INTRODUCTION p.4-7
I. LES ENJEUX DES J.O POUR LA VILLE, VERITABLE OUTIL D’AMEGEMENT URBAIN a. les avantages à la candidature p.8-9 b. Un véritable outil d’aménagement urbain p.10-13 c. Présentations des cas d’études, Athènes, Turin et Paris. p.14-15
II. ATHENES ET TURIN, DEUX EXEMPLES D’UNE PHASE HERITAGE MAL MAITRISEE. QUELLES LECONS POUR PARIS 2024 ? Etude de cas : Athènes, la ville fantôme p.16-18 Etude de cas : Turin, une ville sans réel plan de reconp.19-26
III. PARIS 2024, UNE PHASE HERITAGE PENSEE DES LES PREMICES DU PROJET a. La notion d’héritage au cœur des réflexions p.27-28 b. Au travers de la requalification de la Plaine Saint-Denis p.29-30 c. Entretien avec Cedric Petitdidier, architecte coordinateur du village olympique de L’île Saint-Denis p.31-33 CONCLUSION p.34 REMERCIEMENTS p.35
BIBLIOGRAPHIE p.36
INTRODUCTION L’héritage, c’est tout ce qui est transmis par les générations précédentes, ce qu’elles nous laissent, ce qui perdure. Depuis plusieurs années, je me suis surpris à aimer voyager, souvent pour simplement suivre la piste d’un corps architectural abandonné dont j’ai appris l’existence. J’essaye de comprendre son histoire, son parcours, les raisons de son état. Bien sûr, le sujet que je vais traiter tend à limiter mes découvertes parce que je vais questionner l’appréhension de la pérennité des ouvrages, mais il englobe une réflexion sociale et architecturale profonde. En deuxième année, dans le cadre du voyage d’étude, je pars à Turin. J’étudie un immeuble de logements faisant partie du village des athlètes qui accueillait les Jeux Olympiques d’hiver de 2006, mais ma visite sur site va complètement changer ma façon d’aborder, de concevoir et de penser la vie d’un projet, jusqu’au point où je pense toujours à ce qu’il deviendrait s’il venait à être abandonné. J’obtiens par la suite un entretien pour un stage en agence. A mon arrivée, ils fêtent la victoire du concours du village olympique de l’Île Saint-Denis, pour Paris 2024. Tous ces croisements chanceux vont construire ma curiosité autour de la pérennité de ces aménagements. J’essaye d’abord de saisir et de m’imprégner des multiples enjeux de l’arrivée des jeux dans la ville à travers différentes lectures dont deux marquantes : « L’Economie politique » où Ingrid Nappi-Choulet et Gisele de Campos Ribeiro, deux professeures de la chaire « immobilier et développement durable » de l’ESSEC abordent l’extrême diversité des impacts économiques, démographiques et urbains que soulèvent les jeux au cas par cas. Ainsi que « L’urbanisme évènementiel des jeux Olympiques », où une étudiante dresse un constat du passage des Jeux, en abordant les stratégies urbaines et cette notion d’héritage.
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Photo personelle, Turin, 2019. Pier Luigi Nervi, bâtiment anonymisé pour le protégér.
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Suite à un entretien avec Cédric Petitididier, architecte coordinateur du village olympique de L’île Saint-Denis, j’aimerai aborder la requalification de la Seine Saint Denis, au travers du cas de Paris 2024, véritable tournant dans l’appréhension de l’après JO. Je me renseigne alors sur les héritages olympiques des soixante dernières années. Chaque ville à sa liste « d’éléphants blancs », c’est le nom que l’on donne aux énormes structures dormantes et laissées à l’abandon. On les appelle ainsi d’après les récits bouddhistes, dans lesquels, à la veille de la naissance de Bouddha, sa mère aurait rêvé d’un de ces mammifères. Dans la tradition bouddhiste, il est interdit de les faire travailler ; à partir de ce conte se développe une sacralisation, les éléphants blancs devinrent des cadeaux prestigieux que les princes Indiens s’offraient mutuellement.1 Et pour les moins aisés d’entre eux, un tel présent n’allait pas sans poser de problèmes, car entre l’obligation de bien traiter l’animal et l’interdiction de le faire travailler, sa possession pouvait se révéler onéreuse. Athènes, Munich, Rio, Turin, toutes ces métropoles souffrent aujourd’hui de l’architecture événementielle qu’elles ont accueillie. Mais alors comment dans une période de transition écologique, suite aux nombreux échecs de reconversion, s’organisent aujourd’hui les phases d’après J.O dites « d’héritage » ? Tout d’abord, j’aimerai mettre en place le contexte en abordant les enjeux de l’arrivée des jeux dans la ville, ainsi que les avantages à la candidature. Puis, en m’appuyant sur mes lectures ainsi que sur mon analyse de terrain Turinoise, traiter profondément la notion d’héritage. Enfin, suite à mon entretien, aborder précisément le cas de Paris 2024, les questionnements qui se posent, les réponses qui se construisent.
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Origines de l’expression «éléphants blancs» Wikipédia.
