Le Cooperateur agricole mai juin 2014

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MAI-JUIN 2014

L’amour est « aussi » dans le bœuf Julie Tremblay et Jimmy Traversy participent à l’émission L’Amour est dans le pré.

Productivité laitière

Au-delà du coût par hectolitre

Marchés

La viande de volaille en croissance

Affaires économiques Taille des entreprises et ratios


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Dossier En cou v ert ur e

28 L’amour est « aussi »

Agropur 19

sommaire

dans le bœuf

Carol Tremblay et sa fille, Julie, sont aujourd’hui les seuls producteurs de bouvillons au Saguenay– Lac-Saint-Jean.

Éditorial – Billets 5 En t r e nous* Denis Richard

MAI-JUIN 2014

Reportages

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13 Claudette Côté

Colette Lebel

Des choix non traditionnels

14 Faits et gestes* Vincent Cloutier

Coopér at ion

15 Agropur

22 Sur le plancher 27 L’effet bœuf* Bruno Langlois

18

La coopérative se prépare à affronter les défis à venir.

CU M A

18 La CUMA de

Saint-Cyprien

Chroniques

Solidaires depuis 22 ans

4 Quoi de neuf ?

Coopér at ion

20 Relève et coopération

8 Mél i-mél o

Même combat pour le CQCM

56 Décor at ion 57 Da ns nos coops

1938-2014

Femme eng agée

12 Pause-pensée*

des vaches* Sylvain Boyer

In memor i a m

6 Paul Massicotte

20

* For English version, please visit our website at www.lacoop. coop/cooperateur

L ait

23 Parlons productivité

Aller plus loin que le coût par hectolitre produit !

Porc

31 Filière porcine

coopérative

Profil d’un directeur logistique et approvisionnement porc

31

Affaires économiques

42 Taille des entreprises

Son effet sur certains ratios économiques et financiers

M a rchés

46 Viande de volaille

Une croissance à deux vitesses

Version Web : www.lacoop.coop/cooperateur Version virtuelle :  www.lacoop.coop/ cooperateurvirtuel

52

A picult ur e

49 Conditionnement

du miel

Adaptation pour la manutention sur palette D év el oppemen t du r a bl e

52 Le bioraffinage

Un nouveau vecteur de croissance économique

Articles techniques Vol a il l e

32 La R-D appliquée

Pour passer de la station de recherche au poulailler.

Productions végétales

34 Plasticulture

Polyvalence et commodité

Productions végétales

38 Conservation d’ensilage

L. buchneri… Est-ce la meilleure solution ?

Productions végétales

40 Pommes de terre

Confine Extra, un outil de premier plan


QUOI DE Q u o i d e n e u f  ?

Volume 43, no 5, mai-juin 2014

Photo : Martine Doyon

chef de la direction de La Coop fédérée

Au nom du conseil d’administration, le président de La Coop fédérée, Denis Richard, a annoncé, le 14 avril dernier, la nomination de Gaétan Desroches au poste de chef de la direction de La Coop fédérée. Il est le quatorzième à assumer cette fonction depuis la création de la coopérative en 1922. Gaétan occupait préalablement le poste de chef de l’exploitation de l’entreprise. Au début de sa carrière, la coopérative enregistrait un chiffre d’affaires de 1,1 milliard $. Aujourd’hui, ses ventes atteignent 5,2 milliards $. Gaétan a gravi les échelons un à un. Un parcours qui l’a mené d’expert-conseil à chef de la direction. Diplômé en sciences de l’agronomie de l’Université Laval et titulaire d’une maîtrise en administration des affaires de l’Université de Sherbrooke, il est au service des coopératives agricoles depuis plus de 30 ans. Expert-conseil en productions végétales à La Coop Comax, il s’est joint à La Coop fédérée en 1983, où il occupa successivement les postes de représentant de territoire, de conseiller technique, de directeur des ventes et de directeur du marketing pour le Secteur des productions végétales. En 1994, il est promu directeur du Secteur des productions végétales et du laboratoire agroalimentaire, puis directeur du Secteur de l’agrofourniture, avant d’être nommé chef de l’exploitation en 2006. « En plus de 30 ans de carrière au sein de notre réseau, Gaétan a donc connu presque tous les métiers de l’organisation. Il a acquis une connaissance intime de ses enjeux, indique Denis Richard. Son expérience et sa vision seront deux atouts majeurs pour aider notre organisation à relever les défis qui l’attendent. Il jouera donc un rôle de premier plan. » Gaétan s’est dit honoré de cette nomination et de la confiance qui lui est témoignée par les membres du conseil d’administration. « C’est avec fierté que j’assumerai le rôle de chef de direction de la plus importante entreprise agroalimentaire au Québec », dit-il. D’un naturel attachant, il a une franchise qu’aiment les producteurs. « Peu importe d’où l’on vient, dit-il, c’est le respect à leur endroit qui compte d’abord et avant tout. Il faut établir des liens de confiance, faire preuve d’intégrité et travailler sans relâche à améliorer leur sort. » Par son attitude et ses valeurs, Gaétan entraîne les gens dans son sillage. Il se réjouit de leur succès qui est aussi le sien et celui de l’entreprise. La confiance et le respect, qu’il a su insuffler dans le réseau au fil des années, sont parmi ses éléments de fierté. Le conseil d’administration offre son appui à Gaétan Desroches et lui souhaite tout le succès voulu dans ses nouvelles fonctions.

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Le Coopérateur agricole | MAI-JUIN 2014

Le Coopérateur agricole est publié neuf fois l’an par La Coop fédérée. Il est l’outil d’information de la coopération agricole québécoise. Directrice et Guylaine Gagnon rédactrice en chef 514 858-2146 (ligne directe) guylaine.gagnon@lacoop.coop Rédacteur et Patrick Dupuis, agr. adjoint à l’édition 514 858-2044 (ligne directe) patrick.dupuis@lacoop.coop Responsable André Léger de la publicité 514 858-2036 (ligne directe) andre.leger@lacoop.coop Responsable Nadine Kadé des abonnements 514 384-6450 poste 3710 nadine.kade@lacoop.coop

Ont collaboré à ce numéro Rédaction David Arseneau, Sylvain Boyer, Jessy Blanchette, Denis Caron, Vincent Cloutier, Hélène Cossette, Patrick Fortier, Daniel Gingras, Étienne Gosselin, Jean-Sébastien Laflamme, Bruno Langlois, Brigitte Lapierre, Colette Lebel, Nancy Malenfant, Jocelyn Marceau, Clodéric Marquis, Nicolas Marquis, Céline Normandin, Stéphane Perreault, Denis Richard Révision de texte : Georges O’Shaughnessy enr. Photographies et illustrations Pierre Cadoret, Bernard Diamant, Martine Doyon, Daniel Gingras, Étienne Gosselin, Stéphane Perreault, Manon Rousso Conception et graphisme Pierre Cadoret, Michaël Guimond, Suzanne Turcot Webmestre

Ricardo Silva

Photogravure et impression Interweb Inc. Photo de la page couverture  Marylin Bouchard Les photos, illustrations et textes publiés dans Le Coopérateur agricole et sur le site Internet de La Coop fédérée ne peuvent être réutilisés sans autorisation.

Service des abonnements Abonnement (taxes incluses)

1 an : 25 $ 2 ans : 40 $ 3 ans : 55 $ À l’étranger - 1 an : 90 $

Correspondance

Retourner toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada à :

Le Coopérateur agricole

C.P. 500 Station Youville Téléphone : 514 384-6450 Montréal (Québec) H2P 2W2 Télécopieur : 514 858-2025 Courriel : coopagri@lacoop.coop Adresse Web : www.lacoop.coop/cooperateur www.lacoop.coop/cooperateurvirtuel Poste-publications, convention n° 40628621 Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec 107993-05-14

Gaétan Desroches,


Entre nous

Le printemps

J

Photo : martine doyon

For English version, please visit our website at www.lacoop.coop/ cooperateur

e vous entends déjà réfléchir : « Y va pas encore nous parler du printemps ! » Que voulez-vous, c’est plus fort que moi ! Hâtive ou tardive, cette saison qui évoque la jeunesse et le renouveau m’inspire toujours. Je ne dois d’ailleurs pas être le seul si l’on se fie au nombre d’auteurs qui s’en sont inspirés dans le passé et au volume de chansons qui ont été écrites sur le sujet. On compare aussi souvent les saisons aux âges de la vie, l’hiver en étant l’aboutissement et le printemps, la renaissance. C’est pourtant au printemps que nous avons dû dire adieu à un grand coopérateur à qui je rends hommage. Mon prédécesseur, M. Paul Massicotte, nous a quittés le 6 avril dernier. Entrepreneur talentueux, grand coopérateur et homme de famille, Paul Massicotte a su enrichir avec succès ces trois facettes de sa vie qui, en retour, se sont nourries de son intel­ligence, de ses valeurs et de sa sagesse. Sous sa gouverne, La Coop fédérée s’est modernisée et s’est dotée des outils qui l’ont propulsée au rang des grandes coopératives agricoles mondiales. C’est également sous sa gouverne que l’affirmation des producteurs agricoles à la direction de leur entreprise coopérative s’est amorcée et consolidée. À voir l’ovation spontanée dont il a été l’objet lors de la dernière assemblée générale annuelle de La Coop fédérée, je crois que je peux affirmer sans hésitation que le mouvement coopératif agricole lui en sera éternellement reconnaissant. Cette année, le printemps tarde à se manifester, ce qui a tendance à nous rendre tous un peu plus nerveux. C’est que je ne connais pas beaucoup de producteurs pour qui une mauvaise saison végétale n’a pas un impact négatif sur ses revenus. Mais restons positifs puisque, comme le dit l’adage, « les étés brefs ont souvent eu un printemps précoce ». Alors, si la tendance se maintient, on aura donc un bel été !

Parlant de renouveau, je ne peux passer sous silence l’élection d’un nouveau gouvernement et d’un nouveau premier ministre à Québec. Loin de moi l’idée de commenter les résultats de cette élection qui en a pris plus d’un par surprise. Je veux cependant prendre le temps de remercier M. François Gendron qui, à titre de parlementaire d’expérience, de ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation et de vice-premier ministre du Québec, a su nous représenter dignement et défendre notre intérêt à l’Assemblée nationale. Je veux également souhaiter au nouveau premier ministre, M. Philippe Couillard, et à son nouveau ministre de l’Agriculture, M. Pierre Paradis, lui aussi un parlementaire expérimenté, le meilleur des succès. Les défis à relever seront grands et je tiens à les assurer de notre entière collaboration dans le développement de l’activité économique des régions. Finalement, tant qu’à être dans la nouveauté, je veux aussi souligner que le changement s’opère parfois dans la continuité. Comme vous l’avez probablement lu dans le dernier numéro du Coopérateur agricole, M. Claude Lafleur a tiré sa révérence à titre de chef de la direction après 15 ans de bons et loyaux services à La Coop fédérée. C’est M. Gaétan Desroches qui a été désigné par le conseil d’administration pour le remplacer. En plus de 30 ans de carrière au sein de notre réseau, notamment à titre de chef de l’exploi­tation au cours des dernières années, Gaétan a acquis une connaissance intime de notre organisation et de ses enjeux. Le conseil d’admi­nistration est convaincu que tant son expérience que sa vision seront deux atouts majeurs pour aider notre organisation à relever avec succès les défis qui l’attendent. Nous lui souhaitons – et nous nous souhaitons – bon succès dans ses nouvelles fonctions ! Sur ce, je retourne à mes occupations… Je sens que le printemps s’en vient !

Denis Richard Président, La Coop fédérée denis.richard@lacoop.coop

MAI-JUIN 2014 | Le Coopérateur agricole

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In memoriam

Photo : La Coop fédérée

Paul Massicotte 1938-2014

C’est au son de la cornemuse que, le 12 avril dernier, Paul Massicotte a été accueilli pour la dernière fois à l’église de Champlain. Sa grande famille, ses amis, ses collègues, ses voisins et de nombreux coopérateurs lui ont rendu un dernier hommage. Ce grand coopérateur nous a quittés le 6 avril à la suite d’une longue maladie. Il laisse dans le deuil sa femme, Lise, ses enfants, Diane, Roger, Benoît, Luce, André et Louis, ainsi que 22 petitsenfants et 3 arrière-petits-enfants. Président de la Coopérative fédérée de Québec de 1992 à 2003, Paul Massicotte a suivi un parcours remarquable au sein du mouvement coopératif agricole. En 1966, il est élu au conseil d’administration de la Société coopérative agricole de Champlain, et dès 1973, les producteurs agricoles de son territoire reconnaissent son leadership et le délèguent comme administrateur à la Coopérative fédérée de Québec. Il accède à la vice-présidence de l’organi­ sation en 1987, et à la présidence en 1992. Sous sa gouverne, la Coopérative fédérée de Québec connaît un redressement majeur de sa situation financière et étend son rayonnement au sein de l’industrie agricole et agroalimentaire canadienne. « Il était un homme rigoureux, doté d’un jugement sûr et éclairé, d’un sens politique exemplaire et d’un talent naturel pour la gestion, a déclaré Denis Richard, son successeur à la présidence de La Coop fédérée. Le moins que l’on puisse dire, c’est que nous avons tous profité de ses lumières et qu’il a su nous faire grandir. » Producteur laitier accompli issu d’une longue lignée d’agriculteurs avant-gardistes,

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Le Coopérateur agricole | MAI-JUIN 2014

Paul Massicotte était un entrepreneur aguerri et un homme attaché à sa famille. Il a su mettre son expérience, ses fortes valeurs et sa sagesse au service du mouvement coopératif agricole du Québec. Claude Lafleur, alors chef de la direction de La Coop fédérée, rappelle que « M. Paul était un homme d’action. Il avait besoin d’une terre, d’une ferme, d’un village, d’une coopérative, d’un projet, pour être heureux. » Ces quelques mots, poursuit-il, résument la source profonde de son enga­gement en faveur d’une façon juste d’être citoyen et d’être créateur de richesse. Plusieurs reconnaissances lui ont été décernées au cours de sa vie, dont le titre de commandeur spécial de l’Ordre national du mérite agricole, de membre du Temple de la renommée de l’agriculture du Québec, de membre de l’Ordre du mérite coopératif du Québec et du Canada, et il fut lauréat du Mérite spécial Adélard-Godbout, de l’Ordre des agronomes du Québec. Le dernier hommage qui lui a été rendu de son vivant est certainement l’ovation spontanée que les délégués et invités au banquet de la dernière assemblée générale de La Coop fédérée lui ont offerte au moment de la remise du Prix transfert de ferme à son petit-fils Pierre-Luc. À sa toute dernière sortie, à l’église de Champlain, tous les membres du clan Massicotte étaient présents, forts de l’héritage de leur aïeul, mais fragilisés par la tristesse. Les hommages étaient vrais et touchants, dont celui de Lise, sa femme, qui a rappelé avec simplicité les bons traits de personnalité de son mari. Un de ses propos, plus émouvant à raconter, lui a noué la gorge : « Paul, aide-moi », a-t-elle lancé spontanément sous les applaudissements de l’assistance. L’Ave Maria, chanté admirablement par Emmie, fille d’André et petite-fille de Paul, était bouleversant. Enfin, les 22 petits-enfants ont tous pris le micro pour exprimer à leur manière leur reconnaissance envers leur grand-père. Au nom du conseil d’administration de La Coop fédérée, des employés et de l’ensemble des coopérateurs agricoles du Québec, nous tenons à offrir nos plus sincères condoléances à la famille et à tous les amis de Paul Massicotte.


RAM 1500

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LE PREMIER CAMION DE L’HISTOIRE À GAGNER DEUX FOIS DE SUITE EFFICACITÉ

7, 1 L

ALLANT JUSQU’À / 100 KM

SUR ROUTE

(40 MPG)

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En 2014, le Ram 1500 a été plus loin qu’aucun autre camion avant lui en devenant le premier camion de l’histoire à remporter le titre de Camion de l’annéeMC selon Motor Trend deux fois de suite. Son nouveau moteur EcoDiesel V6 de 3 litres livrable lui permet d’aller là où ses concurrents ne peuvent aller, avec une efficacité allant jusqu’à 7,1 L/100 km (40 mpg)* sur route. De plus, le Ram 1500 n’est pas seulement le pick-up le plus éconergétique au pays, il est aussi le seul pick-up diesel léger au pays. Avec toutes ces premières, incluant une transmission 8 vitesses ± exclusive à sa catégorie et une suspension pneumatique ± Active-LevelMC aux quatre roues livrables, le pick-up le plus durable au pays≠ continuera d’être au cœur de la conversation des connaisseurs pour des années à venir.

CAMIONRAM.CA * Affirmation basée sur le Guide de consommation de carburant 2014 de Ressources naturelles Canada (RNCan). Les méthodes d’essai utilisées sont celles du gouvernement du Canada. La consommation d’essence de votre véhicule varie selon le groupe motopropulseur, vos habitudes de conduite et d’autres facteurs - à titre de comparaison seulement. 7,1 L/100 km (40 mpg) sur route et 10,2 L/100 km (28 mpg) en ville pour le modèle Ram 1500 4x2 avec un moteur V6 EcoDiesel de 3 L à transmission automatique 8 vitesses. Voyez votre concessionnaire pour des précisions supplémentaires sur le programme ÉnerGuide. ≠ Durabilité basée sur la longévité de l’ensemble de la gamme de pick-up Ram par rapport à l’ensemble des pick-up pleine grandeur concurrents sur la route depuis 1988. Longévité des véhicules canadiens des années modèles 1988 à 2013 en opération au 1er juillet 2013 pour tous les pick-up pleine grandeur vendus au Canada au cours des 26 dernières années selon R.L. Polk Canada, Inc. ± Affirmation basée sur la segmentation des camions pleine grandeur d’Automotive News.


Méli-mélo

Un bol de gruau à la santé de votre cœur ! La fin de l’écriture Les claviers remplacent peu à peu les stylos. Les adultes oublient comment écrire. Dans 45 États américains, l’apprentissage de l’écriture cursive ne sera même plus obligatoire à l’école primaire à partir de 2015. (Le Courrier international)

On savait déjà que les fibres solubles de l’avoine contribuaient à faire diminuer le niveau de cholestérol, mais il semble qu’un composé phénolique nommé avénanthramide (AVE), présent uniquement dans l’avoine, serait particulièrement bénéfique pour la santé du cœur. C’est l’un des constats des 11 scientifiques qui ont présenté leurs derniers travaux de recherche sur « les propriétés physicochimiques et les fonctionnalités biologiques de l’avoine » lors du congrès annuel de l’American Chemical Society tenu à Dallas (Texas) en mars 2014. L’un de ces experts a en effet démontré que les propriétés antioxydantes et antiinflammatoires des AVE de l’avoine avaient un effet protecteur pour la santé cardiaque. Un autre a conclu pour sa part que les AVE permettaient d’inhiber la production des cytokines inflammatoires associée à la formation de plaques de graisse dans les artères et de réprimer le développement de l’athérosclérose. (Santé blog)

Accords commerciaux et normes de réciprocité Les normes de production qui diffèrent entre les pays peuvent rendre la concurrence injuste et déstabiliser une industrie, dans un contexte de libéralisation des marchés. C’est la conclusion d’une étude récemment publiée par l’Association des transformateurs de poulets d’Europe. Selon cette analyse, la législation des pays européens entraîne des coûts de production supplémentaires de l’ordre de 5 % par rapport à leurs principaux compétiteurs, comme le Brésil, les États-Unis et la Thaïlande. D’après l’étude, l’industrie du poulet en Europe doit se conformer à des normes plus sévères concernant l’environnement, la salubrité et le bien-être animal. Dans ce contexte, l’Association met en garde contre les conséquences potentielles de négociations commerciales en cours entre l’Europe et d’autres pays. Une diminution des barrières tarifaires ou une augmentation des quotas d’importation se solderaient inévitablement par une perte supplémentaire sur les marchés intérieurs. À ses dires, les viandes importées ne correspondraient pas aux attentes des consommateurs européens en matière de normes de production. (Secteur affaires agricoles – La Coop fédérée)

Nouvelles données satellitaires sur les ressources forestières De nouvelles informations publiées à l’occasion de la Journée internationale des forêts confirment que les terres boisées continuent à régresser à l’échelle mondiale, l’Amérique du Sud et l’Afrique accusant les plus fortes pertes de forêts. À l’échelle mondiale, la réduction brute d’utilisation des terres forestières causée par la déforestation et les catastrophes naturelles de 1990 à 2010 (15,5 millions d’hectares par an) a été partiellement compensée par des gains de superficies forestières obtenus grâce au boisement et à l’expansion des forêts naturelles (10,2 millions d’hectares par an). Les superficies forestières ont donc diminué de quelque 5,3 millions d’hectares par an, ce qui correspond, pour la période de 20 ans, à une perte nette équivalant à près de quatre fois la taille de l’Italie ou de la Colombie. Les conclusions d’une enquête mondiale de télédétection montrent que les superficies boisées totales en 2010 s’élevaient à 3,89 milliards d’hectares, soit 30 % des terres émergées de la planète. (FAO)

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9,6 milliards La population mondiale augmentera plus vite que prévu, d’après les démographes des Nations unies. Elle devrait atteindre 9,6 milliards de personnes en 2050, et non 9 milliards, comme le prévoyaient les précédentes projections de 2010. Et en 2100, la planète devrait abriter 11 milliards d’humains. Les chiffres ont été revus à la hausse, car selon des enquêtes récentes, le nombre d’enfants par femme dans les pays les moins développés est plus important que ce qu’on pensait. En Afrique, notamment, il est de cinq, et non de quatre. C’est précisément sur le continent africain que se produira plus de la moitié de la hausse de la population mondiale. D’ici 2050, la population africaine passera de 1,1 à 2,4 milliards de personnes. (La Recherche)


Économistes dissonants (ce n’est pas nouveau !) Burger téhéranais Une majorité d’économistes agroalimentaires entrevoient des prix agricoles structurellement élevés à l’échelle mondiale pour les prochaines décennies. Ils justifient leur position par une demande soutenue (hausse de la population et de ses revenus) couplée à la difficulté d’augmenter suffisamment l’offre (en raison des effets de la loi des rendements décroissants, des terres agricoles limitées et des stress hydriques). Comme dans tout bon débat, il y a des « dissonants ». Parmi ceux-ci, Thierry Pouch, économiste à l’Assemblée permanente des Chambres d’agriculture, en France, qui entrevoit le retour à des prix agricoles durablement faibles. À ses yeux, le vieillissement de la population mondiale et son effet baissier sur l’ingestion de calories alimentaires limiteront la demande, au même titre qu’une conjoncture moins favorable dans les économies émergentes. En parallèle, des infrastructures de stockage et d’acheminement améliorées réduiraient considérablement le gaspillage d’aliments, ce qui assurerait un rééquilibrage global de l’offre et la demande. (Secteur affaires agricoles – La Coop fédérée)

Le hamburger fait partie du paysage gastrono­ mique iranien depuis des décennies, y compris depuis la révolution islamique de 1979, qui a vu l’utilisation de tout produit symbolisant la culture américaine déconseillée. Jusqu’ici, il était plutôt servi dans des quartiers ouvriers, à des travailleurs en manque de calories ou à des étudiants faisant attention à leur budget. Depuis peu, néanmoins, Téhéran voit se multiplier les restaurants à burgers haut de gamme, et la quête du meilleur sandwich constitue la dernière mode dans les dîners de la capitale. « Ce succès n’est pas un phénomène culturel, assure un restaurateur de Téhéran. Plus personne aujourd’hui ne voit le burger comme un produit américain, ni même étranger. Il passe juste pour l’une des meilleures nourritures au monde. » (Le Courrier international)

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C’est le nombre de femmes qui figurent à la tête des 500 plus grandes entreprises canadiennes du palmarès 2013 établi par le Financial Post.

