Le PHaRMaCIeN DEFRANCE
PAGE 2 L’ÉQUILIBRE EN MOUVEMENT PAGE 3 LA SCIENCE PROGRESSE ! PAGES 4/5 ANALYSES D’ORDONNANCES
DPC à la page
PAGE 6 REDOUTABLES HYPOGLYCÉMIES PAGE 7 « JE SUIS FATIGUÉ AUJOURD’HUI » PAGE 8 TEST DE LECTURE
« Je dois être à jeun pour un examen »
« Ma cétonurie est positive »
« Mon diabète me fatigue » « J’ai des vomissements »
« J’ai des sueurs et des palpitations »
« Je bois beaucoup aujourd’hui »
« Je pars en vacances »
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« J’ai une compétition ce week-end »
Le diabète autrement
LES SITUATIONS À RISQUE Utip Innovations : Code 10391400002
Form’ Utip : Code 12401400002
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Le diabète autrement
DEFRANCE
THÉRAPEUTIQUE l PHARMACOLOGIE
L’équilibre en mouvement Les situations de la vie courante menant à un déséquilibre glycémique chez un diabétique ne manquent pas. Le patient doit savoir les repérer et les gérer.
MON PATIENT EST INSULINO-DÉPENDANT ET…
x Il part en voyage • En cas de voyage en voiture, vérifier la glycémie au départ, puis toutes les 2 heures. Baisser de 2 unités les doses des insulines agissant pendant es symptômes en cas de déséquilibre glyle voyage afin de limiter le risque hypoglycémique. cémique sont généralement assez mar- • En cas de voyage en avion, les décalages horaires qués : mictions fréquentes et abondantes, supérieurs à 3 heures posent problème. Ne régler soif intense, fatigue prolongée sont les sa montre qu’à l’arrivée. signes d’une hyperglycémie importante. Si le patient est uniquement sous insuline rapide, À l’inverse, des vertiges, des troubles de la vue, des continuer à faire les injections quel que soit le sueurs, des tremblements, une fatigue soudaine, nombre de repas le jour du voyage. une sensation de faim, une pâleur et une accéléra- Si le patient prend de l’insuline lente : tion du cœur traduisent une hypoglycémie. • – pour un voyage d’est en ouest, ajouter une injecLa surveillance de l’équilibre glycémique se fait par tion d’insuline rapide le jour du départ car la la mesure de la glycémie capillaire ainsi que de la journée est plus longue ; glycosurie et de la cétonurie grâce aux bandelettes • – pour un voyage d’ouest en est, la journée est urinaires. Outre une glycémie élevée, une glycosu- plus courte : la première injection d’insuline lente rie peut aussi signer une hyperglyau moment du départ sera remplacémie. La cétonurie est plus Vacances ou cée par une injection d’insuline complexe à interpréter : sa pré- troubles digestifs rapide. sence évoque une impossibilité pour les cellules d’assimiler le glu- déséquilibrent x Il doit rester à jeun pour un cose, ces dernières utilisent les la glycémie. examen médical acides gras comme « carburant de • Pour une prise de sang, programsecours ». Lors de leur métabolisme, des corps mer l’examen tôt, décaler l’heure du premier repas cétoniques, acides, sont libérés et confèrent au et du traitement. patient une haleine caractéristique à l’odeur de • Sous réserve que l’examen soit programmé suf« pomme verte ». fisamment tôt pour avoir un déjeuner complet, La cétonurie est positive dans deux cas : décaler à midi le premier repas et la première injec– transitoirement à jeun, par exemple au réveil ; elle tion d’insuline. Sinon, une perfusion de sérum est alors physiologique et sans conséquence ; glucosé sera posée et les injections d’insuline se – de façon prolongée en cas d’hyperglycémie sévère feront normalement. et durable, signe d’une carence en insuline ; le risque est l’acidocétose, pouvant aller jusqu’au coma x Il va faire du sport hyperosmolaire. Une activité physique est habituellement hypoglyLes traitements de l’hyperglycémie sont abordés cémiante, mais en cas d’activité intense, l’adrénadans les cas pratiques nos 1 et 2 (pages 4 et 5). L’hy- line et la noradrénaline libérées provoquent une poglycémie est examinée dans le « Focus » (page 6). hyperglycémie. Les situations « à risque » pour le diabétique sont • Faire une glycémie avant l’effort : elle doit être nombreuses, principalement pour le type 1, qui ne comprise entre 130 et 200 mg/dl. En dessous, dispose pas d’insuline endogène. prendre une collation supplémentaire. Au-dessus,
L
REPÈRES
180 mg/dl Seuil à partir duquel on définit l’hyperglycémie
60 mg/dl Seuil en-dessous duquel on parle d’hypoglycémie
2 I DPC Le diabète autrement n 3 I Juillet-Août 2014 o
17 835 C’est le nombre de séjours hospitaliers enregistrés en France en 2012 pour hypoglycémie sévère.
