JUILLET-AOÛT 2014
Dorlotez-les, c’est payant !
Étoile Coop 2014
La Coop des Bois-Francs rafle les honneurs
Ferme Cormier et fils
Sept poulaillers et une gestion serrée
Benoit Vernier Le roi du maïs sucré
Dossier En cou v ert ur e
26 Confort in
Le Coopérateur a visité trois étables confortables : un palais montérégien, un château beauceron et un palace bas‑laurentien !
Le roi du maïs sucré 54
sommaire JUILLET-AOÛT 2014
Éditorial – Billets 5 En t r e nous* Denis Richard
10 Pause-pensée*
Reportages
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A ffa ir es économiques
14 Lait
12 Faits et gestes* Vincent Cloutier
18 La CUMA de Saint-Fabien
des vaches* Sylvain Boyer
53 C’est pas plus
Là où tout a commencé.
20
20 La Coop des Bois-Francs
63 Décor at ion
Marco Lévesque a investi dans les vaches à bœuf plutôt que dans les actions.
64 Da ns nos coops
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Porc
40 Filière porcine
* For English version, please visit our website at www.lacoop. coop/cooperateur
Comment diminuer la mortalité associée au transport
sans antibiotique
Un objectif de l’industrie
57 R-D
Une année charnière
La Coop fédérée honorée pour ses travaux sur les variétés d’orge
Vol a il l e
40
Vol a il l e
46 Un couvoir
Productions végétales
coopérative
50 Passion et
Des éleveurs dépassent les 30 porcelets sevrés par truie par année. Porc
34 De la mine à la ferme
4 Quoi de neuf ?
2013
42 Arriver à bon « porc » !
Bov in
Chroniques 6 Mél i-mél o
Porc
Étoil e-Coop
vert chez l’voisin Pascal Alary
Une avenue prometteuse
37 Les résultats techniques
Gérer l’équilibre entre les affaires, l’humain et l’environnement
de maïs
Articles techniques
CU M A
24 Sur le plancher
Bruno Langlois
Regard sur les échanges com‑ merciaux dans la filière laitière québécoise
Colette Lebel
33 L’effet bœuf*
Développement dur able
60 La récolte des tiges
entrepreneuriat
Marchés
Marc et Serge Cormier gèrent des poulaillers sophist iqués où tout est soigneusement contrôlé.
58 La canneberge
Une filière en évolution
Productions v égéta les
54 Le roi du maïs sucré
Benoit Vernier : un parcours digne des plus belles réussites entrepreneuriales de la province.
Version Web : www.lacoop.coop/cooperateur Version virtuelle : www.lacoop.coop/ cooperateurvirtuel
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JUILLET-AOÛT 2014 | Le Coopérateur agricole
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QUOI DE Q u o i d e n e u f ?
Volume 43, no 6, juillet-août 2014
Grand défi Pierre Lavoie La Coop fédérée et Nutrinor récompensent des écoles Le Grand défi Pierre Lavoie est un marathon cycliste ayant pour but de sensibiliser la population à une maladie orpheline présente au Saguenay-Lac-SaintJean, l’acidose lactique, et de sensibiliser la population, tout particulièrement les jeunes, aux bienfaits de l’activité physique. Chacune des équipes participantes doit parcourir 1000 km en 60 heures d’affilée. Le défi 2014 a débuté le 12 juin à La Baie, au Saguenay-Lac-Saint-Jean et s’est terminé à Montréal le 15 juin. Dans le cadre du Grand défi, l’équipe La Coop fédérée a amassé 33 792 $. Ce montant, un record pour l’entreprise, la place parmi les 15 équipes ayant amassé les plus grosses sommes cette année. Ainsi, en plus des 11 000 $ versés à la Fondation Pierre Lavoie, 21 792 $ seront remis à l’école St-Guillaume, située dans le village du même nom où est établie La Coop Agrilait. De son côté, l’équipe Nutrinor participait au Grand défi Pierre Lavoie pour une 6e année consécutive. En plus des 11 000 $ versés à La Fondation, la coopérative qui a parrainé l’École primaire St-Julien, à Alma, lui a remis une somme de 5500 $. Les écoles récompensées s’engagent à faire la promotion de saines habitudes de vie et de l’importance de l’activité physique auprès des jeunes étudiants, des principes qui font partie intégrante du réseau La Coop.
Le Coopérateur agricole est publié neuf fois l’an par La Coop fédérée. Il est l’outil d’information de la coopération agricole québécoise. Directrice et Guylaine Gagnon rédactrice en chef 514 858-2146 (ligne directe) guylaine.gagnon@lacoop.coop Rédacteur et Patrick Dupuis, agr. adjoint à l’édition 514 858-2044 (ligne directe) patrick.dupuis@lacoop.coop Responsable André Léger de la publicité 514 858-2036 (ligne directe) andre.leger@lacoop.coop Responsable Nadine Kadé des abonnements 514 384-6450 poste 3710 nadine.kade@lacoop.coop
Ont collaboré à ce numéro Rédaction Pascal Alary, Sylvain Boyer, Vincent Cloutier, Hélène Cossette, Thierry De Noncourt, Carol Gilbert, Étienne Gosselin, Bruno Langlois, Benoit Lanthier, Colette Lebel, Mireille E. Leblanc, Nancy Malenfant, Josée Niquette, Céline Normandin, Stéphane Payette, Denis Richard, Jean Tanguay Révision de texte : Georges O’Shaughnessy enr.
L’équipe La Coop du Grand défi Pierre Lavoie était composée de : Vincent Cloutier, économiste principal, La Coop fédérée; Éric Morissette, directeur environnement, La Coop fédérée; Manon Ruest, contrôleuse financière, La Coop Agrilait; Jacques Perron, directeur général de La Coop Saint-Méthode et Robert Brunet, vice-président, production porcine, Est du Canada
Photographies et illustrations Pierre Cadoret, Thierry De Noncourt, Bernard Diamant, Étienne Gosselin, Gilles Landry, Nancy Malenfant, Stéphane Payette Conception et graphisme Pierre Cadoret, Michaël Guimond, Suzanne Turcot Webmestre
Ricardo Silva
Photogravure et impression Interweb Inc. Photo de la page couverture Istock Les photos, illustrations et textes publiés dans Le Coopérateur agricole et sur le site Internet de La Coop fédérée ne peuvent être réutilisés sans autorisation.
Service des abonnements Abonnement (taxes incluses)
1 an : 25 $ 2 ans : 40 $ 3 ans : 55 $ À l’étranger - 1 an : 90 $
Correspondance
Retourner toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada à :
Le Coopérateur agricole
C.P. 500 Station Youville Téléphone : 514 384-6450 Montréal (Québec) H2P 2W2 Télécopieur : 514 858-2025 Courriel : coopagri@lacoop.coop
L’équipe Nutrinor du Grand défi Pierre Lavoie était composée de : Benoît Lachance, directeur des ressources humaines; Richard Blackburn, directeur des ventes laitier et végétal; Cathy Brassard (conductrice), coordonnatrice du département informatique; Céline Voyer, directrice des ventes produits laitiers et eau de source; Bruno Boulet, chef comptable corporatif et Luc Belley, coordonnateur services techniques et amélioration continue
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Le Coopérateur agricole | JUILLET-AOÛT 2014
Poste-publications, convention n° 40628621 Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec
107996-07-14
Adresse Web : www.lacoop.coop/cooperateur www.lacoop.coop/cooperateurvirtuel
Entre nous
La diversité entrepreneuriale
Y
Photo : martine doyon
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* Structure des exploitations agricoles au Québec http://goo.gl/ GxYbI8
en aura pas de facile ! Un printemps tardif, de la pluie, de la pluie et de la pluie, on ne peut pas dire que la nature nous a épargnés en ce début de saison. Bien que toutes les régions n’aient pas été affectées de la même façon, dans la plaine du SaintLaurent peu d’entre nous peuvent se vanter de ne pas avoir été incommodés par le mauvais temps. Les agriculteurs se sont toujours adaptés aux variations météorologiques, mais force est de constater que le phénomène prend de l’ampleur avec le réchauffement climatique, et je suis de plus en plus convaincu que les horaires de fou pour arriver à semer ou à faucher à temps seront dorénavant chose courante. C’est d’ailleurs là une des raisons qui font que l’agriculture, malgré ses avancées technologiques, est demeurée une activité essentiellement familiale, partout sur la planète. C’est que pour survivre en agriculture dans un contexte où les incertitudes et la volatilité proviennent tout autant des aléas climatiques que des marchés boursiers, il faut être passionné et totalement voué à son activité, ce qui n’est généralement pas la caractéristique du travail salarié. Malgré les avancées technologiques, les économies d’échelle plafonnent rapidement en agriculture et la production agricole exige habi tuellement des connaissances locales, de la polyvalence et la capacité à s’adapter rapidement aux changements dans l’environnement de production. Ce sont là des caractéristiques qui sont à l’avantage des fermes familiales. Dans les pays développés, l’agriculture familiale prend cependant une tout autre forme que dans les pays en voie de développement, et la définition restrictive donnée par l’ONU de la ferme familiale, où la majorité de la main-d’œuvre vient de la famille, vise surtout à mettre l’accent sur ceux qui pratiquent une agriculture de subsistance.
Selon une récente étude du département de l’Agriculture des États-Unis (USDA), les grandes fermes des États-Unis n’en sont pas moins exploitées majoritairement par des familles élargies, avec plusieurs propriétaires gestionnaires se spécialisant dans différents secteurs de l’entreprise. En fait, 97,6 % des fermes américaines et 85 % de la production seraient le fait d’exploitations agricoles dont la propriété et le contrôle relèvent d’une même famille. Une autre étude plus récente du Groupe AGÉCO, sur l’évolution des entreprises agricoles au Québec, montre une réalité similaire*. Au cours des 40 dernières années, tous les secteurs de production ont connu une évolution semblable, où la diminution du nombre d’exploitations agricoles est relative à l’accroissement de la taille, des revenus et du capital investi dans ces dernières, et où l’augmentation de l’importance du travail salarié est une condition essentielle. De nouveaux modèles organisationnels ont fait leur apparition. Le travail salarié non apparenté, les associations entre producteurs non apparentés et l’apport de capitaux externes sont maintenant des réalités pour un nombre important d’entre prises agricoles. Bien au-delà du caractère familial de notre agriculture, c’est plutôt son caractère entrepre neurial qui dictera son succès. À cet égard, il importe de procurer à nos entreprises agricoles un environnement d’affaires et des outils de politique agricole leur permettant de maximiser leur productivité et d’en assurer la pérennité intergénérationnelle. Je le dis souvent : la coopération agricole n’a pas la prétention d’être une solution à tous les enjeux du monde agricole, mais elle a assurément celle de faire partie des solutions. Je demeure plus que jamais convaincu que l’avenir des entrepreneurs agricoles passe par l’appartenance à un réseau de taille mondiale, capable de les épauler dans leurs tâches quotidiennes et de contribuer à assurer le succès de leurs entreprises. Ce réseau, vous en êtes déjà les propriétaires, c’est le réseau La Coop. Bon été !
Denis Richard Président, La Coop fédérée denis.richard@lacoop.coop
JUILLET-AOÛT 2014 | Le Coopérateur agricole
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Méli-mélo
Forum aviaire Merial mondial Demande croissante de protéine de volaille et santé des élevages Faire face à la croissance rapide de la demande de poulets et améliorer la santé des élevages étaient deux des enjeux fondamentaux de la filière avicole qui ont été débattus, le 13 mai, au troisième Forum aviaire mondial, tenu à Paris. L’entreprise Merial a invité ses clients, des experts de l’industrie, les principaux organismes universitaires et organes de réglementation internationaux du monde entier à faire partager une réflexion critique sur le maintien de la santé et du bien-être des productions mondiales de volailles. À l’horizon 2020, fait savoir Merial, le poulet dépassera le porc en tant que protéine animale mondiale de choix. Les participants ont convenu que cette demande croissante n’est pas sans défis, en raison d’une large variété de pathogènes et de maladies complexes risquant d’infecter les élevages. L’impact peut être majeur, entraîner un coût économique très important, une perte de confiance du public et une baisse de la qualité de production. La filière avicole, indique l’entreprise, jouera donc un rôle encore plus déterminant pour assurer l’alimentation de la population mondiale, notamment en matière de santé, d’innocuité des élevages et de contrôle des coûts. (Merial)
Des pesticides à manipuler ? Il faut se protéger ! Saviez-vous que porter l’équipement de protection individuelle permet de réduire de façon importante les risques pour votre santé liés aux pesticides que vous utilisez ? Si vous travaillez avec des pesticides, il est primordial de toujours lire les mises en garde figurant sur les étiquettes avant de les manipuler. Celles-ci comportent des instructions précises sur la façon dont les produits sont censés être utilisés ainsi que les mesures à prendre pour protéger votre entourage et vous-même contre l’exposition. Pour en savoir plus sur le port de l’équipement de protection individuelle lors de l’utilisation de pesticides, visitez le site Internet de Santé Canada : www.hc-sc.gc.ca/cps-spc/pubs/pest/_fact-fiche/protective-equipment-protection/index-fra.php Les travailleurs agricoles saisonniers peuvent aussi être exposés à des pesticides dans le cadre de leur travail à la ferme. Afin de réduire les risques, un partenaire de Santé Canada a préparé à leur intention une courte vidéo présentant des mesures claires et faciles à mettre en œuvre : • En français : www.youtube.com/watch ?v=RBJY-x3Bggc&list=UUbGvYd-xMk6UFCVofRVQucg • En anglais : www.youtube.com/watch ?v=re01FSuTV2w&list=UUbGvYd-xMk6UFCVofRVQucg • En espagnol : www.youtube.com/watch ?v=OnrHpVCx5cw&list=UUbGvYd-xMk6UFCVofRVQucg Santé Canada vous invite aussi à déclarer les incidents relatifs à l’exposition aux pesticides : www.hc-sc.gc.ca/cps-spc/pest/part/protect-proteger/incident/index-fra.php. (Santé Canada, Agence de la santé publique du Canada)
Deux nouveaux sites Web pour les producteurs de bovins et de chevaux Toujours dans le but de bien servir sa clientèle, La Coop met sur pied deux nouveaux sites Web : www.optiboeuf.coop et www.celebrite.coop. Ces deux sites, destinés respectivement aux producteurs de bovins et aux amateurs de chevaux, se veulent d’abord des lieux où les experts-conseils La Coop font part de recommandations en matière de gestion et de nutrition. Plusieurs articles de fond sont ainsi consultables ainsi que des réponses aux questions fréquemment posées. On y invite par ailleurs les internautes à s’inscrire à l’infolettre saisonnière pour rester branchés sur les dernières nouveautés.
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Le Coopérateur agricole | JUILLET-AOÛT 2014
Ne sautez pas votre petit-déjeuner Sauter régulièrement son petit-déjeuner augmenterait de 27 % les risques d’avoir une crise cardiaque. Cela peut même conduire à l’obésité, l’hypertension, un fort taux de cholestérol et de diabète, et peut mener à une crise cardiaque. Ce premier repas améliore la concentration, la mémorisation et a une influence directe sur notre corpulence : les personnes qui prennent un bon petit-déjeuner tous les jours ont un indice de masse corporelle (IMC) plus faible. (Espaces.ca)
MEILLEURE ÉCONOMIE DE CARBURANT JAMAIS OBTENUE PAR UN PICK-UP. VRAIMENT, LA MEILLEURE. Le tout nouveau Ram 1500 EcoDiesel 2014 s’habitue à marquer l’histoire. Plus tôt cette année, il a été nommé Camion de l’annéeMC selon Motor Trend pour la deuxième année consécutive, une première dans le monde des pick-up. De plus, il est le seul pick-up léger diesel au pays à offrir un rendement éconergétique d’une efficacité allant jusqu’à 7,1 L/100 km (40 mpg) sur route*, la meilleure économie de carburant jamais obtenue par un pick-up. Son moteur V6 EcoDiesel ultra efficace de 3 litres offre aussi une puissance de couple insurpassée pour un V6 de 420 lb-pi† et une capacité de remorquage allant jusqu’à 9 200 lb ≠. Alors si vous voulez économiser sur le carburant tout en comptant sur un camion qui livre la marchandise à tout coup, prenez le volant d’un Ram 1500 EcoDiesel 2014. Sinon, vous passeriez à côté d’un camion qui est passé à l’histoire.
* Selon les cotes de consommation de carburant sur route d’ÉnerGuide 2014. Méthodes d’essai du gouvernement du Canada. La consommation de carburant varie selon les habitudes de conduite et d’autres facteurs. Consultez votre concessionnaire pour en savoir plus sur les cotes ÉnerGuide. Efficacité allant jusqu’à 10,2 L/100 km (28 mpg) en ville et 7,1 L/100 km (40 mpg) sur route pour le modèle Ram 1500 4x2 avec un moteur V6 EcoDiesel de 3 L à transmission automatique à 8 vitesses. Voyez votre concessionnaire pour des précisions supplémentaires sur le programme ÉnerGuide. ≠ Avec l’équipement approprié. † Selon le segment des gros camions d’Automotive News. RAM est une marque de commerce déposée de Chrysler Group LLC et utilisée sous licence.
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Mettez-y de l’huile d’olive ! Depuis les années 1960, le fameux régime méditerranéen a fait l’objet de nombreuses études visant à élucider le mystère de la longévité des populations pour lesquelles il constitue une tradition. Contrairement à d’autres régimes également considérés comme sains, le méditerranéen se distingue par son apport relativement riche en gras, provenant essentiellement de l’huile d’olive utilisée pour la cuisson et l’assaisonnement des légumes. Or, selon des chercheurs du King’s College de Londres, ce serait justement la combinaison des acides gras insaturés de l’huile d’olive et de légumes riches en nitrites, comme la laitue, les épinards, le céleri et les carottes, qui expliquerait l’effet protecteur de ce régime sur la santé cardiaque. Lorsque ces deux groupes d’aliments sont combinés, ont‑ils constaté dans leurs expériences sur des souris, la réaction entre les acides gras insaturés et les nitrites favorise la formation d’acides gras « nitro ». Leurs recherches ont également démontré que ces acides gras contribuent à abaisser la pression artérielle des souris et à réduire les maladies cardiovasculaires, telles que l’AVC, l’insuffisance ou la crise cardiaque. (King’s College de Londres)
Étonnant ! Quelque 46 millions d’Américains vivent sous le seuil de la pauvreté. Pour de nombreux Américains, la guerre contre la pauvreté déclarée il y a 50 ans par le président démocrate Lyndon B. Johnson (lors du fameux discours sur l’état de l’Union prononcé le 8 janvier 1964) est un échec. Le taux de pauvreté n’est passé que de 19 à 15 % en deux générations, constate le New York Times, précisant que, selon une étude réalisée à la mi-2011, quelque 1,7 million de foyers vivaient avec moins de deux dollars par jour et par personne. (Le Courrier international)
Micropousses, mégavitamines ! Après avoir analysé les micropousses de 25 variétés de plantes potagères, des chercheurs du département de l’Agriculture des États-Unis (USDA) ont constaté que leur concentration en vitamines était cinq fois plus élevée sous cette forme que dans leur version mature ! Au nombre des variétés analysées, les micropousses de chou rouge étaient celles qui présentaient la plus forte concentration en vitamine C. De leur côté, la coriandre était particulièrement riche en caroténoïdes, l’amarante rouge en vitamine K et le daikon vert en vitamine E. Le terme « micropousse » désigne les jeunes pousses produites sur un substrat de culture à partir de semences de légumes et de fines herbes. On les récolte généralement de 7 à 14 jours après la germination, lorsque la tige atteint entre 3 et 8 cm selon les espèces et que les cotylédons sont pleinement formés, mais avant que les vraies feuilles n’apparaissent. Populaires dans les assiettes des chefs pour leurs propriétés gustatives et décoratives, on en retrouve aussi de plus en plus dans les magasins d’aliments naturels et dans certaines épiceries, où elles sont vendues en barquettes ou dans leurs plateaux de culture. (www.ars.usda.gov/is/AR/ archive/jan14/greens0114.htm)
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Le Coopérateur agricole | JUILLET-AOÛT 2014
L’agroalimentaire et nous « Nous unissons nos voix afin de partager notre vision d’un Québec fort de son agroalimentaire et des gens qui peuplent ses territoires. Nous voulons reconnaître les différentes contributions de l’agroalimentaire à la société; renforcer le sentiment d’appartenance de la population envers nos industries, nos produits, notre savoir-faire, nos paysages et nos territoires; construire différents modèles agroalimentaires basés sur la solidarité et la coopération et inviter les Québécoises et les Québécois à s’y engager; oser la diversité en production, en transformation, en distribution et dans la consommation des produits; protéger la biodiversité ainsi que la qualité des sols, de l’eau et de l’air. » – Extrait de la Déclaration des jeunes sur l’agroalimentaire « Se mettre à table : se nourrir, dialoguer, agir ! » (Métro)
Monde : baisse de l’offre de porc au second trimestre Dans les mois à venir, plusieurs pays pourraient être aux prises avec de possibles pénuries de porc, selon le dernier rapport trimestriel de Rabobank. En effet, la propagation de la DEP (diarrhée épidémique porcine) dans les Amériques ainsi qu’en Asie aura un impact notable sur l’approvisionnement, tant cet été que dans les années à venir. Par ailleurs, la Russie se trouve elle-même en situation de pénurie, conséquence de son embargo envers le porc de l’Union européenne. La production mondiale de porc en 2014 devrait enregistrer une baisse, alors que les estimations précédentes de Rabobank faisaient état d’une possible croissance de l’ordre de 1,3 %. Mais la Chine demeure une exception. Le producteur et consommateur de porc le plus important du monde se retrouve en situation d’engorgement quant à son approvisionnement, ce qui fait pression à la baisse sur les prix du porc. Conséquence attendue, la liquidation des truies, entreprise en avril dernier, vient exacerber le phénomène. D’ailleurs, en vue de stopper la décroissance du prix et de réduire les pertes des éleveurs, le gouvernement chinois a décidé, pour la seconde fois cette année, d’augmenter ses achats de porc en vue de le stocker. En mars dernier, une mesure similaire aurait permis de mettre fin à 19 semaines consécutives de déclin. (Rabobank, écho-PORC)
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Pau s e - p e n s é e
La Machine du Voisin
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Photo : martine doyon
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uand j’étais jeune, on lavait son linge sale en famille. Bien sûr, il y avait des lavoirs en libre-service, mais c’était seulement pour dépanner quelques infortunés. Or il semble qu’aujourd’hui on ne se formalise plus avec son linge sale. En faisant une recherche sur l’économie collaborative, je suis tombée sur La Machine du Voisin, un site Internet français. En naviguant sur ce site, on peut trouver quelqu’un, près de chez soi, qui veut bien partager son lave-linge en échange d’un beau sourire ou d’une somme modique. Étonnant. C’est pourtant l’une des dernières variations sur le thème de l’économie collaborative, ou économie de partage, comme on l’appelle souvent. On repousse toutes les limites ! On partage des autos, des machines agricoles, de la main-d’œuvre, des maisons, des bureaux, du financement, des expertises, des entrepôts, des repas, et puis maintenant des lave-linge. L’économie collaborative est vraiment en explosion : un récent rapport indique que 40 % des Canadiens, dont la moitié appartient à la tranche d’âge des 18-34 ans, souscrivent à l’un ou l’autre de ces nouveaux modèles économiques qui permettent d’utiliser sans nécessairement devenir propriétaire. Voilà une révolution qui demande à repenser les modèles d’affaires. Car il semble que le partage et la collaboration sont devenus un courant dominant, surtout chez les jeunes. Plusieurs facteurs expliquent ce nouvel engouement. Tout d’abord, c’est moins lourd pour le portefeuille personnel. Ensuite, grâce aux nombreuses plateformes Internet accessibles aujourd’hui, trouver des partenaires et prendre des arrangements est devenu un jeu d’enfant. Ajoutons encore la fierté de fournir sa part pour la planète en n’achetant pas d’articles voués à rester sous-utilisés, le sentiment de faire partie d’une communauté d’entraide et, disons-le, le plaisir de faire un pied de nez aux grandes entreprises qui vendent des biens… alors que, de plus en plus, on préfère des liens !
Le Coopérateur agricole | JUILLET-AOÛT 2014
Diane Bérard, du journal Les Affaires, parle d’un « mouvement exponentiel qui défie les stratégies traditionnelles » des entreprises. « L’heure est venue de réagir », lance-t-elle dans un article paru l’automne dernier. De son côté, Joe Kraus, un des directeurs du fonds d’investissement de Google, se fait tout aussi catégorique dans le magazine Forbes de février dernier : « L’économie collaborative est une tendance bien réelle. Je ne pense pas que ce ne soit qu’une mode passagère. Les gens sont vraiment à la recherche de ces systèmes par souci environnemental et éthique. » Dans un tel contexte, il m’apparaît clair que les coopératives sont résolument de leur temps. Elles proposent aux usagers de se regrouper pour s’offrir ensemble des services, des infrastructures, des réponses à leurs besoins communs, tout en créant des liens et un sens communautaire. L’heure est venue, nous dit Diane Bérard. Certes. Et je renchéris : l’heure est venue, pour les coopératives, de repousser leurs frontières. Intercoopération, partenariats dans le milieu, réseaux collaboratifs, la coopération doit s’éclater, gagner du terrain et transformer les usages. Car la véritable richesse ne se mesure pas à la quantité des avoirs, mais à la qualité des liens qu’on a su tisser. À tous ces liens qui offrent tantôt un lieu d’échange de biens et de services, tantôt un point de rencontre pour le simple plaisir de fraterniser, et tantôt encore un filet de sécurité et un peu de réconfort lorsque l’épreuve frappe. Oui, il est temps de retrouver le sens communautaire, de réaménager les bases de notre vivre-ensemble. C’est dans l’ordre des choses : l’homme est un animal social, l’avions-nous donc oublié ?
