Coopérateur agricole Février

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FÉVRIER 2015

OGM

Ils séduisent ou dérangent

Lait

Ferme du Murier récolte les honneurs

Porc

Faire face aux aléas de la production

Bioproduits

Un avenir prometteur se dessine


COMMENT DEVIENT-ON LE CAMION

p

JAMAIS CONSTRUIT ? *

p

LE PLUS ÉCOÉNERGÉTIQUE LE RAM 1500 En travaillant fort. Et intelligemment. Le Ram 2015 EcoDiesel offre une meilleure économie de carburant que le F-150 EcoBoost* grâce à des innovations telles que la transmission automatique à 8 vitesses, et la suspension pneumatique Active-LevelMC aux quatre roues avec mode aero livrable, exclusive dans la catégorie1. La suspension pneumatique Active-LevelMC aux quatre roues réduit automatiquement la garde au sol lorsque le camion atteint sa vitesse de croisière sur l’autoroute, favorisant ainsi l’aérodynamisme afin d’améliorer la tenue de route et l’économie de carburant. Voilà une autre bonne raison qui explique pourquoi la fidélité des clients au RAM est la plus élevée dans la catégorie des camions pleine grandeur 2 .

PLUS ÉCOÉNERGÉTIQUE

q

QUE LE F-150 ECOBOOST*

REMORQUAGE

9 200 LB

3

COUPLE

420 LB-PI

SUSPENSION PNEUMATIQUE

LA GAMME

EXCLUSIVE

LA PLUS DURABLE AU PAYS

ACTIVE-LEVELMC AUX QUATRE ROUES 1

DE CAMIONS 4

CAMIONRAM.CA

q

8,0 L/100 KM SUR ROUTE.

* Comparaison selon les cotes de consommation de carburant sur route d’ÉnerGuide 2015 pour le modèle Ram 1500 4X2 2015 avec moteur V6 EcoDiesel de 3,0 L et transmission automatique à 8 vitesses (efficacité allant jusqu’à 8,0 L/100 km (35 mi/gal) sur route) et le Ford F-150 4X2 2015 avec moteur EcoBoost V6 et transmission automatique à 6 vitesses (efficacité allant jusqu’à 9,2 L/100 km (31 mi/gal) sur route). 1 Selon le segment des gros camions 2014 d’Automotive News. Caractéristique livrable disponible. 2 Selon des données commerciales de tiers concurrents au Canada pour les années modèles 2008 à 2013 pour les camions neufs pleine grandeur. 3 Avec l’équipement approprié. 4 Affirmation basée sur la longévité de la gamme complète de grands camions Ram, comparativement à celle des grands camions de la concurrence en service depuis 1988. Longévité basée sur les données tirées du recensement de IHS Automotive : Polk sur les véhicules en service au Canada au 1er juillet 2013, pour les années modèles 1988 à 2013 pour les grands camions vendus et disponibles au Canada au cours des 26 dernières années.


Dossier En cou v ert u r e

36 Dossier OGM

Ils séduisent ou dérangent.

Ferme du Murier récolte les honneurs 14

sommaire FÉVRIER 2015

Reportages

Éditorial – Billets

Femme eng agée

5 En t r e nous*

12 Sylvie Lacroix

Denis Richard

8 Pause-pensée* Colette Lebel

10 Faits et gestes* Vincent Cloutier

12

22

4 Quoi de neu f ?

Elles étaient plus d’une cinquantaine à participer à sa 14e édition.

14 Cultiver le succès, récolter les honneurs

49 Da ns nos coops

La Ferme du Murier révèle quelques-unes de ses bonnes idées.

Articles techniques

Bov in

26

Porc

20 Les aléas de

la production

Des questions à vous poser pour bien évaluer votre situation

17 Battre le modèle

Jean-Yves Houle, de la Ferme Claudale, veut battre la ferme modèle ASRA sur tous les plans.

Porc

22 Filière porcine coopérative

Profession : vice-président aux ventes de viandes fraîches

Vol a il l e

Productions végétales

des perles !

L ait

6 Mél i-mél o

La gestion des abreuvoirs dans le poulet de chair

Coopér at ion

13 Le Colloque des coopératrices attire

Chroniques

23 Parlons d’eau…

Une femme expérimentée au service de la coopération

P roduct ions v égéta l es

13

26 Du maïs de Neuville, ça pousse à Neuville

32

29 Maïs

Construire son rendement (2e partie)

Le maïs sucré, dont celui produit à la Ferme Degau, pourrait même obtenir une Indication géographique protégée.

R el èv e

32 Passionnément Holstein

Joël Lepage et Mireille Lavoie ont entamé une nouvelle vie en reprenant la ferme laitière Couturier.

* For English version, please visit our website at www.lacoop. coop/cooperateur

Dév el oppemen t du r a bl e

44 Bioproduits

Un avenir prometteur se dessine

Acér icult ur e

46 Dix secrets… Version Web : www.lacoop.coop/cooperateur Version virtuelle :  www.lacoop.coop/ cooperateurvirtuel

17

46

Pour un sirop d’érable savoureux


QUOI DE Q u o i d e n e u f  ?

La Coop Montmagny et La Coop Unicoop unissent leurs forces La Coop Montmagny a annoncé, le 17 décembre dernier, que ses membres se sont prononcés en faveur d’un projet de fusion avec La Coop Unicoop, à l’occasion d’une assemblée extraordinaire organisée à ce sujet. C’est le 1er février 2015 que cette association entrera en vigueur. Selon Jérôme Landry, président de La Coop Montmagny, la fusion avec Unicoop est la meilleure solution pour que les producteurs agricoles de la région et la clientèle soient encore bien servis dans les différents secteurs d’activité.

Création de Terapro, le professionnel de la terre Résultat d’un premier regroupement de six succursales de machinerie, dont celles de La Coop des Bois-Francs à Victoriaville et à Nicolet, Machinerie CH était fière d’annoncer, le 26 novembre dernier, la création de Terapro. Regroupant à son tour les forces de trois entreprises reconnues dans l’industrie de la machinerie, soit Machinerie CH, Inotrac et Longus, Terapro devient ainsi le plus important distributeur New Holland de l’est du Canada et le plus important fournisseur Case Construction au Québec. Réunissant plus de 230 employés et 12 succursales, Terapro permettra aux trois partenaires d’augmenter leur pouvoir d’achat et leur expertise pour mieux servir leurs clientèles respectives, tout en maintenant leurs services de proximité sous une enseigne commune. Pour plus de renseignements, visitez www.terapro.ca.

PHOTO : LA COOP DES BOIS-FRANCS

Dans l’ordre habituel : Daniel Riendeau, directeur général de Longus; Michel Robert, directeur général d’Inotrac; et Gilles Denette, directeur général de Machinerie CH.

Volume 44, no 2, février 2015 Le Coopérateur agricole est publié neuf fois l’an par La Coop fédérée. Il est l’outil d’information de la coopération agricole québécoise. Éditeur

Jean-François Harel

Directrice et Guylaine Gagnon rédactrice en chef 514 858-2146 (ligne directe) guylaine.gagnon@lacoop.coop Rédacteur et Patrick Dupuis, agronome adjoint à l’édition 514 858-2044 (ligne directe) patrick.dupuis@lacoop.coop Révision de texte

Georges O’Shaughnessy enr.

Ont collaboré à ce numéro Raymond Bernier, David Bessenay, Denis Caron, Vincent Cloutier, Hélène Cossette, Étienne Gosselin, Lucie Kablan, François Labrie, Élisabeth Lapointe, Colette Lebel, Patrick Leclerc, Nancy Malenfant, Nicolas Mesly, Stéphane Payette, Denis Richard, Francine Saint-Laurent, Jean Tanguay

Conception graphique Service de la création, La Coop fédérée Graphistes : Pierre Cadoret, Michaël Guimond, Suzanne Turcot Webmestre : Ricardo Silva Photographies et illustrations : David Bessenay, Pierre Cadoret, Bernard Diamant, Étienne Gosselin, Nicolas Mesly, Stéphane Payette, Francine Saint-Laurent Photos de la page couverture : Istock et Ingimage Photomontage : Michaël Guimond Impression : Interweb Inc. Les photos, illustrations et textes publiés dans Le Coopérateur agricole et sur le site Internet de La Coop fédérée ne peuvent être réutilisés sans autorisation.

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Pierre Grinsell, 450-661-8200 info@relationsmedia.ca

Abonnements

Nadine Kadé : 514-384-6450 poste 3710 nadine.kade@lacoop.coop

Par décision du conseil d’administration de La Coop fédérée, avis est par les présentes donné que la 93e assemblée générale annuelle des sociétaires de La Coop fédérée aura lieu au Centre Sheraton sis au 1201, boulevard RenéLévesque Ouest, Montréal, province de Québec, le 26 février 2015, à 9 heures. Prenez également avis qu’une proposition de modification au règlement numéro 4, concernant l’élection des membres du conseil d’administration de La Coop fédérée et une proposition de modification au règlement numéro 10 concernant le mode de calcul du nombre de délégués auquel ont droit les Associations et les Sections aux assemblées générales annuelles des sociétaires de La Coop fédérée seront soumises à l’assemblée. Le secrétaire général, Me Jean-François Harel

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Le Coopérateur agricole | FÉVRIER 2015

Correspondance Retourner toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada à : Le Coopérateur agricole C.P. 500 Station Youville, Montréal (Québec) H2P 2W2 Téléphone : 514 384-6450 Télécopieur : 514 858-2025 Courriel : coopagri@lacoop.coop Adresse Web : www.lacoop.coop/cooperateur www.lacoop.coop/cooperateurvirtuel Poste-publications, convention n° 40628621 Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec 108568-02-15

Modification à la convocation de l’assemblée générale annuelle 2015 de La Coop fédérée

Coût d’abonnement (taxes incluses) Membres : 8,63 $/année (défrayé par la coopérative locale) Non-membres : 1 an : . . . . 25 $ 3 ans : . . . . . . . . . . . . . . . . . 55 $ 2 ans : . . . . 40 $ À l’étranger – 1 an : . . . . . . 90 $


Entre nous

La Tournée du président

A

PHOTO : MARTINE DOYON

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vez-vous déjà remarqué qu’il y a une relation entre le rendement des principaux indices boursiers et la température ? C’est que voyez-vous les deux montent et descendent sans que l’on puisse en prédire le comportement, et les deux sont en mesure de provoquer à l’occasion des catastrophes, tout en donnant chaud à ceux qui s’y intéressent. Mais je n’avais pas l’intention de vous parler de la pluie et du beau temps ni de l’évolution du prix des grains, mais bien de la Tournée du président, effectuée au mois de janvier dernier. Depuis une quinzaine d’années, cette tournée s’effectue au mois de janvier, ce qui nous permet de rencontrer les conseils d’administration et les délégués des coopératives affiliées et de leur présenter, avec tous les détails appropriés, les résultats de l’année écoulée. On y fait également le point sur les grands dossiers et l’évolution du mouvement coopératif agricole dans son ensemble. C’est aussi une bonne occasion de prendre le pouls des préoccupations de vos dirigeants. À en juger par le type de questions posées cette année, j’en conclu que tout ne va pas mal dans le réseau La Coop. Il y a bien entendu des inquié­tudes au sein de plusieurs coopé­ratives dont les résultats opé­ra­tionnels ne sont pas au rendez-vous et qui ne peuvent plus compter sur les rachats de capitaux qui étaient géné­ra­lement effectués par La Coop fédérée. Ces inquiétudes ne laissent cependant pas de place à la léthargie et plusieurs coopératives ont entrepris des pourparlers avec des coopératives voisines pour mettre en commun certaines de leurs activités afin de baisser leurs coûts et d’être en mesure de saisir des occasions. Dans certains cas la fusion des coopératives est également envisagée. Si les structures coopératives sont en mutation, la force de la coopération agricole, elle, demeure intacte. Et tous sont au fait qu’ils en sortiront plus fort et qu’à moyen terme La Coop fédérée sera en mesure de contribuer au succès du réseau, une fois digéré les récentes acquisitions effectuées.

La Tournée du président permet également aux acteurs du réseau La Coop de faire le point sur les grands projets de celui-ci. À cet égard, nous sommes tous à même de constater le chemin parcouru au cours des dernières années. Le projet Chrydalide en productions animales est pour ainsi dire terminé et si ses bénéfices semblent parfois moins tangibles, on reconnaît généralement que les effets négatifs de la crise porcine auraient eu beaucoup plus d’impacts sur nos activités si cette nouvelle façon de faire n’avait pas été mise en place. Le projet Fidelio est lui aussi derrière nous et avec l’univers numérique qui s’installe, ses béné­ fices ne font que commencer. Le partenariat établi avec BMR suit son cours et toutes nos coopé­ratives et partenaires sont maintenant appro­vi­sionnés par ce groupe. Bref, de l’action, il y en a eu au cours des dernières années, et je peux vous prédire qu’il y en aura encore beaucoup au cours des prochaines années parce que notre envi­ron­nement d’affaires évolue rapidement. La Tournée du président est aussi l’occasion cette année de faire le point sur l’évolution de la plani­fication stratégique du réseau, laquelle tire à sa fin, et qui devrait déboucher sur un plan de déploiement en cours d’année. C’est aussi pour les parti­cipants l’occasion de prendre connaissance des recom­man­dations du comité de réflexion sur la gouver­nance du réseau, concernant les modifi­ cations à apporter au règlement sur l’élection des membres du conseil d’administration de La Coop fédérée, lesquelles seront soumises aux délégués à la prochaine assemblée générale annuelle. Bref beaucoup de contenu et de transparence, des discussions animées et un climat qui, malgré les incertitudes, demeure généralement serein et positif. Je ne saurais prédire l’avenir des cours boursiers, ni le temps qu’il fera mais je peux définitivement vous prédire qu’avec une telle attitude de la part de vos dirigeants, le réseau La Coop sera là pour vous épauler dans vos fermes pendant bien des années encore. Bonne continuation !

Denis Richard Président, La Coop fédérée denis.richard@lacoop.coop

FÉVRIER 2015 | Le Coopérateur agricole

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Méli-mélo

Le saviez-vous ? Il y a environ 10 000 fermes ovines au Canada qui produisent, au total, plus d’un million d’agneaux, de brebis et de béliers par année. (The Canadian Co-operator)

2014, une année record pour la production mondiale de céréales Les dernières indications confirment que la production céréalière mondiale devrait atteindre un niveau record de plus de 2,5 milliards de tonnes en 2014. Dopée par des conditions culturales favorables en Europe et une production record de maïs aux États-Unis, la production céréalière devrait atteindre plus exactement 2,532 milliards de tonnes (en incluant le riz usiné), soit 0,3 % de plus qu’en 2013, selon le dernier rapport Perspectives de récoltes et situation alimentaire, de la FAO. Puisqu’elle dépassera l’utilisation, cette récolte céréalière mondiale devrait se traduire par une augmentation des stocks, qui atteindraient leur plus haut niveau depuis 2000. Elle devrait également entraîner une hausse de 25,2 % du ratio mondial stocks-utilisation, soit son plus haut niveau depuis 13 ans. (FAO)

Cuisiner, c’est manger plus sainement Même lorsqu’ils ne cherchent pas à perdre du poids, les gens qui cuisinent le plus à la maison sont ceux qui s’alimentent le mieux, conclut une étude de l’Université Johns Hopkins publiée dans la revue Public Health Nutrition. Pour arriver à cette conclusion, les scientifiques se sont basés sur une enquête réalisée auprès de 9000 Américains de 20 ans et plus qui ont tenu un registre détaillé de leur alimentation pendant 30 jours. Les chercheurs ont constaté que les personnes qui cuisinaient peu, soit une fois ou moins par semaine, consommaient davantage de calories, de matières grasses et de sucres que celles qui préparaient leur dîner à la maison de six à sept fois par semaine. (Santé Blog)

Pour déneiger, Montréal préfère le maïs à la betterave Après le jus de betterave, la Ville de Montréal se tourne maintenant vers le maïs pour faire fondre la glace sur ses trottoirs. Le bon vieux sel de déglaçage utilisé pour rendre les trottoirs sécuritaires vit une petite révolution depuis quelques années. On le mélange à certains produits pour le rendre beaucoup plus collant, afin qu’il reste sur place lorsqu’on l’applique au lieu de rebondir, ce qui en améliore l’efficacité. Certains arrondissements ont mis à l’essai le jus de betterave comme produit pour humidifier le sel de déglaçage. Mais le « sel de betterave » présente un inconvénient majeur : son odeur désagréable. Une entreprise tente actuel­ lement de réduire l’odeur dégagée par ce sel, mais en attendant, les arrondissements ont abandonné le jus de betterave pour adopter un substitut, soit le résidu de maïs. D’autres produits plus efficaces que le sel existent sur le marché, mais ils coûtent 10 fois plus cher. Montréal entretient près de 10 000 km de voies routières. (La Presse)

