Pharmacien de France n° 1267 (entier)

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L’INTERVIEW

« Vacciner à l’officine n’est pas la solution »

RMaCIeN

Jean-Paul Ortiz, CSMF

DEFRANCE

Le PHaRMaCIeN w ww. lep harmaci e ndef ra nce. f r

Nous sommes déprescripteurs !

Quels lendemains pour EllaOne ?

Les gels lavants pour bébé

DÉCRYPTAGE P. 24

ENQUÊTE P. 30

BANC D’ESSAI P. 54

DEFRANCE No 1267 FÉVRIER 2015

TABOU L e SUR LES PRIX

RMaCIeN

PHaRMaCIeN

La disparition de la vignette et l’instauration des honoraires bousculent le dogme sur le prix des médicaments à l’officine. ENJEUX P. 16

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L’Éditorial

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

Prêts pour la vaccination !

Philippe Gaertner

© MIGUEL MEDINA

Président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France

No 1267 I 56e année I 05/02/15 ISSN 0031-6938 I CPPAP : 0217 T 81323 www.lepharmaciendefrance.fr LE PHARMACIEN DE FRANCE 13, rue Ballu, 75311 Paris Cedex 09 Tél. : 01 42 81 15 96 Télécopie : 01 42 81 96 61 DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Garnier DIRECTRICE DE LA RÉDACTION : Jocelyne Wittevrongel RÉDACTEUR EN CHEF : Laurent Simon (lsimon@lepharmaciendefrance.fr) RÉDACTRICE EN CHEF ADJOINTE : Anne-Laure Mercier (almercier@lepharmaciendefrance.fr) RÉDACTEURS : Élise Brunet (ebrunet@lepharmaciendefrance.fr) I Claire Frangi (cfrangi@lepharmaciendefrance.fr) SECRÉTAIRE DE RÉDACTION : Joséphine Volat (jvolat@lepharmaciendefrance.fr) ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO : Anaïs Bellan I Fanny Rey I STAGIAIRE : Nicolas Rivrin-Zekri CRÉATION ET RÉALISATION : Rampazzo & Associés www.rampazzo.com - blog.rampazzo.com CORRECTION : Francys Gramet IMPRESSION : Lescure Théol 27120 Douains ILLUSTRATIONS : Photos : Miguel Medina Dessins : Martin Vidberg Infographie Conseil : Stéphanie Goutte DIRECTEUR COMMERCIAL ET RESPONSABLE DE LA PUBLICITÉ : Christophe Bentz (cbentz@lepharmaciendefrance.fr) Tél. : 01 42 81 56 85 Fax : 01 42 81 96 61 ABONNEMENTS : Tél. : 01 42 81 15 96 L’abonnement d’un an France-Corse : 95 € TTC I Guyane : 93,05 € TTC I Guadeloupe, Martinique, Réunion : 94,03 € Étranger : 160 € I Achat au numéro : 15 € TTC I 1 thème DPC (3 livrets) : 30 € I Certificat d’inscription à la Commission paritaire de la presse : no 0217 T 81323 ORGANE D’INFORMATIONS SCIENTIFIQUES ET PROFESSIONNELLES PHARMACEUTIQUES Le Pharmacien de France est édité par la SARL « Le Pharmacien de France ». Siège : 13, rue Ballu, 75311 Paris Cedex 09. Durée 99 ans à compter de 1977 Capital : 93 000 euros Cogérants : Éric Garnier I Jocelyne Wittevrongel Date du contrôle OJD : 14/11/2013.

Q

uelques semaines possibilité de se faire vacciner, contre la grippe après ce qui devait par exemple, directement à l’officine, ils le font. être le cataclysme Et la couverture vaccinale s’en trouve renforcée, annoncé par cer- alors qu’elle est en chute libre en France depuis tains, que s’est-il quelques années. Mais il y a une autre raison, passé en réalité ? Réponse : rien. Ou si peu : qui me tient à cœur en tant que représentant à part quelques dizaines de factures ­rejetées sur interprofessionnel : cette démarche ne se ferait les 2 millions émises chaque jour, aucun au détriment de personne. J’entends – et comme ­problème n’est à signaler. Nous sommes tous je les comprends en ces temps de crise ! – les aujourd’hui – vous, moi et même ceux qui inquiétudes des autres professionnels de santé. s’étaient érigés contre – Infirmiers, médecins… « La vaccination des pharmaciens rémunérés à chacun son travail, ces aux honoraires. En attendant choses sont acquises et ne à l’officine ne se la seconde étape – le passeront remises en cause ferait au détriment d’aucune manière. sage à 1 euro par boîte au 1 er janvier 2016 – il est Encore une fois, regardons de personne. » temps de laisser de côté les les expériences étrangères. arguties stériles pour prendre en main l’avenir Les patients qui accepteraient la vaccination de la profession et faire évoluer encore la officinale « échappent » de toute façon à tous ­rémunération mixte. les autres professionnels de santé : trop pressés Les débats s’enchaînent sans toujours laisser pour prendre rendez-vous chez le médecin, trop le temps à la réflexion mais un sujet a dû attirer « bien portants » pour être pris en charge par votre attention depuis quelques semaines : des infirmiers dont le rôle premier est l’accomla vaccination à l’officine. La FSPF s’est à plu- pagnement des patients chroniques… Nous sieurs reprises – et je le refais aujourd’hui – voyons 3 à 4 millions de personnes par jour dans montrée volontaire pour permettre le suivi des nos officines, ce qui fait de nous de véritables vaccinations et la pratique des rappels hubs de santé publique. Il y a de la place pour ­directement dans les pharmacies. Pourquoi ? tous au service de cette grande cause. Alors Premièrement parce que cela fonctionne. pourquoi se priver de l’apport des pharmaciens Les expériences étrangères (Angleterre, Portu- et prendre le risque de voir la couverture vaccigal…) le prouvent : quand les patients ont la nale diminuer encore dans les années à venir ?

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Février 2015 I No 1267 I 1


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février 2015 Sommaire

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

Actualité

16

4

L’INTERVIEW

Jean-Paul Ortiz : « Vacciner à l’officine n’est pas la solution »

8 15

L’ACTU EN BREF LE KIOSQUE

16 ENJEUX Tabou sur les prix 20 DOSSIERS DE LA FÉDÉ

DÉCRYPTAGE

Santé

Officine

30

54

30 ENQUÊTE Quels lendemains pour EllaOne ?

44 INVESTISSEMENT Premiers pas en Sisa 46 OFFICINE EN BREF 50 PRODUITS

32 PANORAMA 36 CONSEIL CMV : Coupable Méconnu et Virulent 37 FICHE CONSEIL Les trois derniers mois de la grossesse La valise de maternité 40 INTERNATIONAL « Même pas faux ! »

53

• •

SUBSTITUONS ! Escitalopram

54 BANC D’ESSAI Les gels lavants pour bébés 56 APERÇU

58 60

CULTURE AUTO-MOTO

Nous sommes déprescripteurs ! Favoriser une médecine sobre, revenir à une prescription raisonnée, se ­recentrer sur l’intérêt du patient… À contre-courant de la ­surmédicalisation, une mouvance informelle se développe en France depuis une dizaine

24

d’années. Portée par une poignée de « déprescripteurs » militants, cette tendance remet au centre de l’exercice médical l’écoute patient et la sobriété en termes de prescription. Une démarche qui détonne souvent parmi leurs confrères.

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L’INTERVIEW

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

Le nouveau président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) écope d’une situation explosive : étatisation de l’exercice, démembrement du métier… Les médecins vont pourtant devoir trouver un accord avant avril, date du passage de la loi Touraine à l’Assemblée nationale.

Jean-Paul Ortiz

Propos recueillis par Laurent Simon Photos Miguel Medina

« Vacciner en officine n’est pas la solution » BIOEXPRESS Président du principal syndicat de médecins libéraux, en concurrence directe avec MG-France, Jean-Paul Ortiz a succédé au tutélaire Michel Chassang au terme d’une élection qui lui a valu de prendre le dessus avec 75 % des voix sur le successeur « logique », Jean-François Rey. Âgé de 57 ans, il occupera la fonction pendant quatre ans. ❙❙Mars 2014 : élu président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF). ❙❙Janvier 2011-juin 2014 : président de l’Union régionale des professionnels de santé du Languedoc-Roussillon. ❙❙2003-2014 : président du Syndicat national des médecins de l’hospitalisation privée (SymHop). ❙❙Depuis avril 2002 : membre du bureau confédéral de la CSMF, responsable du dossier de l’hospitalisation privée. ❙❙1996-2015 : élu président du Syndicat des néphrologues libéraux. ❙❙Depuis mai 1990 : néphrologue au centre d’hémodialyse Saint-Roch, à Cabestany (PyrénéesOrientales).

4 I No 1267 I Février 2015

Après plus de trois semaines de mouvement social chez les médecins contre la loi santé de Marisol Touraine, une sortie du conflit « par le haut » est-elle encore possible ?

s­ ociétés privées, souvent pour des prestations non couvertes par l’Assurance maladie. Les solutions ne manquent donc pas.

J’ai reçu une lettre de la ministre de la Santé il y a Un système équivalent à celui des pharmaciens ne quelques heures [cette interview a eu lieu le 20 janvier, vous convient absolument pas ? NDLR] ; je note une nette ouverture pour enfin arriver Aller vers un paiement Vitale est trop compliqué pour à une concertation. Il a fallu batailler mais, contraire- les médecins. Les pharmaciens eux-mêmes savent ment à ce qui avait été évoqué au départ, les profes- que cela coûte très cher. Il faut suivre les remboursesionnels libéraux seront intégrés dans les quatre ments de la part des mutuelles de façon régulière : groupes de travail que propose Marisol Touraine. Le cela nécessite un secrétariat que nous n’avons pas. premier porte évidemment sur Nous sommes déjà débordés par le tiers payant et la dispense les tâches administratives. « Nous ne nous d’avance de frais ; nous saluons sentons ni considérés Et si vous pratiquiez le tiers l’introduction de cette nuance. La généralisation du tiers payant est le point qui a cristallisé toute la colère des médecins…

ni respectés. Voilà le problème ! »

La problématique à résoudre est l’accessibilité aux soins. La dispense d’avance de frais en est au cœur : pour la réaliser, il existe différents mécanismes, dont le tiers payant, comme cela est fait actuellement pour les CMU-C [CMU complémentaires, NDLR] ou les ACS [Aides pour une complémentaire santé, NDLR]. Il ­suffirait de doter les patients d’une carte monétique à débit différé. Je m’explique : vous allez chez votre médecin, vous le payez avec cette carte et vous n’êtes débité qu’à partir du moment où les régimes obligatoires et complémentaires ont effectué le remboursement. Le Crédit mutuel, par exemple, a développé cela. De nombreux patients paient aujourd’hui avec leur Carte bleue, alors pourquoi pas ? Cela permettrait de maintenir un paiement de l’acte et l’indépendance du médecin vis-à-vis des assureurs. D’autres systèmes existent, comme les cartes santé ou les chèques santé, émis par des collectivités locales ou des

payant uniquement sur la partie obligatoire ?

Le ministère de la Santé a évoqué le cas des affections de longue durée (ALD) : je note que, pour ces patients, seul le régime obligatoire est impliqué. Quoi qu’il se passe, nous ne devons pas nous enfermer dans un seul système. Pour l’instant, nous n’avons été entendus que sur la méthode : nous devrons faire un premier point d’étape au 15 février et rendre nos conclusions avant le mois d’avril. Les élections professionnelles qui doivent avoir lieu en fin d’année n’ont-elles pas artificiellement a ­ ttisé le courroux des syndicats de médecins contre la loi de santé ?

Le malaise des médecins ne se mesure pas à l’aune des dates des élections professionnelles ; il est dû au fait que nous ne nous sentons ni considérés ni respectés. Voilà le problème ! Les Français adorent objectivement leur médecin ; les politiques pourraient nous envier notre cote d’amour. Mais ces derniers


Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

L’INTERVIEW mois, les vexations se sont accumulées de la part du gouvernement. Regardez la valeur d’une consultation médicale : 23 euros. Qu’a-t-on aujourd’hui pour 23 euros ? Or nos consultations, dont, je le rappelle, le tarif n’a pas bougé depuis quatre ans, sont de plus en plus longues et lourdes. C’est compter sans la rémunération à la performance ! Marisol Touraine estime à 8 euros par consultation les suppléments versés en aides par l’Assurance maladie.

Ce n’est pas du revenu au sens pur pour le médecin : ces sommes nous ont servi à nous équiper en informatique, en lecteurs de carte Vitale… Ces frais ont été engagés au bénéfice de l’Assurance maladie, qui y a nettement gagné. Le personnel affecté au traitement des feuilles de soins a été divisé par 10 ! Un des groupes de travail créés par le ministère porte sur les « contours métiers » et concerne directement les pharmaciens, puisque la vaccination à l’officine y sera abordée. Qu’en pensez-vous et qu’en pensent les médecins que vous représentez ?

Franchement, les médecins n’y sont pas favorables mais, au-delà de cette mesure, ils rejettent tout ce qu’ils considèrent comme un démantèlement de leur métier. Travailler en coordination, oui ; réfléchir à des prises en charge coordonnées entre médecins, infirmiers et kinés, oui, mais on ne peut pas faire admettre aux médecins que certaines tâches soient exclusivement dévolues aux pharmaciens ou aux sages-femmes. Vous avez vu que ces dernières pourraient par exemple prescrire des substituts nicotiniques à tout l’entourage de la femme enceinte et les infirmiers cliniciens faire du diagnostic : cela doit rester l’apanage du médecin ! Il faut d’abord se poser deux questions : va-t-on améliorer la prise en charge des patients et quel est l’impact en termes de responsabilité et de rémunération ? Qui sera responsable le jour où les médecins délégueront la vaccination aux pharmaciens et qu’un problème surviendra ? Dernier point, la transmission d’information : le médecin doit être au courant que le pharmacien a fait un rappel de vaccination. La concertation est donc indispensable. Un pharmacien qui pique un patient à la place d’un médecin, le symbole est fort : sera-t-il accepté pour autant après concertation, si longue soit-elle ?

Je ne veux pas m’enfermer dans cette problématique. Je n’ai rien contre les pharmaciens qui feraient tel ou tel acte ; la problématique est plus générale, il s’agit de compétences respectives. D’ailleurs, je note que tous les syndicats de pharmaciens ne sont pas d’accord avec cette mesure… Les choses sont-elles III bien mûres ? Février 2015 I No 1267 I 5


L’INTERVIEW

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

cins ont été habitués à travailler en équipe avec les infirmiers à l’hôpital. Culturellement, cela marque : dans les hôpitaux, on voit très peu les pharmaciens et les contacts sont limités. La collaboration se fait donc plus naturellement avec les infirmiers. Nous n’avons absolument rien contre les pharmaciens, mais ce n’est pas à la ministre de dire, au hasard d’un projet de loi ou d’une conférence de presse, qu’une tâche va être transférée d’un professionnel A à un professionnel B : déléguer, c’est du lourd ! Vous avez été surpris par cette annonce de Marisol Touraine concernant la vaccination ?

Oui, et j’ai l’impression que les pharmaciens aussi ; il n’y a eu aucune concertation, c’est cela que nous contestons. Surtout que la vaccination à l’officine ne me semble pas être le projet le plus pertinent. Pourquoi ? La France connaît aujourd’hui un vrai courant antivaccination contre lequel il faut lutter. Nous sommes dans le pays de Louis Pasteur et les taux de couverture vaccinale sont bas ! Le « mécanisme Bachelot » en est en partie à l’origine : en instituant des vaccinodromes dans des gymnases ou des salles des fêtes au moment de la pandémie de grippe aviaire, la vaccination est sortie des cabinets médicaux. ­Résultat : les taux de vaccination antigrippale sont brutalement passés de 58 à 50 %. Il suffit de regarder les courbes. Pour lutter contre cela, le colloque singulier entre un médecin et son patient est indispensable. III

Un sondage mené par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) en 2012 a montré que les médecins sont largement favorables à la délégation de tâches envers les infirmiers. Ils semblent l’être beaucoup moins envers les pharmaciens. Pour quelles raisons ?

« Le tiers payant est trop compliqué pour les médecins. Les pharmaciens savent que cela coûte très cher. »

Cela vient du fait que les infirmiers pratiquent déjà au quotidien de nombreux actes sur prescription médicale, ce qui n’est pas le cas des pharmaciens qui réalisent un travail d’analyse qui leur est propre. Les deux professions n’ont donc pas la même position. C’est pour cela que le recrutement des patients pour les entretiens antivitamines K (AVK) se fait très peu par les médecins, qui semblent ne pas s’être ­appropriés la mesure ?

Les médecins suivent aujourd’hui eux-mêmes les AVK ou les délèguent aux infirmiers de proximité avec qui ils travaillent déjà. Les échanges sont plus courants, plus faciles, parce qu’ils se voient quotidiennement. Dernière explication : durant leur formation, les méde6 I No 1267 I Février 2015

Le pharmacien commence précisément à développer ce genre de relations avec ses patients, notamment au sein des entretiens pharmaceutiques…

Oui, mais c’est naissant et les Français ne l’identifient pas comme tel dans la majorité des cas. Au-delà de cela, je ne suis pas sûr que le pharmacien soit le professionnel le plus pertinent dans la mesure où certaines pharmacies mettent en tête de gondole des vaccins homéopathiques non remboursés. Je ne trouve pas cela cohérent. Et la délégation vers les infirmiers a peu fait gagner en termes d’impact sur la vaccination : on ne peut combattre les réticences des patients que dans le cadre d’une consultation médicale. Pourtant les résultats à l’étranger (Portugal, Angleterre…) sont bons : pourquoi la France ne suivrait-elle pas le même chemin ?

Les situations sont complètement différentes : en Allemagne, les patients ont quinze contacts avec le système de santé par an ; en France, trois ou quatre seulement. Dans les pays anglo-saxons, les patients ont un accès simple et immédiat avec des infirmiers, collaborateurs des médecins dans les structures de soin primaire, qui trient et orientent les cas. Cela n’est pas extrapolable, surtout que le courant antivaccination n’existe pas dans d’autres pays. x


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Actualité En bref

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

ILS L’ONT DIT « Ne cédons pas à cette tentation mortifère de l’autodénigrement. »

Michèle Rivasi, député européenne, sur l’industrie pharmaceutique dans un « Appel pour une opération mains propres sur la santé » diffusé début janvier.

Patrick Errard, président du Leem, en réponse à l’« Appel pour une opération mains propres sur la santé ».

« On sait bien envoyer un engin à pattes sur un astéroïde. Si on n’est pas capables de faire un tiers payant simple, c’est qu’on ne le veut pas. » Philippe Sopéna, ancien président du syndicat MG-France. (Source : Egora.fr)

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DR

« C’est un réseau extrêmement large et organisé qu’il faut démanteler. »

INTERPRO ❙❙Les formations des infirmiers-anesthésistes, sages-femmes et orthophonistes accèdent au grade de master. Le décret officialisant cette décision, qui correspond à une harmonisation européenne, est paru au Journal officiel. Merci l’Europe ! ❙❙Un collectif de psychiatres invite les professionnels à tirer parti de la loi de santé. Ce think tank, créé en 2013, assure « qu’il y a une autre manière de lire ce texte ». Il identifie deux leviers : « les notions de territoire et de parcours » qui seraient un cadre reconnaissant la place de chacun des professionnels de santé, a contrario de ce qui a été entendu. ❙❙Pas de reconnaissance des optométristes. Cette piste, un temps évoquée pour remédier aux difficultés d’accès aux soins en matière de santé visuelle, a été écartée par le ministère de la Santé. Et le nombre d’internes en ophtalmologie passera de 106 en 2011 à 150 en 2015. ❙❙La pénurie d’ophtalmologistes pourrait trouver son terme d’ici à 2024, selon le Syndicat national des ophtalmologistes de France (Snof). Cela se ferait grâce à l’augmentation des postes d’internes (lire ci-dessus) et au développement des coopérations avec les orthoptistes. ❙❙Le dépistage de la rétinopathie diabétique est reconnu en tant qu’acte de télémédecine. Selon le décret, ce dépistage s’effectue « avec réalisation des clichés par l’orthoptiste et lecture différée par un médecin hors de la présence du patient » et il ne nécessitera pas la signature de la feuille de soins par l’assuré ou le bénéficiaire pour être remboursé.

8 I No 1267 I Février 2015

substitution

Le « NS » informatisé se répand Logiquement interdite, la mention « Non substituable » dactylographiée deviendrait monnaie courante.

L

es médecins, qui ont toujours été contre le fait de porter la mention « Non substituable » à la main sur les ordonnances, seraient-ils en train d’avoir gain de cause ? Selon la Confédération des syndicats médicaux français

(CSMF), « la loi n’a pas été modifiée [le Code de la santé publique prévoit que la mention « Non substituable » doit être écrite à la main et en toutes lettres en face de chaque ligne de médicament, NDLR] mais beaucoup de caisses tolèrent, voire encouragent, le “NS” dactylographié, qui a le mérite d’éviter les fraudes. Certains logiciels permettent de le faire de façon quasi-automatique ». En contradiction avec la volonté de la ministre de la Santé qui voulait

a minima imposer de retaper la mention sur toutes les lignes de prescription… En tout cas, même si les statistiques nationales sont jalousement gardées par l’Assurance maladie, le « NS » informatique n’aurait pas augmenté le recours à cette mention qui complique grandement le travail de substitution du pharmacien au jour le jour. Le taux serait toujours « autour de 10 % en moyenne nationale » des lignes d’ordonnance, selon la CSMF, « un chiffre stable ». ❙

complémentaires

biologie

Encore une superfusion dans le milieu des complémentaires. Après Harmonie Mutuelle et la MGEN fin décembre, c’est Malakoff Médéric et La Mutuelle générale qui ont annoncé le 23 janvier dernier la signature d’un protocole pour devenir l’autoproclamé « premier groupe français d’assurance de personnes ». De fait, sur la base des données 2013, le futur groupe représenterait 4,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires et posséderait un fichier clients fort de près de 6 millions de personnes. Selon le délégué général de Malakoff Médéric interrogé par Les Échos, le rapprochement devrait être effectif « fin 2015 ou début 2016 ». ❙

L’Ordre des pharmaciens a été condamné en appel en décembre à 4,75 millions d’euros d’amende par le Tribunal de l’Union européenne pour restriction à la concurrence sur le marché français, la fameuse « affaire Labco ». Selon sa présidente Isabelle Adenot, qui assure que le montant a déjà été provisionné, l’Ordre décidera d’ici fin février s’il se pourvoit en cassation… mais l’histoire ne s’arrêtera pas là. Fort de la décision européenne, le réseau de laboratoires Labco pourrait être fondé à attaquer devant les tribunaux français pour réclamer des dommages-intérêts, dont les montants seraient très supérieurs. Qui paiera alors ? ❙

La concentration continue

Labco tient l’épée de Damoclès


En bref Actualité

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

REPÈRES

56 % des Français

pensent que la loi pour la croissance et l’activité ne contribuera pas à la relance de l’économie, selon un sondage CSA publié dans Les Échos.