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le sport est déconseillé car il risque d’aggraver le déséquilibre glycémique ; conseiller également de contrôler la glycémie après l’effort. • S’échauffer avant l’exercice (5 à 10 minutes) et terminer par une récupération active. • Boire suffisamment. • Toujours avoir 3 sucres sur soi. • Ne pas faire de sport seul. • En cas d’injection d’insuline, privilégier une zone peu soumise à l’activité musculaire pratiquée. L’adaptation des doses n’est pas nécessaire pour des efforts de moins de 20 minutes, même intenses, sauf si l’activité a lieu à distance de la dernière injection d’insuline rapide, par exemple en fin d’après-midi. Cette modulation doit être associée à une prise de glucides régulière pendant l’effort pour compenser la consommation musculaire de glucose. Une activité physique intense ne nécessitera qu’une faible diminution de la dose d’insuline habituelle, compte tenu de l’hyperglycémie qu’elle provoque. Après l’exercice physique, la priorité est de reconstituer le stock hépatique de glucose car l’insuline va alors capter une grande quantité de glucose sanguin, ce qui majore le risque d’hypoglycémie. La dose d’insuline après l’effort peut être diminuée de 2 unités.
x Il a la diarrhée/des nausées/des vomissements • Renforcer le contrôle glycémique et urinaire. • Penser à s’hydrater. En cas de vomissements importants, l’hospitalisation est nécessaire. • Penser surtout à maintenir l’apport en glucides afin d’éviter l’apparition de corps cétoniques : boissons sucrées, yaourts et compotes sucrés… • Il est fondamental de maintenir les injections d’insuline lente. Les doses d’insuline rapide seront à adapter en fonction des glycémies capillaires.
VOTRE PATIENT EST SOUS ANTIDIABÉTIQUE ORAL ET… x Il doit rester à jeun pour un examen médical
• Pour une prise de sang, programmer l’examen tôt, décaler l’heure du premier repas et du traitement. • Si l’examen médical a lieu dans la matinée, ne prendre le traitement que lors du premier repas autorisé dans la journée. x Il a la diarrhée/des nausées/des vomissements
Pour les règles hygiéno-diététiques, reprendre les conseils s’appliquant aux patients sous insuline. • Ne pas prendre les comprimés antidiabétiques sans « vrai repas ». Le traitement ne doit pas être interrompu, joindre le diabétologue ou le médecin pour rééquilibrer le traitement. l
ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES
La science progresse ! L’axe principal des innovations thérapeutiques repose sur le remplacement des cellules bêta déficientes. En matière de recherche, la première piste est la greffe de pancréas ou d’îlots de Langerhans. Elle fonctionne mais est limitée en pratique par le faible nombre de greffons disponibles et la prise d’immunosuppresseurs à vie. Les autres voies ne sont pas encore abouties. La seconde consisterait à « booster » la production de cellules bêta. Celles-ci augmentent naturellement chez la personne obèse et chez la femme enceinte. Reste à trouver les stimulants appropriés. La troisième est de jouer sur la différenciation des cellules bêta, par le biais de différents mécanismes : x inciter les précurseurs des cellules bêta dans le pancréas à se différencier en cellules bêta, soit directement in vivo, soit in vitro pour ensuite les réimplanter chez le patient ; x pousser les cellules alpha pancréatiques à se différencier en cellules bêta. Les deux types cellulaires ont la même origine embryonnaire. Des résultats existent chez l’animal mais cela n’est pas encore le cas chez l’homme ; x utiliser des cellules souches pluripotentes provenant d’embryons surnuméraires issus de fécondations in vitro pour les différencier en cellules bêta par manipulation génétique. Cette pratique se heurte à des questions éthiques,
au manque de cellules souches et à la prise d’un traitement antirejet à vie ; x utiliser des cellules souches pluripotentes induites (CSPi), en prélevant des cellules du patient (par exemple, des fibroblastes de la peau), à les faire retourner à leur état embryonnaire avant de les redifférencier en cellules bêta. D’après le professeur Pascal Ferré, de l’université Pierreet-Marie-Curie à Paris, « ces thérapies aboutiront sans doute dans dix à vingt ans ». La quatrième piste consiste à créer des lignées de cellules bêta humaines se multipliant à l’infini. Toutefois, le risque de tumeur est trop grand pour les injecter en l’état ; l’idée serait donc de les encapsuler dans des membranes spécialisées. Le dernier axe repose sur la démocratisation d’un système régulé d’administration d’insuline dans lequel le débit d’une pompe est réglé par le niveau du glucose mesuré en continu par un capteur. Des capteurs capables d’une telle mesure dans le tissu sous-cutané sont, grâce aux progrès des dix dernières années, d’ores et déjà sur le marché. De nombreux programmes visent à développer les algorithmes reliant la mesure au débit d’une pompe. Cette solution est désormais à portée de main. La demande de prise en charge est en cours.