Union européenne : instauration des nouvelles règles d’étiquetage Le 13 décembre dernier a marqué l’entrée en vigueur des nouvelles règles d’étiquetage des denrées alimentaires dans l’Union européenne. Notamment, l’indication obligatoire du pays d’origine des viandes fraîches porcine, ovine, caprine et de volaille. Rappelons que les nouvelles règles d’étiquetage ont été adoptées par le Parlement européen et le Conseil en 2011. Ainsi, les exploitants du secteur alimentaire ont obtenu un délai de trois ans afin de passer sans heurt au nouveau système d’étiquetage. En outre, le règlement autorise la commercialisation des denrées alimentaires mises sur le marché ou étiquetées avant le 13 décembre 2014, jusqu’à épuisement des stocks. (écho-Porc)

Des robots dans les établissements de détail et les hôtels

L’entreprise Fellow Robots s’est associée avec le quincailler Lowe’s pour le doter de ses premiers robots, appelés OSHBots. Ces automates autonomes savent où aller récupérer la marchandise en magasin, circulent dans les allées, interagissent en plusieurs langues avec les clients et les aident à optimiser leur visite. Des robots gardiens (les Nightscape K5 et K10) sont également à « pied » d’œuvre pour surveiller les magasins en dehors des heures d’ouverture. Enfin, dans le secteur de l’hôtellerie, le robot Botlr, véritable valet de pied, distribue brosses à dents, journaux et autres objets directement à la chambre des résidants de l’hôtel. (Peterdiamantis.com)

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Pau s e - p e n s é e

Une visite à Mondragon

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PHOTO : MARTINE DOYON

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u cœur du Pays basque espagnol, le siège social du Groupe Mondragon respire la prospérité. Nous sommes reçus dans une petite salle de cinéma tout à fait douillette, il y a des œuvres d’art sur les murs et, dans un hall vaste et lumineux où nous nous attardons, trône une maquette du grand complexe de Mondragon. On nous explique brièvement : « Ici, un de nos supermarchés; là, un de nos centres de recherche, puis un des bâtiments de notre université; par là, une de nos usines… » Mondragon. Mythique Mondragon. Voilà un groupe coopératif résolument engagé dans le marché. Ses installations, dispersées sur tous les continents, génèrent des revenus d’environ 12,6 milliards d’euros (17,7 milliards $ CA). Ses activités sont regroupées sous quatre grands secteurs : la finance, l’industrie, la distribution et… la connaissance ! Quelque 74 000 travailleurs y gagnent leur pain quotidien. Devant le gigantisme de l’entreprise, on s’attendrait à un peu de lourdeur administrative mais, au contraire, on constate que le Groupe présente un modèle d’affaires agile, flexible et extrêmement innovateur. Agile et flexible, parce que le Groupe est fortement décentralisé. C’est un conglomérat inversé, constitué d’entités autonomes et indé­­­pen­ dantes reliées par des structures de coordi­nation très légères, qui assurent la gestion de l’inter­ coopération. La centaine de coopératives de travailleurs propriétaires du Groupe sont spécialisées et limitent leur taille pour préserver la proximité interne. La diversification, tout comme la croissance, c’est par le réseau qu’on l’obtient. Ainsi, les nouvelles activités se développent par la mise sur pied de nouvelles coopératives, toujours autonomes et indépendantes, mais soutenues par l’ensemble du Groupe. Dans ce modèle d’affaires, l’intercoopé­ration est au cœur de la stratégie : les travailleurs circulent d’une coopérative à l’autre, l’argent transite par des prêts entre coopératives (garantis par le

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siège social) et la connaissance se partage dans les activités communes d’éducation, de recherche et de développement. Cette extraordinaire combi­ naison d’actifs permet d’innover à fond. En 2012, 19 % du chiffre d’affaires a été réalisé grâce à des produits qui n’existaient pas cinq ans auparavant. Aujourd’hui, le Groupe détient 467 brevets, et plus de 1600 chercheurs à plein temps testent de nouvelles idées, de nouveaux produits. Côté gouvernance, la solidarité est le maître mot. Une règle de non-concurrence interne a été établie et est respectée. Tous les mois, les coopératives acheminent leurs états financiers au siège social pour permettre un balisage rigoureux. De plus, une partie des excédents est versée annuellement dans un fonds de solidarité, auquel peuvent avoir accès les coopératives en difficulté, après que leurs membres travailleurs, bien sûr, ont consenti des ajustements sur leurs propres salaires – on est solidaires les uns des autres, oui, mais on est d’abord responsables chacun chez soi. On nous confirme en outre que le ratio entre le plus bas et le plus haut salarié n’excède jamais 1 pour 6 dans les coopératives du Groupe. Mais il n’y a rien de parfait en ce bas monde ! Et les critiques à l’égard de Mondragon visent généralement le fait qu’il y existe deux classes de travailleurs : les travailleurs membres, dans les coopératives du Groupe, et les travailleurs non membres, dans des usines acquises hors du pays. On comprendra qu’implanter une culture coopérative là où il n’y en a jamais eu est tout un défi, puisqu’une coopérative se construit a priori par une prise en charge du milieu. Non, le Groupe Mondragon n’est pas parfait. Mais il expérimente, il ose, il procède par essaiserreurs et il continue d’avancer. Il est animé d’un idéal, faisant de l’éducation sa clé de voûte. Pour la petite histoire, rappelons que Mondragon est né d’une école et qu’aujourd’hui une université coopérative s’y rattache. Ce n’est pas anodin. D’ailleurs, à l’entrée du siège social, on peut lire une citation du père Arizmendiarrieta, source d’inspiration pour Mondragon : « Pour démocratiser le pouvoir, il faut socialiser le savoir. » Voilà. Tout a été dit. Colette Lebel, agronome Directrice des affaires coopératives La Coop fédérée Courriel : colette.lebel@lacoop.coop Télécopieur : 514 850-2567


Colloque sur l’établissement et le retrait en agriculture Et si chaque relève avait son cédant? 18 mars 2015, Drummondville

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Fa i t s e t g e s t e s

Par Vincent Cloutier, agronome, MBA

Économiste principal La Coop fédérée vincent.cloutier@lacoop.coop

Quand la moyenne ne veut plus rien dire

C’est devenu un cliché : ici comme ailleurs, il y a de moins en moins d’entreprises agricoles, et leur taille augmente. L’analyse des données confirme aussi que la distribution des entreprises, selon leur taille, change beaucoup. Conséquence pour les amateurs de données : la moyenne devient progressivement insignifiante.

B PHOTO : PIERRE CADORET

eaucoup d’intervenants, surtout des économistes – votre humble serviteur plaide coupable –, continuent pourtant à se servir de cet indicateur. Mais quelle solution de rechange avions-nous ? Le département de l’Agriculture des États-Unis (USDA) est venu à notre rescousse. Il a élaboré un nouvel indicateur, le midpoint, que nous traduirons par point milieu. Appliqué au secteur des grandes cultures aux États-Unis, le point milieu représente la taille de ferme au-dessus de laquelle on retrouve la moitié des hectares cultivés. Pour l’année 2011, l’indicateur se situait à 400 ha. Cela signifie que les fermes de 400 ha et plus regroupent la moitié des superficies en grandes cultures aux États-Unis. Comme l’indique le graphique, la taille moyenne des fermes de grandes cultures états-uniennes a stagné au cours des 30 dernières années. Pendant la même période, le point milieu a été multiplié par deux. On constate qu’en se fiant à des moyennes, on passe à côté de la réalité.

À l’échelle canadienne, 6 % des entreprises agricoles génèrent la moitié du revenu agricole. Puisque la moyenne fait perdre de vue la réalité fondamentale associée à la consolidation, il devient intéressant d’appliquer le calcul du point milieu au Canada et au Québec. Pour l’évaluer de façon précise, un accès aux données sources serait nécessaire. Peut-être un jour nos grandes boîtes de statistiques s’y lanceront-elles. Entretemps, on peut procéder à de bonnes approximations en se servant des données de recensement, qui classent les entreprises selon différentes strates de revenus.

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À l’échelle canadienne, 6 % des entreprises agricoles génèrent la moitié du revenu agricole. La concentration est un peu moindre au Québec, où la moitié de la production est assurée par 2400 fermes (8 %). Il n’est pas faux de prétendre que le Québec compte près de 30 000 fermes ni que leur revenu moyen est de 250 000 $ par année. Mais on obtient un bien meilleur portrait de la population agricole en rappelant que le point milieu y est de 800 000 $. C’est-à-dire que les fermes générant des revenus de 800 000 $ et plus annuellement comptent pour la moitié des revenus agricoles. Instinctivement, les intervenants qui gravitent autour du monde agricole sont sensibles à cette réalité. Ne pas l’être mènerait à des orientations stratégiques erronées. Superficie en culture d’une ferme américaine : point milieu et moyenne Acres 1200 1000 800 • Point milieu, terres cultivées

600 400 200 0 1982

• Moyenne, terres cultivées

1987

1992

1997

2002

2007

Source : USDA

La tendance à la consolidation, lourde ici comme ailleurs, n’est appelée qu’à se poursuivre. Ralentie ou accélérée au gré des tendances de marchés ou bien par l’effet des politiques agricoles, elle continue de s’exprimer, catalysée par les forces indomptables de l’économie de marché. Puisque les économies de taille existent (toutes choses égales par ailleurs, une grande entreprise génèrera de meilleurs bénéfices qu’une plus petite), la logique mathématique la plus élémentaire amène à conclure que, plus que jamais, la moyenne ne veut plus rien dire.


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Femme engagée

Par Hélène Cossette

Une femme expérimentée au service de la coopération Propriétaire d’une garderie en milieu familial, Sylvie Lacroix offre depuis 23 ans un service essentiel et très apprécié des jeunes familles de la municipalité d’Adstock, en Chaudière-Appalaches. Secondée par deux employées à temps partiel, elle y accueille neuf bambins chaque jour.

E

PHOTO : FOURNIE PAR SYLVIE LACROIX

lle-même mère de deux grandes filles, aujourd’hui âgées de 21 et 23 ans, elle est également reconnue pour son engagement communautaire. Administratrice de La Coop St-Méthode depuis 2012, elle a notamment dirigé le comité de parents de l’Organisation des terrains de jeu (OTJ) de Saint-Méthode pendant 10 ans et siégé au conseil d’établissement de l’école aux Quatre-Vents pendant 5 ans, en plus de mener diverses activités de financement avec son époux, qui est chef pompier. Si elle aime s’engager, c’est d’abord parce que cela lui permet de travailler en équipe et de faire partager des idées à d’autres personnes, résumet-elle. « Ensemble, nous avons plus de force », fait valoir cette Méganticoise d’origine, établie dans le secteur de Saint-Méthode, à Adstock, depuis 26 ans.

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Son expérience comme entrepreneure et comme bénévole de longue date l’a bien préparée à jouer son rôle au conseil de sa coopérative, selon elle. « Je savais un peu dans quoi je m’embarquais », confie-t-elle. D’autant plus qu’elle en était membre depuis longtemps et que son beau-père, Lucien Tardif, avait été administrateur pendant près de 25 ans. Elle reconnaît cependant avoir un peu « patiné » au début de son mandat au sein de cette coopérative de consommation de 402 membres, qui exploite une épicerie Bonichoix et une quincaillerie Unimat. « Il y a de nouvelles choses à apprendre dans chaque organisation, remarque-telle. Mais comme on dit : l’essayer, c’est l’adopter ! » Aux dires de Chantal Cloutier, directrice par intérim de la coopérative, Sylvie Lacroix s’implique beaucoup dans la vie associative. À titre d’exemple, c’est elle qui représentait les cinq administrateurs dans le comité organisateur du 75e anniversaire, célébré en 2013. La dirigeante a notamment sollicité des commandites pour financer les activités et la plaque commémorative du 75e. Elle a aussi retrouvé des vidéos qui ont rappelé d’émouvants souvenirs aux membres de cette entreprise, qui a d’abord eu une vocation agricole avant de changer d’orientation, en 2000. Elle a par ailleurs apporté plusieurs nouvelles idées au conseil. Entre autres choses, c’est elle qui a incité l’épicerie à élargir son offre de plats prêts à manger et préparés sur place. Mettant à profit sa grande connaissance des enfants, elle a aussi instauré des concours de dessin et de bricolage à leur intention, en plus de se charger elle-même de décorer la devanture du magasin à chaque fête de l’année pour la rendre plus attirante. « Si on va chercher les enfants, les parents vont suivre », a-telle fait valoir auprès de ses collègues. Le grand succès de la Fête de la citrouille, qui a sensiblement augmenté l’achalandage de l’épicerie, lui a d’ailleurs donné raison. En convalescence, après un mois d’hospitalisation, lors de l’entrevue accordée au Coopérateur, elle avait bien hâte de rouvrir son service de garde et de reprendre ses activités. Arrivant au terme de son premier mandat d’administratrice, elle souhaite de tout cœur que sa santé lui permette de servir encore plusieurs années. « Mon objectif est de contribuer à améliorer l’offre de notre coopérative, tout en m’assurant qu’elle demeure abordable pour tout le monde », conclut-elle.


C o o p é r at i o n

Le Colloque des coopératrices attire des perles Jeunes et moins jeunes, elles étaient plus d’une cinquantaine à participer à la 14e édition du Colloque des coopératrices, qui a eu lieu à Bécancour en novembre dernier. Entrepreneures-nées, femmes de tête, elles possèdent toutes les qualités qui font d’elles des candidates de choix pour siéger au sein d’un conseil d’administration.

L

Texte et photo de Francine Saint-Laurent

a présence de ce beau potentiel féminin ne pouvait mieux tomber, puisqu’il y aura une élection en février pour remplacer Sophie Bédard, qui tire sa révérence après avoir occupé le poste d’administratrice du territoire 8 depuis 2006. Un poste provincial réservé à une femme au sein du conseil d’administration. Or, un des objectifs du colloque est de réfléchir à la relève. Le thème « La démocratie, on en parle ! » était approprié dans les circonstances. Les questions soulevées : ce poste doit-il demeurer ? Devrions-nous conserver le même mandat ? Les participantes étaient unanimes : le poste doit être conservé. Elles ont même proposé qu’il soit bonifié. Sophie Bédard et Muriel Dubois ont été invitées à parler de leurs expériences comme administratrices et de la nature de leur fonction. Notre administratrice sortante a dit qu’elle partait avec un bagage rempli de beaux souvenirs et d’expériences enrichissantes. Elle a appris beaucoup de choses grâce à l’expertise de personnes compétentes que son poste lui a permis de connaître. Des connaissances dont elle a su tirer profit en les appliquant dans sa propre entreprise d’alors, une ferme porcine située à Sainte-Praxède.

Elles se portent candidates Pour donner aux coopératrices un avant-goût de ce à quoi peuvent ressembler les préparatifs si elles décidaient de se porter candidates, on a organisé des ateliers coopératifs à la fin du colloque de deux jours pour simuler la préparation d’une candidature. Cela a porté ses fruits, puisque deux coopératrices, Marlène Thibodeau et Kathy Fraser, ont manifesté de l’intérêt pour l’aventure électorale à La Coop fédérée et sont en réflexion. Le colloque annuel vise également à favoriser le réseautage entre femmes. Voilà pourquoi la première journée a été consacrée à la visite du Centre de la Biodiversité du Québec (Bécancour) et à un souper dans un restaurant afin de briser la glace. Il s’agit d’une formule qui marche. La preuve ? C’est que les coopératrices n’ont pas tardé à discuter – dans une ambiance tout à fait chaleureuse – de points importants, à faire part de leurs opinions et de leurs idées, à faire des échanges fructueux, à tisser des amitiés et à prendre conscience des nombreuses qualités qu’elles peuvent mettre au service de leur coopérative et de La Coop fédérée.

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Lait

Cultiver le succès, récolter les honneurs

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Prix, concours, honneurs… La Ferme du Murier, de Saint-Édouard-de-Lotbinière, connaît la recette secrète du succès. Elle a accepté de révéler quelques-unes de ses bonnes idées.

Texte et photos d’Étienne Gosselin, agronome, M. Sc.

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vec deux jeunes enfants, une maison en rénovation, une conjointe policière et trois productions agricoles différentes à gérer et à s’approprier (laitière, porcine et céréalière, bonnes pour respectivement 50, 25 et 25 % du chiffre d’affaires), Bruno Soucy a toujours une liste de tâches bien remplie. Malgré tout, il réussit et prospère, comme si le succès attirait le succès. Mais comment a-t-il lancé la spirale de la réussite ? D’abord, par des concours comme celui de la meilleure augmentation de MCR de troupeau du Club Ayrshire de Lotbinière, une mirobolante augmentation de 91 points cette année, bonne pour le droit d’exposer le trophée durant une année dans le bureau. Ensuite, par une très convoitée plaque de Maître-éleveur, fruit de 10 années de travail assidu sur les choix d’élevage et la gestion du troupeau. Enfin, par des concours relevés comme celui des Jeunes agriculteurs d’Élite, qui a couronné la Ferme du Murier lauréate québécoise. Ce n’est pas d’hier qu’on court les concours chez les Soucy. Dès les années 1960, le grand-père de Bruno, Fernand Soucy, participait à des jugements laitiers majeurs comme ceux de Trois-Rivières ou


Québec. Dans la décennie suivante, le patriarche se rendait en Suède, au Danemark, en Norvège et en Angleterre, pour écumer ces pays de leurs meilleurs sujets de race pure, créant un cheptel de reproduction par la suite reconnu dans les congrès et les encans canadiens et états-uniens. Encore aujourd’hui, l’achat d’une bonne vache tous les ans et le travail assidu sur la génétique permettent de se rendre aussi loin qu’à la Foire royale d’hiver de l’agriculture (la « Royale »), à Toronto, pour présenter des animaux. Bref, d’un succès à l’autre, un cercle vertueux s’installe, comme un goût de se surpasser. Même des concours de champ avec des compères de la Société d’agriculture de Lotbinière créent une saine émulation, un climat ni trop ni moins compétitif.

