Le Coopérateur agricole | Janvier 2014

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JANVIER 2014

Biomasse

Quel avenir dans un monde assoiffé d’énergie ?

Philippe Lafontaine

Une relève pleine de promesses

Fertilisation

Folium3 : une grande gamme à connaître


L A N O U V E L L E G É N É R AT I O N

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* La vaccination à l’âge de 3 jours n’est pas recommandée pour les porcelets qui présentent un niveau élevé d’anticorps maternels.

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Dossier En cou v ert ur e

36 Dossier Ukraine

Biomasse 44

Le nouveau grenier mondial ? Les coopératives, une partie de la solution

sommaire JANVIER 2014

Reportages

Éditorial – Billets

Femme eng agée

5 En t r e nous*

14 Louise Isabelle

Denis Richard

En grande première

10 Pause-pensée* Colette Lebel

CU M A

16 CUMA des Basses-Laurentides

12 Faits et gestes* Vincent Cloutier

18 Sur le plancher des vaches* Sylvain Boyer

14

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Une barque coopérative qui tient le cap

L ait

20 Ferme Malaco

Le secret est dans le toit

Porc

Chroniques

23 Filière porcine coopérative

Alain Manningham, transporteur de porc certifié La Coop

4 Quoi de neuf ? 6 Mél i-mél o

P roduct ions v égéta l es

52 Hort icult ur e

26 Pommes de terre

53 Décor at ion

Ferme Allard-Ouimet et Ferme J. Ouimet jonglent avec la performance.

54 Da ns nos coops

M a rché

29 Les Atocas de l’érable

* For English version, please visit our website at www.lacoop. coop/cooperateur

La culture des perles rouges

20

29

L ait

32 Relève

Philippe Lafontaine, une relève pleine de promesses

Dév el oppemen t du r a bl e

44 Biomasse

Quel avenir dans un monde assoiffé d’énergie ?

Articles techniques P roduct ions v égéta l es

24 Fertilisants

Folium3, une grande gamme à connaître

Version Web : www.lacoop.coop/cooperateur Version virtuelle :  www.lacoop.coop/ cooperateurvirtuel

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B o î t e au x l e t t r e s M. Dupuis, « Merci et bravo pour cette rencontre [Charlie Arnot - nov.-déc. 2013] car, à l’avenir, via le bienêtre animal, les fournisseurs auront beaucoup de pressions des consommateurs ! »

Patrice Gagnon Directeur général La Coop Comax

À la rédaction, J’ai énormément apprécié l’article écrit par Yvon Boudreau [directeur des études et des perspectives économiques au MAPAQ – article publié dans Le Coopérateur de novembre-décembre aux pages 28 à 30]. Bien que nous ayons d’excellents spécialistes en économie à La Coop fédérée, une personne externe comme M. Boudreau apporte une autre dimension à notre discours. Ce genre de texte permet de démontrer que tout n’est pas nécessairement « noir » en agriculture par les temps qui courent. Aussi, des articles comme ceux de Sylvain Boyer et Vincent Cloutier donnent le ton et nous aident grandement dans notre travail pour maintenir les producteurs axés sur leurs objectifs en soulignant le portrait de la situation actuelle. Le but n’est pas de porter des lunettes « roses », ni des lunettes « noir foncé », mais des lunettes ajustés pour voir plus loin et plus clairement. Normand Lemieux Producteur laitier à Landrienne, et expert-conseil ruminants végétal La Coop Val-Nord

Volume 43, no 1, janvier 2014 Le Coopérateur agricole est publié neuf fois l’an par La Coop fédérée. Il est l’organe d’information de la coopération agricole québécoise. Directrice et Guylaine Gagnon rédactrice en chef 514 858-2146 (ligne directe) guylaine.gagnon@lacoop.coop Rédacteur et Patrick Dupuis, agr. adjoint à l’édition 514 858-2044 (ligne directe) patrick.dupuis@lacoop.coop Responsable André Léger de la publicité 514 858-2036 (ligne directe) andre.leger@lacoop.coop Responsable Nadine Kadé des abonnements 514 384-6450 poste 3710 nadine.kade@lacoop.coop

Ont collaboré à ce numéro Rédaction Jean Audet, Jessy Blanchette, Christine Bourbonnais, Sylvain Boyer, Vincent Cloutier, Hélène Cossette, Colette Lebel, Nancy Malenfant, Nicolas Mesly, Céline Normandin, Stéphane Payette, Denis Richard Révision de texte Georges O’Shaughnessy enr. Photographies et illustrations

La lecture de votre pause-pensée me fait réfléchir à tout coup. Ce mois-ci [nov.déc. 2013] vous m’interpellez par la conclusion de Dominique Olivier que vous semblez faire vôtre : « Il faudra accepter de gérer dans la complexité en intégrant l’environnement, le social et l’économique. » Au Syndicat des producteur de bois de l’Estrie, nous sommes le gestionnaire du certificat FSC pour la certification forestière de 140 000 ha de superficies forestières qui appartiennent à plus de 2150 propriétaires de boisés dans les cinq groupements forestiers estriens, dont trois sont des coopératives. Le lien entre votre texte et la certification forestière est que l’environnement, le social et l’économique sont à la base des principes à respecter dans la certification. Le monde rural, et en particulier les producteurs agricoles et forestiers, ont jusqu’à maintenant toujours réussi à gérer par de bonnes pratiques leur environnement, leur communauté et leur apport à l’économie régionale. Mais qu’adviendra-il de tout ça avec les urbains qui débarquent sur le bord des lacs et les chasseurs saisonniers qui achètent boisés et chalets et viennent passer un mois à la campagne ou leurs fins de semaine ? Ces néo-ruraux voudraient nous imposer leurs nouvelles pratiques environnementales pour avoir plus de tranquillité dans leur cocon, mais ils ne se mêlent pas à la communauté et leur apport économique est faible.

Raymond Thibeault Directeur général Syndicat des producteurs de bois de l’Estrie M. Thibeault, Je crois qu’il sera – ou plutôt qu’il est ! – impératif d’instaurer des espaces de dialogue entre agriculteurs et néo-ruraux. Chacun est de bonne foi avec sa lunette d’approche, mais il m’apparaît évident qu’on ne regarde pas toujours avec le même angle... n’est-ce pas ? Est-ce que les coopératives devraient jouer ce rôle ? Peut-être… À méditer. Colette Lebel, agronome Directrice des affaires coopératives La Coop fédérée

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Le Coopérateur agricole | JANVIER 2014

Jessy Blanchette, Christine Bourbonnais, Pierre Cadoret, Bernard Diamant, Stéphane Lemire, Nancy Malenfant, Nicolas Mesly, Stéphane Payette Conception et graphisme Pierre Cadoret, Suzanne Turcot, Noémie Turcotte, Michaël Guimond Webmestre

Ricardo Silva

Photogravure et impression Interweb Inc. Illustation de la page couverture Michaël Guimond Les photos, illustrations et textes publiés dans Le Coopérateur agricole et sur le site Internet de La Coop fédérée ne peuvent être réutilisés sans autorisation.

Service des abonnements Abonnement (taxes incluses)

1 an : 25 $ 2 ans : 40 $ 3 ans : 55 $ À l’étranger - 1 an : 90 $

Correspondance

Retourner toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada à :

Le Coopérateur agricole

C.P. 500 Station Youville Téléphone : 514 384-6450 Montréal (Québec) H2P 2W2 Télécopieur : 514 858-2025 Courriel : coopagri@lacoop.coop Adresse Web : www.lacoop.coop/cooperateur www.lacoop.coop/cooperateurvirtuel Poste-publications, convention n° 40628621 Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec 107650-01-14

Mme Lebel,


Entre nous

Bonne et heureuse année 2014

L

Photo : martine doyon

For English version, please visit our website at www.lacoop.coop/ cooperateur

es années se suivent et ne se ressemblent pas. Heureusement, diront certains; malheureusement, diront d’autres. Mais ce qui est sûr, c’est que le temps s’écoule également pour tout le monde, même si notre perception du temps qui passe change avec les années. J’espère que vous avez eu un joyeux temps des Fêtes en famille et entre amis et que vous avez su faire le plein de ces rares moments où l’on s’arrête un peu, pour apprécier le temps qui passe avec ceux et celles que l’on aime. Au Nouvel An, en plus de prendre des résolutions, il est de tradition de profiter de cette période d’accalmie pour jeter un dernier regard sur l’année qui vient de s’écouler et essayer de prévoir celle qui s’en vient. Je vous laisse faire votre bilan personnel, mais comme président, je vais vous faire celui du réseau La Coop. L’année écoulée a encore été riche en activités de toutes sortes pour le réseau La Coop. Avec le recul, ce que je constate, c’est qu’à la suite de l’Année internationale des coopératives, en 2012, le mouvement coopératif mondial s’est donné une période de réflexion afin de mieux se positionner pour les années à venir. Ainsi, tel qu’il a été mentionné en cours d’année, La Coop fédérée a participé à l’adoption du plan d’action pour une décennie coopérative de l’Alliance coopérative internationale. Ce plan met notamment l’accent sur la nécessité d’améliorer nos communications dans le but de susciter la participation des membres. Il est important que les coopératives soient efficaces et performantes pour se donner les moyens de leurs ambitions, mais il est tout aussi important d’investir dans cette façon différente de faire des affaires qui distingue les coopératives des autres types d’entreprises. La Coop fédérée a aussi participé activement à la fusion des deux organisations nationales, l’anglophone et la francophone, en une seule organisation, apte à mieux nous représenter sur le plan fédéral.

Plus qu’à un changement de structure, c’est à un changement de culture que cette réorganisation nous convie, changement rendu possible grâce au partage des mêmes valeurs coopératives des deux réseaux. Le réseau La Coop n’est pas en reste en matière de réflexion, puisque l’année 2013 a donné lieu à une vaste démarche de réflexion stratégique, la dernière d’une telle ampleur ayant eu lieu il y a 25 ans ! Outre l’adoption de valeurs communes liées aux valeurs coopératives universelles, le réseau La Coop s’est donné une mission et une vision et a convenu de poursuivre le travail d’harmonisation dans 12 chantiers, dont 5 ont été jugés prioritaires. Ce temps d’arrêt pour regarder en avant et mieux travailler ensemble ne signifie pas que nous soyons demeurés immobiles sur le plan des affaires. Ainsi, La Coop fédérée a notamment poursuivi son expansion dans l’Ouest canadien avec l’acquisition d’une importante entreprise de production porcine. Cet investissement qui se voulait avant tout défensif, pour protéger les approvisionnements de notre usine de Red Deer, s’avère également profitable pour plusieurs de nos autres secteurs d’activité et constitue la tête de pont de notre développement dans l’ouest du pays. Plus récemment, nous avons également annoncé un partenariat stratégique avec BMR dans le secteur des quincailleries, partenariat visant à consolider le positionnement des coopératives membres comme leaders de la distribution en zone rurale et semi-rurale. Peu de gens sont conscients que La Coop fédérée, par ses acquisitions et l’amélioration de sa proposition d’affaires, a presque doublé son chiffre d’affaires au cours des huit dernières années. Je ne me ferai pas devin si je vous dis que les deux ou trois prochaines années seront surtout consacrées à consolider et à digérer cette croissance accélérée et ces acquisitions, ainsi qu’à poursuivre l’harmonisation des façons de faire du réseau La Coop, pour encore mieux vous servir. Sur ce, je vous souhaite santé et bonheur. Et pour la prospérité, je vous invite à penser au réseau La Coop. Nous n’avons pas la prétention d’être une solution à tous vos problèmes et à tous vos enjeux, mais nous avons indéniablement la prétention de faire partie des solutions. Bonne année 2014 !

Denis Richard Président, La Coop fédérée denis.richard@lacoop.coop

JANVIER 2014 | Le Coopérateur agricole

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Méli-mélo

Ne jetez plus vos pelures ! Le Dr Émile Levy, professeur au Département de nutrition de l’Université de Montréal, et son équipe ont découvert que les pelures de pomme contiennent des molécules organiques bénéfiques pour la santé, appelées polyphénols, qui ont le pouvoir de prévenir, voire de contrecarrer les stress oxydatifs et l’inflammation dans le système gastro-intestinal. Et ces propriétés exceptionnelles ne se retrouvent pas toujours dans la chair du fruit. Mieux vaut donc bien laver la pelure à l’eau chaude plutôt que de l’enlever. (Les diplômés)

L’Afrique agricole Ce continent possède 60 % des terres arables non exploitées dans le monde, soit quelque 590 millions d’hectares, comparativement à 300 millions d’hectares en Amérique latine et 80 millions répartis dans les autres continents. (Harvard Business Review)

Une découverte aide à protéger l’approvisionnement mondial de blé Des chercheurs d’Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) ont fait une percée dans le cadre des efforts déployés à l’échelle internationale pour protéger les cultures de blé contre Ug99, une rouille de la tige du blé potentiellement dévastatrice qui s’attaque aux cultures, de l’Afrique jusqu’en Asie occidentale, et qui menace l’approvisionnement mondial de blé. Environ 90 % des variétés de blé cultivées dans le monde (y compris celles cultivées au Canada) sont vulnérables à cette maladie, car elles ne renferment qu’un seul gène résistant, que la souche Ug99 a réussi à vaincre. L’objectif est de combiner les gènes pour créer une accumulation de gènes résistants. Bien que cette souche n’ait pas encore fait son apparition en Amérique du Nord, les chercheurs d’AAC ont identifié trois nouveaux gènes très résistants à Ug99, qui n’ont jamais été utilisés dans la sélection du blé. En coordonnant les activités de croisement, les chercheurs d’AAC accéléreront le remplacement des variétés vulnérables par de nouvelles variétés à haut rendement et résistantes à la rouille du blé Ug99. En 2012, AAC a envoyé des semences des variétés canadiennes résistantes à des sélectionneurs de blé des États Unis et du Centre international d’amélioration du maïs et du blé (CIMMYT) en vue de l’amélioration des variétés locales dans les régions touchées et dans les pays en développement les plus à risque. (FAC)

19 400 Nombre de boissons gazeuses de la société Coca-Cola consommées chaque seconde dans le monde. (Inspiro)

Les alcools du terroir québécois en croissance Toujours en progression, les ventes d’alcools du terroir ont totalisé 17 millions $ au cours de la dernière année, soit 2 millions $ de plus que la précédente. Cette croissance de 13 % en cache une autre encore plus remarquable. En effet, en 2012-2013, les ventes de vins québécois à la SAQ ont progressé de 40 % ! Cette tendance toujours à la hausse démontre que les consommateurs adoptent volontiers les produits d’ici qui leur sont proposés en succursale (SAQ, Novae)

Convocation Par décision du conseil d’administration de La Coop fédérée, avis est par les présentes donné que la 92e assemblée générale annuelle des sociétaires de La Coop fédérée aura lieu au Centre des congrès de Québec sis au 900, boulevard RenéLévesque Est, Québec, province de Québec, le 27 février 2014, à 9 h. Prenez également avis qu’une proposition de modification au règlement numéro 4, concernant l’élection des membres du conseil d’administration de La Coop fédérée sera soumise à l’assemblée, et ce, afin de mettre à jour la composition des territoires. Le secrétaire général, Me Jean-François Harel

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Le Coopérateur agricole | JANVIER 2014

Merci, brocoli ! Futur remède contre l’arthrose ? C’est la piste qu’explorent les chercheurs de l’Université d’East Anglia, au Royaume-Uni. Ils ont découvert que les cellules de cartilage présentent moins de lésions et de symptômes d’arthrose avec un régime riche en sulforaphane, substance libérée par les légumes crucifères, notamment le brocoli. Leur étude a porté à la fois sur des cellules de cartilage humain ainsi que des tissus de bovins et de souris. Le sulforaphane bloquerait les enzymes responsables de la destruction des articulations. Cela inhiberait une protéine, cause de l’inflammation. Un espoir pour une maladie invalidante contre laquelle il n’y a pas de traitement efficace hormis la chirurgie. (Horizon)



Le Codex Alimentarius a fêté ses 50 ans Le Codex Alimentarius (code alimentaire, en latin), organe mondial chargé de l’élaboration des normes alimentaires pour assurer la protection des consommateurs et des pratiques équitables dans le commerce international des denrées, a célébré, en 2013, son 50e anniversaire. Les normes du Codex sont la référence mondiale en matière de salubrité des aliments. Elles sont reconnues comme les meilleures à l’échelle internationale, à tous points de la chaîne alimentaire. Le Codex Alimentarus contribue à améliorer l’accès à une nourriture saine et nutritive, et ses normes permettent de fournir une orientation aux personnes dont les moyens d’existence dépendent directement de l’agriculture et du système alimentaire. L’harmonisation des normes contribue à faciliter les échanges et les mouvements de produits alimentaires entre les pays. (FAO)

Balades et balados Les balados audio sont des programmes que vous pouvez télécharger et écouter au moment qui vous convient. Plusieurs balados fonctionnent par abonnement, ce qui veut dire qu’une fois inscrit, vous recevrez automatiquement les nouveaux programmes lorsque ceux-ci seront disponibles. Vous pouvez écouter les balados sur votre ordinateur, votre tablette mobile, votre téléphone intelligent ou votre lecteur de fichiers MP3. Pour la plupart, les balados ne comportent aucune publicité. Il existe de nombreux balados sur l’agriculture que produisent les ministères de l’Agriculture d’ici et d’ailleurs. En cherchant « balado agriculture » dans Google, vous obtiendrez toutes sortes de balados intéressants et provenant d’autres régions du monde. (FAC)

Aires protégées dans le monde 13 % de la surface terrestre 7 % des eaux côtières 1,4 % des océans (Le Monde)

Même à faible dose, l’alcool est dangereux Un seul verre d’alcool par jour augmente les risques de cancers. C’est l’une des conclusions d’une étude américaine regroupant l’ensemble des travaux menés depuis 2009 sur plus de 400 000 personnes. Malgré les bénéfices cardiovasculaires associés à une faible consommation, un verre de vin quotidien augmente de 25 à 35 % le risque de cancer mortel. Risque qui atteint 54 % en cas de forte consommation d’alcool, soit au moins trois verres par jour. Il n’existerait donc pas de niveau sain de consommation. Bien au contraire, l’alcool cause au total 10 fois plus de décès qu’il n’en évite. (Science & Vie)

Canada : PorcTracé obligatoire à compter de juillet 2014 Le Conseil canadien du porc (CCP), l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) et le gouvernement fédéral se sont entendus pour fixer la date du lancement officiel du système obligatoire de traçabilité national pour le porc au 1er juillet 2014. Ce système, que l’on a nommé PorcTracé, s’applique à tous les maillons de la chaîne de valeur du secteur porcin, soit aux producteurs, aux abattoirs et aux transporteurs de porcs. Souvenons-nous que le développement de PorcTracé s’est fait à la suite du dépôt du projet de Loi sur la salubrité des aliments au Canada, en juillet 2012, qui visait à rendre obligatoire la traçabilité des porcs à l’échelle nationale par l’entremise d’une modification au Règlement sur la santé des animaux. (EchoPorc)

0,19 hectare Ce sera la surface de terres cultivables par personne en 2050. (Science & Vie)

Un objectif à atteindre ? Un rêve à réaliser ? Voici des pistes pour réussir

1. Rêvez grand et enthousiasmez-vous

22,7 Nombre de cuillerées à café de sucre (contenu principalement dans les aliments transformés) que consomme quotidiennement un Américain moyen. Ce qui représente, en une année, 35 kg. (National Geographic)

2. Planifiez

Le Coopérateur agricole | JANVIER 2014

Que voulez-vous avoir fait dans six mois, un an ou deux ans ? Établissez un plan d’action.

3. Passez à l’action

Ne laissez pas passer une seule journée sans faire un geste pour atteindre votre objectif.

4. Prenez la responsabilité de ce qui vous arrive

Vous créez votre réalité, alors mettez-vous aux commandes.

5. Apprenez à utiliser vos émotions

Ceux qui réalisent leurs rêves cultivent les émotions positives.

6. Sachez vous entourer

Créez un environnement stimulant et encourageant.

7. Surtout, soyez patient

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Vous vous donnez ainsi une direction vers laquelle vous aurez envie d’aller.

Les grands rêves demandent du temps. Appréciez le trajet et récompensez-vous en cours de route. (Idées)


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Pau s e - p e n s é e

Coopération à la ferme : la nouvelle frontière

C’

Photo : martine doyon

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était l’automne dernier, au cours d’une conférence à l’Université Laval. J’évoquais les défis que devra relever le réseau La Coop au cours des prochaines années. J’expliquais notamment que la coopération agricole subissait une double pression quant à sa relève. Tout d’abord, en agriculture comme dans la société en général, la courbe démographique présente un déséquilibre entre une population toujours vieillissante et des jeunes de moins en moins nombreux. Mais en plus, le milieu agricole est fortement touché par la consolidation du secteur : selon Mario Handfield (ARUC, 2011), le milieu rural a vu disparaître 77 % de ses fermes de 1951 à 2001. Les fermes sont plus grandes, donc plus difficiles à acquérir pour un jeune – et particulièrement lorsqu’il ne vient pas du milieu. Pendant la période de questions, un étudiant m’a interpellée : « Si c’est difficile de trouver de la relève dans les fermes, pourquoi La Coop fédérée ne soutient-elle pas les initiatives visant à former des coopératives pour assurer cette relève ? » J’ai rappelé que notre réseau se positionne avec succès en amont et en aval de la ferme, et que c’est là d’ailleurs que s’inscrit la mission de La Coop fédérée. Mais j’ai dû reconnaître aussi que nous n’avons jamais vraiment exploré et promu la coopération à la ferme. Je connais pourtant plusieurs fermes coopé­ ratives. Celle dont j’entends le plus parler, peut-être parce qu’elle se situe près de chez moi, c’est la Ferme coopérative Tourne-Sol, aux Cèdres. Elle est constituée en coopérative de travailleurs regroupant cinq membres, qui trouvent de nombreux avantages au modèle : un investissement individuel moins lourd, une meilleure qualité de vie grâce à un horaire plus souple, et un cadre favorisant la durabilité de l’entreprise.

