Guide de survie: COVID-19

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Le Graffiti

MARS 2020

Guide de survie: COVID-19


Table des matières Mot du comité GISB (Groupe d’intervention en secourisme de Brébeuf) COVID-19 (SARS-CoV-2) et SARS-CoV : Points essentiels et liens notables

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Un singe qui connaît ses maux

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Coronavirus (SARS-CoV-2) : Faits saillants et mesures personnelles à adopter

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Solidarité humaine et citoyenne

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Une maladie aux origines ancrées dans les injustices d’un régime changeant

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Théorie du complot : coronavirus, snowbirds et Québecor média

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Le bon côté des choses

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Lettre au premier ministre Legault, mais surtout à nous tous

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MOT DU GRAF Chers lecteurs, Nous vivons présentement une pandémie qui marquera l’histoire. Ayant probablement connu ses origines dans un simple marché ouvert de la ville de Wuhan en Chine, la COVID-19 a bouleversé la communauté internationale en surpeuplant les hôpitaux, en causant la déroute des marchés financiers et en fermant les écoles indéfiniment. Nous tenions donc à vous garder occupés avec une édition pour survivre durant la quarantaine et rester en contact avec la vie étudiante du collège! Merci et bonne lecture (en ligne!), L’équipe du Graf P.-S.: Veuillez noter la date de rédaction indiquée de chaque article. Étant donné que la situation évolue constamment, il se peut que certaines informations aient changé depuis.

Crédits: Sophie Poirier: Rédactrice en chef Philippe Brault: Directeur financier Charlotte Benoit: Directrice des communications Isabel Perezmontemayor Cruz: Correctrice en chef Nikola Kukolj: Mise en page Margaret Zhou: Dessin des première et quatrième couvertures Merci à M. Perrault et à tous nos journalistes et artistes! Merci à nos commanditaires!


Mot du comité GISB (Groupe d’intervention en secourisme de Brébeuf) COVID-19 (SARS-CoV-2) et SARS-CoV : Points essentiels et liens notables Elie Fadel et Meriem Zaghari

Le 19 mars 2020

Le coronavirus est un type de virus issu de la famille Coronaviridae qui, elle, fait partie de l’ordre des Nidovirales. Le nom de ce virus est originaire de sa morphologie, sa frange extérieure de protéines en pics ayant une forme de couronne, d’où le préfixe « corona ». Les coronavirus causent des maladies chez l’ensemble des mammifères, mais aussi chez les oiseaux (Christopher J. Burrell, 2017). La rhinopharyngite (ou rhume) est d’ailleurs une maladie partiellement causée par les coronavirus. Cependant, le degré de gravité de ce type de virus varie. Il suffit de voir le SARS-CoV, MERS-CoV ou encore la COVID-19, trois types de coronavirus dont le danger sur la santé est beaucoup plus important qu’une rhinopharyngite : ces virus causent des infections au niveau des voies respiratoires.

Figure 1. Morphologie du coronavirus.

Le SARS-CoV est un virus apparu premièrement dans le sud de la Chine aux alentours de 2002-2003 (Li, W., 2005). Ce virus, dont le nom complet est coronavirus du syndrome respiratoire aigu sévère ( Severe Acute Respiratory Syndrome en anglais, d’où l’Acronyme SARS), est un virus avec une enveloppe virale et qui a uniquement un brin d’ARN (Annan, A., 2013). Chez ces virus, c’est l’ARN qui constitue l’information génétique. Cela est aussi le cas pour la COVID-19. Les virus à ARN sont plus susceptibles à des mutations (Khan Academy),et cet ARN facilite la liaison des virus à une cellule afin de se répliquer. La COVID-19 est un virus dont la première transmission animal-Homme semble avoir été effectuée en décembre 2019, dans la ville de Wuhan, en Chine. Le virus apparu à Wuhan a 79.6% de similarité génétique avec le SARSCoV. La COVID-19 a aussi 96% de similarité avec un coronavirus de chauve-souris : il y a donc une très forte chance que le virus soit issu de cette espèce animale (Zhou, P., 2020). Si cette théorie est bonne, il semblerait que la première transmission animal-Homme du COVID-19 aurait été faite au Marché de gros de fruits de mer de Huanan, à Wuhan. La COVID-19 est aujourd’hui transmissible d’Homme à Homme : une pandémie a été déclarée par l’OMS le 11 mars 2020. Même si couramment appelé COVID-19, le réel nom de ce virus est SARSCoV-2, en raison de sa similarité avec les virus de type SARS-CoV. En fait, COVID-19 s’agit plutôt du nom de la maladie (« disease » en anglais) alors que SARS-CoV-2 est le nom du virus qui la cause (Organisation Mondiale de la Santé (OMS)). 4


Les récepteurs sur les cellules cibles D’après la Société Américaine de Microbiologie (Wan, Y., 2020), il semblerait fortement que le SARS-CoV-2 se lie aux mêmes protéines des cellules cibles que le Sars-CoV, soit les enzymes ACE2. En effet, depuis l’épidémie de SARS-CoV en 2002-2003, des analyses ont montré les interactions entre les récepteurs sur le SARS-CoV et les ACE2. Des études effectuées montrent que la séquence des récepteurs du SARS-CoV-2 est similaire à celle du SARS-CoV. Cette information pourrait être très utile dans la recherche de vaccin pour le SARS-CoV-2. Symptômes Plusieurs virus de de la famille Coronaviridae sont constamment en circulation dans la population humaine. Cependant, la majorité de ceux-là ne sont en rien comparables au SARS-CoV ou encore au COVID-19, qui sont eux non seulement transmissibles d’homme à homme, mais qui engendrent aussi des problèmes (respiratoires) bien plus sévères (Organisation Mondiale de la Santé, OMS). D’un côté, il y a de grandes chances de n’avoir aucun -- sinon très peu -- de symptômes si une personne est infectée par le virus. La plupart des symptômes du SARS-CoV-2 s’apparentent à ceux du rhume ou de la grippe, mais à degré différent (c’est à dire surtout de la fièvre et de la toux).

