AVRIL 2014
Tragédie de Lac-Mégantic
Les valeurs coopératives en action
Bœuf
La race Highland : un bon créneau
Développement durable Le projet Vision Biomasse Québec
Volaille
La lignée Sasso
ENCORE PLUS D'OPTIONS MAINTENANT
VOICI LE SEUL VACCIN
COMBINÉ UNE DOSE PRÊT À L'EMPLOI PROCURANT 5 MOIS D’IMMUNITÉ CONTRE LE CIRCOVIRUS PORCIN DE TYPE 2
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®
Dossier En cou v ert ur e
18 Coopération
Tragédie de Lac-Mégantic Les valeurs coopératives en action
Highland : un bon créneau 37
sommaire AVRIL 2014
Reportages
Éditorial – Billets 5 En t r e nous* Denis Richard
9
12 Pause-pensée* Colette Lebel
16 Faits et gestes* Vincent Cloutier
30 Sur le plancher des vaches* Sylvain Boyer
10
36 L’effet bœuf*
66 Da ns nos coops
Femme eng agée
14 Lisa Vachon
Maîtresse de sa destinée
22 La CUMA de l’Oie blanche Un vol au long cours
Chroniques 6 Mél i-mél o
Présentation d’un nouvel administrateur, ainsi que des finalistes et lauréats aux concours de la Coopérative étoile et du Prix transfert de ferme
CU M A
Bruno Langlois
4 Quoi de neuf ?
L a Coop fédér ée
9 Assemblée générale
Mér i t e agr icol e
14
24 Ferme Geobastien
Quand s’améliorer devient une manière de vivre.
A ffa ir es économiqu es
26 Libre-échange
* For English version, please visit our website at www.lacoop. coop/cooperateur
L’entente Canada-Europe
L ait
24
32 La Ferme JMS Amitiés De passion et d’amitié
Bœu f
Porc
43 Filière porcine coopérative
Profil des coordonnatrices qualité du porc certifié La Coop
Vol a il l e
44 Lignée Sasso
Grands-parents français, parents québécois, enfants américains
Développement durable
55 Attiser la combustion
L’installation d’une chaudière à biomasse Blue Flame au CDBQ
Développement durable
59 Le chauffage à la biomasse Une vision porteuse d’avenir pour le Québec
Acér icult ur e
62 Mauvaise performance? Passez à l’action!
Vie agr icol e
64 La SAAC
Une popularité qui ne se dément pas.
37 La race Highland
Un bon créneau. Stéphanie Fortin et Louis Philippon en font la preuve.
32
Articles techniques Porc
40 La génomique
Un outil de plus pour la sélection des porcs
Version Web : www.lacoop.coop/cooperateur Version virtuelle : www.lacoop.coop/ cooperateurvirtuel
Productions végétales
48 Maïs
Construire son rendement
51 Soya
Quels facteurs dicteront vos semis ce printemps?
44
QUOI DE Q u o i d e n e u f ?
Le chef de la direction, Claude Lafleur, quitte La Coop fédérée C’est à regret que le conseil d’administration de La Coop fédérée a accepté la décision du chef de la direction, Claude Lafleur, de ne pas solliciter un renouvel lement de son mandat. La nouvelle a été annoncée à la clôture de la 92e assemblée générale annuelle de La Coop fédérée, le 27 février dernier, devant les principaux intervenants du réseau. Un hommage lui a été rendu lors du banquet qui a suivi l’assemblée.
Volume 43, no 4, avril 2014 Le Coopérateur agricole est publié neuf fois l’an par La Coop fédérée. Il est l’organe d’information de la coopération agricole québécoise. Directrice et Guylaine Gagnon rédactrice en chef 514 858-2146 (ligne directe) guylaine.gagnon@lacoop.coop Rédacteur et Patrick Dupuis, agr. adjoint à l’édition 514 858-2044 (ligne directe) patrick.dupuis@lacoop.coop Responsable André Léger de la publicité 514 858-2036 (ligne directe) andre.leger@lacoop.coop Responsable Nadine Kadé des abonnements 514 384-6450 poste 3710 nadine.kade@lacoop.coop
Photo : Patrick dupuis
Ont collaboré à ce numéro Rédaction David Bessenay, Jessy Blanchette, Alain Boily, Sylvain Boyer, Vincent Cloutier, Hélène Cossette, Nicole Dion, Maurice Doyon, Raymond Dupuis, Étienne Gosselin, Pascal Labranche, Jean-Sébastien Laflamme, Pascal Larose, François Labrie, Bruno Langlois, Colette Lebel, Céline Normandin, Stéphane Payette, Denis Richard
Devant les congressistes, Denis Richard a déclaré d’entrée de jeu : « Il n’est pas coutume d’honorer le travail de nos officiers à l’assemblée générale de La Coop fédérée, mais Claude Lafleur est un candidat hors norme et sa contribution dépasse largement les assises de La Coop fédérée. » Puis il a félicité M. Lafleur pour la mission qu’il a accomplie « car ce que tu as implanté à La Coop fédérée et dans le réseau La Coop n’a pas fini de porter ses fruits ». Quant à Claude Lafleur, il a tenu à remercier tous ses proches collaborateurs pour leurs grandes compétences et leur engagement, et a souhaité saluer comme il se doit les productrices et producteurs : « Vous êtes à la fois le moteur, les propriétaires, les partenaires, les clients et les amis de La Coop fédérée, autant de chapeaux que vous portez avec une rare élégance et une rare efficacité. » Claude Lafleur quittera officiellement ses fonctions à la fin du printemps, le temps que le conseil d’administration de La Coop fédérée procède à la nomination du prochain chef de la direction.
Révision de texte : Georges O’Shaughnessy enr. Photographies et illustrations David Bessenay, Jessy Blanchette, Normand Blouin, Pierre Cadoret, Michelle Carter, Bernard Diamant, Martine Doyon, Étienne Gosselin, François Labrie, Pascal Larose, Céline Normandin, Stéphane Payette, Jean-Sébastien Perron, SAAC Conception et graphisme Pierre Cadoret, Suzanne Turcot, Michaël Guimond Webmestre
Ricardo Silva
Photogravure et impression Interweb Inc. Photo de la page couverture Étienne Gosselin Les photos, illustrations et textes publiés dans Le Coopérateur agricole et sur le site Internet de La Coop fédérée ne peuvent être réutilisés sans autorisation.
Service des abonnements
Photos : La Coop fédérée
Sous le thème « Les perspectives agroali mentaires et le marché des grains », La Coop fédérée accueillait ses invités à un déjeuner-conférence, le 14 janvier dernier. Trois conférenciers – JeanSébastien Laflamme, conseiller aux affaires agricoles; Pascal Labranche, coordonnateur Infagri et agroéconomie; et Richard Villeneuve, directeur Grains Elite – ont traité de perspectives agroalimentaires au Québec et dans le monde ainsi que du marché des grains et des aspects agro-économiques qui ont un impact sur la rentabilité des différentes productions agricoles. Plus de 120 personnes – en grande partie des producteurs – se sont déplacées et ont montré leur intérêt envers les sujets en posant de nombreuses questions.
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Le Coopérateur agricole | AVRIL 2014
Abonnement (taxes incluses)
1 an : 25 $ 2 ans : 40 $ 3 ans : 55 $ À l’étranger - 1 an : 90 $
Correspondance
Retourner toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada à :
Le Coopérateur agricole
C.P. 500 Station Youville Téléphone : 514 384-6450 Montréal (Québec) H2P 2W2 Télécopieur : 514 858-2025 Courriel : coopagri@lacoop.coop Adresse Web : www.lacoop.coop/cooperateur www.lacoop.coop/cooperateurvirtuel Poste-publications, convention n° 40628621 Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec
107925-04-14
Salon de l’agriculture : déjeuner-conférence La Coop
Entre nous
L’agriculture s’invite au Sommet
L
Photo : martine doyon
For English version, please visit our website at www.lacoop.coop/ cooperateur
es années se suivent et ne se ressemblent pas. Ce vieux dicton d’origine inconnue, qui existe dans presque toutes les langues, semble porter en lui toute la sagesse du monde. En tout cas, il s’applique bien à l’année en cours… Si la tendance au froid se maintient, je vous annonce que le printemps ne sera pas très hâtif cette année! Cela ne nous empêche pas de nous préparer fébrilement à la saison végétale qui s’en vient, quand Dame Nature se sera enfin décidée à nous donner les conditions météorologiques qu’il faut. Il faut dire que depuis le temps, nous, les producteurs agricoles, avons appris à travailler avec les aléas du climat et des marchés et à nous y adapter. Nous avons mis au point des produits et des politiques qui réduisent les risques et les aléas du métier, mais nous avons toujours au fond de nous un certain fatalisme à accepter les caprices de Dame Nature. Mais là, je m’égare… Mon intention n’était pas vraiment de philosopher avec vous sur la pluie et le beau temps, mais plutôt de vous parler de la deuxième édition du Sommet international des coopératives qui aura lieu à Québec du 6 au 9 octobre prochain. La première édition de cette importante rencontre, tenue dans le cadre de l’Année internationale des coopératives, en 2012, avait attiré plus de 2800 personnes en provenance de 91 pays. Ce grand rendez-vous coopératif avait permis à des représentants de coopératives de tous les continents de réfléchir ensemble sur l’étonnant pouvoir des coopératives et comment celles-ci contribuent à l’émergence d’un monde meilleur. On s’attend à une participation encore plus importante pour cette deuxième édition du Sommet international des coopératives – le Davos du monde coopératif. Et cette fois, l’agriculture et l’agroalimentaire s’invitent au Sommet!
Il faut dire que les coopératives agricoles représentent près de 30 % du million de coopératives répertoriées par l’Alliance coopérative interna tionale. Il faut également dire que de plus en plus de décideurs se rendent compte que l’agriculture est la croisée des chemins de grands enjeux et de défis qui se posent présentement à l’humanité. C’est ainsi que les questions liées à la sécurité alimentaire et à l’instabilité des marchés y seront abordées. Le système économique actuel est souvent créateur d’insécurité et d’instabilité alimentaires. Spéculation sur les terres et sur les aliments, vola tilité des prix des matières premières, gaspillage des aliments, etc. Tous les maillons de la chaîne alimentaire, de l’agrofourniture au financement, de la production à la distribution en passant par la transformation sont touchés et les coopératives sont des acteurs importants de chacun de ces maillons. Quelles solutions de rechange les coopéra tives peuvent-elles élaborer pour réduire l’insécurité alimentaire, tant au Nord qu’au Sud? Comment peuvent-elles ensemble limiter l’accaparement des terres et réduire la spéculation? Voilà quelques-unes des questions qui seront abordées dans différents forums et panels au cours de ces trois jours de réflexion et d’échange des principaux acteurs du monde coopératif. La Coop fédérée sera bien entendu présente tout au long de ce sommet, et notre partenaire Momagri a été invité à présenter les résultats de ses travaux sur l’instabilité des marchés et les politiques à mettre en place pour soutenir les agricultures nationales, tout en libéralisant le commerce international. Je dis souvent, au risque de me répéter, que les coopératives n’ont pas la prétention d’être la solution à tous les problèmes de l’humanité, mais qu’elles ont indéniablement la prétention de faire partie des solutions. Sur ce, je vous souhaite un beau et bon printemps!
Denis Richard Président, La Coop fédérée denis.richard@lacoop.coop
AVRIL 2014 | Le Coopérateur agricole
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Méli-mélo
« Une entreprise qui ne fait que de l’argent est une entreprise pauvre. » Henry Ford, The Future of Farming
16 milliards C’est le nombre de pintes de maïs éclaté que consomment les Américains chaque année, d’après l’organisme Popcorn Board. (Consumer Report)
Soya brésilien Cinquième puissance agricole de la planète, le Brésil aura exporté 44 millions de tonnes de la petite graine jaune en 2013-2014, en majorité vers la Chine. (TV5 Monde)
L’éolienne la plus puissante au monde est en marche Baptisée Vestas V164-8.0 MW, cette éolienne située au large du Danemark a produit en janvier dernier ses premiers kilowattheures d’électricité. Issue d’un partenariat entre les entreprises Vestas et Mitsubishi Heavy Industries, elle peut à elle seule fournir de l’électricité à 7500 foyers européens. Dotée d’une nacelle pesant quelque 390 tonnes et d’une tour de 140 m de hauteur, elle mesure 220 m à l’extrémité verticale des pales. Chacune de ces pales mesure 80 m de long. La superficie couverte par les pales est de plus de 21 000 m2, soit l’équivalent de trois terrains de football. Ces caractéristiques accroissent l’énergie produite tout en réduisant les frais d’exploitation et d’entretien, ce qui permet d’installer moins d’éoliennes. En 2013, 33 % de l’électricité danoise était produite à l’aide d’éoliennes. (State of Green)
Un nouveau Farm Bill aux États-Unis :
une réforme majeure mais toujours généreuse Après deux longues années de négociations, les représentants du gouvernement américain se sont finalement entendus sur une nouvelle mouture du Farm Bill. Cette loi de quelque 1000 pages a été signée le 7 février dernier par le président Obama. D’une durée de cinq ans, le budget du Farm Bill s’élève à presque 100 G $ par année, 80 % des sommes étant destinées aux programmes d’aide alimentaire. Pour le secteur agricole, les principaux changements concernent l’abolition des paiements directs pour les grandes cultures et une refonte complète des programmes pour le secteur laitier. Les producteurs des grandes cultures devront faire un choix irrévocable pour cinq ans, entre une couverture de perte de prix ou de revenus. Dans le cas d’une perte de prix (price loss coverage), le programme intervient si le prix de l’année est inférieur à un prix plancher, établi à 145 $ la tonne pour le maïs et à 308 $ la tonne pour le soya. Dans le cas d’une perte de revenus (agriculture risk coverage), le programme prend en compte à la fois le prix et le rendement à l’échelle du comté ou individuelle (selon le choix initial du producteur). Le programme intervient si les revenus sont en dessous de 85 % de la moyenne des cinq dernières années, jusqu’à concurrence de 10 % des pertes de revenus. Selon le Congressional Bureau Office (CBO), cette nouvelle mouture devrait permettre au gouvernement d’économiser environ 10 G $ pour la durée du Farm Bill. Dans le secteur laitier, les anciens programmes qui intervenaient lors de très bas prix sont abolis. Ils ont notamment été remplacés par un programme de couverture des marges. Il s’agit d’un programme volontaire qui intervient lorsque la marge est inférieure à un niveau se situant entre 9 $/hL et 18 $/hL (selon la prime payée), et son application est plafonnée à environ 200 vaches. La marge est calculée à l’échelle nationale et est établie en fonction du prix du lait et du prix des trois principales composantes du coût de l’alimentation : le maïs, le soya et le tourteau de soya. Selon les prévisions du CBO, les aides au secteur laitier devraient toutefois rester très modestes. Le CBO n’entrevoit pas de hausses significatives des dépenses gouvernementales pour ce secteur. (Secteur affaires agricoles – La Coop fédérée)
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Le Coopérateur agricole | AVRIL 2014
Les millions de l’Ouest Dans l’Ouest canadien, le nombre de fermes déclarant des revenus de plus d’un million de dollars par année double tous les 10 ans. On en retrouve actuellement près de 5000 dans cette catégorie. Si la tendance se maintient, d’ici une décennie on en comptera donc quelque 10 000. Et elles formeront une part de plus en plus grande des hectares que desservent les entreprises de fournitures d’intrants agricoles. (The Communicator)
315 hectares De 2006 à 2011, la superficie moyenne des fermes canadiennes s’est accrue de 6,9 %, passant de 295 ha (728 acres) à 315 ha. La plus vaste entreprise – One Earth Farms – compte environ 38 870 ha. Son modèle d’affaires s’appuie sur la location de terres, de façon à ce qu’elle puisse se concentrer sur ses principales compétences, soit la gestion de la ferme et de ses activités. En matière de location, la super ficie de terres en culture louées à des producteurs est passée de 13,8 à 15 millions d’hectares de 2006 à 2011. (The Communicator)
RAM 1500
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LE PREMIER CAMION DE L’HISTOIRE À GAGNER DEUX FOIS DE SUITE EFFICACITÉ
7, 1 L
ALLANT JUSQU’À / 100 KM
SUR ROUTE
(40 MPG)
*
En 2014, le Ram 1500 a été plus loin qu’aucun autre camion avant lui en devenant le premier camion de l’histoire à remporter le titre de Camion de l’annéeMC selon Motor Trend deux fois de suite. Son nouveau moteur EcoDiesel V6 de 3 litres livrable lui permet d’aller là où ses concurrents ne peuvent aller, avec une efficacité allant jusqu’à 7,1 L/100 km (40 mpg)* sur route. De plus, le Ram 1500 n’est pas seulement le pick-up le plus éconergétique au pays, il est aussi le seul pick-up diesel léger au pays. Avec toutes ces premières, incluant une transmission 8 vitesses ± exclusive à sa catégorie et une suspension pneumatique ± Active-LevelMC aux quatre roues livrables, le pick-up le plus durable au pays≠ continuera d’être au cœur de la conversation des connaisseurs pour des années à venir.
CAMIONRAM.CA * Affirmation basée sur le Guide de consommation de carburant 2014 de Ressources naturelles Canada (RNCan). Les méthodes d’essai utilisées sont celles du gouvernement du Canada. La consommation d’essence de votre véhicule varie selon le groupe motopropulseur, vos habitudes de conduite et d’autres facteurs - à titre de comparaison seulement. 7,1 L/100 km (40 mpg) sur route et 10,2 L/100 km (28 mpg) en ville pour le modèle Ram 1500 4x2 avec un moteur V6 EcoDiesel de 3 L à transmission automatique 8 vitesses. Voyez votre concessionnaire pour des précisions supplémentaires sur le programme ÉnerGuide. ≠ Durabilité basée sur la longévité de l’ensemble de la gamme de pick-up Ram par rapport à l’ensemble des pick-up pleine grandeur concurrents sur la route depuis 1988. Longévité des véhicules canadiens des années modèles 1988 à 2013 en opération au 1er juillet 2013 pour tous les pick-up pleine grandeur vendus au Canada au cours des 26 dernières années selon R.L. Polk Canada, Inc. ± Affirmation basée sur la segmentation des camions pleine grandeur d’Automotive News.
Les principaux producteurs d’hydroélectricité Part en % de la production mondiale d’hydroélectricité, soit 3250 térawattheures (TWh) – 2011 Chine. . . . . . . . . . 21,0 Brésil. . . . . . . . . . 11,5 Canada. . . . . . . . 10,5
Norvège. . . . . . . . . 3,4 Suède . . . . . . . . . . . 2,1 France. . . . . . . . . . . 2,0
(La Recherche)
Des pommes de terre génétiquement modifiées résistent au mildiou Des chercheurs britanniques auraient mis au point une pomme de terre génétiquement modifiée résistante au mildiou. L’autorisation de l’Union européenne est toutefois requise avant que sa culture ne puisse débuter. L’étude des chercheurs britanniques a été publiée dans Philosophical Transactions of the Royal Society (rstb.royalsocietypublishing.org/content/369/1639/20130087). (BBC)
L’écoconception, facteur de rentabilité L’écoconception de produits est une démarche rentable – ou du moins sans impacts financiers négatifs – pour 96 % des entreprises, conclut une étude sur la rentabilité de l’écoconception menée au Québec et en Europe. Cette étude, commandée par l’Institut de développement de produits (IDP) en collaboration avec des partenaires français, dont le Pôle Éco-conception, fait suite à une première analyse menée en 2008 auprès d’entreprises françaises et québécoises afin d’évaluer les bénéfices économiques de l’écoconception. Cette deuxième étude a été réalisée auprès de 119 entreprises, au Québec, en France et dans plusieurs autres pays de l’Union européenne. Ici, Philips, Planchers Mercier et Victor Innovatex comptent parmi les participants. Un autre constat révèle que la marge bénéficiaire des produits écoconçus serait en moyenne de 12 % supérieure à celle des produits traditionnels. L’étude indique également que, pour une grande majorité de répondants, la démarche d’écoconception génère non seulement des retombées financières positives, mais aussi des bénéfices sur le plan de la notoriété et de l’image de l’entreprise (84 % pour les entreprises du Québec), ainsi que sur le plan de la motivation et de la fierté des employés (53 %) et des clients (47 %). (Novae)
500 millions À l’échelle mondiale, les fermes familiales sont estimées à 500 millions, et d’après une enquête menée par la FAO dans 93 pays, elles repré sentent en moyenne plus de 80 % de toutes les exploitations. Dans les pays développés comme dans ceux en développement, les agriculteurs familiaux sont les principaux producteurs de la nourriture consommée à l’échelon local et les gardiens de la sécurité alimentaire. (Maliactu)
Accalmie du marché des terres Les prix baissiers des cultures commencent à faire leur effet sur le marché des terres de certains États du Cornbelt, selon la Réserve fédérale de Chicago. Le prix des terres de cette région (dont l’Iowa, l’Illinois et l’Indiana) ont connu une croissance moyenne de 5 % en 2013. Il s’agit de la plus faible croissance depuis 2009 et de la deuxième des plus faibles de la dernière décennie. L’Iowa, l’État américain no 1 dans la production de maïs et de soya, a même connu une diminution du prix de ses terres cette année (-2 %). C’est une première depuis 1998. Il faut toutefois préciser que la sécheresse a encore frappé cet État en 2013, réduisant les rendements pour une deuxième année consécutive. Et pour l’avenir, les banquiers sondés par la Réserve fédérale de Chicago croient que l’accalmie va se poursuivre. Ils anticipent un volume à la baisse des transactions sur les terres agricoles ainsi que des prix stables ou même à la baisse (selon 40 % des banquiers sondés). Seulement 3 % d’entre eux anticipent une hausse des prix. Le quart des banques ont aussi décidé de resserrer leurs critères de crédit pour les prêts agricoles. (Secteur affaires agricoles – La Coop fédérée)
Le Québec conservera son appellation « vin de glace » François Gendron, vice-premier ministre du Québec et ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, a accueilli avec enthousiasme la publication dans la Gazette du Canada, par le gouver nement fédéral, du règlement définissant le « vin de glace » comme un vin qui est fait exclusivement de raisins gelés naturellement sur la vigne. La définition canadienne est inclusive et permettra donc au Québec de conserver son appellation « vin de glace ». Le gouvernement fédéral, indique François Gendron, reconnaît ainsi les différences régionales des conditions climatiques et agricoles au Canada. La publication du nouveau règlement permet de mettre fin à une période d’incertitude pour les vignerons québécois. Le processus d’appellation réservée « vin de glace du Québec » qui sera engagé pour le millé sime 2014 protégera l’authenticité du produit et répondra à la demande du ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire du Canada, Gerry Ritz, à savoir que les systèmes de certification provinciaux mis en place garantissent que les raisins ont gelé naturellement sur la vigne. (MAPAQ)
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Le Coopérateur agricole | AVRIL 2014
La Coop fédérée
Le conseil d’administration 2013-2014 de La Coop fédérée Dans l’ordre habituel, assis, les membres du comité exécutif : Muriel Dubois, Luc Forget, deuxième vice-président; Denis Richard, président; Ghislain Gervais; premier vice-président et Serge Boivin 2e rangée : Mathieu Couture; Richard Ferland; Sophie Bédard; Marc A. Turcotte; Benoit Massicotte; Jean Bissonnette et Jean-François Harel, secrétaire général 3e rangée : Gaétan Desroches, chef de l’exploitation; Paul Noiseux, chef des finances; Marc Quesnel; Rosaire Beaulieu; Normand Marcil; Françoise Mongrain et Claude Lafleur, chef de la direction
Photo : Jean-Sébastein Perron
Un nouvel élu au conseil d’administration de La Coop fédérée
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lu au conseil de La Coop fédérée lors de son assemblée générale annuelle tenue en février dernier, Richard Ferland y représentera le territoire no 3. Consti tuant la cinquième génération d’une famille de producteurs agricoles, M. Ferland et sa conjointe, Odette Desrosiers, ont fait l’acquisition, en 1990, de la ferme familiale à Sainte-Marie de Beauce. Depuis, la production a doublé et le couple est maintenant propriétaire d’un troupeau d’une centaine de vaches. Administrateur de La Coop Unicoop depuis 1998, Richard Ferland en a assumé la vice-présidence de 2002 à 2010 et la présidence de 2010 à 2014, avant de se joindre au conseil d’administration de La Coop fédérée. Diplômé de l’Institut de technologie agroalimentaire (ITA) de La Pocatière en 1989, M. Ferland est le père de neuf enfants.