16 %

C’est la proportion des postes occupés par des femmes au sein des conseils d’administration des 500 plus grandes entreprises canadiennes figurant au même palmarès. La moyenne québécoise est de 20 %. (Jobboom)

Privilégier le sirop d’érable aux autres sucres C’est l’Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels (INAF) de l’Université Laval qui le dit : le sirop d’érable serait meilleur pour la santé que les autres sucres. Riche en polyphénols, qui permettent de mieux réguler le taux de glucose dans le sang, le sirop d’érable limiterait ainsi le développement du diabète de type 2, de l’obésité et des maladies cardiovasculaires. (Espaces.ca)

De nouvelles viandes Chaque année, de nouvelles viandes arrivent sur le marché, au Québec notamment, et tentent de s’y tailler une place. C’est le cas, depuis peu, du kangourou et du chameau. Dès que leur accès a été débloqué sur le marché canadien (les élevages se trouvent en Australie), des restaurateurs en ont demandé. Et leur vente sous forme de viande pour fondue chinoise fonctionne bien dans les commerces. Exotisme et apports pour la santé obligent : la viande de kangourou aurait des vertus anticancérigènes et de régulation du diabète, tandis que celle du chameau regorge d’oligoéléments et d’acides aminés. Les consommateurs semblent ainsi séduits par ces deux nouvelles viandes. (Voir)

Le charbon… Est utilisé pour produire 40 % de l’électricité dans le monde; Est responsable de 39 % des émissions de gaz carbonique (C02) mondiales; Est consommé, en moyenne à l’échelle mondiale, à raison de 2,9 kg par personne par jour. (National Geographic)

Pénurie de main-d’œuvre agricole 10 % : taux de la pénurie de main-d’œuvre qui sévit dans les fermes du Canada, selon le Conseil canadien pour les ressources humaines en agriculture. L’organisme fait également savoir que ce chiffre pourrait s’accroître de 2 % par année. C’est la maind’œuvre saisonnière qui s’avère particulièrement difficile à trouver. (Maclean’s)

Berger, un métier d’avenir ? C’est du moins ce que croit Mateu de Toralla, ensei­ gnant à l’École des bergers de la Catalogne. Les moutons peuplent les régions montagneuses du nord-est de l’Espagne depuis 6 millions d’années. Le 20e siècle a toutefois vu les populations chuter catégoriquement. Depuis six ans, cette école tente de renverser la tendance et d’assurer le maintien de cette ancienne profession. Dix-huit étudiants, d’une moyenne d’âge de 31 ans, étaient inscrits à l’école en 2013. À cause du taux de chômage élevé que connaît l’Espagne, l’école attire de plus en plus d’étudiants des milieux urbains. Le coût total de la formation, d’une durée de cinq mois, est de 500 euros (environ 750 $). La formation débute par un mois en classe, suivi de quatre mois de travaux pratiques, au cours desquels un berger d’expérience leur confie graduellement des responsabilités. Près de 80 % des étudiants terminent leur formation et plus de 60 % d’entre eux trouvent de l’emploi dans une ferme. Nourri et logé, un berger fraîchement gradué touche 680 euros par mois (de 900 à 1200 sans la pension). Un berger de montagne, responsable de milliers de têtes, empoche 2000 euros par mois. La Catalogne compte près de 490 000 moutons, sur un total de 16,6 millions de têtes dans toute l’Espagne. (Bloomberg)

L’alimentation du père avant la conception affecterait la santé du bébé Un apport suffisant en folates (vitamine B9) avant la conception serait aussi important chez le père que chez la mère pour prévenir certaines anomalies congénitales chez leur futur enfant. C’est ce qu’indique une étude réalisée sur des souris par des chercheurs de l’Université McGill, à Montréal. Ces derniers ont en effet observé une augmentation de près de 30 % de malformations graves du crâne et de la colonne vertébrale dans les portées issues d’un mâle présentant des carences en folates. S’il est déjà établi que les mères doivent ingérer des quantités suffisantes de folates pour prévenir les fausses couches et les anomalies congénitales, peu ou pas d’attention avait été portée jusqu’à présent à l’alimentation du père. Cette étude montre qu’un père devrait faire autant attention à ce qu’il mange qu’une mère avant de concevoir des enfants. À l’état naturel, les folates se trouvent principalement dans les légumes verts ainsi que dans les céréales, les fruits et la viande. (Université McGill)

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Evaluation of different products used for cleaning drinking water systems, A.G. Hancock, J.G. Hughes and Susan E. Watkins, University of Arkansas, International Poultry Scientific Forum, Atlanta, 22 janvier 2007 ® CID LINES est une marque déposée de CID LINES N.V. © 2012 Merial Canada Inc. Tous droits réservés. CID-12-9001-JA(F) MERC-2030


Pau s e - p e n s é e

La crise de la cinquantaine

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Photo : martine doyon

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récisons-le tout de suite, ce n’est pas de moi qu’il s’agit. Je parle plutôt des grandes surfaces de distribution où on trouve de tout : aliments, vêtements, accessoires divers. Ce modèle d’affaires, propulsé depuis les années 1960 par une consommation de masse, montre aujourd’hui des signes d’essoufflement. C’est la crise de la cinquantaine, dit-on. En France, les géants de l’alimentation Casino et Carrefour ont commencé à réduire la surface de leurs plus grands magasins. Et ils mettent beaucoup d’efforts à rendre l’expérience du magasinage plus agréable pour le consommateur. Ils choisissent de belles couleurs et prévoient des espaces repos avec des bancs. La menace, c’est le retour en grâce du commerce de proximité. Car les temps ont changé. Les grandes surfaces, c’était parfait pour les familles avec enfants. On se déplaçait tous en voiture pour aller faire les emplettes de produits grands formats bon marché. Aujourd’hui, la taille des ménages est réduite et la population, vieillissante, est de moins en moins désireuse (et capable) de se déplacer. Et puis il y a les problématiques de santé, d’environnement et d’éthique, qui sont désormais à l’ordre du jour et avec lesquelles les grandes surfaces, perçues comme sans cœur et sans âme, entrent en dissonance. La menace est si grande que Starbucks, cette multinationale du café, est en train d’expérimenter une stratégie de « debranding » au Royaume-Uni. Après avoir investi des sommes colossales pour imposer sa marque comme une image forte, voilà que l’entreprise retire son nom de ses produits et tente de renouer avec ses clients sous un rapport plus intime. Dans les cafés britanniques, on demande maintenant au client son nom lors de la commande, afin de pouvoir l’écrire sur la tasse qu’on lui remet. À New York, Starbucks a même ouvert un café sous un autre nom, incognito, afin de se donner une allure de « petit café du coin ».

Le Coopérateur agricole | MAI-JUIN 2014

Qu’on se le tienne pour dit : la recherche de la proximité est désormais un enjeu de taille. Heureusement, la proximité a toujours été un atout dans nos coopératives. Dans nos magasins, on ne se perd pas dans les allées. De plus, on y est connu, et reconnu – enfin… pour peu qu’on les fréquente assez souvent ! C’est cette belle proximité qu’il nous faut donc préserver, particulièrement en ces temps de consolidation et d’expansion. Un comité de réflexion a été mis sur pied pour faire suite à la planification stratégique du réseau, l’an dernier. Ce comité se penchera bientôt sur le concept de proximité pour en examiner les tenants et aboutissants et proposer ensuite des pistes de renforcement. C’est la vitalité de notre démocratie coopérative qui en dépend. Oui, les grandes surfaces sont devenues suspectes. C’est trop grand, c’est trop loin, c’est déshumanisé… et déshumanisant. Mais ce n’est pas tout : la consommation est devenue pour les gens une façon d’exprimer leur personnalité tout autant qu’un moyen de répondre à leurs besoins. Or, avouez qu’il est bien plus sympathique de dire : « Je l’ai acheté à la coop » que de dire : « Je l’ai acheté chez Walmart. » Bien sûr, on pourra toujours faire valoir que les grandes surfaces offrent un plus grand choix de produits. Soit. Mais parfois, trop de choix provoque de la confusion. Ne trouvez-vous pas que choisir un simple shampooing dans un grand magasin est devenu un vrai casse-tête ? Et qu’arpenter les rayons infinis de sacs de croustilles est tétanisant ? Entre nous, bien franchement, a‑t‑on vraiment besoin des saveurs buffalo, nacho, aneth à la crème, cornichons et pizza ?

Colette Lebel, agronome Directrice des affaires coopératives La Coop fédérée Courriel : colette.lebel@lacoop.coop Télécopieur : 514 850-2567


Femme engagée

Claudette Côté, qui approche la soixantaine, se maintient en bonne santé en pratiquant le tai-chi.

toutes les facettes d’un problème, mais aussi son talent pour créer l’harmonie au sein d’un groupe. « Il y a beaucoup de ressemblances entre La Coop et Desjardins », note la dirigeante, qui se sert aussi des connaissances acquises depuis 15 ans dans les formations de Desjardins pour mieux remplir son rôle à La Coop Weedon. « Entre autres, les deux coopératives veulent que leurs conseils soient de plus en plus représentatifs de leurs membres. »

Passion pour l’agriculture

Par Hélène Cossette

Claudette Côté, des choix

Photo : Manon RoussO

non traditionnels Depuis 2011, Claudette Côté est administratrice de La Coop Weedon – l’une des rares coopératives du réseau dont la présidence et la direction générale sont assumées par des femmes, tient-elle à souligner. Elle y est entrée par la voie du Colloque annuel des coopératrices, auquel elle était invitée depuis deux ans par les dirigeantes de sa coopérative. « Je me doutais bien de leurs intentions, car c’est un peu l’objectif du colloque d’amener les agricultrices à s’intéresser à ce qui se passe au sein d’un conseil d’administration », remarque-t-elle.

I

l faut dire que Claudette Côté ne cachait pas son admiration pour sa collègue Sophie Bédard et qu’elle était elle-même reconnue comme une femme engagée dans son milieu. D’abord marguillère de sa paroisse pendant six ans, Claudette s’est ensuite impliquée dans le comité de parents de l’école de ses trois enfants, puis à titre de commissaire scolaire pendant 10 ans. À la fin des années 1990, elle a été élue au conseil de surveillance de la caisse populaire Desjardins de Weedon, dont elle assume aujourd’hui la présidence. Cette riche expérience lui a permis de développer non seulement sa capacité à voir

En plus de son envie de s’engager, c’est sa passion pour l’agriculture qui l’a incitée à accepter un poste d’administratrice à sa coopérative. Dès l’âge de 10 ans, en effet, cette femme ayant grandi dans une ferme laitière près de Victoriaville affirmait à sa mère qu’elle aurait un jour sa propre ferme. Lorsque celle-ci lui a demandé comment elle ferait pour accomplir les gros travaux, elle a répliqué du tac au tac qu’elle aurait des employés ! C’est à l’École d’agriculture de SaintHyacinthe qu’elle a rencontré Gérard Lussier, l’agri­culteur qui allait lui permettre de réaliser son ambition d’enfance. Après avoir décroché son diplôme en technologie alimentaire, en 1974, elle a été la première femme embauchée comme inspectrice par le ministère de la Consommation et des Corporations. Elle a exercé ce métier pendant quelques années à Montréal, puis à Sherbrooke après son mariage. En 1980, elle a laissé cet emploi pour devenir copropriétaire de la ferme laitière exploitée par la famille de son conjoint depuis trois générations à Weedon (Saint-Gérard). Depuis que leur fils Joël s’est joint à l’entreprise, en 2009, l’agricultrice lui a cédé la responsabilité du troupeau, qui compte 90 bêtes de races Holstein et Ayrshire, dont 50 en lactation. Elle continue cependant à faire la traite matin et soir et à agir comme « infirmière à vaches », ditelle en plaisantant. Dotée d’une bonne santé et pratiquant le tai-chi depuis 15 ans, l’agricultrice, qui approche la soixantaine, entend continuer à travailler à la ferme jusqu’à 65 ans. Si ses deux autres enfants n’ont pas choisi de faire carrière dans l’agriculture, ils viennent aider à la ferme familiale dès que leurs occupations respectives le leur permettent. Son fils Vincent vient de terminer une maîtrise en sciences politiques. Sa fille Andréanne, qui a franchi comme sa mère une porte dans un secteur non traditionnel pour les femmes, est pompière pour la Ville de Sherbrooke, dit-elle fièrement.

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Fa i t s e t g e s t e s

Par Vincent Cloutier, agronome, MBA

Économiste principal La Coop fédérée

Stratégie canadienne ?

vincent.cloutier@lacoop.coop

Toronto, mars 2014. À l’invitation du Conference Board du Canada1, environ 200 personnes assistent au troisième Sommet canadien sur l’alimentation, théâtre de l’annonce d’une Stratégie canadienne pour l’alimentation. La très forte majorité des participants vient de l’Ontario, mais qui s’en soucie ? Stratégie canadienne quand même. Tout s’y passe en anglais ? Stratégie canadienne quand même.

F Photo : Pierre cadoret

ort de moyens impressionnants (Loblaws est le commanditaire principal de ce sommet), le Conference Board a ratissé large. La Stratégie aborde un grand nombre de sujets fondamentaux, y compris la salubrité des aliments, la faim (désespé­rément présente ici même, au Canada) et la santé. Pour mettre en contexte l’annonce de la Stratégie, on a notamment invité le patron de Scotland Food & Drink. Il a dirigé la conception et la mise en œuvre de la stratégie alimentaire écossaise, dont on s’est inspiré.

Lâchement maquillée sous le vocable « réforme », la Stratégie canadienne pour l’alimentation propose plutôt des moyens visant l’abolition de la gestion de l’offre.

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Se décrit comme « l’organisme de recherche appliquée indépendant et sans but lucratif le plus en vue du Canada ».

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Voulant faire de l’Écosse (cinq millions d’habitants) un champion des exportations agro­ alimentaires, on a ciblé une quinzaine de pays où la demande alimentaire est en forte croissance. Pas n’importe quelle demande alimentaire : on parle d’aliments à forte valeur ajoutée. Vous voulez de la bouffe à faible prix ? Allez voir ailleurs. Nous, nous offrons de la qualité et nous vendons la nourriture à prix conséquent. Sans oublier l’achat local, on garde en tête que 99,999 % (calcul véridique) de la population mondiale est à l’extérieur de l’Écosse et on agit en conséquence. À ce jour, les résultats sont concluants et l’espoir est grand. On conviendra qu’on est à des années-lumière de l’esprit de la Politique de souveraineté alimentaire québécoise.

Le Coopérateur agricole | MAI-JUIN 2014

Croissance et exportations : c’est sur ce moule que la Stratégie canadienne du Conference Board est élaborée. Jusqu’ici, tout baigne. Il est toutefois dommage que cette stratégie rate complètement la cible en préconisant le démantèlement de la gestion de l’offre. Lâchement maquillée sous le vocable « réforme », elle propose plutôt des moyens visant l’abolition de la gestion de l’offre. Par pensée magique, on laisse miroiter des prix à la consommation systématiquement plus bas. « Ouin, mais le Gatorade est lui aussi plus cher au Canada qu’aux États-Unis, et il n’y a pas de gestion de l’offre dans le Gatorade. » On ne parle pas de ça. Et l’abolition de la gestion de l’offre créera des emplois, dit-on. Vraiment ? Des emplois de quelle qualité, dans quelles régions, à quel rythme ? On ne parle pas de ça non plus. Invité pour parler de gestion de l’offre, l’inimitable Sylvain Charlebois se fait, contrai­ rement à ses habitudes, plutôt tendre envers le système. Il se dissocie des conclusions du Conference Board citées plus haut. Il clôt toutefois son allocution en recommandant sans trop de détails d’abaisser les tarifs douaniers pour les produits sous gestion de l’offre. Le jupon dépasse : cela aboutirait à la dissolution progressive du système. Sylvain Charlebois a eu beau se montrer modéré en cette occasion, chassez le naturel… Est-ce sérieux, cette Stratégie canadienne ? Parle-t-on ici d’un ballon d’essai ou d’une initiative qui engendrera un courant de fond ? Malgré l’appui financier de nombreux transformateurs et distributeurs canadiens actifs à l’échelle internationale, cela semble pour l’instant embryonnaire. Mais il y aura manifestement un quatrième, un cinquième, voire bien d’autres sommets qui approfondiront les thèmes abordés. Chose certaine, si au lieu de parler d’abolition de la gestion de l’offre, on avait suggéré de poursuivre sa modernisation, l’appui de nombreux autres acteurs influents aurait été possible.


C o o p é r at i o n

Résultats d’Agropur : confiance et prudence

L’

Par Céline Normandin

assemblée générale d’Agropur a clôturé en février dernier une année faste pour la coopé­rative, qui a célébré son 75e anniversaire de fondation. Le ton des dirigeants reflétait un optimisme prudent, après que la coopé­ rative eut relevé un des plus importants défis de son histoire. En effet, 2012 a marqué le lancement d’une nouvelle marque de yogourt, iögo, dans un marché extrêmement concurrentiel. Les chiffres ont montré que cette dernière avait fait sa place sur la table des consommateurs. Les défis sont toutefois loin d’être choses du passé pour Agropur. Malgré les ombres qui planent sur le secteur, les membres de la direction ont annoncé leurs couleurs en disant vouloir se hisser parmi les 10 plus grandes entreprises du secteur laitier au monde.

Un milliard d’actifs Le président, Serge Riendeau, a ouvert l’assemblée en souhaitant la bienvenue au nouveau membre du conseil d’admi­n istration.

À la suite de la fusion avec Farmers Co-operative Dairy, de la Nouvelle-Écosse, en 2013, le conseil compte pour la première fois un membre venant de l’extérieur du Québec. M. Riendeau a du même souffle déploré la vente, en janvier dernier, des activités de lait de consommation de la coopérative néo-écossaise Scotsburn, achetée par Saputo pour la somme de 61 millions $. Il a poursuivi en invitant le milieu à s’unir. « Le regroupement de nos deux entreprises [Farmers et Agropur] démontre clairement qu’il est possible de créer de grandes synergies tout en maintenant les actifs de transformation entre les mains des producteurs membres des coopératives. » Les nouvelles financières étaient par ailleurs bonnes : pour l’exercice terminé le 2 novembre 2013, la coopérative a enregistré des revenus de 3,8 milliards $ et remis une ristourne de 110,5 millions $ à ses membres, une hausse de 8,8 % par rapport au dernier exercice. Et pour la première fois, l’avoir des membres a dépassé le milliard de dollars. En conférence de presse, Robert Coallier, chef de la direction d’Agropur, n’a pas caché que l’année 2013 avait été difficile. « Il existe une pression énorme sur les marchés qui vivent une importante consolidation. C’est pourquoi il est nécessaire pour

Photos : Agropur

Devant des conditions de marchés de plus en plus difficiles, la coopérative prend toutes les mesures pour affronter et surmonter les défis des prochaines années.

Le président, Serge Riendeau, a présenté les résultats financiers d’Agropur, dont l’avoir dépasse maintenant le milliard de dollars.

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Photo: Agropur

Les membres ont encore été nombreux à se déplacer à l’assemblée générale annuelle d’Agropur, qui avait lieu au Palais des congrès de Montréal, le 12 février dernier.

nous de contrôler nos coûts, surtout que nous devons faire face au Canada à des coûts fixes [le lait]. Nous sommes convaincus que les stratégies que nous adoptons sont les bonnes. » La coopérative dit avoir réalisé 35 millions $ d’économie sur une base annualisée, dans le cadre de son plan de réduction des coûts de 75 millions $ d’ici 2015.

OKA, nouveau fer de lance d’Agropur Devant un environnement de plus en plus compétitif et la perspective d’une ouverture des marchés des fromages fins, Agropur a décidé de prendre le taureau par les cornes en lançant une série de mesures.

Pierre-Paul Vincent, de La Coop des Bois-Francs, a signalé la rentabilité des investissements d’Agropur, tout en disant craindre les impacts de l’accord économique avec l’Union européenne.

Photos : Céline Normandin

En conférence de presse, le chef de la direction, Robert Coallier, et le président, Serge Riendeau, ont mis en contexte la stratégie adoptée pour la marque OKA.

Alain Tardif, de La Coop des Appalaches, a souligné les très bons résultats d’Agropur, mais a averti qu’il faudra rester vigilant dans les prochaines années en raison de la concurrence.

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Comme la coopérative l’avait laissé entendre l’an dernier, elle a décidé d’investir dans ses marques pour arriver à se distinguer. Elle a fixé son choix sur OKA, considérée comme une marque forte, rentable, connue du public et présentant un important potentiel de croissance. Cette marque, qui appartient à Agropur depuis 30 ans, recueille un taux de notoriété de 97 % au Québec et de 50 % dans l’Ouest canadien. Parmi les autres éléments qui ont joué en sa faveur, OKA compte une gamme de produits élargie, associée au patrimoine culturel québécois, un élément de poids dans la future guerre aux produits importés. « Notre stratégie est d’aller de l’avant », a répondu M. Riendeau en ce qui a trait aux défis posés par l’accord de libre-échange avec l’Europe.

