L’INTERVIEW
« Les fautifs seront sanctionnés » Carine Wolf-Thal, Ordre des pharmaciens
Le PHaRMaCIeN www.lepharmaciendefrance.fr
L’arme fatale anti-VHC
La livraison met les gaz
Des crèmes qui gagnent au change
ENQUÊTE P. 28
INFLUENCES P. 42
BANC D’ESSAI P. 52
DEFRANCE No 1297 FÉVRIER 2018
Le PHaRMaCIeN DEFRANCE
L’Éditorial
Le PHaRMaCIeN DEFRANCE
Priorité prévention
Philippe Gaertner
© MIGUEL MEDINA
Président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France
No 1297 I 59e année I 07/02/18 ISSN 0031-6938 I CPPAP : 0222 T 81323 www.lepharmaciendefrance.fr LE PHARMACIEN DE FRANCE 13, rue Ballu, 75311 Paris Cedex 09 Tél. : 01 42 81 15 96 Télécopie : 01 42 81 96 61 DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Garnier DIRECTEUR DE LA RÉDACTION : David Pérard RÉDACTEUR EN CHEF : Laurent Simon (lsimon@lepharmaciendefrance.fr) RÉDACTRICE EN CHEF ADJOINTE : Anne-Laure Mercier (almercier@lepharmaciendefrance.fr) RÉDACTEURS : Claire Frangi (cfrangi@lepharmaciendefrance.fr) Benoît Thelliez (bthelliez@lepharmaciendefrance.fr) SECRÉTAIRE DE RÉDACTION : Joséphine Volat (jvolat@lepharmaciendefrance.fr) ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO : Alexandra Chopard I Anaïs Jeanne I Anne-Gaëlle Moulun CRÉATION ET RÉALISATION : Rampazzo & Associés www.rampazzo.com - blog.rampazzo.com CORRECTION : Francys Gramet IMPRESSION : Lescure Théol 27120 Douains ILLUSTRATIONS : Dessins : Martin Vidberg DIRECTEUR COMMERCIAL ET RESPONSABLE DE LA PUBLICITÉ : Christophe Bentz (cbentz@lepharmaciendefrance.fr) Tél. : 01 42 81 56 85 Fax : 01 42 81 96 61
L
a vaccination à l’offi- L’intérêt de santé publique doit primer sur toutes cine est d’ores et les autres considérations : en vaccinant des d é j à u n s u c c è s personnes bien portantes dans l’entourage des populaire. J’en veux patients fragiles, ce sont ces mêmes patients pour preuve les que nous protégerons. Comprenez-moi bien, patients qui sont venus à mon comptoir et à nous ne voulons nous substituer à aucun procelui de nombreux confrères dans tout l’Hexa- fessionnel de santé quel qu’il soit mais bien gone pour pouvoir bénéficier de l’injection du travailler en synergie avec eux. Cet élargissevaccin antigrippal directement à leur officine, ment de la cible le permettra à coup sûr ; je me malgré le fait que l’expérimentation n’a lieu tourne aujourd’hui vers notre ministre, Agnès pour l’instant que dans Buzyn, pour qu’elle nous « Madame la deux régions, pour mémoire témoigne sa confiance, elle Auvergne-Rhône-Alpes et qui a pour objectif, au sein ministre, confiezNouvelle-Aquitaine. Vous de la stratégie nationale de nous les rappels me voyez venir : je précise santé, de renforcer la provaccinaux chez « pour l’instant » parce que tection vaccinale de la les pharmaciens ne vont pas population. Voilà pour la l’adulte. » en rester là. Devant l’indupremière étape. bitable succès de cette première phase, il est La seconde est encore plus ambitieuse et permaintenant impératif de passer à la vitesse mettra à la profession de devenir incontournable supérieure, voire à deux vitesses au-dessus. dans la relation – parfois contrariée – qu’ont les Je m’explique : nous demandons l’extension de Français avec les vaccins : madame la ministre, l’expérimentation, et ce dès la prochaine saison confiez aux pharmaciens les rappels vaccinaux vaccinale, à deux régions supplémentaires, chez l’adulte. J’avais déjà formulé cette propocomme le prévoient déjà les textes. Nous sition par le passé, je la réitère aujourd’hui. demandons aussi à ce que les pharmaciens Passé l’enfance, qui d’entre nous se rappelle puissent vacciner tous les patients qui auraient vraiment s’il est à jour de ses vaccins ? Pas grand déjà eu une injection antigrippale, sans néces- monde, à n’en pas douter. Ce service d’intérêt sairement se limiter aux porteurs de « bons public, nous souhaitons dorénavant le rendre bleus » de l’Assurance maladie. aux Français. Nous allons travailler en ce sens.
