COOPÉRATEUR | MARS 2016

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Producteur débordé recherche son employé du mois Prix transfert de ferme Présentation des finalistes Production laitière Le lait le plus cher? Celui qu’on ne fait pas!

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SOMMAIRE ÉDITION MARS 2016

VOTRE VIE VIE COOPÉRATIVE 5 6 8 10

VOS AFFAIRES AFFAIRES AGRICOLES

ENTRE NOUS Denis Richard* MA COOP PAUSE PENSÉE Colette Lebel* Le bilan 2015 de La Coop fédérée

VIE AGRICOLE 16 Finalistes : Prix établissement et transfert de ferme

24 Employeur débordé cherche employé du mois

31 Le lait qui coûte le plus cher ? Celui qu’on ne produit pas !

34 Claudie Ouellet : 100 vaches pour bien vivre en production bovine

38 L’influenza aviaire dans le monde 40 Construire son rendement de maïs

AFFAIRES ÉCONOMIQUES 44 Production porcine : devise

canadienne, alliée ou rivale

46 Qu’offre le Groupe Export Agroalimentaire ? 48 ZOOM VOS AFFAIRES 50 FAITS ET GESTES Vincent Cloutier*

Site Web : www.cooperateur.coop Version virtuelle : www.cooperateur.coop/fr/magazine

* For English version, please visit our website at www.cooperateur.coop/en

TRANSFERT

DE FERME

24

100 VACHES POUR BIEN VIVRE DE LA

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PRODUCTION BOVINE

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LA DEVISE

CANADIENNE

PARFOIS ALLIÉE, PARFOIS RIVALE

CONSTRUIRE

QU’OFFRE LE

SON RENDEMENT DE MAÏS

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44

GROUPE EXPORT AGROALIMENTAIRE ?

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LAIT : COÛTS DE PRODUCTION QUÉBEC-FRANCE Analyse comparative entre ces deux pays

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C.P. 500 Station Youville, Montréal (Québec) H2P 2W2 Tél. : 514 384-6450 – Téléc. : 514 858-2025 – Courriel : cooperateur@lacoop.coop

VOLUME 45, NO 3 | MARS 2016

Directrice et rédactrice en chef Guylaine Gagnon 514 858-2146 (ligne directe) guylaine.gagnon@lacoop.coop

Webmestre Ricardo Silva Photographies et illustrations Exposimage, Martine Doyon, Étienne Gosselin

Rédacteur en chef adjoint Patrick Dupuis, agronome 514 858-2044 (ligne directe) patrick.dupuis@lacoop.coop

Page couverture Martine Doyon

Adjointe à l’édition Marie-Hélène Gaudin 514 384-6450, poste 3513 marie-helene.gaudin@lacoop.coop

Les photos, illustrations et textes publiés dans le Coopérateur et sur le site Internet de La Coop fédérée ne peuvent être réutilisés sans autorisation.

Révision Georges O’Shaughnessy enr. Ont collaboré à ce numéro Vincent Cloutier, Hélène Cossette, Étienne Gosselin, Lucie Kablan, François Labrie, Stéphane Lapierre, Benoit Lanthier, Colette Lebel, Nicolas Marquis, Céline Normandin

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Graphistes Bernard Diamant, Simon Fortin, Suzanne Turcot

Publicité Pierre Grinsell | 450 661-8200 info@relationsmedia.ca Correspondance Retourner toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada à : Coopérateur C.P. 500 Station Youville, Montréal (Québec) H2P 2W2 Tél. : 514 384-6450  |  Téléc. : 514 858-2025 Courriel : cooperateur@lacoop.coop Site web : www.cooperateur.coop

Impression Interweb Inc. Poste-publications, convention n° 40628621 Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec

PHOTOS : INGIMAGE ET LA COOP FÉDÉRÉE

Éditeur Jean-François Harel

Conception graphique Service de la création, La Coop fédérée

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Le Coopérateur est publié neuf fois l’an par La Coop fédérée. Il est l’outil d’information de la coopération agricole québécoise.

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PARTENARIAT AVEC J.-RENÉ LAFOND, CONCESSIONNAIRE NEW HOLLAND

En janvier, La Coop Unicoop a annoncé la signature d’une entente de principe pour un partenariat avec l’entreprise J.-René Lafond, de Mirabel. La Division des machines agricoles d’Unicoop consolide ainsi sa position de chef de file comme concessionnaire New Holland au Québec. Avec sept garages et près de 150 employés, la Division sera en mesure d’offrir des solutions adaptées à ses clientèles agricole et commerciale des régions de Chaudière-Appalaches, du grand Québec, de la Mauricie, de Portneuf, et maintenant de Mirabel et des Laurentides. Cette entente est conditionnelle aux vérifications usuelles et à l’approbation des tierces parties (fournisseurs) concernées. Georges Poulin, directeur principal de la Division des machines agricoles d’Unicoop; Gaétan Roger, chef de la direction d’Unicoop; Jean-René Lafond, propriétaire fondateur, directeur général; Julien Bélanger, président d’Unicoop; Alexandre Lafond, copropriétaire, directeur des ventes –

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construction de J.-René Lafond; Mélanie Manseau, copropriétaire, contrôleuse de J.-René Lafond; Simon Daoust, copropriétaire, directeur des ventes agricoles de J.-René Lafond.

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COVILEM, UN COMPLEXE RÉUNISSANT DÉPANNEUR, STATION-SERVICE ET QUINCAILLERIE

Le 4 janvier dernier, le nouveau magasin Covilem, placé sous l’enseigne majeure de BMR, ouvrait ses portes. Ce complexe, unissant les forces de La Coop Covilac et l’expertise des propriétaires de l’ancienne quincaillerie Lorenzo Rousseau, de Nicolet, représente un investissement de 3,5 millions $. Situé au 2705, boulevard Louis-Fréchette, à Nicolet, le nouveau complexe de près de 1 500 m2 (16 000 pi2) comprend un entrepôt de matériaux. Outre la création de plus de 20 nouveaux emplois pour la région, cette entreprise a permis de réunir sous le même toit un centre de rénovation BMR incluant un service Agrizone, une station-service Sonic, un dépanneur Sonichoix ainsi qu’un atelier de petits moteurs et

d’équipement marin sous les enseignes Envinrude et BRP.

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LA COOP SEIGNEURIE : 75 ANS D’HISTOIRE La Coop Seigneurie célèbre ses 75 ans d’histoire en 2016. Pour l’occasion, elle organise plusieurs activités, dont un concours de projet collectif d’une valeur de 20 000 $, en collaboration avec son partenaire BMR. Ce concours, ouvert aux territoires desservis par la coopérative, offre une contribution financière de 20 000 $ pour réaliser un projet au profit de la collectivité. « Redonner à la collectivité par l’entremise de ses membres, pour les remercier de la confiance qu’ils nous accordent et consolider la force collective de notre réseau, fait partie de notre mission », dit le directeur général, François Vachon. Les autres évènements importants préparés par La Coop Seigneurie pour souligner en grande pompe cet anniversaire sont : un souper-spectacle mettant en vedette cinq humoristes de renom, qui aura lieu le 20 février au Centre des

congrès de Lévis; et une journée champêtre à la Ferme Riter, à Saint-Sylvestre, qui se tiendra le 10 juillet.

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LA COOP FÉDÉRÉE CRÉE SERVICES AGRICOLES ATLANTIQUE La Coop fédérée est devenue propriétaire, le 8 janvier, de la majorité des actifs agricoles de Coop Atlantique. Les actifs faisant partie de cette acquisition sont les usines de Moncton, Truro et New Minas, ainsi que la division Farm Supply and Grain Merchandising et le secteur d’activité relatif à la commercialisation des grains. Ces actifs sont maintenant regroupés au sein d’une filiale appartenant à La Coop fédérée : Services agricoles Atlantique, dont le siège social est situé à Moncton. La Coop fédérée mettra tout en œuvre pour garantir la continuité des services aux membres et clients et le lien qu’elle entretient avec les coopératives. Elle ne prévoit aucun changement en ce qui a trait à l’offre de services et aux activités.

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PAUSE-PENSÉE

22 SECONDES

VINGT-DEUX SECONDES. C’est désormais la

Les marchés financiers ont, petit à petit, dissocié le couple propriété-pouvoir. Ne reste qu’une propriété désincarnée. Et l’indifférence.

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durée moyenne de détention des actions américaines (New York Stock Exchange, 2012). Plus besoin d’analyser les états financiers des entreprises, les algorithmes font le travail. Pour le courtier, l’efficacité consiste maintenant à s’installer le plus près possible des plateformes boursières afin de réduire au minimum la distance de fibre optique qui transmet ses commandes au terminal. Moins de distance à parcourir, c’est moins de temps perdu. Et le temps, c’est de l’argent. On comprend que cette pratique, qu’on appelle « transaction à haute fréquence », engendre une multitude de nouveaux risques menaçant les marchés : fluctuations extrêmes des cours, surcharges des systèmes, possibilité d’abus, etc. Et qui veille au grain, dans tout ça ? On se le demande, car comme le faisait remarquer Yvon Allaire, de l’Institut sur la gouvernance (IGOPP), en matière d’actionnariat, nous sommes devenus des touristes de passage. Or, les touristes ne votent pas ! Ils profitent d’un bon moment et repartent sans laisser d’adresse. Normalement, quand on est propriétaire, on a du pouvoir sur son bien et on prend les mesures qui s’imposent pour le protéger. Mais les marchés financiers ont, petit à petit, dissocié le couple propriété-pouvoir. Ne reste que la propriété. Une propriété totalement désincarnée, faut-il le souligner : ce bien qu’on possède 22 secondes, on ne le connaît même pas. Comment l’apprécier et le protéger ? On est bien loin de l’idée du partenariat avec d’autres investisseurs au sein d’une entreprise qu’on admire. Seule l’espérance d’un bon rendement de son capital dicte maintenant les choix d’achat et de vente. Il s’agit d’accumuler le plus d’argent possible. On ne s’interroge même plus sur la finalité. De l’argent pour faire quoi, au juste ? On ne sait pas trop, mais on verra plus tard.

Dans Titanic, Avatar et Le Hobbit nous racontent la crise financière (2015), l’auteur Hervé Gouil réfléchit à cet amour de l’argent sans limites. Il avance l’idée que la cupidité, puisqu’il faut nommer les choses par leur nom, est un symptôme dépressif qui traduit une absence de désir. « Tout se passe, écrit-il, comme si l’accumulation d’argent permettait à la personne cupide de conserver le fantasme qu’elle pourra réaliser tous ses désirs, acheter ou faire tout ce qu’elle veut… le jour où elle aura un désir. » Mais il semble qu’en route on perde de vue l’objet de son désir, et que l’accumulation devienne l’objectif même. Il y a là quelque chose de déprimant, en effet. Comme si on avait perdu le nord. Vingt-deux secondes d’actionnariat. À cela, il est réconfortant d’opposer les 100 ans de propriété et de pouvoir continus que se sont légués, de génération en génération, les agriculteurs de notre coin de pays, au moyen de leur réseau de coopératives agricoles. Ici, pas de touristes. Que de vrais partenaires. Des frères de cœur qui, même s’ils ne sont pas toujours d’accord sur tout, se comprennent mutuellement et se respectent, parce qu’ils partagent la même passion. Eux savent pourquoi ils veulent des coopératives efficaces et rentables. Eux savent pourquoi ils veulent des ristournes en fin d’année. Leur désir est très concret : le maintien et la prospérité de leur ferme, et de quoi se payer un peu de bon temps en famille. Pour moi, c’est clair. Mon travail au sein du réseau La Coop a du sens, et j’ai le sentiment de participer à quelque chose d’authentique et de précieux. Oh, il n’y a rien de parfait ! Il est des jours où surgit en moi la gérante d’estrade, celle qui ronge son frein en ravalant ses prodigieux conseils ! Mais voilà une simple manifestation de mon attachement à une collectivité à laquelle je ne souhaite que du bon. Que du vrai. Que du juste.

PHOTO : MARTINE DOYON

COLETTE LEBEL, AGRONOME ET DIRECTRICE DES AFFAIRES COOPÉRATIVES, LA COOP FÉDÉRÉE COLETTE.LEBEL@LACOOP.COOP

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L’agriculture est un mode de vie, pour vous comme pour nous

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Directeur des relations d’affaires chez FAC

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Message du président

Consolider et coopérer

pour préparer l’avenir

L’avenir s’annonce mouvementé, centré sur l’actualisation de la mission que nous nous sommes donnée : « Enracinée dans le milieu agricole et misant sur sa force collective, La Coop fédérée contribue à nourrir le monde. » Les résultats financiers de La Coop fédérée ont encore été solides en 2015. Les ventes ont continué leur progression et frôlent les six milliards de dollars, soit deux de plus qu’il y a à peine cinq ans. Ces résultats ne doivent pas occulter les défis qui se dressent devant nous. Quiconque souhaiterait se complaire dans l’apparent confort du statu quo se condamnerait. D’où l’importance, pour toute entreprise, de présenter une ambition claire. C’est ce que nous avons compris en établissant la nôtre : « Fort d’un modèle coopératif rentable et agile, être reconnu comme un chef de file des secteurs agricoles et agroalimentaires canadiens et du secteur de la vente de détail dans l’est du Canada. » Nos activités se scindent maintenant en trois secteurs, dont l’importance est similaire sur le plan du chiffre d’affaires : la Division agricole (approvisionnement à la ferme et commercialisation des grains), la Division détail et innovation (quincailleries, centres de rénovation, énergies et innovation) et la Division viandes (filière porcine et transformation de porc et de volaille).