AVRIL 2014 | Le Coopérateur agricole
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La Coop fédérée
Et les gagnants sont… Lors de la dernière assemblée annuelle de La Coop fédérée, le 28 février, son président, Denis Richard, a dévoilé les coopératives finalistes et la grande gagnante du concours de la Coopérative étoile, ainsi que les fermes finalistes et l’entreprise lauréate au concours Prix transfert de ferme La Coop.
Photos : Patrick dupuis
Le Concours de la Coopérative étoile 2014 La gagnante Étoile-Coop 2014 Pour se distinguer, La Coop des Bois-Francs, dont le siège social est à Victoriaville, a su se positionner en leader sur plusieurs plans. Elle s’est illustrée comme lauréate du Défi Employeurs inspirants (catégorie moyenne entreprise) de la Société Watson Wyatt Canada, et comme lauréate Ressources humaines au Panthéon de la performance de la Chambre de commerce et d’industrie des Bois-Francs et de l’Érable.
C’est aussi la première coopérative du réseau La Coop à avoir implanté un système de gestion environnementale (SGE) afin de suivre de près les impacts de ses activités. Elle compte par ailleurs plusieurs partenariats structurants dans le milieu et jouit d’un excellent bilan financier. Enfin, ses programmes de soutien aux jeunes agriculteurs lui permettent d’assurer une relève dynamique au sein du conseil d’administration.
La ferme Massicotte Holstein, lauréate du Prix transfert de ferme La Coop 2013-2014 La famille Massicotte s’est distinguée pour son transfert de ferme admirable, tant sur les plans humains que financiers. La ferme MassicotteHolstein, parrainée par La Coop Univert, a été accompagnée par son expert-conseil Juan Pedro Sarramone tout au long du processus de transfert. Cette famille de gestionnaires et de visionnaires remporte un chèque-cadeau d’une valeur de 3000 $ pour un voyage, ainsi qu’un crédit de 3000 $ applicable sur tous les produits La Coop, Unimat ou Sonic.
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Le Coopérateur agricole | AVRIL 2014
Un reportage présentant La Coop des Bois‑Francs, Étoile-Coop 2014, sera publié dans le numéro de juillet-août du Coopérateur agricole.
Les finalistes
Rappelons que ce concours encourage les efforts des coopératives du réseau dans leur recherche de l’excellence et met à l’honneur la richesse de la vie associative et les bonnes pratiques de gestion.
Groupe coopératif Dynaco, située dans la région de la Côte-du-Sud, a attiré l’attention du jury en se démarquant grâce au dynamisme de sa vie associative, alimentée par une utilisation judicieuse du web. Le conseil d’administration de la coopérative est fortement engagé dans le développement des compétences et encourage la formation, tant pour ses employés que pour ses membres. La coopérative se démarque aussi par de très belles initiatives en matière d’efficacité énergétique. Enfin, la coopérative présente une bonne rentabilité d’exploitation, ce qui lui permet d’obtenir une solide structure de bilan. Nutrinor, Coopérative agroalimentaire du Saguenay–Lac-St-Jean, dont le siège social est établi à Saint-Bruno, s’est illustrée par ses initiatives en matière de développement durable. En effet, la coopérative poursuit depuis quelques années une démarche exemplaire en incluant dans sa réflexion les fermes de ses membres, en amont des installations de la coopérative. Nutrinor se démarque aussi par le dynamisme et la qualité de la gestion des ressources humaines, ainsi que par l’excellente participation de ses représentants à la gouvernance d’organismes du milieu.
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Date limite d’inscription : le 27 mai 2014
Pour reconnaître l’excellence de la relève agricole! Le Concours Tournez-vous vers l’excellence! s’adresse aux nouveaux entrepreneurs agricoles qui se démarquent par leurs aptitudes professionnelles et leurs qualités de gestionnaires.
Conditions générales d’admission* Être en affaires dans l’entreprise depuis deux à sept ans Avoir entre 18 et 40 ans Détenir au moins 20 % des parts de l’entreprise Avoir reçu une subvention au démarrage ou à l’établissement en vertu du Programme d’appui financier à la relève agricole ou la confirmation que cette aide sera accordée
Le jury a également couronné les deux entreprises finalistes, la ferme Malaco, parrainée par La Coop des Cantons, et la ferme Vicari, parrainée par La Coop Purdel. Un crédit de 1000 $ applicable sur tous les produits La Coop, Unimat ou Sonic leur a été remis pour les féliciter d’avoir réussi un transfert fructueux. Bravo à tous pour avoir transmis connaissances et passions à la relève !
Les 10 finalistes du Concours seront invités à participer au dévoilement des lauréats, qui aura lieu le 6 novembre 2014 à Drummondville lors du Colloque Gestion, du Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ).
bourse de
1 500 $
Le FIRA décernera une bourse de 1 500 $ à l’un des 10 finalistes qui se sera démarqué par la pertinence de sa formation ainsi que par l’importance de son encadrement et/ou de son mentorat dans la réussite de son projet d’affaires.
* Pour connaître le détail des conditions d’admission, consultez le formulaire d’inscription accessible dans le site Web de La Financière agricole.
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AVRIL 2014 | Le Coopérateur agricole
11 2014-02-17 13:05
Pau s e - p e n s é e
Lavez, lavez !
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Photo : martine doyon
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our être – enfin – heureux et efficace, il faut travailler autrement. » C’est par ces mots qu’Olivier Schmouker introduit le sujet de son article publié dans le journal Les Affaires du 12 octobre dernier. Tiens donc. Je poursuis ma lecture, piquée par cette alléchante entrée en matière. Schmouker nous présente Nettoyage Zénith, une entreprise montréalaise d’entretien ménager qui offre de la formation à des PDG stressés. Elle les invite à venir intégrer une de ses équipes de nettoyeurs pendant trois jours. On leur montre comment épousseter, laver les planchers et nettoyer les toilettes. De quoi leur apporter beaucoup de bienfaits sur les plans personnel et professionnel. Surpris ? Je l’ai moi-même été, je l’avoue… mais peut-être pas pour les mêmes raisons que vous. Car je suis profondément convaincue des bienfaits du travail manuel sur le calme intérieur. Je fais moimême mon ménage et je n’ai toujours pas de lave‑vaisselle. C’est un choix. Comme l’indique un participant à cette audacieuse formation, « l’acte même de nettoyer apaise le corps et l’esprit ». Non, la question que je me suis posée, en prenant connaissance de l’article de Schmouker, c’est : mais qui fait le ménage chez ces PDG ? Paient-ils pour le faire faire, comme c’est souvent le cas ? Et ensuite ils vont le faire ailleurs ? Ce n’est pas sérieux… Heureusement, le PDG dont on relate l’expérience dans l’article a révélé qu’il aimait bien faire le ménage chez lui. Ouf ! Cette vérification faite, j’ai pu commencer à apprécier l’idée de Nettoyage Zénith. Il y a certes un aspect méditatif dans les activités ménagères. C’est comme si le cerveau entrait dans un autre mode vibratoire. Nettoyage Zénith mise sur cette particularité de son secteur d’activité pour attirer les chefs d’entreprise qui sentent le besoin de prendre un peu de recul, de laisser décanter la ronde accablante des dossiers à régler, des réunions qui se multiplient, des feux qu’il se fait urgent d’éteindre. Quel luxe pour eux de passer trois jours à ne plus devoir être leaders, à seulement intégrer le monde des travailleurs qui sont 100 % dans l’action.
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La formation proposée par Nettoyage Zénith vise également l’apprentissage de l’humilité. Habituellement, ce sont eux, les PDG, qui donnent les directives. Chez Nettoyage Zénith, les rôles sont tout à coup inversés. Les grands patrons retroussent leurs manches pour accomplir de menus travaux, au service d’autrui. Schmouker rapporte les propos du participant : « Nettoyer rend humble, car on découvre que les gestes les plus modestes peuvent revêtir une grande impor tance. » Oh que oui ! Au bout d’une semaine, le nettoyage de la cuvette est plus que dû. Pourquoi diable je vous parle de tout ça ? Parce que j’ai pensé aux agriculteurs en lisant cet article. Je me suis dit que leur gros bon sens, que j’apprécie tant, et leur grande humilité sont probablement liés au fait qu’ils sont 100 % dans l’action et bien ancrés dans le réel. Les agriculteurs sont aussi des chefs d’entreprise, bien sûr, mais d’un autre type. Car il y a toujours, à la ferme, cette part de travail manuel et de tâches modestes qui garde son homme connecté aux vraies choses. Alors, pensez-y deux minutes : il y a bien quelques PDG hyperbranchés en mal de paix intérieure qui seraient prêts à payer pour aller chez vous nettoyer la laiterie, les murs de la grange, voire le parc à veaux. Pour un léger supplément, vous pourriez même les envoyer récurer les dalots. Je rigole. Mais pas tant que ça. Il faudrait, bien sûr, un peu d’encadrement pour guider le novice dans son apprentissage des us et coutumes de la ferme, mais quelle aubaine pour qui veut apprendre l’humilité et se ressourcer ! Bref, si vous êtes à la recherche de revenus pour arrondir vos fins de mois, pensez donc à tous les travaux de nettoyage qui vous attendent et souriez : vous disposez d’un potentiel extraordinaire pour offrir une formation unique et lucrative. On n’arrête pas le progrès.
Colette Lebel, agronome Directrice des affaires coopératives La Coop fédérée Courriel : colette.lebel@lacoop.coop Télécopieur : 514 850-2567
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Fe m m e e n g ag é e
Par Hélène Cossette
Lisa Vachon, maîtresse de sa destinée
Administratrice de La Coop Langevin, Lisa Vachon est la première femme à siéger au conseil de cette entreprise fondée il y a plus de 70 ans. Elle est aussi une des rares femmes productrices de sa région, fait-elle remarquer.
Photo : MICHELLE CARTER
C’ 1
« Vivre au rythme des animaux », avril 2004, www.lacoop.coop/ cooperateur/articles/2004/04/ p40.asp
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est à sa propre initiative que Lisa Vachon s’est engagée au sein de cette coopérative beauceronne, qui compte 47 membres et dont le chiffre d’affaires atteint neuf millions de dollars. Active en productions laitière, bovine, porcine et végétales sur un territoire principalement forestier, La Coop Langevin fournissait notamment les cochettes de reproduction que Lisa Vachon achetait pour sa ferme de Lac-Etchemin. « Je savais que beaucoup de changements s’en venaient avec Chrysalide et avec la diminution de la relève dans notre région. Je voulais être au conseil pour m’assurer que mon approvisionnement en intrants et en animaux allait continuer à être de qualité », explique-t-elle. Lorsqu’elle a été élue, en février 2011, le projet de fermeture de la meunerie était déjà sur la table. Avec le recul, la dirigeante a le sentiment
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d’avoir aidé à prendre la bonne décision. « Je me suis toujours exprimée, pas seulement à mon avantage, mais aussi dans l’intérêt des autres agriculteurs », soutient-elle. Directeur général de La Coop Langevin et de La Coop Ste-Justine, Jean-François Denis confirme : « Lisa a amené une toute nouvelle dynamique au conseil. Depuis qu’elle est là, elle fait valoir son point de vue, et ça provoque la discussion. C’est gagnant pour tout le monde. » Aujourd’hui, la meunerie est fermée, mais les membres n’ont pas trop perdu au change, puisque le service de vente et de livraison de moulées et d’engrais a été relogé localement dans un entrepôt commun, dont les deux coopératives, qui fonctionnent en cogestion, ont financé l’agrandissement. « Lisa est une personne qui sait où elle s’en va, ajoute M. Denis. Elle a de bons résultats à sa ferme et elle en veut autant pour la coopérative. » Après avoir obtenu un diplôme en production porcine et une attestation d’études collégiales en gestion agricole, la jeune femme a racheté la ferme familiale avec son frère Tony, en 2008. Ce dernier a repris l’élevage des bovins, qui était le secteur de prédilection de leur père. Elle a repris la division porcine, qu’elle exploite aujourd’hui à son compte. « À l’époque où la ferme appartenait encore à mon père, nous avons été les premiers à expérimenter la nouvelle formule de naisseur-finisseur à forfait », rappelle la productrice, qui a déjà fait l’objet d’un article dans le Coopérateur agricole à ce propos1. Au départ, c’était l’idée de sa sœur Linda, poursuit-elle. Toutefois, lorsque la construction des bâtiments a été terminée, Lisa a pris le relais, car son aînée était tombée enceinte. « Dans ce temps-là, je voulais aller travailler à l’extérieur, mais en fin de compte, j’ai hérité de tout le projet ! » Tout juste agrandie, sa ferme comprend maintenant une maternité de 200 truies, une pouponnière de 900 places et un engraissement de 1400 places. Avec pour seule aide une employée qui vient toutes les trois semaines pour laver et une autre pour sevrer, elle arrive à maintenir les plus hauts standards. À preuve, la Ferme porcine Toly est arrivée première plusieurs fois au classement de productivité de l’AGREPP Sud-Est ! Maintenant que son entreprise a atteint la taille qu’elle souhaitait, cette adepte de karaté et de tai-chi songe à fonder une famille. « Avec les rénovations, ce n’était pas le temps d’avoir une bedaine ! »
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Fa i t s e t g e s t e s
Par Vincent Cloutier, agronome, MBA
Économiste principal La Coop fédérée
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vincent.cloutier@lacoop.coop
Des leaders de l’agroalimentaire des quatre coins du monde convergent annuellement vers le mythique campus de l’Université Harvard, près de Boston, pour le Agribusiness Seminar. Par l’entremise d’une douzaine de cas réels, on y expose les enjeux actuels et à venir en agroalimentaire.
Photo : Pierre cadoret
L’
acquisition de Smithfield par le groupe chinois Shuanghui figure cette année parmi les cas à l’étude. Par cette transaction d’envergure historique aux États-Unis, une entreprise chinoise de taille modeste a avalé le géant mondial de l’industrie porcine. Cette acquisition s’inscrit dans une liste de partenariats d’affaires tissés par la Chine à l’international. Au même titre que des acquisitions de terres en Afrique ou des partenariats dans la production de soya au Brésil, l’acquisition de Smithfield révèle plus que jamais l’importance accordée par la Chine à l’approvisionnement alimentaire. Pour bien saisir les tenants et aboutissants de cette transaction historique, Harvard accueille nul autre que Larry Pope, grand patron de Smithfield. La gestion de cette « Malgré les difficultés et les obstacles, m é g a -t r a n s a c t i o n est fort exigeante. En imaginons un instant que ces deux bon français, « il ne l’a entreprises, Shuanghui et Smithfield, pas facile ». Sa garde rapprochée non plus. consomment leur mariage. » Shuanghui a certes une confiance inébranlable dans les dirigeants de Smithfield. Mais il demeure que la rencontre des deux cultures est chaotique par moments, complexifiée par l’impossibilité de communiquer dans une même langue. Le management intermédiaire de l’organisation, responsable des communications régulières avec l’acquéreur chinois, doit relever un défi d’adaptation considérable. Il est évident qu’il faudra du temps pour matérialiser les synergies potentielles.
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Les objectifs visés à travers cette transaction se résument à deux mots : croissance et exportations. Pour les atteindre, on mise essentiellement sur la coordination verticale, les économies de taille et l’accès aux marchés. Malgré les obstacles, imaginons un instant que ces deux entreprises consomment leur mariage. Smithfield, le géant de la production porcine, bénéficie d’une filière archi-coordonnée, voire intégrée dans une large mesure. Ses installations de production et d’abattage permettent de générer d’importantes économies de taille. Voici maintenant que cette filière ultra-performante se retrouve dans la même équipe que Shuanghui, établie dans le marché de viande porcine le plus bouillonnant au monde. Dans la mesure où elle permet d’exprimer les forces des deux acteurs, cette union rehaussera la barre en production de viande porcine. La récente mise en commun des forces en production porcine entre La Coop fédérée et Olymel vise précisément à exprimer le potentiel d’une coordination verticale accrue. L’accès aux marchés, pour sa part, demeure notamment tributaire des accords de commerce que le Canada sera en mesure de ratifier. À ce titre, la récente conclusion d’un accord avec la Corée, où le porc américain est actuellement plus compétitif que le nôtre, est salutaire. Toutefois, pour des raisons d’accepta bilité sociale, nous ne serons probablement jamais en mesure de tirer pleinement profit des économies de taille en production porcine. Alors qu’une maternité moderne compte 6000 truies dans l’ouest de l’Amérique, l’implantation d’un tel modèle demeure improbable chez nous. Au-delà d’une expertise de pointe et d’une volonté de pérennité indiscutable, nous avons une arme que d’autres n’ont pas : un gouvernement qui soutient la production porcine et se montre à l’écoute des conditions nécessaires à sa relance. Avec le temps, Shuanghui et Smithfield placeront la barre haut. Le Québec a les outils qu’il faut pour sauter aussi haut.
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C o o p é r at i o n
Nous étions tous Mé Texte et photos d’Étienne Gosselin, agronome, M. Sc.
Lorsqu’arrive l’inimaginable, les humains se souviennent souvent du contexte dans lequel ils apprennent une mauvaise nouvelle. Quand 47 personnes ont péri dans la tragédie ferroviaire de Lac-Mégantic, nous étions rivés à nos écrans pour tenter de comprendre l’incompréhensible et pour partager la douleur. C’était un samedi. C’était une tragédie.
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endredi 5 juillet 2013, 23 h. Un convoi supposément à l’arrêt à la suite d’un incendie dans une de ses cinq locomotives se met en branle dans la municipalité de Nantes, sans chauffeur à son bord. Mus par la gravité, les wagons-citernes contenant du pétrole léger accélèrent sur la pente de 1,2 % pour finalement atteindre, 12 km plus loin, le centre-ville de LacMégantic à une vitesse estimée de 100 km/h. Dans une courbe, 63 wagons se détachent et le train fou laisse des millions de litres d’hydrocarbures se déverser, s’enflammer, exploser et semer la mort et la désolation. Ce fil des évènements, tous l’ont vu, lu ou entendu. Mais derrière le drame se cache une solidarité émouvante. De passage à Lac-Mégantic, Le Coopérateur n’a pas voulu gratter une plaie encore fraîche, mais plutôt raconter une histoire qui fait du bien à lire. Car dans le drame, les
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Méganticois – et les Québécois venus à leur secours – ont fait ressortir le meilleur d’eux‑mêmes. Le meilleur du genre humain.
Un été pas comme les autres Le samedi 6 juillet, à l’heure du dîner, les gens de La Coop Lac-Mégantic Lambton devaient tenir un barbecue à leur quincaillerie Unimat de Lac-Mégantic, sous le thème « Fêtons l’arrivée de l’été ». Comme on le fait régulièrement à cette succursale, on voulait accueillir les membres et les clients avec des hotdogs gratuits. Le 5 juillet, on en faisait donc l’annonce sur le site Facebook de cette coopérative de 90 employés et de plus de 1000 membres. L’activité n’aura jamais lieu. Le 6 juillet, Alain Grenier, directeur général de la coopérative, sera plutôt réveillé brutalement par les explosions passé 1 h du matin. Évacué de sa résidence par les autorités, il se réfugie au siège social de la coop avec sa conjointe. Il constatera vite qu’une table de conférence n’est pas aussi confortable qu’un matelas ! De toute façon,
ganticois
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« La plus grande richesse d’une coopérative, ce sont les gens qui la composent, tout comme ils sont la plus grande richesse d’une municipalité » Lu sur le site Facebook de La Coop Lac-Mégantic Lambton.
Dès le lundi suivant la tragédie, les administrateurs de La Coop Lac-Mégantic Lambton sont venus rencontrer les employés éprouvés de leur coopérative. Le président, Serge Bureau, vante d’ailleurs leur grande résilience.
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comment dormir quand le ciel rougeoie, en pleine nuit, à trois kilomètres de là ? À 8 h, le magasin ouvre normalement, mais rien n’est normal ce jour-là. On compte son monde, on laisse des messages, on redoute le pire : plusieurs des employés de fin de semaine sont des jeunes, comme la majorité des personnes qui se trouvaient au Musi-Café, ce bar de la rue Frontenac, à fêter par un doux soir d’été… Finalement, tous les employés seront saufs, mais tous seront affectés plus ou moins directement. Une employée perdra sa fille et son gendre. Deux autres employées, présentes au Musi-Café le soir du drame et sorties fumer au moment précis du déluge de feu, subiront un choc post-traumatique. Une dernière perdra tous ses biens matériels : maison, voiture, portemonnaie, jusqu’à ses lunettes. « J’admire le courage de nos employés, fait valoir Alain Grenier. Ils sont rentrés au travail même si plusieurs de leurs amis manquaient à l’appel. » Dès les premières minutes et heures, le téléphone d’Alain surchauffe. Le vice-président aux communications et aux affaires publiques de La Coop fédérée, Ben Marc Diendéré, le chef de la direction, Claude Lafleur, et de nombreux dirigeants le contactent pour s’enquérir de la santé de tous les employés et les encourager. Ainsi, rapidement, le soutien s’organise. Le soutien logistique, notamment – Olymel fournira de la viande gratuitement au centre de la CroixRouge pour les sinistrés : l’équivalent d’un repas de viande par jour pendant une semaine –, mais aussi le soutien psychologique. Dès le lendemain de la tragédie, des intervenants sociaux du CERIM (Centre d’évaluation, de référence et d’intervention en milieu de travail) sont présents sur place, et ils le resteront pendant 10 jours. Pour ce qui est des hommes, les psychologues vont à leurs devants. Du côté des femmes, qui sont en contact direct avec la clientèle (aux caisses, notamment), les intervenants proposent des phrases pour limiter les épanchements. Le deuil ne peut et ne doit pas se faire entre deux transactions. Facile à dire, car le quotidien est chamboulé : l’armada d’enquêteurs de la Sûreté du Québec réquisitionne une partie du stationnement du centre de rénovation. Ces enquêteurs font aussi de macabres achats qui n’ont rien à voir avec le
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jardinage : masques, gants de latex, pelles, râteaux… D’autres achats font plutôt sourire, comme cette feuille de tôle qu’un curé demande au comptoir des matériaux parce que les fidèles, craint-il, à force d’allumer des lampions en souvenir des disparus, vont mettre le feu à l’église !
La vie doit continuer Que retenir de la catastrophe ? Le président de La Coop Lac-Mégantic Lambton, Serge Bureau, cite spontanément la résilience des Méganticois, « qui n’ont pas déserté le milieu en masse ». Il a été touché de voir la messe extérieure organisée en hommage aux disparus, aux pompiers et à la multitude d’intervenants dévoués venus prêter main-forte jour et nuit.
Bien qu’il n’ait pas perdu d’employés, le directeur général de La Coop Lac-Mégantic Lambton, Alain Grenier, a dû composer avec des ressources humaines directement affectées par le drame, dans une petite ville de 6000 habitants où les liens sont très forts.
Alain Grenier évoque de son côté la force du réseau La Coop, « facile à imaginer quand tout va bien, mais tangible quand ça va mal, à coups de gestes sincères et de mots d’encouragement ». Il louange aussi les organisateurs d’une course de l’espoir ralliant Nantes à Lac-Mégantic, à laquelle ont pris part plus d’un millier de coureurs vêtus de vert, couleur de l’espoir, le 21 juillet dernier. Durant l’épreuve et après coup, bien des choses ont changé pour La Coop Lac-Mégantic Lambton. « Certains n’en sont pas encore à l’étape de reparler des premiers jours et des premières heures. Il ne faut pas les revivre continuellement, ni les oublier », considère Alain Grenier. En somme, la coopération a trouvé d’autres sens, les relations humaines se sont resserrées et les employés ont appris à verbaliser plus facilement leurs émotions. « Ça nous fait relativiser les choses. On se dit qu’il existe des problèmes bien
plus graves, parfois, des choses bien pires », poursuit le directeur général. Signe de la bonne volonté de tous, la dernière convention collective, qui devait être négociée deux mois après le désastre avec les employés de bureau et de la quincaillerie, a été entérinée à 99 % par ces derniers. Au lieu des 15 à 20 rencontres habituelles, seulement 5 ont été nécessaires pour en venir à une entente.