ABONNEMENTS : Tél. : 01 42 81 15 96 Abonnement d’un an France-Corse (TTC) : 95 € I Guyane : 93,05 € I Guadeloupe, Martinique, Réunion : 94,03 € I Étranger : 160 € I Achat au numéro : 15 € I Étudiants et retraités : 75 € I Certificat d’inscription à la Commission paritaire de la presse : no 0222 T 81323 ORGANE D’INFORMATIONS SCIENTIFIQUES ET PROFESSIONNELLES PHARMACEUTIQUES Le Pharmacien de France est édité par la SARL « Le Pharmacien de France ». Siège : 13, rue Ballu, 75311 Paris Cedex 09. Durée 99 ans à compter de 1977 Capital : 93 000 euros I Cogérants : Éric Garnier I David Pérard I Date du contrôle OJD : 28/08/2017.
Février 2018 I No 1297 I 1
février 2018 Sommaire
Le PHaRMaCIeN DEFRANCE
Actualité
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4 LES DOSSIERS DE LA FÉDÉ 6 LA FÉDÉ EN RÉGIONS
Santé
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28 ENQUÊTE L’arme fatale anti-VHC
42 INFLUENCES La livraison met les gaz 44 OFFICINE EN BREF 48 MARCHÉ
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14 20 22
L’INTERVIEW arine Wolf-Thal : C « Les fautifs seront sanctionnés » ACTUALITÉ EN BREF INDUSTRIE & CO LE KIOSQUE
ENJEUX
Officine
PANORAMA
33 FICHE CONSEIL Ne pas banaliser les laxatifs Choisir le bon laxatif 36 INTERNATIONAL #BalanceTaScience
• •
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Les pansements décollent PRODUITS
52 BANC D’ESSAI Des crèmes qui gagnent au change 55
APERÇU
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À votre santé ! par Martin Vidberg
Les nouvelles règles du jeu L’ordonnance réseau est (enfin) parue après une longue attente et de multiples versions. Sans être le « choc de simplification » un temps annoncé, le texte instaure toutefois de nouvelles dispositions qui pourraient, dans certains cas, changer
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la donne. Cette ordonnance permet notamment de clarifier les règles de création, transfert et installation des officines et introduit la possibilité d’aider financièrement certaines d’entre elles, à condition qu’elles soient en zones fragiles. Explications.
ABONNEZ-VOUS maintenant au Pharmacien de France. Rendez-vous sur www.lepharmaciendefrance.fr Ce numéro comporte un encart « Invitation aux Rencontres de l’officine » jeté sous film. Février 2018 I No 1297 I 3
LES DOSSIERS DE LA FÉDÉ COMMUNICATION
UNE CAMPAGNE POUR LA PROXIMITÉ La FSPF lance une campagne baptisée « En France, 1 pharmacie sur 2 va mourir ! » afin de dénoncer les effets potentiels de mesures sur le réseau officinal.
