Sacré Cœur - Les Loups-Garous de Montparnasse © Amélie Sarn - Laurent Audouin / Le Petit Lézard 2013 Tous droits réservés Edité par Stéphane Duval Couverture et logotypes Noky Ouvrage publié avec le concours de la Région Poitou-Charentes Le Petit Lézard c/o Le Lézard Noir, BP 294, F-86007 Poitiers cedex lezardnoir@lezardnoir.com - www.petitlezard.com
Sacré-Cœur est un garçon bricoleur de onze ans qui adore le mystère. Il faut dire que son papa est ingénieur aux ponts et chaussées et sa maman médium. Ils l’ont envoyé passer quelques temps à Paris, chez sa tante, Madame Finelouche, pour qu’il connaisse un peu la capitale car c’est là qu’ils ont tous deux passé leur enfance.
Tante Finelouche est couturière et habite au 28, rue du Chemin Vert. Elle est la grande sœur du père de SacréCœur. Elle est très bonne cuisinière et adore préparer ses plats préférés à Sacré-Cœur. Elle ne sait pas ce qu’il fabrique exactement dans la cave mais elle se rappelle que quand il était petit, le papa de Sacré-Cœur était lui aussi toujours en train de bricoler.
M. Parrochio habite au 6ème étage du 28, rue du Chemin Vert. Ses origines italiennes lui donnent un accent chantant. Il est toujours très élégant et est particulièrement fier de sa moustache dont il prend grand soin. Il a un frère qui répare les voies ferrées.
Abigail est une petite fantôme qui a quitté l’Ecosse parce qu’elle ne voulait pas faire peur aux enfants. Elle est devenue amie avec Sacré Cœur et elle se sert de ses pouvoirs de fantômes pour l’aider à résoudre les mystères surnaturels de Paris. Mimi est une petite chauve-souris assez peureuse mais elle sait se montrer très courageuse pour aider ses amis, Sacré-Cœur et Abigail.
Prologue La porte grinça et Sacré-Cœur grimaça. Il ne voulait surtout pas réveiller Tante Finelouche qui ronflait tranquillement dans son lit. Il attendit, tendit l’oreille… rien. Il referma derrière lui en prenant deux fois plus de précautions. Il était onze heures et demie du soir et la rue du Chemin Vert était vide. Pas un passant, pas une calèche, pas un omnibus, pas même une de ces voitures pétaradantes qu’on croisait de plus en plus souvent dans Paris. Il souleva sa casquette et permit à Mimi, la petite chauve-souris, de s’envoler. Toute contente, elle fit deux ou trois loopings avant de revenir se poser sur l’épaule de Sacré-Cœur. Les deux amis étaient en route pour la gare Montparnasse et bientôt, l’imposant bâtiment à la façade vitrée surmontée d’une grosse horloge apparut devant eux. La lune ronde et rousse semblait comme suspendue dans le ciel noir...
Un mois plus tôt, Tante Finelouche avait remarqué dans les environs, un étrange et énorme chien noir aux yeux rouges*. Sacré-Cœur, qui savait que parfois des créatures surnaturelles rôdaient dans Paris, avait décidé d’en avoir le cœur net. Il venait donc tous les soirs faire sa ronde dans le quartier. Au début, son amie Abigail, la petite fantôme, l’accompagnait mais comme il ne se passait jamais rien, elle avait décidé qu’elle préférait rester dessiner ou jouer à la poupée dans l’atelier de Sacré-Cœur. Evidemment, Sacré-Cœur ne pouvait que se féliciter de ce calme. Dernièrement, il avait quand même dû affronter un vampire et une momie revenue à la vie. Pourtant, il était bien obligé de reconnaître qu’il s’ennuyait un peu. Mimi et lui entrèrent dans la gare vide. Ils traversèrent l’immense hall et se dirigèrent vers les voies ferrées. Au début, Sacré-Cœur venait chargé de tout un attirail de machines qu’il avait inventées et fabriquées. Il ne savait pas sur quoi il risquait de tomber et préférait être prêt à toute éventualité. Au fur et à mesure que les jours passaient, son sac rapetissait et ce soir, il n’avait apporté que son appareil de détection qu’il portait en bandoulière. Il l’avait fabriqué lui-même car il était très bricoleur. C’était la dernière fois qu’il venait. Il devait se rendre à l’évidence : il s’était trompé. Les chiens aperçus par Tante Finelouche n’avaient rien de surnaturel. Mais alors qu’il avançait sur le quai, une ombre démesurée s’allongea sur le sol. Au même moment, son détecteur se mit à sonner. * voir la momie du Louvre.
1. Ahouououououou ! Sacré-Cœur bondit derrière une colonne, aussitôt rejoint par Mimi qui, tremblante, se réfugia sous la casquette de son ami, ne laissant apparaître que le bout de son nez. Des pas résonnaient sourdement. Le garçon réussit à éteindre son appareil et, tout en retenant son souffle, il risqua un œil prudent. Dans le terrain vague de l’autre côté de la voie, une silhouette pas du tout immense se découpait. Le garçon fronça les sourcils et tendit un peu plus le cou. Ce petit chapeau rond, cette veste à carreaux, cette démarche dandinante… on aurait dit…
oui, c’était bien lui :
M. Parrochio était un voisin de Tante Finelouche. Il habitait au 6ème étage de l’immeuble du 28, rue du Chemin Vert. Sacré-Cœur l’aimait bien. Il avait une belle moustache d’un noir brillant et parlait avec un accent chantant dû à son origine italienne. Mais que faisait-il là ?
Sacré-Cœur le croyait encore en voyage. Son frère cheminot travaillait en ce moment à la réfection des voies ferrées en Bretagne et M. Parrochio en avait profité pour lui rendre une petite visite. Pourtant, aucun doute, c’était bien lui. Intrigué, Sacré-Cœur décida de le suivre. Mimi sous sa casquette, il emprunta le passage en grosses planches qui traversait les rails. De toute façon, la nuit, aucun train ne circulait.
Quand il arriva dans le terrain vague, un vent froid se leva qui fit frissonner les herbes jaunies. M. Parrochio n’était plus nulle part en vue. Et soudain un hurlement déchira la nuit :