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OKA a bénéficié d’une transformation beauté grâce à un nouvel emballage. La coopérative compte également investir 45 millions $ pour l’agrandissement et la modernisation de l’usine d’Oka, sans compter des dépenses de marketing dites « importantes » pour augmenter la notoriété de la marque. Dans la même veine, l’image de Natrel a été retravaillée, pour en arriver à un aspect plus épuré qui la différencie des autres marques de produits laitiers. La stratégie et les quelque 100 millions $ dépensés dans l’aventure iögo ont, pour leur part, porté leurs fruits : en une seule année, iögo a acquis 14 % des parts de marché au Québec et 10 % au Canada, selon les chiffres de la société AC Nielsen.

Investissements ici et à l’étranger Pour réaliser ses ambitions mondiales, Agropur a annoncé la construction d’un campus lié au bâtiment actuel de l’unité d’affaires Fromages fins, à Saint-Hubert, pour un coût de 85 millions $. Ce campus aura pour but d’attirer et de retenir les talents, en plus de soutenir l’esprit d’innovation des troupes. Sa construction a débuté ce printemps, et on prévoit accueillir quelque 600 employés en 2016. Pour ce qui est du reste du Canada, ce sont les installations de Lethbridge, en Alberta, qui bénéficieront de nouveaux investissements. Après les mésaventures en Amérique latine, Agropur se tourne de plus en plus vers les ÉtatsUnis. Une part grandissante de ses revenus provient d’ailleurs de ce marché. La coopérative projette de nombreux investissements afin de tirer profit du potentiel du marché américain, en forte croissance. À ce chapitre, au cours de l’année, elle parachèvera un investissement de 108 millions $ dans ses installations de Luxemburg, au Wisconsin. De part et d’autre de la frontière, une somme historique de 155 millions $ a été investie dans les infrastructures l’année dernière, et la direction a confirmé que les investissements iraient en augmentant. Pour réaliser ses ambitions, la coopérative compte poursuivre son expansion par les acquisitions. En 2013, elle a mis la main sur le secteur des mélanges d’ingrédients laitiers de Foremost Farms USA, Cook’s Dairy et Coast Mountain Dairy, et depuis novembre dernier, elle a acquis M. Larivée international et Damafro. La maison de commerce spécialisée dans les produits laitiers et ingrédients alimentaires de même que la marque de fromage font partie intégrante des stratégies de développement de la coopérative.


Avec un marché des produits laitiers stagnant au Canada et la perspective de l’importation, à terme, de 17 700 tonnes de fromage européen supplémentaires par an, les prochaines années risquent de ressembler à des montagnes russes. C’est pourquoi Serge Riendeau aurait bien voulu voir les coopératives se serrer les coudes en ces temps plus difficiles. Il a rappelé, en conférence de presse, qu’il se désolait du fait que la coopérative Scotsburn n’ait même pas invité Agropur à présenter une offre, une réaction qu’il ne s’explique pas. Les autres projets de collaboration semblent toutefois donner des résultats. Une nouveauté sur le marché, le lait à l’érable Natrel, est le fruit d’une entente avec la coopérative Citadelle. Cette dernière a fourni le sirop d’érable à la base de l’arôme naturel d’érable que l’on retrouve dans le lait fabriqué à Granby. À en juger par les réactions des membres à l’assemblée générale, le produit est promis à un bel avenir. L’esprit d’innovation d’Agropur a de plus été souligné. La coopérative et le professeur Sylvain Moineau, de l’Université Laval, ont reçu le prix

Synergie pour l’innovation, catégorie Partenariats avec de grandes entreprises, remis par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada. La collaboration de 17 ans entre le chercheur et l’entreprise a permis d’améliorer la qualité et la constance des fromages ainsi que d’augmenter la productivité des usines.

Un bilan apprécié Les membres abordés dans les couloirs de l’assemblée ont dit apprécier le ton prudent des dirigeants. Bien qu’ils se montrent satisfaits de la gouvernance et des résultats obtenus par Agropur, ils sont conscients que le présent n’est pas garant de l’avenir. « Les résultats sont très bons et je ne m’en fais pas pour l’instant. Mais il faudra voir dans les 10 prochaines années. La tendance pourrait changer si jamais des erreurs sont faites. Il faut rester vigilant », a indiqué Alain Tardif, de La Coop des Appalaches. Les membres sont par ailleurs fiers des résultats. « On fait confiance à la direction. Il est encore trop tôt pour s’en faire et personne ne se plaint des résultats ! » ont pour leur part lancé Francis et Yvan Pelletier, de La Coop Purdel.

Robert Coallier, chef de la direction d’Agropur, veut faire de la coopérative une des 10 plus grandes entreprises au monde dans le secteur laitier.

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Photo: Agropur

Défis et collaboration


C o o p é r at i o n

Solidaires depuis 22 ans Tandis que la seconde génération de membres amorce son entrée à la CUMA de St-Cyprien, les liens demeurent toujours aussi serrés parmi la communauté agricole de cette petite municipalité du Bas-Saint-Laurent.

B

Les femmes et la relève ont leur place à la CUMA de St‑Cyprien. Derrière (de gauche à droite) : Alain Labrie, président; Yolaine Denis, membre; et Jeannot St-Pierre, administrateur. Devant : Geneviève Lemire, secrétaire-trésorière; et Maude Laplante, membre.

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eaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis le 23 avril 1992, date où la coopérative d’utilisation de machinerie agricole (CUMA) de St-Cyprien a vu le jour. Aujourd’hui, la deuxième génération de productrices et producteurs fait tranquillement sa place dans le groupe, avec la passation graduelle des entreprises agricoles des fondateurs à leurs enfants. Et cette relève ne demande qu’à continuer l’œuvre de ses parents. « C’est parce qu’ils ont tous grandi dans la CUMA », explique Yolaine Denis, membre fondatrice et productrice laitière. Ce que confirme sa fille, Maude Laplante. « Je n’ai pas l’intention d’en sortir, affirme-t-elle. Et même si je voulais et que je rachetais individuellement toutes les machines que la ferme partage actuellement dans la CUMA – 16 ! –, comment pourrais-je payer et où pourrais-je mettre tout cet équipement ? »

Le Coopérateur agricole | MAI-JUIN 2014

Texte et photo de Nancy Malenfant

Jeannot St-Pierre, éleveur ovin et bovin et membre de la coopérative, croit que le partage de machinerie sera incontournable pour la relève des entreprises membres de la CUMA, à cause du coût des équipements. « Les machines deviennent désuètes rapidement maintenant, déplore-t-il. La technologie évolue tellement vite qu’un producteur seul n’a pas les moyens de suivre. Mais en groupe, nous sommes capables d’acheter des équipements performants. » Selon lui, la formule coopérative s’avère également avantageuse pour le matériel dont l’usage est peu fréquent. Par exemple, à la CUMA de St-Cyprien, huit producteurs ont décidé de partager une pelle mécanique dans une branche d’activité.

Chacun son tour Il y a un roulement régulier des administrateurs à la CUMA de St-Cyprien. C’est chacun son tour de s’engager. Ainsi, la plupart des membres ont déjà occupé un siège au sein du conseil d’administration. « C’est bon qu’il y ait du changement, pour apporter des opinions différentes et d’autres idées », affirme l’administrateur Jeannot St-Pierre,


Bon coup

Communiquer et s’adapter

Photo : CUMA de St-Cyprien

La longévité de l’organisation repose en grande partie sur la communication et la capacité d’adaptation. « Lorsque nous sommes plusieurs producteurs à utiliser la même machine pour une activité devant être effectuée dans un délai limité, les foins entre autres, le dialogue doit être optimal, sinon certaines tensions se créent, dit Yolaine Denis. Il faut alors régler le problème ou bien changer de façon de faire. »

Les administrateurs de la coopérative soulignent l’achat d’un nouvel épandeur à fumier liquide.

« Certains groupes se sont dissous au fil du temps, parce que les besoins ont évolué », ajoute le président de la CUMA, Alain Labrie. Par exemple, les agriculteurs sont passés de la récolte de petites balles rectangulaires, il y a 20 ans, au foin en balles rondes et à l’ensilage. De plus, les superficies cultivées ont augmenté et les volumes

Quelques membres ont partagé pendant un moment une machine dans une branche d’activité qui ne réussissait pas à être rentable sans louer de l’équipement à un entrepreneur non membre de la CUMA. Le groupe a vite été dissous, puisque la coopérative devait continuer d’assumer les versements de prêt, tandis que le forfaitaire tardait à effectuer ses paiements. Cette mauvaise expérience a dissuadé la coopérative de louer sa machinerie ou de faire du travail à forfait.

mauvais coup

qui a déjà pressenti la jeune Maude Laplante pour lui succéder. « La participation de chacun aide les membres à comprendre le fonctionnement de la coopérative », ajoute la secrétaire-trésorière, Geneviève Lemire. Tout le monde y gagne ! En plus d’ouvrir grandes ses portes aux femmes et aux jeunes, cette coopérative s’inscrit sous le signe de la diversité, avec les différents statuts de ses effectifs. La CUMA compte actuel­ lement 23 entreprises agricoles membres, possédant 22 machines dans autant de branches d’activité. Quatre autres fermes détiennent le statut de membres auxi­liaires. Celles-ci ne sont actives dans aucune des branches actuellement, mais possèdent toujours une part sociale dans la CUMA. De plus, la coopé­rative accueille trois producteurs forestiers membres associés. Ces derniers partagent avec les membres agriculteurs de l’équi­pement nécessaire à leur travail, soit une pelle mécanique et un treuil.

La CUMA a pris la précaution de nommer un mécanicien, externe à la coopérative, pour faire office d’expert en cas de litige découlant d’un équipement endommagé. « S’il survient un bris majeur et que l’on doit trancher entre un bris d’usure ou un bris accidentel, cette personne possède les connaissances nécessaires pour se prononcer, explique le président, Alain Labrie. Mais il n’a jamais eu à intervenir jusqu’à maintenant. »

de fourrages produits se sont accrus par le fait même. « Il faut que les bénéfices de partager la machinerie l’emportent sur le risque de récolter un fourrage de moins bonne qualité », soutient l’agriculteur. Chaque année, avant l’assemblée générale annuelle, les responsables des branches d’activité tiennent ce qu’ils appellent leur « journée de chialage ». C’est lors de cette rencontre que sont soulevés et réglés les petits problèmes survenus au cours de la saison précédente, à la suite d’une évaluation que chaque responsable de groupe machines aura effectuée auprès de ses membres. Cette réunion d’évaluation permet de dresser un bilan de la saison, de mettre rapidement un terme à d’éventuelles tensions et de former de nouveaux groupes selon les besoins manifestés.

Contribuer au succès des autres La coopérative compte plusieurs producteurs de lait biologique, dont Geneviève Lemire, Alain Labrie et Yolaine Denis et sa fille, Maude Laplante. Ceux-ci savent néanmoins gérer les contraintes que génère le partage de machinerie entre agriculteurs « conventionnels » et biologiques. Par exemple, des branches constituées exclusivement de membres en régie biologique ont été créées pour l’utilisation de certains équipements, telle une presse-enrobeuse pour le foin. « Pour le matériel partagé avec des producteurs “conventionnels”, tel le semoir à céréales, on s’assure de le nettoyer en profondeur avant de s’en servir et on garde une trace écrite de ces activités, explique Geneviève Lemire. Nous avons une belle collaboration des producteurs “conventionnels”. » Le secret de la longévité de cette CUMA : la collaboration. « Tu dois avoir la préoccupation que ton associé d’une même branche réussisse autant que toi », conclut Alain Labrie.

Une image qui parle C’est Geneviève Lemire, secrétaire-trésorière de la CUMA de St-Cyprien, qui a créé le logo adopté par les CUMA du Québec, en 1992, lors de leur rencontre annuelle. Le dessin représente cinq personnes s’associant pour former une CUMA, soit le nombre minimum de membres exigé par la Loi sur les coopératives. L’engrenage symbolise la force de la coopération et le partage de matériel agricole. La gerbe de blé représente l’agriculture, et le cercle évoque le rayonnement de l’organisation dans son milieu.

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C o o p é r at i o n

Le Forum du CQCM a accueilli pendant deux jours 350 représentants, venus discuter de la relève.

Relève et coopération : même combat pour le CQCM Les coopératives et les mutuelles, regroupées au sein du Conseil québécois de la coopération et de la mutualité (CQCM), ont mis cartes sur table durant leur rencontre annuelle en parlant d’un de leurs principaux défis pour les prochaines années : la relève. Texte et photos de Céline Normandin

L Marilyn Côté et sa mère, Lynda Hudon, lauréates du Prix transfert de ferme La Coop en 2012, ont fait partager leur expérience de relève à la Ferme des Papinas.

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e mouvement coopératif s’affirme et s’organise de plus en plus. Il suffit pour s’en convaincre de voir la coopération célébrée sur le plan international, avec le retour en octobre prochain, à Québec, du Sommet international des coopératives, deux ans après que l’ONU eut déclaré 2012 Année internationale des coopé­ratives. Plus qu’un effet de mode, ce renouveau est lié aux valeurs de la jeunesse, selon Gaston Bédard. « Les valeurs coopératives sont très d’actualité. Elles rejoignent celles des nouvelles générations, que ce soit sur le plan de l’environnement, de la famille, d’un meilleur partage de la richesse ou de l’emploi pour tous », constate le directeur général du CQCM, organisme qui représente plus de 3300 coopératives et mutuelles. Le thème « Ensemble pour la relève » s’est donc imposé pour l’édition 2014 du rendez-vous

Le Coopérateur agricole | MAI-JUIN 2014

annuel du mouvement coopératif et mutualiste du Québec, d’autant plus que la relève figure parmi les priorités du CQCM. « Au prochain sommet international, il sera question d’emploi et des jeunes. C’est par des personnes et en réponse à des personnes qu’on bâtit des choses ensemble, et pour pouvoir modéliser et développer notre environnement, il faut inclure les jeunes », a expliqué le directeur du CQCM. Un appel a été lancé aux relèves des organisations membres du CQCM. Des invitations ont aussi été faites aux jeunes coopératives de la province. Plus de 350 personnes, dont de nombreux jeunes, ont participé aux activités proposées durant deux journées de travail, les 14 et 15 mars dernier, à Québec.

Des ateliers formateurs Les ateliers ont permis de déterminer les défis entourant la mise en place et l’encadrement d’une relève pour transmettre l’expertise et assurer la pérennité de l’organisation.


Invité au groupe de discussion sur les bonnes pratiques en matière de relève, Patrick Vanier a parlé de l’importance d’adapter ces pratiques selon les contextes. « On met souvent trop d’argent sur les outils technologiques. Il faut garder ça simple et bien connaître son monde pour identifier et former la relève », a fait valoir le directeur de la gestion du talent et de la relève à La Coop fédérée. L’expérience de Carole Parent et d’Anne Bouchard, respectivement mentor et mentorée, a permis de mieux cerner le rôle du mentor et ses bienfaits. « On est là pour écouter et poser les bonnes questions », résume Carole Parent. « Un mentor permet de se sortir de l’isolement et de parler de sa peur de l’échec, ce qu’on ne fait pas avec notre entourage, de crainte d’être jugé », ajoute Anne Bouchard. Lynda Hudon et Marilyn Côté, lauréates du prix Transfert de ferme La Coop en 2012, ont fait bénéficier la salle de leur expérience sur les stratégies pour bien réussir un transfert. « Il faut prendre sa place et prendre les moyens pour se réaliser », a raconté Marilyn Côté, copropriétaire de la Ferme des Papinas, à Saint-Gédéon (LacSaint-Jean), depuis l’âge de 19 ans. La jeune femme, maintenant âgée de 26 ans, a aussi mis l’accent sur l’importance de communiquer entre les membres d’une entreprise agricole, afin d’éviter malentendus et frustrations.

Un hommage aux fondateurs Le forum a fait une pause pour célébrer l’enthousiasme de la jeunesse et l’apport des générations précédentes lors du banquet de l’Ordre du mérite coopératif et mutualiste québécois. Cinq jeunes coopératives ont remporté un prix de 1000 $ chacune à la suite du concours

Charles Proulx, au centre, ancien administrateur de La Coop fédérée, a été décoré membre au troisième degré de l’Ordre du mérite coopératif et mutualiste québécois lors du gala du congrès du CQCM. Il est accompagné de Monique Leroux, présidente et chef de la direction du Mouvement Desjardins, et de Denis Richard, président de La Coop fédérée.

vidéo Coopérer, c’est faire ensemble ! Les lauréats comptaient des participants âgés de 5 à 35 ans. Plusieurs grands coopérateurs figuraient parmi les personnes honorées, dont Charles Proulx. Ce dernier a débuté au Groupe coopératif Dynaco avant de siéger pendant 11 ans au conseil d’administration de La Coop fédérée. La décoration a été présentée par Denis Richard, président du conseil d’administration de La Coop fédérée, qui a relevé l’apport de sa détermination et de son courage à l’organisation. Une décoration de membre au quatrième degré de l’Ordre du mérite coopératif a également été remise à Alain Bouchard pour ses 40 ans d’engagement auprès des coopératives d’alimentation du Québec. « Il faut avoir confiance dans les jeunes, a-t-il lancé dans son message de remerciement. La coopération, c’est recevoir et donner. Seul, on est peu; mais ensemble, on forme un tout. » Mario Dumais, ancien secrétaire général de La Coop fédérée et gestionnaire de la Fondation pour l’éducation à la coopération et à la mutualité, a également été honoré lors de la soirée : il a reçu la décoration de membre honoraire de l’Ordre.

L’avenir de la coopération En entrevue, Gaston Bédard a souligné les avancées faites par le mouvement coopératif durant la dernière année. « Le mouvement est toujours en croissance, et plusieurs nouveaux leviers ont été mis en place pour le soutenir. Je pense notamment à l’adoption de la Loi sur l’économie sociale, qui reconnaît l’importance du mouvement coopératif et mutualiste dans le développement social et économique du Québec. » Les défis ne sont pas terminés pour autant. Selon le directeur du CQCM, le mouvement coopé­­­ ratif doit mieux se faire connaître dans toutes les sphères de la société québécoise, que ce soit sur le plan social, financier ou économique. M. Bédard a déjà à son actif des rencontres avec le milieu scolaire pour intégrer dans le programme d’études la manière de faire et les principes coopé­ratifs. Jérôme Plante, membre de la coopérative La Fabrique et gagnant du prix de la relève, lançait un appel aux gestionnaires de coopératives. « Le modèle coopératif est populaire, parce qu’il s’adapte bien aux jeunes et à leurs valeurs. La relève est là, sur le terrain, et ce dont nous avons besoin, c’est de soutien pour faire le lien entre l’idéal et la pratique et pour pouvoir répondre à la question : “Pourquoi on est là ?” »

Délisca Lampron, de la Ferme La Belle Campagne, et Marie-Pier Béliveau, copropriétaire de la Ferme Bélichel, à Sainte-Sophied’Halifax, sont toutes deux reparties énergisées par leur participation au congrès. « C’est très motivant. Il a été question de choses qu’on peut mettre en pratique. J’ai le goût d’aller chercher un mentor pour m’épauler ! » a lancé Délisca Lampron.

Patrick Vanier, et Colette Lebel, respectivement directeur de la gestion du talent et de la relève et directrice des affaires coopératives à La Coop fédérée, ont participé activement au congrès, le premier en tant que conférencier et la deuxième à titre de membre du jury au concours vidéo de la CQCM.

MAI-JUIN 2014 | Le Coopérateur agricole

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Sur le plancher d e s va c h e s

Par Sylvain Boyer, T. P. Directeur principal Service des ruminants La Coop fédérée sylvain.boyer@lacoop.coop

Apparences trompeuses On dit souvent que l’herbe est plus verte chez le voisin, mais les apparences sont pour la plupart du temps trompeuses. Vaut donc mieux valider la situation avant de sauter aux conclusions. C’est le cas quand on regarde les données de production et de rentabilité des entreprises laitières.

Photo : Martine Doyon

For English version, please visit our website at www.lacoop.coop/ cooperateur

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C

ertains diront que la première impression est souvent la bonne. Cela s’avère dans la majorité des cas, mais il faut analyser un peu et se mettre dans le bon contexte avant de porter un jugement final. Par exemple, regardons le prix du lait sur votre relevé de paie : est-il vraiment plus payant de produire du lait à 85 $/hl par rapport à du lait à 80 $/hl ? Pas nécessairement ! La seule vérité, c’est que pour chaque hectolitre produit, vous recevrez 5 $ de plus. Pour un quota de 50 kg/j, ce qui représente de prime abord une apparence de gain peut aussi bien se révéler une perte importante. En faisant quelques exemples de calculs, le revenu peut facilement être de 10 000 $ en moins. Tout dépend des taux de gras et de protéine du lait que vous livrez, du nombre d’hectolitres que vous produisez par année, de la part de votre quota que vous utilisez et des primes d’automne que vous touchez. Pour un troupeau composé majoritairement de vaches de race Holstein, est-ce plus payant de produire du lait à 4,4 kg/hl de gras que du lait à 3,9 kg/hl ? Pas nécessairement non plus ! Le taux de protéine a aussi une influence marquée sur le revenu total. Avec du lait à 3,9 kg/hl de gras, vous pouvez livrer, pour un même quota, plus de protéine dont le prix au kilo est sensiblement le même que celui du gras. En fait, les solides totaux produits auront une grande influence sur votre paie. Ces facteurs auront un impact beaucoup plus grand sur le revenu total de votre ferme qu’une baisse du coût d’alimentation de 1 $/hl.

Le Coopérateur agricole | MAI-JUIN 2014

Une situation préoccupante Actuellement, quand on consulte les statis­ tiques de la Fédération des producteurs de lait du Québec, on constate que le taux de gras du lait produit est à la hausse. Pourtant, le quota provincial n’est pas produit au complet. Cela veut aussi dire qu’il y a moins de lait produit et, surtout, moins de solides totaux produits – y compris la protéine. Cette année, nous sommes en présence d’extrêmes : d’un côté, plus de 800 producteurs par mois ont dépassé le seuil de tolérance de 10 jours et une partie de leur production de lait n’a généré aucun revenu. De l’autre, plusieurs producteurs sont bien en deçà de la production permise, et même sous le seuil des 30 jours. Cela se traduit de part et d’autre en pertes de revenus importantes. Le prix des aliments pour animaux se maintient à des niveaux élevés, ce qui peut en pousser plus d’un à réduire les quantités servies. Mais cette façon de faire peut représenter un piège et un détournement d’attention si, en contrepartie, on réduit les performances du troupeau et les quantités de lait livrées. Ce qu’il faut, c’est optimiser sa production et les composants de son lait de façon à produire à 100 % le lait permis par son quota et aller chercher de meilleurs revenus. Ainsi, l’herbe la plus verte sera la vôtre – et pas seulement en apparence !