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La Division agricole récolte les fruits des nombreuses acquisitions des dernières années, malgré les prix baissiers des produits de base. Les acquisitions et partenariats hors du Québec, notamment dans l’Ouest canadien, nous positionnent de façon concurrentielle en productions animales et végétales. L’expansion se poursuit aussi du côté des Maritimes, notamment avec le rachat des activités agricoles de Coop Atlantique. La Division détail et innovation a connu une année de transition. Le rachat à 100 % de Groupe BMR est porteur à long terme pour notre réseau. Mais une acquisition d’une telle ampleur entraîne des ajustements. Encore plus quand on sait que le marché de la rénovation et des matériaux continue d’être difficile au Québec. La rentabilité du Secteur Énergies Sonic est intéressante depuis plusieurs années, entre autres grâce à nos partenariats avec Norcan et Propane Québec. Mais la concurrence est féroce. Cette situation nous a incités à conclure une entente avec Groupe Filgo en vue d’une fusion de nos activités de distribution de produits d’énergie et d’exploitation de stations-service. La Division viandes (Olymel) a généré des revenus records en 2015. L’aptitude d’Olymel à commercialiser ses produits a été favorisée par la faiblesse du dollar canadien, qui a profité aux ventes sur les marchés internationaux. Sur les marchés

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Intégration, consolidation et optimisation auront marqué l’exercice 2015 de La Coop fédérée. Après des années d’expansion et de grands chantiers, nous avons recadré nos actions et planifié la prochaine phase de croissance.

PHOTO : MARTINE DOYON

Denis Richard, président La Coop fédérée


intérieurs, la mise en œuvre de notre « plan porc » a engendré un redressement important des résultats des activités de transformation de porc. Olymel a poursuivi ses efforts de développement en concluant des ententes de partenariat avec ATRAHAN Transformation et Les Aliments Lucyporc. De son côté, la Filière porcine coopérative continue son expansion. Le projet de maternités collectives au Témiscamingue est devenu réalité, avec une première production en cours dans la municipalité de Fugèreville. Les démarches se poursuivent pour les autres sites dans les localités environnantes. Soulignons que La Coop fédérée s’est classée parmi les Employeurs de choix AON 2016. Il aurait été impossible d’obtenir cette reconnaissance, accordée aux organisations ayant su créer un excellent environnement de travail, sans l’aide et le travail de nos employés. Leur engagement sera la clé du succès pour relever les défis futurs.

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PHOTO : MARTINE DOYON

UN MONDE EN MOUVEMENT Le Partenariat transpacifique, bien qu’essentiel pour le Canada, a créé une nouvelle brèche – de moindre envergure que ce que nous craignions, toutefois – dans nos protections frontalières touchant la gestion de l’offre. En contrepartie, pour plusieurs secteurs exportateurs (bovin, porc, acériculture), des canaux d’exportation ont été sécurisés. Les 195 pays signataires de l’accord de Paris ont officiellement reconnu que les efforts actuels sont insuffisants pour contenir le réchauffement climatique sous la barre des 2 °C. Cet accord jette les bases d’un processus visant à résoudre le problème. Nos actions s’inscrivent dans cette démarche; nous sommes notamment l’un des membres fondateurs de la Coop Carbone, qui générera au Québec des projets de réduction d’émission de GES. Le gouvernement du Québec a adopté sa Stratégie québécoise sur les pesticides 2015-2018. Cette stratégie se base notamment sur un rapport du ministère

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de l’Environnement qui fait état d’une présence croissante des résidus de certains pesticides dans les cours d’eau. Nous prenons acte de cette réalité et nous continuerons de nous gouverner de façon professionnelle et proactive pour améliorer la situation. Le consommateur change rapidement et devient toujours plus exigeant. Il est mieux informé, se préoccupe du prix et des attributs du produit, notamment en matière d’éthique, de transparence et de bien-être animal. La fidélisation de la clientèle représente un enjeu majeur. Dans cette mouvance, les entreprises s’adaptent. Par nos actions, nous faisons partie des solutions pour nos membres et clients. Coordination verticale, excellence opérationnelle, valeur ajoutée, partenariats et acquisitions stratégiques sont autant d’outils utilisés pour réaliser notre ambition. Notre réseau doit continuer de se moderniser. En matière de gouvernance, nous avons justement adopté de nouvelles règles pour la représentation des membres au sein du réseau, afin de nous adapter à la diminution du nombre de coopératives et à leur hétérogénéité grandissante. L’exercice 2015 aura également été l’aboutissement de la démarche de planification stratégique de notre réseau, amorcée en 2013. Nous sommes à l’étape de la mise en œuvre des recommandations. Le plan de consolidation du réseau, appelé Vision 2020, est une nouvelle étape pour réfléchir aux modèles de consolidation potentiels au sein de celui-ci. La Coop fédérée se classe au 24e rang des coopératives agroalimentaires au niveau mondial. Le modèle coopératif est résilient et continue de faire ses preuves. Je suis persuadé que La Coop fédérée, guidée par sa mission et son ambition, relèvera les défis et sera encore une force coopérative pour les générations de demain.

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Rapport de gestion

Préparer l’avenir

EN NOUS RECENTRANT SUR NOS MÉTIERS

L’accroissement des résultats provient entre autres de la hausse des performances financières de la Division viandes, soit la filiale Olymel s.e.c., et de la Division agricole. La Division détail et innovation a connu une année plus difficile, en raison d’une perte d’activités dans le Secteur quincaillerie à la suite de la fermeture du centre de distribution de Trois-Rivières et de la conjoncture économique difficile dans la vente au détail. La Coop fédérée a enregistré un excédent d’exploitation consolidé de 56 millions $, alors qu’en 2014 ce dernier atteignait 44,8 millions $. Les ristournes déclarées se montent à 35 millions $. L’excédent net atteint 44,5 millions $, tandis que celui de l’exercice 2014 était de 37,1 millions $.

DIVISION AGRICOLE Les ventes, en hausse de 139,2 millions $, ont atteint 1 764,6 millions $. La saison des semis printaniers, tant au Québec qu’en Ontario, et la saison des semis du blé d’hiver en Ontario expliquent cette croissance. Les ventes du Secteur des productions animales ont augmenté de près de 70 millions $ par rapport à l’exercice précédent. Cette année encore, l’essor a résulté du chiffre d’affaires attribuable à l’implantation de deux usines monogastriques du réseau selon le modèle Chrysalide. Tandis que la saison 2014 se prêtait mal à la culture du maïs, le climat du printemps 2015 au Québec y a été propice, malgré une courte fenêtre de semis. Combinés à des volumes industriels en hausse, les volumes de fertilisants commercialisés ont été en augmentation. Agronomy Company of Canada et Agrico Canada ont cumulé des ventes en hausse de 18,8 %. Ces deux filiales ont très bien répondu à la demande accrue attribuable à des saisons de semis printanière et automnale idéales à la culture du maïs et du blé en Ontario. Les volumes manitobains d’Agrico Canada sont aussi en forte progression. Le chiffre d’affaires du Service des semences a diminué pour l’exercice 2015. Alors que les ventes de maïs et de céréales ont progressé, celles du soya ont diminué.

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Le chiffre d’affaires des produits de protection des cultures a diminué de 3 %. Les conditions climatiques de 2015 ont permis une utilisation réduite d’herbicides et d’insecticides. Malgré cela, les parts de marché du réseau La Coop sont en augmentation constante depuis 2011. Le Secteur des grains et approvisionnement meuneries a enregistré des ventes en légère diminution de 2 % par rapport à 2014. La faible récolte de maïs en 2014 a entraîné une forte baisse des volumes commercialisés. Néanmoins, la contribution nette de ce secteur est en amélioration comparativement à l’an dernier.

DIVISION DÉTAIL ET INNOVATION Les ventes de cette division se sont élevées à 1 409,5 millions $, contre 981,5 millions $ à l’exercice précédent, soit une augmentation de 428 millions $. Ces résultats découlent de l’acquisition totale de Groupe BMR en janvier 2015. Les ventes du Secteur quincaillerie et matériaux ont été comparables à celles de l’année dernière. Les ventes du Service des machines agricoles ont crû de 9,1 %. L’ajout de nouvelles gammes de produits a permis cette augmentation. Les ventes du Secteur Énergies Sonic ont diminué de 23 % par rapport à l’an dernier, en raison de l’importante diminution du prix des énergies pétrolières. En partenariat avec la Fédération ontarienne de l’agriculture, le Secteur innovation et croissance a participé à la réalisation d’une première canadienne, en récoltant et en commercialisant des tiges de maïs à des fins de production d’éthanol de deuxième génération. En 2015, nous avons augmenté la performance globale de La Coop fédérée, son agilité et sa compétitivité, au profit de notre réseau, de nos membres et clients ainsi que de nos partenaires d’affaires. Nous avons continué de porter le message d’un réseau La Coop plus prospère, chef de file dont la force réside dans toutes les composantes de la chaîne alimentaire et qui est ancré dans une riche tradition rurale.

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Gaétan Desroches Chef de la direction

Pour l’exercice clos le 31 octobre 2015, La Coop fédérée a enregistré des ventes de 5,9 milliards $ et un excédent avant ristournes et impôts de 95,7 millions $. En 2014, les ventes se sont chiffrées à 5,3 milliards $, et l’excédent avant ristournes et impôts s’est élevé à 73,8 millions $.

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Rapport de gestion

Les meilleurs résultats

DE L’HISTOIRE D’OLYMEL

La hausse limitée des ventes s’explique par le fait que la croissance des volumes enregistrée dans la plupart des secteurs d’activité a été compensée par une baisse des prix de vente dans le Secteur du porc frais. L’exercice 2015 s’est déroulé dans un contexte économique mondial incertain, malgré la reprise américaine. La baisse de la devise canadienne s’est poursuivie, et Olymel a bénéficié de son impact généralement favorable.

PRODUCTION PORCINE Le Secteur de la production porcine Ouest a présenté en 2015 un résultat positif, mais moindre que l’an dernier. Cette situation découle d’une chute importante du prix de vente et d’une hausse des coûts de l’alimentation. Pour sa deuxième année d’exploitation au sein d’Olymel, la production porcine Est – qui comprend les activités de Sogeporc et d’OlyEst ainsi que les maternités porcines collectives des Fermes boréales – enregistre une perte. Ce résultat négatif est lié aux activités de mise en place de la Filière.

PORC FRAIS Ce secteur a enregistré un résultat négatif pour la troisième année consécutive, malgré un taux de change favorable et une augmentation des volumes d’abattage. Ce résultat s’explique en partie par la fermeture du marché russe en 2014 et la perte d’homologation des usines de l’est du Canada pour le marché chinois. Le Secteur porc frais Ouest a obtenu un résultat positif. Ce retour à la rentabilité est attribuable à l’augmentation des volumes d’abattage, à un taux de change plus favorable et à une hausse de la marge viande, une situation contraire à celle qu’on a connue dans l’Est.

PORC TRANSFORMÉ ET BACON Pour l’exercice 2015, le Secteur de la surtransformation du porc a présenté des résultats nettement supérieurs à ceux de 2014. Ils découlent d’une augmentation de la marge viande (attribuable à un portefeuille de

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clients favorable), à la hausse des prix de vente et des volumes ainsi qu’à la dépréciation de la devise canadienne. Le Secteur du bacon a également enregistré une augmentation remarquable de son bénéfice et obtenu des résultats positifs pour une troisième année consécutive.

VOLAILLE FRAÎCHE ET TRANSFORMÉE Le Secteur de la transformation primaire de la volaille présente des résultats positifs, supérieurs à ceux de l’exercice précédent. Le prix du poulet vivant a été en baisse pour la deuxième année consécutive, et le prix de vente de la viande de poulet a été soutenu par le prix élevé de la viande de porc et de bœuf. Ces deux facteurs ont contribué au raffermissement de la marge viande. Le Secteur du dindon a enregistré un profit inférieur à celui du dernier exercice. La marge viande a été en baisse en raison d’une augmentation du coût de la matière première et du fléchissement du prix de vente dans le contexte d’un marché sous pression. Le Secteur de la volaille surtransformée a obtenu des résultats positifs en 2015, mais nettement inférieurs à ceux de 2014, malgré un volume de ventes à la hausse résultant de nouveaux contrats.

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25 ANS D’HISTOIRE : UN TREMPLIN POUR L’AVENIR En 2016, Olymel célèbrera son quart de siècle. Les acquisitions, les fusions et les partenariats ont jalonné ces 25 ans d’histoire, pour faire d’Olymel une des plus importantes sociétés dans son domaine au Canada. Tout au long de ces 25 années, Olymel a pu compter sur la fidélité de ses clients et la loyauté de ses fournisseurs, qui ont été et demeurent les piliers sur lesquels repose sa réussite. Pour l’avenir, la direction d’Olymel poursuivra le développement de l’entreprise et l’inscrira dans une vision stratégique qui lui permettra de continuer sa croissance et de remplir sa mission de nourrir le monde.

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Réjean Nadeau Président-directeur général d’Olymel s.e.c.

Au cours de l’exercice 2015, Olymel a enregistré les meilleurs résultats de son histoire. Les ventes ont atteint 2,805 milliards  $, comparativement à 2,756 milliards l’an dernier, soit une augmentation de 49 millions $.

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En 25 ans, on en a fait du chemin ensemble !

Olymel est devenue en un quart de siècle le leader canadien de la transformation des viandes de porc et de volaille, un succès rendu possible grâce à l’appui de nos propriétaires, de nos producteursfournisseurs, de nos partenaires d’affaires et de nos 10 000 employés.

