MAI-JUIN 2015
cooperateur.coop
Pères d’aujourd’hui :
LA FAMILLE D’ABORD
Imagerie satellite Rapidité, passion, précision Dossier Big Data Défis et potentiel d’un gisement d’or
VOTRE VIE, VOS AFFAIRES
Une récolte record… c’est un beau problème. Grâce à son contrôle à large spectre des maladies, Proline est rentable, car il maximise le rendement de vos cultures de maïs. Il s’agit du seul fongicide homologué pour la suppression du fusarium et de la fusariose de l’épi et pour la réduction des niveaux de DON. De plus, comme c’est également le seul fongicide pour la suppression de la pourriture des tiges dans le maïs, aucun problème de tige résiduelle ne ralentira votre moissonneuse-batteuse. Avec Proline, vous tirez vraiment le maximum de votre récolte de maïs. Apprenez-en davantage à BayerCropScience.ca/Proline BayerCropScience.ca, 1 888 283-6847 ou communiquer avec votre représentant Bayer CropScience.
Toujours lire et suivre les instructions sur l’étiquette. ProlineMD est une marque déposée du groupe Bayer. Bayer CropScience est membre de CropLife Canada.
SOMMAIRE ÉDITION MAI-JUIN 2015
VOTRE VIE
VOS AFFAIRES
VIE COOPÉRATIVE 5 6 8 10 12 13
AFFAIRES AGRICOLES 20 23 24 26 28 32 34 42 44
ENTRE NOUS Denis Richard* DANS LE WEB ZOOM LA VIE MA COOP PAUSE PENSÉE Colette Lebel* Jeannine Pelletier — Contre vents et marée
VIE AGRICOLE 14 Pères d’aujourd’hui : la famille d’abord
La Ferme Jeannicole — en ordre et en or L’EFFET BOEUF Bruno Langlois* Une filière sur le chemin de la rentabilité Filière porcine : portrait de Motoo Taira Imagerie satellite : rapidité, passion, précision Les engrais transplanteurs Big Data : défis et potentiel d’un gisement d’or La protection des pollinisateurs Investir et transférer : quelle trajectoire d’ici 2025 ?
AFFAIRES ÉCONOMIQUES 46 Des fourrages payants 48 ZOOM AFFAIRES 50 FAITS ET GESTES Vincent Cloutier*
B:11”
T:10.75”
S:9.6875”
VOTRE VIE,
ali sé e
cooperateur.co
op
MAI-JUIN 2015
pas é des ?
Version Web : www.lacoop.coop/cooperateur Version virtuelle : www. lacoop.coop/cooperateurvirtuel
* For English version, please visit our website at lacoop.coop/cooperateur
urd’hui : Pères d’aujo
D’ABORD LA FAMILLE
14 2015-04-24
e.co
w.agrizon
2015-04-15
20
ES
UR E T LAN P S N TRA S ISÉ
ET NT SSE RES. POU TU TS S CUL N LTU A U O , C ES SPL IR N ANT ND RAN VERD FORM TIO ST TEC PRO , LE FAIT PER EN es ÉES L QUI S EST . RE È M L un EIL N EI RE s x je LLU NS au ur sy T A LE SOL N SER RAISO , CO iel s UE ON e le le de ent LOG S S MENT NTS E AVEC ess ent d rô x-ci E t NO s R le . A H e m C t u ER VIVE S PL BITE ore loppe men e, ce s’ils S , TE h IS S A osp déve juste ontr bien LE ENT. RT DE S HA NN t, h , O c p E t B u r e s effe en OU UR RÉ PA ea c’e s. Pa ue d LEM BO ort . En vaise r aid e. Et q ENT QUIL LE DÉ ISON N INE app ts et ent u teu ir ort s N IST ON D n ina splan s de t atem e ma cine HR N S T TRA QUAN NE SA pla e rac n nts u EC a I n r q lu D F ’u la ne é p s d ra r TE sp tèm ais t user és ad suite er de es et BON an T EN FEN ET leu TE X r n s tr nter FAI CHAUF PARE, ’UNE ng t ca utilis ’à la er v s bru ur le e n s S e le s e e b P v u à É qu as e o t alor nts. pas le t ts s q aug m ents PRÉ OIR D peu ont p rare TEM E R a iss r lan r tou s pu nnen sorb sont usen as RIN PS S N SE L’ESP ns s pou inhé les p tégé ne e ie on ab st p ca s la d é avo LE P CHAM SAISO n’e tion s dev poils e ce n qui an ôt ) pro ut à re s s s orlot t t u t il s u a e e qu mes is plu eau No re d LA p. Q men e to ers s LES : ell tilis sd l’ re IAL PÉC IS S
32
BIG DATA ?? ?
ê s a u d s am lu nc ne div s êt plu lée tp ren eux-m es, m s dan tain ux au ch viron oissa it le nt brû èden omp r me r ive nce a ifs racin issou e. Ce vé et c ion n en de c tradu ystè nt do ss a s d t tat tr it po ’u ist o x aut êt e éle r la an sel du res s Il f ts nu s au rés splan cés d n arr , et s . is e n u il d lus id iè n io u en age ntité er t sel p d po plif épla mp, roduit rbat intan st fro te t ra m m d n t e u a élé om e r n ’ap ua io p t ran d er t its p son le ch l se pla aq lut eau d s g iter d ol es sol a ep le nd la u sol, les ité (l la so s lu s nu v eniv n le ver nor m ar un , les es et té ep d t re sali ée de t un isqu il fau ur si apid nt p nts e son lus aîch teurs e sr r p n e v o fait ent , è t e tr xn v éle ver ins un is o fac an tr im ple t fr .D l
34
46
?? ??
COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2015
?? ??
RA
RE T,
AIS R ENG
NG TE
DO
E RES
24
DES FOURRAGES PAYANTS
CA
OL
1
RE
RIC
15vf.indd
ERT_MAI-JUIN
108621_COUV
PIER
AG
13:29
UNE FERME EN ORDRE UNE ENTREPRISE EN OR
13:46
S:
RES
VOS AFFA IRES
3
Votre vie, vos affaires
Bonne lecture ! Guylaine Gagnon Rédactrice en chef guylaine.gagnon@lacoop.coop
PHOTOS : THINKSTOCK, PIERRE CADORET
Votre vie fait encore la une pour cette édition de mai-juin. Après la conciliation travail-famille, il nous a semblé pertinent de présenter les nouveaux pères et leur rôle plus engagé auprès des enfants par rapport aux pères des générations précédentes. L’aspect vos affaires n’est pas négligé non plus. Comment produire des fourrages payants, quels outils d’agriculture de précision sont offerts dans le réseau et le dossier Big Data (ou mégadonnées) pour savoir à quoi servent toutes ces données recueillies à l’aide des nouveaux outils Web de gestion de troupeaux, des champs, etc. Voilà du contenu pour être à la fine pointe de l’information afin de bien gérer son entreprise et bien vivre sa vie agricole !
À VENIR DANS VOTRE MAGAZINE
Retraite
Ensilage
Comment des producteurs vivent cette étape de la vie ?
Les meilleures pratiques de conservation
ABONNEMENT (version papier)
Contactez Nadine Kadé 514 384-6450, poste 3710 nadine.kade@lacoop.coop ou complétez le formulaire à l’adresse suivante : http://www.lacoop.coop/ cooperateur/abonnement.asp
Coût d’abonnement (taxes incluses) Membres : 8,63 $/année
(défrayé par la coopérative locale)
Non-membres : 1 an : 25 $ 2 ans : 40 $
3 ans : 55 $ À l’étranger – 1 an : 90 $
Coopérateur
C.P. 500 Station Youville, Montréal (Québec) H2P 2W2 Tél. : 514 384-6450 – Téléc. : 514 858-2025 – Courriel : coopagri@lacoop.coop
VOLUME 44, NO 5 | MAI-JUIN 2015
Éditeur Jean-François Harel Directrice et rédactrice en chef Guylaine Gagnon 514 858-2146 (ligne directe) guylaine.gagnon@lacoop.coop Rédacteur en chef adjoint Patrick Dupuis, agronome 514 858-2044 (ligne directe) patrick.dupuis@lacoop.coop Adjointe à l’édition Marie-Hélène Gaudin 514 384-6450, poste 3513 marie-helene.gaudin@lacoop.coop Révision Georges O’Shaughnessy enr. Ont collaboré à ce numéro Christine Bourbonnais, Vincent Cloutier, Hélène Cossette, Étienne Gosselin, Pascal Labranche, Bruno Langlois, Élisabeth Lapointe, Colette Lebel, Nancy Malenfant, Nicolas Mesly, Bertrand Montel, Céline Normandin, Stéphane Payette, Denis Richard Nicolas Tremblay
4
COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2015
Conception graphique Service de la création, La Coop fédérée Graphistes Pierre Cadoret, Bernard Diamant, Michaël Guimond, Suzanne Turcot Webmestre Ricardo Silva Photographies et illustrations Pierre Cadoret, Martine Doyon, Exposimage, Caroline Fournier, Étienne Gosselin, Nancy Malenfant, Nicolas Mesly, Pigment B, Stéphane Payette Page couverture Caroline Fournier Impression Interweb Inc.
Publicité Pierre Grinsell | 450 661-8200 info@relationsmedia.ca Correspondance Retourner toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada à : Le Coopérateur C.P. 500 Station Youville, Montréal (Québec) H2P 2W2 Télé. : 514 384-6450 | Téléc. : 514 858-2025 Couriel : coopagri@lacoop.coop Site web : www. lacoop.coop/cooperateur et www.lacoop.coop/cooperateurvirtuel Poste-publications, convention n° 40628621 Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec
Les photos, illustrations et textes publiés dans le Coopérateur et sur le site Internet de La Coop fédérée ne peuvent être réutilisés sans autorisation.
108621-05-15
Le Coopérateur est publié neuf fois l’an par La Coop fédérée. Il est l’outil d’information de la coopération agricole québécoise.
ENTRE NOUS
LES MERCURIADES DENIS RICHARD, PRÉSIDENT DE LA COOP FÉDÉRÉE, DENIS.RICHARD@LACOOP.COOP
PHOTO : MARTINE DOYON
ON NE PEUT JURER DE RIEN, mais au moment où j’écris ces lignes, le printemps semble vouloir s’installer à la v itesse g rand V pour nous permettre d’amorcer la saison végétale dans des délais normaux. On n’aura à peu près pas eu de printemps, et nos collègues qui attendaient le temps des sucres avec empress ement auront majoritairement été déçus par la saison 2015. Je nous souhaite vivement d’être en pleins travaux des champs au moment où le Coopérateur sera livré dans vos chaumières, même si cela signifie que vous n’y porterez pas vraiment attention avant la fin du mois. Quant à moi, j’ai profité de la période d’attente avant le début de la saison agricole pour assister à la 35e soirée des Mercuriades. J’assiste assidument à ce prestigieux concours depuis quelques années et j’en ai même assumé la présidence l’an dernier. Les Mercuriades, dont le nom s’inspire des mots Mercure (dieu romain du commerce) et olym piades, ont été créées en 1980 par Marcel Baril, président de la Fédération des chambres de commerce du Québec de l’époque, ainsi que par Marcel Côté, fondateur de Secor, une entrepriseconseil au cœur du Québec inc., et Luc Beauregard, fondateur de National, un géant des relations publiques et gouvernementales. J’aime bien cette soirée, qui se veut un puissant levier de promotion et de valorisation du succès des entreprises de tous les secteurs d’activité et de toutes les régions du Québec. Depuis 35 ans, les Mercuriades ont célébré l’entrepreneuriat québé cois, avec près de 10 000 candidatures reçues, et fait plus de 550 entreprises lauréates, dont 95 % sont toujours en activité. Je dois vous avouer que si j’aime bien cette soirée, c’est aussi parce que notre filiale Olymel s’y distingue chaque année, remportant un et même parfois deux prix dans différentes catégories. Olymel y a même été déclarée entreprise de l’année, catégorie Grande entreprise, en 2013. Cette année, Olymel s’est vu décerner le prix Formation professionnelle et technique, en recon naissance de l’excellent travail qu’elle accomplit en matière de formation de la main-d’œuvre. J’aime également cette soirée parce que depuis quelques années des entreprises du secteur
agricole et agroalimentaire s’y distinguent. Citons Agropur, finaliste cette année au prix Entrepre neuriat dans la catégorie Grande entreprise, ou encore La Coop Unicoop, lauréate du prix Contri bution au développement économique et régional, catégorie Grande entreprise, en 2014. Mais cela comprend également de plus en plus de producteurs transformateurs, ce qui témoigne de la grande qualité entrepreneuriale existant dans le monde agricole. Cette année, la fromagerie du Pied-de-Vent, qui a pignon sur mer aux Îles-de-laMadeleine, était finaliste dans la catégorie Contri bution au développement économique et régional, et la Ferme des Voltigeurs, de Drummondville, finaliste dans la catégorie Entrepreneuriat, s’est vu attribuer le prix Entreprise de l’année dans la catégorie PME. Il est bon de constater que les qualités entre preneuriales du monde agricole sont maintenant reconnues par l’élite du milieu des affaires québé cois et que les entrepreneurs agricoles du Québec osent aujourd’hui se mesurer sans complexe aux autres secteurs de notre économie. Cela correspond d’ailleurs parfaitement à la vision que nous avons à La Coop fédérée d’une agriculture plurielle, où les modèles d’affaires évoluent et se diversifient au bénéfice des producteurs, de leurs régions et de l’ensemble des Québécois. Sur ce, je vous laisse travailler et j’y vais moi-même de ce pas. Bonne saison végétale !
COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2015
5
Un conseil d’administration dynamique où règne la camaraderie (de gauche à droite) : Maxime Fontaine, président; Bruno Turmel, vice-président; Alain Beaulieu, administrateur; Pierre-Paul Boulet, administrateur; et Ghislain Gauthier, secrétaire-trésorier.
Les membres de la Coopérative d’utilisation de matériel agricole de Weedon ont tiré parti de leur complémentarité et de la distance pour bâtir une coopérative à leur image. Située en Estrie, elle ne compte que 10 membres, mais on pourrait la surnommer la CUMA aux mille visages. Presque tous les secteurs agricoles y sont représentés. « Cette diversité est un atout, estime l’administrateur Alain Beaulieu, notamment en optimisant la disponibilité du matériel pour chacun. » La plupart des entreprises agricoles membres se trouvent dans les municipalités avoisinantes de Weedon. Puisque les entrepreneurs à forfait ne desservent à peu près pas ce coin de l’Estrie, en raison de la faible densité des producteurs, certains d’entre eux se sont regroupés malgré la distance qui les sépare. Une distance qui s’avère un avantage. Des cultures et des sols divers évitent que les membres ne requièrent l’équipement simultanément. Des équipements plus performants accroissent l’efficacité de travail des membres. La disponibilité du matériel est donc rarement un problème. Autre élément de diversité, jeunes et moins jeunes s’y côtoient. L’administrateur Pierre-Paul Boulet : « Les jeunes sont très dynamiques. Ils n’hésitent pas à oser et à voir plus loin. » Pour en savoir plus : http://www.lacoop.coop/cooperateur/fr/ vie-cooperative/tirer-parti-de-la-difference
6
COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2015
LA COOP : UN TERREAU FERTILE POUR LA BIOMASSE La valorisation de la biomasse est en mutation à l’échelle mondiale. Le réseau La Coop est un acteur idéal (vaste territoire et réseau d’experts, distributeur d’énergie, propriété des producteurs agricoles, capacité de transformation) pour l’établissement d’une telle filière au Québec. Sa vitrine biomasse en est un point de départ. Lancée en 2010 à Saint-Jean-Baptiste, cette vitrine sert de plateforme d’essai et de démonstration de plantes pérennes et annuelles aux membres et partenaires du réseau La Coop. « Elle sert à évaluer le potentiel des cultures dans une industrie des bioproduits », explique Cyrille Néron, directeur innovation et croissance à La Coop fédérée. Les plantes pérennes telles que panic érigé, alpiste roseau, barbon de Gérard, Miscanthus giganteus et saule sont connues par leur potentiel d’intégration dans des terres marginales. Les annuelles (sorgho, betterave à sucre)
s’intègrent dans une rotation de culture et présentent les qualités recherchées par les industries de bioproduits. La vitrine biomasse offre aux producteurs l’occasion de comparer les différentes cultures avec lesquelles ils peuvent valoriser leur terre. La transformation de la biomasse en bioproduits permettra d’accéder à une nouvelle source d’approvisionnement renouvelable, de lutter contre les changements climatiques et de développer une bioéconomie aux retombées majeures. Pour en savoir plus : http://www.lacoop.coop/cooperateur/fr/viecooperative/la-coop-un-terrau-fertile-pour-la-biomasse
LA MAGIE DES MOULURES
Les moulures et ornements décoratifs contribuent largement au charme des maisons anciennes. En comparaison, « les maisons d’aujourd’hui sont livrées toutes nues ! » constate Annick Bélanger, designer d’intérieur au Centre Déco Inov de La Coop St-Pamphile. Les constructeurs ne fournissent en effet que le strict minimum, soit les plinthes de bas de mur et les cadrages de portes et fenêtres, qui servent surtout à dissimuler les interstices inesthétiques, remarque-t-elle. Or, même dans les maisons modernes, les moulures ont beaucoup plus à offrir, estime cette décoratrice d’expérience : « Elles résolvent bien des problèmes et apportent très souvent la touche magique qui fait toute la différence. » Le choix du type de moulures dépend autant du budget dont on dispose que de leur utilisation. « Chose certaine, peu importe l’investissement, il y a toujours moyen de créer l’effet désiré », affirme Annick Bélanger.