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CAS
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ANALYSE
Une hyperglycémie avec cétonurie Dr Alain Verse 18, rue des Canotiers 32000 Auch
Le 14/04/2014 Mlle Lydia Baytte (21 ans – 57 kg)
Propranolol 40 mg : 1 cp 1 heure avant chaque épreuve Diabétiqu e de ses examen type 1, Mlle B. est stressée pa s. r sucrées. Ce Elle a des palpitat ions s franche av dernières ont provoq et des pulsions ec cétonurie ué une hype , qui motiv rglycémie e sa visite à l’officine.
Le propranolol (Avlocardyl) est un bêtabloquant non cardiosélectif, qui n’agit donc pas seulement au niveau des récepteurs bêta-1 cardiaques (cardiostimulants). Il est aussi antagoniste des récepteurs bêta-2 de l’ensemble de l’organisme. Leur blocage entraîne notamment une inhibition de la libération de glucose en réserve par le foie, déclenchée par les hormones du stress (adrénaline, noradrénaline) en cas d’hypoglycémie, et empêche également la sollicitation des réserves musculaires de glucose. Il est ici ponctuellement prescrit à Mlle Lydia Baytte, afin de permettre une meilleure régulation de son stress pendant sa période d’examen et de réguler son rythme cardiaque.
COMMENTAIRE Un suivi pas à pas de la prise de propranolol chez cette patiente diabétique de type 1 est indispensable. 1) La prescription de propranolol chez Mlle Baytte est risquée. En présence de ce bêtabloquant, l’adrénaline et la noradrénaline libérées en cas de stress ne pourront pas exercer leurs effets. Ainsi les symptômes d’alerte adrénergiques apparaissant en cas d’hypoglycémie (sueurs, tachycardie, palpitations) seront absents, d’où une possible aggravation de l’hypoglycémie existante. En outre, comme mentionné ci-dessus, ce bêtabloquant empêche la correction naturelle d’une éventuelle hypoglycémie. 2) Mlle Baytte doit impérativement prendre en charge son hyperglycémie avec cétonurie : x boire abondamment de l’eau ou des bouillons ; x pratiquer une injection d’insuline rapide, selon les consignes de son médecin, en général 5 à 10 % de la dose totale de la journée, à répéter toutes les trois heures tant que la cétonurie est positive. Appeler l’hôpital si plus de deux injections sont nécessaires ; x maintenir absolument son alimentation ; consommer des glucides rapides (boisson sucrée, compote sucrée…) après chaque injection d’insuline rapide afin de pallier le risque hypoglycémique qui potentialiserait la cétose. l
4 I DPC Le diabète autrement n 3 I Juillet-Août 2014 o
À SAVOIR ❚ Face à une
hyperglycémie franche avec cétonurie positive, l’apport d’insuline est indispensable afin de contrer la cétose. Sinon, l’acidose non contrôlée se traduit par une accélération du rythme respiratoire avec essoufflement. L’hospitalisation s’impose alors. ❚ Les contrôles glycémiques et urinaires doivent être répétés toutes les trois heures jusqu’à normalisation de la glycémie.
✖
À ÉVITER ❚ Le stress, qui
est susceptible de faire monter la glycémie. ❚ L’absence d’insuline rapide à disposition pour Mlle Lydia Baitte : dans ce cas, l’hospitalisation est nécessaire car la cétonurie est un facteur de gravité.