Colette Lebel, agronome Directrice des affaires coopératives La Coop fédérée Courriel : colette.lebel@lacoop.coop Télécopieur : 514 850-2567
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50 hectares d’opportunités
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* Le jeudi 28 août l’exposition ferme à 16 h
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12 $ / jour • 9 h à 17 h * Stationnement gratuit Site de Saint-Liboire (Sortie 147, autoroute 20)
Information : 450 771-1226 www.expo-champs.com
Fa i t s e t g e s t e s
Par Vincent Cloutier, agronome, MBA
Économiste principal La Coop fédérée vincent.cloutier@lacoop.coop
Rencontre des cultures
Équilibrer l’offre à la demande, afin de procurer un prix qui couvre ce qu’il en coûte pour produire. A priori, faire fonctionner la gestion de l’offre est simple comme bonjour. Dans la réalité, les divergences sur la mise en application de ses principes montrent que ce n’est pas si simple.
I
y a maintenant plus d’un an que les tensions dans le secteur de la volaille ont été mises au jour par le retrait de l’Alberta de l’entente nationale de contingentement. Le déchi‑ rant débat de l’allocation des contingents continue de faire rage, sous le vocable de crois‑ sance différenciée. Dans le secteur laitier, on entend depuis longtemps l’écho, en provenance d’Ontario, de producteurs militant ouvertement en faveur d’une baisse du prix du lait. Pourquoi baisser le prix du lait ? Pour stimuler la croissance interne, disent-ils. De même que pour inciter les produc‑ teurs moins performants à s’en aller, afin qu’on puisse racheter leur quota. Perpétuel dilemme entre croissance et prix.
Photo : Pierre cadoret
« Le fossé idéologique, aussi profond qu’évident, traduit la complexité du perpétuel débat opposant croissance et prix. » Le confinement au marché intérieur et la relative stagnation des volumes qui en découle sont le prix à payer pour un système qui protège de la concurrence internationale. La nécessité de diminuer la pression dans le système en sti‑ mulant une certaine croissance est rassembleuse. Personne n’est contre la tarte aux pommes. Ce sont les moyens à mettre en œuvre qui divisent. Pour certains, l’exportation représente une soupape à privilégier. Or il est loin d’être acquis que cette option soit porteuse. Il y a maintenant plus d’une décennie, l’Organe de règlement des différends de l’OMC a semoncé le Canada, lui interdisant d’exporter des produits laitiers à un prix plus faible que le prix intérieur. Cette pratique a été qualifiée de subvention illégale.
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Le Coopérateur agricole | JUILLET-AOÛT 2014
Est-ce à dire que toute exportation de produits laitiers du Canada est impensable ? Non. Il nous est toujours permis d’exporter, mais au même prix de gros que sur le marché intérieur. A priori, certains marchés de créneau le permettraient. Mais il y a fort à parier que tout nouvel arrivant sur ces marchés subirait les attaques des acteurs existants. Sans latitude dans sa stratégie de prix (car contraint par les règles de l’OMC), il serait tout sauf évident pour le Canada d’acquérir des parts de marchés de façon durable. Le potentiel de l’exportation comme soupape demeure bien limité. À l’échelle canadienne, il faut gérer avec grande prudence toute orientation relative au prix à la production. Les producteurs ayant investi en fonction d’un signal de marché X sont en droit de s’attendre au maintien de ce signal. Il faut aussi se rappeler qu’une partie du prix du lait au Canada s’explique par le marché mondial, qui se porte bien. Périodiquement, l’implacable loi de l’offre et de la demande le ramène vers sa tendance historique. Nonobstant l’actuel niveau de prix chez nous, largement supérieur à ce qu’il est ailleurs dans le monde, il est responsable de reconnaître que l’évolution passée du prix du lait pourra difficilement être reproduite. Il en va tout autrement de prôner une baisse du prix de certaines classes. C’est pourtant ce que Wally Smith, l’éloquent et courageux président des Producteurs laitiers du Canada, a préconisé devant la dubitative assem‑ blée générale des Producteurs de lait du Québec, en avril. Le fossé idéologique, entre les tenants de la croissance et ceux des prix élevés, aussi profond qu’évident, traduit la complexité du perpétuel débat opposant croissance et prix. Les acteurs du secteur laitier canadien ont encore beaucoup à faire pour assurer la convergence de leur vision de l’avenir. Pour le bien de la gestion de l’offre, un outil – voire une institution – dont la pérennité transcende les intérêts individuels des interve‑ nants de la filière, il y a tout lieu d’espérer qu’on y arrive sans trop de heurts.
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Evaluation of different products used for cleaning drinking water systems, A.G. Hancock, J.G. Hughes and Susan E. Watkins, University of Arkansas, International Poultry Scientific Forum, Atlanta, 22 janvier 2007 ® CID LINES est une marque déposée de CID LINES N.V. © 2012 Merial Canada Inc. Tous droits réservés. CID-12-9001-JA(F) MERC-2030
A f fa i re s é c o n o m i qu e s
Par Carol Gilbert, économiste, M. Sc. Direction des études et des perspectives économiques Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation
Filière laitière québécoise : Regard sur les échanges commerciaux Les revenus des exploitants laitiers proviennent-ils de diverses sources ? Quelle part de leurs recettes monétaires résulte des ventes faites aux entreprises de transformation du Québec ? Est-ce que les transformateurs visés exportent beaucoup à destination des autres provinces ? Où s’approvisionnent les magasins de détail et la restauration ? Lumière sur les relations que les acteurs de cette filière entretiennent entre eux. Photo : istock
L
e ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) rend compte annuellement des flux économiques de la filière bioalimentaire dans sa publication Activité bioalimentaire au Québec : Bilan et perspectives. Il s’agit d’un état de la situation qui porte sur les achats et les ventes qui lient les différents maillons de la chaîne bioalimentaire ainsi que sur les échanges – importations et exportations – effectués avec les autres provinces et les autres pays. Cela permet de répondre à une foule d’interrogations à propos des liens écono miques entre les membres d’une filière comme celle de l’industrie laitière au Québec.
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La figure 1 (page 16) est une illustration de ces échanges commerciaux dans l’industrie laitière québécoise à un premier stade, soit celui qui unit les producteurs et les transformateurs. Suivant les données de l’année 2011, les recettes de marché sont estimées à 2 540 millions de dollars (M $), dont 2 140 M $ provenant de la vente de lait aux transformateurs du Québec (2 025 M $) et de l’Ontario (115 M $), 81 M $ de la vente de bovins entre fermes et 319 M $ d’autres revenus.
Cela correspond à 2,9 milliards de litres de lait issus des fermes, qui sont destinés en grande partie aux usines de transformation du Québec. Ce lait servira pour un peu plus de la moitié à la fabrication de fromages industriels et de beurre, pour 16 % à la confection de fromages fins et régionaux et pour 11 % à la préparation de yogourt.
Portrait économique de l’industrie laitière Les quelque 6000 fermes laitières que compte le Québec sont généralement des entreprises spécialisées et peu diversifiées. Les ventes de produits céréaliers, acéricoles et forestiers que réalisent ces exploitations laitières ont permis d’amasser environ 319 M $ de revenus, ce qui représente 16 % de leurs recettes totales de 2 540 M $ qui proviennent du marché. Ces entreprises font des affaires avec plus de 100 usines de transformation laitières québé coises, qui ont acheté pour plus de deux milliards de dollars (G $) de lait. Cela équivaut à 95 % des recettes laitières des producteurs laitiers, car seulement 5 % sont exportées. Cette relation privi légiée entre les producteurs et les transformateurs du Québec s’explique : • traditionnellement, par l’avantage de la proximité, qui entraînait une réduction des frais de transport; • aujourd’hui, par la convention de la mise en marché du lait, qui facilite la concerta tion et assure aux usines de transformation un approvisionnement au meilleur coût. Outre l’achat dans les fermes laitières du Québec, les transformateurs s’approvisionnent en lait et en produits laitiers, d’une part, auprès des autres transformateurs pour une valeur de 292 M $ et, d’autre part, auprès des fournisseurs étrangers pour un total de 264 M $. Ces produits sont souvent achetés pour être amalgamés à d’autres et obtenir des produits ayant une valeur ajoutée accrue. C’est le cas de certaines entre prises qui sont spécialisées dans la fabrication de fromage, de yogourt ou de beurre et qui reçoivent, d’autres usines de transformation, les composants nécessaires à leurs produits. Une autre partie de
ces achats, surtout des marchandises importées, consiste en des produits déjà transformés, comme des fromages, qui seront destinés directement aux marchés de la distribution. À ce sujet, la figure 2 (page 16) rend compte des échanges qui lient les acteurs de la transfor mation alimentaire, du marché du détail et du réseau des HRI (hôtels, restaurants et institu tions) de même que ceux des autres provinces et des autres pays. Parmi la centaine d’entreprises québécoises de transformation de produits laitiers, trois domi nent : Saputo, Agropur et Parmalat. Comme elles effectuent plus de 80 % des achats de lait, on estime qu’elles ont fourni un pourcentage considérable des 4,8 G $ de produits laitiers manufacturés au Québec en 2011. Rappelons que le Québec assure 35 % des livraisons manufacturières canadiennes de produits laitiers. Selon nos estimations, une partie impor tante de cette production, soit environ 2 G $, a été exportée dans les autres provinces. Comme le Québec enregistre des excédents par rapport à sa consommation intérieure, ces exportations interprovinciales servent à subvenir aux besoins de consommation des autres provinces. En outre, ces exportations servent aussi aux usines de fabrication des autres provinces, où elles sont davantage transformées. Finalement, plus de 2,3 G $ de produits laitiers s’écoulent dans le marché de détail et le réseau des HRI, où ils sont consommés par les Québécois. Le secteur de la distribution s’approvisionne en grande partie, soit dans une proportion de 69 %, auprès des transformateurs du Québec. Le reste de ses achats – plus de 1 G $ – repose sur l’impor tation, principalement en provenance des autres provinces canadiennes, qui accaparent ainsi 884 M $. Il s’agit de fromage à 55 %, de lait de consommation à 22 % et de crème glacée à 7 %. Une certaine quantité de ces produits laitiers qui sont fabriqués ailleurs au Canada utilisent des composants québécois. Rappelons que les transformateurs québécois exportent pour environ 2 G $ de produits laitiers, qui reviennent en partie dans la province sous une forme plus élaborée pour être consommés ici. u
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Figure 3
Figure 1 Flux économiques de l’industrie laitière québécoise en 2011 entre les producteurs et les transformateurs
Répartition des ventes liées à la consommation de produits laitiers au Québec (en 2011) Autres produits laitiers Beurre
IMPORTATIONS 0 M$
EXPORTATIONS 115 M$
Interprovinciales : 0 M$ Internationales : 0 M$
Interprovinciales : 115 M$ Internationales : 0 M$
8,4 %
5,1 % Lait de consommation
Yogourt
24,1 %
8,1 %
Créme
8,7 %
VENTES DES PRODUCTEURS Paiements exclus
2 540 M$
Ventes entre fermes : 81 M$
Fromage
IMPORTATIONS 264 M$
AUTRES TYPES DE VENTES 319 M$
Interprovinciales : 159 M$ Internationales : 105 M$
Achats auprès des producteurs : 2 025 M$ Achats auprès des transformateurs : 292 M$ Importations : 264 M$
VENTES DES TRANSFORMATEURS 4 768 M$ Sources : Statistique Canada, Institut de la statistique du Québec, Global Trade Atlas et Agriculture et Agroalimentaire Canada; calculs du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation
Figure 2
Flux économiques de l’industrie laitière québécoise en 2011 entre les transformateurs et le réseau de détail et HRI IMPORTATIONS 264 M$
Interprovinciales : 159 M$ Internationales : 105 M$
EXPORTATIONS 2 129 M$
Interprovinciales : 2 039 M$ Internationales : 90 M$
Achats auprès des producteurs : 2 025 M$ Achats auprès des transformateurs : 292 M$ Importations : 264 M$
VENTES DES TRANSFORMATEURS 4 768 M$ IMPORTATIONS 1 064 M$
Interprovinciales : 884 M$ Internationales : 180 M$ Achats de produits de la ferme : 0 M$ Achats de produits transformés : 2 347 M$ Importations : 1 064 M$ Achats alimentaires totaux : 3 411 M$ Autres dépenses : 699 M$
VENTES DE DÉTAIL ET HRI 4 109 M$ IMPORTATIONS TOTAL FILIÈRE
Interprovinciales : 1 043 M$ Internationales : 285 M$
EXPORTATIONS TOTAL FILIÈRE
Interprovinciales : 2 154 M$ Internationales : 90 M$
Sources : Statistique Canada, Institut de la statistique du Québec, Global Trade Atlas et Agriculture et Agroalimentaire Canada; calculs du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation
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45,5 %
Sources : Statistique Canada et Nielsen; compilation du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation
Des consommateurs distincts Les consommateurs québécois se distinguent des consommateurs canadiens sous différents aspects, dont celui de leur portion de dépenses alimentaires attribuée aux produits laitiers. Ainsi, les Canadiens y consacrent 10,5 % de leurs déboursés, alors que pour les Québécois c’est 12 %. Cette différence fait que la dépense par habitant pour les produits laitiers est de beaucoup supérieure au Québec par rapport au Canada, soit respectivement de 515 $ et de 436 $. Selon les renseignements précédents, les ventes totales de produits laitiers réalisées au Québec par le marché du détail et le réseau des HRI s’établissaient à 4,1 G $ en 2011. Ces ventes à la consommation étaient constituées à 70 % de fromage et de lait, comme le montre la figure 3. En guise de synthèse, nous pouvons constater, à la lumière de ce qui précède, le lien privilégié qui existe entre les producteurs de lait québécois et les établissements de transformation laitière situés au Québec. L’interdépendance de ces deux maillons a sûrement favorisé la collabo ration qu’ils entretiennent et soutenu le dévelop pement de cette filière, qui se poursuit. Les usines de transformation laitière sont réparties sur l’ensemble du territoire canadien, mais elles sont majoritairement installées au Québec. L’essor du commerce interprovincial avec le Québec s’explique en partie par cet élément déterminant, alors que les transformateurs et les entreprises de distribution du Québec, comme de l’ensemble du Canada, doivent s’approvisionner là où l’offre se déploie. Au final, la filière laitière dégage un excédent commercial de plus de 900 M $ et contribue donc grandement à l’économie du Québec.
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Par Nancy Malenfant, conseillère aux affaires coopératives La Coop fédérée nancy.malenfant@lacoop.coop
Un conseil d’administration où la relève et l’expérience se côtoient. De gauche à droite : Jean-Pierre Coulombe, Réjean Brillant (directeur général), François Pigeon, Daniel Jean et Vincent Couture.
PHOTO : Nancy Malenfant
C o o p é r at i o n
Là où tout a commencé Parce qu’elle fut la toute première à être formée, la CUMA de Saint-Fabien aura contribué à façonner le visage des coopératives d’utilisation de matériel agricole au Québec.
A
u début des années 1990, l’idée de la coopé rative d’utilisation de matériel agricole (CUMA) n’existait encore que dans la tête de Camille Morneau, conseiller au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) dans le Bas-Saint-Laurent. Au Québec du moins, puisque cette formule de partage de machinerie comptait déjà plusieurs décennies de succès chez nos cousins français. C’est d’ailleurs de l’autre côté de l’Atlantique que Camille Mor neau a puisé son inspiration pour élaborer un modèle coopératif de partage d’équipement adapté à l’agriculture québécoise, dont il a fait l’objet de son mémoire de maîtrise universitaire. La CUMA de Saint-Fabien fut son premier bébé. Le contexte agricole de cette municipalité, située près de Rimouski, en faisait un terrain par fait pour l’implantation d’un tel regroupement. Les agriculteurs là-bas ont toujours eu l’habitude de s’entraider. Néanmoins, l’achat de machinerie en copropriété, qui faisait partie des pratiques depuis longtemps, a fini par présenter certaines
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limites, selon un des membres fondateurs de la coopérative, Jean-Pierre Coulombe. « Dans mon cas, nous avions acheté une moissonneuse-batteuse à trois et nous divisions toutes les dépenses à parts égales, raconte le producteur de lait. Au début, tout allait bien, car chacun battait à peu près la même surface. Mais quand un des copropriétaires s’est mis à produire moins de céréales, il ne voulait plus nécessairement payer pour les réparations de la batteuse. » Le concept de la CUMA tombait donc à point pour les agriculteurs aux prises avec ce genre de situation. « C’est un système équitable pour tous, affirme Jean-Pierre Coulombe, qui occupe le poste de secrétaire de la CUMA. La coopérative s’occupe du financement, achète l’équipement et nous le loue ensuite à un tarif proportionnel à notre utilisation. C’est aussi positif pour les producteurs, puisque leur endettement et leur capacité d’emprunt ne sont pas affectés. » Ce dernier et cinq autres producteurs de Saint-Fabien ont constitué le noyau de membres fondateurs de l’organisation, qui a officiellement vu le jour le 19 février 1991. L’année suivante, tous les producteurs agricoles de la municipalité ont été conviés à une réunion d’information, et une douzaine de nouvelles personnes ont adhéré à la coopérative. Vingt-trois ans plus tard, la CUMA
PHOTO : Nancy Malenfant
De concert avec Camille Morneau, du MAPAQ, la CUMA de Saint-Fabien a contribué à l’amélioration de ce qui constitue la base des règlements et des contrats d’engagement dans les coopératives d’utilisation de matériel agricole. Elle a également participé, par ses commentaires et suggestions, à l’élaboration de CumaGestion, un logiciel indépendant conçu spécialement pour l’administration des CUMA. Le projet de conception du logiciel ayant bénéficié d’une subvention gouvernementale à l’époque, celui-ci est mis gratuitement à la disposition de quiconque en fait la demande. La dernière version a été lancée il y a déjà une dizaine d’années, mais des mises à jour périodiques et un service de dépannage sont toujours offerts. La plupart des CUMA ont cependant décidé d’élaborer leurs propres pratiques administra tives, en combinant les fonctionnalités d’un logiciel comptable et des grilles de calcul Excel, formule qu’elles jugent plus conviviale. Cepen dant, les adeptes de CumaGestion y trouvent nombre d’avantages. Ainsi, à l’instar d’une quin zaine de ses semblables québécoises, la CUMA de Saint-Fabien utilise toujours cet outil pour compiler l’information ayant trait à la coopéra tive et pour effectuer la comptabilité ainsi que la facturation des membres. Ces tâches reviennent au producteur laitier et directeur général Réjean Brillant, qui s’avoue content de pouvoir compter sur CumaGestion pour l’aider dans son travail. Le gestionnaire soutient qu’il économise beaucoup de temps et minimise les risques d’erreur, puisqu’il n’a pas à reporter des données d’un logiciel à un autre. « En
Les quelque 2000 habitants de la municipalité de Saint-Fabien peuvent se vanter d’avoir la coopération dans le sang. En plus de la CUMA, on y trouve trois autres coopératives : la caisse populaire, le marché d’alimentation et la coopérative agricole.
À la suite de quelques mauvais achats d’équipements, dont une ramasseuse de pierres dont la robustesse laissait à désirer, les administrateurs de la CUMA s’assurent maintenant que les membres de la branche d’activité ont cerné correctement leurs besoins et que la machine à acheter a bien été évaluée. Si nécessaire, ils valideront l’information provenant du vendeur auprès d’autres fournisseurs.
plus, le logiciel comprend l’historique de toutes les machines depuis leur acquisition, dit-il. Comme toutes les pannes et réparations y sont réper toriées, il devient facile de relever les incidents répétitifs. » En plus de sa participation à la mise au point des outils d’administration précédemment cités, la CUMA de Saint-Fabien a aussi exercé des pres sions auprès de La Financière agricole du Québec afin que les coopératives d’utilisation de matériel agricole puissent bénéficier de ses services de financement. Ces démarches ont porté leurs fruits, puisque les règles ont été modifiées en 1995 afin que des prêts puissent être accordés aux CUMA par La Financière agricole pour l’achat d’équipement.
PHOTOS : CUMA de Saint-Fabien
Des outils adaptés aux CUMA
Depuis l’an dernier, la CUMA compte une branche d’activité regroupant 11 éleveurs qui utilisent un logiciel de gestion des troupeaux ovins. Le logiciel Provin a d’abord été conçu par un groupe de producteurs. La prise en charge du projet par la coopérative a permis à ces derniers de bénéficier d’une subvention. Maintenant, la CUMA de SaintFabien est titulaire de la licence de ce logiciel et facture les membres de la branche pour les frais de mise à jour.
mauvais coup
compte 53 membres, qui se partagent des équi pements dans 49 branches d’activité. La valeur à l’achat du parc de machinerie de la coopérative s’élève à 1,2 million $.
Bon coup
Des avantages qui ne se démentent pas La CUMA de Saint-Fabien est là pour durer, car elle répond à des besoins qui ne disparaîtront pas de sitôt. Selon l’administrateur et producteur laitier François Pigeon, la formule est idéale puisqu’elle permet d’acquérir des équipements dont l’usage est peu fréquent et dont le coût d’achat s’avère prohibitif pour une personne seule. « Par exemple, nous partageons à trois un épandeur à engrais qui épand sur une largeur de 120 pi, illustre-t-il. C’est le genre de machinerie dont je me sers deux jours dans l’année. Ça vaut la peine de prendre le télé phone pour planifier avec les autres utilisateurs quand chacun va l’utiliser. » Le producteur ovin Vincent Couture est entré dans la CUMA il y a 20 ans, pour le partage d’une presse-enrubanneuse à balles rondes avec trois voisins. « C’est la quatrième fois qu’on la renouvelle depuis ce temps, dit l’administrateur. La CUMA nous a permis d’avoir un équipement à la fine pointe tous les cinq ans. Cela nous permet de récolter rapidement avec une machine performante. »
Les membres de la CUMA se partagent entre autres deux presses à balles carrées et une moissonneuse-batteuse.
JUILLET-AOÛT 2014 | Le Coopérateur agricole
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Ru C ob or p iéqru at eion
Par Nancy Malenfant Conseillère aux affaires coopératives La Coop fédérée nancy.malenfant@lacoop.coop
Gérer l’équilibre entre les affaires, l’humain et l’environnement
À Québec, le 27 février, le banquet de clôture de la 92e assemblée générale annuelle de La Coop fédérée bat son plein. L’excitation est à son comble à quelques minutes du dévoilement du lauréat du titre Étoile-Coop.
L
Photos : Exposeimage.com
es adversaires sont de taille pour cette édi tion du concours, les plus grandes coopéra tives du réseau s’affrontant dans une course à l’excellence. Arrive alors le moment de la grande annonce : « L’Étoile-Coop 2014 est… La Coop des Bois-Francs ! » C’est l’intégration des aspects affaires, renta bilité, humain et environnement qui a convaincu le jury de décerner ce titre à La Coop des BoisFrancs. « J’étais surpris, même en sachant que nous avions tous les outils pour gagner », confie le jeune administrateur Jonathan Lampron. Le producteur
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Le Coopérateur agricole | JUILLET-AOÛT 2014
laitier de Sainte-Séraphine se dit très fier de cette marque de reconnaissance. « Beaucoup de travail a été fait pour que la coopérative perce dans le marché et rayonne dans la région, dit-il. Cette récompense apportera certainement de futurs liens d’affaires avec d’autres entreprises qui souhaitent aussi prospérer. » Jonathan Lampron espère en outre que la notoriété générée par l’obtention du titre Étoile-Coop incitera la relève à faire davantage affaire avec La Coop des Bois-Francs.
Affaires, rentabilité et croissance Rémi Pelletier, producteur laitier de Melbourne, est président de La Coop des Bois-Francs depuis sept ans. C’est sous son règne que l’entreprise a vu son chiffre d’affaires passer de 127 millions $ en 2008 à 237 millions $ en 2013. « On ne peut passer sous silence la présence de Pascal Houle, direc teur général pendant six ans, qui a été récemment promu chez BMR, souligne Rémi Pelletier. Que notre directeur général soit requis pour assumer de telles fonctions est une reconnaissance de la qualité de notre personnel. » Le nouveau directeur général, Gervais Laroche, a pris la barre de la coopérative moins d’un mois après que celle-ci eût été nommée Étoile-Coop 2014. Fort de son expérience de 19 ans chez Sel Warwick, filiale de La Coop des BoisFrancs, il entrevoit son arrivée avec confiance. « Ce prix ne peut qu’apporter du positif et motiver l’équipe encore plus, dit-il. Je ne le vois pas comme une pression supplémentaire. »
Photo : la coop fédérée
Véronique Vincent, productrice laitière de Saint-Valère et conjointe de l’administrateur André Normand, croit fermement que ce prix aura un impact positif sur sa coopérative. « Ça ne peut que stimuler le sentiment d’appartenance des employés, car c’est la preuve qu’ils font du bon travail », dit-elle. Elle-même très engagée dans son milieu, entre autres à l’UPA, au Syndicat des agricultrices, et à l’école primaire locale, la jeune productrice en profite pour saluer l’engagement de La Coop des Bois-Francs dans la région. « Elle retourne énormément à la communauté », affirme-t-elle.