Pour en savoir plus : http://www.lacoop.coop/cooperateur/fr/ vie-cooperative/la-magie-des-moulures
PHOTOS : NANCY MALENFANT, PIERRE CADORET, LA COOP ST-PAMPHILE
TIRER PARTI DE LA DIFFÉRENCE
p
ET SON CAMION.
p
NE JUGEZ UN HOMME QUE PAR SON CARACTÈRE. D’un pare-chocs à l’autre, les camions Ram en disent long sur leur propriétaire. Leurs groupes motopropulseurs sont conçus pour une puissance supérieure, et leurs habitacles ergonomiques et de conception de qualité les font figurer parmi les 10 meilleurs intérieurs selon Ward’s. Pas étonnant que les camions Ram détiennent le taux de fidélité le plus élevé parmi tous les camions pleine grandeur. Le Ram 1500 2015, le camion le plus écoénergétique de l’histoire1, et le Ram Heavy Duty. Avec un légendaire moteur turbo diesel CumminsMD ou HEMIMD, Ram surclasse tous les autres, quelle que soit la manière dont vous les évaluez.
MOTEUR
REMORQUE JUSQU’À
DIESEL CUMMINS
1,5 TONNE DE PLUS QUE LE F-350 2
TURBO
MD
30 000 LB
RAM HEAVY DUTY
8,0 L/100 KM
SUR ROUTE.
PLUS ÉCOÉNERGÉTIQUE QUE LE F-150 ECOBOOST 1
LA GAMME
DE CAMIONS LA
LE TAUX DE
FIDÉLITÉ
PLUS DURABLE LE PLUS ÉLEVÉ 3 PARMI TOUS LES CAMIONS AU PAYS
4
RAM 1500
CAMIONRAM.CA
q
1 Comparaison selon les cotes de consommation de carburant sur route d'ÉnerGuide 2015 pour le modèle Ram 1500 4X2 2015 HFE avec moteur V6 EcoDiesel de 3,0 L et transmission automatique à 8 vitesses (efficacité allant jusqu’à 8,0 L/100 km (35 mi/gal) sur route) et le Ford F-150 4X2 2015 avec moteur EcoBoost V6 et transmission automatique à 6 vitesses (efficacité allant jusqu’à 9,2 L/100 km (31 mi/gal) sur route). 2 Selon la catégorie des camions 2500/250 et 3500/350. 3 Longévité basée sur la gamme complète de camions Ram, comparativement aux camions de la concurrence. Selon les données de IHS Automotive: Polk sur les véhicules en service au Canada au 1er juillet 2014, pour les années modèles 1988 à 2014, pour tous les grands camions vendus et disponibles au Canada au cours des 27 dernières années. 4 Selon les données commerciales de tiers concurrents au Canada pour les années modèles 2008 à 2013 pour les camions neufs pleine grandeur.
q
LES COMMERCES DE DÉTAIL DOIVENT MISER SUR LES RELATIONS PERSONNALISÉES Selon Léopold Turgeon, président-directeur général du Conseil québécois du commerce de détail, les magasins de détail qui veulent réussir ont davantage besoin de dirigeants visionnaires que de gestionnaires. Et cette vision doit s’incarner dans une relation personnalisée avec le client. Le commerçant doit donc miser sur la collectivité locale, l’importance des produits locaux et le service après-vente. Cette présence dans la collectivité peut se traduire par la tenue d’évènements d’affaires dans les commerces, de conférences ou de cinq à sept avec la clientèle et des organismes du milieu. Mais il faut aussi être présent sur les réseaux sociaux, comme Facebook, Twitter et YouTube. Bref, il s’agit d’avoir une vision d’affaires sur 360 degrés. (Le Soleil)
Un nouveau mandat pour SOCODEVI en Guinée L’entreprise Guinea Alumina Corporation (GAC) a confié à SOCODEVI le mandat d’appuyer la mise en œuvre de projets de développement agricole. Cette nouvelle initiative vise à améliorer les revenus des paysans de Touldé et Petoun, en Guinée. Le travail de SOCODEVI consistera notamment à fournir un soutien technique à GAC Communauté et aux producteurs ciblés par les projets de cette organisation. Au cœur de cette intervention, l’amélioration de la production des cultures vivrières, maraîchères et de l’anacarde, ainsi que l’organisation des producteurs sous forme de coopérative.
300 000 euros pour stimuler l’adhésion des jeunes aux coopératives Alors que le secteur de l’économie sociale continue à se développer en Espagne, le gouvernement régional de la province de Murcie a alloué 300 000 € pour permettre à la jeunesse de rejoindre les entreprises sociales, notamment les coopératives. Le programme pourrait aider les jeunes de moins de 25 ans à devenir membres de coopératives ou d’entreprises sociales, en attribuant 7000 € à chaque adhérent. Les coopératives et les entreprises sociales recevront également un financement leur permettant de fournir une formation aux jeunes et de les aider à mieux connaître le secteur. Cette initiative fait partie de la stratégie du gouvernement régional pour fournir des emplois à la jeunesse. L’économie sociale représente actuellement 12,5 % du produit intérieur brut (PIB) de l’Espagne. L’an dernier, le secteur coopératif, qui comprenait 24 600 coopératives, a généré un chiffre d’affaires de 132 310 millions €. (Alliance coopérative internationale) 8
COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2015
LA SÉCURITÉ
ALIMENTAIRE : un rôle pour les coopératives
Le rapport sur la sécurité alimentaire et la nutrition présenté lors du Sommet du G20, l’hiver dernier, mentionne le rôle que peuvent jouer les coopératives et les mutuelles dans l’atteinte des objectifs fixés dans le cadre stratégique mondial. Par exemple, elles peuvent contribuer de manière importante à l’objectif d’accroître les investissements responsables dans les systèmes alimentaires. Ou encore, elles peuvent prendre le relais lorsque les gouvernements désirent privatiser certaines de leurs activités. Enfin, elles peuvent évidemment aider à réaliser d’autres objectifs plus généraux, comme l’apprentissage de la main-d’œuvre, le soutien à la croissance dans les pays moins développés ou l’infrastructure de la chaîne d’approvisionnement. Bref, les coopératives et les mutuelles sont désormais reconnues officiellement pour leur contribution positive à la construction d’un monde plus équitable et plus durable. (Veille-coop)
Connaissez-vous les agents de promotion de l’entrepreneuriat collectif jeunesse de votre région ? Présents dans les 17 régions du Québec, ces agents ont pour mandat : • de vous informer sur les différentes initiatives et programmes d’éducation à la coopération et à l’entrepreneuriat collectif; • d’accompagner la réalisation de vos projets d’entrepreneuriat collectif; • de favoriser le développement de ponts entre l’école et la collectivité. Découvrez-les à l’adresse suivante : www.coopquebec.coop/fr/agents-depromotion-de-lentrepreneuriat.aspx (CQCM)
LONGUES JOURNÉES
GROSSES CORVÉES La meilleure capacité de remorquage traditionnel de sa catégorie*. Des technologies de remorquage avancées en option comme le dispositif anti-louvoiement, le mode remorquage/transport et le système de freinage sur échappement diesel. Le coût de possession global le plus bas de sa catégorie selon Vincentric**.
LE CHEVROLET SILVERADO HD 2015. BÂTI SOLIDE.
*Exige le modèle 3500HD 4RM à cabine multiplace et à roues arrière jumelées, équipé en option du moteur Duramax V8 turbo diesel de 6,6 L. Avant d’acheter un véhicule ou de l’utiliser pour remorquage, lisez attentivement la section sur le remorquage du Guide du propriétaire. Le poids des passagers, du chargement, de l’équipement en option et des accessoires peut réduire la capacité de remorquage. Selon le segment des grands pick-up 2014 de wardsauto.com et les renseignements concurrentiels les plus récents disponibles au moment de l’impression. À l’exclusion des autres véhicules GM. **Selon l’analyse des modèles 2014 par Vincentric dans la catégorie des pick-up pleine grandeur sur le marché canadien. © 2015, General Motors du Canada Limitée. Tous droits réservés. ChevroletMD emblème ChevroletMD DuramaxMD GMMD SilveradoMD
3 1
1
UN TROISIÈME LAVE-AUTO À LA COOP DES BOIS-FRANCS La Coop des Bois-Francs est très fière d’annoncer la construction de son troisième lave-auto à sa station-service– dépanneur Sonic, située sur le boulevard des Bois-Francs Nord, à Victoriaville. La construction a nécessité un investissement de plus de 500 000 $. Dans le but de réduire son empreinte écologique, la coopérative y a installé un système de lavage et de séchage intégré muni d’une technologie dernier cri en matière de récupération d’eau, ce qui permet une réduction de l’eau utilisée de près de 85 %.
10
COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2015
2
LA FROMAGERIE ST-GUILLAUME VERSERA 50 000 $ À LA FONDATION DU CANCER DU SEIN La Fromagerie St-Guillaume – propriété de La Coop Agrilait – et la Fondation du cancer du sein du Québec ont annoncé le 31 mars un partenariat majeur. En 2016, la Fromagerie versera plus de 50 000 $ à la Fondation par l’entremise de la vente de son cheddar St-Guillaume en format de 340 g, dont on a dévoilé le nouvel emballage aux couleurs de la cause. « Puisque l’engagement envers la collectivité fait partie des principes de notre coopérative, nous nous sommes engagés financièrement dans cette cause pour aider la recherche », a expliqué la directrice générale de La Coop Agrilait, Nathalie Frenette. Grâce au soutien des chaînes d’alimentation, 15 ¢ seront remis à la Fondation pour chaque fromage vendu.
TOURNOI DE GOLF AU PROFIT DE L’ACFA Lors de son assemblée générale annuelle du 5 mars dernier, l’organisme Au cœur des familles agricoles (ACFA) était fier d’annoncer que le tournoi de golf Desjardins au profit de l’ACFA se tiendra cette année sous la présidence d’honneur de Denis Richard, président de La Coop fédérée. Organisée par Desjardins dans le cadre d’un engagement de trois ans, cette activité annuelle a déjà recueilli 53 000 $ depuis deux ans pour financer les activités de cet organisme, qui offre gratuitement des services d’aide psychosociale aux agriculteurs qui en éprouvent le besoin. Cette troisième édition du tournoi aura lieu le 13 août prochain au Club de golf Sainte-Madeleine. C’est un rendez-vous ne pas manquer !
3
UN GALA DES BÂTISSEURS POUR LES 75 ANS D’AGRILAIT Dans le cadre des festivités soulignant ses 75 ans, La Coop Agrilait a tenu un Gala des bâtisseurs, à Drummondville, le 23 mars dernier. Les 300 personnes présentes ont pu se rappeler bien des souvenirs en déambulant dans le corridor menant à la salle de réception, transformé en minimusée pour l’occasion, puisque photos, cadres, plaques, prix, trophées et objets divers y étaient exposés. L’animatrice de la soirée, Claudette Lambert, a raconté l’histoire des 75 ans de La Coop Agrilait. Son texte était inspiré du livre écrit par l’historien Jacques St-Pierre, lequel sera publié au cours de l’année. Spectacle et autres activités ont complété cette soirée réussie. Les membres du conseil d’administration : (debout) Yvon Cyr, président; Marc Tessier; Ghislain Gervais; Nathalie Frenette, directrice générale; Denis Denoncourt; Alexandre Lavoie; (assis) Michel Brouillard et André Labonté, vice-président.
5
4
4
UN PROJET-PILOTE D’ANALYSE TECHNICO ÉCONOMIQUE Le 8 janvier dernier avait lieu, à Princeville, l’annonce des résultats de l’analyse Coop technicoéconomique. Ce projet-pilote consistait à rassembler les résultats en productions végétales et ruminants d’une centaine de fermes du regroupement Appalaches–Bois-Francs pour permettre aux producteurs de se comparer. À l’aide d’Agriscan pour les productions végétales, des tableaux mensuels et des données recueillies à la ferme pour le secteur ruminants, les producteurs ont pu comparer leurs données avec celles d’autres fermes de gestion similaire. En plus, les 120 producteurs présents ont assisté à différentes conférences, traitant notamment de l’augmentation des rendements, des soins des veaux, du confort animal et d’actualités agroéconomiques. La journée, très chargée, s’est terminée dans la détente, avec Sylvain Boudreault et sa conférence « Mêle-toi de tes affaires ! »
5
LE CENTRE DE SERVICES DE L’EST VISITE LA CALIFORNIE AGRICOLE Durant la semaine du 16 mars, une quarantaine de producteurs du Centre de services de l’Est, qui inclut les coopératives Purdel, Matapédienne, Baie-des-Chaleurs et St-Fabien, ont fait un voyage en Californie pour visiter différents types d’entreprises, notamment des fermes laitières de 1000 à 4000 vaches, une culture de luzerne irriguée souter rainement, une production d’amandes et un vignoble. En tant que touristes, ils ont visité la prison d’Alcatraz (San Francisco), le boulevard Hollywood (Los Angeles), le parc national de Yosemite ainsi que Santa Monica. Formation, échanges, tourisme et plaisir ont donc constitué ce voyage.
BILAN 2014 DE L’ACFA Lors de cette assemblée, la nouvelle présidente, Lise Tremblay, le président sortant, Jean-Claude Poissant, et la directrice, Maria Labrecque Duchesneau, ont également présenté un bilan des réalisations 2014 de l’ACFA. Au nombre des faits saillants, l’organisme a comptabilisé pas moins de 1152 interventions d’aide en cours d’année, et sa maison de répit, qui en est à sa deuxième année d’exploitation, a hébergé 42 personnes. De plus, le projet « Travailleur de rang », piloté par l’ACFA, s’est conclu après six ans d’expérimentation par la publication d’un rapport final, qui peut être consulté au http://acfareseaux.qc.ca/fr. Cette formule gagnante, dont l’ACFA fera la promotion dans d’autres régions du Québec en 2015, a suscité l’intérêt d’une dizaine d’observateurs venus d’aussi loin que du Japon ! Enfin, soulignons que la directrice et fondatrice de l’ACFA a reçu le prix Hommage pour son engagement exceptionnel auprès des collectivités rurales dans le cadre des Grands Prix de la ruralité 2014.
LA 3E RENCONTRE DE L’AGREPP DU CSDDR COURONNÉE DE SUCCÈS Plus d’une centaine de producteurs ont assisté à la 3e rencontre de l’Association des groupes d’éleveurs en production porcine du Centre de services des deux rives. Organisée par les coopératives Appalaches, Bois-Francs, Comax, Covilac et Profid’Or, cette rencontre a donné aux participants l’occasion de prendre connaissance des enjeux de tous les maillons de la chaîne de la filière porcine, présentés par Robert Brunet, vice-président, production porcine, est du Canada, chez Olymel. Trois ateliers ont fait suite à ce premier volet : D’hier à aujourd’hui, Quelle est la cible ? et Équipements et nouvelles technologies. Ces ateliers, animés par plusieurs professionnels du CSDDR, ont permis d’aborder de façon plus précise et détaillée les questions touchant les techniques de production et la mise en marché. La journée, grandement appréciée par les producteurs, s’est conclue par un spectacle de l’humoriste et magicien Martin Rozon. COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2015
11
PAUSE-PENSÉE
L’HABIT NE FAIT PAS LE MOINE
COMME LA PLUPART DES GENS, j’ai un préjugé
L’acte de coopérer se définit toujours avec un complément de circonstance. Pourquoi coopérer ? Dans quel but ?
12
COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2015
favorable à l’endroit des coopératives. Bien des sondages l’ont démontré : intuitivement, même sans les connaître intimement, les gens font confiance aux coopératives. « C’est une coopérative, ça doit être du bon monde », qu’on se dit. Mais attention, la formule coopérative n’est qu’un véhicule qui permet le regroupe ment de gens qui croient qu’ensemble ils répondront mieux à leurs besoins que s’ils s’y prennent tout seuls, de façon isolée. Or ces besoins, à l’origine d’un regroupe ment, sont extrêmement variés et conduisent à la création d’une incroyable diversité de coopératives. Je me rappelle l’histoire du Lusty Lady, à San Francisco. J’avais vraiment été surprise de découvrir que ce bar de danseuses nues avait été racheté par les employées, en 2003, et qu’elles l’avaient exploité jusqu’en 2013 comme coopérative de travailleuses. Bien que j’aie des réserves sur ce genre de commerce qui mise sur l’exploitation du corps des femmes, j’aime à penser que, grâce à la formule coopérative, les travailleuses du Lusty Lady ont pu se donner de meilleures conditions de travail. Plus récemment, j’ai appris qu’en France des mutuelles d’un nouveau genre sont mises sur pied – sans enregistrement officiel, mais avec toutes les fonctions et règlements d’usage… et même des sites Web. Ce sont des mutuelles de fraudeurs de transport en com mun ! Elles poursuivent une mission à la fois économique et politique. Considérant que les transports publics devraient être gratuits afin de permettre à tous de circuler librement à l’intérieur de la ville, des gens se regroupent afin de mutualiser le risque d’avoir une amende quand ils prennent le transport en commun sans payer. Les membres paient une cotisation mensuelle minime, et lorsque l’un d’entre eux écope d’une amende, la mutuelle le rembourse. Apparemment, ça vaut vraiment le coup !
C’est clair : on est ici dans la désobéis sance civile. On ne s’en cache pas, avec des noms comme « Mutuelle de fraudeurs de la région parisienne », « Mutuelle de fraudeurs de Lille »… On peut revendiquer la gratuité des transports, mais est-ce légitime d’en freindre les règlements de sa propre munici palité en g uise de protestation ? Belle question, à laquelle on ne peut répondre que par la grille de son éthique personnelle. Cette réflexion en rejoint une autre, inspi rée par Richard Sennett, enseignant à la London School of Economics et à l’Université de New York. Dans son livre Ensemble : Pour une éthique de coopération, il parle de la collusion. Qu’est-ce, au juste, que la collusion ? N’est-ce pas une forme de coopération, une coopéra tion secrète entre quelques personnes dans le but de nuire à un tiers ? Eh oui, c’est tout à fait cela ! Ça donne à réfléchir... Conclusion : l’habit ne fait pas le moine. Il ne suffit pas de crier « coopération » pour s’affranchir de tout questionnement. Car l’acte de coopérer se définit toujours avec un complément de circonstance. Pourquoi coopérer ? Dans quel but ? Voilà les ques tions qu’il faut se poser. Bien entendu, les sociétés coopératives légalement consti tuées ont déjà subi un premier filtre, car quand on veut obtenir des statuts officiels, il faut indiquer clairement le but de l’entre prise. Cela permet d’évacuer, directement à la source, tout ce qui relève de l’illicite. Mais, rappelons-le : tout ce qui est légal n’est pas nécessairement éthique. Et viceversa. Nous voici donc dans le champ nébu leux de l’éthique, là où règnent en maîtres nos valeurs personnelles, celles qui établissent nos limites. Et c’est là, au plus profond de nos tripes, que se joue la bataille de l’acceptabi lité… ou du rejet. En définitive, la réflexion éthique aura toujours sa place. Elle nous invite à revoir nos valeurs et à développer la pensée critique – un exercice salutaire, qui mène à une meilleure connaissance de soi, pour une meilleure interaction avec les autres.