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ANALYSE
Une hyperglycémie sans cétonurie 1) Izilox est à base de moxifloxacine, antibiotique bactéricide à large spectre. Du fait de son allergie aux bêtalactamines, le médecin prescrit à M. Docrino une fluoroquinolone. La moxifloxacine et, plus généralement les fluoroquinolones, est grande pourvoyeuse de dysglycémies chez les diabétiques, en particulier chez ceux prenant des sulfamides hypoglycémiants (ce qui est le cas de M. Laurent Doctrino qui est sous glimépiride). Le mécanisme est encore mal connu. 2) Le Solupred, ayant pour principe actif la prednisolone, est un glucocorticoïde synthétique. Son action anti-inflammatoire est utilisée pour traiter de façon symptomatique la sinusite de M. Laurent Docrino. Parmi ses effets secondaires, il faut signaler ici son fort pouvoir hyperglycémiant.
) à 3 mg. e (Amarel glimépirid pour une sinusite du d en pr . ique M. D. us antibiot lactamines Il est mis so t allergique aux bêta cétonurie. ns es sa ’il ie qu m lycé alors une hyperg Il présente
Dr Alain Verse 18, rue des Canotiers 32000 Auch
Le 14/04/2014 M. Laurent Docrino (54 ans – 90 kg)
1) Izilox 400 mg : 1/jour – 7 jours 2) Solupred 20 mg : 2 cps le matin en une prise – 3 jours
COMMENTAIRE À SAVOIR ❚ Une infection
L’infection et le traitement mettent la glycémie de ce patient à rude épreuve. 1) Ce contexte (médicaments dysglycémiants et infection hyperglycémiante) est favorable à un déséquilibre glycémique : M. Docrino devra surveiller sa glycémie matin, midi et soir. Il est souhaitable qu’il dispose d’insuline rapide, à s’injecter sur conseil de son diabétologue ou de son médecin. 2) M. Docrino doit impérativement prendre en charge son hyperglycémie, au risque de voir apparaître l’acidocétose. Sans cétonurie, la situation est moins préoccupante et laisse plus de latitude pour la prise en charge : ❚ boire abondamment de l’eau ou des bouillons ; ❚ si M. Docrino dispose d’insuline rapide, suivre le protocole cité dans le cas pratique no 1 (sans oublier le maintien de l’alimentation et des sucres rapides après les injections) ; ❚ si M. Docrino ne dispose pas d’insuline rapide et qu’il se sent bien, il devra suivre scrupuleusement son traitement, la diététique et l’exercice physique dans les heures et jours qui suivent. La dose de glimépiride pourra être augmentée temporairement sur avis médical ; ❚ si M. Docrino ne peut pas s’injecter d’insuline rapide et qu’il ne se sent pas bien, l’hospitalisation s’impose. La glycémie, la glycosurie et la cétonurie seront surveillées toutes les trois heures jusqu’à normalisation. l
déséquilibre le diabète, et un diabète mal équilibré aggrave une infection. ❚ Le renouvellement d’un antidiabétique oral est une bonne occasion de discuter avec le patient de son dernier dosage d’hémoglobine glyquée. ❚ Le patient doit disposer d’un lecteur de glycémie et de bandelettes urinaires (Ketodiabur, Keto-diastix). Dans le cas contraire, les paramètres devront être contrôlés au laboratoire d’analyses.
✖
À ÉVITER ❚ La prise de
médicaments à base de cortisone, même par infiltration, qui risque de déséquilibrer le diabète durant le mois suivant la dernière prise. Renforcer le contrôle glycémique pendant toute cette période.
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FOCUS SUR
Redoutables hypoglycémies C’est l’effet le plus craint des patients sous insuline ou sous insulinosécréteurs (sulfamides hypoglycémiants et répaglinide). Potentiellement dangereuses, elles représentent aussi une gêne au quotidien.