En effet, Gervais Laroche arrive dans une coopérative en excellente santé financière qui connaît, selon lui, « une croissance équilibrée et contrôlée ». La majeure partie de sa croissance récente est attribuable à l’achat de filiales com plémentaires à l’agriculture. « Nos activités prin cipales bénéficient de l’apport et de la rentabilité de ces filiales, qui agissent comme levier pour les secteurs agricoles, parfois moins rentables, mais qui sont au cœur même de notre mission », dit le président, Rémi Pelletier.
Un beau cadeau pour La Coop des Bois-Francs, qui célèbre cette année ses 40 ans d’existence, elle qui avait été une des toutes premières, en 2005, à remporter ce concours créé par La Coop fédérée afin de faire la promotion des bonnes pratiques dans les coopératives.
Un succès d’équipe Une grande part de la réussite de La Coop des Bois-Francs revient à son personnel. Engagés et dynamiques, les employés travaillent ensemble à l’atteinte des objectifs de l’entreprise. « Le prin cipal élément de notre dernière planification stratégique est d’offrir un service clientèle inégalé, déclare le directeur des ressources humaines, Vincent Nadeau. Cela repose sur l’engagement des employés sur le terrain, qui interagissent au jour le jour avec les clients. » Complémentarité et diversité (âge, sexe, expérience) caractérisent les divers groupes de travail, dont celui de la division ruminants-végétal. « Comme directeur des ventes, je vise l’équilibre »,
« Une qualité qui nous distingue est d’essayer de mettre les employés à l’avant-plan dans tout ce qu’on fait », dit le directeur des ressources humaines, Vincent Nadeau.
Un tandem fier de cette victoire bien méritée : le directeur général, Gervais Laroche, et le président, Rémi Pelletier. Tous deux croient que ce prix saura propulser la coopérative vers de nouveaux sommets.
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Administrateur depuis 2010, Jonathan Lampron est fier du chemin parcouru par sa coopérative. « Tout le monde a travaillé dans le même sens pour parvenir à ce résultat », précise-t-il.
Photos : Exposeimage.com
Véronique Vincent a participé au programme Actionrelève, lequel remet des bourses à de jeunes producteurs qui s’engagent dans les activités de la coopérative.
En mots et en chiffres Siège social : Victoriaville Territoire : Centre-du-Québec élargi 1018 membres ordinaires 8973 membres auxiliaires 350 employés Chiffre d’affaires 2013 : 237 millions $ Ristourne : 1 million $
explique Dominique Patry, qui dirige cette équipe de 17 employés depuis six ans. « Quand j’em bauche, je ne recherche pas un modèle unique. Il est important de pouvoir compter sur une équipe variée, puisque nos clients ont tous eux aussi leur propre personnalité. La personne doit avant tout démontrer une attitude cohérente avec l’identité locale et la culture de notre coopérative. » L’expert-conseil en productions végétales Martin Trudel s’est joint à La Coop des BoisFrancs il y a un peu plus d’un an et est heureux de faire partie de cette grande équipe. « Avant, je travaillais pour une petite organisation où j’étais souvent laissé à moi-même, alors qu’ici je peux aller chercher d’autres points de vue. » Et ses col lègues, plus expérimentés, apprécient ce contact avec de nouvelles recrues. « Pour moi, côtoyer de jeunes représentants ayant le feu sacré dans les yeux est extrêmement stimulant », affirme l’expert-conseil Guy Laroche, qui compte 24 ans de service à la coopérative. « Ils nous sortent de notre zone de confort en apportant un bagage de connaissances actuelles et des technologies plus poussées. Ils nous forcent à nous adapter aux nou veaux besoins de nos membres et de leur relève. »
Une forte appartenance Si les employés contribuent autant au succès de leur entreprise, c’est qu’ils se sentent bien à La Coop des Bois-Francs. L’excellente gestion des ressources humaines a en effet permis à l’entre prise de s’illustrer deux années consécutives au
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Défi Meilleurs Employeurs, organisé par l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés du Québec, ainsi qu’au Panthéon de la performance de la Chambre de commerce et d’industrie des Bois-Francs et de l’Érable. « Au-delà des prix, notre participation nous a permis d’évaluer nos pratiques », explique le directeur des ressources humaines, Vincent Nadeau, qui a organisé des groupes de discussion avec des employés après le concours en vue d’améliorer davantage les façons de faire. L’obtention de ces distinctions a rapidement eu un impact sur le recrutement. « Les candidats se présentaient en entrevue en disant qu’ils avaient entendu parler de nous », raconte Vincent Nadeau. Voilà qui constitue un atout non négligeable pour attirer des employés potentiels, dans un contexte de rareté de main-d’œuvre. Le jeune gestionnaire souhaite d’ailleurs stimuler le sentiment d’appartenance, entre autres en impliquant les conjoints et enfants du personnel dans plusieurs activités sociales et de reconnaissance. « Lors des périodes occupées où l’employé doit faire davantage d’heures, sa famille aura tendance à se montrer plus compréhensive, en sachant qu’il a un bon emploi et qu’il fait partie d’une belle équipe », explique-t-il. En plus, la coopérative invite les employés deux fois par année à un cinq à sept pour la présentation des budgets et des résultats de fin d’année. Ils peuvent alors poser des questions, rencontrer le directeur général et côtoyer leurs collègues des autres secteurs. Parmi les pratiques en ressources humaines qui distinguent aussi La Coop des Bois-Francs, citons : l’extension du programme d’aide aux employés afin qu’il englobe aussi les membres de leur famille, la poli tique de conciliation travail-famille, l’invitation d’une infirmière qui dresse des bilans de santé en milieu de travail et la mise en place de la retraite progressive. Côté effectifs, La Coop des Bois-Francs investit énormément dans ses promotions exclusives aux membres. Elle déploie une vaste campagne, durant la Semaine de la coopération, afin de récompenser les membres et susciter de nouvelles adhésions par des promotions, des concours et de l’éducation coopérative. Le solde printanier Unimat est une autre stratégie de recrutement qui fait valoir la distinction coo pérative et permet d’aller chercher de nouveaux membres. La coopérative est d’ailleurs passée de 6600 membres auxiliaires en 2010 à 9000 en 2013.
Martin Trudel et Guy Laroche, experts-conseils en productions végétales, et Dominique Patry, directeur des ventes ruminantsvégétal, illustrent bien l’esprit de collaboration et la synergie qui existent au sein des équipes de travail de La Coop des Bois-Francs.
L’environnement en avant-plan L’engagement de La Coop des Bois-Francs envers l’environnement a impressionné les juges du concours de la coopérative étoile. Ce n’est pas d’hier que ce dossier est intégré aux priorités de l’organisation. En 2006, le directeur financier en place, Yvan Ouellet, a entrepris un virage en gestion du risque environnemental. C’est ainsi que l’agroéconomiste Stéphanie Landry, alors récemment embauchée comme coordonnatrice du crédit agricole et de l’environnement, a fait appel aux services de La Coop fédérée. Les experts de l’environnement ont évalué toutes les instal lations exploitées par La Coop des Bois-Francs : centre d’engrais, meunerie, stations-services, quincailleries, etc. « Cette démarche a permis de déceler des problématiques potentielles, par exemple avec les voisins ou avec la qualité du terrain, et de déterminer ce qu’il fallait faire pour les gérer », explique Stéphanie Landry. En paral lèle, un processus de vérification de conformité a été engagé pour s’assurer que l’entreprise répond aux lois et règlements relatifs à l’environnement. La coopérative a également travaillé avec La Coop fédérée pour évaluer l’efficacité énergétique de ses installations et activités. Pour faire suite aux différents diagnostics posés, des correctifs ont été apportés au fil du temps. Les initiatives pour l’environnement se sont multipliées depuis 2006. Parmi elles figure l’ac quisition d’un logiciel de développement durable renfermant des indicateurs de performance mesurant les progrès de la coopérative en envi ronnement, mais aussi sur les plans social et éco nomique. Par ailleurs, l’établissement regroupant le secteur des semences et les services techniques est en voie d’être certifié « Ici on recycle ! » par
« Nous maîtrisons davantage notre barque depuis que nous avons décidé d’être proactifs en environnement, soutient Stéphanie Landry, coordonnatrice au crédit agricole et à l’environnement. Une fois que tu es conforme, tu ne veux plus retourner en arrière. »
Recyc-Québec grâce à ses actions de compostage, de recyclage et de récupération. La Coop des Bois-Francs est si reconnue dans le réseau des coopératives pour être proactive sur le plan environnemental qu’elle a été sollicitée par La Coop fédérée pour participer à un projetpilote d’implantation d’un système de gestion environnementale dans sa meunerie. « C’est assez flatteur », avoue Stéphanie Landry. Le directeur général, Gervais Laroche, conclut en disant : « On veut vraiment maximiser l’obtention de ce prix comme un stimulant pour l’entreprise et tous ceux qui nous ont menés là : nos 350 employés, nos 1000 membres ordinaires, nos 9000 membres auxiliaires, notre conseil d’ad ministration, nos partenaires et nos fournisseurs, qui ont contribué à leur manière à cette recon naissance au sein de réseau. Notre prochain défi est de continuer sur la même lancée. »
Quelques membres de l’équipe de la meunerie : Mathieu Provencher, contremaître; Alain Plourde, contremaître transport; Dany Boivin, préposé à la fabrication; Alain Labonté, opérateur de cubeuses; Johanne Roux, agente au comptoir des ventes
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Sur le plancher d e s va c h e s
Par Sylvain Boyer, T. P. Directeur principal Service des ruminants La Coop fédérée Photo : Martine Doyon
sylvain.boyer@lacoop.coop
Des vaches à 20 000 kg
En naviguant sur les réseaux sociaux cet hiver, je me suis senti interpelé par une discussion où on se demandait si des vaches pouvaient produire plus de 20 000 kg de lait par année de façon « naturelle ». Ce qui me désolait le plus, c’étaient les commentaires qui faisaient suite à cette question. Les gens ont des doutes… Ça me rappelle il y a 20 ans, lorsqu’on se posait la même question concernant celles qui en faisaient 15 000 !
A Photo : LA COOP FÉDÉRÉE
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ujourd’hui, on voit pourtant des vaches à plus de 15 000 kg de lait par an dans une grande quantité de fermes. Pour ma part, il n’est pas question de mettre en doute les résultats de production de ces vaches. Il s’agit simplement de sujets exceptionnels, gardés dans de très bonnes conditions. Au cours d’une lactation de 305 jours, 20 000 kg représentent, en moyenne, près de 66 kg de lait produit par jour. À ces niveaux de production, les vaches ont des pics de lactation d’environ 80 kg et habituel lement une excellente persistance pendant toute la durée de leur lactation. Ces niveaux de production s’obtiennent principalement avec des vaches de troisième lactation et plus, d’où l’importance de travailler sur la longévité de celles-ci.
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En réalité, quand on combine le progrès génétique et le soin apporté aux animaux, il est normal que les performances s’améliorent sans cesse. C’est comme ça dans toutes les productions animales. Dans chacune des races, les taureaux utilisés en insémination sont de loin supérieurs à ce qu’ils étaient « dans l’temps » en matière de potentiel génétique pour les caractéristiques de production. Dans la race Holstein, on parle d’une amélioration moyenne de 83 kg de lait par année. Et il s’agit là d’une moyenne. Il serait donc logique de croire que des lignées de vaches très fortes en production sur le plan phénotypique, ayant de très fortes valeurs génétiques et saillies par des taureaux possédant de forts indices génétiques en lait puissent atteindre des sommets de plus en plus hauts. La production est d’ailleurs un caractère doté d’une très forte héritabilité. En matière de gestion, on voit de plus en plus de producteurs ayant opté pour la traite trois fois par jour au lieu de deux. Les vaches sont de plus en plus grosses et le confort qu’on leur offre s’est grandement amélioré. La gestion de la période périvêlage s’est aussi considérablement affinée. Ces pratiques ont pour résultat une augmentation importante des niveaux de production. On voit ainsi de plus en plus d’animaux exprimer leur plein potentiel génétique. Les éleveurs qui ont des vaches produisant plus de 20 000 kg s’entendent tous sur un point : elles ont un appétit hors du commun. Il ne tient qu’à chaque producteur d’offrir des aliments de qualité à volonté pour découvrir ces sujets excep tionnels. Il suffit de s’y mettre pour constater les résultats et dissiper les doutes de la faisabilité.
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Dossier Confort des vaches
Ne pa s déran g er ! V
aches lactat en ion.
Dorlotez-les, c’est payant !
Texte et photos d’Étienne Gosselin, agr., M. Sc.
Au Québec, sur 5391 gîtes, hôtels et auberges, seulement 0,6 % arborent cinq étoiles. En est-il de même de nos étables, où sont hébergées à longueur d’année nos vaches laitières ? Sur la route des vacances, Le Coopérateur visite ce mois-ci trois étables confortables : un palais montérégien, un château beauceron et un palace bas-laurentien ! 26
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L’expérience du confort Les frères Brault étaient aux prises avec un problème : comment croître quand quota ou terres à vendre sont rarissimes ? Ils ont finalement décidé de « faire plus par en dedans » en offrant davantage de confort aux 180 animaux – dont 100 vaches en lactation – qu’ils hébergent.
A Sur deux ans, Sylvain Brault a minutieusement passé en revue chaque mètre carré de son étable pour la doter des meilleurs équipements, sans oublier la gestion, partie intégrante du confort.
méliorer le confort d’une étable laitière est un processus continu pour Sylvain Brault et son frère Christian, de la ferme Brault et Frères. Il y a toujours un élément à corriger, un paramètre à régler. Appuyés par leur expertconseil, Simon-Pierre Loiselle, de La Coop des Frontières, les frères ont pour philosophie d’offrir à leurs animaux un logement confortable et des rations équilibrées, qui auront comme conséquence la bonne santé du troupeau. Et sa performance. Par exemple, ils n’hésitent pas à sortir la faucheuse quand les plantes fourragères dosent 22 % de protéines. « On ne parle pas de poudre magique ici, dit Simon-Pierre. Que du concret ! » Il en est de même en matière de bien-être animal. Les Brault ont fait confiance à leurs cinq sens pour offrir aux vaches le meilleur du meilleur. Systématiques, ils ont commencé par le commencement. Comme seul un supplément pour vaches en début lactation a été introduit dans les deux dernières années, la ration n’a pas varié grandement. Idem du côté de la génétique : on utilise les meilleurs taureaux et la stratégie n’a pas changé non plus. Les conditions étaient donc réunies pour la réalisation d’une expérimentation en conditions réelles sur le confort des vaches. Première observation : les vaches de première lactation « cassaient en lait » quand on les déplaçait du groupe 1 d’alimentation au groupe 2. « On les a donc réunies en un groupe à part, de sorte que la dominance est moins forte, explique Sylvain Brault. La persistance en lait est meilleure, car les vaches sont moins stressées quand elles vont s’alimenter. Elles bénéficient de plus d’heures de mangeoire. Les vaches de première lactation qui sont elles-mêmes trop dominantes sont transférées dans un autre groupe. » Investissement requis pour ce changement : deux chaînes de cinq mètres de longueur ! Deuxièmement : on connaît l’impact de l’acidité de l’ensilage sur le béton de la mangeoire, laquelle devient poreuse, rugueuse, malodorante.
On a donc recouvert le béton d’une feuille de Teflon, un polymère aux propriétés antiadhésives. « La mangeoire est maintenant toujours propre, non poreuse et pratiquement inodore », fait remarquer Sylvain. La barre qui retient les animaux dans les enclos de cette ferme en stabulation libre a aussi été relevée pour permettre un accès plus facile aux aliments. Enfin, pour favoriser la consommation, une rangée supplémentaire de tubes fluorescents a été installée au-dessus de l’espace mangeoire, qui était assombri par la présence du convoyeur d’alimentation. Pour ce qui est de l’eau – très dure à cette ferme de Saint-Louis-de-Gonzague –, on s’est mis à la traiter au moyen d’un simple adoucisseur au sel. Non seulement les minéraux en trop grande quantité n’obstruent plus les flotteurs des abreuvoirs, mais la restriction dans les tuyaux est moindre, d’où un meilleur débit. Une poche de sel de 20 kg par jour suffit. Cet ajout en a donc permis un autre : un système de brumisateurs qui permet de diminuer de quelques degrés la chaleur suffocante des jours d’été et d’amoindrir la baisse de production qui y est associée. Ce n’est pas tout : la carrure des vaches augmentant avec les avancées génétiques et alimentaires, les stalles ont été élargies de 15 cm et l’arrêt devant les logettes repoussé de 10 cm. On a aussi voulu tester les tapis de gel en en mettant dans 20 logettes de la section des vaches taries. On équipera probablement les 100 logettes restantes de ce même produit. Même la stratégie de taille des onglons a été revue et corrigée. La visite du technicien spécialisé en pieds et membres ne s’effectue plus trois fois par année, mais mensuellement. On s’assure donc de parer la corne chez les vaches aux moments où il est moins risqué de nuire à la production lactée. Sylvain Brault a ainsi observé moins d’ulcères de sole et un meilleur classement de ses animaux. Même la fréquence des visites du vétérinaire s’est intensifiée, avec
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Confort des vaches Une brosse de plus pour la stabulation libre des Brault? La vache Luckymie, la plus affectueuse du troupeau, n’en a que faire : elle préfère la venue de cet énergumène équipé d’un gros Kodak!
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une tournée hebdomadaire plutôt que toutes les deux ou trois semaines. Détecteurs d’activité des vaches, programme de synchronisation des chaleurs et échographies précoces ont permis de faire fondre l’intervalle moyen entre les vêlages de 430 à 400 jours. Les veaux et les génisses y ont aussi goûté. Sylvain observait des retards de croissance après le moment où il transférait les veaux de leurs niches extérieures vers le coin de l’étable qui leur était destiné. Mauvaise ventilation, logettes inadaptées, présence d’une raclette jugée stressante… « On a décidé de sacrifier une stalle de vêlage et d’enlever les logettes pour aménager un enclos sur litière accumulée dans un autre endroit de l’étable où l’air circulait mieux », détaille Sylvain. Résultat : une transition toute en douceur qui facilite la croissance des génisses, des inséminations à 13 mois et des vêlages à 22. Quels ont été les impacts de cette kyrielle d’améliorations sur la production ? Une moyenne de 10 500 kg, mais surtout, une augmentation de 0,3 kg de gras par vache par jour en à peine 18 mois. Avec toutes ces modifications, les frères Brault visent maintenant l’augmentation du nombre de lactations par animal et du nombre de jours productifs des animaux dans le troupeau avant la réforme. Car après tout, l’ultime aboutissement de tant d’efforts en matière de bien-être animal n’est-il pas de garder ses vaches en vie – et en bonne santé – le plus longtemps possible ?
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Le confort chez Brault et Frères 1. Regrouper les vaches de première lactation 2. Reconfigurer la mangeoire 3. Installer des brumisateurs 4. Élargir les stalles 5. Tailler des onglons tous les mois
« Côté bien-être, si j’avais à me bâtir une étable demain matin, elle serait à stabulation libre. Mais à l’heure actuelle, il reste encore beaucoup de travail à faire sur nos stabulations entravées. » Renée Bergeron, agr., professeure, Collège d’Alfred
L’hospitalité de la Ferme Hâtée Lors de la visite du Coopérateur, les membres de la famille Brisson-Chénard mettaient la touche finale à leurs préparatifs : un groupe de 60 visiteurs devaient venir apprécier – voire vérifier – la qualité des installations de la ferme. Pas question de les décevoir !
C’ Portrait de famille : les frères Jérôme et Tommy Chénard, leurs parents, Raymond Chénard et Ginette Brisson, leur expert-conseil, Joël Lepage et deux des filles de Jérôme, Béatrice et Éloïze. Absentes : la conjointe de Jérôme, Mélanie Dubé, et leur fille Anaïs.
est donc honteusement que j’avance sur les carreaux blancs de la laiterie, fraîchement vadrouillée, avec mes bottes qui laissent des traînées boueuses. Alors que c’est en 2001 que ce local a été complètement rénové, on croirait qu’on a fini de le construire hier soir. Aux murs, les certificats de haute production étincellent autant que la céramique et donnent une impression durable de professionnalisme aux lieux et à ses occupants. Je quitte ce « bloc chirurgical » pour un autre monde : une étable à stabulation entravée où m’accueillent une tonique bouffée d’air frais – est-ce la proximité de la mer au large de Rimouski, secteur du Bic ? – et d’élégants murs recouverts de bois, comme on n’en voit plus de nos jours. Les vaches noir et blanc ressortent doublement sur ce fond brun. Ou est-ce en raison du généreux éclairage naturel et artificiel ? De fait, on n’a pas lésiné sur la fenestration dans cette étable par ailleurs complètement retapée – on a rehaussé le plafond pour accroître le volume d’air dans la vacherie, construite en forme de L. « J’estime l’augmentation de consommation entre 5 et 10 % depuis la fin des travaux », déclare Jérôme Chénard.
Sous les vaches, des tapis de boudins de pneus sont recouverts d’une épaisse couche de paille, qui assure un nid douillet pour une rumination plus que confortable. « J’épands tous les jours une grosse balle carrée, l’équivalent de 40 petites balles ou sept kilos de paille par vache par jour », calcule Jérôme. La visite des deux étables froides où crèche la relève du troupeau depuis 2011 surprend encore. Oui, la ferme a consenti des investissements considérables pour rénover ou construire de nouvelles installations, notamment afin de mieux élever les génisses et les taures, mais ces sommes étaient nécessaires pour la poursuite des activités de l’entreprise, selon Jérôme. Joël Lepage, expertconseil de la ferme, hoche la tête. Comment ça se passait, avant, l’élevage des jeunes animaux ? « C’était le Kosovo », résume, blagueur, Joël. Une vieille étable à combles français qui hébergeait auparavant des bovins de boucherie servait alors à loger, à un kilomètre de la ferme, les jeunes animaux, avec tous les va-et-vient assortis. Les génisses de 2 à 15 mois et les taures sont donc logées dans deux bâtiments à stabulation libre sur litière accumulée sur 70 % de la surface des enclos. On constate vite la prédilection des animaux pour ce moelleux refuge. La litière, qui atteint une épaisseur maximale d’un mètre et demi, est retirée deux fois par année (printemps et automne), alors que l’allée de circulation devant les enclos est grattée tous les deux jours. « Je considère qu’il y a moins de risques de blessures pour les animaux avec ce système simple qu’avec des logettes individuelles, juge Jérôme. De plus, les frais d’exploitation de ces bâtisses sont faibles – hormis pour les abreuvoirs chauffants. Les étables froides, en plus de permettre la constitution d’un système immunitaire plus fort, permettent d’augmenter la consommation de fourrages, ce qui est loin d’être négatif, car les vaches développent un “coffre” plus large et plus profond pour faire face à la lactation. » u
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Confort des vaches
Grégaires, les bovins aiment manger en même temps : il ne faut pas leur refuser ce plaisir. On leur offre donc suffisamment de place au cornadis.
La nuit, c’est au tour des vaches en lactation d’avoir la possibilité de se dégourdir les pattes et de socialiser, car on les envoie au pâturage une nuit sur deux en général – toutes les nuits pour les vieilles vaches et les vaches d’exposition, qui méritent bien ce passe-droit. « Je ne sais pas pourquoi ça me fait autant triper de voir mes vaches au pâturage, la boucane aux naseaux, lance Jérôme. C’est certain que je le fais pour leur bien-être, mais aussi pour les résultats positifs que ça apporte. Ça ne demande qu’une vingtaine de minutes par jour pour les faire entrer et sortir. » Les vaches taries ont elles aussi un accès à l’extérieur, huit mois par année. Bref, en matière de bien-être, les Chénard pensent à tout – même la fosse est recouverte d’un dôme métallique… pour le bien-être des voisins !
Sur le gril Steve Adam, agr. Expert en confort, comportement et bien-être (Valacta)
Le Coopérateur agricole : Par quoi commence un producteur qui veut augmenter le confort de son étable ? Steve Adam : Premièrement, par ce qui améliore le temps de repos, notamment les dimensions des logettes et la mollesse de la couche. Avancer la barre d’attache en stabulation entravée ou la barre de cou en stabulation libre ne coûte pas cher et évite que les vaches soient perchées entre la stalle et l’allée. Pour la litière, le mieux reste le sable ou la litière profonde. Et en règle générale, il vaut mieux observer le comportement et les blessures des animaux plutôt que d’adopter des mesures théoriques.
Boule de cristal : la stabulation entravée dans 20 ans ? C’est un sujet délicat – 90 % des troupeaux québécois sont en stabulation entravée. Le Code de pratiques pour le soin et la manipulation des bovins laitiers, paru en 2009, qui devrait être réécrit dans 10 ans, réunit autour de la table des producteurs, des consommateurs, des chercheurs, le gouvernement et différents organismes. Pour certains, attacher des animaux n’est pas une pratique acceptable, mais je pense qu’elle pourrait être toujours permise moyennant des périodes d’exercices obligatoires. En définitive, la question va peut-être se régler d’elle-même avec l’augmentation du nombre de vaches par troupeau et l’efficacité de travail supérieure de la stabulation libre.