PHOTO : ??? MARTINE DOYON
COLETTE LEBEL, AGRONOME ET DIRECTRICE DES AFFAIRES COOPÉRATIVES, LA COOP FÉDÉRÉE COLETTE.LEBEL@LACOOP.COOP
VIE COOPÉRATIVE |
Productrice et administratrice CONTRE VENTS ET MARÉE TEXTE DE HÉLÈNE COSSETTE
PHOTO : PIGMENT B
Jeannine Pelletier est administratrice de La Coop Agrivoix depuis bientôt deux ans. « C’est quelque chose que je trouve très valorisant, confie la coopératrice. Les réunions sont très importantes pour moi. On apprend tellement au conseil ! »
En plus de l’expérience humaine enrichis sante, l’agricultrice apprécie la belle diversité qui règne au conseil d’Agrivoix. Les secteurs laitier, porcin, bovin, productions végétales et petits fruits y sont représentés. Et sur sept administrateurs, cette petite coopérative de 125 membres producteurs compte deux femmes et un jeune de la relève. Active en productions végétales et animales, La Coop Agrivoix exploite une quincaillerie à La Malbaie et une deuxième à Forestville. Malgré sa taille modeste et son vaste territoire, elle jouit d’une bonne structure financière avec 50 % de capitaux propres, souligne son directeur général, Marian Néron. Pour ce dernier, Jeannine Pelletier est une administratrice assidue et respectueuse de ses pairs. « Même si elle est encore nouvelle au conseil, elle est capable d’émettre son opinion. C’est aussi une personne de consensus, qui sait se rallier aux décisions », apprécie-t-il.
Depuis juillet 2014, sa fille Renée-Claude détient 51 % des parts de la Ferme Janijack, qui possède actuellement 40 kg de quota et 72 vaches de races Holstein et Jersey. Diplômée de l’ITA en gestion et exploitation d’entreprise agricole en 2011, la jeune femme de 23 ans assume dorénavant la gestion du troupeau, avec l’aide d’un employé à temps plein. Une fois qu’il aura obtenu son diplôme en mécanique agricole, le benjamin de la famille, Francis, 18 ans, s’asso ciera lui aussi à l’entreprise. Dans la mesure où la Ferme Janijack dispose déjà d’un bâtiment et d’équipements neufs, son principal projet pour l’instant consiste à augmenter son quota. « Notre but est de monter à une cinquantaine de kilos pour utiliser nos 55 attaches, explique Jeannine Pelletier. Ça demande du temps, mais avec le Programme d’aide à la relève en production laitière, auquel Renée-Claude est inscrite, nous allons déjà gagner cinq kilos. »
POUR SES ENFANTS… Jeannine Pelletier est productrice laitière depuis 26 ans. Fille d’un éleveur de bovins de PetitSaguenay, c’est seulement après avoir rencontré un producteur laitier de sa région, Jacques Morin, qu’elle a choisi d’épouser à la fois l’homme et le métier. En 2001, toutefois, son mari est mort acciden tellement, la laissant seule à la tête de la ferme et d’une famille de trois enfants, alors âgés de 5, 10 et 12 ans. « Si j’ai décidé de garder la ferme, c’était surtout pour mes enfants », tient-elle à préciser. Cette femme engagée, qui adorait siéger au conseil d’administration de sa caisse populaire, à Petit-Saguenay, a alors dû démissionner et remettre à plus tard toute possibilité d’engagement commu nautaire. « Avec une ferme et trois jeunes enfants, j’avais trop d’ouvrage », dit-elle simplement. Il lui a ensuite fallu une bonne dose de cou rage pour tout reconstruire lorsqu’un incendie a ravagé l’étable et le troupeau, en février 2009. Mais au lieu de s’apitoyer, elle a persévéré, ce dont elle se félicite aujourd’hui, car deux de ses enfants ont choisi de prendre la relève.
... ET SES PETITS-ENFANTS Maintenant qu’elle a délégué ses tâches à l’étable, Jeannine Pelletier peut enfin se permettre de faire autre chose. En plus de la comptabilité de la ferme et de son rôle de dirigeante à La Coop Agrivoix, elle s’occupe beaucoup de ses petitsenfants. Si elle voit moins souvent les deux enfants (Magalie, quatre ans, et Raphaël, sept mois) de son aînée, Marie-Chantale, établie à La Baie, le petit Léo, 15 mois, fait partie de son quotidien. Chaque matin à l’aurore, Renée-Claude quitte L’Anse-Saint-Jean avec son fils pour venir faire le train à l’étable. Loin d’être idéale, cette situation est heureusement temporaire. Dès ce printemps, Léo et ses parents viendront s’établir tout près de chez elle, à Petit-Saguenay. C’est à son gendre, Marc-André Boudreault, également propriétaire d’une ferme laitière à L’Anse-Saint-Jean, qu’incombera dorénavant le déplacement quotidien d’une vingtaine de minutes. « Ce sera moins compliqué pour la famille », estime la grand-maman. COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2015
13
PHOTOS : CAROLINE FOURNIER
Étienne Lessard
14
COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2015
Frédéric Lehouillier
VIE AGRICOLE |
Pères d’aujourd’hui
La famille d’abord TEXTE DE CÉLINE NORMANDIN
Malgré des journées harassantes et des horaires difficiles, de nombreux pères de famille remuent ciel et terre pour ne pas être qu’une figure passagère dans la vie de leurs enfants.
François Labbé
Si la manière de vivre de l’agriculture a grandement changé ces dernières années, il en est de même des modèles parentaux. Depuis les années 1970, les femmes ont quitté les foyers pour occuper un travail à l’extérieur. Dans ce nouveau contexte, les rôles de mère et de père ont été redéfinis pour qu’on puisse atteindre un meilleur équilibre. Aujourd’hui, les pères n’hésitent plus à prendre une plus grande place dans la vie et l’éducation des enfants. Mais comment fait-on en agriculture, quand on sait que la conciliation travail-famille reste pour beaucoup un concept abstrait ? Pour François Labbé, Frédéric Lehouillier et Étienne Lessard, tous trois jeunes agriculteurs, cette réflexion a teinté leur manière de voir leur travail. Elle les a menés à faire les choses différemment pour mettre la famille au centre de leur vie, souvent en rupture avec leurs modèles parentaux.
UNE QUESTION DE PRIORITÉ Comme le raconte François Labbé, cette réflexion est même venue très tôt. « Dès que j’ai repris la ferme familiale, j’ai voulu que l’entreprise soit à mon service, et non l’inverse. » François a repris la ferme familiale dès sa sortie de l’ITA de La Pocatière, en 1992. De dimension moyenne à l’époque, elle correspond maintenant à une petite entreprise laitière avec ses 40 vaches Holstein, et cela lui convient très bien. Il est seul à s’occuper de la ferme, même s’il a su bien s’entourer pour être en mesure d’avoir un coup de main quand le besoin se faisait sentir. Mais il a toujours pris des décisions dans le but de se faciliter la vie. Il a aussi eu la chance, dit-il, de se marier avec quelqu’un ne venant pas du monde agricole. « J’ai l’impression que ça m’a beaucoup aidé à décrocher des travaux de la ferme pendant la fin de semaine, puisque ma femme ne travaille pas ces jours-là. » COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2015
15
| VIE AGRICOLE
François, qui a toujours adoré les enfants, est aujourd’hui papa de Nathan (12 ans) et Coralie (9 ans). Il a décidé de gérer l’entreprise en fonction de la famille dès leur naissance. Alors qu’il était impliqué dans mille et une organisations agricoles, il a réorienté son implication pour être présent dans tous les aspects touchant à la vie de ses enfants, que ce soit la garderie, l’école ou les activités parascolaires. Il est aujourd’hui un enthousiaste entraîneur de hockey et de soccer pour ses enfants. « Des fois, on court et on est fatigué. Mais je me dis que j’ai 10 à 15 ans à investir dans la vie de mes enfants. Ce n’est pas beaucoup dans une vie ou une carrière, et c’est maintenant qu’il faut en profiter. » À 31 ans, Frédéric est père de quatre enfants. Le plus vieux a tout juste soufflé ses cinq bougies, et le benjamin avait quatre mois au moment de l’entrevue. Pour Frédéric, il est normal d’en faire plus que son père en faisait à l’époque. D’ailleurs, sa conjointe, comme celles de François et d’Étienne, occupe un travail à l’extérieur de la ferme. « Ce n’est plus comme dans le temps. Les femmes ont besoin d’avoir plus de liberté. Il faut évoluer. » Frédéric profite de ces instants précieux de la petite enfance et ne se plaint pas des couches à changer ni des tâches qu’il fait à la maison. Et dès qu’il en a la chance, il s’occupe des enfants. « Tout le monde doit collaborer. Il faut faire ce qu’il faut pour que tout le monde soit heureux. » Le plus occupé des t rois pères, Étienne, veille avec son frère à la bonne gestion de deux élevages qui combinent près de 200 vaches en lactation, sans compter les 400 ha de terres qu’ils cultivent eux-mêmes. S’il admet ne pas être celui qui en fait le plus à la maison (avec trois traites par jour, cela se comprend), il a accueilli avec joie les responsabilités liées à la paternité. « On n’est jamais vraiment prêt à être père, mais après coup, j’étais devenu fou raide ! » Étienne prend d’ailleurs très au sérieux son nouveau rôle, car pour lui, avoir des enfants est une décision importante. « Mes parents ont divorcé quand j’avais 16 ans et j’ai vu ce que c’était d’être bardassé entre deux parents. Je ne veux pas faire vivre ça à mes enfants. » Sa conjointe et lui ont eu de très longues discussions sur le sujet.
16
COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2015
1 Étienne Lessard Étienne a hésité longtemps avant d’avoir des enfants, mais c’est avec la conviction que lui et sa conjointe partageaient les mêmes valeurs sur la famille et l’éducation des enfants qu’ils ont entrepris de fonder une famille.
2 Frédéric Lehouillier Frédéric profite des instants précieux de la petite enfance. Dès qu’il en a la chance, il s’occupe des enfants. « Tout le monde doit collaborer. Il faut faire ce qu’il faut pour que tout le monde soit heureux. »
3 François Labbé « Des fois, on court et on est fatigué. Mais je me dis que j’ai 10 à 15 ans à investir dans la vie de mes enfants. Ce n’est pas beaucoup dans une vie ou une carrière, et c’est maintenant qu’il faut en profiter. »
1
2
3 COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2015
17
Étienne a hésité longtemps, mais c’est avec la conviction qu’ils partageaient les mêmes valeurs sur la famille et l’éducation des enfants qu’ils ont entrepris de fonder une famille. Si la tâche le permet, Étienne prend le temps d’emmener avec lui son petit Théo, âgé de deux ans et demi. « C’est beaucoup de surveillance et il faut penser à tout, mais avoir la chance de l’avoir avec moi, ça n’a pas de prix. »
Aujourd’hui, les pères n’hésitent plus à prendre une plus grande place dans la vie et l’éducation des enfants. Ils font les choses différemment pour mettre la famille au centre de leur vie, souvent en rupture avec leurs modèles parentaux.
18
COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2015
FAIRE DES COMPROMIS
DU TEMPS DE QUALITÉ
Pour pouvoir passer plus de temps avec les enfants, les trois pères ont dû faire des choix quant à la manière de gérer leur entreprise. François et Frédéric se lèvent tous deux à 4 h 30 pour être en mesure de s’asseoir à table avec les enfants au petit-déjeuner. François accueille aussi ses enfants à leur retour de l’école, puisque sa femme est encore au travail à ce momentlà. C’est en toute connaissance de cause qu’il a fait une croix sur l’essor de sa ferme. « Moi aussi j’aime les belles vaches, mais j’aurais peut-être de la misère à dormir pendant deux ou trois jours quand ma vache de 50 000 $ serait sur le point de vêler. Il faut s’arrêter et choisir ses priorités. » Il gère d’ailleurs son entreprise de manière très serrée et veille à être le plus efficace possible. « Je me fais parfois demander par d’autres parents si je travaille, puisque je m’implique beaucoup. Ce qu’ils ne voient pas, c’est que je me lève tous les matins à 4 h 30. À part les traites, mon horaire est assez flexible et je m’arrange pour passer mon temps en famille. » Ces trois pères sont aussi conscients que l’exécution de leurs tâches n’est pas toujours impeccable ou que le temps pour les faire n’est plus le même. Quand Étienne emmène Théo avec lui sur le tracteur pour donner le foin aux vaches, la tâche prend facilement deux fois plus de temps. « Finir 30 minutes plus tard que d’habitude, ce n’est pas grave. »
Si l’éducation de François diffère un peu de celle qu’il donne à ses enfants, il dit toutefois s’être inspiré de ses parents sur un aspect en particulier : ces derniers ont toujours pris le temps de partir en vacances en couple, loin de la ferme. Il a lui-même acheté l’an dernier un terrain situé à cinq minutes de la maison et donnant sur un lac. Les fins de semaine, toute la famille a fait du camping et mangé des guimauves autour du feu. L’air de rien, ces petits moments ont été les bienvenus et ils sont devenus précieux. « Ce n’est pas loin de la maison, mais c’est un dépaysement complet », confie François. Frédéric et sa conjointe ont aussi trouvé des moyens de passer du temps ensemble, même dans les périodes les plus occupées. De temps à autre, la famille vient le retrouver pendant qu’il fait les foins pour pique-niquer en plein champ. « Pendant les grosses journées, les enfants viennent me rejoindre. Ils adorent ça ! Sinon, je n’aurais pas le temps de les voir. » Toute la famille passe aussi une fin de semaine par mois
VIE AGRICOLE |
chez les grands-parents maternels, qui demeurent à Saint-Hubert-de-Rivière-duLoup (un trajet de deux heures et demie), afin que les enfants connaissent leurs grands-parents, explique le jeune homme. Frédéric et sa conjointe ont également tenu à prendre des vacances l’été dernier. Leur congé n’a duré que trois jours, mais il leur a permis de mettre la vie sur pause. Travailleur acharné depuis qu’il est tout jeune, Étienne apprend peu à peu à ralentir. Il a dû travailler sans relâche pour éviter la vente de la ferme lorsqu’il sortait de l’adolescence. Debout tous les matins dès 4 h et couché à 20 h, il se fait remplacer pour la traite du samedi soir et du dimanche matin une fin de semaine sur deux depuis l’automne dernier. « J’aime beaucoup ça. Ça fait du bien. Je suis fatigué et j’aurais parfois le goût de me reposer, mais je vais jouer dehors et je passe du temps de qualité avec mon garçon. Il ne faut pas que je néglige ma famille. »
UNE FIERTÉ QUI RAYONNE Après avoir redouté l’arrivée de son premier enfant, Étienne vit maintenant avec plus de confiance son rôle de père. Sa conjointe et lui attendent même un deuxième enfant et ils comptent agrandir la famille. Frédéric est pour sa part comblé avec ses quatre enfants. Lorsqu’on lui demande comment cela se passe quand on est père d’une famille dont les enfants sont aussi rapprochés en âge, il dit que tout va très bien. Il s’émerveille de voir ses plus vieux grandir et devenir des enfants autonomes et allumés. Quant à François, il aime ce qu’il fait et est heureux dans son travail, une attitude qui transparaît et aide ses enfants à aimer l’agriculture, selon lui. « Quand j’étais jeune, je n’osais pas dire que je venais du milieu agricole, mais aujourd’hui, mes enfants sont fiers de dire que leur père est agriculteur. »
COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2015
19
| AFFAIRES AGRICOLES
LA FERME JEANNICOLE : UNE FERME EN ORDRE, UNE ENTREPRISE EN OR
TEXTE ET PHOTOS D’ÉTIENNE GOSSELIN, AGRONOME, M. SC.
LA FERME JEANNICOLE, À KAMOURASKA, EST UNE ENTREPRISE GÉRÉE IMPECCABLEMENT. COMME TOUT Y EST EN ORDRE, L’ORDRE NATIONAL DU MÉRITE AGRICOLE ET SON JURY N’ONT EU D’AUTRE CHOIX QUE DE LUI DÉCERNER L’OR, PAR UNE LARGE AVANCE.
QUELLE NOTE AURIEZ-VOUS SUR 1000 POINTS ? Depuis 125 ans, le gouvernement du Québec reconnaît l’apport exceptionnel de particuliers et d’entreprises à l’avancement de l’agriculture québécoise par un concours prestigieux : celui de l’Ordre national du mérite agricole (ONMA). En 2014, 83 candidatures provenant de l’AbitibiTémiscamingue–Nord-duQuébec, du Bas-Saint-Laurent, de Gaspésie–Îles-dela-Madeleine, du Saguenay– Lac-Saint-Jean et de la Côte-Nord se faisaient la lutte dans les trois catégories : bronze, argent et or.
Les petits détails font les grandes entreprises. Parlons-en aux jumeaux Christian et Yvan Drapeau, qui ont repoussé les limites de la catégorie or du concours (19 participants) avec un score global de 913 points sur un total de 1000, loin devant la deuxième position (903 points). D’ordinaire, la marge entre les premières places sur le podium est mince. Il n’est pas étonnant que cette ferme modèle l’ait remporté. Il y a cinq ans, les Drapeau avaient obtenu le premier rang régional et national pour l’argent, par une marge tout aussi confortable (18 points) que celle de cette année. Ainsi, s’ils sont devenus chevaliers de l’Ordre national du mérite agricole (ONMA) en 1999 et officiers en 2009, ils portent aujourd’hui les titres les plus prestigieux : ceux de commandeurs. Cohérents et perfectionnistes, Yvan et Christian Drapeau, qui ont pris la relève complète de leurs parents, Jean-Marie Drapeau et Nicole Labrie, en 2003, n’ont pas voulu poser leur candidature à la médaille d’argent après une seule année financière à gérer l’entreprise par eux-mêmes.
