAQ. Elle a ensuite occupé le siège réservé à la relève au sein du Syndicat Belle-Rivière, de l’Union des producteurs agricoles.
Veaux 0-2 mois Lactoremplaceur Goliath 20-18 Goliath VO-21 Deccox Génisses (2 à 6 mois) Aliment Goliath VO-21 Deccox Taures de plus de 6 mois Aliment Synchro 5014 CTG Option 1 Minéral Goliath 12-4 Vaches taries Minéral Transilac VT4-6T Préparation au vêlage Aliment Transilac 14 Vaches en lactation Aliment Synchro 5014 CTG Option 1 Supplément de couverture Synchro 3610V Minéral Synchro 12-12T
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Fille sérieuse avec beaucoup d’aplomb, Marilyn Côté cultive sa féminité et son originalité en travaillant un style qui contraste entre deux vaches !
Actuellement, Marilyn occupe un poste d’administratrice au sein du Réseau Agriconseils Saguenay–Lac-Saint-Jean, du Groupe conseil agricole Lac-Saint-Jean Est et du Syndicat des agricultrices du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Une succession d’implications qui stimulent l’agricultrice et la font connaître partout dans sa région, sinon au Québec. Si bien que, graduellement, l’appellation «la fille de Nicolas» s’est muée en «Nicolas, le père de Marilyn»! Il ne faudrait pas s’étonner de la voir un jour mettre son énergie au profit du mouvement coopératif, qu’elle lorgne du coin de l’œil et qu’elle compte apprivoiser à son rythme.
Prochains objectifs ? S’installer et partager sa vie avec son conjoint – et, qui sait, assurer une septième génération à la Ferme des Papinas.
JEUNES ENTREPRENEURS,
Avez-vous le profil de l’l’excellence ? À gagner :
une bourse de
et
Pour vous inscrire :
5 000 $
deux bourses de
2 500 $
www.fadq.qc.ca
Date limite d’inscription : le 31 mai 2013
Sur cette photo comme dans la vie, Lynda Hudon et Nicolas Côté entourent Marilyn, lui apportant un soutien constant sans être étouffants.
Pour reconnaître l’excellence de la relève agricole!
5) Les bons Côtés
Le Concours Tournez-vous vers l’excellence! s’adresse aux nouveaux entrepreneurs agricoles qui se démarquent par leurs aptitudes professionnelles et leurs qualités de gestionnaires.
Des embûches ? Marilyn n’est pas capable d’en dresser une liste, aussi courte soit-elle. Et sur sa condition de femme en agriculture ? « Ce n’est pas plus facile pour un garçon en 2013 », dit la productrice. Des objectifs communs et une communication du tonnerre permettent d’éviter les conflits entre ses parents et elle. La ferme laitière est simple, ne souffre d’aucun excès et permet d’offrir une qualité de vie enviable à une fille qui bouge comme Marilyn et à des parents qui aspirent à un peu plus de tranquillité. La productivité de l’entreprise (10 200 kg de lait par vache par année), sa rentabilité (performances technicoéconomiques parmi les meilleures de la région, car la ferme est toujours dans le groupe de tête du groupe conseils agricoles) et sa taille respectable (72 kg de quota) permettent à la jeune femme de vivre convenablement de la production laitière et à ses parents de jouir d’une préretraite confortable.
Conditions générales d’admission* Être en affaires dans l’entreprise depuis deux à sept ans Avoir entre 18 et 40 ans Détenir au moins 20 % des parts de l’entreprise Avoir reçu une subvention au démarrage ou à l’établissement en vertu du Programme d’appui financier à la relève agricole ou la confirmation que cette aide sera accordée Les 10 finalistes du Concours seront invités à participer au dévoilement des lauréats, qui aura lieu le 7 novembre 2013 à Drummondville lors du Colloque Gestion, du Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ).
bourse de
1 500 $
Le FIRA décernera une bourse de 1 500 $ à l’un des 10 finalistes qui se démarquera par son profil d’excellence et qui aura démarré son entreprise ou se sera établi en dehors du cadre familial.
* Pour connaître le détail des conditions d’admission, consultez le formulaire d’inscription accessible dans le site Web de La Financière agricole.
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De porc en porc
Par Étienne Hardy, agronome
Premier directeur Service de la production porcine La Coop fédérée etienne.hardy@lacoop.coop
Lettre à un producteur de grandes cultures
PHOTO : MARTINE DOYON
Cher voisin, On se connaît depuis toujours, mais depuis qu’on a spécialisé nos productions, on vit dans deux mondes distincts. Comme un vieux couple, on habite sous le même toit, on fait quelques affaires ensemble, voire presque toutes, mais on ne se parle plus. Parfois, j’ai l’impression qu’on ne se consulte plus pour statuer de la prise en charge des responsabilités de chaque membre de notre ménage. Bref, cher voisin, je pense qu’il faut qu’on se parle. Au Québec, vous et les gens de votre production, vous produisez grosso modo 4,5 millions de tonnes de grains (céréales et maïs) et le secteur du porc en consomme 2,4 millions de tonnes. C’est plus de 50 % de votre production totale. Notre travail collaboratif fait en sorte que vous recevez une prime positive liée au prix de Chicago. Sans ce travail conjoint, il vous faudrait exporter votre grain au prix de Chicago, moins le transport, et concurrencer les Brésiliens et les Américains. Vous seriez ni plus ni moins dans la même situation que l’industrie porcine québécoise dans un marché d’exportation. Notre relation est donc essentielle. Ainsi, on peut se poser une question : vaut-il mieux exporter votre grain sous forme de viande ou de matière brute ? Vous me direz que je suis biaisé, mais je crois qu’on a généralement avantage à transformer nos produits, tant pour ce qui vient de nos mines que pour ce qui vient de nos terres. C’est bien connu: la valeur ajoutée est dans la transformation et dans la différenciation. À condition, bien sûr, d’avoir un système manufacturier efficient et de répondre à une demande du marché pour ce produit. Ça tombe bien, le porc est la viande la plus consommée dans le monde, et la tendance n’est pas prête de s’essouffler avec la croissance en Asie et l’amélioration de la capacité d’achat de ce marché. Pour la différenciation, on peut compter sur le porc certifié La Coop grâce à sa génétique, son alimentation et son cahier de charges particulier à la production d’une viande de qualité supérieure et à différenciation sur les marchés d’exportation.
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Parlant de qualité et de réponse aux besoins du client, certaines années – comme cette année –, vous nous fournissez des grains de qualité, c’est-à-dire sans mycotoxines (<1 ppm). La croissance des porcs est extraordinaire. Les conversions alimentaires de 25 à 120 kg sont sous les 2,35 (c’est-à-dire qu’il faut 2,35 kg de moulée consommée pour faire 1 kg de gain de poids vif). Mais quand la qualité n’y est pas, comme ce fut le cas l’an passé (>3-4 ppm), nous vivons des cassetêtes en élevage et à la meunerie. Les problèmes de santé et de stress des porcs sont amplifiés. On voit notamment apparaître de la caudophagie (les porcs se mangent la queue), on enregistre davantage de mortalité et les truies viennent en chaleur plus difficilement. Dans ces conditions, l’efficacité alimentaire est touchée, la conversion est exécrable (>2,70) et les coûts de production augmentent considérablement. Il nous faut alors acheter du grain de l’extérieur pour diluer les toxines dans la ration et en réduire l’impact. Pas très gagnant comme situation. Ni pour vous, ni pour nous. Il doit certainement y avoir moyen d’améliorer cette situation. Je sais que les conditions climatiques estivales du Québec, chaudes et humides, sont propices au développement de moisissures et de mycotoxines. Mais n’existe-t-il pas des pratiques qui permettraient d’en réduire l’incidence? Peut-être pourrions-nous bénéficier de l’expertise de nos experts-conseils en grandes cultures pour trouver des solutions ensemble ? Une première amélioration serait de voir à ne pas mélanger les silos de bons grains avec les moins bons lors de la récolte et des transbordements. On remarque trop souvent cette pratique et, malheureusement, le consommateur de grains en paie les frais. Alors je me tourne vers vous, cher voisin, pour m’aider à mieux exporter vos grains. Loin de moi l’idée de vous blâmer, mais à force de ne pas se parler, on finit par trop s’éloigner. Et quand on y pense bien : on élève les cochons ensemble.
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© 2013 Boehringer Ingelheim Vetmedica Inc. Enterisol Ileitis, Ingelvac CircoFLEX, Ingelvac MycoFLEX, Ingelvac PRRS MLV, Ingelvac PRRS ATP et Ingelvac 3FLEX sont des marques déposées de Boehringer Ingelheim Vetmedica, GmbH, Ingelheim, Allemagne.
Porc
Josée Niquette, agronome Coordonnatrice de la qualité Porc certifié La Coop La Coop fédérée josee.niquette@lacoop.coop
Survol pratico-pratique d’un quai de chargement Les quais de chargement doivent nous faciliter la tâche pour l’expédition des animaux vers l’abattoir.
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PHOTO : LA COOP FÉDÉRÉE
epuis de nombreuses années, les exigences de mise en marché ont incité les entreprises porcines à augmenter le poids d’abattage de leurs animaux. On a dû adapter les bâtiments et la gestion à cette nouvelle réalité de production de porcs plus lourds. Les quais de chargement n’échappent pas à cette nécessité de rénovation de ses installations.
Un fait vécu Un exemple pratico-pratique d’un quai avant et après adaptation est présenté à la page 36. « Les porcs montent tout seuls dans le camion », s’accordent pour dire l’éleveur et le transporteur depuis les améliorations apportées au quai. Bien sûr, le fait que le passage de l’engraissement à la montée dans le camion n’ait pas ou presque pas de pente aide grandement. Autre détail important : le passage est exempt d’obstacles. Lors de la construction de cette annexe, le seuil de la porte a été enlevé. La porte de la montée de l’annexe
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extérieure, une fois ouverte, se fond dans le mur et la remorque du camion a la possibilité de se coller directement aux coussins d’étanchéité de la sortie de la montée. Bref, dans ce cas-ci, avec la luminosité adéquate (on devrait être capable de lire aisément un journal à bout de bras dans la montée) et l’élimination des facteurs environnementaux (objets inconnus, courants d’air, lumière extérieure aveuglante), les porcs entrent aisément dans le camion et sans utilisation du bâton électrique.
Recommandations d’usage Il est recommandé que les installations de chargement soient bien éclairées, de préférence avec un éclairage diffus à incandescence, car cela réduit les ombres et les contrastes qui peuvent conduire les animaux à résister. En outre, lors du passage vers une nouvelle zone, comme le camion, l’éclairage idéal est celui qui passe du plus obscur au plus clair, car les animaux ont tendance à résister à se plonger dans l’obscurité.
Pour l’évaluation des quais Après un sondage réalisé auprès de camionneurs de la région de la Montérégie, le constat est le suivant : il y a une très grande variabilité de conception de quais. Afin d’améliorer la sortie des porcs, le quai est certes important, mais la conception du bâtiment vers la sortie n’est pas à négliger, sans oublier l’attitude que devra avoir la personne qui manipule les porcs, bien entendu. Néanmoins, voici quelques points favorisant grandement le travail des camionneurs et des producteurs : - Les corridors ne forment pas d’entonnoir (voir la figure 1). - Le corridor devrait avoir entre 36 et 42 po (1,1 m) de largeur, assez pour permettre le passage de deux porcs en retrait l’un de l’autre. - Les tournants à 90° sont à éviter. - Il ne doit pas y avoir de pente à pic du bâtiment vers le camion. - Le parcours idéal ne devrait pas comporter de pente du tout, et avoir un revêtement au sol et un corridor non contrastant avec le reste du bâtiment.