Parlons pâturage… Le sol d’un pâturage absorbe plus de chocs et offre plus de bienfaits pour prévenir les boiteries que le béton. Il faut voir comment il peut être intégré à la gestion de l’alimentation – soit dit en passant, les animaux mangent autant de RTM à l’étable même s’ils vont au pâturage la nuit.
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Et les résultats ? Les efforts commencent à porter leurs fruits. Dans les six derniers mois (deux rondes de classification), la Ferme Hâtée a obtenu 6 vaches EX et 7 vaches TB au 1er veau de plus, portant son palmarès à 11 EX, 38 TB, 34 BP et 2 B. L’âge au vêlage se situe maintenant à 25 mois, à un poids moyen de 690 kg, en hausse de 70 kg. Les vieilles vaches bien conformées qui ont encore de bonnes productions sont gardées plus longtemps dans le troupeau. Même le poil plus soyeux des taures et des génisses fait dire aux frères Tommy et Jérôme qu’ils ont eu raison d’apporter tous ces changements. Bref, en ce beau vendredi matin, Ginette Brisson, Raymond, Jérôme et Tommy Chénard s’affairaient soigneusement à bichonner leurs animaux et à astiquer leurs bâtiments. Ils avaient même mis au frais une généreuse commandite d’Agropur composée de yogourts et de berlingots de lait au chocolat. Car il fallait bien montrer aux 60 enfants de maternelle d’où viennent les produits laitiers et comment on prend bien soin de celles qui les produisent !
Le confort à la Ferme Hâtée 1. Fenestrer la vacherie pour plus de lumière naturelle 2. Relever le plancher du fenil pour augmenter le volume d’air de la vacherie 3. Épandre sous les vaches une épaisse litière de paille 4. Élever les taures et les génisses en étable froide sur litière accumulée 5. Envoyer les vaches au pâturage entre 20 h 30 et 5 h
« Les producteurs dont les bâtiments sont désuets ont aujourd’hui un choix varié de systèmes : stabulation entravée, stabulation libre, salon de traite, traite robotisée, litière de paille ou de sable, etc. Les possibilités sont plus nombreuses qu’il y a une cinquantaine d’années pour optimiser le bien-être animal… ou humain! » Philippe Couture, agr., conseiller spécialisé en ruminants, La Coop
La vie le fun de nos vaches On la connaît (et reconnaît) pour son ensilage d’un jour et pour la qualité génétique des animaux qu’elle produit, mais depuis 2011, la Ferme Maroch et Fils, de Saint-Éphrem-de-Beauce, oriente ses efforts vers un tout autre but : le confort des animaux.
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Photo : a preciser
Suzanne Plante et René Marois démontrent par l’exemple que leurs animaux bénéficient du confort nécessaire.
ous leur avez peut-être rendu visite en 2012 quand ils étaient sur le parcours des fermes du Congrès Holstein Québec. Leur slogan interpellait les visiteurs : « Prioriser le confort et la santé du troupeau pour une meilleure rentabilité ». Car René Marois, Suzanne Plante et leur fils Gabriel établissent un lien direct entre leur rentabilité et les conditions ouatées qu’ils offrent à leurs 11 EX, 54 TB et 45 BP. Parce que l’âge moyen du troupeau culmine à près de cinq ans, l’entreprise peut se permettre de sélectionner plus finement ses jeunes animaux pour n’en élever que 70 au lieu de 90 (le troupeau est passé de 240 à 180 têtes en produisant autant de lait), une économie substantielle. Pareillement, les vaches qui n’atteignent pas une classification TB à leur troisième ou quatrième lactation sont vendues ou réformées. « Bref, on élève et on s’occupe de nos meilleures vaches », résume Gabriel. Après avoir testé des matelas sous les vaches, les Marois-Plante sont revenus aux bonnes vieilles méthodes pour leur stabulation entravée : un tapis traditionnel, un garde-litière et une généreuse
quantité de paille (au moins 2,5 kg par tête par jour), de manière à former un lit de 10 cm d’épaisseur. « Mais ce n’est pas tant l’épaisseur qui compte comme le côté absorbant de la litière, qui doit toujours être sèche », rappelle René Marois. « Nous dépassons de deux à trois fois le coût de production moyen du poste “litière” dans notre groupe conseil agricole, juge Gabriel. Mais c’est rentable. » Soit dit en passant, boiteries et membres enflés sont en régression. « C’est particulièrement marquant durant les expos agricoles de Beauce et du bassin de la Chaudière, expose Gabriel. On remarque souvent la qualité des pieds et membres de nos animaux. » Le jeune poursuit, enthousiaste : « On a arrêté de se mettre des limites. On observe nos animaux à plein. On veut sortir des animaux qui sont en santé et qui performent lors des expositions. » Devant les vaches, on a recouvert le béton d’acier inoxydable laminé qui « ne donne pas de goût à la ration et la conserve plus fraîche une fois distribuée », soutien René Marois. Mais le plat de résistance de la ferme reste le mégadôme (18 m sur 73) construit en 2011 et qui permet aux animaux de remplacement d’être à l’extérieur… à l’intérieur ! « Nous aimions le principe d’élever nos animaux à la lumière naturelle, comme s’ils étaient au pâturage », commente René. Un dôme en acier ne correspondait donc pas à ce souhait. De plus, il y avait le risque de condensation sur les parois, selon René. « Avec le dôme et les larges ouvertures de chaque côté de la structure, les beds s’assèchent facilement. Et puisque le coût était plus faible que pour une bâtisse conventionnelle en bois, nous nous sommes permis de donner plus d’espace aux animaux. » Autre argument de poids pour loger les taures et les vaches taries sous dôme : envoyées paître, elles étaient stressées par les taons, les insolations et les coyotes, avaient observé René, Suzanne et Gabriel. Le parasol déployé jusqu’à 10 m au-dessus de leur tête apporte donc un environnement
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Confort des vaches
On ne réinvente pas la roue : un garde-litière évite que la paille ne tombe dans le dalot.
sécuritaire et tempéré aux jeunes animaux. Des sondes de température relaient l’information à des commandes électroniques et à des moteurs qui montent ou abaissent automatiquement les toiles des côtés. Et le froid en hiver ? « C’est vrai que c’est glacial ici l’hiver, avoue Suzanne Plante. Mais la litière accumulée des enclos, maintenue propre et sèche, dégage une certaine chaleur due au compostage. » Les vaches en préparation au vêlage ne sont pas en reste : elles sont amenées dans un enclos abrité contigu à la vacherie. Une sorte de parc d’exercices où les animaux profitent du grand air – et vêlent même, parfois – d’avril à octobre. L’étable, rénovée en 2002, a encore 10 ou 15 bonnes années devant elle, mais Gabriel, qui
Le bien-être, ce sujet chaud
Le confort à la Ferme Maroch et Fils
Le bien-être animal est un sujet à forte charge émotive où domine l’image, une image souvent cristallisée par des reportages parfois sensationnalistes sur des épisodes scandaleux de maltraitance la plupart du temps non représentatifs des pratiques de la majorité des producteurs. Pour contrer les dérapages, l’industrie laitière s’est mobilisée. Les Producteurs laitiers du Canada et Les Producteurs de lait du Québec proposent un Code de pratiques pour le soin et la manipulation des bovins laitiers (2009) et un programme de certification (proAction, 2013) qui englobe le bien-être. Si le Code a été distribué à tous les producteurs, pour l’instant rien n’est obligatoire, et aucun programme de surveillance n’est à l’horizon.
1. Remettre au goût du jour la paille comme litière 2. Donner plus d’espace aux animaux de remplacement 3. Protéger les taures du soleil, des insectes et des prédateurs 4. Voyager pour s’inspirer en matière de confort 5. Observer attentivement les animaux pour déceler les problèmes
L’agronome Renée Bergeron, directrice du Collège d’Alfred, où l’on trouve le Centre de recherche en production laitière biologique, reconnaît qu’on n’a jamais autant parlé de bien-être animal et qu’il occupe bon nombre de chercheurs, malgré les coupes faites par le gouvernement fédéral dans la recherche. « Quand j’ai commencé ma carrière, à l’Université Laval, en 1995, je me sentais bien étrange ! Aujourd’hui, le sujet fait partie des priorités. » On lorgne de plus en plus les projets du Centre, notamment celui-ci de la chercheuse Elsa Vasseur, qui a démontré par des tests de préférence que les vaches choisissent d’aller à l’extérieur au moins une heure par jour, peu importe la météo (vent, neige, froid). Les données montrent que la chaleur estivale n’est pas une excuse pour ne pas envoyer les vaches dehors, car il n’y a pas beaucoup de jours où la canicule est insoutenable, selon Renée Bergeron. D’autres réponses viendront de la science et des spécialistes du comportement animal, qui tentent plus que jamais de comprendre la meilleure amie de l’homme. « Pour l’instant, on nage encore dans les opinions et les perceptions plus que dans les faits scientifiques », estime Steve Adam, expert en bien-être animal de Valacta. Le professeur-chercheur Doris Pellerin, de l’Université Laval, et sa bande d’étudiants diplômés, en collaboration avec des chercheurs d’autres universités canadiennes, planchent actuellement sur plusieurs études, notamment celle de l’agronome François Bécotte, qui s’intéresse à la question centrale de l’effet du confort sur la longévité des troupeaux. Son effet sur la production laitière reste aussi à chiffrer. Bécotte, qui dirige en outre la Ferme-école Lapokita, rappelle la théorie des facteurs limitants, illustrée par le fameux baril dont les planches sont inégales en hauteur. Invariablement, confort, santé, alimentation, génétique et gestion ont tous des impacts sur la production, mais c’est le facteur le plus limitant qui dictera le volume de lait produit. « Le problème avec le bien-être, c’est que c’est encore un concept nébuleux, autant chez les consommateurs – qui ont des attitudes très variables quant au bien-être – que chez les producteurs, conclut Renée Bergeron. Un sondage auprès de 500 producteurs néerlandais sur leur attitude par rapport à la douleur des animaux révélait d’ailleurs que le quart d’entre eux ne croyaient pas que les vaches pouvaient souffrir ! »
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voyage beaucoup en Belgique et en France pour s’abreuver d’idées nouvelles, voit dans la stabulation libre un modèle intéressant pour l’avenir, surtout sur une litière accumulée profonde, un système que la famille a observé dans l’Ouest canadien. « Mon idéal serait un bâtiment surdimensionné, pour offrir plus que les normes. Un gros investissement, mais pertinent à un moment où les exploitations devront prouver leurs bonnes pratiques en matière de bien-être », prédit Gabriel. « Offrir du confort à nos animaux, ça apporte un petit plus au métier. On en tire une satisfaction, révèle le jeune de 25 ans. C’est le fun quand du monde de la ville nous rend visite et nous dit que les animaux ont l’air d’être bien. Que ç’a l’air le fun la vie de vache ! »
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Un mégadôme qui vaut le détour à Saint-Éphremde-Beauce : construit en 2011, il permet de loger dans un environnement très lumineux les animaux de remplacement sur une litière accumulée confortable.
L’ e f f e t b œ u f
Bruno Langlois, agronome
Conseiller spécialisé Production bovine La Coop fédérée bruno.langlois@lacoop.coop
Spécial rentrée
Pour les enfants, l’été qui s’achève est toujours synonyme de rentrée scolaire. Ils savent qu’ils vivront bientôt des sentiments partagés : joie de retrouver la « gang », retour à la discipline et à des journées bien organisées, inquiétudes quant aux nouvelles matières et, bien sûr… les professeurs. Pour certains, les enjeux seront encore plus grands : nouvelle école, passage du primaire au secondaire, etc. Bref, quelques certitudes, mais une foule d’incertitudes !
Photo : Martine Doyon
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ne situation qui ressemble à s’y méprendre à celle que vivent les producteurs bovins à toutes les fins d’été, n’est-ce pas ? Sous peu, il faudra sevrer les veaux. Quel sera leur poids ? Combien de vaches seront déclarées gestantes au prochain test de gestation ? Est-ce que les stocks d’aliments sont suffisants pour passer l’hiver ? Et surtout, la question qui tue : à quoi ressembleront les prix des veaux ? Pour certaines de ces questions, vous avez déjà une réponse, ce qui vous permet de planifier des actions. C’est rassurant. À l’opposé, les questions pour lesquelles vous n’avez pas de réponses constituent des éléments d’insécurité. C’est la gestion à court terme. En fait, la rentabilité d’une entreprise est souvent liée à sa capacité de connaître, maîtriser et multiplier les actions à long terme. Bien entendu, les éléments de décision doivent être basés sur des valeurs sûres, surtout pas sur des prévisions du type « boule de cristal ».
Application bovine Les cinq dernières années ont amené des changements profonds dans la production bovine québécoise : nombre de producteurs, cheptel de bovins, capacité d’abattage, fluctuations importantes de prix et, bien sûr, systèmes de protection des revenus agricoles. Certains fournisseurs d’intrants ont même revu à la baisse leurs services pendant cette période. En fait, les balises traditionnelles se sont estompées.
À titre d’entrepreneur, vous êtes contraint de vous comporter de plus en plus comme celui qui doit conduire par une nuit pluvieuse, sur une route non éclairée et où ne subsistent que 10 % des lignes blanches. Pour éviter la catastrophe, vous vous approchez toujours plus du pare-brise en espérant voir plus clair, mais sans y parvenir. La fatigue s’installe peu à peu; la situation est de plus en plus stressante. Ajouter une valeur sûre à votre « arbre de décision » vous ferait du bien ? Lisez attentivement ce qui suit.
Un engagement Nous sommes tous conscients que la compétitivité du secteur bovin passe par l’amélioration des performances technico-économiques des entreprises, autant celles vaches-veaux que bouvillons d’abattage. D’où un grand besoin de transfert technologique et économique au cours des prochaines années. Conscient de cette réalité, le réseau La Coop a entrepris il y a deux ans une planification straté gique de son offre en production bovine. Un plan d’action a ensuite été présenté et adopté par l’ensemble du réseau. Aujourd’hui, en guise de spécial rentrée, je vous annonce une excellente nouvelle : la mise en action, depuis le 1er juin, de la phase 1 du plan OptiBœuf La Coop. En gros, 31 coopératives, y compris La Coop fédérée, s’engagent à offrir les services d’une équipe d’experts-conseils, pendant un minimum de cinq ans, à l’ensemble des producteurs de bovins de leurs territoires respectifs. On parle d’un investissement collectif de près de 2,5 millions $. L’équipe est déjà en place et a commencé son travail. En s’engageant ainsi, les coopératives ont pensé au présent, mais surtout à la relève de la production bovine. Nous avons confiance en vous; ayez confiance en nous ! Pour en savoir davantage, consultez le site www.optiboeuf.coop.
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B ov i n
De la mine à la ferme Texte et photos de Thierry De Noncourt
Marco Lévesque, de La Reine, en Abitibi-Ouest, est un homme de passion. Travailleur minier, il a toujours rêvé de reprendre la ferme familiale. Avec son épouse, Danielle Audet, et leurs trois enfants, il est parvenu à force de travail et de sacrifices à bâtir une entreprise solide et viable. La ferme paie ses dépenses depuis cinq ans, et Marco entend s’y consacrer à plein temps dans le même nombre d’années.
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M
arco et Danielle se sont rencontrés au secondaire et viennent tout juste de fêter leur 25e anniversaire de mariage. Les noces ont eu lieu en 1988, juste avant la fin de leurs études, en 1989. Lui a obtenu un diplôme en technique minière et elle en comptabilité et gestion. Marco a commencé à travailler dans une mine de Chibougamau, à 500 km de son village natal. Mais malgré les bons salaires, les jeunes mariés ne pouvaient se résoudre à s’établir si loin de leur patelin. « J’aimais trop mon coin de pays, raconte l’homme de 46 ans. Mon but premier a toujours été d’être en agriculture, sauf que la ferme de mes parents n’était plus en exploitation depuis sept ans. Ce n’était pas assez rentable. Ils n’avaient qu’une seule terre et n’avaient pas les moyens de repartir en grand. Les terres étaient difficiles à acheter à l’époque. »
Un pied sur terre, l’autre sous terre Marco Lévesque est habité par deux passions. Il adore son travail en milieu minier presque autant que sa ferme. Aujourd’hui, il est à son compte et offre ses services professionnels à la compagnie minière. Il a normalement des horaires de quatre jours de travail et trois jours de congé, à la mine Casa Berardi, située à 110 km au nord de La Reine. « Quand je travaille à la mine, je me lève à 4 h; sinon, de toute façon, je suis toujours debout à 6 h », dit-il. Forgé à l’autonomie au contact de la nature, Marco Lévesque se charge lui-même de la gestion des animaux indésirables, qui peuvent causer des dommages tant à ses terres qu’à son cheptel. Cette année, il a piégé cinq loups, quatre coyotes, deux ours et 41 castors. « Je les arrange au complet, je fais tout moi-même. Je pratique la trappe depuis l’âge de 12 ans, fait savoir le producteur. Quand arrive la saison de la trappe, en octobre, je peux dire que j’ai hâte et que je suis vraiment prêt. » Ses enfants ont aussi été initiés et ont suivi tous les cours de trappage.
Éviter l’endettement « On génère un profit assez élevé par tête, parce que de l’endettement, on n’en a pas », explique Marco Lévesque, en mimant qu’il n’a pas de l’eau jusqu’au cou. « Même s’il tombe six pouces d’eau, je suis encore capable de respirer. »
L’une des grandes difficultés auxquelles se heurtent les futurs agriculteurs est sans contredit l’accès au financement. Cela dit, une fois en activité, nombre d’entre eux sont aux prises avec un niveau d’endettement difficilement soutenable, surtout en période de crise. Le secret de Marco et de sa conjointe pour réussir aura donc été d’éviter cette spirale infernale. Danielle est propriétaire de son entreprise de services comptables depuis 17 ans et s’occupe aussi de tenir les livres de la ferme. De son côté, Marco continue de travailler à la mine, en qualité d’arpenteur. Les salaires en milieu minier sont élevés, une rémunération annuelle de plus de 80 000 $ étant chose courante. « Quand je m’achetais un équipement, c’est la mine qui l’avait payé, en un sens. Des voyages dans le Sud, on n’en a jamais fait; pour nous, le Sud, c’est Montréal. On se paie un voyage familial de cinq jours chaque année », raconte-t-il. Pourtant, ni l’homme, ni sa conjointe, ni leurs enfants n’en semblent affectés. Au contraire, ils respirent le bonheur.
Photo : Gracieusetée de Marco Lévesque
Son épouse en rajoute : « Il m’a toujours dit que c’était son rêve et je ne voulais pas brimer ses rêves. » Ainsi, en 1991, lorsque l’occasion de racheter la terre et la maison familiales s’est présentée, le jeune couple a saisi sa chance. Tel père, tel fils, l’esprit d’économie et de conservation était déjà une valeur importante dans la famille et la machinerie avait été précieusement préservée. « Un petit tracteur, un épandeur à fumier, une faucheuse et une vielle presse à balles carrées, même pas de lance-balle », énumère l’agriculteur. Marco et Danielle se sont engagés dans l’aventure avec deux vaches en gestation. L’année suivante, ils ont acheté quelques veaux, et le rêve commençait à se concrétiser. Il aura tout de même fallu un peu d’adaptation. « Quand j’ai vu entrer une vache pour la première fois, je peux dire que je me tenais à l’abri derrière la porte », se souvient Danielle.
Marco Lévesque travaille comme arpenteur en milieu minier.
Danielle est propriétaire de son entreprise de services comptables depuis 17 ans et s’occupe aussi de tenir les livres de la ferme.
S’investir dans la terre Marco Lévesque ne laisse rien au hasard : il investit dans sa ferme, pendant que d’autres choisissent la voie facile des actions ou des fonds de placement. Le mineur-agriculteur achète neuf, autant que possible. « Avec mon travail à la mine en plus de la ferme, je n’ai pas le temps que ça brise », dit-il pour expliquer la nécessité de se procurer du matériel de qualité, quitte à débourser davantage. u
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Toute la famille participe aux travaux de la ferme. Ici, Marco, Danielle et leur fille Rosalie.
un gain de 51 jours qu’il a obtenu, simplement en restreignant l’espace de broutage des animaux. La méthode demande un peu plus d’interventions que le pâturage à aires libres, mais étant donné le rendement accru, il ne pourrait plus s’en passer. « Quand ils sont au champ, tu n’as pas à leur apporter de foin, tu n’as pas de carburant à dépenser, tu n’as pas à t’occuper du fumier – tu ne peux pas avoir mieux », laisse tomber Marco. Les animaux engraissent aussi plus facilement dans un espace plus restreint que dans un pâturage ouvert, selon lui. Aucun engrais chimique ni pesticide n’est utilisé dans les champs. Les animaux ne reçoivent ni hormone de croissance ni antibiotique préventif.
Il a réussi à conserver l’équipement d’origine de la ferme jusqu’en 1997. Ses besoins sont devenus plus importants le jour où il a mis la main sur cinq nouvelles terres, voisines des siennes. Cette acquisition lui permettait d’ajouter 80 ha (200 acres) cultivables aux 20 ha dont il disposait sur sa terre originale. Plus tard, il a additionné une septième terre à son domaine. Aujourd’hui, après des travaux de drainage et de défrichage, il possède 140 ha cultivables, qu’il exploite judicieusement.
Manger ce qu’il y a dans l’assiette « Je suis assez fort avec les chiffres, confie Marco. Je connais chaque date de saillie. Je sais comment mes veaux performent. Pour mes champs, c’est la même chose : ça fait des années que je comptabilise combien de balles à l’acre me donne chacun d’eux. Quand je vois que ça descend trop, je le laboure, c’est comme ça que je gère. » Depuis quelques années, il a recours aux pâturages en bandes, et la méthode lui permet de maximiser le rendement de ses champs. Les parcelles sont délimitées par des clôtures électrifiées facilement transportables. « Tu avances au fur et à mesure que les animaux ont fini de manger la parcelle. Au point de vue des pertes de foin, c’est réduit au minimum. Ils mangent tout ce qu’il y a dans la zone, pas de gaspillage. Ce qu’ils trouvent moins bon, ils le mangent pareil. » Les bêtes paissent du 25 mai au 20 novembre. Avant d’avoir recours à cette méthode, Marco parvenait difficilement à se rendre au 1er octobre. C’est donc
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Marco et son taureau Angus. Le croisement SimmentalAngus donne de très belles bêtes.
Marco et Danielle possèdent actuellement 36 vaches de races Simmental et Angus, 35 veaux, trois taures et un taureau Angus. « Le mélange entre Angus et Simmental permet de produire une bête plus grosse qu’avec l’Angus seulement. Ça fait vraiment de beaux croisements », souligne Marco. Le troupeau évolue dans un environnement paisible et les animaux sont très dociles. Habitués d’être manipulés, les bouvillons sont livrés à 320 kg (700 lb) au parc d’engraissement, où ils continueront de grossir jusqu’à 590 kg (1300 lb). Sur ses terres, Marco cultive du pois et de l’avoine, en plus du trèfle et du millet pour son fourrage. L’ensilage lui permet de conserver la valeur nutritive des aliments avec lesquels il nourrit son bétail en hiver. Pour répondre à ses besoins, il produit 200 balles d’avoine et de pois et 500 balles de trèfle et de millet. Une balle coûte en moyenne 60 $ à produire.
Porc
Jean Tanguay, agronome Coordonnateur des évaluations économiques Production porcine Olymel S.E.C. jeantanguay@olymel.com
Les résultats techniques 2013 en production porcine Les meilleurs éleveurs dépassent les 30 porcelets sevrés par truie par année.
Indice d’efficacité
Photo : Jean-Marc Raymond
Dans le but de classer les résultats technicoéconomiques des différents élevages, nous utilisons des indices qui pondèrent l’impact économique de chaque critère technique. Les points techniques utilisés sont : la conversion alimentaire, le gain de poids moyen quotidien (GMQ), les pertes (mortalités et condamnations), l’indice de classement dans la strate de poids 100105 kg et le pourcentage des porcs expédiés dans la strate de poids désirée pour le programme porc La Coop. Nous avons donc un indice d’efficacité en pouponnière (IEP), en engraissement (IEE) et en sevrage vente (IESV). L’IEP est remis à 100 chaque année, alors que l’IEE et l’IESV ont été fixés à 100 en 1991 et évoluent d’année en année.
C
haque année, la compilation des résultats Winporc des clients et des coopératives nous donne une bonne idée des résultats et des défis qui nous attendent pour l’année qui vient. Cette année encore, les meilleurs éleveurs dépassent le cap des 30 porcelets sevrés par truie par année. Le travail de qualité de ces éleveurs, couplé au potentiel des truies de Sogeporc, permet de parvenir à ces résultats dignes de mention. Pour les porcelets sevrés par truie productive par année, le groupe des 25 % supérieurs des éleveurs atteint 28,9 porcelets, alors que la moyenne de l’ensemble du groupe s’élève maintenant à 26,8 porcelets. Ces performances sont réalisées malgré les contraintes physiques et sanitaires qui se retrouvent dans toute la province. Le tableau 1 (page 38) montre les résultats détaillés des 10 meilleurs producteurs pour l’année 2013.