UNE RECETTE POUR L’OR Le jury, qui a passé six heures à la Ferme Jeannicole, était composé d’un agronome, d’un agroéconomiste et d’un commandeur ayant déjà remporté une médaille d’or de l’ONMA – un trio qui arpente tous les champs, ouvre toutes les portes, fouille dans tous les classeurs, même la « filière 13 », où s’entassent les factures avec des arrérages
20
COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2015
ou les dossiers qui traînent sans raison. « Pour la médaille de bronze, nous nous étions préparés à la dernière minute, mais pas pour l’argent et l’or », expliquent les deux frères, diplômés du campus de La Pocatière de l’ITA en 1994. « Pas besoin d’être exceptionnel dans certaines catégories pour espérer remporter l’or », considère Christian. « Il faut toutefois être supérieur à la moyenne dans toutes les catégories. Le concours nous fait vraiment travailler sur nos points faibles. Par exemple, nous sommes passés d’une fosse lagune à une fosse bétonnée et nous avons travaillé sur la sécurité à la ferme. En fait, tout y passe : plan d’intervention en cas d’accident, gestion du troupeau, registre des traitements vétérinaires, bandes riveraines, calibration du pulvéri sateur, largeur des entrées de champ, sorties de drain enrochées, grillagées, balisées, etc. », explique Yvan. « Yvan et Christian sont des gars très astucieux, qui trouvent toujours des solutions pour parfaire leurs façons de faire, souligne Hubert Bélanger, leur expertconseil de La Coop. Leur seul garage est un exemple de l’organisation qu’ils ont dans leur travail : tout est propre, en ordre, étiqueté, pour plus d’efficacité. Les deux gars font preuve d’une grande organisation et d’un travail soigné qui se reflète dans toutes les sphères de l’entreprise : rendements des cultures, gestion et qualité du troupeau, entretien de la machinerie et des équipements. »
2
PHOTO : MARC LAJOIE, MAPAQ
1
3 1 I ls sont jumeaux, ce qui comporte des avantages : Christian et Yvan Drapeau communiquent facilement, ont les mêmes objectifs, en sont au même stade de leur vie avec conjointes et enfants. « Yvan n’est pas mon frère, c’est ma moitié : on cherche donc toujours à se protéger mutuellement », observe Christian.
2 La médaille d’or, l’ultime récompense, dans toute sa splendeur, à l’image de l’entreprise qui l’a décrochée. 3 L a Ferme Jeannicole, avec ses 80 kg de quota détenu, est au maximum de ses infrastructures, ce qui lui permet de produire avec un maximum d’efficacité et de rentabilité. Aucun investissement n’est superflu, chaque équipement sert optimalement.
COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2015
21
45
6
4 P eu importe l’outil, ce qui compte, c’est le résultat. Les Drapeau, de la Ferme Jeannicole, utilisent un bon vieux cadran de gestion, qui leur donne un aperçu rapide et complet de la conduite du troupeau.
5 L es veaux logent, de leur naissance à deux mois, dans l’étable principale. On les transfère ensuite en stabulation entravée, où ils restent jusqu’à six mois. Enfin, les génisses goûtent au confort de l’étable solaire jusqu’à la veille du vêlage. Par sa conception, ce bâtiment datant de 1988 minimise les rayons du soleil en été et les maximise en hiver.
6 É criteaux et balises, prévention des accidents et plans d’intervention en cas d’urgence : la Ferme Jeannicole est reconnue pour ses bonnes pratiques en matière de santé et de sécurité au travail. En plus de la médaille d’or, elle s’est vu remettre le Mérite Promutuel de la prévention.
ÊTRE PRÊT À SE JUSTIFIER LA GRILLE DES JUGES Gestion de l’appareil de production Gestion des ressources financières Gestion des ressources humaines Gestion agroenvironnementale Rayonnement social Total
22
355 points 300 points 175 points 125 points 45 points
1000 points
COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2015
Bien sûr, l’efficacité technique et la rentabilité économique pèsent beaucoup dans la balance, comptant pour presque les deux tiers des points du concours. Avec son endettement inférieur à 10 %, résultat de l’excellente gestion des actionnaires actuels et précédents, nul doute que la Ferme Jeannicole a marqué des points dans le concours. Ainsi, dans trois à cinq ans, l’entreprise aura une marge de manœuvre à faire rêver toute exploitation agricole : aucune dette ! Déjà, à 41 ans, les frères pensent à accumuler des fonds pour leur retraite, tout en préparant un transfert à bon prix à leurs enfants. Qui dit mieux ? Durant leur visite, les juges s’interrogent sur les choix des entrepreneurs. Pourquoi tel équipement ? Pourquoi ce modèle en particulier ? Comment a-t-il été financé et amorti ? Quel rendement espère-t-on de l’investissement ? Peut-on voir la facture ? De là l’importance de ne pas accumuler de factures dans la « filière 13 » !
Les juges doivent aussi s’assurer que les concurrents maîtrisent bien « l’appareil de production ». Les frères Drapeau, qui ont des terres « fraîches » près du fleuve et d’autres qui se réchauffent plus facilement dans les hautes terres, ont donc été questionnés sur leur plan de culture et sur le choix des cultivars, sachant qu’il existe un gradient de 500 UTM entre les deux endroits, ce qui est peu commun pour une exploitation agricole. Au hasard de la visite des juges, les questions réelles ou hypothétiques fusent. Si la ferme doit faire face à une grave pénurie de fourrages, que fera-t-on sans la mettre en péril ? Les liquidités sont-elles suffisantes ? La marge de crédit est-elle pleine ? Les paiements sont-ils à jour ? Pourquoi ne pas avoir choisi d’adhérer au programme d’assurance récolte pour le foin ? Et si on y a adhéré, quelle est la connaissance des adhérents quant aux risques couverts ? Il faut avoir réponse à tout. Documents à l’appui !
L’EFFET BOEUF
LE MONDE DES DEMI-VÉRITÉS BRUNO LANGLOIS, AGRONOME CONSEILLER SPÉCIALISÉ EN PRODUCTION BOVINE, LA COOP FÉDÉRÉE, BRUNO.LANGLOIS@LACOOP.COOP
DEPUIS LES DERNIÈRES décennies, les changements s’accélèrent. Prenons l’exemple du téléphone. Cent ans après sa commercialisation, en 1877, nous en étions encore au fameux système téléphonique rural où plusieurs abonnés se partageaient une même ligne. En 1985, nous devions encore passer par la téléphoniste pour utiliser nos cartes d’appel. Depuis, la technologie a tellement évolué que la majorité d’entre nous peut maintenant accéder à Internet grâce à cet appareil. L’information étant devenue très accessible, il faut aujourd’hui en gérer la surabondance, la qualité et le propos. Jusqu’à il n’y a pas si longtemps, savoir lire entre les lignes nous permettait d’attribuer une valeur à ce qu’on lisait, voyait ou entendait. Or, avec la multiplication des sources d’information, on constate une dogmatisation plus fréquente : « C’est sur Internet, donc c’est vrai ! » Voici deux exemples tirés d’un numéro récent d’un magazine de production bovine qui illustrent cette tendance.
PHOTOS : PIERRE CADORET
LES PARADIGMES RECYCLÉS Dans le premier article, on cite une expérience datant des années 1600. Après avoir placé un arbre dans un pot rempli de terre et l’avoir arrosé pendant cinq ans, un chercheur concluait que la croissance de l’arbre (74 kg) n’avait nécessité qu’une quantité infime de sol (57 g)… et que c’est l’eau qui s’était transformée en arbre ! Bien entendu, l’auteur en profite aussitôt pour corriger les erreurs d’interprétation de ce chercheur. « Une plante est composée de carbone, d’oxygène, d’hydrogène, d’azote et d’autres éléments minéraux. Moins de 5 % de ses éléments constituants lui viennent du sol. » Rien à redire jusque-là. C’est après que ça se gâte un peu… Son affirmation est : « Si on favorise une vie microbienne active dans les sols, on n’a pas à se soucier des 5 % d’éléments qui y sont prélevés : les bactéries les fourniront ad vitam æternam en recyclant les déjections des animaux et les débris végétaux. On peut ajouter des fertilisants (organiques ou inorganiques), mais à quel prix ? »
C’est à ce point précis qu’on tombe dans le monde de la demi-vérité. En effet, selon le concept « rien ne se perd, rien ne se crée », tous les éléments « recyclables » doivent retourner au sol à leur point d’origine si on veut pouvoir maintenir les mêmes rendements aux mêmes endroits. Faisant donc totalement abstraction du fait qu’une récolte de fourrages de 3000 kg/ha prélève annuellement 120 kg d’éléments fertilisants et que la vente des veaux hors de la ferme constitue une exportation nette de nutriments qui ne retournent pas à leur point d’origine, l’auteur fait ici miroiter une « illusion réaliste ».
LA DATE DE VÊLAGE IDÉALE Dans le même numéro, un autre auteur traite de la période de mise bas. Son propos est que lorsque nous tentons de dominer la nature (de faire autrement), les coûts augmentent et les profits diminuent. Par conséquent, des vêlages en mai et en juin, au moment où le taux naturel de survie des veaux est le plus élevé, constituent la période de vêlage à privilégier. Sans remettre en question la totalité de son propos, on doit admettre qu’il n’expose qu’une partie de la vérité : dans la nature, le taux de survie atteint à peine 80 % dans les bonnes années ! Peu importe la réduction potentielle des coûts, aucun producteur bovin ne peut se permettre de si mauvaises performances sans mettre son entreprise en péril. La nature aurait-elle besoin d’un coup de pouce ? De ces deux exemples, où savoir lire entre les lignes peut aider grandement, on tire une conclusion bien plus évidente : la pensée magique ne s’applique pas en agriculture ! Pour qu’il y ait profits, il faudra toujours que les revenus soient plus élevés que les dépenses. Point à la ligne. Votre travail rigoureux aura toujours de l’importance. Nous sommes là pour vous aider.
COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2015
23
| AFFAIRES AGRICOLES
UNE FILIÈRE
SUR LE CHEMIN DE LA RENTABILITÉ TEXTE ET PHOTOS D’ÉTIENNE GOSSELIN, AGRONOME, M. SC.
SI LES DÉFIS DES PREMIÈRES ANNÉES ONT ÉTÉ SURMONTÉS AVEC BRIO PAR LA FILIÈRE PORCINE COOPÉRATIVE, IL RESTE ENCORE BEAUCOUP À ACCOMPLIR. C’EST LE MESSAGE QUI SE DÉGAGEAIT DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE TENUE LE 27 MARS DERNIER, À SAINT-AGAPIT.
LES GROINS D’ARGENT Les succès des fermes constituées en sociétés et indépendantes ont été soulignés avec la remise de Groins d’argent, une nouveauté. Ont foulé le tapis rouge : n La Ferme du Beauporc (maternité
– producteur indépendant)
n La Ferme St-Eugène (maternité
– ferme constituée en société)
n La Ferme Porcilait (pouponnière) n La Ferme Denichel
(engraissement)
n Les Élevages Gosford
(sevrage-vente)
n La Ferme Roland Morneau
(naisseur-finisseur)
24
COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2015
Même si les conditions n’ont pas été optimales cette année (embargo des exportations canadiennes vers la Russie depuis août 2014, vigilance quant à la diarrhée épidémique porcine, mesures de mitigation pour les producteurs face à la grève récente des employés de l’abattoir d’Olymel de Vallée-Jonction), le président de La Coop fédérée, Denis Richard, était fier d’annoncer le versement d’une ristourne de 2 millions $, la troisième en quatre ans, à raison de 2 $ par porc produit et de 50 ¢ par dose de semence utilisée. « Nous avons insisté pour avoir une filière robuste, rappelle le président. Nous sommes sur la bonne voie pour que l’ensemble de la Filière retrouve la rentabilité. » Sur le plan des exportations, la signature cette année par le Canada d’un traité de libre-échange avec la Corée du Sud – « trois ans après celui entre la Corée et les États-Unis », spécifie François Guité, viceprésident aux ventes de viandes fraîches d’Olymel – devrait permettre de mieux percer ce marché asiatique. Olymel dispose de trois bureaux de vente dans cette région du monde (Japon, Corée du Sud et Australie). L’entreprise tire le tiers de ses revenus de la volaille, les deux autres tiers du porc. De ceux-ci, les deux tiers proviennent de ventes de viande fraîche. De son côté, Réjean Vermette, président de la Filière et producteur de porcs, souhaite que les acteurs de la Filière se rapprochent davantage et que la fluidité des échanges entre La Coop fédérée et Olymel soit améliorée, pour une meilleure contribution de chaque maillon. Il souligne aussi que l’offre aux producteurs indépendants devra être renouvelée dans les prochains mois.
CHIFFRER LES ÉCONOMIES Le directeur général de la Filière, Robert Brunet, s’est attelé à mettre des chiffres sur l’augmentation de la rentabilité du travail en filière. Alors que l’objectif énoncé lors du démarrage de la Filière, en 2011, était une économie de 15 $ par porc produit, Robert Brunet calcule de manière prudente à plus de 17 $ par porc les gains réalisés par les partenaires de la Filière (3 $ par une baisse des coûts de production des aliments, 7 $ par une hausse des performances techniques, 5 $ par un poids de carcasse plus lourd de huit kilos, 2 $ par la réponse aux exigences particulières des acheteurs, comme un persillage supérieur, un gras plus ferme ou la non-utilisation de ractopamine). « Malgré tout, il nous faut poursuivre l’amélioration continue, estime Robert Brunet. Nous sommes condamnés à revoir nos façons de faire. » Le gestionnaire était aussi heureux de souligner que, alors que le nombre de porcs produits au Québec a chuté d’approxi mativement 10 % depuis quatre ans, le nombre de porcs La Coop s’est maintenu à plus d’un million, malgré une diminution du nombre de producteurs membres de la Filière (de 233 à 192).
MATERNITÉS COLLECTIVES ET DEP Par ailleurs, les organisateurs avaient invité trois Français à venir présenter le modèle de maternités collectives que leur coopérative a lancé en 2001. Cette présentation a rendu plus concret le projet de maternités collectives de la Filière au Témiscamingue. Laurent Abiven, Gwenaël Floch et François-Régis Huet, de la coopérative de services Prestor, en Bretagne, ont expliqué la
1 2 3 4
7 1 Des gains concrets, des résultats encourageants : le président de La Coop fédérée, Denis Richard, a vanté la robustesse de l’ensemble de la Filière, qui est en bonne voie de retrouver sa rentabilité. 2 Directeur général de la Filière et haut gestionnaire d’Olymel, Robert Brunet souligne que, alors que le nombre de porcs produits au Québec a chuté d’approximativement 10 % depuis quatre ans, le nombre de porcs La Coop s’est maintenu à plus d’un million. 3 François Guité a brossé un portrait statistique du marché du porc. Le vice-président aux ventes de viandes fraîches d’Olymel se rappellera longtemps le 7 août 2014, quand la Russie a instauré un embargo sur ses importations de porc canadien.
5 6 genèse et le fonctionnement de leurs huit « naissages » collectifs, d’une moyenne de 600 truies chacun. Cette coopérative, la troisième en importance dans l’Hexagone, regroupe 580 adhérents et 400 salariés, et met en marché près de deux millions de porcs charcutiers par année. Les producteurs membres obtiennent un nombre de parts sociales équivalent à leurs achats de porcelets, mais ont tous un seul droit de vote. La coopérative se spécialise dans la commercialisation et dans les services technicoéconomiques. Le technicien Laurent Abiven estime d’ailleurs que les adhérents tirent un avantage de plus de 33 000 $ CA par année, rendu possible par de meilleures performances d’élevage et une réduction des coûts. Le jeune producteur François-Régis Huet, qui devait faire face à une mise aux normes de bien-être animal trop coûteuse pour lui, à des voisins très proches et à une conciliation travail-famille difficile, est venu exprimer sa grande satisfaction
d’avoir démarré en 2013 un nouvel élevage collectif de truies. Sa maternité regroupe trois associés et trois employés. Le producteur n’agit plus que comme gérant de la maternité, en plus de mener son engraissement. Au Québec, le projet des maternités collectives au Témiscamingue devrait se concrétiser en juin prochain, date du début de la construction d’une première maternité de 2390 truies dans la municipalité de Fugèreville. Enfin, le coordonnateur de l’Équipe québécoise de santé porcine, Martin Pelletier, a rappelé l’importance de la transparence pour lutter contre la diarrhée épidémique porcine (DEP). Alors que 50 % du cheptel de truies des États-Unis a été contaminé, seuls 2 % des truies du Canada et 0,2 % des truies du Québec ont été touchées durant la même période, selon l’agronome. « Il faut poursuivre la mobilisation et la collaboration pour éviter que la DEP ne devienne endémique », conclut-il.
4 Coordonnateur de l’Équipe québécoise de santé porcine, Martin Pelletier est au front pour lutter contre la diarrhée épidémique porcine. 5 François-Régis Huet (photo), Gwenaël Floch et Laurent Abiven, de la coopérative française Prestor, ont expliqué leur modèle de maternité collective mis au point en 2001. 6 Réjean Vermette, président élu de la Filière et producteur de porcs, souhaite un rapprochement des partenaires, pour une meilleure fluidité des échanges. Il veut aussi renouveler l’offre de la Filière aux producteurs indépendants. 7 Sur les 192 membres de la Filière porcine coopérative, une cinquantaine ont assisté à l’assemblée générale annuelle.
COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2015
25
| AFFAIRES AGRICOLES
PROFESSION :
DIRECTEUR DES VENTES DE PORC POUR LE JAPON
TEXTE D’ÉLISABETH LAPOINTE, M. ADM. , CONSEILLÈRE EN COMMUNICATIONS, LA COOP FÉDÉRÉE
26
COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2015
important d’aller à la source du produit afin de pouvoir l’analyser et d’être certain de la qualité qui en ressort. Ayant connu la production, je suis en mesure de l’expliquer pour mieux vendre nos produits sur le marché nippon. »
FAIRE LE PONT ENTRE DEUX UNIVERS Le travail de Motoo est de faire le pont entre deux univers culturellement différents. Plusieurs qualités sont essentielles à ce type de travail. Premièrement, il faut non seulement être ouvert aux autres cultures, mais aussi avoir une bonne connaissance des deux cultures qui interagissent. Le directeur des ventes a également la responsabilité d’assurer des relations harmonieuses entre les deux pays. En outre, il lui faut faire preuve de curiosité envers tous les éléments de la production porcine, afin d’être en mesure de bien les expliquer aux acheteurs. Motoo s’intéresse notamment à la façon dont l’animal est traité et à toutes les étapes par lesquelles il passe avant d’être vendu et exporté. Il doit aussi être au fait des parti cularités de la Filière porcine coopérative. Grâce à toutes ces qualités, il réussit à intéresser le plus grand pays importateur de porcs au monde à la consommation des produits de très grande qualité issus de cette filière. En effet, les porcs qui y sont produits respectent tous les critères qu’exige le Japon. Motoo ne cache pas sa satisfaction de travailler pour Olymel, où il sent que ses idées et opinions sont prises en compte et où il peut jouer un rôle important concernant le volume d’affaires de l’entreprise au Japon.
PHOTO : GRACIEUSETÉ DE MOTOO TAIRA
Motoo Taira assure des relations harmonieuses entre le Québec et le Japon.
Motoo Taira, diplômé de l’Université de Tsukuba, au Japon, travaillait comme acheteur pour la maison de commerce nippone Maruha Nichiro quand il a été contacté par Olymel. Par la nature de son emploi, Motoo connaissait bien les différents produits importés dans son pays. C’était là un atout important pour Olymel, alors à la recherche d’une personne ouverte d’esprit pour servir de pont entre le Québec et le Japon. Rappelons qu’à l’heure actuelle, avec 800 000 tonnes par année, le Japon est le plus grand importateur de porc au monde. C’est donc primordial pour une entreprise comme Olymel d’avoir un directeur qui connaît bien la culture japonaise, tout comme les besoins du pays et les critères recherchés. Motoo était le candidat parfait, sauf qu’il n’était pas au fait de la production canadienne. C’est pourquoi il a été envoyé au Québec pour explorer l’industrie, afin d’être bien outillé pour aider Olymel à développer ses produits et à les rendre plus compatibles avec les demandes japonaises. De fil en aiguille, Motoo a fait son chemin dans l’entreprise. Au moment de son embauche, il a signé un contrat de trois ans avec Olymel. Le voilà maintenant au siège social, à Boucherville, depuis plus de 12 ans. Il a commencé comme conseiller au Service des ventes, puis est passé dans le secteur de la production, pour être engagé comme directeur des ventes de porcs au Japon, poste qu’il occupe depuis 2011. « Je suis bien heureux qu’Olymel m’ait donné cette chance de comprendre la production porcine canadienne. Les Japonais posent énormément de questions sur la production, car leur éthique de travail est différente, explique-t-il. Pour les Japonais, c’est très
Le vaccin combiné CVP2 et M. hyo procurant 5 mois d’immunité contre le CVP2 le plus vendu au Canada!(1)
Bubble: Le vaccin combiné contre CVP2 et Mycoplasma le plus vendu au Canada !1
Une solution sur mesure pour votre ferme PRÊT À UTILISER. RIEN À MÉLANGER.
Le vaccin combiné Circumvent® PCV-M G2 contre le circovirus porcin de type 2 (CVP2) et la pneumonie à mycoplasme causée par Mycoplasma hyopneumoniae vous offre plus d’options pour répondre aux besoins particuliers de votre ferme.
• L’option de vacciner avec une seule dose ou deux doses • L’option de vacciner les porcelets dès l’âge de 3 jours* • La plus longue durée d’immunité contre le CVP2 de l’industrie, soit 5 mois * La vaccination à l’âge de 3 jours n’est pas recommandée pour les porcelets qui présentent un niveau élevé d’anticorps maternels.
CA/CRD/0415/0001-F
1
Sur la base des volumes de vente 2014 communiqués par Impact Vet.
Pour plus d’information sur la nouvelle génération de vaccins Circumvent G2, visitez www.circumvent-g2.ca
Intervet Canada Corp., filiale de Merck & Co., Inc., Kenilworth Station, NJ, États-Unis, division exploitée au Canada sous le nom de Merck Santé animale. ® Marque déposée d’Intervet International B.V., utilisée sous licence. © 2015 Intervet Canada Corp., filiale de Merck & Co., Inc. Tous droits réservés.
| AFFAIRES AGRICOLES
LE RÉSEAU LA COOP EN IMAGES SATELLITE
RAPIDITÉ, PASSION, TEXTE DE STÉPHANE PAYETTE, T.P.
L’AGRICULTURE A UN CÔTÉ SPATIAL SPÉCIAL DANS LE RÉSEAU LA COOP. À L’AIDE D’IMAGES PRISES DEPUIS UN SATELLITE ADAPTÉ À L’ANALYSE DE LA VÉGÉTATION ET D’UN TRAITEMENT APPROPRIÉ, LES CONSEILLERS DU RÉSEAU OFFRENT PLUSIEURS SOLUTIONS AUX PRODUCTEURS. ILS PEUVENT NOTAMMENT CERNER LES PRINCIPAUX SECTEURS D’INTERVENTION DANS LES CHAMPS.
– Pascal Alary
L’offre est imposante : images satellite durant la saison de croissance, création de zones de gestion, échantillonnages géo référencés, cartes de rendement, statistiques par champ, applications à taux variables (ATV), en plus de nombreux autres outils en cours d’élaboration. C’est ce qu’on appelle la géomatique : la solution d’affaires La Coop en agriculture de précision.
UNE ÉQUIPE DÉDIÉE Les principaux champs d’action de l’équipe de La Coop fédérée, menée par Alain Brassard, conseiller spécialisé en agriculture de précision, et Hicham Bencharki, conseiller spécialisé en agroenvironnement, sont les images satellite et les produits qui peuvent L’offre de La Coop fédérée en agriculture de précision est assurée par une équipe d’experts-conseils dynamique, compétente et à la fine pointe de la technologie. En voici quelques représentants : Alexandre Couture1, directeur des productions végétales à La Coop Covilac; Christopher Liebrecht2, ingénieur et agronome à La Coop des Bois-Francs; Pierre-Luc Brouillette3, directeur du Service d’agriculture durable à La Coop Profid’Or; Josy Belzil4, experte-conseil en agroenvironnement à La Coop des Appalaches et à La Coop des Bois-Francs; et Stéphane Galarneau5, expert-conseil à La Coop Profid’Or.
28
COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2015
être dérivés à partir de celles-ci. « En matière de fertilisation, nous offrons la possibilité aux producteurs de faire des ATV pour l’azote, la potasse et la chaux, indique Hicham Bencharki. Il y a aussi le semis à taux variable qui est un aspect innovateur. Nous pourrons même bientôt combiner un hybride précis à un taux de semis et ajuster l’azote à ce même hybride. » Pascal Alary, directeur principal des productions végétales à La Coop fédérée, croit que cet outil va littéralement amener l’agriculture vers de nouveaux sommets. « Les producteurs sont friands de technologie, dit-il. Nous pensons sincèrement qu’avec l’imagerie satellite, nous allons les amener à performer encore plus. »
1 2
PHOTOS : LA COOP, EXPOSIMAGE
« Le site Web est le gros succès dans toute l’offre d’agriculture de précision »
PRÉCISION
PHOTOS : STÉPHANE PAYETTE, EXPOSIMAGE, LA COOP
Un autre aspect qui fait du service d’imagerie satellite un incontournable est sa grande flexibilité. Actuellement, deux images satellite sont prises par année. Si, pour une région donnée, le besoin se fait sentir de modifier les dates de prise des clichés, on agira en conséquence. Pour l’instant, deux photos sont suffisantes pour produire des données valables. « Si une production nécessite de prendre plus de photos pour améliorer l’efficacité des champs, il sera aussi possible de le faire », dit Hicham Bencharki. Jusqu’à maintenant, les données touchaient principalement les grandes cultures, mais les pommes de terre et les plantes fourragères pourront également livrer leurs secrets. « Nous travaillons à établir des cartes de rendement dans les cultures de pommes de terre, en collaboration avec Stéphane Perreault, conseiller spécialisé à La Coop fédérée, précise Alain Brassard. En plus, les producteurs ayant quelques années de photos d’un champ de plantes fourragères pourront visualiser le pourcentage de développement végétal en superposant les cartes. » « Le nouveau site Web d’agriculture de précision de La Coop fédérée, lancé en 2014*, augmentera la rapidité de service entre le producteur et son conseiller », dit
3
« Grâce à l’agriculture de précision, nous pourrons bientôt combiner un hybride précis à un taux de semis et ajuster l’azote à ce même hybride » – Hicham Bencharki
Hicham Bencharki. Mais attention, le site ne s’adresse pas qu’aux experts de l’informatique. « Nous avons simplifié l’utilisation du site pour le rendre attrayant et pour que toute personne le visitant puisse y travailler avec plaisir, tant le novice que le crack d’informatique », ajoute Alain Brassard. « Le site Web est le gros succès dans toute l’offre d’agriculture de précision, indique Pascal Alary. Nous croyons qu’il sera l’outil le plus précis dans ce domaine. »
L’ENGAGEMENT DU RÉSEAU Les intervenants du réseau sont optimistes à l’égard de cette technologie qui ne cesse de progresser. À La Coop Covilac, Alexandre Couture, directeur des productions végétales, considère le site Web comme un excellent complément. « Nous avions une stratégie de trois ans d’images satellite pour en venir à une offre d’application à taux variable, dit-il. Nous utilisons l’imagerie satellite pour les échantillons de sol géoréférencés, ce qui nous permet d’offrir l’ATV pour la chaux, l’azote et la potasse. Nous nous sommes équipés d’applicateurs d’engrais à taux variable munis de rampes à air pour être encore plus précis. Notre outil est parfait tant pour les producteurs qui n’ont pas de capteurs de rendement que pour ceux qui en ont. C’est une offre
* Voir l’article « L’agriculture de précision : pour maximiser rendements et profits », dans le numéro de mars du Coopérateur et dans notre site Web : www.lacoop.coop/ cooperateur/articles/2015/03/p44.asp
4 5 COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2015
29
Jusqu’à maintenant, les données touchaient principalement les grandes cultures, mais les pommes de terre et les plantes fourragères pourront également livrer leurs secrets.
complète dont nous disposons avec les images satellite. » Expert-conseil à La Coop Profid’Or, Stéphane Galarneau a cru à la technologie des images satellite dès le début. Il y voit un excellent outil pour optimiser les interventions aux champs. « À la base, dit-il, c’est de connaître les problématiques aux champs : drainage, nivelage, lutte contre les mauvaises herbes, mauvaise levée des cultures, etc. Chez un producteur, nous avons déjà pu déceler, grâce aux images satellite, un problème de vers gris. Dans l’avenir, nous pourrions découvrir le problème avant même d’aller dans le champ. » « Cette nouvelle technologie ne fera que croître, estime Stéphane Galarneau. Tous ceux qui sont déjà assez technos adhèrent rapidement à cette nouvelle façon de faire. Avec le nouveau site Web, l’utilisation des images satellite sera encore plus facile et plus plaisante. » Pour Pierre-Luc Brouillette, directeur du Service de l’agriculture durable à Profid’Or, l’imagerie satellite ouvre la fenêtre de la précision. « En fait, un PAEF, c’est une forme de diagnostic de fertilité de la terre et de ce qu’il faut lui apporter pour que la plante exprime son plein potentiel, résume-t-il. Mais il y a d’autres facteurs qui affectent le rendement. C’est ce que les images
LES RELEVÉS TOPOGRAPHIQUES Des coopératives du réseau, Bois-Francs, Profid’Or, Univert, offrent à leurs membres et clients le service de prise de données topographiques par GPS. Grâce au logiciel OptiSurface (www.optisurface.com), les données recueillies permettent de produire un plan de nivelage. Le producteur, ou forfaitaire, peut alors insérer ce plan dans son système GPS et, à l’aide d’une gratte, ajuster la surface du champ, en fonction des données dictées par le plan, de sorte que les eaux de surface puissent bien s’égoutter et ainsi favoriser une infiltration uniforme dans le sol. « L’avantage du système GPS par rapport au laser, c’est qu’il suit les contours naturels du champ, explique Christopher Liebrecht, ingénieur et agronome, à La Coop des Bois-Francs. Cela évite le décapage du sous-sol et l’utilisation de terre arable pour combler les baisseurs du champ. » À La Coop Profid’Or, c’est Jonathan Beaudry, expert-conseil en géomatique, qui assure le suivi de ce service. Du côté de La Coop Univert, la responsabilité incombe à Carl Thibodeau, agronome et expert-conseil en productions végétales.
30
COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2015
satellite nous permettent de vérifier. Nous déterminons les parties de champ qui donnent un bon rendement comparativement à celles qui nécessitent plus d’investigations pour trouver la cause de leur plus faible productivité. Elles nous permettent de cibler les endroits où chercher ainsi que de déterminer l’ampleur du problème, et ce, pour toutes les parcelles de la ferme. Est-ce un problème de compaction, d’égouttement ? En ciblant certaines zones du même champ, cela nous permet de conseiller de meilleurs correctifs. » Son homologue à La Coop des BoisFrancs, Josy Belzil, travaille avec les images satellite depuis déjà quelques années. Elle aussi croit que la nouvelle plateforme Web améliore le produit et sera un grand plus pour la clientèle. « Avant, nous devions travailler avec Google Earth, et ça exigeait plus de connaissances informatiques, ditelle. Maintenant, c’est plus simple et ça donne passablement plus d’information aux producteurs. Ils connaissent leurs terres, mais avec l’imagerie satellite, ils peuvent maintenant la “voir”. Un suivi aux champs, après avoir ciblé les zones problématiques grâce aux images satellite, peut indiquer un problème de drainage, de mauvaises herbes ou de fertilisation. Même chose au chapitre des experts-conseils. Ils peuvent mieux cibler leurs interventions. Si le problème est un manque de potasse, nous pourrons cibler où il se situe dans le champ et faire les applications à taux variable avec beaucoup plus de précision. » Pierre-Luc Brouillette croit en outre que les producteurs acquerront le goût de cette nouvelle forme de gestion. « Le site Internet de La Coop fédérée permettra la création de nouveaux outils d’application et de semis à taux variable plus productifs. Aussi auront-ils accès beaucoup plus facilement à la comparaison des rendements dans les champs année après année. »
RE VOTRE CULTU Z E N N IO T C E SÉL
MAÏS
CANOLA
S LÉGUMINEUSE RÉCOLTÉES SÈCHES
SOYA
CÉRÉALES
Acapela
®
Fongicide
priétés Meilleures pro breuses • ie d la a m e contre la t à de nom nte et novatric ide convenan p sa is ra u n p o n ti io rp ct so • Prote orie • Ab nt de sa catég ïs et l’oïdium de mouveme rienne du ma o sp o th in lm e conditions la brûlure h sure blanche, is is o m La : s Maladie
VOYEZ LA DIFFÉRENCE, RÉALISEZ LE POTENTIEL. DuPont Acapela est une fongicide haute performance à large spectre qui vous permet de garder le contrôle en offrant une protection fiable et puissante dans de nombreuses conditions. mc
®
Risques multiples? Acapela fonctionne contre beaucoup de maladies importantes, y compris la moisissure blanche (Sclérotiniose)*, la tache brune (Septoria), la cercosporose (Cercospora) et la brûlure helminthosporienne du maïs. Cela permet d’avoir des cultures en meilleure santé et un rendement potentiel plus élevé. ®
Couverture inconsistante? Acapela possède les meilleures propriétés de mouvement de sa classe pour offrir une couverture supérieure. Il passe à travers la feuille, se déplace dans et autour de celle-ci avec une puissante action préventive, résiduelle et post infection. ®
Conditions météorologiques menaçantes? Traitez et comptez sur Acapela® pour une excellente résistance au lessivage si vous en avez besoin.
Le fongicide Acapela de DuPont . Le produit qui convient à vos pratiques agricoles. Des questions? Parlez-en à votre détaillant, composez le 1 800 677- 3925 ou visitez le site acapela.fr.dupont.ca ®
*Répression
mc
Comme avec tout produit de protection des cultures, lire et suivre soigneusement les directives de l’étiquette. L’ovale de DuPont, DuPontmc, Les miracles de la sciencemc, Acapela® et AmiPlan® sont des marques déposées ou de commerce de E. I. du Pont de Nemours and Company. La compagnie E. I. du Pont Canada est un usager licencié. Membre de CropLife Canada. © Droits d’auteur 2015, La compagnie E. I. du Pont Canada. Tous droits réservés. Phaseolus vulgaris. Source de l’image: Howard F. Schwartz, Colorado State University, Bugwood.org.