Figure 1
- Si une pente montante est nécessaire pour atteindre le camion, elle ne devrait pas excéder 20° et la surface de montée devrait être antidérapante avec des échelons tous les 6 à 8 po (20 cm) pour des porcs prêts pour l’abattoir.
La gestion de la sortie On aura beau avoir le quai idéal et des corridors de la bonne largeur, mais si on ne connaît pas le comportement d’un porc normal, rien ne va plus ! Un autre élément qui facilite grandement le déplacement des porcs est l’absence de présence humaine directement devant eux (voir la figure 2). Les porcs sont pris en charge par le camionneur directement dans la montée grâce à une rampe ou à un corridor qui leur est adjacent. Pour que cela fonctionne rondement, il faut par contre avoir une longueur acceptable de montée, soit l’équivalent de cinq à six porcs en longueur. En plus de faciliter le travail, cette pratique répond bien aux exigences de biosécurité, car le camionneur reste dans l’annexe extérieure au bâtiment et « tourne en rond ». Les chances de retour des animaux du camion vers le bâtiment sont pratiquement nulles. Une fois la remorque bien apposée à la sortie du quai, les porcs sont moins affectés par les vents, la lumière aveuglante et les intempéries. De plus, si le manipulateur maîtrise mal la position à adopter pour déplacer les porcs (zone de fuite et comportement du groupe) et se place devant les animaux, cela oblige les porcs à battre en retraite (voir l’article « La manipulation des porcs avant l’abattage ou comment “penser cochon” » dans l’édition d’octobre 2011 du Coopérateur agricole). L’attitude du manipulateur y fait aussi pour
Les coordonnatrices, porc certifié La Coop, Josée Niquette et Marie-Josée Turgeon, ainsi que Catherine Michaud, conseillère logistique en production porcine à La Coop fédérée, ont collaboré au projet « Quais de chargement » du Centre de développement du porc du Québec (CDPQ). Elles ont entre autres participé à l’élaboration de l’outil d’évaluation des quais pour les producteurs porcins. On peut consulter ce document à l’adresse suivante : www.cdpq.ca/recherche-etdeveloppement/projets-derecherche/projet-194.aspx.
En prenant une heure de son temps pour faire une autoévaluation, qui sait combien de temps on pourra gagner par la suite !
Figure 2 Accès pour le camionneur qui tourne en rond
Camion
Bâtiment Montée des porcs
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Enfin, il importe de ne pas oublier la mise à jeun des porcs (entre 16 et 24 heures selon l’aliment), ce qui à la fois facilite le déplacement des animaux et permet l’économie de moulées non digérées. En plus, cela diminue les cas de porcs essoufflés, ainsi que les risques de mort durant le transport et de contamination à l’abattoir. À ce sujet, il faut lire ou revoir les articles « Mise à jeun des porcs : bien mesurer pour (encore) mieux gérer », dans l’édition de juillet-août 2012, et « Le jeûne avant l’abattage, payant pour tous ! », dans l’édition d’avril 2011. Avec une bonne conception du bâtiment et de son quai de chargement, de même qu’une bonne gestion de la sortie des porcs vers l’abattoir, on réduit considérablement le stress et les risques de blessures chez les humains et les porcs, le nombre d’animaux fragilisés (porcs fatigués lors du chargement), les meurtrissures ou égratignures sur la carcasse une fois les porcs rendus à l’abattoir et, surtout, des pertes évitables dans le transport, dans le local d’attente à l’abattoir, de même que sur la chaîne d’abattage pour cause de parage.
PHOTOS : JOSÉE NIQUETTE
beaucoup. Habituellement, une attitude calme et cohérente facilite grandement le chargement des porcs dans le camion. De petits groupes de cinq ou six animaux sont plus faciles à déplacer. Il faut tenir compte du niveau de peur, de la volonté d’avancer des porcs – c’est-à-dire s’ils sont déjà de nature nerveuse ou calme –, des installations (obstacles minimes ou distractions) ainsi que de l’expérience des manipulateurs. On sait que les distractions connues, comme le seuil et le cadrage des portes, le drain au sol ou de la quincaillerie dans le passage, ralentissent la progression ou la stoppent même, et peuvent conduire à ce que les animaux fassent demi-tour. Le déplacement des porcs s’effectue de façon efficace en petits groupes où on peut contrôler le porc de tête. Un autre exemple de distraction souvent observée : les manipulations autres que le chargement en tant que tel. Par exemple, le tatouage des porcs devrait s’effectuer dans les semaines précédant la sortie et non pas en chargeant les porcs dans le camion (voir à ce sujet la fiche technique sur le tatouage du porc certifié La Coop).
Sortie des porcs avant et après la construction d’une annexe
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F i l i è r e p o r c i n e c o o p é r at i v e
Par Jessy Blanchette, M. Adm. Conseillère en communications La Coop fédérée jessy.blanchette@lacoop.coop
Profession : coordonnateur à la formulation
PHOTO : JESSY BLANCHETTE
Diplômée en agriculture générale de l’Université McGill, membre de l’Ordre des agronomes du Québec et titulaire d’une maîtrise en alimentation des vaches laitières, Pascale Sarrazin a porté quelques casquettes avant de se joindre au réseau La Coop en tant que coordonnatrice en formulation monogastrique.
Pascale Sarrazin Coordonnatrice en formulation monogastrique La Coop fédérée
Ventes
Besoins du client Nutrition
Paramètres nutritionnels
Approvisionnement Coûts et disponibilité des ingrédients
Formulation Fabrication
Contraintes de fabrication
Qualité
Normes de qualité
Le parcours de Pascale lui a notamment permis de travailler dans des fermes laitières au Québec et en Nouvelle-Zélande et d’enseigner aux niveaux collégial et universitaire. Cela fait toutefois huit ans qu’elle a quitté le « plancher des vaches » pour devenir responsable de la formulation du secteur porcin à La Coop fédérée. Le travail de coordonnateur en formulation comporte deux volets principaux. En tout premier lieu, le coordonnateur (gestionnaire) est responsable de l’équipe de formulation attitrée à l’un ou l’autre des deux secteurs des productions animales (ruminants ou monogastriques). L’autre volet (formulateur) consiste principalement à élaborer des recettes (ou formules) optimales d’aliments en tenant compte de nombreux facteurs : prix et disponibilité des ingrédients, standards nutritionnels, texture de l’aliment, etc. Le formulateur de La Coop fédérée travaille étroitement avec le nutritionniste, le Service des achats, le Service de l’assurance qualité, le personnel des meuneries, les directeurs des ventes et experts-conseils du réseau ainsi que l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA).
performance de l’aliment pour les producteurs, la diminution des coûts pour les meuneries, les contrats en vigueur dans les coopératives, la disponibilité des ingrédients par le Service des achats, etc. C’est dans la rigueur de son travail qu’elle trouvera l’équilibre recherché entre tous ces éléments dans la formule.
Mission : optimisation !
Au sein de la Filière porcine coopérative, le formulateur peut jouer un rôle considérable. Son travail permet entre autres de générer des économies importantes dans l’alimentation, un élément de base de la production. L’expertise et les services offerts par le Service de formulation, tels que la gestion des volumes d’ingrédients disponibles, les simulations et les analyses de dossiers, gagnent à être utilisés par l’ensemble du réseau. Nous remercions Pascale Sarrazin pour sa participation et lui souhaitons une bonne continuation dans son travail.
Le travail de Pascale est en étroite relation avec celui du nutritionniste. D’ailleurs, il n’est pas rare que de plus petites entreprises ne fassent pas de distinction entre ces deux postes. Concrètement, c’est à partir des standards nutritionnels fournis par le nutritionniste (ratios d’acides aminés, de minéraux, de protéines, etc.) qu’elle établira la recette optimale pour l’alimentation des porcs. Cette optimisation de la formulation, elle la réalise en considérant de nombreux facteurs et demandes des autres secteurs, par exemple la
Toutes autres tâches connexes… Outre l’optimisation de la formulation hebdomadaire en fonction du prix et de la disponibilité des ingrédients, Pascale reçoit plusieurs demandes au quotidien. Que ce soit pour l’étiquetage des produits (volet légal et règlementaire avec l’ACIA), les simulations économiques et nutritionnelles, les formules de fabrication à la ferme, les demandes de nouvelles formules et de produits personnalisés, elle doit composer avec des délais très courts, un environnement des plus volatils et l’interdépendance des intervenants de chaque secteur. Un défi qui demande une bonne capacité à gérer le stress et les priorités et qui requiert un bon esprit d’analyse.
Un rôle charnière
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Vol aille
Denis Caron,
agronome, M. Sc.
Quel est votre profil ?
Nutritionniste en production avicole La Coop fédérée denis.caron@lacoop.coop
L’enrichissement constant des connaissances en élevage, en nutrition et en génétique entraîne indéniablement une amélioration des performances. Par conséquent, il faut ajuster les aliments dans le temps afin de répondre aux besoins des poulets qui évoluent.
A PHOTOS : JEAN-MARC RAYMOND
fin de rester dans le peloton de tête, les aliments pour poulets de chair du réseau La Coop sont maintenant offerts avec deux profils nutritionnels. Comme présenté à la journée avicole La Coop de l’an dernier (juin 2012), un profil de base garantit des résultats satisfaisants, et un profil plus dense en nutriments vous permet d’atteindre des résultats supérieurs. Nous testons constamment nos aliments en conditions commerciales, et ces tests nous ont permis de chiffrer les impacts des deux niveaux nutritionnels de nos aliments. Les données se confirment dans le temps, car les écarts observés entre les résultats obtenus avec les deux densités nutritionnelles se répètent et se maintiennent. La différence majeure sur le plan des résultats entre les deux densités nutritionnelles se trouve dans la conversion alimentaire des oiseaux. Résultat de la division de la quantité d’aliments consommés par le poids d’abattage des oiseaux, le programme plus dense réduira de 0,070 (ou 4 %) le quotient de ce calcul. Il en résultera, par le fait même, un rendement économique accru. Un gain de poids journalier augmenté est aussi une conséquence des aliments plus denses en nutriments (atteinte plus rapide du poids d’abattage désiré).