Mégasolidaires avec Mégantic Touchés par la catastrophe de Lac-Mégantic, les Québécois ont été nombreux à démontrer leur solidarité envers les habitants de cette municipalité de la MRC du Granit. Grâce à une contribution de 20 000 dollars de La Coop fédérée, à plusieurs dons d’autres coopératives du réseau et à des boîtes à
Plus de 270 jouets et 200 sacs-cadeaux ont été distribués par l’escouade de bénévoles lors de l’évènement « Un geste du cœur ! », tenu le 28 janvier dernier.
dons installées dans tous les centres de rénovation Unimat du Québec, près de 60 000 dollars ont été recueillis et versés dans un fonds de soutien créé par le réseau La Coop. « Avec ces dons, nous avons pu soutenir nos employés et leur famille immédiate en donnant à chacun d’eux exactement ce dont ils avaient besoin, explique Alain Grenier. En situation de crise, l’aide la plus précieuse peut être autant une somme d’argent que des matériaux, de la nourriture ou même des vêtements. » Mais le désir d’aider était encore plus fort, notamment chez les fournisseurs de La Coop Lac-Mégantic Lambton et chez certaines coopératives du réseau La Coop (Alliance, Bois-Francs, Compton, Saint-Pamphile, Sainte-Catherine et Unicoop). En collaboration avec La Coop fédérée, Sednove, Owens Corning et Recochem, tout ce beau monde s’est donc mobilisé pour monter une « opération générosité ». L’offensive : une escouade de bénévoles n’ayant pour but que d’accrocher des
sourires sur les visages des Méganticois les plus durement touchés par le drame – pensons aux enfants et aux entreprises du centre-ville dont l’établissement a été rasé par les flammes. Le 28 janvier dernier, sous le thème « Un geste du cœur ! », différentes équipes ont donc sillonné les secteurs nord et sud de la ville, coupée en deux depuis les évènements. Plus de 270 jouets et 200 sacs-cadeaux ont ainsi été distribués. À l’intérieur des sacs se trouvait, en plus de différentes douceurs sucrées, une cartecadeau Lac-Mégantic d’une valeur de 70 dollars, à dépenser localement pour encourager l’achalandage chez les commerçants éprouvés. Noël en janvier ! Venue dîner avec les bénévoles pour souligner leur apport au retour à une vie plus normale dans sa municipalité, la médiatique mairesse de Lac-Mégantic, Colette Roy Laroche, a déclaré que « ce qu’il y a de particulier avec ce projet c’est, en plus de la solidarité démontrée, la présence humaine des gens des coopératives, dont le moyen de nous soutenir a été calqué sur la philosophie du mouvement coopératif ». Bref, une activité appréciée de tous et saluée… 47 fois plutôt qu’une.
La mairesse de Lac-Mégantic, Colette Roy Laroche, a grandement apprécié la présence des bénévoles des coopératives et des fournisseurs du réseau La Coop venus, en janvier dernier, distribuer des sacs-cadeaux aux enfants et aux commerçants durement touchés par la catastrophe.
Des sourires et encore des sourires, c’était tout ce qu’espérait l’escouade de bénévoles.
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CUMA
La CUMA de l’Oie blanche,
un vol au long cours
Tel l’oiseau migrateur qui a inspiré le nom de leur coopérative, les membres de la CUMA de l’Oie blanche ont compris qu’en s’unissant, on peut aller plus loin. Par Nancy Malenfant
C
Photo : Istock
haque année, des centaines de milliers de grandes oies des neiges font escale le long du fleuve Saint-Laurent. L’instinct de regroupement et la constance de ces oiseaux majestueux sont des qualités que l’on pourrait aussi attribuer à la CUMA de l’Oie blanche, à Montmagny. Depuis sa création, en 1993, cette coopérative d’utilisation de machinerie agricole fait en effet preuve d’une grande stabilité. On ne change pas une recette qui marche. La formule originale de fonctionnement d’une CUMA, celle prônée par le MAPAQ à l’époque, a été conservée au fil du temps. On a apporté peu de modifications à la gestion et aux pratiques au cours des années. « Un des seuls changements que nous avons faits au règlement pour répondre aux besoins de certains membres est d’accepter les branches de deux producteurs », raconte l’administrateur Fabien Gagnon.
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Le nombre de membres ainsi que la composition des branches ont à peine varié depuis la fondation de la CUMA. Alors qu’elle comptait 48 adhérents à sa création, il y a 20 ans, la coopé rative en rassemble aujourd’hui 44. Ceux-ci se répartissent dans 22 branches d’activité, pour autant de machines. Bien sûr, certains agriculteurs sont venus et sont repartis, mais le noyau dur, formé de ceux qui croient vraiment à cette formule de partage, demeure toujours.
Atout et limite Le président, Claude Blais, a une théorie toute simple pour expliquer la stabilité de la coopérative à travers les années. « À la base, on avait un réel besoin de partager de l’équipement, affirme-t-il. Et ce besoin existe encore aujourd’hui. » En outre, les fermes laitières environnantes sont de taille moyenne (45 à 50 vaches), ce qui limite leur capacité d’acquérir seules des équipements à la fine pointe et de les rentabiliser.
Photo : Nancy Malenfant
Le secrétaire, Martin Allaire, le président, Claude Blais, et l’administrateur Fabien Gagnon ont participé à la création de la CUMA de l’Oie blanche, il y a déjà 20 ans.
d’utilisation de l’épandeur facturé par la CUMA. Mais en calculant aussi le temps de travail, l’usure du tracteur et le carburant, l’option d’épandre moi-même devenait moins intéressante. Sans compter que le temps passé dans le tracteur ne servait pas à travailler sur la gestion du troupeau. »
La branche main-d’œuvre À la CUMA de l’Oie blanche, on ne partage pas que des équipements, mais également un employé. La branche main-d’œuvre a été créée en 1995 pour les membres n’ayant pas les moyens financiers ou le volume de travail nécessaire pour embaucher quelqu’un à temps plein, mais ayant besoin d’aide à la ferme. Bien qu’il arrive que cette branche doive demeurer inactive le temps de remplacer un employé qui quitte son poste, les éleveurs qui utilisent ce service sont heureux de pouvoir souffler un peu. L’administrateur Martin Allaire a fait partie de cette branche jusqu’à la vente de son troupeau laitier, il y a deux ans. Il explique que les utilisateurs du service se réunissent tous les deux à trois
Bon coup
C’est dans la branche des équipements d’ensilage (presse à balles rondes et enrobeuse) que se traduit le mieux la solidarité qui unit les membres de la CUMA. Les membres de cette branche travaillent en chantier afin de récolter les fourrages le plus efficacement possible. Le président, Claude Blais, fait partie du groupe. « Chacun compte le temps qu’il donne chez les autres ainsi qu’un coût pour l’utilisation de son tracteur, s’il le prête pour contribuer aux travaux, explique le producteur laitier. Et chacun fournit le carburant nécessaire pour récolter chez lui. L’hiver, nous nous réunissons pour faire les comptes et rééquilibrer les coûts. » S’il est une erreur que les administrateurs de la CUMA de l’Oie blanche ne referont plus, c’est d’attendre trop longtemps pour changer un équipement qui ne fait pas l’affaire. Le premier épandeur à fumier solide acquis par la coopérative a donné des cauchemars à ses utilisateurs. Il bloquait sans cesse, ce qui obligeait le conducteur à monter sur la machine pour la décoincer à l’aide d’une fourche. Cet épisode pénible s’est quand même prolongé pendant trois ans, jusqu’à ce que les membres décident de changer l’épandeur. Maintenant, ils s’informent à plusieurs sources avant de faire l’achat d’une machine.
mauvais coup
Bien que la taille des entreprises agricoles ait constitué un facteur favorable à l’essor de la CUMA de l’Oie blanche, l’abondance de l’offre de travail à forfait dans la région a freiné sa croissance. Parfois, le forfait s’avère une solution plus judicieuse et plus réaliste que le partage de machinerie. Claude Blais a d’ailleurs lui-même choisi le forfait pour l’épandage du fumier solide de son troupeau laitier après avoir fait partie de la branche épandage pendant plusieurs années. Le forfaitaire qui fonctionne jour et nuit avec plusieurs conducteurs et équipements lui fait gagner beaucoup de temps et d’énergie. « Avec 200 voyages de fumier à épandre, au rythme de deux à l’heure, je n’en voyais plus le bout, soutient le producteur. De prime abord, le coût du forfait paraît supérieur si on le compare au seul coût
mois avec l’employé pour établir un horaire de travail. « L’ordre de priorité pour le choix des journées change chaque mois, ajoute-t-il. L’employé a toujours droit à deux fins de semaine de congé par mois et ne travaille pas plus de cinq journées par semaine. » Bien que l’horaire soit établi longtemps à l’avance, la formule demeure souple. Les utilisateurs communiquent entre eux et avec l’employé s’il survient des imprévus et que des changements doivent être apportés à l’horaire. La mise de fonds à verser dans cette branche d’activité correspond à un mois de salaire du travailleur, divisé également entre les adhérents.
Où est la relève ? Claude Blais, Fabien Gagnon et Martin Allaire ont vu naître la CUMA et siègent au conseil d’administration depuis belle lurette. Même s’ils ne parlent pas encore de tirer leur révérence, pensent-ils que la relève sera au rendez-vous ? Pour l’instant, les membres ne se bousculent pas pour devenir administrateurs de la coopérative. « Il a même fallu modifier un article de notre règlement pour permettre aux administrateurs de faire plus de deux mandats consécutifs, car personne d’autre ne souhaitait occuper le poste », raconte Fabien Gagnon. Qu’adviendra-t-il alors de la CUMA de l’Oie blanche une fois que les enfants des membres fondateurs auront repris la ferme ? Ces derniers auront-ils réussi à transmettre à leur relève le goût de coopérer ? Dans cette région où le partage d’équipements répond à un véritable besoin, il y a fort à parier que la flamme coopé rative se propagera à la prochaine génération d’agriculteurs.
Trois des équipements de la coopérative : un épandeur à lisier de 3200 gallons (14 500 litres), une presse à balles rondes et un semoir à semis direct.
Photos : Épandeur : Équipement de ferme Turgeon Presse : Class Semoir : Jean Bourque
AVRIL 2014 | Le Coopérateur agricole
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O r d r e n at i o n a l d u m é r i t e a g r i c o l e
Ferme Geobastien
Quand s’améliorer devient une manière de vivre Dans leur quête des meilleures façons de faire, les propriétaires de la Ferme Geobastien, située à Sainte-Anne-des-Plaines, ont mis à profit le concours de l’Ordre national du mérite agricole (ONMA) pour progresser et aller plus loin. Par Céline Normandin
Photos: Éric Labonté, MAPAQ
À
l’entrée du bâtiment de la ferme laitière d’Yvan Bastien et Isabelle Hardy trônent bien en évidence les médailles de bronze et d’argent obtenues dans le cadre du concours de l’ONMA. Après une première participation en 2008, où la ferme Geobastien a terminé au sixième rang régional et au quatorzième rang national dans la catégorie bronze pour l’ensemble du territoire en concours (voir la carte), l’entreprise s’est hissée, cinq ans plus tard, au deuxième rang régional et au troisième rang national dans la catégorie argent.
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Le Coopérateur agricole | AVRIL 2014
Même après quelques mois, la seule évocation de la soirée du gala de remise des prix suffit à faire briller les yeux d’Isabelle et Yvan. Dans leurs rêves les plus fous, ils ne s’attendaient jamais à faire si bonne figure, surtout dans un concours de cette envergure. La décision de participer à l’ONMA a été prise à l’issue d’un long cheminement, mais aussi à la suite d’une épreuve douloureuse qui a obligé Yvan à se questionner : voulait-il poursuivre en agriculture et, surtout, comment s’y prendrait-il s’il décidait de continuer ?
Repartir à zéro En 2000, le ministère des Transports décide de redessiner la route 335 en raison des trop nombreux accidents causés par une courbe dangereuse. Le hic ? Le nouveau tracé morcelle la ferme familiale qui se trouve ainsi coupée en deux. Le gouvernement offre une compensation, mais la situation oblige les Bastien à réfléchir à l’avenir de la ferme familiale : faut-il continuer de produire de manière traditionnelle ou innover ? C’est l’innovation qui va l’emporter pour Yvan qui voit dans son projet de ferme éducative un moyen
de marier sa passion pour l’agriculture et son désir de sensibiliser la population à ce secteur d’activité trop méconnu. Avec son troupeau de 48 vaches en lactation et ses 94 hectares de terre, la Ferme Geobastien a toutes les caractéristiques d’une ferme québécoise moyenne, à l’exception, bien sûr, de son volet éducatif. C’est ainsi que, de mai à novembre, Yvan et Isabelle ouvrent leurs portes aux groupes scolaires et aux camps de jour pour démystifier le métier de producteur laitier. Toute la ferme, qui est repensée en 2004, est aménagée dans ce but : des allées larges devant les mangeoires des vaches jusqu’au local à l’étage qui peut accueillir les groupes, même la très grande distance entre les bâtiments de ferme et la route est établie de manière à éviter les accidents. Avec son air bucolique, l’aspect impeccable des bâtiments et sa proximité avec la ville de Montréal, la Ferme Geobastien est devenue un modèle pour représenter la ferme laitière typique. On y a depuis tourné de nombreuses émissions de télévision, telles que Ricardo et Sucré salé.
Une évaluation objective Quand Yvan se rend compte que le concours du mérite agricole est de retour dans sa région en 2008, il y voit un outil pour valider ses décisions d’affaires et sa vision d’entreprise. « Du point de vue financier, je savais où j’en étais, mais pour le reste, je me demandais si je prenais les bonnes décisions. Est-ce que j’étais à la bonne place ? », se rappelle Yvan. À l’époque, le jeune producteur avait aussi d’autres interrogations. Comme il prenait la relève de son père, deux visions différentes s’affrontaient sur le plan de la gestion agroenvironnementale. Ayant conscience que le concours ne reviendrait dans la région que dans cinq ans et qu’une médaille d’or ne serait à sa portée que 15 années plus tard, Yvan se lance dans l’aventure en 2008, sans autre préparation. « C’était une manière de pouvoir me regarder dans le miroir et d’obtenir un avis objectif. » Un coup d’œil à la grille d’évaluation du concours l’a aussi convaincu : « Les critères évalués rejoignaient mes préoccupations. » Au terme de sa première participation, Yvan, qui n’avait aucune attente, est agréablement surpris des résultats et des commentaires des juges. Il obtient ses meilleurs résultats pour la gestion des ressources humaines, et il trouve en plus les arguments pour convaincre son père de changer leurs méthodes dans les champs. Gonflé à bloc après cette première présence au concours de l’ONMA, le jeune producteur n’hésite
pas à s’engager de nouveau, cinq ans plus tard, en s’inscrivant dans la catégorie argent. « Il y avait tellement à faire et beaucoup de choses à améliorer. Il s’agissait surtout de consolider ce qui avait été mis en place », indique Yvan. Rien n’a été laissé au hasard, que ce soit la sécurité ou la recherche de meilleures pratiques à adopter dans l’étable ou dans les champs. Leur patience et leur engagement portent leurs fruits puisqu’ils valent à Yvan et à Isabelle de n’être devancés que par deux autres entreprises solidement établies dans le territoire en concours. Les propriétaires de la Ferme Geobastien n’ont que de bons mots quant à leur participation au concours, qu’il s’agisse du travail des juges ou encore du portrait de leur entreprise qui a été dressé. « L’évaluation est bien pondérée en ce qui concerne les aspects qui sont examinés. Pour nous, prendre part à l’ONMA a été la meilleure manière de mettre à l’épreuve nos façons de faire et de savoir où nous nous situions par rapport aux autres », avance Yvan. « C’est intéressant aussi de pouvoir se comparer à d’autres types d’entreprises agricoles », renchérit Isabelle.
Se remettre en question : un choix de vie Quant à savoir si Yvan s’inscrira pour la médaille d’or dans cinq ans, la question reste en suspens. Maintenant conforté dans la conduite de leurs affaires et dans les progrès réalisés, le couple songe à d’autres défis qui les occuperaient dans les prochaines années. Tous deux diplômés en agronomie, ils considèrent comme normal de chercher à s’améliorer et à appliquer de meilleures pratiques. D’ailleurs, ils n’hésitent pas à voyager à travers le monde, à la découverte d’autres régions agricoles, pour comparer leurs idées, partager leurs connaissances et continuer à apprendre. C’est le plus grand bénéfice qu’Yvan dit avoir retiré de ses études. « L’université, c’est une belle place pour s’ouvrir l’esprit et voir ce qui se fait de différent, une attitude bénéfique pour le reste de la vie. »
Avec l’aspect impeccable des bâtiments et sa proximité avec la ville de Montréal, la Ferme Geobastien est un modèle pour représenter la ferme laitière typique. De mai à novembre, les propriétaires ouvrent leurs portes aux groupes scolaires et aux camps de jour.
10
Nord-du-Québec
2
9
Saguenay–Lac-Saint-Jean
11
Côte-Nord
8
Gaspésie– Îles-de-la-Madelaine
10
Abitibi-Témiscamingue
Bas-Saint-Laurent
3
4
Capitale-Nationale
Mauricie
15
7
Laurentides
12
14
Outaouais
ChaudièreAppalaches
Lanaudière
17
Centre-duQuébec
16
13
Laval
Montérégie-Est
6
Montréal
5
Estrie
Territoire 5 : en concours en 2014 Territoire 1 : en concours en 2015 Territoire 2 : en concours en 2016 Territoire 3 : en concours en 2017 Territoire 4 : en concours en 2018
Montérégie-Ouest
AVRIL 2014 | Le Coopérateur agricole
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A f fa i re s é c o n o m i qu e s
L’entente de libre-échange
Canada-Europe Maurice Doyon, Ph. D. Professeur titulaire Département d’économie agroalimentaire et des sciences de la consommation Université Laval
Le 18 octobre 2013, le Canada et l’Union européenne (UE) signaient une entente de principe dans le cadre de l’Accord économique et commercial global (AECG), à la suite de quatre années de négociations. Le processus de ratification implique les 10 provinces canadiennes et les 28 pays de l’UE, et devrait prendre de 18 à 24 mois. Une fois l’entente ratifiée, certaines mesures seront immédiates, alors que d’autres devraient s’échelonner sur une période de trois à sept ans.
Raymond Dupuis, économiste Directeur de projet Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations
C
Photo : istock
et accord donne au Canada et au Québec un accès privilégié à un marché de 508 millions de consommateurs européens. Avec l’ALENA, le Québec est maintenant au cœur d’un marché solvable de près d’un milliard de personnes, qui comptent pour la moitié du PIB de la planète. Le potentiel européen est important, relativement à la taille du Canada. En effet, en 2012, les importations de l’UE étaient de 2 300 milliards $, alors que la même année le PIB du Canada atteignait 1 800 milliards $. Selon l’entente de principe, 99 % des lignes tarifaires de l’UE seront exemptes de droits pour les produits canadiens. Pour ce qui est des services (72 % de l’économie et 3,1 millions d’emplois
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Le Coopérateur agricole | AVRIL 2014
au Québec), le Canada, qui exporte déjà pour près de 14,5 milliards $ en services vers l’UE, gagne un accès accru. Notons également que les investissements directs entre les deux régions sont facilités. Rappelons qu’en 2012, le Canada a fait des investissements directs de 181 milliards $ en UE et que, la même année, les investissements directs de l’UE au Canada atteignaient 171 milliards $.
L’agroalimentaire québécois et l’AECG L’UE est le premier importateur mondial de produits agroalimentaires. Le Québec y a exporté pour près de 600 millions $ de produits agroalimentaires en 2012, avec des tarifs de 14 % en moyenne, mais en a importé pour plus de
Commerce bilatéral agro alimentaire entre le Québec et l’Union européenne (2012)
1,5 milliard $. Ce commerce agroalimentaire québécois avec l’UE est constitué principalement d’exportations de soya et d’importations de vin (figures 1 et 2). Il en résulte pour le Québec un déficit commercial agroalimentaire annuel qui frôle le milliard de dollars et qui perdure depuis plusieurs années. Au chapitre des clauses de l’accord propres à l’agroalimentaire, le tableau 1 (p. 28) illustre de façon non exhaustive d’importantes baisses de tarifs immédiates pour plusieurs produits de la mer. Notons également des baisses pour les crevettes et le homard transformé. Les droits de douane pour la plupart des produits alimentaires frais et transformés sont éliminés à la ratification, dont les droits sur le sirop d’érable (de 8 %). Ceux sur le blé, l’orge, le seigle et l’avoine, qui sont de 114 à 190 $ la tonne métrique, seront éliminés sur une période de trois à sept ans. En ce qui a trait au secteur des viandes, le Canada gagne un accès de 50 000 tonnes pour la viande bovine (tableau 2) et de 81 000 tonnes pour la viande porcine (tableau 3). Pour les productions sous gestion de l’offre, les œufs et la volaille sont exclus; par contre, un contingent de 16 000 tonnes de fromages fins et de 1700 tonnes de fromages industriels est accordé à l’UE (tableau 4). À ce titre, le gouvernement canadien a pris l’engagement de faire le suivi des incidences négatives et de fournir une compensation à l’industrie. Le Canada obtient un accès sans tarifs pour ses fromages.
Les enjeux de la réciprocité Les mesures plus traditionnelles d’abaissement tarifaire et d’allocation de contingents sont certes nécessaires au succès d’un tel accord, mais sont devenues insuffisantes au cours des dernières années, avec la prolifération de nombreuses barrières non tarifaires. Les partenaires de l’AECG ont donc convenu de la mise en place de mécanismes de coopération en matière de règlementation – une première dans les accords de libre-échange du Canada – et de convergence règlementaire en matière de mesures non tarifaires. À ce titre, ils ont convenu de la mise sur pied de différents comités pour assurer le suivi de plusieurs enjeux, dont les systèmes d’inspection
et de certification, les obstacles techniques au commerce et les programmes de subvention, qui pourraient nuire aux échanges. Comme dans l’ALENA, il incombe à chaque partie de veiller au respect des obligations et des engagements prévus dans l’Accord, à tous les ordres de gouvernement (provinces et États). Les provinces seront représentées au sein de certains comités de compétence provinciale. Pour l’agroalimentaire québécois, il sera particulièrement crucial de s’assurer du respect des engagements sur le plan des mesures non tarifaires, en particulier pour les obstacles techniques au commerce.