Figure 2. Comparaison des symptômes entre un rhume, une grippe et un coronavirus

D’autre part, pour les personnes souffrant de maladies sous-jacentes au virus telles que le diabète, l’hypertension, le cancer ou encore des maladies cardiovasculaires, les symptômes peuvent s’avérer relativement graves, avec des plus grandes difficultés respiratoires et des pneumonies touchant les deux poumons. À cela s’ajoute aussi certains impacts au niveau intestinal comme la diarrhée. La même situation 5


est vraie pour les personnes âgées qui sont beaucoup plus vulnérables à ses virus s’attaquant à leur système respiratoire. Dans certains cas plus extrêmes cela peut même mener à la mort bien que le taux de fatalité ne soit pas très élevé, tournant présentement autour de 2.2%. (Byrareddy, S. N. et Rothan, H., 2020) Tous les symptômes précédemment mentionnés peuvent d’ailleurs prendre jusqu’à 14 jours pour se manifester, ce qui explique l’isolement volontaire de deux semaines adopté par les commissions scolaires du Canada et dans plusieurs autres pays où le virus se propage (Italie, Espagne, etc). Bien sûr, les infections du coronavirus sont tous confirmées, en plus de la présence des symptômes, par le biais d’analyses en laboratoire avec l’aide des fournisseurs de soins de santé. (Heymann, D. L. et McCloskey, B., 2020) Transmission du virus Avec ou sans symptômes, cela n’a pas d’importance : une personne infectée par le virus peut le transmettre aux autres. Près de 80% des porteurs du COVID-19 ne présentent pas de symptôme. Comme le virus se propage par les gouttelettes respiratoires fréquemment émises par les personnes qui toussent, le risque de le contracter au contact de personnes qui ne présentent pas de symptôme est moins grand (car la toux n’est pas présente), mais tout de même possible. S’ajoute à cela le risque de contamination par l’intermédiaire de fomites, différents matériaux servant d’hôtes à divers agents infectieux. Effectivement, la COVID-19 semble avoir une durée de vie de près de 72 heures sur des surfaces comme le plastique ou encore l’acier, et une durée de vie de 24 heures sur du carton. Des surfaces portent le virus après qu’un individu infecté ait toussé ou éternué dessus ou les ait manipulées avec des mains contaminées. Quant à la contamination par l’air, il parait y avoir quelques contradictions. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ne reconnait par la transmissibilité par l’air. Pourtant, un article publié récemment par le New England Journal of Medecine stipule que le virus pourrait survivre sous forme d’aérosol pour une demi-heure avant de se déposer sur une surface dure où il pourrait alors survivre plus longtemps. (Mandavilli, A., 2020) Traitements Pour la plupart des patients aux symptômes relativement légers, il y a de grandes chances que le rétablissement se fasse naturellement après quelque temps. Malheureusement, pour les cas plus graves, il n’y a toujours pas de vaccin contre la COVID-19, mais ces personnes sont tout de même traitées à la limite du matériel disponible. Plusieurs laboratoires travaillent à la recherche du vaccin présentement (Gouvernement du Canada, 2020).

Caricature par Alice Tao Ran Guo

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Un singe qui connaît ses maux Louis-Charles Girard

Le 19 mars 2020

Peu sont les caractéristiques qui séparent les humains des autres vivants. Les fourmis se font la guerre, les perroquets posent des questions existentielles et les lamas étudient seulement la veille de leurs examens. L’aptitude humaine à collaborer pour mettre à terme de plus grands projets est une inéquation qui vient rapidement en tête; par contre, ce qui nous a véritablement permis de dominer le monde que nous connaissons est notre capacité à profiter des apprentissages de ceux qui sont venus avant nous. Il est bien utile de ne pas devoir formuler une langue, inventer la presse à imprimer, instaurer la liberté d’expression et construire une carte-mère pour pouvoir écrire un article moyen dans l’édition en ligne d’un journal étudiant. Néanmoins, nous ne tenons pas cette capacité pour acquise; l’éducation est une valeur importante de notre société et nous idéalisons les créateurs de nouveaux savoirs. Ceci devrait nous permettre de continuellement tendre vers la perfection, de ne jamais cesser de nous améliorer, mais surtout de ne plus faire les mêmes erreurs que par le passé. Par contre, il est évident que nous ne sommes pas si assidus. Nous sommes donc malheureusement obligés de nous poser la question : nous adaptons-nous vraiment à l’information[1]? C’est ici que la quasi-crise sociétale engendrée par le virus COVID-19 entre en jeu. Actuellement, nous sommes conscients de la majorité des caractéristiques de cette pandémie. D’abord, nous connaissons les conséquences de l’inaction ou des actions non scientifiques (lire « tuer les chats, faire saigner les malades, multiplier les guerres qui entraînent des millions de morts, etc »). Ensuite, puisqu’il est estimé qu’entre 40 et 70% de la population sera contaminée, nous savons aussi que pratiquement personne n’est à l’abri[2]. De plus, en observant la réponse envers l’épidémie de grippe de 1918 à Saint-Louis et à Philadelphie, nous savons comment nos actions peuvent limiter la propagation du virus et mitiger ses impacts, surtout à l’aide de la distanciation sociale[3]. Enfin, ces actions nécessaires sont communiquées en directives claires : restons chez nous et lavons-nous les mains. Puisque toutes les variables sont connues, notre réaction n’est qu’un échantillon de notre capacité à adapter nos modes de vie lorsque la connaissance rejette leur adéquation. Pour ceux qui l’appliquent à la lettre, l’isolement est souvent un changement incommodant; cependant, plusieurs magasins restent ouverts, la Bourse roule toujours et les rues sont encore embouteillées. Des changements draconiens ont nécessité beaucoup de temps historiquement, mais à une époque d’urgence climatique, de polarisation politique et de crises migratoires, le temps est une denrée qui coûte cher. Passerons-nous outre à nos désirs individuels? À moins que notre égocentrisme soit la source de notre évolution... En revanche, peut-être qu’il est impossible d’enseigner de nouveaux trucs à ce singe.