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Dans un contexte où le coût des aliments est élevé, comme c’est le cas présentement au Québec, il y a quelques points à observer : • Réduire le temps d’élevage (sortir les poulets le plus vite possible – atteindre le poids d’abattage visé le plus rapidement possible) • Viser la conversion alimentaire la plus basse possible • Investir dans un aliment un peu plus coûteux, mais plus dense en nutriments • Respecter le poids d’abattage visé (c’està-dire ne pas le dépasser, car les poids « records » coûtent très cher à atteindre) Dans le contexte actuel, ces éléments nous motivent à préférer le profil nutritionnel plus dense, à condition d’être conscients que ce profil demande plus d’attention ou, autrement dit, diminue le droit à l’erreur en cours d’élevage. Bien que les aliments avec profil standard soient plus « conservateurs » en ce qui concerne les résultats, il n’en demeure pas moins qu’il faut s’occuper autant de nos oiseaux et veiller à maintenir un niveau de gestion élevé. Le réseau La Coop vous offre donc deux options: obtenir des résultats plus «conservateurs» avec un aliment de base, ou investir un peu plus dans un aliment plus dense et atteindre en retour des rendements plus élevés. C’est comme un profil d’investisseur quand on magasine des produits financiers: il faut être suffisamment à l’aise avec son choix pour bien accepter les conséquences qui en découlent. Le conseiller en aviculture de votre coopérative est le mieuxplacépourévaluervotre«profil».Consultez-le. Bon succès dans vos élevages de poulets de chair !
l’avenir incertain d’un carburant « écolo » Par Nicolas Mesly
Deux superpuissances agricoles, les États-Unis et le Brésil, rivalisent pour produire de l’éthanol. L’une mise sur le maïs pour faire carburer son parc automobile à « l’essence verte », tandis que l’autre mise sur la canne à sucre. Certes, noble est la cause consistant à brûler de l’éthanol dans les moteurs pour lutter contre les GES, mais ce biocarburant alimente surtout une grogne alimentaire mondiale. Aux pieds de ces géants, le Québec a fait un pari audacieux pour voler au-dessus du débat « carburant contre nourriture ». Et ses producteurs agricoles font partie de cette mise.
PHOTO : BERNARD DIAMANT
Dossier Éthanol
Éthanol :
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Éthanol
L’industrie américaine de l’éthanol « On a transféré sept billions de dollars au Moyen-Orient depuis le premier embargo pétrolier, en 1973. On va créer des jobs ici ! C’est une question de sécurité énergétique et de pressions environnementales », clamait Bob Dinneen1. Le président de la Renewable Fuels Association (RFA, l’association états-unienne des carburants renouvelables) prenait le Québec à témoin lors de son allocution au sommet mondial de l’industrie nord-américaine naissante des biocarburants, au Château Frontenac. C’était il y a 10 ans. Et l’homme a tenu parole.
L
1 « Les enjeux d’un carburant écolo », Le Coopérateur agricole, édition janvier 2004 www.lacoop.coop/ cooperateur/articles/2004/01/ p34.asp
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es États-Unis ont mis pleins gaz pour produire de l’éthanol à partir de maïs, principalement pour se sevrer de l’or noir et ne plus financer de pays ennemis, soit l’Iran, l’Irak, le Venezuela… Depuis la dernière décennie, les usines ont poussé comme des champignons dans la « Corn Belt », le grenier alimentaire américain. Leur nombre est passé de 68 à 211. La production d’éthanol a quintuplé ! Et les États-Unis ont rapidement coiffé le Brésil, champion mondial de ce biocarburant, fabriqué dans ce pays à partir de canne à sucre. Vendu à la pompe sous le sigle E10 (mélange de 10 % d’éthanol et de 90 % d’essence), l’éthanol-maïs représente 10 % du stock d’essence qui fait rouler les voitures américaines. L’année dernière, cette « essence verte » made in USA a substitué 460 millions de barils de pétrole qui, autrement, aurait dû être importés d’Arabie Saoudite, selon la RFA. Si l’industrie américaine de l’éthanol a connu une croissance fulgurante, c’est d’une part grâce à l’adoption en 2007 de la Loi sur l’indépendance et la sécurité énergétiques, sous la présidence de George W. Bush. Cette loi prévoit un quota de production de carburant renouvelable de 137 milliards de litres d’ici 2022 (Renewable Fuel Standard ou RFS). D’autre part, l’industrie américaine de l’éthanol n’aurait pas vu le jour sans être arrosée de généreuses subventions : 41 milliards $ US depuis le début des années 1980, selon une étude du Congressional Budget Office (CBO). Mais Bob Dinneen ne manque pas de rappeler que l’industrie pétrolière bénéficie de subventions bien plus
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importantes. Et il en profite pour écorcher le Canada au passage : « L’industrie de l’éthanol est bien plus écologique que le pétrole non classique des sables bitumineux de l’Alberta ! » lance-t-il. Toutefois, les vertus écologiques de l’éthanol ont été démontées il y a belle lurette. Vrai qu’un mélange essence – éthanol-maïs peut diminuer les émissions de gaz à effet de serre (GES) de 20 % et que ce biocarburant permet de réduire l’emploi d’additifs toxiques, comme le benzène, dans les moteurs automobiles. Mais la quantité d’énergie requise pour produire du maïs aux États-Unis est colossale : diésel nécessaire pour les semis, pour l’épandage d’engrais et de pesticides ainsi que pour la récolte. Sans compter qu’il n’existe aucun pipeline pour acheminer l’éthanol produit dans le Midwest vers les marchés populeux des côtes est et ouest des États-Unis. (L’éthanol, un produit corrosif, corrompt la tuyauterie.) Plusieurs études corroborent le fait que la consommation énergétique de la production d’éthanol-maïs annule ses effets bénéfiques pour l’environnement.
Un été chaud ! Lors de la crise financière, économique et alimentaire de 2008, l’industrie américaine de l’éthanol s’est retrouvée au cœur de la controverse « pétrole contre nourriture », un débat « émotif », selon M. Dinneen. Les États-Unis sont le plus gros producteur de maïs de la planète (100 fois la production du Québec). Et 40 % de cette production est aujourd’hui vouée à la production de bioéthanol. « On a injustement attribué aux
économie moribonde, le président de la RFA a su faire résonner l’importance « des 400 000 emplois générés par l’industrie des biocarburants ». De l’autre, aucun des deux candidats ne pouvait s’aliéner les électeurs de l’Iowa. Ce petit État rural d’à peine trois millions d’habitants est le berceau de l’industrie de l’éthanol-maïs. C’est là que l’on trouve le plus d’usines. Et c’est surtout l’un des neuf États clés dont les votes décident le plus souvent qui occupera le fauteuil de la Maison-Blanche. Outre cette réalité politique, en novembre dernier, la puissante Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) concluait dans ses analyses que la suspension du quota de production d’éthanol-maïs « n’aurait réduit en moyenne les prix du maïs que de 1 % ». M. Dinneen s’est félicité de ce constat par voie de communiqué.
Robert Dinneen, président de la Renewable Fuel Association, l’un des principaux groupes pro-éthanol des États-Unis.
Les géants prennent le contrôle Toutefois, les envolées du prix du maïs font des victimes collatérales au sein même des producteurs d’éthanol. En 2008, les principales victimes ont été les coopératives agricoles. « Celles-ci constituaient la colonne vertébrale de cette industrie. Elles produisaient près de 50 % de l’éthanol. Mais en 2009, leur part a diminué à 38 % », explique John Urbanchuk, consultant chez Cardno Entrix et auteur d’un rapport sur l’état de l’industrie américaine de l’éthanol (2010) pour le département du Commerce2. Les faibles marges de profit expliquent le phénomène. La société POET est devenue le premier producteur d’éthanol-maïs aux États-Unis en raflant la mise de plusieurs coopératives agricoles. Et Valero, raffineur de pétrole et propriétaire d’Ultramar, s’est catapulté au troisième rang en acquérant VeraSun, un gros producteur d’éthanol acculé à la faillite. Le deuxième rang appartient à ADM, troisième multinationale agroalimentaire au monde et reine de la technologie de la transformation du maïs en éthanol et autres composés. Selon M. Urbanchuk, l’industrie américaine de l’éthanol-maïs est aujourd’hui « un marché mature ». Et elle évolue dans un contexte plus
PHOTO : NICOLAS MESLY
biocarburants la seule responsabilité de l’augmentation des prix du grain en 2008. Même la FAO a reconnu que les grands spéculateurs, comme les fonds spéculatifs, et la demande des pays émergents, comme la Chine, ont joué un rôle très important », souligne-t-il. L’été dernier, les États-Unis connaissaient la pire sècheresse en 56 ans, et le prix du maïs a bondi de 60 % ! L’industrie des biocarburants s’est retrouvée à nouveau plongée dans la controverse, cette fois en pleine campagne électorale. Quatre gouverneurs, des dizaines de sénateurs et 150 élus de la Chambre des représentants demandaient à l’administration Obama, par voie de pétition, de renoncer au quota d’éthanol-maïs. Cela pour faire baisser le prix du petit grain jaune. Leurs doléances faisaient écho à celles des producteurs de bovins, de porcs et de poulets. « La production d’éthanol, aidée par les subventions de Washington, gonfle artificiellement le prix du maïs. C’est une entorse au libre marché », confiait le président de la National Cattlemen’s Beef Association en entrevue au New York Times. Aux éleveurs qui se plaignent de la cherté du maïs, M. Dinneen répond que le tiers de chaque boisseau de maïs transformé en éthanol leur est retourné sous forme d’aliments de haute qualité. Et que ceux-ci contribuent positivement à la balance commerciale du pays. « En 2011, nous avons produit 39 millions de tonnes de drêche, dont 8 millions ont été exportées », dit-il. Une étude de l’Université A&M du Texas révélait aussi que la transformation de maïs en éthanol se traduit par l’augmentation annuelle de la facture d’épicerie des Américains de 40 milliards $ US. Jusqu’au directeur général de la FAO, inquiet d’une répétition des émeutes de la faim de 2008, qui demandait à Washington de suspendre la législation américaine sur le bioéthanol en faveur de l’alimentation humaine et animale. Ni le candidat démocrate à la présidence, Barack Obama, ni son rival républicain, Mitt Romney, ne se sont montrés en faveur de cette demande. D’une part, dans une campagne électorale axée sur la création d’emplois pour relever une
PHOTO : JIM GILL, BBI INTERNATIONAL
se heurte à un mur
Tom Vilsack, secrétaire à l’agriculture aux États-Unis.
2
« Current State of the U.S. Ethanol Industry », John Urbanchuk, Cardno Entrix, U.S. Department of Energy, 2010
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Projection de consommation de biocarburants 2009-2022 150
Éthanol
125
Milliards de litres
100
Éthanol-maïs Biocarburant cellulosique (Éthanol ou biodiesel) Éthanol importé Biodiesel
75 50 25 0 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 Source : EPA
concurrentiel. En 2011, le président Obama a mis un terme aux deux principales mesures qui ont permis à cette industrie de pousser rapidement au cœur de l’Amérique. L’une favorisait la vente d’un mélange d’éthanol-maïs de 10 % à la pompe à essence en subventionnant les raffineurs. L’autre protégeait l’industrie américaine naissante contre les importations d’éthanol brésilien grâce à un tarif. L’analyste prévoit une nouvelle vague d’acquisitions et de concentration de l’industrie, après la hausse du prix du maïs, l’été dernier, qui a forcé la fermeture définitive ou temporaire de 26 usines. Parmi les acteurs à surveiller sur ce nouvel échiquier, d’après lui : la deuxième société pétrolière au monde, Shell, et le géant de l’agrochimie, DuPont.
Le mur L’industrie américaine du bioéthanol se heurte aujourd’hui à un premier mur appelé blending wall, parce que la loi limite la vente aux automobilistes d’un mélange d’essence E10. L’année dernière, toutefois, le Congrès a approuvé la vente d’un mélange d’essence E15. Cette décision, chaudement applaudie par la RFA, va créer une demande supplémentaire de plusieurs milliards de litres d’éthanol. M. Dinneen aimerait bien que l’Amérique, à l’instar du Brésil, se dote d’un parc de véhicules hybrides qui carburent à l’E85 (15 % d’essence et 85 % d’éthanol). Les trois géants de l’automobile – Ford, Chrysler et GM – ont manifesté leur intention de construire ce genre de véhicules. Mais les propriétaires de ces engins superécolos ne peuvent s’approvisionner que dans 2100 stations d’essence, moins de 2 % de tous les points de vente de carburant des États-Unis.