Lait

Nicolas Marquis, T.P. Conseiller spécialisé La Coop fédérée nicolas.marquis@lacoop.coop

David Arseneau, agronome Directeur technique La Coop fédérée david.arseneau@lacoop.coop

Allons plus loin PhotoS : LA COOP FÉDÉRÉE ET MARTINE DOYON Photo : a preciser

que le coût ce printemps ? Dans le contexte actuel du coût des concentrés et des fourrages, il est normal de parler de… coûts ! Les prix par tonne d’intrants, le prix du lait, les coûts de concentrés et de fourrages à l’hectolitre, la marge par kilo de gras, etc. Comme nous arrivons dans la période des mesures incitatives à la production, c’est une raison de plus de parler de revenus et de marge, pas seulement de coûts à l’hectolitre de lait produit !

D

ans le tableau 1 à la page 24, nous avons, pour une même ferme de 50 kg de quota, différentes simulations d’impact économique réalisées à partir du Logiciel économique Coop (LEC), et ce, pour un même coût d’alimen­tation à 23 $/hl. On constate que lorsque la production augmente, le prix reçu pour l’hectolitre de lait produit diminue. Mais aussi, la ferme génère plus d’argent au fur et à mesure que sa production monte et que ses pourcentages de composants (gras et protéine) se rapprochent l’un de l’autre.

Rappelez-vous que parmi les éléments clés d’une bonne rentabilité, il y a la vente supplémentaire de kilos de protéine pour un même quota produit et la réduction des frais variables, attribuables au nombre de vaches en moins.

L’impact de la protéine seulement En considérant le prix des composants du tableau 2, on remarque au tableau 3 que pour chaque 0,1 % de protéine en plus, la valeur du lait grimpe de 1 $/hl, et le revenu annuel augmente

MAI-JUIN 2014 | Le Coopérateur agricole

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Tableau 1 – Simulations de l’impact économique relié à la variation du nombre de vaches et des composants du lait, ainsi que de la moyenne de production du lait pour une ferme de 50 kg de gras produits. Situation

Lait (kg)

Vaches

% Gras

% Protéine

Prix lait

Nb d’hl/ année

A

8 950

50

4,4

3,3

85,35 $

4148

Différence du revenu - $

B

9 154

50

4,3

3,3

84,38 $

4244

870 $

C

9 368

50

4,2

3,4

84,39 $

4345

8 774 $

D

9 831

50

4,0

3,5

83,44 $

4563

16 300 $

E

10 643

45

4,1

3,4

83,43 $

4451

15 870 $

F

10 907

45

4,0

3,45

82,95 $

4563

19 679 $

G

11 676

42

4,0

3,45

82,95 $

4563

23 040 $

Tableau 2 – Prix des composants du lait Période de paie : Février 2014 Intraquota

Quantité

Gras

Prix 9,6346 $/kg

Protéine

9,7379 $/kg

Lactose+AS

1,8837 $/kg

Source : Fédération des producteurs de lait du Québec

Tableau 3 – Impact du test de protéine sur la rentabilité d’une ferme ayant un quota de 50 kg/jour Différence du revenu

Situation

Lait (kg)

Vaches

% Gras

% Protéine

Prix lait

No 1

8 950

50

4,4

3,2

84,37 $

- $

No 2

8 950

50

4,4

3,3

85,35 $

3 986 $

No 3

8 950

50

4,4

3,4

86,32 $

7 973 $

No 4

8 950

50

4,4

3,5

87,30 $

11 959 $

de tout près de 4000 $ pour le troupeau. Et même si la ferme no 4 avait un coût d’alimentation par hectolitre de 1 $ supérieur à la ferme no 1 (4148 hl x 1 $ = 4148 $), il lui resterait tout de même 7811 $ nets de plus par année !

Pourquoi parler de marge par kilo de gras produit ? La marge par kilo de gras est le montant d’argent qui reste par kilo de gras vendu, une fois déduits le coût de l’alimentation de tout le troupeau ainsi que les frais de la paie de lait (mise en marché, publicité, plan conjoint, etc.). Par exemple, une vache produisant 25 litres à 4 % de gras produit 1 kg de gras. Si le prix du lait

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Le Coopérateur agricole | MAI-JUIN 2014

vendu après déduction est de 75 $/hl et que les frais d’alimentation totaux du troupeau sont de 28 $/hl (taures, vaches taries et vaches en lait), il reste 47 $/100 litres x 25 litres, donc 11,75 $ pour ce kilo de gras vendu. Si on a 50 kg de quota journalier, ce sont 587,50 $/jour (50 x 11,75 $) qu’il reste pour payer les autres dépenses de la ferme. Pourquoi la marge par kilo de gras est-elle un indicateur fiable pour mesurer l’efficacité de l’alimentation d’une ferme laitière ? Dans un système de quota comme le nôtre, le facteur limitant les ventes de lait est le nombre de kilos de gras livrés. Il faut donc aller chercher le revenu maximal pour tous ces kilos de gras. Pour une même quantité livrée, comme dans notre exemple de 50 kg/j, le fait de faire varier les composants a un impact majeur, principalement avec un ratio SNG/G (solides non gras/gras) qui se rapproche de 2,35, tel que cela est permis. La baisse du taux de gras permet de vendre plus de kilos de protéine. Les revenus pour les kilos de gras sont les mêmes (dans chaque situation, tous les kilos de gras permis ont été vendus). Lorsqu’il y a moins de vaches pour produire le même quota, les frais variables liés aux vaches en moins sont aussi pris en compte. Imaginez faire 50 kg de quota avec 40 génisses de remplacement nourries de fourrages de bonne qualité, compara­ tivement à faire 50 kg de quota avec 60 génisses nourries de fourrages moyens. Les revenus seront les mêmes pour ces deux situations, mais aurontelles le même solde financier ? Les dépenses alimentaires, dans le deuxième cas, seront de loin supérieures, en raison de la quantité de concentrés nécessaires pour pallier la qualité des fourrages et les 20 taures de plus à alimenter ! Il restera donc beaucoup moins d’argent par kilo de gras livré ! C’est ce qu’avance également René Roy, agroéconomiste chez Valacta, dans le rapport annuel 2013 de cet organisme : « La marge sur le coût d’alimentation par kilo de matière grasse produit est le meilleur indicateur pour analyser l’impact économique d’une stratégie d’alimentation. »

L’utilité du tableau mensuel La Coop Le tableau mensuel La Coop, offert gratuitement aux clients du réseau, fusionne les informations des achats d’intrants, de la paie de lait et de Valacta. Il s’agit d’un bulletin qui, tous les mois, permet de voir rapidement les points forts, les tendances et les points à améliorer. Dans l’exemple du tableau 4, la marge de 12,02 $/kg, qui est encadré, est un excellent résultat. Pour l’atteindre, il faut exceller partout : dans la qualité


PhotoS : PIERRE CADORET

des fourrages, le nombre de taures, le nombre de vaches pour faire le quota, les composants, les coûts d’alimentation totaux, etc. Une fois cette marge élevée atteinte, il faut s’assurer de livrer toute la quantité prévue au quota !

Quelles sont les vaches les plus rentables dans une ferme ? « Mes vaches en fin de lactation produisent moins, mais elles ne me coûtent pas cher. J’aime autant avoir quelques vaches de plus pour faire mon lait ! » On entend cette phrase très souvent. Avec un prix de fourrages aussi bas que 180 $/tm (coût de production des fermes très performantes), regardons ce que ces vaches génèrent comme marge par kilo de gras, sans tenir compte des frais d’alimentation des taures, qui seront plus nombreuses si l’on désire faire le quota avec plus de vaches. On parle ici de marge par kilo de gras pour les vaches seulement (comme indiqué à la page 2 de votre tableau mensuel La Coop).

Simulations avec trois vaches : 40, 30 et 20 kg de lait Lorsqu’on calcule le coût quotidien des concentrés par vache et par hectolitre de lait produit, on constate que plus il y a de lait, plus ça coûte cher. Par contre, quand on ajoute les fourrages au prix de 180 $/tm et qu’on tient compte de la production des vaches, autant en quantité qu’en composants, les plus faibles coûts/hl proviennent des grandes productrices, et la plus importante marge de profit/kilo de gras provient de ces mêmes vaches. Imaginez deux situations extrêmes à partir d’exemples d’une même ferme, avec les rations et les rendements du tableau 5 de la page 26. Vous produisez 50 kg de gras, avec des vaches qui, en moyenne, enregistrent une marge de 14,35 $/kg, comme celles du groupe des 40 kg de lait dans le tableau. Résultat : le groupe produit 1,56 kg de gras/jour et génère 717,50 $/jour de revenu net (revenu net total du lait moins les frais d’alimentation des vaches). Maintenant, faites le même exercice avec les mêmes 50 kg de gras, mais avec

le groupe des 20 kg de lait en moyenne. Résultat : ce groupe produit 0,86 kg de gras/jour et génère 13,43 $/kg. Il enregistre 671,50 $/jour de marge, soit 16 790 $ de moins par année que le groupe de 40 kg de lait ! Vous direz que c’est énorme, mais faire 50 kg de gras avec des marges par kilo dif­ férentes de seulement 0,92 $ (14,35 $ – 13,43 $), c’est effectivement ce que ça donne ! Il y a donc une certaine corrélation entre une production élevée et une marge élevée, mais ce n’est pas une règle automatique : il peut très bien y avoir des fermes avec des productions très différentes, mais avec des marges comparables. Produire ces 50 kg de gras avec les deux fermes de l’exemple du paragraphe précédent, c’est produire le quota avec 32 (40 kg de lait/jour) ou 58 (20 kg de lait/jour) vaches en lactation. Dans le deuxième cas, il faut alors 81 % plus de vaches pour produire le même quota ! Avec un taux de réforme comparable de 35 %, ces 26 vaches en lactation supplémentaires entraînent un nombre additionnel de 18 taures à élever, avec les frais variables qui s’y rattachent. Si on ne considère que l’alimentation pour les amener au vêlage (autour de 1600 $), ces 18 taures de plus coûteront environ 15 000 $ par année…

Parmi les éléments clés d’une bonne rentabilité, il y a la vente supplémentaire de kilos de protéine pour un même quota produit et la réduction des frais variables, attribuables au nombre de vaches en moins.

Et le ratio kilos de lait/kilo de concentré, dans tout ça ? Bien sûr, on vise le plus de lait produit par kilo de concentré servi. Le ratio 3 pour 1 est un repère. Vous avez 50 kg de quota effectif et manquez de lait pour faire les deux jours supplémentaires permis. Le niveau de fibre de la ration vous permet d’ajouter sans crainte 1 kg de maïs-grain. Sup­ posons que la production monte de 1,66 kg de lait par vache et qu’elle permet de produire ces deux

Ce n’est pas le ratio qui fait la liquidité à la fin du mois, mais bien la différence entre les revenus totaux et les dépenses totales.

Tableau 4 – Un exemple du tableau mensuel La Coop Litres/ Kg de gras/ Gras Protéine Ratio va/jr va/jr (kg/hl) (kg/hl) SNG/G

31,4

1,37

4,36

3,4

2,07

JEL

166

Int. entre Vaches vêlages lact.

398

51

Quota détenu

effectif

64,4

69,55

Gras produit

Marge de prod. (jours)

69,74

-1,3

Coût aliment. vache lactation Conc  ($/hl)

Total  ($/hl)

12,26

20,34

Marge sur alim ($/kg)

Prix du lait réel

12,02

86,25 $

MAI-JUIN 2014 | Le Coopérateur agricole

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Tableau 5 – Marge par kilo de gras selon la production et l’alimentation Groupe 1

Groupe 2

Groupe 3

Informations supplémentaires

Moyenne de production de lait (kg/jour)

40

30

20

Moyenne de lait au réservoir (kg/jour)

Taux de gras

3,9

4,1

4,3

Total kilos gras produits

91,30

Moyenne de kilos gras produits

1,22

Kilos de gras produit/vache/jour Protéines Nombre de vaches/groupe

1,56

1,23

0,86

3,20 %

3,30 %

3,40 %

25

25

25

Nombre total de vaches Lait produit total/jour

Aliments

30

75 2 250 litres

Prix/tm

Unité

Groupe 1

Groupe 2

Groupe 3

Maïs sec

220 $

kg

6

4

0

Gras

Orge

200 $

kg

3

4

5

Protéine

9,73 $

Supplément

870 $

kg

3

1,50

0

LAS

1,80 $

Minéral 18-5

1 200 $

kg

0,10

0,20

0,35

Transport

2,77 $

Balles carrées

145 $

kg

1,50

1,50

1,50

Déductions

4,36 $

Ensilage maïs

65 $

kg

8

8

8

Ensilage foin

74 $

kg

28

30

32

Groupe 1

Groupe 2

Groupe 3

Coût de concentrés/vache/jour

4,65 $

3,23 $

1,42 $

Coût de concentrés/hl

11,63 $

10,75 $

7,10 $

Coût des fourrages

2,81 $

2,96 $

3,11 $

Coût des fourrages/hl

7,02 $

9,86 $

15,53 $

Coût total/hl/groupe

18,65 $

20,61 $

22,63 $

Revenu/vache/jour

31,58 $

24,56 $

16,95 $

Revenu/vache/jour – coût alimentation lactation

24,12 $

18,37 $

12,42 $

Marge/kilo de gras (Vaches en lactation seulement)

14,35 $

13,87 $

13,43 $

Marge/kg gras – moyenne du troupeau

13,88 $

jours. Un kilo de grain pour 1,66 kg de lait : un très mauvais ratio, direz-vous. Et vous avez raison. Pourtant, ce serait une très bonne décision économique : si ces journées additionnelles vous échappent, vous ne pourrez pas les reprendre. Il n’est pas question d’ajouter des concentrés et d’entraîner une acidose, mais de servir une ration bien calculée et nécessaire aux vaches, selon leur potentiel de production. Ce n’est pas le ratio qui fait la liquidité à la fin du mois, mais bien la différence entre les revenus totaux et les dépenses totales. Donc, si je donne pour 0,22 $ de maïs à 50 vaches qui en ont besoin et qui me rapportent 1,25 $ de lait/jour chacune, c’est 1,03 $/jour à aller chercher par vache, soit 1545 $/mois. À 300 ml

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Le Coopérateur agricole | MAI-JUIN 2014

Prix/kg (FPLQ) 9,63 $

d’augmentation de production de lait par vachejour pour ce kilo de grain additionnel, ce serait le point mort, donc pas trop de risque, non ?

Question de rentabilité Les concentrés sont là pour complémenter vos fourrages, et une ration bien équilibrée a pour rôle de faire produire les vaches, de les garder en bonne santé et de vous permettre de faire le plus d’argent possible. Si, par exemple, vous diminuez les quantités de concentrés pour en abaisser le coût de 2 $/hl, et que la ration en a besoin selon le potentiel des vaches et la qualité des fourrages, l’impact pourrait être négatif sur la santé, la production et la marge par kilo de gras. Donc, s’ajouteront des frais de vétérinaire et d’achat de vaches. Rappelez-vous aussi que le nerf de la guerre, ce sera toujours la qualité des fourrages récoltés, bien conservés et servis aux vaches à volonté ! Prenez le temps de mesurer vos résultats et de cibler vos objectifs. Les experts-conseils La Coop sont là pour vous aider à les atteindre. Ils ont tous les outils pour le faire. Et la prochaine fois que quelqu’un vous demandera votre coût de concentrés par hectolitre, parlez-lui plutôt de votre marge par kilo de gras, car vous savez qu’il faut aller plus loin que les coûts…


L’ e f f e t b œ u f

Bruno Langlois, agronome

Conseiller spécialisé Production bovine La Coop fédérée bruno.langlois@lacoop.coop

Question d’équilibre (2 partie) e

Dans le dernier numéro, j’évoquais que, selon mon point de vue, la réalité financière d’une ferme bovine et, par ricochet, le revenu disponible pour ses propriétaires sont influencés par un minimum de quatre grands principes.

L

es deux plus évidents ont été traités dans le dernier numéro : la nécessité d’un bilan revenu-déboursés positif et l’opposition entre la rentabilité et les liquidités. En voici deux autres qui, pour moi, ont un impact tout aussi majeur.

Photo : LA COOP FÉDÉRÉE

Financement et type d’actifs La possibilité d’acquérir des actifs fait partie de nos quotidiens. Bien que des moyens plus radicaux aient déjà existé dans notre société, elle repose maintenant largement sur des transactions monétaires. Tout autant pour les individus que pour les entreprises. Pour transformer plus facilement ces possibilités en réalités, un outil basé sur la confiance (l’historique), la capacité de rembourser et les garanties disponibles a été développé : le financement, aussi appelé « crédit » ! Puissant outil, mais souvent mal utilisé. Il peut changer la donne entre une réussite et un insuccès. Pourquoi ? La première raison est liée au fait que, sans financement, le développement d’affaires est quasi impossible. Sans lui, il faudrait toujours accumuler la totalité des sommes nécessaires avant toute transaction. Un exploit souvent hors du commun ! Voilà pour son côté essentiel. En second lieu, le type de financement est en relation directe avec l’actif à acquérir. Ainsi, on n’utilise pas le même type d’emprunt pour acheter une terre ou un tracteur, pourtant deux actifs à long terme. Autre exemple : la marge de crédit qui donne la possibilité de se procurer des actifs utilisés à court terme lorsque les liquidités ne sont pas immédiatement accessibles. Toujours aussi simple en théorie.

Là où ça se corse, c’est quand le coût de certaines acquisitions est relativement faible. En pratique, on observe alors fréquemment un mauvais choix de solution financière. Un exemple ? L’achat de 10 vaches – un actif à long terme en production bovine – avec les liquidités courantes ou la marge de crédit. Le problème dans ce cas, c’est le risque « d’accoter », tôt ou tard, la marge de crédit qui aurait dû d’abord servir à payer « l’entretien » de la vache pour la période précédant la vente de son veau. Comme l’un de mes clients m’a déjà dit : « Ce n’est pas l’achat qui est difficile à supporter, c’est l’activité qu’elle génère… »

Optimisme débordant ? Récemment, j’entendais à la radio que les gens pessimistes-réalistes avaient une espérance de vie de 10 ans supérieure aux gens optimistes ! Une explication ? Selon les chercheurs, moins portés sur la « pensée magique », ces pessimistesréalistes utiliseraient plus de moyens préventifs qui leur permettent, en retour, de vivre plus longtemps. Appliqué aux entreprises, ce principe pourrait ressembler à l’utilisation de budgets et scénarios réalistes avant toute dépense. Pour éviter d’avoir à dire un jour : « C’est dans une bonne année que je me suis le plus calé ! » Dit autrement : il faudrait d’abord privilégier les dépenses non récurrentes qui améliorent immédiatement le revenu net, qui, à son tour, permettra ensuite de financer des acquisitions. À ce sujet, La Coop est très bien outillée pour vous aider à trouver les leviers qui auront le plus d’impact positif à court terme chez vous. En résumé, pour progresser, une entreprise doit conserver son équilibre : revenus et dépenses, rentabilité et liquidités, utilisation efficace du crédit et justification technicoéconomique des dépenses et investissements. Et cela est particulièrement vrai en production bovine. Là-dessus, je ne vous souhaite pas « Bonne chance ! » Je vous dis plutôt : « Bons succès ! »

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B ov i n

L’amour est « aussi » dans le bœuf

Texte et photos d’Étienne Gosselin, agronome, M. Sc.

Carol Tremblay et sa fille, Julie, sont aujourd’hui les seuls producteurs de bouvillons d’abattage au Saguenay–Lac-Saint-Jean, mais qu’à cela ne tienne : au lieu d’être solitaires, ils sont solidaires !

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uand on élève des bovins de boucherie à 435 km des terres à maïs de SaintHyacinthe et que les prix volatils du bœuf poussent à rogner continuellement les coûts de production, s’approvisionner localement en grains et en veaux d’embouche semble un choix résolument logique. Dernier parc d’engraissement de bouvillons dans l’enclave cultivable du Bouclier canadien qu’est le Saguenay–Lac-Saint-Jean, la Ferme Jenlica a décidé de s’entendre avec une quinzaine de producteurs vaches-veaux de sa région pour éviter que les veaux qu’elle achète n’empruntent inutilement aller-retour l’autoroute de la réserve faunique des Laurentides, fut-elle maintenant rapide et pittoresque, pour simplement aller parader dans un encan de la Beauce. La stratégie de Carol Tremblay : s’associer avec ses collègues éleveurs. « Ça nécessite beaucoup de confiance envers les autres », dit-il. « Le monde se tient plus, l’esprit coopératif est très fort dans la région », signale par ailleurs le conseiller en productions végétales de la ferme, Richard Larouche.

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En 2005, Carol et ses acolytes, regroupés dans l’Association des éleveurs de bovins de boucherie du Saguenay–Lac-Saint-Jean, ont donc monté un cahier des charges pour négocier plus directement les veaux d’embouche, le parc d’engraissement payant au passage une prime de 20 $ par tête pour les veaux qui répondent aux critères de ce cahier. Et en matière de veaux d’embouche, les Tremblay savent ce qu’ils veulent. Normal, ils ont été éleveurs de race pure Hereford dans une ancienne vie, avant que l’établissement d’une aluminerie à La Baie emporte leurs terres fortes et qu’ils se voient obligés de s’établir plus à l’ouest, de l’autre côté de la rivière Saguenay, à Saint-Ambroise. Ils ont aussi tâté de la semi-finition pendant une quinzaine d’années avant d’opter définitivement pour la finition, en 2005. Les exigences de la ferme sont donc strictes : on veut des veaux vaccinés, écornés, castrés et sevrés au moins 45 jours avant leur arrivée au parc, et qui ont été habitués à manger des grains, des fourrages et des minéraux. Pour sélectionner des veaux correspondant à ces critères, la ferme fait


La détermination du prix est une opération exécutée par un tiers, Daniel Zuchoski, de Réseau Encans Québec, qui calcule des prix moyens en se basant sur les ventes dans les encans de la province et de l’Ouest canadien. Il pondère ensuite ces prix selon le transport – limité à 12 $ par tête – et selon la qualité des bêtes. Par exemple, des déductions sont apportées si l’on a affaire à des femelles ou à des hybrides F1 plutôt qu’à des hybrides avec croisement terminal. Bref, Jenlica est partie prenante d’un réseau de commercialisation régional bien rodé, qui fonctionne rondement, rapportait d’ailleurs la journaliste Marie-Josée Parent dans Le Bulletin des agriculteurs de novembre 2013.