Un enjeu pour le secteur laitier Il va sans dire que le secteur laitier québécois est particulièrement affecté par cette entente de principe, notamment pour ce qui est des nouveaux contingents de 16 000 tonnes de fromages fins. Ce contingent représente 32 % des volumes de fromages fins produits au Canada. Or, le Québec produit environ 60 % des fromages fins canadiens. En plus, 80 % du lait de chèvre du Québec est transformé en fromages fins. Nous sommes donc la province la plus touchée. Il est probable que les fromages importés, selon les nouveaux contingents, seront vendus au prix intérieur, ce qui générera une rente importante pour les détenteurs de quotas d’importation. Il y aurait dans pareil cas peu d’avantages pour les consommateurs canadiens. Puisque, pour préserver son quota d’importation, un détenteur doit l’utiliser à 100 %, le premier fromage vendu par un producteur de fromage sera celui importé. Or, environ 80 entités détiennent des quotas d’importation, en incluant des distributeurs tels que Loblaws et des champions laitiers tels qu’Agropur et Saputo. Il y a donc perte potentielle du côté des producteurs de fromage et des producteurs de lait canadiens et québécois. Un gain équivalent ou supérieur à cette perte serait redistribué vers les détenteurs de quotas d’importation. Le gain pour le consommateur canadien sera vraisemblablement marginal, de même que pour le secteur laitier européen, pour qui ce nouveau contingent représente un très faible volume relatif. La façon de distribuer les nouveaux quotas d’importation
Figure 1 Exportations du Québec vers l’UE (590 M $) 5 %
12 %
5 % 6 % 8 % 56 % 8 %
• Soya et autres • Fruits • Sucres • Graisses et huiles • Viandes et abats • Préparations de fruits et légumes • Autres
Figure 2 Importations de l’UE vers le Québec (1,540 G $)
46 % 24 %
3 % 4 % 6 %
9 % 7 %
• Vins et boissons alcooliques • Préparations à base de céréales • Cacao et préparations • Produits laitiers et autres produits d’origine animale
• Préparation de fruits et légumes • Concentrés de protéines laitières (35)
• Autres
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Tableau 1 Clauses de l’AECG économique et commercial global (AECG) pour les produits canadiens de la mer PRODUITS DE LA MER 95,5 % des lignes tarifaires établies à 0 % à l’entrée en vigueur de l’Accord
Pratique commerciale
Avant
Après
Application
Homard vivant
8 %
0 %
Immédiate
Homard surgelé
6-16 %
0 %
Immédiate
8 %
0 %
Immédiate
Droits de douane
Pétoncles surgelés Crevettes surgelées
12 %
0 %
Immédiate
Crevettes cuites et décortiquées vendues au détail
20 %
0 %
Immédiate
Merluche fraîche ou réfrigérée
15 %
0 %
Immédiate
Morue séchée ou salée
13 %
0 %
Immédiate
Hareng surgelé
15 %
0 %
Immédiate
Maquereau surgelé
20 %
0 %
Immédiate
Flétan frais ou réfrigéré
15 %
0 %
Immédiate
Saumon
15 %
0 %
Immédiate
Saumon transformé
5,5 %
0 %
Immédiate
Crabe des neiges
8 %
0 %
Immédiate
Moules fraîches, réfrigérées ou congelées
20 %
0 %
Immédiate
Chien de mer
6 %
0 %
Immédiate
Tableau 2 Clauses de l’AECG pour les produits de bovins et de bisons canadiens PRODUITS AGROALIMENTAIRES Bovins et bisons
93,6 % des lignes tarifaires établies à 0 % à l’entrée en vigueur de l’Accord
Pratique commerciale
Avant
Après
Application
Bœuf et veau – intracontigent de 50 000 t poids carcasse (35 000 t de frais et réfrigérés et 15 000 t de congelés) (dont part canadienne du contingent de viande sans hormone de 4 160 t)
0 %
À négocier (3, 5, 7 ans)
Bœuf de qualité supérieure – intracontingent 11 500 t de poids de produit contingents de bœuf – existants de l’UE
0 %
À négocier (3, 5, 7 ans) accès continu
Bœuf transformé (tous produits SH 16)
0 %
Immédiate
Bison – intracontingent 3000 t poids carcasse
0 %
Immédiate
0 %
Immédiate
Contingents tarifaires
20 %
Règles d’origine Majorité des produits agroalimentaires satisfaisant à la principale règle d’origine spécifique du produit
Dérogations favorables en vertu desquelles la majorité des produits canadiens pourront profiter d’un traitement préférentiel – volumes prédéterminés environ trois fois le commerce actuel et revus à tous les 5 ans, lorsque les taux de remplacement seront au-dessus de 60 %.
peut donc avoir un impact important sur l’effet net de cet accord sur les fromagers et producteurs de lait québécois. Voyons donc différents scénarios à ce sujet. Si les nouveaux quotas d’importation sont donnés au prorata des quotas existants : • Un groupe s’enrichit sur une base historique, et non au mérite ni dans un contexte compétitif. • Aucune justification, à notre avis, pour les distributeurs ou les particuliers. • Agropur et Saputo : cela peut être vu comme une compensation en faveur des
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Le Coopérateur agricole | AVRIL 2014
producteurs de fromages fins. La rente sera retournée en partie aux producteurs membres d’Agropur (mais ce ne sera pas le cas pour Saputo). Dans le passé, Agropur a utilisé ses contingents pour développer le marché intérieur. • L’ensemble des producteurs de lait et de fromages fins n’y gagne rien. Si les nouveaux quotas d’importation sont donnés aux producteurs de fromages fins : • Point de vue du Conseil des industriels laitiers du Québec (CILQ). • Un détenteur peut mettre son quota en location. Offre d’une prime à la sortie pour certains (petits) producteurs de fromages fins. Récompense ceux qui sortent, mais pas nécessairement adéquatement ceux qui restent pour se battre. • Favorise la rationalisation, mais pas nécessairement le renforcement du secteur. Si les nouveaux quotas sont vendus aux enchères : • Les sommes obtenues peuvent être utilisées en vue de projets structurants pour les producteurs de fromages fins, afin de leur permettre de faire face à la concurrence, de croître sur le marché intérieur et d’explorer l’exportation. • Si les volumes de fromages sont récupérés à l’exportation, alors les producteurs de lait du Québec seraient moins pénalisés. Un exemple de projet structurant serait d’explorer les marchés de créneau à New York et Boston. Par exemple, Murray’s Cheese NYC vend des fromages de 48 à 72 $ le kilo, Saxelby NYC vend des fromages à 89 $ le kilo. Le prix du lait au Québec représente un coût d’environ 8 $ le kilo de fromage, par rapport à près de 6 $ en France. Nous avons exporté pour plus de 6000 tonnes de fromages de spécialité aux États-Unis en 2012. Pourrions-nous tripler ce chiffre ? Nous pourrions favoriser le regroupement des producteurs de fromages artisanaux afin d’obtenir un volume critique pour le transport et l’embauche de professionnels de développement de marchés et de l’exportation. Les sommes obtenues par la vente des quotas d’importation doivent être complémentaires – et non pas un substitut – aux compensations promises par le gouvernement fédéral.
Tableau 3 Clauses de l’AECG pour les produits porcins canadiens
Notons également, au chapitre des enjeux, l’élimination des tarifs sur les isolats de protéines laitières en provenance de l’UE. L’importation de ces isolats constitue un enjeu important pour le secteur laitier canadien, les importations étant passées de 3700 à 15 300 tonnes de 2008 à 2012. Notons toutefois que, puisque les importations américaines ne sont pas limitées, l’impact de l’AECG à cet égard ne semble pas majeur.
Les conclusions Il s’agit d’un accord important et positif en matière d’emplois et de produit intérieur brut pour le Canada et le Québec, ce qui leur permet de bien se positionner dans la mouvance des forces économiques mondiales. Pour le secteur agroalimentaire, différentes estimations en provenance des principaux groupes intéressés nous donnent les chiffres suivants : Exportations agroalimentaires supplémentaires de 1,5 milliard $ • bœuf : + 600 millions $ • porc : + 400 millions $ • céréales et oléagineux : + 100 millions $ • produits à base de sucre : + 100 millions $ • produits transformés (fruits et légumes) : + 300 millions $ Impact négatif de 300 millions $ des contingents sur les fromages fins • Production laitière : – 150 millions $ • Production fromagère (valeur ajoutée) : – 150 millions $ Les effets négatifs se trouvent principalement dans le secteur laitier (fromages fins) et au Québec. Nous croyons toutefois qu’il y a des façons de réagir et d’utiliser d’éventuelles compensations qui sont supérieures à d’autres et auront un impact important sur le secteur des fromages fins canadiens. Un élément majeur est le mode d’allocation des nouveaux quotas d’importation. Espérons que les bons choix seront faits et que nous pourrons minimiser les impacts négatifs et transposer cette menace importante en occasion favorable.
PRODUITS AGROALIMENTAIRES Porcins
93,6 % des lignes tarifaires établies à 0 % à l’entrée en vigueur de l’Accord
Pratique commerciale
Avant
Après
Application
Porc – intracontingent 81 000 t poids carcasse de frais, réfrigérés et congelés (en incluant la part canadienne actuelle de 6011 t du contingent de l’UE)
0 %
À négocier (3, 5, 7 ans)
Gras de porc et le porc sans os salé, séché, fumé et saumuré, et tous les autres produits du porc transformé visés par les lignes tarifaires du SH 16, comme les saucisses
0 %
À négocier (3, 5, 7 ans)
0 %
Immédiate
Contingents tarifaires
Règles d’origine Majorité des produits agroalimentaires satisfaisant à la principale règle d’origine spécifique du produit
Dérogations favorables en vertu desquelles la majorité des produits canadiens pourront profiter d’un traitement préférentiel – volumes prédéterminés environ 3 fois le commerce actuel et revus tous les 5 ans, lorsque les taux de remplacement seront au-dessus de 60 %.
Tableau 4 Clauses de l’AECG pour les œufs, la volaille et le secteur laitier européen PRODUITS AGROALIMENTAIRES Laitiers et avicoles
92 % des lignes tarifaires établies à 0 % à l’entrée en vigueur et 7,1 % des lignes exclues (gestion de l’offre) Pratique commerciale
Avant
Après
Application
Volaille et œufs - extracontingents
Exclus
Exclus
Immédiate
Tous produits laitiers autres que fromage - intracontingents
Exclus
Exclus
Immédiate
Fromages spécialité – intracontingent 16 000 t (dont réaffectation 800 t versus OMC accession nouveaux membres UE)
0 %
À négocier (3, 5, 7 ans)
Fromage industriel – intracontingent 1700 t
0 %
À négocier (3, 5, 7 ans)
0 % progressive
À négocier (3, 5, 7 ans)
Matières protéiques de lait (comme aux É.-U.)
Sur le plan des débouchés, l’industrie agroalimentaire québécoise dispose d’avantages comparatifs pour plusieurs produits, et encore plus avec l’élimination de tarifs et l’accroissement de contingents : outre la viande porcine et les produits marins, les produits transformés pourraient être particulièrement favorisés. Qui plus est, les conditions à court et moyen terme pourraient améliorer cet avantage. Notamment du fait que l’accord imminent entre les Européens et les Américains, le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP), est toujours en discussion et sera vraisemblablement décalé de plusieurs mois, voire de deux ans, par rapport à l’AECG (Canada-UE), tandis que l’évolution des taux de change pourrait aussi avantager notre industrie, selon les prévisionnistes. Il faut donc accentuer les efforts de développement de marché en Union européenne, en assurer un accès réel et accroître notre effort et notre expertise technique dans le domaine des mesures non tarifaires.
AVRIL 2014 | Le Coopérateur agricole
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Sur le plancher d e s va c h e s
Par Sylvain Boyer, T. P. Directeur principal Service des ruminants La Coop fédérée sylvain.boyer@lacoop.coop
Présent !
Cet hiver, pas moins de 1500 producteurs laitiers ont assisté aux conférences et formations offertes par le réseau La Coop. Vous y étiez ?
Photo : Martine Doyon
For English version, please visit our website at www.lacoop.coop/ cooperateur
30
D
ans tous les coins couverts par les coopératives, diverses activités ont été organisées, allant de réunions en petits groupes sur des sujets ciblés à des colloques plus grandioses accueillant plus de 200 producteurs. C’est sans compter les endroits où un expert de La Coop a été invité comme conférencier. Je crois que chacune de ces rencontres démontre très bien l’engagement et le savoir auquel chacun de vous a accès par le réseau. C’est là un des mandats que nous nous donnons et c’est comme ça depuis déjà bien des années. Ces journées apportent à mon avis une plus-value importante. Les sujets techniques qui y sont abordés ont tous un but commun : améliorer la rentabilité de votre entreprise à moyen et long terme. Votre participation à ces rencontres et l’interaction avec l’équipe présente sont très appréciées. J’ai personnellement rencontré des producteurs très satisfaits de l’information reçue lors de ces rencontres. Il fallait y être… Il suffit de faire réfléchir sur un ou deux aspects à changer à la ferme pour que ces journées soient très profitables pour votre entreprise. L’élevage des génisses, la transition, la régie des ensilages et l’amélioration des revenus par kilo de quota ne sont que quelques-uns des sujets traités. Bien sûr, les thèmes de base sont souvent repris au fil des années, mais toujours avec une approche actualisée et évolutive.
Le Coopérateur agricole | AVRIL 2014
En plus de ces sujets techniques, nous avons également exposé la vision du réseau dans une dizaine d’années. Que sera la production laitière, ici, en 2025 ? Pour certains, ça semble encore loin, mais il faut s’y préparer sérieusement. Le temps passe très vite. Il faut non seulement s’adapter à ce qui change année après année, mais aussi anticiper ce qui nous attend. Il suffit de regarder ce qu’était le paysage laitier il y a 10 ans, et figurer que d’ici les 10 prochaines années ce même paysage aura évolué au moins autant. Qu’on le veuille ou non, le nombre de fermes diminuera et la pression sur les résultats augmentera. Il faudra être de plus en plus efficaces, tant sur le plan de la productivité du troupeau que sur la productivité de la main-d’œuvre. Les défis de la production laitière restent les mêmes. Il faut viser une meilleure productivité amenant, du coup, une meilleure rentabilité. Il ne s’agit pas que d’une gestion de coûts, mais plutôt d’une amélioration des revenus. Serez-vous de ces producteurs qui, en 2025, pourront dire « PRÉSENT ! » ?
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Lait
De passion et d’amitié La Ferme JMS Amitiés, de Ferme-Neuve, près de Mont-Laurier (Hautes-Laurentides), se décrit en deux mots : passion et amitié. Fondée en 1984 par quatre jeunes agriculteurs ambitieux, l’entreprise accumule les projets et les succès. Férus de génétique, ses propriétaires sont aux commandes d’un des meilleurs troupeaux Holstein au Canada et s’engagent dans leur région pour stimuler le goût de la terre par l’entremise du groupe Génostar. La Ferme JMS Amitiés est née de l’association de Marc Coursol, Jacinthe Proulx, Jacques-André Charbonneau et Sylvain Charbonneau. Le préfixe « Amitiés » du troupeau symbolise l’harmonie et l’amitié nécessaires à la réussite des artisans de cette entreprise de Ferme-Neuve, près de Mont-Laurier, dans les Hautes-Laurentides. La mosaïque réalisée par Marc est la reproduction de la vache Amitiés James Dondaine.
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Texte et photos de Stéphane Payette, T.P.
E Comestar Ingniter Loriana a été l’élément déclencheur de la renommée du troupeau Amitiés.
Amitiés Goldwyn Lover a littéralement construit le profil génétique du préfixe Amitiés, avec sept fils au CIAQ et plus de 38 filles dans le troupeau.
n 1984, Jacinthe Proulx, son conjoint, Marc Coursol, ainsi que ses frères Sylvain et Jacques-André Charbonneau se lancent dans le monde des entrepreneurs agricoles. Ils achètent la ferme des parents de Jacinthe, Sylvain et Jacques-André – une exploitation de 30 kg de quota et d’une quarantaine d’hectares de terre (la production s’élève à 126 kg de quota aujourd’hui). Rapidement, ils vont chercher un moyen de rentabiliser leur investissement. Ils devront relever deux défis imposants : les taux d’intérêt élevés et la reconstruction du troupeau. Frappés de plein fouet par la tuberculose, les animaux du père, Réal Charbonneau, ont tous été abattus. La Ferme JMS Amitiés a dû démarrer avec le nouveau cheptel laissé par ce dernier. C’est lorsqu’ils ont formé leur société que le préfixe du troupeau, « Amitiés », s’est imposé. « Nous savions qu’à quatre nous devions avoir un solide lien d’amitié pour traverser les moments difficiles et construire notre ferme dans l’harmonie », indique Sylvain. Ils ont avancé dans le monde de l’élevage de sujets de race Holstein étape par étape et récoltent aujourd’hui d’impressionnantes statistiques. Leur troupeau compte maintenant 106 vaches laitières, réparties en 6 Excellente, 47 Très bonne, 56 Bonne plus, 2 Bonne et 10 NC (non encore classifiées). Leur IPV (indice de profit à vie) est de 2248 et l’indice de conformation est de 7,8. À la Ferme JMS Amitiés, les vaches sont plus que de simples instruments de production. Au fil des ans, elles sont devenues des moteurs de développement et d’exportation du savoir-faire de l’entreprise. Les ventes de sujets vont bien, le nom JMS Amitiés a des échos dans toute la province et même ailleurs au Canada. L’envolée s’est produite en 1998, avec la vache Amitiés James Dondaine, qui a été la première vache du taureau James. Elle a été vendue à la ferme Maskita (propriété de l’ITA de Saint-Hyacinthe), et c’est avec elle que le Centre d’insémination artificielle du Québec (CIAQ) a fait la promotion de James. La vente de Dondaine a offert une grande notoriété au préfixe de la Ferme JMS. Une deuxième vache, Comestar Ingniter Loriana, nommée Vache coup de cœur en 2009 par Holstein Québec, lancera les bases de la renommée
du préfixe Amitiés. Loriana a engendré une lignée de marque qui façonne encore le troupeau de Ferme-Neuve et apporte son lot de ventes année après année. Une de ses descendantes a ouvert la voie... En effet, Amitiés Goldwyn Lover a « tapé » fort dans l’œil des connaisseurs de génétique Holstein et a établi la crédibilité de ses propriétaires. Elle a entre autres produit cinq taureaux achetés par L’Alliance Semex à partir de 11 récoltes d’embryons dès sa première lactation. En plus, 38 de ses filles portent le préfixe Amitiés et de nombreux embryons ont été vendus un peu partout au Canada et en Europe. Lover a pourtant failli quitter tôt le troupeau. « Nous avions une offre de plusieurs milliers de dollars sur la table », raconte Jacinthe. Après quelques calculs et discussions, les associés ont décidé de la garder. Une décision qu’ils n’ont jamais regrettée, car au fil des ans, les sujet de Lover ont représenté plus de 70 % des animaux vendus par la ferme, sans compter les ventes de ses embryons. Elle a fini par prendre la direction d’une autre ferme, pour être exploitée de nouveau. Depuis 2010, le marché a changé quelque peu. « Les gens préfèrent élever leurs sujets. Ils viennent ici et sélectionnent des génisses qu’ils vont développer chez eux », dit Sylvain. Les croisements génétiques du troupeau Amitiés lui ont permis de grimper au classement des meilleurs cheptels canadiens. La valeur des animaux laitiers canadiens se mesure avec l’IPV. Le troupeau de la société JMS occupe actuellement le 24 e rang au pays. L’an dernier, il était 51e. Une progression impressionnante, attribuée par les Fermeneuviens à l’efficacité des décideurs en matière de sélection des sujets. « Avec la génomique [outil de sélection génétique], nous avons pu améliorer rapidement et efficacement le potentiel des génisses », dit Sylvain. Les acheteurs d’animaux regardent tous les aspects d’une future productrice et le profil du troupeau vendeur. La production est analysée sous toutes ses coutures, du tarissement à la préparation au vêlage. C’est pour cette raison que la Ferme JMS Amitiés a décidé de faire confiance à Hugo Léonard, du Regroupement des Frontières. Le mandat confié à Hugo a été d’assurer une bonne transition du tarissement à la lactation. u
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« C’est simple, ça ne marchait pas, souligne Sylvain. Nous voulions que les vaches décollent davantage au lait tout en étant en bonne santé. » Les changements proposés par l’expert-conseil ont rapidement porté leurs fruits et, depuis, la relation de confiance n’a pas cessé de grandir entre l’équipe JMS et celle de la coopérative.
Génostar pour l’avenir
Les sujets de la Ferme JMS Amitiés sont de plus en plus connus aux quatre coins du Canada. La génétique est une véritable passion pour Sylvain et ses complices.
Les propriétaires de JMS Amitiés sont très attachés à leur coin de pays. Ils ont à cœur le développement de Ferme-Neuve, tout en étant conscients que la rentabilité est un incontournable dans l’agriculture du nouveau siècle. Pour ces raisons, ils ont lancé le groupe Génostar le 12 janvier 2012. Formée des fermes Valdik, des Geais Bleus, Samannie, du Soleil, L’Herbagère, Clopi et JMS Amitiés, cette association développe, par l’entremise d’achats de bêtes de qualité supérieure, le potentiel génétique des animaux des membres. « L’intérêt de base est de produire de bonnes vaches d’étable pour leurs fermes », commente Sylvain. Depuis deux ans, quatre vaches ont été achetées par Génostar, et toutes les options sont envisagées : récoltes d’embryons, élevage pour la ferme uniquement ou consignation dans des encans. Les données offrent des prévisions encourageantes pour l’avenir. Déjà, une des acquisitions de Génostar offre un potentiel supérieur : Bonaccueil Snowman Cassie a un IPV de 2999,
Insatisfaits des débuts de lactation, les décideurs de la Ferme JMS Amitiés ont confié à Hugo Léonard (au centre), du Regroupement des Frontières, le mandat de les aider à améliorer cet aspect de leur production. Une collaboration qui a mené à un partenariat solide et à une amitié mutuelle.
La Ferme JMS Amitiés et ses vedettes Comestar Ingniter Loriana • Vache coup de cœur 2009 de l’Association Holstein Québec • TB-86 au premier vêlage • Vache souche du troupeau Amitiés Goldwyn Lover • Fille de Loriana • Cinq fils vendus à L’Alliance Semex • 38 filles portant le préfixe Amitiés • Plus de 70 % des ventes de sujets du troupeau
L’alimentation du troupeau
Production de lait : Moyenne de 10 922 kg de lait, 4,3 % de gras et 3,56 % de protéine MCR 247-255-258, avec 51 % de vaches à leur 1er veau Classement : 6 EX, 47 TB, 56 BP, 2 B et 10 NC
Génisses Goliath 21 et foin sec Taures Goliath Expo, orge ou maïs, Pro-bloc, foin sec et balles rondes enrobées Vaches taries Foin sec, balles rondes et Pro-bloc 305 Vaches en transition Ensilage de maïs, ensilage de foin, Transimil 24 A.U. Vaches en lactation (0 à 100 jours) Ensilage de maïs et ensilage de foin (50-50), 2 kg de foin sec, Pulpolac F3, soya micronisé, supplément Synchro 4055 Vaches en lactation (plus de 100 jours) Ensilage de maïs et ensilage de foin (50-50), 2 kg de foin sec, soya micronisé, supplément Synchro 4055
Fondée le 12 janvier 2012 Sept fermes actionnaires Quatre sujets achetés 20 génisses produites Vedette : Bonaccueil Snowman Cassie TB-2 ans Projection de lactation : 13 052 kg de lait, 4,8 % de gras et 3,33 % de protéine et d’une MCR de 355-470-374
Ferme JMS Amitiés
Moyenne canadienne
IPV
2248 (24e au Canada)
1847
Indice de conformation
7,8
3,0
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Site internet : www.jmsamities.com
Profil de Ferme JMS Amitiés
Génostar en chiffres
Amitiés James Dondaine • Vendue à la ferme Maskita • Vache étendard du taureau James
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basé sur ses lignées parentales. Sylvain s’attend, sur la base des données recueillies à sa ferme, que Cassie franchisse bientôt le cap des 3000 points d’indice. En effet, elle a été classée Très bonne à deux ans avec une projection de production de 13 052 litres de lait, 4,8 % de gras et 3,33 % de protéine pour sa lactation en cours, et d’une MCR de 355-470-374. Elle sera envoyée chez Boviteq pour la récolte d’embryons. Jacinthe et Sylvain ont bon espoir que le taureau Snowman se retrouve premier au Canada en IPV. Si cela se produisait, la vente des embryons serait bonne, puisque la demande serait élevée. Sylvain Charbonneau sait qu’il a de l’influence auprès des jeunes membres de Génostar. Il aime son rôle de capitaine de l’équipe et entend le mener à bien. Il souhaite que le regroupement fasse de bons achats et de bonnes ventes afin d’assurer sa pérennité. Grâce à un troupeau qui rivalise avec les meilleurs au Canada et à un regroupement d’éleveurs qui veut avoir un rayonnement sur l’ensemble de la région de Mont-Laurier, la Ferme JMS Amitiés joue pleinement son rôle de meneuse dans l’industrie laitière québécoise. Les projets sont nombreux et l’avenir prometteur. « Quand je regarde d’où nous sommes partis et ce que nous avons accompli, oui, je vois un bel avenir. »
Les cultures de Ferme JMS Amitiés Maïs-ensilage : 25 ha Avoine, soya et orge en rotation : 28 ha Luzerne (pour l’ensilage) : 49 ha
Concours LA FONDATION DE LA FAMILLE TERRIENNE
la Famille agricole de l’année L’ONU a proclamé officiellement l’année 2014, Année Internationale de l’Agriculture Familiale Pour souligner de façon exceptionnelle cet événement, la Fondation de la famille terrienne bonifie le concours de la famille agricole de l’année, lequel en sera à sa 58e édition. Ainsi, en plus de proclamer gagnante la famille lauréate lors du Congrès général de l’UPA en décembre 2014, la Fondation décernera des mentions d’honneur à des familles méritantes qui se seront distinguées.