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Nul doute que la coopérative de travailleurs est un modèle qui gagnerait à être connu davantage. Il y a quelques années, j’ai eu le plaisir de m’entretenir avec Henry Mintzberg, une sommité en sciences de la gestion, et il avait démontré un intérêt tout particulier pour les coopératives de travailleurs. D’après lui, ce sont celles qui offriraient le plus de potentiel sous l’angle organisationnel, car les travailleurs étant aussi les propriétaires, leur intérêt pour le succès de l’entreprise est tout naturel et ils s’en trouvent fortement mobilisés. Il y a aussi d’autres modèles de fermes coopératives : la coopérative de solidarité, qui permet d’inclure différents partenaires de soutien ; la coopérative de travailleurs actionnaires, qui facilite le transfert de propriété d’une partie de l’entreprise vers ses travailleurs ; il y a aussi la coopérative adossée à une fiducie foncière agricole, une option fort intéressante lorsqu’on veut protéger le patrimoine foncier de la spéculation. Sous ce dernier modèle, on donne souvent en exemple la Ferme Cadet-Roussel, en Montérégie, et la Ferme de la Colline du chêne, à Bromont. Bref, différents modèles de fermes coopératives existent et des ressources d’accompagnement peuvent guider les intéressés : le Groupe Coop Relève (GCR), du Conseil québécois de la coopération et de la mutualité, de même que les coopératives de développement régional. La véritable question cependant, au-delà des choix de structure, se rapporte à l’attrait de la coopération pour les jeunes. Les valeurs coopératives rejoignent-elles les jeunes ? À supposer que la relève agricole est à l’image de la jeunesse québécoise en général, il est intéressant de prendre connaissance des travaux réalisés en 2011 par Chantal Royer, professeure à l’UQTR, sur les valeurs de nos jeunes. Selon elle, lorsqu’ils atteignent 19, 20 ans, ces jeunes accordent beaucoup d’importance à l’entraide, au respect et à la solidarité. Voilà certes des valeurs coopératives. En somme, même si le Québec n’a pas une longue tradition de fermes coopératives, le modèle devrait aujourd’hui prendre sa place dans notre coffre à outils. Car les temps changent. Et les besoins aussi.

Colette Lebel, agronome Directrice des affaires coopératives La Coop fédérée Courriel : colette.lebel@lacoop.coop Télécopieur : 514 850-2567


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Fa i t s e t g e s t e s

Par Vincent Cloutier, agronome, MBA

Uréeka !

Économiste principal La Coop fédérée vincent.cloutier@lacoop.coop

Le tandem IFFCO Canada1 - La Coop souhaite construire une usine d’urée à Bécancour. Il s’agit du plus grand projet industriel dans la vallée du Saint-Laurent en plus de 40 ans. Regard sur le marché de l’urée, un fertilisant azoté dont trop de gens ont tendance à perdre de vue le caractère stratégique.

L’ Photo : Pierre cadoret

urée représente le tiers de tous les fertilisants minéraux utilisés à l’échelle mondiale. Les producteurs agricoles du monde entier en épandent quelque 160 millions de tonnes métriques annuellement. Bien que la consommation d’urée soit stable au Québec, elle augmente à un rythme de 3,8 % par an à l’échelle mondiale, selon l’International Fertilizer Association. Aux dires de la FAO, la rareté des terres agricoles nous contraindra à miser sur l’augmentation des rendements pour répondre à la demande croissante. Cela passe notamment par une utilisation optimale des fertilisants. C’est donc sans surprise que les grandes sociétés spécialistes de cette industrie entrevoient que la demande mondiale continuera de croître au même rythme que les années précédentes sur un horizon visible.

« La moitié de l’azote contenu dans nos tissus  a transité par une usine de fertilisants. »

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IFFCO est une coopérative indienne spécialisée dans l’industrie des fertilisants et qui regroupe quelque 50 millions de membres agriculteurs.

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Malgré cela, certains soutiennent que l’agriculture devrait s’en tenir aux fertilisants organiques (fumiers et lisiers principalement) pour réapprovisionner les sols en éléments minéraux. Or, il est mathématiquement impossible, à l’échelle planétaire, de se limiter aux engrais organiques. Un bilan scientifique paru en 2012, Agriculture and the Nitrogen Cycle, rappelle que les plantes prélèvent du sol davantage d’azote que les engrais organiques, les résidus de culture et les nodules des légumineuses réunis n’en apportent. Ainsi, sans les usines de fertilisants azotés, l’équation ne pourrait pas s’équilibrer. Le magazine National Geographic signalait au printemps dernier que la moitié de l’azote contenu dans nos

Le Coopérateur agricole | JANVIER 2014

tissus a transité par une usine de fertilisants. On se rappellera que l’azote est un composant essentiel de toutes les protéines. L’urée est un produit essentiel dont la demande est en hausse constante. Ce n’est donc pas un hasard si les projets d’usine d’urée se multiplient un peu partout sur la planète. Pas de façon uniforme, toutefois. Certaines régions présentent davantage de potentiel que d’autres. Puisque la production d’urée requiert des quantités importantes de gaz naturel, ce sont principalement celles où le coût de cette énergie est plus abordable qui sont ciblées par les promoteurs. Selon Rabobank, les régions de l’Afrique du Nord, du Moyen-Orient et de l’Amérique du Nord sont les plus compétitives en ce qui a trait à la production d’urée. Chez nous, c’est l’essor de la technologie de la fracturation qui a diminué radicalement le prix du gaz naturel. De surcroît, la capacité de production d’urée en Amérique du Nord, qui représente 5 % de la capacité mondiale, ne comble que la moitié des besoins. Cette balance commerciale négative justifie aussi l’augmentation de la capacité de production d’urée sur le continent. L’histoire dira si les organisations promotrices de ce projet gigantesque seront en mesure de surmonter les obstacles entourant sa mise en œuvre. Chose certaine, l’accès à un approvisionnement local en urée représente un avantage stratégique indéniable lorsque vient le printemps, où une large clientèle doit être approvisionnée en l’espace de quelques semaines. Comme on n’est jamais à l’abri d’avaries dans le transport maritime, l’importation d’urée d’outre-mer n’est pas sans risque. Des coûts de production polarisés 300 250

L’Europe et l’ancienne Union soviétique ont la plus faible compétitivité pour la fabrication d’urée, ce qui les rend sujettes à des fermetures d’usines moins efficaces.

200 150

Régions propices aux investissements

100 50 0

Moyen-Orient Amérique et Afrique du Nord (15 %) (4 %)

Amérique centrale et du Sud (4 %)

Asie (65 %)

Ancienne Union Soviétique (7 %)

Europe (5 %)

Note : (%) représente la part de la région dans la capacité mondiale de fabrication d’urée Source : Information de la société Bloomberg, Rabobank, 2013


Fertilec, l’esprit de la coopération. Lorsque Joseph Gosselin, participa avec Alphonse Desjardins à la fondation de la Caisse populaire de Lévis, première coopérative d’épargne au Canada, il était loin de se douter que cela deviendrait le Mouvement Desjardins. Dans cet esprit, si aujourd’hui son arrière petit-fils Jacques Gosselin, co-fondateur de Fertilec avec Nicole Arsenault, est étroitement associé aux coopératives agricoles du Québec, c’est parce qu’il croit toujours aux valeurs de la coopération et aux gens qui en font partie. Pour cette raison, la qualité des produits de Fertilec ne fera jamais défaut.

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NOS PARTENAIRES


Louise Isabelle et son fils Kevin

Fe m m e e n g ag é e

Par Hélène Cossette

En grande première Lorsqu’elle est entrée au conseil d’administration de La Coop Uniforce, il y a quatre ans, Louise Isabelle a été très surprise d’apprendre qu’elle était la première femme à y siéger. « On ne devrait pourtant pas être gênées d’y aller. On a de l’expérience et on connaît ce qui se passe sur nos terres aussi bien que les hommes », fait valoir l’administratrice, qui est par ailleurs responsable de la comptabilité et des ressources humaines au sein de l’entreprise maraîchère fondée par ses parents en 1946. Photo : MÉLANIE COURCHESNE

E

n plus du patriarche, toujours aux commandes, ses quatre frères, deux neveux et elle-même sont tous actionnaires de cette entreprise qui cultive carottes, oignons et pommes de terre sur une superficie totale de 440 hectares de terres noires et 15 hectares de terres franches à Saint-Michel-de-Napierville. Isabelle et fils inc. a toujours été membre de La Coop Uniforce. De plus, l’entreprise fait partie de deux autres coopératives – Consu-Pak et Onipro – pour l’emballage et la distribution de ses carottes et oignons. « C’est important pour nous de nous regrouper entre maraîchers pour être plus forts », estime Louise Isabelle.

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C’est d’ailleurs un de ses voisins maraîchers qui l’a incitée à lui succéder au conseil d’administration. « Je ne savais pas trop ce qu’on attendait de moi », se souvient cette diplômée de l’UQAM en comptabilité. « Je ne connaissais rien des grandes cultures et ça me paraissait bien gros », dit-elle à propos de cette coopérative qui est notamment le grossiste en semences maraîchères de tout le réseau La Coop au Québec. Le défi était d’autant plus grand qu’on lui demandait son avis et celui des agriculteurs de son entourage sur une décision cruciale pour l’avenir de la coopérative. « Nous étions leaders dans le secteur maraîcher, mais nous avions des problèmes financiers avec celui de la machinerie », explique la comptable. « À un moment donné, il a fallu se rendre à l’évidence, continue-t-elle. Même si on est une coopérative, une entreprise, il faut que ça roule ! » Depuis qu’elle s’est départie du secteur machinerie, en 2012, La Coop Uniforce est redevenue rentable, se réjouit l’administratrice. S’il a fallu qu’elle bûche un peu au début de son mandat, Louise Isabelle apprécie beaucoup son rôle au conseil aujourd’hui. « C’est une belle expérience qui est complémentaire à mon métier et ça élargit mes horizons », résume-t-elle. Très prise par son travail et élevant seule son fils adolescent, elle dispose en effet de bien peu de temps pour faire autre chose. À l’entreprise, aux champs ou lorsqu’elle organise des sorties du dimanche pour les employés saisonniers mexicains, guatémaltèques et québécois de régions éloignées, elle travaille souvent plus de 60 heures par semaine ! « En janvier, février et mars, j’ai un peu de répit : je fais seulement 40 à 45 heures par semaine ! » dit-elle pour plaisanter. Elle souhaiterait avoir du temps pour améliorer ses connaissances en informatique, en anglais et en espagnol. Mais la femme de 54 ans confie qu’elle aimerait surtout voyager davantage, elle dont l’ambition de jeunesse était de faire le tour du monde. Si elle a fait quelques petits voyages, ce rêve n’a pas encore été comblé à son goût. « Quand j’avais le temps, mon gars était à l’école », explique-t-elle. « Présentement en 5e secondaire, il semble décidé à étudier la gestion agricole au cégep l’an prochain », dit-elle avec fierté. D’ici à ce qu’il intègre, comme sa mère, l’entreprise familiale, elle entend bien profiter des congés collégiaux de janvier pour explorer le monde avec lui !


Félicitations à Véronique Bouchard, de la Ferme aux petits oignons (Mont-Tremblant). Elle est la grande gagnante du Concours 2013 Tournez-vous vers l’excellence! et remporte une bourse de 5 000 $. Pour son profil d’excellence et pour avoir démarré son entreprise en dehors du cadre familial, Véronique a également reçu une bourse de 1 500 $ du Fonds d’investissement pour la relève agricole (FIRA). Bravo aussi aux lauréats Billy Beaudry, de la Ferme Beau-Porc (Saint-Valérien-de-Milton), et Myriam Harton, de la Ferme Denis St-Pierre enr. (Saint-Arsène), qui obtiennent chacun une bourse de 2 500 $. La Financière agricole souligne le dynamisme et la détermination des jeunes entrepreneurs agricoles qui se démarquent par leurs aptitudes professionnelles et leurs qualités de gestionnaire.

Pour mieux les connaître, visitez notre page Facebook.


CUMA

Une barque coopérative qui tient le cap

Le conseil d’administration de la CUMA des BassesLaurentides. À l’arrière, de gauche à droite : Jean-Pierre Éthier, Daniel Husereau et Normand Bourgon (secrétaire-trésorier). À l’avant : Jacques Bédard, Pascal Leduc et Christian Castonguay.

La CUMA des Basses-Laurentides mène sa barque depuis bientôt 15 ans, avec à son bord 63 membres passagers et un secrétairetrésorier qui tient fermement la barre. L’histoire des coopératives d’utilisation de machinerie agricole (CUMA) au Québec a commencé dans les années 1990, le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) encourageant cette formule de partage d’équipement. La CUMA des Basses-Laurentides est née dans cette mouvance en 1999. « C’est un conseiller du MAPAQ de Blainville qui l’a démarrée, raconte le secrétaire-trésorier, Normand Bourgon. La première branche d’activité fut créée pour l’achat d’un épandeur à fumier solide. » Texte et photos par Nancy Malenfant

A

ujourd’hui, la CUMA des BassesLaurentides compte 63 membres actifs, qui possèdent 39 machines réparties dans 26 branches d’activité. Pourtant, jusqu’à 2005, le nombre de membres de la coopérative stagnait autour de 35. « Le démarrage a été plutôt lent », se rappelle l’administrateur Jacques Bédard. Beaucoup de fermes environnantes, de taille respectable, généraient un volume de travail

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Le Coopérateur agricole | JANVIER 2014

suffisant pour posséder leur propre machinerie et montraient peu d’intérêt pour la CUMA. Cela, et le fait que le partage d’équipement entre voisins ne constituait pas une pratique si courante dans la région, a ralenti le développement de la coopérative. Le temps et le bouche-à-oreille ont cependant fait leur œuvre, et le scepticisme s’est estompé. D’autres agriculteurs ont ainsi décidé de se joindre au groupe dans les années suivantes.


Bon coup

Dans le passé, la CUMA des BassesLaurentides acceptait le plus de membres possible dans ses branches d’activité. « Le but était de diminuer au maximum les frais d’utilisation », explique le secrétaire, Normand Bourgon. Or, cette belle ouverture aux nouvelles adhésions n’a pas amené que des avantages financiers. Quelques producteurs, à l’esprit plus ou moins coopératif, ont créé de la mésentente au sein des branches en n’entretenant pas les machines ou en ayant du mal à fonctionner avec les principes du partage. « Certains prenaient la CUMA pour une entreprise de location de machinerie », affirme l’administrateur Pascal Leduc. Ces membres n’ont tout simplement pas été réintégrés au groupe lors du renouvellement de l’équipement des branches dont ils faisaient partie. Ce qui fait dire au président, Christian Castonguay, qu’être membre d’une CUMA est un apprentissage. « Le partage entre agriculteurs oblige à mieux s’organiser, explique-t-il. Chacun doit se responsabiliser pour la planification des travaux. Un membre ne peut pas décider à la dernière minute qu’il a besoin d’une machine et espérer que celle-ci soit toujours disponible. » En outre, la difficulté de gérer des branches à plusieurs machines comprenant jusqu’à 24 adhérents a poussé le conseil d’administration à revoir la taille des branches. Depuis deux ans, il a renversé la tendance en favorisant la création de groupes d’environ quatre à six producteurs, en tenant compte de la proximité géographique entre ceux-ci. Par exemple, il a été décidé récemment d’acheter un quatrième rouleau Brillion et de diviser la branche de 24 agriculteurs en quatre branches plus petites comprenant chacune six membres. « Et nous avons aussi décidé de ne pas louer nos machines à l’extérieur de la CUMA, ajoute l’administrateur Daniel Husereau. Nous voulons éviter leur surutilisation. »

Une neutralité appréciée Le conseil d’administration est heureux de pouvoir compter sur un secrétaire-trésorier externe à la CUMA. « Normand est une personne neutre », souligne Jacques Bédard. N’ayant pas de lien de parenté ou de voisinage, il peut intervenir plus facilement en cas de mésentente ou d’un autre problème. « Et comme il n’utilise pas luimême les machines, il n’est pas non plus en conflit d’intérêts », précise Christian Castonguay.

Avant, l’utilisation des épandeurs à lisier était comptabilisée à la journée. Or, certains producteurs faisaient des journées de 16 heures, alors que d’autres épandaient pendant 8 ou 10 heures. Cette situation entraînait beaucoup d’injustice et d’insatisfaction. Les membres ont donc installé des compteurs kilométriques sur les épandeurs à fumier et à lisier pour plus d’équité et de précision dans la répartition des frais d’utilisation. « Ce sont mes stagiaires français qui m’ont parlé de cette option, puisqu’ils fonctionnaient de cette façon chez eux », dit l’administrateur Jacques Bédard.

mauvais coup

Plus ou mieux ?

La CUMA possède son organe d’information interne, l’Info CUMA, qui est publié deux fois par année et envoyé à tous les membres en même temps que les factures de janvier et de juin. Cette brève publication, rédigée par Normand Bourgon, permet de diffuser l’information d’intérêt général, comme la date de l’assemblée générale annuelle et les nouveautés dans la CUMA. Le secrétaire-trésorier en profite aussi pour faire des rappels quant à l’utilisation et à l’entretien de la machinerie.

Normand Bourgon travaillait au MAPAQ à l’époque du démarrage de la CUMA des BassesLaurentides. Il a remplacé son collègue au secrétariat de la coopérative lorsque celui-ci est parti en 2000 et il gère également la trésorerie de la coopérative depuis 2011. Il admet cependant que son mandat couvre un éventail de tâches beaucoup plus large. « Par exemple, lorsque des producteurs veulent ouvrir une nouvelle branche ou remplacer une machine, j’établis les scénarios de coûts d’utilisation et je rencontre les membres concernés, dit-il. Je fais ensuite un rapport au conseil d’administration, qui prend une décision quant à l’achat de la machine. » À trois reprises durant l’année, Normand Bourgon envoie les factures aux producteurs membres. En janvier et en juin, chaque membre doit verser des avances correspondant respectivement à 40 % et 45 % de la somme totale payée l’année précédente. La facture finale est transmise en décembre, après que le secrétaire-trésorier a compilé les unités d’utilisation réelles et calculé le coût de chaque unité pour l’année. « Avec trois rentrées d’argent dans l’année, la CUMA a un bon fonds de roulement et n’a pas besoin de marge de crédit », confie-t-il.

Le regroupement en CUMA permet aux producteurs agricoles d’acquérir des machines performantes et à la fine pointe de la technologie qu’ils n’auraient pu s’offrir individuellement. La coopérative a acheté 240 000 $ deux citernes à lisier de 4400 et 5300 gallons avec réservoir en aluminium, un matériau trois fois plus léger que l’acier.

Le partage de ce tracteur de 225 chevaux permet à trois membres d’utiliser des machines de la CUMA auxquelles ils n’auraient pas accès autrement.

Un carnet accompagne chaque machine afin qu’on note les unités d’utilisation, l’état de la machine à l’arrivée et au départ ainsi que les entretiens et réparations effectués sur celle-ci, s’il y a lieu.

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Sur le plancher d e s va c h e s

Par Sylvain Boyer, T. P. Directeur principal Service des ruminants La Coop fédérée sylvain.boyer@lacoop.coop

Tranche de vie

Ça y est. La date de tombée de mon billet est passée depuis plus d’une semaine et je suis devant une page blanche. Bien sûr, j’ai amplement d’idées et de sujets sur lesquels écrire, mais cette fois-ci, on dirait que c’est plus difficile. C’est probablement parce que je suis aux prises depuis 10 jours avec un mal de dent terrible. En dépit du cocktail de pilules de toutes les couleurs, la pression exercée sur cette damnée dent est plus forte que celle de produire mon texte. Disons que ma concentration n’est pas à son meilleur niveau !

Photo : Martine Doyon

For English version, please visit our website at www.lacoop.coop/ cooperateur

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J

e me questionne : est-ce que je devrais parler encore de stratégies apportant un meilleur revenu à la ferme ? À moins de revenir sur des exemples de bonnes performances, des éléments de gestion à améliorer ou du lait d’automne qui n’a pas été fait ? Et si je faisais changement pour une fois et vous parlais, tout simplement, d’éléments qui ont marqué mes dernières semaines ? Alors, voilà... Je suis récemment allé aux expositions d’automne à Saint-Hyacinthe et à Toronto. Incroyable de voir la qualité des animaux présentés et, surtout, les résultats exceptionnels de nos clients. Cela crée même un heureux problème : nous aimerions bien publiciser tous les résultats incroyables de ces producteurs, propriétaires de bêtes alimentées par le réseau La Coop, qui se sont présentés dans les différents championnats, mais nous aurions alors besoin de beaucoup plus que deux pages dans les revues de races ! Il va sans dire que l’élevage des génisses et le programme Goliath sont à l’honneur. À propos de génisses, nous relançons le Défi Goliath en 2014. Mais comment attirer votre attention sur ce concours qui ne vise pas

Le Coopérateur agricole | JANVIER 2014

seulement à reconnaître les performances d’élevage ? Le but de ce défi est simplement de faire en sorte qu’il y ait une amélioration dans la phase d’élevage de tous les troupeaux ou presque. C’est une question de gros sous. La moyenne d’âge au premier vêlage se situe encore au-delà de 27 mois. Le fait d’améliorer de 2 mois la moyenne d’un troupeau de 50 vaches représente plus de 3500 $ d’économies, année après année. Je me suis amusé avec ce chiffre. Étant donné que les suppléments laitiers sont quand même coûteux depuis deux ans et que tout le monde aimerait bien voir leur prix diminuer, dites-vous que cette amélioration de l’âge au vêlage de deux mois a la même répercussion qu’une baisse de 80 $ par tonne du prix des suppléments laitiers des vaches en lactation. Quand on cherche des économies, on peut voir que certaines décisions de gestion auront un impact important sur la rentabilité de la ferme. Certains l’ont compris depuis longtemps. Bon, ça y est : mon dentiste a trouvé où se cachait mon mal. Je vais pouvoir recommencer à vaquer à mes occupations sans être dérangé par cet inconfort intense et penser à mon prochain article ! Des défis majeurs se présentent en ce début d’année 2014. Je vous souhaite à tous une très bonne année, santé et bonheur !