À l’étable L’étable actuelle, rénovée et améliorée, convient très bien à l’élevage en stabulation entravée. Mais comment profiter des nouvelles technologies de monitorage des animaux élevés en stabulation libre ? Avec le nouveau système Heatime offert par le CIAQ depuis 2012 (environ 200 systèmes installés à ce jour), le suivi de la santé et de la reproduction du troupeau s’en trouve accru. « Améliore ce que tu contrôles », résume sagement Bruno Soucy, du haut de ses 31 ans.

Des perspectives nouvelles Les expressions « sortir du cadre » et « thinking outside the box » (penser différemment) siéent bien à Bruno Soucy. Utiliser des méthodes de résolution de problèmes non traditionnelles fait partie de sa philosophie. Comment ? Premièrement, en s’aérant l’esprit en dehors de l’entreprise, pour mieux y revenir. « J’ai des chums à qui raconter mes problèmes et qui me racontent les leurs, question de dédramatiser », dit Bruno. Le hockey du lundi et les sushis ou la poutine avec la famille et les amis permettent également de ventiler. Il y a aussi Hélène. Malgré sa carrière de policière et son occupation de maman, Hélène St-Pierre s’implique à la ferme quand son horaire, variable, le permet. Sa complicité dans les activités quotidiennes a du bon, pense celle qui ne vient pas du milieu agricole. « Ça me permet de connaître les réalités, tout en offrant à Bruno des idées qui ont du recul. »

« Heureux sont les gens qui vivent de leur passion », déclarait le couple lors de sa présentation au volet québécois du concours Jeunes agriculteurs d’Élite. Si concilier une carrière d’entrepreneur agricole, une carrière de policière et des occupations de père et de mère d’Émile et Angèline n’est pas de tout repos, Bruno Soucy et Hélène St-Pierre y arrivent, récoltant au passage des honneurs pour les concours auxquels ils participent.

Hausser les revenus, donc, par exemple en saisissant des occasions de vente d’embryons à l’international ou de taureaux aux centres d’insémination, mais aussi grignoter les coûts, en échangeant des embryons avec un ami producteur d’une autre région, question de rebrasser la grande soupe génétique. Dernier exemple : la ferme fait affaire avec la scierie locale pour sa litière, en allant y chercher directement de la sciure au moyen d’une boîte à ensilage modifiée pour faciliter la manutention.

Aux porcheries En 2011, en pleines turbulences économiques, les Soucy font preuve d’une certaine audace en transformant leurs maternités en engraissements (1500 places, deux bâtiments). Devant un manque de main-d’œuvre criant, on décide d’installer des balances-trieuses, passage obligé pour les porcs pour se rendre à l’aire d’alimentation. Un système qui mesure avec précision les performances zootechniques, mais qui est légèrement plus coûteux : les porcs, qui dépensent plus d’énergie à marcher, ont une conversion alimentaire plus élevée. Malgré tout, cette sous-performance ne rivalise pas avec le coût de la main-d’œuvre nécessaire pour peser et trier les animaux. « Sans parler de ma qualité de vie », ajoute Bruno. Le gestionnaire planche actuellement sur une solution imaginative pour l’épandage du lisier. Premièrement, il entend chiffrer la valeur économique du lisier de ses trois porcheries. Deuxièmement, il songe à vendre ou à donner le lisier de ses trois porcheries pour en acheter la même quantité, brassée et transportée en bordure de ses champs pour moins cher que ce qu’il paie lui-même afin de se défaire de ses déjections porcines. Une idée folle de prime abord, mais c’est ce genre de douce certitude qu’aime bousculer le producteur. u

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L’alimentation du troupeau Génisses (0 à 6 mois) Goliath 21 Génisses (6 à 14 mois) Goliath 45AU Maïs humide Génisses (14 mois et plus) Tourteau de soya Maïs humide Minéral 14-9 Tarissement Tourteau de soya Minéral VT7-3C

Avec trois productions agricoles différentes à gérer et à s’approprier (laitière, porcine et céréalière, bonnes pour respectivement 50, 25 et 25 % du chiffre d’affaires), Bruno Soucy a toujours une liste de tâches remplie. Malgré tout, il réussit et prospère avec des manières de penser et des pratiques de gestion qui sortent des sentiers battus.

Préparation au vêlage Transilac 25 Maïs humide RTM des vaches en lactation Vaches en lactation (alimentées avec RTM de base et individuellement selon la production, le stade de lactation, l’âge, l’état gestationnel et la condition de chair)

Groupe 1

Au champ

Fier de montrer qu’il participe aux travaux quotidiens, Émile, six ans, a pris la pose, avant de continuer à repousser la ration devant les fortes productrices.

En plus des certitudes, Bruno bouscule les préjugés. Connaissez-vous les coûts de production de vos fourrages ? C’est le cas du producteur, qui a préféré acheter 400 grosses balles pour taures et vaches taries plutôt que les faire lui-même, vu le prix du foin sur le marché, qui est inférieur à son coût de production. « J’ai eu l’air d’un lâche. C’est encore tabou d’acheter du foin », exprime Bruno. « Il faut savoir voir les bonnes occasions au bon moment », évalue plutôt sa conjointe, Hélène St-Pierre. Libérer des prairies aura même permis de cultiver plus de soya, une culture commerciale payante. Pour ses 185 hectares en culture, l’homme fait montre de la même rationalité, d’abord en instaurant des conditions gagnantes pour de bons rendements (drainage des terres, correction du pH des sols, nivelage des surfaces), ensuite en dépoussiérant le plan de culture. Si le maïs (grain et ensilage) et le soya (consommation humaine) composent 80 % de l’assolement, les céréales et les cultures intercalaires s’implantent après le soya ou l’avoine dans le cas du blé d’automne et entre les rangs de maïs dans le cas du ray-grass.

20,3 kg d’ensilage de maïs conditionné 16,6 kg d’ensilage de foin (22 % PB) 0,5 kg de foin sec de première coupe 1,5 kg de supplément Synchro 4214 1,75 kg de tourteau de soya 6 kg de maïs humide 460 g de minéral 18-5 T

Groupe 2 21,2 kg d’ensilage de maïs conditionné 17,4 kg d’ensilage de foin (22 % PB) 0,5 kg de foin sec de première coupe 1,9 kg supplément de tourteau de soya 4,5 kg de maïs humide 460 g de minéral 18-5 T

Groupe 3 22,1 kg d’ensilage de maïs conditionné 18,1 kg d’ensilage de foin (22 % PB) 0,5 kg de foin sec de première coupe 0,8 kg de tourteau de soya 0,7 kg de maïs humide 280 g de minéral 18-5 T

Au firmament Des décisions d’affaires ? Ce n’est pas d’hier que Bruno doit en prendre, lui qui jongle avec des budgets et assume des choix depuis qu’il a 15 ans. « Le plus beau cadeau qu’un père puisse faire à son fils, c’est de lui faire confiance », illustre l’agriculteur. Son père, Alain, ancien maire de Saint-Édouard-de-Lotbinière, a été emporté au printemps 2014 d’une récidive de leucémie aiguë. Alain, une étoile de plus au ciel, qui veille d’en haut sur les succès de la famille Soucy.

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À l’étable, la Ferme du Murier profite de l’expertise de l’agronome Chantal Dubois, de La Coop Parisville, alors qu’Élyse Groleau (sur la photo), technologue de la même coopérative, conseille la ferme pour ses productions végétales.


B ov i n

Battre la ferme modèle sur tous les plans Texte et photos de Stéphane Payette, T.P.

La rentabilité d’une entreprise engagée dans la production bovine est au cœur des préoccupations des producteurs québécois. Jean-Yves Houle, de la Ferme Claudale, à Princeville, affronte ce défi avec une philosophie de guerrier. Il veut battre la ferme modèle ASRA sur tous les plans.

M

eneur d’une entreprise dotée d’un troupeau de plus de 400 vaches de boucherie et de 100 taures de reproduction, Jean-Yves utilise sa vaste expérience et ses années d’études pour se construire un plan d’affaires efficace. Sa stratégie consiste à concentrer ses dépenses afin de maximiser ses revenus. Il apporte une attention soutenue à tous les détails pour obtenir le plein potentiel de chaque secteur, de la génétique à l’alimentation. Ses animaux sont issus d’un croisement de trois races : Angus, Simmental et Charolais.

Deux objectifs majeurs ont influencé ce choix. « J’ai choisi trois races parce que, dans un premier temps, les veaux qui en sont issus répondent au besoin du marché. Cela dit, je n’ai pas de parti pris pour une race en particulier. Ce ne serait pas rentable pour mon entreprise de le faire. De plus, un triple croisement apporte entre 23 et 27 % plus de vigueur hybride qu’un croisement de race pure. C’est un enjeu majeur », dit le producteur de la région Centre-du-Québec. Même chose pour la sélection des animaux. Ce ne sera pas la plus belle taure qui sera choisie

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Jean-Yves Houle a longuement planifié son bâtiment et le mode d’alimentation.

La Ferme Claudale Plus de 400 vaches-veaux 100 taures de reproduction Une moyenne de 0,9 veau sevré par vache Trois races : Angus, Simmental et Charolais Plus de 4000 tonnes d’ensilage de maïs Plus de 2000 balles rondes 6 pi x 4 100 ha d’ensilage de maïs 100 ha de plantes fourragères 0,4 ha de pâturages par vache

Les travaux à forfait Labours Semis de maïs Récolte d’ensilage de maïs Hersage Pulvérisations Épandage des fumiers Transport d’animaux

pour assurer la relève, mais bien celle qui a le plus de potentiel. « A priori, une taure doit vêler le plus souvent possible dans sa vie. Nous faisons un test de développement des ovaires vers 12 mois. Les taures qui ont manifesté des chaleurs à partir de 10 mois seront souvent plus productives que celles qui débutent à 15 mois. » Cette façon de faire est liée au souci de Jean-Yves Houle de produire des animaux adaptés au marché. « Le consommateur veut des pièces de viande moins grosses de nos jours. Nous appelons ça le frame score [pointage des gabarits]. Ici, nous produisons des veaux de ce modèle. Ça fait des années que je travaille là-dessus. »

Alimentation, hivernage et pâturage Parmi les postes de revenus et de dépenses susceptibles d’affecter la rentabilité de son entreprise, Jean-Yves Houle a longuement planifié son bâtiment et le mode d’alimentation. Titulaire d’un bac en relations industrielles et marketing de l’Université Bishop, ses connaissances de la langue de Shakespeare l’ont amené à siéger à des comités du CIAQ (Centre d’insémination

Le silo-fosse de plus de 4000 tonnes d’ensilage de maïs a été fabriqué pour le meilleur coût possible.

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artificielle du Québec) ainsi qu’à L’Alliance Semex, au début des années 1990. Il a pris part à beaucoup de voyages agricoles dans le but de s’inspirer de méthodes d’un peu partout en Amérique du Nord. Pour bâtir sa grange, il y a mis le temps ! « J’ai commencé par planter un piquet dans le champ et je vérifiais toutes les heures où se trouvait le soleil. Ainsi, j’ai pu construire en maximisant l’utilisation du soleil. Ça ne coûte rien, le soleil, et il travaille pour toi. Mes divisions et ma rallonge au-dessus de la mangeoire, tout a été pensé pour maximiser le taux de gain et le sevrage des veaux. » Sur le plan de l’alimentation, même approche. La ferme utilise un peu plus de 4000 tonnes d’ensilage de maïs et plus de 2000 balles de foin enrobées de 1000 kg ou plus, selon l’humidité. Tout est entreposé à l’extérieur pour diminuer les coûts. « J’ai opté pour un silo-fosse de 40 pi [12 m] de large sur 300 de long que je recouvre d’une toile de plastique. Ça me coûte environ 2000 $ par an. Un silo-fosse en béton [bunker], c’est environ 200 000 $. J’ai investi dans ma connaissance làdessus. J’ai appris à compacter mon ensilage de la bonne façon. Je n’ai pratiquement pas de pertes. Pour mes balles, c’est la même chose. Je fais des 6 pi sur 4. Si tu fais le calcul, je peux mettre trois fois plus de foin pour seulement 50 % de plus de matériel que dans une 4 pi sur 4. » Les vêlages sont synchronisés en été aux pâturages afin de maximiser le bâtiment. L’été, il sert à la semi-finition pendant que les vaches s’occupent des rejetons aux champs. Un système de 16 enclos, avec en moyenne 30 vaches chacun, offre une alimentation d’été de premier plan. Les travaux à forfait figurent également dans le plan de maximisation des dépenses. Jean-Yves, aidé de son stagiaire, Steven Tourigny, et de son fils, Jérémy, s’occupe uniquement de la récolte des balles. Les labours, le hersage, les semis du maïs,


Présentement, Jean-Yves travaille avec Steven Tourigny. Sa mère, Thérèse Saint-Pierre, sa conjointe, Chantal Fréchette, et son fils, Jérémy, l’appuient également. Jérémy étudie le génie mécanique à l’université. Il ne sait pas encore s’il prendra la relève. Mais s’il le fait, ce sera à la tête d’une ferme plus que modèle.

« Nous sommes les experts sur la ferme » Maryse Forgues et Yves Robert – Clients de FAC

La ferme de Jean-Yves Houle, située à Princeville, dans le Centre-du-Québec, a été conçue dans le but de battre le modèle ASRA sur tous les plans.

De plus en plus d’experts en agriculture au Canada choisissent de faire affaire avec FAC. fac.ca

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les applications des produits de protection des cultures, la récolte de l’ensilage de maïs, l’épandage des fumiers et le transport des animaux sont tous exécutés par des forfaitaires. Une façon de mettre l’accent sur les secteurs les plus payants. « Si je finis de semer le maïs deux semaines plus tard parce que je suis mal équipé, je perds trop de rendement. Si je m’équipe, je perds de l’efficacité en étant trop endetté. Je maximise le forfait et mes interventions. » Le modèle de gestion de la ferme de JeanYves Houle lui permet de vendre année après année tout près de 400 veaux. Cela représente une moyenne de 90 % des vaches avec un veau par année ainsi qu’un taux de sevrage de 95 %. Est-ce payant ? « J’ai vendu 200 veaux mâles avec une moyenne de 960 lb, cette année. Je ne connais pas le nouveau modèle de l’ASRA, mais je sais que je suis au-dessus. En fait, je le bats sur la qualité des animaux et sur le poids. C’est là que tu peux rentabiliser une ferme bovine. » Quand Jean-Yves Houle a construit l’entreprise qu’il dirige aujourd’hui, il avait un autre défi : battre le modèle sur le plan des heures. « J’ai vu mes parents travailler comme des fous, dit-il. J’avais d’autres buts. Je suis satisfait de mes heures investies par tête de pipe. J’ai du temps pour moi. J’apprécie encore plus mon boulot. »

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Porc

Jean Tanguay, agronome Coordonnateur, évaluations économiques production porcine Olymel jeantanguay@olymel.com

Faire face aux aléas de la production Après plusieurs années de disette, les producteurs de porcs peuvent enfin respirer. En effet, le prix du porc a atteint en 2014 des sommets inégalés, le prix des grains est revenu à un niveau plus normal et les cotisations ASRA sont passées de 11 à 2 $ par porc. L’année 2015 s’annonce sans ASRA, mais avec des profits plus bas. Qu’en sera-t-il toutefois lorsque l’offre de porcs en Amérique du Nord se sera ajustée ? Nous vous proposons une série de questions à vous poser pour bien évaluer votre situation et prendre les meilleures décisions possible. PHOTO : ÉTIENNE GOSSELIN

D’

abord, il faut prévoir d’autres années avec l’intervention de l’ASRA. Dans les dernières années, les producteurs ont réussi à se tirer d’affaire en rognant sur l’entretien, les salaires, les paiements, etc. Il y a maintenant des mises à niveau à faire dans plusieurs bâtiments. Lors de la prochaine année avec une compensation ASRA, le revenu stabilisé aura été amputé de 11 à 15 $ par porc pour le modèle naisseur-finisseur, comparativement à la période 2009-2013. De plus, les normes du bien-être animal sont en vigueur et, en 2024, toutes les truies confirmées gestantes devront être gérées en groupes et non plus en cages. Dans ce contexte, de nombreuses fermes doivent se poser plusieurs questions quant à

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leur avenir dans le modèle où elles se trouvent actuellement. Et elles doivent le faire avant d’entre­ prendre des investissements majeurs. Pour assurer sa pérennité, la ferme doit faire preuve d’excellentes performances, et ce, de façon continue.