[1]

Il serait probablement nécessaire de diviser la population en sous-catégories telles « l’élite éduquée » et « la masse bêlante », mais je vais me donner la liberté de supposer que l’hubris des personnes qui forceraient un changement généralement non désiré, croyant connaître sans réaliser qu’elles devraient seulement savoir qu’elles ne savent rien, me permet d’éviter l’argumentaire léniniste. Lipsitch, Marc. The Coronavirus Isn’t Going Away, Deep Background by Noah Feldman, Pushkin Industries, 2020.

[2]

[3] Ellis, Sam. Schneider, Mac. Caswell, Estelle. Posner, Joe. Why fighting the coronavirus depends on you, Vox Media, 2020, www.youtube. com/watch?v=dSQztKXR6k0&ab_channel=Vox .

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Coronavirus (SARS-CoV-2) : Faits saillants et mesures personnelles à adopter Victor Teodor Cozea et Thoven Pierre

Le 20 mars 2020

Impact socioéconomique En décembre 2019, un nouveau coronavirus a été découvert dans la ville de Wuhan, en Chine. Il a d’abord été nommé 2019-nCoV, ensuite SARS-CoV-2, et finalement COVID-19. Le 8 février 2020, il y avait déjà 33 738 cas confirmés, dont 811 décès. Maintenant, près de 150 pays sont touchés par le COVID-19. Au moment de la rédaction de cet article, on compte plus de 160 000 cas, dont plus de 6500 décès (Coronavirus: Plus de 2300 morts en Europe, 2020). L’OMS a qualifié la pandémie du coronavirus de « crise sanitaire majeure de notre époque ». Les trois pays les plus touchés sont la Chine avec plus de 3200 morts, l’Italie avec plus de 1800 morts et l’Iran avec plus de 850 morts (Coronavirus: l’OMS évoque une, 2020). Cependant, selon plusieurs, il ne faut toutefois pas céder à la panique, car le taux de mortalité est inférieur à 3%. En effet, selon des données obtenues le 17 mars 2020, pour 183 356 cas du coronavirus, il y a 7167 morts pour 79 731 de personnes guéries (Le coronavirus COVID19-Faits et chiffres, 2020). Face à la progression de la maladie, des mesures de plus en plus draconiennes sont prises par plusieurs pays. C’est ainsi que des pays comme l’Allemagne et la France ferment leur frontière commune et n’autorisent que le passage de travailleurs transfrontaliers et aux transports de marchandises; des pays comme la Norvège ferment leurs ports et aéroports; en Italie, l’inquiétude grandit à cause de l’incapacité du système hospitalier à recevoir l’afflux de malades; aux Etats-Unis, les écoles ferment leurs portes dans plus de 29 États jusqu’à nouvel ordre; etc. En réponse à cette pandémie, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, demande à la communauté internationale de travailler ensemble pour empêcher une récession économique. Cela laisse croire qu’une catastrophe économique est évitable bien que l’impact du nouveau coronavirus sur l’économie mondiale puisse provoquer un lourd bilan. En effet, selon Étienne de Callataÿ, expert belge en économie , « On entre dans une zone de turbulences, mais celle-ci n’est pas infinie. » Il ajoute: « Oui, le choc va être important, mais l’épidémie ne va pas durer indéfiniment. » L’expert ne croit pas que la pandémie pourrait déboucher éventuellement sur un krach boursier (Bouffioux, 2020), bien que les avis de détresse quant à la récession économique soient quelque peu inquiétants (Impact du coronavirus sur l’économie, 2020): au moment d’écrire ces lignes, la Bourse australienne a chuté de 9,7%, la Bourse de Johannesburg en Afrique du Sud a chuté de 12%, la Bourse de Paris a enregistré une chute de 5,75%, etc (Coronavirus : Paris, New York, 2020). De nombreux spécialistes croient que les Bourses mondiales sont sur le point de s’effondrer, et que l’économie mondiale est ralentie par le SARSCoV-2.