PHOTO :MARTINE DOYON

C’est le temps de célébrer notre fierté et de vous dire merci.

olymel.ca

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Parution : Coop Agricole – Mars 2016

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| VIE AGRICOLE

Transférer ce geste si important TEXTE ET PHOTOS D’ÉTIENNE GOSSELIN, AGRONOME, M. SC.

Depuis plus de 12 ans, La Coop fédérée est fière de mettre à l’avant-scène des transferts de ferme exemplaires au moyen du Prix établissement et transfert de ferme La Coop. Le jury de l’édition 2015-2016, après avoir retenu et visité cinq demi-finalistes, a sélectionné trois finalistes ainsi qu’une entreprise lauréate, dont l’identité a été révélée lors de l’assemblée générale annuelle de La Coop fédérée.

FERME AMICO : TRANSFERT ET ÉVOLUTION… TOUT À LA FOIS !

Le 7 mai 2015 est une date gravée dans la mémoire de Jacques Cloutier. Normal : ce jour-là, il a émis des chèques pour plus d’un million de dollars ! Contre cette somme, il obtenait du contingent supplémentaire et de belles et spacieuses cages enrichies pour pondeuses commerciales. Ces cages, superposées sur quatre niveaux et installées dans un vaste bâtiment neuf à la fine pointe de la technologie, permettront à l’entreprise de se positionner pour les décennies à venir, car il s’agira du principal lieu de production. De fait, les Cloutier comptent déménager leurs activités sur ce nouveau site afin d’y produire davantage d’œufs à moindre coût, en dégageant un salaire pour embaucher un deuxième employé, ce qui laissera à Jacques davantage de temps pour faire ce qu’il aime le plus : gérer ! Avec leur deuxième site de ponte situé aussi à Lévis, Jacques et ses parents, Ghislain Cloutier et Pierrette Lemieux, ont donc les coudées franches pour augmenter leur nombre de pondeuses jusqu’à 54 600. Un bond impressionnant, puisqu’ils produisaient des œufs avec 14 000 poules 10 ans auparavant et avec 8000 en 1970 !

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Pourquoi ne pas profiter du transfert d’une entreprise, ce moment de réflexion intense quant à son devenir, pour la faire évoluer ? C’est la voie empruntée par la Ferme Amico, de Lévis, qui vient de doubler sa capacité de production d’œufs avec un nouveau quota… et un nouveau poulailler !


TOUT DE GO

sur lui de laisser plus de latitude à fiston, qui a aujourd’hui toutes les libertés d’agir… mais qui consulte quand même papa !

Si l’entreprise vient de croître rapidement, c’est de longue date que Ghislain Cloutier, vice-président de La Coop fédérée pendant 11 ans, préparait la passation de l’entreprise. Dès qu’il s’est douté qu’il pourrait compter sur une relève, l’homme a procédé à la modernisation de la ferme et à l’achat de quota pour doubler le chiffre d’affaires et tripler la rentabilité par poule, ce qui, combiné aux efforts de Jacques pour générer plus d’œufs par quantité d’aliments consommés, a permis de dégager des sommes suffisantes pour offrir un salaire à ce dernier – un argument convaincant pour encourager une relève à s’établir ! « Par ailleurs, nous voulions avoir les moyens financiers de transférer l’entreprise sans ralentir son évolution », expose Ghislain, qui a piloté plusieurs dossiers complexes lors de ses 30 ans d’implication dans la coopération. « Par exemple, Pierrette et moi pouvons compter sur nos propres fonds de pension dans l’immédiat. Nous laisserons donc nos capitaux dans l’entreprise pour ne pas nuire à sa capacité d’emprunt. Nous trouvions motivant d’y laisser nos avoirs propres pour continuer, jusqu’en 2022 et au-delà, d’avoir un projet en commun avec Jacques. » Malgré un horaire très chargé durant ses 11 années à la vice-présidence de La Coop fédérée, Ghislain Cloutier n’a jamais négligé la ferme. Il a toutefois dû couper le cordon il y a deux ans, prenant

FORMÉ EN TOUT ET POUR TOUT À 31 ans, Jacques Cloutier possède déjà un beau et riche CV. Pour qu’il puisse reprendre la ferme, ses parents avaient d’ailleurs exigé qu’il suive une formation agricole. Comme les Cloutier ne font rien à moitié, il en a fait quatre ! Il s’est premièrement inscrit au programme Farm Management and Technology du campus Macdonald de l’Université McGill, pour notamment parfaire sa maîtrise de la langue anglaise. Trois ans plus tard, il poursuivait en agroéconomie à l’Université Laval. À sa sortie, il entreprenait le sérieux programme de stage en gestion de La Coop fédérée, avant d’occuper les fonctions de directeur général de La Coop Verchères (aujourd’hui jointe à Comax) et de directeur des ventes de La Coop Excel (aujourd’hui Montérégiennes). Enfin, Jacques s’est inscrit à un MBA à temps partiel après avoir rejoint la ferme à temps plein, en 2012. Mais même les meilleures études ne font pas foi du caractère entrepreneurial d’une personne. L’agronome Jacques Cloutier a-t-il la fibre de l’entrepreneuriat ? « Il est meilleur que moi au même âge, comme j’étais meilleur que mon père au même âge, assure Ghislain Cloutier. Le caractère entrepreneurial et le goût du risque sont essentiels pour regarder vers l’avant. » Pour mieux évoluer, quoi !

MÉCANIQUE DE TRANSFERT C’est sans précipitation et sans idée préconçue que cédants et accédant ont abordé la question du transfert. La Ferme Amico aurait pu être reprise par quatre enfants : Mireille, Maude, Simon ou Jacques. Avant d’entamer des procédures visant à transférer le quart de l’entreprise à Jacques, les cédants se sont assurés, lors d’un conseil d’administration familial, que tous les enfants disposaient de l’ensemble de l’information financière sur la ferme avicole. Combien vaut-elle ? Combien rapporte-t-elle ? Quel salaire permetelle de dégager ? Quelles sont les tâches et les responsabilités ? Mireille, enseignante de métier, a pris un congé sans solde d’un an afin de bien évaluer son intérêt pour la profession, pour finalement retourner à l’enseignement. Maude et Simon, diplômés respectivement en travail social et en informatique, ont aussi décliné une carrière en agriculture.

1. Comme l’alimentation des pondeuses a un impact déterminant sur la rentabilité, Luc Normand, expert-conseil en production avicole de La Coop, joue un rôle prépondérant auprès de la Ferme Amico. Luc, quels niveaux d’énergie et de protéine pour le prochain lot ?

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2. La Ferme Amico produit 1,62 million de douzaines d’œufs par année avec 27 000 poules brunes et 27 000 poules blanches. Tout un contraste avec les 8000 poules et les 190 000 douzaines que produisait la ferme en 1970, à ses débuts ! 3. Le nouveau poulailler de Ferme Amico comprend des cages enrichies, sur quatre niveaux, dans un bâtiment tout neuf. Que d’agrément à venir !

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GROUPE LIEUTENANT CULTIVE LE RESPECT ET L’HARMONIE Bien qu’elle élève 350 vaches et cultive 800 hectares, ce que la famille Lieutenant cultive de mieux, c’est l’harmonie entre ses membres. Une vertu qui élève l’âme !

MÉCANIQUE DE TRANSFERT Valère Lieutenant et Claudette Lacasse n’ont pas vendu l’entreprise à leurs enfants. Ils la leur ont donnée, à deux conditions : premièrement, que les quatre enfants concernés fassent fructifier le capital investi au cours des décennies; deuxièmement, que leur fille Lydia qui a choisi de ne pas travailler à la ferme puisse obtenir une compensation équitable. Pour leur part, les cédants se versent un salaire dans l’immédiat et se verseront, dans l’avenir, des dividendes à même leurs avoirs propres, réunis dans une entité juridique formée spécialement lors du transfert, Gestion Lilac. Une option avantageuse sur le plan fiscal, assurent-ils.

« Il faut demeurer efficace », lance Marie-Christine. « Et opportuniste », ajoute Pierpold.

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Entre la ville de Sherbrooke et des forêts exploitées par de grandes entreprises forestières, on trouve l’entreprise Groupe Lieutenant, une ferme laitière aux terres écartelées entre deux municipalités. Sur le site principal de Stoke, une vaste étable rallongée trois fois cache d’autres infrastructures d’élevage construites à coût modique, comme un enclos d’hivernage annexé à un bâtiment froid sur litière accumulée, des garages à machinerie et un silo-couloir à ingrédients. Particularité : une fosse à lisier se trouve sous la vacherie et permet de stocker les déjections de 120 jours. Ici et là, des machines parfois dernier cri (souvent partagées avec des voisins) ou parfois patentées pour des besoins précis témoignent de la créativité et, surtout, des aptitudes en gestion financière des propriétaires. Pas étonnant que l’entreprise figure dans les fermes les plus rentables du Québec, avec 34 % de capacité de remboursement et 490 000 litres de lait produits par UTP. Mais plus que cela, c’est l’excellence de la gestion humaine qui ressort du dossier de candidature des Lieutenant, comme une riche crème qui se détache d’un lait de bonne qualité. Ce que Marie-Christine Lieutenant appelle elle-même la « dynamique Lieutenant » est beaucoup plus qu’une bonne entente familiale ou une communication efficace entre les membres du clan : c’est une façon de se respecter et surtout de se comprendre. Car hormis les parents (Valère Lieutenant et Claudette Lacasse), on compte quatre enfants intéressés par la relève (Pierpold, Marie-Christine, Guillaume et Valéda), les trois premiers ayant rejoint officiellement l’actionnariat en 2014. Si l’ampleur de l’entreprise permet de les intégrer, leurs personnalités parfois semblables, parfois dissemblables, auraient pu faire dérailler le processus de transfert ou

1 le rendre pénible. « Le défi de transférer n’est pas multiplié par quatre pour autant. Nous sommes tous sur la même longueur d’onde quant aux objectifs communs de l’entreprise, sur les orientations, ce qui ne nous empêche pas d’avoir des différends sur des détails pour parvenir à nos fins », explique Guillaume, qui a témoigné des façons de mieux respecter les personnalités des autres lors du dernier rassemblement du Regroupement des grandes fermes laitières du Québec, au sein duquel la famille trouve son compte. La ferme est donc avant-gardiste en matière de ressources humaines. Dès l’avènement des syndicats de gestion agricole, elle mettait ses résultats financiers en commun avec d’autres fermes laitières respectées (Aston, Bergeroy, Pittet, etc.). De ce noyau de « premières de classe » est né Gesthumain, en 1997, libre association de fermes attirées par l’amélioration de leurs pratiques en gestion de ressources humaines. « En sachant que Guillaume est du type aventurier, que Claudette est pacificatrice, Marie-Christine et Valéda loyalistes, et Pierpold et moi réalisateurs, on apprend à mieux se comprendre, à décoder nos réactions, nos motivations, dit Valère. Et en fin

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1. Quatre profils qui enrichissent l’entreprise familiale : Marie-Christine (agronomie), Pierpold (génie civil), Guillaume (gestion et exploitation) et Valéda (gestion et technologies) ne ratent pas une occasion de voyager, d’assister à des conférences ou d’échanger avec d’autres producteurs et intervenants. 2. Avec 320 vaches en lactation et plus de 372 kg de quota, Groupe Lieutenant génère des revenus suffisants pour donner du travail à cinq familles et à quatre employés permanents. On intégrera même de la main-d’œuvre étrangère ce printemps.

2 de compte, à rire de nos différences ! » La ferme est adepte des travaux de l’auteur et conférencier Fletcher Peacock, qui prône la communication orientée vers les solutions.

INSTILLER LA GESTION C’est à petites doses que les enfants Lieutenant ont été initiés à la gestion. Quand ils étaient aux études, en plus du salaire minimum versé en échange de leur travail, ils obtenaient l’équivalent horaire capitalisé dans l’entreprise. Aux 10 $ l’heure bien réels s’ajoutaient donc 10 $ sur papier, une manière pour Valère et Claudette de stimuler le sens de l’entrepreneuriat de leurs jeunes, de leur faire comprendre la valeur de la ferme et son utilité comme moyen de

créer son emploi… et de bien vivre. « Nous avons rapidement appris à gérer l’entreprise comme si elle était la nôtre », ont d’ailleurs écrit les jeunes Lieutenant dans leur dossier de candidature. Menaces quant à l’abandon de la gestion de l’offre, entrée de concentrés protéiques en sol canadien, exigences toujours rehaussées en matière d’agroenvironnement, de salubrité ou de bien-être animal, etc. : comment la relève entrevoit-elle l’avenir dans sa production ? « Il faut demeurer efficace », lance Marie-Christine. « Et opportuniste », ajoute Pierpold. « Se tenir au top pour parer les coups », émet Valéda. « Et s’adapter si ça va mal », conclut Guillaume. Si jeunes, si jeunes… et si clairvoyants !

3 4 3. Le grand air fait le plus grand bien aux animaux en croissance, qu’ils soient élevés dans un bâtiment rudimentaire ou dans un enclos d’hivernage – des choix de logement simples qui se répercutent aussi bien sur la santé des animaux que sur la rentabilité. 4. Claudette Lacasse et Valère Lieutenant ont de quoi se réjouir, car la relève dans leur ferme est nombreuse : sur leurs cinq enfants, quatre ont choisi la ferme laitière familiale. Leur fille Lydia, elle, a choisi… un producteur laitier beauceron !