17

2 000

64 %

destinées à traiter des maladies rares ont été approuvées au niveau européen en 2014, sur un total de 84 DCI. Un record, selon l’Agence européenne du médicament.

environ étaient agréés DPC auprès de son organisme gestionnaire, à septembre dernier. Tous l’ont été a priori, sans vérification du contenu des formations.

généraux du pharmacien adjoint)

molécules

organismes de formation

des pharmaciens de moins de 35 ans estiment qu’ils n’ont pas assez d’informations sur les nouvelles missions, selon une enquête réalisée en 2014 par le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens. (Source : Les États

(Source : Ema)

L’IMAGE DUMOIS

La meilleure des lois ? Calquée sur la première pub Apple de 1984, cette vidéo parodie Le Meilleur des mondes que permettrait la loi Touraine. Financiarisation de la santé, généralisation des génériques…

Les médecins ne décolèrent pas contre la loi Touraine. Outre l’affaire scabreuse de la fresque de la salle de garde du CHU de Clermont-Ferrand, certains optent pour la dramatisation. En témoignent de nombreuses vidéos parodiques mises en ligne, dont celle ci-contre, réalisée par un collectif de médecins (UCDF, FMF et UFML…).

LAQUESTIONDUMOIS

Souhaiteriez-vous abandonner le tiers payant dans votre officine ? 29 %

Les médecins le disent et le répètent depuis le début de leur mouvement social : les pharmaciens en auraient assez du tiers payant ! Interrogé sur la question, notre panel offre des réponses beaucoup plus contrastées. Seule une petite minorité d’entre vous – 16 % – s’en passerait complètement et un petit tiers des répondants ne le pratiquerait plus que dans certains cas. Le reflet des soucis que connaissent toutes les officines avec le rejet d’un

certain­nombre de feuilles de soins électroniques, en particulier par les régimes complémentaires. Pourtant, malgré ces quelques réticences, une courte majorité d’entre vous (51 %) ne voudrait pas y renoncer et même 29 % ne le feraient « sous aucun prétexte ». Pas de rasle-bol, donc mais la certitude que les officines se doivent de rendre ce service aux patients, faute de quoi ces derniers risqueraient d’aller voir ailleurs…

Non, sous aucun prétexte

2 %

Je ne sais pas/ Je ne me prononce pas

16 %

Oui, sans hésiter

22 %

Non, ce serait trop compliqué

31 %

Oui, dans certains cas

Source : sondage administré en ligne sur 502 répondants entre le 23/01/2015 et le 26/01/2015.

Février 2015 I No 1267 I 9


Actualité En bref

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

CE QU’ILS ILS L’ONT DIT ONT DIT « Le ministère a inventé le mouvement d’écriture perpétuel. » Bernard Granger, psychiatre et défenseur de l’hôpital public, sur son blog « Dernières nouvelles du front », à propos des concertations à rallonge sur la loi Touraine.

DR

DR

Émilie Lanez, journaliste et auteur de Même les politiques ont un père à propos de Marisol Touraine et de son père Alain. (Source : Paris-Match)

économie

Le sofosbuvir en grande forme Après deux années de recul, le marché pharmaceutique français redresse la tête avec une prévision de croissance entre 2,5 et 3 % en 2014. Une réussite à attribuer aux performances commerciales du seul sofosbuvir (Sovaldi). Une croissance en trompe-l’œil, qui cacherait un chiffre d’affaires du médicament remboursable en ville qui serait en fait en recul de 2 à 2,5 % en 2014, selon le Leem, le lobby représentant les industriels du médicament. ❙

capital

Les adjoints ne se pressent pas Malgré le décret paru en juin 2013 qui ouvre aux adjoints d’officine le capital des SPFPL, « quelques dizaines seulement – moins de cinquante – d’entre eux ont été intégrés dans des SEL », note Jérôme Parésys-Barbier, président de la section D du Cnop. À l’en croire, l’outil est pourtant indispensable à la profession : « Les officines doivent devenir des espaces de santé qui ne soient plus uniquement dédiés aux malades. Cela passe par la qualité, mais il faut aussi que celles qui le souhaitent puissent changer physiquement. Ouvrir l’outil­ holding aux adjoints c’est leur donner les moyens d’être force de proposition en ce sens. » ❙ 10 I No 1267 I Février 2015

« Le site d’information public sur le médicament n’est qu’une compilation de documents illisibles. » © MIGUEL MEDINA

« Rien de ce qu’elle fait n’est […] assez bien pour le grand professeur Touraine. Il n’y a aucune place chez elle pour la fantaisie. »

Gilles Bouvenot, ancien président de la commission de transparence de la Haute Autorité de santé (HAS), lors d’une séance commune des Académies des sciences, de médecine et de pharmacie.

conditionnement

Le « macaron » revu et corrigé Le projet initial du gouvernement de faire figurer le SMR sur les boîtes a été chamboulé mais verra bien le jour.

E

t voici que l’on reparle de l’affichage du service médical rendu (SMR) sur les packagings. Cette mesure, portée depuis des années par Bruno Maquart, directeur de cabinet de Marisol Touraine­, et qui devait être lancée au 1er janvier dernier, continue son petit bonhomme de chemin, avec de nombreuses modifications. Première d’entre elles : exit le macaron

noir, signalant les SMR insuffisants, remplacé par un macaron orange moins stigmatisant. Le SMR faible serait signalé par du bleu, le modéré par du rouge, l’important par du vert… Par ailleurs, le macaron ne serait plus un rond de couleur divisé en autant de quartiers qu’il existe d’indications à la spécialité concernée. Dans le projet, si une spécialité possède plusieurs SMR, seul le plus élevé serait indiqué sur le conditionnement extérieur ou, à défaut, sur le conditionnement primaire. Les textes sont prévus pour entrer en vigueur le 1er juillet prochain mais les industriels du médicament, vent debout contre la mesure depuis le départ, auront un délai de douze mois pour s’y adapter. ❙

E-COMMERCE

La guerre des panels a eu lieu Celtipharm sème le trouble : selon ses calculs, le chiffre d’affaires moyen d’un site de vente en ligne d’une pharmacie serait de 65 000 euros sur l’année. La même étude, réalisée pour le compte de l’Association française de l’industrie pharma­ ceutique pour une automédication­ res­ ponsable (Afipa), affirme également que seuls 300 000 euros de médicaments auraient été vendus en

ligne en 2014, et que cela repré­ senterait donc moins de 0,1 % du marché. Benoît Thomé, gérant de Median Conseil, qui s’appuie sur les données de vente d’un panel représentatif de moyens et grands sites, rétorque : « Sur le seul mois de septembre 2014, le chiffre d’affaires moyen des sites de notre panel était de plus de 70 000 euros hors taxes et hors frais de port. De plus, le premier site en France réalise à lui seul

beaucoup plus de 300 000 euros de chiffre d’affaires rien que pour le médicament. » C’est la seconde fois en quelques jours que les chiffres de Celtipharm sont contestés. À la suite des attentats perpétrés à Charlie Hebdo à Paris, le panéliste avait fait état d’un bond de 18 % des ventes d’anxiolytiques et de somnifères. Des données immé­ diatement réfutées par l’Ordre des pharmaciens qui affirmait exactement l’inverse, à partir des données issues du dossier pharmaceutique.


Actualité

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

REPÈRES

40 000 15 %

50 % seulement des décrets d’application seraient, en moyenne, publiés par le ministère de la Santé après la publication de leur loi de référence. (Source : Le Canard enchaîné)

200

euros

des ordonnances

vont être consacrés à la traduction en langue des signes française (LSF) des notices de médicaments, qui sera réalisée par l’Union régionale des parents d’enfants déficients auditifs. (Source : Journal

sont prescrites en dénomination commune internationale (DCI) en France, contre trois fois plus en Allemagne. Les génériques sont prescrits dans 40 % des cas en France, contre 70 % outre-Rhin. (Source : Le Figaro)

pharmaciens titulaires

international de médecine)

sont devenus adjoints en 2014. L’une des raisons expliquant ce changement de statut est la fermeture des officines. Toujours en 2014, 600 adjoints sont devenus titulaires. (Source : États généraux du pharmacien adjoint)

e-santé

paracétamol

Le dossier pharmaceutique (DP) accessible au patient sur smartphone pourrait bien devenir un jour réalité. C’est en tout cas le souhait qu’a exprimé Isabelle Adenot, la présidente de l’Ordre des pharmaciens, le 19 janvier dernier. « On pourrait imaginer que des applications soient créées, qui seraient liées au DP, par exemple pour favoriser une meilleure observance, précise-t-elle. Cela interviendrait dans un cadre plus large que celui du carnet de vaccination électronique. » Toutefois, elle a laissé entendre qu’il n’y aurait pas en 2015, sauf opportunité, d’avancées sur ce point qui « passe par une modification législative ». ❙

Les baisses de prix appliquées début 2015 sur le paracétamol signent-elles l’épilogue d’une séquence médiatique qui a débuté fin 2013 avec la proposition de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) d’autoriser la substitution du Doliprane ? L’initiative avait soulevé l’ire des industriels concernés, BMS et Sanofi en tête. Mais les autorités ne s’interdiront pas de revenir à terme sur ce sujet afin de négocier de nouvelles baisses de prix, voire même une augmentation de la taille des conditionnements, les marges des industriels étant considérées comme toujours « confortables ». ❙

Le DP au bout des doigts

Baisses de prix à suivre ?

MACRO / ÉCO

La fraude (détectée) des professionnels de santé Les politiques sont prompts à dénoncer le rôle de la fraude des assurés dans les déficits de l’Assurance maladie. Qu’en est-il des professionnels de santé ? Ce sont les infirmiers, très nombreux en France, qui tiennent le haut du pavé de ce douteux classement, juste devant les transporteurs sanitaires. Les pharmaciens arrivent loin derrière. À titre de comparaison, les fraudes aux prestations en espèces, essentiellement commises par les assurés, représentent « seulement » 13,2 millions d’euros en 2013. Transporteurs sanitaires et taxis

Masseurs-kinésithérapeutes

Chirurgiens-dentistes

Infirmiers

Pharmaciens

Médecins (millions d’euros) 2011

2012

0 2013

2

4

6

8

10

12

14

16

18

20

Source : rapports 2014 et 2013 de la Délégation nationale à la lutte contre la fraude (DNLF).

Février 2015 I No 1267 I 11


Actualité En bref

LABORATOIRES ❙❙Lilly prévoit de supprimer en septembre 158 postes sur 378 dans sa visite médicale en France « en raison d’un contexte économique et réglementaire difficile ». Le groupe américain souhaite renouer avec la croissance en 2015 via les ventes de ses médicaments actuels et de nouveaux lancements dans le diabète, l’oncologie et l’immunologie. ❙❙Lilly et le français Adocia s’associent pour développer une insuline utrarapide, BioChaperone Lispro, afin « d’optimiser le contrôle du taux de glycémie pendant et après les repas dans les diabètes de type 1 et 2 ». ❙❙Le site de production de Fresenius, à La Châtre (Indre), a reçu une offre de reprise qui pourrait émaner de la société Pharmadyne. Basée à Paris, cette dernière commercialise des médicaments présentés en poches souples. Le site est visé par un plan de sauvegarde de l’emploi.

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

NOMINATIONS x Corinne Le Goff, présidente de Roche Pharma France, a été élue présidente de l’association LIR (Laboratoires internationaux de recherche). C’est la première fois qu’une femme est élue à ce poste. Elle succède à Denis Hello, devenu vice-président Europe du Sud d’AbbVie. x Pierre-Louis Bras a été nommé président du Conseil d’orientation des retraites (COR). Il a été l’un des auteurs du rapport Igas (Inspection générale des affaires sociales) sur les pharmacies d’officine en 2011.

x Jean-Luc Delmas, ancien président du conseil central de la section C du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens, a été élu président de l’Académie de pharmacie pour 2015. Il succède à Jean-Pierre Foucher, après avoir été vice-président en 2014. x Philippe Lenoir a été élu président de l’Association professionnelle des pharmaciens inspecteurs de santé publique (Aprophis). Cette nouvelle association a fait l’objet d’une parution au Journal officiel des associations fin 2013.

x Jean-Yves Le Gall, biochimiste, a pris ses fonctions de président de l’Académie de médecine pour 2015. Il succède à Yves Logeais. Pierre Bégué a, lui, été élu vice-président et deviendra donc président l’an prochain. x François Bourdillon, actuel directeur de l’Institut de veille sanitaire (InVS), a été nommé directeur général de l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes) par intérim, en remplacement de Thanh Le Luong.

À votre santé ! par Martin Vidberg

À vous Charlie ! Tous les moyens sont bons pour rendre hommage à Charlie Hebdo. Et si vous commenciez par vous adonner à l’humour bête et méchant au comptoir ?

❙❙AbbVie compte sur le lancement de sa multithérapie orale antihépatite C, Viekira Pak, pour porter sa croissance en 2015. L’Américain espère obtenir une autorisation de mise sur le marché (AMM) en Europe cette année pour ce produit concurrent d’Harvoni (Gilead). ❙❙Danone conserve sa division spécialisée dans la nutrition médicale. Une cession pour plus de 3 milliards d’euros avait été évoquée il y a un an. Fresenius et Hospira avaient été cités comme potentiels acquéreurs, mais les offres de rachat ont été jugées insatisfaisantes. ❙❙Bœhringer Ingelheim et Sanofi ont signé un accord pour la fabrication d’anticorps monoclonaux thérapeutiques en prévision des prochains lancements de médicaments biologiques par l’industriel français. ❙❙La cour d’appel de Paris a rejeté le recours déposé par Sanofi contre une amende de 40,6 millions d’euros infligée par l’Autorité de la concurrence pour dénigrement des génériques de l’antiagrégant plaquettaire Plavix (Teva). Sanofi envisage un recours en cassation.

12 I No 1267 I Février 2015

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Le Kiosque

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Les médias parlent de vous, on vous en parle… par Claire Frangi OUEST-FRANCE (22 décembre)

Balayé par la tempête Un an après l’affaire des poches, qu’est devenu le laboratoire Marette ? Établi à Courseulles-sur-Mer (Calvados), il avait été créé par le pharmacien Jean-Luc Marette et installé dans son officine. Il concevait des poches de nutrition­parentérale pour alimenter les prématurés et fournissait l’hôpital de Chambéry, où trois nourrissons sont décédés en décembre 2013. Dès lors, tout s’emballe : les médias assiègent l’officine, le ministère condamne alors qu’aucune preuve n’est trouvée. La suspension administrative le 7 janvier 2014 scelle la liquidation de l’entreprise. Depuis, le patron, qui se dit « brisé », a refusé de licencier et a développé le portage de médicaments pour reclasser ses salariés, en attendant que l’enquête soit bouclée. Car, pour l’instant, aucun élément pénal n’a mis en cause le laboratoire. ❙ LA PROVENCE (15 janvier)

Au-delà du courrier Deux ans après avoir initié Porteo, un service de portage de médicaments pour les personnes isolées, La Poste passe à la vitesse supérieure. Forte de ses premiers essais dans les Alpes-de-HauteProvence et pour anticiper la baisse des volumes de courriers, elle a développé son offre : cinq pharmacies du département sont désormais partenaires. Les colis confiés à La Poste le matin sont distribués dans la journée. Seul le pharmacien est donneur d’ordre : un particulier ne peut pas appeler La Poste pour commander. Et, comme tout a un coût, il faut compter 4 euros par colis. ❙

RUE89.COM (30 décembre)

LE PARISIEN (16 décembre)

Intox à bon escient C’est à l’un des plus grands fléaux de l’humanité, vieux de plusieurs siècles, que s’attaque la toute jeune Organisation juive européenne (OJE) – née en mai dernier – dans une campagne aux airs de santé publique que relaie Le Parisien. Empruntant au registre médical, l’OJE a élaboré une affiche au ton décalé, sur laquelle un médecin brandit ce qui semble être un nouveau traitement, baptisé « Antisémitox ». Mais ne vous y trompez pas : il est destiné à soigner l’antisémitisme, une « maladie contagieuse, parfois grave, hautement transmissible, souvent héréditaire, qui peut toucher tout le monde », détaille la notice. Chacune des 10 000 boîtes fabriquées pour l’occasion, vendue 5 euros pièce, contient trois bonbons au miel, un autocollant en guise de patch et le texte de loi rappelant les peines encourues pour propos antisémites. Le fruit des ventes de ce nouveau remède servira à financer les actions de l’association. Comme quoi, on peut décidément rire de tout…

LA VOIX DU NORD (15 janvier)

SUD-OUEST (17 janvier)

Amendes pour fraude

Paralysées une demi-journée

Le tribunal d’Avesnes a condamné trois officines pour avoir vendu de l’alcool à 90º sans s’être acquitté des droits d’accises (15 euros par litre d’alcool). Car, pour les douanes, seul l’alcool utilisé dans les préparations ou pour désinfecter est exempt de taxes. De plus, des quantités suspectes auraient été écoulées. Les établissements devront donc s’acquitter d’un total de 193 000 euros au titre des droits fraudés et de 64 000 euros de pénalités proportionnelles. ❙

Le samedi 17 janvier dernier, en se réveillant, les officines charentaises ont mal commencé leur journée. LGPI Pharmagest, leur logiciel de gestion informatique permettant de réaliser le tiers payant mais aussi de connaître les prix des médicaments, était hors service, les rendant incapables de vendre des médicaments. 60 % des pharmacies d’Angoulême auraient été touchées par la panne, qui a été résolue en début d’après-midi. Elle aurait été liée à une mise à jour effectuée durant la nuit. ❙

FRANCE-ANTILLES (10 janvier)

Vols à répétition Depuis fin décembre, les cambriolages avec effraction se multiplient dans les pharmacies guadeloupéennes. Une seule et même bande en serait à l’origine. La présidente du Conseil de l’ordre local constate que les voleurs ne s’intéressent qu’à l’argent et que les dégâts sont souvent importants (bris de devanture…). Aussi conseille-t-elle de s’équiper d’alarmes et de ne pas con­ser­ ver de liquide dans l’officine. ❙

LA NOUVELLE RÉPUBLIQUE (9 janvier)

Survie en jeu Inquiets pour leur pérennité, les commerçants de Champdeniers (Deux-Sèvres) ont lancé une pétition pour le maintien en centre-ville de la pharmacie Chétouane. Celle-ci s’estime en effet à l’étroit et envisage sa délocalisation en périphérie. D’autres solutions seraient possibles mais elles n’ont pas reçu les faveurs du titulaire, qui prendra sa décision en mars. ❙

La face cachée de l’efficacité Si un cachet d’aspirine a la même efficacité d’un pays européen à l’autre, c’est grâce à une institution qui a soufflé ses 50 bougies fin 2014 : la Direction européenne de la qualité du médicament, plus communément appelée Pharmacopée européenne, du nom de l’ouvrage qu’elle édite, unique référence en matière de normes de qualité s’appliquant à une substance ou un ingrédient. Sis à Strasbourg, ce service, qui émane du Conseil de l’Europe, lie par traité international 37 États européens, dont la Suisse. Il inclut également des pays observateurs comme la Chine et les États-Unis. Pour fêter son demi-siècle, la vénérable institution a réalisé une vidéo en anglais de son histoire, une brochure et une exposition dans ses locaux. ❙ OBJECTIF GARD (17 janvier)

Vouées à disparaître La pharmacie minière de Molières-sur-Cèze (Gard) vit ses dernières heures : elle fermera le 1er février prochain. Celle de Cendras restera encore ouverte à mi-temps quelques mois mais, à terme, elle connaîtra le même sort. Restera, comme alternative pour les clients, le portage à domicile. Exclusivement réservées aux anciens mineurs, ces officines servent des clients de plus en plus âgés, de moins en moins présents, et qui ne sont plus que quelques dizaines à Molières et une centaine à Cendras. Les moyens seront recentrés sur les officines où les besoins restent importants, comme celles d’Alès ou de La Grand-Combe. ❙ Février 2015 I No 1267 I 15


Actualité Enjeux

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

La disparition de la vignette et l’apparition des honoraires ont remis en cause le dogme des prix fixes en officine : une situation unique dont a tenté de profiter le groupement Univers pharmacie avec son programme « Premium ». par Laurent Simon

TABOU SUR LES PRIX Souvenez-vous du rapport de l’Autorité de la concurrence (ADLC) en 2013. L’instance char-

gée de la régulation concurrentielle des marchés en France avait à l’époque jeté son dévolu sur la filière du médicament, avec les préconisations que l’on sait, comme la libéralisation du marché de l’OTC ou l’encadrement des remises sur les médicaments génériques, voire la création d’un groupe générique pour le paracétamol (voir « Actu en bref », p. 11). L’Autorité rappelait également quelques évidences, à savoir que « les fabricants et les intermédiaires peuvent fixer le prix [des médicaments non remboursables] librement, les pharmaciens également, à condition qu’ils [les] fixent […] “avec tact et mesure” »… Ainsi que d’autres points plus sibyllins mais qui intéressaient directement cette instance chargée du contrôle des prix, par exemple : « si la vignette devait ainsi être supprimée [elle l’a été à partir

du 1er juillet dernier avec une période transitoire qui a duré jusqu’à fin 2014], cela permettrait aux pharmaciens de proposer plus aisément des prix différents pour les médicaments à prescription médicale facultative (PMF) aujourd’hui vignettés, lorsqu’ils sont vendus sans prescription et, par conséquent, cela favoriserait la concurrence par les prix entre officines sur ces produits ». La proposition d’Univers Du Doliprane en promotion comme produit d’appel ? Voilà qui résonnait comme de la science-fiction il y a encore quelques mois, avant que la disparition de la vignette et l’avènement des honoraires pharmaceutiques viennent chambouler l’affichage et la conception des prix en pharmacie. Conséquence directe : le mois de décembre dernier a été riche en débats entre les instances de la profession,