D
es hypoglycémies répétées désensibilisent le cerveau : les signes annonciateurs ne sont plus perçus que pour une glycémie égale ou inférieure à 50 mg/dl, on parle d’« hypoglycémie non ressentie ». Le risque de coma est alors plus élevé. Au contraire, les symptômes nocturnes d’une hypoglycémie sont généralement assez puissants pour réveiller le patient. Enfin, en cas de perte de connaissance, les hormones du stress permettront une remontée de la glycémie jusqu’à reprise de la conscience. Voici quelques conseils pour faire face à toutes les situations d’hypoglycémie : x Si le patient est conscient : avaler 3 morceaux de sucre – à avoir toujours sur soi – ou du jus de fruits, cola, pâte de fruit, une cuillerée à café de miel. Manger ensuite un morceau de pain ou des gâteaux secs. Ne pas laisser le patient seul et refaire une glycémie 20 minutes après. x Si le patient est en « hypoglycémie non ressentie » au moment de la mesure : à l’heure du repas, com-
mencer par un glucide (féculent, pain…). Diminuer la dose d’insuline rapide ou de comprimé hypoglycémiant lors de ce repas. Sinon, « se resucrer » avec des glucides à action plus lente (fruit, chocolat…) pour éviter une hypoglycémie réactionnelle sévère. Refaire une glycémie 20 minutes après. x Si le patient est inconscient : l’entourage doit injecter en sous-cutané une ampoule de glucagon (Glucagenkit). La reprise de conscience doit se faire en 10 à 15 minutes, sinon pratiquer une nouvelle injection. Dès que le patient est réveillé, lui faire absorber des sucres rapides et lents. Ne pas laisser le patient seul et refaire une glycémie 20 minutes après. Ce dernier conseil ne concerne que les patients traités par insuline ! Une injection de glucagon chez un patient sous insulinosécréteur risque de déclencher une hypersécrétion d’insuline. L’injection de glucagon peut être réalisée à l’officine. N’ayez crainte : hors contre-indications, une injection de glucagon n’est jamais dangereuse. Mesurez au préalable la glycémie capillaire et, en cas de coma hypoglycémique confirmé, faites-vous assister au téléphone par le Samu pour procéder à l’injection. Glucagenkit étant à reconstituer, les produits périmés peuvent servir pour s’entraîner. l
À RETENIR L’HYPOGLYCÉMIE, DÉFINIE EN
LES SITUATIONS À RISQUE POUR
LA PRISE EN CHARGE D’UNE
DESSOUS D’UNE GLYCÉMIE DE
LE DIABÉTIQUE, PRINCIPA-
HYPOGLYCÉMIE REPOSE SUR
60 MG/DL, EST FRÉQUENTE CHEZ
LEMENT DE TYPE 1, SONT
L’APPORT DE 15 G DE SUCRES
LE PATIENT DIABÉTIQUE et peut
NOMBREUSES : voyage,
RAPIDES PER OS SI LE PATIENT
représenter une gêne dans la vie quotidienne. Elle peut mener au coma si elle n’est pas traitée.
examen médical, sport, infection, troubles digestifs…
EST CONSCIENT OU D’UNE GLUCAGON SI LE PATIENT EST
LA PRISE EN CHARGE D’UNE
INCONSCIENT ET SOUS INSULINE.
HYPERGLYCÉMIE DIFFÈRE
Absorber ensuite des sucres rapides et lents pour consolider la correction glycémique. Refaire une glycémie 20 minutes après.
L’HYPERGLYCÉMIE (GLYCÉMIE >
SELON LA CÉTONURIE.
180 MG/DL) ENTRAÎNE DES
Si cette dernière est positive, l’injection d’insuline rapide est indispensable. Si elle est négative, la prise en charge peut être faite avec une plus grande latitude. Dans tous les cas, il est nécessaire de s’hydrater et de maintenir un apport en glucides. Les contrôles glycémiques et urinaires doivent être renouvelés toutes les 3 heures.
COMPLICATIONS AU LONG COURS. À court terme, les
corps cétoniques libérés lors d’une hyperglycémie sévère et prolongée, détectables à la bandelette urinaire, peuvent mener – le plus souvent dans le diabète de type 1 –, à l’acidocétose, ce qui nécessite une prise en charge rapide.
6 I DPC Le diabète autrement n 3 I Juillet-Août 2014 o
INJECTION SOUS-CUTANÉE DE
LA FATIGUE CHEZ UN DIABÉTIQUE PEUT ÊTRE LE SIGNE D’UNE HYPOOU D’UNE HYPERGLYCÉMIE.
Faire le point avec lui sur son alimentation, son traitement, son activité physique et son état général afin d’en cerner plus précisément la cause.
DPC à la page
Fiche Conseil
« Je suis fatigué aujourd’hui » (et je suis diabétique) DEPUIS QUAND ?
