L’EXPRESS Élections
YES WE CAN
Table des matières Voter pour qui, mais pourquoi voter?
1
De l’AGEB au Bloc Québécois: Entrevue avec Xavier Lévesque
2
Le parti vert
3
Pour la fin de la prohibition
7
La Rhinolution
8
De politicien à protagoniste
9
Le roast des partis politiques: élections fédérales 2019
11
Entrevue avec de jeunes révolutionnaires
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Le mot d’une féministe
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Une voix pour la jeunesse
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Pas à pas, nous changerons le monde
18 APPEL À TOUS ET À TOUTES !
Les élections fédérales approchent à grands pas et il est primordial que tous exercent leur droit et devoir de voter. Après tout que serait une démocratie sans la participation active de leurs citoyens? Pour plusieurs d’entre nous, cette élection sera notre première, notre initiation en politique, notre première décision qui impactera le pays! Cependant, le candidat qui méritera notre X sur la feuille de vote doit représenter le plus possible nos convictions et nos valeurs. Alors, comment prendre la décision ardue de choisir notre représentant dans la Chambre des communes ? Il faut commencer par s’informer et le Graffiti vous sera d’une grande aide. Des journalistes dévoués vous ont écrit des articles présentant les enjeux, l’humour et les promesses de cette élection. Nous vous invitons à vous plonger dans le monde politique. Qu’attendez-vous pour tourner la page ? Un gros merci à tous nos journalistes et M. Perrault ! Le Graffiti Crédits : Sophie Poirier : Rédactrice en chef Philippe Brault : Directeur financier Charlotte Benoit : Directrice des communications Isabel Perezmontemayor Cruz : Correctrice en chef Nikola Kukolj : Mise en page
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Voter pour qui, mais pourquoi voter? Louis Favreau En tant que jeune, on se fait souvent dire que l’on ne s’intéresse pas assez à la politique. On se fait dire qu’il faut aller voter, mais la question que tout le monde se pose : pourquoi et pour qui? Vos cours d’histoire du secondaire vous ont sans doute éclairé sur la première question, on doit voter parce qu’il y a eu des révolutions sanglantes pour obtenir ce droit de vote, argument auquel on peut répliquer par le fait voulant que, peu importe notre bulletin de vote, dans notre comté ça sera « X » parti qui va gagner, donc à quoi bon voter? Bien entendu, le mode de scrutin est un sujet épineux, Justin Trudeau avait même promis en grande pompe que les élections fédérales de 2015 seraient les dernières avec le mode de scrutin actuel. Quatre ans plus tard, le même problème, une promesse rompue et une génération à convaincre. Le « pour qui? » n’est pas facile non plus, souvent on entend des gens voter pour le moins pire des candidats, ou encore comme leurs parents. Tout le monde me connaissant le moindrement est au courant de mes convictions politiques, pourtant cet article n’est pas à propos de mes convictions, mais bien des vôtres. D’entrée de jeu, si pour vous il
faut à tout prix voter libéral pour contrecarrer les conservateurs, libre à vous de voter pour eux, si au contraire le bilan désastreux des libéraux vous convainc de voter pour les conservateurs encore là, nous habitons dans un pays libre. Cependant, encore faut-il savoir pourquoi on vote, sans tomber dans les gaffes de chacun, il impose par exemple de savoir que les libéraux se disant environnementalistes ont acheté un pipeline avec des fonds publics et ont décidé de conserver les cibles environnementales de réduction des gaz à effet de serre du gouvernement conservateur précédent (même s’ils sont en voie de les rater complètement), ou encore qu’Andrew Scheer du parti conservateur s’est prononcé contre l’avortement et le mariage de même sexe, sans compter que l’enjeu environnemental n’a pas fait la liste de leurs priorités. Pour certains désabusés de la politique fédérale, le Parti vert du Canada est un choix pas trop controversé et idéologiquement aligné sur la question environnementale. Cependant, le Parti s’est prononcé pour la construction de pipelines. La vague orange était vraisemblablement passagère, si bien que le NPD est sur le point d’être rayé de la carte au Québec,
n’ayant pas livré la marchandise quant aux attentes des Québécois. Chaque parti a ses points forts et ses points faibles, mon vote ne changera certes pas l’issue du vote dans mon comté, mais je sais qu’en votant selon mes convictions, soit pour le Bloc Québécois, je sais que je vote pour le seul parti ayant une position ferme contre les pipelines, pour un parti qui propose un plan ambitieux en logement social, en francisation, en lutte aux changements climatiques et d’abord et avant tout qui défend les intérêts du Québec. Nous avons à l’heure actuelle le plus grand contingent de députés québécois siégeant pour le Parti au pouvoir depuis Brian Mulroney. Or, les pipelines de l’Alberta et les industries ontariennes semblent passer devant les investissements québécois. Le droit de vote est quelque chose de précieux et de fragile, mais encore faut-il en user et encore mieux l’exercer de manière cohérente. Bref, je vous encourage à faire la Boussole électorale sur le site de Radio-Canada, à vous informer sur les programmes des partis ou même à poser des questions aux candidats.
De l’AGEB au Bloc Québécois: Entrevue avec Xavier Lévesque
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Philippe Brault Le mercredi 2 octobre 2019. 12:30. Isabel et moi étions en train de rire dans le bureau du Graff, en pleine séance d’examens et avec quatre heures de sommeil dans le corps. À l’heure convenue, Xavier Lévesque, passant inaperçu, est arrivé au bureau pour que je lui pose quelques questions, et pour une petite séance photo très dernière minute : le jeune politicien est arrivé, sans stress, en hoodie et portant son messenger bag – tout un conventum! Il était très à l’aise, surtout pour un candidat aux élections fédérales du 21 octobre qui, en même temps, étudie à temps plein en histoire à l’Université de Montréal. Effectivement, Xavier semble très confortable à Brébeuf, et il n’a jamais eu peur de partager ses opinions. Ayant complété ses études secondaires et collégiales au Collège (sciences humaines – études internationales), il a toujours su se faire entendre. En arrivant au cégep, son ami et lui ont fondé le rassemblement souverainiste de Brébeuf et il a également été élu trésorier de l’AGEB pour l’année scolaire 2018-2019. À la suite de son parcours au collège, Xavier a décidé d’entrer en politique au niveau fédéral et de se présenter pour le Bloc Québécois
dans la circonscription fédérale de Mont-Royal. Quand je lui ai demandé pourquoi il avait décidé d’entamer une carrière en politique aussi tôt, dès sa première année d’université, l’ex-Brébeuvien m’a répondu qu’il était passionné de politique depuis fort longtemps. En effet, l’an dernier, ses collègues de l’AGEB et lui avaient organisé un rassemblement des candidats des partis provinciaux à l’école lors d’une semaine thématique « électorale » qui avait attiré l’attention des médias. Personnellement, Xavier a toujours eu à cœur la cause de l’indépendance nationale du Québec, et il semble que l’urgence climatique l’a également poussé à entrer en politique, en adhérant à la plateforme du Bloc. Ce dont nous avons le plus parlé lors de notre discussion? La péréquation verte du Bloc Québécois : le plan du parti consisterait à imposer une taxe sur les provinces émettant plus de GES par habitants que la moyenne. L’argent récolté serait ensuite distribué aux provinces émettant moins que la moyenne d’émissions de GES. Il a également exprimé sa ferme opposition aux énergies fossiles et aux pipelines. Xavier est souverainiste, mais cela ne semble pas être son objectif principal en se présentant pour le
Bloc. Il nous rappelle effectivement, par pure arithmétique, que le Bloc n’obtiendra pas de majorité au gouvernement d’Ottawa, puisque tous ses candidats représentent uniquement les circonscriptions québécoises. « L’indépendance va se réaliser au niveau provincial », dit-il; l’objectif du Bloc est que le Québec ne soit plus sous la « tutelle » d’Ottawa. Le Bloc pousse pour une plus grande indépendance du Québec dans de nombreux domaines, dont l’environnement; il faudrait, selon leur plateforme, que les décisions prises à Ottawa « ne puissent pas affecter l’environnement et le territoire du Québec ». Selon ce concept de « souveraineté environnementale », le Québec ne devrait pas, par exemple, se faire imposer l’installation d’un pipeline si le gouvernement québécois n’est pas d’accord. Ce « besoin » de décentralisation proviendrait du simple fait que le gouvernement provincial du Québec est, naturellement, plus représentatif de l’opinion des Québécois que le gouvernement fédéral, qui est élu par l’ensemble de la population canadienne et répond aux besoins de celle-ci. Quant aux étudiants de Brébeuf; qu’est-ce que le Bloc peut leur apporter? Xavier affirme que son
parti souhaite fournir plus de fonds pour la recherche en maîtrise et en doctorat, et il semble très motivé par son approche environnementale. Il n’est pas difficile de constater qu’en politique, Xavier Lévesque est dans son environnement. Présentement, il est très occupé avec sa campagne électorale et sa période d’examens à l’université, mais il reste toutefois motivé à répandre son message. Il fait
cependant face à une grande difficulté. La circonscription où il se présente a élu des membres du Parti libéral sans exception depuis 1940. Xavier en est bien conscient, mais ceci ne l’a pas découragé de poursuivre ses ambitions politiques. Il m’a dit que ce projet était pour lui la parfaite occasion de vivre l’expérience de mener une campagne électorale, mais aussi qu’il avait l’objectif démocratique
Page.3 de fournir aux citoyens une « pluralité de choix » pour le vote du 21 octobre. Bien qu’il réalise que Mont-Royal est une circonscription « très rouge », il affirme qu’on peut y trouver des supporteurs du Bloc Québécois et qu’ils ont également le droit d‘être représentés, si ce n’est pas au gouvernement fédéral, dans le processus d’élections.