Les Suisses en savent quelque chose Sun Store, c’est un peu l’Univers Pharmacie helvète : cette chaîne de pharmacies spécialisées dans le rabais tous azimuts propose une carte de fidélité appelée Suncard, avec à la clé des rabais sur « les marchandises des assortiments suivants (“assortiment autorisé”) : parfumerie, maison et environnement, parapharmacie, médicaments non soumis à ordonnance et pilules contraceptives », précisent les conditions générales de vente sur son site. Pour les heureux possesseurs de la Suncard, des promotions – 10 % le 10e jour de chaque mois –, des bons de réduction, des prix « action ». En outre, Sun Store a décidé dès 2001 de renoncer à percevoir la « rémunération basée sur les prestations des pharmaciens (RBP), composée de forfaits de vérification du médicament à 4 fr. 30 et de validation du traitement à 3 fr. 25 », rapporte le quotidien suisse 24 Heures. Mais, devant le marasme économique, les superpromotions n’ont eu qu’un temps : Sun Store a en effet décidé le 1er janvier dernier, jour du lancement des honoraires en France, d’appliquer la RBP à ses ventes de médicaments. Selon Dominique Jordan, président de PharmaSuisse, cité par 24 Heures : « D’autres chaînes avaient adopté la même politique dans le passé mais elles ont abandonné plus rapidement. Plus personne ne peut tenir actuellement sans cette rémunération. » C’est dit. III

16 I No 1267 I Février 2015


Le PHaRMaCIeN

Enjeux Actualité

DR

DEFRANCE

syndicats, Ordre et groupements en tête. Un débat totalement souterrain dont la seule émergence a été la conférence de presse donnée par Daniel Buchinger, président fondateur d’Univers Pharmacie, le 20 janvier à Paris. Celuici y a annoncé la création de son service « Premium », une carte « personnelle et nominative » payée 25 euros par an par le patient et lui permettant d’obtenir certains avantages au sein des pharmacies affiliées à son groupement, « près de 200 » à l’heure actuelle. Le système a été monté par la même entreprise, Aquitem, qui était en charge de la précédente carte de fidélité Univers, « Mes avantages Para ». Avec toutefois une différence majeure. Parmi les avantages de ce nouveau programme « Premium » comptent des « conseils personnalisés, des informations santé sur des thématiques de prévention et de connaissance des pathologies » et trois applications santé : deux portant sur l’homéopathie et le diabète, et « Votre suivi santé » pour « gérer le parcours médical ». Rien que de très classique. Là où la démarche d’Uni-

vers détonne, c’est que la carte permet également le « paiement global et anticipé des honoraires de dispensation sur les boîtes de médicaments remboursables achetées au comptoir sans ordonnance […], au total 10 000 références ». Le ­groupement prend tout de même soin de préciser que les honoraires – 0,82 euro depuis le 1er janvier dernier – sont « une reconnaissance du « La disparition de la rôle de conseil du pharmacien ». vignette permettrait aux L’Alsacien n’a donc pas franchi le Rubicon en proclamant pharmaciens de proposer « offrir les honoraires pharma- des prix différents ceutiques », comme cela avait été craint au courant du mois pour des médicaments de décembre. Le patient ne fait aujourd’hui vignettés. » que les payer par « anticipaAutorité de la concurrence, 2013 tion ». Nuance. Daniel Buchinger assure par ailleurs que cette démarche est totalement « légale ». Légale, peut-être, mais vraiment pas consensuelle : elle a soulevé des remous au sein même de l’association qu’il a contribué à créer – l’Union des groupe- III Février 2015 I No 1267 I 17


Actualité Enjeux

DR

[Tabou sur les prix]

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

ments de pharmaciens d’officine (UDG- chevé. C’est précisément ce qui garantit aussi le PO) –, dont il est toujours président d’honneur monopole sur ces médicaments. Les pharmaciens et trésorier. Son actuel président Lucien Benna- ont donc d’excellentes raisons de vouloir reventan, également président du groupement PHR, diquer et défendre ce statut. » ne décolère pas contre son confrère : « Fidéliser Pour ses opposants, la démarche de Daniel un patient en l’incitant à consommer des médica- Buchinger est difficile à contrer pour au moins ments plutôt qu’en prônant le bon usage du médi- deux raisons. La première est que, comme le cament est un pur scandale. » Indignation précisait l’ADLC en 2013, le prix des médicapartagée à la FSPF, dont le vice-président Phi- ments vignettés non remboursables n’est en tout lippe Besset tempête : « Abandonner les hono- état de cause qu’un prix maximal. En fait, l’Autoraires revient à nier que l’acte a une valeur. Mais rité considérerait même qu’à partir du moment nous donnons acte à Daniel Buchinger de ne plus où un médicament remboursable n’est pas prévouloir les offrir mais simplement les faire payer senté au remboursement, son prix est complèen avance. » tement libre. Ce point La proposition d’Unifait d’ailleurs l’objet vers Pharmacie serait « Fidéliser un patient d’une lutte sourde entre d’ailleurs unique, à en l’incitant à consommer l’ADLC et l’Assurance écouter Lucien Bennamaladie, cette dernière tan qui assure qu’aucun des médicaments est s’estimant compétente autre adhérent de l’UD- un pur scandale. » pour fixer les prix des GPO ne se risquerait à médicaments rembourfaire des honoraires Lucien Bennatan, PHR sables, qu’ils soient pharma­ceutiques un prescrits ou non. Libre argument marketing. L’UDGPO compte pourtant donc aux pharmaciens Univers d’accorder des parmi ses membres des groupements réputés remises sur une spécialité d’un montant égal aux pour leur politique de prix agressive, comme honoraires qu’ils auraient perçus. « Un peu Lafayette… « La non-facturation des honoraires comme un commerçant qui annoncerait “offrir la n’est pas illégale sur un plan formel, précise Jean- TVA”, précise Jean-Jacques Zambrowski. La TVA Jacques Zambrowski, économiste de la santé, est évidemment perçue par l’État, c’est l’équivalent mais elle est malencontreuse au moment où le de son montant qui est offert au client. » Univers pharmacien apparaît comme un professionnel de avait d’ailleurs déjà lancé un ballon-sonde en santé, ce que les honoraires ont justement para- décembre 2014 en proposant le Doliprane au prix de vente sans honoraires de 1,19 euro le 500 mg en comprimés. « Une erreur technique qui n’a d’ailleurs pas touché que nous », plaide le président d’Univers qui a depuis fait machine Le code de déontologie de l’Ordre, arrière. La seconde raison porte sur la « carte de extrêmement réticent au développefidélité » incluse dans l’opération « Premium » ment des cartes de fidélité, laisse néanlancée par Univers, qui n’est pas vue d’un très moins une latitude pour leur utilisation bon œil par l’Ordre (voir encadré ci-contre). III

Carte de fidélité : les règles d’or

par des pharmaciens, à quelques conditions : « Elles ne peuvent mettre en danger le libre choix de la pharmacie. […] Elles sont limitées à l’usage exclusif en pharmacie. […] Elles ne peuvent contenir des données liées à la vie privée ou au secret professionnel, ni permettre d’y avoir accès. […] Elles ne peuvent faire l’objet d’aucune forme de publicité. […] Elles ne peuvent porter préjudice à l’intérêt général en matière de santé publique. » Dans le cadre du programme « Premium », le paiement par avance des honoraires pharmaceutiques ne pourrait-il être considéré comme contrevenant à la cinquième règle sur la santé publique, citée cidessus, en incitant à la consommation de médicaments ? Concernant cette fois la ristourne, l’article 108 précise également qu’elle « ne peut pousser à la surconsommation de médicaments, ou nuire au libre choix de la pharmacie ».

18 I No 1267 I Février 2015

Entrave à la concurrence Toute tentative concertée de couler le projet lancé par le groupement alsacien pourrait être interprétée comme une entrave à la concurrence par l’ADLC – encore elle –, ce qui empêche toute intervention publique de l’Ordre mais aussi d’associations de groupements ou d’autres instances représentant les pharmaciens. Interrogé sur le cas Univers, l’Ordre nous a répondu qu’il ne pourrait pas « s’exprimer sur ce sujet étant donné qu’il touche aux prix ». Dont acte. La carte de fidélité devra donc être attaquée par le biais de plaintes ordinales et jugée dans ce cadre, ce qui ne manquera certainement pas d’être fait dans les mois à venir. x


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Un nouveau site pour la FSPF ! Quelque temps après le site du Pharmacien de France, celui de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) fera peau neuve avec la mise en ligne d’une nouvelle version de www. fspf.fr pour mi-février. Les adhérents pourront trouver dans leur espace réservé toutes les ressources de leur syndicat en accès illimité (circulaires fédérales, fiches pratiques…). À une seule condition : avoir renseigné ses identifiants dans le bloc « Connexion » prévu à cet effet, à savoir le numéro d’adhésion de l’officine et un mot de passe généré automatiquement mais qui pourra être modifié par la suite en vous reconnectant depuis un lien qui sera envoyé sur le mail de votre pharmacie. Ces deux éléments sont en cours de communication auprès de tous les adhérents. La partie actualité professionnelle, nommée « Fil d’actu », sera assurée par la rédaction du Pharmacien de France et par la FSPF. En haut de la page d’accueil du site figurera le menu destiné aux pharmaciens ; en bas seront affichées les informations à l’intention des syndicats départementaux. Outre les ressources réglementaires et l’actualité de la profession, un bloc vidéo permettra à tous de visionner les dernières productions de la FSPF ou de ses partenaires. Il ne vous reste plus qu’à naviguer ! ❙

20 I No 1267 I Février 2015

Semaines cruciales pour le DPC Tous les acteurs du petit monde de la formation ont entamé une série de négociations visant à redéfinir l’obligation de formation, effective depuis le 1er janvier 2013.

C

omment former trois fois plus de professionnels avec autant d’argent ? Après des débuts timides en 2013, le développement professionnel continu (DPC) a connu sa première année pleine en 2014. Victime de son succès, cette obligation de formation a vu ses budgets dépassés dès octobre dernier. Ce n’est une surprise pour personne : il faudrait 565 millions d’euros pour former tous les professionnels de santé libéraux, or l’Organisme gestionnaire du DPC (OGDPC) ne possédait que 166 millions d’euros de budget en 2014. Pour tenter de résoudre la quadrature du cercle, trois réunions mettront tous les acteurs de la formation (professionnels de santé, OGDPC, ministère de la Santé et Haute Autorité de santé) autour de la table d’ici au 18 février, date de la rencontre de synthèse. Serrer la ceinture Pour économiser les deux tiers du budget nécessaires, des solutions ont été avancées, comme de rendre l’obligation triennale, voire quinquennale et non plus annuelle. Une solution qui « satisferait » la FSPF, selon Philippe Denry, président de la commission Affaires sociales et relations professionnelles, qui voit d’un bon œil tout ce qui peut alléger les

contraintes qui pèsent sur les titulaires. Il appelle également à ne pas oublier les salariés de l’officine, adjoints et préparateurs. A également été évoquée une égalisation des forfaits entre les différents professionnels de santé. Pour mémoire, le budget alloué aux médecins est aujourd’hui de 3 700 euros par an, contre 1 300 euros pour les pharmaciens. En revanche, pas sûr que les premiers acceptent de partager avec leurs petits camarades… La chasse devrait

aussi être ouverte contre les organismes proposant des formations de qualité trop inégales. ­Dernier axe : resserrer les priorités de formation en écartant certains thèmes jugés secondaires. Il n’y a pas de petites économies. ❙

NOTABENE Le résultat des concertations sera intégré dans la loi Santé de Marisol Touraine, dont le calendrier officiel est encore attendu, même si le premier passage parlementaire devrait avoir lieu en avril ou mai prochain.


Les dossiers de la Fédé

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

honoraires

Démarrage sans anicroches Un mois après le lancement des honoraires de dispensation, la FSPF se félicite du bon déroulé technique­des opérations. Et maintenant ?

S

des cheminots ou la prise en charge des vaccins antigrippaux par le code PREV. Reste qu’au moment où nous écrivons ces lignes, deux sujets subsistent sur la table : le texte sur l’affichage des prix est toujours bloqué au sein de la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) et la situation des départements d’outre-mer est toujours transitoire (voir « Les dossiers de la Fédé », Le Pharmacien de France, no 1266). Une situation qui n’a pas été anticipée par le ministère, malgré les alertes. ❙

ur les 2 millions de feuilles de soins électroniques émises chaque jour, seules « quelques centaines » ont posé des problèmes de paiement, se réjouit-on à la FSPF, un mois après la mise en place des honoraires dans toutes les officines de métropole. Les cas détectés « sont en cours de résolution et [auront été] payés d’ici fin janvier », se félicite ainsi ­Philippe Besset, vice-président de la FSPF. Ils concernaient certaines mutuelles qui n’avaient pas prévu les changements informatiques nécessaires… mais aussi le régime

entretiens

Pour l’asthme, les pharmaciens devront compter sur eux-mêmes La parution fin 2014 des textes officiels instituant les entretiens asthme a donné le coup d’envoi de cette nouvelle « nouvelle mission ».

L

es bons résultats des entretiens antivitamines K (AVK) en main (voir Le Pharmacien de France, no 1266, p. 8), les officinaux qui le souhaitent peuvent désormais se lancer dans les entretiens asthme. À la différence des AVK, les patients à cibler doivent être en initiation de traitement ou ne pas en avoir reçu pendant les quatre mois précédents, et la durée de traitement prévisible être supérieure à six mois. « Initiation de

traitement » signifie que l’Assurance maladie n’aura pas le temps d’effectuer des démarchages ciblés à l’égard de ces patients pour les inciter à participer aux entretiens pharmaceutiques. Quant aux médecins, la plupart échaudés par la mise en place des entretiens AVK, il y a fort à parier que peu d’entre eux serviront d’intermédiaires pour promouvoir les entretiens asthme. « C’est aux pharmaciens de poser la question tout de suite, confirme

Christophe Koperski, en charge de l’Exercice professionnel à la FSPF. Le recrutement sera du coup un peu plus compliqué. » Quant à la motivation des pharmaciens, elle reste importante, même si elle a été entamée par les retards de paiement des entretiens AVK, dont les rémunérations ont été finalement versées fin novembre. « Nous devons faire comprendre aux pharmaciens qu’il s’agit d’un investissement à long terme, tant pour eux que pour la profession », remarque Christophe Koperski. À raison de 200 euros par pharmacie en moyenne, les sommes ne sont effectivement pas mirobolantes. « Je suis sûr que ceux qui faisaient déjà des entretiens AVK se lanceront dans les entretiens asthme. L’enjeu est maintenant que de nouveaux pharmaciens s’y mettent aussi », espère le syndicaliste. ❙ Février 2015 I No 1267 I 21


Publi rédactionnel

Gestion du tiers payant

L’engagement d’une coopérative de pharmaciens La Société des pharmaciens du Centre propose de réaliser, pour l’officine, toute la gestion du tiers payant. La condition : adhérer à cette coopérative créée par et pour les pharmaciens. La Société des pharmaciens du Centre (SPC) a été créée en 1978, sous la forme d’une coopérative, dans l’objectif alors de défendre le travail des pharmaciens d’officine indépendants : en offrant à la population le service du tiers payant, les pharmaciens ont pu éviter la création d’une pharmacie mutualiste à Orléans. Regroupant à l’origine des officinaux de la seule région Centre, la coopérative a décidé, en 2001, de s’ouvrir à tous les pharmaciens de France. Aujourd’hui, elle compte plus de 800 adhérents issus de toutes les régions et représente une vraie force engagée dans la défense de la profession et le soutien des confrères dans leur pratique quotidienne.

Gain de temPs, Paiements Garantis

Jean-Marc Franchi, président de la spC.

Depuis sa création, en collaboration avec Résopharma qui assure le transport des flux, la SPC propose à ses adhérents de réaliser, à leur place, la gestion des opérations de tiers payant : pointage des bordereaux de paiement, traitement des rejets, recyclage des factures, relance auprès des organismes payeurs, rapprochement bancaire, etc. Pour le pharmacien d’officine, il s’agit d’un travail particulièrement chronophage lorsqu’il est réalisé en interne, avec le risque de laisser passer des erreurs ou d’oublier de traiter un dossier. « Le service que nous avons mis en place permet au titulaire de libérer du temps et d’être plus disponible au comptoir. Il peut ainsi se recentrer sur son cœur de métier. De plus, nous l’aidons à diminuer le nombre de rejets et donc les impayés », indique Jean-Marc Franchi, président de la SPC. Comment la société coopérative organiset-elle cette gestion ? Avec rapidité et efficacité grâce à une méthodologie de travail rigoureuse, une banque de données exhaustive et des contacts privilégiés avec les caisses et mutuelles. « Nous ne rentrons jamais dans le système informatique du

pharmacien », tient à préciser Jean-Marc Franchi. La coopérative reverse aux pharmaciens, par virement, les sommes correspondant aux factures adressées aux régimes obligatoire (RO) et complémentaire (RC). Pour les règlements et les coûts, elle propose plusieurs options. Le pharmacien a ainsi le choix parmi quatre délais moyens de paiement : x 5 jours, soit 8 virements mensuels (option A) ; x 7 jours, soit 8 virements mensuels (option B) ; x 9 jours, soit 5 virements mensuels (option C) ; x 13 jours, soit 5 virements mensuels (option D). Ceci pour un engagement d’une télétransmission journalière (RO+RC). Un relevé des sommes versées est envoyé tous les quinze jours, composé d’une ligne par journée de télétransmission. « Au jour choisi pour le virement, le pharmacien sait que l’argent est sur son compte. À charge pour nous de récupérer les sommes dues auprès des caisses. C’est, pour le profes-

sionnel, un vrai avantage qui fait la différence entre nous et les autres sociétés de gestion du tiers payant. Celles-ci en effet gèrent le flux financier sans s’occuper si l’argent rentre sur le compte du titulaire », souligne Jean-Marc Franchi. Par ailleurs, confier la gestion de son tiers payant à la coopérative confère un autre avantage : celui d’avoir des mois de facturation gratuite du service quand la trésorerie de la société le permet. Autant d’arguments convaincants pour adhérer à la SPC et s’unir dans l’intérêt de tous. x

Le coût mensuel du service Il varie selon l’option de règlement et le nombre de factures. Pour 100 factures par jour, il est de : x 412,50 € pour l’option A ; x 343,75 € pour l’option B ; x 275,00 € pour l’option C ; x 206,25 € pour l’option D.


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DÉCRYPTAGE

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Favoriser une médecine sobre, revenir à une prescription raisonnée, se ­recentrer sur l’intérêt du patient. À contre-courant du surdiagnostic et de la ­surmédicalisation, une mouvance informelle se développe en France depuis une dizaine d’années. Par Fanny Rey Photos Miguel Medina

Nous sommes déprescripteurs !

F

aut-il le rappeler ? Les patients français sont parmi les plus gros consommateurs de médicaments au monde et les médecins français ceux qui ont la main la plus lourde en Europe. « En France, 30 % de soins inutiles, voire dangereux, sont prodigués, au premier rang desquels les prescriptions de psychotropes, d’antibiotiques et de statines », souligne Christian Saout, « Les cardiologues sont secrétaire général du Collectif interassociatif sur la santé (Ciss). ceux qui nous posent « On parle de 10 000 à 20 000 morts le plus de problèmes. » annuels dus à la iatrogénie, soit quatre à cinq fois le nombre de tués Jérôme Lurcel, généraliste à Paris sur la route – la référence », martèle Jean-Claude Salomon, médecin et ancien chercheur en immunologie du cancer. Pourtant, depuis une dizaine d’années, les lignes commencent à bouger sur fond de scandales médicamenteux à répétition. « Malheureusement, il faut en passer par là pour bousculer la conscience du médecin et du pharmacien », note Louis-Adrien Delarue, jeune généraliste installé à Angoulême. Un contexte propice à la création en 2004 de l’association Formindep – militant pour une formation médicale indépendante de l’industrie pharmaceutique – et de Princeps, un groupe de réflexion sur la surmédicalisation. C’est cette même année que le terme « déprescription » 24 I No 1267 I Février 2015

a fait son apparition, comme l’indique le Dr Marine Crest, auteur d’une thèse soutenue en octobre 2012 s’intitulant « Déprescription : les patients sont-ils prêts ? ». Ce néologisme désigne le fait d’arrêter la prescription d’un médicament inutile ou inapproprié, au bénéfice/ risque défavorable…La parution en septembre 2012 du Guide des 4 000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux des Pr Even et Debré lui a donné un écho tout particulier, amplifié par la tenue depuis trois ans d’un colloque annuel à la faculté de médecine de Bobigny sur le thème « Sous-médicalisation, surmédicalisation, ­surdiagnostics, surtraitements ». Retour aux fondamentaux Exaspérés par une visite médicale qui occupe le terrain, la culture de l’ordonnance à rallonge et la multiplication des produits à l’ASMR [amélioration du service médical, NDLR] faible ou nulle, une minorité active de médecins – généralistes pour la plupart – œuvrent à leur échelle pour contrer cette dérive. L’anthropologue Anne Vega s’est penchée sur ces « petits prescripteurs ». Leurs points communs ? Ils affichent une attitude très critique à l’égard des nouvelles molécules et utilisent une liste restreinte de produits. Lecteurs assidus de Prescrire, ils sont particulièrement sensibles aux liens d’intérêts,


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aux stratégies d’influence des laboratoires et refusent la visite médicale. Pour la plupart membres d’associations et de réseaux indépendants pour se former, ils n’hésitent pas à discuter et modifier les prescriptions de leurs confrères spécialistes « où figurent souvent des médicaments pas meilleurs mais très bien ­promus », relève François Pesty, expert-conseil en organisation, informatisation et automatisation du circuit du médicament. À chacun son déclic Qu’est-ce qui amène un médecin à déprescrire ? Le contexte familial, pour le Dr Delarue, qui précise avoir « baigné dans cet état d’esprit, avec un beau-père lecteur assidu de Prescrire ». Le praticien a très tôt été frappé par « le hiatus existant entre la parole professorale et la pratique réflexive de la revue ». L’environnement universitaire, pour Marine Crest, selon qui « la nouvelle génération de médecins est beaucoup moins prescriptrice de médicaments ». Formée à Angers et l’université Paris V dans l’esprit déprescripteur, cette jeune généraliste se souvient du « choc des stages en ambulatoire ». Les scandales sanitaires, enfin : « Pour moi, le grand tournant fut le scandale du sang contaminé, qui a entraîné une perte de confiance dans des autorités de santé souvent minées par des conflits d’intérêts », indique ainsi

Alain Siary, généraliste membre du groupe ­Princeps. Pour tous, il s’agit de revenir aux fondamentaux. Dans la pratique quotidienne, cela implique de limiter tout ce qui est susceptible d’induire des interactions toxiques et « cette démarche intervient le plus souvent à l’occasion d’un changement de médecin traitant », explique le Dr Philippe Nicot, citant l’exemple des sartans, « très prescrits alors qu’ils ont des effets secondaires avérés » ou des anticholinestérasiques, pour ­lesquels la commission de la transparence a conclu fin 2011 à un bénéfice mineur associé à des risques, notamment en association avec les psychotropes. Dans quelle mesure les pharmaciens pâtissentils de ce parti pris ? « Nous ne nous en rendons pas trop compte car tous les médecins travaillant à proximité de l’officine prescrivent peu », note Sophie Maillard, titulaire à la pharmacie du Vieil Angoulême. Les rapports sont cordiaux, ellemême étant patiente du cabinet médical où exerce le Dr Delarue ainsi que deux autres « petits prescripteurs ». Elle se dit plutôt d’accord avec leur position, « même si économiquement, ça ne m’arrange pas du tout ; on n’aura jamais d’ordonnance complexe comprenant plus de cinq médicaments », concède-t-elle. Impossible pour autant d’évaluer le manque à gagner qui en découle : « Il y a d’autres facteurs à prendre en III

10 000 à 20 000 morts sont dues à la iatrogénie tous les ans en France.