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FERME PRÉROSS : TRANSFÉRER AU FÉMININ PLURIEL !

« Nos filles sont sérieuses et attentionnées, témoigne Réjean Ross. Elles ont vite montré leur intérêt pour la ferme en s’impliquant dans les activités de la relève agricole, présidant même leur groupe local. »

Réjean Ross et Solange Lebel ont quatre enfants, deux filles et deux garçons. Ce sont leurs filles qui ont décidé d’épouser la carrière agricole, en 2006, malgré quelques préjugés – heureusement moins nombreux qu’au dernier siècle ! En 2016, est-ce devenu désuet, voire sexiste, de souligner que la relève d’une entreprise agricole est toute féminine ? Peutêtre pas, car il y a encore des intervenants, dont nous tairons les noms, qui demandent à Julie et à Amélie s’ils peuvent parler aux propriétaires quand ils se pointent à la Ferme Préross ! « Nos filles sont sérieuses et attentionnées, témoigne Réjean Ross. Elles ont vite montré leur intérêt pour la ferme en s’impliquant dans les activités de la relève agricole, présidant même leur groupe local. » Ces dernières ont choisi les salopettes d’éleveuses et de productrices pendant que leur frère Jean-René préférait la chienne de soudeur et leur frère Simon adoptait la cravate de conseiller en gestion des ressources humaines. L’intérêt des garçons pour la ferme quand ils étaient plus jeunes ? Le premier était tanné après deux tours de faucheuse, alors que le deuxième préférait faire la vaisselle plutôt que la traite, confie Julie !

PARTIR DE LOIN Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il fallait que Réjean et Solange veuillent vivre de l’agriculture pour réussir à traverser l’épisode de la coupe radicale de 20 % des quotas laitiers par

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1. Amélie et Julie Ross ont rejoint l’actionnariat de la Ferme Préross au sortir de leurs études d’agriculture, en 2006. Elles n’étaient alors âgées que de 18 et 22 ans. 2. C’est un défi de faire prendre la pose à Jacob, Isaac et Alexis, qui ont tous l’appel de la pelle !

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la Commission canadienne du lait, en raison d’une surproduction laitière (1976-1977), ainsi que les péripéties du deuxième choc pétrolier (1979) et les affres de la crise des taux d’intérêt élevés (1980-1982). À l’époque, un conseiller financier de la ferme avait d’ailleurs suggéré plutôt crûment au couple d’attendre de meilleures politiques agricoles et un meilleur contexte économique. La réponse de Réjean : un plan d’affaires bien ficelé dans une belle couverture en cuir ! Réjean et Solange, fils et fille d’agriculteurs, n’écouteront qu’eux-mêmes et démarreront quand même l’entreprise, située à Sainte-Luce, avec 59 hectares et 5,6 kg de quota, remplis au moyen de vaches croisées. « Quand j’ai acheté la ferme, en 1978, je me donnais 15 ans pour arriver à produire 4500 kg de lait par vache par an, raconte Réjean. J’y suis arrivé la même année, en faisant vêler les vaches sur 12 mois, en fauchant les champs plus hâtivement et en épurant la race au moyen d’achat de sujets et du transfert embryonnaire. » Le même conseiller en financement leur dira, quelques années plus tard : « Des fermes qui avaient plus de chances que la vôtre de réussir ont failli à la tâche, alors que vous vous êtes accrochés. » Un commentaire qui a toujours fait chaud au cœur à Réjean et Solange.

MÉCANIQUE DE TRANSFERT Quinquagénaires, Réjean et Solange resteront encore une dizaine d’années dans l’actionnariat de l’entreprise, laissant toujours les filles (majoritaires à 51 % sur papier) prendre les décisions finales, d’abord discutées en toute collégialité. Une fois sonnée l’heure du transfert complet, les filles rembourseront leurs parents selon des modalités édictées noir sur blanc dans une convention entre actionnaires établie en collaboration avec leur Centre régional d’établissement en agriculture (CRÉA).

1. La Ferme Préross détenait un contingent de 6 kg en 1978. Grâce à l’acquisition constante de quota, on réussit aujourd’hui à faire vivre trois familles avec un quota de 80 kg.

TRIPLE DÉFI Depuis les années 1980, cette entreprise n’a jamais raté une occasion d’acheter du quota, souvent à coups de dixièmes de kilo. Malgré tout, le plus gros défi de la Ferme Préross, avec ses 80 kg de quota, est de dégager des revenus suffisants pour

2. Jacob et papi Réjean : avec de gros tracteurs pour aller faucher ou avec de plus petits pour s’amuser, ils s’entendent à merveille !

* Intelligence, talent, débrouillardise, capacité de réflexion.

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faire vivre trois familles. Si la production laitière proprement dite compte pour 82 % du chiffre d’affaires de 700 000 $, on a cherché à diversifier les 18 % restants par la vente de haute génétique laitière (sujets et embryons), par le travail à forfait (foin en balles rondes et épandage de fumier) et par la vente de céréales et de foin sur la plateforme de commercialisation Haybec. On a aussi accru la superficie possédée et cultivée, qui culmine aujourd’hui à 165 hectares. Enfin, on produit du bois de sciage et de chauffage, œuvre des conjoints des filles, Andy Pelletier et Jean-François Laberge. On cherche également à comprimer les dépenses. Par exemple, Andy est bien apprécié pour ses qualités de mécanicien et de patenteux, capable de fabriquer des équipements pour une bouchée de pain. Par ailleurs, on partage une demidouzaine de machines au sein de la CUMA de la Neigette. À l’étable, l’alimentation de groupe suppléée d’aliments riches, selon la production de chaque animal, permet d’éviter les pertes de nutriments dans le fumier tout en maximisant la production. Les 77 stalles de l’étable, agrandie en 2010, sont toutes pleines. Les Ross sont désormais condamnés à croître par l’intérieur, en travaillant d’abord à la productivité par vache, car il ne sera probablement pas possible de rallonger le bâtiment une fois de plus, un ruisseau se trouvant directement derrière à droite, un voisin à gauche et la cour devant. Un réel problème ? Plutôt un nouveau défi pour cette famille reconnue pour sa jarnigoine* !

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VIE AGRICOLE |

Markus Schaerli employeur

Si autrefois les gens pouvaient compter sur la famille pour donner un coup de main à la ferme, la taille des entreprises agricoles ne permet plus cette option. C’est sur des employés qu’on se repose dorénavant pour avoir de l’aide, mais encore faut-il trouver les perles rares.

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AUTRES TEMPS, AUTRES MŒURS La situation de Markus est loin d’être unique. Trouver du personnel qualifié et compétent et le conserver n’a jamais été une mince tâche. « Du monde, il en manque tout le temps, et on travaille très fort pour combler les besoins, mais c’est d’autant plus difficile que la main-d’œuvre et l’agriculture ont changé », indique Christiane Laroche, coordonnatrice du Centre d’emploi agricole de la Fédération de l’UPA de la

Montérégie, à Saint-Hyacinthe. « La maind’œuvre recherche un environnement de travail qui comporte des conditions minimales. Les demandes des employeurs ont aussi évolué : la plupart veulent maintenant des gens avec de l’expérience et une certaine spécialisation. » Genev iève Lemonde le constate également. Elle préside AGRIcarrières, un organisme qui tente de faire le pont entre les besoins du secteur agricole, la main-d’œuvre et les établissements scolaires. « Les jeunes, qui sont de plus en plus diplômés, sont à la recherche d’un emploi à temps plein et de conditions de travail intéressantes, avec des tâches diversifiées, un salaire et un horaire convenables ainsi qu’une certaine autonomie. Les employeurs, pour leur part, cherchent une main-d’œuvre qui va rester longtemps et qui a déjà de l’expérience. » Le taux de roulement est toutefois élevé dans les fermes. Il faut parfois essayer plusieurs personnes avant de trouver l’employé qui va rester pendant 10 à 15 ans.

Alexis Desruisseaux employé

LES RELATIONS DE TRAVAIL : L’ÉPINE DANS LE PIED DES EMPLOYEURS PHOTO : EXPOSIMAGE

Markus Schaerli peut s’estimer chanceux : depuis plus de six mois, il s’appuie sur l’aide d’Alexis Desruisseaux pour les travaux de sa ferme, située à Sainte-Mariede-Blandford. Ayant effectué un stage chez lui deux ans plus tôt, Alexis a été rappelé en renfort l’été dernier pour l’installation d’un robot de traite. Il a ainsi permis à Markus de veiller sur ses différents projets, tant à la ferme qu’à La Coop Parisville, dont il est président du conseil d’administration. Le producteur laitier sait toutefois que son jeune employé ne sera pas toujours là. Alexis est en attente de rejoindre son frère, qui gère la ferme familiale en compagnie de ses parents. Que fera alors Markus  ? « C’est une bonne question. Alexis est celui qui en sait le plus sur la ferme après moi. Je vais devoir trouver une solution, mais je ne sais pas encore ce que je vais faire. »

À un colloque organisé en novembre dernier par le Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ), un consultant en gestion des COOPERATEUR.COOP – MARS 2016

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| VIE AGRICOLE

TROUVER LA PERLE RARE Pourtant, des gens passionnés d’agriculture et prêts à en vivre, il y en a. Alain Desautels, de Saint-Hyacinthe, travaille depuis plus de 10 ans avec un duo d’enfer, dont chaque membre a son champ de prédilection : Michael dans l’étable et Mathieu dans les champs. En entrevue, la complicité entre

Markus Schaerli

Alexis Desruisseaux employé

PHOTO : EXPOSIMAGE

employeur

les trois hommes est évidente : les plaisanteries fusent de toutes parts, et les taquineries envers Alain, qui les accepte de bonne grâce, sont fréquentes. Alain attribue cette bonne entente à une raison bien simple : « Ils savent ce que c’est de gérer une entreprise, puisqu’ils sont propriétaires eux aussi. » Michael est en effet producteur laitier depuis 2008, et Mathieu possède un élevage de veaux de grain depuis une dizaine d’années. « On n’est pas des employés normaux! » dit Mathieu en blaguant. Il ajoute avec plus de sérieux : « En fait, je travaille ici comme si l’entreprise était à moi. Je ne fais pas de différence entre ma ferme et celle où je travaille. » Les deux employés d’Alain ont fait leurs débuts à sa ferme il y a des années : Michael comme employé d’été et Mathieu à titre de stagiaire. Après une reprise de ferme non apparentée qui n’a pas abouti, Mathieu est retourné travailler avec Alain, tout en s’activant pour acquérir sa propre ferme. Il apprécie la liberté dont il jouit comme gérant de la Ferme des Rosalies. « J’en connais pas beaucoup qui laisseraient leur employé partir avec un chèque en blanc pour magasiner des vaches ! » dit-il en se rappelant le jour où il a acheté pour plus de 20 000 $ d’animaux à un encan. Mathieu trouve son compte dans le fait d’être à la fois employé et propriétaire.

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PHOTO : MARTINE DOYON

Trouver du personnel qualifié et compétent et le conserver est plus difficile que jamais.

ressources humaines a demandé aux participants quel était le principal défi qu’ils devaient relever. Gérer les relations avec la famille a, sans surprise, été la première réponse, mais la seconde portait sur la fidélisation du personnel. La plupart des producteurs possèdent peu d’expérience en gestion des ressources humaines. Habitués à gérer des membres de leur famille, souvent propriétaires avec eux, ils doivent composer avec les exigences d’employés, qui leur sont peu communes : des heures de travail raisonnables, un salaire compétitif et une qualité de vie qui comprend… des congés! « On fait beaucoup de sensibilisation et d’éducation sur cet aspect », confirme Christiane Laroche. « Les gens en agriculture sont à la fine pointe de la technologie, mais ils n’ont pas encore intégré les ressources humaines dans les aspects à considérer dans la gestion de leur ferme », ajoute Geneviève Lemonde.


La base de leur succès? Aussi propriétaires d’une ferme, Mathieu et Michael connaissent bien la réalité du milieu agricole. Alain Desautels employeur

Michael employé Mathieu employé

PHOTO : MARTINE DOYON

« Ça n’a pas de prix de se sentir en sécurité. L’agriculture, c’est plus qu’un travail, c’est un mode de vie. » Comme Michael le souligne, les trois hommes travaillent en symbiose. Lui et Mathieu ne dérangent pas Alain pour rien, et ils connaissent les limites à ne pas franchir. Malgré son jeune âge, Alexis Desruisseaux s’est pour sa part senti en confiance dès le début lors de son stage. Markus lui a donné des responsabilités sans hésiter. « Il ne passe pas derrière moi pour voir si je fais la job comme il faut », fait observer Alexis. Quant à Markus, il se considère davantage comme un ami que comme un patron. Alexis, qui habite la maison voisine de la ferme, fait pour ainsi dire partie de la famille. À preuve, pendant son stage, il partageait les repas des Schaerli. Aujourd’hui, c’est lorsque les deux filles de Markus rentrent de l’école que les deux hommes s’arrêtent pour faire le point sur la journée et parler du travail. Ces discussions sont de véritables échanges, où ils font part de leurs idées et de leurs observations.