L
e rapport de la Cour des comptes publié fin septembre dernier n’a malheureusement pas été une surprise mais n’en a pas moins été une déflagration pour la profession. Souvenez-vous : ce document proposait rien moins que de « fermer 10 400 officines sur les 21 400 existantes, le réseau officinal étant surdimensionné », analysait la FSPF peu après que ses conclusions aient été connues. Ce n’est pas tout, les sages de la rue Cambon préconisaient également pêlemêle de libéraliser la vente d’OTC ou de réformer la rémunération sur les génériques. Ainsi que, pour compenser les effets de ses mesures, la « mise en place d’aides financières [aux officines] spécifiquement identifiées comme remplissant une fonction de desserte de populations isolées ». Ce rapport à charge, que la FSPF a qualifié de « violent », est surtout « ����������������� totalement décon� necté de la “vraie vie” », dénonçait alors le syndicat. Les conséquences d’une telle politique dans la « vraie vie », c’est précisément ce que pointe la campagne nationale lancée le 1er février par la FSPF, baptisée « En France, 1 pharmacie sur 2 va mourir ! ». Les affiches (voir images ci-contre) seront envoyées à tous les pharmaciens de France pour être disposées à la vue des patients. Des affiches personnalisées On se rappelle que, pour certains départements, les préconisations de la Cour des comptes appliquées strictement auraient mené à une situation de quasi-désert officinal, avec, par exemple, seulement six pharmacies en Lozère ! C’est ce qu’illustre l’affiche de droite, qui sera adaptée en fonction des départements dans une
4 I No 1297 I Février 2018
v ingtaine de cas. L’affiche ci-dessous, elle, est plus spécifiquement destinée aux grands centres urbains. Parallèlement, un courrier a également été envoyé à tous les pharmaciens afin de leur expliquer les tenants et les aboutissants de cette campagne. Les élus ne sont pas oubliés : les 36 000 maires de France, les députés et les sénateurs seront ainsi sensibilisés. Un site a aussi été créé (voir capture d’écran ci-contre) pour relayer la campagne et permettre de télécharger les affiches le cas échéant. Il comporte notamment un calculateur par département pour estimer le nombre de pharmacies restantes si les préconisations du rapport de la Cour des comptes devaient un jour devenir réalité. x
Ces affiches sont au format 60 x 40 cm.
Capture d’écran du site 1pharmaciesur2vamourir.fr
LES DOSSIERS DE LA FÉDÉ RÉSEAU
LES SUCCURSALES NE VERRONT PAS LE JOUR La FSPF se félicite que ses revendications aient été prises en compte dans l’ordonnance réseau.
C’
© FOTOLIA/MAGLYVI
est un texte important qui est paru au Journal officiel le 4 janvier dernier : l’ordonnance réseau était en effet attendue par toute la profession, après de longues négociations et six versions du texte (voir Enjeux, « Les nouvelles règles du jeu »). « En effet, grâce à l’intervention de la FSPF, une déstabilisation du réseau a été évitée », se félicite son président Philippe Gaertner, qui n’a pas cessé « de rechercher la conciliation de l’objectif d’évolution voulue par les autorités avec les principes fondamentaux d’organisation du réseau officinal ».
Introduire des pharmacies succursales – en d’autres termes, un deuxième point de vente tenu par un même titulaire – avait été au départ évoqué pour offrir un service pharmaceutique dans certaines zones désertifiées, par exemple les jours de marché. Mais la mesure, en plus de risquer de déstabiliser le réseau officinal, soulevait de nombreux problèmes logistiques : quid en particulier du double stock de médicaments ? Au final, cette disposition a été écartée du texte, même pour des activités non ouvertes au grand public, ce dont se félicite le syndicat. x
PRÉVOYANCE
ATTENTION AUX COTISATIONS HDS !