Février 2015 I No 1267 I 25


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compte, comme les baisses de prix. » La grogne viendrait plutôt des patients qui ­« n’obtiennent pas les médicaments qu’ils veulent », mais la plupart se montrent plutôt fatalistes, « vu le désert médical angoumois ». III

Vers une liste de médicaments essentiels « La majorité des médi­ caments mis sur le mar­ ché ces trente dernières années ne sont ni meil­ leurs ni plus efficaces que les médicaments pré­ existants ayant les mêmes indications, tout en étant plus coûteux. Ils font pourtant l’objet d’une intense promotion commerciale auprès des médecins pour les inciter à les prescrire », regrette Jean-Claude Salomon. Un constat qui a conduit cet ancien chercheur en immunologie du cancer à faire de l’élaboration et de la diffusion d’une liste restreinte de médicaments essentiels l’un

26 I No 1267 I Février 2015

de ses chevaux de bataille, depuis une dizaine d’années. L’idée ? « Donner la priorité à ce qui est suffisant pour traiter efficacement 95 % des patients et accessoirement faire des économies », explique le cofondateur du groupe Princeps. Afin d’aider les généralistes à optimiser leurs prescriptions, il s’agit d’évacuer les milliers de médicaments à l’utilité discutable, voire notoirement inutiles. « Les génériques efficaces doivent aussi être distingués des autres. » L’objectif consiste à ce que chaque médecin pioche dans cette liste de médicaments essentiels

pour sa propre pratique et que les logiciels d’aide à la prescription les ­proposent peu à peu préférentiellement. De l’abacavir à la warfarine, cette liste évolutive a d’ores et déjà été remaniée par une centaine de membres de la Société nationale française de médecine interne (­SNFMI). Le cercle des participants intégrera progressivement des spécialistes, des pharmaciens et des pharmacolo gu es , q u i d ev ro n t également contribuer à l’établissement d’une liste complémentaire concernant les affections plus rares.

Droit d’inventaire Argumentation, recours à l’actualité, examen clinique appuyé… les méthodes des déprescripteurs convergent. S’en référant au rôle de coordonnateur des soins dévolu aux médecins traitants, ils n’hésitent plus à exercer un droit de regard sur les ordonnances des confrères. « Déprescrire fait partie de mon quotidien. Je ne me vois pas comme un renouveleur d’ordonnances. C’est plus difficile à faire passer chez les personnes âgées, qui représentent l’essentiel de ma patientèle. Mais j’ai un joker, le mot “Mediator”, ou bien je leur dis que je n’ai pas envie de faire d’eux une bombe chimique ambulante ! », relate le Dr Delarue. « Il faut avoir les épaules solides pour modifier une ordonnance car il est indispensable de bien argumenter cette décision. », constate Alain Siary. « On ne peut rougir de vouloir le bien des patients par des attitudes diagnostiques ou thérapeutiques réfléchies, argumentées au vu des données factuelles de la science. De même qu’on ne peut rougir de refuser des avis biaisés par l’industrie du médicament, dans un contexte où le scandale du Mediator a prouvé une nouvelle


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DÉCRYPTAGE Nousxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx sommes déprescripteurs !

Une carte à jouer pour les pharmaciens Les déprescripteurs sont encore trop minoritaires pour affecter l’officine. Les généralistes évoquent une bonne entente : « Quand les pharmaciens se plaignent de nos ordonnances, c’est en plaisantant. Ils sont surtout contents qu’elles soient claires et cohérentes, étant aussi responsables des médicaments délivrés », indique Louis-Adrien Delarue, généraliste exerçant à Angoulême. C’est plutôt la nécessité de créer des partenariats dans le cadre des nouvelles missions des pharmaciens qui est mise en avant dans ce processus de désescalade prescriptrice. Toute récente, l’initiative Présage va dans ce sens, associant généralistes et pharmaciens franciliens au sein d’un réseau de pharmacovigilance. Prévue pour deux ans, ce projet, lancé par l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) pharmaciens, les généralistes franciliens via la Société de formation thérapeutique du généraliste (SFTG), les centres de pharmacovigilance, l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) et l’agence régionale de santé (ARS) d’Île-de-France, évalue et compare le bénéfice/risque des nouveaux anticoagulants oraux (Naco) et des antivitamines K (AVK) chez les plus de 80 ans. Des patients « non pris en compte dans les essais cliniques », précise Nadia Letailleur, adjointe à Groslay (Oise). Une fois formés, les membres du réseau devront repérer les patients sous anticoagulants, noter leurs traitements et effets, en ville comme en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). Plus de 70 participants sont déjà formés et la SFTG table sur 600 professionnels impliqués.

fois que les conflits d’intérêts des médecins représentent un véritable facteur de risque sanitaire », analyse le Dr Delarue. Dans ce qui s’apparente parfois à un bras de fer, « les cardiologues sont souvent ceux qui nous posent le plus de problèmes : j’ai remarqué qu’ils sont de gros prescripteurs d’associations fixes, d’où une faible marge de manœuvre pour nous », note le Dr Jérôme Lurcel, généraliste à Paris et secrétaire général de la Société de formation thérapeutique du généraliste (SFTG). Le frein du paiement à l’acte Difficile d’inverser la tendance dans une société où tout incite le médecin à surprescrire. « Ceux qui veulent optimiser leur rémunération sont invités à enchaîner les consultations », rappelle François Pesty. Peu compatible avec le temps que requiert la déprescription. Les autres ­obstacles sont la crainte de la perte de patientèle, le souci déontologique envers les autres prescripteurs, la connaissance insuffisante du patient... sans oublier la pression exercée par les patients euxmêmes. Il est beaucoup plus facile de prescrire que de ne pas le faire. Et de reconduire une ordonnance que de la réévaluer, d’autant que « l���������������������������������������������� ’informatique incite au renouvellement automatique », note ainsi le Dr Lurcel. « En fin de journée, on finit par en avoir marre d’expliquer pourquoi on ne prescrit pas un médicament », poursuit-il.

Le Dr Delarue confirme : « C’est vrai que les ordonnances sont plus chargées le soir. Ne pas prescrire d’antibiotiques prend du temps. » La tâche paraît plus ardue en ville. « À l’hôpital, je déprescris en masse. Je travaille avec des pharmaciens beaucoup plus au fait de la iatrogénie », note Marine « Déprescrire fait partie Crest, qui regrette le retard de mon quotidien. français en matière d’enseignement de la prescription, qui Je ne me vois pas devrait débuter dès le début comme un renouveleur d e s é t u d e s m é d i c a l e s . d’ordonnances. » À Limoges, le Dr Nicot apprend aux troisièmes cycles de méde- Louis-Adrien Delarue, généraliste à Angoulême cine générale « à reconsidérer certaines prescriptions ». Seules quatre heures de cours y sont consacrées, « ce qui montre l’intérêt limité pour cette question ». Si la jeune génération de médecins a vécu les scandales médicamenteux, l’enseignement de la médecine n’a toujours pas fait son aggiornamento. « Les facs de médecine ne proposent aucun module sur la ­iatrogénie ou la visite médicale : on évoque beaucoup plus la malprescription en stage pratique », constate le Dr Delarue. « La formation initiale n’est pas du tout axée sur cette problématique. C’est en internat que les étudiants commencent à y être sensibilisés », abonde Alain Siary. III Février 2015 I No 1267 I 27


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« Dans les formations conventionnelles que j’anime, j’ai toute liberté pour faire passer ce message. » Le salut viendra-t-il alors de la formation continue ? Pas tant qu’elle n’aura pas gagné en indépendance. « La formation continue indépendante ne passe pas par les organismes de formation « Il faut avoir les épaules continue. Dans le dispositif de DPC [développement professolides pour modifier sionnel continu, NDLR], l’indusune ordonnance. » trie pharmaceutique est toujours Alain Siary, médecin généraliste, membre de la SFTG aussi présente, fait valoir le Dr Delarue, en charge de ce dossier au Formindep. La formation indépendante se fait essentiellement via Prescrire et le Web participatif. » Pour le Dr Lurcel, elle « est assurée de façon indépendante par La Revue Prescrire tout comme par la SFTG, qui forme un millier de médecins par an. Mais tout dépend où on place le curseur de l’indépendance : la SFTG dépend tout de même de l’OGDPC [l’organisme gestionnaire du DPC, NDLR], elle est donc indirectement financée par la taxe sur l’industrie pharmaceutique, NOTABENE mais peut elle faire autrement ? » Concernant le Les Dr Philippe Nicot et Louis-Adrien DPC, le Formindep mène d’ailleurs actuellement Delarue sont tous deux membres du Formindep. Philippe Nicot déclare une action sur l’absence de transparence et n’avoir aucun lien avec les firmes d’indépendance réelle de la commission scien(produits de santé ou pouvant avoir tifique indépendante des médecins. L’association un impact sur la santé). Louis-Adrien Delarue ne signale également aucun œuvre par ailleurs à « trouver les moyens d’immislien avec l’industrie pharmaceutique cer [son] combat pour l’indépendance au sein des dans sa déclaration publique d’intérêt facultés », précise le Dr Delarue. Les omnipra(DPI). Les deux DPI sont disponibles sur www.formindep.org. ticiens interrogés plaident pour une meilleure III

28 I No 1267 I Février 2015

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communication, centrée sur les bénéfices d’une prescription modérée. « Mais qui financerait de telles campagnes ? », interroge Jean-Claude ­Salomon. Responsabilité politique Tous les acteurs interrogés en appellent au renforcement de la collaboration entre généralistes et pharmaciens sur le terrain. « Une revue annuelle des ordonnances chez le patient âgé pourrait être réalisée par le pharmacien, au moins dans les Ehpad [établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, NDLR], afin d’adresser une revue critique au médecin traitant. Cela n’a jamais été fait, or c’est dans le champ de compétences de l’officinal », souligne Alain Siary. Comment passer du stade de la simple alerte à la stratégie collective ? « Cela relève de la responsabilité politique. Pourtant il n’y a pas un mot là-dessus dans le dernier PLFSS [projet de loi de financement de la sécurité sociale, NDLR] ni dans la loi Touraine, déplore Christian Saout. Les autorités de santé ne semblent pas réellement se saisir du problème. » De fait, l’État affiche une position ambivalente, entre économies à réaliser et intérêts industriels à ménager. Difficile dans ces conditions d’être optimiste, selon le Dr Nicot : « Tant qu’il y aura de tels enjeux financiers, une telle influence des firmes et que les médecins n’auront pas une réflexion critique sur la formation qu’ils reçoivent, je ne vois pas comment les choses pourront s’arranger. » ❙


Acnés sévères (telles que acné nodulaire, acné conglobata ou acné susceptible d’entraîner des cicatrices définitives) résistantes à des cures appropriées de traitement classique comportant des antibiotiques systémiques et un traitement topique

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Santé Enquête

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EllaOne est vendu au prix de 22,73 euros (PPTTC), contre 6,63 euros pour Norlevo ou 5,30 euros pour le lévonorgestrel de Biogaran. À la question d’une baisse de prix ultérieure, HRA Pharma ne promet rien. À moins que l’État ne finisse par se pencher sur la question !

Quels lendemains pour EllaOne ? Le délistage d’EllaOne en avril place le pharmacien en difficulté : cette pilule du lendemain vaut trois fois plus cher que le lévonorgestrel mais est trois fois plus difficile à dispenser.

E NOTABENE Ventes en 2012 x Norlevo : 864 749 boîtes x L évonorgestrel Biogaran : 620 200 boîtes x EllaOne : 39 582 boîtes Ventes en 2013* x Norlevo : 855 876 boîtes x Lévonorgestrel Biogaran : 695 216 boîtes x EllaOne : 45 413 boîtes * Les données 2013 sont arrêtées au mois d’octobre. Source : FSPF-Pharmastat.

30 I No 1267 I Février 2015

t de deux ! L’ulipristal est en passe de rejoindre le lévonorgestrel au rang des contraceptions orales d’urgence délistées. Cette décision de la Commission européenne a été prise le 7 janvier après une recommandation de l’Agence européenne du médicament : cette dernière a en effet estimé que le profil de sécurité d’EllaOne est comparable à celui des autres contraceptifs d’urgence à base de lévonorgestrel, lesquels sont disponibles sans ordonnance dans la plupart des pays européens. Une bonne nouvelle pour HRA Pharma, le laboratoire qui produit Norlevo et… EllaOne. Délai de formation Proposé depuis 2009, EllaOne avait jusqu’ici du mal à se frayer une place au côté du géant Norlevo. Ce dernier a décroché sa première autorisation de mise sur le marché

(AMM) en 1999 à raison de deux prises à un intervalle de 12 à 24 heures, puis est passé à une prise unique en 2004. Chaque année, plus de 850 000 comprimés de Norlevo se vendent en officine. Le lévonorgestrel de Biogaran, équivalent thérapeutique du Norlevo, est, lui, commercialisé depuis 2007 à raison de 600 000 à 700 000 boîtes par an. Mais en 2013 EllaOne ne dépassait toujours pas la barre des 50 000. Alors pourquoi, après tout, ne pas se précipiter pour rendre ce dernier d’ores et déjà disponible au comptoir ? Ne représente-t-il pas aussi une chance supplémentaire pour les femmes, malgré un prix certes trois fois plus élevé ? Si HRA Pharma se refuse à tout commentaire en termes de stratégie industrielle, il a annoncé que le délistage ne sera effectif en France que le 15 avril, date à laquelle, tout comme son prédécesseur, EllaOne pourra être délivré anonymement

et gratuitement aux mineures sans qu’elles aient à présenter de prescription médicale. Le laboratoire explique avoir préféré « retarder le délistage pratique d’EllaOne » pour prendre le temps de « former les équipes officinales qui le souhaitent ». Car n’est pas Norlevo qui veut, justement… Précautions d’emploi Le laboratoire claironne que son ulipristal détient une AMM qui l’autorise dans les 5 jours suivant­ un rapport sexuel non protégé contre 3 pour le lévonorgestrel. Un atout indéniable mais rappelons que HRA Pharma n’a jamais demandé d’extension d’AMM pour Norlevo malgré une efficacité démontrée jusqu’à 4 ou 5 jours... Il ajoute qu’Ella­One est plus efficace que Norlevo lorsqu’il est utilisé dans les 24 heures suivant un rapport sexuel non protégé. La revue Prescrire a pourtant, dès 2009, remis en question la


Enquête Santé

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PHOTOS MIGUEL MEDINA

À partir du moment où une contraception d’urgence est remboursable, comme le lévonorgestrel, elle est prise en charge à 100 % pour les mineures de plus de 15 ans et le demeure même après délistage. Ce sera donc aussi le cas d’EllaOne.

­ éthodologie de l’évaluation m ­clinique. Les deux essais versus lévonorgestrel, menés chez 1 672 et 1 893 femmes, ne démontraient aucune supériorité d’ulipristal. Prescrire note en outre que, dans l’un de ces essais, « la dose d’ulipristal utilisée, 50 mg, est supérieure à la dose de 30 mg effectivement commercialisée »… Impossible donc d’affirmer qu’EllaOne est plus efficace que son prédécesseur. Par ailleurs, « son profil d’effets indésirables connus n’est pas plus favorable ». L’ulipristal implique même davantage de précautions : à titre d’exemples, EllaOne impose d’arrêter l’allaitement pendant une semaine au lieu de huit heures avec Norlevo et peut réduire ­l’action du contraceptif hormonal repris ensuite (combiné ou progestatif seul) quand le lévonorgestrel ne pose aucun problème d’interaction. « Manœuvre commerciale » Il n’en fallait pas davantage à ­Prescrire pour conclure clairement : « Le lévonorgestrel 1,5 mg a fait l’objet de copies, ce qui réduit

la part de marché de la société qui l’a ­lancé jadis. La commercialisation de l’ulipristal par cette firme, avec un autre délai de prise, apparaît surtout comme une manœuvre commerciale. Autant ne pas être dupe. Et autant en rester au lévonorgestrel, mieux éprouvé. » En 2010, la commission de la transparence de la Haute Autorité de santé soulignait à son tour les limites des essais cliniques présentés pour EllaOne et, si elle lui accordait un service médical rendu (SMR) important, ne lui octroyait qu’une amélioration du SMR mineure par rapport à Norlevo. Plus inquiétant au regard de son nouveau délistage, elle notait un nombre limité de données chez les jeunes filles de moins de 18 ans. S’il n’est pas question de condamner toute nouvelle alternative proposée aux femmes, tout l’enjeu va être, dans les mois à venir, aussi bien pour HRA ­Pharma que pour les officinaux qui vont se retrouver en première ligne, de maîtriser les conditions de délivrance d’EllaOne. ❙

L’ulipristal acétate (en haut) est un modulateur sélectif des récepteurs de la progestérone, dont le chef de file est la mifépristone (RU486, en bas).

3QUESTIONSÀ…

Dr Françoise Tourmen gynécologue, membre de la commission contraception du Planning familial, membre du Formindep

Voyez-vous en EllaOne une alternative intéressante pour les femmes ? À mon sens, une bonne contraception d’urgence est en vente sans ordonnance, facile d’accès, bon marché et bénéficie de toute la sécurité requise. Or EllaOne est moins facile à manipuler que le lévonorgestrel, son prix est trop élevé et la coexistence de ces deux molécules va mettre les dispensateurs en difficulté. J’émets quelques réserves. Quelles précautions d’emploi pour EllaOne vous inquiètent le plus ? En premier lieu, son interaction avec une contraception hormonale régulière. Les Thesaurus 2014 et 2015 ont d’ail-

leurs intégré l’ulipristal pour le « risque d’antagonisme des effets du progestatif » et conseillent de « ne pas reprendre un traitement progestatif moins de 12 jours après l’arrêt de l’ulipristal ». Voilà qui ne va pas faciliter le conseil pharmaceutique. Une étude du laboratoire a aussi montré que le passage de l’ulipristal dans le lait maternel dure six à sept jours. Enfin, subsistent des inconnues sur les grossesses exposées alors qu’une dose de lévonorgestrel est sans risque. Quel conseil donneriezvous aux pharmaciens ? S’informer de la façon la plus indépendante possible afin d’éviter une délivrance ­systématique  !

Anne-Laure Mercier Février 2015 I No 1267 I 31


Santé Panorama

❙❙Dépister Alzheimer revient moins cher en ville qu’à l’hôpital. C’est du moins ce que suggère une étude présentée au Congrès national des unités de soins, d’évaluation et de prise en charge Alzheimer (Uspalz). Avec une économie supposée de 850 euros en moyenne par an et patient, les sommes totales économisées en cas de généralisation du diagnostic de la maladie en ambulatoire se monteraient à 200 millions d’euros ! ❙❙Bientôt une nouvelle option thérapeutique dans le syndrome des jambes sans repos. Le Targin (oxycodone + naloxone à libération prolongée) a été approuvé dans cette indication par la Commission européenne, une décision qui s’applique également à la France. Ce traitement de deuxième intention sera donc utilisé après échec des agonistes dopaminergiques pramipexole (Sifrol) et rotigotine (Neupro), malgré une pertinence clinique déjà discutable de ces derniers, selon la Haute Autorité de santé. ❙❙La médroxyprogesterone (Depo-Provera) augmente le risque d’infection par VIH. La méta-analyse publiée dans le Lancet Infectious Diseases et regroupant douze études montre une élévation du risque de 40 % mais qui reste faible dans l’absolu. Ce risque est augmenté de 73 % chez une population de prostituées, voire multiplié par quatre chez des partenaires sérodiscordants. Un résultat qui n’a fort heureusement pas été retrouvé avec la contraception orale. ❙❙Haro sur les anticholinergiques chez les personnes âgées ! Une étude, publiée dans le Journal of the American Medical Directors Association (Jamda), a été menée au CHU de Toulouse sur 437 patients âgés de 83 ans en moyenne et pour lesquels a été calculée une « charge anticholinergique » en fonction des traitements qui leur étaient délivrés (antidépresseurs, neuroleptiques, antinauséeux…). Celle-ci s’est avérée associée à un risque de fragilité nettement supérieur chez les patients. Un appel à « déprescrire » massivement.