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Lait

Le secret

Jean-Philippe Côté et Julie Richer

est dans le toit

Par Stéphane Payette, T.P.

Photo : Stéphane Lemire

Ne cherchez pas de silos dans le ciel qui surplombe la Ferme Malaco : ils sont à même le sol. Jean-Philippe Côté et Julie Richer ne jurent que par les silos-couloirs. Leurs résultats pourraient convaincre le plus sceptique des incrédules. La qualité, la quantité et l’efficacité sont au rendez-vous. Leur secret ? Il est dans le toit.

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L

a Ferme Malaco, située sur le chemin de Fitch Bay, à Magog, offre un paysage à couper le souffle, en bordure du lac Lovering. Les hautes constructions souvent vues sur les calendriers agricoles ou dans les reportages n’en font pas partie. Les silos-couloirs qu’utilise l’exploitation donnent plus l’idée d’un entrepôt, avec le toit qui les surplombe. Pourtant, la grande qualité des fourrages en est tributaire. Le père de Jean-Philippe, Christian, en est particulièrement convaincu. Les pertes sont minimes et l’efficacité de la récolte est prouvée depuis longtemps. Les Côté ont toujours entreposé leur ensilage de cette façon, sauf pendant quatre ans. En 2000, des silos-tours ont été construits. La décision n’avait pas été facile pour Christian. Il s’était juré que s’ils tombaient, il n’en construirait pas d’autres. Le destin a entendu le père de JeanPhilippe, et les silos se sont effondrés sur l’étable en 2005. Heureusement, personne n’a été blessé. Seule une vache a subi des blessures mineures.


Photos : Stéphane Payette

32 à 40 ha par jour en finissant vers 19 h. On préconise un ensilage autour de 30 à 35 % de matière sèche. De cette façon, lorsqu’on remplit un silo d’un coup, ça évite les pertes de liquide [nutriments] et ça se foule assez bien. » Le chantier est planifié ainsi : ce qui est fauché avec de la rosée est raclé plus tard, et ce qui est raclé en premier est souvent ensilé en dernier. C’est une planification que les Magogois maîtrisent à mesure que leur expérience grandit. Christian entre ensuite en jeu pour l’avant-dernière étape : bien placer les tonnes de fourrages dans les silos et compacter le tout. La fin des silos est la partie plus délicate des opérations, car il est plus difficile de compacter aussi densément les derniers chargements que les premiers. Pratiques et efficaces, les silos sont construits sur un terrain en pente entre les champs et l’étable. L’arrière de la construction est au niveau du sol. Les silos-couloirs de la Ferme Malaco sont munis d’une toiture qui permet d’offrir au troupeau un ensilage de qualité 12 mois par année.

L’alimentation du troupeau Photo : Gérald Boivin

« À peine 12 heures avant, mon frère et moi étions dans un des silos pour changer un moteur, et cinq minutes avant, l’employé de la ferme était passé où les silos sont tombés. Oui, nous avons été très chanceux », se rappelle Jean-Philippe, qui n’a pas manifesté le désir de reconstruire en hauteur. Les silos-couloirs ont donc repris leur place à la ferme. Une construction de 390 m 2 (4200 pi 2), dotée d’un toit, a été bâtie. Depuis, cette méthode n’est plus remise en question. La récolte se passe en six à sept étapes, selon les besoins. Tout d’abord, la faucheuse s’attaque aux champs de fourrages, composés de luzerne, de fléole (mil) et de brome. Les producteurs s’assurent de faucher dans une proportion de six heures de coupe pour trois heures de récolte. Le mélange sera ensuite fané si l’humidité est trop élevée. La troisième étape se fait à l’aide d’un râteau, afin de mettre quatre rangs en un. La récolteuse est une autochargeuse européenne (partagée en CUMA avec la Ferme JUAR, de Coaticook) d’une capacité de chargement se situant entre 10 et 12 tonnes d’ensilage de foin. Elle peut fonctionner à 25 km/heure. L’appareil tranche l’herbe à l’aide d’un rotor muni de couteaux. Plus la vitesse est élevée et les rangs uniformes et tassés, plus le produit sera de qualité. Ce boulot est la responsabilité de Jean-Philippe, qui récolte et dépose l’ensilage dans le silo. « En fauchant dès le début de l’après-midi [jour 1] et l’avant-midi le lendemain, on fait de 6 à 8 ha [15 à 20 acres] par heure, selon la distance à parcourir entre le champ et le silo-couloir, explique Jean-Philippe. Normalement, on peut planifier un chantier de

D’après Christian Côté, qui a connu les silos-couloirs dès son enfance, c’est leur toiture qui permet de conserver plus facilement les aliments servis aux vaches et de minimiser les pertes.

Par Gérald Boivin, T.P. Expert-conseil, La Coop des Cantons

Génisses (jusqu’à 6 mois) Lactoremplaceur Goliath XLR 27-17 Foin sec Aliment Goliath VO-21 PRO C

Taures (7 à 24 mois) Balle enrobée mélangée Goliath 40

Vaches en lactation

Ensilage de foin (luzerne-mil) Foin sec de mil Aliment Synchro 5012 option 2 Aliment Synchro Robocoop HP Minéral Bloc Synchro 10-10 Supplément Synchro Pulpolac F3 pour les vaches ayant récemment vêlé

Vaches en transition Transilac LP Ensilage de foin et foin sec

Vaches taries

Foin sec Minéral Bloc Transilac 305

Profil du troupeau 60 vaches, 50 en lactation Production moyenne : 11 437 kg MCR : 253-262-256 Gras : 4,1 % Protéine : 3,23 %

JANVIER 2014 | Le Coopérateur agricole

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Photos : Stéphane Lemire

Avec leur récolteuse européenne, les Richer-Côté ensilent plus de 32 ha en une demi-journée.

Ainsi, Jean-Philippe peut entrer par l’arrière et décharger l’ensilage en quelques minutes. Finalement, une bâche-barrière à oxygène est installée pour assurer une bonne fermentation. Des boudins remplis de pierres concassées sont disposés sur le dessus. Les pertes sont négligeables — quelques kilos prennent le chemin du compost — et le reste est servi aux animaux. La récolteuse de la Ferme Malaco hache le foin à une longueur variant entre deux et quatre pouces (5 et 10 cm). Plus long que les trois quarts de pouce à un pouce auxquels les fourragères popularisées dans les années 1970 nous avaient habitués. C’est une des explications de la qualité engrangée par le couple Richer-Côté. L’expérience acquise par Christian au fil des ans lui fait dire que le toit installé audessus des amas d’ensilage joue un grand rôle. « Là où le soleil frappe la bâche, nous avons remarqué des pertes plus importantes et l’ensilage n’a pas la même couleur, dit-il. Je suis certain que la chaleur monte rapidement sous la toile et que ça affecte la qualité de la fermentation. » Germain Lefebvre, de l’entreprise Agro-Bio Contrôle, un spécialiste

En 2004, après l’effondrement des silos-tours, Jean-Philippe a décidé de revenir aux silos-couloirs. Sa compagne, Julie Richer, apprécie les nombreux avantages de ce type d’entreposage.

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en conservation des fourrages, lui donne raison. « Le soleil qui frappe directement sur la toile, si elle est foncée en plus, peut faire grimper la température de 25 à 30 °C dans les premiers centimètres, explique le spécialiste. Dans ces conditions, les pertes sont importantes. Les études ont prouvé il y a longtemps que placer de l’ensilage à l’abri des intempéries augmente considérablement sa qualité. Les eaux de précipitation, les rayons UV et les vents sont tous des éléments qui endommagent les bâches et diminuent leur efficacité. » Les Côté sont également convaincus que l’absence d’air est une autre facette de leur réussite. Parfois, l’ensilage entassé dans le silo refoule de plus de deux pieds (60 cm). Normalement, c’est un signe que la compaction n’est pas parfaite, laissant place à des pertes causées par de la moisissure. Pourtant, ils ne jettent qu’une toute petite partie de ce qu’ils serviront à leurs vaches. Le toit joue un rôle primordial dans la bonne conservation de l’ensilage. Sur cet aspect, Germain Lefebvre donne raison aux Magogois, car n’étant pas altérée par les éléments extérieurs, la bâche conserve plus longtemps son étanchéité. Le coût de construction des silos n’a pas été un problème pour les actionnaires de la ferme. Habiles de leurs mains, ils en ont bâti une large partie, et les frais n’ont pas dépassé 20 000 $. Soit le prix d’un videur à silo. Efficacité et qualité, voilà les principaux critères qui ont guidé Jean-Philippe et Christian en 2004. Non seulement le secret est dans le toit, mais il réside aussi dans la qualité de la bâche, dans la récolteuse révolutionnaire et dans la rapidité des travaux. Tout ça finit par rentabiliser le temps et permettre un rendement sans équivoque. Christian a raconté une anecdote révélant les raisons qui ont fait des Côté des spécialistes de ce type d’entreposage. « Les silos-couloirs ont toujours fait partie de ma vie, dit-il. Quand j’étais petit garçon, mes sept frères et moi foulions un des silos à pied… Nous aurions eu besoin d’un mois pour réaliser un chantier qu’on fait de nos jours en moins d’une semaine. » Aujourd’hui, l’équipe compte trois personnes. Qui dit mieux ?


F i l i è r e p o r c i n e c o o p é r at i v e

Par Jessy Blanchette, M. Adm. Conseillère en communications, La Coop fédérée jessy.blanchette@lacoop.coop

Profil d’un transporteur de porc certifié La Coop

Photo : Jessy Blanchette

Copropriétaire d’une entreprise familiale spécialisée dans le transport d’animaux vivants, producteur de porc certifié La Coop à forfait, éleveur de bovins charolais de race pure, président de l’Association québécoise des transporteurs d’animaux vivants (AQTAV), Alain Manningham a plusieurs cordes à son arc ! Un lien étroit unit toutefois ces différentes casquettes que porte Alain : la passion pour le milieu agricole.

Alain Mannigham Transporteur de porc certifié La Coop

Alain Manningham n’a pas toujours travaillé pour l’entreprise familiale. Après l’obtention d’un DEP en agriculture de l’ancienne école de SainteCroix (Lotbinière), en 1985, Alain a parcouru de nombreux kilomètres avant de racheter l’entreprise de son père avec son frère, en 2004. Il a notamment effectué du transport d’acier et d’aluminium aux États-Unis et localement pour diverses entreprises. Ses valeurs ont inévitablement ramené Alain au milieu agricole, qu’il caractérise de familial avant toute chose. « Le monde agricole est rempli de gens positifs, vaillants, prêts à affronter les défis en équipe. Certains de nos clients sont avec nous depuis 40 ans : j’ai connu le grand-père, le père, et maintenant je connais les petits-enfants. La famille au grand complet ! » dit-il. C’est principalement cette raison qui justifie tout le temps et l’énergie qu’Alain investit dans son travail, que ce soit le jour, le soir et même les fins de semaine. Le matin, les camionneurs prennent la route très tôt pour revenir à bon port en soirée. Mais en dehors du transport, il y a aussi la gestion des horaires de transport, les appels aux producteurs pour préparer la journée du lendemain, le lavage et la désinfection des camions, leur entretien et les réparations, etc. La désinfection des camions n’est d’ailleurs pas à prendre à la légère : si elle est mal effectuée, elle peut être responsable de maladies à grandes répercussions économiques dans les élevages des producteurs.

Aimer les animaux avant tout ! Le transport d’animaux vivants se distingue grandement d’autres types de transport : charger et décharger des animaux demande patience et

rigueur. « Les porcs, ça ne fait pas toujours ce que tu veux qu’ils fassent ! Ça te rentre dans les jambes, ça fait à sa tête », affirme Alain. C’est pourquoi ce métier exige d’aimer les animaux pour être en mesure de bien les traiter et de les manipuler avec soin. Un bon camionneur doit avoir la volonté d’apprendre et de comprendre comment les animaux agissent.

Répondre aux enjeux de l’industrie En tant que président de l’AQTAV, Alain a la responsabilité de traiter avec le MAPAQ, l’Agence canadienne d’inspection des aliments, La Coop fédérée, la Filière porcine coopérative, les Éleveurs de porcs du Québec et tous les autres acteurs majeurs de l’industrie. C’est en travaillant en équipe qu’il est possible d’être conforme aux normes établies, tout en s’adaptant à la réalité sur le terrain. Que ce soit pour adapter les bâtiments ou les quais de chargement, pour les normes de bien-être animal ou pour le transport des animaux fragilisés, les transporteurs ont un rôle primordial dans l’atteinte des objectifs. « Aujourd’hui, pour atteindre les marchés de créneau, il faut que tous les niveaux de la filière discutent ensemble, souligne Alain. Ensemble, on peut arriver à réaliser des économies et à trouver les meilleures solutions pour la pérennité de notre industrie ! »

NDLR : Nous remercions Alain Manningham pour sa participation et espérons que son témoignage saura susciter l’intérêt de la relève pour son métier.

AVRIL 2013 | Le Coopérateur agricole

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P r o d u c t i o n s v é g é ta l e s

Christine Bourbonnais, T.P. Conseillère en protection des cultures et engrais spécialisés La Coop fédérée christine.bourbonnais@lacoop.coop

une grande gamme à connaître

P Photo : Pierre Cadoret

our nous, à La Coop fédérée, Folium3 est un peu comme notre bébé ! Il est le fruit d’un travail d’équipe important. Ses heureux parents sont issus d’une équipe de design, de conseillers spécialisés et de collaborateurs majeurs. Comme tout parent envers son enfant, nous en sommes très fiers, d’autant plus que la gamme a très bien fait cette année. Mais la connaissez-vous ? Folium 3 est une gamme de fertilisants foliaires complètement différente de ce que nous retrouvons actuellement sur le marché québécois. Elle comprend à ce jour 16 produits, qui peuvent être utilisés en culture maraîchère et en grandes cultures. Cette gamme est très innovatrice en raison de sa Technologie Évolution Amino. Celleci consiste en un procédé unique créé spéciale‑ ment pour Folium3, qui comprend des chélates performants, des biostimulants et des adjuvants (voir l’encadré à la page 25). Il va sans dire que les matières premières utilisées pour la fabrication de la gamme sont de toute première qualité. Pour pouvoir apprécier pleinement la valeur des caractéristiques énu‑ mérées plus haut, il faut savoir que les stomates et les pores transcuticulaires – les trous qui permet‑ tent à une feuille d’absorber les fertilisants – sont

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Le Coopérateur agricole | JANVIER 2014

minuscules. Le défi est donc de taille : trouver les meilleurs produits en matière d’efficacité et de qualité qui augmenteront l’absorption des élé‑ ments nutritifs. Nous croyons avoir bien relevé le défi, puisque le chélate utilisé dans Folium3 est beaucoup plus petit que ce que nous retrouvons présentement sur le marché. Nous y avons aussi ajouté un adju‑ vant créé spécialement pour la gamme. Il a été conçu en laboratoire par une société spécialisée dans la fabrication de ce type de produits. L’adju‑ vant augmente la couverture du feuillage et, par le fait même, optimise l’efficacité du fertilisant. Dans certaines formulations, nous avons égale‑ ment ajouté un biostimulant. Le biostimulant contenu dans la gamme Folium3 est conçu pour être appliqué de façon foliaire. Il améliore la capacité photosynthétique, stimule la floraison ainsi que la fructification et permet d’accroître la tolérance des plantes aux stress. Les constituants majeurs contenus dans ce biostimulant sont des phytohormones, des acides aminés et des oligosaccharides (voir le tableau ci‑contre). Les hormones favorisent la croissance des plantes, augmentent le dévelop‑ pement racinaire et stimulent la division ainsi que la différenciation cellulaire.


Les observations… Plusieurs essais comparatifs ont été effectués en culture légumière avec Folium3. Les résultats ont été très intéressants. Certains producteurs nous ont signalé avoir observé la rapidité à laquelle le produit agissait. Cette observation est due au fait que le fertilisant est absorbé très rapidement grâce à la technologie Amino. Dans la culture du poivron, nous avons remarqué que le calibre des fruits était plus uniforme et que, dans certains cas, la présence de bactéries telles que Xanthonomas était inférieure dans les sec‑ tions traitées. L’incidence moindre des bactéries pourrait s’expliquer par l’usage du biostimulant, qui stimule et favorise la croissance en période de stress. Dans un essai d’oignon traité à quelques reprises avec du 14-3-7 contenant des éléments mineurs, il a été possible d’observer une hausse de rendement notable. Dans ce cas-ci, les appli‑ cations du produit nous ont permis d’exploiter le plein potentiel de rendement de la variété. Même si l’objectif premier d’une application foliaire

Que sont les chélates, biostimulants et adjuvants ? Chélate : Chélate dérive du mot grec qui signifie « griffe ». Les chélates sont de longues chaînes de carbone avec une charge négative. Ils emprisonnent les oligoéléments, qui sont de charge positive, et les empêchent de précipiter. Ils permettent aux éléments inorganiques de pénétrer dans la feuille. Une fois à l’intérieur de celle-ci, le chélate se brise et libère l’élément qui devient assimilable. Biostimulant : Ce mot caractérise un produit habituellement d’origine naturelle qui a pour effet de stimuler la croissance des plantes. Les biostimulants ne sont pas définis comme des fertilisants. Ils possèdent des caractéristiques biologiques, physiques et chimiques non négligeables qui activent certains processus métaboliques à l’intérieur des plantes. Il existe plusieurs types de biostimulants (acide humique, acide aminé, extrait d’algue, etc.), avec diverses utilisations. Certains agissent au niveau racinaire, alors que d’autres s’activeront davantage sur le feuillage. À chacun son mode d’action. Bien que plusieurs produits puissent contenir la même matière active, cela ne signifie pas qu’ils proviennent de la même source. Le procédé de fabrication d’un biostimulant est propre à chaque entreprise, et aucune ne divulgue sa recette. Par contre, la source ainsi que le procédé de fabrication du produit peuvent en faire varier le contenu et l’efficacité. Adjuvant : Produit chimique qui améliore le pouvoir de dispersion, d’étalement ou d’adhérence des pulvérisations sur les plantes.

dans les cultures maraîchères est de maintenir la plante en bonne santé pour qu’elle puisse pro‑ duire des fruits de qualité, lorsque l’application en question nous permet également d’obtenir des gains de rendement, c’est encore mieux ! Il nous est aussi arrivé à quelques reprises ce printemps de voir des champs très affectés par les conditions climatiques qui, à la suite d’une application de Folium3, reprenaient littéralement vie en seulement quelques jours. Je pourrais vous citer encore bien des exemples où les essais réa‑ lisés avec des fertilisants foliaires de la gamme Folium3 ont été favorables, mais je crois que vous serez un bien meilleur juge quand vous en aurez fait l’essai chez vous, dans vos champs.

Photo prise le 4 juillet 2013. Champ de cornichons affecté par les vents et la température. Une application de Folium3 14-3-7 avec éléments mineurs a été effectuée le soir même.

Photos : J-P Côté

Les acides aminés et les polysaccharides sont, quant à eux, des constituants chimiques fondamentaux. Ils ont un lien direct avec les protéines. En d’autres termes, lorsque nous four‑ nissons ces constituants à une plante en période de stress, nous favorisons son essor. Lorsqu’il est combiné à un fertilisant, le biostimulant permet également d’augmenter l’absorption des éléments nutritifs. C’est l’ensemble des composantes énu‑ mérées ci-dessus qui font de Folium3 une gamme de fertilisants foliaires unique et différente.

Principaux constituants du biostimulant Folium3 Auxines

Orientation de la division cellulaire et du mouvement des hydrates de carbone Déclenchement du développement racinaire Déclenchement de la floraison

Cytokinines

Stimulation de la division et de la différenciation cellulaire Stimulation de la maturation des chloroplastes Retardement de la sénescence des plantes

Bétaines

Maintien de l’équilibre en eau des cellules sans affecter le métabolisme Maintien de l’intégrité des membranes cellulaires Amélioration de la tolérance aux stress hydriques

Oligosaccharides

Agents chélatants / complexants Activation de mécanismes de défense naturels (éliciteurs)

Mannitol Acides aminés Acides organiques

Agents chélatants / complexants Précurseurs biologiques

Photo prise le 9 juillet, soit cinq jours après l’application. On voit bien la reprise des plants !

Source : Organic Ocean

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P r o d u c t i o n s v é g é ta l e s

Jongler avec la performance

Une pub télé disait jadis : « Calme-toi, Roméo. Une patate, c’t’une patate. » Les entrepreneurs de la Ferme Allard-Ouimet et de la Ferme J. Ouimet ne vous diront pas le contraire. Par contre, ils ajouteront que derrière cette « patate » se trouvent des années de recherche, plusieurs centaines d’heures de travail et une technologie de premier plan.

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Le Coopérateur agricole | JANVIER 2014

La production de pommes de terre en bref • Ensemencement des pommes de terre • Fertilisation avec des engrais granulaires • Application de fongicides • Application d’herbicides • Défanage • Récolte


Texte et photos de Stéphane Payette, T.P.