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Stade abandonné du complexe d’Hellenikon, Athènes, photographe inconnu
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I. LES ENJEUX DES J.O POUR LA VILLE, UN VERITABLE OUTIL D’AMENAGEMENT a. les avantages à la candidature « Les jeux Olympiques et Paralympiques d’été et d’hiver représentent un « mégaévènement » populaire dont l’impact médiatique et économique est tel qu’ils sont devenus un enjeu essentiel dans la compétition et l’attractivité des métropoles dans le monde. »1 Pour se saisir pleinement de ces questionnements, il est d’abord nécessaire de comprendre tout ce qu’englobe l’arrivée des Jeux Olympiques dans une ville. Les Jeux Olympiques (JO), sont un évènement sportif qui a lieu tous les deux ans, en alternant éditions d’hiver et d’été. Chaque édition se passe dans un pays différent, regroupant alors plusieurs disciplines sportives et qui met en compétition des athlètes de plusieurs nationalités.
ON PARLE DE PROMOTION PLANETAIRE, TOUS LES DEUX ANS, CE SONT DES MILLIONS DE SPECTATEURS QUI ASSISTENT A LA COMPETITION, SUR PLACE, COMME DERRIERE LE PETIT ECRAN ; L’EVENEMENT REUNI EN MOYENNE 4 MILLIARDS DE TELESPECTATEURS SOIT PRES D’UN TERRIEN SUR DEUX.
Ces audiences démesurées impliquent alors la formation de nombreuses alliances économiques stratégiques (Sponsoring, droits de diffusions TV, merchandising…) et une importante réflexion sur le territoire qui repose sur d’ambitieux projets urbains à gros budgets dont les retombées s’observent à long terme. Bien que les JO soient des évènements de courte durée, ils nécessitent une préparation bien plus longue, surtout entre la période de candidatures et le début des compétitions sportives, qui peut durer jusqu’à une dizaine d’année.
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L’Economie Politique, Chapitre : L’héritage urbain des jeux Olympiques et Paralympiques, p.69, Ingrid Nappi-Choulet et Gisele de
Campos Ribeiro
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Ils nécessitent de véritables infrastructures accompagnées par des espaces publics conséquents. On ne parle plus seulement d’une dimension sportive, mais d’une dimension sociale, économique et urbaine. Afin que celles-ci soient sensées, le projet olympique ne doit plus être considéré comme simple projet urbain évènementiel mais comme un changement durable pour la ville hôte. Il est perçu comme une opportunité de revaloriser l’image, l’économie et le fonctionnement de la ville. L’évènement permet de débloquer de nombreuses nouvelles aides publiques, ainsi on voit apparaître « une stratégie méga-évènementielle »1 , utilisant les grands rassemblements comme moteurs et leviers du développement urbain local. L’abondance de nouveaux équipements créée de nouvelles activités et par conséquent, de nouveaux emplois.
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L’Economie Politique, Chapitre : L’héritage urbain des jeux Olympiques et Paralympiques, p.70-71, Ingrid Nappi-Choulet et Gisele
de Campos Ribeiro
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b. un véritable outil d’aménagement urbain Depuis 30 ans, plusieurs villes utilisent ces jeux comme un véritable outil d’aménagement pour réparer les disfonctionnements urbains. C’est le cas de Barcelone, qui en 1986, est choisie pour accueillir les JO d’été de 1992. L’argument majeur de cette qualification était fondé sur l’existence de quelques équipements mais également d’un ambitieux projet de restructuration urbaine. Avec une population de 1,7 millions d’habitants, Barcelone se place dans les dix premières villes d’Europe. La qualification pour les JO lui permettra de rayonner au niveau international. C’est la première ville à utiliser la venue des jeux pour requalifier et réaménager la métropole. Initialement, dans le dossier de candidature, les essentiels des investissements portaient sur la construction d’infrastructures (parkings, village olympique…) et d’équipements sportifs1. Mais au total 83% des coûts totaux ont été dépensés dans des projets d’améliorations urbaines plutôt que dans des sites sportifs. Durant cette période, le tissu urbain de Barcelone continue de croître sans véritable maîtrise. Deux phénomènes en sont à l’origine, la dégradation de la ville avec des quartiers qui se marginalisent et la croissance des bidonvilles suite à une forte affluence de migrants ruraux.
CETTE QUALIFICATION PERMIS A LA VILLE D’ESSAYER DE REPARER LES DYSFONCTIONNEMENTS URBAINS APPARUS APRES LA GUERRE ET LA FIN DU FRANQUISME.
En 1976, la ville tente d’y remédier en créant le Plan Général Métropolitain de Barcelone, en catégorisant chaque parcelle afin de lui donner une unité cohérente. Mais en 1980, une sévère crise économique attaque l’Espagne, en 1985 le taux global de chômage est à 21%, un plan stratégique est alors mis en place, grâce aux JO, pour relancer la croissance mais aussi revoir la planification urbaine de la ville qui a subi tant de traumatismes2. Avant les jeux Olympiques, le centre-ville est saturé et les quartiers qui l’entourent se retrouvent alors marginalisés et déconnectés. La ville possède une façade sur le littoral méditerranée très avantageuse mais pas trop peu exploitée, la ville est coupée de la me. 1
L’Economie Politique, Chapitre : L’héritage urbain des jeux Olympiques et Paralympiques, p.70-71, Ingrid Nappi-Choulet et Gisele
de Campos Ribeiro 2
D’après : Barcelone, ou comment refaire une ville, de Béatrice Sokoloff
10
Ancien quartier industriel de Poblenou, Barcelone, 1980.