Le parti vert Andelina Habel-Thurton « Nous avons le momentum » : c’est ce que disait la cheffe Elizabeth May en mai dernier, peinant à masquer son exaltation après l’élection du député vert britannocolombien Paul Manly à la Chambre des communes. La leader du Parti vert n’est décidément pas la seule à constater le déferlement d’une vague verte à travers le pays. Alors que la population décomplexe graduellement le vote écologique, l’enjeu climatique, en tête des préoccupations des Canadiens, s’impose comme question de l’urne. En effet, à l’occasion des élections fédérales d’octobre 2019, les partis principaux ont tous dévoilé leur programme environnemental bien avant le déclenchement de la campagne électorale, et ce, pour la première fois de notre histoire politique. Preuve que la cause est
importante aux yeux des Canadiens et que les partis le savent. Afin de vous donner un portrait complet de cette équipe émergente, voici les réponses à vos questions concernant ce parti dont nous verrons peut-être bientôt une percée politique historique. Pourquoi le Parti vert estil récemment devenu un parti principal? Le Parti vert, fondé en 1983 à Ottawa par Trevor Hancock et maintenant dirigé par l’avocate, écrivaine et activiste Elizabeth May, a connu un progrès constant depuis ses humbles débuts. C’est toutefois lors des dernières années qu’on a pu observer une progression vive du Parti dans les sondages et dans les résultats électoraux. Lors des dernières années, toutes les provinces canadiennes ont vu
leur vote vert augmenter : le Parti constitue la balance du pouvoir en Colombie-Britannique depuis 2017, l’opposition officielle à l’Îledu-Prince-Édouard depuis avril et a gagné un député en Ontario et trois au Nouveau-Brunswick l’année dernière. D’après certains sondages, le Parti se loge quatrième en popularité au Québec, devant le NPD. Mais comment se fait-il qu’un parti jadis délégitimisé connaisse un gain soudain de légitimité et de support? Tout d’abord, si l’on considère que le réchauffement climatique sera irréversible dans moins d’une vingtaine d’années, l’attente d’un nouveau cycle électoral de quatre ans est un luxe qu’un grand nombre d’électeurs ne considèrent pas avoir. L’urgence de la crise motive alors plusieurs citoyens
de toutes allégeances politiques à se ranger derrière les verts, faisant du Parti une sorte de refuge pour électeurs insatisfaits, un « éventail de plus en plus large d’opinions », comme l’indique Geneviève Tellier, professeure en sciences politiques à l’Université de Laval. On trouve d’ailleurs sous cet éventail les électeurs de gauche désillusionnés du premier ministre ou peu impressionnés par le NPD voulant tout de même rester fidèles à leurs valeurs profondes. Et, comme c’est de plus en plus acceptable de donner son vote à un parti non traditionnel, beaucoup y trouvent leur compte : un parti fondamentalement nouveau, différent, dont la priorité est l’environnement et qui leur permet d’émettre un vote de protestation contre Trudeau. Au sein des chefs et des médias, est-il réellement considéré comme un parti légitime? Quoique les verts semblent prospérer dans l’estime de la population, ce n’est pas de la part de tous qu’ils reçoivent une grande marque de considération. Comme en 2015, Mme May n’a pas été invitée au fameux Face à Face électoral diffusé par le réseau TVA le 2 octobre dernier, un débat des chefs majeur d’une grande portée. Le réseau dit vouloir donner une plateforme aux partis ayant un certain électorat québécois, insinuant alors que ce n’est pas le cas des verts. Mme May, furieuse de son exclusion, a alors invité les autres chefs à se retirer de l’événement. Celle-ci reçut une expression de sympathie de la part de notre premier ministre, sans plus, et la solidarité du chef bloquiste qui suggéra au réseau de « revoir sa décision ». Sa colère est assez compréhensible si l’on
considère que le plus grand défi du Parti vert à ces élections est de convaincre les citoyens qu’un vote en sa faveur est une réelle option. La simple absence d’invitation peut influencer les sceptiques à penser le contraire et empêche Mme May de présenter son programme et de défendre ses valeurs. Les couteaux volent bas aussi de la part des néo-démocrates, dont le chef, Jagmeet Singh, rival de Mme May, affirme que les verts n’ont pas de « position solide » et les accuse d’avoir une position floue en matière d’avortement. Il décrit leur plan comme n’étant « pas crédible ». Les plaintes sont les mêmes venant d’autres membres du parti, tel que Teale N. Phelps Bondaroff, militant néo-démocrate, qui accuse le parti de s’éparpiller à l’intérieur du spectre politique. Où se trouve le Parti sur le spectre politique outre ses politiques environnementales? Alors que le Parti vert commence à amasser plus en plus d’électeurs, il devient important de l’évaluer au-delà de ses projets environnementaux, de considérer sa place sur l’échiquier politique. Où se trouve-il réellement sur le spectre politique? Est-il nécessairement un parti gauchiste parce qu’il priorise l’écologie? D’après la politicologue Geneviève Tellier, les verts n’ont rien d’un parti centriste, quoiqu’ils en disent. Bien qu’ils ne s’affirment pas comme étant de gauche ou de droite, l’experte évalue leur position comme étant progressiste, même en faisant fi de leur cause première. Afin de financer leurs projets de rescousse environnementale et d’autres secteurs tels que l’éducation et la santé, l’équipe de Mme May désirerait retirer aux industries fossiles leurs
Page.4 subventions, augmenter l’imposition des riches du 1% et taxer les institutions bancaires. Voilà des solutions à saveur gauchiste. La responsabilité fiscale et le souci de la santé économique restent tout de même importants pour le Parti, qui désire ramener l’équilibre budgétaire d’ici 2025. Néanmoins, c’est l’environnement qui aura priorité sur tout, même l’emploi. Les verts se rapprochent toutefois des conservateurs de Scheer lorsqu’il est question de l’utilisation presque unique de gaz et de pétrole canadien. Cependant, ces énergies non renouvelables seraient utilisées seulement lors d’une période de transition entre le Canada actuel et celui de 2050, exempt d’émission de GES, comme en rêve Mme May. Parallèlement, pour ce qui est de l’indépendance du Québec, le Parti affirme qu’il serait en accord avec la séparation si un référendum indiquait clairement que c’était le désir de la population québécoise. Daniel Green, chef adjoint du parti et candidat de la circonscription d’Outremont, affirme que le Parti est « en accord avec l’autodétermination des peuples », qu’il croit en un État laïc mais qui « est pour la liberté religieuse concernant le port de signes ostentatoires ». Quels projets propose le Parti aux Canadiens? Afin de contrer la hausse de la température terrestre, plusieurs experts sont d’avis qu’il faut avoir recours à des solutions drastiques et plutôt radicales, et ce, le plus rapidement possible. Les verts prennent ces directives à la lettre. Voici un bref aperçu de leurs promesses électorales s’étalant sur les trente prochaines années.