Vous êtes une famille qui : ■ Investit dans une meilleure qualité de vie ■ Transmet le sens du patrimoine à ses enfants ■ Mise sur la formation et la relève en agriculture ■ S’implique socialement et professionnellement ■ Contribue à la valorisation de l’agriculture
Vous possédez donc les qualités requises pour devenir « La famille agricole de l’année 2014 »! Nous vous invitons à vous inscrire au concours en communiquant avec le secrétariat de la Fondation (450 679-0540, poste 8348) ou en visitant son site Web : www.familleterrienne.org La famille lauréate se méritera une bourse de 2000 $ et une journée spéciale en son honneur ainsi qu’un voyage pour quatre personnes au SIMA de Paris en février 2015. De plus, un voyage pour deux personnes au SIMA de Paris sera pigé au sort parmi les familles ayant obtenu une mention d’honneur. Les voyages sont une gracieuseté de la TCN et de Tours Québec Plus.
Inscrivez-vous dès maintenant!
L’ e f f e t b œ u f
Bruno Langlois, agronome
Conseiller spécialisé Production bovine La Coop fédérée bruno.langlois@lacoop.coop
Question d’équilibre (1
re
J’adore l’hiver. Parce que la nature est belle et qu’on peut s’y changer les idées. Mais surtout parce que c’est la saison où les producteurs de bovins sont les plus disponibles pour discuter de stratégies qui ont souvent des impacts majeurs sur leur entreprise. Voici ce dont nous avons discuté au cours des derniers mois.
U Photo : La Coop fédérée
n des sujets toujours à la mode est la rentabilité. Malgré des prix de vente supérieurs à ceux de l’an dernier pour les bouvillons et les veaux, beaucoup avouent travailler plus fort que les années antérieures pour maintenir leur entreprise à flot. Existe-t-il des explications à cette situation paradoxale ? Comme le disait mon collègue JeanLuc Laroche, il faut « se décoller de l’arbre pour apercevoir la forêt ». Reculons donc de quelques mètres pour mieux percevoir la réalité. Loin d’être un spécialiste en économie, j’ai quand même appris à respecter quatre principes de base. Je vous en présente deux ce mois-ci; les deux autres figureront dans le prochain numéro. Le premier, c’est qu’une entreprise doit avoir des revenus qui excèdent ses dépenses ! Évident. Pourtant… Prenons le cas d’une ferme de 70 vaches, peu endettée, qui a fait une récolte record de fourrages. Comme 1000 balles supplémentaires étaient en stock à la fin de l’été et que le fourrage se donnait dans sa région, le producteur a acheté 50 vaches en septembre. Sur papier, tout était beau : stocks de fourrages, installations, temps disponible, etc. Par contre, les dépenses ont augmenté : paiement des vaches, litière, carburants, minéraux, soins vétérinaires, etc. En fait, il se sent riche, mais sans le sou. Sa situation financière sera plus serrée jusqu’à la fin de 2014 et il regrette son achat. Ça vous rappelle quelque chose ? Éloignons-nous encore un peu de l’arbre. Deuxième principe : rentabilité et liquidités sont des antagonistes. L’une des meilleures illustrations est celle du remboursement d’un emprunt : plus le terme est court et moins on paie
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partie)
d’intérêts au total. Par contre, pour y parvenir, il faut soit utiliser davantage les liquidités déjà existantes, soit vendre certains actifs désuets ou non productifs (baisse des garanties dispo nibles). Dans les deux cas, la marge de manœuvre se réduit, malgré une augmentation de la rentabilité ! À la limite, l’enrichissement à long terme appauvrit à court terme. Hum… En fait, un bon gestionnaire veut maximiser à la fois liquidités et rentabilité, tout en visant une rentabilité maximale à long terme. Par exemple, s’il considère l’achat d’un hache-paille qui lui fera économiser 300 $ par mois sur les cinq prochaines années, les paiements mensuels ne pourront dépasser 250 $ s’il veut conserver une marge d’erreur de 10 % par rapport à sa planification et augmenter ses liquidités en même temps. Autrement, c’est changer « quatre trente sous pour une piastre ». L’inverse n’est jamais acceptable. Mais il pourrait y avoir pire ! Imaginons une entreprise qui, pour payer rapidement un emprunt majeur et durable, s’est fortement serré la ceinture pendant cinq ans. Les propriétaires sont essoufflés. Maintenant que le remboursement est terminé, que se passerat-il d’un point de vue fiscal ? Parions que cette entreprise investira à nouveau pour économiser de l’impôt. Si elle le fait de la même manière que précédemment, on risque d’entendre « Je n’y arrive pas » pendant cinq autres années ! Sans généraliser, disons que le manque de liquidités, accompagné d’une faible solvabilité, est souvent une cause plus importante de démotivation, d’abandon de production et de faillite que la rentabilité elle-même. Tout est question de pouvoir conserver l’équilibre entre les deux. La production bovine est opportuniste; les bonnes affaires sont fréquentes. Mais comme la marge bénéficiaire par dollar investi n’est pas très élevée et que les revenus sont irréguliers, il faut être sûr de son coup avant d’investir. Les expertsconseils du réseau La Coop peuvent vous aider. On en reparle le mois prochain. Bon printemps !
B ov i n
La race Highland : Par David Bessenay
un bon créneau
Photo : Gracieuseté Ferme Highland Lotbinière
Devenus agriculteurs sur le tard, Stéphanie Fortin et Louis Philippon se sont lancés dans un élevage bovin atypique, celui de la race Highland, reconnue pour sa rusticité et la qualité de sa viande. Un pari réussi, grâce notamment à une stratégie commerciale dynamique. Dix ans plus tard, les vaches cornues aux longs poils font partie du paysage de Saint-Édouard-de-Lotbinière.
«V
ingt-et-un mois et 625 livres carcasse ! » Le dernier lot parti à l’abattoir a de quoi satisfaire Louis Philippon et Stéphanie Fortin, copropriétaires de la Ferme Highland Lotbinière. Il leur permet aussi de mesurer le chemin parcouru depuis 2003, année où lui et sa compagne, Stéphanie, ont racheté une ferme de Lotbinière qui avait perdu sa vocation productive depuis longtemps. « La porte de la grange était fermée depuis 30 ans », se souvient le couple, qui cherchait d’abord une place pour installer ses chevaux. « Mais nous avons pris le temps de réfléchir à ce que l’on pouvait faire avec cet outil. »
Avec sa formation en agronomie, Stéphanie possède une solide expertise… dans le porc, avec des expériences de travail au Conseil canadien du porc, à Ottawa, et au Centre d’expertise en production porcine, à La Pocatière. Elle a d’abord songé à élever des sangliers. Mais ce gibier, peu consommé, n’offrait guère de garanties commerciales. Ses recherches l’ont amenée à découvrir la race bovine Highland, dotée de perspectives plus encourageantes.
Des investissements et de la patience Cette création atypique a pu faire naître un peu de scepticisme dans le milieu agricole local. Mais cette installation n’avait rien d’un caprice de néoruraux. Elle a été pensée avec une véritable vision commerciale. Louis a relevé le défi « à l’envers », en se concentrant d’abord sur les débouchés, fort de son expertise en commerce (18 ans au service d’une entreprise pharmaceutique). « Nous avons investi dans les outils de commercialisation [image, logo, étiquette] avant même de produire ! La viande des Highland est un marché de créneau. Nous sommes petits, mais il faut travailler dans ce domaine comme des gros. » u
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de la maladie ou même de la présence humaine. « Éviter le stress, insiste Stéphanie, c’est maximiser le bien-être, pierre angulaire de notre méthode d’élevage en lien direct avec les performances des animaux. Certains événements seront quand même stressants, comme le sevrage. Mais il se fait par étape, grâce à l’alimentation à la dérobée. Et l’on fait en sorte que les petits gardent un contact avec leur mère. »
Les éleveurs Stéphanie Fortin et Louis Philippon (au centre) peuvent compter sur le soutien des spécialistes de La Coop. « Nous travaillons en lien étroit depuis quatre ans. Nous nous approvisionnons entièrement chez eux. Ils offrent une expertise incroyable, pas seulement sur l’alimentation, mais sur toute la chaîne jusqu’à la mise en marché », se réjouissent les éleveurs, ici en compagnie de Jean-François Lemay, conseiller de La Coop fédérée.
Génétique et alimentation, mamelles de la réussite Une stratégie nécessaire pour pouvoir faire face aux investissements de départ : remise en état de la ferme ainsi que l’achat du matériel et des animaux. « La banque ne nous a accordé que 10 000 $ de fonds de roulement, explique l’éleveur. Et nous n’avions rien à vendre avant 30 mois ! Un projet comme cela n’a pas de rentabilité avant cinq à sept ans. Mon emploi a permis de faire vivre la famille dans un premier temps ». Les 25 premières reproductrices sont arrivées à l’automne 2004, suivies d’un deuxième lot équivalent au printemps suivant. Les premières carcasses ont été commercialisées en 2007.
Le premier défi a été l’amélioration génétique du troupeau. « C’est 50 % de la réussite », estime Jean-François Lemay, conseiller de La Coop fédérée. Les éleveurs ont commencé leur élevage avec cinq noyaux de génétique. « Depuis, nous avons sélectionné les meilleurs sans recourir à l’insémination artificielle. Aujourd’hui, les reproductrices viennent de notre troupeau. »
Une race rustique élevée naturellement
Photos : David Bessenay
Originaire du nord-ouest de l’Écosse, la Highland s’est parfaitement acclimatée aux conditions québécoises. Son épaisse toison lui permet de résister aux grands froids. Par contre, elle est un peu moins à l’aise en période estivale. Passionnée par le comportement animal, Stéphanie élève son troupeau en mode éconaturel, c’est-à-dire dans le respect de l’animal, de l’environnement et du consommateur. Les vaches ne sont jamais à l’attache ou confinées. Elles vivent à l’extérieur et ne consomment que de l’herbe et du foin. Elles ne prennent ni antibiotiques (sauf en cas d’urgence vitale) ni hormones de croissance. À toutes les étapes de la vie de l’animal, l’objectif est d’éviter le stress, qu’il provienne de l’alimentation, d’un inconfort lié à son logement,
La Highland au Québec : une race encore discrète Avec une soixantaine d’éleveurs connus, souvent à la tête de petits troupeaux et parfois à temps partiel, la Highland est encore discrète dans le paysage agricole québécois.
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Importée au Canada vers 1880, la race Highland a trouvé un nouveau terroir de prédilection. Reconnue pour son faible taux de gras, elle est une viande « santé » appréciée des consommateurs.
Les éleveurs ont travaillé à l’amélioration de la qualité du foin et des pâturages, grâce à des semis réguliers de prairies et à la régénération des pâturages. « Nous avons aussi fait évoluer les périodes de coupe afin d’optimiser l’apport en protéines et en énergie disponible présentes dans les fourrages », explique l’éleveur. Seuls les animaux à l’engraissement reçoivent un complément alimentaire biquotidien (moulée Dérobœuf). L’apport de grains entraîne un gain de poids quotidien et un persillage intéressants, de même qu’un taux de gras externe qui permet le vieillissement des carcasses en chambre froide pour une période variant de 15 à 21 jours. Nous recherchons une uniformité de carcasse », insiste Louis Philippon. Sur les conseils de La Coop, ils
Une viande appréciée par les professionnels
pourraient opter prochainement pour un mélange de maïs cassé et d’Opti bœuf PS PPC, « un aliment énergisant à coût intermédiaire », justifie Bruno Langlois, agronome et conseiller spécialisé en bovins à La Coop fédérée. En 2011, les agriculteurs ont construit une étable froide pour améliorer le confort des animaux. Les vaches trouvent ainsi un abri quand les sols sont mauvais ou pendant les vêlages si les conditions météorologiques ne sont pas adéquates. « On l’a rentabilisée en deux ans grâce à l’amélioration des poids de carcasses et au pourcentage de veaux debout », se félicitent-ils. Surtout, les éleveurs ont acquis une expérience au cours de ces 10 années d’entraînement. « Je n’avais jamais vu une vache vêler… », rappelle avec modestie Stéphanie. Leurs progrès se retrouvent aujourd’hui dans les poids d’abattage.
Une stratégie commerciale gagnante Pour garder du temps pour les aspects élevage et commerce, Stéphanie et Louis ont fait le choix de sous-traiter les parties abattoir, découpe et transformation à trois solides partenaires. Les bêtes sont abattues à l’Abattoir Roland Pouliot & fils, à Saint-Henri de Lévis, le matin même de leur départ. Pour la découpe, le travail se fait à la Boucherie Huot, à Saint-Nicolas. Enfin, la transformation en une large gamme de produits cuisinés (lasagnes, pâtés, cretons et autres) est réalisée dans les cuisines de l’Abattoir Cliche, à East Broughton. Mais la réussite de la Ferme Highland Lotbinière tient beaucoup aux habiletés de commercialisation développées par les copropriétaires. « Notre point fort, c’est la mise en marché personnalisée, déclare Louis Philippon. Je fais moi-même les livraisons. Nos clients apprécient la relation directe avec le producteur. En cas de souci, nous sommes en mesure de cerner le problème et d’y
La construction d’une étable froide a permis d’améliorer le confort des animaux et d’en faciliter la croissance.
Si la Highland n’est pas encore populaire auprès de tous, elle est demandée par les amateurs de bonne viande. « Nos clients sont attentifs à l’aspect naturel de l’élevage, à la proximité aussi. Ils savent qu’ils peuvent rencontrer l’éleveur une fois par semaine », souligne Dimitri de la Boucherie des Halles à Sainte-Foy. Et le caractère maigre de la viande est un argument non négligeable. « Nous sommes situés près de l’Université Laval. Nous fournissons beaucoup d’athlètes qui aiment cette viande riche en protéines et faible en lipides. » Le constat est à peu près similaire en cuisine. « Même si ce n’est pas un argument suffisant, c’est une vache qui a du charme », clame Jean Soulard, ex-chef du Château Frontenac. « C’est une viande savoureuse et goûteuse, mais pas une viande forte. Elle mériterait d’être mieux connue du consommateur. »
apporter une solution immédiate. Notre marché principal est celui des boucheries spécialisées. » Sa méthode d’élevage naturelle fait de la Highland une viande plus dispendieuse à produire, mais qui a malgré tout trouvé son public. « Il est très important pour nous de demeurer compétitifs dans le segment du marché de la viande rouge de qualité. Nos prix se comparent à ceux du bœuf AAA. »
Ferme Highland Lotbinière, en chiffres Superficie : 74,5 ha en herbe; 13,5 ha en boisés Troupeau : 225 bêtes, dont 5 taureaux et 100 mères Abattage : de 2 à 5 bêtes par semaine, selon les saisons Commercialisation : - Boucheries spécialisées : 60 % - Restauration : 30 % - Marchés publics et vente à la ferme : 10 % « Au départ, nos bouvillons atteignaient 900 lb au bout de 24 mois. Aujourd’hui, ils partent plus tôt avec un poids largement supérieur, une uniformité et une qualité dont nous sommes fiers », témoignent Stéphanie et Louis.
La ferme a décidé d’aller plus loin dans le développement commercial en créant une marque – Les viandes Highland inc. – qui lui permet de scinder ses activités de production et de mise en marché. Pour ces dernières, elle travaille avec d’autres producteurs, ce qui lui permet ainsi d’avoir un volume d’offre plus important. « Notre respon sabilité, c’est de nous assurer que nos éleveurs partenaires, entre trois et cinq, travaillent dans le même cadre philosophique que nous. » Avec l’augmentation récente des superficies en culture et du troupeau, l’exploitation a atteint son rythme de croisière. « Avec 225 animaux maintenant répartis sur deux sites, une mise en marché ciblée et trois enfants, on ne peut pas faire plus. » Pour Bruno Langlois, la Ferme Highland Lotbinière est un bel exemple que cette production rend l’agriculture accessible à des non-agriculteurs. « Ils sont partis de rien et, aujourd’hui, ils vivent de leur élevage. »
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Porc
Nicole Dion, Ph. D. Généticienne Sogeporc La Coop fédérée nicole.dion@lacoop.coop
La génomique :
un outil de plus pour la sélection des porcs Photo : Jacques Turcot
Depuis que l’humain a domestiqué le porc, il a sélectionné cet animal pour qu’il réponde à ses besoins en nourriture. Le type de sélection utilisé jusqu’à maintenant, appelé sélection quantitative, ne permettait que d’estimer le potentiel d’un animal. La génomique est un outil de plus qui permettra de raffiner nos estimations.
P
ar la sélection quantitative, on a réussi à amé liorer grandement les performances du porc. De 2006 à 2012, au Canada, on a amélioré – en moyenne et par année – de un jour la vitesse de croissance du porc et de 0,14 porcelet par portée la prolificité (voir tableau) à l’aide de la génétique. Cette amélioration tient compte uniquement de la sélection et est indépendante des effets positifs apportés par l’alimentation, la régie et le niveau sanitaire de l’élevage.
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Cette amélioration des caractères s’est effectuée grâce à la mise en place des connaissances acquises graduellement : • sélection phénotypique de porcs de races pures; • croisements entre races complémentaires; • amélioration de la prise de mesures (notamment aux ultrasons); • utilisation de l’insémination artificielle pour bénéficier rapidement des meilleurs verrats;
Amélioration génétique de caractères d’importance économique chez le porc • déploiement d’un système informatique de suivi des performances et de la généalogie; • mise en place du calcul des valeurs génétiques (BLUP) et élaboration d’un programme de sélection qui permet l’exploitation du potentiel réel d’un individu en éliminant les effets environnementaux. Par contre, cette sélection se fait sur ce qui est mesurable. Les valeurs génétiques ainsi obtenues, bien que précises, demeurent des estimations du potentiel de l’animal. De plus, il est impossible de sélectionner directement les futurs animaux reproducteurs sur des caractères impossibles à mesurer sur l’animal lui-même, tels que le pH de la viande 24 heures post mortem ou la résistance aux maladies. Pour des caractères comme ceux-là, il faut évaluer des animaux apparentés et les valeurs génétiques obtenues sont alors moins précises. Figure 1 Description du génome, des chromosomes, de l’ADN, des gènes et des nucléotides
Source : ( http://commons.wikimedia.org/wiki File:Genome_%28french%29.jpg, 16 février 2014).
Avec l’avènement de la génomique, on obtient la possibilité de sélectionner directement les animaux sur la base de leur patrimoine génétique. On sait depuis longtemps que dans chaque cellule du porc, on retrouve 38 chromosomes et que chaque chromosome est constitué de brins d’ADN (acide désoxyribonucléique) sur lesquels on retrouve des gènes, eux-mêmes bâtis avec des molécules appelées nucléotides (figure 1). Les nucléotides – ou bases – qui composent l’ADN sont la thymine (T), l’adénine (A), la cytosine (C) et la guanine (G). C’est l’ordre dans lequel ces nucléotides sont assemblés qui décidera de l’identité et de la fonction du gène.
Caractères
Unités
Variation totale 2006-2012
Progrès annuel moyen 2006-2012
Âge à 100 kg
jour
-6,2
-1,0
Rendement en maigre
%
+0,24
+0,04
Surface d’œil de longe
cm2
+1,28
+0,21
Conversion alimentaire
kg aliment/kg grain
-0,083
-0,014
Gras dorsal
mm
-0,37
-0,06
Épaisseur de muscle
mm
+1,44
+0,24
Taille de portée à la naissance
porcelets/portée
+0,82
+0,14
Survie périnatale des porcelets
% /portée
+2,15
+0,36
Intervalle entre mises bas Tétines fonctionnelles
jour
-0,03
-0,01
tétine
-0,23
+0,04
Source : Centre canadien pour l’amélioration des porcs, 2013
La publication complète du génome porcin dans la revue Nature (Groenen et al., 2012), après une publication incomplète en 2009, a permis de connaître la série complète de nucléotides qui composent les brins d’ADN d’un porc. Mais c’est le génome d’un seul animal qui a été publié, une femelle Duroc dans ce cas-ci, et connaître la suite de nucléotides qu’il y a sur un chromosome ne permet pas de connaître les gènes impliqués et encore moins leur fonction. Il faut donc mettre en place des techniques qui permettront de relier l’ADN de l’animal aux performances. C’est ici qu’entre en place la « sélection génomique », qui est l’association de l’information contenue dans l’ADN avec les données de production et la généalogie. On ajoute cette information dans le BLUP pour obtenir des valeurs génétiques plus précises. Pour ce faire, il faut d’abord obtenir un morceau de tissu de chaque animal : soie, sperme, sang, petit morceau d’oreille ou de queue et extraire ensuite l’ADN du morceau de tissu. Ensuite, il faut utiliser une technique qui permet de relier l’ADN de l’animal à ses performances. Actuellement, l’une des techniques utilisées pour relier l’ADN aux performances est la puce à SNP (single nucleotide polymorphism ou polymorphisme nucléotidique simple). La puce à SNP (prononcer « snip ») la plus utilisée actuellement contient 64 232 SNP répartis sur l’ensemble du génome porcin (figure 2, page 42). u
Dans son édition de novembre 2012, la prestigieuse revue Nature consacre un article complet au séquençage du génome du porc.
AVRIL 2014 | Le Coopérateur agricole
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Figure 2
Photo : Illumina
Puce à 60 k SNP pour le porc
Les SNP représentent un changement unique dans un nucléotide. Par exemple, dans le cas du gène halothane, c’est un changement du 1843e nucléo tide de ce gène qui permet de déceler les animaux susceptibles au stress. Chez les animaux résistants, on trouve une cytosine (C) à cette position, alors que chez les animaux susceptibles au stress, on y trouve une thymine (T).
En comparant les SNP de plusieurs animaux dont les performances sont connues, on peut relier certains SNP à des performances particulières. Pour faire ce lien, on a besoin de milliers d’animaux dont les performances sont connues. Cela demande donc d’avoir le programme informatique nécessaire pour bien relier les SNP aux performances de milliers de porcs. De plus, certains SNP fonctionnent bien dans certaines populations, mais pas dans d’autres. Il faut donc prendre le soin de vérifier si les SNP reliés à certaines performances fonctionnent bien dans notre population de porcs. Plutôt que d’utiliser des SNP, on peut aussi chercher des gènes ou des régions d’importance sur les gènes. Actuellement, on estime à 21 630 gènes le nombre de gènes contenus sur les chromosomes du porc1. Sur ce nombre, on ne connaît qu’une vingtaine de gènes d’intérêt. Il y a donc encore beaucoup de recherche à faire dans ce domaine. Sogeporc a mis en place un programme de sélection génomique. Et parce que nous sommes membres de PigGen Canada, nous avons accès à une base de données plus grande qui permet de mettre en évidence certaines régions du génome liées notamment à une plus grande résistance aux maladies. Dans un des projets auquel participe PigGen Canada, on a mis en évidence une région du chromosome 4 qui est liée à une meilleure résistance au SRRP et à une meilleure croissance du porc. Dans une récente publication (Boddicker et al., 2013), on explique que cette région peut expliquer jusqu’à 15 % de la résistance au SRRP et 11 % d’un gain supérieur. Il est donc possible de sélectionner les porcs pour une meilleure résistance au SRRP.
Lorsqu’on sélectionne pour un gène en particulier, il faut toutefois user de prudence. Il faut aussi considérer si ce gène n’a pas un effet négatif sur un autre caractère qui n’a pas été considéré dans l’étude. Par exemple, on a découvert il y a quelques années que sur le gène IGF2, si l’animal a deux nucléotides A à un site précis, il est plus maigre, et s’il a deux nucléotides G, il est plus gras. On a donc commencé à sélectionner les animaux AA pour qu’ils soient plus maigres. Mais du même coup, on a réalisé que les animaux GG sont plus prolifiques. Il faut donc toujours considérer l’animal dans son ensemble et non pas seulement sur un ou deux caractères. Dans le cas du gène IGF2, on s’est aussi aperçu qu’il s’agit d’un gène à empreinte paternelle. Ainsi, si on a un animal AG dont le A provient du père, on obtient un animal plus maigre, mais si le A provient de la mère, cela n’a aucun effet ! La sélection génomique en est à ses débuts dans le porc. Mais il est évident qu’elle devra être utilisée de concert avec la génétique quantitative afin de permettre de mieux sélectionner les sujets. Et c’est exactement ce que Sogeporc fait avec son programme de sélection.
Quelques définitions imagées… Génome : C’est comme la bibliothèque. C’est une séquence d’ADN qui contient tout le matériel génétique d’un individu. Chromosome : C’est comme un livre dans la bibliothèque. C’est le support de l’information génétique. Gène : C’est comme un paragraphe dans un livre. C’est la partie du chromosome qui code pour une fonction particulière. Nucléotide : C’est comme une lettre dans le paragraphe. Mais il n’y a que quatre lettres : T-Thymine, A-Adénine, C-Cytosine, G-Guanine.