11
Le territoire est un élément clef dans l’élaboration des stratégies urbaines pour les JO. C’est de cette base que pourront découler plusieurs facteurs sociaux et économiques. Les projets s’organisent alors souvent autour des mêmes grands axes. Faire rayonner la ville hôte à l’international, pour l’entreprenariat ou le tourisme. Fournir des infrastructures sensées, accessibles à tous de manière externe (depuis un aéroport) ou externe depuis les transports en communs ou le réseau routier. Inclure le patriotisme pour que la population participe au développement du projet, c’est-à-dire, créer un projet pour les citoyens non pas seulement pour l’évènement sportif, mais pour relancer l’économie. Parfois si nécessaire, changer le plan qui structure la ville, créer des nouveaux centres, pour que le paysage urbain et les habitants aient une vie meilleure. La démarche de ce projet vient au final mêler un projet urbain et un projet de ville, en passant par un mouvement sportif international. Cela tient d’une volonté de redonner une valeur aux espaces publics oubliés, tisser de nouveaux liens entre des quartiers vivants, tout en profitant du potentiel du territoire présent. C’est cette volonté qui fait que les aménagements urbains de Barcelone sont, encore aujourd’hui, un bon exemple pour les villes candidates. On a transformé 43 hectares d’une zone industrielle défavorisée (quartier de Poble Nou) et polluée en un nouveau quartier mixte qui concentre aujourd’hui les plus grandes tours et immeubles résidentiels de la ville. Ce quartier populaire de Poble nou, proche de la mer, a bénéficié de 32% du total des aménagements directs1 , donc la construction du village olympique de 2500 logements.
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L’Economie Politique, Chapitre : L’héritage urbain des jeux Olympiques et Paralympiques, p.72, Ingrid Nappi-Choulet et Gisele
de Campos Ribeiro
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Depuis, toutes les villes candidates aux JO utilisent cette stratégie comme accélérateur du développement urbain. L’attribution des JO permet en effet d’accélérer des projets envisagés par les collectivités locales mais aussi de solliciter des aides publiques à d’autres niveaux (CIO1 , fonds privés…). En 2012 le maire de Londres Ken Livingstone déclarait que c’était le seul moyen d’obtenir des milliards de livres du gouvernement pour développer « l’East end » un quartier défavorisé de l’est de Londres. Cette perpétuelle compétition entre villes hôtes amène aussi une « malédiction du vainqueur de l’enchère »2. Depuis les jeux de Los Angeles en 1984, tous les JO ont dépassé le budget initial. Même Tokyo a annoncé fin 2016 que son budget pour 2020 (reportés à 2021 au vu de la crise sanitaire actuelle) avait doublé en 4 ans. Ces écarts sont souvent expliqués par le fait que les villes présentent des projets qui surestiment les réalisations et sous estiment les coûts. Si les coûts d’organisations sont couverts par le CIO, et les recettes de billetteries/sponsoring, la ville hôte restent responsable du coût et de l’entretien des infrastructures3.
Quartier de Poblenou, 2015.
1
Le Comité International Olympique (CIO) : “Autorité suprême” du mouvement, ce sont eux qui dirigent l’événement en entier, des
nominations des villes au déroulement des jeux. 2
L’Economie Politique, p.72
3
Site officiel du CIO.
13
c. Présentations des cas d’études : Athènes, Turin et Paris.
Après avoir abordé Barcelone comme exemple de réussite de l’utilisation de ces jeux comme levier d’action au développement urbain, Il est maintenant important de se pencher sur d’autres résultats pour en tirer des leçons concrètes pour Paris 2024. Afin d’introduire les prochains cas d’études, j’aimerai commencer par définir leurs contextes. Athènes et Turin (avec Rio, Munich et Vancouver) font partie des nombreuses villes pour lesquelles la venue des jeux et donc la période post-évènement a été un véritable échec, tant dans la reconversion des infrastructures que dans la relance d’une économie durable.
ATHENES « Les Jeux olympiques de 2004 à Athènes symbolisent le retour de cet évènement sportif dans le pays qui leur a donné vie. Les premières traces historiques remontent en 776 avant J-C »1. La Grèce depuis une vingtaine d’année connait une certaine instabilité économique, bien qu’en 2008 la crise soit généralisée dans toute l’Europe, c’est elle qui se retrouve avec le déficit budgétaire le plus conséquent. L’accueil des jeux Olympiques de 2004 à d’abord été pensé pour relancer le pays économiquement. Mais cela a produit tout l’effet inverse. TURIN Malgré son passé flamboyant des années d’après-guerre où Turin se développe notamment au travers de l’industrie automobile et Fiat, « aujourd’hui, on ne construit plus beaucoup, et on ne rénove plus non plus»2. Le village est construit en hiver, dans la précipitation pour s’accorder avec les dates butoirs du commencement des jeux. Mais à la fin du mois sportif, aucun investissement ne se dirige vers le village olympique.
1
Adeline Henry dans « Projet urbain et Jeux Olympiques : le cas d’Athènes 2004 ».
2
Entretien avec la gérante « d’Ostello Torino ».