Quelques minutes, c’est une fatigue soudaine
Quelques heures, quelques jours, c’est une fatigue durable
L’hypoglycémie est une cause possible
L’hyperglycémie est une cause possible
Faire une glycémie capillaire, même en l’absence de signes associés
Faire une glycémie capillaire
GLYCÉMIE < 60 MG/DL
GLYCÉMIE > 60 MG/DL
GLYCÉMIE < 180 MG/DL
GLYCÉMIE > 180 MG/DL
Rechercher les causes possibles : x Prise plus importante que celle prescrite du traitement antidiabétique. x Pas d’adaptation de traitement et : l repas moins important que prévu ; l prise d’alcool ; l activité physique plus importante/ effort imprévu. x Prise de médicaments hypoglycémiants (voir la liste dans le cahier no 1).
Refaire une glycémie capillaire 20 minutes après.
Rechercher une autre cause (surcroît de travail, nuits trop courtes ou de mauvaise qualité, convalescence…) et consultation si persistance des signes.
Rechercher les causes possibles : x Prise moins importante que celle prescrite/ oubli du traitement antidiabétique. x Pas d’adaptation de traitement et : l repas plus important que prévu ; l activité physique moins importante. x Prise de médicaments hyperglycémiants (voir la liste dans le cahier no 1). x Infection, fièvre. x Stress.
Si la glycémie est toujours > 60 mg/dl, rechercher une autre cause (chute tensionnelle…). Consultation si persistance des signes.
Gestion de l’hypoglycémie : voir « Focus » p. 6.
E BONNE CONSEILS POUR UN CÉMIQUE : yez-les PRISE DE MESURE GLY ude savonneuse et essu
Gestion de l’hyperglycémie : voir cas pratiques nos 1 et 2.
ns à l’eau cha infectante, z ni alcool, ni lotion dés soigneusement ; n’utilise de crème résultat. Ne mettez pas le ser faus de ient qui risquera ure. mes la nt ava e just ns pour les mai le doigt de la paume ulation, massez-vous l Afin d’activer la circ . uez la main vers le bas seco ou ité rém l’ext de main vers aisseur de la peau ent en fonction de l’ép èvem prél de eur ond l Réglez la prof e. émi glyc de eur nécessaire au lect s et du volume de sang niveau de la pulpe (plu sur les côtés et non au tion des points l Piquez les doigts et l’index. Faites une rota ce pou le ez Évit te/ e). douloureus t, d’une part, main droi callosités en alternan de piqûre pour éviter les ts. doig des part, chaque côté ait du main gauche et, d’autre ement le doigt : cela extr ne pressez pas trop fort tte de sang bien gou l Après avoir piqué, Une g. san de dilue l’échantillon coule. liquide lymphatique et llon si le sang s’étale ou ne pas utiliser l’échanti ronde est nécessaire, . ette à chaque test l’avant-bras l Changez de lanc t se faire également sur NB : le prélèvement peu de veines ue ourv dép , rnue cha (sur une zone souple et n ou sur la paume de mai apparentes et de poils) sans t doigt, dans une zone (sous le pouce ou le peti es profondes). veines apparentes ni lign
l Lavez-vous les mai
En profiter pour : x discuter avec le patient de son dernier résultat d’hémoglobine glyquée (la valeur cible est généralement de 7 %) ; x si nécessaire, réexpliquer le risque de complications liées à des hyperglycémies répétées : rétinopathie, néphropathie, neuropathie, risque vasculaire (artérite oblitérante des membres inférieurs, insuffisance coronaire, accident vasculaire cérébral ischémique), risque infectieux augmenté…
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TEST DE LECTURE
Qu’avez-vous retenu ? (cochez la ou les réponses exactes et validez en ligne sur www.formutip.fr ou www.utipinnovations.fr)
1
Votre patient sous insulines lente et rapide se rend aux États-Unis. Que pouvez-vous lui conseiller en lien avec le décalage horaire ? a ❑ Ajouter une injection d’insuline rapide le jour du voyage b ❑ Retirer une injection d’insuline rapide le jour du voyage c ❑ Arrêter son insuline lente la veille du départ d ❑ Ne pas s’injecter l’insuline rapide le jour du départ e ❑ Ne pas modifier son traitement
2