Comparaison avec des virus passés Des similitudes et des différences entre le SARS-CoV-2 (COVID-19) et le SRAS (ou SARS-CoV) ont été soulevées. En effet, les deux agents infectieux sont de la famille de Coronavirus, de genre Betacoronavirus et de sousgenre de Sarbecovirus. La séquence génétique du SARS-CoV-2 ressemble à 79,6% à celle du SRAS (A pneumonia outbreak, 2020). Les coronavirus sont des virus enveloppés à ARN simple brin de polarité positive. Ils peuvent se muter et se recombiner pour donner un nouveau coronavirus. C’est pour cela que l’on suppose que le SARSCoV-2 est zoonotique, c’est-à-dire que le virus s’est transmis à l’humain en passant par le pangolin (animal), en mutant. En effet, les chercheurs ont observé que les génomes de séquences de virus prélevés sur les pangolins étaient à 99 % identiques aux virus retrouvés sur des personnes atteintes par le SARS-CoV-2 (Covid-19 : toux, fièvre, 2020). Par la suite, le virus se transmet entre les humains par contact étroit avec un malade, par inhalation de microgouttelettes ou aérosols respiratoires générés par les éternuements et la toux. Dans le cas du SARS-CoV-2, la période d’incubation est estimée à 14 jours tandis que pour le SRAS, elle varie entre 2 et 7 jours. Les détails de la transmission et quelques règles d’hygiène personnelle à respecter sont présentés cidessous. 8


Transmission et hygiène personnelle à respecter La transmission du SARS-CoV-2 peut se faire de personne en personne directement (Bai et al., 2020), supposément à travers les voies respiratoires comme pour les autres coronavirus humains. En effet, le gouvernement du Québec recommande d’éviter un « contact étroit avec une personne infectée lorsque cette personne tousse ou éternue. À cet effet, il est recommandé d’éternuer ou de tousser dans son coude et de jeter rapidement tout mouchoir utilisé. » (Gouvernement du Québec, 2020) Cela est important, car les agents infectieux sont propulsés dans les fines particules de salive, nommées gouttes Flügge, pouvant atteindre jusqu’à six mètres depuis leur point de départ, selon la taille de la goutte, lors de l’éternuement non contrôlé (Lebrun, 2014; Marroun et al., 2018, p. 382). La transmission indirecte peut se faire en touchant une surface contaminée et en amenant les virus près de points d’entrée dans le corps comme la bouche, le nez ou les yeux. Cependant, les coronavirus ne résistent pas longtemps à l’extérieur d’un hôte. En effet, sur un objet inerte ayant une surface sèche, le virus peut résister environ trois heures, alors que sur la surface humide d’un objet inerte, il résiste près de six jours. C’est pourquoi il faut prendre des mesures de précaution en se lavant les mains souvent à l’eau tiède et au savon, au moins 20 secondes, ou utiliser un désinfectant à base d’alcool si l’eau et le savon ne sont pas disponibles (Gouvernement du Québec, 2020) . Il est aussi recommandé d’éviter les contacts non nécessaires comme les poignées de main et de se tenir loin des personnes vulnérables comme les personnes âgées et celles souffrant de maladies chroniques que vous suspectez être malades ou non. Par ailleurs, il doit être mentionné que les masques jetables ne sont utiles que pour les personnes déjà infectées en réduisant la propagation des gouttelettes de Flügge (Gouvernement du Québec, 2020; TEST ACHAT, 2020). Considérant que les transporteurs viraux peuvent demeurer asymptomatiques sur une période pouvant durer jusqu’à 24 jours, il devient encore plus important de respecter les normes d’hygiène prescrites, car il est difficile de savoir si nous avons été exposés à des porteurs au cours de la journée (Guan et al., 2020). Les symptômes sont la toux, la fièvre et les difficultés respiratoires et leur sévérité peut varier de celle d’une grippe régulière jusqu’à des problèmes graves comme des troubles pulmonaires et rénaux dans les cas rares (Gouvernement du Québec, 2020b). Pour ce qui est des difficultés respiratoires, il a été trouvé que la grippe due au SARS-CoV-2 provoque une respiration rapide, contrairement à d’autres grippes, ce qui aide à une identification rapide (Wang et al. 2020). La réduction des contacts humains permet de réduire significativement le risque de propagation du virus et plusieurs ont découvert des substances à potentiel médicinal pouvant inhiber la protéase principale du virus (protéine jouant un rôle important dans la réplication du virus) (Guan et al., 2020; Jin et al., 2020; Shanker et al., 2020). D’autres ont même déjà commencé les essais cliniques de vaccins contre le SARS-CoV-2 (Neergaard et Johnson, 2020). Ainsi, en comprenant que la transmission du virus se fait à travers les gouttes de Flügge et les contacts avec le visage, il en découle que les habitudes d’hygiène sont nécessaires pour éviter la transmission et la réception des maladies. Ces mesures, ainsi que celles de réduire les contacts humains, ont déjà porté des fruits et des remèdes sont en cours de développement (Guan et al., 2020; Jin et al., 2020; Neergaard et Johnson, 2020; Shanker et al., 2020). Par ailleurs, pour renforcer le système immunitaire, la consommation d’aliments riches en vitamine C, comme les fraises, les citrons, les kiwis, les oranges, les mangues et les pamplemousses (Szeto et al., 2002) est recommandée. En effet, la vitamine C est essentielle pour plusieurs fonctions cellulaires comme la formation de la barrière épithéliale (peau) et aide les neutrophiles dans le processus de la phagocytose (processus où les globules blancs ingèrent et détruisent un corps étranger) (Carr et Maggini, 2017). La consommation de poissons gras comme le saumon, la truite et l’espadon, riches en vitamine D, stimule le système immunitaire, qui en a besoin pour accomplir ses fonctions (Aranow, 2011; Chen et al., 2007). Finalement, les aliments riches en quercétine comme les oignons, les brocolis, les pommes et les raisins aident les défenses naturelles du corps à travers son activité antivirale et sa stimulation du système immunitaire (Mlcek et al., 2016).