1
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Le Coopérateur agricole | AVRIL 2014
http://useast.ensembl.org/Sus_scrofa/Info/ Annotation#assembly
F i l i è r e p o r c i n e c o o p é r at i v e
Par Jessy Blanchette, M. Adm. Conseillère en communications, La Coop fédérée jessy.blanchette@lacoop.coop
Profil des coordonnatrices qualité du porc certifié La Coop
Photo : Jessy Blanchette
Filles de producteurs agricoles, Josée Niquette et Marie-Josée Turgeon ont toutes deux grandi dans une ferme familiale et opté pour une carrière en sciences animales. En novembre 2011, elles se sont jointes à la Filière porcine coopérative à titre de coordonnatrices qualité du porc certifié La Coop, à La Coop fédérée, avant de se joindre à l’équipe d’Olymel à la suite d’un rapprochement stratégique des activités du secteur porcin entre ces deux organisations. Elles poursuivent désormais l’atteinte d’un objectif commun : le maillage étroit entre les producteurs, les coopératives, La Coop fédérée, les transporteurs et Olymel dans la production à valeur ajoutée du porc certifié La Coop.
Marie-Josée Turgeon, agronome, M. Sc. (à gauche), et Josée Niquette, agronome, coordonnatrices qualité pour le porc chez Olymel
Tout de suite après son baccalauréat en agronomie (sciences animales) de l’Université Laval, Josée s’est jointe à la grande famille du réseau La Coop. Elle a occupé les fonctions de représentante en production avicole et en production porcine pour différentes coopératives. Quant à Marie-Josée, elle est titulaire d’un baccalauréat en bioagronomie et d’une maîtrise en sciences animales de l’Université Laval. Elle a notamment travaillé plusieurs années chez Agri-Marché et a été responsable des dossiers relatifs au bien-être animal et à l’alimentation des porcs au CDPQ. Dans leurs fonctions, les expériences complé mentaires de Josée et de Marie-Josée leur permettent de suivre près de 500 fermes porcines, 60 transporteurs et trois abattoirs dans l’application du cahier des charges du porc certifié La Coop, et ce, sur un vaste territoire. Au quotidien, elles rendent visite aux élevages de porc certifié La Coop et promeuvent les bonnes pratiques telles que le bien-être animal, le jeûne préabattage, le tatouage règlementaire, la manipulation des porcs, la conception adéquate des quais, le transport des animaux fragilisés, etc.
Se démarquer par la qualité Dans le contexte actuel, la production porcine différenciée est une façon d’assurer la pérennité des producteurs de porcs : l’application rigoureuse du programme Porc certifié La Coop et l’étroite collaboration avec les activités d’abattage et de transformation s’avèrent essentielles pour témoigner de notre crédibilité et de la qualité de nos
produits sur les marchés particuliers. « En tant que gardiennes du cahier des charges, nous devons non seulement accompagner les membres dans les nombreux aspects de la production, mais aussi documenter l’avantage économique du respect des normes », affirme Josée. Cela passe par la mise en place d’indicateurs de performance, le traitement des nombreuses données recueillies, la gestion des non-conformités, la création d’outils de travail, la formation et la vulgarisation. « Bien peu de professionnels travaillent de façon aussi transversale avec les intervenants, explique Marie-Josée. Chacun possède ses objectifs, ses défis, et ne se soucie pas toujours de l’impact que ses actions auront sur les résultats des autres. Notre rôle est de faire comprendre que nous produisons de la viande, pas des porcs, et que c’est uniquement en travaillant ensemble qu’on peut atteindre la qualité visée. »
Réinventer la production porcine Josée et Marie-Josée se considèrent choyées de faire la promotion d’un programme coopératif qui répond aux besoins particuliers d’Olymel, essentiel à la traçabilité de la viande et nécessaire pour pouvoir faire face aux enjeux de l’industrie mondiale. Chaque jour, elles contribuent à réinventer la production porcine avec les nombreux intervenants de la Filière. Les coordonnatrices qualité croient en l’importance de s’organiser, de continuer à se développer pour aller plus loin dans le respect des exigences et devenir plus rentables. Un défi que tout agronome souhaite relever dans sa carrière.
AVRIL 2013 | Le Coopérateur agricole
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Vo l a i l l e
Grands-parents français, parents québécois, enfants américains Par Patrick Dupuis, agronome
Dans le Secteur avicole, à La Coop fédérée, les idées fusent et prennent leur envol. La commercialisation de la lignée de volailles colorées Sasso en est un bel exemple. Bienvenue au décollage : de ses origines, dans le sud-ouest de la France, jusqu’aux marchés de consommation de la côte est américaine, en passant par le Québec.
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Le Coopérateur agricole | AVRIL 2014
C’
est connu, l’engouement pour les produits distincts et locaux prend de l’ampleur, ici comme ailleurs. Et les États-Unis, quoi qu’on en pense, ne donnent pas leur place. « On assiste à une multiplication des green markets et des farmer’s markets dans les grandes villes de la Nouvelle-Angleterre et en périphérie », indique Sylvain Lefebvre, directeur principal de l’aviculture à La Coop fédérée, qui a amplement sillonné la région. Les consommateurs (souvent des citadins assez bien nantis, il faut le dire) veulent manger différemment, connaître les origines de leurs aliments et faire quelques trouvailles : légumes, viandes, fromages, alcools. Les fins de semaine, certains parcourent
Sasso : conjuguer innovation et tradition « Le nom Sasso tient pour “Sélection avicole de la Sarthe et du Sud-Ouest”, souligne Jean-René Grelier, directeur commercial de l’entreprise
Photo : Jean-marc Raymond
Sasso. La lignée appartient à deux grandes coopé ratives françaises, Maïsadour et Loué. Ces coopératives de la région des Landes se sont associées pour acheter et développer le réservoir génétique d’une lignée créée il y a une trentaine d’années par un entrepreneur français du sud-ouest de l’Hexagone. Ce poulet Sasso a un goût et une apparence qui se rapprochent de ses lointaines origines, alors qu’il était gibier sauvage. « Nul besoin de l’assaisonner à la cuisson, la volaille Sasso a déjà du goût », assure Jean-René Grelier. Sasso, partenaire d’affaires de La Coop fédérée, est propriétaire des lignées pures, qu’on appelle les arrière-grands-parents. Ces oiseaux ont été rigoureusement sélectionnés. Ils donneront chez leurs descendants – les grandsparents – des caractéristiques bien précises (conformation, texture de peau, couleur des pattes et du plumage), sans compter les performances techniques et économiques. Les oiseaux grands-parents sont expédiés de France jusque dans les fermes d’élevage du réseau La Coop. « On importe de France deux lignées d’oiseaux grands-parents, soit une lignée mâle et une lignée femelle, âgées d’un jour, explique Patrick Pétrin, consultant spécialisé en production avicole pour La Coop fédérée. De la lignée mâle, on conserve le mâle (X44B) et de la lignée femelle, on conserve la femelle (SA31A). (Voir le schéma génétique ci-dessous) Les oiseaux X44B et SA31A sont donc les parents. Le croisement de
Sylvain Lefebvre, directeur principal de l’aviculture à La Coop fédérée : « La clientèle des grandes villes de la côte est américaine recherchait un oiseau très précis, qui ressemble, tant sur le plan morphologique que celui du goût, à un gibier. »
Construction des produits terminaux Lignée mâle
Lignée femelle Photo : Sasso
Photo: Normand Blouin
jusqu’à 60 km – aller seulement – pour acheter ce qu’ils veulent se mettre sous la dent. « Avec les volailles françaises Sasso, on est dans ce type de marché, poursuit Sylvain Lefebvre. Ce n’est pas un marché de masse, mais on a tout à y gagner. L’idée, c’est de faire connaître des produits différenciés et de positionner cette marque. Servi pour une première fois au Canada en 2012, lors de la journée provinciale avicole, le poulet Sasso avait fait sensation auprès des convives. » « L’oiseau Sasso ne ressemble pas tout à fait à un poulet traditionnel, enchaîne Sylvain Lefebvre. On l’élève jusqu’à entre 55 et 65 jours, au poids de 2,2 kg, comparativement à 34 ou 35 jours pour un poulet de même poids à croissance rapide. Exploitée sous le fameux Label Rouge français, la volaille Sasso est produite selon un cahier des charges précis. Sa masse musculaire se développe différemment. Elle n’a pas été sélectionnée pour produire beaucoup de viande au niveau de la poitrine, comme les poulets des Rôtisseries St-Hubert par exemple. C’est un poulet plus effilé, plus en longueur. La fibre musculaire de la viande est différente. En bouche, c’est un peu plus fibreux, mais sur le plan organoleptique, c’est nettement plus goûteux. »
Grandsparents
Parents
GPB
GPA
GPC
X44B
GPD
SA31A
Oiseaux mis en marché
X431B
Le poulet Sasso : un goût (viande) et une apparence (plumage) qui se rapprochent du gibier sauvage.
« La lignée Sasso permettra de développer de nouveaux marchés de créneau, et ce, partout dans le monde. Il y a une demande croissante, de la part de producteurs avicoles, pour un produit plus rare et à marge bénéficiaire plus intéressante. Du côté des consommateurs, ils sont de plus en plus nombreux à vouloir manger moins et mieux », fait savoir Jean-René Grelier , directeur commercial de l’entreprise Sasso.
AVRIL 2014 | Le Coopérateur agricole
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Photos : Normand Blouin Photo : Jean-marc Raymond
Pascal Ménard contremaître aux élevages, à La Coop fédérée, inspecte avec attention les oeufs – véritable trésor! – pondus par les grands-parents.
Francine Dufour, vétérinaire à La Coop fédérée
ces parents produira des oiseaux broilers (X431B) qui seront expédiés, à un jour, aux États-Unis pour y être élevés. » Le choix des volailles Sasso a été fait il y a trois ans. Des membres de l’équipe avicole de La Coop fédérée et des producteurs des États-Unis ont visité des élevages, des couvoirs ainsi que la société de génétique Sasso. Ils sont aussi allés jeter un œil sur les carcasses en grandes surfaces. Les éleveurs américains, qui fournissent les marchés des grandes villes des États-Unis, ont basé leur choix de géniteurs sur les critères suivants : un bréchet un peu apparent dans une poitrine allongée, une couleur plutôt jaune (pattes et peau) et un plumage roux barré. Une entreprise partenaire ontarienne, propriété de la famille Dross – établie en Pennsylvanie –, qui achète ces oiseaux pour les élever, a opté pour cette lignée. « Anciennement, pour fournir ce marché, nous utilisions la génétique Redbro, un poulet à croissance rapide avec un plumage rouge, rappelle Sylvain Lefebvre. Cet oiseau avait un peu trop de masse musculaire au niveau de la poitrine et de la cuisse au goût des ethnies des grandes villes qui les achètent pour consommation. » « Parce qu’on a livré ce que le consommateur veut, nos ventes d’oiseaux aux États-Unis ont presque triplé au cours des trois dernières années, poursuit Sylvain Lefebvre. On livre aux éleveurs américains 60 000 oiseaux d’un jour chaque semaine. Dans notre entente, on s’occupe de la génétique — nous sommes les seuls en Amérique du Nord à la posséder — et de la couvaison. Les Américains prennent en charge l’alimentation et l’élevage. »
De Boston à Philadelphie À New York, on dénombre près de 70 points de vente d’oiseaux vivants. On en compte aussi bon nombre à Boston, à Philadelphie ainsi que dans d’autres grandes villes de la côte est américaine. Watkins Poultry, partenaire de la famille Dross,
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Le Coopérateur agricole | AVRIL 2014
est un important distributeur de volailles sur ces marchés. La clientèle, composée de multiples ethnies, exige un poulet à croissance lente qui possède des caractéristiques bien précises. La vente de volaille vivante fait l’objet d’une inspection du département de l’Agriculture des États-Unis (USDA). Rien à craindre, donc. Dans ces marchés, les volailles foisonnent. Les clients choisissent leurs oiseaux. L’abattoir à poulets est à même la boutique. Une salle d’attente a aussi été aménagée. Au bout de 15 minutes, le client repart avec ses sacs.
L’arrivée des grands-parents Dès leur arrivée de France en terre québécoise, les oiseaux grands-parents sont mis en quarantaine dans des bâtiments du réseau La Coop. On répond ainsi aux exigences de l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA). « L’Agence s’assure que le troupeau n’est le vecteur d’aucune maladie exotique », fait savoir Francine Dufour, vétérinaire à La Coop fédérée, qui supervise ces élevages.
Deux fiers représentants des grands-parents de la lignée femelle
Les mesures prises par l’ACIA sont très rigoureuses. Les bâtiments sont clôturés et les portes verrouillées. Tous les rejets (eaux usées, fumiers, etc.) sont conservés sur place durant toute la quarantaine. « Une fois la quarantaine levée, on met en place des mesures extrêmes de biosécurité, poursuit la vétérinaire. Les visiteurs doivent prendre leur douche à l’entrée et à la sortie des bâtiments. Ils ne peuvent avoir mis les pieds dans un autre poulailler 48 heures avant de se présenter sur les lieux. On ne peut pas contrôler les courants d’air, mais les gens, ainsi que les outils et le matériel qu’ils entrent dans les bâtiments, oui. » Francine Dufour est agréée par le gouvernement fédéral pour vérifier l’état de santé des oiseaux grâce à un suivi vétérinaire, sérologique et environnemental. « S’il y a des mortalités
suspectes, je fais des autopsies d’oiseaux direc tement dans les bâtiments, dit-elle. Au besoin, je demande une analyse plus poussée au MAPAQ. Je prends des échant illons de sang pour détecter s’il y a présence ou non du mycoplasme. Je procède aussi à de multiples prélèvements dans les bâtiments pour m’assurer qu’il n’y pas de contamination aux salmonelles. »
L’élevage des grands-parents « Vers l’âge de 19 à 20 semaines, les grandsparents sont transférés dans le poulailler de ponte, indique Gilles Lizotte, responsable de la production au couvoir de La Coop fédérée. À 25 semaines d’âge, la production d’œufs débute. Les œufs sont incubés dans un incubateur qui leur est exclusivement assigné, biosécurité oblige. Même chose pour l’éclosion. On ne retrouve que ces œufs dans l’éclosoir et aucune autre éclosion n’aura lieu ce jour-là au couvoir. » Le sexage des poussins (les parents) ne se fait pas à l’aide des équipements du couvoir. Biosécurité oblige, encore une fois ! On sexe manuellement, principalement dans la salle d’éclosion. Ensuite, les poussins mâles et femelles d’un jour (les parents) sont immédiatement placés dans les camions de livraison et acheminés dans les fermes du réseau.
Les parents Les parents poussins sont mis en élevage dans cinq poulaillers d’une capacité totale de 25 000 à 30 000 oiseaux. Les œufs pondus par ces parents sont aussi acheminés au couvoir pour incubation. « Les poussins destinés aux fermes d’élevage de Pennsylvanie sont les premiers à éclore et à quitter le couvoir, souligne Gilles Lizotte. Cette mesure minimise les risques de contamination qui pourrait se produire entre la lignée Sasso et celle expédiée chez nos autres éleveurs. Une compagnie de transport américaine récupère les oiseaux directement au couvoir, tous les jeudis, et les achemine en Pennsylvanie. » « Les troupeaux doivent être en parfaite santé, souligne Francine Dufour. On ne peut se permettre aucune contamination. On veut produire des oiseaux exempts de pathogènes et atteindre la salubrité la plus élevée possible. On doit parfois prendre 1000 prises de sang par jour. Ça fait partie de la game de l’exportation. Passer les oiseaux aux douanes n’a toutefois jamais été un problème. Les exigences sanitaires canadiennes sont parmi les plus strictes au monde. »
Patrick Pétrin, consultant spécialisé en production avicole pour La Coop fédérée, exhibe des oiseaux de la lignée grands-parents mâles. Les œufs de ces oiseaux donneront les parents qui produiront des poussins, élevés aux États-Unis, et vendus dans les marchés de volailles vivantes des grandes villes de la Nouvelle-Angleterre.
Ici comme ailleurs « Des poulets Sasso, on pourrait en élever dans notre propre réseau en mettant à contribution nos coopératives et Olymel, s’enthousiasme Sylvain Lefebvre. Actuellement, on n’a pas de spécificité génétique avec les oiseaux que nous produisons dans le réseau, ce n’est que l’alimentation qui change. Mais avec Sasso, puisqu’on détient la génétique, pourquoi ne pourrait-on pas détenir aussi un label, à l’image d’un modèle européen, et produire des volailles différentes, avec des régions productrices et des appellations ? Il y aurait des marchés à développer à Montréal, Toronto, Vancouver, ainsi qu’ailleurs en Amérique, en partenariat avec Sasso. »
Des oiseaux parents sur le parquet d’élevage des fermes de La Coop fédérée.
AVRIL 2014 | Le Coopérateur agricole
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P r o d u c t i o n s v é g é ta l e s
François Labrie, agronome Conseiller spécialisé en maïs et soya La Coop fédérée francois.labrie@lacoop.coop
Construire son rendement de maïs Le maïs-grain est une plante qui a une capacité phénoménale de reproduction. Il faut simplement penser qu’un semis de seulement 25 kg/ha de semences peut générer une récolte de plus de 15 tm/ha ! Il faut bien l’avouer, la recherche pour améliorer le rendement du maïs porte ses fruits.
E
xploiter le potentiel de rendement du maïs est un défi, mais cela peut se traduire par une augmentation importante de la rentabilité. Évidemment, il faut des assises solides pour que le maïs puisse bien exprimer son potentiel de rendement : pH adéquat, drainage, gestion de la compaction, qualité du semis, désherbage hâtif et fertilité des sols équilibrée. Une fois tout cela bien maîtrisé, sur quels facteurs de régie devons-nous travailler pour atteindre des rendements élevés, voire construire son rendement ? Le Pr Fred Below, professeur de physiologie des plantes à l’Université de l’Illinois, a travaillé sur plusieurs points de régie du maïs. Il en a conclu que les sept facteurs clés pour l’obtention d’un rendement élevé sont, par ordre d’importance, le climat, l’azote, la génétique, la rotation des cultures, la population, le travail du sol et l’emploi de fongicides1. En partant de ces facteurs de régie, voyons ce qu’il en est sous notre climat nordique et avec des hybrides plus hâtifs que ceux de l’Illinois.
Un essai dans nos conditions Pour ce faire, un essai a été réalisé dans la région de Saint-Hyacinthe dans trois sites et trois types de sol avec un hybride Elite de 2800 UTM (E65D10 LR). Dans cet essai, la dose d’azote (170 kg/ha et une dose non limitative), la population (32 000 et 38 000 grains/acre) et l’emploi d’un fongicide ont été évalués (tableau 1). Le but de l’essai était de faire varier un facteur en partant d’une régie intensive : semis de 38 000 grains/acre, azote en dose non limitative et utilisation d’un fongicide à la sortie des soies. Le même principe a été appliqué, mais dans le cas où on ajoutait un facteur de régie à un maïs en régie standard : semis de 32 000 grains/acre, fertilisation avec 170 kg d’azote et pas d’utilisation de fongicide. Le tout a été réalisé en utilisant un modèle statistique avec plusieurs répétitions (tableau 2). Le but de la dose d’azote non limitative était de s’assurer que cet élément ne devenait pas le facteur limitant au niveau du rendement. 1
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Le Coopérateur agricole | AVRIL 2014
www.7wondersofcorn.com
Tableau 1 – Résumé des traitements Description des traitements
Régie standard
Régie intensive
32 000 grains/acre
38 000 grains/acre
Azote total (kg/ha)
170
240
Fongicide
Non
0,4 L/ha
Taux de semis
Nos résultats À l’image des résultats du professeur Below, l’azote est l’élément qui a le plus contribué au rendement dans nos essais. En mode intensif, le fait d’abaisser la dose de cet élément a fait chuter le rendement en grain de 1114 kg/ha. De la même façon, le fait d’avoir augmenté la dose d’azote à un niveau non limitatif en régie standard a permis de faire croître le rendement de 1124 kg/ha. À la lumière de ces résultats, il est intéressant de constater qu’augmenter la population en un mode de régie standard permet de générer un rendement additionnel de 556 kg/ha, mais que si cela est combiné à un accroissement de la fertilisation azotée, le rendement (alors à 14 694 kg/ha) est haussé de 1651 kg/ha, ce qui peut se traduire par un accroissement substantiel de la rentabilité. Comment expliquer cette augmentation majeure de rendement ? Le fait d’augmenter la population du maïs favorise la compétition entre chaque plant (tableau 3 et graphique 1). Il est évident que pour ce qui est de la portion
aérienne, les plants se concurrencent pour la lumière, d’où l’importance d’avoir un semis avec une levée uniforme. Une étude des chercheurs C.R. Boomsma et T.J. Vyn, de l’Université Purdue, a démontré qu’il y a une concurrence qui s’exerce entre les racines des plants de maïs et qu’elle est amplifiée avec l’augmentation de la population. Cette concurrence entraîne une plus grande variabilité au chapitre du rendement entre les plants de maïs, variabilité qui peut être contrée par une augmentation de l’azote disponible – d’où l’importance de bien fertiliser en azote lorsque l’on augmente la population de maïs. Le Pr Below liste la génétique du maïs comme le troisième facteur de régie en importance. Il est primordial de semer un hybride qui maximisera le rendement. Dans le cas présent, un hybride de 95 jours et de 2800 UTM a été utilisé. Cet hybride, qui est très stable, est relativement hâtif pour la région de Saint-Hyacinthe, surtout lorsque semé tôt au printemps. Regardons maintenant des résultats d’essais de taux de semis effectués à Saint-Hyacinthe, dans deux sites, avec un protocole scientifique et où 200 kg/ha d’azote ont été appliqués. Il est facile de constater que l’hybride le plus tardif a produit le rendement le plus élevé, et cela, pour toutes les populations. L’hybride E71Z19 R
PhotoS : François Labrie
Tableau 2 – Résultats des essais avec l’hybride E65D10 LR (Saint-Hyacinthe, 2013) Type de régie
1
Rendement (kg/ha)
Poids spécifique (kg/hl)
Standard
13 043
c1
70,8
Intensive
14 687
a
Intensive, mais à 32 000 grains/acre
14 617
a
Intensive, mais à 170 N
13 573
bc
69,1
Intensive, mais sans fongicide
14 694
a
70,0
Humidité ( %) a
20,1
d
69,6
b
21,2
a
69,5
bc
21,1
ab
c
21,0
abc
b
20,7
b
Standard à 38 000 grains/acre
13 599
bc
69,8
b
20,7
b
Standard avec dose d’azote non limitative
14 167
ab
70,5
a
20,4
c
Standard plus fongicide
13 435
bc
69,8
b
20,9
bc
Les données suivies d’une même lettre ne sont pas statistiquement différentes. Test de comparaison : Student-Newman-Keuls 10 %
AVRIL 2014 | Le Coopérateur agricole
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Tableau 3 – Résultats d’essais de taux de semis dans le maïs (région de Saint-Hyacinthe, 2013) Données économiques1 Taux de semis (grains/acre)
Rendement (kg/ha)
E65D10 LR
Humidité ( %)
Population avec épis (pl/acre)
Verse des tiges ( %)
Verse des racines ( %)
Revenu brut ( $/ha)
Coût du traitement ( $/ha)
Marge nette ( $/ha)
20,2
25 148
3,7
0,1
2432
193
2240
(2800 UTM, 95 jours)
24 000
13 899
70,6
28 000
13 808
70,3
20,4
27 862
5,1
0,2
2416
225
2192
32 000
14 692
71,0
20,3
31 439
4,5
0,3
2571
257
2314
36 000
14 870
70,7
20,3
34 142
4,9
2,6
2602
289
2313
40 000
15 228
70,5
20,3
37 681
3,6
2,1
2665
321
2344
67,2
23,1
23 421
0,2
0,1
2502
193
2309
E71Z19 R
(3000 UTM, 101 jours)
24 000
14 295
28 000
14 758
67,7
23,0
26 845
1,4
0,4
2583
225
2358
32 000
15 301
67,5
22,9
30 597
2,9
1,0
2678
257
2421
36 000
15 677
67,4
23,3
31 634
2,0
1,8
2743
289
2454
40 000
16 020
67,8
23,0
35 756
3,7
2,0
2804
321
2482
E67D10 LR
1
Poids spécifique (kg/hl)
(2900 UTM, 97 jours)
24 000
13 898
70,0
21,2
23 554
0,0
0,6
2432
193
2239
28 000
14 399
69,7
21,4
27 241
0,5
0,9
2520
225
2295
32 000
14 490
69,6
21,5
29 006
2,5
1,6
2536
257
2279
36 000
15 082
69,9
21,2
31 653
2,6
1,6
2639
289
2350
40 000
15 843
69,5
21,1
34 617
6,3
3,2
2773
321
2451
Compte tenu des données de base suivantes : prix du maïs à 175 $/tm; coût de la semence à 3,25 $/1000 grains.