L

a Ferme Allard-Ouimet et la Ferme J. Ouimet, de Saint-Roch-de-l’Achigan, dans Lanau‑ dière, cultivent et commercialisent près de 600 ha (1500 acres) de pommes de terre. Pas moins de 13 variétés réparties en trois catégories (blanche, rouge et jaune) sont livrées aux centres de distribution de Loblaws et de Sobeys. Sylvain Rhéaume, Ricky Roberge ainsi que Marc-André et Ghislain Allard privilégient un aspect important de leur entreprise : la recherche et développement. Chaque année, près d’une cinquantaine de variétés de pommes de terre sont semées dans des parcelles d’essais. De ce nombre, peut-être une se retrouvera parmi les variétés cultivées. La pomme de terre sélectionnée devra générer un rendement important, avoir bon goût, résister aux maladies et se conserver longtemps. « Le premier critère, c’est le rendement, parce que les produc‑ teurs cherchent du rendement à la base », explique Marc-André Allard. L’étape des essais en parcelles durera deux ans et les coûts s’élèvent annuel­ lement à près de 10 000 $. Durant cette période, la performance de la « candidate » doit être supé‑ rieure à la moyenne, et il faut que celle-ci donne de bons résultats dans plusieurs types de sol. La pomme de terre sera placée dans des rangs de

Pour avoir à l’œil les meilleures variétés de pommes de terre, Marc-André Allard, comme toute l’équipe de la Ferme Allard-Ouimet, jongle avec pas moins de 50 candidates chaque année. L’une d’elles pourra se retrouver dans les sélections de ces producteurs de Saint-Rochde-l’Achigan.

6 m (20 pi) de long, qui seront fertilisés, arrosés et récoltés comme les grands champs. La différence sera perceptible dans la machinerie utilisée. Cette phase est presque artisanale. Une arracheuse de petite dimension mettra les pommes de terre dans des sacs de jute qui seront remis à un agronome indépendant, Gilles Hamel. Celui-ci fera les tests de goût et de conservation. Quand une variété attire l’attention des pro‑ ducteurs de pommes de terre, ces derniers en font l’essai sur une plus grande superficie durant la troisième année. Avec de bons résultats, les acres d’ensemencement augmenteront. Il peut cepen‑ dant s’écouler six ans avant qu’une variété ne prenne place dans le plan de culture de la Ferme Allard-Ouimet, l’entité responsable du volet production. « Entre la production de semence nucléaire à une semence de qualité Élite 2, il peut s’écouler jusqu’à quatre ans », indique Ricky Roberge. u

L’arracheuse des parcelles expérimentales est à l’image de ces dernières : de petite dimension, mais d’une importance capitale pour l’avenir de la production.

Avis aux producteurs sur l’utilisation responsable des caractères Monsanto Company est membre du groupe Excellence Through StewardshipMD (ETS). Les produits de Monsanto sont commercialisés conformément aux normes de mise en marché responsable de l’ETS et à la politique de Monsanto pour la commercialisation des produits végétaux issus de la biotechnologie dans les cultures de base. L’importation de ce produit a été approuvée dans les principaux marchés d’exportation dotés de systèmes de réglementation compétents. Toute récolte ou matière obtenue à partir de ce produit ne peut être exportée, utilisée, transformée ou vendue que dans les pays où toutes les approbations réglementaires nécessaires ont été accordées. Il est illégal, en vertu des lois nationales et internationales, d’exporter des produits contenant des caractères issus de la biotechnologie dans un pays où l’importation de telles marchandises n’est pas permise. Les producteurs devraient communiquer avec leur négociant en grains ou acheteur de produit pour confirmer la politique de ces derniers relativement à l’achat de ce produit. Excellence Through StewardshipMD est une marque déposée de Excellence Through Stewardship. VEUILLEZ TOUJOURS LIRE ET SUIVRE LES DIRECTIVES DES ÉTIQUETTES DES PESTICIDES. Les cultures Roundup ReadyMD possèdent des gènes qui leur confèrent une tolérance au glyphosate, l’ingrédient actif des herbicides RoundupMD pour usage agricole. Les herbicides Roundup pour usage agricole détruiront les cultures qui ne tolèrent pas le glyphosate. La technologie du traitement de semences AcceleronMD pour le maïs est une combinaison de quatre produits distincts homologués individuellement qui, ensemble, contiennent les matières actives métalaxyl, trifloxystrobine, ipconazole et clothianidine. La technologie du traitement de semences AcceleronMD pour le canola est une combinaison de deux produits distincts homologués individuellement qui, ensemble, contiennent les matières actives difénoconazole, métalaxyl (isomères M et S), fludioxonil, thiaméthoxam et Bacillus subtilis. Acceleron et le logoMD, AcceleronMD, DEKALB et le logoMD, DEKALBMD, Genuity et le logoMD, les symboles Genuity, GenuityMD, Refuge Intégral et le logoMD, Refuge IntégralMD, Roundup Ready 2 Technologie et le logoMC, Roundup Ready 2 RendementMC, Roundup ReadyMD, Roundup TransorbMD, Roundup WeatherMAXMD, RoundupMD, SmartStax et le logoMD, SmartStaxMD, TransorbMD, VT Double PROMD, YieldGard VT Chrysomèle/RR2MC, YieldGard Pyrale et le logo et YieldGard VT TripleMD sont des marques de commerce de Monsanto Technology LLC. Utilisation sous licence. LibertyLinkMD et le logo de la goutte d’eau sont des marques de commerce de Bayer. Utilisation sous licence. HerculexMD est une marque déposée de Dow AgroSciences LLC. Utilisation sous licence. Respectez Les Refuges et le logo est une marque déposée de l’Association canadienne du commerce des semences. Utilisation sous licence. ©2013 Monsanto Canada Inc. Avant d'ouvrir un sac de semence, vous devez lire, comprendre et

RESPECTEZ REFUGES

LES

Semer des refuges. Préserver la technologie.

MD

Urban & Co. Inc.

905-403-0055

Date: June 27/2013

Production Artist: Sheri

App: Indd CS5

accepter les pratiques d'utilisation responsable, incluant les règles applicables aux refuges pour la gestion de la résistance des insectes, des caractères biotechnologiques exprimés dans la semence, tel que stipulé dans l'Entente de gestion responsable des technologies de Monsanto que vous signez. En ouvrant le sac et en utilisant la semence qu'il contient, vous acceptez de vous conformer aux principes d'utilisation responsable en vigueur.

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Due Date: ?

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La production 600 ha de pomme de terre commercialisés, dont 130 à la ferme même. 13 variétés. 60 % de pommes de terre blanches. 20 % de pommes de terre rouges. 20 % de pommes de terre jaunes. 50 variétés semées, chacune dans une parcelle d’un rang de 6 m de long. Une vingtaine d’employés.

Un peu d’histoire 1969 : Fondation, par Jules Ouimet, de la Ferme J. Ouimet; production de pommes de terre à croustilles. 1976 : Les fils de Jules Ouimet, Luc et Jacques, intègrent l’entreprise. 1980 : Migration vers le marché de la pomme de terre de table. 1982 : Entente de commercialisation avec Provigo et Maxi (Loblaws). 1985 : Entente de commercialisation avec IGA (Sobeys) et agrandissement des instal­lations. 2000 : Agrandissement du centre d’emballage. 2005 : Arrivée de Sylvain Rhéaume, Ricky Roberge et Marc-André Allard dans l’entreprise.

La saison pluvieuse de 2013 n’a pas causé trop de problèmes aux frères Marc-André et Ghislain Allard. La seule attention particulière a été sur le plan des fongicides. « Ç’a coûté un peu plus cher, lance Ghislain sur un ton moqueur. Nous avons dû utiliser des produits un peu plus puissants cette année. » Pour la fertilisation, leur expert-conseil à La Coop Profid’Or, Charles Coutu, a préparé un programme qui répondait aux besoins des grandes superficies et des parcelles. Deux for‑ mules principales ont été utilisées avec trois taux différents.

L’importance d’être meneur

Les parcelles qu’ensemence l’entreprise Allard-Ouimet ont une importance capitale. Les variétés sont mises au point et sélectionnées aux États-Unis, en Europe ainsi qu’au Québec et au Nouveau-Brunswick. Leur productivité en sol québécois devient un enjeu majeur. « Depuis 20 ans, le prix de la pomme de terre n’a pratique‑ ment pas bougé. Si nous voulons maintenir nos marges de profit, nous devons augmenter nos rendements », indique Marc-André Allard. L’énergie investie dans les parcelles est motivée par cet aspect. Comme le commerce de la pomme de terre est un secteur compétitif, une bonne connaissance des conditions gagnantes pour maximiser une variété a une grande importance. « Quand une variété de pommes de terre est mise en disponibilité sur le marché, tous les produc‑ teurs peuvent la semer. Si tu la connais bien et que tu sais quels ajustements apporter pour en tirer le maximum, tu as une longueur d’avance », expose Ricky. Le fait d’être avant-gardiste a permis à la Ferme J. Ouimet, responsable du volet mise en marché, de commercialiser une nouvelle technologie : le sac pour four micro-ondes. Un produit original qui allie Ghyslain Allard, Sylvain Réhaume, Ricky Roberge ingéniosité et rapidité. Fait de et Marc-André Allard ont mis au point un sac conçu microplastique, le sac contient spécialement pour aller directement au four micro-ondes. 680 g (1,5 lb) de pommes de

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terre grelots, et on le met directement au four microondes. On règle la minuterie selon la puissance de l’appareil de cuisson, soit entre six et huit minutes, et voilà ! Des pommes de terre prêtes à manger qui conservent leur saveur et leur valeur nutritive. Une innovation rapidement devenue populaire. D’autres idées sont à l’étude.

Un classeur ultramoderne

Le classeur de la Ferme J. Ouimet fonctionne en deux étapes. Il prend une première photo pour détecter les pommes de terre ayant des défauts internes, lesquelles sont mises à l’écart. Une seconde photo permet de classer les tubercules selon leur grosseur. Grâce à cet appareil, on peut déterminer 14 catégories différentes.

Les exigences des chaînes alimentaires ne cessent de croître. Elles veulent un produit de première qualité livré quand elles le demandent. La Ferme J. Ouimet peut répondre à la demande grâce à un appareil ultramoderne pouvant classer des centaines de kilos de pommes de terre en peu de temps. Cet appareil photographie la pomme de terre deux fois. Le premier cliché détecte les pommes de terre ayant un défaut interne et les rejette. Mais le classement ne s’arrête pas là. La deuxième photo détermine le poids et la grosseur des pommes de terre, ce qui permet de les classer en 14 catégories différentes. Les sacs produits sont acheminés vers un entrepôt réfrigéré. La Ferme J. Ouimet offre ainsi un produit de qualité supérieure et l’expédie dans les centres de distribution de Sobeys et de Loblaws. L’entre‑ prise s’assure de pouvoir répondre à une grande demande grâce à des entrepôts d’une capacité de 432 palettes (soit l’équivalent de 18 remorques de 16,5 m de long), mis à la disposition des deman‑ deurs. Cette technologie et ces aires d’entreposage ont exigé des investissements importants, soit entre 1,5 et 2 M $. Une injection de capital qui permet de commercialiser annuellement 600 ha et plus de pommes de terre. Amenez-en des « pétates » !


Marchés

Les Atocas de l’érable La culture des perles rouges Les canneberges brillaient d’un rouge étincelant sous le soleil d’automne lors de la visite du Coopérateur agricole aux Atocas de l’érable, à Notre-Dames-de-Lourdes. Dans les champs du propriétaire, Pierre Fortier, il suffit de se pencher et de pousser du doigt les branches pour cueillir le fruit à pleines mains. Sous la dent, la canneberge explose d’une belle acidité avant de laisser la place à un éventail de saveurs subtiles. Texte et photos de Céline Normandin

P

ierre Fortier est lui-même tombé sous le charme de ce petit fruit depuis belle lurette, ce qui fait de lui un des pionniers de la pro‑ duction au Québec. Il a délaissé, en 1994, la production de fraises et de framboises pour se lancer dans celle de la canneberge, avec son épouse, Josée Poisson. Son entreprise s’étend aujourd’hui sur près de 325 hectares (800 acres). Elle est divisée en trois fermes, dont une gérée avec son frère Marcel et une autre par ses deux fils, Charles et Michael.

Une entreprise florissante À bord de son camion, Pierre Fortier nous offre un tour du propriétaire. Des champs à différents stades défilent, certains prêts à récolter et d’autres inondés depuis peu. Une batteuse racle les plants, ce qui fait remonter le fruit à la surface, alors que dans un autre champ des employés s’activent à diriger les fruits vers la pompe qui les déverse dans un convoyeur, lequel les achemine jusqu’aux camions. Ces derniers effectuent d’incessants allers-retours vers le bâtiment où le fruit est entreposé dans des bassins avant d’être lavé, trié, mis en boîtes et dirigé vers l’usine de congélation. Commencée vers le début octobre, la récolte s’étale sur près d’un mois, à raison de quatre champs par jour. u

Contrairement aux idées reçues, la canneberge ne pousse pas dans l’eau. Les champs sont inondés uniquement pour favoriser la récolte, l’eau amenant le fruit à la surface.

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sucrée et plus rouge, elle atteint la maturité dès septembre et devrait produire de 40 à 50 % plus que la variété la plus connue, la Stevens. Ce n’est donc pas étonnant d’apprendre que Les Atocas de l’érable ont obtenu une médaille d’argent et une médaille de bronze de l’Ordre national du mérite agricole.

Canneberge et sirop d’érable, même terroir Pierre Fortier s’applique à améliorer sans cesse son entreprise depuis ses débuts, ce qui a valu aux Atocas de l’érable de remporter des médailles de bronze et d’argent de l’Ordre national du mérite agricole. Il pose dans un champ de canneberges Crimson Red, une variété mise au point par l’Université du Wisconsin et qui pourrait produire de 40 à 50 % plus que la Stevens, variété composant 80 % de la production actuelle.

En plus de sa propre récolte, l’entreprise Les Atocas de l’érable recueillent celle de producteurs de la région, grâce à ses bassins agrandis en 2010. Les entrepôts ont aussi pris de l’ampleur pour accueillir davantage de camions et satisfaire aux volumes de plus en plus élevés de fruits traités sur place. Ces revenus s’ajoutent à ceux que l’entreprise tire de la vente de boutures de plants de canneberge, qui représente la moitié de son chiffre d’affaires.

Les Atocas de l’érable ont agrandi leurs bassins en 2013, ce qui leur permet de traiter la production de plusieurs autres producteurs de la région.

La récolte est rapidement traitée afin d’être acheminée le plus rapidement possible vers les entrepôts de congélation.

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Le succès de l’entreprise s’explique aussi par le soin que les propriétaires portent à leurs champs. Il suffit de suivre M. Fortier : il sait si les champs ont été arrosés pour éviter le gel, où se trouvent les nouvelles variétés, lesquels doivent être améliorés, etc. Il est d’ailleurs à l’origine d’une nouvelle planteuse, qui a permis de réduire un travail qui sollicitait 25 personnes pendant une journée et peut maintenant être effectué par quatre personnes en seulement quatre heures. L’entreprise fait aussi affaire avec différentes universités, dont Laval, McGill et celle du New Jersey. Cinq nouvelles variétés sont à l’essai aux Atocas de l’érable, dont la Crimson Red : plus

Le Coopérateur agricole | JANVIER 2014

Bastion de la production de sirop d’érable dans la province, la région regroupe la majorité des 75 producteurs de canneberges au Québec. La raison ? Les terres sablonneuses, tout à fait adaptées à la culture du fruit, qui requiert des sols au pH acide et seulement deux millimètres de pluie par jour. Ces conditions ont incité de plus en plus de gens à se lancer dans la production de canneberges, qui devrait s’élever en 2013 à 68 mil‑ lions de kilos (150 millions de livres), alors qu’elle était à peine de 1,4 million de kilos en 1994. Et ce n’est pas fini, croit Pierre Fortier. Puisqu’il faut attendre trois ans avant que les plants ne produi‑ sent, certains champs ne seront récoltés que dans quelques années, ce qui fera s’élever la production à plus de 90 millions de kilos d’ici 2015-2016. Et qui dit région de l’érable dit aussi Citadelle, la coopérative regroupant plus de 1860 produc‑ teurs de sirop d’érable, active également dans la transformation de canneberges depuis l’achat de La Maison Bergevin, en 2011. La coopérative accueille également des producteurs de canne‑ berges, qui ont obtenu le statut de membres. Pierre Fortier siège lui-même au conseil d’administration de Citadelle. Son père y a siégé pendant 25 années, dont une dizaine comme pré‑ sident. La famille Fortier exploite depuis quatre générations une érablière de 5000 entailles. Selon le propriétaire des Atocas de l’érable, les producteurs de canneberges auraient avantage à s’inspirer des démarches entreprises depuis les années 1970 pour favoriser la commercialisation du sirop d’érable, ici et ailleurs, avec le succès que l’on connaît. Les deux produits ont aussi la particularité d’être distinctifs. « On ne cultive pas de la canne‑ berge partout, comme on peut retrouver du porc, du bœuf ou de la volaille ailleurs sur le globe. C’est une production propre à la région. Il faut en tirer parti », note M. Fortier. Le Québec est en effet le principal producteur de canneberges au Canada et il se situe au troisième rang mondial. Les États américains du Wisconsin et du Massachusetts occupent les premières places.


Faits pour s’entendre M. Fortier fonde beaucoup d’espoir sur l’asso‑ ciation entre Citadelle et les producteurs de canne­ berges. Il dit avoir contacté la coopérative dès qu’il a su qu’elle achetait La Maison Bergevin. « La force de Citadelle, c’est sa mise en marché », fait-il valoir. Le producteur entrevoit un bel avenir pour la canneberge, ce qui explique sa volonté d’être actif au sein de la coopérative pour contribuer au développement de ce petit fruit. Car même si la canneberge a connu une croissance impression‑ nante depuis les années 1990, celle-ci ne s’est pas faite sans heurt. La faillite de partenaires com‑ merciaux a échaudé Les Atocas de l’érable, sans parler de la fluctuation des prix. La récolte record de 2012, au Québec et aux États-Unis, a provoqué une dégringolade des prix bien en deçà des coûts de production. Si la situation devait perdurer, la survie des plus jeunes entreprises de ce secteur serait compromise. Citadelle et l’Association des producteurs de canneberges explorent certaines voies de solution. Entre autres, les producteurs pourraient exercer une espèce d’autorégulation sur les prochaines récoltes, question de faire remonter les prix, une stratégie utilisée avec succès par les Américains au tournant des années 2000, explique M. Fortier. Il indique d’ailleurs que cette option est aussi étudiée par nos voisins du Sud. Il serait même question d’inclure les producteurs québécois, leur poids sur le marché étant devenu incontour‑ nable. Selon ce producteur, il serait assez facile de restreindre la production. Moins de fertilisant et moins de pollinisation – des postes de dépenses très élevés – suffiraient à diminuer les récoltes. « D’autres secteurs limitent leur production, que ce soit le lait ou les œufs, ce qui finit par bénéficier à tous », rappelle-t-il.

La pérennité de l’industrie Le producteur est aussi tout à fait au diapason de la stratégie marketing de Citadelle. Cette der‑ nière a dévoilé sa nouvelle image, qui mise sur la qualité et la pureté de ses produits, lors de la dernière assemblée annuelle, en juin. Ce concept se retrouve déjà dans les produits de La Maison Bergevin, explique Pierre Fortier en montrant un sachet de canneberges séchées de marque Inü. « Contrairement aux autres produits semblables sur le marché, la canneberge a été séchée entière et on la retrouve telle quelle dans le sachet. Cela donne un produit plus goûteux et de meilleure qualité. » Il s’agit d’un produit haut de gamme,

Les Atocas de l’érable, une ferme pionnière au Québec dans la production de canneberges, fêtent cette année leurs 20 ans de fondation.

admet le producteur, qui voit là un avantage. « Il faut pouvoir trouver un créneau et le développer pour connaître du succès. » La pérennité des Atocas de l’érable est assurée. Les fils Fortier, Charles et Michael, sont actifs à des niveaux distincts dans l’entreprise. D’autres projets devraient venir à terme l’an prochain, comme l’usine de congélation dans le parc industriel de Plessis‑ ville, un investissement de cinq millions de dollars. En plus de récolter leur propre production, Les Atocas de l’érable comptent prêter main-forte à d’autres pro‑ Une quarantaine de personnes viennent prêter mainducteurs de canneberges forte au moment de la récolte, un travail qui peut s’avérer ainsi qu’à des producteurs difficile quand le temps est froid et pluvieux. de bleuets. L’entreprise envisage-t-elle de concourir en 2016 pour la médaille d’or de l’Ordre du mérite agricole ? « On verra. Ce sera une décision de famille », indique Pierre Fortier.

Le Centre d’interprétation de la canneberge Ouvert depuis maintenant 17 ans, le Centre d’interprétation de la canneberge s’active à mieux faire connaître ce petit fruit, qui gagne de plus en plus d’adeptes grâce à ses vertus pour la santé. Le centre, situé à Saint-Louis-de-Blandford, offre de la mi-septembre à la mi-octobre une série d’activités, qui vont de la visite de la plus grande cannebergière au monde (325 hectares – 800 acres) à la vente de produits de la canneberge, en passant par les démonstrations culinaires. Un des défis est d’ailleurs d’apprendre aux gens comment cuisiner le fruit. « J’imprime chaque jour des centaines de copies de recettes pour les visiteurs, qui confient vouloir en donner à leur famille », raconte la coordonatrice du centre, Isabelle Le Duc. Elle souhaiterait d’ailleurs que les gens fassent de leur visite dans la région une activité régulière, comme la cueillette de pommes. « Nous avons déjà nos habitués, mais nous aimerions nous faire mieux connaître, surtout auprès des jeunes », dit Mme Le Duc.