L’ENTRAIDE, DANS TOUS LES SENS DU TERME La pénurie de main-d’œuvre qualifiée et expérimentée a amené des producteurs des Bois-Francs à prendre le taureau par les cornes. En s’inspirant d’un modèle français

en place depuis plus de 20 ans, ils ont lancé une coopérative de solidarité. Grâce à elle, une douzaine de producteurs laitiers peuvent compter sur une banque de sept ouvriers agricoles. Le service fonctionne sur le principe du premier arrivé, premier servi, mais le mot d’ordre est la souplesse. « On va prioriser les besoins si nécessaire, en commençant par les accidents, les maladies ou les décès, suivis des congés et des périodes de pointe », précise le président, Éric Houle, lui-même producteur laitier à Victoriaville. Il explique que l’idée de la coopérative est née de divers besoins. « Dans de plus en plus de cas, les fermes sont gérées par une seule personne, parce que l’autre conjoint travaille à l’extérieur. Il y a aussi les activités familiales qui prennent plus de place. La maladie ou les accidents peuvent également arriver. Bref, on ne se le cachera pas, tout le monde a besoin de main-d’œuvre et en cherche. Ça ne sert à rien de nous concurrencer entre nous. Mieux vaut nous mettre tous ensemble pour en profiter. » La coopérative est en activité depuis un an seulement, mais les retombées bénéfiques sont déjà visibles. « Les producteurs sont contents. Il y en a qui étaient au bout du rouleau. Pour ce qui est des employés, ils se sentent utiles », indique Éric.

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Les producteurs doivent intégrer les ressources humaines dans leur gestion du risque.

Il faut dire que les employés ne sont pas oubliés dans l’équation. Ils sont eux aussi membres de la coopérative et siègent au conseil d’administration. Au besoin, ils relaient leurs griefs à la coopérative, qui est leur employeur. En contrepartie, les producteurs qui obtiennent leurs services les évaluent et commentent leur travail. Chaque employé a fait l’objet d’une embauche en bonne et due forme, assortie d’une période d’essai. Sur les sept personnes embauchées, trois travaillent à temps plein, et les autres à temps partiel. L’arrangement leur permet de s’assurer d’un revenu et d’un bon emploi dans un secteur d’activité qu’ils aiment. Éric Houle ajoute que les retombées vont au-delà des besoins. En France, le nombre de fermes déclinait, mais l’arrivée de ce qu’ils appellent là-bas les agences de remplacement a inversé la tendance. « Il y a un changement de mentalité qui s’opère. L’agriculture est un secteur où il se vit beaucoup de détresse psychologique et d’isolement. Avec un coup de main, on peut éviter d’en arriver au pire – comme les divorces, qui coûtent cher à l’agriculture. »

LES DÉFIS : ATTIRER ET RETENIR LA MAIN-D’ŒUVRE Si les besoins sont grands, il est encore diff icile d’attirer les gens dans les prog rammes d’ag r iculture. C’est le constat d’un rapport commandé par le Comité sectoriel de main-d’œuvre de la

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production. Le secteur agricole peine en effet à attirer les jeunes. Dévalorisation du travail, perception de la population et travail saisonnier sont parmi les éléments indiqués dans le rapport. Les gens qui fréquentent les différents centres de formation ont, pour la plupart, grandi dans une ferme ou connaissent la réalité du monde agricole. « L’agriculture n’est pas le secteur le plus glamour, convient Geneviève Lemonde. Il faut offrir une vision plus juste de l’agriculture, où il y a beaucoup de robotisation et une grande informatisation des tâches. » Différents projets-pilotes existent pour former des gens, indique Christiane Laroche. En Montérégie, ils sont une douzaine à suivre une formation pour devenir employés de ferme, en phase avec les besoins du milieu. AGRIcarrières travaille avec les établissements d’enseignement pour offrir une formation de base et en continu qui soit pertinente. AGRIcarrières a également retenu la fidélisation des employés parmi les enjeux qui seront prioritaires pour l’organisme d’ici 2019. Geneviève Lemonde souhaiterait entre autres que les producteurs intègrent les ressources humaines dans leur gestion du risque. « Près de 80 % des fermes au Québec ont moins de cinq employés. Un départ inattendu, parce qu’on a mal géré son employé, peut être une véritable claque au visage pour l’employeur. Il faut sensibiliser les producteurs à une saine gestion des ressources humaines, à l’importance d’être dans la proaction plutôt que dans la réaction. » Patrick Leblanc est directeur du Centre de formation professionnelle à la Commission scolaire la Riveraine de Nicolet. Il observe bien que l’agriculture est en concurrence auprès des jeunes avec des domaines autrement mieux rémunérés, comme la construction. Mais la situation tend à changer dans le secteur agricole. Les conditions de travail se sont améliorées, tout comme les horaires. Des congés sont maintenant possibles. « On s’en va du bon côté. L’agriculture, aujourd’hui, c’est un monde d’affaires, et les producteurs gèrent des business. Ils n’ont pas le choix, ils vont devoir offrir des conditions plus intéressantes à leurs employés. Mais en contrepartie, ils vont pouvoir les garder. »

PHOTO : MARTINE DOYON

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| VIE AGRICOLE

COMMENT TROUVER ET GARDER DE BONS EMPLOYÉS Patrick Vanier Directeur principal du développement organisationnel La Coop fédérée patrick.vanier@lacoop.coop

Il n’existe pas de recettes miracles pour trouver et garder les employés agricoles dont on a toujours rêvé, indique Patrick Vanier. Mais certains conseils aideront à ce que la « sauce prenne » entre vous et vos employés, en vue de la formation d’une union harmonieuse et avantageuse pour tous. n Se prendre à l’avance pour trouver un employé;

ainsi, on se donne plus de chances de recruter le meilleur. n Utiliser les réseaux sociaux pour faire son recrutement, car ce sont les moyens de communication des plus jeunes. Il faut pouvoir les joindre eux aussi. n Construire

l’image de marque de l’entreprise, c’est-à-dire montrer ce qui la distingue des autres pour attirer les employés talentueux. Recruter sa main-d’œuvre à la source; par exemple, dans les écoles d’agriculture. n

n Établir un programme de gestion des employés,

à savoir des gestes ou des interventions à faire tous les jours

– Encourager ses employés par des paroles positives (sur leur existence, leur motivation, leurs talents, leurs efforts). – Leur communiquer ses besoins et ses objectifs. – Les consulter, leur demander leur opinion, les faire participer. – Les développer par de l’accompagnement, de la formation, etc. n Retenir l’ingrédient secret : le succès de l’entreprise repose sur les humains, non sur les rendements et les chiffres. Un principe qui demeure, que l’équipe compte 10 employés ou un seul.

Être imaginatif pour conserver ses employés au-delà des périodes de pointe, sinon quelqu’un d’autre profitera de leur expertise.

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PHOTO : LA COOP FÉDÉRÉE

PHOTO : BERNARD DIAMANT

n


AFFAIRES AGRICOLES |

LE LAIT QUI COÛTE LE PLUS CHER ? CELUI QU’ON NE PRODUIT PAS !

TEXTE DE NICOLAS MARQUIS, T.P.

PHOTO : LA COOP FÉDÉRÉE

PHOTO : BERNARD DIAMANT

POUR FAIRE SUITE À L’ARTICLE « IMPACT ÉCONOMIQUE D’UNE STRATÉGIE D’ALIMENTATION » (COOPÉRATEUR DE NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2015), VOICI UN EXEMPLE CONCRET POUR CHAUSSER LES BOTTES D’UN PRODUCTEUR LAITIER QUAND VIENT LE TEMPS DE BIEN MESURER L’IMPACT ÉCONOMIQUE D’UNE STRATÉGIE D’ALIMENTATION. Début juin 2015. Après un hiver assez difficile pour sa luzerne, M. Faidulait, qui a l’habitude de récolter de l’ensilage à environ 18 % de protéine et 30 % d’ADF, est prêt à faucher, mais la météo ne collabore pas – il pleut ! Il est donc forcé d’attendre quelques jours. Résultat : la première coupe dose 14 % de protéine, un effet combiné du stade de coupe et du pourcentage de légumineuses dans son champ. Avec ses 50 vaches, M. Faidulait produit une moyenne de 32 litres au réservoir à 170 jours en lait. Pour maintenir sa production et livrer le quota permis, il doit majorer, dans son programme alimentaire, le supplément protéique et le tourteau de soya de 1,1 kg/jour. Il constate, à son grand désarroi, que son coût à l’hectolitre passera de 11,81 $ à 13,99 $. Par conséquent, il hésite à servir davantage de concentrés. Avec la ration modifiée, qui maintiendrait la production à 32 litres par vache, la marge par kilo de gras change peu. Mais quand on multiplie la différence de revenu pour la marge par les kilos de gras produits annuellement, on voit toute l’ampleur de la baisse de revenus : 9351 $ ! En fait, cette somme représente le coût d’avoir un ensilage dosant 4 % de moins en protéine (18 % – 14 %). Alors, on fait quoi ? L’ensilage est dans le silo… On envisage l’option de ne pas changer la ration et d’accepter une diminution de production à 29 kg par vache. Résultat : le coût des concentrés à l’hectolitre tombe alors à 13,03 $ (au lieu de 13,99 $). Par contre, il y aura 4,4 kg de gras en moins dans le réservoir chaque jour. Avec ce cas de figure, le manque à gagner serait de 31 871 $ pour 12 mois ! (Voir tableau 2 en page 33.)

Une chose est donc très claire : le lait qu’on ne produit pas, c’est ce qui coûte le plus cher dans le bilan économique d’une stratégie alimentaire. On a le choix entre produire le lait avec des frais alimentaires plus élevés et avoir une baisse de revenus de 9351 $ par rapport à la dernière année, et encaisser 31 871 $ de pertes en laissant simplement sa production diminuer (sans accroître les frais d’alimentation du troupeau). Puisque l’on doit produire le lait, entre deux situations, on opte pour la meilleure ! Il faut donc ajuster la ration ou acheter des vaches, ce qui est une décision personnelle. Avec l’ajout de pourcentages supplémentaires et de journées additionnelles de production, vient aussi, parfois, la déception de manquer de lait. Parmi les aspects importants qui assureront une bonne production par vache au réservoir, il y en a trois qui sont essentiels :

1. OBTENIR DE BONS PICS (80 % DU LAIT TOTAL DE LA LACTATION EN DÉPEND) On ne le répètera jamais assez : l’atteinte des pics, c’est le premier pas vers une lactation réussie. Afin d’y arriver, les éléments clés pour exploiter le potentiel génétique des vaches doivent être au rendez-vous : régie, confort et alimentation. Concernant ce dernier point, il faut tout faire pour que le programme de transition limite les désordres métaboliques, maximise la consommation volontaire de matière sèche en début de lactation et permette aux vaches un retour rapide en gestation.

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2. UN NOMBRE DE JOURS EN LAIT PEU ÉLEVÉ (JEL)

l’espace et la régie qu’il faut pour élever des taures ? En élever davantage entraînera, la majorité du temps, des frais variables d’environ 2000 $ par taure – alors pourquoi ne pas le faire, si vous savez bien le faire ? Si vous en avez quelques-unes en trop, en plus d’effectuer une sélection volontaire rigoureuse, vous pourriez vous permettre de vendre des vaches pour le lait. Avec le lait à produire et les journées additionnelles déjà annoncées pour l’automne, gardons comme objectifs de faire de bons fourrages en 2016 et de bien réussir la période de transition, pour maximiser les pics et la reproduction. Assurons-nous également d’effectuer une sélection volontaire, en conservant suffisamment de taures selon un taux de réforme réaliste (30-35 %) et en abaissant l’âge au vêlage (23-24 mois ?).

Cela a un impact majeur sur le lait produit. Dans le graphique 1, on constate que les pics plus élevés permettront une lactation avec plus de lait. En outre, peu importe la moyenne d’un troupeau, on voit l’effet très positif des JEL bas sur la production par vache.

3. AVOIR SUFFISAMMENT DE TAURES POUR ASSURER LE RENOUVELLEMENT DU TROUPEAU ET FAIRE FACE AUX IMPRÉVUS En moyenne, dans le bilan des troupeaux abonnés aux Tableaux mensuels La Coop, il y a 71 % de taures dans le cheptel. Il manquerait donc 10 taures par ferme de 100 vaches, qui vêleraient à 24 mois, et il y aurait un taux de réforme de 35 % (voir tableau 1). Vous avez

Tableau 1 GÉNISSES REQUISES POUR ASSURER LE RENOUVELLEMENT D’UN TROUPEAU DE 100 VACHES Âge au premier vêlage

Taux de renouvellement annuel du troupeau*

24 mois

26 mois

28 mois

30 mois

20 %

46

50

54

58

25 %

58

62

67

72

30 %

69

75

81

85

35 %

81

87

94

101

40 %

92

100

107

115

*Inclut une marge de 15 % pour les animaux réformés, impropres à la reproduction et morts. (Source : CRAAQ)

Graphique 1 IMPACT DES PICS ET DES JEL SUR LA PRODUCTION MOYENNE PAR VACHE AU RÉSERVOIR 12 000 kg Pic 51 kg

55 50 45

35

33 kg -9 kg

35 kg

30

8000 kg Pic 32 kg

25

28 kg -7 kg 27 kg

20

23 kg -4 kg

15 0

50

(Source : logiciel Synchro-ration)

32

100

150

200 JEL

250

300

PHOTO : ISTOCK

Lait (kg)

42 kg

10 000 kg Pic 44 kg

40

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AFFAIRES AGRICOLES |

Tableau 2 IMPACT ÉCONOMIQUE ANNUEL DE LA MARGE ALIMENTAIRE (REVENU – FRAIS D’ALIMENTATION DES VACHES EN LAIT), SELON TROIS CAS DE FIGURE ÉLÉMENTS DE LA RATION (kg/jour)