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Des gourdes haut-parleurs Bluetooth (pour agencer avec ton nouveau Fjallraven Kanken acheté aussi à la COOP) Des écouteurs style Airpod (pour faire semblant que t'as des vrais) Des pailles réutilisables (même Greta Thunberg utilise ça!)

Des gourdes Brébeuf (à exposer durant vos cocktails du Parti Libéral) Des tampons, des coupe-ongles (ça t'évitera de courir jusqu'au Jean Coutu)

et bien sûr, tout votre matériel obligatoire pour la rentrée ET BIEN PLUS ENCORE À VOTRE

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Solidarité humaine et citoyenne Alicia Assayag

Le 20 mars 2020

C’est un moment historique. Je ne sais pas trop comment le voir d’une autre manière. Si je change de perspective, je décrirais le Covid-19 trop négativement, mais cette pandémie qui paralyse notre monde, qui cause une crise économique et d’autres problèmes sociaux fait appel à la solidarité. La Chine, l’Italie, l’Espagne et d’autres pays ont forcé leurs citoyens à rester chez eux dans le but d’arrêter la propagation du virus. Au Québec, nous sommes encouragés à s’isoler volontairement. Deux semaines chez soi. Je dois admettre qu’au début, c’était difficile. Je voyais des amis qui sortaient et qui continuaient de vivre normalement. Je voulais sortir aussi, mais ce serait mettre à risque les personnes vulnérables, c’est-à-dire les personnes pouvant mourir du coronavirus. Je ne parle pas juste des personnes âgées, mais aussi des personnes asthmatiques, diabétiques, atteintes de maladies cardio-vasculaires et plus. J’ai donc difficilement accepté le sort de l’isolement volontaire par solidarité. Il faut aussi dire que l’interdiction de ma mère de sortir a aidé à respecter cette pénible mesure protectrice. De toute manière, il vaut mieux accepter ces deux semaines que l’isolement soit prolongé à des mois sans fin. L’auto-quarantaine n’est pas la seule forme de solidarité : il y a aussi la complicité sociale. Passer à travers cette période difficile ensemble en s’appelant, en se recommandant des activités comme regarder certains films, lire des livres, cuisiner certains plats, faire de l’art, etc. S’entraider de loin, dans le confort de nos maisons, fera de cette mesure éprouvante une chance de se reposer et d’essayer de nouvelles choses. Bien sûr, je ne peux pas oublier les Italiens qui se sont rassemblés sur leurs balcons pour chanter. Lorsque j’ai entendu que le Covid-19 a provoqué un tel rassemblement, j’étais impressionnée. C’est une réaction pure et humaine, et elle s’est propagée jusqu’en Espagne et en Suède. Nous savons que l’origine du Covid-19 se trouve en Chine, mais cette provenance ne justifie pas le racisme, ni la discrimination des personnes asiatiques ou des personnes d’ethnie asiatique. Cette fin de semaine, deux Coréens ont été attaqués et poignardés à Montréal et le restaurant GaNaDaRa, cuisine coréenne, a été cambriolé deux fois en un mois. L’animosité n’a pas sa place (jamais, même!) et ces temps difficiles ne peuvent pas laisser la peur dominer la solidarité. Nous vivons tous la même chose à travers le monde : le Covid-19 est international. Nous espérons que cette situation ne durera pas trop longtemps, mais je me sens prête à accepter les prochaines mesures protectrices, qu’elles soient éprouvantes ou pas. Je le ferai par solidarité humaine et citoyenne. Il faut admettre que les bienfaits environnementaux tels que l’amélioration de la qualité de l’air en Chine et la propreté des cours d’eau en Italie sont motivants. Il y a certainement des leçons à tirer de cette crise. S’il vous plaît, prenez soin de vous, chez vous!

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Une maladie aux origines ancrées dans les injustices d’un régime changeant Nikola Rosenov Stoychev

Le 20 mars 2020

Le 24 janvier 2020, les autorités chinoises admettaient faire face à un problème alors qu’un nombre rapidement grandissant de cas concernant une nouvelle maladie virale, la COVID-19, se manifestait. Aujourd’hui, les scientifiques semblent avoir réussi à retracer sa source : un marché humide à Wuhan. Rappelons qu’en 2002, c’est dans un tel marché à Foshan qu’était né le SARS, une infection similaire de la famille des coronavirus qui s’étala dans 29 pays, faisant 774 morts. À l’heure actuelle, la situation est encore plus sérieuse. La COVID-19 est une pandémie qui a déjà fait 11 276 décès dans 169 pays en date de la rédaction de cet article. Et nous ne sommes évidemment qu’au début de la crise. Nous pouvons observer qu’un lien direct se présente entre ces maladies, ces marchés humides et une série de décisions gouvernementales qui ont fait de la Chine l’épicentre de ces crises épidémiologiques. Au niveau biologique, le nouveau coronavirus dit COVID-19 est un virus zoonotique, soit ayant une origine animale. Plus précisément, il semble provenir des chauves-souris, puis des pangolins. C’est là qu’intervient le marché humide de Wuhan, caractérisé par un espace restreint et peu sanitaire où sont entassés petits marchés, clients, vendeurs et différentes espèces d’animaux sauvages. Les vendeurs doivent souvent abattre les bêtes sur place, créant un mélange de fluides qui serait la source de la transmission du virus à l’humain.