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Relève

Une relève pleine de promesses Philippe Lafontaine a repris en main la ferme familiale en 2010. Il est en train d’en faire un véritable modèle de productivité et de rentabilité. Texte et photos de Patrick Dupuis, agronome

D’

abord, quelques chiffres : 12 900 kg de moyenne (41 litres par vache au réservoir), 1,6 kg de quota par vache, des MCR de 275-303-275 et un poids moyen de troupeau de 693 kg. Voilà qui en dit long sur l’importance que Philippe, 28 ans, accorde à la gestion de son exploitation. Mais il sera prompt à déclarer que tout a com‑ mencé en 1984, lorsque ses parents se sont établis à Hérouxville avec une trentaine de vaches sur quelques dizaines d’acres. Biologiste de formation, spécialiste de l’éco‑ logie sous-marine, Normand, son père, rêvait de se lancer dans les affaires et de voir grandir

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ses enfants sur une terre. Né dans une ferme de Saint-Adelphe, il avait l’agriculture dans le sang. Lorsqu’il foulera le sol de sa propre exploitation, il mettra toute son énergie à la rendre efficace et productive. Philippe est le deuxième d’une fratrie de quatre enfants. Les études, au sein du clan, occupent une place très importante. Après l’ITA de Saint-Hyacinthe, le futur producteur fera agronomie à Laval. L’université lui apprend une démarche de réflexion et d’analyse. Il découvre la science des sols et s’y intéresse. Il manifeste aussi un intérêt marqué pour la gestion. En 2010, après


Philippe qui a récemment décroché le titre de Jeune entrepreneur remarquable lors de la première édition du Gala des Gens de Terre et Saveurs, tenu en Mauricie, acquiert chaque année environ 2,5 kg de quota. Ils servent à combler la hausse de productivité de son troupeau, dont le préfixe est Philyholstein.

Émilie, Philippe et leur fils, Alexis. Émilie est enseignante au primaire. Dans un avenir pas trop éloigné, elle souhaiterait aussi se consacrer à la ferme.

une brève mais enrichissante expérience comme expert-conseil à La Coop Univert, il acquiert 100 % des parts de l’entreprise familiale. Le transfert s’est réglé en un tournemain. La formule vendeur-prêteur, garantie par La Finan‑ cière agricole, convenait à merveille aux deux parties. À 59 ans, Normand est toujours très actif à la ferme et transmet encore à son fils une bonne dose d’expérience et de savoir-faire. Fonceur, débordant d’ambition et, surtout, confiant en l’avenir, Philippe se lance. Il adopte la fameuse gestion du baril percé de nombreux trous que l’on tente de remplir : celle qui recom‑ mande de colmater d’abord la fuite la plus basse avant de passer à la suivante. « Pour améliorer la productivité, il y a des choses simples à faire avant d’adopter de la haute technologie », résume-t-il. Philippe modernise l’étable (stalles plus spacieuses, meilleur éclairage, etc.) et loge en stabulation libre les animaux de remplacement. Résultat : confort et croissance accrue sont au rendez-vous. u

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La fourche est l’un de ses principaux outils de travail. « Je passe très souvent devant les vaches. D’abord pour leur distribuer le foin, mais aussi pour repousser les refus, restimuler la consommation et observer les animaux », dit Philippe.

L’alimentation du troupeau Benoit Laquerre, agronome Expert-conseil en production laitière La Coop Univert Génisses (jusqu’à 6 mois) Lactoremplaceur Goliath XLR 27-16 Aliment Goliath VO-21 Foin sec Génisses (6-24 mois) Foin sec et refus d’ensilage des vaches Supplément Goliath 45 AU Vaches en lactation Balles rondes d’ensilage de luzerne, mil et trèfle Aliment 5014CTG, option K Supplément C Synchro 4216 Vaches taries Foin sec Minéral Transilac VT7-3C Vaches en transition Foin sec Aliment Transimil 15

Philippe et Émilie Fontaine, sa conjointe, établissent ainsi les bases de leur entreprise : « On veut se démarquer du standard. » Leurs principaux objectifs consistent à maximiser les performances et les revenus. Ils prendront gra‑ duellement forme par l’amélioration de la géné‑ tique, l’accroissement de la qualité des fourrages, l’augmentation du poids des vaches et la hausse de leur longévité dans le troupeau. À leurs yeux, rentabilité et productivité passent avant tout. Philippe et son père n’ont d’ailleurs jamais fait d’excès de machinerie, au contraire. « Au moment du transfert, dit Philippe, la valeur du parc d’équipement complet pour le travail des champs, qui inclut trois tracteurs, une presse et une faucheuse, était inférieure à 100 000 $. Ça représente bien l’importance qu’on accorde aux animaux plutôt qu’à la machinerie. » Printemps 2012, l’entreprise passe en mode trois traites par jour. Cette façon de faire s’accom‑ pagne de cinq repas quotidiens de fourrages en balles rondes et de moulée complète servie à l’aide d’un distributeur automatique. « On garde les animau x à l’œil toute la journée », fait savoir Normand. « Les trois traites permettent d’atteindre un meilleur pic et une persistance plus longue, ajoute Philippe. J’estime que la produc‑ tion a augmenté de 15 %. En période automnale, avec les marges de production et les journées

Ferme Philippe Lafontaine Tendances de production moyennes à 305 jours Année

2008

2009

2010

2011

2012

Lait (kg)

7814

8952

10 297

10 488

11 124

Gras (kg)

293

359

408

398

409

Protéine (kg)

261

293

328

343

357

Source : Holstein Canada

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additionnelles, on produit environ 47 kg avec 30 vaches. Ce sont 17 kg de plus qu’en 2009, mais avec le même nombre de vaches. Pas besoin de calculs savants pour réaliser que la marge sera supérieure. » En haussant la production année après année, Philippe se retrouve avec des vaches en surplus – même s’il achète du quota chaque mois depuis qu’il a acquis la ferme –, qu’il vend pour financer l’achat de meilleurs sujets. Côté élevage, il se qualifie du type « vieille école ». Il préfère les taureaux éprouvés, tels que Fever, Aftershock ou Windbrook. Mais l’insémination seule ne suffit pas pour lui faire atteindre ses objectifs. « Ce serait trop long. C’est pourquoi on a fait en plus environ six récoltes d’embryons dans la dernière année », dit celui qui rêve de décrocher un jour le titre de Maître-éleveur. L’achat de vaches rece‑ veuses est donc mis à profit. Elles servent deux fonctions. En plus d’y implanter des embryons de bonne génétique pour assurer une relève de qua‑ lité pour le troupeau, Philippe les met en marché comme vaches productrices une fois qu’elles ont mis bas, afin de payer ses projets. La production et la qualité des sujets du troupeau sont ainsi en constante amélioration. En témoignent la moyenne en lait corrigée à 150 jours et la moyenne des pics par lactation en hausse depuis 2010, telle que compilée à l’aide du programme SynchroWin. La classification n’est pas en reste, avec 4 EX, 15 TB et 10 BP. En 2010, le troupeau ne comptait « que » 5 TB et, pour le reste, des BP ou moins. Ajoutons à ce bilan que 85 % du troupeau comptabilise actuellement plus de 83 points. Des tableaux de bord mensuels, fournis par l’expert-conseil Benoit Laquerre, de La Coop Univert, permettent de demeurer bien au fait de multiples paramètres de production. « Philippe est un jeune passionné qui est toujours à l’affut de nouvelles idées pour améliorer les différents aspects de son entreprise, souligne l’expert-conseil. Il a un esprit d’analyse bien déve‑ loppé et il se pose de multiples questions avant d’adopter de nouvelles façons de faire. Il prend le temps de se remettre en question, pour valider qu’il est encore sur le droit chemin. »


Une généreuse litière de paille assure un bon confort aux vaches.

Normand, le père de Philippe : « La production évolue sans cesse. Tout comme nos façons de travailler et de penser. Dans les entreprises les plus performantes, la courbe d’augmentation de la production s’aplanit. Les kilos supplémentaires seront de plus en plus difficiles à aller chercher. »

Philippe gère et appuie ses décisions d’affaires en analysant la marge plutôt qu’en ne considérant que les coûts de production. « J’ai de l’énergie, c’est le temps de me consacrer à la ferme pour en améliorer toutes les facettes. Je me concentre sur ce qui rapporte le plus : produire du lait et vendre des vaches et des embryons. On essaie de toujours avoir des vaches et des embryons disponibles pour répondre à la demande, principalement sur le marché local. Quant à nos orientations à long terme, on mise

sur la croissance du quota et du troupeau, l’aug‑ mentation des superficies en culture ainsi que le développement d’une entreprise durable et d’un milieu de vie agréable pour notre famille. » Cela dit, Philippe et Émilie entretiennent quand même une vie sociale. Des soupers entre amis viennent régulièrement ponctuer leur quotidien. Normand exulte de fierté. Son rêve est passé à la génération suivante. Philippe a les choses bien en main. La suite du monde s’annonce pleine de promesses tenues.

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Dossier Ukraine

L’Ukraine, le nouveau grenier mondial ? Textes et photos de Nicolas Mesly

Ottawa veut implanter en Ukraine un réseau de coopératives de grains calqué sur celui de La Coop fédérée. Presque trois fois plus petite que le Québec, l’Ukraine dispose cependant d’une superficie de terre consacrée à la production céréalière plus grande que toute celle du Canada. Le pays a pignon sur la mer Noire, jamais encombrée de glace. Sa position géographique lui confère aussi un avantage stratégique pour livrer du blé en Égypte ou du maïs en Chine, deux grands importateurs mondiaux de ces céréales.


Depuis la crise financière et alimentaire de 2008, beaucoup d’yeux sont rivés sur les terres de l’Ukraine, parmi les plus fertiles de la planète. L’ancien grenier à blé soviétique est devenu l’eldorado de l’agroalimentaire. En 2013, ce pays est en voie de devenir le troisième exportateur mondial de blé et de maïs. Ottawa fait le pari d’y faire pousser des coopératives céréalières, en investissant 13 millions $. Le but : améliorer le sort des producteurs. Et relancer l’emploi dans les villages du deuxième des plus grands pays d’Europe, en panne économique. Le Coopérateur agricole a suivi sur le terrain l’équipe de la Société de coopération pour le développement international (SOCODEVI) chargée de cet ambitieux projet coopératif1. Dans ce même dossier, des agriculteurs français établis en Ukraine nous révèlent les débouchés et les défis de leur entreprise. Et nous découvrons pour quelles raisons un agriculteur ukrainien est un héros dans son pays.

Ottawa veut semer des coopératives dE grains en Ukraine

L 1

2

Le journaliste remercie Camil Côté et Martin Beaurivage, respectivement chargé de programmes et conseiller en développement coopératif à SOCODEVI, ainsi que toute leur équipe ukrainienne pour l’appui sur le terrain dans la réalisation de ce reportage. Selon la Banque mondiale, le volume de production des grandes entreprises ukrainiennes passera de 8 millions de tonnes de grains en 2010 à environ 13-15 millions de tonnes d’ici 2015. Cela représente plus de la moitié des exportations du pays.

orsque Camil Côté atterrit à Kiev, le 14 juillet 2013, il est investi d’une mission : faire pousser un réseau de coopératives de grains calqué sur celui de La Coop fédérée dans l’ancien grenier à blé soviétique, l’Ukraine. La commande provient d’Ottawa. Côté, 64 ans, chargé de programmes à la Société de coopération pour le développement international (SOCODEVI), est un vétéran des affaires internationales. Il dispose d’un budget de 13 millions $ et de cinq ans pour réaliser ce plan. Le nom officiel du projet véhiculé dans les couloirs de l’Agence canadienne de développement international (ACDI) est l’Ukraine Grain Storage and Marketing Cooperatives Project. Il a été entériné par l’ancienne ministre de la Coopération internationale, Beverley Oda, lors d’une visite en Ukraine en avril 2012. Ce plan coopératif d’Ottawa se décline entre autres par la construction de deux élévateurs à grains d’une capacité de 40 000 tm d’une valeur de 4 millions $ chacun. Dès son arrivée à Kiev, Côté teste ses appuis, avec son équipe, dans la capitale. « Vous pouvez compter sur nous ! » lui répond Volodymyr Klymenko, président de l’Ukrainian Grain Association (UGA). Cette association regroupe une quarantaine de membres : de grands commerçants de grains, comme Cargill, mais aussi de grandes sociétés nationales et internationales productrices de grains.

Depuis l’indépendance de l’Ukraine, en 1991, acquise à la suite du démantèlement de l’ex-URSS, « nous sommes rapidement passés d’un système socialiste à un système capitaliste en misant sur l’agroalimentaire », explique M. Klymenko2 . Certains de ses membres cultivent entre 80 000 et 500 000 ha. Mais l’Ukraine ne peut miser seulement sur les grandes entreprises pour réaliser ses ambitions, soutient-il. Car le pays entend faire passer sa production annuelle d’environ 50 millions de tonnes de grains à plus de 100 millions de tonnes « avec l’utilisation de meilleures technologies et de meilleures semences ». Et il y a de la place pour des producteurs de plus petite taille regroupés sous forme de coopératives. D’une part, les commerçants de l’UGA, affirme M. Klymenko, désirent obtenir le plus grand volume de grains possible pour faire tourner et rentabiliser leurs terminaux. Ceuxci possèdent 250 silos, soit 25 % de la capacité actuelle d’entreposage de grains du pays. D’autre part, selon la FAO, l’Ukraine nécessite des investissements oscillant entre 5 et 8 milliards $ US pour moderniser et doubler ses infrastructures d’entreposage interne et ses terminaux situés en bordure de la mer Noire. Aussi le projet d’investissement canadien dans des élévateurs coopératifs est-il accueilli à bras ouverts. u

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Ukraine

Dnipropetrovsk

Crimée

Un élévateur coopératif pour protéger les producteurs ukrainiens

Maksym Maksymov, membre de l’équipe canadienne, explique les avantages d’un élévateur coopératif à une vingtaine d’agriculteurs ukrainiens. Le différend majeur porte sur la gestion de l’élévateur. Mais aussi sur les méthodes de culture liées au projet financé par le Canada. L’ACDI exige, par exemple, que les producteurs ukrainiens cultivent en semis direct, ce qui demande de l’équipement coûteux et des connaissances agronomiques poussées.

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Côté et son équipe sont reçus avec le même enthousiasme par Victor Andrievsky, président de l’Agrarian Markets Development Institute (AMDI), une ONG dont le siège est à Kiev. Au lendemain de l’indépendance de l’Ukraine, les 600 élévateurs de l’État ont rapidement été privatisés. Le pays compte aujourd’hui 751 élévateurs, dont 80 appartiennent encore à l’État. « Nos producteurs se trouvent aujourd’hui dans une situation de serfs, comme à l’époque médiévale. Par manque de capacité d’entreposage à la ferme, ils sont obligés de vendre leurs grains à bas prix aux élévateurs, dont plusieurs trichent sur la qualité et les volumes entreposés », explique-t-il. Des silos coopératifs construits le long de voies ferrées créeraient « un rapport de force ». Comment ? En offrant plus de flexibilité d’entreposage aux producteurs, un accès aux marchés et de la transparence sur le prix des grains. Andrievsky et son équipe travaillent à renforcer le système national d’homologation des élévateurs ukrainiens, en offrant une garantie de paiement. En cas de faillite d’un élévateur, par exemple, le producteur serait assuré d’être payé pour son grain entreposé.

Un élévateur comme levier économique Mais la venue d’un ou de plusieurs élévateurs coopératifs constituerait aussi un formidable levier économique pour les producteurs ukrainiens, insiste M. Andrievsky. C’est que l’argent leur fait cruellement défaut. Ils doivent composer avec des taux d’intérêt exorbitants de 25 % ou plus pour faire tourner leur entreprise. « Les taux d’intérêt élevés sont le talon d’Achille de l’agriculture ukrainienne. Pour chaque tranche de 100 $ d’emprunt, le producteur doit remettre 250 $ aux banquiers », explique Bodhan Chomiak, un Ukrainien d’origine qui a vécu une vingtaine d’années en Alberta. Directeur de la société de

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consultants Lapersa, établie à Kiev, Chomiak estime que le seul moyen de pratiquer une agriculture rentable en Ukraine est par l’injection d’importants fonds d’investissements dans de grandes entreprises verticalement intégrées. Cela pour « réaliser des économies de taille » et pour « ne pas dépendre des banques locales ». Mais Victor Andrievsky et son ONG travaillent au moyen de mettre de l’argent entre les mains des producteurs ukrainiens. Le plan consiste à instaurer un système national de grain warehouse receipts (GWR) ou « bons de garantie des élévateurs ». Ce système s’apparente cette fois au programme de paiements anticipés (PPA) d’Agriculture et Agroalimentaire Canada destinés aux producteurs de grandes cultures. Grâce à ce programme, les producteurs peuvent percevoir jusqu’à 400 000 $ par année à un très bas taux d’intérêt en mettant leurs futures récoltes entreposées en garantie. (En 2012-2013, les producteurs québécois ont emprunté une somme de 50 millions $ grâce au PPA3.) Selon M. Andrievsky, ce système de GWR permettrait aux producteurs ukrainiens d’acheter des semences, des engrais, de la machinerie, de financer la construction d’un silo à la ferme ou encore de participer à la construction d’un silo coopératif. Seule ombre au tableau, le gouvernement ukrainien n’a pas les fonds nécessaires pour instaurer ce système de GWR. « Mais nous bénéficions d’une aide de 250 millions $ US de la FAO pour l’implanter », indique Victor Andrievsky.

Un cadeau incompris Forts des appuis recueillis à Kiev, Côté et son équipe quittent la métropole pour Dnipropetrovsk. Cette ville, située à 400 km au sud-est, est la capitale de la région du même nom. C’est aussi la troisième « province » agricole en importance de l’Ukraine. Le 24 juillet, le groupe composé d’une douzaine de personnes monte dans un minibus pour se rendre à Vasilkivka, petit village qui se trouve à une trentaine de kilomètres de Dnipropetrovsk. L’endroit semble propice pour bâtir un premier élévateur. Une importante voie ferrée longe le hameau. Et surtout, la région compte 300 producteurs de céréales, propriétaires de 300 ha en moyenne. Leurs entreprises sont toutes situées dans un rayon de 30 km, un atout pour diminuer les coûts de livraison du grain au futur élévateur. Une vingtaine d’agriculteurs attendent l’équipe de Côté dans une des salles de l’hôtel de ville, gros monolithe en ciment gris dont l’entrée


L’ingénieur québécois Pierre Giguère, expert dans la construction d’élévateurs à grains, et Camil Côté, responsable du projet coopératif en Ukraine. Les deux hommes discutent de l’achat potentiel par le Canada d’un terrain de 5 ha situé le long d’une voie ferrée du village de Vasilkivka pour construire un premier silo.

3

Entrevues avec Yves Clavel, Fédération des producteurs de cultures commerciales du Québec, et Éric Andriamanjiay, directeur adjoint de la direction des analyses et des opérations de la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec, 13 août 2013.

est surveillée par une immense statue de Lénine. L’homme de confiance et antenne sur le terrain des Canadiens, Maksym Maksymov, explique les avantages d’un élévateur à grains coopératif. Celui-ci offrirait les services d’entreposage, de séchage, de nettoyage, de mélange de grains et de ventes par pool… à la moitié du prix perçu par les élévateurs de la région ! Le projet se déclinerait en trois étapes de construction : un premier silo de 20 000 tm serait élevé le long de la voie ferrée jouxtant le village, suivi de deux autres silos de 10 000 tm chacun. Les questions et les réponses fusent de part et d’autre, notamment sur la participation financière des agriculteurs. Soudain la tension et le ton montent. Un producteur se lève et quitte la salle, entraînant à sa suite presque tous les autres. Que s’est-il passé ? « Les premières ébauches de ce projet ont commencé il y a cinq ans. Et chaque fois, les Canadiens changent les règles du jeu », explique, par la voix d’une interprète, Leonid Chernoknijiyj, président de l’Association locale des producteurs. C’est lui qui a entraîné les siens hors de la salle. Le différend majeur porte sur la gestion de l’élévateur par les producteurs : leur part aurait chuté pour passer de 80 à 30 %. Sous la nouvelle mouture, l’élévateur serait administré conjointement avec une union naissante de coopératives. Et une partie des activités de l’élévateur servirait à financer cette union. « On ne vient pas en Ukraine pour bâtir un seul élévateur. On veut créer un réseau d’élévateurs administré en partie par une union coopérative, pour que le mouvement prenne racine dans tout le pays », explique Camil Côté. Dans la salle, seuls trois producteurs sont restés pour discuter du projet. À eux trois, ils totalisent 150 ha de superficie de terre et produisent moins de 500 tm de grains. L’équipe canadienne semble très loin de son objectif, soit rallier quelque 70 producteurs de petite et moyenne taille pour former une masse critique nécessaire à la construction d’un premier silo de 20 000 tm. Au dîner suivant la réunion présidée

par M. Chernoknijiyj, les quelques toasts à la vodka peinent à réchauffer l’atmosphère. Mais les deux parties conviennent de travailler à aplanir leurs différends pour qu’un premier élévateur coopératif pousse en sol ukrainien. Selon Vadim Udovitskiy, chef du département agricole de Dnipropetrovsk, il est difficile pour les producteurs de se débarrasser de « l’habit kolk hoze » qu’ils ont porté pendant plus de 60 ans. C’est sous le régime du dictateur sanguinaire Joseph Staline que sont nés dans les années 1930 les kolkhozes, ces immenses fermes d’État de plus de 3000 ha résultant de la collectivisation des propriétés privées. « Nos producteurs ne réalisent pas qu’ils peuvent prendre des décisions d’affaires individuelles pour propulser leur entreprise au sein d’un mouvement collectif », ajoute M. Udovitskiy. Pas un brin désarçonné par la tournure de la rencontre à Vasilkivka, Camil Côté réforme sa stratégie pour promouvoir ses deux élévateurs à grains et son union coopérative. Débarqué en Ukraine il y a quatre ans, il a réussi, avec son équipe, à y implanter sept coopératives laitières. Celles-ci ont permis de doubler le salaire annuel de 1100 éleveurs, qui est passé de 1500 à 3000 $ US grâce, entre autres, à de l’appui technique pour augmenter la production de lait. « On a réussi dans le secteur laitier. Je ne vois pas pour quelles raisons on ne réussirait pas dans celui des grains ! » dit celui qui a la conviction d’un chevalier croisé. Dans son pari de semer des coopératives céréalières dans l’ancienne république socialiste, Ottawa semble avoir misé sur le bon cheval. u

Qu’est-ce que le tchernoziom ? Le tchernoziom est un sol noir riche en matière organique, ce qui en fait un des sols les plus fertiles de la planète. À l’origine, c’est le vent qui a transporté des tonnes de particules minérales fines du lit d’anciens glaciers et de rivières sur de grandes distances. « Le vent a agi comme un immense filtre. C’est pour cette raison que l’on ne trouve aucune pierre dans le tchernoziom », explique le professeur Léon Hardy, géomorphologue québécois rencontré en Ukraine. Des graminées et des herbacées ont ensuite poussé pour stabiliser ces immenses dépôts. En se décomposant, ces plantes ont fourni la matière organique. Selon l’expert, les producteurs ukrainiens sont très chanceux. En plus de ne pas avoir de pierres, ce sol poreux et les champs naturellement ondulés ne requièrent ni drainage ni fossés. Et comme le tchernoziom contient du calcaire, jamais besoin de chauler ! C’est en Ukraine que l’on retrouve le plus de tchernoziom sur la planète. Il constitue 60 % des terres arables du pays et peut atteindre des profondeurs variant entre un et six mètres. On retrouve un peu de ce type de sol à la frontière des États-Unis et des provinces de l’Ouest canadien. Il est idéal pour pratiquer le semis direct.