AVANT

Ensilage de maïs

29 litres

12

12

12

Ensilage de foin 18 % (avant) et 14 %

19,7

17,4

19,7

Foin sec

2,0

2,0

2,0

Mais cassé

6,75

6,75

6,75

Supplément protéique

1,8

2,5

1,8

Tourteau de soya

0,9

1,3

0,9

Minéral

0,19

0,12

0,19

AVANT

32 litres

29 litres

3,32

3,0

3,0

11,81 $

13,99 $

13,03 $

62,4

62,4

58,0

12,20 $

11,79 $

11,62 $

277 967 $

268 616 $

246 096 $

– 9351 $

– 31 871 $

DONNÉES DE PRODUCTION Ratio kg de lait/kg de concentrés Coût des concentrés/hl Kg de gras livrés par jour PHOTO : ISTOCK

32 litres

Marge/kg de gras Marge annuelle (Source : logiciel Synchro-ration)

11 Alma

18 15

12

Rimouski

L’auteur Nicolas Marquis, T.P. Conseiller spécialisé, Secteur des ruminants La Coop fédérée nicolas.marquis@lacoop.ccoop

Amqui

Rivière-du-loup

et

14 Québec

23 22 24 25

6

7

10 3

17 13

16 9Laval 1

5 2

19

20

21

Victoriaville

8

Saint-Hyacinthe

Iberville

4

GROUPE TERAPRO ÉQUIPEMENT INOTRAC INC. 1 Saint-Hyacinthe 2 Iberville — MACHINERIE CH 3 Saint-Guillaume | 4 Cookshire-Eaton 5 Sainte-Martine | 6 Nicolet 7 Victoriaville | 8 Wotton

LONGUS ÉQUIPEMENTS INC. 9 Laval — RENÉ RIENDEAU 1986 INC. 10 Varennes — ÉQUIPEMENT J.M.A.R. INC. 11 Alma — LA MATAPÉDIENNE COOPÉRATIVE AGRICOLE 12 Amqui

FERNAND CAMPEAU & FILS INC. 13 Dalhousie Station — GROUPE DYNACO 14 La Pocatière 15 Rivière-du-Loup — J. RENÉ LAFOND INC. 16 Mirabel — ÉQUIPEMENT DE FERME PAPINEAU LTÉE 17 Plaisance

PERFORMANCE RIMOUSKI S.E.C. 18 Rimouski — UNICOOP, COOP AGRICOLE 19 Saint-Agapit | 20 Saint-Anselme 21 Sainte-Marie de Beauce 22 Saint-Vallier | 23 Québec 24 Saint-Narcisse, Cté Champlain — 25 RAYMOND LASALLE INC. Saint-Thomas de Joliette

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| AFFAIRES AGRICOLES

TEXTE ET PHOTOS D’ÉTIENNE GOSSELIN, AGRONOME, M. SC.

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Journaliste, tiens ta montre, car Claudie Ouellet a deux enfants, deux emplois, un grand troupeau et deux bâtiments, dont un est en construction. Visite de deux heures, top chrono ! « Ma recette du succès, c’est de miser sur la haute génétique, de faire de bons pâturages et d’éviter le surendettement », entame Claudie, expéditive. Avec ses 75 femelles, la ferme produit une trentaine de taures Angus-Simmental, vendues par le bouche-à-oreille et à l’aide du site Internet LesPAC (une simple annonce et 20 appels reçus !), tandis que les mâles prennent le chemin de l’encan une fois semi-finis (375 kg). Tout est donc fait pour ajouter de la valeur aux animaux, dotés d’une génétique supérieure soit par l’utilisation de l’insémination artificielle (détection des chaleurs dans

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1 les bâtiments durant un mois), soit par la mise aux taureaux, pour lesquels Claudie n’hésite pas à débourser de fortes sommes (plus de 10 000 $). Les progrès techniques sont suivis de près par Claudie, grâce au Programme d’analyse des troupeaux de boucherie du Québec. Les progrès financiers le sont tout autant, au moyen de l’analyse financière personnalisée de La Financière agricole.

ÉCHAFAUDER UN DÉMARRAGE Son démarrage, Claudie l’a élaboré vaillamment. « Avant d’acheter mes 12 premières taures, en 2005, soit après ma sortie de l’Institut de technologie agroalimentaire, j’ai travaillé pendant un an et demi, cumulant trois emplois différents. Avec cela, j’ai pu amasser une mise de fonds de 40 000 $. Encore aujourd’hui, je travaille de soir dans une entreprise de transformation des viandes, en plus de prendre soin de mes 75 vaches, notamment en effectuant une tournée de nuit dans le temps des vêlages [décembre, janvier, février et mars]. J’espère vivre de ma ferme dans trois ans, quand j’aurai suffisamment de vaches, soit environ 100 », calcule la femme de 31 ans.

Déjà, en quatre ans, elle a triplé son chiffre d’affaires en même temps que sa marge d’exploitation (produits moins charges). La Ferme Claudie Ouellet 2005 possède deux sites d’élevage, chacun de 60 places. Avec les investissements pour y amener l’eau courante et l’électricité, les bâtiments ont coûté 55 000 $ dans un cas, 75 000 $ dans l’autre. Claudie, son conjoint, Sébastien Bourgoin, et le père de celle-ci ont tout fait eux-mêmes, du nivellement du béton (« j’ai loué une règle vibrante pour 150 $, alors que les finisseurs m’auraient demandé 2800 $ ») à la fabrication des fermes de toit (« j’aurais pu les acheter toutes assemblées pour 11 000 $, mais elles ont plutôt coûté 5500 $ de bois et de clous »). AUTOconstruction, POLYvalence, MULTItâche… Voilà de maîtres mots aux beaux préfixes qui s’appliquent bien au cas présent. « Plutôt que de travailler pour payer des infrastructures clés en main ou des équipements préfabriqués, je me paie moimême pour les fabriquer ! » dit fièrement la résidante de Rivière-du-Loup, qui a aussi fait toute l’électricité dans sa nouvelle étable, en s’appuyant sur les notions acquises lors de ses études collégiales.

2 1. Dans son plus récent bâtiment, Claudie a prévu (derrière elle) un parc de vêlage chauffé de trois mètres sur cinq, pour aider à l’assèchement des veaux après la naissance, lors de grands froids. 2. Pour viser un bon compromis entre l’aptitude laitière et le gain rapide, la connaissance des généalogies est essentielle. Par exemple, Claudie a déjà acheté un taureau dont elle avait auparavant utilisé le père en insémination.

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| AFFAIRES AGRICOLES

1

3 1. Un muret de béton de 60 cm de hauteur ceinture les étables et permet de faciliter le grattage hebdomadaire, entre décembre et avril. 2. En fabriquant avec son père, André, ses bâtiments et ses équipements, Claudie épargne des milliers de dollars, qui peuvent être consacrés à des actifs plus productifs. 3. Claudie Ouellet suit avec attention ses progrès technico-économiques, soit avec les outils génétiques du Programme d’analyse des troupeaux de boucherie du Québec, soit avec les analyses financières de La Financière agricole du Québec.

2 ORIENTÉE GESTION Produire ne va pas sans gérer. La Louperivoise le sait. « J’ai beaucoup de respect pour Claudie », estime son experte-conseil en production bovine de La Coop, l’agronome Jessica Guay-Jolicœur. « Elle n’hésite pas à poser des questions et elle accueille toujours mes conseils avec reconnaissance. Elle a beaucoup de discernement et elle comprend très bien ce qui est le mieux pour elle et son entreprise. » Chaque année, Claudie attend fébrilement (« oui, mais pas tant que ça ! ») son analyse financière personnalisée de La Financière, qui présente différentes variables. Du coup, elle peut comparer ses performances avec la moyenne des entreprises bovines ou des entreprises du groupe de tête. Dans tous les paramètres, sa ferme rayonne, dépassant même la moyenne des meilleures entreprises : liquidité (fonds de roulement), solvabilité (autonomie financière), rentabilité (rendement de l’actif) et efficience (taux de charges).

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Entre vous et elle, un de ses secrets pour atteindre de tels résultats : rembourser rapidement ses emprunts ! Par exemple, elle vient de ramener un prêt de 10 ans à un terme de 5 ans, ce qui représente 3200 $ économisés en intérêts. De plus, même si elle compte encore sur un emploi extérieur, Claudie se verse un petit salaire à même la marge d’exploitation. Sa situation financière actuelle et à venir la conforte dans son choix de réussir à vivre de sa production (alors que nombre de personnes, parfois même des producteurs bovins, lui ont dit qu’elle ne réussirait pas à rentabiliser ses investissements). C’est une puissante source de motivation, selon Claudie. « J’y crois tellement ! Je sais qu’en demeurant dans le groupe de tête, je vais être capable d’en vivre », jure-t-elle. La ferme type de La Financière, avec 115 vaches et 216 hectares en culture, est donc à portée de main pour la productrice, qui élèvera 100 vaches dans trois ans et qui cultive déjà 205 hectares. Une battante, cette Claudie, capable de battre tous les modèles. Et de battre en retraite, parce que les deux heures sont écoulées !

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| AFFAIRES AGRICOLES

CARTE DES CAS DEPUIS LE 1 ER OCTOBRE 2015

En bleu : Cas résolus En rouge : Cas en cours (Source : Organisation mondiale de la santé animale [OIE])

L’INFLUENZA AVIAIRE DANS LE MONDE

TEXTE DE BENOIT LANTHIER, D.M.V., M. SC.

DE DÉCEMBRE 2014 À JUIN 2015, L’INFLUENZA AVIAIRE HAUTEMENT PATHOGÈNE H5N2 A MENÉ À L’ABATTAGE D’ENVIRON 65 MILLIONS D’OISEAUX AUX ÉTATSUNIS. DEPUIS, L’INDUSTRIE AVICOLE QUÉBÉCOISE EST SUR UN PIED D’ALERTE. AUCUN CAS N’A ÉTÉ SIGNALÉ DANS LA PROVINCE JUSQU’À MAINTENANT, MAIS DES ÉPIDÉMIES SONT EN COURS À BIEN DES ENDROITS DANS LE MONDE. VOICI UN APERÇU DE LA SITUATION. AMÉRIQUE DU NORD

38

EUROPE

ÉTATS-UNIS

FRANCE

On a confirmé un cas d’influenza aviaire hautement pathogène H7N8 le 11 janvier dernier en Indiana, dans le comté de Dubois. Le programme de dépistage mis en place à la suite de la découverte de ce cas a permis de détecter le virus de l’influenza aviaire faiblement pathogène H7N8 dans plusieurs autres élevages de dindes. Tous les oiseaux ont rapidement été abattus afin de limiter la propagation du virus. L’abattage intégral est également prévu sur un site de 156 000 pondeuses commerciales, présentant un résultat négatif pour l’influenza aviaire, mais ayant un lien épidémiologique important avec un des sites affectés.

Le sud-ouest de la France doit présentement faire face à une grave épidémie d’influenza aviaire hautement pathogène. Trois sérotypes ont été détectés : H5N1, H5N2 et H5N9. Au total, plus de 250 000 oiseaux de 66 exploitations ont été abattus. La majorité des cas ont été répertoriés dans des ateliers de gavage de canards, mais certains élevages de chapons, de poulets, de pondeuses et de pintades sont aussi affectés.

AFRIQUE NIGÉRIA De nombreux cas de H5N1 chez des pondeuses ont été signalés récemment au Nigéria. Depuis

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AFFAIRES AGRICOLES |

décembre 2014, ce pays est aux prises avec une épidémie non contrôlée qui a mené à la destruction de près de 350 troupeaux. Au total, plus de deux millions d’oiseaux, principalement des pondeuses, ont été affectés.

CÔTE D’IVOIRE ET GHANA Depuis avril 2015, la Côte d’Ivoire et le Ghana ont signalé respectivement 29 et 34 cas de H5N1. Ce sont principalement de petits troupeaux de 150 à 2000 poulets ou pondeuses qui sont affectés. Compte tenu de l’accessibilité limitée aux outils de diagnostic et de la grande quantité d’élevages de basse-cour, il est fort probable que le nombre réel soit beaucoup plus élevé.

ASIE TAIPEI CHINOIS L’Asie est sans aucun doute le continent le plus fortement touché par l’influenza aviaire. Le Taipei chinois (Taïwan) est notamment en tête de liste. Il y a eu 563 cas de H5N2 et 302 de H5N8 depuis janvier 2015. Ce sont principalement les élevages d’oies qui sont affectés. Au total, près de six millions d’oiseaux ont été abattus.

RÉPUBLIQUE DE CORÉE (CORÉE DU SUD) La Corée est aux prises avec une situation semblable. Depuis septembre 2014, il y a eu 179 cas de H5N8, qui ont mené à la destruction de plus de quatre millions d’oiseaux.

VIETNAM Une vingtaine de cas de H5N6, principalement dans de petits élevages, ont été signalés depuis août 2015. Récemment, il y a eu quelques cas de H5N1, dont un dans un troupeau commercial de 40 000 oiseaux.

CHINE L’influenza aviaire est très répandue en Chine. Tout comme dans les autres pays d’Asie, la grande quantité de petits élevages et de marchés d’animaux vivants ainsi que l’absence de biosécurité rendent presque impossible l’éradication de cette maladie. Une cinquantaine de cas de H5N2 et de H5N6 ont été signalés depuis 2014. Il est toutefois possible que le nombre réel soit nettement plus élevé, mais que la faible accessibilité aux services de diagnostic pour les petits élevages diminue le nombre de cas signalés.