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PARIS « Dans le cadre de l’accueil des Jeux olympiques et paralympiques de 2024, les collectivités ont souhaité un héritage fort favorisant notamment les liens entre Paris et la Seine-Saint Denis. »1 En 2017, la ville de Paris apprend qu’elle serait hôte des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024. Comme à Barcelone, on retrouve dans la candidature de Paris, l’idée de profiter de l’évènement pour requalifier/développer un territoire urbain défavorisé, celui de la Plaine-Saint Denis. De même, l’annonce de la désignation de Paris comme ville hôte des JOP en 2024 permet d’accélérer les travaux des grands projets d’aménagement déjà en cours, notamment ceux du Grand Paris et du Grand Paris Express. L’une des gares du Grand Paris, SaintDenis-Pleyel, desservira les sites des JOP 2024 et intégrera le nouveau quartier Pleyel avec, entre autres, le village olympique.
La compétition dure environ trois semaines. La ville célèbre les performances des athlètes internationaux, par le biais de son architecture. Lorsque les trois semaines s’écoulent, l’euphorie redescend doucement. Le « complexe de Cendrillon », expression utilisée par Jean-Pierre Augustin2 pour « rappeler que, une fois la fête terminée, la ville ne conserve pas toujours les atouts de sa splendeur. »3 fait son apparition. Les athlètes et les touristes sont partis, mais l’architecture, elle, est restée. Les coûts d’entretiens sont parfois trop importants, on laisse alors les corps dormir, seuls. C’est ce qui va me permettre de faire la transition vers mes deux prochains cas d’études, où les nombreux echecs de reconversions pèsent encore aujourd’hui sur l’économie.
1
Citation tirée d’un article de la Fédération Nationale des Agences d’Urbanisme.
2
Un géographe français.
3
Les jeux Olympiques, l’évènement spatial par excellence, J.P. Augustin, p.309.
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II. ATHENES ET TURIN, DEUX EXEMPLES D’UNE PHASE HÉRITAGE MAL MAITRISÉE. QUELLES LEÇONS POUR PARIS 2024 ?
Stade Olympique d’Athènes, déssiné par Santiago Calatrave, inutilisé depuis 2005 « L’héritage olympique est le fruit d’une vision. Il englobe tous les bénéfices tangibles et intangibles à long terme amorcés ou accélérés par l’accueil des JO/manifestations sportives pour les personnes, les villes, le territoire et le mouvement olympique »1. C’est la définition que donne le CIO sur le site officiel des JO à propos de l’héritage. Cette notion d’héritage se fait de plus en plus présente lors des candidatures de la dernière décennie. Introduite dans la charte olympique de 2003, c’est véritablement en 2012 qu’elle devient une condition non-négociable à la candidature des JO, suite aux nombreux échecs de reconversions.
L’HERITAGE NE CONCERNE PAS SEULEMENT LES AMENAGEMENTS URBAINS ET ARCHITECTURAUX MAIS AUSSI UNE GRANDE DIMENSION SOCIALE, ECONOMIQUE ET SPORTIVE.
Les jeux se veulent être un élément d’impact, qui sensibilise les personnes au sport, à la santé, mais aussi au développement durable, à la reconversion, à la réversibilité et à la pérennité des ouvrages. Au travers des échecs symboliques d’Athènes et Turin, quelles leçons pouvons-nous tirer pour Paris 2024 ? 1
Site officiel du CIO.
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Le cas d’Athènes (2001), la ville fantôme Entre retards constants et problèmes liés à l’aménagement urbain, ces jeux ont été financés essentiellement sur de l’emprunt. Ceci n’aurait normalement pas causé de soucis mais la crise n’a fait qu’empirer la situation. En 2012, Anabelle Gerogen, une journaliste allemande déclare que les JO sont responsables d’une grande partie du surendettement Grec. En effet, en 2004, les dettes de l’Etat passent de 182 à 201 milliards d’euros. Le budget initial annoncé était de 4.6 milliards mais aujourd’hui (en 2019) elle avoisine les 14MM d’euros. Lors d’une interview le secrétaire général du Ministère des sports indique « qu’on ne peut pas savoir jusqu’à combien on va arriver, car aujourd’hui on est toujours en train de payer »1. S’étant concentré sur le développement de son réseau de transports en commun, la notion d’héritage olympique n’était pas la priorité d’Athènes, et cela s’est ressenti durant la période post JO. La plupart des infrastructures réalisées sont aujourd’hui abandonnées et d’aucune utilité. Cette absence de plan de reconversion semble avoir été l’erreur fatale pour la ville, le gouvernement s’est retrouvé sans solutions concrètes face au problème présent et surtout urgent. En 2005, pour réagir face à l’ampleur de la situation, on présente un plan de gestion des infrastructures, en insistant que le fait que les structures olympiques doivent servir l’intérêt public et être surveillée constamment . Elles sont alors proposées à des communautés locales (associations sportives, entreprises publics/privées…) pour être prises en charge. Mais vu l’état des dégradations au fil des années et à la dette publique grecque toujours présente les investissements se font rares et les sites olympiques restent figés. A tel point que 20 des 22 infrastructures construites en 2004 sont aujourd’hui abandonnées. Certaines, comme un bassin et son plongeoir n’ont même jamais servi pendant les JO à cause d’une mauvaise conception. En effet, construits dans un couloir très venteux, les temps sont faussés. Seul l’arène de basketball est véritablement rentabilisée, elle accueille deux équipes nationales et d’autres évènements, spectacles et concerts. Même le stade olympique dessiné par Santiago Calatrava n’a pas accueilli de gros évènement depuis 2005 (ligue des champions). 1
PERROT P. Meditrraneo : Athènes n’en finit pas de payer la facture des JO de 2004. Diffusé le 7 mars 2018 sur France 3.
