Le PHaRMaCIeN DEFRANCE
PAGE 2 GARE AU PIED ! PAGE 3 ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES PAGES 4/5 ANALYSES D’ORDONNANCES
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PAGE 6 FOCUS SUR LA COMPRESSION VEINEUSE PAGE 7 « J’AI UNE PLAIE AU PIED » PAGE 8 TEST DE LECTURE
« Il me faudrait un pansement pour mon ampoule »
« Je voudrais un produit contre une verrue »
« L’amputation, c’est fréquent ? »
« Le contrôle des pieds, c’est important ? » « L’hydratation des pieds, c’est capital ? »
« Le coupeongles, je peux l’utiliser ? »
« J’ai un cor au pied »
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« Pied et diabète, c’est quoi le risque ? »
Le diabète autrement
LE PIED DU DIABÉTIQUE Utip Innovations : Code 10391400002
Form’ Utip : Code 12401400002
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Le diabète autrement
DEFRANCE
THÉRAPEUTIQUE l PHARMACOLOGIE
Gare au pied ! Vu sa situation anatomique et son rôle fonctionnel, le pied est un des organes les plus exposés aux complications du diabète.
sécheresse cutanée importante source de fissures et une atteinte des ongles. Le deuxième facteur est l’artérite oblitérante des membres inférieurs (AOMI), plus diffuse et touchant volontiers les extrémités chez le diabétique. Elle est lusieurs facteurs pathogéniques entrent associée dans 70 % des cas à la neuropathie, d’où en jeu. Le premier facteur est la neu- une absence des symptômes typiques (claudication ropathie. Survenant après 7 à 10 ans intermittente et douleur). Le diagnostic est tardif, d’un diabète mal contrôlé, elle s’exprime fait à la vue de pieds maigres, pâles avec des ongles par une atteinte des fibres nerveuses épaissis et des pouls non ou mal perçus. périphériques, préférentiellement les plus longues. Le troisième facteur est l’infection. Souvent polyElle implique une atteinte sensitive, microbienne et rapide, favorisée motrice et végétative. par le déséquilibre glycémique, Le soin des pieds x L’atteinte sensitive se traduit par peut aller jusqu’aux tissus est aussi important elle une perte de sensibilité (mécaprofonds (tendons, structures nique, thermique et chimique), que le contrôle osseuses…). C’est un des facteurs débutant au bout des orteils puis glycémique. déterminants de l’amputation. évoluant de façon bilatérale et Il faut ajouter un facteur déclensymétrique au niveau des pieds puis des jambes. chant : généralement un microtraumatisme (frotteLa sensibilité à la douleur, symptôme d’alerte, dis- ment dans la chaussure), une hygiène insuffisante, paraît progressivement, ce qui est susceptible des soins de pédicurie mal faits… d’entraîner un retard de diagnostic d’une plaie au L’ulcération cutanée la plus typique du diabétique niveau du pied. Des paresthésies nocturnes sont est le mal perforant plantaire. Le point de départ également présentes (fourmillements, engourdis- est une petite lésion plantaire (ampoule, hémasements…), généralement peu douloureuses. tome…) qui s’ouvre puis forme une ulcération dite x L’atteinte motrice se caractérise par une atrophie « à l’emporte-pièce ». des muscles interosseux du pied, provoquant un déséquilibre entre les muscles fléchisseurs et exten- TRAITEMENT seurs. D’où des déformations typiques du pied Le traitement d’une plaie du pied diabétique repose (orteils en griffe, en marteau…) pouvant aller jusqu’à sur : le retrait du facteur déclenchant (souvent la une destruction de l’architecture osseuse et une chaussure), des soins locaux (voir cas pratique no 1), hyperkératose au niveau des points d’appui anor- la décharge de la plaie (voir cas pratique no 2). maux. À cela s’ajoutent une perte de mobilité arti- De plus, le contrôle optimal de la glycémie (en culaire et des troubles de la marche dus à une ajoutant si besoin une insulinothérapie temporaire), toxicité du sucre en excès sur le collagène des le traitement de l’artérite, un apport protéique suftendons et articulations. fisant et une limitation des risques cardio-vasculaires x L’atteinte végétative implique des troubles vaso- sont indispensables. La douleur est possible et doit moteurs (œdèmes, shunt artério-veineux…), une être prise en charge le cas échéant. Puis, éventuel-
P
REPÈRES
10 000 C’est le nombre d’amputations chaque année en France consécutives à des plaies du pied diabétique.