32 I No 1267 I Février 2015

DEFRANCE

INFO OU INTOX

De l’ail contre le rhume ? Les recettes à base d’ail pour lutter contre les infections respiratoires bénignes pullulent sur le Net et ailleurs. Une revue de la littérature vient remettre de l’ordre.

I

ngrédient ubiquitaire en cuisine, l’ail est réputé ­p osséder de multiples ­propriétés thérapeutiques. ­L’Organisation mondiale de la santé (OMS) lui reconnaît ainsi une efficacité limitée mais bien réelle dans le traitement de l’hypertension artérielle. Quant au rhume, qui touche les adultes deux à trois fois par an et les enfants six à huit fois, c’est une autre histoire… Ail, ail, ail Qu’il soit cru, cuit, en soupe ou en complément alimentaire, les conseils pullulent sur Internet pour utiliser l’ail dans des cas bénins d’infection ORL.

DR

ÀSAVOIR

Le PHaRMaCIeN

Une revue de la littérature menée par la Cochrane Library risque de moucher quelques espoirs. Sur les huit essais cliniques existants, un seul était suffisamment solide méthodologiquement pour être interprété par les chercheurs : 146 patients répartis en deux groupes devaient, pour les uns, utiliser un complément à base d’ail contenant 180 mg d’allicine, une très haute dose, les autres un placebo, une fois par jour pendant trois mois. Les résultats sont plutôt bons : 24 rhumes dans le groupe

« aillé­ », contre 65 dans le placebo. Le rétablissement des patients a en revanche pris autant de temps dans les deux groupes étudiés. Et parmi les effets secondaires rapportés dans le p ­ remier groupe : l’odeur évidemment. Mais ça, il n’y avait pas besoin d’essai clinique pour s’en rendre compte. Les données ne sont donc pas tout à fait suffisantes pour conclure à l’efficacité de l’ail dans les infections ORL. Néanmoins, pour ceux de vos patients qui se lanceraient dans un traitement saisonnier, orientez-les sur un complément à prendre quotidiennement sous forme de comprimés gastrorésistants à haute teneur en allicine. ❙ intox !

observance

dépendance

Les antidépresseurs – par ordre décroissant de popularité : escitalopram, paroxétine, amitryptyline, fluoxétine… – sont très largement prescrits en France mais tout aussi mal utilisés puisque, dans 80 % des cas, le traitement est abandonné avant six mois, révèle une étude menée grâce aux bases de données de l’Assurance maladie sur près de 950 000 adultes, d’une moyenne d’âge de 50 ans, dont deux tiers de femmes. Rappelons que les recommandations préconisent une durée de traitement minimale de 6 mois à 1 an. Par ailleurs le taux d’instauration des traitements varie du simple au double selon les départements… ❙

Suite à des cas de mésusage par injection ayant entraîné des lésions cutanées, la formulation des cinq génériques du Subutex disponibles sur le marché français – Arrow, Biogaran, Mylan, Sandoz et Teva – a été modifiée côté excipients pour se rapprocher de celle du princeps. Exit ainsi la silice colloïdale, l’amide et le stéarate de magnésium, dorénavant remplacés par le stéarylfumarate de sodium dans les lots fabriqués. Rien n’indique ce changement, ni dans les conditionnements, ni dans le code. À noter : c’est le laboratoire français Éthypharm qui fabrique tous les génériques du Subutex disponibles sur le marché français. ❙

Les déprimés, mauvais élèves

Les génériques du Subutex évoluent


Panorama Santé

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

L’IMAGE DUMOIS

Des enfants parsis par-là

© JIYO PARSI

« Soyez responsables, ne mettez pas de préservatifs » ou « Ayez un enfant rapidement après le mariage ; vos parents ne pourront pas toujours être là pour jouer les baby-sitters » : le programme Jiyo Parsi n’y va pas par quatre chemins.

substitution

cancérologie

Nouveaux EEN à venir

La Commission européenne est en train d’élaborer une révision de sa guideline sur les excipients à effet notoire (EEN). Préparezvous, de votre côté, à leur arrivée.

Actualisation progressive Côté calendrier, la révision ne se fera pas en bloc mais au fil de l’eau, « courant 2015 et début 2016 ». Ce sera certaine-

© MICHEL HASSON

L’

année sera placée sous le signe des EEN ! Outre la révision de douze produits déjà classifiés EEN (aspartame, chlorure de benzalkonium, alcool benzylique…), neuf molécules devraient officiellement faire leur entrée dans cette liste, notamment pour prendre en compte les nouvelles ­données sur la population pédiatrique. À savoir, « l’acide borique, les cyclodextrines, les parfums allergisants, la L-proline, le lauryl sulfate, la maltodextrine et le dextran, les phosphates (notamment dans les gouttes oculaires), les phtalates (CMR) et le polysorbate », liste l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).

Les Parsis sont une communauté vieillissante, au bord de la disparition : 56 000 personnes en Inde, contre près de 140 000 en 1941. La solution ? Faire des enfants. Beaucoup et rapidement. Pour inciter ses coreligionnaires à ne pas se détourner de leurs devoirs conjugaux, les autorités parsies ont pris les choses en main, avec cette campagne résolument nataliste, aux slogans chocs.

Du ginseng contre les coups de pompe La revue belge Minerva proposait dans son numéro de décembre dernier l’analyse d’un essai clinique mené en 2013 sur 364 patients, portant sur l’effet du Panax quinquefolius sur la fatigue chez des malades atteints de cancer. Sa conclusion : l’efficacité du ginseng est certes modérée mais incontestable. Deux études pilotes menées en 2003 et 2010 étaient d’ailleurs parvenues à la même conclusion. ❙

tabacologie

ment l’alcool benzylique qui ouvrira le bal de la révision de la guideline 2001/83, dont la dernière actualisation date de 2003. À la clé : un renforcement des informations sur le packaging et surtout sur la notice des spécialités contenant ces nouveaux EEN. Il y a fort à parier que cela engendrera une polémique sur la dangerosité des génériques avant la fin de l’année… ❙

Des patchs pour les métaboliseurs lents De la varénicline ou des patchs pour arrêter la cigarette, comment choisir ? Une étude parue dans le Lancet Respiratory Medicine suggère de réserver le Champix aux métaboliseurs « normaux » de la nicotine (60 % de la population) et de réserver les patchs aux « lents », pour améliorer l’efficacité et diminuer les effets secondaires… à condition que le coût du dépistage des patients ne soit pas excessif. ❙ Février 2015 I No 1267 I 33




Santé Conseil

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CMV : Coupable Méconnu et Virulent Associé à des cas de morts fœtales in utero, le cytomégalovirus ou CMV reste méconnu des professionnels de santé. Et de nombreuses incertitudes subsistent.

nelle est difficile à interpréter, la sensibilité de l’échographie est médiocre (de l’ordre de 20 %) pour détecter des signes non spécifiques du CMV et l’imagerie par résonance magnétique (IRM) cérébrale fœtale est délicate à analyser. En outre, le dépistage de la surdité est ytomégalovirus ou CMV : pour impossible à réaliser avant la naissance. le définir, le Dr Sophie Alain, La charge virale fœtale, mesurable par du Centre national de référence amniocentèse à partir de la 21e semaine cytomégalovirus (CNR-CMV), d’aménorrhée et 6 semaines après l’infecreprend le titre d’un ouvrage d’Henry tion présumée, ne reflète pas la sévérité Miller, Un diable au paradis. En effet, des séquelles éventuelles ; elle confirme ce virus strictement humain, très fréquent l’infection du fœtus, mais on ignore encore dans la petite enfance et dont l’infection comment la traiter. L’administration d’anpasse inaperçue dans ticorps anti-CMV à la mère 90 % des cas, est tout de « Le CMV est infectée n’a pas donné de même le premier agent “un diable résultats probants quant à responsable d’infection la diminution du risque de congénitale sur le terri- au paradis”. » transmission au fœtus. toire et la première cause Dr Sophie Alain, CNR-CMV L’utilisation de valaciclovir de surdité d’origine infecà forte dose pendant la tieuse de l’enfant. grossesse est en cours d’évaluation. L’espoir réside dans un vacD’inconnues en inconnues cin recombinant anti-CMV, qui a donné En France, 55 % des femmes enceintes une efficacité de 50 % en phase II, mais (environ 400 000) n’ont jamais été en qui ne devrait pas arriver sur le marché contact avec le CMV. Or, en cas de primo- avant plusieurs années. infection dans ce contexte, le taux de transmission materno-fœtale est de 30 %, Mieux vaut prévenir que guérir conduisant dans 5 à 15 % des cas à des Le maître mot reste donc l’information séquelles importantes, allant de retards des femmes enceintes sur les risques de psychomoteurs de gravité variable à la l’infection et les mesures d’hygiène indissurdité isolée, mais aussi des atteintes pensables à appliquer pour y échapper extracérébrales variées (cardiomyopathie, (voir encadré ci-contre). On en est loin hépatite…), voire des décès in utero. On d’après une étude américaine qui, en 2009, peut donc légitimement se demander montrait que cette information n’est délipourquoi les femmes en âge de procréer vrée par les professionnels de santé que ne sont pas systématiquement dépistées, dans moins de 50 % des cas. Pas étonnant, comme c’est le cas pour la rubéole ou la au vu des résultats d’une étude, française toxoplasmose. Simplement parce que les cette fois, en 2012 : sur 800 praticiens recommandations sanitaires nationales interrogés sur le CMV, dont la moitié de de 2004 s’y opposent, de nombreuses sages-femmes et le tiers de gynécologues, inconnues persistant quant à la prise en seuls 30 % répondaient correctement sur charge des femmes enceintes infectées. les modes de transmission du virus et 9 % En effet, aucun marqueur fiable ne permet avaient les bonnes réponses à tous les de prédire la transmission fœtale ou le items. Moralité : formez-vous ! ❙ risque de séquelles. La sérologie materÉlise Brunet

C

Que conseiller en pratique ? Le mot d’ordre : limiter le contact avec les urines, la salive et les larmes des jeunes enfants de moins de 3 ans. x Ne pas sucer leur tétine, ni partager leurs couverts et tasses, ne pas finir les repas ; ne pas les embrasser sur la bouche ou sur la joue. x Ne pas partager leurs affaires de toilette (gants de toilette, serviettes). x Se laver les mains à l’eau et au savon après chaque change, bain ou repas, après avoir mouché leur nez ou essuyé leur bouche, après avoir manipulé leurs jouets. Le virus se transmettant aussi par voie sexuelle, le conjoint doit suivre ces mesures d’hygiène et opter pour le port du préservatif pendant toute la grossesse.

36 I No 1267 I Février 2015


Fiche Conseil

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Pas toujours évident de conseiller, orienter, rassurer une femme enceinte au comptoir, quel que soit le stade de sa grossesse. Le dernier trimestre comprend des risques spécifiques, qu’il convient d’identifier rapidement.

Dernier trimestre : quand consulter ? « J’AI DES DOULEURS PELVIENNES » x L’urgence à identifier est la menace

x Les douleurs pelviennes peuvent être

d’accouchement prématuré, qui nécessite de se rendre aussitôt à la maternité. Elle est suspectée lorsque les contractions utérines sont fréquentes et régulières (au moins 3 toutes les 30 minutes). À ne pas confondre avec les contractions physiologiques, qui jalonnent la préparation de l’utérus à l’accouchement et sont au nombre de 1 à 5/jour, surtout le soir ou après un effort. L’utérus peut aussi être dit « contractile », avec des contractions fréquentes (plus de 10/jour) mais irrégulières, et évoluant depuis plusieurs jours ou plusieurs semaines. Le repos est alors de mise.

d’origine ligamentaire, plutôt à type de tiraillement ; elles sont alors concentrées sur le pubis et la racine des cuisses et ne s’accompagnent pas d’un durcissement utérin. x Attention, les douleurs pelviennes peuvent également avoir une étiologie urinaire ou gynécologique. Lors de l’interrogatoire, assurez-vous auprès de la patiente de l’absence de signes évocateurs (douleurs à la miction, envie plus fréquente d’uriner, fièvre, douleurs lombaires, saignements, écoulements vaginaux purulents) et, le cas échéant, préconiser une consultation.

« J’AI DE LA FIÈVRE » La réponse est claire et concise : toute fièvre supérieure à 38 °C chez la femme enceinte impose une consultation médicale. Ce symptôme peut être banal mais aussi indiquer une affection plus grave pouvant entraîner une embryopathie ou une fœtopathie. Selon les symptômes associés, peuvent être évoqués par exemple une pyélonéphrite, une infection à cytomégalovirus, une rubéole, une grippe, une chorioamniotite (infection de la cavité amniotique) ou la tant redoutée listériose, peu symptomatique. C’est pourquoi une fièvre chez la femme enceinte amène systématiquement à pratiquer un examen cytobactériologique des urines (ECBU) ainsi qu’une hémoculture. En outre, l’hyperthermie maternelle est susceptible ­d’entraîner une fausse couche spontanée ou une prématurité.

« J’AI DE L’ŒDÈME » L’importance est d’identifier la pré-éclampsie, appelée aussi toxémie gravidique, qui est une urgence absolue. Elle survient dans un contexte d’hypertension artérielle maternelle (chronique ou liée à la grossesse). L’œdème touche alors les chevilles, le visage, les extrémités et s’accompagne de troubles visuels, auditifs et une prise de poids récente et brutale (plusieurs kilos en quelques jours). À différencier de l’œdème de l’insuffisance veineuse, touchant les membres inférieurs, plus présents en fin de journée et disparaissant pendant la nuit. S’y ajoutent des symptômes typiques comme une lourdeur des jambes, des crampes, des fourmillements, une sensation de tension du mollet. Dans ce cas, la compression veineuse est préconisée.

« JE SAIGNE / J’AI DES PERTES » x Les saignements sont possibles au début du travail. Ils sont accompagnés de contractions utérines rapprochées et traduisent des lésions du col utérin lors de sa dilatation. D’autre part, des pertes de sang peuvent survenir lors de la perte du bouchon muqueux (qui ferme l’utérus) quelques jours avant l’accouchement. Ces dernières sont assorties de pertes blanches importantes. Pensez à questionner votre patiente sur d’éventuels écoulements ; les pertes blanches abondantes sont courantes chez la femme enceinte. En revanche, si elles deviennent purulentes, elles évoquent une infection génitale haute, nécessitant une consultation rapide. Hormis les deux premières situations, où il n’y a pas lieu de s’inquiéter, les saignements sont synonymes d’urgence et imposent une prise en charge médicale immédiate. Les deux causes les plus fréquentes d’hémorragies au dernier trimestre sont le placenta prævia et l’hématome rétroplacentaire. Dans le premier cas, qui correspond à un placenta implanté sur

Sources : Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF).

la partie inférieure de l’utérus et qui saigne, le pronostic maternel est en jeu. L’hémorragie est abondante, avec du sang rouge et des contractions utérines répétées. Dans le second cas, le placenta se détache partiellement ou totalement de l’utérus, engageant alors le pronostic vital du fœtus. L’hémorragie est plus discrète, le sang est noirâtre, les douleurs utérines sont brutales et permanentes. x L’écoulement de liquide amniotique est quant à lui incolore ou légèrement blanchâtre (eau savonneuse). Il traduit une rupture ou une fissuration de la poche des eaux . La rupture, lors de l’accouchement, se situe près de l’orifice interne du col, l’écoulement est alors franc et abondant, ce qui est normal. Une fissuration de la poche des eaux se situe plus haut au niveau de la cavité utérine, la quantité de liquide qui s’échappe est moins importante mais continue. Cette brèche ne se colmate qu’exceptionnellement et expose à un risque infectieux élevé, imposant une prise en charge médicale immédiate.

Élise Brunet Février 2015 I No 1267 I 37


Fiche Conseil

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Préparer très à l’avance le trousseau de maternité permet de gagner en sérénité aux premiers signes de l’arrivée de bébé. Et le pharmacien peut aider les futurs parents à ne rien oublier.

La valise de maternité Pour bébé Pour la sortie

6 à 8 bodies 100 % coton (les bodies croisés s’enfilent plus facilement)

Des couches première taille (nouveau-né)

2 à 3 serviettes de toilette pour le bain et la table à langer

1 crème hydratante (Dexeryl, Lipikar, Cold Cream…)

1 bonnet et 1 combinaison

1 siège auto, un couffin ou un porte-bébé

2 à 3 brassières en lainage

De retour à la maison 1 turbulette ou 1 surpyjama

1 thermomètre électronique rectal

4 à 5 paires de chaussettes

5 à 6 bavoirs et/ou grands carrés de tissu souple (couches en tissu ou couches tetra)

6 pyjamas 100 % coton

1 thermomètre électronique de bain

Pour maman 1 lampe pour les tétées de nuit Pour celles qui désirent allaiter : des chemises qui s’ouvrent sur le devant, 2 à 3 soutiens-gorge d’allaitement (une taille au-dessus du soutien-gorge porté en fin de grossesse), des coussinets et coquilles d’allaitement, une huile ou une crème pour l’allaitement (voir notre banc d’essai « Les crèmes de soin pour l’allaitement » paru dans le no 1264 du Pharmacien de France, novembre 2014), éventuellement des bouts de sein.

1 stylo, 1 carnet et 1 montre ou 1 réveil pour les tétées

Des slips jetables en filet 2 serviettes de toilette

Le nécessaire de toilette habituel : prévoir 1 brumisateur et 1 gel nettoyant intime ou 1 savon doux.

Du coton et des compresses stériles 1 paquet de serviettes hygiéniques de maternité 1 paire de chaussons ou de ballerines souples et faciles à enfiler et retirer

Du sérum physiologique Éventuellement des Cotons-Tiges ­adaptés (Bébiso…) 1 savon liquide hypoallergénique adapté (de préférence sans parabens et sans parfum, voir notre banc d’essai « Les gels lavants pour bébé », p. 54) Éventuellement, 1 lait nettoyant également adapté

2 pyjamas ou chemises de nuit confortables et des vêtements amples pour la journée + 1 bouée en cas d’épisotomie

Sources : Institut mutualiste Montsouris, Le Grand Livre de ma grossesse, édition 2014-2015, Éditions Eyrolles.

38 I No 1267 I Février 2015

Pour le bain et la toilette de bébé

1 brosse à cheveux à poils souples

1 paire de ciseaux à bouts ronds

Rédaction Anne-Laure Mercier Infographie Stéphanie Goutte



Santé International

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« Même pas faux ! » Parcourez cette nouvelle sélection des dernières trouvailles de la recherche en ayant à l’esprit cette expression géniale du prix Nobel de physique Wolfgang Pauli : le pire, c’est que tout est vrai ! par Anne-Laure Mercier

CANADA Même pas cap !

Mamie ne reconnaît plus l’odeur de la menthe ? Aïe… L’université de Chicago publie des travaux dans PLoS One qui font du dysfonctionnement olfactif un indicateur du risque de mortalité dans les cinq années qui suivent ! Et un indicateur plus efficace qu’un diagnostic d’insuffisance cardiaque, de cancer ou de maladie pulmonaire, selon ces scientifiques, qui ajoutent que seules des pathologies hépatiques graves peuvent faire mieux en termes de prédiction. Sur les 3 000 hommes et femmes étudiés, 39 % des 57-85 ans qui ne savaient plus distinguer une odeur comme celle de la rose, de l’orange, du poisson, de la menthe ou du cuir sont décédés dans les cinq ans… « Cela n’est pas une cause directe, précisent les auteurs, mais un signe avantcoureur que quelque chose ne tourne plus rond dans l’organisme. »

40 I No 1267 I Février 2015

© ALBERT HSIEH

ÉTATS-UNIS Même pas peur !

Après avoir démontré que, contrairement aux idées reçues, certains jeux vidéo faisaient moins manger les ados (voir Le Pharmacien de France, no 1266), voilà que la recherche vient prouver que les jeux en ligne resserrent les liens familiaux. C’est encore une étude canadienne, cette fois menée par l’université Concordia et publiée dans la revue Information, Communication and Society, qui le démontre : Farmville et Candy Crush Saga, pour ne citer qu’eux, rapprochent des parents éloignés, améliorent la qualité du temps passé ensemble et procurent un sujet de conversation. Bref, ils remplacent dans ces fonctions les jeux de société traditionnels, en plus de compenser la distance. Des atouts tels que les chercheurs s’étonnent de ne pas voir les concepteurs de jeux en tenir compte, d’autant qu’on jouerait plus longtemps en famille qu’avec des amis ou des étrangers.


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International Santé

CANADA Même pas en rêve ! La science a enfin élucidé le succès retentissant du livre Cinquante nuances de Grey : en se penchant sur la teneur des fantasmes qui occupaient les esprits de la population québécoise, l’université de Montréal a constaté que 30 à 60 % des femmes rêvent de soumission (être attachée, tapée sur les fesses…). Des fantasmes qu’elles ne souhaitent pas voir se réaliser, à l’inverse des hommes qui, eux, n’aspirent qu’à ça, triolisme en tête ! Autre différence de genre : les femmes incluent souvent leur partenaire dans leur fantasme, contrairement aux hommes qui imaginent des relations extraconjugales. Dans tous les cas, The Journal of Sexual Medicine rassure : tous ces fantasmes sont « communs ».

ÉTATS-UNIS Même pas mal !

JAPON Même pas sage ! Fétichiste ? Vous n’y êtes peutêtre pour rien. La revue en ligne BMJ Case Reports rapporte ainsi le cas d’un étudiant de 24 ans arrêté pour avoir volé de la lingerie féminine. Ce récidiviste sévissait depuis l’âge de 11 ans, sans toutefois s’intéresser aux dessous de sa mère, de sa sœur ou de ses petites amies. Examiné à l’hôpital, un examen d’imagerie cérébrale a révélé une diminution bilatérale du débit sanguin dans les lobes temporaux et occipitaux de son cerveau. Une anomalie qui, selon les auteurs, peut être associée à ce comportement fétichiste. Va-t-il falloir installer un scanner à l’entrée des boutiques de lingerie ?

La musique n’adoucit pas que les mœurs. Une petite étude présentée lors d’un congrès d’anesthésiologie à La Nouvelle-Orléans a permis à des patientes ayant subi une hystérectomie de se détendre et ainsi de mieux gérer leurs douleurs postopératoires, simplement en écoutant du jazz. Le rythme cardiaque diminue notablement après quelques notes de Miles Davis. Le port d’un casque antibruit s’avère encore plus efficace mais uniquement sur la douleur, et tout aussi rapidement. Finalement, ces deux méthodes permettent, à moindre coût, d’éviter la prise d’antidouleurs et les effets secondaires qui en découlent. Tout bénef !