L
a transition entre Klesia Prévoyance et l’Apgis (Association de prévoyance générale interprofessionnelle des salariés) au 1er janvier dernier n’est pas un long fleuve tranquille pour les pharmaciens. Selon des témoignages de cabinets comptables rapportés à la FSPF, Klesia Prévoyance aurait demandé à percevoir la cotisation dite « HDS » (pour haut degré de solidarité) à ses adhérents, par l’intermédiaire des « fiches de paramétrage DSN » (déclaration sociale nominative). En d’autres termes, Klesia ne semble pas avoir tenu compte du fait que
l’Apgis a été désignée en octobre dernier comme organisme collecteur de ces sommes, équivalentes à 2 % de la cotisation totale et destinées à être versées sur justificatifs en cas de « coup dur » : hospitalisation de plus de quatre jours, maladie, décès, aide d’un proche dépendant… Résultat, pour les pharmacies adhérentes à la FSPF qui seraient encore chez Klesia Prévoyance, vous pouvez demander à votre cabinet comptable de vérifier qu’un abattement correspondant aux cotisations HDS est bien prévu. Dans le cas contraire, faites intervenir votre comptable pour
© FOTOLIA/BILLIONPHOTOS.COM
La cotisation HDS pourrait être payée deux fois par certains pharmaciens. Parlez-en à votre comptable.
régler la situation. Pour les pharmacies non adhérentes à la FSPF, il faudra attendre que l’accord d’octobre 2017 soit « nationalisé » par décret et donc étendu à toutes les offi-
cines pour faire de même. En tout état de cause, la FSPF invite les pharmaciens à rejoindre l’Apgis à compter du 1er janvier 2019. x (Source : service juridique de la FSPF)
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Actualité En bref
Le PHaRMaCIeN DEFRANCE
« Ce n’est pas à l’hôpital public de réguler l’offre de soins […] mais aux territoires de rassembler [les] acteurs dans un projet partagé. »
« La télémédecine, la téléconsultation… le télémachin ! Le truc qui […] donne bonne conscience… »
« La barrière du notable est tombée mais il reste beaucoup d’affection : les gens me racontent leur vie. » Marc Alandry, titulaire à Couiza, dans l’Aude. (Source : Les Échos)
Dr Jérôme Marty, président de l’Union française pour une médecine libre (UFML). (Source : Twitter)
Patrick Bouet, président de l’Ordre des médecins. (Source : Twitter)
DR
INTERPRO ❙❙Non au conventionnement sélectif ! C’est la position nette et ferme opposée par les syndicats d’étudiants en médecine à la proposition de loi émise par le groupe Nouvelle Gauche (NG) à l’Assemblée nationale. Destinée à lutter contre les déserts médicaux, la mesure a, sans surprise, été rejetée le 18 janvier et renvoyée en commission parlementaire. ❙❙La recertification périodique fait son retour. Considérant que le développement professionnel continu (DPC) ne répond pas suffisamment à la nécessité de garantir la qualité et la sécurité des soins tout au long de l’exercice et ne permet aucune évolution de carrière, l’Ordre des médecins voit d’un bon œil la décision de la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, de relancer le dossier de la recertification périodique. Un rapport qui doit définir les contours de ce dispositif devrait être remis courant septembre. ❙❙Le Syndicat des médecins libéraux (SML) rejoint la convention médicale. Le 6 janvier, le SML a réévalué sa position vis-à-vis de la convention médicale de 2016 et décidé d’adhérer au dispositif. Satisfait de voir le gouvernement reprendre nombre de ses revendications, il considère que cette nouvelle position lui donnera plus de latitude pour faire évoluer le texte. ❙❙Nouvelles définitions réglementaires pour les centres de santé. L’ordonnance redéfinissant le statut des centres de santé est parue le 13 janvier. Selon le gouvernement, le texte facilite les conditions de leur création et simplifie celles de leur fonctionnement grâce à « des critères moins exigeants », comme l’abandon de l’agrément préalable de l’agence régionale de santé (ARS) avant ouverture.
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vaccination
L’obligation précisée Un délai de trois mois pour se conformer au calendrier vaccinal est permis à l’entrée en collectivité des enfants.
accueillant des enfants handicapés, les assistants maternels agréés, les centres aérés, les colonies de vacances, les activités extra- ou périscolaires, le scoutisme, etc.