Critère de succès no 1 : la santé Si l’entreprise est de type naisseur ou naisseurfinisseur, on ne peut pas fonctionner en tout plein-tout vide. On doit alors se poser les questions suivantes : • Est-ce que ma situation géographique me permet de garder mon troupeau en bonne santé à long terme ?


• Est-ce que je subis une dérive sanitaire importante moins d’une fois à tous les cinq à sept ans ? • S’il y a présence de maladies à incidence économique dans mon troupeau, est-ce que je peux les éradiquer et ne pas trop courir de risques qu’il soit contaminé de nouveau par les élevages avoisinants ? • Est-ce que je me suis assuré que la proximité des voisins, des routes de transport ou des épandages ne constitue pas un risque de nouvelle contamination de mon élevage ?

Critère de succès no 2 : la taille de l’entreprise et la main-d’œuvre • Est-ce que la quantité de travail à accomplir à la ferme permet de faire vivre deux personnes à temps plein ? • Est-ce que l’équipement et l’organisation de la ferme permettent à ces deux personnes de répondre aux exigences indiquées dans le tableau ?

Volume approximatif requis pour avoir deux UTP dans une ferme porcine Type de ferme

Nombre d’unités pour 2 UTP

Maternité

600 truies

Naisseur-finisseur

325 truies

Pouponnière

7000 places

Engraissement

7000 places

Idéalement, une entreprise devrait avoir un minimum de deux à trois unités de travailpersonne (UTP) afin que les gens puissent avoir un horaire qui leur permette de prendre des congés de façon raisonnable. L’entreprise sera ainsi attrayante pour la relève ou pour la vente. Si la ferme a moins de deux UTP, elle devra alors être assez petite pour permettre un emploi à l’extérieur ou dans une autre activité de la ferme. • Est-ce que la ferme a une relève intéressée par la production ? • Est-ce que la ferme est intéressante pour un acheteur éventuel ? • Est-ce que l’âge ou la situation des propriétaires actuels permettent un nouvel endet­ tement ?

Critère de succès no 3 : la condition des bâtiments • Est-ce que les bâtiments ont encore une bonne durée de vie utile ? • Est-ce que la règlementation permet de faire les changements nécessaires à la pérennité de la ferme ? Sinon, les bâtiments peuvent-ils être adaptés ? • En tant que naisseur-finisseur, est-ce que je peux finir tous mes porcelets au poids le plus rentable ?

Diverses possibilités Si on a répondu par l’affirmative aux questions précédentes, il est raisonnable de penser à investir pour faire la mise à jour des bâtiments, répondre aux normes de bien-être animal et accueillir la relève. Par contre, si on a répondu non à quelques questions, il faudra réfléchir un peu plus à l’avenir de la ferme. Plusieurs options sont possibles : • Rester ainsi jusqu’à ce que les actifs soient totalement usés. • Passer de naisseur-finisseur à finisseur à son compte ou à forfait. • Investir dans une maternité collective pour s’assurer d’une bonne source de porcelets à bon prix. • Si on est finisseur, acquérir un ou plusieurs autres sites finisseurs pour avoir au moins deux UTP. • Si on est un naisseur-finisseur bien situé, augmenter la taille de l’entreprise pour avoir au moins deux UTP. Il est important de bien analyser la situation de la ferme avant de prendre des décisions. Il est bon de prendre du recul et de ne pas tenir pour acquis que la vocation de la ferme doit obligatoirement rester toujours la même. Les décisions devraient être prises en fonction du bien-être des personnes qui participent à la vie de la ferme ainsi que de sa rentabilité future.

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F i l i è r e p o r c i n e c o o p é r at i v e

Par Élisabeth Lapointe Conseillère en communications, La Coop fédérée elisabeth.lapointe@lacoop.coop

Profession : vice-président aux ventes de viandes fraîches

PHOTO : OLYMEL

Saisir les occasions d’affaires, répondre aux exigences des clients, prévoir les aléas des marchés ici comme à l’étranger, voilà le quotidien peu banal de François Guité.

François Guité Vice-président aux ventes de viandes fraîches Olymel

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François Guité a un pied-à-terre à Boucherville, chez Olymel, mais passe également une partie de son temps dans les usines d’abattage et de transformation du Québec et de l’Alberta, ainsi qu’au Japon, en Corée du Sud et en Australie, où il supervise les bureaux des ventes d’Olymel à l’étranger. Cet homme d’affaires gère une équipe de 35 personnes, au sein de laquelle se trouvent deux divisions : la prise de commandes aux ventes internes et la vente des produits frais de porc et de volaille. Par produits frais, on entend tout ce qui n’est pas transformé au moment de la vente.

Prévoir l’imprévisible Le quotidien de François Guité n’est pas de tout repos. L’accès au marché est un des plus grands défis que rencontre son secteur. Chaque matin, il sait combien de porcs sont prêts à être exportés, mais ne sait pas dans quel coin du globe ils vont atterrir. « Il faut savoir garder son sangfroid pour faire face à des situations imprévues et indépendantes de notre volonté, comme les obstacles politiques ou sanitaires, l’instabilité des marchés et les devises changeantes. Un marché peut se fermer du jour au lendemain. Quand tout est planifié et qu’on est fier de ce qu’on a prévu pour le prochain mois, c’est souvent à ce momentlà qu’une situation qu’on ne pouvait prévoir vient perturber notre stratégie. Chaque jour est un nouveau défi ! » s’exclame le vice-président. François Guité effectue également des analyses complexes. Il coordonne le travail des directeurs des ventes, analyse les activités des concurrents, prévoit les mouvements de marché à l’international en fonction de la saisonnalité et des variations de stocks, pour ensuite orchestrer la stratégie qui permettra

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à Olymel d’écouler l’ensemble de ses produits avec la meilleure marge possible. « Comme on vend du frais, on doit tous les jours faire le point sur l’état des marchés, sur nos abattages de la veille, et nous assurer que tout est aligné pour vendre dans la meilleure option possible. L’équipe est en discussion constante avec les marchés intérieurs, c’est-à-dire l’Amérique du Nord au grand complet, ainsi qu’avec les marchés mondiaux, plus particulièrement les marchés de l’Asie et de l’Océanie », explique François Guité. Ce vice-président rencontre régulièrement la clientèle établie, afin de définir les plans d’affaires, d’évaluer les produits d’Olymel et de mettre en œuvre des stratégies pour développer ces produits.

Le dernier maillon, mais non le moindre ! La Filière porcine coopérative est une chaîne qui comprend plusieurs maillons, tout aussi importants les uns que les autres. Le dernier maillon est la vente de produits et, comme l’explique François Guité, c’est peut-être celui qui semble le plus éloigné du producteur, mais c’est aussi le lien le plus étroit avec le client. « Il est très important de valoriser l’ensemble des métiers de la filière, car c’est une grande équipe qui travaille pour le même objectif », dit-il. Il est d’ailleurs très important pour François Guité de se tenir à jour par rapport aux enjeux de la filière. Pour pouvoir vendre ses produits, il doit être au courant des dossiers d’assurance qualité, de biosécurité et de bien-être animal, tout comme des variations des devises étrangères. Bref, pour être vice-président aux ventes de viandes fraîches, il faut garder les yeux bien ouverts sur le monde !


Vol aille

Patrick Leclerc, Technicien agricole Coordonnateur accouvaison et technique agricole La Coop fédérée patrick.leclerc@lacoop.coop et

Denis Caron, M. Sc., agronome Nutrition avicole La Coop fédérée denis.caron@lacoop.coop

La gestion des abreuvoirs dans le poulet de chair

PHOTOS : LA COOP FÉDÉRÉE

Il y a trois éléments essentiels pour subvenir aux besoins vitaux des poulets : l’eau, l’air et les aliments. Qu’on les mette dans l’ordre ou le désordre, ils se doivent d’être en quantité et en qualité suffisantes. Parlons un peu de l’eau…

R

ègle générale, un poulet de chair consommera deux fois plus d’eau que d’aliments. On peut retrouver ces besoins dans des tableaux de consommation d’eau qui indiquent, pour un âge donné, la consommation quotidienne en litres par 1000 oiseaux. Cette consommation d’eau variera selon la saison. Elle est légèrement plus élevée en été qu’en hiver. On oublie souvent que l’eau est un nutriment essentiel au bon fonctionnement de la digestion et qu’elle aide au maintien de l’équilibre physiologique des oiseaux. Il est nécessaire de consacrer du temps à l’entretien et au bon fonction­nement du système d’abreuvement de ses poulaillers. Au même titre qu’un contrôle de venti­ lation, chaque poulailler devrait être équipé d’un compteur d’eau. Qui plus est, la tenue d’un registre de consom­mation d’eau à l’aide du compteur devient un outil fort intéressant à utiliser pour

suivre la consommation d’eau de ses poulets de jour en jour. Norma­lement, la consom­mation d’eau totale journalière augmente avec l’âge et de façon linéaire. Une baisse ou une augmentation anormale de consommation d’eau est un indicateur direct qu’il se passe quelque chose dans le poulailler. Les causes possibles pour expliquer une telle variation de la consommation d’eau sont tellement nombreuses qu’on ne peut les énumérer ici. Par contre, le conseil qu’on doit suivre lors d’une telle observation sur son compteur d’eau est de revenir à une vérification des bases de la gestion d’élevage, par exemple la ventilation, la hauteur des conduites d’eau, le système de distri­ bution des aliments, etc. Pour permettre aux oiseaux d’avoir accès à de l’eau de qualité et en quantité suffisante, il y a certaines règles simples à adopter dans ses pratiques de conduite d’élevage de tous les jours. u

FÉVRIER 2015 | Le Coopérateur agricole

23


Gare à la pression

Hauteur des conduites

La pression des conduites d’eau avec tétines doit être augmentée au fur et à mesure que les oiseaux avancent en âge. Un truc pour ne pas l’oublier : il faut augmenter la pression d’eau dans les conduites lorsqu’on en ajuste la hauteur en fonction de la taille des poulets (voir la photo ci-dessous).

Pour ce qui est de la hauteur des conduites d’eau, il est recommandé de l’ajuster avec la taille moyenne des oiseaux, comme mentionné précédemment, afin de faciliter sa déglutition (cette façon de faire minimisera l’écoulement sur la litière et, conséquemment, son niveau d’humidité). Comme les oiseaux sont incapables d’effectuer une succion, on doit placer la tétine à une hauteur qui permettra à l’oiseau de positionner son bec à un angle d’environ 45°, pour un poussin très jeune, et d’augmenter cet angle jusqu’à peu près 75° pour un oiseau plus âgé (voir illustration). Par contre, les oiseaux ne doivent pas avoir de difficulté à atteindre les tétines (p. ex : devoir se mettre sur le bout des orteils pour atteindre les tétines).

Le régulateur de pression sert notamment à assurer une consommation suffisante d’eau. Notez que la conduite d’eau doit être à l’horizontale, et sans vallonnement, d’un bout à l’autre, avec une légère hausse à l’extrémité où se trouve le régulateur de pression.

La qualité de l’eau L’aérateur sert à éviter la formation de bulles d’air dans la conduite d’eau. On y voit bien la bille bleue qui sert à évaluer le niveau de pression dans la conduite d’eau.

Le réglage de la pression est réellement important. Pour les jeunes poussins, une pression trop élevée aura pour conséquence que toute l’eau qui sortira de la tétine ne pourra être bue et se retrouvera dans la litière. Pour les poulets plus âgés, comme le débit est en relation directe avec la pression, si on ne la règle pas à la hausse avec l’âge, le débit sera insuffisant et la consommation stagnera, ce qui aura pour conséquence de limiter la consommation d’aliments.

Il est important que l’eau d’abreuvement des oiseaux ait un pH stable. Une fois le pH stabilisé (par acidification, si nécessaire), l’ajout de chlore pourra être effectué afin de garantir une eau exempte de bactéries. Il est également important de se débarrasser du fameux biofilm (composé de bactéries et autres microorganismes) s’accumulant à l’intérieur de la tuyauterie. Cela pourra se faire grâce à un bon nettoyage avec des produits adéquats, entre les lots de poulets. On peut aussi procéder à une purge (flush) des conduites d’eau, qui sera plus utile en début d’élevage, mais inutile en fin d’élevage (en raison de la demande d’eau beaucoup plus élevée). Gérer l’eau et les équipements nécessaires pour la distribuer sont parmi les pratiques essentielles à la réussite d’un élevage. C’est limpide !

Réglage adéquat de la hauteur de la conduite d’eau

45°

24

Le Coopérateur agricole | FÉVRIER 2015

75°

Une conduite d’eau qui gagnerait à être un peu plus haute.


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P r o d u c t i o n s v é g é ta l e s

Du maïs de Neuville, ça pousse à Neuville Par Stéphane Payette, T.P.

PHOTO : INGIMAGE

À cause de leur qualité, les légumes de Neuville, dans la région de Québec, ont très bonne réputation. Les gens se déplacent de la grande ville pour venir y acheter les produits de la terre. Le maïs sucré, dont celui produit à la Ferme Degau, pourrait même obtenir une IGP (indication géographique protégée) tant sa réputation est reconnue.

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Le Coopérateur agricole | FÉVRIER 2015

S

itué dans un secteur charmant près du fleuve Saint-Laurent, à quelques minutes de l’autoroute 40, le village de Neuville héberge un groupe d’une douzaine d’entreprises agricoles, toutes engagées dans la production de légumes. Plusieurs disposent de kiosques, souvent en bordure de la route 138, et y vendent leurs produits. « Ici [à la Ferme Degau], nous cueillons les légumes de trois à cinq fois par jour. C’est comme si tu venais les prendre toi-même dans le clos », lance Gaétan Gaudreau, copropriétaire de la ferme avec son frère Stéphane et président de l’Association des producteurs de maïs de Neuville. Ce souci de servir à leur clientèle des légumes frais tous les jours a attiré de nombreuses personnes de partout dans la région, et même des touristes des autres coins du Québec. Le maïs sucré est


devions remplir un cahier des charges et le soumettre à un groupe d’experts qui analyseraient notre demande. Nous devions faire la preuve que notre démarche était crédible. » Le comité chargé d’étudier la demande était composé d’Anne-Marie Granger Godbout, de plusieurs agronomes, d’une historienne et de producteurs indépendants. Tous devaient être convaincus que le maïs produit à Neuville était à nul autre pareil. Mis à part les données climatiques et géologiques, la réputation a joué un grand rôle, selon Gaétan Gaudreau. « Notre région est reconnue depuis longtemps pour son maïs. Parfois, au marché de Québec, des compétiteurs baissent leur prix de 1,50 $ la douzaine dans l’espoir de séduire nos clients. Rien à faire, nous vendons quand même nos épis. Les gens veulent notre maïs. » Pour le moment, les Gaudreau poursuivent leur démarche et souhaitent que l’appellation IGP soit acquise pour la saison 2015.

PHOTO : MIRIAME LAMARRE

la vedette de Neuville. Tellement que certains concurrents du marché de Québec tentent parfois de vendre du maïs d’ailleurs avec le nom du village. Les membres de l’Association cultivent ensemble 145 ha de maïs sucré. En 1997, les producteurs de légumes de Neuville ont décidé de se regrouper et de former une association pour mettre en valeur ce savoirfaire local permettant de produire des aliments de première qualité. Sous les encouragements d’un intervenant, l’Association des producteurs de maïs de Neuville a demandé l’obtention d’une IGP afin que personne ne puisse vendre du « maïs sucré de Neuville » s’il ne dispose pas du sceau d’approbation. Cette démarche, amorcée en 2011, a exigé une importante préparation et un investissement appréciable de 50 000 $. « Nous devions préparer un cahier des charges pour répondre à une question cruciale : pourquoi obtiendrions-nous cette appellation ? » La réponse est simple et claire dans la tête de Gaétan Gaudreau. « Nous ne faisons rien de magique. Nous sommes simplement des gens soucieux de la qualité de notre maïs. Personne n’ira offrir à Québec des épis cassés depuis plus de 12 heures. C’est notre coin qui nous offre une longueur d’avance. Ici, nous avons des plateaux, et ça nous place dans une sorte de microclimat. Notre sol également nous aide. Nous avons une sorte de galet qui emmagasine la chaleur le jour, et le maïs en profite la nuit. Nous pouvons ainsi devancer les autres régions d’environ deux semaines. En plus, quand les régions plus à l’est arrivent avec leurs premières récoltes, nous sommes déjà en mi-saison et notre maïs est plus sucré », indique Gaétan. La démarche pour obtenir la certification IGP a franchi une autre étape le 2 décembre dernier, lorsque la présidente-directrice générale du Conseil des appellations réservées et des termes valorisants (CARTV), Anne-Marie Granger Godbout, a confirmé que l’Association des producteurs de maïs de Neuville pouvait soumettre son projet à une consultation publique. Une démarche entreprise il y a quatre ans. « Nous

Stéphane, Gaétan et Denis Gaudreau travaillent à la ferme familiale, qui possède également un troupeau laitier d’une quarantaine de vaches.