Février 2015 I No 1267 I 41


Communiqué A partir du 9 mars et pendant quinze jours se déroulera dans toute la France la Quinzaine de la migraine, un partenariat entre la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) et la Société française d’étude des migraines et céphalées (SFEMC), avec le soutien institutionnel de Pfizer. Explications.

QUINZE JOURS CONTRE LA MIGRAINE ANNE DONNET, présidente de la SFEMC

Quel est l’état des lieux de la migraine en France ? Il y a un sous-diagnost i c é n o r m e d e la migraine dans notre pays, alors que la prévalence de la maladie est de 21,3 % en population générale, soit 10 millions de patients potentiels avec des symptômes de sévérité variable. De plus, 40 % des patients n’ont jamais consulté et 60 % ignorent leur statut de migraineux. Qui sont les acteurs concernés et quels doivent être les signes d’alerte ? Le médecin généraliste et le pharmacien sont traditionnellement les deux acteurs de santé concernés au premier chef. Le pharmacien doit en particulier s’assurer que le traitement est pris correctement et apprendre à reconnaître les patients migraineux qui ont recours à l’automédication, une pratique qui entraîne un risque de chronicisation. Quels besoins se font sentir sur le terrain ? Il y a un fort besoin de sensibilisation et de formation des professionnels de santé. Les recommandations pour le ­diagnostic et la prise en charge de la migraine – notamment pour la gestion de la crise – ont été actualisées en 2013. Et la tenue d’un carnet de suivi doit être généralisée au-delà de nos consultations spécialisées.

MICHEL LANTERI-MINET, vice-président de la SFEMC

Pourquoi avoir fait appel aux pharmaciens pour cette première Quinzaine de la migraine ? Depuis le début de ma consultation, les très nombreuses remontées de patients venant des pharmaciens que j’ai cotoyés ont largement contribué à enrichir ma pratique. Créer et entretenir un vrai binôme entre pharmaciens et médecins ne peut qu’amener à améliorer la prise en charge de la migraine, qui est aujourd’hui grandement lacunaire puisque seuls 20 % des patients migraineux sont correctement suivis.

Quel doit être le rôle ­précis de l’officine dans cette prise en charge ? Les pharmaciens sont indispensables dans ­l’accompagnement des patients et le bon usage des médicaments, quelle que soit leur classe pharmacologique. Ils doivent prévenir les fréquents abus médicamenteux liés à l’automédication mais aussi détecter des signaux de migraine, souvent extrêmement polymorphes. Il faut apprendre à reconnaître les « drapeaux rouges » devant amener à préconiser une consultation en urgence.

Et si vous aviez un message à adresser aux médecins ? A partir du moment où le pharmacien joue son rôle d’orientation dans le ­système de soins, reste au corps médical à bien accueillir les patients qui ont fait la démarche de venir les voir. Une bonne communication entre tous et un respect des rôles de chacun est indispensable.

La quinzaine en cinq docs Les pharmaciens participant recevront par voie postale les documents suivants : x un poster présentant l’opération, à afficher dans l’officine si le pharmacien le souhaite ; x u n bloc à feuilles détachables comprenant le test de dépistage de la migraine ; x d es « remis traitant » de la migraine pour les personnes dépistées ; x u n carnet de suivi des crises ; x le pharmacien remettra une lettre destinée au médecin traitant de la personne dépistée lui expliquant l’opération et lui indiquant que le test de dépistage est positif. Libre à la personne dépistée de remettre ou non cette lettre à son médecin.



Officine Investissement

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Premiers pas en Sisa Les maisons de santé qui souhaitent facturer des prestations coordonnées se créent désormais sous forme de Sisa. Cette structure juridique représente un intérêt à ne pas négliger pour le pharmacien.

A

vez-vous déjà sérieusement pensé à prendre part à l’activité d’une maison de santé pluridisciplinaire (MSP) ou d’un pôle de s­ anté ? Vous y avez toute votre place depuis la loi Fourcade de 2011 et son décret d’application (mars 2012) qui ont créé les sociétés interprofessionnelles de soins ambulatoires (Sisa), un nouvel animal juridique. « La Sisa est un outil de circonstance créé par le législateur à la demande de Bercy pour permettre aux maisons de santé de percevoir les nouveaux modes de rémunération dans des conditions sécurisées juridiquement et fiscalement­ », observe Patrick Bordas, directeur associé et responsable national des professions de santé chez KPMG, cabinet d’expertise-comptable. Coopération en première ligne Une Sisa permet ainsi aux professionnels de santé associés, au nombre desquels figurent les officinaux, de pratiquer des activités de coordination thérapeutique, d’éducation thérapeutique du patient (ETP) ou de coopération, et de facturer à l’Assurance maladie des prestations coordonnées. Elle vise également à la mise en commun des revenus en vue de faciliter l’exercice de l’activité professionnelle de chacun de ses associés. « Depuis le 1er janvier 2013, tous ceux qui ont un projet de maison de santé ont l’obligation de créer une Sisa s’ils souhaitent percevoir un financement des agences régionales de santé (ARS) », précise Patrick Bordas. Plus qu’une simple possibilité, s’impliquer dans une Sisa représente un véritable avantage pour les pharmaciens. « D’une

44 I No 1267 I Février 2015

part, le travail en équipe permet de rompre l’isolement, que l’on soit dans une zone rurale ou en zone urbaine à faible densité médicale. D’autre part, la mise en place de la rémunération d’équipe permet aux ­professionnels de se consacrer à des tâches de coordination en percevant une rémunération pour ces missions de santé », explique Patrick Bordas. Dotations dans l’expectative Le dispositif transitoire de l’expérimentation des nouveaux modes de rémunération (ENMR), qui a pris fin au 31 décembre dernier, est justement en cours de refonte. Un financement pérenne doit en prendre le relais. À défaut d’accords signés par les syndicats professionnels avec l’Assurance maladie, le ministère de la Santé a désigné un arbitre, Bertrand Fragonard, qui devra en déterminer le montant d’ici au 18 février prochain. Deux modalités de rémunération devraient être mises en place. La première est forfaitaire et correspondra au fonction-

nement de la structure. Pour mémoire, en 2014, le montant alloué à celles ayant bénéficié de l’ENMR était de 10 000 ou de 15 000 euros, selon le niveau des engagements pris. La seconde rémunération sera destinée au suivi des patients en fonction de leur pathologie. « Ici, à mon sens, c’est la dernière version de l’accord [qui a circulé], un système différent de ce qui se faisait jusque-là, qui risque de s’appliquer. Il consiste en une somme forfaitaire par patient et par structure, en fonction d’une liste de onze pathologies définies. Par exemple, 40 euros pour le suivi d’un accouchement, 150 euros pour les soins palliatifs », indique Patrick Bordas. Pour ceux qui décideraient de se lancer, l’objet de la Sisa doit être un point de vigilance. Si elle permet de pratiquer l’ETP et de redistribuer les honoraires, la Sisa peut aussi avoir pour but de fonctionner comme une société civile de moyens (SCM) qui partagerait bureaux et secrétariats, y compris pour l’activité individuelle de ses membres. Une option toutefois fortement déconseillée par Patrick Bordas. « Il vaut mieux que chacun se débrouille avec ses moyens. Cela veut dire, par exemple, que ce n’est pas la secrétaire de la Sisa qui prendra les rendez-vous

Avant toute chose Le code de la santé publique prévoit un minimum de trois associés qui ne peuvent être que des personnes physiques. Il faut au moins deux médecins. « Le troisième associé doit être un professionnel de santé au sens de la santé publique, c’està-dire qu’il ne peut pas être un psychologue, un nutritionniste ou une assistance sociale, note Patrick Bordas. Ce qui ne les empêche pas malgré tout de travailler pour une MSP, ni d’y être rémunérés,

mais en tant que vacataires ou salariés de la Sisa. » La création des Sisa doit également donner lieu à l’élaboration de statuts comportant onze mentions obligatoires (identité des associés, compétences, apports et capital social de la société…). Des clauses supplémentaires sont possibles tant qu’elles ne portent pas atteinte à l’indépendance de chacun des professionnels de santé associés et au libre choix du praticien par le malade.


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3QUESTIONSÀ…

Nathalie Guillou

Titulaire à Saint-Méen-le-Grand (Ille-et-Vilaine)

© SCOTT MAXWELL

Qu’est-ce qui vous a amenée à entrer dans une société interprofessionnelle de soins ambulatoires (Sisa) ? Tous les professionnels de santé de Saint-Méen-le-Grand – nous sommes quarante – ont décidé de créer un pôle de santé. Mais chacun a conservé son lieu d’exercice : nous louons seulement un bureau, conjoint aux locaux des médecins et infirmières, pour nos réunions de concertation pluri­ professionnelles.

des patients avec les ­médecins. Autrement, si un pharmacien est présent et que les moyens sont partagés, tous les associés risquent d’être soumis à la TVA. » En effet, par rescrit * du 5 avril 2012 l’administration fiscale a admis que les pharmaciens soient exonérés de TVA uniquement pour les prestations facturées à l’Assurance maladie par une Sisa et rémunérées par les nouveaux modes de rémunération. Pharmaciens non grata ? Un dernier obstacle subsiste, qui rendrait réticents les autres professionnels de santé à s’associer aux officinaux : une incertitude des textes de lois, selon lesquels la TVA s’appliquerait à la Sisa dès que l’un des associés y est assujetti pour plus de 20 % de son chiffre d’affaires. « Dès lors qu’un pharmacien entre dans une Sisa, la TVA s’applique-t-elle au pharmacien seul, ou à l’ensemble de l’équipe ? », interroge Pierre de Haas, président de la Fédération française des maisons et pôles de santé

(FFMPS). Pour en avoir le cœur net, la Fédération a également demandé un rescrit fiscal. « Ce n’est pas la pharmacie, mais le pharmacien qui entre dans la Sisa. Il ne met pas en commun son activité. Les revenus qu’il va tirer de l’ETP et de la coordination ­thérapeutique prendront la forme de dividendes de la Sisa ou d’honoraires, mais ne seront pas reversés dans son officine. Dans ce cas, la TVA ne s’applique pas », analyse de son côté Philippe Besset, vice-président de la FSPF, pour lequel cette interprétation pourrait être celle du ministère. Faux problème, donc ? Tout est suspendu à la ­lecture du ministère des Finances. x Claire Frangi * Précision sur l’interprétation d’un texte juridique.

NOTABENE La Sisa facilite l’existence fiscale des maisons de santé, ce que ne permettaient pas les structures type association loi de 1901 (de professionnels de santé) ou société civile professionnelle (SCP).

Quels avantages et inconvénients y voyez-vous ? Nous étions parmi les premiers à monter une Sisa en 2012, alors nous avons essuyé les plâtres. Aussi, pour être sûrs de respecter la loi, nous avons fini par faire appel aux conseils d’un cabinet d’avocats. Sur un plan administratif et fiscal, la Sisa est un système qui pourrait être simplifié, car c’est lourd à gérer. Par exemple, s’il reste un reliquat des ENMR à la fin de l’exercice, tous les professionnels sont imposés sur ce montant. Créer une Sisa représente aussi un coût (statuts, greffe) à prendre en compte. Mais une fois en place, le pôle facilite les échanges et relations entre participants, et cela au bénéfice du patient, dont la prise en charge s’en trouve améliorée. Quels conseils formuleriez-vous pour que l’ensemble fonctionne ? Nous avons fixé une règle de départ : le temps de chacun vaut la même chose. Il faut aussi que tous se sentent impliqués, aient la volonté d’aller dans le même sens, de partager l’information, de mettre en commun leurs connaissances. Et si le but du pôle de santé est uniquement de favoriser la coordination et l’échange, sans intégrer de rémunération, une association de professionnels de santé, plus simple qu’une Sisa, suffit.

Février 2015 I No 1267 I 45


Officine En bref

ÀSAVOIR ❙ Les années d’apprentissage sont désormais intégralement prises en compte pour le calcul des droits à la retraite (autant de trimestres de retraite que de trimestres d’apprentissage peuvent être validés), selon un décret paru le 17 décembre. La mesure entre en vigueur rétroactivement, pour les périodes d’apprentissage réalisées depuis le 1er janvier 2014. ❙ En matière de fraude, les organismes de sécurité sociale ont obligation, à partir d’un certain seuil, de porter plainte en se constituant partie civile. Ce seuil a été relevé par un décret du 14 janvier pour les prestations d’assurance maladie et est fixé non plus à trois fois le plafond mensuel de la Sécurité sociale mais huit fois, soit 25 360 euros. ❙ À compter du 7 février, les Unions de recouvrement des cotisations de sécurité sociale et d’allocations familiales (Urssaf) n’adresseront plus d’accusés de réception papier aux employeurs qui transmettent leurs déclarations préalables à l’embauche (DPAE) par voie postale ou par télécopie. Ces derniers doivent conserver l’accusé de réception émis par le fax ou transmis par La Poste et, s’ils ont besoin d’un accusé de réception de DPAE, s’inscrire en ligne. ❙ Comme prévu, la loi de finances pour 2015, promulguée le 30 décembre dernier, majore le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) pour les entreprises situées dans les départements d’outre-mer : il passe de 6 à 7,5 % au titre des rémunérations versées en 2015, puis à 9 % en 2016. ❙ La même loi de finances supprime certains des avantages liés à l’adhésion à un centre de gestion agréé (CGA), comme la réduction d’impôt pour frais de tenue de comptabilité et la déductibilité intégrale du salaire du conjoint à compter de 2016.

46 I No 1267 I Février 2015

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

hôpital

Plus de PUI sans internat Les pharmaciens hospitaliers ont eu gain de cause : l’exercice en PUI leur sera réservé à compter de 2016, sauf à justifier de deux ans d’exercice.

I

l couvait depuis plusieurs mois (voir Le Pharmacien de France, no 1262, juillet-août 2014). Le décret qui restreint l’exercice dans les pharmacies à usage intérieur (PUI) aux seuls pharmaciens titulaires d’un diplôme d’études spécialisées (DES) de pharmacie, celui qui clôture­l’internat, a paru au Journal officiel le 9 janvier et s’applique à compter du 1er septembre 2016. Les pharmaciens sapeurs-pompiers volontaires et militaires réservistes exerçant respectivement dans les PUI des services départementaux d’incendie et de secours et les PUI militaires ne sont pas concernés par cette mesure. Surtout, ne bénéficieront d’une dérogation que les officinaux qui comptabiliseront, à la date du 1er septembre 2016, l’équivalent de deux ans à temps plein d’exercice dans une PUI sur les dix années précédentes. Passée cette date et jusqu’au 1er septembre 2024, ceux qui peuvent justifier de cette durée d’exercice en PUI à la date de la reprise de leur activité pour-

ront donc s’y remettre. Un minimum qui réjouit notamment le Syndicat national des pharmaciens des établissements publics de santé et la Fédération nationale des syndicats d’internes en pharmacie et en biologie médicale. Pour cette dernière, il s’agit d’une « évolution légitime ». Elle estime en outre que la période transitoire permettra justement « de ne coincer personne », ajoutant qu’« il y a suffisamment d’internes formés pour répondre aux besoins ». ❙

etp

parentalité

Un arrêté publié au Journal officiel le 23 janvier * abroge et remplace celui de 2010 qui fixait le cahier des charges des programmes d’éducation thérapeutique du patient (ETP). Nouveauté : ce n’est plus seulement le professionnel dispensant l’ETP qui doit suivre une formation d’au moins quarante heures, mais aussi le coordinateur du programme. À noter également que, par rapport au projet d’arrêté qui circulait l’an dernier, la partie relative au consentement du patient a été nettement raccourcie, demandant simplement à le recueillir lors de son entrée dans le programme sans avoir à en apporter la preuve. Apparaît par ailleurs la possibilité d’associer les proches du patient à son programme d’ETP. ❙

Ce nouvel acronyme, inventé par la loi du 4 août 2014 pour l’égalité entre les femmes et les hommes, remplace le complément de libre choix d’activité auquel pouvait prétendre un parent. Pour les enfants nés ou adoptés depuis le 1er janvier, c’est la « prestation partagée d’éducation de l’enfant » (Preparee, donc) qui s’applique désormais. Précisée via un décret paru le 31 décembre *, elle incite les deux parents à prendre un congé pour l’éducation de leurs enfants, à raison de six mois chacun jusqu’au premier anniversaire de l’enfant s’il est seul à charge ou vingt-quatre mois chacun s’il y a deux enfants, dans la limite du troisième anniversaire du plus jeune. ❙

* Consultable à partir de l’adresse goo.gl/kWmH7h

* Consultable à partir de l’adresse goo.gl/GXc5sX

Le coordinateur doit être formé

Les contours de la « Preparee »


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En bref Officine

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Éco&Vous

REMBOURSABLE

PHARMACIE MOYENNE

ÉVOLUTION DU CA MOIS PAR MOIS

– 3,9 %

– 3,4 % ❙❙En cumul mobile annuel, le CA moyen par pharmacie s’élève à 1,44 million d’euros. ❙❙Pour le seul mois de novembre, le CA moyen par pharmacie s’élève à 114 815 euros.

– 2 % OTC

❙❙En novembre dernier, le CA total des pharmacies atteignait un peu plus de 2,6 milliards d’euros, en baisse de 3,4 % par rapport au mois de novembre 2013.

– 7,1 %

novembre 2014

Le baromètre du médicament

– 6,3 % DM (LPPR)

CA TOTAL EN CUMUL MOBILE ANNUEL VENTILATION PRODUITS (pharmacie moyenne)

❙❙Remboursable : 76,7 %. ❙❙OTC : 7,3 %. ❙❙Dispositifs médicaux LPPR : 7,6 %. ❙❙Parapharmacie : 8,4 %.

– 1,4 %

PARAPHARMACIE

– 1,7 % + 3,4 % évolution mensuelle

évolution annuelle

(Source : FSPF-Pharmastat, sur un échantillon de 14 000 officines extrapolé aux 22 706 officines françaises)

étudiants

Les tarifs 2015

Nouvelle donne Les montants des gratifications dues aux stagiaires en officine ont été modifiés, et leurs conditions d’accueil revues par la loi.

L

+ 4,8 %

❙❙Entre décembre 2013 et novembre 2014, le CA total du réseau officinal (remboursable, OTC, dispositifs médicaux et cosmétiques) s’élève à 32,8 milliards d’euros, en baisse de 1,4 % par rapport au cumul mobile annuel décembre 2012-novembre 2013.

stagiaires

e salaire minimum de croissance (Smic) et le plafond de la Sécurité sociale ayant été revalorisés au 1er janvier 2015, les gratifications accordées aux stagiaires en officine doivent être ­actualisées. Ainsi, le montant minimal de la gratification versée pour le stage de six mois de sixième année d’études est désormais de 528,55 euros mensuels pour les conventions conclues avant le 31 août 2015 et de 546,01 euros pour celles conclues ensuite. Les stages de plus de deux mois, consécutifs ou non, au cours d’une même année scolaire ou universitaire doivent, eux, être rému-

+ 3,2 %

nérés au moins 455,01 euros mensuels pour les conventions signées avant le 1er décembre 2014, 500,51 euros pour celles signées entre le 1er décembre et le 31 août 2015 et 546,01 euros pour celles conclues à partir du 1er septembre. À noter qu’un décret paru le 30 novembre dernier * a ­modifié certaines règles relatives à l’accueil des stagiaires en entreprise. Il impose notamment la remise d’une attestation de stage, quelle qu’en soit la durée. Ou la prise en charge des transports et l’accès aux titres restaurant dans les mêmes conditions que les salariés. ❙ * Téléchargeable à partir de l’adresse goo.gl/73vhTn

La grille des salaires ayant été revalorisée en début d’année (lire Le Pharmacien de France, no 1266, janvier 2015), la rémunération des aides et remplacements en officine par les étudiants aussi. Depuis le 1er janvier, le tarif horaire lors des aides est de 9,936 euros (coefficient 230) pour les étudiants justifiant de moins de 350 heures de pratique officinale (en dehors du premier stage obligatoire) et 12,960 euros (coeff. 300) à partir de 350 heures. Ceux qui remplacent un titulaire ont droit à 14,256 euros de l’heure (coeff. 330). ❙

barème

Simplifier la retraite progressive C’est l’un des objectifs du décret paru le 17 décembre et modifiant les règles d’ouverture du droit à la retraite progressive pour les salariés. À titre d’exemple, il remplace le barème par tranches par ce calcul : la pension perçue est égale à la différence entre 100 % et le temps de travail partiel effectué par rapport à la durée d’un temps plein. Pour un temps partiel à 65 %, l’assuré perçoit ainsi 35 % de sa retraite. ❙ Février 2015 I No 1267 I 49


Officine Produits

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Quoi de neuf en prescription ? par Élise Brunet AUTRESPRODUITS ENBREF ❙❙BIOCYTE ❙❙Cold caps. Boîte de 40 capsules / EAN : 3401529438003 / Prix conseillé : 27 €. ❙❙COOPER ❙❙Pouxit protect. Spray de 200 ml / ACL : 3401564524822 / Prix conseillé : 9,90 €.

L’antipsychotique Abilify est disponible en injection à libération prolongée et indiqué en traitement d’entretien de la schizophrénie chez les patients adultes stabilisés par l’aripiprazole en comprimé pelliculé ou orodispersible.

❙❙SANOFLORE ❙❙Miel suprême Oléo-concentré nutritif sublimateur. Flacon-pompe de 30 ml / EAN : 3337873401397 / Prix conseillé : 39 €. ❙❙Miel suprême baume nutritif sublimateur. Pot de 50 ml / EAN : 3337873401724 / Prix conseillé : 26,90 €. ❙❙Miel suprême crème nutritive sublimatrice. Tube de 40 ml / EAN : 3337873401717 / Prix conseillé : 26,90 €.