Graphique 1 – Rendement en fonction de la population Essai sur deux sites, 2012 16 500 16 000
Rendement kg/ha
15 500 15 000 14 500 14 000 13 500 E65D10 LR avec épis
13 000
E71Z19R avec épis
12 500
E67D10 LR avec épis
12 000 22 000 24 000 26 000 28 000 30 000 32 000 34 000 36 000 38 000 40 000
Plants/acre
50
Le Coopérateur agricole | AVRIL 2014
de 3000 UTM a produit plus que le E67D10 LR de 2900 UTM, et ce dernier a produit plus que le E65D10 LR de 2800 UTM. Pour construire son rendement de maïs, il est impossible de modifier le climat. Par contre, le fait de semer un hybride pleine saison, à population élevée combinée à une fertilisation azotée appropriée, permet d’augmenter la rentabilité à l’hectare. Les résultats obtenus au Québec sont similaires à ceux obtenus par le P r Below en Illinois. Évidemment, ces points de régie doivent être jumelés à de solides bases où le sol permet à la génétique de bien s’exprimer. Quant à la dose d’azote, il est bien évident qu’il n’y a pas de dose unique passe-partout. Certains champs ont une capacité de minéraliser cet élément plus que d’autres. Pour connaître le niveau optimal pour votre entreprise, sur vos sols en fonction de votre mode de régie, nous vous encourageons à en discuter avec votre expert-conseil afin d’établir un protocole d’essai au champ. Avec les années, vous pourrez déterminer le niveau optimal qui vous permettra de maximiser votre rentabilité.
P r o d u c t i o n s v é g é ta l e s
Pascal Larose, agronome Conseiller spécialisé en maïs et soya La Coop fédérée pascal.larose@lacoop.coop
Quels facteurs dicteront votre choix de semis ce printemps ? Photo : Pascal Larose
Plus ou moins de soya dans votre rotation en 2014 ? Voici comment vous éclairer et optimiser votre choix.
D
epuis 2010, le marché des grains est favorable à la culture du maïs. Les rendements élevés et la sécheresse de 2012 ont grandement contribué à cette réalité. Cependant, depuis la récolte 2012, le prix du maïs est sur la pente descendante en direction d’un seuil encore inconnu aujourd’hui. À l’opposé, la fève soya semble voler au-dessus de la mêlée et ne pas ressentir de pression à la baisse.
Dans ce contexte de prix projetés à la récolte, la culture du soya est grandement favorisée. Cependant, les prévisions américaines d’ensemencement de maïs ne donnent aucun signe à la baisse. Comment expliquer ce constat ? Lorsqu’on analyse le graphique 1, on voit que la rentabilité du soya par rapport à celle du maïs est directement liée au ratio du prix de vente soya/prix de vente du maïs à la récolte. Cependant, il faut aussi considérer un deuxième facteur que nos voisins au sud de la frontière incluent dans leur arbre de décision : le ratio rendement du maïs/rendement du soya. Donc, si le ratio du prix de vente soya/maïs est supérieur à 2,3 et que votre ratio de rendement maïs/soya est inférieur à 3,3, le soya sera plus rentable dans votre entreprise en 2014 (voir l’encadré). u
AVRIL 2014 | Le Coopérateur agricole
51
Tableau 1 – Effet de la date de semis du soya sur le rendement Ferme de recherche en productions végétales de La Coop fédérée (2010-2013)
Si votre ratio… …prix de vente soya/maïs est supérieur à 2,3, alors le soya sera favorisé.
Date de semis 2010-2013
…rendement maïs/soya est inférieur à 3,3, alors le soya sera favorisé. Le seuil d’équilibre se situe comme suit : • soya à 450 $/tm et maïs à 195 $/tm = 2,3 • maïs à 10 tm/ha et soya à 3,3 tm/ha = 3,3
Une fois votre analyse faite et que votre constat est que le soya sera plus rentable dans votre entreprise en 2014, voici les éléments qui vous aideront à optimiser votre rendement : • Choix du cultivar de soya gain allant jusqu’à 20 % • Date de semis gain allant jusqu’à 16 % si semé avant le 15 mai • Fertilisation gain allant jusqu’à 7 % Le rendement dans le soya ne se chiffre pas seulement par l’ajout d’un facteur de régie, mais en considérant la culture de cette plante comme un système intégré.
Date
Rendement relatif ( %)
< 15 mai
100
> 15 mai
95
> 1 juin
84
Par la sélection d’un cultivar pleine saison performant jumelée à une date de semis hâtive, on ira chercher le maximum de rendement. Le graphique 2 (résultats provinciaux de l’Ontario sur deux ans) démontre bien l’avantage de semer un cultivar pleine saison – comme le soya Imana R2 – dans une zone de 2700 à 2900 UTM. Un tel choix a permis d’augmenter le rendement jusqu’à 20 % par rapport aux soyas plus hâtifs de ces essais. Nos essais de date de semis (tableau 1) depuis 2010 ont démontré qu’un semis effectué avant le 15 mai permet à la génétique d’exprimer son plein potentiel. La décision de retarder son semis après le 15 mai réduit le rendement de 5 %, tandis que le semis de juin le réduit de 16 % par rapport au rendement optimal. u
350
3
300
2,5
250
2
200 1,5 150 1
100
0,5
50
Rentabilité nette (soya) Ratio rentabilité nette soya/maïs
52
Le Coopérateur agricole | AVRIL 2014
Année
2012
2011
Moyenne, 2008-...
Rentabilité nette (maïs)
2010
2009
0
2008
0
Ratio rentabilité soya/rentabilité maïs
Rentabilité nette ($/acre)
Graphique 1 – Conditions favorables à la production de soya
Données tirées de près de 600 fermes du centre-sud du Minnesota et faisant partie du Minnesota Farm Business Management Program
Graphique 2 – Effet du choix du cultivar sur le rendement (en boisseaux/acre) Essais provinciaux de l’Ontario – Moyenne de 2012 et de 2013 69 Imana R2
67
Maxo R2
CF23GR
Rendement (boisseaux/acre*)
65
HS 11RY07 P19T01R
RR2 Titanium
63
S18-C2
PRO 2935R2C 28-60RY
S12-L5
61
Medea R2
91Y01
RR2 Platinum
59
29-60RY
PS 1670 NR2
CF31GR
5091RR2Y Soido R2
27-60RY
P16T04R
S15-B4
PS 1614 NR2 S14-M4
29-11RY 91Y61
5A130RR2
Absolute RR
Endurance R2 S10-G7 5A090RR2 PRO 2625 R2 28-12RY
PS 1162 R2 NSC Caribou R2
HS 09RYS12
57
91Y41 RR2 Cobalt
118
120
Moyenne de huit essais effectués à Exeter, St. Pauls, Winchester et Woodstock
Nombre de gousses optimisé sur un plant de soya Imana R2
5A145RR2
55 122
124
126
Nombre de jours pour l’atteinte de la maturité
128
130
* 1 boisseau/acre = 67 kg/ha
Si seulement on pouvait vous offrir toute la tranquillité d’esprit dans un seul contenant.
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AVRIL 2014 | Le Coopérateur agricole
53
Graphique 3 – Effet de la fertilisation du soya en bandes lors du semis – Espacement de 30 po Ferme de recherche en productions végétales de La Coop fédérée (2013) 4350
Rendement (kg/ha)
4300
4250
4200
4150
4100 Témoin
(30N) CAN 2x2
(30N) 32-0-0 2x0
(60N) 32-0-0 2x0
Traitement
Graphique 4 – Effet de la fertilisation du soya en présemis incorporé – Espacement de 15 po Ferme de recherche en productions végétales de La Coop fédérée (2013)
Rendement à 14 % de MS (kg/ha)
4500
4250
4000
3750 Témoin
(30N) CAN
(30N) Urée
(60N) CAN
L’addition d’une fertilisation en bandes (graphique 3) ou à la volée (graphique 4), en fonction de l’espacement de semis, peut augmenter le rendement jusqu’à 7 % comparativement à un témoin non fertilisé. C’est l’observation à laquelle nous en sommes arrivés lors d’essais effectués en 2013 à la Ferme de recherche en productions végétales de La Coop fédérée, à Saint-Hyacinthe. La fertilisation azotée vient stimuler le dévelop pement végétatif des plants afin de leur permettre d’optimiser l’effet du semis hâtif. Par la suite, au stade de la troisième feuille trifoliée, la nodulation du plant prendra la relève pour ce qui est de la production d’azote. Des plants sains et vigoureux produiront plus de photosynthèse et transformeront l’énergie du soleil en sucres, que la plante entreposera au cours de sa croissance pour, ultimement, transformer le tout en gousses et en grains pour un maximum de rendement (photo, p.53). Toutefois, les conditions climatiques du mois d’août et du début de septembre peuvent venir limiter ou accentuer votre rendement. Un manque d’eau durant la période du remplissage des grains du plant de soya réduira les bienfaits de votre régie. Donc, la morale de l’histoire est qu’il vous faut bien maîtriser les facteurs de rendement (choix du cultivar, date de semis et fertilisation). Vos chances de succès seront ainsi plus élevées si le climat décide de s’additionner à votre effort. En conclusion, dans le contexte économique d’aujourd’hui, le soya mérite de recevoir la même attention que celle que vous apportez à votre maïs sur le plan de la régie afin d’en tirer un rendement optimum.
(60N) FRN + 21-0-0
Pour en savoir plus, consultez la vidéo suivante : elite.coop/video/temoignage-pascal-larose
Traitement
PhotoS : Pascal Larose
Chronologie du rendement – Semis hâtif (28 avril 2013) jumelé à un cultivar pleine saison (soya Imana R2)
28 avril 2013 Semis (hâtif !)
54
3 juin 2013 2e trifoliée
Le Coopérateur agricole | AVRIL 2014
25 juin 2013 5e trifoliée Début de la floraison
11 juillet 2013 Fermeture des rangs
9 septembre 2013 En gousse
30 septembre 2013 Maturité
Photo : La Coop fédérée
Développement durable
Photo : CDBQ
Biomasse : attiser la combustion Hugo Bélanger et Michel Garon, respectivement électromécanicien, responsable de l'entretien de la chaudière Blue Flame, et directeur général du CDBQ.
L’installation d’une chaudière multicombustible Blue Flame pour produire de la chaleur au Centre de développement bioalimentaire du Québec, à La Pocatière, a été le coup d’envoi d’une nouvelle ère au sein du Secteur Énergies Sonic de La Coop fédérée. Par Patrick Dupuis, agronome
I
l s’agit d’un tournant majeur pris par Énergies Sonic qui, avec une toute nouvelle offre d’affaires, ne se positionne plus uniquement comme un « distributeur » d’énergies fossiles, mais maintenant aussi comme un « fournisseur » d’énergie à sa plus simple expression (c’est-à-dire la vente de BTU), et ce, tant au Québec que dans le reste du Canada. C’est par des investissements dans la valorisation de la biomasse qu’Énergies Sonic a mis en place des projets de production de chaleur à partir de diverses sources : résidus forestiers, copeaux
de bois, sciures, écorces et, possiblement dans un avenir rapproché, des résidus agricoles tels que les pailles et des cultures dédiées pouvant être produites sur des terres marginales, comme le saule à croissance rapide et le panic érigé. L’offre d’Énergies Sonic s’intègre parfaitement dans le positionnement de La Coop fédérée, à savoir : devenir un leader et un acteur incontournable dans l’approvisionnement en biomasse agricole et forestière, dans l’émergence d’une économie verte au Canada. u
AVRIL 2014 | Le Coopérateur agricole
55
Photos : La Coop fédérée
La chaudière Blue Flame, et son panneau de contrôle qui en indique les principaux paramètres de réglages et de fonctionnement.
Le CDBQ : un premier réseau de chaleur La Coop fédérée – par l’entremise de son secteur Énergies Sonic – et le Centre de développement bioalimentaire du Québec (CDBQ) se sont associés en 2012 pour installer dans les bâtiments de ce dernier la toute première chaudière à biomasse Blue Flame au Québec. L’installation de la chaudière de 1500 kW a débuté au mois de septembre 2012. Le réseau de chaleur a été mis en fonction en novembre, la même année. L’objectif : remplacer les chaudières au mazout du CDBQ jusqu’alors utilisées pour en chauffer les bâtiments. C’est l’augmentation marquée des coûts du mazout qui a amené le CDBQ à envisager d’autres sources énergétiques. « Nous cherchions une voie écologique et durable, indique Michel Garon, directeur général du CDBQ. Nous voulions réduire nos dépenses énergétiques, nous mettre à l’abri de la hausse des prix des carburants fossiles et réduire nos émissions de CO2. » Depuis, pour chauffer ses installations, le CDBQ a évité en une seule année la combustion de quelque 230 000 litres de mazout, au profit de 700 tonnes de biomasse forestière résiduelle. « L’implantation d’un système énergétique à la biomasse forestière s’est traduite par une réduction importante de nos coûts et de notre empreinte carbone, fait savoir M. Garon. C’est un véritable succès qui a dépassé les prévisions. Les performances sur le plan énergétique sont très bonnes. Les économies nettes s’élèvent à plus de 100 000 $ pour la première année de fonction nement, sans compter la réduction de 550 tonnes d’émissions de gaz carbonique pour la période du 1er novembre 2012 au 30 octobre 2013. »
56
Le Coopérateur agricole | AVRIL 2014
« Une grille de calcul permet de comparer les coûts réels d’approvisionnement en biomasse forestière pour subvenir à nos besoins énergétiques, par rapport à ce qu’ils auraient été si nous avions été alimentés par le mazout, poursuit le directeur. Ces chiffres démontrent que les économies sont supérieures à 60 %. » Les deux bâtiments principaux du CDBQ étaient auparavant chauffés à l’aide d’un système énergétique au mazout léger. Un système de chauffage central à la biomasse forestière alimente maintenant en énergie les deux édifices. « La combustion de la biomasse permet de produire de la chaleur sous forme de vapeur, qui est acheminée à chacun des édifices par un réseau souterrain de conduites », explique Michel Garon. Le directeur général précise toutefois que « les deux chaudières au mazout n’ont pas été mises au rancart. Elles demeurent opérationnelles, de sorte que si de sérieux problèmes devaient survenir avec la chaudière à la biomasse forestière, nous serions en mesure de les remettre en fonction. » Le coût de réalisation du projet s’est chiffré à 1,3 million $ et comprenait l’acquisition de la chaudière Blue Flame, la construction de bâtiments, l’aménagement du réseau de chaleur ainsi que les infrastructures d’entreposage pour l’approvisionnement en biomasse. Le projet a bénéficié d’une subvention de 500 000 $ de l’État québécois et d’un investissement de 440 000 $ de La Coop fédérée. Pour Michel Garon, le partenariat avec La Coop fédérée représente plusieurs avantages : • accès à une technologie de pointe, fiable, qui a fait ses preuves; • soutien et suivi professionnels et techniques lors de l’implantation du projet et par la suite; • possibilité de mettre sur pied des projets de recherche sur la biomasse, notamment la biomasse agricole; • garantie d’approvisionnement en biomasse forestière; • appui et expertise du réseau La Coop; • accroissement du volume d’affaires avec La Coop fédérée. Le CDBQ est déjà un partenaire de La Coop fédérée et un membre du réseau La Coop pour ses approvisionnements à la ferme.
Le nouveau bâtiment du CDBQ qui abrite la chaudière à biomasse.
Aménagement du réseau de chaleur. C'est par ces canalisations qu'est acheminée l'eau servant à chauffer les bâtiments du CDBQ.
La Blue Flame, une technologie éprouvée C’est la coentreprise Biovalco qui sera le fournisseur des solutions offertes par Énergies Sonic en matière d’équipements et d’expertises d’ingénierie. Rappelons que Biovalco est issue d’une entente de partenariat 50-50 intervenue en 2012 entre La Coop fédérée et l’entreprise manitobaine Prairie Bio Energy (PBE), un leader canadien dans le secteur de la biomasse, fondée par les ingénieurs Stéphane Gauthier et Eugene Gala. Ces « cracks » de la valorisation de la biomasse ont mis au point en 1998 une chaudière multicombustible très polyvalente, appelée Blue Flame Stoker. Grâce au système multicombustible Blue Flame, Biovalco présente une feuille de route impressionnante et unique au Canada : plus de 130 systèmes de chauffage à la biomasse installés, dont 48 installations dans des complexes de serres, et 55 réseaux de chaleur dans des collectivités huttérites au Canada et aux États-Unis. « La Blue Flame est un appareil hors du commun, indique l’agronome Louis Beauchemin, coordonnateur, Financement et énergies renouvelables, à La Coop fédérée. C’est notamment sa capacité à brûler à peu près n’importe quel type de biomasse, tant forestière qu’agricole, qui rend cet appareil si unique. » (Voir l’encadré)
La biomasse forestière sert à alimenter la chaudière Blue Flame.
« La polyvalence de la Blue Flame tient aussi à son grand éventail de puissances offertes, souligne Étienne Lafleur, représentant, Ingénierie et soutien, à Biovalco. La première génération de cet appareil est dotée d’une capacité de production de chaleur allant de 1,5 à 27 millions de BTU (440 à 7900 kW). Ces appareils sont destinés au marché des grands utilisateurs de carburants fossiles (plus de 300 000 litres [66 000 gallons] de mazout ou 450 000 litres de propane par année) qui souhaitent se convertir à la biomasse, tels que les hôpitaux, les municipalités, les industries et les grands complexes de cultures en serre. »
Une nouvelle gamme Blue Flame En 2013, Biovalco a mis au point une nouvelle génération de chaudières Blue Flame afin de mener plus avant le développement de réseaux de chaleur. De puissance plus modeste que la génération précédente (850 000 à 2,6 millions de BTU), cette chaudière est destinée aux entreprises dites « intermédiaires », soit les entreprises agricoles, les petites industries, les municipalités rurales et les bâtiments commerciaux, qui consomment annuellement quelque 80 000 litres de mazout ou 120 000 litres de propane.
Un programme de 50 millions $ Fin novembre 2013, l’annonce de la ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet, du lancement d’un programme doté d’une enveloppe de 50 millions $ afin de favoriser l’usage de la biomasse forestière résiduelle, est venue souffler un vent de fraîcheur sur ce secteur. « Avec ce programme, les entreprises pourront faire des gains énergétiques importants et réduire leurs coûts d’exploitation. Le Québec doit plus que jamais profiter des nouveaux marchés émergents liés à la forêt : une opportunité de développement économique pour les régions », a indiqué Martine Ouellet par voie de communiqué, lors du lancement du programme. u
La Blue Flame : un système multicombustible Biomasse forestière Copeaux Planures Écorces Granules de bois Biomasse agricole* Paille (blé, avoine, etc.) Tiges (maïs, tournesol, etc.) Cubes énergétiques Biomasse agricole densifiée Résidus de criblures * Le service Innovation et croissance de La Coop fédérée, en collaboration avec l’Institut de recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA), effectue des tests d’émissions de particules au CDBQ lors de la combustion dans la chaudière Blue Flame de plusieurs types de biomasses agricoles et forestières. L’objectif est de faire en sorte que la combustion de certaines biomasses dans la chaudière Blue Flame soit autorisée par le ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs.
AVRIL 2014 | Le Coopérateur agricole
57
Collectivité de l'Ouest canadien dont les infrastructures sont entièrement chauffées à l'aide d'un réseau de chaleur alimentée par une chaudière à biomasse Blue Flame. Légende
4
1
1. École 2. Habitations 3. Centre communautaire 4. Serres 5. Poulaillers 6. Chambre de combustion 7. Porcherie 8. Atelier et garage
5
3
6
7 8
Photo : La Coop fédérée
2
La très grande compétitivité de la biomasse Coût par gigajoule (GJ) d’énergie produite Mazout léger
30,50 $
Électricité
21,90 $
Propane
21,10 $
Granules de bois (10 % hum.)
15,25 $
Gaz naturel
10,90 $
Biomasse agricole (10 % hum.) 6,70 $ Copeaux de bois (30 % hum.)
58
6,57 $
Ce programme offre une aide financière substantielle pour la conversion de systèmes de chauffage dans les milieux industriel, commercial et institutionnel. Cette annonce, grandement attendue par le milieu, a donné le coup d’envoi à la réalisation de multiples projets de conversion à la biomasse, dont l’aménagement de plusieurs réseaux de chaleur (hôpitaux, écoles, parcs industriels, etc.), dans bon nombre de fermes avicoles et serricoles, tout en permettant une réduction importante des émissions de gaz à effet de serre. « Énergies Sonic sera un pionnier dans l’implantation plus structurée d’une filière commerciale prometteuse, indique Cyrille Néron, directeur principal, Innovation et croissance, à La Coop fédérée. Ce qui sera bienvenu, puisque c’est justement ce manque de structure qui constituait un des freins à l’établissement et au développement d’une solide filière de combustion au Québec. » « Le réseau La Coop a de très nombreux atouts pour occuper une place enviable dans ce marché, appuie François Dupont, directeur général du Secteur Énergies Sonic à La Coop fédérée, et pour en faciliter le développement : présence de coopératives partout dans les régions, masse critique de producteurs sociétaires, matière première abondante et accessible, et équipe d’experts voués au développement des nouvelles technologies. »
Le Coopérateur agricole | AVRIL 2014
Énergies Sonic compte déjà un important portfolio de clients potentiels qui, avec la venue de ce programme, pourraient manifester un grand intérêt à adopter une solution biomasse. Mentionnons notamment les producteurs agri coles grands consommateurs d’énergie (aviculteurs, serriculteurs) ainsi que diverses collectiv ités et organisations. Bien avant l’annonce de la ministre Ouellet, le Secteur Énergies Sonic avait fait les premiers pas. Divers projets dans le secteur institut ionnel sont présentement à l’étude. « Le potentiel est immense pour pallier les besoins en énergie des particuliers, des installations publiques et des commerces », explique également François Dupont. Énergies Sonic mise principalement sur trois propositions d’affaires : • partenariat d’Énergies Sonic dans l’investissement avec le client (avec un partage des économies réalisées); • Énergies Sonic réalise l’investissement et vend l’énergie selon les besoins du client (p. ex. les BTU); et, • vente d’un système Blue Flame avec une garantie d’approvisionnement en biomasse.
Le chauffage à la biomasse,
Biomasse forestière à l’usine de transformation et de conditionnement de Sainte-Florence, dans la Matapédia
une vision porteuse d’avenir pour le Québec
Vision Biomasse Québec, un regroupement de 13 partenaires dont La Coop fédérée fait partie, propose une vision d’avenir à l’État québécois : substituer annuellement 400 millions de litres de combustible fossile par de la biomasse forestière résiduelle d’ici 2025.
Par Élisabeth Lapointe, Conseillère en communications La Coop fédérée
I
ssues de coopératives, d’organismes environnementaux, sociaux et de recherche ainsi que de municipalités, ces 13 organisations se sont regroupées autour d’une démarche proposant la mise en place d’une filière structurée de chauffage à la biomasse forestière résiduelle pour le Québec : Vision Biomasse Québec. Ils allient leurs forces pour augmenter leur poids par rapport à l’État québécois.