AUTRES PAYS Certains pays n’ont répertorié qu’un ou deux cas durant les derniers mois. D’octobre à janvier, il y a eu un cas de H5N6 au Laos, deux cas de H5N1 au Cambodge et un cas de H5N1 en Inde. On a dépisté quelques cas de H5N6 chez la sauvagine à Hongkong, mais aucun chez des oiseaux domestiques.

RAPPELS CONCERNANT L’INFLUENZA AVIAIRE HAUTEMENT PATHOGÈNE L’influenza aviaire hautement pathogène est une maladie à déclaration obligatoire. Elle peut entraîner la mort de 90 % d’un troupeau en seulement quelques jours, et aucun traitement n’existe. Lorsqu’un cas est détecté, il est essentiel de procéder à l’abattage intégral du troupeau le plus rapidement possible, afin de limiter la propagation du virus. La vaccination est pratiquée dans certains pays où l’influenza aviaire est endémique. Elle permet de réduire les signes cliniques, mais n’empêche pas les oiseaux de s’infecter et de transmettre le virus. Dans les régions où l’influenza aviaire n’est pas contrôlée, le vaccin permet de limiter les dégâts causés par le virus. Par contre, le délai entre l’infection et le diagnostic s’allongera, et il est possible que la destruction intégrale ne se fasse pas. Le vaccin diminuera les signes cliniques, qui seront tout de même importants : mortalité, perte de conversion alimentaire, chute de ponte, etc. Puisque le troupeau restera en production, il continuera à excréter le virus et à contaminer la région. La vaccination est donc une solution de dernier recours, lorsque les efforts d’abattage intégral et de contrôle du virus ont échoué. La seule prévention valable est la biosécurité. Il est très important de s’assurer que toute personne pénétrant dans les poulaillers respecte les zones de biosécurité à l’entrée, se lave les mains, chausse des bottes de plastique et enfile un survêtement. Puisque les oiseaux sauvages peuvent être porteurs du virus, il est essentiel d’empêcher qu’ils aient des contacts avec les volailles de production. Il est également important de s’assurer que tout matériel possiblement contaminé par des oiseaux sauvages est désinfecté avant de l’entrer dans les poulaillers.

La biosécurité, c’est l’affaire de tous !

Les informations présentées proviennent de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) et sont en date du 31 janvier 2016.

L’auteur Benoît Lanthier, D.M.V., M. Sc. Médecin vétérinaire avicole La Coop fédérée benoit.lanthier@lacoop.coop

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| AFFAIRES AGRICOLES

CONSTRUIRE SON RENDEMENT DE MAÏS TEXTE DE FRANÇOIS LABRIE, AGRONOME, ET LUCIE KABLAN, PH. D.

EN 2015, LE MAÏS A ENCORE UNE FOIS DÉMONTRÉ SON ÉNORME POTENTIEL DE RENDEMENT. AU QUÉBEC, EN MOYENNE, IL EST PASSÉ À 10,3 T/HA, AMÉLIORANT D’UNE TONNE L’ANCIEN RECORD ÉTABLI EN 2010. LE GAGNANT DU CONCOURS DE RENDEMENT DE MAÏS AUX ÉTATS-UNIS, EN 2015, ORGANISÉ PAR LA NATIONAL CORN GROWERS ASSOCIATION, A DÉPASSÉ LES 33 T/HA (532 BOISSEAUX À L’ACRE) ! Résumons la saison 2015 : semis hâtif sur une courte période (en mai) dans un sol chaud, émergence rapide et uniforme, pluviométrie régulière et longue saison, ce qui a maximisé le remplissage des grains. Ces facteurs environnementaux ont permis aux hybrides performants d’exprimer leur potentiel de rendement et les investissements pour conserver les sols en santé (gestion de la compaction, du pH, de la fertilité, du drainage et des résidus) ont porté leurs fruits. Maintenant, que faire en 2016 pour continuer d’accroître le rendement ? Faut-il augmenter la dose de semis ? Augmenter la fertilisation azotée ? Utiliser un fongicide ? Pour répondre à ces questions, des essais ont été réalisés en 2014 et 2015 pour un total de six années-stations dans la région de Saint-Hyacinthe. Ces essais ont été menés dans trois types de sol, avec un hybride Elite de 2900 UTM (E67D10 LR), sur un précédent de céréale à paille et maïs-grain. Deux doses d’azote ont été testées, soit 170 et 205 kg N/ha. La population (32 000 et 38 000 grains à l’acre) et l’emploi d’un fongicide ont aussi été évalués (voir tableau 1). Le but était de quantifier l’effet des différents facteurs sur le rendement du

maïs et l’effet de synergie quand plus d’un facteur entre en jeu. Lors de ces essais, huit traitements ont été comparés : 1. Régie standard : 32 000 grains/acre, fertilisation avec 170 kg/ha d’azote et aucune utilisation de fongicide 2. Régie intensive : 38 000 grains/acre,

azote à 205 kg/ha et utilisation d’un fongicide à la sortie des soies 3. Régie intensive, mais

seulement 170 kg N/ha 4. Régie intensive, mais

seulement 32 000 grains/acre 5. Régie intensive,

mais sans fongicide 6. Régie standard, mais

avec 38 000 grains/acre 7. Régie standard, mais

avec 205 kg N/ha 8. Régie standard, mais avec fongicide

Six parcelles ont été semées pour chaque traitement. Chacune d’elles avait une dimension de quatre rangs de largeur sur 7 m de longueur. Seuls les deux rangs du centre ont été pesés pour les données de rendement.

Tableau 1 François Labrie, agronome Conseiller spécialisé en maïs et soya La Coop fédérée françois.labrie@lacoop.coop Lucie Kablan, Ph. D. Chercheuse en productions végétales La Coop fédérée lucie.kablan@lacoop.coop

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DESCRIPTION DES TRAITEMENTS DE L’ESSAI Standard

Intensive A

32 000

38 000

Azote total (kg / ha)

170

205

Fongicide

Non

Oui

Taux de semis (grains / acre)

PHOTOS: FRANÇOIS LABRIE

Les auteurs

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| AFFAIRES AGRICOLES

Le tableau 2 montre que le rendement le plus élevé a été obtenu avec la régie intensive. Le seul cas où le rendement de la régie intensive rejoint celui de la régie standard est lorsque la fertilisation azotée est diminuée à 170 kg d’azote. C’est bien beau, mais cette régie est-elle rentable ? Dans le tableau 3, où il est question de rentabilité, les traitements avec la fertilisation azotée supérieure ont généré les meilleures marges nettes à l’hectare, sans accroître la charge de travail. Le fait de hausser la dose de semis du maïs est une décision rentable, mais lorsque la fertilisation azotée est ajustée pour l’obtention d’un rendement élevé, le revenu à l’hectare devient optimal. L’emploi d’un fongicide a permis d’augmenter le rendement, sans toutefois le rentabiliser. L’hybride utilisé ici est doté d’une solide tolérance aux maladies et la pression de la maladie sur les sites a été faible au cours des deux dernières années. Pour l’azote, cet essai a été bâti pour que cet élément soit optimal pour la productivité. Bien entendu, il ne s’agit pas d’une

recommandation à mettre en pratique les yeux fermés au sein de votre entreprise. Il importe de réaliser des essais sur votre ferme pour bien évaluer le dosage d’azote optimal en fonction de vos sols et de votre régie. Les essais antécédents ont permis de déterminer que la dose de 205 kg d’azote est optimale à la ferme de recherche. Il faut aussi tenir compte qu’il n’y a pas d’application d’engrais organiques et qu’il y a beaucoup de résidus des cultures précédentes. En conclusion, l’azote est le facteur qui a eu le plus d’impact sur le rendement dans cet essai. Le fait d’augmenter la population du maïs a été rentable, et lorsqu’on combinait cette hausse de population à une fertilisation azotée adéquate, le rendement et la rentabilité ont augmenté. Évidemment, pour obtenir les résultats anticipés, il faut partir avec un hybride productif et performant, bien gérer les sols et maîtriser les points de régie associés à un rendement élevé. Prenez le temps de discuter avec votre expert-conseil des facteurs qui peuvent améliorer votre rentabilité dans le maïs-grain.

Tableau 2 RÉSULTATS DES ESSAIS (MOYENNE DE 2 ANS, 6 ANNÉES-STATIONS) Type de régie

Rendement (kg/ha)

PS (kg/hl)

Humidité (%)

Standard

11 966 e*

67,0 ab

21,6 f

Intensive

13 441 a

66,7 abc

22,2 abcd

Intensive, mais 170 kg N Intensive, mais 32 000 grains Intensive, mais sans fongicide

594 cd 13 261 ab 13 080 ab

66,5 bc 66,7 abc 67,1 a

22,1 abcd 22,3 abc 21,7 de

Standard, mais 38 000 grains Standard, mais 205 kg de N Standard, mais avec fongicide

12 544 cd 12 887 bc 12 384 d

67,0 ab 67,0 ab 66,3 c

21,9 cde 22,0 bcd 22,3 abc

*Les chiffres suivis d’une lettre différente sont statistiquement différents. Test de comparaison : Turkey 10 %

Tableau 3 RENTABILITÉ* DES DIVERS TYPES DE RÉGIE Revenu brut ($/ha)

Frais ($/ha)

Revenu net ($/ha)

Standard

2274

0

2274

Intensive

2554

182

2372

Intensive, mais 170 kg N Intensive, mais 32 000 grains Intensive, mais sans fongicide

2393 2519 2485

133 130 101

2260 2389 2384

Standard, mais 38 000 grains Standard, mais 205 kg de N Standard, mais avec fongicide

2383 2449 2353

52 49 81

2331 2400 2272

* En tenant compte des données suivantes : Prix du maïs/t : 190 $; Coût de la semence/80 000 grains : 280 $ Coût du kg N : 1,40 $ •Coût/ha du fongicide appliqué à forfait : 81 $

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PHOTO : LA COOP FÉDÉRÉE

Type de régie

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| AFFAIRES ÉCONOMIQUES

LA DEVISE

CANADIENNE

PARFOIS ALLIÉE, PARFOIS RIVALE TEXTE DE STÉPHANE LAPIERRE, T.P.

À L’AUTOMNE 2009, UNE NOUVELLE CONVENTION DE MISE EN MARCHÉ DANS LE SECTEUR PORCIN VOYAIT LE JOUR : LE PRIX DU PORC QUÉBÉCOIS ALLAIT ÊTRE LE REFLET PARFAIT DU PRIX AMÉRICAIN. LA SEULE DIFFÉRENCE VIENDRAIT DES FLUCTUATIONS DE LA DEVISE CANADIENNE PAR RAPPORT À L’AMÉRICAINE. PAR SA FORCE OU SA FAIBLESSE, LE DOLLAR CANADIEN PEUT DONC INFLUENCER CONSIDÉRABLEMENT LE REVENU DES ÉLEVEURS DE PORCS QUÉBÉCOIS.

Stéphane Lapierre, T.P. Conseiller en évaluation économique Production porcine Olymel stephanelapierre@olymel.com

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environnement artificiel, en stimulant le prix du porc québécois à la hausse, et influencer les décisions d’investissement. Il faut rentabiliser les projets en tenant compte des turbulences sur le marché.

POUR BIEN RÉUSSIR UN PROJET D’INVESTISSEMENT Il est recommandé d’établir le budget d’un projet à la lumière d’un prix du porc où l’ASRA intervient avec des cotisations légèrement plus élevées qu’actuellement. Cela permet d’en connaître la sensibilité économique, peu importe le contexte du marché. Si votre projet dégage un profit à l’ASRA, c’est qu’il en bat le modèle. Si ce n’est pas le cas, il faut que l’entreprise améliore son efficacité globale pour être en mesure de le financer, sinon elle devra revoir son plan d’affaires. En outre, tout projet devra tenir compte des mises aux normes en matière d’environnement et de bien-être animal. La rencontre multidisciplinaire est un excellent outil, qui permet de réunir vos partenaires d’affaires. Différentes options pourront être analysées, sans négliger les aspects environnemental, technique, sanitaire, économique, humain et financier apportés par l’expertise de vos conseillers. Cette démarche vous donnera une meilleure compréhension de la situation et facilitera le processus décisionnel, afin que vous puissiez maintenir la pérennité de votre entreprise.