<10 % C’est le taux de survie à 10 ans des personnes amputées.
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30
secondes
Dans le monde, un patient diabé tique est amputé de s membres inféri eurs toutes les 30 se condes (2005) .
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lement, la prescription d’orthoplasties (après amputation), orthèses plantaires ou chaussures orthopédiques viendra compléter la prévention d’une nouvelle plaie. À noter que les orthèses plantaires chez le patient diabétique bénéficient d’une meilleure prise en charge par la Sécurité sociale. CONSEILS GÉNÉRAUX (voir p. 7 pour les conseils plus ciblés)
Le soin des pieds fait partie de la vie des diabétiques, au même titre que les glycémies quotidiennes. x Rechercher toute irritation, fissuration, macération, cor, callosité, ampoule, blessure superficielle de la plante, du dos, des bords des pieds et dans les espaces entre les orteils. Si besoin, utiliser un miroir ou faire appel à un tiers. x Faire régulièrement des mouvements d’assouplissement des pieds. x Tester la sensibilité en effleurant le pied avec une boule de coton. x Tester l’artérite en pressant le gros orteil, en position couchée. Le délai de recoloration est normal s’il est inférieur à 5 secondes. x Perdre du poids si besoin. l
Risque podologique L’évaluation du risque podologique du diabétique est capitale. Elle peut être réalisée par un médecin généraliste, un diabétologue ou un pédicure-podologue. Elle comprend un examen complet des pieds, un test de la sensibilité au monofilament (en nylon, calibré pour exercer une pression de 10 g lorsqu’on le courbe) et une mesure des pouls pédieux et tibiaux. Le risque s’évalue selon 4 grades : x GRADE 0 : ni neuropathie ni artérite. Un examen de dépistage annuel est obligatoire par le médecin généraliste ou le diabétologue. x GRADE 1 : neuropathie isolée (sans artérite ni déformation). Une éducation ciblée des patients est nécessaire. L’examen est à faire à chaque consultation. x GRADE 2 : neuropathie et/ou artérite et/ou déformations. Pour ces patients, des orthèses et des chaussures adaptées peuvent être indiquées. En plus d’un examen à chaque consultation, ils bénéficient de quatre séances par an chez le pédicure-podologue intégralement remboursées (sur prescription médicale). x GRADE 3 : neuropathie avec antécédent de plaie de plus de 4 semaines ou amputation. Ces patients doivent être régulièrement suivis par un podologue (six séances par an prises en charge sur prescription), être évalués au moins une fois par an par un centre spécialisé dans les plaies du diabétique et bénéficier d’un examen à chaque consultation de diabétologie. En cas de nouvelle plaie, ils doivent être adressés au centre spécialisé de référence dans les 48 heures. À partir du grade 1, les patients doivent examiner quotidiennement leurs pieds. L’orientation vers un centre spécialisé est conseillée devant toute plaie n’évoluant pas favorablement malgré une prise en charge adaptée.
ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES
Quelle place pour le miel ? Le pouvoir antibactérien, cicatrisant et anti-inflammatoire de cette substance naturelle en fait une solution thérapeutique à part entière. Le miel est connu depuis des millénaires pour son activité antimicrobienne, cicatrisante et anti-inflammatoire dans les plaies aiguës et chroniques. Il peut être utilisé sans risque en usage local chez le diabétique et est utilisé « dans les ulcères du pied diabétique complexes et profonds », ni infectés ni ischémiques. En effet, par son pH acide faible et sa teneur en eau modérée (18 %), il maintient un environnement propice à la cicatrisation. Sa forte concentration en glucose et lévulose (80 %) permet, par effet osmotique, une élimination des débris nécrotiques de la plaie et une déshydratation des bactéries éventuelles. La présence d’une enzyme « glucoxydase » dans le miel permet, au contact de l’eau, la formation de peroxyde d’hydrogène, antibactérien. Une autre substance, le méthylglyoxal (MGO), à pouvoir bactéricide, présente un large spectre d’activité (Staphylococcus aureus, entérocoques, Pseudomonas aeruginosa…) et aucune résistance à cette molécule n’a été révélée à ce jour. Le miel ayant le spectre bactéricide connu le plus large est le miel de Manuka. Enfin, les flavonoïdes, antiradicalaires, ont une action anti-inflammatoire. Les données actuelles de la littérature incitent toutefois à rester prudent quant à l’utilisation systématique du miel dans les plaies. La base de données Cochrane, présentant une analyse des études randomisées sur ce sujet, montre la faiblesse du niveau de preuves apportées. En France, la pratique reste rare mais tend à se développer (hôpital JeanSolinhac d’Espalion, centre hospitalier Dupuytren de Limoges). Deux laboratoires français, Apotecnia (Aubagne) et Melipharm (Limoges), commercialisent respectivement les pansements Medihoney et le miel médical en tube. Des données complémentaires sont nécessaires, mais l’on peut dire que le miel représente une alternative intéressante, en particulier dans les services hospitaliers où la traque contre les infections nosocomiales est quotidienne.
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CAS
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01
Un nettoyage de plaie Marie S. Pédicure podologue 12, allée des Coquelicots 02200 Pommiers
Le 11/03/14 Madame Y, 52 ans
Sérum physiologique : 1 flacon de 500 ml Comfeel plus 12.5 x 12.5 : 1 bte de 16 Mme Y, di ab un cor sur étique, a présenté récemmen le t une ulcéra troisième orteil, ay an ti la suit reno on non infectée. Mm t entraîné uvelle la pr e S qui établie pa es cription r le médec in traitant initiale .
1) Le sérum physiologique permet le nettoyage de la plaie. Il élimine les déchets organiques, poussières et autres tout en maintenant un milieu osmotique favorable pour les cellules (le sodium est très abondant dans les liquides extracellulaires tel que le plasma sanguin). Il évite ainsi la déshydratation cellulaire. 2) Comfeel est un pansement hydrocolloïde (à base de carboxyméthylcellulose) utilisé pour les plaies faiblement à modérément exsudatives, à tous les stades de la cicatrisation. Il permet de maintenir la plaie dans un milieu humide propice à la cicatrisation et draine les exsudats (pouvoir d’absorption élevé).
COMMENTAIRE L’utilisation d’un pansement hydrocolloïde doit s’accompagner de conseils adaptés. 1) Le sérum physiologique doit être stérile pour le nettoyage de la plaie. Le flacon ne sera pas ouvert et la quantité nécessaire sera prélevée avec une seringue de gros volume. Après nettoyage, sécher le pourtour de la plaie avec une compresse. Si un antiseptique a été utilisé au préalable, rincer la plaie. 2) Le pansement doit être appliqué sur la plaie en débordant de 3 cm autour. Le pansement peut être découpé. Il ne sera changé qu’à saturation, lorsqu’une bille de gel et un décollement apparaîtront (en moyenne au bout de 2 à 7 jours). Le produit doit être jeté après utilisation. En absorbant l’exsudat, les hydrocolloïdes se transforment en gel verdâtre et malodorant. Il est donc utile de prévenir Mme Y afin qu’elle ne pense pas à une infection. Ce pansement stérile est perméable à l’air et à la vapeur d’eau, mais imperméable aux bactéries : la douche et les bains sont possibles. Il présente un quadrillage qui facilite le suivi de la cicatrisation. Il n’adhère qu’à la peau saine. Attention, il est à conserver en position horizontale et ne doit pas être exposé directement au soleil. En cas de plaie très exsudative, les hydrocolloïdes peuvent favoriser la macération de la plaie ; utiliser alors plutôt des pansements hydrofibres. l
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À SAVOIR ❚ Les hydrocolloïdes
sont contre-indiqués pour les plaies ischémiques et infectées. Dans ce dernier cas, on utilisera des pansements à base de charbon ou d’alginate, et le changement de pansement se fera tous les jours.
✖
À ÉVITER ❚ L’usage de colorants
type éosine qui gênent l’évaluation infectieuse de la plaie. ❚ L’usage prolongé d’antiseptiques, même en cas de plaie infectée, qui déséquilibre l’écosystème bactérien local utile à la cicatrisation et peut sélectionner des germes résistants. ❚ Les pommades antibiotiques, inefficaces en cas d’infection du pied diabétique.