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Elizabeth May envisage même une éventuelle coalition fédérale des partis de gauche afin de s’attaquer de manière efficace à la crise. Elle désire travailler avec les autres partis dans un but commun. Au Canada, une telle union n’a pas été entreprise depuis 1917, année où on a vu monter au pouvoir le gouvernement unioniste conscriptionniste de Robert Borden lors de la Première Guerre mondiale. À chaque époque son combat! En quoi le Parti vert se différencie-t-il de ses rivaux et pourquoi est-il comparé au NPD? C’est bien cette essence progressiste qui menace le Nouveau Parti démocratique (NPD) de Jagmeet Singh, témoignant de la montée d’un rival aux politiques similaires. Avec des idées de revenu minimum garanti et de gratuité de droits de scolarité pour les étudiants, les verts donnent une seconde option aux électeurs gauchistes. En plus d’être nez à nez dans les sondages nationaux, la rivalité entre le NPD et le PV se voit ravivée par le fait qu’au Québec, depuis les dernières élections, le parti néo-démocrate
a perdu 5,5% de son appui, alors que la formation de May en a gagné 7,5%. Le même principe est observable auprès des électeurs de l’Atlantique et du Pacifique, d’après le chroniqueur Philippe J. Fournier, où les environnementalistes transfèrent graduellement leur vote du NPD au Parti vert. Singh peine à se distinguer et à représenter une quelconque menace pour ses adversaires et l’ascendance parallèle du parti de Mme May n’aide pas sa cause. Quoique le parti ait évidemment une organisation moins grande, un financement beaucoup plus faible que celui de ses compétiteurs et que sa campagne soit grandement l’œuvre de bénévoles, celui-ci ne souffre pas de mensonges, de scandales et d’hypocrisie passés, tels que l’achat du pipeline TransMountain par Trudeau discréditant son agenda climatique actuel. Réalistement, les verts sont les seuls à avoir l’environnement comme priorité ultime et cela les avantage, leur apporte un plus grand électorat que s’ils avaient une position incertaine face à l’enjeu. Quelles sont les prédictions par rapport au résultat des
élections? Statistiques : après avoir fait la moyenne de plusieurs de leurs sondages en prévision des résultats de l’élection, la CBC place le Parti vert au quatrième rang au niveau national, coude à coude avec le Nouveau Parti démocratique. Ils auraient chacun près de 9,9% des votes. Le vote québécois pour le Parti, d’après deux sondages de la firme Léger, serait estimé à près de 10%, soit le même taux qu’au pays, mais devrait s’avérer être plus faible, car les électeurs ont tendance à reléguer leur vote aux partis principaux rendus devant l’urne. Toutefois, pour des partis secondaires comme celui d’Elizabeth May, l’objectif n’est pas toujours d’avoir un maximum de votes ou d’élus. Dans leur cas, le but serait de gagner 12 sièges afin d’avoir une place officiellement reconnue à la Chambre des communes, ou d’être détenteur de la balance du pouvoir. Dans les mots de Daniel Green, candidat vert d’Outremont aux élections d’octobre, la balance du pouvoir représente ceci pour son parti : « Si c’est un gouvernement minoritaire conservateur (qui entre
au pouvoir), il est tout à fait possible que le Parti vert, le NPD et le PLC, à la suite d’une entente, proposent de faire un gouvernement de coalition. Et si c’est un gouvernement libéral minoritaire et que les libéraux veulent garder le pouvoir, ils vont avoir besoin de l’appui du Parti vert pour le conserver. » Cependant, d’après Thierry Chiasson, professeur titulaire au département de science politique de l’Université Laval, pour que le Parti réussisse à détenir une place si stratégique au gouvernement, cela « impliquerait l’effondrement total du NPD, une mauvaise campagne de Justin Trudeau et une campagne juste moyenne pour les conservateurs. » L’expert avance aussi que l’importance de l’enjeu environnemental aux yeux des Canadiens pourrait avantager les libéraux (plutôt que les verts) qui profiteraient d’un vote stratégique visant à empêcher une victoire conservatrice. Quelle sont les circonscriptions montréalaise, québécoise, canadienne les plus enclines à voter vert? Et qu’en est-il de notre circonscription, Outremont? Au Québec, si le Parti avait
une chance de remporter une circonscription, ce serait bien à Montréal, affirme Don Desserud, professeur de science politique à l’Université de l’Île-du-PrinceÉdouard. Et, à Montréal, il n’y aurait l’espoir d’une percée verte qu’après que l’équipe May se soit intentionnellement investie dans les circonscriptions actuellement représentées par des néodémocrates, soit Laurier-SainteMarie et Hochelaga. Même si une victoire au Québec n’est pas attendue, il est possible que le phénomène Québec solidaire se reproduise, c’est-à-dire qu’un parti ayant fait campagne presque uniquement sur la base de la question environnementale connaisse un franc succès. À l’échelle fédérale, les provinces les plus enclines à voter vert selon Daniel Green seraient la ColombieBritannique, l’I.-P.-É., le NouveauBrunswick, et possiblement l’Ontario. Pour lui, l’élection d’un député vert au Québec (tel que lui) serait un rêve. En effet, le candidat de la circonscription d’Outremont, soit celle où est situé Brébeuf, n’est nul autre que le chef adjoint du Parti, Daniel Green. À l’élection
Page.6 partielle outremontaise de février, celui-ci s’est logé au-dessus des représentants du Bloc québécois et des conservateurs, se méritant alors le troisième rang et 12,5% des votes, comparativement à un taux de 3,6% quatre année auparavant. Cependant, Outremont est un quartier historiquement très libéral, si l’on fait fi de la vague orange qu’il a connu dans la dernière décennie. La tendance rouge risque alors de se maintenir, malheureusement pour M. Green, enthousiaste, qui définit l’élection de cet octobre comme étant « une élection référendaire sur le climat ». Outremont, aux yeux du gouvernement fédéral, est plus qu’une simple circonscription, puisque son territoire est un bassin culturel important comprenant une poignée de lieux historiques nationaux majeurs sous sa juridiction. Voilà ce qu’en pense M. Green: « Ça serait une révolution d’avoir un vert à Outremont. Ça enverrait un message très fort. C’est une population instruite, très à l’aise, mais il y a aussi de la pauvreté, car la circonscription est grande. C’est un microcosme du Canada et du Québec. »
Pour la fin de la prohibition Sacha Desrosiers À l’aube de la campagne électorale, les partis ne manquent pas d’opportunités de se définir et tous tentent de séduire l’électorat, que ce soit avec des programmes qui misent sur une certaine stabilité et sur une croissance lente, ou avec des idéaux prononcés qui tentent d’initier des vents de changement. Une des positions uniques qui a été prise, lors de ce cycle électoral, provient du Parti vert. En opposition au modèle de prohibition en faveur depuis 1961 à la suite de la ratification de la Convention sur les stupéfiants à l’ONU, le Parti vert se dit en faveur d’une décriminalisation de la possession et de la consommation personnelle des substances psychotropes. Concrètement, ce que cela implique est que si un individu est retrouvé en possession d’une petite quantité de stupéfiants, il ne sera pas arrêté, mais recevra soit une amende ou un avertissement, soit il sera dirigé vers les ressources nécessaires afin de l’aider à gérer sa dépendance. Une expérience similaire a été tentée au Portugal au tournant de l’année 2001, avec des résultats extrêmement
prometteurs. Même si les taux de consommation de stupéfiants sont restés relativement stables, des baisses notables ont été remarquées dans les crimes violents reliés aux stupéfiants, à la transmission de maladies telles que le VIH et l’hépatite C, ainsi qu’une baisse drastique dans les taux de surdoses mortelles chez les individus souffrant de dépendance. Ceci est attribué à la dé-stigmatisation de la consommation de stupéfiants dans la population générale, ce qui a mené à l’instauration de multiples programmes de réduction des méfaits, tels que l’ouverture de centre d’échange de seringues stériles, propres et gratuites. Des sites de consommation supervisée ont ouvert leurs portes au même moment, ce qui crée un environnement sécuritaire dans lequel une surdose potentiellement mortelle peut être prévenue. Un avantage significatif d’une telle politique serait la réduction massive de la population carcérale, qui est grandement problématique. L’idée même d’incarcérer un individu dépendant à une certaine substance psychotrope est simplement ridicule. Une fois
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en prison, au lieu de favoriser la réhabilitation et d’aider l’individu afin qu’il sorte de sa dépendance, nous les enfermons avec des criminels endurcis, où il est facile d’avoir accès aux stupéfiants. Tout ceci en érodant leurs liens familiaux, amicaux et financiers, ce qui mène souvent à une sortie de prison désastreuse où l’individu en question se retrouve seul et sans ressources, ce qui mène très souvent à une continuation de l’addiction. De plus, les chances de surdoses mortelles sont astronomiques dans ces cas-ci, puisque l’individu perd sa tolérance lors de son séjour carcéral, et ne peut plus supporter la dose à laquelle il était auparavant habitué. Il faut cependant clarifier que décriminalisation ne veut pas dire légalisation. La production et la vente de stupéfiants restent tout de même illégales, et impliquent de lourdes charges criminelles et judiciaires. Ce qui est proposé est de concentrer les efforts policiers sur ces aspects de marché noir, et non sur l’incarcération de populations vulnérables qui souffrent d’addiction.