DuPont Acapela
mc
®
| AFFAIRES AGRICOLES
LES ENGRAIS TRANSPLANTEURS TEXTE DE CHRISTINE BOURBONNAIS, TECHNOLOGUE, CONSEILLÈRE EN PROTECTION DES CULTURES ET ENGRAIS SPÉCIALISÉS
Stress de salinité dans les fraises
32
COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2015
Nous savons tous que les transplants doivent être dorlotés pour augmenter leur résistance aux divers stress inhérents à leur transplantation au champ. Quand les plants sont déplacés d’un environnement protégé vers le champ, un arrêt de croissance tout à fait normal se produit, et se traduit le plus souvent par une perturbation du système racinaire. De plus, les nuits printanières sont habituellement fraîches et le sol est froid. Cette combinaison de facteurs rend la plante moins habile à capter les nutriments du sol, d’autant plus que certains d’entre eux ne sont pas assimilables dans des sols froids (moins de 18 °C). Le phosphore est le nutriment associé au développement racinaire : il devrait donc être privilégié pour la reprise des plants une fois ceux-ci transplantés. Bien utilisés, les divers engrais transplanteurs permettent de favoriser la reprise des plants et d’ainsi atténuer le choc de transplantation. Il est toutefois nécessaire de considérer certains facteurs lorsque vient le temps de choisir le bon transplanteur. On l’a dit : un
apport en phosphore est essentiel aux jeunes plants et aide au développement de leur système racinaire. Et c’est justement le rôle des engrais transplanteurs. Par contre, ceux-ci peuvent causer plus de tort que de bien s’ils ne sont pas utilisés adéquatement. En effet, il n’est pas rare qu’à la suite d’une mauvaise utilisation on puisse observer des racines brûlées : elles deviennent alors brunes et ne possèdent plus de poils absorbants. Il faut comprendre que ce ne sont pas les éléments nutritifs eux-mêmes qui causent les dommages aux racines, mais plutôt la salinité (la quantité de sel dissous dans l’eau) élevée de la solution fertilisante. Certains engrais ont un niveau de sel plus élevé et présentent un risque plus grand pour la culture. Par exemple, il faut éviter d’appliquer un engrais transplanteur si le sol est très sec, car l’eau sera absorbée très rapidement par ce dernier et les sels se retrouveront alors concentrés dans la zone racinaire. Il convient également de mentionner que lorsque les sols se sont réchauffés (plus de 27 °C), les
PHOTOS : PIERRE CADORET, GRACIEUSETÉ DE VAN IPEREN
LE PRINTEMPS FAIT ENFIN SON ENTRÉE, LES SERRES SONT ALLUMÉES, LES TRANSPLANTS POUSSENT ET LES CHAMPS SE RÉCHAUFFENT TRANQUILLEMENT. VIVEMENT LE SOLEIL QUI FAIT VERDIR NOS CULTURES. LA SAISON SE PRÉPARE, ET QUAND LE DÉPART DES PLANTS EN SERRES EST PERFORMANT, L’ESPOIR D’UNE BONNE SAISON NOUS HABITE. AVEC RAISON.
engrais de type transplanteur sont beaucoup moins nécessaires. Les produits les plus fréquemment utilisés sont le 10-52-10 ou encore des transplanteurs liquides, comme le 7-28-4 de Folium3. Le 10-52-10 est un fertilisant soluble bien connu et, surtout, très utilisé. Il faut par contre savoir qu’il possède un fort pouvoir acidifiant et que les doses suggérées varient énormément en fonction de la température du sol, du type de sol et de la culture. Les cucurbitacées, notamment, sont plus sensibles à ce type de fertilisants. Les doses peuvent passer du double au simple pour ainsi éviter les dommages causés aux racines et tirer profit de ces fertilisants. Il est donc plus nécessaire que jamais de discuter avec votre expert-conseil pour connaître la dose appropriée. Le transplanteur 7-28-4 AIB Folium 3 possède quant à lui une salinité faible et adaptée. Il contient également une hormone végétale de croissance, l’AIB (acide indole 3-butyrique). Celle-ci favorise la multiplication et l’élongation des cellules racinaires et elle est utilisée par les serriculteurs pour favoriser l’enracinement de leurs boutures.
La formulation Folium3 facilite grandement l’utilisation du transplanteur, puisque la dissolution n’est pas un facteur limitant dans ce cas-ci. Elle contient aussi des acides organiques qui favorisent l’absorption des éléments du sol. En somme, ce produit est très intéressant à utiliser lors de la transplantation ou peu de temps après, en ferti gation. Même si le transplanteur Folium3 est adapté et conçu pour travailler au niveau des racines, il est important de considérer les facteurs climatiques tels que la température de l’air et du sol et le contenu en eau du sol pour déterminer son utilisation. En conclusion, l’utilisation d’un engrais de démarrage lors de la transplantation des plants permet de contrer les effets de choc subis au moment de leur mise au champ. Mais comme rien n’est parfait, il est essentiel de tenir compte des facteurs environnementaux pour être en mesure de déterminer la dose et la méthode d’application. Il est également important de bien évaluer le fertilisant que vous utiliserez, puisqu’il faut toujours garder en tête qu’un bon départ des plants ou une bonne reprise est souvent gage d’une bonne continuation !
LE POUVOIR DE CROÎTRE
Une bonne utilisation des engrais transplanteurs favorise la reprise des plants et atténue le choc de transplantation. Il est toutefois nécessaire de considérer certains facteurs lorsque vient le temps de choisir le bon transplanteur.
DES ENGRAIS RECHERCHÉS • KNOW MORE. GROW MORE.
7 28 4 0,005% AIB/IBA
10 L (2,64 US Gal) LA COOP FÉDÉRÉE 9001 BOUL. DE L’ACADIE, MONTRÉAL (QUÉBEC) H4N 3H7
106586_PV_Folium_EtiquetteC RESIZE.indd 14
2015-04-17 11:08
Investissez dans la croissance de votre entreprise avec la gamme d’engrais Folium3. Parlez-en à votre expert-conseil.
w w w.f o l iu m3. c o o p 109005 Pub Folium Primeur maraicheres 1p.indd 2
2015-04-23 15:59 COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2015 33
| AFFAIRES AGRICOLES
BIG DATA DÉFIS ET POTENTIEL D’UN GISEMENT D’OR TEXTE DE NICOLAS MESLY
ET QUI DIT INFORMATION DIT POUVOIR! DÉJÀ, DE GRANDS ACTEURS COMME MONSANTO, JOHN DEERE ET DUPONT PIONEER, EN ÉCHANGE DES DONNÉES DES AGRICULTEURS, INVESTISSENT LE CHAMP DES SERVICES-CONSEILS. MAIS QUI EST PROPRIÉTAIRE DES DONNÉES GÉNÉRÉES À LA FERME? LES COOPÉRATIVES SE PRÉPARENT-ELLES AU BIG DATA?
34
COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2015
LES PRÉDICTIONS DE LOWELL CATLETT, GOUROU DU BIG DATA Dans une entrevue exclusive, le doyen du Collège des sciences de l’agriculture, de la consommation et de l’environnement (Université d’État du Nouveau-Mexique) nous explique la révolution du big data. Coopérateur / Comment le big data va-t-il changer la planète agricole ? Lowell Catlett / Un des inventeurs d’Internet a dit qu’il avait été plus facile de créer cet outil que de prévoir son utilisation. Qui aurait pu prédire que cette plateforme, mise au point par la Défense nationale et les laboratoires de sécurité américains pour communiquer entre eux, changerait notre façon d’acheter, de nous informer et même de nous marier ? Internet a révolutionné notre façon de communiquer. C’est la même chose avec le big data dans le domaine agricole. On en est au stade de balbutiements. Cette information va nous catapulter à un niveau sans précédent de gestion de la santé et de la mise en marché des troupeaux et des récoltes.
ILLUSTRATION : INGIMAGES
L’AGRICULTURE DE PRÉCISION EST PRÉCURSEURE D’UNE EXPLOSION DE DONNÉES PRODUITES PAR DES CAPTEURS INSTALLÉS SUR LES TRACTEURS, SEMOIRS, MOISSONNEUSES-BATTEUSES, ROBOTS DE TRAITE, DANS LE SOL OU DANS L’AIR. L’ADDITION DE CES DONNÉES PRODUITES PAR CHAQUE ENTREPRISE AGRICOLE FOURNIT ENSUITE UNE AUTRE MASSE D’INFORMATION. SI L’ON AJOUTE À CELA LES FLUX D’INFORMATION SUR LE CLIMAT, LES STOCKS ET LES PRIX MONDIAUX, ON PEUT ENTREVOIR LE FORMIDABLE POTENTIEL DU BIG DATA (OU « MÉGADONNÉES », COMME ON LES DÉSIGNE DE PLUS EN PLUS SOUVENT).
Quel est le lien entre l’entreprise agricole et le big data ? Bientôt, une sonde miniature pourra être incorporée dans chaque semence de maïs et l’on pourra suivre la croissance d’une plante en temps réel. Des sondes placées à intervalles réguliers dans un champ fournissent déjà des données en continu. Cette information peut donner un aperçu exact de la quantité d’azote ou d’eau disponible pour les récoltes, d’un début d’infestation d’insectes ou de maladie dans une parcelle précise. Le producteur pourra y remédier en envoyant un drone pulvériser un produit foliaire approprié à un endroit précis sans avoir à traiter tout le champ. Chaque ferme va produire une quantité phénoménale de données ! C’est le point de départ du big data. Ces données émises par chaque entreprise agricole auront une valeur pour qui saura les digérer de façon utile pour le producteur ou la société en général.
Le big data va nous fournir l’information nécessaire pour prendre des décisions économiques cruciales et accroître notre productivité à la ferme, tout en améliorant la qualité des cours d’eau et de l’air.
Pour le producteur ? Sans aucun doute. Le big data va lui fournir l’information nécessaire pour prendre des décisions économiques cruciales et accroître sa productivité à la ferme, tout en améliorant la qualité des cours d’eau et de l’air. Le big data a donc aussi des effets bénéfiques pour la société dans son ensemble ? Bien sûr. Les données émises par mon entreprise, par exemple sur la séquestration de carbone et l’émission d’oxygène d’une culture, pourraient être additionnées à celles de mes voisins. Cette information a une valeur potentielle pour améliorer la qualité de l’air dans la région de Montréal ou de Chicago. En Australie, sur la base de cette information, le gouvernement paie les producteurs dont les cultures sont situées dans le périmètre des centrales d’électricité qui carburent au charbon. Idem pour les cours d’eau ? Absolument. Si j’ai installé des sondes dans le sol près des cours d’eau de ma ferme, je connaîtrai la concentration d’azote lessivé. Je saurai si je suis un pollueur ou, au contraire, un bon gardien de l’environnement. Je pourrai corriger ma gestion en gardant l’azote sur ma terre et réaliser des économies tout en augmentant ma productivité. Si on comptabilise l’information de nombreuses fermes et qu’on la transmet à des agences gouvernementales, celles-ci pourraient instaurer des programmes visant à récompenser les bonnes pratiques, par une réduction des impôts fonciers, par exemple. Sujet sensible : à qui appartiennent ces données ? Je crois que les données appartiennent à ceux qui les produisent. Les tribunaux, tant aux États-Unis qu’au Canada, ont statué que, dans le cas de Monsanto par exemple, la loi lui reconnaît la propriété de son brevet et de sa technologie ainsi que de l’information que celle-ci génère. Mais la plupart des gens croient que l’information qu’un producteur recueille sur les rendements agronomiques de sa récolte lui appartient. L’information générée par une entreprise agricole aurait-elle une valeur financière ? Bien sûr ! Si John Deere obtient de l’information sur la performance de mon tracteur ou de ma moissonneuse, cette information peut m’aider à gérer ma machinerie et à prévenir une panne, par exemple. Mais John Deere pourrait souhaiter acheter mon information pour l’agréger et mettre au point une meilleure série de tracteurs ou de moissonneuses. Les vendeurs d’équipements comme les semenciers peuvent récompenser leurs clients pour leur loyauté, un peu comme le font les compagnies aériennes pour les passagers qui COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2015
35
| AFFAIRES AGRICOLES
utilisent régulièrement leurs services. Cela peut se traduire par le remplacement d’une pièce à un coût moindre. Cet échange de services est un domaine tout à fait nouveau et reste à défricher. Ne craignez-vous pas que l’information sur l’état des récoltes en temps réel envoyée par des milliers de moissonneuses-batteuses ne puisse permettre à une entreprise ou à un fonds commun de placement de spéculer sur le marché des denrées de base, et ce, bien avant la publication des rapports du département de l’Agriculture des États-Unis (USDA) ou d’Agriculture Canada ? Vous devez avoir des garde-fous pour prévenir l’utilisation de ces données à des fins spéculatives. Que Monsanto ou John Deere ait accès à cette information, celle-ci ne sera jamais que locale. Il y a plein de moissonneuses vertes, mais aussi des rouges et des bleues. Peut-être qu’une entreprise pourrait influencer un marché local. Mais les positions des grands acteurs dans les Bourses de Chicago ou de Winnipeg sont extrêmement surveillées. Et nos agences de règlementation des marchés détecteraient rapidement un comportement pas catholique. Le big data sonne-t-il la fin des rapports sur le marché des produits de base de l’USDA ou de Statistique Canada ? Oui. Par exemple, tant aux États-Unis qu’au Canada, le prix du bœuf n’est plus déterminé dans des encans publics. Les bêtes ne foulent plus le sol, mais sont vendues par vidéo lors de transactions privées. L’information sur les prix des produits de base provient de plus en plus du secteur privé. Et les organismes des deux pays vont devoir produire des rapports à partir de big data qui devront avoir une plus-value pour les agriculteurs. À savoir ?
La transmission des données de ma ferme à un agrégateur de big data – semencier, coop, fabricant de machinerie ou gouvernement – doit générer une plus-value pour mon entreprise. Ça doit être une situation gagnant-gagnant!
À mon avis, le big data va permettre aux gouvernements fédéral ou provinciaux d’élaborer des programmes utiles à la protection des cours d’eau, de l’air et d’écosystèmes liés à la production d’aliments. Et de payer les producteurs en fonction de leurs services écologiques. Autre inquiétude des producteurs : la sécurité des données – la venue, par exemple, d’un nouveau Edward Snowden… Je ne sais pas comment prévenir le piratage des données. Avant l’apparition des cartes de crédit, personne ne songeait au vol d’identité. Les entreprises qui vont être en mesure de bien protéger vos données et votre identité vont certainement faire un argent fou.
LE GROUPE COOPÉRATIF FRANÇAIS INVIVO SE LANCE DANS LE BIG DATA 36
COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2015
Le big data est au cœur de la stratégie du groupe coopératif agricole InVivo, qui entend doubler son chiffre d’affaires pour le faire passer de 8,5 à 17 milliards $ CA d’ici 2025. InVivo a l’ambition de devenir le champion européen du big data en fusionnant les données de ses 223 coopératives membres (300 000 agriculteurs). Le groupe prévoit investir entre 14 et 42 millions $ CA dans la recherche de programmes et d’applications d’ici trois à cinq ans, rapporte le journal Les Échos.
BÉMOL SUR LE BIG DATA
« Pour le moment, le big data ressemble à une soupe aux pois dans laquelle il est difficile d’isoler l’information utile. »
PHOTOS : NICOLAS MESLY
– Nicolas Tremblay
« Pour le moment, le big data ressemble à une soupe aux pois dans laquelle il est difficile d’isoler l’information utile », avertit Nicolas Tremblay, chercheur scientifique à la station de Saint-Jean-sur-Richelieu d’Agriculture et Agro alimentaire Canada. Le big data est tel que l’on a peine à trouver des unités pour peser cette masse d’information virtuelle. L’énorme défi va justement consister à digérer le big data pour le rendre utile à l’agriculteur, soutient le chercheur, spécialiste en régie et en nutrition des cultures. Selon lui, il est relativement facile de calculer le taux optimal de consommation de carburant d’un tracteur en tenant compte de la vitesse, du poids des engins tractés et du type de sol. Mais il en va autrement quand on veut appliquer la dose optimale d’azote, par exemple, au bon moment et au bon endroit. « On tombe dans un système biologique complexe, dit-il. Ça fait intervenir un processus de minéralisation de l’azote dans le sol, de lessivage, d’évaporation, qui contribue à l’émission de GES, selon la température et l’ensoleillement. » Aussi, les cartes de recommandations d’application d’engrais ne peuvent être fondées sur les seuls rendements d’une ou deux années. Elles doivent inclure les données saisonnières récoltées sur une longue période de temps, car les taux recommandés varieront en fonction d’une saison sèche ou pluvieuse.
Les grandes puissances agricoles, telles que la France et les États-Unis, planchent sur l’agriculture de précision. Celle-ci permet d’appliquer les bonnes doses d’engrais et de pesticides ou d’irriguer les récoltes au bon moment. Grâce à l’observation satellitaire et aux données émises par de minuscules sondes installées sur les moissonneusesbatteuses, tracteurs ou semoirs, l’agriculteur peut maintenant gérer son entreprise en temps réel à partir d’une application installée sur son téléphone intelligent. Si l’on ajoute à cela l’analyse du climat, des stocks et des prix mondiaux, on peut entrevoir le formidable potentiel du big data.
Mais la venue de capteurs lilliputiens, insérés dans chaque semence de maïs ou de soya, ne va-t-elle pas permettre de suivre les besoins en eau ou en engrais de chaque plante ? Et le mariage des données météorologiques avec les données agronomiques en temps réel ne va-t-il pas permettre à la magie d’opérer ? « Théoriquement, oui. Mais en pratique, je prédis que ce n’est pas demain la veille que l’on va atteindre un tel degré de précision des recommandations », soutient Nicolas Tremblay. D’après le chercheur, les producteurs ne doivent pas se laisser éblouir par les gadgets technos mis sur le marché avec l’arrivée de l’agriculture de précision. « Il ne s’agit pas de déterminer quel est le meilleur capteur de chlorophylle, mais de mettre le doigt sur le vrai problème. » Le risque, croit-il, est de se tromper de recommandation, par exemple d’appliquer une double dose d’azote dans une partie d’un champ, alors que c’est une autre qui devrait en bénéficier. Élu en juillet 2014 à la présidence de l’International Society of Precision Agriculture (ISPA), Nicolas Tremblay croit que la science va permettre de jeter un regard critique sur la technologie et ses promesses. L’ISPA réunit des scientifiques de 34 pays et vise à établir un protocole d’évaluation scientifique dans plusieurs domaines de l’agriculture de précision. « Il n’y a pas dix façons de faire des échantillonnages de sol pour fabriquer des cartes de recommandations d’applications d’engrais, il y en a une ou deux. Le reste, c’est de la frime ! » soutient l’expert. Véritable carrefour de connaissances, l’ISPA entend servir de baromètre aux praticiens pour qu’ils émettent des recommandations fondées sur la science. Les experts du MAPAQ, du CRAAQ et du secteur privé ainsi que les agriculteurs vont pouvoir s’y abreuver, conclut-il. COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2015
37
| AFFAIRES AGRICOLES
UNE COOPÉRATIVE TEXANE, L’INSTRUMENT CHOISI POUR GÉRER LE BIG DATA
Pour en savoir plus :
www.gisc.coop
38
COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2015
« L’industrie des données est en pleine croissance, et nous croyons que les producteurs doivent posséder et contrôler les leurs, car elles ont une valeur, particulièrement dans le secteur agricole », explique au téléphone, Dewey Hukill, président du conseil d’administration de la Grower Information Services Cooperative (GiSC). Cet ancien éleveur de moutons à la semi-retraite cultive encore du coton, du blé et du maïs. Créée en 2012, la GiSC a comme objectif de servir de comptoir unique pour collecter, entreposer, communiquer et monnayer les données des producteurs. « L’époque du petit calepin où l’on prenait des notes est révolue. Bien que la moyenne d’âge des producteurs américains soit de 54 ans, ils se promènent avec des téléphones intelligents ou un iPad pour gérer leurs fermes ou leurs ranchs », poursuit Hukill, ancien président de l’aile texane de la puissante American Farm Bureau Federation. Celle-ci milite, jusqu’au Capitole de Washington, pour que les données soient la propriété des agriculteurs, céréaliculteurs et éleveurs américains, et qu’ils en tirent profit. La GiSC a mis au point et breveté récemment une nouvelle plateforme pour gérer les données de ses membres, l’AgProX.