Résultats en pouponnière Les résultats sont standardisés de 6 à 30 kg. Le groupe comprend des pouponnières de réseaux ainsi que des pouponnières de naisseursfinisseurs dont nous sommes certains du poids de transfert en engraissement. Le groupe des 25 % supérieurs a un gain moyen quotidien (GMQ) de 510 g et une conversion alimentaire de 1,43. Le tableau 2 montre les cinq meilleurs résultats en pouponnière.
Résultats en engraissement Standardisés de 30 à 130 kg, les résultats montrent une amélioration constante pour la conversion alimentaire, le GMQ et la mortalité. La moyenne de conversion alimentaire technique de 30 à 130 kg des 25 % supérieurs est de 2,60. Les résultats des 10 meilleurs IEE sont présentés au tableau 3. u
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Tableau 1 Les 10 meilleurs résultats provinciaux en maternité en 2013
Résultats sevrage-vente Le tableau 4 présente les cinq meilleurs résultats standardisés de 6 à 130 kg. Ces élevages comprennent des naisseurs-finisseurs ainsi que des bandes sevrage-vente de réseaux de production. La comparaison entre les élevages est très importante. Elle permet de se fixer des objectifs réalistes. À partir de ses résultats Winporc, chaque producteur devrait prendre le temps de se fixer des objectifs pour l’année qui vient avec l’aide de son expert-conseil de La Coop. Une fois des objectifs réalistes définis, il faut mettre en place une stratégie et un échéancier précis pour y arriver. Votre expert-conseil est la personne la mieux placée pour vous aider dans cette démarche. Il faut veiller à ne pas laisser échapper d’occasions d’améliorer ses performances et ses résultats économiques. Même lors d’une année où les marges sont très intéressantes, il ne faut pas laisser d’argent sur la table.
Coopérative Ferme
1
2
3
La Coop Purdel
La Coop des Bois-Francs
La Coop Purdel
Ferme St-Eugène
Ferme du Beauporc (2001)
Ferme Les Hauteurs
31,05 2,58 14,42 13,69 12,05 11,9 94,7 5,8 18,3 5,0 19,2 43,2 4,7 0,20 5,59
30,67 2,47 14,49 13,68 12,41 8,9 91,2 7,9 23,4 5,6 21,9 40,7 4,2 0,97 4,97
30,03 2,57 13,94 13,22 11,69 11,6 93,4 6,1 27,0 5,1 17,8 38,6 7,4 0,00 5,66
Nbre Nbre Nbre Nbre Nbre % % Jour Jour % Jour % % % Nbre
Sevrés/truie prod. Portées/truie prod. Nés totaux/portée* Nés vifs/portée Sevrés/portée Mort. naissance-sevrage Fertilité ISSF IDSR Mort-nés Âge au sevrage Renouvellement Mort. truies ISSF > 50 jours Nbre portées/truie réf. *N’inclut pas les momifiés
Tableau 2 Les cinq meilleurs résultats provinciaux en pouponnière en 2013 1
2
3
4
5
La Coop des Bois-Francs
La Coop Agrivoix
Coopérative
La Coop fédérée
La Coop Profid’Or
La Coop des Bois-Francs
Ferme
Porcherie Dufour et fils
Ferme J&C Belhumeur
Ferme Arc-en-ciel
Ferme Porcilait
Ferme Lilo-Porc
6,53 31,19 515 1,40 499 1,38 1,5 147,7
6,20 31,77 525 1,46 510 1,44 1,3 147,4
6,40 30,09 504 1,42 497 1,42 1,2 146,7
6,42 30,93 527 1,48 514 1,46 1,5 142,9
6,50 31,30 512 1,49 496 1,47 1,1 141,6
Poids à l’entrée Poids à la sortie GMQ tech. C.A. tech. GMQ tech. 6-30 kg C.A. tech. 6-30 kg Pertes IEP 6-30 kg
kg kg g g %
Tableau 3 Les 10 meilleurs résultats provinciaux en engraissement en 2013 Coopérative Ferme Poids à l’entrée Poids à la sortie GMQ tech. C.A. tech. GMQ tech. 30-130 kg C.A. tech. 30-130 kg Pertes Indice 100-105 kg Expédition IEE 30-130 kg
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kg kg g g % %
1
2
3
4
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5
La Coop fédérée
La Coop Comax
La Coop Seigneurie
La Coop Unicoop
La Coop des Appalaches
La Coop fédérée
Vercoporc
François Éthier
Ferme Luko
Ferme Porcine Beaudoin et fils
Ferme Annaud
Ferme Pierline
24,11 129,8 985 2,52 1003 2,57 2,8 112,1 94,6 244,73
29,18 135,1 1007 2,50 1010 2,45 2,3 111,6 92,2 244,37
32,67 132,8 960 2,67 954 2,62 2,2 112,4 95,6 240,71
24,45 129,6 950 2,56 966 2,61 2,6 113,1 90,2 236,73
29,77 129,9 995 2,61 996 2,62 2,2 112,4 90,8 235,64
30,90 128,3 993 2,63 990 2,64 2,8 112,3 92,2 235,64
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La Coop des Appalaches
La Coop des Bois-Francs
La Coop Seigneurie
La Coop des Appalaches
La Coop Seigneurie
La Coop Purdel
La Coop Purdel
Ferme A-Porc-Ça
Ferme Géliporc
Ferme Magella Duclos/ Carole Turgeon
SCA Inverness
Ferme Agapor 271
Ferme Clauvie-porcs (2002)
Ferme Purporc
Moyenne
29,95 2,51 14,07 13,28 11,95 10,1 91,7 7,2 9,6 5,6 20,0 33,9 3,8 1,18 6,74
29,72 2,48 14,40 13,35 11,98 12,1 91,6 7,1 25,2 7,3 20,0 46,0 5,5 1,32 6,15
29,46 2,57 14,67 13,58 11,48 14,8 89,7 6,8 8,8 7,5 20,1 48,5 1,1 0,54 4,48
29,39 2,51 14,01 13,20 11,73 11,1 90,2 7,6 20,6 5,8 20,4 43,0 3,3 0,94 5,25
29,38 2,49 14,11 13,04 11,78 9,5 89,4 7,5 32,7 7,6 17,5 41,0 7,2 0,77 5,95
29,08 2,56 14,89 13,33 11,38 15,7 89,5 6,0 32,4 10,4 21,6 49,8 5,0 0,69 5,25
28,87 2,48 13,46 12,79 11,64 9,3 88,4 8,4 35,3 5,0 18,2 44,2 7,1 1,95 5,46
29,87 2,52 14,18 13,31 11,87 11,0 91,2 7,1 24,4 6,1 19,5 42,9 5,2 0,96 5,59
Tableau 4 Les cinq meilleurs résultats provinciaux en sevrage-vente en 2013 1
2
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La Coop Unicoop
La Coop Unicoop
La Coop Appalaches
La Coop Unicoop
Élevages Gosford
Ferme Landrière
Ferme Abénakis
6,23 130,3 846 2,29 843 2,29 112,8 94,1 3,8 257,3
7,00 129,4 836 2,33 825 2,33 112,9 95,0 5,6 250,8
6,36 131,9 786 2,50 780 2,47 111,9 97,8 3,4 243,9
Coopérative
La Coop Appalaches
Ferme Poids à l’entrée Poids à la sortie GMQ tech. C.A. tech. GMQ tech. 6-130 kg C.A. tech. 6-130 kg Indice 100-105 kg Expédition Pertes IESV 6-130 kg
kg kg g g g g % % %
Ferme Hélène et Ferme Alain Fortier J.R. Beaudoin et fils 6,44 132,1 806 2,44 800 2,41 112,6 90,6 3,7 240,4
6,48 131,4 785 2,53 779 2,51 112,2 90,7 2,8 238,4
6
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La Coop Comax
La Coop Seigneurie
La Coop Comax
La Coop Seigneurie
La Coop des Bois-Francs
Ferme Porcine DÉLM
Coporc 2000
Ferme Lavoie-Beaudry
Ferme Vicain
Ferme D. Beauchesne
Moyenne des 10 meilleurs
27,58 131,5 960 2,53 966 2,53 2,9 112,4 90,1 234,01
38,97 131,4 973 2,78 954 2,69 2,3 112,3 96,1 233,40
29,68 132,2 993 2,52 995 2,49 3,3 112,6 84,8 233,11
33,70 131,5 971 2,68 962 2,63 3,4 112,3 91,2 232,32
31,29 130,8 903 2,59 900 2,57 3,1 112,7 92,6 231,52
31,08 131,4 953 2,61 952 2,59 2,7 112,4 92,6 235,25
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Porc
Année charnière pour la Filière Par Étienne Gosselin, agronome, M. Sc.
La troisième année fut plus difficile que les deux premières pour la Filière porcine coopérative, mais la prochaine devrait être, de loin, la plus rentable. L’heure était à l’optimisme à l’assemblée générale annuelle de la Filière, à Laurier-Station, en mars dernier.
Photos : Gérald Paquin
A
lors que les producteurs membres de la Filière avaient eu droit à des ristournes les deux dernières années en raison des bonnes performances d’Olymel et de La Coop fédérée, les résultats en deçà des attentes en 2013 ont plombé la perspective de bonification. La dernière année, comme l’écrit le président de la Filière et producteur de porcs Réjean Vermette dans le rapport annuel, fut une année de réflexion. Après trois ans d’existence, on pouvait constater les efforts des dirigeants de la Filière en matière de positionnement stratégique, de synergie opérationnelle et de développement de la Filière. À n’en pas douter, une année charnière pour la jeune organisation.
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Bilan de l’AGA D’abord, 2013 aura été l’occasion de consulter les membres et les non-membres de la Filière au moyen de rencontres de concertation et de groupes de discussion. Au menu : des sujets bien concrets, comme le retrait de la ractopamine des porcs à destination de l’usine d’Olymel à ValleyJonction et la nouvelle grille de classement des porcs sans cet additif alimentaire (grille en vigueur depuis le 5 janvier 2014). Les dirigeants de la Filière ont de plus sondé les non-membres pour connaître leur perception à l’égard de la Filière, dans le but de recruter davantage de producteurs indépendants. « Les non-membres qui n’ont pas adhéré rapidement à la Filière ont signifié qu’ils voulaient d’abord voir les choses aller », expose Réjean Vermette. Rappelons que l’effectif de la Filière, malgré le retrait de près de 700 producteurs de la production porcine dans les dernières années, progresse toujours et se situait à 233 membres à la fin de 2013. Rencontré sur place, le président des Éleveurs de porcs du Québec, David Boissonneault, a tenu à rappeler qu’on ne pouvait juger des résultats de la Filière sur seulement trois ans, encore moins sur une seule année. L’homme, qui produit dans
La Filière en trois phrases • Combiner les forces de l’intégration aux valeurs entrepreneuriales des producteurs indépendants et aux vertus de la coopération • Établir une chaîne de valeur permettant d’offrir un produit de haute qualité capable de rivaliser, sur la scène mondiale, dans les marchés les plus lucratifs • Mettre en commun des forces et des intérêts
deux fermes du Centre-du-Québec, estime qu’on pourra juger l’arbre à ses fruits seulement au bout de cinq ans d’activité. Le président applaudit par ailleurs la présence de la Filière au Québec, une option de plus pour les producteurs. Changement notable depuis janvier dernier, des technologues, des agronomes et des experts autrefois rattachés à La Coop fédérée travaillent maintenant sous la responsabilité directe d’Olymel, y compris les employés de la filiale Sogeporc, spécialisée dans la génétique porcine et sa commercialisation. Un changement de culture organisationnelle qui n’a rien de superficiel, selon Robert Brunet, directeur général de la Filière porcine coopérative, puisqu’il permettra de rapprocher davantage les participants de la chaîne d’approvisionnement. « À l’avenir, il sera en outre possible pour Olymel de bâtir des projets et des modèles d’affaires où Olymel sera partenaire directement avec des coopératives ou des producteurs », explique-t-il. De son côté, le président de La Coop fédérée, Denis Richard, estime que « l’objectif [du changement structurel] est de développer la Filière, et non pas de maintenir un statu quo ». L’AGA aura aussi été l’occasion d’en apprendre plus sur le fort intéressant projet des maternités collectives, baptisées « Les fermes Boréales ». On projette ainsi la construction de cinq maternités de 2400 truies chacune dans la municipalité de Longue-Rive, sur la Côte-Nord, où le projet « a été présenté aux citoyens et chaleureusement accueilli », aux dires de Robert Brunet. Ces fermes répondront aux nouvelles normes de bien-être pour les truies gestantes et disposeront d’un statut sanitaire très élevé vu leur éloignement. Les lisiers seront traités sur place. Quant à la gouvernance démocratique de la Filière, on ne signale aucun changement cette année. Les 11 administrateurs élus et nommés demeurent donc en poste.
Génétique et portrait du marché Pour agrémenter l’AGA, l’agronome et généticienne Nicole Dion est venue démystifier son travail à l’intention des producteurs, attentifs aux progrès en matière de génétique porcine. Gras dorsal, gain moyen quotidien, conversion alimentaire : les progrès sont réels. Pour preuve, les verrats Landrace et Yorkshire ne restent en production pas plus de trois mois, un an dans le cas des Duroc, tellement l’évolution génétique est rapide. Les outils de la génomique sont encore lents à s’implanter, mais le séquençage complet du génome du porc n’est après tout achevé que depuis 2012. De son côté, le vice-président principal aux ventes et marketing d’Olymel, Richard Davies, a entretenu les membres de l’évolution des marchés pour le plus important transformateur de porc au Canada. Le pays occupait en 2013 le troisième rang des plus grands exportateurs de viande porcine, derrière les États-Unis et l’Union européenne, mais devant le Brésil et la Chine. Après la faiblesse des prix en 2013, Richard Davies prévoit une explosion attribuable à une situation de quasi-pénurie. « Le danger demeure que les prix élevés entraînent une baisse de la consommation », analyse le vice-président, qui reste tout de même convaincu que « 2014 et une partie de 2015 demeureront favorables à la production porcine », d’autant que le porc Olymel est maintenant « reconnu comme un produit de référence dans le marché, notamment japonais ».
Réjean Vermette, président de la Filière porcine coopérative
La Filière en 30 secondes Avec le professeur Rémy Lambert, de l’Université Laval « La coordination verticale représente les façons dont les activités de production sont organisées entre les divers maillons d’une filière. L’intégration verticale est une de ces façons. Les avantages de ce modèle résident dans la réduction des risques liés à l’achat d’intrants de mauvaise qualité et dans l’assurance que le produit vendu conserve les qualités, les caractéristiques désirées. « Quand on parle de la chaîne de valeur, on a souvent tendance à la confondre avec l’intégration ou la coordination. En fait, dans la littérature, la chaîne de valeur renvoie aux diverses étapes que l’entreprise effectue afin de dégager un avantage compétitif (ou concurrentiel). C’est donc le concept initial de chaîne de valeur, mais appliqué à une filière et non plus seulement à l’entreprise. On peut aussi parler d’alliance stratégique verticale entre plusieurs intervenants indépendants. »
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Porc
Josée Niquette, agronome Coordonnatrice qualité Olymel
Photo : Étienne Gosselin
joseeniquette@olymel.com
Arriver à bon « porc » ! La mortalité durant le transport provient de l’addition de tous les stress subis durant le cheminement du porc de la ferme à l’abattoir. Il importe d’évaluer les façons de faire des entreprises porcines et des compagnies de transport pour mieux cibler les points à améliorer.
L Photo : ingimage
a mortalité durant le transport représente non seulement une perte économique, mais aussi, et de plus en plus, une préoccupation en matière de bien-être animal. La Loi sur la santé des animaux, sous la responsabilité de l’Agence canadienne d’inspection des aliments, entre également dans l’équation. Les porcs morts à leur arrivée à l’abattoir et les porcs communément dits « essoufflés » (voir encadré, page 43) après le transport ont fait l’objet de plusieurs recherches. Celles-ci ont permis d’évaluer le nombre d’animaux atteints et de proposer des solutions pour diminuer les pertes de temps et d’argent.
Quelques chiffres
1
www.fsis.usda.gov/OPHS/ adrsdata/adrsfydx.htm
42
Aux États-Unis, les pourcentages de mortalité dans le transport vers les abattoirs sont compilés par le Food Safety and Inspection Service. Cet organisme s’assure que l’approvisionnement national de viande et d’œufs est sécuritaire et
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que les produits sont correctement étiquetés et empaquetés. Les données sont publiques et peuvent être consultées sur son site Web 1. L’incidence de mortalité, c’est-à-dire les porcs morts à leur arrivée à l’abattoir sur le marché porcin américain, est présentée au graphique 1. Les pertes économiques directes (comme les morts, les démérites pour contusion ou une viande de moins bonne qualité) ou indirectes (la perte de débouchés) ont été estimées, pour l’industrie porcine américaine, à 46 millions $ en 2006 (voir l’encadré en page 45). Les données utilisées pour effectuer ces estimations sont le pourcentage de porcs morts en 2006, évalué à 0,22 %, et l’incidence de porcs devenant non ambulatoires, qui se chiffre à 0,44 %. Ces données ont été compilées à partir de 6 660 569 porcs et 39 572 chargements de camion. Au Canada, la moyenne des porcs morts avant l’abattage se situerait à 0,12 %, selon Ritter (2009). Une estimation réalisée avec 1 780 315 porcs livrés indique plutôt une incidence moyenne de 0,07 %
au Québec de 2012 à 2013 (graphique 2). Puisqu’il existe une grande variabilité dans les données, il est important d’analyser la situation qui vous est propre pour cibler les points à améliorer (voir le tableau en page 44).
Comprendre la physiologie du porc et ses besoins En matière de performance, on peut comparer les porcs à des athlètes de haut niveau. Les organes sont poussés à leur limite et donc plus sensibles aux blessures. Le porc « moderne » est particulièrement vulnérable en raison de sa physiologie. Ses dimensions anatomiques semblent faire abstraction des règles normales de l’allométrie (voir en page 45). Chez tous les mammifères adultes, le poids du cœur représente de 0,4 à 0,6 % du poids corporel. Chez le porc sauvage, à un poids d’environ 80 kg, il est de 0,6 %. Pour un poids similaire, il se situe à 0,3 % chez le porc « moderne ». Au début des années 2000, cette valeur était de 0,45 %. Le porc « moderne » commence sa vie avec un pourcentage de 1 %. À 10 kg, celui-ci passe rapidement à 0,5 %, et décline par la suite. Ces changements d’anatomie entraînent une réduction de la capacité cardiovasculaire et, par conséquent, l’adaptabilité de l’animal aux différents stress en est affectée. Pourquoi ? Parce qu’on recherche à avoir un porc à croissance rapide, grâce à la génétique, et à obtenir un rendement élevé en viande maigre. Les porcs, qu’on veut rentables, sont donc élevés et nourris en conséquence.
Réponse au stress
Un porc « essouflé » ?
Tous les chercheurs s’entendent sur le fait que le porc est sensible aux écarts de température, et tout particulièrement aux hausses de température. Contrairement à plusieurs autres espèces de mammifères, il ne possède pas de glandes sudoripares pour lui permettre d’évacuer sa chaleur corporelle. Une étude indique que les pertes de chaleur sont associées à une augmentation des battements cardiaques, de la température rectale, de la pression artérielle et de l’excrétion urinaire. Tout effort supplémentaire de l’animal pour maintenir sa température constante peut causer de nombreux changements métaboliques. (voir croquis ci-dessous)
C’est un porc qui a une respi ration laborieuse par la bouche et une peau décolorée. S’il subit des stress supplémentaires, le porc refuse d’avancer, émet des vocalisations de détresse, est pris de tremblements ou montre une combinaison de plusieurs indicateurs de détresse. Finalement, l’accumulation de stress peut causer la mort. Le présent article se concentre plus particulièrement sur les porcs déjà morts à l’arrivée à l’abattoir.
STRESS
Visuellement
Respiration par la bouche Rougeurs sur la peau Tremblements musculaires Refus d'avancer Vocalisations de détresse Augmentation de la respiration du rythme cardiaque de la température corporelle du taux de lactate Diminution du pH sanguin des réserves de glycogène musculaire Le porc ne maintient plus son équilibre
Pertes et viande de mauvaise qualité Pertes de marché potentiel
Porcs essoufflés ou blessés Porcs devenant non ambulatoires Porcs morts à l'arrivée à l'abattoir
Source : Neiwold et al. 2000
Un effort physique occasionne une certaine fatigue, selon la capacité cardiovasculaire et l’adaptabilité; des porcs lourds ont un cœur relativement plus petit, une pression artérielle Graphique 2
Incidence annuelle de mortalité des porcs de marché (usines inspectées par l’USDA) de 1991 à 2008
Évolution du nombre de porcs morts à l’arrivée à l’abattoir selon les mois de l’année, en fonction de la température maximale moyenne enregistrée dans la région du Centre-du-Québec
2013-12
2013-11
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-10
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0%
2013-02
1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 Années
2013-01
0
-5
2012-12
0,05
0
0,02%
2012-11
0,07
5
0,04%
2012-10
0,10
2012-09
0,08
10 0,06%
2012-08
0,12
2012-07
0,15
15 0,08%
2012-06
0,20
0,17
20
0,10%
2012-05
0,21
2012-04
0,20
0,22 0,22 0,22 0,22 0,22
2012-03
0,21
25
0,12%
2012-02
Porcs morts (%)
0,25
0,28
2012-01
0,26
0,29 0,29 % morts à l’arrivée à l’abattoir
0,30
0,30
0,10
30
0,14%
0,35
Température maximale moyenne (Centre-du-Québec) (ºC)
Graphique 1
Année-Mois
Source : Winporc http://climate.weather.gc.ca
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plus basse et un niveau d’hémoglobine plus bas également, (Neiwold et al. 2000).
Mortalité avant l’arrivée à l’abattoir : Causes Le transport est incontournable, que ce soit pour acheminer les porcs vers la pouponnière ou l’engraissement, ou encore de l’engraissement à l’abattoir. Au cours de sa croissance, le porc subira maintes variations de son environnement et aura, selon les cas, plus ou moins d’interactions avec les humains. Durant le transport, il vivra une variété de stress, physiques et psychologiques : contact avec d’autres porcs que ceux de son parc d’origine, vibrations, variation de température, durée de transport parfois longue. La peur et les stress peuvent venir de multiples sources (voir le tableau ci-dessous). Plusieurs études ont été réalisées sur ces aspects, mais quelques relations de cause à effet restent à élucider. Comme nous l’avons mentionné précédemment, les porcs sont semblables à des « athlètes de haut niveau », mais on ne leur donne pas d’entraînement. Si on ajoute leur comportement grégaire et le fait qu’ils sont naturellement des proies et non des prédateurs, le niveau de stress augmente de façon importante.
En se fondant sur les données québécoises (1 780 315 porcs transportés en 2012 et 2013), on peut analyser également l’incidence de porcs morts à l’arrivée à l’abattoir selon les mois de l’année (graphique, page 43). On remarque aisément une tendance saisonnière. Des températures plus élevées causent un stress supplémentaire. Il faut également tenir compte du taux d’humidité (facteur humidex). La hausse subite de mortalité au mois de mai pourrait s’expliquer par la nonaccoutumance des porcs aux températures plus chaudes. En effet, le poids d’expédition est relativement le même durant ces périodes, ainsi que le nombre de porcs livrés. La hausse durant le mois d’octobre 2012 peut s’expliquer par un nombre de porcs livrés beaucoup plus important que lors des autres mois de l’année. Cela laisse supposer que les densités dans les remorques étaient plus difficilement respectées. Les mois d’hiver amènent également certaines difficultés d’adaptation chez le porc. Les remorques et les quais doivent faciliter la transition due aux contrastes de température avec l’extérieur et donner tout le confort nécessaire pour pallier les rudesses de l’hiver. Une étude indique que les étapes de chargement et de déchargement sont les plus critiques et les plus difficiles dans tout le processus du
Facteurs affectant le bien-être des porcs en finition ou ayant une influence sur leur stress Bâtiment et organisation du bâtiment
Manipulateur
Génétique
Alimentation
Expérience
Outils de manipulation
Conception de la remorque
Variation de la température et humidité
Poids
Période de jeûne
Attitudes
Intensité des manipulations
Densité dans la remorque
Moment de la journée
Sexe
Ractopamine
Croyances
Nombre de porcs manipulés à la fois
Type de conduite
Saison
Taux de muscle
Éclairage, largeur des corridors et revêtement de sol
Personnalité
Expérience porc–humain
Confort de la remorque
Distance ferme–abattoir
État de santé
Conception des parcs d’élevage
Température dans la remorque
Attente à la ferme, sur la route, à l’abattoir ou autre
Niveau d’exercice
Densité dans les parcs
Porc
Distance avant le chargement Quai et rampe Mélange de porcs avant le chargement (prétriage)
Inspiré de Johnson et coll., 2013.