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Au-delà de l’absence de plan de reconversion, la plupart des structures ne sont pas démontables, voiles béton, voutes coulées. Si elles avaient été conçues avec des matériaux légers et facilement recyclables elles auraient sans doute pu être démontées ou partiellement déconstruites pour répondre aux attentes de la ville. Pour 2024, on retient alors dans un premier temps, qu’il est d’abord nécessaire et primordial de dresser un plan de reconversion, non seulement hypothétique mais engagé, sur.
FINALEMENT, LES SEULS VRAIS RESULTATS POSITIFS DES J.O D’ATHENES SONT LA RESTRUCTURATION DU RESEAU ROUTIER, DES TRANSPORTS EN COMMUN, ET LA CREATION D’UN NOUVEL AEROPORT.
De limiter la création de nombreuses nouvelles infrastructures, chères, peu écologiques et alors se pencher vers des exercices de réhabilitation plutôt que de nouvelles conceptions.
Parcours de canoé-kayak, Athènes
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Le cas de Turin (2006), une ville sans réel plan de reconversion1 En deuxième année, dans le cadre du voyage d’étude, j’étudie un immeuble de logement dessiné par Diener & Diener qui fait partie du village olympique des jeux d’hiver de 2006, situé le long des voies de chemin de fer derrière le Lingotto rénové par Renzo Piano. Mais lors de notre voyage, à notre arrivée sur le site, on constate que nombreux de ces bâtiments sont abandonnés. Aucune reconversion n’avait été prévue après 2006. Se dresse alors à nous un sujet extrêmement profond, tant au niveau architec-tural que social, car beaucoup de ces espaces sont aujourd’hui occupés par des migrants, qui se sont appropriés les lieux. C’est après cette première visite que j’envisage de travailler ce sujet en mémoire de licence. Certains immeubles sont condamnés et murés, l’ambiance est assez particulière. Nous avons eu l’immense chance de rencontrer la gérante d’un hôtel populaire, doyenne du quartier, qui nous conte le contexte post-olympique de la ville. Le village est construit en hiver, dans la précipitation pour s’accorder avec les dates butoirs du commencement des jeux. Mais a la fin du mois sportif, aucun investissement ne se dirige vers le village olympique. Le village est alors d’abord investi comme plateforme de création et de vente de drogue, « parfois, quand le courant sautait, je devais descendre seul dans le parking pour rallumer les compteurs. »2 Depuis, même si le quartier est en apparence peu accueillant, nous arrivons à deviner une certaine convivialité. Nous retournons alors sur place afin d’entamer un dialogue avec les occupants actuels qui sont très nombreux par rapport à l’espace disponible, et nous avons bien fait. Nous faisons la rencontre de Traoré, un ivoirien qui parle français, et nous raconte comment lui et les siens ont investi ce lieu qui devient une petite ville autonome, en autarcie du reste de la cité.
1
Ici, ma réflexion et mon ton d’écriture seront différents et surement plus personnels car je vais en partie m’appuyer sur mon ana-
lyse de terrain pour essayer de dresser un constat subjectif de l’héritage olympique de Turin. 2
Entretien avec «d’Ostello Torino.»
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Les espaces publics entre les immeubles deviennent des lieux de rassemblement, de véritables agoras athéniennes qui, par l’ironie du sort, marchent mieux que les aménagements faits pour les JO d’Athènes. Apparaissent alors des cuisines communes, des coiffeurs, des salons couverts. Ils ouvrent leurs commerces en rez de chaussée, créent de toute part tout ce dont ils ont besoin. Partagent les douches en fonction des étages où l’eau arrive encore, participent à la création de tous ces points de rassemblement, où subir le regard des gens devient un peu moins dur. Moins dur car il n’y a pas de limite entre la rue et la pénétration dans le quartier, il est gardé par l’armée Italienne, qui fait quand même dos à tout ça, histoire de dire qu’on sait que c’est illégal, qu’on fait notre boulot, mais o ne vous réprimande pas, car il faut que vous vous en sortiez.
Village Olympique de Turin, photo personnelle, 2019. 20
Dans la continuité de mon voyage, je découvre deux structures gigantesques endormies. Ici, je vais faire une petite parenthèse dans mon plan, je vais tenter de vous retranscrire mes ressentis, car au-delà de la dimension d’héritage manqué, ces lieux ont fait naitre en moi une excitation profonde et unique, presque magique, ces émotions si brutes que peuvent renvoyer l’architecture, je les aie prise en pleine figure. « Je marchais dans le quartier du Lingotto, près de la piscine olympique, et derrière le parc qui la borde se distingue une silhouette moderne singulière, plus haute que la masse générale. J’avance vers elle, je devine qu’elle est particulière et qu’il ne s’agit pas d’un simple entrepôt fermé. Je passe les grilles d’enceinte, vérifie que le bâtiment n’est pas surveillé, ou trop bien surveillé, et j’avance. Je n’essaye pas de décrire précisément mon parcours, vous ferez le vôtre qui sera sans doute bien différent, mais cherche plutôt à dresser une sorte de scénographie des lieux, à expliquer l’importance du parvis devant la façade qui, exposé, est en fait la véritable barrière, la véritable rupture avec les rues voisines. Il n’y a que moi, la masse végétale absorbe les bruits de la ville, et je rentre. C’est immense. Jamais auparavant je n’avais expérimenté de telles émotions spatiales. Ces colonnes organiques démentielles, au-delà de leur rôle structurel, semblent également porter l’exaltation qui nous gagne. Le rapport d’échelle entre structure, espace, et moi est déconcertant. Je me mets à chuchoter, je ne sais pas pourquoi, alors qu’il n’y a personne, c’est immense, personne ne nous voit, mais je ne fais pas de bruit. En quelque sorte, je m’autorise à pénétrer dans l’intimité du lieu, et se tisse alors un lien presque affectif. Le bâtiment est signé Pier Luigi nervi, construit en 1959, à l’occasion de la célébration du centenaire de l’unification de l’Italie.» Extrait de mon récit, paru dans le journal de l’ENSAPVS, Double Hauteur
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Photo personelle, Turin, 2019. Pier Luigi Nervi, bâtiment anonymisé pour le protégér.