Même sans maïs

confiance à des producteurs de veaux d’embouche formés en tant que classificateurs et rétribués par Réseau Encans Québec. Mais les bons côtés ont leurs revers : le parc doit accepter autant les mâles que les femelles, la croissance de ces dernières étant moins rapide. La Ferme Jenlica permet d’écouler plus de 85 % des veaux des membres de l’Association, révèle son président, l’éleveur Stéphane Côté. On compte toutefois environ 5750 veaux produits annuellement dans la région, nous apprend l’agronome du MAPAQ Antoine Riverin, ce qui fait qu’environ le tiers des veaux de cette contrée nordique sont écoulés par la méthode de « vente supervisée », pour reprendre le jargon de la Fédération des producteurs de bovins du Québec. Pour environ 5 % de leurs achats de veaux, les Tremblay doivent recourir à des achats hors de la région, toujours en mode « vente supervisée ». Le transport moins long permet d’obtenir des animaux moins stressés, moins fatigués et moins déshydratés, qui s’adapteront plus vite à leur nouvel environnement d’élevage et auront une reprise rapide de la croissance. Le statut sanitaire des lots est aussi réputé meilleur, car des lots n’ont pas été mélangés outre mesure. Le taux de mortalité, à 0,5 %, est d’ailleurs plus faible que la moyenne des autres parcs québécois.

Pour faire passer des femelles de 750 à 1350 lb (340 à 612 kg) et des mâles de 750 à 1450 lb (340 à 658 kg) – le tout en cinq à huit mois –, presque tous les parcs d’engraissement québécois utilisent le maïs humide ou l’ensilage de maïs, qui offrent de l’énergie et des nutriments en quantité. Mais au royaume du Saguenay, il est encore trop hasardeux de cultiver le roi des grandes cultures. Chez Jenlica, on lui préfère donc l’orge et le triticale, une céréale hybride issue du blé et du seigle et présentant la productivité de l’un et la rusticité de l’autre. Actuellement, les rations contiennent du maïs-grain sec, mais « nous n’avons pas acheté une seule tonne de maïs pendant trois ans quand les prix étaient très élevés, déclare Carol. Comme nos céréales valent maintenant plus cher que le maïs proportionnellement à leur valeur nutritionnelle, nous préférons les vendre et

Une passerelle d’observation ceinture et surplombe les parcs, ce qui facilite l’observation des bouvillons. Les adeptes de L’amour est dans le pré auront d’ailleurs vu Julie la parcourir dans le coloré générique de cette émission.

Julie et son père, Carol, persistent et signent dans une production exigeante, qui a vu bien des producteurs cesser leurs activités.

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Richard Larouche et Annie-Pier Bouchard, experts-conseils de Nutrinor, apportent leurs idées à la Ferme Jenlica. Bruno Langlois, conseiller spécialisé en production bovine de La Coop, complète l’équipe.

acheter du maïs. » Le gain moyen quotidien n’en souffre pas (mâles : 1,7 kg en hiver et 1,8 kg en été; femelles : 1,5 kg en hiver et 1,6 kg en été). Même sans maïs, plus de 60 % des carcasses sont classées AAA ou Prime. La ferme, toujours à l’affut des nouveautés, a adhéré rapidement au programme Bœuf Qualité Plus (pendant québécois du programme canadien Verified Beef Production). Encore aujourd’hui, tous les finisseurs n’ont pas adhéré à ce programme volontaire. Avec des terres sablonneuses à profusion pour engraisser les tubercules, Saint-Ambroise est le paradis de la pomme de terre. Heureusement, les terres des Tremblay père et fille sont plus riches en particules fines et permettent de hauts rendements en orge (100 ha), triticale (160 ha), foin (140 ha) et canola (60 ha). « Nous avons aussi beaucoup de fumier à valoriser, ce qui facilite l’atteinte de bons rendements », expose Carol.

Photo : Attraction Images Productions Inc.

La crise a fait mal

Julie Tremblay et Jimmy Traversy : l’amour est bel et bien dans le pré!

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Même avec de bons rendements agronomiques et une grande efficacité technicoéconomique, l’année 2008 a été pénible à traverser pour la ferme. Quand le prix du bœuf a faibli à 1,15 $/lb, l’entreprise s’est acheminée vers un déficit de 240 000 $, raconte Carol. Pour répartir le risque et niveler les pics et les creux, le gestionnaire conclut donc des contrats sur des lots de bouvillons. De 50 à 60 % des bovins sont ainsi contractés à Cargill (Guelph), à coup de remorques pouvant transporter 44 têtes.

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Dans ses deux bâtiments qui comptent 1000 places au total, femelles et mâles sont élevés séparément. « Carol est un gars ordonné, dans ses bâtiments, dans sa gestion et dans sa tête, fait valoir Bruno Langlois, conseiller spécialisé en production bovine de La Coop fédérée. Il est en mesure d’analyser beaucoup de données techniques. » Et pour preuve : depuis 1985, l’homme de 53 ans utilise une base de données qu’il a montée lui-même pour archiver efficacement ses résultats et pouvoir les consulter afin de mieux comprendre l’évolution des performances de son entreprise. Même stratégie du côté des grains, où une partie du canola est vendue à l’avance au Secteur des grains de La Coop fédérée. De plus, afin d’économiser, la ferme n’hésite pas à acheter des lots de grains déclassés pour alimenter le bétail, ce qui permet aux céréaliculteurs du coin de trouver un débouché pour leurs grains de moindre qualité, une solution gagnante pour tous, selon Bruno Langlois.

Julie à l’écran Pendant la visite du Coopérateur à la ferme, Carol prenait à bras-le-corps chaque question, répondant avec aplomb. Julie, toujours un peu à l’écart, restait sagement en mode écoute. Chose certaine : Carol Tremblay peut s’estimer chanceux de compter sur une relève motivée et travailleuse en la personne de Julie, qui est déjà actionnaire minoritaire de la ferme depuis deux ans. Après une valse-hésitation sur son désir de reprendre l’entreprise fondée par son grand-père, Julie a fait le saut. Adepte de sports extrêmes, tels le parachutisme, le motocross et l’épandage du fumier ( !), la jeune femme de 25 ans se sent à sa place dans son rang Double et dans une production exigeante comme la production bovine. « Je n’ai pas le temps de m’ennuyer, dit la brune à l’ardent regard. J’ai besoin de bouger ! » Fille authentique qui ne joue pas de game et qui mord à pleines dents dans le steak de la vie, Julie a abordé le défi de participer à l’émission L’Amour est dans le pré, diffusée à V télé, de la même façon qu’elle fonce dans la vie : avec fougue ! Après des tournages ayant eu lieu à l’automne 2013, la diffusion des émissions se termine dans quelques jours, le jeudi 8 mai. La belle productrice agricole était la seule fille parmi les cinq participants. « Je n’ai pas eu peur du jugement des autres ni du ridicule pour trouver l’homme parfait », révèle Julie.


F i l i è r e p o r c i n e c o o p é r at i v e

Par Jessy Blanchette, M. Adm. Conseillère en communications, La Coop fédérée jessy.blanchette@lacoop.coop

Profil d’un directeur logistique et approvisionnement porc

Photo : Jessy Blanchette

Si la gestion de notre agenda peut parfois être un casse-tête, imaginez gérer celui de trois usines d’abattage qui reçoivent des milliers de porcs par semaine, livrés par des centaines de transporteurs ! C’est pourtant le travail de Pierre Gélinas, directeur logistique et approvisionnement porc chez Olymel, qui doit veiller à approvisionner en porcs les usines de Princeville, de Vallée-Jonction et de Saint-Esprit, en volume suffisant et, surtout, en temps utile.

Pierre Gélinas, directeur logistique et approvisionnement porc chez Olymel

Titulaire d’un baccalauréat en sciences de l’agriculture de l’Université McGill et membre de l’Ordre des agronomes, Pierre a orienté son choix de carrière par son intérêt pour la nature et les animaux. Mais la gestion des affaires est rapidement devenue un de ses sujets de prédilection; il s’est d’ailleurs muni d’un certificat en administration de l’Université du Québec en retournant sur les bancs d’école le soir. Avant de se joindre à l’équipe d’Olymel, Pierre a travaillé dans le monde coopératif, notamment pour Agropur, à titre de conseiller en production porcine, de représentant en approvisionnement à la ferme, puis de directeur de succursale. Il a également été responsable pendant 13 ans, pour les Éleveurs de porcs du Québec1, de la mise en marché collective, aussi connue sous le nom d’encan électronique. En 2001, Pierre a commencé à travailler au Service de l’approvisionnement d’Olymel, pour finalement devenir directeur logistique et approvisionnement porc, poste qu’il occupe depuis maintenant quatre ans.

Gardien du temps

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Anciennement la Fédération des producteurs de porcs du Québec

Le monde du transport comporte son lot d’horaires complexes et variables. C’est d’autant plus vrai lorsqu’on parle du transport d’animaux vivants ! Pierre doit tout de même faire en sorte que tous les partenaires puissent livrer leurs animaux, dans les plages horaires qui leur conviennent le plus possible et en respectant les besoins de la chaîne de production d’Olymel. La planification à moyen et à long terme des livraisons et de l’approvisionnement des usines doit également respecter les normes et

bonnes pratiques de bien-être animal, les ententes propres à chaque partenaire et, avant tout, composer avec les imprévus ! « Pour tout le monde, la meilleure période pour livrer demeure le jour, affirme Pierre. Très peu de gens se réjouissent de devoir livrer la nuit, mais comme il n’y a que 24 heures dans une journée, c’est une contrainte avec laquelle je dois composer dans la gestion des horaires. » Les producteurs, les transporteurs et les coopératives ont tous une réalité respective qu’il faut considérer lors de la planification, ce qui entraîne immanquablement des conflits d’horaires, auxquels Pierre doit remédier. « Les raisons de ne pas pouvoir respecter l’horaire sont nombreuses. Il faut faire preuve d’une grande réceptivité, savoir négocier et proposer d’autres possibilités, » affirme Pierre.

Renforcer la concertation Il existe de nombreux avantages à bien planifier le transport et la logistique, en concertation avec les intervenants de l’industrie. Dans ce milieu, il faut tirer profit des prises de position rapides qui nous permettent d’assurer l’efficacité et la biosécurité de nos installations pour l’ensemble des partenaires. Dans le contexte actuel, le transport est montré du doigt comme vecteur de propagation de maladies dans les élevages, notamment la diarrhée épidémique porcine, qui menace le Québec. En tissant des liens serrés avec les intervenants, en facilitant les communications, nous pouvons faire cheminer les procédures et répondre rapidement aux enjeux de l’industrie, au bénéfice de tous.

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Vol aille

Denis Caron, M. Sc., agronome

Nutrition avicole La Coop fédérée denis.caron@lacoop.coop

La R-D appliquée : pas toujours du copier-coller…

La recherche fait rapidement progresser l’aviculture. Mais il y a des étapes à respecter avant de passer de la station de recherche au poulailler.

D PhotoS : PATRICK DUPUIS

ans le numéro d’octobre 2012 du Coopérateur (« La R-D en aviculture, croissance et innovation »), on vous présentait la Station de recherche avicole Coop (SRAC) où sont réalisés de nombreux essais sur l’alimentation, la conduite d’élevage et la génétique des poules pondeuses et des poulets de chair. Bien sûr, les résultats de ces essais apportent des réponses très précises sur les performances zootechniques des oiseaux élevés dans diverses conditions. Les conditions dans lesquelles sont effectuées ces recherches, c’est-à-dire à plus petite échelle, nécessitent une phase de transfert pour leur application à l’échelle commerciale. On ne peut donc pas se contenter d’un simple « copier-coller ». Si on fait un parallèle avec le domaine alimentaire, il existe des cuisines de recherche et de développement, où l’on expérimente des recettes et détermine les dosages, des cuisines-pilotes, où une tentative d’industrialisation des procédés sera effectuée pour ajuster les paramètres de production à une échelle plus grande, et des cuisines de « phase finale », où on fait une mise en application à l’échelle industrielle. Eh bien, il en est à peu près de même pour les nouvelles technologies en aviculture. Que ce soient de nouvelles techniques dans les aliments ou pour la conduite de l’élevage, il est primordial de transposer nos trouvailles de la SRAC à l’échelle commerciale, en passant par une étape qu’on appelle

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dans notre jargon « la recherche commerciale » ou recherche appliquée. Pour ce faire, nous prenons la technologie étudiée à la SRAC, nous rencontrons les intervenants concernés qui travaillent au niveau commercial pour discuter de cette nouvelle technologie et, s’il y a lieu, ajuster certains paramètres. Enfin, toujours avec les intervenants appropriés, nous faisons l’essai de la nouvelle technologie à une plus grande échelle. Une image vaut mille mots. Par exemple, dans le poulet de chair, l’expression « plus grande échelle » peut signifier de faire l’essai sur deux poulaillers de trois étages comptant chacun 20 000 oiseaux. Un des deux poulaillers servira alors de témoin, c’està-dire qu’on y appliquera une technologie éprouvée et généralement de pratique courante au sein de l’industrie. Dans l’autre poulailler, la nouvelle technologie sera mise à l’essai. Nul doute qu’en réalisant cet essai à plus grande échelle, nous tentons de maîtriser le maximum de paramètres pour qu’il y ait le moins de variables possible entre les deux poulaillers, tout en étant conscients que cette maîtrise sera de moindre envergure qu’à la station de recherche. Les différences pouvant survenir au courant de l’élevage doivent être minimisées le plus possible entre les deux poulaillers à l’étude. Dans cet exemple, donc, il serait souhaitable que l’entrée des poussins se fasse le même jour dans les deux poulaillers – afin de minimiser l’effet des conditions climatiques


extérieures et leurs répercussions sur l’ambiance du poulailler –, que les poulets fassent l’objet de la même conduite, que les tournées de poulaillers s’effectuent de la même façon, etc. Pourquoi tout ce processus strict ? Pour maximiser l’exactitude et la justesse de la mesure de la réponse à la nouvelle technologie. Voici quelques exemples de projets ayant passé par ce processus de recherche et développement en production avicole au cours des dernières années : • les lumières DEL dans l’élevage des pondeuses et poulets de chair; • les solutions de rechange aux copeaux de bois dans les élevages de poulets de chair; • la mise sur pied des programmes alimentaires et nutritionnels des gammes « STD » et « HP » pour poulets de chair; et • le raffinement nutritionnel des aliments pour pondeuses commerciales afin de diminuer les problèmes métaboliques, tels que le foie gras, tout en maximisant la production d’œufs.

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L’erreur est toujours possible, quand vient le temps de mesurer, et c’est ce qui nous importe lorsque nous sommes en phase de transfert technologique à l’échelle commerciale. Cette erreur, s’il y en a une lors de la mesure, sera multipliée par l’écart entre l’échelle de l’essai et l’échelle commerciale. De quelques milliers d’oiseaux lors des essais à quelques millions en phase commerciale, l’erreur n’a pas besoin d’être grande pour qu’elle ait un gros impact… Passer de façon graduelle à l’échelle commerciale permet aussi de mettre en place une nouvelle technologie sans qu’un problème surgisse avec un paramètre qui n’avait pas été mesuré lors des essais à plus petite échelle (soit parce que ce paramètre était de peu d’importance à petite échelle, mais qu’il l’est devenu à plus grande échelle).

Une des forces du réseau La Coop, c’est de pouvoir mener des essais à l’échelle commerciale avec les technologies les plus prometteuses, dans les meilleures conditions pour les tester, et de rendre rapidement accessibles les avancées qui passeront l’épreuve ultime : la satisfaction du producteur.

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P r o d u c t i o n s v é g é ta l e s

Daniel Gingras, T.P. Expert-conseil en productions végétales La Coop Unicoop daniel.gingras@csqca.coop

La plasticulture, polyvalence et commodité L’utilisation du plastique en agriculture a commencé dans les années 1960 en Europe. Au Québec, des producteurs l’ont adopté vers le milieu des années 1970. Grâce à cette technique, de nombreuses améliorations ont été réalisées en ce qui concerne le prolongement de la période de production, la qualité des fruits et légumes, le rendement et la protection des cultures contre les variations de température.

L Photos : daniel gingras Photo : a preciser

a plasticulture est en constante évolution grâce à la venue de nouveaux matériaux plus écoresponsables, comme le paillis biodégradable, à l’apparition de filets pour protéger les cultures contre les insectes et les intempéries, et à l’utilisation dans des productions hors-sol.

Les paillis plastiques Les paillis plastiques sont faits de polyéthylène. Ils sont offerts en plusieurs couleurs, épaisseurs, largeurs et longueurs de rouleaux. Le paillis plastique est installé à plat ou sur une butte. La performance du paillis est directement liée à la qualité de son installation. Le sol qui se retrouvera sous le paillis doit obligatoirement être très bien préparé, être exempt de mottes de plus de 3/8’’, et ne contenir que très peu de résidus végétaux. Enfin, le sol ne doit être ni sec (farineux) ni boueux. Le choix d’un bon paillis doit répondre à vos besoins particuliers de types de sol et de cultures et au nombre de saisons où vous comptez l’utiliser.

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Il y a de nombreux avantages à utiliser un paillis plastique. Celui-ci : • empêche la croissance des mauvaises herbes; • augmente la température du sol; • améliore la qualité des récoltes; • prévient le lessivage des fertilisants; • réduit l’utilisation des herbicides; • protège de l’érosion causée par la pluie; • conserve l’humidité du sol en prévenant l’évaporation de l’eau; • réduit la saleté et les pourritures en empêchant les fruits et légumes d’entrer en contact avec la terre; • élimine le dommage aux racines, en limitant le sarclage aux allées; • protège contre les maladies transmises par le sol. Le choix de couleur du paillis plastique sera déterminé par le besoin de chaleur que requiert la plante. Pour les cultures demandant un sol chaud,


comme le maïs sucré, les paillis plastiques clairs, verts et bruns seront utilisés. Alors que pour les cultures ayant besoin d’un sol plus frais, comme les tomates, les concombres, les poivrons et les fraises, on privilégiera un paillis noir, argenté d’un côté et noir de l’autre ou blanc d’un côté et noir de l’autre. Il y a trois catégories de paillis plastiques : les paillis de polyéthylène « conventionnels », les paillis photodégradables et les paillis biodégradables. Les paillis en polyéthylène conventionnels doivent être retirés à la fin de la saison, manuellement ou mécaniquement. Les paillis photodégradables contiennent un additif qui, sous l’action de la lumière et de la chaleur, dégrade le paillis. Par contre, les parties du paillis enfouies dans le sol ne se dégraderont pas et devront être enlevées. Enfin, les paillis biodégradables sont des produits faits à partir de ressources renouvelables, comme les amidons de diverses cultures non génétiquement modifiées (maïs et autres céréales, pommes de terre) et les huiles végétales.

La température, l’humidité et les microorganismes dans le sol décomposent le paillis biodégradable en eau, en dioxyde de carbone (gaz carbonique) et en biomasse. Il n’y a donc aucun résidu toxique dans le sol. Le paillis biodégradable possède les mêmes caractéristiques mécaniques et physiques que le paillis de polyéthylène, mais sans l’impact négatif sur l’environnement et sans les coûts d’enlèvement, d’enfouissement et de recyclage. Il existe différents modèles de machines pour travailler avec le paillis : la buteuse et dérouleuse, le transplanteur, le semoir et la souleveuse à plastique.

L’irrigation par goutte-à-goutte C’est une forme d’irrigation qui se fait à l’aide d’un tube en plastique doté de minuscules perforations (goutteurs) qui distribue l’eau, les fertilisants et les produits chimiques de façon précise et uniforme directement à la racine des plantes. Le tube doit être enterré à ½ ou ¾ po sous terre avec les goutteurs installés vers le haut, afin de distribuer l’eau directement sur la zone racinaire. u

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Les avantages de l’irrigation goutte-à-goutte sont nombreux. Elle permet une économie d’eau de 60 % comparativement à un système d’irrigation par aspersion. La quantité d’eau peut être régulée avec exactitude pour une croissance maximale. Le goutte-à-goutte réduit considérablement la perte d’eau par évaporation, ruissellement et érosion. Il est facile à installer. En l’utilisant, vous obtiendrez un excellent rendement, une qualité et une uniformité des fruits et légumes ainsi qu’une diminution des maladies.

Le mini-tunnel Le mini-tunnel est composé d’arceaux de métal recouverts d’une pellicule de plastique perforée. Il agit comme une petite serre et maintient un climat chaud au début du printemps. Le mini-tunnel est utilisé pour le concombre, la courge, le cantaloup et le melon. Ses avantages sont nombreux : • une production plus hâtive de 10 à 20 jours, selon la culture; • une croissance uniforme des plants; • un meilleur rendement; • une qualité supérieure de fruits et de légumes.

Photos : daniel gingras

Pour l’installation, il existe deux modèles de machines. La première installe les arceaux et déroule le plastique en une seule opération. Avec l’autre modèle, on doit installer les arceaux, puis la machine pose le plastique sur les arceaux.

Le mini-tunnel prolonge la saison de production au printemps et à l’automne. Il procure un meilleur rendement, réduit l’incidence des maladies causées par la pluie et protège les plants contre la grêle, le vent et les fortes pluies. Autre point intéressant : la structure du mini-tunnel se déplace aisément, ce qui est idéal pour les producteurs qui produisent sur des terres en location.

La couverture flottante non tissée Cette technique consiste en un voile composé de trois couches superposées de couvertures non tissées. Les couvertures non tissées sont utilisées pour protéger les cultures contre le gel, le vent et les insectes. Elles agissent comme couvertures thermiques pour favoriser la croissance hâtive des cultures et augmentent le rendement. Plusieurs épaisseurs sont offertes, selon les besoins : • P12 est un voile ultraléger contre les insectes et à faible effet thermique; • P17 et P19 sont des voiles légers et résistants qui améliorent la précocité (7 à 10 jours); • P22 est un voile thermique qui apporte une protection accrue contre le froid (– 1 à – 2 °C, selon la culture); • P30 et P40 sont des voiles thermiques puissants pour une protection hivernale. Il est important, selon le type de culture, de retirer la couverture perforée ou non tissée en fonction du stade de croissance de la plante afin de favoriser la pollinisation.

Le mini-tunnel rétractable Il s’agit d’un mini-tunnel dont les côtés sont rétractables. Il est simple, rapide à installer, facile à manœuvrer et son coût est trois fois moins élevé qu’un grand tunnel. Il est composé d’arceaux et d’un film transparent thermique perforé sur les côtés. Des élastiques de type « bungee » permettent de maintenir la structure et de remonter et descendre les côtés.