Une tradition familiale Comme 50 % des fermes de leur région, Stéphane et Gaétan Gaudreau font dans la culture des légumes et la production laitière. Les légumes figurent à l’organigramme depuis leur tendre enfance. « Ça doit faire au moins 28 ans que nous avons un kiosque chez nous, dit Gaétan. C’est une

FÉVRIER 2015 | Le Coopérateur agricole

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PHOTO: STÉPHANE PAYETTE

Gaétan Gaudreau a aidé l’Association des producteurs de maïs de Neuville à élaborer un cahier des charges afin de demander la reconnaissance de l’appellation réservée IGP « maïs sucré de Neuville ».

Un fier participant au FCARA, de La Coop fédérée La Coop fédérée aide chaque année des dizaines de jeunes agriculteurs à prendre leur envol dans le monde professionnel. La ferme Degau a eu elle aussi un coup de pouce financier. Par l’entremise du Fonds coopé­ ratif d’aide à la relève agricole (FCARA), les Gaudreau ont bénéficié d’une somme d’argent grandement appréciée. Pour satisfaire aux conditions requises, Gaétan Gaudreau a participé à certaines activités, dont l’assemblée générale annuelle de La Coop Univert, ainsi qu’à quelques formations. Une expérience enrichissante, selon lui. « C’était vraiment intéressant. J’ai aimé mon expérience de A à Z. » Les critères d’admissibilité sont : être membre de la coopérative locale, de la relève agricole et d’une caisse populaire; détenir une part de 20 % dans l’entreprise agricole où l’on travaille; et avoir entre 18 et 40 ans.

Ferme Degau

affaire de famille dans le coin. Ma belle-mère [Jeannine Fiset] en a un elle aussi. Ça fait partie de nous. » En 2011, Stéphane et Gaétan ont pris la relève de leurs parents, Danielle Bédard et Denis Gaudreau. Ce dernier est toujours impliqué dans la culture légumière. La conjointe de Gaétan, Julie Bélanger, partage son temps entre le kiosque et un emploi à l’extérieur. La production laitière accapare elle aussi une bonne partie de leur vie professionnelle. Ils exploitent une ferme de 40 vaches en lactation et cultivent les champs pour les nourrir. « Nous ne tentons pas d’établir des records, mais nous avons une bonne production. Nous cherchons une qualité de vie tout en tirant le meilleur de notre ferme », conclut Gaétan.

Production de légumes

Production laitière

5 ha de maïs sucré 1 ha de légumes : carottes, oignons, pommes de terre, tomates Kiosque sur la route 138

42 vaches laitières 38 sujets d’élevage

Cultures

PHOTO : INGIMAGE

89 ha en culture : 45 ha de fourrage 28 ha en céréales 10 ha en maïs-grain 6 ha en maïs-ensilage 42 ha en boisé

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Le Coopérateur agricole | FÉVRIER 2015


P r o d u c t i o n s v é g é ta l e s

(2e partie)

François Labrie, agronome Conseiller spécialisé en maïs et soya La Coop fédérée francois.labrie@lacoop.coop et

Construire son rendement de maïs

Lucie Kablan, Ph. D.

Plusieurs souhaitent augmenter la population du maïs-grain pour en hausser le rendement et la rentabilité. Mais comment faut-il aborder le dosage d’azote pour obtenir du succès avec cette façon de faire ?

Chercheuse en productions végétales La Coop fédérée lucie.kablan@lacoop.coop

E PHOTO : LA COOP FÉDÉRÉE

n avril dernier*, nous avions présenté des résultats d’essais dans lesquels étaient étudiés les effets sur le rendement de la variation de l’azote, de la population et de l’usage d’un fongicide. Voyons de quoi il en retourne après deux années de recherche. Les essais ont été réalisés en 2013 et 2014 pour un total de six années-stations dans la région de Saint-Hyacinthe, dans trois types de sol, avec un hybride Elite de 2800 UTM (E65D10 LR sur un précédent de céréale à paille et maïs-grain). Dans ces essais, la dose d’azote (170 kg/ha et une dose non limitative), la population (32 000 et 38 000 grains à l’acre) et l’emploi d’un fongicide ont été évalués (voir les tableaux 1 et 2). Le but était de quantifier l’effet des différents facteurs sur le rendement du maïs et l’effet de synergie quand plus d’un facteur est ajouté à la fois.

Tableau 1 Description des traitements Régie standard

Régie intensive

Taux de semis 32 000 grains/acre 38 000 grains/acre * http://www.lacoop.coop/ cooperateur/articles/2014/04/ p48.asp

Azote total (kg/ha)

170

Dose non limitative

Fongicide

Non

Oui

Le protocole de recherche Huit traitements (tableau 2) ont été comparés au cours de cette étude. Six parcelles ont été semées pour chaque traitement. Les parcelles avaient une superficie de quatre rangs de largeur sur 7 m de long. Seuls les deux rangs du centre ont été pesés pour les données de rendement. Les traitements comparés se résument ainsi : • Variation d’un facteur en partant d’une régie intensive : semis de 38 000 grains/acre, azote à dose non limitative et utili­sation d’un fongicide à la sortie des soies • Impact de chaque facteur de régie sur un maïs en régie standard : semis de 32 000 grains/acre, fertilisation avec 170 kg/ha d’azote et pas d’utilisation de fongicide Le but de la dose d’azote non limitative était de s’assurer que cet élément ne devenait pas le facteur limitant pour le rendement. On a constaté que l’azote est le facteur qui a le plus contribué au rendement. En mode intensif, le fait d’abaisser cet élément a diminué le rendement en grains de 758 kg/ha et la renta­ bilité nette de 53 $/ha (tableau 2). De même, l’augmentation de l’azote en régie standard a permis d’accroître le rendement de 1166 kg/ha et le revenu net de 176 $/ha. u

FÉVRIER 2015 | Le Coopérateur agricole

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Tableau 2 Rendements des divers traitements

(Saint-Hyacinthe, 2013-2014, six années stations) Type de régie (traitement) Standard

Rendement kg/ha

Poids spécifique Humidité % kg/hl

12 177 f*

68,4 a

Intensive

13 701 a

Intensive, mais à 170 N

12 943 bcd

Intensive, mais à 32 000 grains/acre

Marge nette ( $/ha) 1

20,9 d

2314

68,0 ab

21,6 a

2379

67,6 b

21,5 ab

2326

13 087 bc

67,6 b

21,5 ab

2360

Intensive, mais sans fongicide

13 520 ab

68,3 a

21,2 bc

2471

Standard à 38 000 grains/acre

12 567 cde

68,0 ab

21,3 abc

2336

Standard avec dose d’azote non limitative

13 343 ab

68,4 a

21,1 cd

2490

Standard plus fongicide

12 419 ef

67,7 b

21,4 ab

2279

1

ompte tenu des données de base suivantes : prix du maïs à 190 $/tm; coût de la semence à 3,50 $/1000 grains; coût de l’azote à C 1,30 $/kg; coût du fongicide (y compris l’application à forfait) à 81 $/ha * Les données suivies d’une même lettre ne sont pas statistiquement différentes. Test de comparaison : Tukey’s 10 %

Signe distinctif d’une carence en azote dans le maïs

Il est intéressant de constater qu’accroître la population en régie standard génère un revenu net additionnel de 22 $/ha. Combinée à une augmentation de la fertilisation azotée, la rentabilité s’accroît alors de 157 $/ha. Ces résultats démontrent clairement l’importance de bien fertiliser en azote lorsqu’on hausse la population de maïs.

La génétique du maïs Pour optimiser la rentabilité, il est primordial de semer un hybride qui maximisera les rendements. Dans le cas décrit plus haut, un hybride de 95 jours et de 2800 UTM a été utilisé. Très stable, cet hybride est relativement hâtif pour la région de Saint-Hyacinthe, surtout lorsqu’il est semé tôt au printemps. Jetons un œil sur des résultats d’essais de taux de semis effectués à Saint-Hyacinthe en 2013 et 2014, où 200 kg/ha d’azote ont été appliqués (cinq années stations, tableau 3). Après deux ans, quatre des cinq hybrides étudiés ont produit le rendement le plus élevé avec le taux de semis le plus élevé. Le rendement d’un seul hybride, le 64H22R, a plafonné à la dose de semis de 36 000 grains à l’acre (voir tableau 3 et graphique). Le revenu net généré par l’augmen­ tation de la population s’est accru de façon linéaire, ce qui permet d’optimiser la rentabilité de la culture sans trop changer les pratiques culturales. Pour construire son rendement de maïs et sa rentabilité, il est recommandé de semer un hybride à population élevée et de combiner le tout à une fertilisation azotée adéquate. Évidemment, ces points de régie doivent être jumelés à des bases solides, c’est-à-dire à un sol en bonne santé qui permet à la génétique de bien s’exprimer. Pour trouver la dose adéquate d’azote, il n’y a pas de solution passe-partout : il faut procéder à des essais à la ferme en parcelles afin d’évaluer la réponse du sol à cet élément. Les experts-conseils du réseau La Coop peuvent vous élaborer un protocole d’essai simple grâce auquel vous pourrez, avec les années, optimiser votre dosage d’azote.

Pour construire son rendement de maïs et sa rentabilité, il est recommandé de semer un hybride à population élevée et de combiner le tout à une fertilisation azotée adéquate.

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Le Coopérateur agricole | FÉVRIER 2015


Tableau 3 Résultats agronomiques en fonction du taux de semis de différents hybrides (Saint-Hyacinthe, 2013-2014, cinq années stations) Taux de semis (grains/acre) E71Z19 R 28 000 32 000 36 000 40 000

Rendement (kg/ha)

2950 UTM 13 476 13 784 14 144 14 443

Poids Population Humidité spécifique avec épis ( %) (kg/hl) (plants/acre)

Données économiques1 Verse des tiges ( %)

Verse des Coût du racines ( %) Revenu brut traitement Marge nette ( $/ha) ( $/ha) ( $/ha)

d* c b a

65,4 65,7 65,4 65,7

24,4 24,3 24,0 24,2

24 770 27 940 31 773 33 824

0,1 0,6 1,3 1,6

0,1 0,1 0,5 1,2

2560 2619 2687 2744

242 277 311 346

2318 2342 2376 2398

E67D10 LR 2900 UTM 28 000 12 869 32 000 13 369 36 000 13 540 40 000 13 838

b a a a

66,4 66,1 66,1 66,2

23,4 23,3 23,1 22,7

24 812 28 201 31 291 34 247

0,0 0,4 1,1 1,1

0,4 0,4 0,7 0,6

2445 2540 2573 2629

242 277 311 346

2203 2263 2261 2283

E61P12 R 28 000 32 000 36 000 40 000

2700 UTM 12 213 12 735 13 287 13 723

d c b a

70,8 70,5 70,6 70,3

19,9 20,1 20,0 19,9

25 612 29 478 33 289 36 679

1,4 3,4 5,1 7,1

0,5 0,4 0,6 1,5

2320 2420 2525 2607

242 277 311 346

2078 2143 2213 2261

E64H22 R 28 000 32 000 36 000 40 000

2800 UTM 12 940 13 950 14 241 14 248

b a a a

66,7 66,8 67,4 67,5

21,4 21,2 20,7 20,3

25 209 29 630 31 872 34 086

0,0 0,3 0,9 0,8

0,1 0,0 0,1 0,6

2459 2651 2706 2707

242 277 311 346

2216 2374 2394 2361

c bc ab a

65,8 65,4 65,5 65,2

24,2 24,3 24,2 24,3

24 859 29 282 31 912 34 680

0,1 0,7 1,4 1,6

4,0 5,8 5,9 9,0

2479 2524 2553 2604

242 277 311 346

2237 2247 2241 2258

E71T15 3000 UTM 28 000 13 047 32 000 13 285 36 000 13 435 40 000 13 703 1

Compte tenu des données de base suivantes : prix du maïs à 190 $/tm; coût de la semence à 3,50 $/1000 grains * Les données suivies d’une même lettre ne sont pas statistiquement différentes. Test de comparaison : Tukey’s 10 %

Graphique Rendement en fonction de la population finale avec épis (2013-2014, cinq années stations) 15 000

Rendement (kg/ha)

14 500 14 000

E71Z19 R

13 500

E67D10 LR

13 000

E61P12 R E64H22 R

12 500

E71T15

12 000 11 500 11 000 22 000

24 000

26 000

28 000

30 000

32 000

34 000

36 000

38 000

40 000

Population finale (plants/acre)

FÉVRIER 2015 | Le Coopérateur agricole

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Relève

PHOTO : CARL SAUCIER (CIAQ)

Passionnément Holstein

Texte et photos de David Bessenay

Le 1er décembre 2011, Joël Lepage et Mireille Lavoie ont entamé une nouvelle vie en reprenant la ferme laitière Couturier, à Amqui, dans la vallée de la Matapédia. À la fois une suite logique pour ces enfants d’agriculteurs et tout un défi à relever. Les jeunes producteurs, passionnés de génétique Holstein, misent sur la diversification des revenus pour réussir.

N

atifs de Saint-Moïse et de Saint-Damase, Joël et Mireille n’ont pas vraiment été dépaysés en s’installant dans la ferme Couturier et frères, à Amqui. « Nous sommes arrivés deux jours avant, avec quelques meubles. Ça ressemblait plus à un déménagement d’étudiants qu’à une installation agricole, plaisante aujourd’hui le couple. Et le 1er décembre, nous avons soulevé le couvercle du bulk tank et on s’est dit : c’est à nous ! » Si cette installation est classée comme une relève non apparentée, les deux jeunes avaient

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Le Coopérateur agricole | FÉVRIER 2015

Joël Lepage et Mireille Lavoie célèbrent (sobrement !) le début d’une nouvelle vie.


Un bel outil de travail Le jeune couple s’est donc mis à la recherche d’une ferme. « Trouver une entreprise, ce n’est pas si dur. Mais trouver une ferme efficace que les propriétaires sont prêts à vendre, c’est plus compliqué. Nous avons eu la chance de rencontrer Ghislain et Normand Couturier, qui étaient prêts à une transaction de la sorte. Les démarches ont été ensuite assez rapides, quelques mois seulement. Ils ont été des mentors efficaces et ils sont fiers que l’exploitation ait été reprise par des jeunes du coin. C’est mieux qu’une ferme qui part à l’abandon. » Le second défi à relever était d’ordre financier. « Lors de notre première rencontre à la banque, on s’est fait virer de bord. On nous réclamait 400 000 $ », se souvient Joël. Mais aidés par Agristratégies et les conseillers financiers de leur région, et grâce à leurs antécédents familiaux qui plaidaient en leur faveur, Joël et Mireille ont finalement trouvé une institution financière pour les accompagner dans ce projet. Bien accueilli dans son nouvel environnement et à la tête d’une ferme très fonctionnelle, le couple a pu démarrer ses activités dans d’excellentes conditions. « On était certains de pouvoir former une bonne équipe », dit Joël. Ils se sont partagé le travail : santé animale, reproduction et comptabilité pour Mireille; alimentation et cultures pour Joël. « Au départ, on voulait prendre toutes les décisions à deux, indique Mireille. On

s’est rendu compte que ce n’était pas possible. Nous avons chacun nos domaines de compétences à la ferme et chacun doit prendre ses propres décisions. Ce qui n’empêche pas d’en parler à l’autre. »

L’alimentation du troupeau

Amélioration du confort animal Les éleveurs ont rapidement procédé à des améliorations à l’étable pour accroître le bienêtre des animaux. Des investissements ont été consentis dans les stalles (ajouts de matelas), la ventilation et l’éclairage. « Ces aménagements ont eu un bienfait direct sur la reproduction et la production de lait. S’il fallait leur mettre l’air conditionné, on le ferait », plaisante Joël. La motivation du couple est claire : produire plus avec le moins possible. « On a ce qu’il faut en quotas et en surfaces, dit Joël. Nous voulons optimiser la production de chaque vache, avoir des coûts d’alimentation des plus efficaces. On souhaite améliorer la longévité du troupeau. La moyenne au Québec est d’environ deux lactations. C’est peu. On veut faire vieillir nos vaches. » Avec une bonne classification du troupeau (3 EX, 24 TB, 17 B+, 1 B) et une MCR de 244‑262-254, la ferme est déjà sur la bonne voie. La moyenne de plus de 11 000 kg est encourageante. « Nous ne souhaitons pas forcément l’améliorer. Nous cherchons plutôt à augmenter les revenus par kilo de quota, » précise Joël.