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Toutefois, le véritable mur dans lequel fonce cette industrie est « technologique ». D’ici 2022, pour éviter la tenace controverse « carburant contre nourriture » et avoir une meilleure empreinte écologique, près de 60 % du biocarburant produit ou importé aux États-Unis devra être fabriqué avec autre chose que l’amidon du maïs. Cet éthanol de deuxième, voire de troisième génération pourra être conçu à partir de sorgo sucré, de canne à sucre, de betterave à sucre, d’épis de maïs, de panic érigé, de déchets forestiers, de déchets urbains ou encore d’algues. Depuis le dernier Farm Bill (2008), l’administration Obama a accordé 2 milliards $ en aides à l’industrie et en subventions de recherches. Résultat : en 2013, huit nouvelles usines d’éthanol de deuxième génération vont commencer à produire ce biocarburant chez l’Oncle Sam, dont une filiale de la compagnie québécoise Enerkem (voir l’article « Éthanol : Québec, un leader mondial ? »). Toutefois, ces bioraffineries coûtent trois fois plus cher que les usines de la filière classique éthanol-maïs. Bien que Washington marche au-dessus d’un gouffre fiscal, l’administration Obama a prolongé certaines mesures pour permettre aux usines dernier cri de pousser dans ce nouveau terreau plus concurrentiel.
Qui, du Brésil ou des États-Unis, aura le dernier mot ? M. Urbanchuk croit que pour répondre à la formidable demande américaine de biocarburants nouvelle génération – 80 milliards de litres d’ici 2022 – les puissants acteurs comme Shell ou
Dix plus grandes entreprises américaines d’éthanol (2010) POET Archer Daniels Midland Valero Renewable Fuels Green Plains R.E. Big River Resources The Andersons White Energy Aventine Energy LLC Biofuel Energy Flint Hills Resources
G litres
% du marché
5,8 5,4 4,3 1,9 1,2 1 0,976 0,923 0,87 0,832
11,90 % 11,20 % 8,70 % 3,90 % 2,40 % 2,10 % 2% 1,90 % 1,80 % 1,70 %
Source : Renewable Fuel Association et Cardno Entrix
Capacité de production d’éthanol coopératives par rapport aux entreprises privées
Définitions : 1. Éthanol de première génération = fabriqué à partir d’amidon de maïs ou de sucre de canne 2. Éthanol de deuxième génération = fabriqué à partir de cellulose d’épis de maïs, de paille, de panic érigé, de biomasse forestière ou encore de déchets urbains dans des usines gazogènes 3. Éthanol de troisième génération = fabriqué à partir d’algues
2005
2006
2007
2008
2009
Nombre de coopératives
40
46
48
40
38
Entreprises privées Capacité production, coopératives (G litres) Capacité production, compagnies (G litres)
41
49
63
102
151
5,2
6,3
6,9
6,1
7,7
8,2
10
13
24
37
Source : Renewable Fuel Association et Cardno ENTRIX
DuPont vont préférer investir en Amérique du Sud plutôt qu’en Amérique du Nord. La raison : les investisseurs miseront sur une technologie éprouvée. La canne à sucre brésilienne produit déjà deux fois plus d’éthanol à l’hectare que le maïs. Et les usines du géant vert sud-américain convertissent leur production en fonction du prix international soit du sucre, soit de l’éthanol. « Si, en plus, les chercheurs arrivent à extraire l’éthanol cellulosique de la baguasse [résidus fibreux de la canne], les Brésiliens auront le vent dans les voiles ! » croit-il. Selon lui, à l’avenir, le parc automobile américain roulera davantage avec de l’essence verte produite au Brésil ou dans les pays limitrophes. Les importations d’éthanol brésilien ont d’ailleurs triplé aux États-Unis en 2012. Reste à voir quel lapin M. Dinneen sortira de son chapeau pour contrer le phénomène.
Efficacité des matières premières biologiques et impacts environnementaux Rendement
Rendement de la Utilisation Utilisation Intrants Utilisation du carburant Tous les biocarburants neÉmissions de la même façon. L’Organisation des Nations conversion énergétique d’engrais de pesticides énergétiques de l’eau desont GES* pas créés (Litres/ha) unies met un bémol Équivalent à sur chacune des productions en ciblant son empreinte sur la planète 1 tonne de: pétrole selon ces critères ÉTHANOL Élevépour faire Élevépousser Élevé • Le nombre d’hectares de terre requis la planteÉlevé énergétique 1 135 à 1 à 1,1 1 900 à 85 Maïs • La protection de la 81 biodiversité • Les besoins en eau Efficacité premières biologiques et • L’impact des sur la matières sécurité alimentaire
impacts environnementaux 8 à 10,2 Canne Rendement de la conversion énergétique à sucre
Émissions 4 à 12 de GES*
Élevé Utilisation de l’eau
Élevé Utilisation d’engrais
Moyen Moyen Utilisation Intrants de pesticides énergétiques
Élevé Élevé
Élevé Moyen
MoyenÉlevé faible
MoyenÉlevé faible
Élevé
Élevé Moyen
Moyen Faible
Moyen Faible
Élevé
Moyen
Moyenfaible
Moyenfaible
Élevé
Moyen
Faible
Faible
5 300 à 6 500 Rendement du carburant (Litres/ha)
Équivalent à 1 tonne de pétrole
Tendance de la production mondiale de biocarburants 2005-2017 120
Milliards de litres
100
ÉTHANOL BIODIESEL Maïs Soya
Canada Chine UE
Éthanol Inde
80
Huile Canne de palme à sucre
1 à 1,1 1,9 à 6
98 à 10,2
8149 à 85
4 à5112
1225 135àà 1350 900
5 300 à 64 500 760
Brésil
60
BIODIESEL Soya
40
1,9 à 6
49
225 à 350
États-Unis
20
2005
2010
2015
2017
Huile de palme
9
51
4 760
Source : FAPRI,U.S. and World Agricultural Outlook, 2008.
Note : *Diesel = 83 kg CO 2 /MJ carburants Source : M. Groom et al., Biofuels and Biodiversity: Principles for Creating Better Policies for Biofuel Production, Consevation Biology, 2008; CIA, The World Factbook , 2010.
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Éthanol
Éthanol : Québec, un leader mondial ? Jean Roberge a déjà doté la province de sa première usine éthanol-maïs. Avec ses partenaires, il entend bien monter au Québec une bioraffinerie intégrée capable de battre les géants producteurs « d’essence verte » que sont les Américains et les Brésiliens. Voici son plan.
L PHOTO : NICOLAS MESLY
e directeur général de l’usine Éthanol GreenField, Jean Roberge, est catégorique : « Faut arrêter de penser que l’on va produire de l’éthanol avec une seule plante, que ce soit du maïs ou de la canne à sucre ! » Il y a six ans, cet ingénieur à la carrure de joueur de football a inauguré une usine d’éthanol-maïs à Varennes. Du coup, il offrait un nouveau marché à quelque 400 producteurs de grains de la province. Dans sa stratégie de lutte contre les GES, Québec a prévu la construction d’une seule raffinerie d’éthanol-maïs, justement pour éviter le controversé débat « carburant contre nourriture ». À ce sujet, M. Roberge tient à remettre les pendules à l’heure. Son usine draine annuellement 350 000 tonnes de maïs, environ 10 % de la production québécoise, une goutte d’eau par rapport à la production américaine. Celle-ci est 100 fois plus importante que la production québécoise. Et 40 % de la production américaine du petit grain jaune est allouée à la production d’éthanol. « Ce n’est pas nous qui allons influencer la Bourse de Chicago », dit-il. La raffinerie d’éthanol-maïs de Varennes produit un tiers d’éthanol, un tiers de drêche, qui est retournée aux éleveurs, et un tiers de CO2, que l’on retrouve dans les bouteilles de boisson gazeuse ou sous forme de glace sèche employée pour enfumer les scènes d’artistes « comme Céline Dion », dit M. Roberge, sourire en coin. Selon lui,
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son usine est « l’une des trois plus efficaces parmi les quelque 200 usines existantes en Amérique du Nord. De plus, elle a une empreinte environnementale exceptionnelle ! » L’usine de Varennes peut être efficace, mais elle produit seulement le tiers des besoins en éthanol de la Belle Province. Ottawa a décrété que le parc automobile canadien, y compris celui du Québec, doit rouler avec un mélange E5 (5 % d’éthanol et 95% d’essence) depuis décembre 2010. « Cette décision est une catastrophe ! Au Québec, on produit 160 millions de litres d’éthanol et on doit en importer 250 millions du Midwest américain. Pour être conformes à la norme fédérale, il nous faudrait produire environ 450 millions de litres », constate l’ingénieur.
Le Québec se démarque Alors que les autres provinces produisent de l’éthanol à partir de maïs et de blé, Québec a misé sur la fabrication de biocarburant fabriqué à partir de plantes autres que le maïs, de déchets urbains ou de biomasse forestière. Un pari audacieux. Et il a créé en 2007 la Chaire de recherche industrielle sur l’éthanol cellulosique (CRIEC), à l’Université de Sherbrooke. «Nous appuyons les recherches et le développement des technologies de nos entreprises», résume son titulaire, Jean-Michel Lavoie. Et ces recherches commencent à porter des fruits.
Pour combler le déficit de 250 millions de litres, M. Roberge prévoit construire fin 2013 une des premières usines gazogènes au monde ! Cette usine d’éthanol « de deuxième génération » poussera sur le site même de Varennes, en partenariat avec la compagnie québécoise Enerkem. Québec investit 27 millions $ dans le projet. Avec l’aide de la CRIEC et après plusieurs années de recherches dans son usine-pilote de Westbury, Enerkem a réussi à produire du gaz de synthèse à partir de vieux poteaux d’Hydro-Québec. Et l’entreprise est aujourd’hui prête pour l’aventure commerciale. « On va convertir 100 000 tonnes de déchets ultimes solides, comme des plastiques non recyclables, du bois contaminé et de la mousse de polystyrène [styrofoam], en éthanol », explique Marie-Hélène Labrie, vice-présidente aux affaires gouvernementales et communications chez Enerkem. Une première usine du genre est déjà construite à Edmonton, en Alberta, où l’on a engagé 30 employés pour commencer la production cette année. Mais les Américains sont à ce point intéressés par la prometteuse technologie québécoise que les départements états-uniens de l’Agriculture et de l’Énergie financent aussi cette année la construction d’une usine d’Enerkem au Mississippi. À 100 millions $ l’unité, ces usines coûtent le triple de celles de la filière éthanolmaïs traditionnelle. La production annuelle prévue de chacune de ces trois usines dernier cri sera de 38 millions de litres d’éthanol. Enerkem planche aussi sur des technologies pour convertir de la biomasse résiduelle forestière et agricole du Québec. Selon les calculs de la compagnie, cette biomasse, combinée aux déchets urbains, représente un gisement théorique de 6,5 milliards de litres d’éthanol ! C’est près de 15 fois les besoins de la province et plus de quatre fois ceux du Canada.