L
es détails de la mise en œuvre de l’élargissement de la vaccination obligatoire des enfants sont enfin connus. Un décret paru au Journal officiel le 26 janvier est venu préciser les propos tenus par la ministre de la Santé sur RTL la veille : si le respect de ces nouvelles obligations conditionne bien l’entrée en collectivité des enfants nés depuis le 1er janvier dernier, un délai de trois mois est laissé aux parents durant lequel leurs bambins sont admis provisoirement en attendant que leurs vaccinations soient conformes au calendrier vaccinal en vigueur. Si les parents « inscrivent par exemple leur enfant en juin et qu’ils ne sont pas totalement à jour des vaccins qui doivent être faits avant le sixième mois, on leur laissera trois mois supplémentaires, a expliqué Agnès Buzyn. En revanche, si au mois de septembre l’enfant n’est pas à jour de ses vaccins, l’inscription tombera ». Les vaccinations en question doivent être déclarées sur le carnet de santé de
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ILS L’ONT DIT
l’enfant et, pour ceux âgés de moins de 2 ans, sur un certificat de santé. Pour ceux qui n’ont pas de carnet, l’information peut figurer sur un document remis par le professionnel de santé. Les collectivités concernées sont toutes celles accueillant des mineurs, depuis la crèche à l’établissement scolaire, en passant par les poup o n n i è re s , l e s s e r v i c e s
La question du remboursement « Je veux que les Français ressentent que la politique de santé publique est une politique ferme et assumée par les pouvoirs publics », a également déclaré la ministre, cette fois sur BFMTV le 24 janvier. Encore faut-il y « mettre les moyens », relève France Assos Santé, l’union des associations agréées d’usagers du système de santé. Rappelant que seul le vaccin ROR (Rougeole-Oreillons-Rubéole) est intégralement pris en charge et que tous les parents ne disposent pas d’une complément a i re , e l l e d e m a n d e u n remboursement à 100 % de toutes les vaccinations obligatoires : « Il existe un risque réel que des motifs financiers contraignent des parents à ne pas faire vacciner leurs enfants […]. Pour augmenter la couverture vaccinale, il faut donc mettre les moyens, y compris financiers. » L’efficacité de la mesure ne sera en tout cas évaluée qu’à partir de la fin 2019. x
En bref Actualité
Le PHaRMaCIeN DEFRANCE
REPÈRES
50 euros 32 %
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C’est l’écart de salaire brut dans la grille de la pharmacie d’officine entre une femme de ménage et un préparateur coefficient 240, suite à la dernière revalorisation de la grille conventionnelle.
ont eu recours à la nouvelle disposition datant de mars 2017 leur permettant d’entrer au capital des sociétés d’exercice libéral (SEL). C’est un (timide) début.
(Source : FSPF)
2,5 millions
adjoints
Si les pharmaciens cèdent en moyenne leur fonds pour une somme équivalente à 76 % de leur chiffre d’affaires, les généralistes, avec des transactions à 32 %, sont moins bien lotis.
de patients ont été pris en charge en télémédecine depuis la mise en place du programme Expérimentations de télémédecine pour l’amélioration des parcours en santé (Etapes) instauré en 2014. (Source : DGOS)
(Source : Ordre des pharmaciens)
(Source : Interfimo)
L’IMAGE DUMOIS
La dernière version des fiches métiers mises en ligne sur le site de l’Onisep a suscité autant de moqueries que d’indignations, avant d’être précipitamment retirée par l’organisme qui a reconnu une « maladresse ».
Source : Onisep
Conseillers désorientés Selon l’Office national d’information sur les enseignements et les professions (Onisep), aimer « organiser des fêtes » serait un plus pour devenir pharmacien, une « passion » pour la « réparation de machines à laver » prédisposerait au métier d’infirmier. Quant aux futurs avocats, ils sont férus de « faits divers » et ont un goût pour les « uniformes »… No comment.