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Interaction porc-humain
Camion-remorque
Environnement
Contact avec des porcs étrangers Nombre d’expéditions
Photo : Pierre Cadoret
Pertes directes et indirectes
Marcher dans les parcs chaque jour et sortir les porcs de leur parc durant l’élevage diminuent le stress à l’heure du chargement.
transport. Un effort physique est demandé aux porcs pour sortir de leur parc et marcher (quand ce n’est pas courir) jusqu’à l’aire de chargement. Emprunter le quai et la rampe de la remorque exige un autre effort, sans compter que les quais et les pentes sont parfois inadéquats. La densité dans la remorque fait également partie des facteurs importants qui influent sur la mortalité dans le transport. Il est fortement recommandé de se référer au Guide de référence sur la manipulation et le bien-être des porcs durant le transport (2013) et au Code de pratiques recommandées pour le soin et la manipulation des animaux de ferme : Transport (2001). De plus, il est nécessaire d’effectuer des ajustements tout au cours de la journée pour s’adapter aux changements d’ambiance et aux imprévus durant le transport. Selon la conception de la remorque, l’étage et le compartiment où se trouvent les porcs ont également une influence sur la mortalité durant le transport. De multiples observations indiquent que les premières expériences que le porc subit influencent la façon dont il perçoit son environnement et interagit avec lui. Des expériences positives répétées diminuent le stress des porcs lorsqu’un homme les approche et améliorent leur motivation à s’en approcher. Par conséquent, marcher dans les parcs chaque jour et sortir les porcs de
leur parc durant l’élevage diminuent le stress à l’heure du chargement. Une étude souligne d’ailleurs que les porcs ayant été fréquemment manipulés mettent moins de temps à sortir de leur parc lors du chargement que les porcs n’ayant pu vivre cette expérience (16 secondes contre 82). D’autres chercheurs ont noté une tendance à une diminution du taux de mortalité dans le transport chez les porcs préalablement déménagés de parc, comparativement à ceux non manipulés (0,07 % contre 0,38 %). Le premier objectif du manipulateur devrait toujours être de minimiser la peur et le stress en maximisant les interactions positives, et d’encourager l’animal à bouger vers le point voulu. Sans oublier que les manipulations sont facilitées lorsqu’on déplace les porcs par petits groupes (4 à 5 porcs) et que des quais de chargement bien adaptés rendent inutile le bâton électrique (voir ci-contre). N’oublions pas non plus la mise à jeun, une pratique relativement facile d’application à la ferme. Elle est bien documentée et comporte plusieurs avantages pour la manipulation des porcs et leur bien-être durant le transport de la ferme à l’abattoir 2.
Le terme « pertes directes durant le transport » renvoie aux porcs qui sont incapables de suivre le reste du groupe, soit parce qu’ils sont faibles, blessés ou stressés ou deviennent non ambulatoires durant le transport, soit parce qu’ils sont morts. Les animaux en mauvais état peuvent donner de la viande de moins bonne qualité. Les pertes peuvent être totales ou partielles, en raison d’une condamnation ou un démérite d’une partie de l’animal. Le terme « pertes indirectes durant le transport » renvoie aux pertes de débouchés.
À propos d’allométrie... L’allométrie désigne les changements dans les proportions du corps d’un animal au cours de sa croissance, à la suite du développement plus rapide, ou plus lent, de l’un de ses membres.
Un bâton inutile... Le bâton électrique cause un stress important chez les porcs. La décharge électrique crée un mouvement de panique favorisant la cohue. Par conséquent, plus de porcs glissent, tombent et se chevauchent les uns les autres.
2
Voir « Le jeûne avant l’abattage : payant pour tous », Le Coopérateur agricole, avril 2012.
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Vo l a i l l e
Benoit Lanthier, DMV Médecin vétérinaire Secteur avicole La Coop fédérée benoit.lanthier@lacoop.coop
Un couvoir sans antibio L’industrie canadienne de la volaille a mis en place un protocole pour diminuer l’usage des antibiotiques, notamment dans les couvoirs. Le réseau La Coop a emboîté le pas et met tout en œuvre pour produire des poussins de la plus haute qualité.
L’
Photos : Étienne Gosselin
industrie canadienne de la volaille1 a décidé d’éliminer l’usage préventif d’anti biotiques de catégorie 1 (p. ex. : Excenel) chez les oiseaux de chair, les poules pondeuses et les oiseaux reproducteurs. L’usage d’Excenel au couvoir La Coop, pour injection dans l’œuf, ne sera donc plus permis. Cette décision se veut proactive afin de rassurer les consommateurs et le gouvernement quant à l’utilisation des antibiotiques. En effet, plusieurs organismes et associations ont émis des inquiétudes concernant leur utilisation dans la volaille, particulièrement ceux de catégorie 1. Voici les principaux : 1. Le Programme intégré canadien de surveillance de la résistance aux antimicrobiens (PICRA), de l’Agence de santé publique du Canada, a fait part de préoccupations à la suite d’échantillonnages qu’il a réalisés à la ferme, à l’abattoir et dans les commerces de détail. Il a détecté de la
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résistance aux antibiotiques de catégorie 1 chez Salmonella et Campylobacter, deux souches de bactéries pouvant causer des maladies potentiellement graves chez les humains. 2. Santé Canada a émis des avertissements concernant l’Excenel afin de prévenir l’apparition de résistance. On recommande fortement l’usage d’antibiotiques exclusivement pour les troupeaux prouvés malades par des tests de laboratoire, alors que l’usage massif, ou à titre préventif, est déconseillé. 3. L’Association canadienne des médecins vétérinaires (ACMV) a établi des lignes directrices sur l’usage judicieux d’antimicrobiens en 2008. En ce qui concerne l’Excenel, l’ACMV rappelait que son usage n’avait pas été homologué chez la volaille et que Santé Canada avait émis des avertissements quant à son usage.
tique : un objectif de l’industrie 4. La Fédération canadienne des couvoirs a proposé quatre principes pour une utilisation judicieuse des antibiotiques : a. Identifier les troupeaux reproducteurs à risque qui nécessitent un traitement. b. Ne pas utiliser un antibiotique de façon systématique pour traiter tous les lots. c. Seul le vétérinaire responsable peut décider du choix de l’antibiotique utilisé au couvoir. d. Favoriser les antibiotiques les moins importants en médecine humaine. 5. La Food and Drug Administration des États-Unis a interdit, en janvier 2012, l’usage hors homologation des antibiotiques de la classe des céphalosporines (Excenel en est une) chez les animaux de consommation, entre autres l’injection dans l’œuf au couvoir.
La résistance aux antibiotiques, c’est quoi ? 1
Les Producteurs de poulet du Canada, Les Éleveurs de dindon du Canada, Les Producteurs d’œufs d’incubation du Canada, Les Producteurs d’œufs du Canada, le Conseil canadien des transformateurs d’œufs et de volailles et la Fédération canadienne des couvoirs.
La résistance aux antibiotiques, c’est la capacité d’un microorganisme à survivre et à se multiplier malgré la présence d’un antibiotique normalement efficace contre ce microorganisme. Ce dernier peut être pathogène ou non. Un microorganisme est considéré comme pathogène lorsqu’il peut causer une maladie. Présentement,
il n’existe que de peu de traitements pour les pathogènes résistants aux antibiotiques. La maladie qu’ils causeront ne pourra donc pas être traitée convenablement. Les antibiotiques ont été classés dans quatre catégories, selon leur importance en médecine humaine. La catégorie 1 est très importante et regroupe des antibiotiques pouvant traiter des maladies graves et pour lesquelles il y a peu d’autres traitements. L’Excenel fait partie de cette catégorie.
Comment se développe la résistance aux antibiotiques ? Il reste encore beaucoup de recherche à faire pour bien comprendre tous les mécanismes de résistance. Par contre, une chose est sûre : plus on utilise un antibiotique, plus la résistance des microorganismes risque de survenir. Pour le microorganisme, cette résistance est un mécanisme de survie. Lorsque le microorganisme est mis sous stress par un antibiotique, il doit élaborer des mécanismes d’adaptation ou mourir. De plus, le microorganisme qui s’adapte aux antibiotiques acquiert souvent, de façon concomitante, des caractéristiques lui permettant de causer plus facilement une maladie. Nous sommes alors aux prises avec un microorganisme à la fois plus résistant et plus dangereux. u
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Maximiser les performances de départ des poussins Voici quelques points de gestion à respecter pour assurer un bon départ des poussins. - Préchauffer le poulailler 48 heures avant leur arrivée Chauffer l’air ambiant jusqu’à la température voulue n’est pas très long. Par contre, si le chauffage n’est pas démarré depuis assez longtemps, la litière, le plancher, les murs et l’équipement, eux, ne seront pas encore assez chauds. Les poussins seront donc déposés sur une litière froide et inconfortable. Ils auront tendance à demeurer sur place et à s’entasser les uns sur les autres plutôt que d’aller manger et boire. Un autre avantage du préchauffage est qu’il permet d’évacuer du poulailler l’humidité de la litière et des murs (à l’aide d’une « expulsion d’air », par exemple). Un haut taux d’humidité modifie la température ressentie, ce qui rend les poussins très inconfortables. Cet inconfort peut se traduire par une mortalité plus élevée dans les premiers jours de vie. - Disposer la moulée en quantité suffisante dans la zone de confort Selon les équipements et leur disposition, la zone de confort des poussins varie d’un poulailler à l’autre. Il est important de repérer cette zone et d’y installer l’eau et la moulée pour donner le plus de chances aux poussins de les trouver rapidement. Un poussin qui mange et boit tôt dans sa vie aura un meilleur système digestif et présentera un poids plus élevé à sept jours, ce qui lui assurera de meilleures performances. De plus, la consommation d’eau et de moulée favorise le développement du système immunitaire, qui permettra au poussin de mieux résister aux maladies tout au long de sa vie. - Vérifications après l’arrivée des poussins Il y a trois manières très faciles de vérifier l’état du confort des poussins après leur arrivée. • Observer leur répartition Le but est que les poussins soient répartis uniformément dans la zone de confort. Certains dormiront, d’autres seront en train de manger ou de boire, et d’autres se déplaceront. Si les poussins ont froid, ils auront tendance à se regrouper et à cesser de bouger. S’ils ont chaud, ils longeront les murs pour chercher la fraîcheur. L’observation des poussins lors du départ est un art bien plus qu’une science. La clé du succès est de passer beaucoup de temps dans le poulailler et de laisser les poussins vous montrer à leur façon leur degré de confort. • Mesurer le remplissage des jabots En palpant le jabot des poussins, on peut facilement déterminer s’ils ont mangé ou bu. Certains poussins n’auront rien dans le jabot, d’autres seulement de l’eau ou de la moulée, et d’autres les deux. L’objectif est que 95 % des poussins aient bu et mangé 24h après leur arrivée à la ferme. Si cet objectif n’est pas atteint, il serait important de revenir à l’étape précédente, afin de réévaluer leur confort ainsi que la disponibilité de l’eau et de la moulée. • Mesurer la température du cloaque Les poussins sont poïkilothermes lors de leurs premiers jours de vie. Cela signifie qu’ils sont incapables de régler eux-mêmes leur température corporelle. C’est pour cette raison que la gestion de la zone de confort est si importante. Pour vérifier si le poussin a atteint la température idéale, il est possible de mesurer sa température interne. Cela se fait à l’aide d’un thermomètre rectal, que l’on peut se procurer en pharmacie. L’objectif est que les poussins aient une température variant entre 39,5 et 40,5 °C. - Aller les voir fréquemment ! Les poussins sont des nouveau-nés, qui, dans un contexte naturel, auraient besoin de leur mère pour leur montrer comment survivre. Dans l’élevage industriel, c’est à nous de jouer le rôle de la mère. Après l’arrivée des poussins, il est très bénéfique de les faire marcher plusieurs fois par jour. N’hésitez pas à le faire quatre fois par jour ! Un des objectifs est de ramener les poussins égarés dans la zone de confort. Cela évitera qu’ils demeurent trop longtemps dans une zone froide, qu’ils faiblissent et deviennent malades ou « radets ». L’autre but est de les stimuler à manger et boire. En effet, lorsqu’on marche dans le poulailler, les poussins ont tendance à se réveiller et à naturellement aller picorer, se nourrir et s’abreuver. Cette pratique aidera à ce que 95 % d’entre eux remplissent leur jabot. Notre équipe technique est toujours disponible pour vous aider à améliorer vos démarrages.
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Quel lien peut-on faire avec la production ?
Photo : Benoit Aquin
Si on utilise rarement un antibiotique et qu’une maladie survient, l’antibiotique a toutes les chances de bien fonctionner. Pourquoi ? Parce que les microorganismes n’auront jamais été exposés à cet antibiotique et n’auront donc pas élaboré de mécanismes d’adaptation. Par contre, si un antibiotique est utilisé à grande échelle de manière préventive, il est très probable que les microorganismes acquerront de la résistance. Ainsi, quand surviendra une maladie, le traitement pourrait s’avérer moins efficace ou même complètement inefficace.
Quelle est l’approche du couvoir La Coop ? L’excellent contrôle de la gestion, à tous les niveaux de la production (soit chez les oiseaux reproducteurs, au couvoir et à l’arrivée des poussins à la ferme), diminue la probabilité d’apparition d’une maladie, et ce, presque aussi efficacement que l’usage d’antibiotiques de manière préventive. Le contrôle de la gestion est intéressant, puisqu’il est efficace et moins dangereux pour la santé publique. Chez les oiseaux reproducteurs, le point critique est la qualité des œufs. C’est dans les heures suivant la ponte de l’œuf que celui-ci est le plus susceptible de s’infecter. Il est important qu’un protocole sanitaire soit établi chez les reproducteurs afin d’optimiser l’hygiène et de réduire la contamination. À La Coop, un cahier des charges a été mis en place depuis quelques années dans le but, entre autres, de maximiser la qualité et la propreté des œufs. Les processus sont en constante amélioration et les efforts seront redoublés. L’objectif est de fournir au couvoir un œuf de qualité supérieure, pour la production de poussins qui nécessiteront un usage réduit d’antibiotiques. Au couvoir, ce sont tous les aspects du contrôle sanitaire qui sont importants, de la réception des œufs jusqu’à l’expédition des poussins. Depuis plusieurs mois, l’équipe du couvoir est en contact avec des experts internationaux de la gestion d’un couvoir sans antibiotique. Tous les procédés sont révisés et vérifiés pour s’assurer d’un statut sanitaire optimal en tout temps.
Après la récente tangente qu’a prise l’industrie canadienne de la volaille, et dans le but de protéger les rares antibiotiques dont on dispose, le couvoir La Coop a décidé, comme plusieurs autres couvoirs du Canada, de cesser l’usage préventif d’antibiotiques. La majorité des poussins sortant du couvoir n’auront donc pas reçu dans l’œuf une dose d’antibiotique avec leur vaccin contre la maladie de Marek. Dans le cas où les données venant de la reproduction et des performances à la ferme justifient un traitement, nous administrerons un antibiotique choisi en fonction des résultats de laboratoire. En utilisant un antibiotique seulement dans les cas où le besoin est réel, nous nous assurons d’en maintenir l’efficacité à long terme. L’équipe avicole de La Coop est persuadée que la gestion chez les reproducteurs, au couvoir et à la ferme, permettra d’obtenir d’excellents démarrages et que l’absence d’une dose d’antibiotique dans l’œuf n’aura pas d’impacts négatifs majeurs sur la productivité.
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Passion et entrepreneuriat Photos : Gilles Landry
Par Mireille E. LeBlanc
Les frères Marc et Serge Cormier, de Saint-Paul (Nouveau-Brunswick), gèrent des poulaillers d’avant-garde où tout est soigneusement contrôlé pour assurer une production maximale à moindre coût. Hommes d’affaires avertis, ils pèsent soigneusement le pour et le contre de chacune de leur décision pour assurer le meilleur rendement à long terme. Profil de deux producteurs-entrepreneurs passionnés par leur travail.
«C’
est comme un petit bébé à la naissance que l’on enveloppe dans une couverture », confie Marc, l’ainé des deux frères, quand il décrit l’arrivée soigneusement planifiée des poussins à leur ferme, située dans le sud-est du Nouveau-Brunswick. Après 12 heures de route en camion, les poussins en provenance de Victoriaville sont rapidement transférés dans l’un des sept poulaillers de la ferme, où les attendent de l’eau fraîche et, surtout, de la moulée soigneusement disposée. Outre dans les mangeoires qui font toute la longueur du bâtiment, les employés
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« Donner le plus d’accès possible à la moulée et à l’eau favorise l’atteinte d’un poids de plus de 180 g à sept jours », explique Marc.
de la Ferme Cormier et fils déposent de la moulée sur de longues feuilles de papier déroulées sur le plancher et dans de petites boîtes de carton disséminées à intervalles réguliers dans le poulailler. « Nous donnons le plus d’accès possible à la moulée, ce qui favorise l’atteinte d’un poids de plus de 180 g à sept jours », explique Marc. La température ambiante est aussi un facteur qui a une incidence sur le confort des nouveaux arrivants. « Nous veillons à la qualité dès le départ. La température doit être aussi parfaite que possible. Nous prenons la température rectale de quelques poussins quelques heures après leur arrivée dans le bâtiment. Elle doit être de 40,5 °C. Si elle est plus basse, il faut ajuster la température du bâtiment », souligne Serge, en ajoutant que plus le poussin sera bien, plus il sera porté à manger et à grossir.
Grâce à tous ces réglages minutieux, ils réussissent maintenant à produire 1 kg de poulet avec 1,66 kg de moulée. « Le nouveau Programme de soins aux animaux mis en place au niveau national nous a forcés à être plus vigilants en matière de santé et de confort des oiseaux », ajoute Marc. Leur investissement le plus récent est un composteur géant qu’ils ont acheté l’automne dernier. Marc a expliqué que l’usine d’équarrissage la plus près est située à plusieurs centaines de kilomètres, ce qui occasionne des frais de transport élevés. De plus, l’entreposage des animaux morts posait un risque pour la biosécurité et pouvait attirer la vermine, même si la ferme ne connaît que des pertes moyennes de moins de 2 % par année. Avec satisfaction, Marc a indiqué que le nouveau composteur fonctionne à merveille et transforme les animaux morts en un terreau riche qui sera utilisé ailleurs sur la propriété.
Une partie des installations de la ferme qui compte, au total, sept poulaillers.
La diversification de la famille Cormier Température, humidité et ventilation : toutes sont soigneusement mesurées et contrôlées pour assurer les conditions optimales de croissance. « Nous essayons d’éliminer tous les facteurs sur lesquels nous pouvons exercer un contrôle », ajoute Serge avec enthousiasme en montrant les panneaux indicateurs situés à l’entrée de chaque poulailler. Au cours des cinq dernières années, les frères Cormier ont investi dans leurs systèmes pour maintenant pouvoir tout commander à distance. Toutes les données recueillies sont transférées à leurs téléphones intelligents, et une variation d’un seul facteur déclenche automatiquement une alarme. À l’aide des touches de son téléphone, l’un des frères peut apporter un ajustement, peu importe où il se trouve.
Cette attention aux détails est la clé du succès des frères Cormier, qui exploitent la Ferme Cormier et fils, la Ferme avicole DMS et la Ferme avicole Cormico, avec des poulaillers à Saint-André et à Scoudouc, petit village en banlieue de Moncton. À noter que Groupe coopératif Dynaco et La Coop fédérée sont leurs partenaires pour les installations de Scoudouc. Marc et Serge gèrent toutes les activités à Saint-André et à Scoudouc depuis le départ à la retraite de leur père, Edgar, en 2007. Les frères Cormier possèdent un quota total de 2,4 millions de kilos. Ils remplissent leurs poulaillers six fois par année, avec des cycles de production de huit semaines. Leurs oiseaux mâles et femelles, de race Cobb, ont un âge moyen de 37,6 jours quand ils sont envoyés à l’abattoir et un poids moyen de 2,35 kg. Ces oiseaux élevés pour
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Une affaire de famille Marc et Serge Cormier forment la troisième génération de producteurs de poulet de la famille Cormier. Leurs installations d’avant-garde sont bien loin du simple poulailler avec une fondation de pierre et un sol de terre battue exploité par leur grand-père, Yvon Cormier, à la fin des années 1960. À l’époque, le poulailler contenait des poules pondeuses. Marc Cormier souligne avec fierté que son grand-père a été l’un des premiers producteurs de la province à travailler à la mise en place du système de contingentement dans la ponte commerciale dans les années 1970. Le patriarche de la famille a passé les rênes à son fils, Edgar, en 1981. Marc s’est quant à lui joint à la ferme familiale dès la fin de ses études en technologie d’ingénierie de l’ordinateur, en 1987. Serge, pour sa part, a travaillé dans le secteur privé et exploité une petite entreprise après ses études en technologie du génie civil, avant de se joindre à la ferme en 1998. Leurs épouses, Ginette et Parise, s’occupent de la comptabilité, et leurs quatre enfants donnent souvent un coup de main à la ferme. Bien que Marc et Serge soient encore loin de l’âge de la retraite, ils ne peuvent s’empêcher de songer à leur succession pour assurer l’avenir de l’entreprise familiale, mais ils ne veulent pas forcer la main à leurs enfants. Or, la relève semble déjà assurée pour une quatrième génération, puisque leurs deux aînés souhaitent suivre leurs traces. « Mais ce sera leur choix », précise Serge.
leur chair se retrouveront ensuite dans les rayons de supermarchés ou dans certains restaurants rapides de la province.
Marc et Serge Cormier sont également actionnaires de la filière Pondeuses Atlantique, à Sainte-Anne (nord du Nouveau-Brunswick), un partenariat avec Groupe coopératif Dynaco, La Coop Purdel, La Coop fédérée et Groupe Westco. Serge a confié qu’ils se sont ainsi lancés dans la production d’œufs afin, encore une fois, d’avoir un meilleur contrôle sur la qualité de l’oiseau.
Coopérateurs dans l’âme Ces deux producteurs sont également des coopérateurs dans l’âme et ils y voient beaucoup d’avantages. « Par exemple, La Coop fédérée et Dynaco nous offrent beaucoup de ressources », souligne Marc. « On parle ici des services techniques offerts par l’expert-conseil et toutes les connaissances qu’apporte le partenariat dans les sociétés Cormico et Pondeuses Atlantique, fait savoir Karel Boulet, coordonnateur des élevages avicoles pour Groupe coopératif Dynaco. Dans
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ces deux sociétés, il y a de quatre à six conseils d’administration par an. Le partage d’information entre les administrateurs-actionnaires est très bénéfique pour les frères Cormier. Ils sont en contact avec les directeurs généraux, directeurs financiers et administrateurs de ces sociétés. Les échanges et comparaisons effectués lors de ces rencontres sont une source d’amélioration pour leurs entreprises. Ce sont des échanges gagnantgagnant, où tous les actionnaires apprennent de leurs partenaires et en retirent de meilleures façons de faire. » Marc est aussi fort actif au sein d’associations professionnelles : il est notamment président des Producteurs de poulet du Nouveau-Brunswick et administrateur suppléant des Producteurs de poulet du Canada. Il avoue qu’il suit ainsi les traces de son père, qui était actif au sein de l’association néo-brunswickoise. En outre, Marc s’intéresse beaucoup aux questions nationales, telles que la distribution des quotas, qui font l’objet d’intenses discussions à l’heure actuelle. Que ce soit lors de réunions sur des questions liées à l’industrie ou lors de la prise de décisions concernant de nouveaux investissements à la ferme, Marc Cormier a toujours le même objectif en tête : « La santé des oiseaux est notre passion. Nous voulons donner le plus de confort possible à l’oiseau. Il y a toujours de la place pour de l’amélioration », conclut-il.
C ’ e s t pa s p l u s v e r t c h e z l’ v o i s i n
Pascal Alary, agronome Premier directeur Productions végétales La Coop fédérée et producteur agricole pascal.alary@lacoop.coop
Une rencontre qui compte pour beaucoup
Ça faisait longtemps que ça nous mijotait dans la tête : organiser une rencontre avec les producteurs cultivant les plus grandes superficies du Québec et de l’est de l’Ontario. C’est ce que nous avons fait, le 13 mars, avec plus d’une centaine de céréaliculteurs, au Centre des sciences du Vieux-Port de Montréal.
O Photo : Marianne Plaisance
n sait tous que le nombre de fermes diminue et qu’elles deviennent de plus en plus grandes. C’est pour cette raison que nous avons mis sur pied ce rassemblement, qui a permis de faire connaître l’ampleur et le savoir-faire du réseau La Coop ainsi que notre désir de répondre à vos besoins et objectifs d’affaires. De nombreux sujets d’actualité, présentés par des spécialistes de La Coop fédérée, étaient au programme : marché des grains et tendances mondiales, par Richard Villeneuve, directeur de
Grains Elite; situation mondiale de l’agriculture et facteurs qui nous affectent, par Vincent Cloutier, économiste principal; et comment gérer le risque sur les marchés, par Alexandre Saint-Jacques, directeur principal de la gestion du risque. Pascal Labranche, coordonnateur Infagri et agroéconomie, est ensuite venu décrire le programme Agriscan, un outil qui permet d’effectuer un diagnostic précis en matière de gestion des entreprises agricoles. Enfin,
Gilles Lavoie, directeur principal du Service des fertilisants, et André Mercure, directeur général des Productions végétales, ont expliqué la nouvelle réalité du secteur des fertilisants. Une belle brochette de conférenciers, qui illustre à quel point le réseau La Coop possède toute l’expertise requise pour satisfaire les exigences des producteurs. Mais à quoi rimait cette « opération charme », direz-vous ? C’est que le réseau La Coop se veut un incontournable auprès de vous tous, producteurs agricoles, quelle que soit la dimension de votre entreprise. Petite, moyenne ou très, très grande. Dans un précédent billet, j’écrivais qu’à tous les niveaux d’une organisation, ce sont encore les gens qui comptent le plus. Ce sont les gens qui, grâce à leurs connaissances et expertises, bâtissent les relations d’affaires avec vous. À nous, donc, de cultiver cette relation qui se veut personnalisée et forte. Peu importe la dimension de l’entreprise que l’on gère, il demeure prioritaire de faire mieux pour la rendre plus rentable dans un contexte de mondialisation. C’est donc une nécessité de déterminer où, dans l’entreprise, on peut apporter des améliorations. Les intervenants du réseau La Coop peuvent vous aider à y parvenir et à atteindre vos buts. Cette rencontre nous a permis de faire connaître à nombre d’entre vous, entrepreneurs agricoles, qui représentent un segment important de notre agriculture, que nous avons les gens, les connaissances, les outils et la passion pour entretenir une relation d’affaires à long terme. Les gens du réseau, gestionnaires et experts-conseils, savent qu’une telle journée peut compter pour beaucoup et permettre une ouverture à une relation future des plus sérieuses. Elle permet aussi de démontrer que le savoir-faire du réseau La Coop assurera une relation d’affaires gagnant-gagnant !