À la recherche d’une « canne à sucre du Nord » « On peut extraire de l’éthanol de toutes les plantes, mais le procédé peut être plus compliqué d’une plante à l’autre », dit Olivier Lalonde, coordonnateur du Réseau de plantes bio-industrielles du Québec (RPBQ), au Centre de recherche sur les grains (CEROM). Depuis 2010, ce réseau parraine entre autres les travaux de trois laboratoires ruraux : un situé en Outaouais (millet perlé sucré, sorgho sucré), un en Abitibi (saule à croissance rapide) et un autre dans le Bas-Saint-Laurent (miscanthus géant).
Parmi les plantes à l’étude, les plus prometteuses chez les producteurs et en parcelles d’essais sont le millet perlé sucré et le sorgho sucré. « C’est notre canne à sucre du Nord ! Mais si on veut en produire un volume adéquat pour fabriquer de l’éthanol, il va falloir intégrer ces deux plantes fourragères dans les rotations des producteurs », dit M. Lalonde. Différentes expériences ont eu lieu en Outaouais pour presser ces plantes et en extraire une liqueur sucrée. Pour appuyer les efforts expérimentaux du RPBQ, M. Roberge prévoit acquérir en 2014 un fermenteur d’une capacité de 200 000 litres pour étudier les techniques de fermentation et caractériser les sucres de ces différentes plantes. D’après Patrick Girouard, coordonnateur des énergies renouvelables à La Coop fédérée, semer des plantes à la seule fin de produire de l’éthanol ne sera jamais rentable pour les producteurs. « Les bioraffineries doivent calquer les raffineries pétrolières, dit-il. La moitié de leur production est consacrée à fabriquer de l’essence et l’autre moitié, toutes sortes de produits pétrochimiques : plastiques, teintures, etc. » En plus de fabriquer du biocarburant, ces nouvelles usines devront donc concocter une gamme de produits rentables à base de chimie verte : bioplastiques, teintures naturelles, produits de beauté, en passant par des panneaux pressés, des mousses isolantes et de la litière. M. Roberge abonde dans le même sens. Il n’entrevoit pas d’intégrer ce genre de bioraffinerie sur le site de l’usine de Varennes avant cinq ou sept ans, ou même plus, car cela nécessiterait la mise en place de toute une filière, de la production à la mise en marché de ces nouveaux produits. « Mais, insiste-t-il, mon but est de créer des jobs ici, avec notre expertise. » Et qui sait, exporter un jour plus que de l’éthanol québécois outre-frontières.
Dans un autre projet que celui de la construction de l’usine d’Enerkem sur le site de Varennes, Jean Roberge compte substituer 25 % du gaz naturel importé de l’Alberta pour chauffer la distillerie. Par quoi ? Du méthane produit avec les matières organiques des trois MRC voisines de l’usine. Environ 40 000 tonnes de déchets seront traitées annuellement sur le site de Varennes. Et les quelque 6000 tonnes de matières résiduelles seront épandues dans les champs des producteurs de maïs qui approvisionnent l’usine. Cet engrais organique remplacera de 10 à 15 % des engrais minéraux utilisés par les céréaliculteurs.
Bioraffinage Plantes à sucre
Sucre
Céréales
Amidon
Résidus agricoles, plantes dédiées Déchets urbains, résidus agricoles, bois, plantes dédiées, résidus industriels
Coproduits Fermentation conventionnelle
Drèche Dioxide de carbone (CO2)
Cellulose Sucre
Fermentation nouvelles technologies
Éthanol Enzymes Bioplastiques
Gazéification
Gaz de synthèse
Éthanol Gaz naturel
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Éthanol
Le Canada, une superpuissance verte ?
M
PHOTO : PIERRE CADORET
aïs, blé, canola, panic érigé, biomasse forestière : le Canada dispose d’immenses superficies de terres et de forêts pour devenir « une superpuissance verte », selon Scott Thurlow, président de l’Association canadienne des carburants renouvelables. « Le Canada produit déjà 90 % de l’éthanol requis pour
Plantation de sorgho sucré
faire rouler le parc automobile canadien avec un mélange de 5 % d’éthanol [E5] », expliquet-il en entrevue téléphonique. Cette directive d’Ottawa pour lutter contre les GES est en vigueur depuis décembre 2010. Cet éthanol de première génération est produit avec du blé et du maïs dans 21 usines du pays. Invité à commenter la décision de Iogen Corporation (dont le siège se trouve à Ottawa) et de Shell de tuer dans l’œuf, en août dernier, le projet de construction d’une usine de seconde génération au Manitoba, M. Thurlow a indiqué que ses deux membres « ont pris une décision d’affaires ». Les travaux de recherche de Iogen pour convertir de la paille de blé, des épis de maïs ou autres résidus agricoles en éthanol cellulosique en faisaient la vitrine canadienne de cette technologie sur la scène internationale. Contourner
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le verrou technologique afin d’extirper des sucres de la cellulose des fibres végétales pour fabriquer de l’éthanol relève d’un exploit. Iogen s’est fait connaître pour approvisionner en biocarburant le circuit des grandes courses automobiles. « Pour concurrencer les États-Unis, Ottawa devrait s’empresser de distribuer aux entreprises canadiennes le Fonds de biocarburants ProGen, afin de les aider à faire pousser les usines de seconde génération de biocarburants au Canada », indique M. Thurlow. Ce fonds doté de 500 millions $ et lancé en 2007 est administré par Technologie du développement durable Canada (TDDC). L’organisme fédéral est chargé de promouvoir la mise en marché d’éthanol cellulosique, ce qui s’inscrit dans la stratégie d’Ottawa pour lutter contre les gaz à effet de serre (GES). Pendant ce temps, huit usines commerciales d’éthanol cellulosique sont construites en ce moment au sud de la frontière canadienne. Plutôt que d’investir au Manitoba dans une usine de bioéthanol fabriqué à partir d’épis de maïs ou encore aux États-Unis, Iogen-Energy Corporation, consortium formé par Iogen et Shell, a préféré investir au Brésil. Le tandem s’est associé avec la compagnie brésilienne Raizen pour y poursuivre ses travaux sur l’éthanol cellulosique. Raizen est le plus gros producteur brésilien d’éthanol fabriqué à partir de canne à sucre. Cette décision pourrait remettre en question l’ambition de l’Amérique du Nord d’être le premier fournisseur mondial de biocarburants. « Le Canada est avant tout un producteur de pétrole. Et l’intérêt pour les biocarburants est lié au prix du baril de l’or noir. Plus son prix augmente, plus on s’intéresse aux biocarburants comme solution de rechange », explique le P r Donald Smith, directeur de BioFuel Net (à l’Université McGill), un réseau pancanadien visant à promouvoir l’utilisation de plantes bio-industrielles pour fabriquer des biocarburants. Ce professeur croit que la diminution des prix de l’énergie due aux nouvelles technologies d’exploitation de gaz et de pétrole de schiste va freiner l’ambition du Canada de devenir « une superpuissance verte ».
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Pierre-Marc Cantin, T.P. Expert-conseil Les Coops de l’Est
Brigitte Lapierre, agronome Conseillère spécialisée Plantes fourragères et conservateur d’ensilage La Coop fédérée brigitte.lapierre@lacoop.coop
Régie de semis des plantes fourragères
PHOTO : LA COOP FÉDÉRÉE
Lorsqu’on implante une prairie, on le fait habituellement pour plusieurs années. Il est donc important de porter attention à tous les facteurs influençant le succès de l’opération pour s’assurer d’un rendement élevé, et ce, dès la première année de récolte. Bien sûr, le pH, le drainage et la qualité de la semence ont un impact important sur la réussite de toute culture, mais pour les plantes fourragères, une régie de semis adéquate est particulièrement cruciale.
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remièrement, un bon nivelage permettra d’éliminer l’eau, d’effectuer un semis plus uniforme et facilitera grandement la récolte et le transport au champ. De plus, l’épandage de fumier sera grandement facilité si le terrain est bien nivelé. Il faut aussi garder en tête l’objectif de créer un lit de semence aéré en surface et ferme en profondeur. De cette façon, on s’assure d’avoir un bon milieu de germination : un sol qui se réchauffe rapidement en surface et qui, lorsque roulé, s’appuiera sur un sol plus humide qui fournira de l’humidité par capillarité. Il en résultera une levée plus rapide et plus uniforme. À ce chapitre, il existe une règle assez simple – mais combien efficace ! – pour vérifier si la profondeur du travail de sol est correcte : si vous marchez dans le champ
avant le semis et que la terre cache l’embout de vos bottes, le travail est trop profond. De plus, il est capital de laisser une surface légèrement grumeleuse, mais sans mottes. Un sol travaillé en particules trop fines sera plus sensible à la battance et croûtera rapidement en cas de pluie. Cela aura pour effet d’affecter la levée, particulièrement dans les sols argileux. La profondeur de semis est probablement le point le plus important à surveiller. Une profondeur de 0,5 à 1 cm (¼ à ½ po) est adéquate selon la grosseur de la semence. La luzerne, le trèfle et le mil doivent être positionnés un peu plus profondément que les graminées, comme le brome, la fétuque élevée ou le dactyle, qui gagnent à être semés plus en surface. u
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À la suite du semis, un roulage, idéalement au rouleau Brillion, apportera la touche finale à votre travail en permettant un bon contact sol-semence qui facilitera la germination. La température requise pour la germination des plantes fourragères est de 5 à 7 ºC. Un semis relativement hâtif est donc approprié. De plus, lorsque le semis est effectué pur (sans planteabri), on gagne beaucoup à le faire plus tôt que trop tard. Habituellement, plus on avance dans la saison des semis, plus les conditions sont chaudes et sèches, les plantules de plantes fourragères courent alors un plus grand risque de souffrir de sécheresse que les semis d’autres cultures, étant donné que la semence est davantage en surface. Repousser l’implantation des plantes fourragères à la toute fin des semis réduit de beaucoup les chances de succès. Finalement, l’éternelle question : avec ou sans plante-abri ? L’utilisation d’une plante-abri a ses avantages : diminution de l’érosion, réduction de la pression exercée par les mauvaises herbes et récolte de céréales l’année du semis. Cette méthode a toutefois les défauts de ses qualités : la plante-abri concurrence les plantes fourragères pour l’eau, la lumière, l’espace et les éléments fertilisants. La verse des céréales peut également affecter la qualité de l’implantation de façon importante. En outre, si la récolte de la plante-abri s’effectue seulement quelques jours
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PHOTO : INGIMAGE
PHOTO : LA COOP FÉDÉRÉE
La minutie appliquée à chacune des étapes rapportera à chaque récolte de fourrage au cours des années suivantes.
avant les gelées mortelles, c’est alors l’équivalent d’une fauche quelques jours avant les gelées. Cela peut avoir un impact majeur sur la survie de la luzerne. Règle générale, un semis pur fait dans de bonnes conditions donne de meilleurs résultats qu’un semis avec plante-abri et, oui, permet aussi une récolte de fourrage l’année de l’implantation. Par contre, si vous voyez plus d’avantages que d’inconvénients à l’utilisation d’une plante-abri dans vos champs, il est tout de même possible de réussir : l’important est de choisir une céréale hâtive avec une bonne tenue et l’orge devrait alors être votre premier choix. Un cultivar de blé hâtif est également une bonne option, le blé étant très résistant à la verse et ses feuilles étroites nuisant moins au passage de la lumière à travers le couvert végétal. Le taux de semis de la céréale utilisée en plante-abri doit être réduit à 70 % de celui du semis pur.
Pour les plantes fourragères, une régie de semis adéquate est particulièrement cruciale.