« La biomasse est une excellente solution de rechange pour réduire les gaz à effet de serre [GES]. Il s’agit d’une source d’énergie très compétitive, offrant beaucoup plus de retombées économiques que la majorité des énergies actuellement utilisées, et représentant un impact environnemental positif majeur », affirme Cyrille Néron, directeur principal à l’innovation et à la croissance, à La Coop fédérée. u
AVRIL 2014 | Le Coopérateur agricole
59
Photo : Fédération québécoise des coopératives forestières
Développement durable
Organisations membres de Vision Biomasse Québec
Transformer le chauffage au Québec « L’atteinte des cibles de Vision Biomasse Québec contribuera de manière indéniable aux efforts de lutte contre les changements climatiques », continue M. Néron. L’objectif de Vision Biomasse Québec est de proposer des solutions en matière d’énergie pour la province qui réduiront les impacts sur la santé et la qualité de l’air, en plus de limiter les effets sur les écosystèmes. Selon Eugène Gagné, directeur au développement de la Fédération québécoise des coopératives forestières, la biomasse est perçue comme un vecteur potentiel de développement économique très prometteur pour l’ensemble de nos régions. Plus précisément, la filière propose un déploiement responsable de 4000 GWh d’énergie renouvelable pour la production de chaleur partout au Québec, et ce, d’ici 2025. C’est-à-dire, la valorisation de plus d’un million de tonnes métriques de biomasse forestière résiduelle, qui remplacerait ainsi l’équivalent de 400 millions de litres de combustible fossile chaque année. Ce changement permettrait d’améliorer la balance commerciale annuelle du Québec à hauteur de 225 millions de dollars.
La Commission sur les enjeux énergétiques encourage le Québec à appuyer la mise en place d’une filière structurée de biomasse Conscient du potentiel de la biomasse pour le remplacement des combustibles fossiles au Québec, Cyrille Néron est heureux que ses propositions aient été entendues. « Il est temps qu’une filière structurée de chauffage à la biomasse joue un rôle clé au sein du portefeuille énergétique du Québec », affirme-t-il.
60
Le Coopérateur agricole | AVRIL 2014
En effet, en automne 2013, un document préparatoire au rapport de la Commission sur les enjeux énergétiques avait été publié, et la priorisation de la biomasse y était pratiquement inexistante. La Coop fédérée a réagi sur-le-champ en déposant un mémoire dans lequel elle démontrait le potentiel et l’importance qu’une filière biomasse devrait avoir dans une future politique énergétique. « C’est la première fois qu’on voit naître un rapport au Québec qui remet en question nos politiques énergétiques, et qui met l’accent sur une filière biomasse en remplacement des combustibles fossiles, y compris le gaz naturel. Ce que propose Vision Biomasse Québec est parfaitement aligné avec ce que le rapport propose », affirme M. Néron. Ce rapport vient appuyer les recommandations de Vision Biomasse Québec en statuant que le Québec n’aurait aucun avantage économique à exploiter les gaz de schiste et en recommandant de mettre l’accent sur le développement d’une filière de biomasse forestière résiduelle pour remplacer les combustibles les plus polluants. Le rapport remet en question les énergies actuellement utilisées au Québec. « L’introduction de solutions de rechange en matière d’énergie a été repoussée au Québec par les énergies abordables déjà présentes depuis longtemps, indique François Dupont, directeur général du Secteur
Saviez-vous que… ? Le coût de production de chaleur à partir de biomasse est deux fois moindre que celui de l’électricité. Le chauffage, la climatisation et l’éclairage des bâtiments accaparent plus de 30 % de toute l’énergie consommée au Québec. L’énergie de la biomasse serait beaucoup plus économique que celle de l’éolien. En 2006, le Québec a souscrit à l’accord du Protocole de Kyoto. Le Plan d’action sur les changements climatiques 2013-2020 prévoit d’ici 2020 une réduction de 20 % des émissions de gaz à effet de serre sous le niveau de 1990. Le gouvernement du Québec a récemment rehaussé cet objectif à 25 %, sans toutefois modifier l’objectif légal de 20 %.
Photo S : Fédération québécoise des coopératives forestières
1. La Coop fédérée 2. Bureau de promotion des produits du bois du Québec 3. Fédération québécoise des coopératives forestières 4. Union des municipalités du Québec 5. Association des centres locaux de développement du Québec 6. Nature Québec 7. Regroupement des conseils régionaux de l’environnement 8. Fondaction 9. Solidarité rurale 10. Fédération québécoise des municipalités 11. Fédération des producteurs forestiers du Québec 12. Les Énergies Sonic 13. Conseil québécois de la coopération et de la mutualité
L’hôpital d’Amqui, entièrement chauffé à la biomasse forestière depuis déjà quelques années.
Énergies Sonic, à La Coop fédérée. Le chauffage à la biomasse a déjà fait ses preuves comme une technologie fiable ailleurs dans le monde; en Europe, on utilise plusieurs types de biomasses », poursuit ce dernier.
Le rôle de La Coop fédérée Le rapport de la Commission sur les enjeux énergétiques recommande la priorisation du chauffage à la biomasse en région, où les ressources sont à proximité et les coûts de transport réduits en conséquence. « La Coop fédérée est le plus important acteur régional en énergie au Québec et elle a la capacité de jouer un rôle clé dans la mise sur pied et la structuration d’une telle filière », affirme François Dupont. En effet, elle pourrait mettre à contribution ses réseaux de distribution déjà existants partout en province ainsi que ses équipementiers et ses nombreux experts dans le domaine du chauffage. De plus, La Coop fédérée a récemment fait l’acquisition d’une technologie éprouvée et reconnue partout au Canada, soit la chaudière à biomasse de marque Blue Flame, acquise en 2012 par le biais d’un nouveau partenariat avec une société manitobaine appelée Biovalco. « Cette technologie démontre qu’il est possible d’utiliser de multiples formes de biomasse, tout en développant de la valeur pour nos producteurs en région », poursuit M. Dupont. « Outre notre appui
Le regroupement Vision Biomasse Québec vise à atteindre sept cibles d’ici 2025 : 1. Substituer annuellement 400 millions de litres de combustibles fossiles 2. Valoriser un million de tonnes métriques (sur une base de 100 % de matière sèche) de biomasse résiduelle par année 3. Éviter l’émission d’un million de tonnes métriques de CO2 par année 4. Produire 4000 GWh d’énergie renouvelable 5. Améliorer la balance commerciale du Québec à hauteur de 225 millions $ 6. Créer 12 500 emplois temporaires et 3600 emplois permanents. 7. Mettre en place des infrastructures additionnelles de production de chaleur d’une capacité totalisant 1600 MW
à Vision Biomasse Québec qui cible uniquement la combustion de la biomasse forestière résiduelle, nous sommes très heureux de constater que le rapport de la Commission reconnaît également la biomasse agricole comme une source d’énergie de rechange à explorer », appuie Cyrille Néron. En 2012, La Coop fédérée s’est associée au Centre de développement bioalimentaire du Québec (CDBQ) pour l’implantation d’un réseau de chaleur fonctionnant à la biomasse dans ses installations de La Pocatière, afin de remplacer les deux chaudières au mazout existantes (voir l’article en page 55). Cet appareil a aussi comme objectif de faire valoir d’autres types de biomasse, comme la biomasse agricole. « Enfin, il est important de rappeler que La Coop fédérée, en tant que coopérative d’envergure au Québec, a la responsabilité sociale de promouvoir un développement durable dans les régions », conclut Cyrille Néron.
Source : Commission sur les enjeux énergétiques au Québec, « Maîtriser notre avenir énergétique », Roger Lanoue et Normand Mousseau, 2 février 2014.
Récolte de biomasse forestière dans la Matapédia
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A c é r i c u lt u r e
Alain Boily, agronome Conseiller régional en acériculture Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec
Mauvaise performance ? Passez à l’action !
Est-il possible de jouer sur la concentration de la sève et sur la température pour réduire ou éliminer les problèmes d’entartrage excessif, de saveur et de couleur ? Est-ce plausible de le faire tout en ayant une bonne performance sur les plans de l’énergie et du temps ?
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Photos : LA COOP FÉDÉRÉE
n peut s’attaquer à plusieurs problèmes en abaissant le degré Brix de la sève et en travaillant sur la température. Cette technique doit s’accompagner d’une calibration de la chambre de combustion, du réglage des brûleurs, d’une bonne gestion de l’évaporateur à l’huile et d’un entretien adéquat. Quels sont les signes d’un problème à résoudre ? • L’efficacité énergétique à l’eau pure est inférieure à 70 %. • Le ratio « gallon de mazout/gallon de sirop » n’est pas satisfaisant.
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• Certains défauts de saveur sont constatés lors du classement. • Le temps de fermeture moyen de la coulée est supérieur à une minute et demie. • Le moussage et l’entartrage sont excessifs. Voilà des signes à prendre au sérieux ! Une fois le ou les problèmes cernés, les pistes de solutions sont beaucoup plus faciles à cibler. Un point commun, qui se retrouve dans les problèmes et les solutions, est l’énergie fournie à l’évaporateur. Le réglage des brûleurs, la modification de la chambre de combustion et du foyer permettent de donner à l’évaporateur un équilibre qui joue sur tous les autres problèmes.
Que peut-on faire ?
L’efficacité énergétique
Trois possibilités s’offrent à vous dans le cas d’une mauvaise performance : • Augmenter la température d’entrée de la sève dans l’évaporateur grâce au préchauffeur. • Hausser la concentration. • Régler les brûleurs. Vous pouvez même combiner ces trois actions.
Il faut savoir qu’une valeur inférieure à 70 % indique que le système n’est pas efficace sur le plan énergétique et qu’il y a des corrections à apporter. Souvent, une simple calibration des brûleurs peut améliorer le système d’évaporation. À un taux inférieur à 70 %, beaucoup d’énergie se perd dans la cheminée : la température ne doit pas dépasser 343 °C (650 °F) (vérifier avec un thermomètre à la mi-hauteur dans la souche). Pour la température des gaz dans la cheminée, on devrait tendre vers les valeurs suivantes, en fonction de la largeur de l’évaporateur : • Évaporateur de 4 pi : minimum de 450 °F. • Évaporateur de 5 pi : moyenne de 550 °F. • Évaporateur de 6 pi : maximum de 650 °F. À titre indicatif, certains évaporateurs ont une efficacité à l’eau pure de 80 %.
Augmenter la température et la concentration de la sève est une solution facile, mais cela risque de provoquer des problèmes d’entartrage dans la bassine à ondulations (« panne à plis »). Quant au réglage régulier des brûleurs, c’est sans aucun doute une solution incontournable. On peut très bien avoir un évaporateur qui répond à nos besoins, mais qui n’est pas efficace énergétiquement. Pour l’acériculteur, le ratio « gallon de mazout/ gallon de sirop » est un bon indicateur de performance. À titre d’exemple, l’expérience terrain permet de s’attendre, pour les concentrations suivantes, aux ratios ci-dessous : 15 °Brix à l’entrée : ratio de 0,35 à 0,50 12 °Brix à l’entrée : ratio de 0,45 à 0,60 10 °Brix à l’entrée : ratio de 0,60 à 0,70 La solution à un mauvais ratio « consommation de mazout/production de sirop » passe par le travail fait sur le feu et l’efficacité énergétique. Dans les moyennes et grandes érablières, sachez que plus on augmente la concentration de la sève au moyen de l’osmose, plus l’entartrage des bassines est grand. Voici un cas réel : la sève entre à 18 oBrix dans l’évaporateur, et l’acériculteur produit entre 16 et 22 barils de sirop par jour. Le lendemain, il a dû consacrer quatre heures au nettoyage des bassines avec une laveuse à pression. Si l’acériculteur produisait plus de 22 barils par jour, le nettoyage s’effectuerait au marteau et à l’acide ! Pour diminuer le problème d’entartrage, il faut répartir adéquatement la chaleur sous les bassines. Assez de chaleur sous la bassine à fond plat permet d’évacuer le sirop régulièrement et empêche la stagnation de la solution dans la bassine à ondulations. En augmentant l’épaisseur de bouillage, on améliore la fluidité et l’écoulement. D’ailleurs, l’inverseur de coulée (nouvel équipement) convient pour des productions journalières de cinq à sept barils.
Par où commencer ? Entamez vos interventions par le plus simple en allant vers le plus compliqué. Il pourrait être nécessaire de diminuer la taille du foyer en fonction de la calibration des buses ou de revoir le profil du fond du foyer pour que l’énergie soit bien utilisée pour l’évaporation. Selon les expériences sur le terrain, travailler la chambre de combustion permet d’atteindre une efficacité de 12 à 15 % de plus. Le producteur peut réaliser certains travaux, alors que d’autres seront confiés à un spécialiste. Sur le site Internet www.agrireseau.qc.ca, vous trouverez plus de renseignements sur la performance énergétique, que ce soit pour un évaporateur au bois, aux granules ou au mazout.
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Vi e ag r i c o l e
La SAAC,
Vue sur la salle Thématique de la SAAC.
une popularité qui ne se dément pas La Semaine de l’agriculture, de l’alimentation et de la consommation (SAAC), organisée par les étudiants de l’Université Laval, n’a rien d’amateur. Plus de 21 000 visiteurs, une foule record, s’y sont rendus les 17, 18 et 19 janvier dernier. Par Céline Normandin
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PhotoS : SAAC ET CÉLINE NORMANDIN
n sentait la fébrilité dans l’air en ce vendredi matin de l’ouverture du Salon de la SAAC. Le thème de cette 39e édition : « Les richesses de l’agroalimentaire, notre savoir à votre portée ». Des tout petits de garderies, des groupes scolaires et un public de tous âges allaient et venaient dans les différentes salles aménagées pour l’occasion au centre de foires d’ExpoCité, à Québec. Organisée par des étudiants des sept programmes de la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation (FSAA) de l’Université Laval, cette manifestation dont l’accès est gratuit a toujours eu comme vocation de sensibiliser la population à l’importance du secteur
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agroalimentaire, avec le souci de montrer ses différentes facettes et de démystifier son fonctionnement. Pour l’édition 2014, l’organisation a poussé un cran plus loin cette volonté en explorant le parcours des aliments, de la terre jusqu’à nos assiettes. « Il y a parfois des préjugés ou des idées reçues sur ce qui se passe en agriculture, des informations qui sont véhiculées par les médias ou le marketing, indique Julie Sanscartier, vice-présidente de la SAAC. Cet événement nous donne l’occasion d’informer les gens sur ce qui se passe réellement et de les aider à faire de meilleurs choix. Notre but est de réduire la distance entre le producteur et le consommateur. »
Le président et la vice-présidente de la SAAC, Hubert Soucy et Julie Sanscartier, en compagnie du ministre François Gendron.
L’organisation est aussi consciente que l’événement constitue une des rares vitrines du monde rural auprès des villes, surtout depuis la disparition du volet concours animal à Expo Québec, en 2013. À sa troisième visite à ce salon, Guillaume Parent se dit toujours impressionné et intéressé par ce qu’il y voit : « On vient en apprendre un peu plus sur la bouffe, sur l’environnement. Il y a plein de choses à découvrir et à goûter. » Cette autre visiteuse, Jeannette Tremblay, n’avait pas fréquenté le Salon depuis quelques années, mais est revenue pour se mettre à jour. « Il y a tellement de nouvelles choses sur le marché et d’informations qui circulent. Je viens jaser et m’informer. C’est une occasion d’en apprendre plus sur l’agriculture et de voir les animaux », explique-t-elle.
Un porte-parole de choix Le chef Jean Soulard a succédé à Errol Duchaine à titre de porte-parole de la SAAC, un choix logique aux yeux des organisateurs, surtout à la lumière du thème choisi cette année. « En tant que chef, il représente le trait d’union entre la terre et la table. Il a aussi toujours défendu les produits québécois », explique Hubert Soucy, président de la SAAC. Cet ancien chef du Château Frontenac voit dans sa contribution à la SAAC une continuité de son travail au restaurant de l’un des hôtels les plus emblématiques du Québec. « Je travaille depuis des années à promouvoir les produits québécois et les artisans qui les fabriquent. Depuis mon arrivée au Québec, il y a plus de 20 ans, il y a eu un essor extraordinaire des produits du terroir dans la province », explique M. Soulard. Le chef de renommée mondiale ne s’est pas fait prier pour accepter ce titre. « Les étudiants dégagent un enthousiasme contagieux et une passion qui fait plaisir à voir, dit-il. C’est une organisation qui rejoint mes convictions les plus profondes et pour lesquelles j’ai tant travaillé. Et quand je vois des jeunes organiser un tel salon, je me dis qu’on s’en va dans le bon chemin. »
Une machine bien huilée Le Salon de la SAAC est le plus grand salon étudiant au Canada et un des plus gros en Amérique du Nord avec plus de 100 kiosques couvrant de multiples facettes du domaine agroalimentaire.
Depuis ses débuts, en 1976, les responsables ont transmis un véritable legs que chaque édition tente d’améliorer. Une bonne vingtaine d’étudiants ont travaillé depuis septembre à la planification de l’événement. Ils sont épaulés par quelque 300 autres étudiants qui l’ont mis sur pied avec l’aide d’une multitude de bénévoles. Le Salon de la SAAC regroupe trois volets aménagés en deux salles : le volet Ferme, le volet
Jardin et le volet Dégustation. Pour l’édition 2014, la ferme réunissait 50 races d’animaux. La section Jardin, qui se trouvait dans la même salle, s’étendait sur 465 m 2 (5000 pi 2) avec une quinzaine de kiosques portant autant sur l’horticulture tropicale que sur la mycologie. La salle adjacente, appelée Thématique, abritait le volet Dégustation avec une cinquantaine d’exposants présentant des produits d’ici. Une douzaine de conférences ont été présentées durant les trois jours du Salon, sur des thèmes aussi variés que l’horticulture, la recherche en agroalimentaire et l’environnement. L’une des conférences qui a attiré un grand nombre d’auditeurs est celle de Vincent Cloutier, économiste principal à La Coop fédérée. Le thème était « Le marché des terres en ébullition : enjeux et perspective ». « Les sujets de conférences ont été choisis en fonction des trois domaines d’études de la faculté, tout en essayant de trouver des sujets grand public et d’actualité », indique Hubert Soucy. Présent à l’ouverture du Salon, François Gendron, ministre de l’Agriculture des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, a souligné l’engagement des étudiants qui ont ainsi l’occasion de faire le lien entre leur domaine d’étude et la pratique, en plus de rencontrer des professionnels du milieu agroalimentaire. « Je suis surpris de voir avec quelle passion des jeunes peuvent faire partager au grand public des choses auxquelles ils croient et adhèrent, a-t-il mentionné. Puisque les gens sont de plus en plus soucieux de ce qu’ils mettent dans leur panier d’épicerie et du cheminement que prennent les produits du champ à l’assiette, un travail de vulgarisation comme celui du Salon de la SAAC est primordial », a tenu à dire le ministre Gendron.
Les étudiants ont animé avec entrain les kiosques et ont répondu aux questions des petits et des grands.
La Coop fédérée à la SAAC La Coop fédérée participait à titre de partenaire principal à l’événement. Elle disposait d’un kiosque bien en vue dans la section Thématique, qui regroupait les présentations des étudiants, des groupes du secteur agroalimentaire, ainsi que des artisans de produits québécois. Le ministre Gendron s’y est arrêté et s’est prêté au jeu des photographes. Des enfants avaient pris d’assaut le kiosque afin de profiter du maïs éclaté offert gratuitement et d’écouter les concepts de la coopération. Plus de 1300 élèves ont défilé dans la seule journée du vendredi.
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Coupon d’abonnement
Da n s n o s c o o p s
Photo : Groupe coopératif Dynaco
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L’équipe LactoCoop, gagnante du Défi-Coop régional 2014
Le Défi-Coop régional, réunissant six coopératives de la région du Bas-SaintLaurent, est un programme exclusif aux étudiants de l’Institut de technologie agro alimentaire (ITA), campus de La Pocatière. Des sept équipes qui ont déposé un projet, trois ont été sélectionnées pour la finale, tenue le 10 février dernier, en présence de nombreux étudiants et de professeurs de l’ITA. Les finalistes sont : l’équipe Pintado, présentant un projet de mise en marché des pintades; l’équipe Lapins gourmands, avec un projet visant à mettre plus de lapins sur la table des consommateurs québécois; et l’équipe gagnante LactoCoop qui a déposé un projet de récupération du lactosérum (petit lait) pour la production d’une boisson énergisante. Cette équipe s’est démarquée par la pertinence du sujet abordé, la dynamique de la présentation, l’état d’avancement du projet ainsi que par son approche visant le développement durable et sa mission coopérative. Le Défi-Coop régional existe depuis l’automne 2000. Il a pour objectif de faire découvrir la formule coopérative aux étudiants. Le jury était composé L’équipe LactoCoop, gagnante du Défi-Coop 2014, de représentants des six entourée des dirigeants des coopératives participantes et de leur coopératives participantes, professeur-parrain de l’ITA, campus La Pocatière soit La Coop Matapédienne, À l’arrière (dans l’ordre habituel) : Frédéric Lecerf, directeur La Coop Purdel, La Coop du développement, La Coop Unicoop; Denis Lévesque, viceAgriscar, La Coop Saintprésident, Groupe coopératif Dynaco; Stéphanie Caron, adjointe Alexandre-de-Kamouraska, administrative, La Coop Saint-Alexandre; Marco Dumais, La Coop Unicoop et Groupe directeur général, La Coop Agriscar; François Parent, directeur secteur porcin, La Coop Purdel coopératif Dynaco, coorÀ l’avant : Caroline Harvey, Bruno Laverdière et Clarisse Courtois, donnateur de l’événement. membres de l’équipe LactoCoop et Wassef Ben Ounis, parrain de Plus de 2600 $ ont été remis l’équipe et enseignant à l’ITA, campus de La Pocatière en bourses.
m 1 an : 25,00 $
m 2 ans : 40,00 $
m 1 an à l’étranger : 90,00 $
m 3 ans : 55,00 $
Les taxes sont comprises dans le coût.
o Reçu disponible sur demande TPS : R101143279 • TVQ : 1000044306TP9145MA
Le Coopérateur agricole
C.P. 500 Station Youville Montréal (Québec) H2P 2W2 Tél. : 514 384-6450 - Téléc. : 514 858-2025 Courriel : coopagri@lacoop.coop Êtes-vous relié au domaine agricole?
o Oui
o Non
Nom Compagnie Adresse Ville
Province
Code postal
Courriel Veuillez émettre votre chèque à l’ordre de La Coop fédérée.
SOCODEVI souligne la Semaine du développement international Le 2 février dernier, SOCODEVI (Société de coopération pour le développement international) a souligné la semaine du développement international en invitant ses nombreux partenaires à un déjeuner-conférence. Alexis Ségal, de Rio Tinto Alcan, a présenté la formule que cette multinationale de l’aluminium adopte pour développer un lien avec les communautés où elle s’installe et assurer un développement plus durable. Grâce à des partenariats avec des organisations comme SOCODEVI, Rio Tinto Alcan réussit à mieux comprendre les besoins de la population et à laisser un héritage économique. Ghislain Cloutier, président de SOCODEVI et alors 1er vice-président à La Coop fédérée, et Sophie Bédard, administratrice à La Coop fédérée, ont présenté un projet d’établissement de filières porcine et avicole en Bolivie. Un projet soutenu par La Coop fédérée, et pour lequel ces deux administrateurs ont apporté leur expertise. Résultat : onze poulaillers, incluant quatre bâtiments de pondeuses – d’une capacité de 1000 oiseaux chacun – une meunerie et un abattoir pouvant abattre 75 000 poulets par année ont été mis sur pied. De plus, on a érigé un complexe porcin logeant 50 truies en production. Ces installations produisent annuellement 35 000 poulets à chair (50 000 prévus à la fin 2014), un million d’œufs et 1000 porcs. « Grâce au soutien de nos institutions membres, nous améliorons le sort de milliers de familles à travers le monde », a conclu le directeur général de SOCODEVI, Richard Lacasse.
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À venir dans votre magazine Agropur
Bilan 2013
Bovin
Ferme Jenlica du Saguenay-Lac-Saint-Jean
Productions végétales
Le point sur la plasticulture
Pommes de terre
Un nouveau fongicide
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RÉDUCTION DU TAUX DE GESTATION 1 DIMINUTION DE LA PROBABILITÉ DE GESTATION DANS LES 150 PREMIERS JOURS DE LA LACTATION 1 AUGMENTATION DU NOMBRE DE JOURS OUVERTS 1
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® Marque déposée d’Intervet International B.V., utilisée sous licence.. Merck Santé animale, faisant affaire au Canada sous le nom de Intervet Canada Corp., une filiale de Merck & Co., Inc., Whitehouse Station, NJ, É.-U. MERCK est une marque de commerce de Merck Sharp & Dohme Corp., une filiale de Merck & Co., Inc., Whitehouse Station, NJ, É.-U. Copyright © 2011 Intervet International B.V., une filiale de Merck & Co., Inc., Whitehouse Station, NJ, É.-U. Tous droits réservés.