La présence de ces marchés humides en Chine est liée à de vieilles politiques gouvernementales datant de la Guerre Froide. En 1978, à la suite d’une longue période de contrôle de la production rurale sous Mao Zedong, le dirigeant chinois Deng Xiaoping permit une première privatisation de l’agriculture à des fins de subsistance. Cette réforme eut pour heureux effet de diminuer la famine alarmante et de créer un marché global d’élevage, mais, aussi, une industrie émergente de viande d’animaux sauvages.

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Avec davantage de ces animaux élevés et vendus, la menace de la contagion d’un virus devenait inévitable, une bombe à retardement qui finit immuablement par détoner en 2002 avec le SARS. Le marché en question fut temporairement suspendu. À ce moment-là, ce n’était qu’une infime minorité riche et puissante qui consommait de la viande animalière sauvage, alors considérée comme un luxe. Malgré qu’elle ne représentait que 0,02% du PIB chinois en 2002, comme nous en informe The Guardian, l’industrie possédait un grand potentiel lobbyiste. Conséquemment, cette minorité parvient d’un faux prétexte de développement économique à rouvrir le marché. Aujourd’hui, des années après l’épidémie du SRAS, cette décision présente malheureusement une conséquence mondiale : la COVID-19. Les autorités chinoises travaillent présentement sur une réforme de leur régulation des marchés humides. Néanmoins, ce qui a d’abord commencé comme un moyen de survie miraculeux a provoqué, de par un mauvais établissement des priorités économiques, une pandémie aux répercussions politiques, sociales et économiques incommensurables et encore incalculables. Après la peste, les guerres, le SRAS, la COVID-19 sera assurément érigée au tableau des tragédies mondiales. Il ne nous restera qu’à souhaiter, après le contrôle tant espéré de la pandémie, qu’aucun autre marché humide, qu’aucune politique trop flexible, qu’aucune autre mesure économique avare ne mette en danger de nouvelles vies.

Caricature par Alice Tao Ran Guo

Bibliographie Standaert, M. (25 février 2020). Coronavirus closures reveal vast scale of China’s secretive wildlife farm industry. The Guardian. Repéré à https://www.theguardian.com/environment/2020/feb/25/coronavirus-closures-reveal-vast-scale-of-chinas-secretive-wildlife-farmindustry Briggs, H. (1 mars 2020). Coronavirus : la course pour trouver la source chez les animaux sauvages. BBC News. Repéré à https://www.bbc. com/afrique/monde-51629640 Mallapaty, S. (21 février 2020). China set to clamp down permanently on wildlife trade in wake of coronavirus. Nature. Repéré à https:// www.nature.com/articles/d41586-020-00499-2 Weston, P. (30 janvier 2020). Make ban on Chinese wildlife markets permanent, says environment expert. The Guardian. Repéré à https:// www.theguardian.com/environment/2020/jan/30/make-coronavirus-ban-on-chinese-wildlife-markets-permanent-says-environmentexpert-aoe Ellis, S. [Vox]. (6 mars 2020). How the wildlife trade causes pandemics[Vidéo en ligne]. Repéré à https://www.youtube.com/ watch?v=TPpoJGYlW54

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Théorie du complot : coronavirus, snowbirds et Québecor média Henri Cant