Comme vous pouvez le constater, le semis des plantes fourragères est une question de détails. Cependant, la minutie appliquée à chacune des étapes rapportera à chaque récolte de fourrage au cours des années suivantes. Bonne saison… des fourrages !
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Christian Azar, agronome, M. Sc.
Professionnel de recherche La Coop fédérée
La luzerne Calypso : la relève d’AC Caribou Certains d’entre vous se souviendront de la Calypso, célèbre navire du non moins célèbre explorateur des mers Jacques Cousteau. D’autres connaîtront dorénavant la Calypso comme une des luzernes des plus résistantes au froid mises au point au Québec. La Calypso offrit une résistance remarquée pendant 45 ans face au déferlement des vagues. De son côté, la luzerne Calypso offre une résistance aux vagues de froid pendant de longues années.
L
e cultivar de luzerne Calypso a été mis au point grâce à une collaboration entre le centre de recherche d’Agriculture et Agroalimentaire Canada de Sainte-Foy et la Ferme de recherche en productions végétales de La Coop fédérée. Ce projet de recherche avait été nommé Cryptolait afin de bien imager l’objectif de résistance au froid que visait cette collaboration. Pour sélectionner cette nouvelle variété, trois populations – dont deux hautement résistantes à la verticilliose – ont été établies en pépinière de plantes espacées pendant deux ans, à SainteRosalie. Après deux hivers éprouvants, 44 plantes furent sélectionnées pour leur vigueur, leur survie à l’hiver et leur apparence générale. On les a
Tableau 1 Trois coupes en grandes parcelles à la ferme – Année 2012 (kg de M.S./ha) Abitibi Calypso AC Caribou 53Q30
7200 7183 7213
Moyenne des Abitibi Bas-duFleuve trois sites 5798 9417 7472 4984 8792 6986 5442 9159 7271
Source : Ferme de recherche en productions végétales de La Coop fédérée – Semis 2011
intercroisées et le résultat a constitué le matériel de base d’une population expérimentale, aujourd’hui désignée sous le nom de Calypso. La Calypso est donc une variété synthétique formée de 44 clones issus de trois sources. La variété Calypso a une bonne base génétique de tolérance à la verticilliose et à l’hiver. Son évaluation dans le réseau du CRAAQ a duré trois ans et elle a été enregistrée le 15 juin 2010. Sa cote de performance correspond à 106 % de celle des témoins. Sa dormance est de 3, ce qui lui permet d’emmagasiner de bonnes réserves de sucres pour bien passer la saison hivernale, tout en étant assez productive pour donner une troisième coupe, selon les régions. La Calypso possède l’avantage de la persistance de la variété AC Caribou, tout en offrant un rendement amélioré dans une régie de deux ou trois coupes. Ses tiges sont fines, ce qui procure une bonne compaction au silo. Les performances obtenues au Québec, dans l’Ouest canadien (voir les tableaux), tout comme en Ontario (performance égale à celle des témoins) indiquent que la Calypso est ancrée pour survivre contre vents et marées.
Tableau 2 Rendement relatif dans les essais d’enregistrement en Saskatchewan – Calypso vs le témoin Beaver – Semis 2007, récolte 2008 à 2010* Swift Current Calypso Beaver
Saskatoon
Melfort
Outlook
(sous irrigation)
2008 2009 2010 2008 2009 2010 2008 2009 2010 2008 2009 113 128 102 106 94 93 106 104 102 104 106 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100
2010 97 100
* Régie de une à deux coupes AVRIL 2013 | Le Coopérateur agricole
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christian.azar@lacoop.coop
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Brigitte Lapierre, agronome Conseillère spécialisée en plantes fourragères et conservateur d’ensilage La Coop fédérée brigitte.lapierre@lacoop.coop
La luzerne Roundup Ready au Québec : mythe ou réalité ? Ce n’est pas nouveau que les mots « luzerne Roundup Ready » viennent à nos oreilles. Mais la vraie question qu’on se pose est certainement : « Est-ce que ça va arriver au Québec ? » Voici une mise au point sur la situation actuelle de cette luzerne génétiquement modifiée.
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out d’abord, il faut savoir que le gène tolérant au Roundup dans la luzerne a été déréglementé par l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) en 2005. Nous commencions déjà, à cette époque, à entendre parler que cette luzerne pourrait bientôt apparaître sur le marché canadien. Par la suite, il était nécessaire qu’un herbicide soit homologué pour traiter cette culture, ce qui a été fait par Santé Canada en mars 2012 avec l’étiquette du Roundup WeatherMAX pour la luzerne RR. Ensuite est venue la question de l’enregistrement du cultivar. Un autre point important à considérer est la coexistence entre la luzerne RR et la luzerne « conventionnelle ». Un plan de coexistence est à l’état de projet et sa rédaction va bon train. Une réunion a eu lieu en octobre 2012, à Kitchener, en Ontario, où tous les intervenants – organismes biologiques, conventionnels et pro-technologies – ont été conviés. Cette réunion visait à pouvoir publier sur le site Web de l’Association canadienne du commerce des semences (la Canadian Seed Trade Association ou CSTA) une politique
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élaborée par l’industrie des bonnes pratiques agricoles pour les différents marchés. Voici les cinq grandes lignes de ce plan de coexistence :
Un plan… • … dont le but est de permettre aux producteurs de faire un choix en toute liberté et de profiter des occasions offertes par les divers marchés (biologique, conventionnel ou OGM); • … basé sur une bonne communication et le respect mutuel entre voisins, individus et sociétés; • … dont les normes, l’usage et la tolérance doivent être définis par le marché, la pratique, la faisabilité et l’économie; • … construit avec des programmes scientifiques et des outils destinés à surveiller l’efficacité de ces programmes; et • … dont chaque système accepte la responsabilité d’implanter les bonnes pratiques afin d’atteindre la norme.
Quand ce plan sera-t-il mis en place? L’objectif du comité est de le publier dès le printemps 2013. En Californie, près de 75 % des producteurs laitiers utilisent déjà des variétés de luzerne RR et incorporent avec succès ces fourrages dans leurs rations. Bien entendu, les rations servies en Californie sont différentes des nôtres. Mais il est tout à fait possible de tirer avantage de la luzerne chez nous aussi. La preuve, bon nombre d’entre vous obtenez de très bonnes performances avec des ensilages de deuxième et troisième coupes, qui sont souvent essentiellement composés de légumineuses (dans de nombreux cas la luzerne). C’est connu, la luzerne est une excellente source de protéine pour la vache en lactation. La meilleure façon d’optimiser l’utilisation de cette protéine hautement digestible dans le rumen (RAP ou rumen available protein) pour la production de lait est de fournir en même temps de l’énergie pour les microbes du rumen (RAC ou rumen available carbohydrate), car ce sont ces derniers qui feront le travail. Vous aurez deviné que la combinaison parfaite est le luzerne employée avec l’ensilage de maïs, mais
il est également possible de bien synchroniser la RAP et le RAC de la ration avec d’autres aliments. Parlez-en avec votre expert-conseil en production laitière La Coop, qui sera en mesure de calculer la meilleure stratégie d’alimentation. Mais avant, assurez-vous de bien connaître votre marge de manœuvre pour les aliments dont vous disposez à la ferme comme intrants. En conclusion, ne soyez pas surpris de voir d’ici peu la luzerne Roundup Ready dans le paysage québécois. Elle offrira un avantage certain pour ce qui est de la lutte contre les mauvaises herbes coriaces, comme l’ortie royale ou encore le chiendent. De plus, comme le Roundup peut s’appliquer à tout moment sur la luzerne sans ralentir la croissance de ses plants après la pulvérisation, le choix du stade d’application sera plus propice pour réprimer les mauvaises herbes. N’oubliez pas qu’une bonne implantation se reflète sur le rendement et la qualité d’une luzernière au cours des années qui suivent (voir l’article sur la régie des semis en page 47 du présent numéro du Coopérateur).
Les aliments soutiennent l’humanité. Mais qu’est-ce qui soutient les aliments?
On donne un coup de pouce à la nature.
Alors que les pays en voie de développement croissent et désirent une alimentation meilleure et plus équilibrée, la demande en aliments nutritifs croît également. Mais à chaque fois qu’une récolte est moissonnée, elle emporte avec elle des nutriments provenant du sol qui doivent être remplacés. La potasse et d’autres nutriments essentiels à la culture sont responsables de la moitié de la production alimentaire mondiale, aidant les fermiers à produire des récoltes qui sont aussi plus fortes, en meilleure santé et plus abondantes. La potasse soutient les aliments qui nous soutiennent. Pour en apprendre davantage sur les bienfaits de la potasse et comment elle nous permet d’espérer un avenir bien nourri, visitez notre site à PotashCorp.com
En tant que principale entreprise mondiale spécialisée en nutriments culturaux, nous aidons le monde à mieux se nourrir grâce à des produits qui offrent aux plantes les nutriments nécessaires à leur croissance.
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Anne-Marie Legault, T.P.
Le retour des mycorhizes
Experte-conseil horticole La Coop Uniforce anne-marie.legault@lacoop.coop
Christine Bourbonnais, T.P. Conseillère en protection des cultures et engrais spécialisés La Coop fédérée christine.bourbonnais@lacoop.coop
Notre volonté constante d’améliorer nos rendements et la qualité de nos produits nous amène parfois à revenir aux sources. Il faut savoir que les mycorhizes étaient jadis présentes naturellement dans les sols du Québec. Malheureusement, les pratiques agricoles intensives ont fait décroître leur population. Aujourd’hui, il nous est possible de les réintroduire dans nos régies de cultures. Ces minuscules champignons gagnent en popularité en productions végétales.