Alex Proulx, agronome Expert-conseil à La Coop Matapédienne Veaux (jusqu’à 6 mois) Lactoremplaceur Bovo XLR 27-16 Aliment Goliath Totalveau RUM Foin sec à volonté Taures

(6 mois jusqu’au vêlage)

Orge moulue Supplément Goliath 31 % Goliath Expo à certains sujets Foin sec à volonté Vaches taries et préparation au vêlage Minéral Transilac VT7-3C Supplément Transilac 21 Orge moulue Ensilage et foin sec Vaches en lactation Supplément Synchro 4055V, Option 2 VIP Maïs moulu Orge moulue Supplément Synchro 4216 Minéral Synchro 18-5T Ensilage et foin sec

PHOTO : CARL SAUCIER (CIAQ)

déjà les deux pieds dans le monde agricole grâce à leurs parents, producteurs laitiers de la vallée, et à leur parcours professionnel. Titulaires d’un DEC en production animale, Joël et Mireille se sont forgé une solide expérience. Joël est expert-conseil laitier-végétal depuis 2003 à La Coop Matapédienne et à La Coop Purdel. Il a exercé auparavant les mêmes fonctions à La Coop des Frontières. « En 10 ans comme conseiller, j’ai appris ce qu’il fallait faire et, surtout, ne pas faire », résume-t-il. Mireille, quant à elle, a travaillé en Beauce, à la coopérative Saint-Bernard, comme représentante en production laitière et porcine, puis un an à la ferme familiale. Si elle a un temps envisagé de s’installer avec son frère, elle s’est rapidement tournée vers un projet plus personnel. « Notre volonté, c’était d’avoir nos propres affaires, de prendre les décisions nous-mêmes et de ne dépendre de personne », justifient Joël et Mireille.

Les éleveurs ont en plus obtenu des résultats dignes de mention dans diverses expositions. En janvier 2014, à la soirée Tout-Québec, cinq génisses dont ils sont copropriétaires ont été primées, dont deux avec le préfixe JMValley. u

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La ferme Couturier et frères en bref 46 ha en prairies et 40 ha en céréales pour l’alimentation du troupeau 37 ha en boisé 54 ha en location 51 kg de quota

« Pour la vente d’embryons, c’est une question de demande, indique-t-il. Il s’agit d’avoir les sujets pour lesquels les acheteurs démontrent de l’intérêt. Des sujets ont trouvé preneur aux ÉtatsUnis et des embryons dans plusieurs pays. » Le succès ne monte pas pour autant à la tête des éleveurs. « Il n’y a rien de garanti, lance Mireille. Aujourd’hui, ça marche bien. Mais demain ? » « Ce sont nos meilleurs résultats », se réjouit l’éleveur. Des résultats qui font suite à la victoire d’une de leurs génisses à la Royale de Toronto, à l’automne 2013. « Ç’a été un grand moment de fierté, dit-il. Ce n’était jamais arrivé dans la vallée. Ça aide à se faire connaître. »

Diversifier les revenus

Le couple veut optimiser la production de chaque vache, avoir des coûts d’alimentation des plus efficaces et améliorer la longévité du troupeau.

Joël et Mireille souhaitent tirer 20 % de leurs revenus de la diversification des activités de la ferme. Joël continue d’effectuer à temps partiel (une journée par semaine) son travail de conseiller à la Coop. Il poursuit également son activité de préparateur d’animaux, « mais seulement dans les concours où j’emmène mes propres animaux », précise-t-il. La ferme se démarque par la vente de génétique, vaches et embryons. « La génisse gagnante à Toronto a été vendue dans une vente que nous avons nous-mêmes organisée. On a toujours la mère pour en faire d’autres. Je ne veux pas être un éleveur-collectionneur qui laisse ses belles bêtes au garage », souligne l’éleveur.

Bien dans leurs affaires Joël et Mireille réalisent un début de carrière plus que prometteur, « mais on ne veut pas péter de la broue », lancent-ils. Ils savent que la réussite passe par une remise en cause permanente. Ils participent d’ailleurs régulièrement à des journées de formation, « car on a toujours des choses à apprendre ». « La vie d’agriculteur est très différente de celle de salarié. On est à la merci de la météo. Maintenant, on ne va pas penser à nos dettes tous les jours. Il faut être bon gestionnaire, avoir un peu de chance et avoir le goût de relever le défi », s’accordent pour dire Joël et Mireille. Et audelà du métier, le couple entend bien conserver l’harmonie dans sa nouvelle vie. « On garde une vie sociale même si le travail à la ferme est très prenant. Je coache l’équipe de volleyball du sport-études », souligne Mireille. L’arrivée d’un premier enfant, au printemps dernier, a encore plus contribué à l’épanouissement familial.

Un préparateur d’animaux reconnu à l’international Joël Lepage a participé à sa première exposition en 2000. Il n’avait alors que 20 ans. L’expérience de préparateur d’animaux lui a plu, au point d’en devenir passionné. « C’était presque à temps plein à une époque, dit-il. Je faisais 20 à 25 expositions par an ! Travailler avec l’élite des éleveurs, comme les Beltramino du Piémont italien, et avec les meilleures vaches, c’est le fun. J’ai pu visiter de nombreux pays [Brésil, Mexique, Colombie, Italie, États-Unis, Suisse, Allemagne] et garder de bons contacts. » Au fil des années, Joël a acquis une réputation internationale. Quel est le secret pour devenir un bon préparateur ? « Il ne s’agit pas de préparer pour préparer. Il faut être patient, aimer ce que l’on fait et avoir le désir de la perfection. Celui qui trouve que ce n’est jamais correct, qui cherche de nouvelles techniques, qui se pose des questions, réussira. À l’inverse, celui qui se satisfait trop facilement du résultat… »

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Maïs

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Dossier OGM

OGM

Ils séduisent ou dérangent Par Nicolas Mesly

PHOTOMONTAGE : ISTOCK/INGIMAGE

Comme tous les céréaliculteurs nord-américains, les producteurs québécois ont adopté de façon fulgurante la culture des plantes génétiquement modifiées (GM). Dix-huit ans après les premiers semis effectués dans la Belle Province, 87 % et 69 % des superficies respectives de maïs et de soya sont aujourd’hui GM (2013). Et pour cause : ces cultures sont généralement rentables, elles facilitent le travail et l’adoption de pratiques vertes, comme la réduction d’utilisation d’herbicides nocifs et du travail du sol de même que le semis direct. Mais nul ne pourra ignorer l’arrivée de mauvaises herbes résistantes aux populaires herbicides Roundup et Liberty chez l’Oncle Sam ainsi qu’en Ontario. Ni ignorer les récentes lois pour l’étiquetage des OGM dans les États voisins du Québec – au Vermont, au Maine, au New Hampshire. De plus, la possible commercialisation de luzerne GM divise les producteurs et braque les projecteurs sur la cohabitation entre l’agriculture « conventionnelle » et l’agriculture biologique. 36

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Une deuxième révolution verte menée par les grands semenciers ? D’ici 2050, l’humanité comptera plus de neuf milliards d’habitants. Et pour l’alimenter, il faudra produire plus d’aliments dans les 40 prochaines années que tous ceux produits au cours des derniers 10 000 ans. L’agriculture siphonne déjà 70 % de l’eau potable de la planète pour produire des récoltes. Et elle serait responsable de 30 % des gaz à effet de serre. Dans cette inquiétante équation s’inscrivent près d’un milliard d’habitants mal nourris, en majorité des agriculteurs. De plus, les changements climatiques vont exacerber sècheresses et inondations pour saboter le rendement des récoltes dans plusieurs endroits du monde.

PHOTO : NICOLAS MESLY

P Le Pr Norman Borlaug

our le Pr Norman Borlaug, il était clair que les plantes GM sont un outil indispensable pour nourrir le « monstre humain ». Créer des variétés de plantes capables de résister à la sècheresse, aux inondations, au froid, aux insectes, aux virus et aux bactéries, des plantes nutraceutiques… tout cela fait partie de l’arsenal de la race humaine pour survivre sur notre petite planète bleue. Dans une entrevue exclusive, « le père de la révolution verte » affirmait aussi que la technologie GM ne devait pas se retrouver entre les mains d’une poignée de grands semenciers. De passage à Ottawa en 2006, deux ans avant son décès, il exhortait les gouvernements américain et canadien à investir dans la recherche publique. Fils de producteurs agricoles de l’Iowa, le Pr Borlaug est considéré comme celui qui a sauvé un milliard d’habitants des affres de la faim, en découvrant des variétés hybrides de blé nain à haut rendement. Cela lui a valu le prix Nobel de la paix en 1970. Mises au point au Centre international d’amélioration du maïs et du blé (CIMMYT), au Mexique, les variétés de blé de cet humble généticien ont été exportées et adaptées en Inde puis au Pakistan, en très grande majorité à travers un large réseau de recherche et d’institutions

publiques, entre les années 1960 et 1980. C’est ce que l’on a appelé « la révolution verte ». Toutefois, si les OGM sont appelés à être le fer de lance d’une seconde révolution verte, ils portent en eux un gène de la controverse. Aux États-Unis, berceau de cette technologie, plus de 60 lois et référendums visant à légiférer sur l’étiquetage des OGM dans 20 États, voire sur l’interdiction d’aliments fabriqués avec des OGM, ont vu le jour au cours des deux dernières années. « Est-ce que des investissements additionnels dans la recherche publique non seulement favoriseraient la confiance à long terme du grand public dans les biotechnologies, mais permettraient également d’importants bénéfices sociaux ? C’est une question cruciale ! » dit Charlie Arnot, chef de la direction du Center for Food Integrity, au Missouri (États-Unis). Ce centre vise à établir le lien de confiance entre les consommateurs et le système agroalimentaire nord-américain, dominé par de grandes multinationales. « Il faut démêler le ragoût d’angoisses brassé par le grand public concernant les OGM, mais il est certain que les grandes entreprises sont perçues comme travaillant à leurs profits plutôt que pour le bien public », ajoute-t-il. u

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OGM

Selon des rapports du Service économique du département de l’Agriculture des États-Unis (USDA), dont celui intitulé Les investissements en recherche, la transformation alimentaire, les intrants agricoles et l’industrie des biocarburants autour du globe (2011), de tous les secteurs d’activité de l’industrie agroalimentaire, celui des semences a connu la plus grande croissance. « Au cours des 20 dernières années, l’industrie semencière s’est rapidement concentrée en raison des changements sur la propriété intellectuelle, qui ont permis au secteur privé d’innover et d’engranger plus de revenus sur les variétés qu’il avait mises au point. » Depuis les premières ventes d’OGM, en 1996, jusqu’à 2010, la valeur accumulée du marché des semences GM a bondi pour atteindre 65 milliards $ US. Un marché dominé par un groupe

Depuis les premières ventes d’OGM, en 1996, jusqu’à 2010, la valeur accumulée du marché des semences GM a bondi pour atteindre 65 milliards $ US. de six multinationales (le G6) : le goliath du transgène Monsanto, suivi de Pioneer (intégrée à DuPont), Syngenta, Dow AgroSciences, Bayer CropScience et BASF. Toujours selon l’étude de l’USDA, les investissements dans la R et D du G6 ont bondi pour passer de 320 millions $ en 1994 à plus de 2,6 milliards $ en 2010. Le G6 possède la majorité des brevets des plantes GM. Et quatre de ces sociétés détiennent de 50 à plus de 75 % des parts du marché des semences de maïs, de soya et de coton aux États-Unis. Devenue un parent pauvre en vertu de crises financières, assujettie au financement du secteur privé, la recherche publique aux États-Unis s’est concentrée sur la pomme de terre GM et sur le blé conventionnel. « En France, nous avons un des meilleurs instituts de recherche publique au monde, l’INRA, et nous n’avons pas exigé que celui-ci, en partenariat avec des sociétés privées, conduise des travaux de recherche sur les biotechnologies. S’il y avait eu un acteur public, je pense que nous aurions sécurisé vis-à-vis des citoyens l’objectif des travaux de recherche », explique Philippe Mangin, président de Coop de France, rencontré à Québec en octobre dernier lors du Sommet international des coopératives 2014.

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Selon M. Mangin, le « principe de précaution » invoqué par l’Europe pour interdire ou limiter la culture GM sur son territoire a provoqué un exode des laboratoires des grands semenciers coopératifs, tels Limagrain et Euralis, ce qui a suscité dans l’Hexagone « un appauvrissement de matière grise ». Paradoxalement, l’Europe importe annuellement quelque 40 millions de tonnes de maïs et de soya GM – des États-Unis, du Brésil et d’Argentine – pour nourrir ses cheptels. D’après le Dr U.S. Awasthi, directeur général d’Indian Farmers Fertilizer Cooperative (IFFCO), également interviewé lors du Sommet international des coopératives 2014, les semences GM devraient être vendues aux paysans à des prix raisonnables. Selon lui, le prix exorbitant des semences de coton GM provoque un surendettement des producteurs indiens et explique en partie la vague de suicides de quelque 15 000 paysans par année depuis 1995. Toujours au dire de l’homme d’affaires, face à l’urgence alimentaire de ce début de XXIe siècle, la recherche privée est beaucoup plus efficace que celle du réseau public indien. Et même du réseau public international cofondé par le Pr Borlaug, le CGIAR, en raison de ses moyens financiers. « La recherche sur les OGM nécessite de puissants ordinateurs pour traiter une quantité massive de données », dit-il. En citant l’exemple de la découverte d’un riz résistant aux inondations, le Dr Awasthi propose la création d’un fonds, sous l’égide de l’ONU, pour acheter ces semences GM auprès des grands semenciers et les distribuer à moindre coût aux paysans. Cette idée est reprise par le directeur général de la Fondation pour le développement durable de Syngenta, Marco Ferroni. « L’aide internationale pourrait se constituer en nous payant les redevances sur nos semences de riz », a-t-il dit en ouverture de la sixième Conférence sur la sécurité alimentaire mondiale, organisée par l’Université McGill en 2013. Cette fondation travaille avec des coopératives agricoles pour intensifier la production de riz dans quatre pays d’Afrique de l’Ouest. Les grands semenciers amorcent donc la seconde révolution verte en calquant l’industrie pharmaceutique et en mettant au point des semences au même titre que, par exemple, de coûteux vaccins contre le sida. Ce n’est pas le modèle d’affaires qu’aurait privilégié le Pr Borlaug.


L’invasion barbare Elles sont à nos portes ! Aux États-Unis, la résistance au glyphosate (Roundup) est documentée chez 14 espèces de mauvaises herbes, note un rapport du département de l’Agriculture des États-Unis (USDA) publié en février dernier. Les auteurs expliquent l’apparition de cette résistance par la grande popularité du glyphosate, le pesticide le plus utilisé aux États-Unis depuis 2001 dans les cultures de maïs, soya et coton GM. Sa popularité s’est accrue en même temps que son prix diminuait, après l’expiration du brevet du glyphosate en 2000 et l’apparition sur le marché de produits génériques.

PHOTO : ÉRIC LABONTÉ, MAPAQ

I Danielle Bernier a réussi à faire inscrire le thème de la résistance aux herbicides au programme Innov’Action, du MAPAQ. Celui-ci va permettre de financer des projets de recherche.

l semble que le produit miracle ait fait baisser la garde des producteurs voisins, en réduisant leurs bonnes pratiques, dont la rotation des cultures. « De nombreux phytotechniciens croient que la réduction du taux de résistance au glyphosate et la propagation des mauvaises herbes résistantes à cet herbicide sont un des enjeux majeurs auxquels doivent faire face les céréaliers américains, avertissent les auteurs de l’étude, parce qu’il n’existe pas de nouveaux pesticides sur le marché depuis 20 ans. » Aussi, un vent d’inquiétude souffle sur la première puissance agricole du monde. En Ontario, trois mauvaises herbes résistantes au populaire herbicide ont été confirmées entre 2009 et 2013. Il s’agit de la grande herbe à poux, de la petite herbe à poux et de la vergerette du Canada. Et au Québec ? « On n’en a pas encore diagnostiqué en laboratoire, mais ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de mauvaises herbes résistantes au glyphosate au Québec », dit Danielle Bernier, malherbologiste au MAPAQ. Dans la Belle Province, la détection des mauvaises herbes se fait grâce aux conseillers agricoles, qui repèrent les cas potentiels après avoir été alertés par les agriculteurs. Depuis 2012, le MAPAQ a mis en place un service d’analyse gratuit, pour cibler en particulier les mauvaises herbes résistantes au glyphosate. Toutefois, sur les 30 échantillons soumis cette année-là, aucun n’était soupçonné de résister à ce pesticide. Et

en 2013, sur une quarantaine d’échantillons recueillis, un seul était soupçonné de résister à ce pesticide, mais le test ne s’est pas avéré concluant. Ce service d’analyse gratuit, réalisé dans des laboratoires de Guelph et d’Agriculture et Agroalimentaire Canada a été parrainé par la société Dow AgroSciences pendant deux ans pour un coût de 10 000 $ par année. En 2014, la multinationale Monsanto a pris le relais, et cette fois les analyses ont été réalisées au CEROM, au Québec. Sur une quarantaine d’échantillons, cinq ont été prélevés pour détecter la résistance au glyphosate. Si aux États-Unis l’absence de rotation des cultures GM explique en partie la résistance au populaire herbicide, le Québec n’est certes pas à l’abri. Presque 50 % des 516 producteurs de maïs GM et de soya GM sondés en 2011 ont avoué qu’ils avaient, en 2010 et 2011, ressemé sur la même terre des cultures GM (c’est-à-dire maïs ou soya GM suivi d’une autre culture GM). De plus, environ 10 % avouaient avoir semé soit du maïs GM soit du soya GM sur la même terre en 2010 et 2011. « C’est très inquiétant ! » explique Gale West, un des auteurs du rapport Étude sur les perceptions des agriculteurs québécois sur les OGM après 10 ans d’utilisation, remis au MAPAQ en mars 2014. « Le MAPAQ et les représentants en phytoprotection rappellent aux producteurs de faire une rotation d’herbicides. De plus, les producteurs savent qu’une résistance aux herbicides, ça coûte cher ! » réplique le président de la Fédération

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OGM

L’Europe importe annuellement quelque 40 millions de tonnes de maïs et de soya GM, des États-Unis, du Brésil et d’Argentine, pour nourrir ses cheptels. des producteurs de cultures commer­ ciales du Québec, Christian Overbeek. Il se remémore la facture salée due à la résistance à l’atrazine, un populaire herbicide surutilisé dans la production de maïs. Christian Overbeek croit que les nouvelles semences attendues sur le marché dès 2015 vont aider les producteurs à mieux gérer la rotation d’herbicides. La mode est à l’empilement des caractères (traits), soit la mise au point de semences capables par exemple de résister à un ou deux insectes et au glyphosate, mais aussi à une ou plusieurs autres familles de pesticides, comme le 2,4-D, en l’absence de découverte de nouvelles molécules.