Le 19 mars 2020

MONTRÉAL - L’apparition du coronavirus fut bien mystérieuse. De la soupe aux chauves-souris? Je ne crois pas que ce soit réellement la source. Qui sait d’où elle provient réellement! Des scientifiques? Oui, probablement. Toutefois, il est important de se poser la question par rapport à ces scientifiques : leur famille a-t-elle été prise en otage pour les contraindre à inventer cette maladie? C’est ce que nous verrons aujourd’hui. Nous vivons dans un monde où l’on ne peut être certain de rien sauf du fameux « je pense, donc je suis ». Les médias peuvent être manipulés, les scientifiques peuvent être contraints et Dick Cheney, vice-président américain, peut très bien avoir orchestré le 11 septembre. Après tout, je n’ai jamais vu le coronavirus de mes propres yeux (car il faut un microscope!) et ses autres symptômes sont comparables à ceux d’une grippe. Depuis les gaffes de Simon « ministre de l’exclusion » Jolin-Barrette, on l’a peu revu passer dans les médias! À quelles machinations se portait-il pendant que les caméras ne l’avaient plus dans leurs objectifs? La réponse, quoi qu’elle soit difficile à déceler, nous est évidente lorsqu’on entre un peu plus dans les détails. Depuis quelque temps maintenant, la diaspora québécoise menace l’intégrité et la durabilité de la Coalition Avenir Québec. Nous parlons évidemment des snowbirds qui manquent trop souvent à l’appel lors du vote provincial. Quoique certains scandent « On’tau kébac icitte » même en Floride, on peut les retrouver aux quatre coins du monde auprès de divers palmiers, à l’intérieur des bateaux de croisière et en train de sillonner les plages de pays moins bien développés. Les snowbirds étant si loin du Québec, François est incapable de les charmer. Il doit donc les rapatrier grâce au coronavirus. Grâce à une alliance passée avec Pierre Karl Péladeau, propriétaire de Québecor média, François Legault a pu orchestrer une campagne de propagande visant à semer la peur auprès de la population québécoise à l’étranger à l’aide du coronavirus. En échange de quoi, PKP pourra éventuellement faire mainmise sur les journaux et médias locaux du Québec à travers le retrait de l’aide financière aux médias locaux. Convaincu que le PQ et la CAQ ne pouvaient exister simultanément afin de ne pas faire gagner le PLQ pour une énième fois, PKP est devenu chef du PQ, afin de le détruire, vu son manque de popularité au sein de l’électorat. Il pourra donc exercer une influence notable auprès de la CAQ. À travers le renouvellement de cette alliance il y a quelque mois, il fut probablement établi que Simon Jolin-Barrette ne sera plus crucifié par Québecor dès qu’il ouvre la bouche et que celui-ci supervisera le plan du premier ministre. Québecor média aidera donc François Legault à mettre son plan de rapatrier les snowbirds au Québec à exécution en utilisant le coronavirus comme excuse. D’ailleurs, le samedi 14 mars, un article est paru dans le Journal de Québec intitulé « Les snowbirds invités à rentrer à la maison dès maintenant ». Si cet article n’est pas un indice évident de ce complot, je ne sais pas pourquoi il aurait été rédigé! De plus, Air Transat, fondé par M. Legault, aidera les snowbirds à revenir au pays. Cette grande fraude ne peut évidemment pas se dérouler sans l’appui du gouvernement fédéral. Le ministre chargé de superviser les télécommunications, soit le moyen utilisé par la CAQ pour mener à terme son plan, est Steven Guilbeault, l’environnementaliste notoire. On peut se demander pourquoi ce dernier est devenu ministre du Patrimoine canadien, plutôt que de l’environnement. La réponse se trouve sous nos yeux. Justin Trudeau l’a nommé à ce poste pour qu’il puisse superviser l’exécution du plan. En effet, la quarantaine mise en place par ces deux gouvernements en raison du « virus » combat les changement climatiques en empêchant les gens de quitter leur domicile. N’est-ce pas réellement pourquoi il fut nommé ministre du Patrimoine? Je crois que oui.

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En plus de cela, la quarantaine empêche le déroulement de diverses manifestations étudiantes sur l’environnement du 30 mars au 3 avril lors de la Semaine de la Transition. Ainsi, Justin Trudeau et François Legault empêchent le déroulement de celles-ci et gardent le contrôle sur leur électorat de façon entièrement légale. Ainsi, tous les acteurs en ressortent heureux en faisant croire aux Canadiens et Québécois qu’un virus circule, alors qu’il est invisible à l’œil nu et facile à confondre avec la grippe! François Legault obtient la pérennité pour son parti politique, comme Duplessis l’a fait pendant la Grande Noirceur. Simon Jolin-Barrette ne sera plus crucifié et aura enfin du travail à faire qui n’implique pas le fait de discriminer des minorités, tandis que Pierre Karl Péladeau aura bientôt mainmise sur les médias locaux du Québec et pourra faire avancer la cause souverainiste en ayant un parti nationaliste au pouvoir. Également, Justin Trudeau n’aura pas à faire semblant d’être un environnementaliste et se faire lancer des œufs comme le 27 septembre dernier au courant de la prochaine manifestation. Steven Guilbeault pourra enfin contribuer à une baisse des émissions canadiennes de GES. Maintenant que vous voyez enfin la vérité au grand jour, je vous invite à ne pas vous laisser faire. Nous ne serons pas bâillonnés! Envoyez cet article à dix personnes ou vous serez malchanceux pour les dix prochaines années!

Caricature par Margaret Zhou

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Le bon côté des choses Sheila Razavi

Le 19 mars 2020

Tu as présentement à peu près zéro obligations et responsabilités; profites-en pour te reposer, faire le ménage de ta chambre, écouter cette série ou ce film que t’as toujours voulu voir, commence un nouveau livre, apprends à peindre… D’un autre côté, t’as pas besoin de faire quelque chose de concret de ta quarantaine. Tu peux en profiter pour juste chiller, t’as pas besoin de composer le hit de l’été ou de rédiger le prochain best seller. Ce que tu fais de ta quarantaine est valide! Si tu es comme moi, c’est-à-dire pas toujours à jour dans tes études, voilà venu un cadeau de la providence pour te remettre à niveau. Malgré la situation difficile à laquelle font face les personnes âgées, il t’est très facile de les aider. Appelle tes grands-parents, ça va leur faire plaisir (et ça requiert environ zéro effort de ta part). Puisque le monde entier est, comme toi, en quarantaine, la planète a présentement un “break” de pollution. Par exemple, l’eau à Venise est redevenue claire et transparente pour la première fois depuis des années! Bien que les gyms soient fermés, tu peux quand même faire du sport chez toi! Si t’as vraiment pas envie de faire du sport, tu peux faire l’opposé: pourquoi ne pas apprendre comment cuisiner? Essaye de nouvelles recettes, essaye de manger végé (ou même vegan), crée des nouveaux plats à tes risques et périls… Le “meal prep” (préparer de grandes quantités de bouffe et les conserver/congeler pour plus tard) est très à la mode dernièrement. Ton chien est probablement exalté par ta présence constante chez vous depuis une semaine: va donc passer du temps avec lui! Ou avec ton chat! Ou ton poisson rouge! La zoothérapie peut probablement t’aider à déstresser de tout ce qui arrive. C’est quand la dernière fois que t’as fait un fort dans ton salon déjà? Ça fait trop longtemps, non? Profites-en pour tisser de nouveaux liens avec tes camarades de classe à travers la quarantaine: tout le monde aime et apprécie les énormes chaînes de mios! Et finalement, deviens la prochaine sensation internationale sur Tik Tok. Tout est possible (et le ridicule ne tue pas!).