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Les filets contre les insectes Il y a quelques années, les filets sont apparus pour lutter de façon plus écologique contre les insectes. Les filets n’ont aucun effet thermique. Leur utilisation permet d’éliminer ou de réduire l’usage des produits phytosanitaires. Les filets sont utilisés dans les champs, dans les serres ou dans les grands tunnels. Ils peuvent être apposés directement sur le plant ou sur les arceaux. Certains producteurs préfèrent installer des arceaux pour mieux protéger leurs cultures, car le filet peut toucher le feuillage, permettant ainsi aux insectes de pondre sur les feuilles.

La production hors sol en serre Une nouvelle tendance qui commence à s’implanter au Québec est la culture hors sol. Les plants sont dans les contenants supportés par une gouttière ou un tuyau. Les plants sont irrigués par des piquets et des goutteurs dans les contenants et par humidification par microaspersion sous les plants. La culture hors sol offre de nombreux avantages :

• possibilité d’expansion plus grande; • production uniforme; • meilleur rendement; • qualité des fruits accrue; • cueillette facilitée; • incidence réduite des maladies; • période de production allongée. Les différentes méthodes culturales présentées sont adaptées à la plupart des cultures maraîchères au Québec. C’est un secteur en pleine expansion où l’ingéniosité ne manque pas.

L’auteur tient à remercier Lise Martin, de Dubois-Agrinovation, pour sa collaboration.

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P r o d u c t i o n s v é g é ta l e s

Brigitte Lapierre, agronome Conseillère spécialisée en plantes fourragères et en conservateurs d’ensilage La Coop fédérée brigitte.lapierre@lacoop.coop

L. buchneri…

Est-ce la meilleure solution ?

L Photo : Bernard diamant

orsqu’on parle de conservation d’ensilage, le mot à la mode est « buchneri ». Les Lactobacillus buchneri sont des bactéries qui aident à maintenir la stabilité aérobie des ensilages. Devrais-je en utiliser dans l’ensilage de luzerne ? Est-ce que je peux en mettre sur le dessus de mon silo ? Est-ce aussi efficace que l’acide propionique ? Est-ce que tous les L. buchneri agissent de la même façon ? Voilà quelques questions que vous vous êtes sûrement déjà posées si vous utilisez l’ensilage comme mode de conservation. Le but de cet article est d’expliquer comment bien les utiliser. Pour assurer un ensilage stable et de qualité, quatre éléments sont requis : • une teneur adéquate en humidité; • un niveau suffisant de sucres dans la plante; • le retrait rapide de l’oxygène; • une prédominance de bactéries productrices d’acide lactique efficaces. Sur le marché québécois, deux principales sources de bactéries productrices d’acide lactique sont offertes : les homofermentaires (consomment des sucres et produisent de l’acide lactique) et les hétérofermentaires (consomment des sucres et produisent de l’acide lactique et de l’acide acétique).

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Les bactéries homofermentaires, dont l’espèce la plus courante est Lactobacillus plantarum, permettent d’abaisser rapidement le pH. Cela permet de mieux conserver l’intégrité des nutriments tels que la protéine et une partie des sucres. La perte de matière sèche est aussi diminuée grâce à la grande efficacité de ces bactéries. Toutefois, l’acide lactique n’a pas de propriétés antifon­g iques. Pour limiter la propagation des moisissures, il faut donc s’assurer de l’étanchéité du silo et de prélever suffisamment d’ensilage chaque jour. Le tableau de la page 39 résume bien la quantité d’ensilage que l’on devrait prélever quotidiennement selon le type de silo et la température extérieure. Les bactéries hétérofermentaires, dont fait partie L. buchneri, aident à maintenir la stabilité de l’ensilage exposé à l’air grâce à l’acide acétique et à d’autres produits de fermentation. Cette espèce est donc tout à fait appropriée pour les ensilages servis au cours de l’été ou lorsque la quantité quoti­d ienne prélevée est insuffisante pour empêcher la dégradation de l’ensilage exposé à l’air. Bien que les inoculants L. buchneri puissent fonctionner de la même façon avec les ensilages de luzerne et de graminées, la stabilité aérobie (en présence d’air) est plus problématique pour les ensilages contenant de grandes quantités d’amidon, comme c’est le cas pour les céréales et le maïs. De plus, il est primordial de savoir que


Type de silo

Température ambiante inférieure à 4 °C

Température ambiante supérieure à 4 °C

Silo-tour

7,5 cm (3 po)

10 cm (4 po)

Silo-couloir

10 cm (4 po)

15 cm (6 po)

Silo-tube

10 cm (4 po)

15 cm (6 po)

Source : Jones et coll., 2004

cette bactérie nécessite de un à deux mois après la mise en silo pour produire une quantité d’acide acétique suffisante pour inhiber les microbes indésirables. La Ferme de recherche en productions végétales de La Coop fédérée, en collaboration avec l’entreprise Agro-Bio Contrôle inc., a réalisé un essai à l’automne 2013 afin de vérifier que peu importe la souche de L. buchneri, l’utilisation d’une telle espèce dans le haut du silo n’est pas la meilleure affaire ! Pour ce faire, trois produits commercialisés au Québec et contenant des L. buchneri (11CFT de Pioneer, Biotal Buchneri 500 de Lallemand et Enersile B de La Coop) ont été comparés à l’utilisation de l’acide propionique (Solution Foin) et à de l’ensilage non traité. L’essai s’est déroulé en minisilos (chaudières de 5 gallons - 23 litres) avec l’hybride de maïs-ensilage Elite « Durango », qui est bien adapté dans une zone de maturité de 2400 à 2700 UTM. La récolte de l’ensilage s’est effectuée le 30 août 2013 et deux chaudières par traitement ont été ouvertes le 3 septembre 2013 (jour 0). Les chaudières ouvertes seulement trois jours après la récolte représentent bien les conditions d’une partie supérieure de silo non fermé à partir de laquelle on sert de l’ensilage non fermenté aux vaches. La température des ensilages ainsi que l’apparition des moisissures ont été notées chaque jour, et ce, pendant une période de 14 jours. Résultats : au jour 2 (le 5 septembre), l’ensi­ lage non traité commençait déjà à montrer des signes de moisissures (photo 1). Au jour 3 (le 7 septembre), tous les ensilages traités avec un L. buchneri commençaient eux aussi à présenter

des signes de prolifération d’organismes non souhaités (photos 2, 3 et 4). Seul l’ensilage traité avec de l’acide propionique (Solution Foin) a maintenu un ensilage de qualité, même exposé à l’air ambiant, et ce, jusqu’à 14 jours (photo 5). Cet essai se voulait surtout qualitatif quant à la détérioration de l’ensilage exposé immédiatement à l’air et non fermenté. Il a quand même bien démontré que les L. buchneri nécessitent vraiment plus que quelques jours avant que leurs produits de fermentation soient efficaces pour tenir en échec les levures ou moisissures, comme stipulé dans les références scientifiques, peu importe la souche utilisée. Dans le cadre de cette expérience, on a conservé d’autres minisilos scellés pendant au moins 90 jours. Plusieurs autres données seront mesurées (par exemple, la stabilité aérobie, la digestibilité, le profil d’acides organiques, l’azote ammoniacal, etc.) sur leur contenu. Cet essai en minisilos bien compactés et hermétiques à 100 % procure des conditions idéales de conservation de l’ensilage. En résumé, l’usage de bactéries L. buchneri est approprié – surtout pour l’ensilage de maïs, à cause de sa forte teneur en amidon – lorsqu’un problème de stabilité aérobie est appréhendé ou encore par journées chaudes, lorsque l’ensilage risque de se détériorer. Si l’ensilage est traité aux L. buchneri, mais qu’il n’a pas fermenté au moins de 30 à 60 jours, la maîtrise de la prolifération des levures et moisissures n’est vraiment pas assurée. Si vous n’avez pas de problèmes de stabilité aérobie, l’usage de bactéries homofermentaires, comme celles contenues dans Coop Sile II ou Enersile 5, est tout à fait approprié. Ces bactéries permettront à votre troupeau d’atteindre de meilleures performances. Toutefois, rappelez-vous que peu importe la source de bactéries utilisée, celle-ci ne remplacera pas une bonne régie. Les additifs d’ensilage doivent être utilisés dans le but qu’un bon ensilage soit meilleur et non pas qu’un mauvais ensilage devienne bon !

Photo 1 Ensilage non traité, jour 2

Photo 2 Ensilage traité avec Biotal Buchneri 500, jour 3

Photo 3 Ensilage traité avec Enersile B, jour 3

Photo 4 Ensilage traité avec 11CFT, jour 3

Photos : Britte Lapierre

Photo : Pierre cadoret

Épaisseur minimale d’ensilage à prélever quotidiennement selon le type d’entreposage et la température extérieure

Photo 5 Ensilage traité avec de l’acide propionique, jour 14

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P r o d u c t i o n s v é g é ta l e s

Stéphane Perreault, agronome

Conseiller spécialisé, pommes de terre et petits fruits La Coop fédérée

Confine Extra Un outil de premier plan dans la gestion des maladies

Pour obtenir de hauts rendements dans la production de pommes de terre, il est indispensable de lutter contre les maladies. À vrai dire, l’atteinte d’un rendement tout court requiert de constamment tenir à l’écart les différents pathogènes. D’année en année, de nouveaux outils et techniques s’offrent à nous pour venir à bout de ces indésirables. En 2013, on a lancé le fongicide Confine Extra. Qu’a-t-il donc de différent pour mériter notre attention ?

T

out d’abord, le Confine Extra est un fongicide ayant peu d’impact sur l’environnement et la santé. Son délai d’utilisation avant la récolte n’est que d’un jour. Il est composé à 53 % de sels d’acide phosphoreux, qui se transforment en phosphites dans la plante. Pour la culture de la pomme de terre (à l’exception de la semence), on a le choix entre deux modes d’utilisation.

Traitement foliaire En traitement foliaire, Confine Extra est homologué contre le mildiou, aussi appelé brûlure tardive (Phytophthora infestans), et contre la pourriture rose (Phytophthora erythroseptica). Un de ses principaux avantages est sa capacité à se déplacer à l’intérieur de la plante. C’est un fongicide systémique complet et parmi les

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plus mobiles sur le marché. Lorsqu’on l’applique sur la feuille, il se déplace tant vers les points de croissance que vers les tubercules dans le sol, protégeant ainsi l’ensemble de la plante. De plus, lors de l’application, il procure un effet de contact qui détruit rapidement les spores de mildiou présentes sur les tissus.

Photos : Rick Peters, AAC.

Photo : Stéphane Perreault

stephane.perreault@lacoop.coop

Mildiou sur feuillage

La meilleure approche pour maximiser l’efficacité du Confine Extra est de débuter par une première application au stade initiation des tubercules, en combinaison avec la petite dose de Bravo Zn. Deux autres applications suivront toutes les deux semaines. L’objectif, comme mentionné plus haut, est l’atteinte d’un niveau suffisant de phosphites dans la plante et dans les tubercules afin d’obtenir une bonne protection du feuillage et des pommes de terre qui seront entreposées.


Pourcentage de tubercules affectés par le mildiou et la pourriture rose en fonction du traitement – 1 heure après l’infection En plus de son effet fongicide, le Confine Extra influence la formation des protéines dans la plante, comme l’ont démontré des études récentes réalisées à l’Université Dalhousie (NouvelleÉcosse). Les chercheurs ont observé qu’à la suite de son application, 62 protéines, dont 35 liées aux mécanismes de défense de la plante, étaient produites en plus grande quantité à l’intérieur des tissus végétaux traités. Cette réaction a permis à la plante de mieux se défendre contre les différentes maladies. À titre d’exemple, et bien que cela ne figure pas sur l’étiquette du produit, une réduction des dommages causée par la brûlure hâtive (Alternaria solani) a été observée dans des essais au Manitoba.

Traitement postrécolte La deuxième façon d’utiliser le Confine Extra est en traitement postrécolte directement sur les tubercules. Il les protège ainsi de la tache argentée (Helminthosporium solani), en plus du mildiou et de la pourriture rose. Il est important d’effectuer le traitement rapidement après la récolte, en ayant soin d’éliminer le maximum de débris au préalable. Il est essentiel de couvrir uniformément les pommes de terre pour permettre au produit de détruire les spores au contact, puis de pénétrer vers l’intérieur. Notons qu’il ne faut jamais appliquer plus de deux litres de bouillie par tonne métrique, afin d’éviter de mouiller les tubercules.

Pourriture rose sur tubercule

L’efficacité du traitement est surprenante. Au cours d’essais effectués par le P r Rick Peters, d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, à l’Île-du-Prince-Édouard, des tubercules ont été

Traitement

Tubercules avec mildiou ( %)

Tubercules avec pourriture rose Souche résistante au Ridomil ( %)

Tubercules avec pourriture rose Souche sensible au Ridomil ( %)

Témoin

72,5

82,5

82,5

Confine

0

0

0

Source : Pr Rick Peters, AAC, 2009

inoculés manuellement avec une solution contenant des spores de pourriture rose ou de mildiou, puis traités au Confine Extra. Les résultats parlent d’eux-mêmes (voir le tableau). Toutefois, il faut noter que le Confine Extra n’est pas curatif et qu’on ne devrait jamais entreposer des tubercules présentant des symptômes de maladies. Les traitements à base de phosphites sont de plus en plus la norme. Lors d’un récent voyage dans le Maine, j’ai eu l’occasion de m’entretenir avec le P r Steven Johnson, de l’Université du Maine, qui me disait qu’actuellement la majorité des volumes de pommes de terre dans cet État sont ainsi traités.

Mildiou interieur du tubercule

Phosphites ou phosphates ? Il ne faut pas confondre phosphates (P2O5) et phosphites (P2O3). Les phosphites n’ont aucune valeur nutritive pour la plante, contrairement aux phosphates, qui sont contenus dans les fertilisants minéraux. Notez que l’application d’engrais liquide contenant des phosphates ne protège aucunement contre les maladies. Ce sont les phosphites qui agissent comme fongicide. Le Confine Extra a d’ailleurs été le premier fongicide de ce type à être homologué au Canada. L’homologation est basée sur plusieurs études qui ont permis de déterminer les doses requises en fonction de la concentration du produit pour obtenir l’effet antifongique optimal. En conclusion, il ne faut pas sous-estimer le mildiou et la pourriture rose. Ces pathogènes peuvent causer des pertes très importantes lorsque les conditions environnementales les favorisent. Le Confine Extra est un outil incontournable à inclure dans votre plan de lutte intégrée afin de bien maîtriser ces maladies. Son faible risque pour l’environnement, son action au contact, sa capacité systémique complète et son effet sur les défenses de la plante témoignent de la portée de ce fongicide.

Pourriture rose intérieur

Tache argentée

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A f fa i re s é c o n o m i qu e s

L’effet de la taille

des entreprises sur certains ratios En théorie, l’augmentation de la taille des entreprises peut se traduire par des économies de coûts et des gains de productivité. L’analyse des ratios financiers permet de rendre compte de l’incidence de la taille des entreprises sur leur rentabilité économique et financière.

L Photo : istock

a taille des entreprises peut se définir selon différents critères, tels que le revenu, la superficie, le nombre d’employés, etc. Pour les besoins de notre analyse, le critère du revenu semble le plus approprié pour classer les entreprises. Toutefois, des questions subsistent. Qu’est-ce qu’une petite entreprise et qu’est-ce qu’une grande entreprise ? Est-ce qu’une petite entreprise porcine réalise un chiffre d’affaires similaire à celui d’une petite entreprise céréalière ? Par exemple, une entreprise qui fait un chiffre d’affaires de 100 000 $ peut être considérée comme grande dans la culture de l’ail biologique, mais elle serait tenue pour petite dans l’élevage porcin. À l’aide d’une extraction spéciale de l’Enquête financière sur les fermes, établie par Statistique Canada, on a réalisé une analyse du bilan et des états financiers de 2000 entreprises québécoises ayant des revenus bruts minimaux de 10 000 $ et classées en fonction de la taille. Concernant ce dernier critère, l’analyse a aussi porté sur les

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secteurs bovins laitiers, céréales et oléagineux, bovins de boucherie, porcs, et volailles et œufs, ainsi que sur l’ensemble du secteur agricole. Il faut noter qu’une ferme est classée dans une production précise si elle tire 50 % ou plus de son revenu de cette activité, et que l’analyse concerne la période 2006-2011. Les petites entreprises représentent le tiers des entreprises avec le revenu brut le plus faible, les moyennes entreprises composent le tiers suivant et les grandes forment le tiers des entreprises au revenu brut le plus élevé. Cette approche tient compte des particularités propres à caractériser la taille de chacun des secteurs, comparativement à un intervalle fixe relatif aux revenus appliqué à tous les secteurs. Le tableau 1 établit la comparaison du revenu agricole brut des fermes de l’échantillon, en moyenne, selon la taille de l’entreprise et le type de production. Tous les calculs qui suivent tiennent compte des paiements de programme de sécurité du revenu.


peuvent être prépondérantes dans une classe de revenu) de celles de bouvillons (qui peuvent l’être dans une classe différente). Il en va de même pour les entreprises porcines de type naisseur, naisseur-finisseur et finisseur. Cette disparité entre les systèmes de production peut influencer la comparaison des ratios financiers. Les résultats sont néanmoins présentés en raison de leur valeur à titre informatif. Il est aussi à noter que l’analyse reflète le contexte des entreprises au Québec.

Marge bénéficiaire et taille des entreprises

Par Clodéric Marquis

Direction des politiques et analyses   des risques agricoles Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries   et de l’Alimentation

Il est important de préciser que les résultats suivants représentent des constatations générales qui reflètent la moyenne des entreprises. Dans toutes les productions, il y a des entreprises qui obtiennent de meilleurs ou de pires résultats sans égard à leur taille. À noter que pour certains secteurs, tels que le bovin de boucherie et le porc, l’effet de la taille doit s’interpréter avec une certaine prudence. Les données extraites de l’Enquête financière sur les fermes ne permettent pas de distinguer, par exemple, les entreprises de vache-veau (qui

La marge bénéficiaire équivaut à la part de profit sur un dollar de revenu agricole brut. Pour la calculer, on retranche du bénéfice net d’exploitation l’amortissement (estimé) et on divise le résultat obtenu par les revenus bruts totaux. Un résultat négatif révèle une perte économique pour l’entreprise, alors qu’un résultat positif indique un profit (tableau 2, page 44). À cet égard, le pourcentage de profit sur un dollar de revenu agricole brut augmente en proportion de la taille dans les cultures de céréales et oléagineux de même que dans les élevages de bovins de boucherie. Les économies de taille et l’utilisation des capitaux de façon plus intensive expliquent en partie ces résultats. Le ratio est stable pour ce qui est des productions soumises à la gestion de l’offre. Ce système assure une plus grande stabilité en ce qui a trait à la marge bénéficiaire entre les diverses tailles d’entreprises. Finalement, le ratio diminue dans les exploitations porcines à mesure que leur taille augmente. Cela est attribuable aux différences dans le système de production. Les naisseurs se retrouvent davantage dans la catégorie petite taille, alors que les naisseurs-finisseurs sont davantage de taille moyenne et que les finisseurs sont davantage de grande taille. u

Tableau 1 - Comparaison du revenu agricole brut des fermes de l’échantillon (moyenne pour 2006-2011) Taille

Céréales

Bovins

Lait

Porcs

Volailles

Tous

Petite (33 %)

35 665 $

23 789 $

174 686 $

103 660 $

190 024 $

51 496 $

Moyenne (33 %)

113 247 $

59 764 $

333 621 $

387 185 $

703 182 $

222 805 $

Grande (33 %)

521 092 $

434 256 $

687 552 $

1 273 559 $

2 053 742 $

772 712 $

Globale (100 %)

223 944 $

173 238 $

399 102 $

591 454 $

985 987 $

305 568 $

Source : Statistique Canada, Enquête financière sur les fermes, extraction spéciale; compilation du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ)

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Tableau 2 - Marge bénéficiaire selon la taille des entreprises et leur type de production (moyenne pour 2006-2011) Taille Petite (33 %)

Céréales

Bovins

Lait

Porcs

Volailles

Tous

– 14,8 %

– 21,8 %

17,1 %

10,8 %

9,3 %

– 1,1 %

Moyenne (33 %)

6,3 %

3,3 %

17,1 %

5,8 %

12,2 %

15,6 %

Grande (33 %)

9,5 %

4,3 %

14,8 %

2,4 %

11,6 %

10,6 %

Globale (100 %)

7,7 %

3,1 %

15,8 %

3,6 %

11,6 %

10,3 %

Source : Statistique Canada, Enquête financière sur les fermes, extraction spéciale; compilation du MAPAQ

Tableau 3- Ratio de paiements de programme selon la taille des entreprises et leur type de production (moyenne pour 2006-2011) Taille

Céréales

Bovins

Lait

Porcs

Volailles

Tous

Petite (33 %)

18,1 %

40,8 %

Moyenne (33 %)

13,3 %

39,7 %

3,8 %

10,7 %

2,8 %

25,2 %

4,2 %

20,9 %

1,8 %

9,6 %

Grande (33 %)

9,6 %

22,3 %

4,6 %

Globale (100 %)

10,7 %

25,2 %

4,3 %

18,3 %

1,7 %

8,4 %

18,4 %

1,3 %

8,9 %

Source : Statistique Canada, Enquête financière sur les fermes, extraction spéciale; compilation du MAPAQ

Proportion des paiements de programme et taille de l’entreprise Le ratio des paiements de programme correspond au pourcentage de paiements de programme par dollar de revenu agricole brut. Pour établir ce ratio, on divise les paiements de programme reçus par l’entreprise par ses revenus bruts totaux. Dans l’ensemble des productions, exception faite des secteurs porcin et laitier, les paiements de programme diminuent à mesure que la taille de l’entreprise augmente (tableau 3). En effet, les économies de taille obtenues permettent à l’entreprise de générer davantage de revenus bruts, ce qui contribue à réduire la part de l’aide publique dans le revenu brut de l’entreprise. Pour la production porcine, les différents systèmes de production, de même que la présence d’entreprises contractuelles, expliqueraient en partie cette relation.

Taux d’endettement et taille des entreprises Le taux d’endettement correspond au pourcentage d’actif qui est financé au moyen de la dette. Pour calculer ce taux, on divise le passif total par l’actif total de l’entreprise. Il est à noter qu’il s’agit de l’actif et du passif selon la valeur marchande.