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Ukraine

Attirés par le tchernoziom, le céréaliculteur français Jean-Paul Khim et son groupe d’investisseurs exploitent une société agricole en Ukraine depuis 2006. Les rendements de blé obtenus dans leur entreprise ukrainienne tournent autour de 4,5 tonnes l’hectare, alors qu’ils atteignent 7 tonnes l’hectare en France. Le système de production extensif ukrainien ressemble à celui des Prairies canadiennes, constate Jean-Paul Khim.

«C’

Des agriculteurs français investissent en Ukraine

est le fort potentiel du tchernoziom qui nous a attirés en Ukraine », résume Jean-Paul Khim, céréaliculteur français et un des cinq actionnaires de la société Agro KMR (voir l’encadré « Qu’est-ce que le tchernoziom ? »). Une première ferme a été acquise en 2006, et la seconde il y a deux ans, près de Dnipropetrvosk, ville industrielle et ancien centre de construction de missiles russes. En tout, Agro KMR cultive 8000 ha et a investi 6,5 millions $ US depuis son arrivée dans l’ancien grenier à blé soviétique. « Le bas prix de la terre nous a permis d’investir dans la machinerie, les bâtiments et la technologie », explique Michel Jean-Loup, agriculteur français et actionnaire de la société. Celle-ci compte 32 employés, dont une personne à temps plein chargée d’administrer les contrats de location auprès de 1300 propriétaires. Agro KMR produit annuellement entre 24 000 et 30 000 tonnes de blé, de colza, de tournesol et d’orge de printemps. Toute la culture se fait sans labour, en semis direct, pour éviter de perdre le moindre gramme du précieux tchernoziom par l’érosion du vent et, surtout, pour conserver l’humidité dans les entrailles de la terre. Pas question de financer les achats de machinerie ou l’amélioration des bâtiments de stockage par l’entremise d’une banque ukrainienne. Le loyer

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de l’argent à 25 % par année est prohibitif. « Le compteur tourne très vite à ce taux », dit Michel Jean-Loup. Si bien qu’Agro KMR se finance auprès d’une banque française, sous la garantie des avoirs des producteurs dans leur pays d’origine. Produire en Ukraine comporte ses aléas, selon ces producteurs. Par exemple, les pièces de machinerie cassées peuvent mettre une éternité à être livrées. Et ils ne sont pas autorisés à importer des semences, à cause de lourdes restrictions héritées du système soviétique. Autre aléa, et non le moindre : le climat excessif de l’Ukraine. « En France, on pleure quand on perd 20 % de nos récoltes; ici, c’est 50 % », explique Michel Jean-Loup. L’autre climat avec lequel il faut composer, c’est celui des affaires. Toute la production de blé d’Agro KMR est écoulée sur le marché interne, le tournesol est vendu à un transformateur d’huile, et le colza est destiné à l’exportation. Mais les contrats signés engageant des volumes et des prix ne sont pas toujours respectés. « On a toujours du mal à faire des affaires saines. Il faut savoir comment ça marche pour ne pas se faire avoir », dit-il. u


« Pour vendre les coopératives agricoles, il faut des leaders forts ! »

Le drapeau ukrainien : la bande horizontale jaune représente le blé et celle de couleur bleue, le ciel.

– Ludmila Nikiforienko Ludmila Nikiforienko, 63 ans, a racheté en 1991 les installations de l’ancien kolkhoze du village d’Andriivka où elle travaillait comme trayeuse de vaches avec son mari, Vladimir, 72 ans. Le couple a lancé son entreprise céréalière avec 50 ha et en loue aujourd’hui 10 fois plus. La productrice verrait d’un bon œil la construction d’un silo coopératif près de son village, pour mieux vendre son grain. « On a déjà essayé de former des coopératives, mais ça n’a pas marché, parce qu’il y a trop d’intérêts divergents. Les plus gros producteurs ont déjà leurs infrastructures d’entreposage, tandis que les plus petits n’en possèdent pas. » Selon cette productrice, pour réussir, les projets d’implantation de coopératives agricoles devraient être portés par des leaders visionnaires. « Je suis trop vieille pour cette tâche », dit-elle en riant. Le plus grand frein à l’établissement de coopératives en Ukraine est psychologique. Les producteurs ukrainiens croient que les coopératives sont comme les kolkhozes. « C’est perçu comme un retour en arrière ! » dit-elle.

Nombre d’habitants : 44,5 millions PIB/habitant : 7500 $ US (2013) (Source : statistiques-mondiales.com)

Histoire récente de l’Ukraine : repères 1914-1918 – Au lendemain de la Première Guerre mondiale, l’Ukraine tente de devenir

indépendante. Mais en 1922, elle devient plutôt l’un des membres fondateurs de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS). Deuxième État en importance dans l’Union après la Russie, l’Ukraine devient le grenier à blé des 15 républiques de l’URSS.

1927-1928 – Joseph Staline accède au pouvoir. Il vide brutalement les campagnes de leur population pour faire tourner les usines des cités. Sous son premier plan quinquennal, la production industrielle quadruple.

1932-1933 – Entre trois et cinq millions d’Ukrainiens meurent d’une famine orchestrée par Staline. Cet « holocauste » en plein cœur de l’Europe est baptisé Holodomor. Le sanguinaire dictateur collectivise les fermes privées. C’est la naissance des kolkhozes, ces immenses fermes collectives gérées par l’État. 1939-1945 – Pendant la Deuxième Guerre mondiale, plus de six millions d’Ukrainiens

perdent la vie sous la botte des nazis. Staline libère le pays pour mieux le remettre sous son joug.

1986 – Le plus terrible accident nucléaire de l’humanité survient à Tchernobyl. La catastrophe est un des facteurs qui mène à la dissolution de l’URSS, en 1991.

1991 – L’Ukraine accède à son indépendance. Une privatisation sauvage mène à la création d’une oligarchie, soit une poignée de gens qui s’enrichissent en mettant la main sur les entreprises d’État dans les secteurs de la métallurgie, du pétrole et du gaz.

2008 – L’Ukraine accède à l’Organisation mondiale du commerce. Dans la foulée de la crise

financière et alimentaire, la FAO et les grandes institutions internationales, comme la Banque mondiale, considèrent ce pays comme « stratégique » pour nourrir la planète.

2011 – Élection du président Viktor Ianoukovytch, considéré comme prorusse. Il gagne les élections après les sept ans au pouvoir de Viktor Iouchtchenko, un des deux leaders de la révolution orange, déclenchée en 2004. Celle-ci prônait des valeurs démocratiques et une plus grande intégration économique avec l’Union européenne.

Novembre 2013 – Les mêmes forces plongent le pays en pleine crise suite au refus du président de signer un accord de coopération avec l’Union européenne. Sources : Lonely Planet , FAO, Banque mondiale

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La propriété des terres agricoles, une Ukraine

« patate chaude » !

D

ans la foulée de l’indépendance de l’Ukraine, acquise en 1991, les kolkhozes (anciennes fermes collectives) ont été privatisés. Et la terre a été redistribuée. Plus de 7 millions d’Ukrainiens possèdent des lots de 4 ou 5 ha. De plus, le pays répertorie 43 000 exploitations agricoles « officielles » de 850 ha chacune. Les sociétés agroalimentaires louent à ces propriétaires des superficies variant entre 5000 et 500 000 hectares. Le prix de location, selon nos informations, oscille entre 80 et 120 $ l’hectare. Cette rente tient lieu de « pension invisible » pour des milliers d’Ukrainiens. Mais la propriété de la terre relève aussi de la sécurité alimentaire dans un pays où les habitants ont connu les affres de la famine. Le gouvernement ukrainien jongle avec l’idée de privatiser son gisement de tchernoziom. En janvier 2012, il devait lever un moratoire pour réaliser cette privatisation. D’après l’Ukrainian Agrarian Confederation, le prix à l’hectare de la terre ukrainienne pourrait atteindre 8000 $ US. Cette privatisation aurait un bon côté, car « sans être propriétaires, les producteurs ne peuvent pas offrir leur titre foncier en garantie

pour obtenir du crédit auprès des banques et développer leur exploitation, comme on le fait en France ou au Canada », analyse Michel Jean-Loup, dont la société, Agro KMR, exploite deux fermes céréalières dans l’est de l’Ukraine. Mais le gouvernement n’a pas encore trouvé de mécanismes pour effectuer ce passage sans risques. « À qui profiterait cette privatisation ? Aux Chinois ? Aux Saoudiens ? À une poignée de multinationales ou à l’oligarchie ukrainienne ? » demande Victor Andrievsky, directeur de l’ONG Agrarian Markets Development Institute, dont le siège se trouve à Kiev. Dans l’éventualité où le gouvernement donnerait le feu vert à ce processus de privatisation, Andrievsky prédit « une révolution sanglante ». Les autorités sont restées muettes sur cet enjeu, malgré plusieurs demandes d’entrevues auprès du responsable des communications du ministère de l’Agriculture de l’Ukraine, Vitaly Sabluk.

L’Ukraine dans la mire des Chinois et des Russes Une toute récente entente signée entre l’Ukraine et la Chine prévoit l’utilisation d’une ligne de crédit de 3 milliards $ US, échelonnée sur 10 ans, pour acheter des engrais, de la machinerie agricole chinoise, et financer des projets d’irrigation en Ukraine. En échange, l’Ukraine fournirait chaque année entre 4 et 5 millions de tonnes de blé ou de maïs à l’Empire du Milieu, explique Volodymyr Klymenko, président de l’Ukrainian Grain Association. Quant à la Russie, elle aimerait créer une OPEP du blé pour dicter le prix mondial de ce grain, « mais nous ne sommes pas d’accord », dit-il. À eux seuls, l’Ukraine, la Russie et le Kazakhstan exportent déjà plus de blé que le premier exportateur mondial, les États-Unis. Selon le département de l’Agriculture des États-Unis, ces trois pays traiteront 29 % du commerce international du blé d’ici 2021 (et 22 % de tout le commerce mondial de grains).

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Principaux pays exportateurs de blé, de maïs et d’huile de tournesol

Photo : gracieuseté de Nibulon

Exportations (en milliers de tonnes)

35000

31751 29257

30000 25000 20000

19500

19000

18500

18000

20000

17000

16500

blé

15000 maïs 10000

7000

5000

Oleksly VadaturskyY, agriculteur et héros ukrainien

800

7000

huile de tournesol

3600 1150 Brésil

Kazakhstan

Argentine

840

41

1

10

0

Ukraine

Fédération de Russie

Australie

R

185

4

1

Canada

UE27

États-Unis

encontré dans son fief, la ville portuaire de Mykolayiv, Oleksly Vadaturskyy est un héros dans son pays. Au lendemain de la chute de l’ex-URSS, en 1991, cet agriculteur aujourd’hui âgé de 66 ans a fondé Nibulon, une entreprise verticalement intégrée devenue le plus gros exportateur de grains de l’Ukraine.

Terres utilisées pour la production céréalière 2008-2012 France Brésil Australie Argentine États-Unis Canada

13 385 100 hectares

Fédération de Russie Ukraine

14 985 200 hectares 0

100

200

400

300

500

600

Terres (en centaines de milliers d’hectares) Source : Banque mondiale

Principaux pays exportateurs de blé, de maïs et d’huile de tournesol Exportations (en milliers de tonnes)

35000

31751 29257

30000 25000 20000

19000

18500

18000

16500

19500

20000

17000

blé

15000 maïs 10000 5000

7000

800

7000

huile de tournesol

3600 1150 Brésil

Kazakhstan

1

10

0

Argentine

Ukraine

41 Fédération de Russie

840 Australie

1 Canada

4 UE27

Nibulon commercialise plus de 3,2 millions tm de grains (maïs, blé, soya, sorgo, etc.). Elle loue plus de 81 000 ha de terre et possède un parc de 550 machines agricoles, sans compter ses propres camions. Chouchou des grands banquiers internationaux, Nibulon a mis en place un réseau de 22 élévateurs à grains ultramodernes le long de deux importants cours d’eau du pays, dont le Dnipro, considéré comme le Mississippi ukrainien. Coût de ce réseau : 470 millions $ US. En novembre 2007, le président Viktor Iouchtchenko décernait à Oleksly Vadaturskyy le titre de héros de l’Ukraine pour souligner la contribution économique et sociale de son entreprise. Vadaturskyy est aussi en nomination pour le prestigieux Prix mondial de l’alimentation. Ce prix, décerné chaque année aux États-Unis, souligne le travail de personnalités dans la lutte contre le fléau de la faim dans le monde. « Quatre millions d’Ukrainiens ont connu l’Holodomor [voir l’encadré « Histoire récente de l’Ukraine : repères »]. Je veux m’assurer que le plus de gens possible aient du pain sur leur table », dit-il. Pour le journaliste ukrainien et spécialiste de l’agriculture, Iurii Mykhailov, le directeur général de Nibulon est avant tout un héros dans son pays « parce qu’il paie des impôts et contribue au développement économique de l’Ukraine. Beaucoup d’entreprises agroalimentaires ukrainiennes ont leur siège social en dehors du pays pour ne pas payer d’impôts. »

185 États-Unis

Source : Indexmunid, USDA, estimés 2013

Le maïs supplante le blé en Ukraine Oleksii Legkyi, gérant de l’usine de production de semences de la coopérative française Maisadour, située à une demi-heure de route de la ville de Dnipropetrvosk. Cette usine, la plus moderne d’Europe, a ouvert ses portes en 2010. On y met au point des variétés de maïs et de tournesol non OGM résistantes à la sècheresse. L’usine sert de tremplin à la conquête des marchés de la mer Noire (Ukraine, Russie, Kazakhstan). Jusqu’ici reconnue comme un grenier à blé, l’Ukraine est déjà le quatrième exportateur mondial de maïs. Plus de deux millions d’hectares supplémentaires pourraient être consacrés à la production du petit grain jaune dans le sud du pays. Toutefois, un tel projet nécessite une injection de plusieurs milliards de dollars pour pouvoir produire sous irrigation. Terres utilisées pour la production céréalière 2008-2012 France Brésil Australie

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Dossier Biomasse

Biomasse : quel avenir dans un monde assoiffé d’énergie ? Photo : Courtoisie de Weiss

La 21e Conférence européenne sur la biomasse, tenue en juin à Copenhague et ayant pour thème Setting the course for a biobased economy (tracer la voie de la bioéconomie), s’est penchée sur cette question.

L

Par Patrick Dupuis, agronome

es enjeux sont multiples : réduire radicalement les émissions de gaz à effet de serre, développer des sources d’énergies et de matériaux renouvelables, assurer l’approvisionnement énergétique d’une population en croissance qui en exige toujours plus. L’équation est loin d’être résolue. Pétrole, charbon, gaz, énergie solaire et éolienne, hydroélectricité, biomasse, géothermie : toutes ces sources seront mises à contribution pour combler une demande qui explose. La filière biomasse – agricole et forestière – tente de se tailler une place. Mais encore seul un très faible pourcentage de l’énergie consommée dans le monde provient de cette ressource (voir les graphiques 1 et 2, page 46).

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Une jeunesse nombreuse et bouillonnante d’idées s’est dirigé vers Copenhague pour contribuer à mettre cette transition en marche afin de créer une nouvelle prospérité. Plus de 1800 participants venant de 66 pays sont venus échanger et en apprendre sur les avancées dans le développement de la biomasse. Un secteur d’activité qui mise sur l’économie circulaire, dans laquelle les rejets d’un processus de production deviennent la matière première d’un autre. Et qui met les producteurs agricoles au centre de cette dynamique. Un secteur d’activité dont le potentiel demeure largement inexploité et qui pourrait s’avérer une immense source de profits, affirment ses ambassadeurs.


François Dupont, directeur général, Énergies Sonic; John Martin Myrup, de l’entreprise Weiss; en compagnie du directeur de la centrale thermique de Nørre Alslev; et Cyrille Néron, premier directeur, innovation et croissance, La Coop fédérée.

Mandatée par le gouvernement pour produire de la chaleur, cette usine gérée en coopérative paie les producteurs 110 $ la tonne de paille. Ces derniers préfèrent en tirer un revenu plutôt que de la hacher et de l’incorporer dans le sol. De plus, pour certains, l’accumulation excessive de résidus pourrait retarder le réchauffement adéquat du sol et occasionner des retards au semis. Les cendres issues de la combustion sont épandues sur les terres. Au Danemark, quelque 63 % des résidences sont branchées à une centrale thermique. Dans la capitale, Copenhague, c’est plus de 98 % des résidences qui en bénéficient. « C’est la forme de chauffage la plus efficace et la plus écologique »,

indique Morten Jordt Duedahl, du District Energy Partnership. « Cela fait des dizaines d’années que les Danois font la combustion de la paille et qu’ils sont convaincus de l’énorme potentiel de la biomasse », appuie Cyrille Néron, premier directeur, innovation et croissance, à La Coop fédérée. Sous l’égide du Danish Biomass Action Plan, de nombreuses centrales thermiques et plusieurs réseaux de chaleur ont été mis sur pied, au fil des ans, en milieu agricole danois. Une mesure qui a poussé l’utilisation de la paille, pour la production d’énergie, à hauteur de 1,5 million de tonnes par année. Cyrille Néron voit en cette façon de faire un modèle applicable dans le réseau La Coop, et même ailleurs en Amérique du Nord. « Pour cela, dit-il, il faut assurer une sécurité d’approvisionnement à coût raisonnable, afin de permettre aux producteurs agricoles et aux acheteurs d’en tirer un gain économique, et favoriser les circuits courts d’approvisionnement. » Le German Biomass Research Centre a d’ailleurs élaboré un logiciel qui détermine, pour une région donnée, le potentiel de production de paille par kilomètre carré. L’outil détermine l’endroit le plus propice où installer une usine de transformation de biomasse. Cette optimisation des régions productrices permettrait, d’après le centre de recherche, d’économiser jusqu’à 10 euros (14 $ CA) par tonne de paille. Le Danish Technological Institute a également acquis une expertise poussée en la matière. « Les plus importants freins au développement de la biomasse au Québec sont, ajoute Cyrille Néron, les coûts d’investissement élevés pour s’y convertir, une logistique d’approvisionnement structurée quasi inexistante et des exigences environnementales trop contraignantes. La biomasse est une source d’énergie très compétitive, même dans un contexte économique où les prix du gaz naturel sont à un niveau historiquement bas. Des prix qui ne permettent pas une lecture claire des coûts d’approvisionnement et qui nuisent à l’émergence de nombreux projets. » u

La centrale thermique à biomasse carbure à raison de 4500 tonnes de paille par année. Elle produit ainsi l’énergie nécessaire pour chauffer l’eau acheminée dans les résidences.

« Une tonne de biomasse agricole soustrait jusqu’à une tonne équivalent CO2 , indique Cyrille Néron, premier directeur, innovation et croissance, à La Coop fédérée. Puisque le potentiel de la filière biomasse au Québec se situe entre trois et cinq millions de tonnes annuellement, sans toucher à la sécurité alimentaire, elle contribuerait à l’atteinte des objectifs du Québec dans le cadre de l’entente de la Western Climate Initiative. »

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Photos : Patrick Dupuis

Sur l’île de Falster (en Zélande), au Danemark, une petite localité de 700 âmes – Nørre Alslev – abrite une centrale thermique de 6,5 MW. Elle est approvisionnée en paille de blé par huit producteurs agricoles. Construite par Weiss, leader mondial de la cogénération, l’usine carbure à raison de 4500 t de paille par année. Les producteurs, situés dans un rayon de 5 à 10 km, y livrent la paille par camion, en balles de 500 kg. La chaleur produite par la combustion de cette paille permet de fournir de l’eau chaude à toutes les résidences de Nørre Alslev. C’est ce qu’on appelle un district heating (réseau de chaleur). La centrale thermique chauffe d’abord l’eau à 100 °C. Cette eau est ensuite acheminée à un réseau de distribution centrale qui la réexpédie, par de multiples canalisations, dans les résidences à 85 °C. Un échangeur de chaleur, dont les résidences sont équipées, permet de chauffer l’habitation. L’eau retourne enfin à l’usine à 45 °C, où elle sera à nouveau chauffée. Puisque le système fonctionne en circuit fermé, il n’y a presque aucune perte.