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PHOTOS : LA COOP FÉDÉRÉE
our imager le principe de fonctionnement des mycorhizes, disons que celles-ci s’associent aux racines des plantes et créent dans le sol un réseau de fins filaments, nommés hyphes. Cette alliance champignons-plantes accélère le développement et la croissance des végétaux et augmente leur tolérance aux stress. À titre d’exemple, une plante qui pousse dans un pot d’un litre peut développer jusqu’à un kilomètre d’hyphes ! Ces derniers ont accès à de l’eau et à des éléments nutritifs du sol situés dans de très petits pores qui ne pourraient autrement être explorés par les racines de la plante. Il est à noter que les épinards, les betteraves ainsi que les plantes de la grande famille des crucifères (choux et compagnie) n’arrivent pas à créer de symbiose avec les mycorhizes. Le principe de fonctionnement des mycorhizes est relativement simple. Par contre, il
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peut s’avérer plus complexe de bien gérer leur utilisation. Dans les prochaines lignes, nous vous présenterons des méthodes d’application qui vous permettront d’optimiser le potentiel des inoculants mycorhiziens. Nous traiterons des différents types de produits offerts sur le marché. Tout d’abord, une version liquide de l’inoculant a été mise au point pour la production de pommes de terre. Il en a été question dans l’article de notre collègue Stéphane Perreault (Le Coopérateur agricole, janvier 2013). Pour ce qui est des produits les mieux adaptés à la production horticole, il y a le MYKE Pro PS3, commercialisé sous forme poudreuse. Son utilisation est idéale pour le mélange avec les boutures. Juste avant de transplanter aux champs, il est possible de tremper directement les racines dans la poudre, ou encore dans une pâte faite avec de l’eau. Pratico-pratique, si vous êtes producteur
de solanacées, vous pouvez aussi inoculer vos semis en multicellules. Une des techniques d’application recommandées est d’incorporer le produit à l’eau d’irrigation. Une agitation doit être maintenue pour garder les spores en suspension. Il est à noter que l’arrosage doit être fait directement à la surface des plateaux (avant ou après le semis). Par contre, il est crucial de ne pas lessiver les plateaux au cours des quelques jours qui suivent l’application afin d’éviter la perte des spores. De cette façon, les mycorhizes s’établiront dans la cellule, ce qui permettra d’éviter le choc de la transplantation au champ puisque le réseau mycélien associé à la plante sera immédiatement efficace. Le MYKE Pro PS3 est constitué de particules de 1 mm et moins et contient 320 spores viables par gramme. Par ailleurs, plusieurs options s’offrent à vous avec des produits granulaires. Le MYKE Pro Gr est spécialement conçu pour l’application dans le sillon ou en bandes au semis. Il faut s’assurer que l’inoculant sera positionné au bon endroit, soit sous la graine dans le sillon. Cet inoculant possède une taille de particules qui se situe entre 0,4 et 1,4 mm et il contient 142 spores viables au gramme. Le Serriculture G est aussi une option intéressante pour la production de transplants en serre. Il n’y a qu’à mélanger le produit avec votre substrat de culture. Il est aussi possible de tremper les racines des transplants dans le Serriculture G. Ses granules sont de 0,8 à 2 mm de grosseur et elles contiennent 15 spores viables par gramme. Depuis maintenant deux ans, il est possible, par l’entremise de La Coop Uniforce, de se procurer des semences de carottes et d’oignons pré-inoculées. Le traitement est effectué par nos partenaires spécialisés dans les traitements de semences. Un des avantages de recourir à ce type de semence est certainement l’uniformité du traitement. De plus, en tant que producteur, on se simplifie la tâche puisqu’il n’y a ni mélange ni manipulation particulière à effectuer. Il est aussi possible d’obtenir des semences pré-inoculées pour d’autres cultures. Par contre, des quantités minimales sont requises afin de faire effectuer un traitement sur mesure. Au cours des dernières années, plusieurs essais au champ ont démontré de grands avantages à exploiter cette symbiose entre la plante et
le champignon. Par exemple, dans la culture de la tomate, des augmentations de rendement de l’ordre de 30 % ont pu être observées, et ce, dans plusieurs sites d’expérimentation. Il a également été démontré qu’il y avait une amélioration du goût et de la conservation des fruits. Dans certaines cultures, on a même pu observer des effets sur la germination. La semence inoculée germait plus rapidement et la parcelle semblait plus uniforme à la levée. Cet effet a pu être validé lors de la récolte, puisque les variétés à pollinisation ouverte se sont comportées comme des variétés hybrides, ce qui signifie que la portion vendable contenait moins de rejets. En ce qui concerne la carotte, plusieurs impacts positifs ont été constatés à la récolte. Les racines étaient plus droites et présentaient un pourcentage de produit commercialisable plus élevé que dans le cas de la partie non traitée. Pour cette culture, la société Premier Tech a obtenu des hausses de rendement de l’ordre de 14 % lors d’essais. Il semblerait également que la carotte traitée aux mycorhizes arriverait à mieux se défendre contre les attaques pathogènes. Effectivement, durant les dernières saisons, plusieurs parcelles nous ont permis d’observer ce phénomène. Nous souhaitons toutefois aller plus loin dans nos recherches afin de valider si cette observation se répète de façon constante. Dans plusieurs autres cultures – haricots, pois, poivrons, grandes cultures –, des effets positifs ont été observés. L’inoculation ne se fait seulement qu’une fois par saison. Les racines travailleront en symbiose avec le champignon pour la durée de vie de la culture. Les champignons mycorhiziens sont intéressants et avantageux à utiliser, mais il faut se rappeler qu’ils sont un produit vivant. Il est donc primordial de respecter les normes d’entreposage pour assurer la survie de leurs spores. Le mot d’ordre est donc de les conserver au frais, à l’abri de l’humidité, et d’éviter les grandes variations de température. Les possibilités d’utilisation des mycorhizes en production maraîchère sont multiples : il ne vous reste plus qu’à les adapter à votre régie pour découvrir tout le potentiel de ces minuscules champignons.
PHOTOS : LA COOP FÉDÉRÉE
La différence saute aux yeux. Une production d’échalotes sans mycorhizes (à gauche) et avec mycorhizes (à droite).
Autres exemples (carottes et piments) permettant de comparer le développement et rendement d’une culture avec et sans mycorhizes.
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Franc succès pour le Symposium Apimondia Par Pierre Giovenazzo, Chercheur en apiculture
Centre de recherche en sciences animales de Deschambault
et Lyne Lauzon, Chargée de projets aux publications
Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec
Du 16 au 18 novembre dernier, le Québec accueillait le Symposium Apimondia. Sous le thème « Élevage de reines, sélection et pathologie de l’abeille mellifère », cet évènement d’envergure internationale a rassemblé quelque 400 passionnés d’apiculture venant du Canada, des États-Unis, de l’Europe et du Mexique.
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résenté en anglais avec traduction simultanée en français, ce symposium a affiché complet un mois avant sa tenue. Il faut dire que la programmation proposait des conférenciers de renommée mondiale, un hall d’exposition exceptionnel présentant les plus importantes et toutes dernières innovations en apiculture, un choix de circuits techniques et un souper thématique aux saveurs du Québec – de quoi séduire tous ces amoureux des abeilles !
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De petites travailleuses acharnées En pleine saison estivale, une colonie se compose de plus de 40 000 abeilles butineuses, qui visitent des millions de fleurs dans un rayon de plusieurs kilomètres. L’importance des abeilles pour l’humanité est reconnue. Elles produisent le miel et servent à la pollinisation de près de 80 espèces ou variétés de végétaux importants pour l’alimentation humaine. Selon un rapport des Nations unies publié en 2011, les abeilles améliorent le rendement des productions de fruits (bleuets, canneberges, amandes, etc.), de semences et de graines oléagineuses (canola, par exemple). Les auteurs du rapport estiment à près de 205 milliards $ CA la contribution de ces insectes à l’économie mondiale.
Une demande à combler La demande d’abeilles domestiques est croissante et l’industrie apicole ne parvient pas à la combler. Depuis près de 10 ans, un phénomène de surmortalité des colonies est observé dans tous les pays industrialisés. Plusieurs équipes de chercheurs des États-Unis, d’Europe et du Canada tentent de découvrir pourquoi les colonies d’abeilles dépérissent. Le symposium
PHOTOS : SYMPOSIUM APIMONDIA
A p i c u lt u r e
avait pour principal objectif de faire le point avec les apiculteurs du Canada et d’ailleurs sur les actualités et les plus récents résultats de recherches apicoles de partout dans le monde. Près de 40 conférenciers-chercheurs internationaux, dont les travaux ont contribué de façon importante à une meilleure compréhension de la biologie des abeilles mellifères, ont fait partager leurs connaissances aux apiculteurs présents pendant les trois jours d’activités. Cet évènement a permis aux participants d’en apprendre davantage sur plusieurs notions fondamentales et appliquées ayant trait à la pathologie, à l’élevage ou à la sélection génétique des abeilles mellifères.
Une programmation tout miel Le chef du Château Laurier avait pris le soin d’inclure du miel ou des produits de l’abeille dans tous les menus servis dans le cadre du symposium, une attention hautement appréciée par les participants. Les représentants du secteur apicole québécois ont profité du souper thématique du vendredi 16 novembre pour rendre hommage à Émile Houle, technicien agricole du Centre de recherche en sciences animales de Deschambault (CRSAD), et souligner ses 33 années de loyaux services dans le secteur.
Une saison à préparer Et tandis qu’une nouvelle équipe s’affaire à organiser la 43e édition du Congrès international Apimondia – qui se tiendra à Kiev, en Ukraine, du 29 septembre au 4 octobre 2013 –, les apiculteurs d’ici ont déjà commencé à sortir ou à déballer leurs ruches. Dans la plaine de Montréal et le sud du Québec, cette activité débute à la fin de mars, et elle a lieu de deux à trois semaines plus tard dans l’est et le nord de la province. Il s’agit de la première tâche d’une série de travaux importants pour le développement futur des colonies.
Dans le hall d’exposition, les visiteurs avaient accès à des fournisseurs de matériel apicole et pouvaient prendre connaissance des plus importantes innovations dans ce secteur.
Les apiculteurs évaluent alors les réserves de nourriture et de pollen à l’intérieur des ruches. Ils doivent s’assurer qu’elles sont suffisantes, notamment en avril, puisqu’une dépense énergétique notable est exigée de la part des abeilles à cette période. Ils doivent aussi vérifier l’état des colonies et des reines. Si le nombre d’abeilles est insuffisant à l’intérieur d’une ruche, ils regroupent celle-ci avec une ruche plus forte, en s’assurant de l’absence de signes de maladies contagieuses et en prenant le soin d’éliminer l’une des deux reines. Au besoin, les apiculteurs nettoient le plateau des ruches et éliminent les cadres trop foncés ou défectueux. Pour remplacer les pertes ou augmenter leur cheptel, certains apiculteurs se tourneront vers l’achat de nucléus ou de paquets d’abeilles. Les nucléus sont de petites colonies d’abeilles incluant de deux à quatre cadres de couvain et une reine, accompagnées d’un cadre de nourriture. Les paquets d’abeilles, qui proviennent habituellement de l’étranger, ont la forme de boîtes grillagées contenant environ deux kilos d’abeilles ouvrières (environ 14 000 abeilles) et une jeune reine fécondée. La qualité de ces produits est cruciale et devra faire l’objet de vérifications minutieuses. De même, le choix de l’emplacement des ruches sera primordial. De ce choix dépendent, en bonne partie, le développement des colonies de même que la qualité et la quantité du miel qui sera récolté. En attendant les premières floraisons (entre la mi-mai et le début juin, selon les régions), les apiculteurs auront beaucoup à faire pour stimuler leurs colonies. Au fur et à mesure du développement de ces dernières, ils devront augmenter le nombre de cadres ou de hausses dans leurs ruches, y ajouter de la nourriture (sirop de sucre), surveiller l’état de leur matériel et la santé de leurs abeilles. Parions qu’ils ne verront pas le printemps passer !
Un évènement rarissime Apimondia était le deuxième évènement apicole du genre présenté dans la ville de Québec. Le précédent, soit le septième Congrès international d’apiculture, avait eu lieu en 1924. Le coauteur de ces lignes, Pierre Giovenazzo, chercheur en apiculture du Centre de recherche en sciences animales de Deschambault (CRSAD) et chargé de cours à l’Université Laval, présidait l’édition 2012 de ce symposium, dont l’hôte officiel était le Conseil canadien du miel (CCM). La Fédération des apiculteurs du Québec (FAQ), le CRSAD et le Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ) ont collaboré à l’organisation de l’activité. (Voir un autre article sur le symposium publié en octobre 2012 : www.lacoop.coop/cooperateur/ articles/2012/10/p61.asp.)
À certains kiosques, on offrait des dégustations de produits de l’abeille.