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La Rhinolution Alexander Kevorkov La politique vous exaspère et vous ne savez pas pour qui voter? « De toute façon, les politiciens, c’est tous des menteurs ». Eh bien, réjouissez-vous, puisque vous avez l’occasion de voter pour de véritables clowns! Le Parti Rhinocéros, fondé en 1963, vous propose une alternative à la politique conventionnelle en s’engageant à ne respecter AUCUNE de ses promesses. Un peu comme tous les autres partis dans le fond, mais eux au moins l’assument. À la tête du parti, Sébastien « CoRhino » Corriveau, connu notamment pour boire 25ml de pesticide par mois pour se sentir comme « le Canadien moyen », encourage ses candidats à proposer les projets de lois qu’ils désirent, puisque le parti n’a pas de ligne directrice et prône la liberté d’opinion de tous. Ainsi, le parti a accumulé au fil des ans un bagage impressionnant de plus de 15 millions de mensonges (presque autant que les libéraux), ce dont il est particulièrement fier. Les propositions les plus notables du parti sont d’interdire la loi de la gravité, puisqu’elle n’a jamais été votée au parlement (logique), d’interdire les hivers, de rendre l’analphabétisme la troisième langue officielle du Canada, d’éliminer la faim et l’obésité en donnant les gros à manger
aux pauvres, d’unifier Cuba et le Québec pour créer le Cubec et on en passe. Évidemment, on en rit et le parti n’a jamais réussi à faire élire un député, mais en 1984 le Parti Rhinocéros a tout de même amassé tout près de 100 000 votes et était le quatrième parti avec le plus de vote dans l’ensemble du Canada, un meilleur résultat que le Parti vert ait jamais connu. Malheureusement, le parti a dû cesser ses activités en 1993 à cause d’un manque de fonds, ou comme ils l’appellent, pour « Rhinovation », mais est revenu en force en 2005 sous le nom de neorhino, avant de redevenir éventuellement le Parti Rhinocéros. Mais qu’en est-il des élections de 2019? Le parti suit bien évidemment sa ligne directrice et propose des idées originales et progressistes. Comme l’environnement est sa priorité numéro UN, il veut encourager le covoiturage en installant la pédale de frein du côté passager. Pas l’choix d’embarquer ton chum Richard à présent. De plus, il s’engage à produire plus de voitures vertes : vert kaki, vert forêt et vert fluo. Par la suite, puisque la santé est sa priorité numéro UN, il propose de fournir des stéroïdes aux employés du réseau de la santé pour pallier le manque d’effectifs et de financer un vaccin contre
le retour en politique de Denis Coderre. Finalement, les transports étant sa priorité numéro UN, le parti veut promouvoir la sécurité des cyclistes en construisant des routes en caoutchouc pour éviter des blessures. De plus, inspiré par l’idée de pouvoir tourner à droite sur un feu rouge (manifestez-vous gens de la Rive-Sud), il veut aussi légaliser le virage à gauche ainsi qu’aller tout droit sur un feu rouge, ça allègerait la circulation. Pour finir, quelques-unes de mes résolutions personnelles favorites pour la campagne de 2019 : faire du « Désolé » la nouvelle devise officielle du Canada, changer les 25 sous en trente-sous et, pour protéger les enfants, donner aux nouveauxnés un nom composé d’au moins 12 lettres, dont une majuscule, un chiffre et un caractère spécial. Fun fact : ils ont trouvé un candidat du nom de Maxime Bernier qui va se présenter dans la circonscription du vrai Maxime Bernier, le chef du Parti Populaire du Canada. N’êtes-vous pas convaincus de prendre part à la rhinolution? Pour en savoir plus, voici le site officiel du parti : https://www.partyrhino.ca/fr/
De politicien à protagoniste
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Sophie G. Toutant Nos chers députés de la scène politique canadienne nous apparaissent parfois plus comme des personnages ou des identités inatteignables que comme de simples mortels ordinaires. Tous leurs moindres mouvements sont observés sous la loupe, de leurs paroles à leurs expressions faciales. On aime les juger, gentiment se moquer d’eux et essayer de comprendre qui ils sont véritablement derrière le masque impassible qu’ils affichent. Je me suis donc amusée à comparer chaque candidat à la chefferie du gouvernement du Canada à des personnages de série télévisée. Parti Libéral Justin Trudeau/Fitz Scandal
Grant,
Vous souvenez-vous du Président américain Fitz Grant, oui, lui, le beau, le grand, le charmeur et le grand amour d’Olivia Pope, la gestionnaire de crise dans Scandal? Ce politicien, adoré de tous, capable de charmer des foules complètes grâce à son incroyable sourire et sa présence, ne vous faitil pas penser à quelqu’un, comme notre premier ministre canadien actuel? Eh oui, Justin Trudeau ressemble à s’y méprendre à Fitz Grant. Bien sûr, tous les deux sont très beaux, sont plus dépeints comme des vedettes que des politiciens et ont un je-ne-saisquoi qui pousse toutes les caméras à se braquer immédiatement leurs objectifs vers eux dès qu’ils entrent dans une pièce. Mais la ressemblance ne s’arrête pas qu’aux traits physiques. Tout comme Fitz,
notre Justin semblait lui aussi voué à devenir chef d’état dès sa plus humble jeunesse. Ayant grandi dans le confort et le privilège (Salut promotion Brébeuf 1991), venant d’une lignée de politiciens et de personnes d’influence, tout portait les deux hommes à «faire de grandes choses». Des hommes tellement humains, tellement charmants, avec leurs idées ouvertes d’esprit, modernes et toujours optimistes. Cependant, Grant et Trudeau possèdent tous les deux le même défaut. Comme son comparse, on a reproché à Trudeau de n’être qu’une marionnette, qui se fait guider par d’autres et qui n’a pas véritablement de colonne vertébrale. Fitz lui aussi se faisait contrôler de droite à gauche, n’arrivait pas à prendre ses propres décisions et ne savait pas véritablement ce qu’il désirait. Trudeau réussira-t-il lui aussi à accomplir un deuxième mandat? La possible fin de sa carrière politique sera-t-elle aussi tragique que l’a été celle de Fitz Grant? À suivre… Parti conservateur Andrew Scheer/Don Mad Men
et prestigieux, une femme et de beaux enfants, une maison en banlieue, que voulez-vous d’autre? Cette description reflète Scheer, qui se présente comme ayant des valeurs très conservatrices, et qui est souvent comparé à Stephen Harper (avec un sourire). On reproche également à Andrew d’être ennuyant, non original, une copie de politiciens apparus dans le passé, tout comme Draper, qui n’est qu’un autre homme classique des années 60 tentant de se plier du mieux qu’il aux exigences de son temps. Cependant, tout comme Draper, Scheer semble un peu perdu. On lui reproche de ne pas avoir de plan ou de promesse claire et de ne pas véritablement savoir où il s’en va. Les deux hommes veulent conserver une image propre et nette à tout prix, quitte à littéralement changer d’identité, ou à mentir sur leur passé. Cependant, cette belle image conservée porte ses fruits, puisque le Parti conservateur est présentement deuxième dans les intentions de vote. Comme quoi il ne faut pas sous-estimer le Draper, classique.
NPD Andrew Scheer, chef du Parti Jagmeet Singh/Jon Snow, Game conservateur, un homme à of Thrones l’apparence soignée, semble en pleine maitrise de ses émotions Jagmeet Singh est un battant, et a l’air de mener une vie bien un homme endurant qui lutte rangée. Un peu vu comme vieux pour ses convictions et ses valeurs. jeu, incarnant des valeurs, des Ce n’est pas pour rien que le idéaux et une époque qui semblent slogan de son parti, le Nouveau pour certains bien révolue, Scheer Parti démocratique (NPD), est rappelle Don Draper, de Mad Men. littéralement «On se bat pour Don Draper, cet homme charmeur vous». Voilà pourquoi il ressemble qui incarne l’idéalisme de l’homme autant à Jon Snow, oui, le fameux des années 60 : un emploi stable Jon Snow de Games of Thrones (le
personnage principal aux beaux cheveux toujours en train de se battre). Tout comme Jon Snow, Singh essaie de se battre contre les injustices et les préjugés reçus à son égard (est-ce nécessaire de rappeler que «Snow» signifie littéralement bâtard, pour les habitants du Nord), en raison du port de son turban sikh. De plus, par rapport au peuple québécois, Singh est lui aussi en marge et plutôt exclu non seulement à cause de sa religion, mais aussi de son origine. Si Singh ne veut pas être considéré seulement sous un angle, un homme portant un turban, Jon Snow ne veut pas être juste vu comme un bâtard. Cependant, tout comme Snow, Singh prétend essayer de faire la meilleure chose pour défendre la masse moyenne et assurer la justice pour tous. Récemment élu chef du Nouveau Parti démocratique, et ayant perdu le gain de popularité que le Parti avait obtenu lors de la vague orange de 2011, Jagmeet Singh devra apprendre rapidement et de façon efficace s’il veut survivre à ces élections, de la même manière que Jon a dû apprendre à survivre contre l’armée des morts. Bloc québécois Yves-François Blanchet/Michael Bluth, Arrested Development Le projet d’Yves-François Blanchet, chef du Bloc québécois, s’amorce comme ambitieux : celui de ramener au premier plan un parti souverainiste, qui a subi beaucoup de coups durs et de démantèlements depuis les dernières années. Voilà pourquoi il fait bonne figure de comparaison avec le personnage de Michael Bluth, d’Arrested Development. À la suite d’une faillite, de la dégradation et de l’humiliation
de la famille Bluth, autrefois riche et estimée, Michael Bluth décide de reprendre la situation en main. Naviguant contre vents et marées, essayent de ramener sa famille vers des jours plus heureux, souvent en ayant sa propre famille à dos qui lui met des bâtons dans les roues, Blanchet est aux prises avec les mêmes difficultés. Choisi comme chef d’un parti en plein chaos, Blanchet a le défi ardu de se battre afin de ramener un parti dont l’idéologie est considérée comme plusieurs comme désuète dans un parti désuni. Cependant, tout comme Michael Bluth, Blanchet donne tout son cœur afin de défendre les intérêts qui lui sont chers, et cela paraît dans la solidarité qu’il affiche envers ses collègues péquistes. Cependant, afin de défendre ses intérêts et ceux de son parti, Blanchet est capable comme Michael Bluth de sortir ses griffes avec vigueur et ténacité, une qualité qu’on reproche à ces deux hommes, considérés comme impulsifs et parfois trop sanguins.