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CAS
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La décharge de la plaie M. X est diabétiq ue et sort d’hospitali depuis 10 ans sation pour un ma perforant plant l aire.
La chaussure de Barouk est une chaussure thérapeutique à usage temporaire (CHUT), de série, permettant une décharge totale de l’avant-pied par son talon inversé (talon plus haut de 10° à l’avant) afin d’éviter toute contrainte mécanique au niveau de la plaie et de permettre une reprise rapide de la marche. Principalement utilisée dans la chirurgie de l’avant-pied, elle est utile à la cicatrisation dans le cadre de traumatismes ou affections médicales de cette zone, comme le mal perforant plantaire. La décharge de la plaie est incontournable, au risque sinon de voir s’aggraver l’ulcération qui pourrait alors atteindre l’articulation, les tendons ou les os.
Dr Line Insu 12, bd des Maraîchers 83260 La Crau
Le 10/03/14 Monsieur X, 65 ans
Chaussure de Barouk pied droit pointure 43. À porter jusqu’à cicatrisation de la plaie.
COMMENTAIRE À SAVOIR La chaussure de Barouk est le moyen le plus usité pour décharger la plaie du pied chez le diabétique. La chaussure de Barouk peut être prescrite par tout médecin, sur une ordonnance classique. Ne pas substituer la prescription. L’instabilité à la marche est possible, la prescription de béquilles, déambulateur ou encore de séances de kinésithérapie peut être nécessaire. Le patient doit être éduqué à marcher sans dérouler le pas. Poser une talonnette compensatrice sur la chaussure opposée est une solution. La chaussure doit être mise en place dans les 48 heures après la prescription et portée toute la journée, à la maison comme à l’extérieur, même la nuit pour aller aux toilettes. La durée de port de cette chaussure est d’environ un mois. La fermeture se fait par sangles autoagrippantes, le port de chaussettes est indispensable pour éviter tout traumatisme. Après cicatrisation, le chaussage doit être confortable et adapté, avec une semelle épaisse antidérapante. Les tongs, sandales, espadrilles, mules… sont à éviter. Les orteils ne doivent pas être comprimés et le talon doit être large (5 cm maximum en hauteur). L’achat des chaussures se fera en fin de journée, porter les chaussures neuves progressivement. Avoir plusieurs paires permet une alternance. Vérifier l’absence de corps étrangers et/ou plis intérieurs à l’enfilage. l
Il existe d’autres moyens de décharge de l’avant-pied : ❚ le fauteuil roulant, l’alitement, les cannes ou les béquilles ; ❚ le plâtre (ou résine) de décharge à contact total qui englobe tout le pied et remonte en dessous du genou ; toutefois celui-ci présente l’inconvénient de masquer la plaie ; ❚ le plâtre (ou résine) de décharge fenêtré au niveau de la plaie, muni de deux talonnettes de marche ; ➔ Ces trois méthodes seront réservées aux patients n’adhérant pas de façon efficace à la décharge et pour lesquels le pronostic vital du membre blessé est en jeu ; ❚ les bottes de décharge amovibles type Aircast Air Select Courte, en matériau léger mais rigide.
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FOCUS SUR
Compression veineuse et diabète : attention danger ! Vigilance lors de la délivrance de produits de compression chez les diabétiques : ils ne font pas toujours bon ménage avec les complications de la pathologie telles que les micro-, macroangiopathies ou les neuropathies.
L
es recommandations de la Haute Autorité de santé émises en décembre 2010 contreindiquent la compression médicale à partir de la classe III en cas d’artérite sévère. En cas d’artérite légère à modérée ou de neuropathie périphérique évoluée, « le rapport bénéfices/risques doit être réévalué régulièrement ». En effet, la compression veineuse comprime les artères distales, qui sont celles qui fonctionnent le mieux chez les personnes diabétiques, et qui sont détériorées en dernier lieu. Utiliser un produit de compression revient alors à « couper les vivres », stopper le retour sanguin des membres inférieurs vers le cœur. Dans ce cas, il va sans dire qu’il est encore préférable de supporter les désagréments d’une insuffisance veineuse, même sévère ! Gonfler ou mourir, il faut choisir !