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Pour toutes les productions, le taux d’endettement augmente suivant la taille des entreprises. Ces résultats corroborent l’idée que l’entreprise qui cherche à développer ses activités financera ses projets davantage en contractant des emprunts qu’en utilisant ses liquidités. (figure 1, page de droite).

Productivité du capital et taille des entreprises La productivité du capital équivaut à la capacité de l’entreprise à réaliser des ventes de produits au moyen de ses actifs productifs. Elle se mesure en divisant les ventes par les actifs à long terme. À titre d’exemple, dans le tableau 4, (page de droite) le ratio de la productivité du capital pour les petites entreprises céréalières s’interprète comme suit : chaque tranche de 100 $ d’actif génère un revenu du marché de 5,50 $. Le tableau 4 montre que plus la taille de l’entreprise augmente, plus la productivité du capital s’accroît. Si l’on dresse un parallèle avec le taux d’endettement, ces résultats montrent que les entreprises qui empruntent pour investir dans des actifs productifs peuvent réaliser des économies de taille, qui se traduisent par une augmentation de la productivité du capital.


Investissement dans l’entreprise et rendement de l’actif Le rendement de l’actif est un indice de l’efficacité de l’entreprise en matière d’utilisation des capitaux, financés par le propriétaire ou par les créanciers. Cette mesure s’obtient en divisant le bénéfice net avant impôt, intérêts et amortissement par l’actif total. Un ratio élevé signifie un rendement d’investissement supérieur. Le tableau 5 révèle que pour tous les secteurs, à l’exception du secteur porcin, le rendement de l’actif s’accroît en conformité avec la taille. Par conséquent, un investissement dans une entreprise augmente, en moyenne, le rendement obtenu de cette entreprise. L’amélioration du ratio de la marge bénéficiaire et de la productivité du capital, relativement à la taille, se traduit ainsi par une augmentation du rendement de l’actif.

Des entreprises agricoles hétérogènes On remarque, en général, que les ratios financiers s’améliorent à mesure que la taille de l’entreprise croît, peu importe le type de production. Les économies de taille, l’utilisation plus intensive des actifs et l’augmentation des activités de l’entreprise expliquent en partie ce phénomène. Toutefois, dans toutes les catégories de taille d’entreprise comme dans tous les types de production, on trouve des entreprises performantes et d’autres moins performantes sur le plan des ratios financiers. Par exemple, une entreprise de petite taille peut se démarquer sur le plan des résultats économiques et financiers par les choix de

Figure 1 Taux d’endettement selon la taille des entreprises et leur type de production (moyenne pour 2006-2011) 50 % 45 %

Moyenne : 27,4 %

40 % 35 % 30 % 25 % 20 % 15 % 10 % 5% 0%

PETITE

Céréales

MOYENNE

Bovins

GRANDE

Lait

Porcs

GLOBAL

Volailles

Source : Statistique Canada, Enquête financière sur les fermes, extraction spéciale; compilation du MAPAQ

gestion de l’entrepreneur. Il pourrait décider de faire partie d’une coopérative d’utilisation de matériel agricole (CUMA) plutôt que d’acheter de la machinerie qui resterait sous-utilisée, ou encore de réduire ses frais de main-d’œuvre en faisant partie d’une coopérative d’utilisation de main-d’œuvre partagée. Par ailleurs, l’hétérogénéité des ratios financiers révèle que les besoins des entreprises sont tout aussi diversifiés selon leur taille et leur type de production. À cet égard, les outils collectifs de gestion des risques ont un rôle à jouer pour soutenir la pérennité des entreprises, mais on constate qu’ils ont des limites pour ce qui est de satisfaire les exigences particulières des entreprises, exigences qui sont déterminées par le type de production et la taille.

Tableau 4 - Ratio de la productivité du capital selon la taille des entreprises et leur type de production (moyenne pour 2006-2011) Taille

Céréales

Bovins

Lait

Porcs

Volailles

Tous

0,055

0,038

0,134

0,139

0,150

0,069

Moyenne (33 %)

0,104

0,067

0,154

0,320

0,222

0,144

Grande (33 %)

0,243

0,461

0,221

0,661

0,329

0,289

Globale (100 %)

0,150

0,210

0,161

0,402

0,234

0,202

Volailles

Tous

Petite (33 %)

Source : Statistique Canada, Enquête financière sur les fermes, extraction spéciale; compilation du MAPAQ

Tableau 5 - Rendement de l’actif selon la taille des entreprises et leur type de production (moyenne pour 2006-2011) Taille Petite (33 %)

Céréales

Bovins

Lait

Porcs

– 0,6 %

– 1,0 %

3,2 %

3,6 %

1,8 %

0,5 %

Moyenne (33 %)

1,2 %

1,1 %

3,8 %

3,8 %

3,4 %

3,3 %

Grande (33 %)

2,8 %

3,3 %

4,2 %

3,4 %

3,7 %

3,9 %

Globale (100 %)

2,1 %

1,9 %

3,9 %

3,5 %

3,5 %

3,3 %

Source : Statistique Canada, Enquête financière sur les fermes, extraction spéciale; compilation du MAPAQ

MAI-JUIN 2014 | Le Coopérateur agricole

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Marchés

Jean-Sébastien Laflamme, agronome, M. Sc.

Conseiller aux affaires agricoles La Coop fédérée jean-sebastien.laflamme@lacoop.coop

Viande de volaille

Une croissance à deux vitesses La forte croissance économique des pays émergents permet à des millions de gens de mettre plus de viande à leur menu. Et parmi les viandes, c’est la volaille qui gagne le plus en popularité. Depuis une dizaine d’années, le poulet a accaparé la moitié de la hausse de la consommation de viande sur la planète. Une lancée qui va se poursuivre dans l’avenir. Photo : istock

M

ais la réalité est tout autre au Canada. La consommation de poulet y stagne depuis quelques années et rien ne semble indiquer un retour à une croissance tonique. Avec une production sous gestion de l’offre, axée sur le marché intérieur, les producteurs d’ici pourraient rester indifférents, à priori, envers l’engouement pour le poulet sur le reste de la planète. Pourtant, les effets de cette croissance sont multiples : ils se répercutent sur le prix international et l’étanchéité des barrières tarifaires, la demande en grains ainsi que la vitesse d’expansion du marché des autres viandes.

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La recette du succès : le prix Dans les économies moins avancées, la popularité du poulet s’explique en grande partie par un facteur : son prix. La viande de volaille est la moins chère et constitue la source de protéines animales la plus accessible (voir figure 1). Le poulet a un excellent taux de conversion alimentaire et son cycle de production est très court, ce qui rend sa viande plus compétitive que les autres. Au cours des dernières décennies, la production de poulet a subi des transformations profondes. Elle s’est industrialisée dans bien des économies émergentes et s’y fait maintenant à grande échelle, étant souvent intégrée


Figure 1

Mais qui va profiter de ce marché ? La capacité d’expansion de la production dans de nombreux pays consommateurs est relativement limitée, notamment à cause de la disponibilité des grains locaux. La production de poulet doit y faire face à la concurrence que d’autres cultures et productions animales exercent sur les terres, l’eau et la main-d’œuvre. Dans plusieurs régions du globe, comme l’Afrique et le Moyen-Orient, la production locale ne suffira pas à la demande locale. Les besoins devront être comblés par la production faite à l’extérieur des frontières.

Prix internationaux des viandes Boeuf

4750

Porc

Volaille

4250 3750 3250 $US/tonne

verticalement. La présence des grandes multinationales dans bon nombre de pays a accéléré la standardisation des unités de production. Cette amélioration de l’efficacité technique a permis à ces pays de rattraper leur retard technologique par rapport aux économies avancées, comme les États-Unis ou l’Europe. Ainsi, la combinaison de fermes hautement spécialisées, utilisant une génétique de haut niveau, avec une meilleure nutrition animale a eu pour résultat une industrie très efficace. D’ailleurs, les gains de productivité obtenus dans le passé seront plus difficiles à maintenir au cours des années à venir. Les technologies actuelles sont déjà largement diffusées et les gains associés aux économies de taille atteignent des limites. Au-delà du prix, la qualité de la viande de volaille a bien sûr contribué à son succès. Les développements en génétique ont aidé l’industrie à créer une viande homogène qui répond aux besoins des nouveaux marchés. Ce produit homogène peut facilement être différencié par des marinades ou des cuissons particulières par l’industrie de la surtransformation. Un autre élément qui favorise son expansion par rapport aux autres viandes, c’est que le poulet n’est pas soumis à des contraintes religieuses dans certaines régions du monde. Par exemple, au Moyen-Orient, qui connaît une forte hausse de sa consommation de viande, il ne se mange pas du tout (ou presque) de viande porcine.

2750 2250 1750 1250 750 250

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01

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06 007 008 009 010 011 012 013 2 2 2 2 2 2 2

20

Source : FAO

D’ailleurs, on le constate déjà. Les exportations mondiales de viande de poulet ont doublé depuis le début des années 2000, atteignant 10 millions de tonnes (environ 10 fois la production canadienne). C’est maintenant 13 % de la consommation mondiale qui est comblée par les échanges commerciaux, alors que c’était 9 % en 2000. En guise de comparaison, pour la viande porcine, c’est presque deux fois moins, avec 7 % de la consommation comblée par les importations. Pour alimenter ces marchés en expansion, certaines régions bénéficient d’avantages comparatifs. La disponibilité des grains est un facteur de succès très important, puisque l’alimentation représente plus de la moitié du coût de production d’un poulet. À cet égard, les États-Unis et le Brésil se démarquent. Ce sont d’ailleurs ces deux pays qui sont actuellement les plus importants exportateurs. Ils génèrent à eux seuls les deux tiers des exportations mondiales. Leur position dominante ne devrait que se renforcer dans l’avenir, selon la FAO. u

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Figure 2

Consommation de viande par habitant au Canada Volaille

Boeuf

Porc

50 45 Kg/habitant

40 35 30 25 15 10

1965 1970 1975 1980 1985 1990

1995 2000

2005 2010

2012

Source : Producteurs de poulets du Canada

Figure 3

Évolution des prix de la poitrine désossée (intérieur, international et à l’importation) 16000 14000 10000 8000 6000

JANVIER 2012

JANVIER 2011

JANVIER 2010

JANVIER 2009

JANVIER 2008

2000 0

JANVIER 2007

4000

JANVIER 2006

$US/tonne

12000

Prix domestique ($CA) Prix d’importation de la poitrine désossée ($CA) Prix États-Unis ($US) Source : Express Market Inc., Banque du Canada, nos calculs

Figure 4

Parts dans l’augmentation mondiale de la consommation des viandes d’ici 2022 Viande bovine Viande porcine Viande de volaille Viande ovine 0

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Source : FAO

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20

30

40

50%

Et ici, qu’est-ce que ça change ? Évidemment, avec le système de gestion de l’offre au Canada, l’évolution du marché sera passablement différente pour les producteurs d’ici. Les belles années de forte croissance sont révolues. La filière a longtemps profité d’un engouement sans précédent pour la viande de poulet, depuis la mise en place du système à la fin des années 1970. La consommation moyenne de poulet par Canadien a doublé de 1980 à 2000, passant de 15 à 30 kg par habitant (voir figure 2). Mais depuis, elle plafonne. Si on ajoute à cela une faible croissance démographique et une population vieillissante (les personnes âgées mangent moins de viande que les plus jeunes), on se retrouve avec un marché au point mort. Avec le système de gestion de l’offre, la production canadienne est donc plutôt imperméable à la réalité du marché mondial. Ce qui n’est pas un problème en soi, puisque le système a permis de générer une filière solide avec des revenus stables. Le prix international influence très peu notre marché, tant que les barrières tarifaires – de l’ordre de 250 % – sont étanches et empêchent les importations. Au cours des dernières années, ces barrières ont largement suffi (voir figure 3). Dans ce contexte, la popularité du poulet dans le reste du monde, qui exerce une pression haussière sur le prix international, ne peut s’avérer que bénéfique pour notre système. La croissance de la consommation de poulet dans le monde a aussi des effets indirects sur d’autres secteurs de production, comme celui des grains. Selon les perspectives du département de l’Agriculture des États-Unis (USDA), la production animale dans le monde devrait nécessiter quelque 140 millions de tonnes de maïs de plus en 2014 qu’au début des années 2000. Cette demande supplémentaire équivaut à 10 fois la production annuelle de maïs au Canada. L’engouement pour la volaille se répercute aussi sur les marchés des autres viandes, en diminuant leur potentiel de croissance. Malgré cela, on prévoit de bonnes perspectives de croissance pour le porc, la viande la plus mangée actuellement dans le monde. Mais la vigueur de la consommation de la volaille est telle que celleci devrait lui ravir son titre de championne d’ici quelques années (figure 4).


A p i c u lt u r e

Adaptation du conditionnement du miel pour la manutention sur palette

Patrick Fortier, apiculteur et

Jocelyn Marceau, ingénieur Ministère de l’Agriculture,   des Pêcheries et de l’Alimentation

Dans plusieurs entreprises apicoles, l’opération du conditionnement du miel est limitative et retarde l’extraction du miel. D’une part, la capacité de déshumidification est insuffisante. D’autre part, la circulation de l’air à travers les rayons est inexistante. Le système de conditionnement du miel qui a été implanté dans l’entreprise Miel des Ruisseaux améliore de façon notoire la productivité en ce qui touche l’extraction du miel.

Photo : ingimage

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1

Propriété qui fait en sorte que le miel peut perdre de l’eau au profit de l’air environnant ou en capter. À 17,5 % d’humidité, le miel est en équilibre avec de l’air à 58 % d’humidité relative. À un taux moindre d’humidité de l’air, il se produit une déshydratation du miel.

2

À 40°C, les HMF (hydroxyméthylfural) produits par l’oxydation des sucres augmentent de 1 mg/kg-jour et la coloration augmente de 0,5 mm Pfund/jour.

e conditionnement du miel est une étape importante et préalable à son extraction. Lors de l’extraction, on vise un miel qui a une teneur en eau avoisinant 17,2 %. Le miel est hygroscopique1, ce qui fait qu’il est possible de le déshydrater au besoin. Lorsqu’on récolte le miel avant l’operculation ou lorsque les conditions météorologiques sont plutôt pluvieuses, il est souvent nécessaire d’y retirer de 2 à 3 % d’eau. La seule vraie méthode consiste à déshumidifier l’environnement du miel avant qu’il ne soit extrait. Ce processus s’effectue en faisant circuler de l’air chaud et sec autour du miel lorsqu’il est en rayon. Ainsi, l’air sec s’humidifie lors de son passage autour des rayons, puis est déshumidifié dans un cycle continuel. Une température de 30-33 oC et une humidité relative la plus basse possible (inférieure à 45 %) permettront au miel de perdre son surplus d’eau. Afin de préserver la qualité originale du miel, ce processus doit être fait rapidement pour éviter la formation d’hydroxyméthylfural (HMF)

et pour limiter l’accentuation de la couleur du miel 2. À cette fin, deux conditions doivent être respectées : la capacité de déshumidification et la circulation de l’air entre les rayons. Dans le cas d’une petite entreprise, l’usage d’un déshumidificateur domestique jumelé à un empilement des hausses en quinconce peut convenir. On peut aussi améliorer la circulation de l’air entre les rayons par différentes méthodes : chapeaux distributeurs ou empilement des hausses sur un plénum ventilé. Un déshumidificateur domestique a une capacité approximative de 10 litres/jour, ce qui est plutôt limitatif pour une entreprise de plus grande envergure. Pour un plus gros volume, il faut aménager une chambre dont les caractéristiques de déshumidification et de ventilation sont adaptées et qui offrira une vitesse adéquate de conditionnement du miel. u

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Détermination des besoins Déshumidification

Pour en savoir plus… … sur la chambre combinée pour l’hivernage des colonies d’abeilles et le conditionnement du miel, on pourra consulter le plan no 80280 sur le site Web d’Agri-Réseau : www.agrireseau.qc.ca/ banqueplans/Documents/ Feuillet %2080280.pdf

Pour une humidité du miel de 20 % à la récolte, le système de conditionnement devrait avoir la capacité d’enlever environ 2,5 % de l’excédent en eau, et ce, dans un délai raisonnable. Ainsi, si 500 hausses à miel sont récoltées, en supposant environ 25 kg de miel par hausse, le système devrait retirer 312 litres d’eau avant l’extraction. Idéalement, le conditionnement du miel devrait se réaliser en moins de trois jours. Pour cette situation particulière, la capacité de déshumidification devrait être de l’ordre de 4,3 litres par heure, c’est-àdire de 200 ml/hausse-jour approximativement.

Recirculation de l’air L’absence de circulation de l’air à travers les piles de hausses est peu souhaitable. Sans circulation d’air, les rayons sur le dessus des piles s’assèchent rapidement comparativement aux rayons du bas et du centre des piles. Un débit

d’air constant de 50 litres par seconde par pile de hausses donne d’excellents résultats.

Qualité de l’air Il faut toujours se rappeler qu’on travaille avec un aliment. L’air chaud et déshumidifié passe à proximité du miel. L’air doit donc être exempt de poussière. Les surfaces des murs et du plafond de la chambre doivent être lisses et lavables. Il en est de même pour le plancher. Il est fortement suggéré que le béton soit recouvert d’un scellant. Le système de circulation de l’air doit être muni d’un filtre en amont du ventilateur. Un filtre cartonné permet la rétention de toute poussière de plus de 3 microns (voir photo 1, page de droite). On retrouve ce type de filtres en quincaillerie. Il peut être placé à l’entrée de l’évaporateur et sur la trappe ajustable ou être placé directement sur les piles de hausses.

L’adaptation de cette technique à la miellerie Miel des Ruisseaux À l’été 2013, un bâtiment apicole y a été construit. L’entreprise exploite actuellement 250 ruches. Comme pour la plupart des entreprises apicoles, la chambre d’hivernage a été aménagée de façon à remplir deux vocations : l’hivernage des colonies d’abeilles et le conditionnement du miel. Ses dimensions sont de 7 m (22 pi) sur 9,5 m sur 5 m de hauteur.

Une palette adaptée

Photo : ingimage

La manutention des hausses se fait sur palette de six piles. Chaque palette supporte 30 hausses et la manutention s’effectue avec un chariot élévateur. Un dégagement de 10 cm (4 po) au bas favorise la circulation de l’air. La palette de transport est ainsi ouverte des deux côtés, ce qui offre la possibilité d’adosser d’autres piles à l’arrière. Une feuille semi-rigide de polyéthylène est fixée au-dessous de la palette pour éviter que les gouttes de miel atteignent le plancher.

La circulation de l’air Le défi consistait à concevoir un système de distribution d’air adapté à la manutention par palette et qui nécessiterait le minimum de manipulation. Le système de distribution d’air

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avec « chapeaux » mis au point par le MAPAQ s’appliquait difficilement (voir l’encadré « Pour en savoir plus »). Au lieu de propulser l’air par le dessus de la pile, l’air est plutôt aspiré par le bas. Pour ce faire, un mur plénum (voir la figure au bas de la page 51) a été aménagé. Les piles montées sur palettes sont appuyées contre le plénum dont le bas est ouvert en continu sur une hauteur de 100 mm (4 po). Cette ouverture donne sur le dégagement au bas des palettes. L’aspiration ou la circulation de l’air est produite par un ventilateur axial de 2000 litres par seconde qui peut fonctionner à une pression statique de 125 Pa (0,5 po d’eau).

La déshumidification Pour la déshumidification, le système de réfrigération a été adapté en aménageant un ensemble de trappes amovibles qui permettent la récupération de l’énergie au niveau du condenseur. Afin de prévenir toute élévation de température dans la chambre, un condenseur auxiliaire placé à l’extérieur du bâtiment peut être actionné lorsque la température dépasse les 30 °C. L’ensemble des composantes électriques est géré par un automate programmé. Dans le cas


Ventilateur

Ouverture d’aspiration cachée par les palettes

Photo 1 Filtre avec cadre en carton placé sur le retour de l’air dans une chambre de conditionnement du miel. Il faut remarquer la poussière retenue par le filtre qui, autrement, circulerait à travers les rayons.

Photo 2 Palette spécialement adaptée de 48 po sur 40. Un dégagement de 4 po au bas permet l’aspiration de l’air chaud et sec introduit par le haut des hausses. Le fond de la palette est muni d’une feuille de PVC afin de prévenir que des gouttes de miel tombent au sol.

présent, un contrôleur IC-610 de Monitrol a été utilisé. Ce dernier a été programmé spécialement pour les entreprises apicoles. Il gère à la fois les composantes en hivernage et le programme d’été (la déshumidification). Le système a été mis en marche en août 2013. Après quelques ajustements de la ventilation, le taux de condensation d’eau était de 4,65 litres par heure (ou 112 litres par jour). Théoriquement, ce rythme de déshumidification permettrait le conditionnement quotidien d’environ 180 hausses de miel desquelles il faudrait abaisser l’humidité de 2,5 %.

Photo 3 Les palettes sont appuyées contre le mur du plénum. Le ventilateur situé dans la partie supérieure du plénum aspire l’air par une ouverture continue au bas du plénum qui donne sur le côté ouvert des palettes. Sur cette photo, quatre palettes sont appuyées directement au plénum et deux autres palettes sont adossées à la première. Dans ce cas-ci, 12 palettes sont ventilées. Un blocage en arrière et au bas de la dernière palette est requis. L’ouverture au bas étant continue, l’air entre par le dessus de toutes les piles.

Il s’agit d’adosser les palettes directement au plénum et d’y faire circuler l’air (voir photo 3). Aménagée ainsi, toute la surface de la pièce est dégagée et il est possible d’adosser un grand nombre de hausses au plénum. La capacité de déshumidification étant élevée, il faut suivre à intervalles fréquents l’évolution de l’humidité du miel, car le processus est assez rapide. Le miel y séjourne peu de temps à une température pas plus élevée que 30°C. Cela occasionne une faible détérioration des propriétés originales du miel. En plus d’assurer une excellente productivité, ce système permet de maintenir un excellent standard de la qualité du miel.

Vue en coupe de la chambre combinée d’hivernage et de conditionnement du miel. En mode conditionnement, les hausses à miel sont appuyées sur un plénum et l’air est aspiré par le bas des hausses. La déshumidification de l’air se fait par l’évaporateur. Les ventilateurs de l’évaporateur sont désactivés et l’air est entraîné à travers les ailettes à faible vitesse (10 à 25 % du débit habituel). La trappe en guillotine de 3 pi2 est ajustée de façon à maximiser la condensation de l’eau. Après avoir été déshumidifié et refroidi, l’air récupère la chaleur du condenseur par une ouverture entre l’évaporateur et le compresseur (non illustré sur ce schéma).