Votre patient diabétique sous insuline a une gastro-entérite. Que lui conseillez-vous ? a ❑ De renforcer son contrôle glycémique et urinaire b ❑ De bien s’hydrater c ❑ D’arrêter temporairement son traitement d ❑ De conserver des apports alimentaires sucrés e ❑ De maintenir a minima les injections d’insuline lente
3
Votre patient diabétique sous insuline participe à un événement sportif. Que lui conseillez-vous ? a ❑ De contrôler sa glycémie avant et après l’effort b ❑ De s’échauffer avant l’effort c ❑ De prendre systématiquement une collation sucrée avant l’effort d ❑ De ne faire du sport que si sa glycémie est comprise entre 130 et 200 mg/dl e ❑ De ne pas participer à l’événement
4
Quels sont les symptômes évocateurs d’une hypoglycémie ? a ❑ Tachycardie b ❑ Soif intense c ❑ Sueurs d ❑ Urines abondantes et fréquentes e ❑ Faim importante
5
Quels sont les symptômes évocateurs d’une hyperglycémie ? a ❑ Soif intense b ❑ Pâleur c ❑ Vertiges d ❑ Tremblements e ❑ Urines abondantes et fréquentes
6
Quelles sont les modalités de prise en charge d’une hyperglycémie avec cétonurie ? a ❑ S’injecter obligatoirement de l’insuline rapide, toutes les 3 heures jusqu’à normalisation
b ❑ Bien s’hydrater c ❑ Arrêter de s’alimenter jusqu’à normalisation d ❑ Maintenir son traitement habituel e ❑ Stopper temporairement tous les apports en sucres
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Quelles sont les modalités de prise en charge d’une hyperglycémie sans cétonurie ? a ❑ Boire abondamment (eau et bouillons) b ❑ Arrêter de s’alimenter jusqu’à normalisation c ❑ S’injecter obligatoirement de l’insuline rapide, toutes les 2 heures jusqu’à normalisation d ❑ Stopper temporairement tous les apports en sucres e ❑ Respecter le traitement, la diététique et l’exercice physique peut suffire si le patient se sent bien
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Quelles sont les modalités de prise en charge d’une hypoglycémie ? a ❑ Faire avaler 15 g de sucre per os au patient conscient b ❑ Injecter immédiatement du glucagon au patient inconscient sous insuline c ❑ Injecter immédiatement du glucagon au patient inconscient sous insulinosécréteur d ❑ Prendre des sucres lents après correction glycémique e ❑ Refaire une glycémie 20 minutes après la correction
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Votre patient est visiblement en hypoglycémie. Quels sont les éléments pouvant venir étayer votre supposition ? a ❑ Une prise plus importante de médicaments hypoglycémiants b ❑ Le patient se sent fébrile c ❑ Une activité physique, modérée, plus importante que prévue d ❑ Un repas plus important que d’habitude e ❑ La prise d’alcool
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Votre patient est visiblement en hyperglycémie. Quels sont les éléments pouvant venir étayer votre supposition ? a ❑ L’oubli d’une dose de médicament hypoglycémiant b ❑ Un repas plus important que d’habitude c ❑ Un effort imprévu d ❑ Le patient traverse une période stressante e ❑ Le patient a eu récemment une infiltration de corticoïde
SOURCES : www.hegp.fr/diabeto I www.alfediam.org I www.medscape.fr I www.evidal.fr I Société francophone du diabète : congrès annuel 2014 I Le Diabète : support de Véronique Segria et Catherine Derache I Vidal Recos I Conseils à l’officine de Jean-Paul Belon (Masson).
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En partenariat avec :
DPC à la page I Supplément au Pharmacien de France no 1262 I DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Garnier I DIRECTRICE DE LA RÉDACTION : Jocelyne Wittevrongel I RÉDACTEUR EN CHEF : Laurent Simon I RÉDACTRICE : Élise Brunet I SECRÉTAIRE DE RÉDACTION : Joséphine Volat I COMITÉ SCIENTIFIQUE : Françoise Brion (pharmacienne hospitalière, ER) // Gérard Reach, endocrinologue ; André Gicquel, médecin généraliste (ES) // Hugo Meas, Françoise Amouroux, Alexandra Gaertner, Valérie Garnier, pharmaciens (EO). ER : Expert référent / ES : Expert scientifique / EO : Expert officinal I CRÉATION ET RÉALISATION : Rampazzo & Associés I IMPRESSION : Lescure Théol 27120 Douains