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Alors oui, cette infrastructure n’est pas un héritage olympique, mais l’expérience que j’y ai vécu est tout aussi formidable que dans le pavillon des expositions dessiné par Nervi en 1947, qui lui a eu une première phase de reconversion, mais qui aujourd’hui reste fermé et vide. « Au milieu d’un parc, nous tournons autour pour trouver un accès. Lors de notre première approche, nous ne parvenons pas à rentrer à l’interieur, mais à grimper sur son toit. Deux jours sont passés. Même routine : toujours à l’affût de la sécurité, nous passons une grille, longeons le bâtiment et nous infiltrons discrètement à l’intérieur. Nous découvrons la même échelle monumentale. Écrasés par le silence qui règne dans cet espace de 20 mètres sous plafond, nous comprenons que la scénographie de l’exposition de 2006 est toujours en place. Le temps s’est arrêté il y a 15 ans, où des milliers de visiteurs étaient encore présents dans la structure. Ici, Nervi a dessiné une structure arborescente. Les piliers se séparent en deux puis s’arquent pour créer les poutres. Entre ces poutres, s’organisent des failles qui viennent irriguer tout l’espace d’une douce lumière diffuse. La bordure de la salle constitue une mezzanine dont il est possible de faire le tour. Depuis cette hauteur, on observe l’espace d’exposition. Derrière la colonnade de piliers tranchants, on comprend le labyrinthe dessiné pour les visiteurs. Si, comme nous, vous parvenez à trouver les plan, que vous êtes grimpeurs, et que vous n’avez pas peur du noir, peut-être aurez-vous la chance de découvrir l’autre secret qui y dort. » Extrait de notre exploration, paru dans le journal de l’ENSAPVS, Double Hauteur
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Pavillon des expositions, photo personelle, Turin, Nervi, 1947.
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Pavillon des expositions, photo personelle, Turin, Nervi, 1947.
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Les structures monumentales de Nervi semblent ne plus correspondre à l’échelle de la ville de Turin en pleine décroissance démographique. Comment préserver ce patrimoine architectural dans ce contexte ? Doit-on le préserver ? Peut-on le reconvertir ? Nous espérons que ces histoires vous pousseront à aller sur place pour vous poser les questions que soulèvent ces lieux, ou bien simplement pour apprécier la magie de ces espaces mystérieux accessibles uniquement aux explorateurs les plus chanceux. Il est donc essentiel de se poser la question de l’héritage urbain et immobilier dès les prémices du projet. La localisation des équipements sportifs et du village olympique est primordiale, puisque de nouveaux équipements induisent de nettes améliorations des moyens de transports, et des aménagements urbains qui gravitent.
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III. PARIS 2024, UNE PHASE HERITAGE PENSEE DES LES PREMICES DU PROJET
Pavillon des expositions, photo personelle, Turin, Nervi, 1947. a. La notion d’héritage au coeur des réflexions. « Quand Paris 2024 s’est lancé dans l’aventure de la candidature, nous l’avons fait non pas en pensant à la simple livraison des Jeux, mais en imaginant plus loin. Les Jeux Olympiques et Paralympiques sont un événement majeur qui accélère tout pour le pays hôte. Les Jeux vont nous bousculer, d’une façon irrésistiblement positive. Ils sont un point d’impact, un big bang. Notre victoire sera réelle si une génération, deux générations après, les Jeux de Paris 2024 sont encore évoqués comme un événement significatif pour notre nation et dans l’histoire olympique et paralympique. »1 Dès l’aspiration de Paris à devenir une ville hôte, on observe déjà un recul et des ambitions importantes quant aux nombreux échecs de reconversions passés. 1
Citation tirée du site : paris2024.org
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Il est indispensable de ne pas commettre à nouveau les erreurs d’Athènes, Rio, Munich, Turin, Vancouver… Paris 2024 apparait comme un tournant majeur dans la gestion de l’après. Autant sur le plan écologique, qu’économique, constructif et social. Face aux enjeux environnementaux et sociétaux de notre siècle, le monde du sport doit prendre sa part de responsabilité.