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H o r t i c u lt u r e
Par Donato Cerone Directeur du développement horticole, La Coop fédérée donato.cerone@lacoop.coop
• Continuez à creuser jusqu’au fond. Le trou doit être de 2,5 à 5 cm plus profond que la partie inférieure du bassin. • Ajoutez une couche de sable de 2,5 à 5 cm d’épaisseur. Le sable protégera la coque de dommages éventuels causés par des pierres ou des objets pointus. • Placez le bassin dans le trou et utilisez un niveau à bulle pour le mettre de niveau.
Créer un jardin
aquatique
Que ce soit sous la forme d’une fontaine, d’une cascade ou d’un étang artificiel, l’eau apporte un attrait indéniable dans un aménagement paysager. Or, longtemps réservée aux professionnels, la construction d’un jardin aquatique est aujourd’hui accessible à tous. Une bonne planification, de bons matériaux, et le respect de quelques règles de base : voilà tout ce qu’il faut pour réussir son projet ! Il existe deux méthodes pour créer un jardin d’eau : l’emploi d’une géomembrane pour tapisser le fond de l’étang que vous aurez creusé ou l’utilisation d’un bassin prémoulé. Si la première solution offre plus de flexibilité quant à la forme et à la taille de la mare, la deuxième est beaucoup plus facile pour un débutant, surtout lorsqu’il s’agit d’un ensemble pour bassin équipé d’une pompe avec tube de montée et jets de fontaine.
Remplissage et installation de la pompe • Commencez à remplir le bassin d’eau. S’il se déplace, drainez-le, retirez-le du trou et corrigez le niveau avec du sable. • À mesure que l’eau monte, remblayez le pourtour extérieur des murs avec de la terre. Compactez-la bien pour éviter que les murs ne soient déformés par le poids de l’eau. • Placez ensuite la pompe au milieu du bassin et d’éloignez les prises électriques de l’eau. • Laissez reposer l’eau pendant une ou deux semaines avant d’y ajouter les plantes aquatiques et les poissons, le cas échéant. Ce délai permet au chlore et au fluor de s’évaporer et à l’eau d’atteindre la température de l’air ambiant.
Décoration autour du bassin • Installez des pierres ou des dalles de pavé uni par-dessus le rebord supérieur du bassin. Assurez-vous qu’elles dépassent du rebord de 2,5 à 5 cm pour bien le camoufler. • Pour enjoliver votre jardin aquatique, plantez sur son pourtour une bordure végétale composée d’un mélange de genévriers ou d’ifs rampants et de vivaces de rocaille.
PHOTO : INGIMAGE.COM
Emplacement • Choisissez un emplacement visible de la maison et exposé au soleil au moins cinq heures par jour. • Évitez le voisinage immédiat d’un arbre : la chute des feuilles peut perturber l’équilibre chimique de l’eau.
Site pour un bassin prémoulé • Marquez les contours du moule posé à l’endroit sur le sol. • Faites un trou de 7,5 à 10 cm (4 po) plus large que la forme du bassin. • Creusez le sol jusqu’aux paliers supérieurs du moule. Remettez-le dans le trou et marquez le contour de sa partie intérieure la plus profonde.
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Écosystème du bassin Pour assurer la survie à long terme et la santé des plantes, des poissons et de tout son écosystème, un jardin aquatique doit absolument contenir des spécimens des quatre groupes suivants de végétaux : • Lys d’eau : nénuphar (Nymphaea) ou laitue d’eau (Pistia stratiotes) • Végétation émergente : renouée amphibie (Polygonum amphibium), pontédérie à feuilles en cœur (Pontederia cordata) ou quenouille (Typha latifolia) • Plantes flottantes : jacinthe d’eau (Eichhornia crassipes) • Plantes submergées : pesse vulgaire (Hippuris vulgaris)
D é c o r at i o n Par Hélène Cossette
Habillage
de plafond
PHOTOS : CENTRE DÉCO INOV DE SAINT-AGAPIT
Parents pauvres de la décoration, « les plafonds méritent de sortir de la prison blanche à laquelle ils sont trop souvent condamnés ! » estiment Mélanie Daudelin et Claudine Leblond, toutes deux décoratrices au Centre Déco Inov de Saint-Agapit.
Mélanie Daudelin et Claudine Leblond, décoratrices au Centre Déco Inov de Saint-Agapit
Pour ces deux spécialistes, le moyen le plus facile et le plus abordable de les habiller autrement consiste à leur donner des couleurs. « Un plafond peint d’une teinte foncée sort vraiment de l’ordinaire, affirme Claudine. J’ai déjà conçu un salon avec un plafond rouge et des murs d’un ton très doux. Ça lui donnait un aspect très enveloppant. » Pour camoufler certains défauts, on peut aussi appliquer la même couleur pâle au plafond et sur les murs, dit Mélanie. « Dans une petite pièce, cela agrandit l’espace tout en augmentant la luminosité. Comme on ne distingue plus les limites des murs, cela crée aussi une illusion de hauteur lorsque le plafond est trop bas. »
Moulures et caissons L’emploi de moulures décoratives et de caissons constitue, selon elles, une autre option intéressante. Pour créer un effet « wow ! » dans une salle à manger, Claudine suggère par exemple d’accrocher un beau lustre entouré d’un grand médaillon en relief au-dessus de la table.
Dans une grande pièce ouverte, poursuit-elle, une section de caissons au plafond remplacera avantageusement un tapis au sol pour délimiter une zone de salle à manger. « Une carpette sous la table, c’est bien beau dans les revues, mais ce n’est pas toujours pratique ! » fait-elle valoir. En matière de caissons, les centres Déco Inov ont accès à plusieurs fournisseurs, ce qui leur permet d’offrir une belle variété de produits aux clients. Ainsi, les plafonds à caissons suspendus Embassy, de Boulanger, sont particulièrement pratiques pour camoufler un vieux plafond en crépi à l’étage ou des tuyaux au sous-sol. Comprenant leur propre système de rails, ils sont encore plus faciles à installer qu’un plafond suspendu standard « et autrement plus jolis ! » souligne Mélanie. Également très simples à poser, les panneaux d’aspect métallique embossés MirroFlex constituent un bon choix pour les maisons de style champêtre ou, à l’inverse, pour la création d’ambiances ultramodernes, selon le modèle choisi. Pour sa part, la société Mur Design propose une belle variété des panneaux de fibres à haute densité (HDF) non peints, en format 2 pi sur 2 ou 4 pi sur 4. « C’est la plus abordable des trois options », remarque Claudine.
Plafonds tendus Nouveau sur le marché, le plafond tendu gagne en popularité dans le secteur résidentiel haut de gamme. D’origine européenne, ce produit se présente comme une membrane de vinyle extensible, tendue sur toute la surface ou sur une partie du plafond. « Les plafonds tendus sont offerts dans une infinité de couleurs, et leur effet miroir est saisissant, dit Claudine. En plus de leur légèreté, leur principal avantage consiste à permettre de cacher tous les défauts en perdant un minimum de hauteur. Mais il faut absolument faire affaire avec le fournisseur pour l’installation. » On peut aussi mettre en valeur des poutres existantes pour accentuer le côté rustique d’un décor, précise Mélanie. « Pour créer, au contraire, un look industriel, il suffira de laisser les conduites d’aération à nu et de les peindre d’une couleur plus foncée. » Bref, les deux expertes en décoration ne manquent pas d’idées pour « libérer » tout le potentiel de vos plafonds ! AVRIL 2013 | Le Coopérateur agricole
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Coupon d’abonnement
Da n s n o s c o o p s
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La Coop Univert 50 000 $ pour la relève agricole de Portneuf-Mauricie
PHOTO : LA COOP UNIVERT
Dans le cadre de son assemblée générale annuelle, le 7 mars dernier, La Coop Univert a procédé à la remise des subventions du Fonds coopératif d’aide à la relève agricole. Près de 50 000 $ ont été distribués aux 10 jeunes agriculteurs participant actuellement au programme. Le développement de la relève agricole est une priorité pour La Coop Univert, comme l’explique son président, Edgar Gervais : « Les coopérateurs reconnaissent que pour assurer la pérennité de l’agriculture, il faut mettre en place des conditions favorables à l’établissement en agriculture. En fournissant une aide financière, matérielle et morale aux jeunes producteurs, le Fonds coopératif d’aide à la relève agricole contribue ainsi au succès des agriculteurs de demain. » Pour que l’aide financière leur soit versée, les candidats sont appelés à développer leurs connaissances en participant à des formations techniques et de gestion. Ils doivent également participer à des activités associatives, où ils sont amenés à créer Philippe Lafontaine, lauréat d’une des liens et à faire partager leur réalité à leurs subvention du Fonds coopératif collègues. d’aide à la relève agricole, en En Mauricie, les lauréats de cette année sont compagnie d’Edgar Gervais, Daniel Gervais (Ferme Germec), Donald Trudel président de La Coop Agrivert (Ferme Dellinoise), Louis Massicotte (Ferme Paul Massicotte et fils), Pier-Luc Massicotte (Ferme Massicotte Holstein) et Philippe Lafontaine (Ferme Philippe Lafontaine). Dans la région de Portneuf, les subventions ont été remises à Élie Beaudry (Ferme Catélie), Nicolas Hamelin (Ferme Galyco), Gaétan Gaudreau (Ferme Degau), Sylvain Sauvageau (Ferme Sylvain Sauvageau) et Stéphane Leclerc (Ferme Comaro). Le Fonds coopératif d’aide à la relève agricole a été mis sur pied en 2008 par La Coop fédérée et les coopératives du réseau La Coop, en collaboration avec la Fédération de la relève agricole du Québec et le Mouvement Desjardins. Source : La Coop Univert
m 1 an : 23,22 $
m 2 ans : 36,84 $
m 1 an à l’étranger : 85,00 $
m 3 ans : 50,72 $
Les taxes sont comprises dans le coût.
o Reçu disponible sur demande TPS : R101143279 • TVQ : 1000044306TP9145MA
Le Coopérateur agricole
C.P. 500 Station Youville Montréal (Québec) H2P 2W2 Tél. : 514 384-6450 - Téléc. : 514 858-2025 Courriel : coopagri@lacoop.coop Êtes-vous relié au domaine agricole?
o Oui
o Non
Nom Compagnie Adresse Ville
Province
Code postal
Courriel Veuillez émettre votre chèque à l’ordre de La Coop fédérée.
PHOTO : AGRICULTURE ET AGROALIMENTAIRE CANADA
Point d’orgue sur toute une époque : Eugène Whelan s’éteint à 88 ans Les funérailles de l’ancien ministre fédéral de l’Agriculture ont eu lieu le 23 février dernier, dans une petite ville ontarienne près de Windsor. L’homme au chapeau de cowboy – un flamboyant Stetson vert – fut au cœur de la mise en place et du renforcement des grandes politiques agricoles canadiennes, y compris l’assurance stabilisation et la gestion de l’offre. Il milita au sein du gouvernement libéral de Pierre Elliott Trudeau de 1972 à 1979, puis de 1980 à 1984. Agriculteur, il s’est impliqué beaucoup dans le mouvement coopératif, d’abord comme président de la coopérative Harrow Farmers’ Co-op, puis comme administrateur de la United Co-operative of Ontario (UCO), aujourd’hui disparue. Nicolas Mesly, journaliste au Coopérateur agricole, a bien connu le personnage puisqu’il a travaillé pour lui à titre d’attaché de presse et de conseiller spécial pour le Québec. Il se souvient de M. Whelan avec bienveillance : « Il fut un redoutable défenseur de la cause agricole canadienne et la voix des producteurs agricoles pendant toute sa carrière. »
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