Page.10 années 90 fait-elle penser? À la fameuse Phoebe Buffay, bien sûr, la plus hippie et différente des personnages du groupe Friends. Devenue activiste avant que le terme ne commence à inonder les réseaux sociaux, Phoebe Buffay est une femme qui s’insurge contre la consommation de nourriture animale, l’utilisation de fourrures animales, l’exploitation des enfants, la production en masse de la part de grandes chaines et pas mal tout qui provient de grosses corporations ou qui fait du mal. On ne peut peut-être pas en dire autant d’Elizabeth May, mais les deux femmes ont des visions claires pour l’environnement et les enjeux globaux, qu’elles tiennent chacune à défendre, que cela soit par une discussion enflammée entre amis ou en devenant la première députée chef d’un parti politique canadien d’envergure. Parti populaire du Canada Maxime Bernier/Frank Gallagher, Shameless
Parti vert du Canada Maxime Bernier, ce candidat Elizabeth May/Phoebe Buffay, fraîchement débarqué de Beauce, Friends ayant créé son propre parti, le Parti populaire du Canada, après Considérée comme la hippie sa défaite à la chefferie du Parti de la politique canadienne, sa conservateur contre Andrew présence provoquant auparavant Scheer, a fait couler beaucoup de petits sourires moqueurs ou d’encre ces derniers temps. Tout de désapprobation, Elizabeth comme Frank Gallagher, de May, du Parti vert, est aujourd’hui Shameless, Bernier est un fauteur tout aussi capable de prendre ses de trouble et s’attire, qu’il le veuille sujets à cœur, mais en affichant ou non, beaucoup d’ennuis. Il un ton plus sérieux. Ayant la cause sème la controverse partout où il environnementale à cœur,Elizabeth va, cause des problèmes sur son May est avant tout une activiste, chemin et ne fait décidément qui œuvre depuis des années pas l’unanimité parmi le peuple pour cette cause particulière. Une québécois. Tout comme Frank activiste? En avance sur son temps? Gallagher, il a des convictions Qui provoque à la fois la surprise profondes, qu’il ne se gêne pas de et le rire? À quel personnage des dire et a des pensées pour le moins
surprenantes. Comme Frank, il est charmeur, a des projets ou des idées d’envergure ou qui ont du mordant et ne se gêne pas pour attaquer les gens, l’un le faisant directement aux personnes concernées en hurlant son mépris, l’autre en utilisant sa plateforme Twitter. Détesté ou aimé, Bernier attire des personnes particulièrement intéressantes sur son passage, et il décrit son parti comme un
«populisme intelligent». Tout comme Frank Gallagher, les deux hommes sont parfois vus comme innocents, de simples distractions qui amusent ou distraient et qui ne sont pas à prendre au sérieux, alors que d’autres personnes les voient plutôt comme des adversaires ou des individus dangereux dont il faut se méfier. Si Frank Gallagher incarne le stéréotype d’un Irlandais alcoolique, agressif et n’ayant
Page.11 vraiment pas la langue dans sa poche, Bernier, quant à lui, incarne une autre réalité québécoise, qui ne s’est pas totalement révélée pour l’instant. Peu importe l’avis que l’on partage sur ces deux hommes, personne ne reste insensible à leur personnalité, pour la moins enflammée.
Le roast des partis politiques: élections fédérales 2019 Nicolas Edwards Le 21 octobre, les Canadiens se rendront aux urnes, après les efforts répétés des chefs des différents partis politiques de convaincre la population qu’ils sont le meilleur choix pour diriger le pays. Ils s’assureront de vanter leurs mérites et de faire des promesses… mais soyons réalistes, les citoyens risquent de ne pas être satisfaits. Voici une analyse simplifiée, honnête, plutôt pessimiste et un tout petit peu cinglante des prétendants qui souhaitent former le prochain gouvernement du Canada. LE PARTI LIBÉRAL DU CANADA
Chef : Justin Trudeau Pourcentage du vote populaire projeté (en date du 30 septembre) : 33,9% Ah, les libéraux. Après un mandat de quatre ans, ils cherchent à garder leur gouvernement majoritaire, un objectif que les sondages semblent indiquer comme très improbable. Pas besoin d’être un génie pour comprendre ce déclin : il faut simplement rappeler les nombreuses controverses qui ont frappé l’administration. La promesse de réformer le système électoral brisée de façon très hypocrite après que le parti eut réalisé les avantages que lui donnait
celui que le pays utilise maintenant ; l’hilarant et désastreux accident nucléaire que fut le voyage en Inde ; la triste affaire SNC-Lavalin qui a exposé quelques problèmes éthiques un peu troublants au sein du gouvernement… et l’admiration de Justin Trudeau pour le dictateur cubain Fidel Castro, l’appelant après sa mort un « leader remarquable » qui fut « au service de son peuple ». Ouf. Et franchement, Justin, on commence à être tannés de l’incessante combinaison des selfies et du super-politiquement correct. « Peoplekind » ? Sérieusement ? Il y a eu, par contre, des points forts. La popularité de Trudeau n’est
peut-être pas optimale au pays, mais autour du monde, il a contribué à donner une image « cool » au Canada. Notre premier ministre a aussi été un ardent défenseur des causes environnementales (à part le pipeline, mais bon) a fait de la diversité culturelle un pilier du pays tout en supportant les familles, a bien tenu tête à Donald Trump et a alerté beaucoup de personnes aux injustices subies par les Premières Nations dans le passé. Mais les libéraux n’ont pas vraiment accompli beaucoup de choses concrètes...L’héritage le plus durable de ce mandat est sans doute la légalisation du cannabis et les libéraux ont quand même inexplicablement l’air de la meilleure option gouvernementale. Assez triste. Si tu te fais réélire, Justin, s’il te plait, soit moins prétentieux, garde tes promesses et essaie de faire quelque chose de positif sur le plan législatif qui restera dans la mémoire des gens. Ne légalise pas d’autres drogues. La marijuana, c’est assez : t’as vu les files à l’extérieur de la SQDC ? LE PARTI CONSERVATEUR DU CANADA Chef : Andrew Scheer Pourcentage du vote populaire projeté (en date du 30 septembre) : 34,3% La personne que les conservateurs présentent comme alternative à Justin Trudeau ? Andrew Scheer, aussi connu comme « Stephen Harper 2.0 ». Il est tout aussi monotone, ennuyant et dénué de charisme. Les révisions et changements fréquents qu’il apporte à ses promesses et croyances personnelles n’inspirent pas confiance. La liste est longue : il a annoncé son intention d’équilibrer le budget après deux
ans avant de revenir sur ses pas et de promettre de le faire en cinq ; il a accusé les libéraux « d’imposer » leurs positions pro-parité sur les droits de la femme ; il est personnellement opposé au droit des femmes à l’avortement (mais il a dit qu’il ne toucherait pas aux lois en place) et a déclaré dans le passé qu’il est contre le mariage gai (encore une fois, il a promis de ne pas toucher aux lois en place). Tout ça indique un candidat qui veut désespérément gagner plus de votes… et je ne vais même pas prendre en considération sa promesse d’encourager un « fort nationalisme québécois ». Assez lèche-bottes de sa part. Il a quand même quelques bonnes idées, surtout sur les plans de l’éducation et de l’immobilier, mais sans doute le problème le plus grave que je vois avec les conservateurs est leur léthargie et leur manque d’action sur le plan environnemental. Scheer montre autant d’énergie qu’un étudiant de Brébeuf après une nuit de quatre heures de sommeil quand on lui demande comment il va combattre les changements climatiques. Et ses réponses sont alarmantes : il veut éliminer la taxe sur le carbone qui encourage les provinces utilisant des énergies plus polluantes (euh, Jason Kenney et l’Alberta) à adopter des mesures plus aptes à affronter la menace planétaire. Andrew, je comprends que tu veux vraiment les votes de l’Ouest et que promettre l’autonomie provinciale sur la taxe carbone va te gagner des sièges… mais essaie de garder un peu de dignité morale. En somme, si le gouvernement est un hot-dog, et que les Canadiens doivent choisir quoi mettre dessus, Scheer est la moutarde au ketchup de Trudeau : pas mal,
Page.12 mais résolument le choix inférieur. À noter que le ketchup n’est pas super frais non plus… en tout cas, Andrew, tu risques de te faire élire, alors si tu gagnes, bonne chance et ne sois pas incompétent, par pitié. LE NOUVEAU PARTI DÉMOCRATIQUE Chef : Jagmeet Singh Pourcentage du vote populaire en date du 30 septembre : 12,9% Ayant couvert le ketchup et la moutarde, passons à la mayonnaise : comme le graisseux mélange d’huile et d’œufs, le NPD est tolérable en petites quantités, mais éprouve de sérieux problèmes lorsqu’il est appelé à revêtir un rôle important. Jagmeet Singh semble être un chef relativement compétent, mais la triste réalité est qu’il y a beaucoup de Canadiens qui vont refuser de voter pour un homme portant un turban, incluant au Québec, où les derniers vestiges de la Vague Orange de 2011 risquent de disparaître à jamais. L’élection de 2019 ne sera rien de moins qu’une déconfiture totale pour le troisième parti canadien. En effet, ils seront peut-être dépassés par le Parti vert, ce qui serait assurément le sommet de la comédie politique. C’est la fin d’une triste série d’évènements qui souligne à quel point ils sont ignorants de ce que veulent les Canadiens aujourd’hui. Pour redevenir pertinent, le NPD doit complètement changer sa culture, une culture prétentieuse et incompétente qui a ses racines dans l’idéalisme irrationnel des années 60 et 70. En effet, Singh, lui-même un modéré, a dû céder le contrôle de la politique du parti aux éléments du NPD qui sont beaucoup trop à gauche, voire radicalement socialistes. Le résultat : une
plateforme électorale irréaliste qui est extrêmement irresponsable sur le plan économique. Un milliard de dollars pour s’occuper des enfants en 2020 et plus dans les années suivantes, 15 milliards de dollars pour rénover les immeubles dans le but de les rendre plus « verts », 100 millions de dollars pour des programmes anti-violence, 500 000 nouvelles maisons construites, 300 000 nouveaux emplois, 300 millions de dollars pour « innover le secteur automobile »… Oui, ce sont des belles promesses, et nous serions tous heureux si elles étaient possibles à accomplir. Mais voilà le problème : impossible de payer pour tout ça sans élever les impôts à des niveaux ridicules. Et la promesse d’équilibrer le budget après toutes ces dépenses « de manière prudente » sans date fixe ? Ouais, Jagmeet, pas sûr que tu gagnes beaucoup de votes comme ça. Les membres du NPD savent qu’ils sont foutus pour cette élection, et promettent donc tout ce qu’ils peuvent dans un dernier effort pour ne pas être détruits. Trop tard. Vous avez des bonnes idées, mais après la grosse claque que vous allez subir le 21 octobre, prenez quelques moments pour changer votre identité, devenir plus réalistes, et bouger un peu vers le centre. Si vous êtes un néo-démocrate, je vous suggère d’apporter une bonne bouteille de vodka quand vous regarderez les résultats des élections à la télé. Vous en aurez besoin.