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Développement durable

Le bioraffinage :

un nouveau vecteur de croissance Une étude réalisée par La Coop fédérée a révélé l’immense potentiel d’une industrie en émergence : le bioraffinage.

P

Par Patrick Dupuis, agronome

Photos : ingimage

atrick Girouard ne tarit pas d’éloges. « Le bioraffinage, c’est une occasion inédite de croissance qui s’offre au secteur agricole et aux régions rurales », lance le coordonnateur aux énergies renouvelables et bioproduits du secteur Innovation et croissance de La Coop fédérée. « L’évolution à laquelle on assistera représentera une métamorphose par rapport aux habituelles façons de faire dans le secteur agricole. » Et Girouard ne parle pas à tort et à travers : il est une sommité dans ce secteur de l’économie. Son savoir et son expertise sont reconnus bien au-delà des frontières québécoises (voir l’encadré, page 54). « Dans ce marché, dit-il, des centaines de milliards sont en jeu. Et les marchés se développent à la vitesse grand V. Cette industrie offre maintenant une solution de rechange concrète aux produits et carburants tirés de la pétrochimie. »

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Si Patrick Girouard est capable de s’extasier devant des tiges de maïs ou quelques ballots de paille, c’est qu’il en connaît tout le précieux contenu, invisible à l’œil nu. « La matière végétale est constituée de multiples molécules microscopiques qui peuvent être raffinées ou transformées en biocarburants, biomatériaux, textiles, aliments, cosmétiques et produits pharmaceutiques », indique-t-il. Quelles sont ces précieuses molécules ? Sucres, amidon, huiles végétales, cellulose, hémicellulose, lignine. On les trouve dans toutes les plantes, qu’elles soient agricoles ou forestières. C’est pourquoi les sources d’approvisionnement abondent.


« Le bioraffinage est, en quelque sorte, la prochaine phase d’évolution de l’industrie des biocarburants actuelle, explique Patrick Girouard. Cette phase comprendra notamment la transformation et l’intégration de la biomasse non alimentaire [résidus de culture et d’activités de transformation, cultures dédiées, telles que le panic érigé, etc.] dans la fabrication d’une variété de bioproduits. De nouveaux complexes de bioraffinage s’approvisionnant principalement en biomasse cellulosique verront le jour dans cette foulée, mais les usines de biocarburants actuelles d’Amérique de Nord constituent des plateformes de choix dans l’évolution vers le bioraffinage cellulosique, en raison de l’expertise et des infrastructures déjà existantes. Les variations marquées du prix du maïs au cours des dernières années ont poussé l’industrie des biocarburants à diversifier ses sources d’approvisionnement et marchés, et à miser principalement sur les sources de biomasse non alimentaire pour assurer sa croissance. » Les chiffres qu’il avance en disent long sur ce potentiel. Au Québec seulement, du côté des résidus de culture de maïs-grain (tiges), de soya et de céréales (paille), on l’évalue à 900 000 tonnes de matière sèche par année. Les foins déclassés pourraient, eux, contribuer à cette manne à hauteur de 175 000 tonnes. Les plantes dédiées (saule à croissance rapide, panic érigé, sorgho sucré) pourraient fournir de deux à quatre millions de tonnes de matière sèche par année. Ces plantes pourraient aisément plonger leurs racines dans les terres dites marginales ou sous-exploitées, c’est-à-dire inutilisées, car impropres à la culture d’aliments, ou encore dans celles où la rentabilité n’est pas au rendez-vous avec les cultures traditionnelles. D’après le spécialiste, il y a au Québec des centaines de milliers d’hectares de ces terres marginales ou sous-exploitées auxquelles on pourrait donner une nouvelle vocation.

Au final, c’est de trois à cinq millions de tonnes de matière sèche de biomasse agricole dont on pourrait disposer, sans affecter la production alimentaire actuelle. Patrick Girouard n’écarte pas non plus la biomasse forestière (résidus de coupes en forêt et de transformation : écorces, sciures, copeaux), dont le potentiel annuel s’élève à plus de trois millions de tonnes de matière sèche. Les biomasses agricole et forestière sont en fait complémentaires l’une de l’autre. « La Coop fédérée voit dans cette industrie un potentiel colossal, dit-il. C’est un nouveau vecteur de croissance qui s’offre à nous, et il permettra d’intégrer encore plus le développement durable dans l’ensemble de nos activités, actuelles et futures. Une véritable bioéconomie est en marche. » De grandes entreprises – DuPont, Cargill, Shell, British Petroleum – mettent sur pied des usines pour tirer profit de la biomasse. Les facteurs clés qui les poussent sur cette voie sont multiples :

Photo : PATRICK DUPUIS

Les multiples débouchés de la biomasse « D’ici quelques années, le réseau La Coop pourrait devenir un incontournable dans la fourniture de biomasse pour la production de bioénergie, biocarburants, biomatériaux et produits chimiques biosourcés, et ce, à l’échelle canadienne », indique Patrick Girouard, coordonnateur aux énergies renouvelables et bioproduits du secteur Innovation et croissance de La Coop fédérée. Tous les projets relatifs à la biomasse lancés par le réseau La Coop seront appuyés de cahiers des charges et, au besoin, d’une analyse de cycle de vie.

• la flambée du coût des carburants fossiles et le besoin de réduire leur empreinte environnementale; • la diminution des coûts des technologies liées à l’implantation des bioraffineries et, surtout, des coûts de leur exploitation; • la mise en place de mandats nationaux pour les biocarburants et de marchés régionaux du carbone réglementés; et • des politiques gouvernementales pour promouvoir une économie verte. u

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Avant d’occuper son poste à La Coop fédérée, Patrick Girouard, titulaire d’une maîtrise en agroéconomie, a été PDG et principal consultant d’Agronovita, entreprise de services-conseils dans le domaine des énergies renouvelables et de la gestion du carbone qu’il a fondée en 1999. Il a participé à plusieurs études à l’échelle canadienne portant sur la valorisation de la biomasse dans le domaine des bioproduits industriels. Employé d’Iogen Corporation/Shell pendant cinq ans, il a notamment mis en œuvre une filière d’approvisionnement de paille avec près de 800 agriculteurs de l’Ouest canadien pour la production d’éthanol cellulosique.

Chez nous, Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC), par l’entremise de son programme Agri-innovation, finance et soutient la recherche et développement ainsi que la commercialisation dans ce secteur d’activité. Au pays, selon AAC, déjà quelque 200 entreprises sont actives dans la fabrication des biocarburants (éthanol et biodiésel) et des bioproduits. La Coop fédérée a de multiples projets novateurs sur la table. Avec Biovalco, coentreprise située à La Broquerie (Manitoba) qu’elle possède avec son partenaire d’affaires Prairie Bio Energy, La Coop fédérée met déjà à profit l’abondante biomasse disponible au Canada. À titre d’exemple, une litière superabsorbante à base de paille, appelée Super Straw, a été mise au point dans l’usine de Biovalco. Cette litière, aux capacités uniques d’absorption, trouve preneur tant auprès des éleveurs de chevaux, de volaille et de bétail que des propriétaires d’animaux de compagnie. « Dès qu’elle aura atteint sa vitesse de croisière, l’usine de La Broquerie servira également de laboratoire pour mettre au point de nouvelles gammes de bioproduits à plus grande valeur ajoutée, fait savoir Patrick Girouard. La mise sur pied d’une usine de valorisation de la biomasse au Québec est aussi dans la mire de La Coop fédérée. Cette usine permettrait de transformer différents types de biomasses – agricoles et forestières – pour créer de la valeur dans nos régions et favoriser l’occupation du territoire. La création d’un complexe agro-industriel spécialisé dans le bioraffinage est également à portée de main. »

Les producteurs en première ligne

Photos : ingimage

Les producteurs agricoles seront les premiers acteurs de cette nouvelle économie. Ils seront le premier maillon d’une chaîne de valeur qui s’étendra du champ à l’usine de transformation et jusqu’aux consommateurs. La biomasse est l’ingrédient de base de cette nouvelle industrie, et son utilisation mise sur l’économie circulaire et complémentaire, dans laquelle les rejets d’une activité (les résidus de culture ou de transformation, par exemple) deviennent la matière première d’une autre (la valorisation des molécules végétales). « Une façon de faire qui pourrait accroître sensiblement la valeur de chaque hectare cultivé par les producteurs agricoles », estime Patrick Girouard.

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Mais pour que cette filière soit viable, il est nécessaire de mettre en place une logistique bien huilée. « Dans la chaîne de valeur du bioraffinage, la complexité de l’approvisionnement en biomasse est trop souvent sous-estimée, fait savoir Patrick Girouard. Il faut créer des liens avec les producteurs agricoles, convenir du niveau de qualité de la matière première requise par l’industriel ou les clients, et mettre en place une production et un approvisionnement fiables et réguliers. » Le réseau La Coop a de très nombreux atouts pour occuper une place enviable dans ce marché et pour en faciliter le développement : présence de coopératives partout en région, masse critique de producteurs sociétaires, matières premières disponibles en abondance, équipe d’experts voués au développement des nouvelles technologies. C’est pourquoi La Coop fédérée a élaboré sa stratégie 2013–2016 dans le secteur des bioproduits. Elle entend « se positionner comme un leader et un acteur incontournable dans l’approvisionnement en biomasse agricole et forestière au Québec et au Canada, de la ferme à l’usine de transformation ». « Tôt ou tard, le réchauffement de la planète obligera tous les États à réduire leurs GES, poursuit Patrick Girouard. La biomasse utilisée comme source énergétique comporte l’indéniable avantage de ne pas produire de gaz carbonique additionnel, puisque le carbone qu’elle contient, puisé dans l’atmosphère lors de la croissance de la plante, ne fait qu’y retourner au moment de la combustion. » En matière d’énergies renouvelables, les recommandations de la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec, dont le rapport a été publié en février dernier, semblent plutôt favorables au développement d’une filière biomasse pour la production de chaleur à partir de la biomasse forestière résiduelle. Un programme de soutien à cette filière avait d’ailleurs été annoncé par le gouvernement précédent l’automne dernier. L’objectif touche principa­ lement le remplacement du mazout. « C’est un pas dans la bonne direction, estime Patrick Girouard, car rappelons que la solution biomasse était quasi inexistante dans le document préparatoire lors des rencontres consultatives de la Commission. Ça laisse entrevoir une ouverture pour l’usage de la biomasse agricole résiduelle et des cultures dédiées. »


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D é c o r at i o n

Par Hélène Cossette

stock, ajoute-t-elle. « Car même si on reçoit les commandes en trois ou quatre jours, les gens ne veulent pas attendre. Ils achètent souvent quand ils sont prêts à poser. » Tous les produits nécessaires pour la pose sont également offerts en magasin, dont 30 choix de couleurs pour les coulis ordinaires ou à l’époxy.

Les tendances

Revêtements de sol

Photo : Raynald Roy

Décoratrice depuis neuf ans, Manon Gailloux s’y connaît en revêtements de sol. Et pour cause ! En plus d’avoir un père et des frères qui ont fait carrière dans le domaine, elle a épousé un carreleur !

Manon Gailloux, décoratrice au centre de rénovation Unimat à Coaticook

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Pas surprenant donc que le Centre Déco Inov du centre de rénovation Unimat à Coaticook, où elle travaille depuis février 2013, ait pris en charge cette nouvelle section. Il faut savoir qu’avant l’arrivée de Mme Gailloux, les couvre-sols y étaient seulement offerts en commandes spéciales. « Maintenant, nous en avons en magasin », se réjouit-elle. Manon Gailloux et sa collègue Nathalie Deslandes sont responsables de la sélection des produits et des conseils aux clients. Elles peuvent les aider à choisir le type de revêtement, la couleur et le style les plus appropriés à leur décor. Elles peuvent aussi les renseigner en matière de calcul des quantités nécessaires ainsi que sur les produits nécessaires à la pose. En plus de proposer du bois franc et du parquet flottant, le Centre Déco Inov de Coaticook s’approvisionne auprès d’un grand distributeur (Ceratec) pour offrir, sur commande, une très vaste gamme de carreaux de céramique. Quatre ou cinq modèles, qui changeront régulièrement, seront toujours en

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En ce qui concerne les tendances, les tons de gris sont à l’honneur, remarque la décoratrice, autant dans le parquet flottant que dans le bois franc et la céramique. Bien qu’elle respecte toujours les goûts de ses clients, la décoratrice avoue préférer la céramique pour sa durabilité et sa facilité d’entretien. « Dans la céramique, on voit de plus en plus de grands formats, des carreaux de 20 po sur 20 et de 24 sur 24. Et contrairement à ce qu’on pense, les grands carreaux agrandissent une pièce, même une petite salle de bain », souligne-t-elle. Les finis lustrés sont aussi très présents, note la spécialiste, particulièrement dans les salles de bain et les cuisines de style contemporain. Pour éliminer la froideur qu’on reproche souvent à la céramique dans notre climat nordique, elle recommande l’installation de fils chauffants sous le parquet. « Ça change complètement les choses ! On peut alors en mettre à la grandeur de la maison. » Elle conseille d’ailleurs d’utiliser un seul type de revêtement dans une pièce à aires ouvertes, plutôt que de mettre de la céramique dans les sections cuisine et vestibule et du bois sur le reste de la surface. « Plus on découpe le sol d’une pièce, plus on la rapetisse », fait-elle valoir. Elle suggère plutôt de délimiter le coin salon, par exemple, avec une belle carpette. « Ça donne du caractère et ça réchauffe l’espace. » Qu’on choisisse la céramique, le flottant ou le bois franc, elle recommande de toujours ouvrir au moins deux à trois boîtes avant de commencer l’installation. « Il y a parfois des variations importantes de couleurs et de motifs », prévient-elle. Pour le parquet flottant et le bois franc, elle conseille en outre de laisser les boîtes de lattes dans la pièce à laquelle elles sont destinées pendant au moins 48 heures afin qu’elles adoptent la température ambiante.


Da n s n o s c o o p s

Claude Lafleur Personnalité du monde alimentaire 2014 Le 22 mars dernier, Claude Lafleur, alors chef de la direction de La Coop fédérée, s’est vu décerner le trophée André-Latour de la Personnalité du monde alimentaire 2014, à l’occasion du Congrès annuel du CTAC, qui se déroulait à l’hôtel Fairmont La Malbaie.

Dans l’ordre habituel Alyne Savary, présidente du Jury 2014; Claude Lafleur, Personnalité du monde alimentaire 2014 et alors chef de la direction de La Coop fédérée; Manon Boucher, sous-ministre du MAPAQ, et Sylvie Cloutier, présidente-directrice générale du CTAC.

Photo : Lionel Levac, Radio-Canada

Photo : CTAC

Une reconnaissance de l’industrie

Vincent Cloutier, Économiste principal à La Coop fédérée et animateur de la 25e édition des Perspectives.

« C’est avec joie et humilité que j’accepte cette reconnaissance, qui est d’autant plus appréciée puisqu’elle m’est accordée par mes pairs de l’industrie agroalimentaire », a-t-il déclaré au moment de recevoir son prix. Ce trophée, décerné annuellement par le Conseil de la transformation agroalimentaire et des produits de consom­mation (CTAC), souligne le mérite d’une personne ayant grandement contribué à l’atteinte de nouveaux sommets dans l’industrie québécoise de l’agro­alimentaire. Les lauréats sont également des exemples remarquables de leadership, de déter­mi­nation, de charisme, de dynamisme, et ils contribuent de façon impor­tante au progrès de leur organi­sation. L’attribution de ce prix est soumise au vote des membres d’un jury, qui souhaitent ainsi célébrer le travail extra­ordinaire d’un de leurs pairs. Pour regarder une vidéo relatant le parcours de Claude Lafleur, rendez-vous sur le site de La Coop fédérée, à l’adresse suivante : www.lacoop.coop.

Perspectives C’est avec fierté que La Coop fédérée s’est associée à la 25e édition de la conférence des Perspectives, le 8 avril dernier à Boucherville. Sous le thème des « Stratégies de croissance », plusieurs conférenciers de prestige ont mis en lumière les nombreuses occasions qu’offre l’environnement d’affaires, mais aussi la féroce compétition qui y prévaut. En rassemblant entre autres Joseph Glauber, économiste en chef du USDA, Yun Shen, de COFCO (plus important transformateur alimentaire

chinois), ainsi que Manish Gupta, de l’immense coopérative indienne IFFCO, le comité organisateur a placé la barre haut pour les prochaines éditions. Pour plusieurs, le coup de cœur de la journée aura été la conférence de clôture, prononcée par le diplomate et universitaire Jean-Louis Roy. Avec une éloquence, une assurance et un charisme hors du commun, M. Roy aura su faire passer son message sur les profondes transformations que subit le monde, et la nécessité de s’y adapter diligemment.

Photo : La Coop fédérée

Salons agricoles : un autre succès ! Que ce soit au Salon de l’agriculture à SaintHyacinthe, au Salon industrie et machinerie agricole de Québec ou au Valley Farm Show à Ottawa, le réseau La Coop a vraisemblablement laissé sa trace, encore une fois ! Près de 35 000 visiteurs ont pu admirer l’imposant kiosque La Coop. En effet, une grande structure surplombait le kiosque et deux écrans géants éclairaient l’endroit. Les visiteurs avaient la chance de contempler les produits acéricoles et agricoles des quincailleries Unimat ainsi que la vaste gamme d’équipements pétroliers et de propane Sonic. Les productions végétales, quant à elles, présentaient certains produits exclusifs des plus performants sur le marché, tel que leur tout nouvel outil de gestion Agriscan. En ce qui

concerne les productions animales, les producteurs pouvaient s’informer sur le Tableau mensuel laitier, un outil performant qui permet d’optimiser les résultats de leur ferme. En plus, il était possible d’interagir avec les nombreux représentants et experts-conseils du réseau La Coop, directement dans la zone de discussion prévue à cet effet. Comme chaque année, de nombreuses personnes ont participé aux concours et certains chanceux ont gagné des prix exaltants ! Les gagnants sont Alain Deschênes, de la Ferme Rustik inc., qui a remporté 1500 $ en engrais FRN, Rémi et Jean Pelletier, de la Ferme des Pionniers, qui ont gagné 1500 $ en moulée La Coop ainsi qu’Éric Lessard, de la Ferme Leston, qui a obtenu un réservoir mobile Sonic d’une valeur de plus de 1000 $. Félicitations à tous!

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Coupon d’abonnement

Photo : Fromagerie coopérative St-Albert

Dans l’ordre habituel : Grant Crack, député de la circonscription de Glengarry-Prescott-Russell; Kathleen Wynne, première ministre et ministre de l’Agriculture de l’Ontario; Réjean Ouimet, conseiller exécutif et ancien directeur général de la Fromagerie coopérative de St-Albert; Ginette Quesnel, vice-présidente de la fromagerie; Denis Latour, président de la fromagerie et Éric Lafontaine, à la toute droite, directeur général de la fromagerie.

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Nouveau départ pour la Fromagerie coopérative St-Albert

Dévastée par un incendie l’année dernière, la Fromagerie coopérative St-Albert, fondée il y a 120 ans (en 1894), obtiendra un don d’un million de dollars du gouvernement de l’Ontario, a annoncé le 10 mars dernier la première ministre Kathleen Wynne, alors en visite à la coopérative. Selon le directeur général de la fromagerie, Éric Lafontaine, cette aide financière vise trois volets en particulier, soit les ressources humaines (formation des employés, intégration dans la nouvelle usine, etc.), l’assurance qualité (pour obtenir la désignation GFSI) et le marketing (étude de marché, changement d’emballage, etc.). Une fois achevée, la nouvelle usine transfor­ mera chaque année 50 millions de litres de lait reçus de producteurs locaux. Il y aura création de 10 nouveaux emplois, en plus des 100 que compte la coopérative. D’une superficie de 7060 m 2 (76 000 pi2), les installations seront 30 % plus vastes. En plus des infrastructures de production, la coopé­rative aménagera une plate­ forme d’observation pour les visiteurs, un magasin de vente de produits au détail et un restaurant. Pour en savoir plus : www.fromage-st-albert.com/ eng/eng.htm (Co-operative News Briefs)

m 1 an : 25,00 $

m 2 ans : 40,00 $

m 1 an à l’étranger : 90,00 $

m 3 ans : 55,00 $

Les taxes sont comprises dans le coût.

o Reçu disponible sur demande TPS : R101143279 • TVQ : 1000044306TP9145MA

Le Coopérateur agricole

C.P. 500 Station Youville Montréal (Québec) H2P 2W2 Tél. : 514 384-6450 - Téléc. : 514 858-2025 Courriel : coopagri@lacoop.coop Êtes-vous relié au domaine agricole?

o Oui

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Nom Compagnie Adresse Ville

Province

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Courriel Veuillez émettre votre chèque à l’ordre de La Coop fédérée.

Photo : La Coop des Bois-Francs

Bois-Francs célèbre les 45 ans de Machinerie C. & H.

Dans l’ordre habituel : Steve Nolin, directeur des ventes du nouveau regroupement; deux participants qui ont remporté chacun un chèque-cadeau de 1000 $ à valoir dans l’un des cinq garages de Machinerie C. & H. et Gilles Denette et Mathieu Guévin, respectivement directeur général et directeur du service et des pièces du nouveau regroupement.

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Plus de 200 membres, clients et partenaires ont assisté aux portes ouvertes New Holland, organisées par La Coop des Bois-Francs et sa filiale Machinerie C. & H. L’activité a eu lieu au Best Western de Drummondville le 21 mars dernier. En grande primeur cette année, les portes ouvertes réunissaient les cinq garages du nouveau regroupement, c’est-à-dire les garages de La Coop des Bois-Francs, situés à Victoriaville et à NicoletYamaska, et ceux de Machinerie C. & H., situés à Saint-Guillaume, Cookshire-Eaton et SainteMartine. « Cette journée était également une très belle occasion de fêter les 45 ans d’existence de Machinerie C. & H., et c’est entouré de nos employés, membres et clients que nous avons souligné cet important évènement », affirme Gilles Denette, directeur général du regroupement. Tout au long de la journée, les participants ont pu en apprendre davantage sur la technologie GPS et la transmission CVT. De plus, elles ont pu découvrir en exclusivité les nouveaux modèles de machinerie Anderson, Kverneland et Dispro. Ces cinq ateliers ont fait l’unanimité auprès des producteurs, selon les organisateurs.

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