Prudence donc, ne délivrer des produits de compression veineuse chez un diabétique que sur prescription médicale et en vous assurant que le risque podologique du patient a été évalué récemment. Privilégier des produits sans coutures ou finitions saillantes, avec des fibres douces et souples. Les produits « pied ouvert » sont à proscrire car source de frottements des orteils directement sur la chaussure. Il est préférable de s’orienter vers des gammes sans compression des orteils. Varisan a créé une gamme, Vadia, dédiée aux diabétiques. Elle propose des chaussettes de maintien sans couture, sans élastique, avec une fibre antibactérienne et anallergique. Le produit Vadia D offre de plus les orteils séparés. Attention toutefois à ce que ce modèle ne soit pas source de frottements supplémentaires. De manière générale, un diabétique devra être attentif à choisir des chaussettes en fibres naturelles (coton, soie ou fil d’Écosse), sans coutures ni élastiques, sans trous ni reprises. Les porter à l’envers si elles ont des coutures potentiellement gênantes ou blessantes. Elles devront être changées tous les jours. l
À RETENIR LA PLUPART DES ULCÉRATIONS DU PIED DIABÉTIQUE associent
neuropathie et artérite, et sont grandement favorisées par les déformations du pied. TOUT DIABÉTIQUE DOIT BÉNÉFICIER AU MINIMUM D’UNE ÉVALUATION ANNUELLE DE SON RISQUE PODOLOGIQUE :
examen complet des pieds, mesure de la neuropathie par le test au monofilament (voir p. 3) et vérification de l’absence d’artérite par prise des pouls pédieux et tibiaux. LE TRAITEMENT D’UNE PLAIE DU PIED DIABÉTIQUE associe
des mesures locales et générales, en particulier un contrôle optimal de la
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glycémie. La décharge de la plaie est indispensable. LE SOIN DES PIEDS FAIT PARTIE INTÉGRANTE DE LA VIE DES PERSONNES DIABÉTIQUES,
au même titre que les mesures quotidiennes de glycémie. Une éducation du patient est indispensable et le pharmacien est source de nombreux conseils. LES PRODUITS DE COMPRESSION VEINEUSE NE SONT PAS TOUJOURS COMPATIBLES AVEC
DEVANT TOUTE PLAIE AU PIED,
et plus généralement devant toute demande d’un coricide, il est impératif de poser la question « Êtes-vous diabétique ? » LA PLUPART DES « PETITS BOBOS » DU DIABÉTIQUE PEUVENT ÊTRE PRIS EN CHARGE À L’OFFICINE, sous réserve de
conseils et de surveillance active par le patient. La collaboration interprofessionnelle est fondamentale.
LA PATHOLOGIE DIABÉTIQUE.
Ne les délivrer que sur prescription médicale pour ces patients et privilégier des produits sans coutures et avec des fibres douces et naturelles.
L’UTILISATION DU MIEL DANS LES PLAIES AIGUËS ET CHRONIQUES,
y compris dans les ulcères du pied diabétique, est une pratique rare en France mais qui tend à se développer.
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Fiche Conseil
« J’ai une plaie au pied »
(et je suis diabétique : TOUJOURS poser la question) QUEL GENRE DE « PLAIE » ? (REGARDER SI NÉCESSAIRE) Cors/verrues/ durillons
x Votre risque
podologique est-il connu ? NON
OUI
x Il est
x Il est
nul
>0
PÉDICURE
x Souffrez-vous
de troubles de la vue ? De troubles de la mobilité articulaire ?
OUI
NON
PÉDICURE
Ampoule/Petite plaie peu profonde et non infectée
x Lavage à l’eau et
au savon, antiseptique pendant quelques jours. Rincer, bien sécher à l’aide d’une compresse. Pansement sec ou gras (recouvert au besoin d’Hypafix ou autre) à renouveler tous les jours. Pas de pansement hydrocolloïde en conseil qui empêche de voir l’évolution de la plaie.
x Consultation en l’absence d’évolution favorable en 3 à 4 jours.
x Kératolytique « doux »
(acide salicylique…) possible sous surveillance quotidienne. Pédicure en l’absence d’amélioration. Proscrire tout instrument tranchant et la cryothérapie.