Photo : Courtoisie de Weiss

Les producteurs en première ligne


Photo : Patrick Dupuis

Le Danemark, vert demain

Référence :

La politique énergétique du Danemark Vers un scénario 100 % renouvelable en 2050 energy.plan.aau.dk denmark.dk/en/ green-living/ strategiesand-policies/ independent-fromfossil-fuels-by-2050

Le pays qui a accueilli la 21e Conférence européenne sur la biomasse a pris le taureau par les cornes. Martin Lidegaard, ministre du Climat, de l’Énergie et des Bâtiments, a lancé un message clair : le gouvernement de ce pays de 5,6 millions d’habitants veut mettre sur pied une véritable économie verte et se passer totalement des carburants fossiles d’ici 2050. Toute l’énergie devra alors être tirée de sources renouvelables. La biomasse contribuera jusqu’à 30 % de la demande totale. Des mesures d’efficacité énergétique et des incitations financières sont aussi mises en place. Déjà, plus de 27 % de l’apport énergétique du pays est issu de sources renouvelables. John Martin Myrup, de l’entreprise Weiss, un important fabricant danois de chaudières à biomasse : « Au Danemark, l’électricité pour usage

Parts des énergies primaires dans le monde 50 %

Total : 39 Mtep ou 5 tep /personne, soit l’équivalent de 15 litres d’essence par jour/ personne à l’année

Pétrole

40 %

Charbon

30 % 20 %

Gaz

10 %

Hydroélectricité Nucléaire

0% 1965

1980

1995

*Incluant les biocarburants

Renouvelables* 2010

2025

20 16 12 8 4 0 1978 1982 1986 1990 1994 1998 2002 2006 2010 40 % Électricité

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39 % Pétrole

13 % Gaz naturel 7 % Biomasse

Source : Ministère des Ressources naturelles du Québec.

D’après le rapport Perspectives énergétiques mondiales 2012, de l’Agence internationale de l’énergie, la demande primaire mondiale d’énergie renouvelable devrait s’accroître de 2,4 % par année de 2010 à 2035. Dans les pays de l’OCDE, elle se chiffrerait à 3,3 %.

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résidentiel produite à partir d’une ressource non renouvelable coûte environ 35 ¢ le kilowatt-heure (kWh), mais 12 ¢ si elle est issue d’une ressource renouvelable. Pour éviter la substitution entre les diverses sources d’énergies fossiles, l’État les fixe toutes au même prix, en fonction d’une quantité équivalente d’énergie fournie, et à un niveau élevé pour favoriser le développement des énergies renouvelables. » Mais l’atteinte de cet objectif ne se fera pas à n’importe quel prix. « Cette bioéconomie sera chapeautée par l’éthique et le développement durable, a précisé le ministre Lidegaard. Pour éviter les impacts négatifs sur les autres grands défis qui touchent la planète, soit une alimentation pour tous et les changements climatiques. »

Évolution de la consommation des différentes formes d’énergie au Québec (1978-2009)

Énergie consommée (Mtep)

Biomasse

En 2035, électricité et chauffage, à la grandeur du Danemark, devront être entièrement issus de sources renouvelables.

1 % Charbon


Selon Peder Holk Nielsen, président et chef de la direction de Novozymes, un fabricant d’enzymes utilisés dans la transformation de la matière organique, pour développer l’industrie de la biomasse et des biocarburants, il faut soutenir les producteurs agricoles en s’assurant que les produits de cette filière se retrouvent sur les marchés de façon concurrentielle. Une façon de faire qui entraînera des investissements et la mise sur pied de multiples usines. D’ici 20 ans, dit-il, les producteurs feront beaucoup plus que produire nos aliments et de la nourriture pour le bétail. La production de biocarburants, tels que l’éthanol, a un effet important sur l’économie locale et la création d’emplois. Dans le Midwest américain – au Dakota du Sud, en Iowa, au Minnesota –, un effet multiplicateur est survenu au sein de petits villages avec la venue de ce type d’usines. En plus de mobiliser les producteurs agricoles, les bons emplois qu’elles ont offerts ont permis de maintenir de nombreux services : école, épicerie, camionnage, production, etc. C’est une croissance nettement plus inclusive que de forer un trou pour extraire du pétrole, affirme Peder Holk Nielsen.

« Pour développer la logistique entre les producteurs de biomasse agricole et le marché, poursuit l’entrepreneur, on doit convaincre les fabricants d’équipement qu’il y a là une source intéressante de revenus. Aux États-Unis, les tiges de maïs ne sont pas récoltées, tout simplement parce qu’il n’y a pas de machinerie pour le faire. Il faut démontrer au public que la biomasse et les biocarburants, ainsi que la technologie pour les produire, fonctionnent et qu’ils sont source de prospérité. »

Pour en savoir plus : Bloomberg New Energy Finance, Moving towards a next-generation ethanol economy, 2012 (about.bnef.com).

Photo : Courtoisie de Weiss

Photo : Novozymes

« Les biocarburants changeront la façon de pratiquer l’agriculture. »

Du bioplastique canadien : pour une nouvelle bioéconomie Un biocomposite à base de fibres agricoles non alimentaires et non forestières a été mis au point par le Bioproducts Discovery Development Centre, de l’Université de Guelph. Il sera utilisé dans l’industrie du moulage des plastiques pour fabriquer des bacs de rangement et des pièces

d’automobiles. Selon Cyrille Néron, la conception des matériaux composites à base de fibres agricoles est en forte croissance en Ontario, en raison de la présence de l’industrie automobile, qui s’intéresse hautement à cette opportunité. (FAC) u

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Photo : Courtoisie de Weiss

Biomasse

« En exploitant ces terres avec des cultures dédiées annuelles ou pérennes, on en tirerait de 6 à 10 tonnes de matières agricoles par hectare, poursuit-il. Les agriculteurs pourraient approvisionner des centrales thermiques et des bioraffineries. La valorisation de cette biomasse générerait, selon nos analyses, des retombées économiques annuelles de plusieurs centaines de millions de dollars. En outre, il est démontré que les cultures dédiées améliorent la structure et la qualité du sol. Ce qui permettrait, au besoin, une reconversion de ces terres vers la production alimentaire. » «  L’Europe est à l’avant-garde en matière de développement de filières de biomasse, appuie François Dupont. Ils ont la technologie, le soutien des gouverne- Cyrille Néron, ments et un important premier directeur, innovation et marché de consomma- croissance, teurs. Le coût élevé des La Coop fédérée énergies traditionnelles permet de développer des sources alternatives et de construire des infrastructures. Ici, l’industrie de la biomasse est tributaire de subventions pour démarrer des projets et relever les défis technologiques, car le coût de l’énergie de remplacement – l’électricité à quelque 0,07 $ le kWh ou encore les énergies fossiles – est très abordable. On peut difficilement demander un prix plus élevé pour de la biomasse. Le contexte sera-t-il favorable à son développement ? Les objectifs de réduction de GES du gouvernement du Québec, de 25 % d’ici 2020, et la mise en place d’une structure de crédit de carbone et de plafonds d’émissions imposés aux entreprises, dès 2015, viendront modifier la donne, sans doute en faveur de la biomasse. »

Les planètes sont alignées pour le développement de la biomasse

Prix moyens de l’électricité facturés aux clients résidentiels (¢ CA/kWh, 1er avril 2013) Montréal : 6,9 Toronto : 12,5 Boston : 16,5 New York : 21,7 Source : Les Affaires

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« Il faut se positionner pour optimiser la réception de la biomasse des producteurs et la transformer, déclare François Dupont, directeur général du Secteur Énergies Sonic, à La Coop fédérée. Le réseau La Coop possède de très nombreux atouts : présence de coopératives partout en région, masse critique de producteurs sociétaires, matières premières disponibles en abondance, équipe d’experts voués au développement des nouvelles technologies. D’ici quelques années, le réseau pourrait devenir un incontournable dans la fourniture de biomasse pour la production d’énergie, et ce, à l’échelle canadienne. Bien que nous soyons encore loin de remplacer complètement les énergies fossiles. » « Si on ne saisit pas l’occasion, ce sont les multinationales de ce monde qui s’approprieront ce marché », avance Cyrille Néron, qui croit François Dupont que l’on doit trouver une Directeur général, solution de remplacement Énergies Sonic à la dépendance aux hydro­carbures, notamment pour la production de chaleur. « Comme en Europe, on fait le pari de l’innovation. Outre les biomasses agricoles résiduelles, les terres marginales au Québec – quelque 560 000 hectares – représentent un important actif sous-exploité. C’est une situation quasi unique au monde. Et elle s’explique entre autres par un manque d’occasions d’affaires dans les régions périphériques. » (Voir le graphique 3 en page 49)

Le Coopérateur agricole | JANVIER 2014


Graphique 3

Évolution des superficies en cultures et en pâturages au Québec 2 400 000

Hectares

2 200 000 2 000 000 1 800 000

De 1976 à 2011, près de 400 000 hectares en culture et en pâturage ont été perdus.

1 600 000 1 400 000 1 200 000 1 000 000 1976 1981 Source : Statistique Canada

1986

1991

1996

2001

2006

2011

Photo : GOOGLE IMAGE

20-20-20 pour l’Europe C’est la politique que s’est fixée l’Union européenne. D’ici 2020, elle compte réduire ses émissions de GES de 20 %, diminuer sa consommation d’énergie de 20 % et hausser la part des énergies renouvelables à 20 % de sa consommation énergétique. Giovanni De Santi, directeur de l’Institute for Energy and Transport de la Commission européenne, est convaincu de la nécessité d’atteindre, avec un cadre légal pour en assurer le développement, une économie verte à faible émission de carbone d’ici 2050. « En 2010, près de 13 % de la consommation d’énergie de l’Europe était de source renouvelable », indique le directeur, qui met beaucoup d’espoir dans la biomasse et les biocarburants de deuxième génération. « Elle devra être de l’ordre de 50 % en 2050. Qui plus est, l’Europe veut réduire ses émissions de GES de 80 à 95 % au cours de la même période. » Pour donner un coup de pouce à l’atteinte de cet objectif, un nouveau gisement à fort potentiel pourrait être exploité. « En Europe, chaque année, plus de 90 millions de tonnes de matières résiduelles sont expédiées en sites d’enfouissement, indique Ulla Röttger, directrice d’une usine de cogénération au Danemark. Il y a là un énorme potentiel pour produire de l’énergie verte et divers matériaux. »

Photo : Aalborg University

Éliminer le gaspillage Certains prétendent que le monde est à court de biomasse végétale nécessaire à la production énergétique. Ce n’est pas l’avis de la P re Lene Lange, directrice de la recherche à l’Université d’Aalborg, au Danemark. Quantité de cultures ne sont pas récoltées et pourrissent au champ. De plus, dit-elle, selon les statistiques de la FAO, un tiers des cultures dans le monde sont perdues après la récolte pour diverses raisons : rats, microorganismes, conditions humides, moisissures. Il faut revoir nos façons de faire pour nourrir les populations et récupérer la biomasse inutilisée, qui représente une importante perte de valeur et dont on pourrait se servir en bioraffinerie pour produire énergie, carburants, matériaux, aliments fonctionnels, Pre Lene Lange, directrice de la recherche à l’Université d’Aalborg cosmétiques et produits pharmaceutiques. u

« Grâce à de simples mesures d’efficacité énergétique, l’Europe pourrait, d’ici 2020, économiser 200 millions d’euros [280 millions $ CA] par année », souligne Connie Hedegaard, membre de la Commission européenne chargée de l’action pour le climat.

Référence : EU bioenergy from a resource efficiency perspective : www.eea.europa.eu/ publications/eu-bioenergypotential

En 2017, le consortium Maabjerg Energy Concept, au Danemark, envisage de mettre sur pied une véritable bioraffinerie, qui produirait du bioéthanol de deuxième génération à partir de paille, du biogaz à partir de lisiers et de déchets industriels, ainsi que de la chaleur et de l’électricité par cogénération.

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« Au Danemark, notre électricité est principalement produite à partir du charbon et du vent. Dans l’avenir, le charbon sera exclu de l’équation, croit Anders Eldrup, président de la 21e Conférence sur la biomasse et de la Copenhagen Cleantech Cluster. L’avenir sera le vent, le biogaz et la biomasse. Il faut créer un nouveau modèle d’affaires. Les produits de l’ère moderne se feront sans pétrole. La biomasse sera un élément crucial pour atteindre ces objectifs. »

Photo : Patrick Dupuis

Biomasse

La bio-industrie, c’est l’avenir

Anders Eldrup, président de la 21e Conférence sur la biomasse et de la Copenhagen Cleantech Cluster.

Le Coopérateur agricole : Selon vous, se défaire des énergies fossiles doperait la croissance ? Anders Eldrup : Chaque année, l’Union européenne importe de 400 à 500 milliards d’euros [565 à 705 milliards $ CA] de carburants fossiles. Une facture qui ne cesse de grimper, à mesure que sa propre production d’énergies fossiles diminue. Hausser notre production de bioénergie pour réduire d’autant nos importations de produits pétroliers aurait un impact économique majeur. D’après le rapport de Bloomberg New Energy Finance, plus d’un million d’emplois pourraient être créés dans ce secteur d’ici 2030 dans l’Europe des 27. Croyez-vous que le potentiel des bio-industries a été sous-estimé ? Oui. Et elles seront déterminantes dans trois principaux secteurs. Dans l’énergie, en permettant de remplacer le charbon et le pétrole par la biomasse. Dans les transports, grâce à un usage accru des biocarburants. Et enfin, dans les matériaux. Les bio-industries nous permettront de passer de la vieille économie à une économie durable, qui progressera largement dans les prochaines années, tant en Europe qu’en Amérique du Nord. Quels en sont les bénéfices pour les agriculteurs ? Au Danemark seulement, les agriculteurs pourraient tripler la quantité de biomasse tirée de leurs récoltes, sans réduire la quantité d’aliments produits. Cela les placerait en meilleure position quant aux fluctuations des marchés. Les producteurs agricoles seront les premiers acteurs de cette nouvelle économie. De même que les entreprises et les États qui décideront que l’énergie et les matériaux peuvent être produits à l’aide de cette ressource. On ne produira sans doute pas suffisamment de biomasse pour atteindre nos objectifs – le pays en utilise déjà huit millions de tonnes annuellement, dont trois millions sont importées –, mais à l’échelle mondiale, il y a d’énormes quantités de biomasse non utilisées. Cette filière pourrait, entre autres, être lancée dans les régions chaudes du globe pour en favoriser la croissance. Ce qui s’avérerait bénéfique pour les pays en développement. Dans l’optique d’un monde plus juste, je me réjouis que les solutions puissent aussi émerger dans ces pays. J’ai bon espoir que nous parviendrons un jour à nous sevrer des énergies fossiles. Quelle sera l’offre d’énergies renouvelables de l’avenir dans le monde ? Elle sera en partie composée d’hydroélectricité et d’énergie éolienne, qui prendront beaucoup d’expansion, bien qu’elles ne combleront qu’une portion minime des besoins. Même constat pour l’énergie solaire. La majeure partie proviendra de la biomasse. Son apport énergétique sera plus important que l’hydroélectricité, l’éolien et le solaire combinés. Reste à définir ce qu’est la biomasse dite « durable », celle qui permet de réduire les GES et de contribuer au développement de l’économie tout en étant socialement acceptable. L’Europe se penche sur cette question.

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Photo : GOOGLE IMAGE

Canbio, pour le développement d’une bioéconomie canadienne

Fernando Preto, Ancien président de Canbio

Photo : Patrick Dupuis

Le gouvernement du Québec a amorcé en octobre des consultations publiques dans le cadre de la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec. L’objectif de cette commission est d’élaborer une nouvelle politique énergétique en 2014.

Canbio est une association regroupant une centaine d’entreprises canadiennes spécialisées dans la bioéconomie, explique son président d’alors, Fernando Preto. En plus de produire des bioénergies, elles planchent sur les bioplastiques et les biotechnologies industrielles. On travaille à convaincre les gouvernements de mettre en place de meilleures politiques en la matière. Les entreprises canadiennes de ce secteur sont aussi avancées technologiquement, sinon plus, que quiconque dans le monde. Un facteur clé favorise les Européens : le coût plus élevé des énergies fossiles et de l’électricité. Au Canada, le gaz naturel coûte 8 $ le GJ (gigajoule), le propane 20 $, le mazout de 25 à 30 $. La biomasse coûte de 5 à 12 $. Il y a des occasions d’affaires à saisir, mais il faut pour cela, par exemple, mettre sur pied des infrastructures de distribution de granules de biomasse. En Autriche, les chaudières à granules pour le chauffage des résidences sont approvisionnées en vrac. Ici, il faut se procurer les granules en sac ! C’est complexe et cher : 300 $ la tonne en sac, contre 100 $ en vrac. Hausser les coûts d’électricité au Québec n’est pas nécessairement la solution pour favoriser le développement d’autres filières énergétiques, pense Fernando Preto. L’hydroélectricité est une forme durable d’énergie, dont on ne veut

pas décourager l’usage. Mais il faut revoir notre façon de l’utiliser. Preto est en désaccord avec le fait de l’utiliser pour le chauffage, car c’est la forme d’énergie qui a la plus haute valeur ajoutée. Chauffer en brûlant des granules est beaucoup plus efficace et nettement moins cher. L’électricité peut être utilisée à bien meilleur escient dans les procédés industriels. Le problème, en Amérique du Nord, c’est qu’en raison des faibles coûts de l’énergie, on ne l’utilise pas de façon efficace. Environ 5 % de toute l’énergie produite au Canada provient de la combustion du bois, dit Fernando Preto. On dispose actuellement d’assez de résidus agricoles pour combler encore 5 à 6 % de nos besoins énergétiques. L’efficacité, c’est d’utiliser la bonne énergie au bon endroit. Il y a de bons usages pour le mazout et le gaz, mais est-il nécessaire de livrer du pétrole dans une localité isolée qui, par ailleurs, possède une ressource forestière abondante à proximité et dont on pourrait se servir pour le chauffage ? La position du gouvernement canadien dans ce secteur évolue. Les différents ministères – Industrie, Agriculture, Ressources naturelles – se concertent et font des efforts pour en arriver à une stratégie de développement d’une véritable bioéconomie.

« D’ici à 2030, trois milliards de personnes devraient rejoindre les rangs de la classe moyenne mondiale, avec les conséquences que cela implique en matière de consommation d’énergie et de ressources. Pendant cette période, les besoins de la population mondiale devraient augmenter de 30 % en énergie et en eau et de 40 % en terres agricoles. » (Le Monde, 21 juin 2013)

La Coop fédérée y a déposé un mémoire. Le document de l’entreprise fait état de l’immense potentiel économique et environnemental que représente la filière biomasse agricole et forestière, notamment pour la production de chaleur et le développement de bioproduits. (consultationenergie. gouv.qc.ca/documents/ statistiques.asp) La ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet, a récemment présenté le programme de biomasse forestière résiduelle, qui offre une aide financière pour la conversion de systèmes de chauffage dans les milieux industriel, commercial et institutionnel et favorise la création de 1600 emplois dans les régions. Avec ce programme, les entreprises pourront faire des gains énergétiques et réduire leurs coûts d’exploitation. Disposant d’une enveloppe de 50 millions $, ce programme permettra une réduction des émissions de gaz à effet de serre, soit 70 000 tonnes de CO2 , l’équivalent du retrait de 20 000 véhicules du réseau routier.

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H o r t i c u lt u r e

Par Hélène Cossette

Nourrir les oiseaux

au fil des saisons Longtemps considérée comme une activité hivernale, l’installation de mangeoires pour oiseaux est devenue, au fil des ans, une manière privilégiée d’observer la faune ailée tout au long de l’année. En plus d’aider nos oiseaux indigènes – et sédentaires – à survivre aux rigueurs de l’hiver, les mangeoires permettent d’attirer plusieurs espèces migratrices au gré des saisons.

Photo : INGIMAGE

En utilisant plusieurs types de mangeoires – plateau, mangeoire à débit contrôlé, silo, abreuvoir à colibris, porte-suif, etc. –, on pourra créer un poste d’alimentation attrayant et capable d’accueillir une grande variété d’oiseaux. Pour profiter au maximum du plaisir de les observer, on regroupera les mangeoires dans un endroit visible depuis la pièce où se déroule la majorité de nos activités quotidiennes. Afin d’en faciliter le nettoyage et le remplissage, on choisira un emplacement accessible. On prendra également soin de les placer à l’abri des vents dominants, surtout en hiver, lorsque la neige s’accumule sur le terrain.

Types de mangeoires On choisira le type de mangeoires selon les habitudes alimentaires des espèces que l’on souhaite accueillir. Ainsi, les plateaux attirent la plupart des oiseaux, mais on doit tenir compte du fait qu’ils n’offrent aucune protection contre les intempéries et les écureuils. Ils sont cependant indiqués pour

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les céréales comme le maïs concassé, l’avoine et le blé, car l’humidité pourrait les transformer en une masse compacte qui bloquerait l’ouverture d’une mangeoire à débit contrôlé. Suspendues ou fixées à un poteau, les mangeoires de type « abri » permettent, pour leur part, de rendre la nourriture accessible en tout temps, peu importe les conditions climatiques. Elles protègent efficacement les graines contre les intempéries, mais moins bien contre les écureuils. Elles attirent la plupart des espèces d’oiseaux de mangeoires, de la plus petite, comme les mésanges, à la plus grande, comme les geais. Tous les postes d’alimentation devraient idéalement contenir une ou plusieurs mangeoires à débit contrôlé. Parfaites pour le tournesol noir, le millet blanc ou l’alpiste, elles se présentent comme des réservoirs étanches de grandeurs variables d’où s’écoulent des graines qui arrivent sur un plateau. Certains modèles de grande taille comportent plusieurs compartiments, qui permettent d’offrir différentes sortes de graines, et d’autres sont dotés d’un mécanisme à bascule qui en bloque l’accès aux écureuils. Les silos constituent une variante intéressante des mangeoires à débit contrôlé. Leurs réservoirs cylindriques protègent bien les graines et comportent de multiples ouvertures, à travers lesquelles les oiseaux peuvent picorer sur un perchoir. Ce dispositif limite le gaspillage puisque, de façon générale, chaque graine extraite est mangée. Dans certains cas, les silos sont recouverts d’un grillage qui en interdit l’accès aux écureuils ou sont munis d’un perchoir qui s’abaisse et bloque le port d’alimentation lorsqu’un animal ou un oiseau plus lourd s’y pose. Faciles à installer et à remplir, ces mangeoires sont très populaires auprès des petits oiseaux. Certaines sont même conçues expres­ sément pour les chardonnerets, qui se nourrissent la tête en bas. De leur côté, les mangeoires pour noix et arachides (ou trémies) sont constituées de tubes grillagés auxquels les oiseaux s’agrippent pour extraire la nourriture à travers les trous. Résistant parfaitement aux attaques des écureuils, elles font notamment la joie des geais et des sittelles. Enfin, on peut installer un abreuvoir à colibris du printemps jusqu’au début de l’automne. On évitera toutefois de le placer à proximité d’une mangeoire à chardonnerets, car ces minuscules oiseaux ne s’y présenteront pas.