LE CONSEIL DU PHARMACIEN ❙❙La posologie initiale et d’en-

tretien recommandée est de 400 mg en injection intramus-

❙❙SOMATOLINE COSMETIC ❙❙Kit liporéducteur Professional System. Sérum de 150 ml et crème de 200 ml / EAN : 8002410064025 / Prix conseillé : 83,90 €.

culaire une fois par mois dans le muscle fessier, en alternant le droit et le gauche. Ne pas masser le site d’injection. ❙❙La dose sera réduite à 300 mg en cas d’intolérance. ❙❙Le délai minimal entre deux injections est de 26 jours. ❙❙Après la première dose, poursuivre le traitement oral pendant 14 jours pour maintenir une concentration efficace. ❙❙La boîte comprend 2 aiguilles hypodermiques, une de 38 mm

et une de 50 mm, destinées respectivement aux patients non obèses et obèses. ❙❙Le flacon de solvant de reconstitution, de 2 ml, contient un surplus de produit ; 1,5 ml et 1,9 ml sont nécessaires pour reconstituer respectivement la poudre à 300 mg et 400 mg. ❙❙La suspension peut être gardée dans le flacon pendant 4 h à température ambiante ; l’agiter vigoureusement pendant 60 secondes avant l’injection.

ULTIBRO BREEZHALER

❙❙VICHY ❙❙Ideal Body lait sérum. Flacon de 200 ml / EAN : 3337871328535 / Prix conseillé : 18 €. Flacon-pompe de 400 ml / EAN : 3337871330385 / Prix conseillé : 24 €. ❙❙Ideal Body baume. Pot de 200 ml / EAN : inconnu / Prix conseillé : 22 €. ❙❙Ideal Body huile. Flacon-pompe de 100 ml / EAN : 3337871325831 / Prix conseillé : 25 €. ❙❙Ideal Body huile 3 ors. Flaconpompe de 100 ml / EAN : 3337871325824 / Prix conseillé : 29 €.

SMR LE SERVICE MÉDICAL RENDU

PAR UN MÉDICAMENT correspond à son intérêt en fonction notamment de ses performances cliniques et de la gravité de la maladie. Il peut être important, modéré, faible ou insuffisant. SA LE SERVICE ATTENDU D’UN DISPOSITIF MÉDICAL mesure son rapport bénéfice/risque et sa place dans

la stratégie thérapeutique. Source : HAS

S!

50 I No 1267 I Février 2015

%

65

ABILIFY MAINTENA 300 mg, poudre + solvant pour suspension injectable à libération prolongée / CIP : 3400927721847 / PPTTC : 271,36 €. ABILIFY MAINTENA 400 mg, poudre + solvant pour suspension injectable à libération prolongée / CIP : 3400927721908 / PPTTC : 271,36 €. Laboratoire OTSUKA.

❙❙EMBRYOLISSE ❙❙Lait-crème concentré édition Gold. Tube de 75 ml / EAN : 3350900000011 / Prix conseillé : 14,30 €.

Liste II

(ARIPIPRAZOLE)

SMR important ASMR niveau 5 (inexistante)

❙❙ELANCYL ❙❙Cellu-slim 45+. Tube de 200 ml / EAN : 3401340512999 / Prix conseillé : 29 €.

Liste I

ABILIFY MAINTENA

Délivrance Stupéfiant

(INDACATÉROL + GLYCOPYRRONIUM) %

65

EEN

30 jours

SMR important (patients déjà traités par les deux molécules prises séparément) ; insuffisant (autres cas) ASMR niveau 5 (inexistante) ULTIBRO BREEZHALER 85 µg/43 µg, poudre pour inhalation en gélules, boîte de 30 gélules + 1 inhalateur / CIP : 3400927566479 / PPTTC : 58,99 €. Laboratoires NOVARTIS PHARMA.

Première spécialité avec deux molécules bronchodilatatrices de longue durée d’action (une bêta-2 mimétique et une anticholinergique muscarinique), utilisée pour traiter les symptômes de la bronchopneumopathie chronique obstructive. LE CONSEIL DU PHARMACIEN

❙❙La dose recommandée est de 1 gélule par jour,

toujours à la même heure. ❙❙En cas d’oubli d’une dose, la prendre le plus

E! Médicament d’exception

H Prescription hospitalière

tôt possible. Ne pas dépasser 1 dose par jour. ❙❙Le patient doit entendre un bourdonnement de l’inhalateur à l’inspiration et sentir un goût sucré. ❙❙La toux est fréquente avec Ultibro Breezhaler. ❙❙Les gélules sont sensibles à l’humidité : ne les sortir de la plaquette, avec les mains sèches, qu’immédiatement avant utilisation. ❙❙Les gélules sont fragiles : ne pas les pousser à travers la feuille d’aluminium mais retirer la pellicule protectrice de l’alvéole.

Spé Prescription initiale hospitalière

Prescription spécialiste

Surveillance particulière

Sortie de la réserve hospitalière

Nouvelle molécule


Produits Officine

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

Quoi de neuf en prescription ?

OFEV (NINTEDANIB)

ENBREF

Capricare

Spé SMR inconnu ASMR inconnue OFEV 100 mg, capsule molle / CIP : inconnu / Médicament rétrocédable. OFEV 150 mg, capsule molle / CIP : inconnu / Médicament rétrocédable. Laboratoire BOEHRINGER INGELHEIM.

Nouvel espoir pour les patients atteints de fibrose pulmonaire idiopathique (FPI). Le nintedanib inhibe les voies de signalisation intervenant dans les processus fibrotiques, puisqu’il bloque les récepteurs tyrosine kinase du facteur de croissance dérivé des plaquettes (PDGFR), des fibroblastes (FGFR) et de l’endothélium vasculaire (VEGFR). La FPI est une maladie rare mais en augmentation qui, par des mécanismes inflammatoires, se traduit par une destruction de l’architecture du tissu pulmonaire et une diminution des échanges gazeux au sein des alvéoles. Ce produit

est actuellement en autorisation temporaire ­d’utilisation de cohorte et est rétrocédable. LE CONSEIL DU PHARMACIEN

❙❙La dose optimale est de 150 mg deux fois par

jour. Elle peut être diminuée à 100 mg deux fois par jour en cas d’intolérance (troubles digestifs, allergie, réaction cutanée, photosensibilité). ❙❙Les effets indésirables gastro-intestinaux sont fréquents (diarrhées dans environ 65 % des cas). ❙❙Un bilan hépatique mensuel puis trimestriel est recommandé en raison de l’hépatotoxicité.

DERNIÈREMINUTE

FINHAIR GÉ

VITICELL KIT

(FINASTÉRIDE)

NR

NR EEN

SA inconnu ASA inconnue VITICELL, kit de repigmentation / ACL : 3401040822596 / PPTTC : 480 €. Laboratoires GENÉVRIER.

SMR inconnu ASMR inconnue FINHAIR Gé 1 mg, boîte de 28 cps / CIP : 3400941517761 ; boîte de 84 cps / CIP : 3400941517990. Prix libres. Laboratoire EXPANSCIENCE.

Viticell est un dispositif médical à usage unique permettant d’obtenir une suspension cellulaire (grâce à des solutions enzymatiques) en vue d’une greffe autologue, pour la repigmentation de la peau. Il peut être utilisé pour un vitiligo non évolutif ou pour une cicatrice hypochromatique, par exemple.

Nouveau générique de Propecia. Finhair Gé, inhibiteur de la 5-alpha-réductase, est indiqué au cours des stades peu évolués de l’alopécie androgénétique masculine. La posologie est de 1 comprimé par jour. Il est conseillé de poursuivre ce traitement pendant au moins 6 mois. Les effets bénéfiques régressent en 6 à 12 mois à l’arrêt du traitement. Des effets sexuels secondaires et des cas de cancer du sein ont été rapportés avec le finastéride. %

Médicament orphelin

Remboursement

LE CONSEIL DU PHARMACIEN ❙❙Le

transfert de cellules de peau d’une zone normalement pigmentée vers une zone ayant un défaut de pigmentation se fait par un médecin.

NR Non remboursable

❙❙Premiers laits infantiles à base de lait de chèvre pasteurisé. La référence « premier âge » est adaptée aux nourrissons de la naissance à 6 mois, la spécialité « deuxième âge » se destine à ceux âgés de 6 mois à 1 an. Il est conseillé de préparer un biberon à la fois et de le donner aussitôt ; jeter le reste d’un biberon non fini. Contiennent du lactose. CAPRICARE PREMIER ÂGE, boîte de 400 g / EAN : 9421025231162 / Prix libre. CAPRICARE DEUXIÈME ÂGE, boîte de 400 g / EAN : 9421025231179 / Prix libre. Laboratoire PEDIACT.

Bexsero

❙❙Inscription au remboursement. Le vaccin antiméningococcique du groupe B est désormais pris en charge pour les sujets ayant une immunodéficience rare, une rate absente ou non fonctionnelle et pour les patients ayant subi une greffe de cellules-souches hématopoïétiques. Bexsero est également remboursé pour des populations ciblées lors d’épidémies ou de grappes de cas d’infections invasives à méningocoques du groupe B. BEXSERO, suspension injectable en seringue préremplie / CIP : 3400926863036/ PPTTC : 90,08 €. Laboratoires NOVARTIS.

❙❙Ne

pas utiliser sur une plaie infectée ou nécrotique. ❙❙Le matériel permet l’application de la suspension sur une plaie pouvant aller jusqu’à dix fois la surface de la biopsie (qui est de 4 à 10 cm2). ❙❙Ne pas utiliser d’antiseptiques à base d’ammoniums quaternaires (ex. : Biseptine, Mercryl…) sur la peau à traiter. ❙❙La repigmentation doit débuter dans les 4 semaines suivant l’opération et peut s’initier par un léger voile brun. ❙❙Viticell s’achète directement sur www.viticell.com, soit par le patient, soit par le médecin.

Walking Style IV

❙❙Nouveau podomètre multifonction. Le capteur tridimensionnel permet à l’appareil de faire la distinction entre la marche rapide et la marche classique. L’appareil indique la distance totale parcourue et la quantité de calories dépensées par jour. Il peut être porté à la ceinture, dans la poche ou dans un sac. WALKING STYLE IV, podomètre blanc / EAN : 4015672109025 ; podomètre bleu / EAN : 4015672109032. Prix conseillé : 30 €. Laboratoire OMRON.

ASMR L’AMÉLIORATION DU

SERVICE MÉDICAL RENDU correspond au progrès thérapeutique apporté par un médicament. ASA L’AMÉLIORATION DU SERVICE ATTENDU correspond au progrès fourni par un dispositif médical comparé au produit de référence. Source : HAS

3

EEN Présence d’excipient à effet notoire

ans

Précautions sur la route

Contre-indiqué durant la grossesse

Contre-indiqué durant l’allaitement

À conserver au réfrigérateur

Durée de conservation après ouverture

Février 2015 I No 1267 I 51


Le chat a neuf vies. Le papier en a cinq. (Pour le papier, c’est prouvé.) La force de tous les papiers, c’est de pouvoir être recyclés au moins cinq fois en papier. Cela dépend de chacun de nous. www.recyclons-les-papiers.fr

Tous les papiers ont droit à plusieurs vies. Trions mieux, pour recycler plus !

La presse écrite s’engage pour le recyclage des papiers avec Ecofolio.


Officine

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

Un générique aux rayons X par Élise Brunet DIFFICULTÉ LIÉE À L’OFFRE FAIBLE. La solution buvable est référencée par un seul génériqueur. A contrario, l’offre pour la forme comprimé est fournie.

REPORT DE PRESCRIPTION TRÈS FAIBLE. Toutes les molécules composant cette classe thérapeutique peuvent être substituées.

Substituons !

RISQUE DE « NS » INCONNU. Aucun chiffre fiable n’est disponible à ce jour. Toutefois, les antidépresseurs sont plus sensibles à substituer que d’autres classes.

Escitalopram

DIFFICULTÉ À SUBSTITUER FAIBLE. Cette molécule ne devrait pas poser de problème particulier de substitution. Treize génériqueurs proposent l’escitalopram en comprimé, appartenant à une classe déjà largement substituée.

PDM 25,5 %

PDM 24,5 %

PDM 14,4 % PDM 12,2 % PDM 11,3 % ARROW

EG

ZYDUS

CRISTERS

RANBAXY

(non représenté)

(non représenté)

(non représenté)

(non représenté)

(non représenté)

PDM 4,3 %

PDM 2,6 %

PDM 1,5 %

PDM 1,4 %

PDM 1,1 % PDM : part de marché (génériques)

LA MOLÉCULE

LE MARCHÉ

DCI : escitalopram

CONDITIONNEMENT TRIMESTRIEL : NON

PRINCEPS : Seroplex

INSCRIPTION RÉPERTOIRE : OUI

CLASSE THÉRAPEUTIQUE : antidépresseur, inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine.

MARCHÉ TOTAL : 166,6 millions d’euros (princeps + génériques, cumul mobile annuel – CMA – novembre 2014).

MÊME CLASSE (génériqué/non génériqué) : Citalopram (Seropram) ; Fluoxétine (Prozac) ; Fluvoxamine (Floxyfral) ; Paroxétine (Deroxat) ; Sertraline (Zoloft).

MARGE TOTALE : 48,5 millions d’euros (princeps + génériques hors performance, CMA novembre 2014).

INDICATIONS : traitement des épisodes dépressifs majeurs, du trouble panique, de la phobie sociale, de l’anxiété généralisée et des troubles obsessionnels compulsifs.

ROTATION GLOBALE : 38,3 boîtes par mois (princeps + génériques).

ASSOCIATION : NON

Données FSPF/Pharmastat

MARGE PAR OFFICINE : 184,60 euros par mois (princeps + génériques hors performance).

L’ANALYSE DU La substitution de l’escitalopram démarre très timidement. Après plus de 7 mois de commercialisation effective des spécialités génériques, le taux de substitution moyen de cette molécule n’est que de 36,2 %. Bien loin de l’objectif national de pénétration de l’escitalopram récemment fixé par avenant à la convention à 85 %, et du seuil intermédiaire – permettant de toucher la totalité de la prime à la performance –, établi à 75 % par l’Assurance maladie. Les économies pour la Caisse sont évaluées à plus de 15 millions d’euros. Reste à se lancer franchement dans la substitution de cette molécule.

LA SORTIE DU MOIS

DCI : hydroxyzine (comprimé pelliculé) PRINCEPS : Atarax CLASSE THÉRAPEUTIQUE : antihistaminique H1 anticholinergique

Février 2015 I No 1267 I 53


Officine Banc d’essai

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

Les gels lavants pour bébés Si l’industrie a fait des efforts pour débarrasser la composition de ses produits de plusieurs ingrédients potentiellement nocifs, ses gels lavants pour bébé n’en sont pas encore tout à fait exempts. Notre banc d’essai passe au crible les plus vendus. par Anaïs Bellan

U

n produit qui sente bon et qui soit sûr : voici ce qu’attendent les parents d’un gel lavant pour leurs enfants. Or si la première exigence est aisément remplie, la seconde l’est moins. À défaut de compositions irréprochables, les laboratoires affichent sur les flacons des allégations rassurantes pour le grand public. Les mentions « sans parabens », « sans conservateurs » ou « priorité aux ingrédients d’origine naturelle » sont mises en avant pour faire passer au second plan l’utilisation de composants controversés mais moins connus. Parmi les produits présentés, le gel lavant Saforelle Bébé et la crème lavante d’Uriage renferment à la fois des tensioactifs et des conservateurs peu recommandables. Leurs formules contiennent néanmoins des actifs hydratants de bonne qualité, ce qui n’est pas le cas des produits Klorane Bébé et ABCDerm. Ces derniers­ contiennent en outre des tensioactifs­ indésirables. Le dermo-nettoyant de Mustela s’en sort mieux avec 90 % d’ingrédients d’origine naturelle, dont plusieurs actifs hydratants. La présence dans sa composition de deux tensioactifs controversés vient tout de même égratigner son image. Il reste pour autant un choix acceptable pour les nourrissons ne souffrant pas de problèmes de peau. La crème lavante au calendula de Weleda est l’unique produit de ce banc d’essai dont la composition est irréprochable. Elle constitue une bonne alternative aux classiques du marché pour répondre à la demande des clients adeptes du bio, ainsi qu’aux besoins des bébés à la peau réactive. ❙

54 I No 1267 I Février 2015

MUSTELA DERMONETTOYANT (Expanscience) Flacon-pompe de 500 ml / EAN : 3504108013520 / PMC : 6,20 € Actifs de soin : glycérine (hydratant), Perséose d’avocat (actif qui renforce la barrière cutanée). Formule biodégradable, sans savon, ne pique pas les yeux. Conservation : 6 mois après ouverture. ON AIME Le pouvoir hydratant du produit, le flacon-pompe et sa bonne prise en main, la formule respectueuse de l’environnement, le prix. ON REGRETTE La présence de tensioactifs controversés (PEG et sodium myreth sulfate) dans la formule, qui discrédite la communication faite sur le site web de Mustela quant à l’usage de tensioactifs doux (coco glucoside).

KLORANE BÉBÉ GEL DOUCEUR MOUSSANT (Klorane/Pierre Fabre) Flacon-pompe de 500 ml (existe aussi en 200 ml) / EAN : 3282779326841 / PMC : 6,15 € Actifs de soin : extrait de fleur de calendula (régénérateur et apaisant). Formule hypoallergénique, sans savon, ne pique pas les yeux. Conservation : 6 mois après ouverture. ON AIME La transparence du flacon-pompe qui permet de visualiser la quantité de gel restant, le packaging qui place efficacement le produit dans l’univers du bébé, le prix. ON REGRETTE L’hydratation moyenne du produit et la présence de nombreux composants (PEG, sodium laureth sulfate, EDTA…) à l’innocuité controversée.

ABCDERM MOUSSANT (Bioderma) Flacon-pompe de 1 l (existe aussi en 200 ml) / EAN : 3401397163618 / PMC : 12,30 € Actifs de soin : aucun actif hydratant à proprement dit ; la présence de sucres permet seulement de maintenir l’eau au niveau de la peau. Formule hypoallergénique, sans savon, ne pique pas les yeux. Conservation : 6 mois après ouverture.

ON AIME Le flacon-pompe et sa transparence qui permet de visualiser la quantité de gel restant, le prix. ON REGRETTE L’absence d’actifs hydratants, l’odeur neutre qui peut décevoir, les nombreux composants controversés (PEG, sodium laureth sulfate, EDTA…), l’impossibilité de dévisser le flacon-pompe.


Banc d’essai Officine

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

URIAGE CRÈME LAVANTE BÉBÉ (Uriage) Tube de 200 ml (existe aussi en 500 ml) /  EAN : 3661434001857 / PMC : 6,10 € Actifs de soin : eau thermale Uriage, glycérine et beurre d’illipé (hydratants). Formule hypoallergénique, sans savon, ne pique pas les yeux. Conservation : 9 mois après ouverture.

Les leaders du marché IPRAD (Saforelle)

3,2 % (– 8,7 %)

AUTRES

8,3 % (– 18,2 %)

WELEDA

3,5 % (+ 7,8 %) URIAGE

4,8 % (+ 9,3 %)

ON AIME Le pouvoir hydratant du produit et son packaging. ON REGRETTE La trop grande fluidité de la crème – il est compliqué de fermer le tube sans en mettre partout et sans gaspiller de produit –, la présence d’un tensioactif (PEG) et d’un conservateur (DMDM hydantoïne) controversés dans la formule, le prix.

SAFORELLE BÉBÉ GEL LAVANT DOUX (Iprad) Flacon-pompe de 500 ml (existe aussi en 250 ml et 100 ml) / EAN : 3401354415712 / PMC : 7,10 € Actifs de soin : glycérine et allantoïne (hydratant) ; extrait de racine de bardane (apaisant). Formule hypoallergénique, sans savon. Conservation : 6 mois après ouverture.

PHOTOS MIGUEL MEDINA

ON AIME L’efficacité hydratante du produit, le flaconpompe, le format voyage de 100 ml.

WELEDA CALENDULA CRÈME LAVANTE CORPS ET CHEVEUX (Weleda) Tube de 200 ml / EAN : 3596204696189 / PMC : 6 € Actifs de soin : extrait de fruit d’amande douce, huile de sésame, glycérine (hydratants) ; extrait de fleur de calendula (régénérateur et apaisant). Formule naturelle et bio, sans savon, ne pique pas les yeux. Conservation : non précisée.

ON REGRETTE L’odeur qui ne plaît pas au plus grand nombre et la composition du produit qui renferme de très nombreux composants controversés (PEG, EDTA, chlorphénésine, méthylisothiazolinone…).

ON AIME Sa composition irréprochable, la grande hydratation du produit et la texture crème fondante, l’odeur réussie pour un produit bio, l’usage possible pour toute la famille, le packaging vitaminé. ON REGRETTE Le choix du format tube au lieu du flacon-pompe et le prix plus élevé que celui de ses concurrents, mais raisonnable pour un produit bio.

NOTABENE PMC = prix moyen constaté

PIERRE FABRE SANTÉ (Klorane)

13,1 % (– 3,3 %)

BIODERMA

7,0 % (+ 3,6 %)

PIERRE FABRE SANTÉ (Klorane)

13,1 % (– 3,3 %)

EXPANSCIENCE (Mustela)

55,1 % (– 3,7 %)

Source : FSPF-Pharmastat.

xx % Part de marché en chiffre d’affaires (cumul mobile annuel) en 2014. – xx % + xx % Évolution des CA entre 2013 et 2014.

Le marché des produits lavants pour bébés en pharmacie s’est élevé en 2014 à un peu plus de 16 670 000 euros de chiffre d’affaires (CA) pour près de 2 327 000 unités vendues. Par rapport à 2013, ce secteur a enregistré une baisse de 3,7 % en valeur et un recul des ventes de 4,1 %. S’il a suivi cette tendance, Mustela ne perd pas pour autant sa place de leader, avec 55,1 % des parts de marché (PDM) en CA et 57,1 % en ventes. Mustela Dermo-Nettoyant représente par ailleurs le produit phare de la gamme : il concentre à lui seul 67,5 % des ventes du laboratoire en 2014. Klorane prend la deuxième place, avec 13,1 % des PDM en CA l’an dernier et 16,6 % des ventes. Son gel douceur moussant, tous formats confondus, totalise plus de 9 ventes sur 10 de la gamme Klorane Bébé. Le laboratoire Bioderma, avec la gamme ABCDerm, arrive en troisième position avec 7 % des PDM en CA. Ce classement en valeur est néanmoins relatif car la crème lavante au calendula de Weleda dépasse le gel lavant ABCDerm en nombre d’unités vendues : Weleda détient 4,4 % des PDM en ventes, contre 4,1 % pour Bioderma. La situation se répète pour Avène – et son produit Pédiatril, non présenté ici car en perte de vitesse – et Uriage. Malgré des CA supérieurs à celui du laboratoire Iprad, les ventes de ces deux laboratoires sont moins importantes que celles enregistrées pour les produits Saforelle Bébé.