Cette plateforme permettra d’entreposer les données dans un nuage privé, sorte de coffre-fort virtuel où « seul le producteur est autorisé à donner un droit d’accès à ses données à une tierce partie, par exemple son agent d’assurance récolte ou un vendeur », précise Billy Tiller, directeur du développement de la GiSC et lui-même producteur de coton. La plateforme sera fonctionnelle au milieu de l’été 2015. Est-ce que la GiSC pourrait être à l’abri d’un hacker comme Edward Snowden ? Parmi les craintes soulevées par l’American Farm Bureau Federation, il y a le piratage de données par des groupes écologistes antipathiques aux agriculteurs. Ou encore le risque de perdre le contrôle de l’entreprise à cause de vol, par des concurrents, de données sur les coûts de production de ma ferme, des fermes de mes voisins ou de celles de la région, ce qui conférerait aux voleurs un avantage concurrentiel. « La sécurité des données de nos membres est notre priorité », dit Billy Tiller. Selon Dewey Hukill, les producteurs membres vont retirer de nombreux bénéfices de la plateforme AgProX en tant que guichet unique pour traiter avec les entreprises agro-industrielles ou autres. « On espère aussi qu’avec la coopérative on va pouvoir générer nos propres analyses de données, par exemple sur les coûts de production ou le prix du bétail, pour être sur le même pied que les grands acteurs », dit-il. La GiSC compte pour le moment 1000 membres dans 31 États américains, dont la taille des entreprises varie de 2000 à 40 000 hectares. Il y a un intérêt du côté canadien », poursuit Billy Tiller. L’objectif de la GiSC est de compter 20 000 membres d’ici un an et, à moyen terme, de former la coopérative de gestion du big data en Amérique du Nord.
PHOTOS : NICOLAS MESLY
MONSANTO, JOHN DEERE ET COMPAGNIE VEULENT VOTRE BIEN Grâce au big data, les géants des affaires agricoles investissent le champ des services-conseils. Monsanto la première, sans surprise. En achetant l’équipementier d’agriculture de précision Precision Planting, en 2012, puis Climate Corporation, une entreprise spécialisée dans la collecte et l’analyse de données climatiques, en 2013, cette dernière pour un coût de près de 1 milliard $ US, le Goliath américain voit loin. En utilisant les données fournies par les producteurs concernant leurs terres, leurs cultures et leur machinerie, et en les combinant avec de l’information de haut niveau sur la température et le climat, Monsanto pourra émettre des recommandations de semis ou d’application d’azote ou de fongicides en temps réel et d’une précision inégalée. « En 2014, notre priorité est d’établir une base de données pour valider notre plateforme technologique », a expliqué en août dernier aux actionnaires de Monsanto David Friedberg, chef de la direction de Climate Corporation. Quelque 12 millions d’hectares (30 millions d’acres) ont été inscrits dans l’offre de service du programme Climate Basic. Mais la société vise une superficie de 20 millions d’hectares en 2015, ce qui représente près du tiers de la superficie ensemencée en maïs et en soya aux États-Unis. Grâce au mariage de l’informatique, de la biologie et de l’information, Monsanto entrevoit un marché potentiel de 20 milliards $ US. Les sociétés états-uniennes John Deere et DuPont Pioneer de même que la canadienne Viterra (formée des trois anciens pools de l’Ouest canadien et acquise par la suisse Glencore pour un coût de 6,1 milliards $ en 2013) misent aussi sur le big data. Pionnier dans le domaine au pays, Financement agricole Canada (FAC) a créé
le logiciel Gestionnaire de champs commercial à la demande de la société McCain. « Elle voulait faire des analyses fines des rendements de ses 500 producteurs de pommes de terre, selon les variétés plantées dans telle ou telle région, et avoir un outil de traçabilité depuis la ferme jusqu’à son principal client, McDonald’s », explique Matthew Van Dijk, spécialiste des produits commerciaux pour les logiciels de gestion chez FAC. Le big data risque de révolutionner non seulement le métier d’agriculteur, mais aussi celui d’agronome, de même que les services-conseils et leurs sources.
Les cartes de rendement permettent aux producteurs d’affiner leur gestion des champs en choisissant des cultivars en fonction du potentiel de la terre et en appliquant des intrants à taux variable. Très bientôt, ils pourront gérer toute leur entreprise à partir d’une tablette ou d’un téléphone intelligent.
COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2015
39
LA COOP FÉDÉRÉE AMORCE UN VIRAGE NUMÉRIQUE
Sébastien Léveillé, vice-président agricole, lors de la demi-journée de réflexion organisée par La Coop fédérée, et dont le thème était : « Le numérique : Et si demain commençait maintenant? »
40
COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2015
« L’époque où on allait voir le producteur pour l’informer est terminée. On doit aujourd’hui traiter l’information pour lui offrir une valeur ajoutée afin d’aider le producteur à être plus concurrentiel », explique Sébastien Léveillé, vice-président agricole, lors de la demi-journée de réflexion dont le thème était « Le numérique : Et si demain commençait maintenant ? » L’évènement était organisé dans le cadre de l’assemblée générale annuelle de La Coop fédérée tenue le 25 février dernier. Les sources phénoménales d’information générée par l’industrie, les coopératives et les fermes vont redéfinir le réseau La Coop de demain. Et les entreprises qui ne prendront pas le virage numérique sont condamnées, explique Louis Duchesne, vice-président et directeur général du bureau de Québec de Cossette, un des quatre conférenciers venus informer les 400 participants lors de cette réflexion. Kodak, qui a tourné le dos à l’arrivée de la photo numérique, ou encore Blockbuster – et ses 8000 magasins (500 millions $ de chiffre d’affaires) –, qui n’a pas vu venir la location de films en ligne, ont disparu du paysage commercial en trois ans. Par contre, La Presse+, diffusée sur tablette numérique après 40 millions $ d’investissement en 2013, a remporté son audacieux pari, pour devenir un leader de l’information.
Même si 76 % des producteurs agricoles canadiens possèdent des téléphones intelligents, et presque autant des tablettes électroniques, « en mise en marché, les producteurs africains sont bien plus avancés que vous », lance Estelle Métayer, une autre conférencière. Ces derniers vendent leurs grains et achètent leurs fertilisants et autres intrants grâce à leur téléphone cellulaire. Selon l’experte, la technologie numérique encourage la mise au point par les entreprises d’une quantité d’applications de gestion à la ferme. Dans la production porcine, par exemple, l’insertion d’une puce dans un porcelet permet de savoir si l’animal fait de la fièvre et ainsi de juguler l’éclosion d’une maladie dans le troupeau. Le jour n’est pas loin, prédit-elle, où un producteur pourrait recourir à des colonies de drones-abeilles pour fertiliser ses cultures. « Avant d’en être rendus là, il faudra peutêtre se questionner sur notre façon de produire », souffle un producteur dans la salle. L’analyse de big data permet aux entreprises de cibler les besoins des clients et même de deviner ces besoins. « La chaîne Target a pu cibler sa clientèle de femmes enceintes avant qu’elles ne le deviennent ! » poursuit Estelle Métayer. L’entreprise a analysé les achats de ses clientes par trimestre; elle a ainsi pu noter, par exemple, la substitution d’un achat de parfum par celui de crèmes inodores ou l’achat de vêtements en coton, des produits jugés meilleurs pour la santé des poupons. Sur la base de cette information, Target a envoyé des publicités de poussettes à ces clientes. Le hic, c’est qu’elle en a envoyé également à une jeune
PHOTOS : LA COOP FÉFDÉRÉE, ISTOCK PHOTO
| AFFAIRES AGRICOLES
QUANTITÉ DE DONNÉES
fille de 17 ans dont les parents ne savaient pas qu’elle était enceinte. Aussi l’utilisation de big data va-t-elle soulever des questions d’éthique, selon la conférencière. D’après Sébastien Léveillé, le big data va permettre à La Coop fédérée et à son réseau d’exprimer l’avantage coopératif à son plein potentiel, notamment auprès de la relève. Des services-conseils adaptés et la création d’outils numériques sont au cœur de la stratégie de l’entreprise pour desservir des fermes de plus en plus grosses et aux propriétaires branchés, une tendance lourde. C’est dans cette optique que le vice-président agricole envisage de faire une visite aux cousins français d’InVivo en mai prochain.
LA PLANÈTE « BRANCHÉE » CONNAÎT UNE EXPLOSION DE DONNÉES NUMÉRIQUES
2003
2012
2015
COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2015
41
| AFFAIRES AGRICOLES
LA PROTECTION DES POLLINISATEURS
C’EST L’AFFAIRE DE TOUS ! TEXTE DE NICOLAS TREMBLAY, AGRONOME
DEPUIS QUELQUES DÉCENNIES, ON OBSERVE UN AFFAIBLISSEMENT ET UN EFFONDREMENT DE L’ENSEMBLE DES POPULATIONS DE POLLINISATEURS. VOICI DES ÉLÉMENTS DE GESTION À METTRE EN PRATIQUE POUR RÉDUIRE AU MINIMUM LES IMPACTS NÉGATIFS DE CERTAINES PRATIQUES AGRICOLES. S’INFORMER ET COMMUNIQUER Dans un premier temps, il est important de savoir si des colonies d’abeilles sont présentes aux alentours de vos champs, soit à moins de trois kilomètres où vous prévoyez pulvériser des insecticides. Si c’est le cas, prenez le temps, avant les applications, de communiquer avec les apiculteurs possédant des ruches à proximité. Ils jugeront si le risque est important pour leurs colonies et pourront les déplacer, si cela est possible pour eux. Il est aussi recommandé de procéder à vos applications le soir ou très tôt le matin, car il s’agit de périodes moins intenses pour le butinage.
Il existe aussi des insecticides à toxicité faible ou légère pour les abeilles et les autres pollinisateurs. Pour choisir un produit moins nocif, consultez SAgE pesticides* (www.sagepesticides.qc.ca). Les solutions de rechange au traitement chimique devraient également être envisagées. Pour limiter les risques de dérive des produits de protection, utilisez des buses antidérives et évitez de faire les applications lors de forts vents (≥ 16 km/h) ou en absence de vent. En effet, une vitesse de vent inférieure à 2 km/h peut favoriser la dérive des produits sous forme de vapeur. Les gouttelettes en suspension dans l’air s’évaporent et sont entraînées au loin, longtemps après la pulvérisation.
PRATIQUER LA LUTTE INTÉGRÉE
42
COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2015
CONSCIENTISER LES EMPLOYÉS Si vos employés ou des travailleurs à forfait effectuent les applications d’insecticides chez vous, conscientisez-les aux risques d’intoxication des pollinisateurs. De plus, informez-les de la présence de ruches dans les champs. * SAgE pesticides est un outil d’information sur les risques pour la santé et l’environnement ainsi que sur les usages agricoles pour une gestion rationnelle et sécuritaire des pesticides au Québec (CRAAQ).
PHOTOS : INGIMAGE
Il existe, pour de nombreuses cultures, des seuils d’intervention en cas de présence d’insectes ravageurs. En dépistant vos champs et en vous fiant à ces seuils, vous pourrez appliquer des pesticides uniquement lorsqu’ils sont requis. Lisez toujours bien les étiquettes, car certaines consignes des fabricants de produits de protection des cultures visent à protéger les pollinisateurs.
Pour réduire la quantité de poussières mises en suspension dans l’air, il est recommandé d’installer des déflecteurs sur votre semoir pneumatique. Et lorsque vous ou vos employés manipulez des sacs de semences, prenez soin de ne pas libérer de poussières résiduelles dans l’environnement.
UN HABITAT PLUS PROPICE AUX POLLINISATEURS En laissant des bandes riveraines naturelles, en permettant aux plantes sauvages de fleurir dans les zones incultes ou en implantant dans certains endroits des
plantes attrayantes pour les pollinisateurs, vous créerez un habitat qui leur sera plus propice. Ces façons de faire faciliteront le travail des pollinisateurs, qui sont à l’origine, rappelons-le, de plus de 40 % des aliments qui se retrouvent dans nos assiettes. La protection des pollinisateurs, c’est la responsabilité des apiculteurs, mais aussi de tous les producteurs agricoles. Ensemble, on peut améliorer les choses.
L’auteur Nicolas Tremblay, agronome Conseiller apicole provincial Centre de recherche en sciences animales de Deschambault conseilsapi@crsad.qc.ca
COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2015
43
INVESTIR ET TRANSFÉRER QUELLE TRAJECTOIRE D’ICI 2025 ? TEXTE DE BERTRAND MONTEL, PH. D., RECHERCHE ET CONSEIL, CERESSYS
Jusqu’ici, le développement de l’agriculture québécoise a été essentiellement financé par des prêts hypothécaires, mais cela peut-il continuer ? À partir d’un modèle global, nous avons construit divers scénarios de trajectoire pour l’agriculture québé coise, qui reposent sur des projections de production, de revenus et d’investissement. Dans tous les scénarios analysés, le recours à des prêts permettrait de financer le développement de l’agriculture du Québec pour la période 2015-2025, mais cela se ferait au détriment de sa rentabilité et conduirait à une saturation progressive de sa capacité d’endettement (figure 1).
COMMENT L’AGRICULTURE EN ARRIVERAIT-ELLE LÀ ? Pour commencer, nous avons projeté la production agricole en volume en intégrant des hypothèses, construites à partir d’analyses historiques et d’éléments prospectifs, sur les gains de productivité et sur la demande en produits agricoles québécois à l’horizon 2025. Le scénario de base ainsi défini montre une croissance annuelle de la production agricole de 0,93 à 1,05 % de 2004 à 2013 (figure 2). En utilisant des projections à long terme des prix agricoles, ainsi que des modèles historiques pour le calcul de l’efficacité des activités agricoles et pour le calcul du niveau de soutien public, nous avons estimé la capacité de remboursement globale de l’agriculture québécoise. Cette capacité augmenterait à un rythme moyen annuel de 1,7 % (figure 2), essentiellement
44
COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2015
grâce à l’amélioration de l’efficacité des activités. L’évolution de cette efficacité pourrait aussi jouer un rôle important dans l’évolution du niveau global de soutien public si les programmes restaient similaires à ceux mis en place jusqu’ici. Estimés, là encore, à partir d’analyses historiques et d’éléments prospectifs, les investissements sous-jacents à cette augmentation de la production et à la modernisation de l’agriculture québécoise (y compris ceux pour le transfert des entreprises agricoles) pourraient totaliser près de 20 milliards $ de 2015 à 2025, soit près de 1,75 milliard $ annuellement (figure 3). Cette hausse proviendrait avant tout des investissements pour la restructuration de la production porcine (consolidation des maternités et modernisation des engraissements) et pour la modernisation des fermes laitières (automatisation de la traite, conversion des stabulations entravées). En outre, la valeur des investis sements de transfert suivrait la hausse de la valeur nette des fermes, pour atteindre 2,3 milliards $ pour la période 2015-2025. Dans l’hypothèse où elle demeurerait la principale source de capitaux, la dette augmenterait de 24 % pour atteindre plus de 16 milliards $ en 2025 (figure 2). La poursuite de cette dynamique d’endettement viendrait affaiblir la capacité d’investissement de l’agriculture québécoise à un horizon plus lointain, en particulier si la dynamique démographique actuelle était rompue et que de nombreuses petites fermes1 cessaient leurs activités agricoles
PHOTO : INGIMAGE
DE NOMBREUSES ENTREPRISES AGRICOLES QUÉBÉCOISES VIENNENT D’ENTRER OU ENTRERONT PROCHAINEMENT DANS LEUR PROCHAIN CYCLE DE DÉVELOPPEMENT. CERTAINES TRANSFÉRERONT LEURS ACTIFS POUR ASSURER LEUR CONTINUITÉ. D’AUTRES PRÉFÉRERONT UN DÉMANTÈLEMENT QUI CONDUIRA À LEUR DISPARITION. TOUTES DEVRONT INVESTIR POUR AMÉLIORER LEUR COMPÉTITIVITÉ ET RÉPONDRE AUX EXIGENCES DE LEUR ENVIRONNEMENT ÉCONOMIQUE, SOCIAL ET ÉCOLOGIQUE.
AFFAIRES ÉCONOMIQUES |
EN AGRICULTURE : FIGURE 1. RENTABILITÉ ET CAPACITÉ D’ENDETTEMENT DE L’AGRICULTURE QUÉBÉCOISE Rentabilité = Revunu net agricole comptant / Revenus bruts totaux Capacité d’endettement = Dette courante / Dette maximale théorique 30 %
1
Moins de 100 000 $ de chiffre d’affaires.