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Lettre au premier ministre Legault, mais surtout à nous tous Azure Dumas Pilon

Le 25 mars 2020

La Terre fleurit sans moi, sans nous, maintenant que nous observons, effrayés, la mort en direct. Quand la menace est présente, quand la menace est au pas de la porte, qu’elle ne cogne même pas avant d’entrer, avant que nous ayons eu le temps de nous enfermer entre quatre murs, là, nous agissons. Nous nous protégeons face à ce fantôme, face aux risques d’écroulement de notre système de santé, de notre économie, face aux décès des êtres chéris. Nous fermons les centres sportifs, les lieux de rassemblements, les bibliothèques, les cafés, mais surtout, nous fermons les écoles. C’est évident, c’est crucial. Et c’est normal, nous sommes en état de crise. Une crise, c’est une crise. Mais celle qui me fait perdre la tête, qui brûle en moi, c’est la crise climatique. Et avec cette crise, mon sommeil m’a quittée, peut-être en même temps que mon espoir de m’en sortir, parti dans la brume, porté par l’autan. Pour vous protéger de la vôtre, chaque jour, j’attends. J’attends que le temps passe, alors que j’aimerais tout vivre, j’attends que le monde change, mais pas juste pour un temps. J’attends que le jour se termine pour ensuite attendre que mes paupières s’alourdissent, peut-être, que le sommeil vienne, peut-être, qu’un rêve d’un autre nous me porte espoir, si seulement je n’avais pas si peur. Parce que moi aussi, j’ai peur. Moi aussi j’ai peur de mourir ou que ceux que j’aime meurent, et ce virus n’est qu’une générale avant le grand spectacle que nous réserve l’avenir si nous n’agissons pas. Et donc, j’attends. Je reste chez moi. J’agis pour vous. Je suis encore au matin de ma vie, vous savez ces instants que plusieurs d’entre vous se rappellent avec nostalgie, la jeunesse. « Ah, la belle époque! Profites-en pendant que tu le peux encore. » On me la répète sans cesse, cette phrase. Mais dans ma tête, je ne vous entends pas, il n’y a plus de bruit, il n’y a que moi et le silence d’une nuit sans fin. Penser au futur, à la fin de cette « belle époque » qui pour moi est celle d’une planète viable et en santé, m’est trop difficile. Et voilà donc ce qui me tracasse, qui m’obsède, qui me gruge et qui m’épuise : pourquoi n’agissons-nous pas avec la même urgence pour protéger ma vie, celle des jeunes, que pour protéger celle des adultes, des aînés, des autres? « Ah, la belle époque! Profites-en pendant que tu le peux encore. » Cette phrase signifie aussi que je serai sur cette planète encore bien longtemps. Assez longtemps pour sentir les effets amplifiés par le temps de catastrophes climatiques, assez longtemps pour qu’ils affectent ma santé, celle de mes enfants et des leurs. Assez longtemps pour que notre économie basée sur la rareté s’effondre à nouveau, assez longtemps pour souffrir de nouveaux virus, anciennement emprisonnés dans les glaciers maintenant fondus. Pour voir l’eau monter, les espèces disparaître et, probablement, bien pire encore. Malgré mes efforts, malgré ceux de ceux qui m’entourent, c’est inévitable, car ils ne sont pas suffisants. Alors, j’espère. Oui, j’attends et j’espère. J’espère, mon premier ministre, que quand l’on pourra ouvrir nos portes, sortir de nos quatre murs et étreindre ceux qu’on aime, quand notre système de santé sera revenu à la normale de même que notre économie, quand l’on pourra fréquenter les centres sportifs, les lieux de rassemblement, les bibliothèques, les cafés, mais surtout, les écoles et quand nous aurons répondu à votre appel et triomphé de la COVID-19, j’espère, mon premier ministre, que vous vous rappellerez que je ne peux toujours pas dormir. Que mon sommeil est parti dans la brume, porté par l’autan, car ma crise à moi, elle persiste. Que vous vous rappellerez que je ne suis pas la seule, que nous sommes des milliers. J’espère, mon premier ministre, qu’alors vous vous occuperez de la crise climatique, ma crise à moi, la crise des jeunes, avec autant de diligence, d’énergie et de force que celles que vous déployez aujourd’hui. Pour sauver nos vies, celles de nos enfants et de nos petits-enfants, j’espère vous voir en conférence de presse interpeller les citoyens et citoyennes du Québec, nous donner des consignes et nous expliquer pourquoi les suivre en nous donnant les résultats de nos efforts. Parce que c’est évident, c’est crucial. Et c’est normal, nous sommes en état de crise.

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