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P r o d u c t i o n s v é g é ta l e s
Benoit Vernier et son fils, Philippe
Le roi du maïs sucré Par Céline Normandin
En l’espace de 30 ans, Benoit Vernier est passé de propriétaire d’un petit kiosque au village de Saint-Zotique, où il vendait ses fruits et légumes, à plus important producteur de maïs sucré au Québec, un parcours digne des plus belles réussites entrepreneuriales de la province. Et comme le succès vient rarement seul, il a la chance de compter sur une relève motivée et impliquée en son fils, Philippe, qui participe diligemment aux activités quotidiennes de l’entreprise.
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epuis ses débuts, dans le rang Saint-Thomas, Benoit Vernier en a fait du chemin, mais le principal intéressé a le succès modeste. Quand on l’interroge sur son parcours, il dit simplement avoir atteint l’objectif qu’il s’était fixé lorsqu’il s’est lancé en agriculture, soit devenir le chef de file de sa production. Il a misé dans le mille quand il a choisi la production de maïs sucré, puisque la consommation de maïs frais au pays a doublé de 1971 à 2011. Il a pu compter aussi sur plusieurs atouts, tels que son application au travail et un sens aigu de l’organisation. Et ce qui n’a pas nui, il avait sous la main une terre et un emplacement de choix pour réaliser ses ambitions.
Un terrain fertile en tous points La Ferme Benoit Vernier jouit en effet d’une position géographique enviable : située dans l’ouest de la Montérégie, elle se trouve à un jet de pierre de deux marchés d’envergure, l’Ontario et les États-Unis. Avec le parachèvement de l’autoroute 30, Montréal et ses banlieues sont maintenant à une heure de route.
Entre agriculture et entreprenariat Benoit Vernier a grandi en ayant un pied dans la compagnie de camionnage paternelle et l’autre dans l’agriculture. Son père a dirigé pendant de nombreuses années une entreprise de collecte d’ordures ménagères qu’il avait fondée. Il possédait parallèlement un lopin de 70 ha de terre (200 arpents) dans le rang Saint-Thomas, à SaintZotique. À 16 ans, Benoit Vernier décide de monter un kiosque pour vendre le maïs qu’il y produit. À l’aide de ses économies, il achète l’année d’après son premier arpent et demi de terre, puis acquiert petit à petit une autre centaine d’arpents. Le goût de travailler prend le dessus pendant ses études collégiales et il décide pour de bon de se lancer dans l’aventure agricole. Après la vente en kiosque, Benoit a commencé à vendre au Marché central, pour ensuite conclure ses premières ententes avec les chaînes nationales d’alimentation en 2005.
La nouvelle usine de la Ferme Vernier permet d’empaqueter rapidement le maïs et de l’envoyer tout aussi rapidement en épicerie.
Photos : Gracieuseté de la Ferme Benoit Vernier
Photo : Céline Normandin
Les terres de la région sont aussi idéales pour la culture maraichère. Avec son mélange de terre noire et de sable, le sol léger est facile à travailler. Et puisque le fleuve est tout près (la célèbre plage de Saint-Zotique est à quelques minutes en voiture), la nappe phréatique se situe à seulement deux mètres de la surface. « La sécheresse, on ne connaît pas ça ici », lance Benoit Vernier. L’agriculteur a également adopté une devise qui reflète bien sa vision entrepreneuriale. « On ne dit jamais non à un client », indique-t-il. Si la qualité est primordiale, répondre à la demande grâce à un volume de production suffisant l’est tout autant. Un client appelle à l’improviste pour un chargement supplémentaire ? Toute l’équipe de travailleurs, qui compte quatre permanents en plus d’une trentaine de saisonniers, met la main à la pâte pour répondre à la demande. C’est aussi la raison pour laquelle Benoit s’est équipé, il y a six ans, d’une deuxième récolteuse de maïs sucré de quatre rangs. La ferme compte de plus sur une usine construite en 2013 pour un coût de 700 000 $ et inspirée des tendances américaines. Les épis de maïs défilent sur une « chaîne de montage » où ils sont épluchés partiellement puis placés dans des barquettes de polystyrène, le tout étant enfin recouvert d’une pellicule plastique. Les nouvelles installations ont permis d’automatiser des tâches manuelles qui demandaient plusieurs heures et mobilisaient de nombreux travailleurs. En plus de permettre d’économiser du temps, le format barquette atteint une nouvelle clientèle et un nouveau marché. Le producteur mène aussi une saine concurrence avec lui-même : il cherche constamment à s’améliorer et refuse de se reposer sur ses lauriers. Une tendance aux États-Unis fait grand bruit ? Il s’informe sur la formule et ses possibilités. Une nouvelle réglementation sera mise en place dans quelques années ? Il prend le taureau par les cornes et s’assure d’être prêt au moment opportun. En compagnie de son fils, il rencontre aussi ses clients une fois par année, ce qui permet d’être à l’écoute de leurs besoins. Marie-Pierre Grimard, qui est technologue et conseillère en production maraîchère à La Coop des Frontières, épaule la ferme dans sa planification. Elle témoigne des qualités de l’entreprise. « La Ferme Vernier est à la fine pointe de la technologie et de ce qui se fait dans le marché, tout en étant le plus rentable possible. Elle est en plus très bien équipée en machinerie. Sa grande superficie et la traçabilité des produits lui permettent de concurrencer ses compétiteurs américains », fait-elle valoir.
Au fil du temps, les achats de terres se sont succédé, les champs se trouvant à proximité les uns des autres. La ferme compte aujourd’hui 410 ha (1200 arpents), dont de 270 à 300 consacrés à la culture du maïs sucré. Une quinzaine de variétés sont semées chaque année. Les récoltes débutent dès les environs du 10 juillet pour se poursuivre jusqu’à la première semaine d’octobre. En plus du maïs sucré, Benoit cultive près de 100 ha en maïsgrain, et le reste est consacré à diverses cultures maraîchères, telles que les fraises, les haricots et les citrouilles. À n’en pas douter, l’esprit d’entrepreneuriat de la famille Vernier a été transmis à la prochaine génération. À 21 ans, Philippe gère seul à la ferme la norme CanadaGAP, soit le programme canadien de salubrité des aliments aligné, depuis 2010,
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Gracieuseté de la Ferme Benoit Vernier
Bien qu’une récolteuse de maïs pourrait suffire à la tâche, une autre a été acquise afin de prendre la relève dans les temps forts de l’été, ou en cas de bris.
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Durant l’hiver, Benoit Vernier et son fils Philippe peuvent passer la journée à échanger des idées et monter de nouveaux projets pour la ferme.
administration des affaires au cégep John Abbott. « Je me débrouille en anglais, mais puisque plusieurs de nos clients sont anglophones, c’est important de maîtriser cette langue. »
Une équipe du tonnerre Quand les activités journalières ne l’occupent pas, Philippe parcourt le Web à la recherche d’informations pertinentes pour l’entreprise, que ce soit des nouveautés ou des nouvelles du secteur maraîcher d’ici et d’ailleurs. Son père et lui visitent durant l’hiver diverses expositions aux États-Unis et au Canada, telles que la Great Lakes Expo, aux États-Unis, destinée aux producteurs maraîchers, ou encore le Salon international alimentaire du Canada. Leur but est toujours le même : être à l’affût des dernières tendances, tant pour ce qui touche les acteurs en alimentation que les consommateurs. Quant à ses sources de motivation, Philippe dit carburer aux défis inhérents à son travail. Au lieu de le rebuter, cet aspect nourrit sa curiosité naturelle et donne naissance à de nombreuses idées. « J’ai toujours cinq ou six projets en tête », explique le jeune homme, qui n’a pas peur de relever des défis, quitte à se casser le nez. Son travail consiste ensuite à convaincre son père de l’intérêt et de la faisabilité de ses projets, ce qu’il dit réussir la plupart du temps. Et s’il se heurte à un non catégorique, Philippe se plie de bonne grâce aux décisions de son père. « C’est encore lui le boss ! » dit-il. L’harmonie est importante, ajoutet-il, surtout quand on vit encore sous le même toit que son patron et qu’on partage ses repas ! « On s’entend bien et on est sur la même longueur d’onde. On se complète », observe Philippe. Même si la participation de Philippe à l’entreprise est bien intégrée, les détails financiers restent à peaufiner. Pour l’instant, le jeune homme est salarié et ne possède pas de part dans la ferme. Mais aucun des deux intéressés ne semble préoccupé par le sujet. Les décisions seront prises dans les prochaines années avec l’aide de leur comptable, un processus qui sera long, ils en sont conscients. Philippe sait toutefois qu’il a encore beaucoup à apprendre et, à 21 ans, le temps est de son côté.
Photo : Céline Normandin
sur les normes internationales – des standards instaurés dans l’entreprise depuis deux ans. Pour Philippe, le choix de prendre la relève a été fait depuis longtemps. Comme il baigne dans ce milieu depuis son enfance, la ferme a toujours fait partie de son quotidien, en plus de se retrouver parmi les sujets de conversation à l’heure des repas. Le jeune homme s’engage depuis son adolescence dans l’entreprise, où il a mis la main à la pâte à toutes les étapes du travail, même les plus ennuyeuses et répétitives. « Je ne voulais pas qu’on dise que parce que j’étais le fils du patron, je choisissais les jobs les plus faciles. » Éviter la complaisance n’était pas la seule motivation de Philippe : il voulait connaître personnellement tous les rouages de la ferme. Il ne s’est donc pas contenté de passer quelques semaines à chaque tâche, mais y a consacré des étés complets. Dès ses 15 ans, il a travaillé à temps plein durant les vacances d’été, que ce soit à l’emballage, aux champs, dans les bureaux, ou encore à « patenter » une machine pour l’améliorer. Cette approche est venue de sa propre initiative. Son père n’est jamais intervenu pour l’obliger à faire quoi que ce soit. « Je voulais que ça vienne de lui, quand il serait prêt », indique Benoit. Une seule exception à cette règle a concerné l’éducation des deux enfants, puisque Philippe a aussi une sœur cadette, Stéphanie. Leur père a insisté pour qu’ils poursuivent leurs études en anglais après le secondaire. Ainsi, Philippe a terminé il y a deux ans une technique en farm management and technology au Campus Macdonald de l’Université McGill, alors que sa sœur vient d’achever sa 1re année en
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La Coop fédérée honorée Photo : ADRIQ
pour ses travaux sur les variétés d’orge
Photo : Daniel Herrera castillo
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Depuis cinq ans, La Coop fédérée commercialise une gamme de variétés à rendement très élevé et stable : Cyane, Rhéa, Corcy, Sélena Cyane et la dernière et très prometteuse Alysa.
Par David Bessenay
est dans la prestigieuse salle de bal Le Windsor, à Montréal, que l’Association pour le développement de la recherche et de l’innovation du Québec (ADRIQ) a tenu son 35e gala, le 15 mai dernier. Depuis cinq ans, l’Association met à l’honneur les partenariats réussis entre le monde de la recherche universitaire et celui de l’entreprise au cours d’une soirée organisée conjointement avec le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG). Ainsi, sept projets exemplaires en matière de collaboration ont été récompensés, dont celui du Service de recherche et développement technique du Secteur des productions végétales de La Coop fédérée, dirigé par Alexandre Mailloux, réalisé en partenariat avec le Département de phytologie de l’Université Laval et le professeur François Belzile. Entrepris il y a plus de 10 ans, avec la participation de Claude-André Saint-Pierre, ce projet consistait en la création de nouvelles variétés d’orge, non OGM, adaptées à l’Est québécois, avec un bon rendement agronomique et une résistance aux maladies, notamment la fusariose. Cette recherche était basée sur l’usage des biotechnologies, avec une sélection de gènes résistants, grâce à une culture in vitro qui a permis de réduire sensiblement le temps requis pour créer les cultivars. « De l’ordre de 30 à 40 % », estime Christian Azar, chercheur à La Coop fédérée. Ces travaux ont révélé une belle complicité entre le Service de R-D de La Coop et l’Université Laval dans des domaines d’expertise partagés. « Les gens
L’Université Laval et La Coop fédérée ont été honorées devant plus de 230 décideurs du milieu économique et de la recherche. De gauche à droite : Christian Azar, sélectionneur en amélioration végétale, La Coop fédérée; Pr François Belzile, professeur, Université Laval; Alexandre Mailloux, directeur R-D technique, La Coop fédérée; André Mercure, directeur général, productions végétales, La Coop fédérée et Jean-Louis Legault, président de l’ADRIQ.
de l’Université ont notamment travaillé sur la mise à l’échelle, et nous plus particulièrement sur le testage et la mise en marché », souligne Alexandre Mailloux. L’équipe du P r Belzile a pu acquérir une expertise unique et ainsi former plus d’une douzaine d’étudiants et de professionnels.
Augmentation des parts de marché Ces recherches ont abouti à la commercialisation avec succès d’une dizaine de variétés d’orge1 ayant un bon rendement, y compris en paille. Ces nouvelles variétés étaient notamment très attendues par la filière porcine, grande consommatrice de cette céréale. « Nos parts de marchés ont augmenté, et nous sommes une référence pour les producteurs, se réjouit M. Mailloux. C’était d’ailleurs l’un des points forts de notre dossier de candidature. Il fallait que le projet débouche sur une avancée commerciale de l’entreprise. » La Coop fédérée voit ainsi récompensé un travail de longue haleine. « Nous sommes particulièrement fiers d’avoir obtenu une reconnaissance venue du milieu économique », poursuit Alexandre Mailloux. Les travaux de recherche ne devraient pas s’arrêter là, puisque le Service de R-D souhaite maintenant porter ses efforts sur l’avoine, toujours en collaboration avec l’équipe du Pr Belzile.
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Marchés
La canneberge : une filière en évolution La culture de la canneberge a connu un essor phénoménal au Québec depuis 20 ans. La superficie cultivée est passée de quelque 245 ha (600 acres) en 1994 à plus de 3240 ha en 2014. Le Québec se classe ainsi au troisième rang mondial à ce chapitre, après le Wisconsin et le Massachusetts, qui en cultivent respectivement 7975 et 13 300 ha. Le Québec est toutefois le premier producteur mondial de canneberges biologiques, qui représentent environ 15 % de sa production totale. Par Hélène Cossette
L’
Photos : APCQ
expansion de cette culture au Québec résulte notamment de l’augmentation constante de la demande — jusqu’à tout récemment — de ce petit fruit aux propriétés antioxydantes reconnues. Elle est aussi attribuable au perfectionnement des méthodes culturales et à la présence de conditions climatiques et géologiques partic ulièrement favorables à sa culture. Mais pour la première fois en 30 ans, aucune nouvelle cannebergière n’a vu le jour au Québec cette année, constate Monique Thomas, directrice générale de l’Association des producteurs de canneberges du Québec (APCQ). « Le marché a atteint un point où l’offre de canneberge dépasse la demande », laisse-t-elle tomber. Ce déséquilibre, qui s’explique entre autres par des récoltes records au Québec en 2012 et au
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Wisconsin en 2013 ainsi que par une baisse nordaméricaine de consommation de jus de fruits, a entraîné une chute du prix offert aux producteurs. Celui-ci tourne autour de 10 à 15 ¢ la livre cette année, soit un prix inférieur aux coûts de production. « C’est une baisse considérable, surtout quand on sait qu’il a déjà atteint 86 ¢ dans les meilleures années », commente Monique Thomas.
Concertation Regroupant la quasi-totalité des producteurs québécois, l’APCQ a donc décidé en 2013 de créer un comité de concertation pour optimiser le développement de cette filière au Québec, en collaboration avec ses partenaires américains et canadiens. Le mandat du Comité de développement de la canneberge du Québec consiste à trouver des solutions pour rétablir l’équilibre en
« Plusieurs exemples de saines pratiques environnementales sont appliqués dans nos fermes, souligne Mme Thomas, dont l’aménagement de systèmes d’eau à circuit fermé permettant de pourvoir aux besoins de la cannebergière en eau. » En effet, plus de 90 % des cannebergières emmagasinent et recyclent les eaux de pluie et de fonte des neiges, ce qui leur permet d’être complètement autonomes pour les arrosages contre le gel, l’irrigation et le besoin en eau au temps des récoltes. Pour mieux faire connaître ces petites baies rouges et les pratiques culturales vertes de l’industrie, l’APCQ travaille de près avec le Centre d’interprétation de la canneberge. Au nombre des activités destinées au grand public, les visites de cannebergières, le parcours écologique et le marché de la canneberge seront de retour à Saint-Louis-de-Blandford, du 19 septembre au 24 octobre 2014. « C’est un rendez-vous à ne pas manquer, estime Monique Thomas. Assister à une récolte est une fabuleuse expérience sensorielle ! »
Photo : Pierre Cadoret
agissant autant sur l’offre que sur la demande dans les marchés intérieurs et extérieurs. Au chapitre de la demande, on mise beaucoup sur la promotion des bienfaits de la canneberge sur la santé. En plus de son effet protecteur bien connu contre les infections urinaires, la canneberge possède en effet de nombreuses vertus, dont celle de contribuer à prévenir certains types de maladies cardiovasculaires et cancéreuses. Sur le plan de l’offre, le comité s’affaire aussi à coordonner un mécanisme de régulation des volumes de production pour l’année 2014, à l’instar de ce qui se fait aux États-Unis. « Chaque fois que les États-Unis ont appliqué un marketing order [décret sur la mise en marché] par le passé, le prix de la canneberge s’est rétabli par la suite », souligne Mme Thomas. Tout comme leurs pairs états-uniens, les producteurs québécois sont invités à réduire leur production de 15 % cette année, notamment en limitant les intrants et le nombre de ruches ou en fauchant certains de leurs champs. « Pour la première fois au Québec, nous allons nous doter d’un mécanisme d’autorégulation. Si on réussit, ce sera une belle démonstration de la capacité d’une filière à se prendre en main ! » estime Mme Thomas.
Le Québec est le premier producteur mondial de canneberges biologiques, qui représentent environ 15 % de sa production totale.
Mission de l’APCQ
Une culture méconnue
Ayant pour mission de défendre et de promouvoir les intérêts de ses 75 membres producteurs, l’APCQ est aussi très active, notamment auprès des élus et des décideurs municipaux et provinciaux, pour favoriser un juste équilibre entre le développement économique et la conservation et préservation des milieux humides ainsi que des ressources naturelles.
La canneberge, ou atoca, est une plante sauvage de la famille des éricacées qui pousse à l’état naturel dans les marais et les tourbières de l’Amérique du Nord. Bien avant l’arrivée des premiers colons, l’atoca faisait partie de l’alimentation des Amérindiens, qui l’utilisaient aussi pour le traitement de différents problèmes de santé et pour la conservation des viandes et des poissons. La culture intensive de la canneberge a débuté aux États-Unis vers les années 1900. Elle a été introduite au Québec en 1939 par Edgard Larocque, dans la région du Centre-du-Québec, où l’on trouve aujourd’hui plus de 80 % des superficies cultivées de la province ainsi que trois usines de transformation d’importance. Permettant de valoriser les sols les plus pauvres du Québec, la culture de la canneberge est hautement productive. On obtient en moyenne quelque 24 700 kg de canneberges à l’hectare (22 000 lb/acre), comparativement à 2250 kg/ha pour les bleuets. L’atoca est aussi beaucoup moins fragile que d’autres petits fruits sensibles au gel et à l’humidité. De plus, grâce à un système d’irrigation bien rodé, les producteurs arrivent à protéger efficacement les bourgeons et les fruits lors des périodes de gel.
L’aménagement de systèmes d’eau à circuit fermé permet de pourvoir aux besoins de la cannebergière en eau.
Des investissements élevés La production étant très mécanisée, l’établissement d’une cannebergière requiert cependant des investissements initiaux plutôt élevés, de l’ordre de quelque 105 000 à 112 000 $ par hectare de production. Obligatoire pour obtenir un permis du ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, l’installation d’un système d’eau à circuit fermé constitue l’investissement le plus important, suivi par l’aménagement des bassins de culture et l’achat des intrants. De plus, le producteur ne peut espérer un rendement rapide de son investissement. Il faut compter trois ans après l’implantation des plants pour obtenir une première récolte, puis les renouveler tous les cinq ou six ans.
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Développement durable
La récolte de tiges de maïs, une voie prometteuse Par Patrick Dupuis, agronome
Photo : Martine Doyon
« Les producteurs agricoles canadiens sont à la recherche d’occasions d’affaires, lance Don McCabe, vice-président de la Fédération de l’agriculture de l’Ontario. Ils prennent grand soin de leur terre et nourrissent le monde. Ils veulent maintenant alimenter une nouvelle chaîne de valeur : la bioéconomie. »
P
roducteur de maïs, de soya et de blé, chimiste et docteur en science des sols, McCabe est d’avis que les agriculteurs peuvent tirer profit des résidus de leurs cultures. « Le mot “profit” n’est justement plus à bannir de leur langage », dit-il à la fois avec enthousiasme et fermeté. « Les tiges de maïs sont parmi les résidus agricoles les plus abondants et pourtant les moins utilisés dans l’est du Canada », indique Patrick Girouard, du Service innovation et croissance de La Coop fédérée.
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« Les rendements élevés dans le maïs fournissent suffisamment de résidus pour bien couvrir les sols, assure Don McCabe. Une quantité trop importante de résidus au sol peut compromettre les semis. On ne peut donc pas les laisser s’accumuler indéfiniment. Il faut en faire quelque chose. Le surplus de tiges, qui contiennent 47 % de sucre, peut servir à produire de l’éthanol cellulosique et des bioproduits. » « Avec un rendement de 9,4 tonnes à l’hectare [150 boisseaux/acre], on peut facilement récolter 2,5 tonnes de tiges à l’hectare, estime
Dans un premier temps, les sociétés de machinerie AGCO et Stinger réaliseront des démonstrations lors du Canada’s Outdoor Farm Show, en septembre, à Woodstock, en Ontario. Des essais de récolte seront également effectués en novembre sur trois jours, à raison de 12 ha (30 acres) par jour, dans une ferme d’Alvinston (à environ 60 km au sud-est de Sarnia), en Ontario. « Ces démonstrations permettront de sensibiliser les producteurs à ces nouvelles façons de faire et d’amasser des données en conditions réelles avec de l’équipement de pointe, indique Patrick Girouard. À plus long terme, des essais révèleront l’impact du prélèvement des tiges sur le contenu en matière organique des sols afin d’en assurer une gestion durable. »
Photo : La Coop fédérée
Charles Lalonde, consultant agricole de la région de Guelph. Pour les producteurs qui atteignent des rendements de 12,6 tonnes à l’hectare, on peut obtenir 5 tonnes à l’hectare. » « L’intérêt pour les tiges de maïs remonte à plus de trois ans », fait savoir Charles Lalonde, qui travaille en collaboration avec Patrick Girouard. « Aux États-Unis, on extrait, à partir des tiges de maïs, des sucres – cellulose et hémicellulose – pour produire de l’éthanol. C’est une tendance qu’on observe à l’échelle mondiale. Au Brésil, par exemple, on commence à utiliser la bagasse de canne à sucre – le résidu cellulosique des raffineries de sucre traditionnelles – pour produire de l’éthanol. » À partir du sucre présent dans la tige, on pourra aussi obtenir de l’acide succinique. C’est une molécule très polyvalente qui constitue une plateforme pour fabriquer de très nombreux produits industriels : peintures, plastiques, résines, produits de déglaçage, solvants, produits pharmaceutiques, additifs alimentaires, tissus, cosmétiques (voir l’encadré portant sur l’entreprise BioAmber, page 62). En Ontario et aux quatre coins du monde, de grandes entreprises de biotechnologie ainsi que de produits chimiques et pétroliers s’intéressent à la biomasse pour fabriquer de l’éthanol cellulosique et des bioproduits. Elles ont constaté qu’il y a un énorme potentiel à transformer les tiges de maïs, la paille provenant du blé et d’autres produits agricoles pour en extraire les sucres. « Ces entreprises veulent toutefois avoir accès à des sources fiables et permanentes, souligne Don McCabe. Pour les attirer chez nous, nous devons les persuader que nous pourrons répondre à leur demande. C’est pourquoi il faut mettre en place une chaîne de valeur qui est rentable à la fois pour le producteur et le transformateur. » Grâce à une subvention du Programme de recherche et de développement énergétiques (PRDE) de Ressources naturelles Canada, la Fédération de l’agriculture de l’Ontario, Agriculture et agroalimentaire Canada et La Coop fédérée procéderont, cet automne, à des démonstrations de récolte de tiges de maïs en Ontario.