« Fort de cet élan, Paris 2024 a fait de l’exemplarité environnementale un axe fort de sa candidature et désormais de son ADN. »1 C’est cette notion qui va guider chaque étape du projet, engageant chacun des acteurs dans une démarche cohérente et unie, pour que ces impacts perdurent au-delà des jeux. La ville s’appuie à 95% sur des sites déjà existants ou temporaires2. Construire moins, c’est réduire considérablement l’impact carbone et permettre de célébrer la richesse et la diversité du patrimoine architectural français, en utilisant les plus beaux monuments parisiens comme théâtre des sports. « Pour 2024, seules deux nouvelles structures apparaissent comme indispensables, à la fois pour l’organisation des jeux et pour la vie quotidienne des habitants : une piscine olympique et une salle de taille moyenne pour l’organisation d’évènements. »3 Le CIO semble très enthousiaste et se voit rassuré du fait que Paris possède déjà la plupart des infrastructures olympiques. Tout comme Londres, l’idée d’implanter le village olympique dans un quartier qui est aujourd’hui marginalisé de la capitale, permettrait de relancer son économie, d’en faire un quartier animé et de donner de nouveaux logements à la population. Ces jeux seront aussi l’occasion d’innover sur le plan de la construction, des sources énergétiques, mais également en matière de logements évolutifs, et de contribuer au développement de quartiers dits intelligents.
1
Citation tirée du site : paris2024.org Les enjeux environnementaux, paris2024.org 3 Site officiel du CIO. 2
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b. Au travers de la requalification de la Plaine Saint-Denis.
«Vous croyez vraiment que les Jeux ne durent que quinze jours et ne concernent qu’une seule ville ? Avec Paris 2024, vous comprendrez que les Jeux c’est un projet qui vivra bien au-delà de la compétition sportive et qui entrainera tous les territoires avec lui.» Tout d’abord, quand on parle de Seine Saint Denis, on ne peut pas parler uniquement des JO, c’est dans son histoire un territoire très lié au sport, notamment avec le projet du Stade de France, qui n’aurait eu aucun intérêt s’il n’était pas implanté dans un quartier d’affaire, de logements, et d’écoles. Pour l’Uarena de Nanterre, on avait une « bataille » entre Evry, Sevran, Nanterre. Pour des JO c’est un peu différent, pas seulement une bataille mais la rencontre de plusieurs facteurs qui forment une seule logique d’aménagement du territoire.
Arondissement de la Seine Saint-Denis, Wikipédia 1
Citation tirée du site : paris2024.org
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Et une phase héritage n’aurait pas de sens sans ça. Il s’agit de comprendre le territoire en profondeur et d’en identifier les réels besoins. Derrière bien sûr, il a également un enjeu d’image, qui est celui de redonner à la banlieue son visage accueillant et attractif. De plus, son articulation autour des bras de Seine dégage un potentiel non négligeable quant aux possibles aménagements. «Pour le département le plus jeune et cosmopolite de France»1. Tout ça répond à un enjeu de population, la Plaine-Saint Denis à la croissance démographique la plus forte de France. Le taux de chômage des 15-24 ans y atteint 18%, contre 12% pour l’ensemble de la région Ile-de-France2. De plus, il y a de la place, et peu chère. Il faut alors loger tous ces gens, réaménager des territoires en friches, et trouver un levier pour développer l’économie là où les entreprises n’arrivent plus à se loger (vie parisienne couteuse). « Paris 2024 ce n’est pas que Paris. En plus de la région Ile-deFrance, huit villes accueilleront le tournoi de football, Marseille recevra les épreuves de voile, une autre ville, connue mi-2020 sera l’hôte des compétitions de surf.»
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Citation tirée du site : paris2024.org L’Economie Politique, Chapitre : L’héritage urbain des jeux Olympiques et Paralympiques, p.72, Ingrid Nappi-Choulet et Gisele
de Campos Ribeiro 3
Citation tirée du site : paris2024.org
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c) Entretien avec Cedric Petitdidier, architecte coordinateur du village olympique de L’île Saint-Denis Après avoir échangé à propos de mon travail sur le village olympique de Turin en deuxième année, je suis donc assigné à la phase de dépôt de permis de construire concernant une dizaine d’ilots sur l’Ile Saint Denis. Mais au-delà des documents que je vais être amené à produire, j’essaye d’abord de comprendre les enjeux d’un tel projet, pourquoi en Seine Saint-Denis ? Comment aborder la phase héritage dès les prémices du projet, pour ne pas aboutir à un échec total de reconversion qui mène à l’abandon des structures du aux couts d’entretiens ? Pour répondre à cela, je m’entretiens avec Cédric Petitdidier, co-fondateur de l’agence PPX et architecte coordinateur du projet.
Cédric Petitdidier
« On ne le conçoit pas comme un village olympique mais comme un nouveau quartier, après qu’on nous demande de faire des aménagements pendant les quinze premiers jours ou le premier mois, où il va falloir que les salons soient coupés en deux pour ajouter une chambre etc, c’est une chose, mais urbainement ce n’est pas un village olympique.» ci, les jeux sont la clef d’entrée, une donnée supplémentaire d’un programme, un accélérateur mais très intéressant. Les temps qu’on traverse sont pertinents de bons exemples pour illustrer notre démarche.