populaire à la mayonnaise néodémocrate : le Parti vert. Ils seront très probablement les gagnants parmi les partis mineurs, avec les sondages indiquant une augmentation prononcée de leur partage du vote. Derrière leur façade de parti innovateur, moderne, cool et représentatif des jeunes, il n’y a… pas grand-chose. Aux fans de Scooby-Doo, je rappelle le moment à la fin de chaque épisode où la gang enlève le masque de l’antagoniste pour révéler sa vraie identité. Eh bien, sous le masque du Parti vert se trouve une version améliorée du NPD. Sérieusement, à part l’importance bien appréciée qu’accordent les verts à l’enjeu de l’environnement, il n’y a pas de plan concret qui diffère de ce que veut le NPD. Elizabeth, arrête de proclamer que ton parti est quelque chose d’uniquement progressif. Vous n’êtes qu’un clone. Un clone plus attentif aux besoins des Canadiens, oui, mais quand même un clone. Il semble que les verts vont supplanter les néo-démocrates comme troisième parti canadien dans le futur proche. Ayez du fun dans vos derniers jours sans vraie responsabilité politique. Vous risquez d’en avoir beaucoup moins quand vous serez appelés à, surprise, faire quelque chose.
LE BLOC QUÉBÉCOIS Chef : Yves-François Blanchet Pourcentage du vote populaire en date du 30 septembre : 5,1% Je m’excuse d’avance envers tous les lecteurs séparatistes. Vous LE PARTI VERT DU CANADA risquez d’être sévèrement offensés Chef : Elizabeth May par les paroles qui suivent. Pourcentage du vote populaire en Le Bloc est pathétique. Pitoyable. date du 30 septembre : 10,3% Il s’attache aux derniers fervents Passons à la relish, une partisans de l’indépendance, alternative nouvellement blatérant un message tristement
Page.13 ancien. Québec libre ! Mais la majorité des Québécois se rendent à l’évidence : le Québec est déjà libre. Déjà une nation à l’intérieur d’une autre. Aucun besoin d’un pays. Ils sont les supporteurs d’un mouvement toxique et divisif qui n’a plus de place au Canada et au Québec. Est-ce que je peux prendre cette opportunité pour souligner l’inutilité totale du Bloc ? Un parti provincial essayant d’avoir de l’influence au plan national : l’hypocrisie et le paradoxe sont à leur comble. Nous ne sommes plus en 1995. Nous sommes en 2019, et bien que le Québec soit peut-être encore différent et unique, n’est-ce pas le cas pour les autres provinces aussi? Il y a des conflits entre nous et la Colombie-Britannique et l’Ontario et tout le monde, mais nous travaillons ensemble pour trouver quelque chose qui satisfait autant de personnes. Voilà la beauté du Canada. C’est une beauté avec ses défauts, oui, mais c’est certainement mieux que le mensonge d’un Québec indépendant heureux et prospère que vous vendez depuis des années. Je pourrais citer l’idiotie et la stupidité du règne de Martine Ouellet, où le fiasco de Québec debout, mais j’en ai assez de devoir même vous mentionner. Allezvous-en, mon Dieu ! Et pour la métaphore filée du hot-dog ? Vous n’en êtes mêmes pas dignes. Non, Bloc Québécois, vous êtes les ananas sur la pizza. Y’en a qui vous aiment. Les gens raisonnables ne vous aiment pas. Vous allez probablement gagner encore plus de sièges, parce que nous vivons sous un régime démocratique, et parfois ceux que nous n’aimons pas gagnent. Triste réalité de la vie qu’il faut accepter.
LE PARTI POPULAIRE DU CANADA Chef : Maxime Bernier Pourcentage du vote populaire en date du 30 septembre : 2,8% Maxime, Maxime, Maxime. Certainement spécial, celui-là. Son parti, une sorte de mutation du Parti conservateur qui rappelle les effets secondaires de Tchernobyl, ne peut simplement pas être pris très sérieusement. Il essaie de se présenter comme une alternative viable pour les gens de droite, mais tout sonne faux dans son message. Les paroles de Bernier frisent la folie : il refuse d’admettre que la crise climatique est causée par les humains et il croit que le gouvernement devrait laisser le secteur privé s’occuper de ce problème. Ajoutons cela à son accusation que Greta Thunberg
souffre d’instabilité mentale… je ne crois pas qu’il soit un exemple brillant de responsabilité ou de civilité. Ses autres promesses comiques incluent un budget équilibré dans deux ans (sans préciser comment il va le faire, évidemment) et 50% moins d’immigrants. En somme, une grosse tonne de… bon, restons polis… d’excrément bovin. Certainement pas le « populisme intelligent » qu’il annonce représenter. Maxime, la réalité est que t’as perdu la chefferie des conservateurs au mini-Harper qu’est Andrew Scheer et maintenant tu es, comme dirait mes amis cultivés en jeux vidéo, « salty ». Donc, t’as décidé de former ton propre parti, alimenté par la colère. Ça prend du courage, oui, et ce courage est digne d’un peu
Page.14 d’admiration. Mais le résultat est, eh bien, laid. Le seul siège gagné par ce parti, s’il en gagne un, sera celui de Bernier lui-même. Et le condiment auquel s’apparente le PPC sur le hot-dog gouvernemental, vous me demandez ? Je vais aller avec la sauce hyper-épicée sriracha. Populaire chez une petite minorité, mais le reste du monde se brûle la gueule dessus. Voilà qui conclut le roast des partis politiques canadiens en vue de l’élection du 21 octobre 2019. Aux lecteurs offensés, je suis désolé. Aux lecteurs qui ont aimé, ce fut un plaisir. Je ne vous dirai pas pour qui voter : c’est à vous de choisir, si vous avez 18 ans et plus, bien sûr !
Entrevue avec de jeunes révolutionnaires Danny Beaulieu et Siger Ma Dans cette édition politique du Graffiti, nous avons arrangé, pour vous, une petite entrevue avec trois de nos compatriotes du Collège Jean-de-Brébeuf. En vue des élections canadiennes qui arrivent à grands pas, voici quelques questions posées aux trois membres fondateurs du Comité révolutionnaire de Brébeuf. Comme le mot « révolutionnaire » l’indique, ils ont des points de vue différents de la norme et souhaitent une réforme de notre société actuelle. Avec les élections imminentes, il est important de confronter diverses idéologies afin de ne pas se borner à une opinion préconçue. Pourquoi se confiner
à l’intérieur d’un enclos dans un monde si vaste ? Libérez-vous de ces limites, gardez un esprit ouvert, exercez votre pensée critique et partez à l’aventure. Pouvez-vous brièvement ?
vous
Julius Cesaratto Desrosiers : Bonjour, je m’appelle Julius. J’ai 17 ans et je suis insatisfait du système politique actuel.
Nous avons ouï dire que vous avez présenter un point de vue particulier dans notre contexte nord-américain.
Brian Li : Bonjour, je suis Brian, ancien latin et brébovin depuis 2014. Administrateur du groupe Facebook du Comité révolutionnaire de Brébeuf, membre exécutif des Jeunes Communistes et membre du PLQ (pour la bouffe gratuite). Théo Allard-Metwalli : Bonjour je m’appelle Théo.
T. : Je pense qu’on consomme vraiment trop et qu’on gère très mal nos ressources, créant ainsi un gaspillage incroyable. Je pense qu’un meilleur moyen de gérer nos ressources existe et qu’il se trouve dans le marxisme et le léninisme. J. : Depuis que je suis petit, j’écoute du punk, mais sans trop comprendre le message de la musique. Après
avoir lu V for Vendetta et avoir fait un projet d’histoire sur le mouvement punk, j’ai commencé à m’intéresser à l’anarchie. Je crois que très peu de personnes savent vers où le monde se dirige et que la plupart ont peur. C’est une des raisons pourquoi la droite est en train de monter, même au Québec. Inconsciemment, la majorité de la population ne sait même pas qu’elle est opprimée par de grosses institutions/compagnies. Si j’ai adhéré à cette idéologie, c’est pour remettre le “pouvoir” dans les mains des individus.
profits et en une économie qui protège l’environnement. Enfin, je suis résolument contre le néoconservatisme et le néo-libéralisme qui détruisent la nature, tuent les civils dans le tiers monde et aliènent les travailleurs. Pour le moment, j’appuie l’économie mixte et le développement des forces productives à travers les petites entreprises. Pourquoi avez-vous décidé de former le Comité révolutionnaire de Brébeuf ? Quel est votre but et votre vision ?