LAQUESTIONDUMOIS
En cas d’alerte, comment préférez-vous être informé ? Rappels de lots de produits Lactalis, retrait de la publicité sur les antirhumes, listage de la codéine… Les pharmaciens sont beaucoup sollicités et, s’ils se doivent de rester vigilants, encore faut-il que les informations leur soient communiquées de façon pertinente. Interrogés sur le canal d’information qui convient le mieux à votre pratique (plusieurs réponses étaient possibles), vous optez largement pour le courriel, loin devant tout
autre outil de communication. Moins surprenant, le fax et le logiciel d’aide à la dispensation (LAD) semblent vous convenir également, dans une moindre mesure donc. Oublions en revanche le courrier postal ou, pire, les réseaux sociaux ! Si l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) nous lit, peut-être pourra-t-elle s’inspirer de ces données la prochaine fois, par exemple quand elle interdira la publicité sur une classe de produits…
par courriel 258 (75,7 %) via le LAD 157 (46 %) par fax 151 (44,3 %) par courrier postal 43 (12,6 %) autre 40 (11,7 %) via les réseaux sociaux 7 (2,1 %) 0
50
100
150
200
250
Source : sondage mené en ligne entre le 24/01/18 et le 29/01/18 sur 346 répondants.
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Actualité En bref
Le PHaRMaCIeN DEFRANCE
CE QU’ILS ILS L’ONT DIT ONT DIT « L’enjeu est déontologique : il s’agit de protéger sa patientèle. »
« Si le patient n’est pas assez bien informé, c’est le fait d’un manque de conseil du pharmacien. »
La dernière livraison du portrait de branche de l’Observatoire des métiers des professions libérales (OMPL) montre que trois régions en particulier sont réputées difficiles par les titulaires pour des embauches de personnel (adjoints ou préparateurs) : Normandie, Nouvelle-Aquitaine et ProvenceAlpes-Côte d’Azur. Ces tensions proviennent d’un manque de personnels formés. x
formation
L’ANDPC trie le bon grain La qualité des formations proposées au professionnel de santé a été l’un des axes majeurs de travail pour 2017, avance l’Agence nationale de développement professionnel continu (ANDPC), dans un document paru début janvier. Les années précédentes, l’Agence avait repéré et dénoncé des formations non conformes. Le bilan 2018 montre que sur les 10 190 analyses administratives de formation, près de 26 % ont été rejetées ou n’ont pas vu le jour. Et une seconde vague de contrôles effectuée par les professionnels eux-mêmes au sein des commissions scientifiques indépendantes (CSI) est encore plus sévère : côté pharmacie, ce sont pas moins de 58 % des dossiers qui ont été rejetés. x 16 I No 1297 I Février 2018
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Vers la fin des ordos papier L’Assurance maladie avance une date pour la généralisation de la prescription électronique : ce sera en 2019.
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ématérialiser les ordonnances, c’est une volonté déjà ancienne des autorités, qui n’a jamais vu le jour jusqu’à présent. En d’autres termes, un serpent de mer. Pourtant, dans son projet de convention d’objectifs et de gestion (COG) qui a fuité fin janvier, l’Assurance
maladie s’est juré de généraliser le dispositif. Aura-t-elle réussi à surmonter les obstacles techniques ? Une expérimentation en officine, baptisée « PEM2D », pour prescription électronique des médicaments, a été lancée en novembre dernier dans trois départements sur les logiciels Pharmagest et SmartRX. Elle se base sur l’émission d’un QR code imprimé sur les ordonnances papier, renfermant les informations de prise ainsi que l’identité du prescripteur. Et tout ceci avant l’étape finale : se passer d’imprimer les ordonnances, qui seraient alors disponibles uniquement en ligne. Tout un symbole. x
TÉLÉTRANSMISSION
La carte Vitale bientôt sur smartphone Dans les cartons depuis 2016, la e-carte Vitale va être testée sur le terrain dès cette année. Fruit de la réflexion des membres du groupement d’intérêt économique SesamVitale chargé du système de dématérialisation des feuilles de soins, la e-carte Vitale consistera en une application pour téléphone mobile permettant aux professionnels de santé et aux assurés d’accéder aux services de l’Assurance maladie. Estimant que 73 % des Français seront équipés d’un smartphone en 2019,
