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1 NAISSANCE DE LA PHILOSOPHIE ET DE LA PSYCHOLOGIE
Afin de comprendre l’intérêt qu’apportent les neurosciences (qui, pour nous, sont une des nouvelles pédagogies de notre siècle) aux besoins de l’enfant, il est essentiel de remonter la chaine entremêlée que représente l’histoire de la pédagogie. Pour cela, énoncer un bref rappel de la naissance de la philosophie et de la psychologie semble important car, ces deux notions sont étroitement liées avec celle de la pédagogie et ont permis son évolution.
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Platon (428-348 av J.
-C.) est un philosophe grec à l’origine de l’Académie : une école au réel succès qui comptait de nombreux élèves tels qu’Aristote (384-322 av J.-C.). Il est l’auteur de la République, une œuvre dans laquelle il illustre l’allégorie4 de la caverne.
Figure 3 L'allégorie de la caverne (JePense.org, 2020)
Cette allégorie met en scène des prisonniers enfermés dans une caverne. Dos à l’entrée et immobilisés, ces Hommes (nous, les enfants) ne perçoivent que l’ombre projetée d’objets sur un mur. Les détenus, ne percevant que des ombres, appréhendent leurs reflets comme étant la réalité du monde qui les entoure. Cette perception est fantasmagorique puisque leurs vérités beignent dans des fauxsemblants. Ainsi, Platon, démontre ô combien l’Homme est emprisonné dans ses jugements, ses idéaux, ses croyances.
Lorsqu’un des prisonniers arrive à se libérer, il se dirige vers la lumière extérieure - le monde des Idées. Le chemin n’est pas simple car il doit faire face à la
4 L’allégorie représente une idée abstraite par une image, une métaphore. Platon l’utilise pour rendre plus accessible sa philosophie car il est conscient qu’elle n’est pas accessible à tous.
réalité. C’est pourquoi, dans sa fuite, le détenu ne peut y arriver seul. Aveuglé par la lumière extérieure, Platon métaphorise ici le rôle de la société et de l’éducation qui doivent être des forces agissantes et ce, même dans la contrainte.
Peu à peu, l’ancien prisonnier se familiarise avec sa condition de philosophe. Désormais, il est contraint d’agir pour le bien des autres, selon la loi de la Cité, en retournant délivrer ses compagnons toujours enchainés dans la caverne (dans le concret). Ainsi, selon Platon, seul celui qui comprend la vraie raison des choses peut éduquer et diriger la Cité, l’Etat.
Platon avait déjà saisi que l’intelligence (aujourd’hui appelé la cognition), est un long cheminement (Château, 1978). Cette démarche permet à l’esprit humain d’éviter les contradictions illusoires, des apparences et du sensible. C’est une psychologie de la vérité car la quête de connaissances irrévocables est distincte de l’avis instable des politiciens et sophistes de l’époque. Aussi, pour Platon, l’intelligence doit constamment reprendre sa source dans le concret. L’aptitude de ce va et vient dépend de la différence, naturelle et éducationnelle, des Hommes.
L’éducation par Platon est synonyme de « grand détour » ou « de vaste circuit ». Elle commençait à travers des jardins d’enfants vers l’âge de sept ans pour que le corps et l’esprit soient en symbiose, continuait vers l’âge de dix ans avec les notions mathématiques et littéraires pour déboucher, vers l’âge de 18 ans, sur un entrainement militaire afin de défendre la Cité. Ensuite, dans la maturité de l’âge adulte, l’élève apprenait les sciences ainsi que les mathématiques « transcendantes », puis la dialectique et, en dernier lieu, faisait un stage dans les affaires publiques. Ce circuit dure jusqu’à 50 ans, âge minimal pour façonner un Homme disait Platon.
Platon, par sa vision cérébrocentriste5 , se voulait clairvoyant et avenant au sein d’une époque où seule la vision cardiocentriste6 trônait. Pour lui, la partie de l’âme se trouvait au niveau du cerveau puisqu’il a la capacité de donner accès aux Idées. Ainsi, il est l’un des précurseurs des neurosciences dans l’Antiquité (avec Hérophile et Galien, deux médecins grecs).
5 Théorie de Platon suivant laquelle les facultés mentales résident dans le cerveau. 6 Théorie d’Aristote suivant laquelle les facultés mentales résident dans le cœur.