Crevasses
Mycose
Ongle incarné PÉDICURE
Cutanée
x Crème
vitaminée (Avibon, CicaB5, Cicaléine, Bepanthen…) + Blenderm pendant 48 h. Surveillance active d’une bonne évolution.
x Soins
hydratants quotidiens jusqu’à guérison : crème hydratante le soir en insistant sur les zones hyperkératosiques, sauf entre et sous les orteils. Enlever le surplus. (Akildia, Neutrogena…)
De l’ongle
Lavage à l’eau et au savon x Antiseptique pendant quelques jours. Rincer, bien sécher à l’aide d’une compresse. Antifongique (crème + poudre) à large spectre (éconazole, fenticonazole…) pendant 4 semaines. x Ou antiseptique et terbinafine monodose.
x Consultation
médicale (généraliste, dermatologue) indispensable : prélèvement et vérification de l’intégrité de la matrice unguéale.
DERMATOLOGUE SI ABSENCE D’AMÉLIORATION.
VOS CONSEILS :
ouper les ongles avec des ciseaux à bout rond, à égalité lC
avec le bout des orteils. Arrondir les coins avec une lime en carton. Vérifier qu’aucun ongle ne peut blesser l’orteil voisin. l Laver les pieds chaque jour à l’eau tiède et au savon doux sans parfum. Bien sécher entre et sous les orteils, jamais
n En entretieuc e et humide,
e do ierre ponc lP ou la douche. après le bain toujours dans ne zo Frotter la ent sans mouvem , ns se le même t. en -vi de va-et
avec un sèche-cheveux.
l Vérifier la température de l’eau du bain avec le coude
ou un thermomètre.
l Ne pas faire de bain de pieds prolongé.
l Ne jamais marcher pieds nus. e pas utiliser de bouillotte, coussin chauffant sur lN
les pieds. Ne pas approcher trop près les pieds de la cheminée ou du radiateur.
ERRATUM Dans le cas pratique no 1 p. 4 du cahier DPC 3/3 « Questions de femmes » sur la ménopause, il fallait lire « Utrogestan 200 mg : 1 capsule du 12e au 24e jour du mois ». En effet, seul ce dosage à cette posologie est protecteur d’une hyperplasie de l’endomètre dans le cadre d’un traitement hormonal séquentiel de la ménopause.
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TEST DE LECTURE
Qu’avez-vous retenu ? (cochez les réponses exactes et validez en ligne sur www.formutip.fr ou www.utipinnovations.fr)
1
Quelles sont les caractéristiques du pied chez le diabétique ? a ❑ une sensibilité douloureuse exacerbée b ❑ des déformations (orteils en griffe, marteau) c ❑ une sécheresse cutanée importante d ❑ une hyperkératose sur des zones d’appui anormales e ❑ une circulation sanguine altérée
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Quelles sont les étapes nécessaires à un bon suivi du pied chez le diabétique ? a ❑ une évaluation annuelle de la neuropathie par un test au monofilament chez le patient diabétique sans complication b ❑ une évaluation annuelle de l’artériopathie par une mesure des pouls pédieux et tibiaux chez le patient diabétique sans complication c ❑ une consultation 4 fois/an chez le pédicure pour un patient présentant une neuropathie associée à une artérite d ❑ une consultation 4 fois/an en cas d’antécédent de plaie compliquée ou d’amputation e ❑ une éducation générale du patient sur les soins quotidiens à réaliser
3
Quelles sont les bases du traitement d’une plaie au pied chez un diabétique ? a ❑ la décharge de la plaie b ❑ des antibiotiques locaux c ❑ un contrôle optimal de la glycémie d ❑ une désinfection de la plaie jusqu’à cicatrisation e ❑ la surveillance de la circulation sanguine
4
Quelles sont les recommandations à donner à votre patient lors de la délivrance d’une chaussure de décharge, Barouk par exemple ? a ❑ le port doit être initié très rapidement b ❑ elle doit être portée uniquement à l’extérieur c ❑ le port de chaussettes est indispensable d ❑ il existe un risque d’instabilité à la marche e ❑ elle doit être portée une dizaine de jours