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Recruter, c’est parfois difficile
dématérialisation
© FOTOLIA/SASHKIN
emploi
Pierre-Louis Bras, inspecteur général des affaires sociales. (Source : APM)
Daphné Lecomte-Somaggio, déléguée générale de l’Association française de l’industrie pharmaceutique pour une automédication responsable (Afipa). (Source : L’Usine nouvelle)
DR
© NICOLAS KOVARIK
Agnès Buzyn, ministre de la Santé, à propos de l’obligation vaccinale chez les professionnels de santé. (Source : Le Quotidien du médecin)
« Le parcours patient, c’est une chimère, une bulle administrative, comme les bulles financières. »
les promoteurs de cette solution sont convaincus de la nécessité de mettre en place « un service fiable, rapide, continu et moderne » permettant de réduire les coûts de gestion et de fonctionnement liés à l’actuelle Vitale. L’objectif est
de développer une application garantissant un niveau de sécurité au moins équivalent à celui qui est actuellement en vigueur et capable d’assurer les fonctions d’identification, d’authentification et de signature des assurés (IAS). Outre l’amélioration de leur qualité, le nombre des services proposés devrait également être supérieur à l’existant. La e-carte Vitale n’a pas vocation à remplacer son homologue plastifiée ; elle est présentée, pour le moment, comme une offre complémentaire. x
Actualité
Le PHaRMaCIeN DEFRANCE
REPÈRES
65,8 % 152 406 41 % des pharmaciens sont confrontés à des difficultés en cas de recherche d’équivalence pour les pansements, selon une enquête menée par la Société française et francophone de plaies et cicatrisation. (Source : APM/SFFPC)
patients
s’étaient fait vacciner en officine à fin janvier en Auvergne-Rhône-Alpes et Nouvelle-Aquitaine. Plus de 5 000 pharmaciens participent à l’expérimentation.
des établissements de santé disposent de prescriptions informatisées pour les médicaments, les examens de biologie ou d’imagerie ainsi que pour les actes infirmiers. (Source : DGOS)
61 200
équivalents temps plein L’Assurance maladie prévoit de réduire la voilure de près de 3 700 ETP sur cinq ans, alors qu’il y en a 64 806 aujourd’hui. (Source : APM)
(Source : Ordre des pharmaciens)
élections
québec
Mais jusqu’à quand ? C’est encore l’incertitude aujourd’hui. En l’absence des décrets idoines, « le calendrier actuel ne pourra pas être tenu [les élections devaient avoir lieu en avril, NDLR]. Nous attendons un décret en Conseil d’État pour nous informer de la durée du report mais nous ne sommes pas en capacité de les organiser immédiatement », précise la présidente de l’Ordre, Carine Wolf-Thal. L’Ordre des pharmaciens souhaiterait carrément reporter ce scrutin d’un an, jusqu’au printemps 2019. x
L’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ) estime que le cannabis thérapeutique devrait être exclusivement vendu en pharmacie. Autorisé au Canada en 2001, le cannabis (ou « pot ») utilisé à des fins médicales est vendu par des producteurs autorisés par Santé Canada ou cultivé directement par les patients. Une situation que l’OPQ trouve inappropriée puisqu’elle ne permet pas de délivrer correctement cette substance (dosage, interactions…), comme seul le pharmacien sait le faire. x
Les scrutins ordinaux reportés…
Les potards veulent le « pot »
MACRO / ÉCO MACRO / ÉCO
Un marché des logiciels bien concentré Si vous estimez avoir l’embarras du choix question logiciels, détrompez-vous ! En effet, l’offre en termes de logiciel d’aide à la dispensation en officine est en fait resserrée, comparativement à d’autres professions de santé. De plus, parmi cette quinzaine d’éditeurs présents sur ce créneau, les cinq premiers (Pharmagest, Smart RX, Everys, Cerp, Caduciel) représentent 96 % du marché ! Marché concentré
Pharmacies 16 éditeurs Laboratoires 17 éditeurs Dentistes 41 éditeurs Auxiliaires médicaux 49 éditeurs Médecins 103 éditeurs Marché concurrentiel Source : étude de marché GIE Sesam-Vitale.
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