80 %
Saturation de la capacité d’endettement Marge nette Projection – Saturation de la capacité d’endettement Projection – Marge nette
70 % 60 %
25 %
50 % 40 % 30 %
20 %
20 % 10 % 2025
2023
2021
2019
2017
2015
2013
2011
2009
2007
2005
2003
2001
1999
1997
1995
15 %
0%
FIGURE 2. TRAJECTOIRE DE L’AGRICULTURE QUÉBÉCOISE Indice 100 = 2013 140 Production agricole (volume) Projection – Production agricole (volume) Dette agricole Capacité de remboursement Projection – Dette agricole Projection – Capacité de remboursement
120 100 80 60 40 20
2025
2023
2021
2019
2017
2015
2013
2011
2009
2007
2005
2003
2001
1999
1997
1995
0
FIGURE 3. P ROJECTION DE L’INVESTISSEMENT POUR LE DÉVELOPPEMENT DE L’AGRICULTURE QUÉBÉCOISE À L’HORIZON 2025 (MILLIONS DE DOLLARS) 2000 1800 1600
TRANSFERT Valeur des transferts EXPLOITATION AGRICOLE Bâtiments (rénovation, construction) Machinerie (renouvellement, agrandissement)
1400 1200
PORC Modernisation engraissement Restructureation naissage LAIT Conversion stabulation libre Robotisation
1000 800 600
PROPRIÉTÉ AGRICOLE Achat de quota Achat de terres
400 200 2025
2024
2023
2022
2021
2020
2019
2018
2017
2016
2015
2009 2013
0 2004 2008
et cherchaient à vendre leurs actifs sur une brève période. Dans ce dernier cas, il serait nécessaire de trouver d’autres sources de capitaux. Après avoir analysé ces sources — des marchés boursiers au capital investis sement en passant par le capital-risque et le financement participatif —, il ressort que seul le capital investissement spécialisé dans l’acquisition de terres agricoles (du type Pangea ou Partenaires agricoles) pourrait vraiment changer la donne. En effet, le recours aux autres sources est limité par les règlementations, la taille des fonds disponibles et les stratégies d’investis sement dominantes. Cependant, pour avoir un impact notable sur la réduction de l’endettement des fermes, il faudrait que ces investissements représentent plusieurs milliards de dollars d’ici 2025. Terminons en revenant sur l’impact d’un choc sur le marché foncier (augmentation progressive de 1 à 3 % de la part de la surface agricole achetée annuellement par les agriculteurs, en raison d’un choc démographique). Les investissements pourraient alors totaliser 23 milliards $ sur la période 2015-2025 et la saturation de la capacité d’endettement atteindrait près de 80 %. Un tel choc pourrait provenir, comme nous l’avons déjà mentionné, de nombreuses cessations d’activité simultanées parmi les petites fermes, dont le nombre est resté relativement stable au cours des dernières années. Si leur contribution économique est faible, ces fermes détiennent près du quart du capital agricole, notamment foncier. Or, nous les connaissons mal, notamment en ce qui concerne leurs différents modèles économiques, leur dépendance aux revenus non agricoles et à l’économie des territoires ruraux, leurs projets de vie sous-jacents, ainsi que leurs plans de cessation d’activité. Mieux les connaître devient de plus en plus pressant.
Source : B ertrand Montel, d’après Statistique Canada bertrand.montel@ceressys.com
COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2015
45
| AFFAIRES ÉCONOMIQUES
DES FOURRAGES PAYANTS TEXTE DE PASCAL LABRANCHE, AGRONOME, COORDONNATEUR AGROÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT NUMÉRIQUE AGRICOLE, LA COOP FÉDÉRÉE
AVEC LA MÉTÉO PAS TOUJOURS CLÉMENTE, LE PRIX DES TERRES, LE COÛT DE LA MAIN-D’ŒUVRE, LE PRIX DES INTRANTS QUI MONTE, LES FRAIS DE MACHINERIE PAS TOUJOURS ÉVIDENTS À AMORTIR… PAR OÙ FAUT-IL COMMENCER POUR PRODUIRE DES FOURRAGES PAYANTS ? Y A-T-IL DES ÉLÉMENTS À OPTIMISER ? COMMENT TRANSFORMER UN POSTE DE DÉPENSES EN REVENUS ?
CONNAÎTRE SON COÛT DE PRODUCTION Pour tout entrepreneur, la base de la gestion est de connaître son coût de production, après quoi on peut prendre des décisions afin de maximiser les profits de l’entreprise. Mais le calcul des coûts de production des fourrages est l’une des choses les plus compliquées à décortiquer dans le total des coûts de l’entreprise, ce qui mène souvent à utiliser une valeur de 200 $/tm de matière sèche. Cependant, dans la vraie vie, il y a énormément de variabilité entre les coûts de production d’une ferme à l’autre, et une valeur moyenne ne veut pas dire grand-chose. Afin de faciliter le calcul du coût de production des fourrages, le réseau La Coop a mis à la disposition des producteurs un outil : Agriscan. Ainsi, vous aurez un portrait plus juste pour prendre des décisions éclairées. Quand on fait la démarche rigoureusement, qu’est-ce que ça donne ? Malheureusement, pour l’année 2014, les coûts de production des fourrages ont varié entre 240 et 260 $/tm de matière sèche. Très peu de producteurs ont atteint la cible de 200 $/tm. De plus, il faut garder en tête qu’une grande partie des dépenses dans la production des fourrages sont des coûts fixes (fonds de terre et machinerie) difficiles à changer à court terme. Alors, que faire ?
46
COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2015
DE PETITS DÉTAILS PAYANTS À NE PAS OUBLIER En analysant les données de producteurs, on se rend compte que l’adage « le diable est dans les détails » est toujours vrai. Le premier élément à considérer est la fertilisation, pour maximiser le rendement au champ. Les coûts de fertilisation varient grandement d’un producteur à l’autre, mais ceux qui réussissent le mieux à abaisser leur coût de production à la tonne ont compris qu’en augmentant le rendement à l’hectare, on amortit les frais fixes sur de plus grandes quantités. Par conséquent, la baisse du coût de production de chaque tonne est beaucoup plus importante que l’augmentation des frais de fertilisation. Vous faites trop de tonnes ? Pourquoi ne pas récupérer les superficies et produire autre chose ? Le deuxième élément, souvent sousestimé, est la conservation des fourrages. Ce n’est pas la quantité et la qualité récoltées qui sont importantes, mais la quantité et la qualité consommées par les animaux. Ce qui peut causer des pertes importantes. Il n’est pas rare de voir des problèmes de conservation de fourrages gâcher le travail fait au champ. Et l’effet est d’autant plus insidieux si ça ne fait que diminuer légèrement la consommation des vaches. Alors, les petits
détails de gestion des silos-couloirs (bunkers) et silos deviennent d’autant plus importants financièrement. Vous avez besoin d’aide ? Les conservateurs d’ensilage vous donneront un bon coup de pouce, qui peut changer la donne. Posez-vous la question suivante : quelle diminution de consommation volontaire de matière sèche ou quelle perte de fourrages faut-il pour justifier un conservateur ? Vous pourriez être surpris de la réponse. Et c’est encore plus vrai si le coût de production de vos fourrages est élevé. Troisièmement, comme une grande part du coût de production des fourrages est constituée de frais fixes (fonds de terre et machinerie), il est intéressant d’amortir ces frais sur le plus grand nombre de tonnes possible. Donc, tous les points qui augmenteront le rendement, comme le choix des semences et la rotation, contribueront à baisser votre coût de production global. Alors pourquoi les négliger ? Le réseau La Coop s’est doté d’un outil (logiciel économique) qui permet de réaliser des simulations d’amélioration de rentabilité. Vous êtes ainsi en mesure de mieux voir l’impact économique des différents changements apportés.
utilisant un coût trop bas pour les fourrages, on biaise systématiquement l’optimisation des rations. L’ordinateur formulera à moindre coût pour vous aider financièrement, mais il ne calculera jamais mieux que ce que les données lui permettront de faire. N’hésitez pas à consulter votre expertconseil. Il vous aidera, avec Agriscan, à calculer et à diminuer le coût de production de vos fourrages, à en maximiser l’entreposage et à optimiser leur utilisation dans vos rations.
PHOTO : ÉTIENNE GOSSELIN
ET POUR LES VACHES, BŒUFS, MOUTONS… Pour convertir ces dépenses en revenus, il faut miser sur la qualité des fourrages afin de réduire les coûts de la ration. Oui, faire de bons fourrages peut vous coûter plus cher, mais les gains sont aussi plus appréciables. À titre d’exemple, faire du foin à 16 % de protéine au lieu de 14 % correspond environ à l’équivalent de 45 $/tm en apport de protéine dans la ration. Si on ajoute l’effet sur la consommation volontaire de matière sèche et l’énergie nette tirée du fourrage, et que l’on convertit le tout en revenus, l’apport est encore plus appréciable. Enfin, l’autre point à ne pas négliger consiste à entrer, dans le logiciel d’alimentation SynchroRation, le coût réel du fourrage. Au lieu d’utiliser systématiquement 200 $/tm de matière sèche pour les fourrages et 160 $/tm de matière sèche pour les ensilages de maïs, pourquoi ne pas utiliser la vraie valeur ? En COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2015
47
WEB
Dans un premier temps, il est primordial d’établir les fondements de votre organisation en définissant votre mission, votre vision et vos valeurs, et en dressant un diagnostic. Un diagnostic est un portrait clair et concerté des forces, faiblesses, possibilités, menaces et grands enjeux de votre entreprise. Vos fondements sont aussi importants que les fondations de votre propre maison. Une fois bien définis, ils donneront un sens et une cohérence vous permettant d’élaborer vos stratégies à long terme et de mettre en place un plan d’action pour atteindre chacun des objectifs liés à vos stratégies.
TECHNOLOGIE
DES CULTIVATEURS BRICOLEURS FABRIQUENT EUX-MÊMES LEURS MACHINES AGRICOLES GRÂCE AU MATÉRIEL LIBRE Le matériel libre (open hardware, en anglais), qui permet aux passionnés de technologie de construire eux-mêmes leurs robots, leurs téléphones intelligents ou leurs voitures, intéresse un nouveau public : les agriculteurs. Grâce à des plans accessibles librement sur Internet, ils peuvent construire des machines agricoles avec du matériel facile à trouver dans le commerce ou à fabriquer avec une imprimante 3D. Ce mouvement, lancé par des informaticiens qui ont mis au point des logiciels libres de droit, s’est progressivement développé dans le secteur agricole américain : la coopérative Open Tech Forever crée par exemple des plans à source ouverte (open source) d’appareils agricoles et les diffuse sur Internet. En France, l’Atelier Paysan fait de même. Sous licence Creative Commons, ces modes d’emploi qui ressemblent à s’y méprendre à des notices Ikea ne sont soumis à aucun brevet. Ils peuvent même être modifiés librement par leurs utilisateurs. (L’Usine digitale)
REVENU AGRICOLE NET AU QUÉBEC
ÉCONOMIE
Sources : Statistique Canada, AAC
48
COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2015
2014
2015p
2013
2012
2011
2010
2009
2008
2007
2006
2005
$ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $$ $ $ 2004
Le revenu net de l’ensemble des fermes du Québec se maintient à des sommets depuis quatre ans, avec plus d’un milliard de dollars par année. Les récentes perspectives d’Agriculture et Agroalimentaire Canada prévoient toutefois un recul du revenu net en 2015, soit un déclin de 18 %, ou un peu moins de 900 M $. Ce résultat resterait toutefois parmi les plus élevés des 15 dernières années. La baisse du revenu s’explique essentiellement par une baisse prévue du prix des grandes cultures et du porc, alors que les dépenses d’entreprises devraient rester stables.
Milliers de $ 1 400 000 1 300 000 1 200 000 1 100 000 1 000 000 900 000 800 000 700 000 600 000 500 000 400 000
2000
REVENU NET 2015 : SOUS LA BARRE DU MILLIARD
2003
Quoi faire ? Ne jamais réagir rapidement, même si on vous y incite. Vérifiez l’adresse d’origine. Est-ce exactement celle avec laquelle on entre généralement en contact avec vous ? On vous demande de cliquer sur un hyperlien ? Pointez votre souris sur cet hyperlien (sans cliquer dessus), et il s’affichera en bas à gauche. Est-ce bien l’adresse que vous connaissez pour cette organisation ? Sachez que lors de situations comme celles décrites plus haut, les institutions financières ne communiquent jamais avec leurs clients par courriel, mais par téléphone. En tout temps, mieux vaut contacter l’entreprise pour vérifier ce qui se passe.
PLANIFICATION STRATÉGIQUE : PAR OÙ COMMENCER ?
2002
L’hameçonnage est une stratégie utilisée par des malfaiteurs qui essaient de vous leurrer en prétendant, par exemple, être les représentants d’une institution financière. Leur objectif est d’obtenir des renseignements personnels afin de vous soutirer de l’argent ou de voler votre identité. Les scénarios typiques liés aux tentatives d’hameçonnage sont souvent les mêmes : 1. On vous annonce une mauvaise nouvelle, un incident, une situation fâcheuse. 2. On vous demande de remédier rapidement à la situation. 3. On vous dirige vers un site Web où on vous demande de fournir des informations pour corriger la situation.
GESTION
2001
ATTENTION AU HAMEÇONNAGE
EXPERTISE RECHERCHÉE ICI
DIESEL – ESSENCE – MAZOUT – PROPANE – GRAISSES – BIOLUBRIFIANTS
SONIC, POUR UNE SÉCURITÉ D’APPROVISIONNEMENT Pour le chauffage de vos bâtiments, Sonic vous offre des experts et techniciens accrédités qui assurent l’entretien, l’installation et l’approvisionnement des appareils et équipements fonctionnant au propane. Des services de livraison automatique et d’urgence font partie des nombreux avantages qu’offre Sonic dans le but d’optimiser la croissance de votre entreprise.
Découvrez nos équipements au propane : • Chauffage tube radian
• • • • •
Chaufferette LB White 15 000 à 250 000 BTU Aérotherme Chaudière Éleveuse conventionnelle ou radiante Lecteur à distance pour sécurité d’approvisionnement
Possibilité de prix fixes pour connaître à l’avance le prix du propane au litre.
Contactez votre représentant Sonic dès maintenant!
108999-04-15
1 800 207-6642 s o n i c . co o p
I
1 8 00 207-6642 Sonic est une marque de commerce de La Coop fédérée.
FAITS ET GESTES
FRANKENBURGER VINCENT CLOUTIER, AGRONOME, MBA, ÉCONOMISTE PRINCIPAL, LA COOP FÉDÉRÉE, VINCENT.CLOUTIER@LACOOP.COOP
IL Y A DÉJÀ deux ans environ, un chercheur
concrets pour les consommateurs sont plus nébuleux. Ce ne sera pas le cas avec la viande de labo, dont les atouts séduiront une portion des consommateurs. Certains y verront – à tort ou à raison – la solution aux problèmes environnementaux et à l’abattage des animaux. Au moment de son éventuelle commercialisation à grande échelle, son prix sera très probablement élevé. Mais il y aura toujours des preneurs pour un nouveau marché de niche, que ce soit par effet de mode, par conviction ou par choix gustatif. On rappelle souvent le défi de nourrir neuf milliards de personnes en 2050. Dans un contexte de terres agricoles limitées et de rareté d’eau, le déséquilibre entre l’offre et la demande ne semble appelé qu’à s’amplifier. Mais c’est sans compter sur les nouvelles technologies, qui ont la capacité de boule verser cette dynamique. Le monde alimentaire continuera d’être le théâtre de l’implantation de technologies qui déstabiliseront à la fois les marchés et nos perceptions. La viande de labo comptera-t-elle parmi celles-ci ? Si ce n’est pas elle, ce sera une autre.
PHOTO : MARTINE DOYON
Déjà que le maïs Roundup Ready soulève des préoccupations, il coulera de l’eau sous les ponts avant qu’on achète de la viande provenant d’un immeuble du centre-ville.
néerlandais invitait la presse pour la dégustation d’un burger cultivé en laboratoire. La pièce de viande n’avait jamais transité par aucune ferme ni aucun abattoir. Bien que la nouvelle n’ait pas survécu longtemps dans les médias, beaucoup se souviennent du bruit qu’elle a généré. Ce n’est qu’une question de temps avant que la viande de labo ne resurgisse, cette fois avec l’objectif de s’implanter dans le marché. La technologie est simple a priori. Des cellules animales sont multipliées en laboratoire, pour produire une pièce de viande biologiquement identique au steak traditionnel. Le processus de croissance est le même que dans une vache, à la différence près qu’il n’y a pas de vache. Porc, poulet, poisson : toutes les espèces peuvent y passer. Au premier abord, beaucoup de doutes subsistent quant à l’acceptation de ce produit par les consommateurs. Pour la grande majorité, ce n’est pas demain la veille que l’éprouvette remplacera le parc d’engraissement. Déjà que le maïs Roundup Ready soulève des préoccupations, il coulera de l’eau sous les ponts avant qu’on achète de la viande provenant d’un immeuble du centre-ville. On peut aussi prévoir que la réaction de l’industrie sera conséquente, compte tenu de l’activité économique générée par la production et la transformation des viandes. Il demeure que dans un horizon d’une ou deux décennies, la viande de labo a le potentiel de déstabiliser l’industrie des viandes.
Il est vrai que les consommateurs manifestent un inconfort à l’égard des nouvelles technologies en alimentation. À plus forte raison lorsque celles-ci leur procurent peu de bénéfices directs. Le génie génétique en est l’exemple le plus évident. La résistance à certains insectes et herbicides a changé le visage de l’agriculture. Mais les bénéfices
50
COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2015
PERFORMANCE RECHERCHÉE ICI
Chaque année, des milliers de fermes laitières font confiance à La Coop, dont certaines atteignent les plus hautes MCR de l’industrie. Félicitations!
Les recommandations de votre expert-conseil La Coop et le programme alimentaire SynchroMC contribuent à maximiser la performance des chefs de file en production laitière dans l’est du Canada.
109000-04-15
La coopération, ça profite à tout le monde. Parlez-en à votre expert-conseil. w w w. l aco o p.co o p La Coop et SynchroMC sont des marques de commerce de La Coop fédérée.
Vot re b a n n i è re s p é c i a li sé e
Maintenant chez
Vous n’aVez pas + encore passé Vos commandes de fenaison ?
produits de fenaison saison 2015
Maxtech Éco-film
Sila-seal
consultez le
bon de commande ! notre gamme complète s’y retrouVe. Détails chez Votre MarchanD agrizone
www.agrizone.co