5
Un patient diabétique sans neuropathie ni artérite vous sollicite pour un cor au pied. Que faites-vous ? a ❑ je l’oriente chez un pédicure b ❑ je l’oriente chez un pédicure si le patient a des problèmes de vue ou de mobilité des mains c ❑ je lui conseille un kératolytique doux si je juge qu’il pourra l’appliquer correctement d ❑ je lui conseille de porter des chaussures larges e ❑ je lui recommande un coupe-cor
6
Un patient diabétique avec neuropathie et artérite débutante s’est fait une ampoule au pied, à l’arrière du talon. Quel est votre conseil ? a ❑ je l’envoie sans tarder chez son médecin b ❑ je lui conseille un pansement hydrocolloïde c ❑ je lui conseille un lavage à l’eau et au savon et un pansement gras type tulle gras d ❑ je lui préconise de consulter s’il n’y a pas d’évolution favorable dans les 3 ou 4 jours e ❑ je lui propose de repasser d’ici 3 ou 4 jours afin de voir ensemble l’aspect de l’ampoule
7
Quels sont les accessoires à ne jamais conseiller chez un diabétique ? a ❑ un coupe-ongles b ❑ une lime à ongles c ❑ des ciseaux de pédicurie d ❑ un coupe-cor e ❑ des ciseaux à bout rond Quels sont les produits à conseiller à un diabétique pour l’entretien de ses pieds ? a ❑ une crème hydratante pour pieds très secs b ❑ du talc c ❑ une pierre ponce d ❑ de la vaseline e ❑ des galets pour bain de pieds à base d’huile essentielle de lavande
8
9
Quels conseils concernant le chaussage du diabétique pourriez-vous donner ? a ❑ avoir des chaussures à semelle épaisse et antidérapante b ❑ adopter des talons larges et pas très hauts c ❑ « C’est l’été, mettez vos sandales ! » d ❑ vérifier toujours l’intérieur de la chaussure avant l’enfilage e ❑ « Mettez un pansement lorsque vous porterez vos escarpins au mariage de votre fils »
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À quoi devez-vous être vigilant lors de la délivrance de produits de compression veineuse chez un diabétique ? a ❑ s’assurer que le médecin s’est enquis d’une absence de neuropathie et d’artérite b ❑ proposer des produits sans coutures c ❑ proposer uniquement des produits en microfibres, qui sont les plus appropriés d ❑ proposer des produits à pied ouvert e ❑ ne délivrer, par précaution, que des bandes de contention qui sont plus facilement adaptables
SOURCES : HAS : « Séances de prévention des lésions des pieds chez le patient diabétique par le pédicure-podologue », juillet 2007 I HAS : guide ALD « Diabète de type 1 de l’adulte », juillet 2007 I www.lesentretiens debichat.com I www.adiammo.org – Dr Dupré : « Protocole de soins des plaies du pied diabétique amputé ou non » I www.cochrane.fr I www.minerva-ebm.be I www.alfediam.org I www.adiph.org I www.ameli.fr : « La prévention des lésions des pieds chez le patient diabétique » I SFFPC : « Prévention des plaies du pied chez le diabétique » I www.diabete.qc.ca : le soin des pieds I « Le miel et la cicatrisation des plaies », Dr David Lechaux, hôpital de Saint-Brieuc.
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En partenariat avec :
DPC à la page I Supplément au Pharmacien de France no 1261 I DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Garnier I DIRECTRICE DE LA RÉDACTION : Jocelyne Wittevrongel I RÉDACTEUREN CHEF : Laurent Simon I RÉDACTRICE : Élise Brunet I SECRÉTAIRE DE RÉDACTION : Joséphine Volat I COMITÉ SCIENTIFIQUE : Françoise Brion (pharmacienne hospitalière, ER) // Marie-Hélène Picard (pédicure-podologue, ES) // Hugo Meas, Françoise Amouroux, Alexandra Gaertner, Valérie Garnier (pharmaciens, EO). ER : Expert référent / ES : Expert scientifique / EO : Expert officinal I CRÉATION ET RÉALISATION : Rampazzo & Associés I IMPRESSION : Lescure Théol 27120 Douains