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D’ici 2021, on ne peut pas savoir si le virus sera toujours là, si les jeux sont décalés, ça n’a plus aucun sens, les jeux de 2020 n’auront pas lieu. Donc aujourd’hui, il faut trouver un sens au projet par rapport à l’éventualité que les J.O ne puissent pas se tenir. Pour plusieurs raisons, sanitaires, économiques, état à genoux qui se dira qu’il y a peut-être d’autres dépenses plus importantes. Ce n’est pas ce qui se passe mais la crise actuelle donne le droit d’imaginer des projets olympiques sans jeux olympique, donc tout prend son sens. S’il les jeux ne venaient à pas se tenir, les projets continueraient quand même parce qu’il y a un besoin et que le quartier est lancé, et ça c’est intéressant. «A la différence de Munich (1972), où on retrouve une prolifération de petits bâtiments, de venelles de 3 mètre, et on se pose alors la question de comment ça va vivre après. Là, c’est complètement l’inverse. C’est un morceau de ville et on se demande comment on va pouvoir accueillir des jeux temporairement dans ces quartiers-là. Donc finalement la phase héritage, c’est quelque part un langage pour rentrer dans les meurs du comité olympique. Mais le vrai changement, les vraies vertus de ça, ce sont les aménagements, donc les JO vont être un prétexte, un accélérateur, un prétexte pour tenir les calendriers. Mais en réalité la phase héritage à bien plus de sens que la phase JO, c’est pour ça que c’est probablement des jeux qui sont qualifiés de « citoyens », d’intégrés dans leur ville ». 32
La question du bois est importante, elle va permettre de facilité la modularité et la réversibilité des logements, de plus 100% du chantier sera acheminé par la Seine, en raison de la situation du projet sur l’île. C’est un chantier assez exceptionnel et cet acheminement force le projet à tenir sur des péniches, on conforte l’idée de l’objectif bas carbone et on incite le reste rincipe constructif des bâtiments du village à faire la même chose.
MIÈRES ORIENTATIONS À L’ÉCHELLE DE L’ÎLOT PE
Schéma, acheminement du chantier par cargo ERIK GIUDICE NP2F / RANDJA / AAVP
GROUPE PICHET GROUPE LEGENDRE
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CONCLUSION Tout au long de ma réflexion, on constate qu’il est strictement nécessaire de penser la phase héritage dès les prémices du projet, d’anticiper l’évolution des nouvelles infrastructures et de penser la venue des jeux comme un vrai accélérateur urbain, comme l’occasion de restructurer la ville, ou de transformer un quartier en marge du développement actuel. On constate aussi que la réussite de ces aménagements n’est pas corrélée à une époque plus moderne, j’aimerai souligner cette idée. Barcelone s’en sort mieux 15 ans avant Athènes ou Turin, simplement parce que le pays n’a pas eu peur de changer, d’oser, de revoir les plans d’aménagements à grande échelle même quand les dates ne s’y prêtaient plus. Alors évidemment, de nos jours, nous sommes plus performants dans la réversibilité des ouvrages, dans les structures éphémères, pérennes mais penser tout ça bien en amont des démarches est aujourd’hui inévitable. De plus, nous vivons une transition écologique importante, où la notion de construire responsablement n’est plus une donnée programmatique de plus, mais un réel devoir, une urgence. Cette année, dû à la crise sanitaire que nous vivons, le jour de dépassement de la terre recule de trois semaines1, l’eau est plus claire, le ciel aussi. Profitons, de cette rampe pour s’engager dans une façon de penser nouvelle et durable.
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Source, Le Monde, Publié le 05 juin 2020
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REMERCIEMENTS
Merci à certains de mes amis d’enfance de m’avoir fait aimer l’exploration urbaine.
Merci à mes deux professeurs de 2ème année, Sandra Parvu et Xavier Dousson de m’avoir emmené à Turin, où j’ai me suis découvert une curiosité qui deviendra une passion autour de ces sujets de reconversions et d’abandons.
Merci aux amis avec qui j’ai découvert ces secrets, avec qui j’entretiens cette excitation singulière de contourner l’interdit et le danger pour découvrir ce genre d’endroit magique.
Merci à l’agence PetitDidierPrioux, de m’avoir pris en stage, et d’avoir pris le temps d’entendre mes questions.
Et enfin, merci à Viviane André, ma professeur référente qui a plus qu’assurer son rôle d’accompagnement tout au long de ce semestre étrange pour nous tous.
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BIBLIOGRAPHIE - Les jeux Olympiques, l’évènement spatial par excellence, J.P. Augustin - L’URBANISME ÉVÉNEMENTIEL DES JEUX OLYMPIQUES : Les stratégies urbaines pour assurer l’héritage, Caroline Crepel - Adeline Henry, Projet urbain et Jeux Olympiques : le cas d’Athènes 2004 - L’Economie Politique, Chapitre : L’héritage urbain des jeux Olympiques et Paralympiques, Ingrid Nappi-Choulet et Gisele de Campos Ribeiro - PERROT P. Meditrraneo : Athènes n’en finit pas de payer la facture des JO de 2004. Diffusé le 7 mars 2018 sur France 3. - Barcelone, ou comment refaire une ville, de Béatrice Sokoloff - Site officiel du CIO. - Entretien avec la gérante « d’Ostello Torino ». - Site paris2024.org - Le Monde, Publié le 05 juin 2020 - Fédération Nationale des Agences d’Urbanisme - Entretien avec Cedric Petitdider, architecte coordinateur du village Olympique de l’Ile Saint-Denis. - Origines de l’expression «éléphants blancs» Wikipédia.
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