Aux quatre coins du monde, de grandes entreprises de biotechnologie ainsi que de produits chimiques et pétroliers ont constaté qu’il y a un énorme potentiel à transformer les tiges de maïs, la paille provenant du blé et d’autres produits agricoles pour en extraire les sucres.
Des débouchés Quels sont les débouchés actuels pour les tiges de maïs que récolteraient les producteurs agricoles ? « En Ontario, les entreprises IGPC Ethanol, Éthanol GreenField, BioAmber et Bio industrial Innovation Canada s’intéressent toutes aux tiges comme source de matières premières », fait savoir Charles Lalonde. D’après lui, on pourrait récolter annuellement en Ontario jusqu’à trois millions de tonnes de tiges de maïs et de paille de blé. Une usine
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Photo : la coop fédérée
« La bioéconomie doit s’appuyer sur des chaînes d’approvisionnement de résidus de culture fiables, rentables et durables, afin de fournir les usines de transformation et de s’assurer de ne pas appauvrir les sols agricoles d’où ils sont prélevés », fait savoir Patrick Girouard du Service innovation et croissance de La Coop fédérée.
commerciale, dit-il, requiert 500 000 tonnes de résidus par année. Don McCabe croit que d’ici 2020 une usine pourrait être établie en Ontario pour produire de l’éthanol cellulosique. Il serait aussi possible, selon lui, de créer, sur un même site, un complexe agro-industriel qui comprendrait une usine d’éthanol cellulosique ainsi qu’une usine de production de sucres à partir de la cellulose, qui permettrait d’obtenir de l’acide succinique. McCabe envisage même la possibilité que des producteurs puissent mettre sur pied leur propre coopérative de transformation de biomasse et de production de sucres.
Au Québec, les régions de Salaberry-deValleyfield, Saint-Jean-sur-Richelieu et SaintHyacinthe disposent également de suffisamment de résidus pour approvisionner une usine, croit Charles Lalonde. Ce sont des régions équivalentes en intensité agricole aux grandes régions productrices de l’Ontario. En Montérégie, il y aurait là aussi suffisamment de matière disponible. Dans d’autres régions plus éloignées, il serait également possible de construire des usines. Il faudrait pour cela qu’elles soient approvisionnées en plantes dédiées, telles que le panic érigé, car les rendements des cultures annuelles n’y sont pas assez élevés pour fournir assez de résidus ou encore, dans certains cas, pour simplement les prélever de façon durable. Des résidus en provenance de l’industrie forestière pourraient néanmoins être disponibles dans ces régions pour compléter l’approvisionnement en biomasse agricole. « Aux États-Unis, au moins trois usines de production d’éthanol cellulosique à échelle commerciale verront le jour d’ici la fin de 2014 », fait savoir Don McCabe. L’avenir s’annonce prometteur pour la nouvelle bioéconomie, et les producteurs en seront parmi les principaux acteurs.
BioAmber produira à Sarnia de l’acide succinique à partir d’amidon de maïs Le ministre d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, Gerry Ritz, a annoncé en février un important investissement dans l’entreprise BioAmber, à Sarnia (Ontario). Ce soutien financier permettra à l’entreprise, un des leaders du secteur de la bioraffinerie et de la chimie verte au Canada, de bâtir la plus importante usine au monde de fabrication d’acide succinique biosourcée. L’amidon de maïs remplacera le pétrole comme matière première dans cette usine et le nouveau procédé sera carboneutre. C’est une bonne nouvelle pour les producteurs de maïs, car l’usine nécessitera 38 000 tonnes de maïs dès sa première année de fonctionnement, prévue cette année. Dès 2015, la quantité de matière traitée pourra s’élever à quelque 76 000 tonnes. Cette usine pourrait aussi un jour s’approvisionner en biomasse cellulosique, notamment en tiges de maïs. Le financement proviendra du programme Agri-innovation, placé sous l’égide de la politique Cultivons l’avenir 2, mise en place pour accélérer l’innovation en apportant du soutien à la recherche et développement dans le secteur agricole. (Source : Agriculture et Agroalimentaire Canada)
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D é c o r at i o n
Photos : ingimage
Par Hélène Cossette
Un intérieur
à son image Photo : Unimat de Saint-Prime
Décoratrice et étalagiste de formation, Nancy Tremblay croit que pour être véritablement « tendance », on doit chercher à se créer un chez soi unique et qui nous ressemble.
Nancy Tremblay, décoratrice au Centre Déco Inov du centre de rénovation Unimat de Saint-Prime.
Nancy Tremblay travaille au Centre Déco Inov du centre de rénovation Unimat de Saint-Prime depuis octobre 2013. Elle n’en est toutefois pas à ses premières armes. « Voilà déjà un moment que je pratique ce métier, qui est pour moi très inspirant », confie-t-elle. Avant de se joindre à La Coop des deux rives, Nancy Tremblay a en effet travaillé pendant 10 ans en quincaillerie dans le domaine de la décoration, des couvre-planchers et de la peinture. Puis, elle a travaillé pendant six ans comme conceptrice en ébénisterie. À ce titre, elle créait notamment du mobilier intégré sur mesure et des aménagements de cuisines et de salles de bain à l’aide de logiciels d’aménagement 3D. Pour cette professionnelle qui maîtrise également le dessin à main levée et le logiciel AutoCAD pour la réalisation de plans à deux dimensions, le domaine de la décoration est en constante
évolution. C’est pourquoi il importe, selon elle, de ne pas se baser uniquement sur la tendance du moment dans la réalisation de son projet de décoration. « Je me souviens d’une époque où la “tendance” se résumait à quatre codes de couleurs distincts, dit-elle. Si vous vouliez être à la mode, il fallait impérativement choisir une de ces quatre couleurs ! » On a ensuite connu la vague des lisières de tapisserie et leurs papiers peints assortis, puis l’époque où il fallait artificiellement vieillir les meubles, les armoires de cuisine, les revêtements de planchers et les murs pour obtenir un style ancien, cite-t-elle à titre d’exemple. « Heureusement, le domaine a beaucoup évolué depuis, se réjouit-elle. La tendance est devenue beaucoup plus vaste et beaucoup moins restrictive. »
Se dissocier des tendances « Il faut se dissocier de la tendance, laisset-elle tomber. Le meilleur conseil que je puisse donner aux gens, c’est de ne pas hésiter à beaucoup parler avec leur conseillère pour lui préciser leurs goûts et préférences. » Si l’on doit bien sûr respecter certaines règles de base en coloration, « il faut d’abord et avant tout savoir quelles couleurs vous aimez et lesquelles vous détestez », illustre-t-elle. Pour faire le bon choix, il faut notamment tenir compte du style de la maison et des meubles, de l’éclairage et de l’orientation de la lumière naturelle ainsi que des particularités de la construction pour faire le bon choix de couvre-plancher et de revêtement mural. Qu’elles aient lieu en boutique ou à domicile, les rencontres avec un designer sont de plus en plus personnelles, remarque-t-elle. « Un professionnel doit tenir compte de la personnalité du client plutôt qu’être axé sur un marché précis qui n’est peut-être pas destiné à celui-ci. » Si l’espace qui lui est dévolu est plutôt modeste, le Centre Déco Inov de Saint-Prime offre tout de même une belle sélection de couvreplanchers et de peinture ainsi que plusieurs gammes de produits sur commande, souligne la décoratrice. « Et nous sommes surtout en mesure d’offrir un suivi très personnalisé », fait-elle valoir avec enthousiasme.
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Da n s n o s c o o p s
34e Concours Les Mercuriades Olymel et La Coop Unicoop se distinguent C’est en présence de plus de 800 représentants du monde des affaires du Québec, réunis le 30 avril au Palais des congrès de Montréal, qu’Olymel et La Coop Unicoop ont décroché des prix Mercure dans le cadre du gala du 34e concours Les Mercuriades.
Richard Dion, premier vice-président d’Unicoop; Stéphanie Trudeau, vice-présidente à la stratégie, à la communication et au développement durable chez Gaz Métro; Gaétan Roger, chef de la direction d’Unicoop; Julien Bélanger, président d’Unicoop; et Dominique Larose, deuxième vice-président d’Unicoop.
C’est avec beaucoup de fierté que La Coop Unicoop a remporté le trophée Mercure dans la catégorie Contribution au développement économique et régional – grande entreprise. « Il s’agit d’une reconnaissance importante pour notre organisation, a déclaré le président d’Unicoop, Julien Bélanger. Nous sommes très honorés de recevoir ce prix et le partageons avec tous nos membres et employés, qui contribuent au succès d’Unicoop depuis près de 30 ans. » « Unicoop existe pour ses membres, a indiqué Gaétan Roger, son chef de la direction. Ils ont besoin de produits et services; ils comptent sur nous pour les aider à assurer le succès de leur entreprise. Pour maintenir une agriculture forte et dynamique et assurer la relève, nous avons la responsabilité de leur offrir un milieu de vie actif et stimulant, pour eux et leur famille. » Créé par la Fédération des chambres de commerce du Québec, le concours Les Mercuriades est le plus prestigieux concours québécois du domaine des affaires, du commerce et de l’entrepreneuriat. Il vise à reconnaître l’esprit visionnaire, l’audace et le savoir-faire des entreprises qui contribuent au développement du Québec et de ses régions.
Olymel remporte deux trophées Mercure Olymel a décroché le Mercure 2014 dans la catégorie Accroissement de la productivité Banque de développement du Canada – grande entreprise, pour la mise en œuvre de stratégies innovatrices permettant d’accroître la productivité grâce à un système qui optimise la supervision de l’ensemble des éléments de gestion, les procédés industriels et la concertation des ressources humaines. L’entreprise a également récolté le Mercure 2014 dans la catégorie Santé et sécurité au travail – grande entreprise, pour le caractère innovateur de programmes tels que S.C.O.R.E. (conçu pour favoriser l’émergence dans l’entreprise d’une culture de prévention des accidents de travail et des maladies professionnelles), A.G.I.R. (portant sur l’identification et la gestion des risques) et Sentinelle (orienté sur la gestion de l’indemnisation). Rappelons qu’Olymel avait aussi remporté deux prix Mercure en 2013 (Grande entreprise de l’année ainsi que dans la catégorie Gestion proactive de la main-d’œuvre – grande entreprise).
Michel Bergeron, premier viceprésident au marketing et aux affaires publiques à la Banque de développement du Canada, et Martin Rondeau, vice-président aux opérations, volaille, chez Olymel.
Michel Després, président du conseil d’administration et chef de la direction de la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST), et Louis Banville, vice-président aux ressources humaines chez Olymel.
Photo : Dynaco
Le complexe BMR-Kioti Un établissement unique au Québec
Dans l’ordre habituel : Ulric Beaulieu, directeur des centres de machinerie, Dynaco; Marcel Corriveau, maire de Saint-Augustin; Peter Kim, vice-président exécutif Amérique du Nord, Kioti; Denis Lévesque et Jean-Yves Lavoie, respectivement président et directeur général, Dynaco; Yves Gagnon, président et chef de la direction de Groupe BMR; Israël WardMcNally, directeur des centres de rénovation, Dynaco.
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Groupe coopératif Dynaco a inauguré, le 27 mai, à Saint-Augustin-de-Desmaures, le complexe BMR-Kioti, qui regroupe, dans un concept de magasins de proximité, tous les produits destinés à la rénovation et à l’entretien extérieur, et ce, autant pour les marchés résidentiel que commercial. Construit au coût de 10 millions $ sur un terrain de 27 930 m2 (300 000 pi2), le bâtiment possède une superficie de 5120 m2 (55 000 pi2). Partenaires depuis plus de 20 ans, BMR et Dynaco présentent le premier centre de rénovation BMR aussi près de Québec, le 12e pour la grande famille de Dynaco, dans un concept « Écoattitude » qui respecte les principes du développement durable. En plus d’offrir les tout derniers concepts de BMR pour la Boutique Inspiration et l’Agrizone, le magasin offre un Coin Apprentis pour les enfants, une station pour le Constructeur Virtuel et un espace café. De son côté, le centre de machinerie Kioti, aménagé dans un concept de commerce de détail, est le premier du genre en Amérique du Nord. Ce concept innovateur, avec salle d’exposition, salle d’attente et banc d’essai extérieur, offre une expérience de magasinage pour les particuliers qui recherchent des tracteurs et des équipements d’utilité et de loisirs.
Photos : Groupe NH photographes
Photo : Les Mercuriades
Unicoop récompensée pour son excellence
Photo : La Coop des Bois-Francs
Plus de m2 pour Sel Warwick
Germain Verville et Pierre-Paul Alain, ex-directeurs généraux de Sel Warwick; Gervais Laroche, ex-directeur général de Sel Warwick et nouveau directeur général de La Coop des Bois-Francs; et Michel Henri, actuel directeur général de Sel Warwick
Propriété de La Coop des Bois-Francs, l’entreprise Sel Warwick a inauguré le 24 avril un bâtiment de 4655 m2 (50 000 pi2). Elle est passée d’un à trois quais de chargement, et la capacité de stockage de ses silos a pratiquement doublé. En outre, l’automatisation et la mécanisation des activités permettront de réduire les coûts de production, notamment grâce à des ensacheuses deux fois plus efficaces. « De plus, le fait que toutes nos installations se retrouvent en un lieu unique augmente l’efficacité de livraison et de réception ainsi que la logistique quotidienne, a fait savoir Michel Henri, directeur général de Sel Warwick. Ces améliorations placent l’entreprise en bonne position pour saisir des occasions d’affaires. » Sel Warwick emploie 32 personnes, met en marché quelque 250 produits et sert plus de 6000 clients au Québec, en Ontario, dans les Maritimes et l’Ouest canadien, aux ÉtatsUnis et en Amérique du Sud. Elle est présente dans plusieurs domaines, tels que les produits déglaçants, le traitement de l’eau et le nettoyage par jet au sable.
Photo : La Coop Saint-Alexandrede-Kamouraska
La Coop Saint-Alexandre-de-Kamouraska investit 2,7 millions $
De gauche à droite: Sylvain Quirion, directeur principal, support aux marchands, La Coop fédérée; Pascal Bélanger et Hélène Boucher, respectivement président et directrice générale de La Coop Saint-Alexandre-de-Kamouraska; Anita Ouellet Castonguay, mairesse de Saint-Alexandre-de-Kamouraska; et Gaétan Nadeau, attaché politique du député fédéral François Lapointe.
La Coop Saint-Alexandre-de-Kamouraska a inauguré le 23 avril sa nouvelle quincaillerie Unimat et son nouveau siège social. Ses services agricoles, une quincaillerie, un dépanneur, une station-service et son siège social sont maintenant logés sous un même toit. Cet investissement de 2,7 millions $ était nécessaire pour mieux positionner la coopérative. Sa réinstallation à un endroit plus visible, à l’entrée du village de Saint-Alexandre-de-Kamouraska, facilite l’accès à sa clientèle actuelle et future. Avec une superficie de 560 m2 (6000 pi2) pour la quincaillerie et de 190 m2 pour le dépanneur, la coopérative offre à ses clients une plus vaste panoplie de produits et services (matériaux, boutique équestre, vêtements et produits agricoles). Elle emploie 18 personnes. L’inauguration a également été l’occasion de souligner son 85e anniversaire.
Expansion chez Tôle Vigneault L’entreprise Tôle Vigneault, fondée en 1995 par la famille Vigneault, et maintenant propriété de La Coop des Bois-Francs et de La Coop des Appalaches, a inauguré une nouvelle usine le 29 mai dernier. Située à Saint-Ferdinand, l’entreprise a été relocalisée dans des installations à la fine pointe et a augmenter substantiellement sa superficie à 26 540 m2 (285 000 pi2) pour permettre l’acquisition d’équipements et une meilleure efficacité dans la manutention des matériaux. Grâce à cet investissement, quatre à dix personnes supplémentaires seront éventuellement embauchées et s’ajouteront aux 17 en poste. Enfin, l’installation de profileuses, d’ici au printemps, consolidera Tôle Vigneault dans son statut de leader québécois de la fabrication et la distribution de revêtement métallique.
Photo : Patrick Roger
La Coop fédérée a annoncé, le 27 mai, son association à la Société d’agriculture de Saint-Hyacinthe pour la commandite de leur bâtiment dernier cri, qui portera, pour les 10 prochaines années, le nom de Pavillon La Coop. Ce pavillon s’ajoute aux trois autres d’Espace Saint-Hyacinthe qui accueille chaque année de nombreuses expositions. Le nouveau pavillon offre un espace de plus de 2140 m2 (23 000 pi2) et fait partie du plus grand site d’exposition à l’extérieur de Montréal et Québec. Avec ses 300 000 visiteurs par an, le site Espace Saint-Hyacinthe, qui héberge le pavillon La Coop, constitue un emplacement de choix. Soulignons que le Pavillon La Coop accueillera le Temple de la renommée de l’agriculture. Elle profitera également du lancement de l’Expo agricole 2014, ce mois‑ci, pour dévoiler une murale relatant les 92 ans d’histoire de La Coop fédérée.
Photo : Yves Charlebois
Pavillon d’exposition à Saint-Hyacinthe La Coop fédérée signe une entente de 10 ans
De gauche à droite : Rémi Pelletier, président de La Coop des Bois-Francs; Gervais Laroche, directeur général de La Coop des Bois-Francs; Normand et Michel Vigneault, fondateurs et gestionnaires de Tôle Vigneault; le vicaire Magella Marcoux; René Thériault, directeur général de La Coop des Appalaches; Renaud Bergeron, président de La Coop des Appalaches; Sylvain Quirion, directeur principal, support aux marchands de La Coop fédérée; et Rosaire Croteau, maire de Saint-Ferdinand.
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Coupon d’abonnement
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Dans nos écoles d’agriculture
Photo : Université Laval
À l’occasion de la récente cérémonie du Programme de bourses d’excellence et d’implication de la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation (FSAA) de l’Université Laval, tenue en avril, Benoit Massicotte, administrateur à La Coop fédérée, a remis une bourse d’études d’une valeur de 2000 $ à Andréanne Lamarche, étudiante en agronomie, pour souligner l’excellence de son parcours scolaire. Cette bourse permettra à Andréanne, passionnée de production laitière, de poursuivre ses études au niveau de la maîtrise à l’Université Laval, en sciences et technologies des aliments.
m 1 an : 25,00 $
m 2 ans : 40,00 $
m 1 an à l’étranger : 90,00 $
m 3 ans : 55,00 $
Les taxes sont comprises dans le coût.
o Reçu disponible sur demande TPS : R101143279 • TVQ : 1000044306TP9145MA
Le Coopérateur agricole
C.P. 500 Station Youville Montréal (Québec) H2P 2W2 Tél. : 514 384-6450 - Téléc. : 514 858-2025 Courriel : coopagri@lacoop.coop Êtes-vous relié au domaine agricole?
o Oui
o Non
Nom
Claude Lafleur nommé chef de la direction d’IFFCO Canada IFFCO (Indian Farmers Fertiliser Cooperative) Canada a récemment annoncé la nomination de Claude Lafleur au poste de chef de la direction. Au cours des prochains mois, M. Lafleur jouera un rôle de premier plan auprès des investisseurs, des institutions financières et des instances gouvernementales provinciales et fédérales afin de mener à bon port le projet de construction d’une usine d’engrais à Bécancour. Ce projet est né d’un partenariat entre IFFCO, une coopérative indienne, et La Coop fédérée. La mise en service de l’usine d’IFFCO Canada est prévue pour 2017. Soulignons par ailleurs que l’Association québécoise des industries de nutrition animale et céréalière (AQINAC) a décerné à Claude Lafleur, le 12 mai, le Prix de l’excellence entrepreneuriale 2014. Le Prix de l’excellence entrepreneuriale AQINAC récompense, parmi les membres de l’Association, des entrepreneurs dont les compétences sont reconnues dans leur milieu et qui se démarquent par leurs actions et l’excellence de leur parcours professionnel.
Compagnie Adresse Ville
Province
Code postal
Courriel Veuillez émettre votre chèque à l’ordre de La Coop fédérée.
À venir dans votre magazine Green Mountain Dairy Photo : AQINAC
Gérer 1000 vaches
Affaires Exceptionnellement cette année, deux candidats sont arrivés ex æquo au Prix de l’excellence entrepreneuriale de l’AQINAC. Les membres du jury ont donc décidé de décerner deux récompenses. Bernard Verret, sous-ministre adjoint de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, au centre, en compagnie des deux lauréats : Claude Lafleur, chef de la direction d’IFFCO Canada (à droite), et Martin Couture, chef de la direction de Sanimax.
Farm Bill ou Québec Bill ?
France
La fin des quotas laitiers
Sommet de la coopération
Entretiens avec La Coop fédérée, IFFCO, Agropur et Desjardins 66
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P u bl i r e portage
Le Défi Goliath a pour objectif d’encourager les producteurs dans leurs efforts d’amélioration et faire la promotion d’un vêlage hâtif pour une meilleure rentabilité. Des gagnants régionaux et provinciaux du Défi 2014 nous partagent quelques-uns des secrets de leur efficacité. Ferme Holdream, Saint-Honoré-de-SHenley, la Coop allianCe 1er rang provincial, meilleur pointage
Défi Goliath 2014
MC
Âge moyen au vêlage : 23 mois; MCR totale : 1076 Selon Étienne Lessard : « J’aime mieux soigner mes taures avec le meilleur programme alimentaire afin qu’elles vêlent le plus tôt possible. Les 3 mois gagnés sur les 40 taures qui vêlent chaque année représentent beaucoup d’argent! » Les propriétaires savent toute l’importance d’un bon départ. Les taures reçoivent le lactoremplaceur XLR 27-16 et l’aliment Goliath Totalveau. À partir de 6 mois, elles reçoivent du supplément Goliath Expo avec des minéraux afin d’aller chercher le maximum de croissance en peu de temps.
Ferme 7 terres, Saint-Sévère, la Coop agrivert 2e rang provincial, meilleur pointage Âge moyen au vêlage : 23 mois; MCR totale : 876 Chez Ferme 7 terres tous les soins sont apportés pour une production maximale et un vêlage hâtif. Pour ce faire, ils alimentent les génisses avec le lactoremplaceur XLR 27-16 et l’aliment Goliath VO-21 Pro en cube. À 5 mois, l’alimentation est modifiée pour faire place à du foin sec accompagné du supplément Goliath 45AU.
Ferme manica, BéCanCour, la Coop deS BoiS-FranCS 3e rang provincial, meilleur pointage
Ferme Guilmain et Fils, Saint-HyaCintHe, la Coop Comax 1er rang régional, meilleure amélioration
Âge moyen au vêlage : 24 mois; MCR totale : 891
Âge moyen au vêlage 2013 : 26 mois; MCR totale : 624 Âge moyen au vêlage 2014 : 26 mois; MCR totale : 722
Nicolas Mailhot et Caroline Poitras misent sur le confort, la régie et une alimentation adaptée aux besoins de chaque groupe. Leur recette : simple, efficace et performant. Les génisses boivent un minimum de 2 litres de colostrum dès la naissance. Jusqu’à 4 mois, elles sont alimentées avec l’aliment Goliath VO-21 DEC, puis alimentées jusqu’à deux mois de gestation avec l’aliment Goliath VO-21 DEC et des Pro-Bloc 10-10. La saillie est faite lorsque les taures atteignent 325 kg, afin de s’assurer une bonne production au premier veau.
Ferme maskita, Saint-HyaCintHe, la Coop Comax 1er rang régional, meilleur pointage
Photo : Bernard diamant
Âge moyen au vêlage 2014 : 24 mois; MCR totale : 832 Sébastien Roy, gérant de la ferme Maskita, attribue non seulement ses bonnes performances au travail de ses deux employés, mais aussi au strict programme alimentaire offert à ses sujets de remplacement. Ils offrent le lactoremplaceur Goliath 27-16 jusqu’à deux mois, et l’aliment Goliath VO-21 jusqu’à 6 mois. Tout au long de cette période, les taures ont accès à volonté au minéral bloc Goliath-VO. Par la suite, le Supplément Goliath Expo est offert en fonction du fourrage qui compose la ration principale. L’élément clé selon Sébastien, c’est la qualité et la quantité des fourrages offerts tout au long de leur croissance.
Pour Raymond et Patrick Guilmain, l’amélioration des performances de leurs premiers veaux est le juste retour du balancier quant au temps et l’argent investis dans l’élevage des génisses. Ils optimisent la croissance de leurs génisses au cours des 6 premiers mois en offrant l’aliment Goliath VO-21 et en continu le minéral Bloc Goliath VO. Ils complémentent l’alimentation des taures gestantes logées à l’extérieur à l’aide du Bloc Goliath Énergie. Cet ajout à leur ration a permis d’éviter la mobilisation des réserves corporelles et aide les taures à commencer leur lactation avec une condition de chair optimale.
Ferme sylvain laquerre, Saint-CaSimir, la Coop univert 4e rang provincial, meilleure amélioration Âge moyen au vêlage 2013 : 25 mois; MCR totale : 657 Âge moyen au vêlage 2014 : 24 mois; MCR totale : 803 L’année dernière, la construction d’une étable à taures a sans contredit contribué à améliorer la performance de la ferme quant aux vêlages, permettant une meilleure régie et un meilleur confort des animaux, ce qui favorise une croissance optimale pour des vêlages plus hâtifs. Les taures sont alimentées avec du foin sec et du supplément Goliath 45AU.
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