Pourquoi avez-vous choisi une B. : Répandre les idées telle allégeance politique ? gauchistes à Brébeuf, auparavant une fortification libérale et T. :En ce moment, il y a des conservatrice. Convaincre les inégalités horribles dans le monde étudiants que le capitalisme comme des personnes qui ne néolibéral et la soif pour les profits peuvent pas manger, qui n’ont pas détruisent la planète et les gens. de toit et qui n’ont pas de système T. : Brébeuf est un endroit très de santé convenable. Je pense que privilégié et souvent, on n’est pas chaque humain mérite de vivre en contact avec des situations très une vie avec dignité en ayant accès difficiles, ce qui entraine des idées à ces choses-là. figées sur ce que la société doit J. :En voyant la manière dont les être. En se renseignant sur des choses fonctionnent de nos jours, critiques de la société actuelle et il est facile de remarquer que le des alternatives à celle-ci, on peut capitalisme nous cause plus de tort tenter de la transformer. que de bien. J. : L’idée de former un comité révolutionnaire à Brébeuf est née Quelle est votre position politique de nos discussions sur la politique. plus en détail et votre vision ? Le but n’est pas de faire une action directe, mais plutôt de discuter B. : Je suis un socialiste. Je crois et d’informer les individus sur en le peuple. Il faut protéger les les courants révolutionnaires travailleurs et assurer la workplace pour défaire le capitalisme. Nous democracy. En effet, selon le tentons de mettre en place la système actuel, le patron peut révolution, en éduquant des élèves congédier ses employés sans d’un Collège réputé pour leur aucune bonne raison. C’est la excellence académique, afin qu’ils dictature. De plus, il est important ne deviennent pas des petits « d’empêcher ou de minimiser la Trudeau ». plus-value collectée par les élites. Je crois en une économie qui Pourquoi rejoindre ce comité ? favorise le peuple plutôt que les
Page.15 T. : Tout simplement pour se renseigner et être plus informé sur les différentes visions du monde qui existent. J. : Pourquoi ne pas rejoindre le comité ? Il n’y a rien à y perdre. Vous approfondirez vos connaissances en sciences politiques. Et qui sait, peut-être que vous deviendrez les révolutionnaires de demain. Que pensez-vous des élections fédérales canadiennes qui arrivent très prochainement et des messages des partis qui s’y présentent ? B.: Ne votez pas. Je ne reconnais pas ces élections comme étant légitimes. Si vous voulez vraiment voter, choisissez le Parti communiste du Canada. Devenez membres du NPD (infiltration) pour le convertir de la socialdémocratie au socialisme direct. T. : Je pense qu’il est déplorable qu’il n’y ait pas de réel parti ouvrier au Canada. Le réformisme a déjà prouvé qu’il n’améliore pas le sort de la population à long terme. Il faut tenter, comme Brian l’a dit, de les infiltrer et d’essayer de leur faire représenter les réels intérêts du peuple. J. : Je ne crois pas que ces élections vont faire un grand changement. Personnellement, je ne fais aucune différence entre chacun des partis, car ils ont tous les mêmes intérêts fondamentaux : plaire au 1%. Tant que la démocratie bourgeoise ne sera pas anéantie, les élections n’apporteront aucun réel changement.
Le mot d’une féministe
Jeanne Marengère Le féminisme aura et saura toujours captiver les foules. Chez la gente féminine, le mot « féminisme » vient susciter un sentiment de fierté d’être femme, mais chez les hommes, c’est souvent plus complexe. C’est pourquoi on questionne tellement l’authenticité des paroles des quelques hommes qui osent se clamer haut et fort féministes. Mais quand les politiciens, surtout les hommes, se disent partisan du mouvement, c’est venant des deux sexes que les questionnements proviennent. Tous sautent sur l’occasion de les descendre, ou bien au contraire, de les mettre sur un piédestal. C’est exactement ce à quoi doit faire face le premier ministre du Canada actuel, Justin Trudeau. Ce dernier, s’étant à maintes reprises décrit comme étant féministe, doit actuellement réaffirmer ce titre autoconféré et prouver à son électorat que ses valeurs s’alignent réellement avec ses paroles.
« Parce qu’on est en 2015 » lance Justin Trudeau après l’annonce de la parité hommefemme dans son cabinet suite à son élection l’année même. Depuis, son identité féministe a été questionnée à plusieurs reprises. Le gouvernement Trudeau, depuis son arrivée au pouvoir il y a 4 ans déjà, a été accusé de s’adonner à un « féminisme de façade ». Ces dénonciations soulèvent le possible manque d’honnêteté des libéraux en ce qui concerne leurs motivations et les vraies raisons derrière la mise de l’avant de leurs valeurs féministes. On les accuse de prêcher de belles paroles, mais sans qu’on en voit les applications
concrètes. Trudeau, dans toute cette affaire, se voit sous les feux des projecteurs, dû à l’arrivée fracassante des élections fédérales au mois d’octobre. Des sujets clos, comme l’exclusion du caucus libéral en avril dernier de Jody Wilson-Raybould, première femme autochtone à exercer le rôle de ministre de la Justice, et de Jane Philpott, soulèvent des réflexions chez les politiciens tout comme chez les électeurs. Les deux femmes avaient alors été exclues, selon M. Trudeau, car celles-ci avaient « perdu la confiance de l’équipe ». Il est évident que l’exclusion simultanée de deux femmes au sein du cabinet libéral, ça peut sembler louche. Plusieurs clamaient alors que la raison donnée par le parti était ridicule et que cet acte était un signe flagrant de sexisme. Récemment, Trudeau a aussi fait une sortie médiatique pour confirmer sa position sur l’enjeu de l’avortement. En 2011, suites à des pressions du parti conservateur concernant l’authenticité de sa foi catholique, il avait dit être pro-vie, mais qu’il était en faveur de laisser le choix à la femme de disposer de son corps. Il se dit maintenant complètement pro-choix, et qu’il ne croit plus en ce qu’il avait dit à l’époque. On a beau en penser ce que l’on veut, quelques actions concrètes ayant eu lieu au cours du dernier mandat de Trudeau sont à souligner. Au début de celui-ci, il avait promis de lancer les procédures pour l’instauration d’une loi fédérale visant à atteinte de l’équité salariale pour les deux
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sexes. Celle-ci a finalement été déposée à la fin de 2018 et visait à rétablir l’écart d’environ 11,5 cents qui séparait le salaire horaire que gagnait une femme en rapport avec celui d’un homme. De plus, Justin Trudeau a été le premier à mettre en nomination une femme pour combler le poste de commissaire à la tête de la GRC. Brenda Lucki est la première femme à occuper ce poste de façon permanente. Les libéraux ont aussi, au cours de leur mandat, investi 100 millions dans leur programme de lutte contre la violence basée sur les genres. Comme le soulève Kate Bezanson, professeure en sociologie à l’Université Brock, le plus grand pas qu’ait fait le Parti libéral durant les 4 dernières années, c’est d’avoir entamé une analyse comparative des genres, et ce à tous les niveaux de leur organisation. Pour conclure, il est normal en ces temps d’hostilité politique de voir les candidats se battre pour aller chercher le maximum de votes. Vient avec cette course sans merci des questionnements concernant qui sont réellement les gens aspirant à diriger notre pays. Qu’on soit concerné par leurs allégeances et croyances n’est que plus normal. Voilà l’origine de la question : Le Parti libéral a-t-il vraiment les valeurs féministes à cœur? Que ce soit seulement dans le but d’amadouer leur électorat féministe ou par réelles convictions, le Parti libéral et leur chef Justin Trudeau semblent très bien savoir ce qu’ils font. À vous maintenant de voir ce que vous en pensez…
Une voix pour la jeunesse Sheila Razavi Comme l’a dit légendairement Dwight K. Schrute en parlant d’une jeune Kelly Kapoor rebelle, dans la série The Office, “if she’s old enough to get married, she’s old enough to follow the law.” [Trad. : «Si elle est assez vieille pour se marier, elle est assez vieille pour suivre la loi»]. Au Québec, l’âge légal où l’on peut se marier est de 16 ans. Naturellement, en suivant cette rhétorique implacable, une question se pose dans cette période électorale : pourquoi est-ce que l’âge de vote ne serait-il pas abaissé ? Depuis longtemps, la tendance de vote observée chez les jeunes est plutôt décevante. La tranche d’âge des 18-24 ans a quasiment toujours été celle ayant le plus bas taux de participation électorale au Canada selon les rapports émis par le Bureau du directeur général des élections du Canada. En se penchant sur des statistiques récentes, nous pouvons observer qu’entre 2004 et 2011, leur taux de participation était en moyenne de 39%. Or, en 2015 - année d’élection de Justin Trudeau à la suite du second mandat de Stephen Harper - une hausse intéressante se fit remarquer : un peu plus de 57% des 18-24 ans auraient voté! De cette population, ce sont les jeunes adultes ayant fraîchement obtenu le droit de vote qui l’exercent plus que ceux qui l’avaient déjà.
jeunes à aller voter par Élections Canada. Les recherches de l’agence montrèrent que les jeunes étaient moins informés quant à l’ensemble du processus de vote ainsi qu’à la recherche d’informations sur les différents partis présentés. Voilà pourquoi Élections Canada tenta entre autres de mettre l’accent sur la facilitation de l’inscription des jeunes électeurs, en envoyant par exemple quelques 52 000 lettres aux jeunes de 18 ans qui n’étaient pas encore inscrits pour voter un mois avant les élections fédérales de 2015, ou encore en instaurant des sites de vote sur différents campus scolaires. Une autre méthode pour augmenter le taux de participation des jeunes se retrouve périodiquement proposée au Parlement : l’abaissement de l’âge de vote à 16 ans. Cette proposition divise énormément. D’un côté, plusieurs semblent croire que les jeunes n’ont pas du tout la maturité nécessaire pour pouvoir voter; qu’ils ne sont pas assez informés, pas assez compétents pour exercer ce droit démocratique. D’autres pensent le contraire et affirment qu’à partir de 16 ans, un individu est capable de prendre une telle décision de façon informée et rationnelle.