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L’auteur

De 2010 à 2013, le prix reçu par les producteurs québécois a varié entre -12 $ et + 12 $ les 100 kg par rapport à celui des éleveurs de porcs américains (graphique 1). Dès que le dollar canadien s’est mis à diminuer, la situation a tourné à l’avantage des éleveurs québécois, comme on peut le constater pour la période de 2014 à 2015. Avec des conditions de marché similaires de part et d’autre de la frontière, les producteurs québécois ont été désavantagés de 2011 à mi-2013 et très avantagés de 2014 à aujourd’hui, comparativement à leurs homologues américains. En 2015, les producteurs québécois ont reçu 39 $/100 kg de plus que les producteurs américains, uniquement en raison d’une devise canadienne beaucoup plus faible que le billet vert. Le tableau 1 indique l’écart annuel dû à la fluctuation du huard. On constate que le prix américain, en 2015, a atteint son plus bas niveau depuis 2010. N’eût été la dépréciation très importante du dollar canadien, l’ASRA aurait dû intervenir de manière substantielle cette année-là. Le dollar canadien devrait demeurer faible pendant un certain temps. Pour modifier cette tendance, il faudra que l’économie mondiale s’améliore par une augmentation du cours des matières premières, comme le pétrole et les métaux. La faiblesse de la devise canadienne (70 ¢ par rapport au dollar américain au moment où nous écrivons ces lignes) peut créer un

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Graphique 1 ÉVOLUTION DE L’ÉCART ENTRE LES PRIX AMÉRICAIN ET QUÉBÉCOIS À CAUSE DE LA FLUCTUATION DE LA DEVISE CANADIENNE – 2010 À 2015 55 45 35

$/100 kg

25 15 5 -5 -15 04-Jan-10

04-Jan-11

04-Jan-12

04-Jan-13

04-Jan-14

04-Jan-15

(Source : Les Éleveurs de porcs du Québec, Info. Prix)

Tableau 1 ÉCART DE REVENU ANNUEL ENTRE LES PRODUCTEURS QUÉBÉCOIS ET AMÉRICAINS À CAUSE DE LA FLUCTUATION DE LA DEVISE CANADIENNE Année

Prix indexé moyen pondéré ($/100 kg)

Écart moyen annuel ($/100 kg)

Prix québécois

Prix américain

2010

157,39 $

152,77 $

2011

180,97 $

182,91 $

– 1,94 $

2012

173,50 $

173,51 $

– 0,01 $

2013

187,81 $

182,36 $

5,45 $

2014

235,59 $

213,65 $

21,94 $

2015

183,47 $

143,79 $

39,68 $

4,62 $

(Source : Les Éleveurs de porcs du Québec, Info. Prix)

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| AFFAIRES ÉCONOMIQUES

QU’OFFRE LE

GROUPE EXPORT AGROALIMENTAIRE ? TEXTE D’HÉLÈNE COSSETTE

ACTUELLEMENT PRÉSIDÉ PAR MARTIN PLANTE, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE CITADELLE, LE GROUPE EXPORT AGROALIMENTAIRE QUÉBEC-CANADA EST DEVENU AU FIL DES ANS UN PARTENAIRE INCONTOURNABLE POUR LES EXPORTATEURS AGROALIMENTAIRES DU QUÉBEC.

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SERVICES ET FORMATIONS Le Groupe Export offre par ailleurs des services-conseils pour assurer que les tableaux nutritionnels des produits exportés par ses membres sont conformes à la législation du pays de destination. Les membres bénéficient également de tarifs de groupe très avantageux pour l’expédition de petits colis et de documents. « Selon les destinations, grâce à notre entente avec FedEx, c’est de 25 à 40 % moins cher, en fonction des routes choisies », affirme André Coutu. De plus, le Groupe Export offre chaque année une douzaine de formations touchant divers sujets liés à l’exportation. Généralement gratuites pour les membres, elles sont également accessibles à faible coût aux non-membres.

SUBVENTIONS À L’EXPORTATION Dernier point mais non le moindre, le Groupe Export assure la gestion des programmes de subventions à l’exportation du MAPAQ et d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, et ce, depuis une dizaine d’années déjà. Dotés respectivement d’enveloppes annuelles de 2,5 M$ et de 1,3 M$, ces programmes permettent aux entreprises de couvrir la moitié de leurs frais d’exportation, jusqu’à concurrence de 100 000 $ par entreprise. Que vous soyez membre ou non du Groupe Export, c’est d’ailleurs le temps de soumettre vos projets d’exportation dans le cadre du programme Exportateurs de classe mondiale, du MAPAQ. Renseignez-vous sans tarder auprès du Groupe Export. Premier arrivé, premier servi ! www.groupexport.ca

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Cette organisation sans but lucratif regroupe en effet 400 entreprises de transformation alimentaire, qui génèrent ensemble pas moins de 80 % des exportations québécoises dans ce secteur, pour une valeur totale de près de 15 milliards $ par année. Depuis sa création, il y a 25 ans, le Groupe a offert plusieurs services et organisé des centaines d’activités pour faciliter l’accès aux marchés étrangers à ses membres. Par l’entremise de missions à l’étranger, de validation de marché et de foires commerciales ou par l’accueil d’acheteurs potentiels, l’organisme a largement contribué à positionner les produits du Québec dans le reste du Canada, aux États-Unis et sur les marchés internationaux. « C’est notre champ d’action principal, souligne son directeur général, André A. Coutu. Au sein de notre équipe de 13 personnes, nous avons trois coordonnateurs, qui voyagent partout dans le monde. » Actionnaire de SIAL Canada, le Groupe Export coordonne aussi la participation de ses membres à diverses foires commerciales à l’étranger. Interviewé justement à son retour de la Foire internationale de La Havane, André Coutu se réjouit de la levée progressive potentielle de l’embargo américain, qui représente selon lui une occasion d’affaires pour ses membres dans le secteur hôtelier. « Nous avons notamment rencontré un groupe hôtelier qui exploite 26 000 chambres à Cuba. Comme elles sont majoritairement louées par des Québécois, il nous a demandé ce que nous pourrions faire pour que son offre alimentaire corresponde mieux à leurs goûts et coutumes. » Sitôt revenu, le PDG s’est donc empressé de mettre ce groupe hôtelier en contact avec des entreprises susceptibles de répondre à ses besoins. COOPERATEUR.COOP – MARS 2016

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CONFÉRENCE DE L’OMC : QUEL SERA L’IMPACT SUR LE SECTEUR LAITIER CANADIEN ? C’est sans tambour ni trompette que se tenait un peu avant Noël à Nairobi, au Kenya, la 10e Conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Les attentes étant très modestes, cette conférence n’a reçu qu’une attention limitée de la part des observateurs. Le directeur général de l’OMC, Roberto Azevêdo, était toutefois fier de confirmer l’atteinte du « plus important résultat pour l’agriculture » de l’histoire de l’Organisation, soit une entente visant à abolir les subventions à l’exportation. Alors que les pays en développement ont jusqu’à 2018 pour éliminer ces subventions, les pays développés se sont engagés à le faire immédiatement,

à quelques exceptions près. Par exemple, dans le cas des subventions à l’exportation de produits laitiers, l’échéance d’abolition serait la fin de l’année 2020. Le Canada fait partie des 16 pays toujours autorisés à subventionner certaines de ses exportations agricoles. Il déclare notamment à l’OMC des subventions pour la poudre de lait écrémé et les fromages. Il faudra voir comment notre pays entend se conformer à l’entente de Nairobi, et quel en sera l’impact sur le marché canadien des produits laitiers. Rappelons que le Canada garde son droit d’exporter ces produits, mais au même prix que sur son marché intérieur, ce qui rend ces exportations non compétitives.

BIEN COMMUNIQUER DANS LES MOMENTS DE GRAND STRESS Vous avez beaucoup de travail et vous vivez des tensions avec un collègue ou votre associé. Les réunions sont donc très tendues et vous avez du mal à garder votre calme. Comment paraître maître de soi même quand on ne l’est pas tout à fait ? L’Académie La Coop offre une formation sur ce sujet. Si vous êtes membre d’une coopérative du réseau La Coop, vous pouvez vous y inscrire. Il s’agit d’un webinaire (formation Web) intitulé « Stress et communication : pouvoir communiquer intelligemment dans les moments de grand stress », que vous écoutez le jour et à l’heure qui vous convient le mieux. Le tarif est de 90 $ (matériel pédagogique inclus) et la durée de 60 minutes. Pour vous inscrire : web.lacoop.coop/fr/node/454. Pour connaître les autres formations offertes par l’Académie La Coop : goo.gl/cxWnNr.

SEXER LES OISEAUX DANS L’ŒUF Chaque année, au Canada, des millions de poussins mâles, d’aucune utilité dans le secteur des poules pondeuses, sont euthanasiés dès leur sortie de l’œuf. Plusieurs organisations cherchent à trouver une solution à ce problème, dont l’Université McGill, au Québec, le ministère de l’Agriculture allemand et la multinationale Unilever. Depuis 2012, le professeur Michael Ngadi, de l’Université McGill, avec le soutien du Conseil industriel de la volaille de l’Ontario et des Producteurs d’œufs de l’Ontario, travaille à concevoir une technologie d’identification in vivo, qui permettrait « aux producteurs de ne plus gaspiller la moitié de leurs ressources à [faire] couver des œufs qui n’ont pas de valeur », lit-on dans un rapport du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada. En Allemagne, le ministère de l’Agriculture s’est associé à des chercheurs de l’Université de Leipzig pour mettre au point un appareil qui triera les poussins dans l’œuf avant l’éclosion, grâce à la spectroscopie. Mentionnons que McGill travaille également sur une technologie utilisant la spectroscopie. D’ici 2017, le broyage des poussins sera formellement interdit en Allemagne. La société Unilever, qui fabrique entre autres la mayonnaise Hellmann’s, s’est aussi engagée à investir dans la recherche pour trouver une solution à ce problème. (Source : La Presse+) 48

BŒUF ET PORC : OCCASIONS D’EXPORTER EN UKRAINE Le 11 janvier dernier, le gouvernement du Canada a annoncé que l’Ukraine avait approuvé les exportations de bœuf et de porc provenant des centres canadiens agréés par le fédéral et répondant aux exigences de certification. En effet, à la suite d’une inspection effectuée par les autorités ukrainiennes en septembre 2015, 15 établissements canadiens de transformation et de conditionnement de viandes de bœuf et de porc ont reçu l’autorisation d’exporter leurs produits en Ukraine. Cette approbation, qui porte leur nombre total à 27, donne au bœuf et au porc canadiens un accès plus large au marché ukrainien. Selon l’industrie, ce marché représente annuellement jusqu’à 50 millions $. Rappelons que c’est dans une optique de renforcement des liens économiques que les gouvernements du Canada et de l’Ukraine ont amorcé, en juillet 2015, des négociations en vue de la signature d’un accord de libre-échange. Celui-ci éliminera en grande partie les droits de douane que l’Ukraine impose sur les produits du secteur agricole en provenance du Canada. Plus de détails sur le site Web du Coopérateur : cooperateur.coop

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FAITS ET GESTES

RÉVEIL ?

L’officialisation éventuelle de l’échec de Doha ne surprendra personne.

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un contexte de relative indifférence populaire que se sont réunis les membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en décembre dernier à Nairobi, au Kenya, pour la 10e Conférence ministérielle du cycle de Doha. Les ambitions étaient modestes, tout comme les résultats atteints. Soyons clair : ceux-ci ne sonnent en rien le réveil de l’OMC. Évoquant l’élimination des subventions à l’exportation, le directeur général de l’OMC n’était pas peu fier : « C’est le résultat le plus important qu’ait obtenu l’OMC en ce qui concerne l’agriculture. » Vrai que, compte tenu de la quasistagnation de la dernière décennie, à sa place on se serait aussi bombé le torse. Entre autres, l’entente met fin aux subventions à l’exportation, selon un éventail d’échéances. Le Canada, la Suisse et la Norvège ont apparemment trimé dur pour obtenir un sursis, soit jusqu’en 2020. Ce n’est pas sans importance pour l’industrie laitière canadienne. Dans sa dernière notification à l’OMC, le Canada a déclaré quelques dizaines de millions de dollars de subventions à l’exportation de produits laitiers. L’exportation de ces produits ne sera plus permise d’ici cinq ans, une mesure qui affectera environ 1 % de la production laitière canadienne. Il s’agit d’un autre ca i l lou dans le sou l ier, qu i s’ajoute à l’érosion des volumes découlant de l’accord CanadaEurope, du Partenariat transpacifique (PTP) et de la frontière passoire.

Deux questions surgissent. Faut-il attendre d’autres surprises de la part de l’OMC ? Et, plus globalement, d’autres accords commerciaux sont-ils susceptibles de heurter le secteur ? D’abord, l’OMC. Malgré l’entente de Nairobi, le cycle de Doha bat de l’aile. Les discussions portant sur les enjeux agricoles les plus épineux – le soutien interne (incluant par exemple l’ASRA) et l’accès aux marchés – sont engluées. Et rien n’indique de quelconques progrès à venir. On peut difficilement en attendre davantage de la part d’une organisation qui continue de traiter la Chine comme un pays en développement, à l’instar du Brésil, une des principales puissances agricoles. Il faut aussi constater à quel point le monde a changé depuis le lancement du cycle de Doha, en 2001 : commerce électronique, amélioration notable des technologies de transport, perte d’intérêt pour le multilatéralisme, supplanté par l’essor des accords bilatéraux et régionaux, à la sauce PTP. L’OMC demeurera un forum prioritaire pour le règlement des différends commerciaux, mais son étoile restera bien pâle à l’égard de l’avancement des négociations commerciales. Bref, l’officialisation éventuelle de l’échec de Doha ne surprendra personne. Parallèlement, que peut-on appréhender des autres accords commerciaux que le Canada conclura ? L’économie canadienne, au modèle essoufflé, a grand besoin de canaux d’exportation préférentiels. Le Canada négocie présentement avec l’Inde, probable prochaine vedette économique, ainsi qu’avec une dizaine d’autres pays. Seulement, la pression que ces éventuels accords sont susceptibles d’exercer sur le système canadien de gestion de l’offre n’est nullement comparable à celle du PTP ou de l’Europe. Dans l’ordre, les principaux exportateurs de produits laitiers sont la Nouvelle-Zélande, l’Union européenne et les ÉtatsUnis, des pays avec lesquels nous avons déjà des ententes commerciales. Qu’en est-il de la volaille et des œufs ? Tout au long de la négociation du PTP, la pression exercée par les États-Unis est demeurée très faible. C’est tout dire. L’éléphant dans la pièce demeure l’enjeu des ingrédients, amplifié par la déconcertante porosité de la frontière canado-américaine. Espérons qu’au moment de la publication de ce billet, les producteurs sauront – enfin – à quoi s’en tenir. Quoi qu’il en soit, il est temps de voir le verre à moitié plein.

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ON EXAGÈRE bien peu en affirmant que c’est dans

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