Superficie mondiale des cultures GM par caractère M acres M ha 297

120

247

100

198

80

148

60

99

40

49

20

0

0

• Tolérance à un herbicide • Résistance à un insecte (Bt) • Résistance à un herbicide /

Résistance à un insecte

1996

1998

2000

2002

2004

2006

2008

2010

2012

PHOTO : INGIMAGE

Source : Clive James, 2012

La tendance des futures plantes GM est aux caractères multiples (empilement des gènes), soit des semences capables de résister à plusieurs familles de pesticides et à différents insectes. « Nous aurons les premières variétés de soya RR [Roundup Ready] et résistant au dicamba en 2017 », dit Alexandre Mailloux, directeur de la recherche et du développement du Secteur des productions végétales à La Coop fédérée. La Coop achète la technologie auprès de Monsanto, par exemple, pour produire ses propres cultivars. Mettre au point un maïs ou un soya GM adapté au Québec peut prendre une dizaine d’années.

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Toutefois, Dame Nature étant rusée, les mauvaises herbes risquent de s’adapter à ce cocktail létal d’ici 20 ou 30 ans. « Oui, il faut alterner les groupes de pesticides, mais il faut aussi faire des rotations de cultures et trouver d’autres moyens de désherbage », dit Danielle Bernier. Selon l’experte, il y a sur le marché des sarcleurs extrêmement efficaces. « Si cette machinerie fait ses preuves dans l’agriculture biologique, pourquoi ne le ferait-elle pas dans l’agriculture de pointe ? » dit-elle. Et pour contrer l’invasion barbare, elle incite les producteurs à retourner aux principes de l’agronomie 101.

Charlie Arnot PHOTO : CENTER FOR FOOD INTEGRITY

La science ne suffit pas ! Forte de milliers d’études prouvant l’innocuité des OGM pour la santé et l’environnement, la Pre France Brunelle, conseillère scientifique en biotechnologie au MAPAQ, souhaiterait que le Québec « passe à autre chose ». Mais pour Charlie Arnot, chef de la direction du Center for Food Integrity, la science ne suffit pas : « Les consommateurs ont droit à l’information, et l’industrie doit répondre aux demandes d’étiquetage des OGM. » En ce moment, 20 États américains tiennent des référendums ou légifèrent en ce sens. La promesse de l’étiquetage obligatoire des denrées alimentaires fabriquées avec des OGM, faite par le gouvernement libéral de Jean Charest, n’a jamais été réalisée. Une étude du MAPAQ menée en 2004 en chiffrait le coût à 162 millions $. D’après Charlie Arnot, le Québec et le Canada n’échapperont pas à ce puissant courant. Il croit très important de débattre la question des OGM avec la société civile. L’UPA et l’Ordre des agronomes ont d’ailleurs amorcé ce débat lors d’un premier forum, en novembre 2013. Pour en savoir plus : www.ogm.gouv.qc Center for Food Safety : goo.gl/vFqcKV


Luzerne GM, deuxième prise ? Échaudé par la réception négative de certains groupes agricoles à l’égard de la luzerne Roundup Ready (RR), le chef des nouveaux caractères génétiques chez Forage Genetics International (FGI), Mike Thompson, ne s’attarde pas au téléphone sur la possible commercialisation d’une nouvelle luzerne transgénique. « Je vous parlerai avec plaisir des bénéfices de la luzerne à taux de lignine réduit, mais seulement une fois que sa commercialisation aura été approuvée par les autorités américaines et canadiennes, peut-être en 2015 », déclare-t-il.

PHOTO : NICOLAS MESLY

F Gilbert Halde, producteur de lait biologique, craint que la culture de luzerne GM ne contamine ses champs.

GI, dont le siège se trouve en Idaho (États-Unis), réinvente l’ADN de la luzerne, la « reine des fourrages ». Depuis 2011, l’entreprise commercialise une luzerne RR chez l’Oncle Sam, où elle estime avoir conquis de 20 à 25 % du marché des semences certifiées de luzerne. Ses clients sont des producteurs laitiers et de foin. Mais au Canada, FGI a connu son Waterloo. Et ce, même si l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) a donné le feu vert à la commercialisation de cette luzerne RR en 2013. C’est que dans l’Ouest, là où se produit 73 % de la luzerne du pays, les producteurs de semences craignent une pollution génétique comme la peste. Celle-ci mettrait en péril un marché d’exportation annuel de semences de 37 millions $, selon le Réseau canadien d’action sur les biotechnologies (RCAB, 2013). Le Canada est aussi un des cinq exportateurs mondiaux de luzerne déshydratée, sous forme de granules ou de cubes. À cela s’ajoute le foin de luzerne exporté aux États-Unis ou encore aux Émirats arabes. Les exportations annuelles canadiennes de luzerne se chiffrent à près de 80 millions $, toujours selon le RCAB. L’est du pays est également monté aux barricades, bien que l’Ontario ne produise que 8 % de la luzerne et le Québec un peu moins de 4 %. Les membres de la Fédération d’agriculture biologique du Québec, les producteurs de lait au

premier chef, craignent de perdre leur certification biologique si la luzerne GM est introduite dans la campagne québécoise. La filière biologique québécoise – grains, lait, viande – estime générer un chiffre d’affaires annuel de 170 millions $.

Un plan de coexistence contesté (pour l’Est canadien) « Les abeilles ne distinguent pas les champs de luzerne GM et ceux de luzerne non GM », explique Gilbert Halde, les deux pieds plantés dans son champ de luzerne, de trèfle et de fétuque. Producteur de lait biologique depuis 1995, ses 230 ha de terre sont cultivés comme une île, entourée d’une bande de foin d’une largeur de huit mètres pour séparer ses cultures de celles de ses voisins. La ferme Halde est située à Saint-Mathias-sur-Richelieu, en Montérégie, en plein cœur de l’agriculture productive du Québec. Et ses voisins, producteurs conventionnels, ont toujours respecté son choix. « Quand je plante une parcelle de maïs, mon voisin va semer une parcelle de soya près de notre zone de séparation. On évite ainsi les risques de pollinisation croisée », poursuit le producteur. Mais avec l’introduction de la luzerne RR, le risque de contamination est extrêmement élevé, juge le producteur. Il qualifie de « farce » la distance séparatrice de 1,5 km entre un champ de luzerne GM et un autre de luzerne non GM dans un plan de coexistence préconisée en 2013 par l’Association

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OGM PHOTO : DAN UNDERSANDER

Le Pr Dan Undesander prévoit que la future luzerne GM contiendra plusieurs caractères, mais pas celui de la résistance au froid. Selon lui, les phytogénéticiens travaillent sur cette résistance avec des méthodes traditionnelles.

Futurs caractères de la luzerne transgénique • Quantité de protéines digestibles plus élevée • Résistance à la sècheresse • Rétention du feuillage • Floraison retardée • Résistance aux maladies (Source : Dan Undersander, agronome spécialiste des fourrages, Université du Wisconsin)

canadienne du commerce des semences. Celui-ci n’empêchera pas les abeilles ou autres insectes de venir butiner ses champs, soutient-il. Toutefois, selon le Dr Dan Undersander, agronome et spécialiste des fourrages à l’Université du Wisconsin, deux champs de luzerne, l’un GM et l’autre non GM, peuvent se côtoyer à moins d’un dixième de mètre sans aucun risque de contamination, même en présence d’abeilles. « On ne récolte pas les grains de luzerne pour faire du fourrage. On récolte la tige et les feuilles de la luzerne, qui sont en tout point semblables à la plante mère. » Selon le professeur, qui visite régulièrement le Québec et l’Ontario, il s’écoule six semaines entre la pollinisation d’un plant de luzerne par un insecte et la formation d’une graine viable. Les trois ou quatre récoltes successives de luzerne dans l’année constituent en soi une police d’assurance, car elles ne permettent pas à la luzerne de faire des graines. Par contre, le risque de contamination par la luzerne GM est beaucoup plus grand dans l’ouest du Canada, où l’on produit des semences, admet-il. D’après l’expert, les producteurs laitiers conventionnels et de foin américains qui cultivent de la luzerne pure adoptent la luzerne RR parce que le glyphosate est économique et pratique : « Ils n’ont pas à changer de buses ou à nettoyer les équipements utilisés pour le soya et le maïs. » La luzerne RR ne convient évidemment pas aux producteurs conventionnels qui font pousser des mélanges de foin, tant aux États-Unis qu’au Canada. Par contre, le chercheur croit que la commercialisation éventuelle d’une nouvelle luzerne GM à faible taux de lignine représentera « un immense avantage pour les producteurs laitiers ». Le faible taux de lignine favoriserait la digestion de la luzerne par les bovins, ce qui procurerait plus d’énergie aux bêtes. Ses recherches, parrainées par FGI, indiquent que l’on peut récolter la luzerne à faible taux de lignine en trois récoltes au lieu de quatre, avec 20 % de rendement de plus. Le hic, c’est que cette luzerne à faible taux de lignine (LL, pour low lignin) est un caractère ajouté à la luzerne RR de FGI. Et que, pour s’en procurer, les producteurs conventionnels devront obligatoirement acheter la luzerne RR, concède-t-il.

De la frustration dans les deux camps La coexistence entre ceux qui sont pour et ceux qui sont contre la luzerne GM constitue un défi, parce que tant aux États-Unis qu’au Canada

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« il n’y a pas de recours règlementaires pour être dédommagé une fois qu’une espèce de plante a été contaminée. Le seul recours pour les producteurs biologiques est juridique, un processus qui est extrêmement compliqué et coûteux », explique le professeur René Van Acker, spécialiste en biosécurité à l’Université de Guelph. Les deux parties pourraient s’entendre si le taux de contamination des semences n’était pas zéro, comme exigé dans la production bio. Car le meilleur système de coexistence n’éliminera pas le risque de contamination, d’une part parce que la luzerne est pollinisée par des insectes. D’autre part, c’est une plante pérenne, avec des cousines sauvages très difficiles à éliminer, soutient Van Acker. « Notre expérience avec le canola est qu’une fois que le génie est sorti de la bouteille, nous vivons dans un monde différent. » Le canola, devenu la plus importante culture au pays devant le blé, est presque uniquement GM. Et il est aujourd’hui presque impossible de faire pousser du canola bio au pays. FGI se retrouve donc à nouveau au marbre avec sa luzerne RR-LL. Reste à voir si, au Canada, l’entreprise fera une deuxième prise ou frappera une balle au champ.

Au Québec, la recherche sur le soya non GM (à gauche) relève d’acteurs publics et privés, tandis que la recherche sur le maïs GM (à droite) relève d’une poignée de « gros joueurs ».


Les cultures GM à la conquête du monde Depuis 1996, les superficies ensemencées en cultures GM ont augmenté de 100 fois sur la planète, pour se chiffrer à 175 millions d’hectares, soit 12 % de toutes les récoltes plantées en 2013. Dix-huit millions de producteurs cultivent ces plantes dans 27 pays. Les quatre plus importantes productions GM cultivées dans le monde sont : • Le soya : près de 80 % de cette culture est GM. Superficie cultivée : 84,5 millions d’hectares dans 11 pays. • Le coton : 70 % de cette culture est GM. Superficie cultivée : près de 24 millions d’hectares dans 15 pays. • Le maïs : 32 % de cette culture est GM. Superficie cultivée : près de 58 millions d’hectares dans 17 pays. • Le canola : 24 % de cette culture est GM. Superficie cultivée : plus de 8 millions d’hectares dans 4 pays.

Superficie mondiale des principales cultures GM par espèce M acres M ha 198

90

173

80

• Soja

70

• Maïs

60

• Coton

148 124 99 74

• Colza

50 40 30

49

20

25

10

0

0

1996

1998

2000

2002

2004

2006

2008

2010

2012

Source : Clive James, 2012

Les cinq pays plus grands utilisateurs de cette technologie par superficie ensemencée sont les États-Unis (70,1 millions d’hectares), le Brésil (40,3 millions), l’Argentine (24,4 millions), l’Inde (11 millions) et le Canada (10,4 millions). (Sources : Situation mondiale des cultures commerciales de plantes GM : 2013, par Clive James, International Service for the Acquisition of Agri-biotech Applications, 25 mars 2014; et MAPAQ, www.ogm.gouv.qc.ca)

La dépendance envers les semenciers n’inquiète pas les producteurs québécois « L’agriculture n’est pas le seul domaine à connaître des oligopoles. Les secteurs de l’automobile, des mines, des médicaments ou encore de l’épicerie se résument à une poignée de gros joueurs », soutient le président de la Fédération des producteurs de cultures commerciales du Québec (FPCCQ), Christian Overbeek. Ce dernier balaie du revers de la main l’impossibilité de trouver des semences de maïs non GM au Québec, faisant allusion à la société De Dell, spécialisée dans ce grain. Par contre, le producteur concède que la recherche coûteuse sur le maïs et le soya GM relève du secteur privé. La FPCCQ, de concert avec La Coop fédérée, participe au financement du Centre de recherches sur les grains (CEROM), où l’on se concentre sur le blé et le soya non GM, « parce qu’il y a une demande et un marché de consommateurs ». Le producteur aimerait que le budget annuel de moins de 3 millions $ du CEROM soit doublé, voire triplé, par l’injection de capital de Québec et d’Ottawa, « mais la réalité économique ne le permet pas ». Quant aux relations contractuelles entre producteurs et grands semenciers, elles sont respectées par la très grande majorité des producteurs. Selon une source sûre, qui désire garder l’anonymat, entre 2010 et 2013 deux poursuites impliquant deux agriculteurs québécois et Monsanto se sont réglées à l’amiable, et 11 cas sont toujours en discussion en Ontario. Enfin, pour ce qui concerne l’étiquetage des aliments, Christian Overbeek ne se dit pas contre, à condition que les consommateurs en assument le coût. PHOTO : NICOLAS MESLY

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développement durable

Bioproduits :

un avenir prometteur se dessine

Par Élisabeth Lapointe Conseillère en communications La Coop fédérée elisabeth.lapointe@lacoop.coop

L’industrie des bioproduits industriels – bioénergies, biocarburants liquides, biomatériaux et produits chimiques biosourcés – a connu un essor important en 2014.

À

PHOTOS : LA COOP FÉDÉRÉE

preuve, le déploiement de premières usines commerciales d’éthanol cellulosique aux États-Unis et au Brésil. Après plusieurs années de développement, ces bioraffineries de deuxième génération sont les premières à permettre la transformation commerciale de la biomasse agricole (cellulose, fibre) en biocarburants – et un jour en biomatériaux et produits chimiques biosourcés (qui ne sont pas issus de produits pétroliers). Cela pourra ouvrir la voie à une multitude de nouvelles occasions d’affaires pour les régions agricoles, tout en contribuant à la réduction des émissions de GES de divers secteurs de la société. Aux États-Unis, deux bioraffineries commerciales de deuxième génération ont vu le jour en 2014, soit celles de POET-DSM (Iowa) et d’Abengoa (Kansas). Toutes deux utilisent annuellement entre 300 000 et 500 000 tonnes de biomasse comme matière première, principalement des tiges de maïs. Une troisième usine, celle de DuPont, ouvrira prochainement ses portes en Iowa.