D é c o r at i o n

Par Hélène Cossette

Choisir le bon type

d’éclairage

Photo : shutterstock

L’éclairage joue un rôle essentiel dans l’aménagement d’une maison, estime Brigitte Lessard, décoratrice au Centre Déco Inov du Centre de rénovation Unimat de Thetford Mines. « Il assure le confort visuel, crée l’ambiance et met en valeur des espaces ou objets particuliers », fait-elle valoir.

Brigitte Lessard

Pour en tirer tout le potentiel, la spécialiste recommande de diversifier les sources lumineuses et les types de luminaires en fonction du style de décoration et de l’effet recherché. « Ainsi, les suspensions auront tendance à rapprocher les murs et à rétrécir la pièce, cite-t-elle pour exemple. À l’inverse, l’éclairage des murs accroîtra le volume de la pièce et un faisceau ascendant surélèvera visuellement le plafond. » Incandescente, fluorescente, fluocompacte, halogène, DEL… le choix des ampoules a aussi une grande importance, selon elle. « La lumière jaune des ampoules incandescentes créera une sensation de chaleur, souligne-t-elle, tandis que les ampoules blanches [halogènes] ou légèrement bleutées donneront une lumière éclatante et une sensation de froid. »

Types d’éclairage C’est l’éclairage indirect qui crée l’ambiance de la pièce, rappelle Brigitte Lessard. « Des lampes dirigées vers une surface plane comme un mur ou un plafond illuminent toute la pièce. Et plus la surface est claire et brillante, plus elle réfléchit la lumière », tient-elle à préciser.

Certains matériaux d’abat-jours – comme le verre dépoli, le plastique translucide, les tissus fins ou le papier – supprimeront la brillance de l’ampoule sans pour autant diminuer la puissance d’éclairage. De plus, la décoratrice conseille l’emploi de gradateurs pour adapter l’intensité lumineuse en fonction des moments de la journée et des ambiances désirées. Projeté sur une surface réduite, l’éclairage direct servira pour sa part à mettre un objet ou une zone en valeur. Diffusant une lumière vive, ce type d’éclairage, souvent éblouissant, peut cependant créer des ombres indésirables, prévient-elle. « Un bon éclairage d’ambiance implique une diffusion douce de la lumière dans les zones à vivre, souligne la décoratrice. Il est constitué d’appareils encastrés au plafond ou au sol, d’un plafonnier central, de rampes dissimulées par un bandeau ou de lampes sur table ou sur pied qui uniformisent la lumière en la réfléchissant sur un plafond ou des murs clairs. »

Astuces pièce par pièce • Dans une salle de bains, Brigitte Lessard recommande d’utiliser des luminaires fixes pour l’éclairage général. « Autour des miroirs, il vaut mieux les mettre de chaque côté plutôt qu’au-dessus pour éviter les ombres au visage », conseille-t-elle. • Pour une ambiance agréable dans la cuisine, on veillera à fournir un niveau d’éclairage adéquat. En plus d’un plafonnier pour l’éclairage général, on illuminera les plans de travail avec des projecteurs sur rail ou des bandeaux installés de manière à éviter les ombres. • Dans un couloir ou un escalier, des luminaires fixés au bas des murs ou à côté des marches créeront un effet théâtral original. • Pour le coin télé, un éclairage doux est à privilégier. « Regarder la télévision dans le noir fatigue les yeux, mais un éclairage trop puissant ou qui se reflète dans l’écran est tout aussi gênant, remarque-t-elle. Une lampe avec abat-jour à l’avant du poste ou des appliques murales avec diffuseur fixées au mur derrière le spectateur seront parfaites. » Devant la multitude de luminaires et de types d’ampoules offerts, il est parfois difficile de s’y retrouver. Pour être bien éclairé sur le sujet, n’hésitez pas à consulter une décoratrice !

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Da n s n o s c o o p s

Photo : La Coop Profid’Or

Profid’Or et CPSL : projet-pilote de soutien psychologique

Alain Grégoire, de Transport Cha-lain, et Josée Bergeron, intervenante au CPSL.

En septembre dernier, La Coop Profid’Or et le Centre de prévention du suicide de Lanaudière (CPSL) se sont associés pour créer « la route de moulée », un projet-pilote, financé par l’Agence de la santé et des services sociaux de Lanaudière, visant la rencontre directe avec les agriculteurs. Partant du principe que les experts-conseils jouent souvent le rôle de psychologue lors des visites de fermes, Alain Grégoire, transporteur de moulée en sac bien connu de La Coop Profid’Or, a été jumelé à Josée Bergeron, intervenante au CPSL, pour quelques journées de rencontres amicales visant à encourager les producteurs à demander de l’aide quand c’est nécessaire et à repérer les personnes nécessitant une aide immédiate. « Lorsqu’on m’a parlé de cette collaboration, je trouvais que c’était une bonne idée, mais je me questionnais sur la façon dont les producteurs réagiraient. Finalement, ils nous disent qu’ils sont contents de voir que La Coop leur porte cette attention », déclare Alain Grégoire. La Coop et le CPSL songent à répéter l’expérience l’automne prochain et rappellent qu’un Centre de prévention du suicide, ça ne sert pas uniquement lorsqu’on a des idées suicidaires. Le CPSL préfère recevoir des appels avant ce stade : 1 866 277-3553.

Photo : La Coop Pré-Vert

Photo : La Coop des Cantons

Semaine de la coopération : Cantons et Pré-Vert remettent des dons À la mi-octobre, lors de la Semaine de la coopération, un moment de l’année où il importe de promouvoir la formule coopérative et son importance dans notre société, La Coop des Cantons et La Coop Pré-Vert ont remis respectivement 2000 $ et 1500 $ à des organismes qui partagent des valeurs coopératives, telles que l’aide aux personnes dans Pierre Blouin, gérant de la succursale Unimat le besoin. La Coop des Cantons de Saint-Isidore-de-Clifton, et Diane Boucher, a donc choisi de remettre 500 $ directrice des Cuisines collectives du Haut-Saint-François. à trois organismes de son vaste territoire, soit : les Cuisines collectives du Haut-Saint-François, le Centre d’action bénévole de la MRC de Coaticook et les Chevaliers de Colomb de Windsor. La Coop Pré-Vert, quant à elle, a remis 1000 $ au Centre d’action bénévole des Sources, afin de contribuer à son fonds pour le service de dépannage alimentaire. Des employés des deux coopératives ont aussi été libérés pour participer à la guignolée des centres d’action bénévole de leur MRC. D’ailleurs, ces coops se sont engagées activement, en novembre dernier, pour amasser des denrées non périssables auprès de leurs employés, membres et clients. De plus, profondément touchées par les événements survenus à Lac-Mégantic, Cantons et Pré-Vert ont offert 500 $ chacune au Fonds de soutien La Coop à la communauté de Lac-Mégantic, auquel viennent s’ajouter les 1039 $ recueillis grâce à des boîtes de collecte de dons disposées dans les sept succursales Unimat des deux coopératives. Depuis cinq ans, La Coop des Cantons et La Coop Pré-Vert ont remis près Céline Guimond, gérante de la quincaillerie de 110 000 $ en dons et commandites à Unimat de Wotton, de La Coop Pré-Vert, qui participe à la guignolée du Centre d’action des organismes de leur région. bénévole des Sources, à Asbestos.

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Olymel soutient la Chaire nationale pour le bien-être porcin Olymel a annoncé en octobre qu’elle s’engage à soutenir les travaux de la future Chaire nationale pour le bien-être porcin sur une période de cinq ans, à raison d’une contribution financière de 15 000 $ par année. Cette chaire vient en réponse aux groupes qui réclamaient des changements dans les pratiques de production. Elle conduira donc des recherches conjointement avec l’Université de Saskatchewan et le Prairie Swine Centre, à Saskatoon. Ses travaux seront financés à parts égales grâce aux contributions des entreprises membres de l’industrie porcine canadienne et aux subventions du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada. Olymel estime que sa contribution favorisera de meilleures pratiques dans l’ensemble de l’industrie porcine,  permettra d’assurer la pérennité du secteur de la production et de renforcer une industrie qui contribue de manière importante au développement économique ainsi qu’aux succès du Canada en matière d’innovation dans le secteur agroalimentaire.


Photo : Michel Guertin

À l’occasion de son congrès annuel, qui s’est tenu à Québec en novembre dernier, l’Association des détaillants en alimentation du Québec (A.D.A.) a intronisé le président-directeur général d’Olymel, Réjean Nadeau, à son Temple de la renommée. C’est dans la catégorie membres-fournisseurs, volet individuel, que M. Nadeau a été honoré par ses pairs pour l’ensemble de sa carrière. Le Temple de la renommée de l’A.D.A. vise à reconnaître les individus et les entreprises qui, au fil du temps, se sont démarqués au sein de l’industrie alimentaire québécoise. Les lauréats sont sélectionnés par leurs pairs, pour leur sens aigu des affaires, leur capacité d’innover et leurs normes de qualité supérieure. Ce sont des individus et des entreprises qui, grâce à leur vision et à leur acharnement, permettent au Québec de demeurer l’un des endroits au monde où le panier d’épicerie reste varié, abondant et abordable à longueur d’année.

Dans l’ordre habituel : Pierre Thibeault, MAPAQ; Paul Beauchamp, 1er vice-président, Olymel; Denis Richard, président, La Coop fédérée; Daniel Fradette, directeur régional des ventes, PepsiCo Canada; Réjean Nadeau, président-directeur général, Olymel; Richard Davies, vice-président principal, ventes et marketing, Olymel; Ghislain Cloutier, 1er vice-président, La Coop fédérée; Marc Sauvageau, directeur général, Acosta Ventes et Marketing; Daniel Choquette, président de l’A.D.A. et propriétaire du Provigo Marieville, et Alain Héroux, vice-président ventes, viandes transformées, Olymel.

Unicoop inaugure son nouveau garage New Holland

Sunnymel désignée Entreprise de l’année 2013

Photo : Digiphoto

Réjean Nadeau, au Temple de la renommée de l’A.D.A.

Dans l’ordre habituel : Thomas Soucy, président-directeur général du Groupe Westco; Claude Chapdelaine, directeur de l’usine; et Paul Beauchamp, premier vice-président d’Olymel.

Sunnymel a été désignée Entreprise de l’année 2013 lors du 25e gala de la PME, qui avait lieu au Centre des congrès d’Edmundston (Nouveau-Brunswick), et ce, moins d’un an après l’inauguration de son abattoir à Clair, dans le HautMadawaska. Ce prix était remis par le Comité de développement économique du Madawaska. En l’acceptant, Thomas Soucy, président-directeur général du Groupe Westco, a rappelé que, malgré les embûches rencontrées dans la mise sur pied de cette usine, la réception de ce prix vient confirmer que la persévérance porte ses fruits. Rappelons que Sunnymel est née en 2009 d’un partenariat entre Olymel et le producteur néobrunswickois Groupe Westco, pour la construction d’une usine d’abattage et de découpe de poulets d’une capacité de transformation de 12 000 poulets à l’heure. Elle procure du travail à plus de 200 personnes et son chiffre d’affaires avoisine les 120 millions $.

Photo : La coop unicoop

À la mi-octobre, La Coop Unicoop a procédé à l’inauguration officielle de l’agrandissement de son garage New Holland de SainteMarie de Beauce. Pas moins de 2,4 millions de dollars ont été investis pour transformer l’intérieur de l’ancien bâtiment et augmenter sa superficie de 743 m2 (8000 pi2). Ces travaux ont permis d’accroître l’efficacité du Service des réparations et d’offrir de nouveaux services, tout en soutenant la clientèle dans ses demandes journalières. Mentionnons qu’au fil des années Unicoop s’est positionnée comme l’un des plus importants concessionnaires New Holland au Canada. Elle reçoit depuis plusieurs années le prix Club du président, décerné par New Holland, pour la qualité de son service, de ses infrastructures, de son personnel, de son engagement et de ses résultats. Sa Division des machines agricoles emploie 85 personnes et compte six garages actifs dans les secteurs agricole et industriel de Chaudière-Appalaches, de la Mauricie, de Portneuf et de la grande région de Québec. Dans l’ordre habituel : Michel Perreault, représentant New Holland; Richard Lehoux, préfet de la MRC de NouvelleBeauce; Claude Lemieux, directeur principal, Division des machines agricoles d’Unicoop; Richard Ferland, président d’Unicoop; Gaétan Roger, chef de la direction d’Unicoop; Denis Richard, président de La Coop fédérée; André Spénard, député de Beauce-Nord; et Guy Jacques, gérant du garage de Sainte-Marie.

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Photo : La Coop de Saint-Alexandre Photo : Groupe coopératif Dynaco

Des coops partenaires de FAC en campagne contre la faim

La Coop Agriscar acquiert une nouvelle quincaillerie

Pour une 10e année consécutive, le programme FAC en campagne contre la faim a fait le tour du Québec en tracteur pour amasser des denrées auprès des producteurs, des transformateurs, des entreprises et des particuliers. Dans le Bas-SaintLaurent, la tournée s’est arrêtée à La Coop agricole de Saint-Alexandre, qui a remis 250 $ (500 lb) de denrées alimentaires, en plus des sacs de nourriture  provenant des employés, de même que chez Groupe Hélène Boucher, directrice coopératif Dynaco, qui a fourni le tracteur pour la générale, La Coop de Saintjournée de récolte et des sacs remplis de denrées, Alexandre, et Denis Williams, d’une valeur totale de 500 $ (1000 lb). Citadelle, directeur régional, FAC. coopérative de producteurs de sirop d’érable a, quant à elle, offert 250 $. De plus, tout l’été, les dons en aliments et en argent étaient aussi recueillis dans les bureaux de Financement agricole Canada (FAC), qui a plus que doublé sa récolte de nourriture cette année. Dans la province, plus de 155 000 personnes reçoivent l’aide d’une banque  alimentaire chaque mois, et 37 % d’entre elles sont des enfants. « Je suis fier d’annoncer que nous avons recueilli 2 253 588 lb de nourriture pour les banques alimentaires du Québec. Je me sens toujours privilégié d’être témoin de l’entraide qui anime  les gens quand je parcours la province », a déclaré Vincent Giard, viceprésident d’Opérations  Québec chez FAC.

En novembre dernier, La Coop Agriscar a annoncé qu’elle faisait l’acquisition du Centre de rénovation Castle, situé à Saint-Antonin. Le nouveau centre de rénovation s’ajoute aux trois quincailleries Unimat de La Coop Agriscar, situées à Trois-Pistoles, Saint-Jean-de-Dieu et Saint-Arsène. En raison de l’entente commerciale de La Coop fédérée avec Groupe BMR, le choix de l’enseigne du magasin de Saint-Antonin est encore à l’étude. La prise de possession a eu lieu en décembre dernier. Cette nouvelle quincaillerie favorisera une meilleure occupation du territoire desservi par La Coop Agriscar ainsi qu’une augmentation du service pour tous les membres de la coopérative.

Dans l’ordre habituel : Louis Turcotte, directeur principal des relations d’affaires, FAC; André Surprenant, directeur supérieur agroentreprise et agroalimentaire, FAC; Denis Williams, directeur régional, FAC; Jean-Yves Lavoie, directeur général de Groupe coopératif Dynaco; Vincent Giard, vice-président d’Opérations Québec, FAC; Rosaire Beaulieu, président de Groupe coopératif Dynaco; et Rémi Lemoine, chef de l’exploitation, FAC.

La Coop Agriscar a acquis ce centre de rénovation situé à Saint-Antonin, près de Rivière-du-Loup.

Bonaccueil MAYA Goldwyn EX 95 a été décorée des plus grands honneurs lors de la dernière édition de la fameuse World Dairy Expo (WDE), à Madison (Wisconsin), en octobre dernier. Élevée dans l’entreprise A.-R. Boulet inc., copropriété d’Auguste et Ricardo Boulet, de Saint-François-de-laRivière-du-Sud (La Coop Rivière-du-Sud), cette vache a décroché un amalgame de titres hors du commun dans l’histoire de cette célèbre exposition. En effet, Maya et ses copropriétaires ont remporté à la WDE 2013 les titres de Championne et Meilleur pis (en tant qu’éleveur et propriétaire), Championne Vache sénior, Grande Championne (pour toutes les femelles) et, pour couronner le tout, Championne Suprême (pour toutes les races), une première pour une vache canadienne élevée et exposée par le même propriétaire. Félicitations à la Ferme A.-R. Boulet inc.

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Luc Gervais et Kim Brunelle

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Félicitations à Luc Gervais et Kim Brunelle Jeunes agriculteurs d’élite du Canada, section Québec 2013

Très jeune, Luc est initié aux travaux de la ferme en accompagnant son père. À cette époque, ce dernier travaillait à la Ferme Germec, à Hérouxville, propriété des oncles de Luc. Tout en travaillant à temps plein dans une exploitation de la région, il complète une formation en gestion et exploitation de l’entreprise agricole. En 2004, il acquiert la ferme avec son frère et son cousin. Plusieurs améliorations sont apportées à l’entreprise. Depuis l’achat, la moyenne est passée de 10 022 à 12 230 kg par vache. La ferme détient la meilleure MCR de troupeau du club Holstein Champlain-Laviolette depuis 2006 et s’est hissée au 6e rang provincial en 2008. La classification est remarquable avec 7 EX, 29 TB, 42 BP et 9B. Travail et vie familiale font bon ménage. Une priorité pour le couple Luc Gervais et Kim Brunelle, et leurs trois filles - Meggy, 14 ans, Magalie, 12 ans, et Charlotte, 7 ans – qui mènent une vie active et équilibrée. (Source : Concours des Jeunes Agriculteurs d’Élite du Canada)

m 1 an : 25,00 $

m 2 ans : 40,00 $

m 1 an à l’étranger : 90,00 $

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Les taxes sont comprises dans le coût.

o Reçu disponible sur demande TPS : R101143279 • TVQ : 1000044306TP9145MA

Le Coopérateur agricole

C.P. 500 Station Youville Montréal (Québec) H2P 2W2 Tél. : 514 384-6450 - Téléc. : 514 858-2025 Courriel : coopagri@lacoop.coop Êtes-vous relié au domaine agricole?

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Courriel Veuillez émettre votre chèque à l’ordre de La Coop fédérée.

Photo : La Tribune

La Coop Compton : un prix Distinction, d’Investissement Québec. La Coop Compton a reçu un prix Distinction dans la catégorie Relève coopérative lors du Gala Mérite coopératif 2013, de la Coopérative de développement régional de l’Estrie (CDR). Cette récompense était commanditée par Investis­sement Québec, Dans l’ordre habituel : Dominique Chaussé, d’Investis­ qui compte une équipe sement Québec; Stéphane Péloquin, directeur général de affectée au financement La Coop Compton; Marie-Claude Sylvestre, contrôleuse à et au développement des La Coop Compton; Éric Samson, responsable du secteur coopératives d’ici. Le chiffre matériaux; Geneviève Bolduc, responsable de la quincaillerie; et Marc Brouillette, d’Investissement Québec. d’affaires de Compton a augmenté de 1,5 million $ ces 10 dernières années, pour atteindre presque 8 millions. Mais ce qui la distingue le plus, c’est la jeunesse de son équipe de gestionnaires, dont la moyenne d’âge est inférieure à 35 ans, quoiqu’elle puisse aussi compter sur quelques gestionnaires d’expérience recrutés dans d’autres coopératives. Afin d’avoir une relève adéquate, elle mise sur la formation, le développement des compétences et le maintien de la main-d’œuvre locale. Son directeur général, Stéphane Péloquin, affirme que cette relève s’épanouit et fournit à la coopérative ses idées et ses projets, et que tout le monde en profite, car on crée ainsi un milieu dynamique toujours en mouvement. Le DG représente bien cette façon de faire : embauché il y a 13 ans, lorsqu’il était étudiant, il a gravi les échelons en occupant différents postes au sein de l’entreprise, passant de commis à responsable du rayon des matériaux, puis de gérant du centre de rénovation à directeur général.

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MC

Rentabilité additionnelle de 7200$ par année*.

* en faisant passer l’âge au premier vêlage de 28 à 26 mois, basé sur un troupeau de 100 vaches

Le Défi Goliath a pour objectif d’encourager les producteurs dans leurs efforts d’amélioration et faire la promotion d’un vêlage hâtif pour une meilleure rentabilité. Consultez votre coopérative pour plus de détails et les conditions d’admissibilité au Défi Goliath 2014.

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La coopération, ça profite à tout le monde. Parlez-en à votre expert-conseil.

w w w.l acoop.coop La Coop et Goliath sont des marques de commerce de La Coop fédérée.


À vos côtés, dès le départ. Grâce au programme Bon Départ pour la gestion du tarissement, vous pouvez diminuer le risque de mammite clinique chez les vaches laitières au début de la prochaine lactation. Avec la gamme de produits Zoetis pour la gestion du tarissement, il est possible d’assurer un bon départ à vos vaches. Le prélèvement d’échantillons dans les cas de mammite clinique fait partie d’une stratégie gagnante dans la gestion de la santé du pis. C’est pourquoi nous compensons une partie des frais d’analyse des échantillons de lait et avons conçu une trousse pratique pour faciliter le prélèvement d’échantillons.

Consultez votre médecin vétérinaire pour en apprendre davantage sur le programme Bon Départ et vous y inscrire gratuitement.

à vos côtés. pour l’animal. pour la santé. Zoetis est une marque de commerce de Zoetis ou de son concédant de licence, utilisée sous licence par Zoetis Canada. IMM JADP02 0513 F


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