Après tout, le Canada est basé sur un système politique démocratique. Le droit de vote y Comment expliquer une occupe donc vraiment une place telle augmentation? En 2004, la centrale et fondamentale. Or, le Chambre des Communes adopta bon fonctionnement d’un tel unanimement la mise en place système implique aussi que les de mesures encourageant les citoyens sont capables de faire des
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choix éclairés provenant de leurs propres avis, codes moraux et éthiques; ce n’est pas en écartant les jeunes d’un tel système qu’il fonctionnera mieux. Statistique Canada estima en 2019 que plus de 2 millions de Canadiens formaient la tranche d’âge des 15-19 ans. Cette population n’est assurément pas négligeable quand il en vient aux élections, et aurait le pouvoir de changer le résultat des élections. Si à 16 ans, un jeune est en mesure de se marier, de ne plus fréquenter son école, de lancer sa propre entreprise ou encore de conduire, pourquoi ne pourrait-il donc pas voter? De plus, l’augmentation progressive du taux de participation électorale des jeunes prouve non seulement qu’ils sont de plus en plus intéressés par la politique, mais aussi qu’ils sont prêts à s’impliquer et à exercer ce droit. Abaisser l’âge de vote leur prouverait que voter est un devoir civil, et non pas un choix. En les engageant plus tôt dans le processus électoral, on les inciterait à rester impliqués dans la société d’une façon simple mais extrêmement tangible et concrète. Quant à l’argument citant le manque d’information à la portée des jeunes, des solutions ridiculement simples existent: rendre ces informations plus accessibles à l’ensemble de la population, mettre plus d’accent sur la politique dans les établissements scolaires, commencer à parler politique à partir d’un plus jeune âge… Ces actions sont faciles à mettre en place et serviraient à mieux former la jeunesse, et plus largement à rendre service à la
société. Une telle réforme pourrait offrir un choix aux jeunes : ceux souhaitant se faire entendre et voir leurs intérêts représentés en auraient l’opportunité, tandis que ceux qui n’ont pas encore une opinion formée pourraient tout simplement s’abstenir de voter. Il est grand temps de voir un peu
de changement dans notre système électoral. Nous avons passé nos vies à entendre que nous sommes le futur, que nous allons diriger le monde de demain; alors pourquoi ne pas agir tout de suite? Cette réforme aurait non seulement le pouvoir de changer les résultats électoraux, mais modifierait aussi la manière dont les élections seraient
Page.18 conduites. Il y aurait certainement plus de débats à propos de sujets d’actualités qui touchent la jeunesse, comme des solutions concrètes offertes pour remédier aux enjeux environnementaux. Moi en tout cas, je suis en faveur de l’abaissement de l’âge de vote; et vous?
Pas à pas, nous changerons le monde Fauve Julien Le 27 septembre dernier, le monde entier a été mobilisé pour la lutte contre les changements climatiques. À Montréal seulement, près d’un demi-million de personnes étaient réunies dans les rues afin d’exiger des actions concrètes de la part de nos gouvernements en matière d’environnement. C’était une véritable vague humaine pour la planète qui, décidément, était des nôtres en cette journée chaude et ensoleillée. Cette marche qualifiée d’historique a réuni petits comme grands, qui se sont absentés des
salles de classe et des bureaux un vendredi après-midi pour afficher leur soutien et leur amour pour la planète, ainsi que leur volonté d’avoir de réels changements quant à la gestion de la crise à laquelle nous faisons face . Vivre sur une planète en santé et léguer une terre viable aux futures générations, voilà ce que réclamaient pour la énième fois étudiants, familles, couples, organismes et associations environnementales à travers le monde entier.
L’Amazonie part en fumée, les glaciers fondent à vue d’œil, les catastrophes naturelles se multiplient de façon exponentielle, le drame planétaire est évident. Or, si des jeunes du primaire semblent avoir saisi l’ampleur de la crise climatique, cela ne semble pas être le cas des dirigeants de grandes entreprises et des gouvernements qui, pour la plupart, continuent d’ignorer ces vérités et demeurent dans un déni profond et alarmant. Le projet GNL Québec de traitement du gaz naturel ainsi que l’achat
et l’expansion de l’oléoduc Trans Mountain par les gouvernements québécois et canadien ne sont que des exemples qui viennent encore une fois appuyer ce triste constat. « Des paroles vides et des plans insuffisants », a bien résumé la jeune militante suédoise Greta Thunberg, symbole de la lutte contre le réchauffement climatique, dans son discours profondément touchant et inspirant lors de son passage à Montréal pour l’événement. Malgré l’urgence et la gravité de l’enjeu, un vent d’espoir et de positivité était fortement palpable vendredi dernier. De la musique joyeuse, des slogans poignants récités et entremêlés de cris à l’unisson ont contribué à rendre festive et pacifique cette marche qui restera gravée pour longtemps dans la mémoire de tous.
très bien survivre à une sixième. Par contre, nous, les humains, ne serons pas épargnés. Notre sort est indissociable de celui de l’environnement. Comme le disait si bien l’écologiste français Pierre Rabhi, « il faut arrêter de se croire au-dessus ou en dehors ». Nous Une chose fut bien claire ce sommes une partie intégrante de la vendredi dernier, c’est que nous ne planète. pouvons nous permettre de faire preuve d’immobilisme encore plus En tant que jeunes citoyens longtemps. Remettre à plus tard ce canadiens libres et vivant dans un qui se doit d’être fait aujourd’hui est pays démocratique, nous avons une une erreur que nous ne pouvons voix. Servons-nous donc de cette commettre. La Terre a déjà connu voix pour créer un réel changement, cinq extinctions massives. Elle peut une révolution. Servons-nous de
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ce pouvoir pour aller aux urnes le 21 octobre prochain et faire le bon choix électoral, un choix qui ne compromette pas la biodiversité, notre propre avenir ainsi que celui des générations futures. Si le simple fait d’avoir marché ensemble le 27 septembre est parvenu à créer un tel retentissement sur la scène internationale, imaginez un peu tout ce que nous pourrions accomplir si chacun décidait d’y mettre un peu du sien, un pas à la fois.
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COMMUNIQUÉ DE PRESSE Pour diffusion immédiate
Nouvelle saison de la tournée Party sans déraper par l’Opération Nez rouge et Éduc’alcool T’as bu, appelle.
Montréal, le 1er octobre 2019. C’est le 20 novembre prochain que la tournée Party sans déraper, orchestrée par l’Opération Nez rouge en collaboration avec Éduc’alcool, sera de passage au Collège Jean-de-Brébeuf. Cette année, c’est sous le thème « T’as bu, appelle », qu’elle diffuse son message de prévention, en misant encore une fois sur une approche humoristique et non moralisatrice. En s’arrêtant au kiosque animé notamment par des bénévoles de l’Opération Nez rouge, des policiers ou des intervenants du domaine de la santé, les étudiants peuvent constater l’importance d’opter pour la modération, en plus d’en apprendre davantage sur les solutions qui permettent une consommation d’alcool responsable et un retour à la maison sécuritaire. Pour ce faire, différentes activités interactives sont présentées, dont des épreuves d’agilité avec les fameuses lunettes Fatal Vision et des conseils pour le plus grand bonheur des visiteurs! L’application mobile, très appréciée au cours des dernières années, est également de retour. Créée en 1989, la tournée Party sans déraper est présentée au cours du mois de novembre dans les établissements scolaires de la province et vise à sensibiliser les jeunes de 16 à 21 ans à l’adoption d’un comportement responsable à l’égard de la consommation d’alcool et de la conduite automobile. Elle rappelle également que faire appel à un parent, un ami sobre, un taxi ou l’Opération Nez rouge représente le meilleur choix pour rentrer à la maison en toute sécurité.
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Pour information : Laurence Lechasseur Paquet – Chargée de projets Opération Nez rouge de Montréal 514-982-3437 Poste 2425 llechasseurpaquet@cvm.qc.ca
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