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Cette récolte de tiges de maïs à grande échelle fait donc maintenant partie de la réalité des États-Unis. Elle s’intègre aux régies de culture traditionnelles et les modifie, et crée une demande pour une toute nouvelle offre de produits, services et technologies afin d’assurer l’approvisionnement et le fonctionnement de ces bioraffineries. « C’est un bel exemple de ce que le développement de la bioéconomie apportera aux régions rurales », explique Patrick Girouard, coordonnateur aux énergies renouvelables et bioproduits au Service innovation et croissance de La Coop fédérée. En ce qui concerne les régies de cultures proprement dites en Iowa et au Kansas, la collecte des tiges de maïs offre également un tout nouvel outil dans la gestion des résidus de maïs au champ. L’augmentation importante des rendements en maïs-grain au cours des dernières années s’est aussi accompagnée d’une croissance tout aussi importante de la quantité de résidus produits, ce qui cause maintenant des problèmes aux


producteurs, principalement à ceux travaillant en régie de semis direct. Les premières chaînes d’approvisionnement en tiges de maïs dans l’Iowa indiquent, si on tient compte des revenus additionnels et des coûts évités en matière de gestion des résidus, que les producteurs récoltant leurs tiges pour une bioraffinerie peuvent augmenter leur profit net à l’hectare de 85 à 125 $, ce qui représente un avantage concurrentiel non négligeable. C’est dans ce contexte que La Coop fédérée a décidé d’amorcer une évaluation de la faisabilité de la récolte de tiges de maïs dans l’est du Canada pour approvisionner de futures bioraffineries au pays. La Coop fédérée, par l’entremise de son Service innovation et croissance, est notamment engagée dans un projet avec la Fédération de l’agriculture de l’Ontario ainsi qu’Agriculture et Agroalimentaire Canada portant sur la logistique d’approvisionnement adaptée aux tiges de maïs. Ce projet comporte trois principaux volets. Le premier volet consiste en une évaluation et une démonstration au champ de la logistique de la récolte de tiges de maïs à l’aide de la nouvelle génération d’équipements de récolte de ces tiges mis au point spécialement pour les récentes bioraffineries cellulosiques commerciales en Iowa et au Kansas. Trois jours de démonstrations ont ainsi été tenus début novembre 2014 dans une ferme céréalière près de Sarnia, en Ontario. Le deuxième volet de ce projet se penche sur la caractérisation des sols. Des projets-pilotes se sont tenus dans quelques fermes du Québec et de l’Ontario, au cours desquels des analyses de sol portant sur certains paramètres, comme le carbone du sol, ont été réalisées pour évaluer l’impact que pourrait avoir la récolte de tiges de maïs. Ce volet permettra aussi à La Coop fédérée de peaufiner son cahier des charges qui sera destiné aux producteurs agricoles désirant prélever des tiges de maïs. Ce cahier définira les balises à respecter quant aux critères de durabilité et de qualité désirés pour la biomasse livrée à des bioraffineries. Enfin, le troisième volet s’inscrit dans le cadre de la contribution canadienne à un groupe de travail de l’Agence internationale de l’énergie portant sur une analyse socioéconomique et sur les indicateurs de développement durable adaptés au secteur émergent du bioraffinage.

L’entreprise AGCO a mis au point une presse à grosses balles rectangulaires spécialement pour la récolte des tiges de maïs.

« Cette démarche de valorisation des tiges de maïs se déploie avec prudence, indique Hicham Bencharki, conseiller spécialisé en agroenvironnement à La Coop fédérée. Entre autres, il est important de penser à la conservation de la qualité de nos sols avant de nous lancer dans un projet d’une telle envergure. C’est pourquoi le déploiement d’un cahier des charges est primordial pour nous assurer de la compréhension, tant par le fournisseur que par l’acheteur, des indicateurs de durabilité et de qualité. » Les premiers résultats de ce projet seront communiqués dans les prochains numéros du Coopérateur agricole. La Coop fédérée remercie Agriculture et Agroalimentaire Canada de même que le Programme de recherche et de développement énergétiques (PRDE) géré par Ressources naturelles Canada pour la contribution financière accordée dans le cadre de ce projet.

Les journées de démonstration tenues près de Sarnia ont permis aux producteurs de se familiariser avec la nouvelle génération d’équipements pour la récolte des tiges de maïs.

Le projet portant sur la récolte des tiges de maïs implique plusieurs partenaires.

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A c é r i c u lt u r e

Dix secrets pour un  sirop d’érable savoureux Par Raymond Bernier, ingénieur  Conseiller en acériculture  Direction régionale de l’Outaouais  Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation

Pourquoi y attacher tant d’importance ? La raison est simple : si le sirop est vendu à un prix plusieurs fois supérieur à celui de tout autre produit sucrant, c’est en raison de ses incomparables qualités organoleptiques.

A

PHOTO : CITADELLE

u cours des dernières années, les conseillers en acériculture ont prononcé de nombreuses conférences et animé bon nombre de journées de démonstration. Ces activités portaient souvent sur la saveur du sirop d’érable. À l’occasion de journées de dégustation, nous avons demandé à des acériculteurs d’apporter leur meilleur sirop d’érable et nous avons été surpris par les résultats de l’évaluation des saveurs des sirops fournis. En effet, plusieurs des sirops évalués par les producteurs eux-mêmes avaient des problèmes de saveurs surprenants pour des sirops de premier choix. Même si la saveur de ces sirops était jugée acceptable, plusieurs d’entre eux présentaient des défauts plus ou moins importants. Pour un produit haut de gamme comme le sirop d’érable, ce type d’imperfection ne devrait pas exister. Voici 10 points auxquels il faut prêter attention pour améliorer la qualité organoleptique d’un sirop d’érable.

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1. Si le liquide en ébullition dans vos casse­ roles (bassines ou « pannes ») saute ou danse (gouttes projetées au-dessus de la surface en ébullition), c’est que l’évaporateur fournit trop d’énergie et n’est probablement pas efficace. Il y a une dépense inutile de combustible et le sirop est plus susceptible d’avoir un goût caramélisé, fumé ou même brûlé. De plus, ce surplus d’énergie inutile donne une couleur foncée au sirop. Ce dernier passe sans doute rapidement aux couleurs médium et foncée avant la mi-saison. 2. Entreposez dans la cabane à sucre uniquement ce qui sert aux activités liées à la fabrication du sirop d’érable. Aucune odeur inappropriée ne devrait être présente dans les endroits où vous entreposez ou transformez l’eau d’érable. Évitez l’emploi de produits parfumants dans le bâtiment, tels que les boules antimites ou d’autres produits semblables. u


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PHOTO : LA COOP FÉDÉRÉE

Il faut interdire la cigarette partout où il y a des liquides destinés à la fabrication du sirop ou des produits d’érable. L’entreposage d’huiles de moteur, d’essence ou de tout autre produit odorant est proscrit dans une cabane à sucre. 3. Les animaux et leur nourriture sont interdits dans la cabane à sucre. 4. Prenez le temps de vous laver les mains et de changer de chaussures chaque fois que vous entrez dans la cabane pour travailler. Imposez cette consigne à vos employés également. Portez un sarrau et des vêtements propres, ainsi qu’un chapeau approprié, lorsque vous faites fonctionner l’évaporateur et que vous vous trouvez autour des bassins d’entreposage. Si vous devez vous placer dans les bassins pour les laver, assurez-vous d’avoir à proximité des chaussures ou des bottes qui servent uniquement à cette tâche. 5. Goûtez l’eau d’érable avant de la faire bouillir. Souvent, en ce faisant, on peut détecter des problèmes de goût. Dans certains cas, il arrive que des acériculteurs décident de jeter l’eau qui n’a pas les qualités nécessaires pour produire un sirop satisfaisant les exigences du marché. 6. Faites attention aux gaz d’échappement des différentes machines à combustion – motoneige, véhicule tout-terrain, camion, engin comportant un petit moteur, etc. – que vous gardez à proximité de la cabane. Aucun véhicule de ce type et aucun moteur à combustion ne devraient se retrouver à l’intérieur de la cabane. 7. Prenez le temps de bien laver et de rincer abondamment les bassins d’entreposage et l’équipement (séparateur, casseroles, etc.). Veillez tout particulièrement à vidanger ou à rincer parfaitement les conduites, raccords et valves avant de poursuivre la production. Évitez d’employer des conduites dont la forme crée des angles morts inaccessibles et qu’on ne peut ni vider ni rincer.

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8. En ce qui concerne l’antimousse, mettezen moins; c’est bien meilleur pour le goût. En effet, la surutilisation de produits antimoussants donne au sirop un goût d’huile végétale. Un sirop qui laisse un goût huileux dans la bouche est beaucoup moins « vendeur », et vous perdrez rapidement vos meilleurs clients ! Si vous jugez nécessaire d’ajouter constamment de l’antimousse, il est fort probable que l’évaporateur soit en cause : il produit sans doute une flamme trop chaude pour les besoins de l’évaporation. Il est possible de faire du sirop sans utiliser d’antimousse pendant la majorité de la saison simplement en ajustant l’intensité du chauffage et en veillant à bien répartir la chaleur sur toute la surface des casseroles. 9. Nettoyez vos casseroles dès l’apparition de la pierre de sucre. La présence de pierre sur la surface des bassines diminue l’efficacité du déploiement de l’énergie et risque de donner un goût de brûlé ou d’entraîner une forte caramélisation. 10. Limitez le degré de concentration du séparateur à membrane à celui qui vous permet de faire fonctionner l’évaporateur sans devoir laver constamment la casserole à fond plissé. Certaines études préliminaires semblent démontrer qu’au-delà de 14 à 16 °Brix, la saveur du sirop serait modifiée. Avant de concentrer le sirop davantage, assurez-vous que le produit n’a rien perdu de ses qualités organoleptiques. Enfin, si vous avez un injecteur d’air (le MAPAQ ne recommande pas l’emploi de ce type d’appareil), recourez-y le moins possible ou seulement en fin de saison. Les saveurs caractéristiques de l’érable risquent de disparaître ou d’être altérées par l’utilisation de ce type d’appareil. Surveillez la prise d’air et nettoyez régulièrement les filtres. Faites preuve de vigilance en ce qui a trait à la qualité de l’air aspiré. Suivre ces consignes vous aidera à obtenir un sirop savoureux, que vos clients achèteront avec le goût d’y revenir souvent !


Da n s n o s c o o p s

PHOTOS : LA COOP FÉDÉRÉE

Une expérience de réseautage pour les CUMA

Trois projets d’innovation ont été présentés, dont la création d’une base de données Web pour la gestion des CUMA.

Les trois journées régionales consacrées aux secrétaires-trésoriers et présidents des CUMA (coopé­ratives d’utilisation de matériel agricole), qui se sont déroulées en décembre dernier, ont connu un vif succès. Cette série de rencontres organisées par La Coop fédérée et ayant pour thème « Des projets collectifs, pour un réseau solide » a réuni 65 personnes, représentant 34 CUMA de différentes régions de la province et même de l’Ontario. Née d’un besoin de réseautage manifesté par certains secrétaires-trésoriers, cette initiative avait pour objectif principal de créer un lieu d’échange entre les gestionnaires des CUMA et, ainsi, de semer les premières graines pour l’implantation d’une culture d’entraide dans le réseau des CUMA. Les participants ont d’ailleurs pu discuter de leurs pratiques respectives avec leurs collègues dans le cadre d’un atelier de partage d’expertise qui fut grandement apprécié. Les pratiques répertoriées lors de cet atelier serviront à entreprendre une démarche d’harmonisation des pratiques de gestion et d’administration dans les CUMA. Ces rencontres furent également l’occasion pour les gens présents d’en apprendre davantage sur les projets d’innovation en cours pour le développement des CUMA, soit l’adaptation du logiciel SigaFinance, la création d’une base de données Web pour la gestion des CUMA et la création d’un site Web dynamique. La présentation effectuée par le comité travaillant actuellement sur les trois projets a suscité beaucoup d’enthousiasme et d’appui parmi les participants, ce qui laisse présager que le vent de solidarité qui a commencé à souffler en décembre ne s’essoufflera pas de sitôt.

Administrateur de La Coop Profid’Or, Claude Rivest sera l’un des cinq mentors de la première édition du concours « Dans l’œil de l’entrepreneur », lancé par le Carrefour jeunesse-emploi L’Assomption. Inspiré du concept de l’émission Dans l’œil du dragon, ce concours est destiné aux jeunes Lanaudois de 16 à 35 ans qui souhaitent créer une entreprise. Ces derniers sont invités à soumettre un plan d’affaires d’ici le 27 mars 2015. Les cinq mentors, en plus d’encadrer les entrepreneurs en herbe, disposeront de 2000 $ chacun pour investir dans les projets qui les intéressent. Tenu sous la présidence d’honneur de François Legault, député et chef de la CAQ, le concours vise à stimuler l’entrepreneuriat dans la région. Dans l’ordre habituel, les cinq mentors du concours « Dans l’œil de l’entrepreneur » : Clément Limoges, Home Hardware Limoges; David Dubois, Pieds géants Chaussures; François Legault, député de L’Assomption et chef de la Coalition Avenir Québec; Claude Rivest, deuxième vice-président à La Coop Profid’Or; et Isabelle Proulx, Proulx Communications.

DID et FADQDI s’associent pour développer le secteur financier agricole colombien Développement international Desjardins (DID) et Financière agricole du Québec – Développement international (FADQDI) joindront leurs efforts, au cours des cinq prochaines années, afin de mener à bien le développement du secteur financier agricole de la Colombie et la réduction de la pauvreté en milieu rural dans ce pays sud-américain. Ce projet bénéficiera de l’appui financier du ministère canadien des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement. Selon DID, le développement du secteur agricole passe indéniablement par le renforcement de quatre piliers étroitement liés les uns aux autres, soit l’accès aux services financiers, l’accès à des mécanismes de partage des risques, l’acquisition de connaissances financières et techniques permettant aux agriculteurs d’atteindre des niveaux de production durables, et l’organisation de la chaîne de la commercialisation. DID et FADQDI travailleront sur les trois premiers piliers. (Source : Desjardins)

PHOTO : DESJARDINS

PHOTO : PROFID’OR

Claude Rivest, mentor auprès de jeunes Lanaudois

En novembre, les représentants des institutions financières colombiennes Banco Agrario et FINAGRO ont visité le Québec. Ils sont ici accompagnés de représentants de Financière agricole du Québec – Développement international et de Développement international Desjardins.

FÉVRIER 2015 | Le Coopérateur agricole

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La Coop fédérée et Nutrinor ont annoncé, le 15 décembre, l’acquisition de Propane 2000 inc., une entreprise spécialisée dans la vente et la livraison de propane. Fondée en 1989, Propane 2000 dessert près de 5000 clients à partir de ses deux succursales situées à Varennes et à Sorel. Cette acquisition s’inscrit dans l’objectif de croissance par acquisitions du secteur Énergies Sonic. Pour en savoir plus sur Propane 2000, n’hésitez pas à consulter son site Web.

PHOTO : LA COOP SEIGNEURIE

Rendez-vous Célébrité – spécialité équine Deux rencontres équines ont eu lieu cet automne et connu un grand succès. L’une organisée par La Coop Seigneurie et l’autre par Groupe coopératif Dynaco. Plusieurs thèmes y ont été abordés par des professionnels, tels que l’entraînement des jeunes chevaux, la compréhension du comportement équin, l’alimentation et la régie des chevaux en hiver. On y a même fait une démonstration de la préparation d’une classe d’art de présentation (showmanship) en compétition. Des repré­sentants en alimentation et fourniture équines étaient présents pour informer et répondre aux questions des participants. D’autres Rendez-vous Célébrité auront lieu en 2015. Informezvous auprès de votre coopérative, car ces rencontres affichent souvent complet.

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m 1 an à l’étranger : 90,00 $

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C.P. 500 Station Youville Montréal (Québec) H2P 2W2 Tél. : 514 384-6450 - Téléc. : 514 858-2025 Courriel : coopagri@lacoop.coop Êtes-vous relié au domaine agricole ?

o Oui

o Non

Nom Compagnie Adresse Ville

Province

Code postal

Courriel Veuillez émettre votre chèque à l’ordre de La Coop fédérée.

La famille Lavoie-Tremblay, du Ranch LT Perfor­ mance, à Saint-Nicolas, a accueilli le groupe de La Coop Seigneurie.

PHOTO : LA COOP SEIGNEURIE

La Coop Seigneurie adopte l’enseigne BMR

Le personnel de la quincaillerie et du centre de rénovation de Saint-Narcissede-Beaurivage accompagné de la mascotte Vic le Pic.

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Depuis le 26 novembre, La Coop Seigneurie affiche l’enseigne BMR dans ses cinq quincail­l eries (SaintAgapit, Sainte-Agathe, Saint-Gilles, Saint-Narcisse et Saint-Sylvestre). Pour annoncer ce changement majeur, la coopé­rative a invité, dans deux de ses cinq quincail­leries, le porte-parole de BMR, Hugo Girard, ainsi que la mascotte Vic à rencontrer les citoyens des territoires desservis par la coopérative. Les équipes de Saint-Agapit et de Saint-Narcisse ont donc reçu plus de 250 participants à cette inauguration officielle !

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