Février 2015 I No 1267 I 55


Officine Aperçu

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

Des livres, des sites Internet… par Claire Frangi

Le Vidal enrichi sur mobile Après iPhone et Android, la nouvelle version du Vidal Mobile est désormais disponible sur Windows Phone. Elle intègre cette année les Recos Vidal, des synthèses pour chaque pathologie, et les recommandations thérapeutiques de la Haute Autorité de santé ou de l’Agence nationale du médicament (19,99 euros par an). L’application permet également de rechercher, y compris sans connexion Internet, des informations sur un médicament, via les monographies (29,99 euros par an). D’autres fonctionnalités sont disponibles gratuitement, comme un module d’interaction médicamenteuse. ❙

Un wiki pharmaceutique

Combinaisons à risque

C’est une version peu encombrante et originale de son « as besoin d’être phar­dictionnaire que l’Académie macologue pour gérer nationale de pharmacie propose les médicaments à bon pour sa troisième édition. escient », relève d’emblée la Et pour cause, elle est exclusi- nouvelle édition de cet ouvrage vement électronique, à la volumineux. Son ­différence de celles de 1997 a m b i t i o n e s t et 2001, et se présente sous double : faire forme de wiki, permettant comprendre à ses au lecteur de contribuer à la l e c t e u r s l e s rédaction de nouvelles défini- mécanismes qui tions ou de modifier les exis- sous-tendent les tantes. En attendant les i n t e r a c t i o n s 20 000 définitions annoncées m é d i c a m e n – portant sur le médicament, teuses et mettre les symptômes, la santé à leur disposition publique… –, 15 000 d’entre un aide-mémoire elles sont d’ores et déjà acces- pour prévoir les sibles, d’Aarskog (syndrome effets auxquels le de) à pénicilline. ❙ patient est exposé par la prise Dictionnaire des sciences d’un ou de plusieurs médicapharmaceutiques et biologiques, ments. Figurent notamment 3e édition, Académie nationale au menu des nouveautés 2015 de pharmacie, en accès libre (signalées par un macaron ou sur Dictionnaire.acadpharm.org. un filet orange) une nouvelle

P

section consacrée aux patientes ayant une infection vulvovaginale ou du col utérin, et le détail de 33 substances ­supplémentaires. On regrettera que la version numérique, téléchargeable en format PDF ou ePUB par les abonnés, n’ait pas été associée à un moteur ­permettant des recherches croisées d’une approche plus commode. ❙ Éviter les effets indésirables par interactions médicamenteuses. Comprendre et décider, éd. 2015, revue Prescrire, supplément au no 374 de décembre 2014, 656 p., inclus dans l’abonnement.

Trucs et astuces fiscaux Les éditions Francis Lefebvre ont lancé pour leurs abonnés EFL Actu une application pour iOS et Android reprenant les articles de leur lettre papier, « Astuces et conseils impôts ». Dotée de peu de fonctionnalités, elle présente les articles sous forme de liste par ordre chronologique (« À la une ») ou par rubrique (fiscal, social, affaires, comptable, immobilier, associations, patrimoine). Un moteur de recherche par mot-clé aurait été bienvenu. ❙ 56 I No 1267 I Février 2015

La tension décryptée Un logiciel permettant d’interpréter les données d’automesure de la pression artérielle prises par le patient ? C’est une première. Hy-result, mis à disposition par l’hôpital européen Georges-Pompidou, à Paris, intègre un algorythme scientifiquement validé qui le rend capable d’analyser les résultats d’automesure, ce qui n’existait pas jusque-là. En pratique, le patient prend sa tension avec un autotensiomètre, indique en ligne ses six mesures quotidiennes pendant cinq jours et se voit notifier si sa pression artérielle est correcte, limite, ou trop élevée. ❙ Disponible sur Automesure.com ou Hy-result.com ou directement relié au tensiomètre Withings.


THÈMES 2015 pris en charge par le FIF-PL

selon les critères déterminés par les représentants de votre profession

PHARMACIENS (4773 Z - Commerce de détail de produits pharmaceutiques en magasin spécialisé)

• Prise en charge annuelle et par professionnel plafonnée à 1 000 € maximum dans la limite du budget de la profession. • Prise en charge au coût réel par professionnel limitée à 250 € par jour de formation et plafonnée à 1 000 € par an et •

par professionnel pour les formations prioritaires, (prise en charge au coût réel plafonnée à 250 € par EPU mais correspondant à une journée de formation sur le quota annuel pour les formations EPU citées ci-dessous). Prise en charge au coût réel plafonnée à 100 € par jour et limitée à 200 € par an et par professionnel pour les formations non prioritaires, en déduction du forfait de prise en charge des formations prioritaires.

Seules les formations soumises à la Commission professionnelle des pharmaciens peuvent faire l’objet d’une prise en charge.

FORMATIONS PRIORITAIRES

Toute formation liée à la pratique professionnelle DIPLÔMES UNIVERSITAIRES

• Diététique et nutrithérapie • Gérontologie • Homéopathie • Médication, conseil à l’officine • Maintien à domicile • Mycologie • Orthopédie • Pathologie • Audio-prothèse • Optique • Pharmacie clinique • Thérapeutique • Vétérinaire

SÉMIOLOGIE / PATHOLOGIE

MYCOLOGIE

• Pathologies • Maladies cancéreuses • Pédiatrie • Dermatologie

LÉGISLATION PHARMACEUTIQUE LIÉE À L’ACTE FORMATION DE COORDONATEUR DE SANTÉ EN GÉRIATRIE

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PRISE EN CHARGE DU PATIENT

• Maintien à domicile • Intégration du pharmacien dans un réseau • Dossier pharmaceutique (demi-journée) • Éducation thérapeutique du patient • Accompagnement du patient : suivi et entretien

FORMATIONS NON PRIORITAIRES

Toute formation relative à l’exercice professionnel Attention, la liste ci-dessous est non exhaustive

APPROCHE GLOBALE DE L’EXERCICE OFFICINAL

• Communication • Gestion • Gestion des ressources humaines • Juridique • Langues • Management • Informatique bureautique

et Internet (hormis les formations sur site et pro-logiciels) • Le pharmacien face aux risques ATTENTION ! Sont éligibles les formations d’une durée minimale de 6 h sur une journée ou cycle de 6 h par module successif de 2 h minimum. Sont également éligibles les formations d’une durée minimale de 4 h correspondant à une prise en charge d’une demi-journée.

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Rappel : Aucun organisme de formation ne peut être agréé ou sélectionné par le Fif-PL ; seuls des thèmes de formations peuvent être présentés.

Pour toute demande de prise en charge : www.fifpl.fr


CULTURE

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

en partenariat avec

DES LIVRES

www.zone-litteraire.com

Houellebecq converti

BARBARA D’ALESSANDRI © FLAMMARION

Phénomène éditorial, le dernier roman de Michel Houellebecq ne peut se lire qu’à la lumière du reste de son œuvre et réserve quelques surprises à ceux qui s’attendraient à un brûlot islamophobe.

L

ire Soumission au lendemain des attaques terroristes à Paris procura un vertige inédit. Si le « pitch » est connu, rappelons-le tout de même : France, 2022, un parti islamiste modéré mené par Mohammed Ben Abbes remporte l’élection présidentielle… Pourquoi pas. Dystopie Les amateurs d’anticipation s’accommodent habituellement plutôt bien des (nombreuses) erreurs de prédiction qui émaillent ce genre d’ouvrage mais vibrent à ses vérités esquissées, autant de fenêtres sur le futur. Ce sont très exactement les symptômes qui saisissent à la lecture du dernier

58 I No 1267 I Février 2015

roman de Michel Houellebecq. Et pourtant, littérairement, il ne s’agit clairement pas d’un ­sommet : court et truffé de ­f acilités (en particulier les piques adressées à nos politiques, ­Hollande, Bayrou et autres), Soumission n’a pas l’ampleur des Particules élémentaires ni l’acuité d’Extension du domaine de la lutte, ni même le baroque poétique de La Possibilité d’une île, malgré quelques traits d’humour bien sentis. Soft power Mais, une fois achevé, le ­discours développé par Houellebecq surprend par son intelligence et – oui ! – une certaine forme de modération : l’islam politique que l’auteur entrevoit s’imposera en France par la volonté de son peuple. Malgré les combats larvés des identitaires contre la tenue du scrutin qui amènera Ben Abbes au pouvoir, l’heure n’est pas à la révolution. Pourquoi donc ? La thèse développée par Houellebecq est simple : la société française s’est déjà résignée à ­l’islam. On touche là à un motif récurrent de son œuvre : ­l’impuissance congénitale. Il faut relire l’essentiel Contre le monde, contre la vie, un essai qu’il a consacré à l’écrivain H.P. Lovecraft, avec qui il partage tant. Physique souffreteux, vision paranoïaque et mystique du monde, tous les héros houel-

lebecquiens connaissent la déréliction sexuelle et une forme de rationalisme morbide qui les tient à distance de l’humanité. Ce que l’on appellera, faute de mieux, le classicisme houellebecquien. Dans Soumission, cette distance se traduit pour le « héros » François par beaucoup de fellations et des plats surgelés réchauffés au micro-ondes pour toute ­volupté. Cet universitaire désenchanté répond à tous les canons houellebecquiens du mal-être et oscille entre petits coups et grandes interrogations tout au long des 320 pages du livre. Bonheur contrariant Le contraste entre le vécu très xixe siècle de François et le fond politique donne d’ailleurs à Soumission ses plus belles lignes et rendent sa lecture agréable. L’originalité est ailleurs : pour la première fois, un héros houellebecquien trouve le bonheur plutôt que de sombrer dans l’atonie. Et, sans révéler les dernières lignes, on pourra dire que le bonheur est dans la soumission. ❙ Laurent Simon

Soumission, Michel Houellebecq, Flammarion, 320 p., 21 €.

AGENDA MUSIQUE

❙❙ Pierre Lapointe. Paris tristesse. Le 14 février à Nîmes (Paloma-Smac de Nîmes Métropole). ❙❙ Le Livre de la jungle. Comédie musicale. Jusqu’au 21 février à Paris (théâtre du Gymnase). ❙❙ A Love Supreme Revisited. Le 26 février au Théâtre de Caen. ❙❙ Brassens aime le jazz. Jusqu’au 10 juin 2015 à Paris (Théâtre de Nesles). ❙❙ Kool & the Gang. En tournée : le 9 juin à Marseille, le 10 à Toulouse, le 11 à Paris, le 12 à Lyon… ❙❙ Johnny Halliday. Rester vivant. En tournée : le 2 juillet 2015 à Nîmes, le 4 à Aix-les-Bains, le 14 à La Rochelle, le 17 à Biarritz, les 28 et 29 à Monaco, les 2 et 3 octobre à Nice, les 6 et 7 à Saint-Étienne, le 9 à Lille, le 13 à Orléans, le 16 à Limoges, les 20 et 21 à Toulouse…

SPECTACLES

❙❙ Le Mariage de Figaro, de Beaumarchais. Jusqu’au 21 février à Paris (Théâtre 14). ❙❙ Lux tenebræ. Danse. Les 25 et 26 février au Centre chorégraphique national de Caen. ❙❙ Pégase & Icare. Jusqu’au 1er mars à Paris (chapiteau Alexis Gruss). ❙❙ Opus cœur. Jusqu’au 8 mars à Paris (Théâtre du Petit-Hébertot). ❙❙ Comtesse de Ségur, née Rostopchine. Jusqu’au 31 mars à Paris (Comédie Bastille). ❙❙ Un mardi en novembre. Jusqu’au 9 avril 2015 à Paris (Le Guichet Montparnasse). ❙❙ Ils sont cons ou c’est moi ? Jusqu’au 25 avril à Paris (Petit Palais des glaces).

EXPOS

❙❙ Cartier. Le style et l’histoire. Jusqu’au 16 février au Grand Palais (Paris). ❙❙ Tenues de soirée. De février à mai 2015 au musée des Beaux-Arts de Carcassonne. ❙❙ Bosc. De l’humour à l’encre noire. Jusqu’au 1er mars au musée Tomi Ungerer-Centre international de l’illustration (Strasbourg). ❙❙ Pierre Jahan. À l’ombre des rois, lumières et jeux de la photographie. Jusqu’au 9 mars au musée d’Art et d’Histoire (Saint-Denis). ❙❙ Le rat, miroir de l’homme. Jusqu’au 15 mars au musée Vivant-Denon (Chalon-sur-Saône). ❙❙ Pierre Bonnard. Peindre l’Arcadie. Du 17 mars au 9 juillet au Musée d’Orsay (Paris). ❙❙ Versailles en 100 chefs-d’œuvre. Jusqu’au 20 mars 2016 au musée des Beaux-Arts d’Arras. ❙❙ Ensorcelés ! Magie & sorcellerie dans l’Antiquité. Jusqu’au 20 septembre 2015 au musée Annede-Beaujeu (Moulins-sur-Allier).


CULTURE

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

SUPERFLU ! CONTRE CULTURE

DR

Climax au féminin

Réchauffer la glace

Interdit aux mineurs Pas échaudée par le sujet, l’équipe a fait ce que tout bon scientifique doit faire : établir un protocole, recruter des volontaires et analyser les résultats. Sept femmes déclarant des « émissions massives de fluide [l’équivalent d’un verre d’eau, NDLR] lors d’une stimulation

sexuelle » ont été enrôlées. Des scans à ultrasons ont été réalisés après une m ­ iction volontaire, ainsi que juste avant et juste après le squirting. Les liquides émis ont bien évidemment été ensuite analysés. Avant de vous révéler les résultats, un préambule s’impose. Dans les faits, deux types d’éjaculation existent, rappelle le New Scientist : la première, la « vraie », consiste en l’émission d’une petite quantité de liquide blanc à la composition proche de celle du sperme… sans les spermatozoïdes, cela va de soi. La seconde est un liquide clair émis en plus grande quantité, et c’est cette dernière qui a été l’objet de l’étude française. Le résultat de l’étude parue dans le Journal

of Sexual Medicine est sans appel : chimiquement, cet éjaculat est… de l’urine provenant directement de la vessie, qui peut contenir ou non certaines molécules présentes dans la « vraie » éjaculation. En parvenant à cette conclusion, les chercheurs français appuient sans le vouloir la décision du British Board of Film, l’équivalent anglais de notre Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), qui a récemment interdit le squirting dans les films pornos au motif qu’il s’agissait d’une forme d’urophilie et l’a donc considéré comme « obscène ». À noter que la « vraie » éjaculation échappe du coup au bannissement. ❙ Laurent Simon

DR

R

ien n’échappe au questionnement scientifique, pas même les recoins les plus intimes ou les plus gênants de notre vie sexuelle. Pour preuve, la livraison de décembre du Journal of Sexual Medicine, vigoureux organe de presse dans lequel une équipe de gynécologues et d’urologues français s’est attaquée au squirting, autrement dit l’éjaculation féminine.

DR

Des scientifiques français viennent de lever un voile très impudique sur l’un des grands mystères du sexe : l’éjaculation féminine. Ce n’est pas ce que vous croyez.

Un pour moufle, moufle pour un ! Ce gant pour deux, fait main comme il se doit, sera l’abri idéal pour vos mimines. Vous pourrez apprécier en amoureux la douceur et la finesse de son tissu. En revanche, en cas de bataille de boules de neige, passez votre tour ! Pour 14 euros, avouez que cette année le 14 février restera raisonnable. Disponible chez Etsy.

La température monte Pas original, ce mug ? Mais si ! Remarquez la décoration pixelisée qui l’orne : son secret, un peu comme les amoureux à qui il se destine, est de rougir à la chaleur. Café, thé, chocolat… peu importe, offrez cette tasse à votre compagne (ou votre compagnon) pour réchauffer son cœur à l’occasion de la Saint-Valentin. En vente sur Amazon et Ebay pour la modique somme de 9,90 euros.

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Gemma Bovery

De Jeanne Herry. Avec Sandrine Kiberlain, Laurent Lafitte, Olivia Côte.

D’Anne Fontaine. Avec Gemma Arterton, Fabrice Luchini, Jason Flemyng.

Cette première pour la réalisatrice est une réussite ! Comédie maîtrisée de bout en bout, elle raconte l’histoire d’une fan prise au piège de ses petits mensonges et de sa grande dévotion quand son idole lui demande de l’aider à cacher un corps… Souvent drôle, parfois noir, le film sait aussi surprendre. Et c’est avec jubilation que l’on suit le jeu aiguisé des acteurs.

Les amateurs de Flaubert apprécieront cette agréable chronique champêtre narrant l’arrivée dans un village normand d’un couple britannique qui répond aux noms évocateurs de Gemma et Charles Bovery. Le boulanger du coin, féru de littérature et doux rêveur, se passionnera pour ces personnages de chair et d’os. Jusqu’à tenter d’en prévenir le destin !

et aussi… Party Girl

De Marie Amachoukeli, Claire Burger, Samuel Theis. Avec Angélique Litzenburger, Joseph Bour, Mario Theis.

Qu’il est étrange de s’appeler Federico De Ettore Scola. Avec Tommaso Lanzotti, Maurizio de Santis, Giacomo Lazotti.

Un homme très recherché

D’Anton Corbijn. Avec Rachel McAdams, Philip Seymour Hoffman, Robin Wright.

Sils Maria

Un film d’Olivier Assayas. Avec Chloe Moretz, Kristen Stewart, Juliette Binoche.

Les Gens du Monde Documentaire.

Boyhood De Richard Linklater. Avec Ellar Coltrane, Patricia Arquette, Ethan Hawke.

Sacré meilleur film dramatique aux Golden Globes en janvier, ce bijou pourtant passé inaperçu l’été dernier a filmé pendant douze ans ses acteurs pour mieux raconter la grâce et les vicissitudes de la famille face au temps qui passe. Enfance, adolescence, déménagements, séparations, rentrées des classes, cris, rires… L’expérience s’avère tendre et délicate.

Février 2015 I No 1267 I 59


AUTO-MOTO

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

par Christophe Bentz

UNE VOITURE

OPEL CASCADA 2l BITURBO GLAMOUR ET ATHLÉTIQUE

L

a mode du toit rigide escamotable semble marquer le pas. Même Volkswagen, avec son best-seller Eos, est revenu à la capote souple. Et Opel, qui s’était essayé au toit en dur sur l’Astra Twintop, opte à son tour pour la bonne vieille toile. Quel que soit l’angle, capote ouverte ou fermée, la Cascada est une séductrice. Une grande séductrice, même : avec quatre vraies places et 4,70 m de long, elle est plus imposante que les cabriolets Golf ou BMW Série 3 et joue dans la cour de la Mercedes Classe E. Son élégance rappelle ces imposants cabriolets Opel, comme la Rekord, qui avaient du succès dans les années 1950… La technologie en plus : la capote peut être télécommandée, bénéficie d’une excellente isolation et s’ouvre en seulement 17 secondes jusqu’à 50 km/h, quand de

UNE MOTO

LES « PLUS » LES « MOINS » ❙ C omportement sûr ❙ T arif compétitif pour la catégorie ❙ Rétrovision capote fermée ❙ Rayon de braquage

­ ombreux « CC » requièrent plus de 20 secondes n à l’arrêt complet… Bien installé dans les sièges en cuir qui peuvent être chauffants ou bénéficier d’un système de ventilation rafraîchissant, on appréciera la finition agréable et un équipement très fourni incluant une caméra frontale avec reconnaissance des panneaux routiers, un GPS tactile, la présentation automatique de la ceinture de sécurité et le déverrouillage électrique des dossiers arrières 50/50 qui permet le transport d’objets longs. Chose impossible avec les cabriolets à toit rigide. Sur la route, si c’est en conduite coulée que la Cascada excelle grâce à un confort de suspension étonnant et une maîtrise des flux d’air qui rend inutile le filet anti-remous, son performant 2 litres bi-turbo CDTI de 195 chevaux au couple impressionnant de 400 Nm vous fera rapidement oublier son poids de 1,8 tonne. Le tout pour 38 690 euros (finition Cosmo Pack). ❙

DUCATI HYPERMOTARD 821 SP JOUET DE COMPÉTITION

N

é en 2006 avec un 1 100 cm3 de 90 chevaux refroidi par air, l’Hypermotard a connu plusieurs évolutions jusqu’en 2013 et cette 821,2 cm3 à refroidissement liquide de 110 chevaux, plus puissante et légère que jamais. Déjà bien garni, le modèle standard proposait des modes moteur ajustables, un ABS réglable sur trois niveaux et un contrôle de traction réglable sur huit. Pour 3 240 euros de plus, la SP se pare d’éléments de haute couture – jantes forgées Marchesini, fourche inversée Marzocchi, amortisseur Öhlins – et se distingue par une garde au sol et une selle rehaussées, une utilisation accrue de l’aluminium qui lui font gagner 4 kilos (171 kilos contre 175). Sans oublier des modes de conduite hérités de la 1199 Panigale : « Pluie », « Sport », « Race » (Course). Avec ces cartographies de compétition, l’Hypermotard est un prédateur de routes sinueuses où son 60 I No 1267 I Février 2015

bicylindre­en L Testastretta s’exprime pleinement. Sa légèreté impressionnante, ses lignes minces, sa poignée de gaz électronique et l’attention particulière portée au confort de conduite via le triangle pilote, (repose-pieds, guidon, selle) font de cette moto un des jouets les plus attachants du moment en milieu urbain.

LES « PLUS » LES « MOINS » ❙ ❙ ❙ ❙

Caractère moteur F reinage Tarif Rangements

S’il faut monter assez haut dans les tours pour profiter des 110 chevaux de la bête, le bloc Ducati offre de belles sensations très tôt sur la plage de régime et, pour ne rien gâcher, la belle Italienne possède un freinage ABS mordant et le pot crépite délicieusement à chaque décélération. Un jouet,

certes, mais une « Ducat » à 14 990 euros. ❙



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